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Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

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Anthropologie socioculturelle, recherches de terrain etc. sur les jeux et jouets en rapport avec le monde animal

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Aux enfants sahariens et nord-africains

à mes enfants Tania, Ben, Ruben et Pia

à mes petits-enfants Linde, Camille, Ilona, Thilda, Oona et Alvin

Photo couverture :

Mulet et muletier en courgettes et branchettes

Aït Ighemour, Maroc, 1992, photo de l'auteur.

Couverture : Johnny Friberg

Avec 107 photos et autres illustrations

ISBN 91-974811-8-1

Publié sur le CD inclus dans Rossie, J-P. (2005). Toys, play, culture and

society. An anthropological approach with reference to North Africa and

the Sahara.

© 2005 Jean-Pierre Rossie

Toute reproduction, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce

soit faite sans le consentement écrit de l'auteur ou de l'éditeur est illicite

sauf pour l'usage strictement privé du copiste ou les analyses et les

courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration

SITREC

KTH

SE–10044 Stockholm

Téléphone : +46 (0)8 790 64 98

Internet : http://www.sitrec.kth.se

E-mail : [email protected]

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Contenu du CD

Les 144 photos couleurs et autres illustrations originales du livre Toys,

play, culture and society. An anthropological approach with reference

to North Africa and the Sahara

Les volumes de la collection :

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines

Poupées d’enfants et jeux de poupées, 2005, 344 p., 163 ill.

L’animal dans les jeux et jouets, 2005, 229 p., 107 ill.

Bibliographie commentée des jeux et jouets, 2005, 61 p.

Les volumes de la collection :

Saharan and North African Toy and Play Cultures

Children’s dolls and doll play, 2005, 328 p., 163 ill.

The animal world in play, games and toys, 2005, 219 p., 107 ill.

Commented bibliography on play, games and toys, 2005, 61 p.

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Jean-Pierre Rossie est né en 1940 à Gent (Gand), Belgique. Après des

études d'assistant social, puis d'africaniste à l'Université d'Etat de Gand,

il obtint en 1973 le diplôme de docteur en histoire et philologie africaine

à la même université. Sa thèse en néerlandais portait sur le thème

“Enfance et Société. Le processus de socialisation en Afrique centrale

patrilinéaire”.

Suite à un séjour de recherches auprès des semi-nomades Ghrib du

Sahara tunisien, il se consacra, depuis 1975, aux recherches sur les jeux

et jouets sahariens et nord-africains.

En 1967, il fut proclamé lauréat de la Belgische Stichting Roeping -

Fondation Belge de la Vocation. Entre 1968 et 1978 il travailla auprès du

Nationaal Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek - Fonds National

pour la Recherche Scientifique, Bruxelles, qui a subventionné ses

recherches et publications jusqu'en 1992.

Entre 1980 et 1990, il était attaché comme assistant social et

anthropologue socioculturel aux services sociaux pour les immigrés,

spécialement les immigrés turcs et nord-africains, de la ville de Gand.

Un premier séjour de recherche dans le sud du Maroc en février 1992,

depuis lors suivi de séjours annuels dans ce pays, ont permis à l'auteur de

compléter, de vérifier et d'actualiser les données sur les jeux et jouets

marocains.

En 1993 il fut un des membres fondateurs de l'International Toy

Research Association (ITRA), de 1997 à 2001 il fut un membre du

Nordic Center for Research on Toys and Educational Media (NCFL), et

depuis sa création en mars 2002 il fait partie du Stockholm International

Toy Research Centre (SITREC).

Le 29 octobre 2004 la Lennart Ivarsson Scholarship Foundation lui a

attribué le BRIO Prize 2004.

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Sommaire

Résumé 9

La collection : Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines 13

Préface de Theo van Leeuwen 15

Introduction 17

Description des populations 23

Les Touaregs 23

Les Ghrib 25

Les Maures 26

Les Sahraouis 27

Les Regeybat 28

Les Chaamba 29

Les Teda 29

Les Zaghawa 30

Les Belbala 31

Les habitants de la Vallée de la Saoura 32

Les Mozabites 33

Les Chaouia 33

Les populations des campagnes marocaines 34

Les citadins de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie 37

Remerciements 40

Carte de l'Afrique du Nord et du Sahara 43

Carte du Maroc 45

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L'animal dans les jeux et jouets

des enfants sahariens et nord-africains 47

1 Les dromadaires 49

1.1 Résumé 49

1.2 Les dromadaires en pierre taillée 54

1.3 Les dromadaires de mandibules 59

1.4 Les dromadaires en bouse de dromadaire 63

1.5 Les dromadaires avec armature en matière végétale 64

1.6 Les dromadaires en bois 74

1.7 Les dromadaires en argile 77

1.8 Les dromadaires en fils électriques plastifiés ou en tôle 85

2 Les chevaux, mulets et ânes 87

2.1 Résumé 87

2.2 Les chevaux, mulets et ânes en argile 93

2.3 Les chevaux et mulets en bois 99

2.4 Les chevaux en plante fibreuse 102

2.5 Les mulets en pierre 103

2.6 Les mulets en courgettes et branchettes 104

2.7 Les mulets en folioles de palmier 105

3 Le gros et le petit bétail 107

4 Les autres animaux domestiques 115

5 Les animaux non-domestiques 121

Conclusions et perspectives 135

1 Synthèse 137

2 Aspects environnementaux et économiques 141

3 Aspects socioculturels 143

4 Analyse sémiotique sociale 155

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4.1 Aspect matériel 156

4.2 Aspect technique 161

4.3 Aspects cognitifs et relationnels 163

5 Perspectives 171

Catalogue des animaux jouets

sahariens et nord-africains du Musée de l'Homme 175

1 Introduction 177

2 Les dromadaires 179

2.1 Les dromadaires en pierre taillée 179

2.2 Les dromadaires de mandibule 181

2.3 Les dromadaires avec une armature en matière végétale 183

2.4 Les dromadaires en bois 186

2.5 Les dromadaires en argile 189

2.6 Les dromadaires en fils électriques plastifiés 193

3 Les chevaux, mulets et ânes 193

3.1 Les chevaux, mulets et ânes en argile 193

3.2 Les chevaux et mulets en bois 197

4 Le gros et le petit bétail 198

5 Les autres animaux domestiques 200

6 Les animaux non-domestiques 201

Table des transcriptions 203

Table des illustrations 205

Bibliographie 213

Index auteurs 225

Index géographique et ethnique 227

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Résumé

Ce livre propose une analyse globale du monde animal liéE aux jouets et

aux jeux des enfants sahariens et nord-africains. En premier lieu sont

traités les dromadaires jouets, puis les jouets figurant des animaux,

mulets et ânes, le grand et le petit bétail, les autres animaux domestiques

et les animaux non-domestiques. Chacun de ces chapitres est devancé

par un résumé mettant en lumière les caractéristiques des jouets et jeux

en question. Dans les 'Conclusions et Perspectives' une synthèse est

proposée ainsi qu'une discussion de certains aspects environnementaux,

économiques, sociaux et culturels. Puis une analyse sémiotique est

proposée. En guise de perspectives, je mentionne certaines possibilités

pour rendre utile cette culture ludique. Dans le catalogue une description

détaillée et systématisée des animaux jouets sahariens et nord-africains

de la collection du Musée de l'Homme utilisée pour l'analyse est donnée.

Pour leurs jeux et jouets se référant au monde animal, les enfants

sahariens et nord-africains utilisent aussi bien certains animaux comme

jouets vivants que des animaux jouets. Mais le corps de l'enfant peut déjà

suffire pour représenter un animal comme par exemple le dromadaire ou

le cheval. Comme animaux servant de jouet vivant mention est faite de

petits dromadaires, d'ânes, de mulets, de moutons, de dindons, de chats,

de souris de sable, de gerboises, de fennecs, de lézards, de salamandres,

de tortues, d'insectes et même de scorpions. Cependant je n'ai pas trouvé

trace de lapins ou de chiens comme jouets vivants, sauf un garçon ghrib

qui jouait avec un chien de berger en 1975.

Les animaux jouets figurent des dromadaires, chevaux, mulets, ânes,

vaches zébus, moutons, béliers, chèvres, chiens, chats, lapins, hérissons,

poules, gazelles, antilopes, autruches, oiseaux, rats, serpents, singes,

scorpions. Il n'est pas du tout étonnant que c'est surtout le dromadaire qui

est le plus souvent mis en scène. Tout comme Jan Bujak le constate en ce

qui concerne le cheval en Pologne où son importance économique et

culturelle se reflète dans le petit cheval et le 'lajkonik', deux jouets

polonais à caractère populaire, l'importance du dromadaire en Afrique du

Nord et au Sahara explique sa popularité dans les jeux des enfants de

cette région.

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De l'ensemble des données et de mes propres observations en Tunisie

et au Maroc, il me semble que l'on puisse déduire que les jeux et jouets

en relation avec les animaux sont plus limités en ville qu'à la campagne.

Une affirmation qui s'expliquerait par la plus grande familiarité que les

enfants ruraux ont avec les animaux. Dans la majorité des cas ce sont des

garçons qui jouent des jeux en rapport avec les animaux ou les rapports

entre l'homme et l'animal. Selon toutes les informations qui sont à ma

disposition, ces jeux sont moins courant chez les filles. Mais même si

mes propres observations confirment cette constatation, il faut

néanmoins tenir compte du fait que les auteurs consultés sont souvent

des hommes, que le sexe des enfants n'est pas toujours spécifié et que la

plupart de mes informateurs sur ces jeux sont des garçons ou des

hommes. Chez les Touareg, garçons et filles jouent ensemble avec des

dromadaires jouets. Pour leur fabrication les garçons et les filles se

partagent alors les tâches.

Bien que trop rarement révélé dans les informations, les animaux

jouets décrits ici n'ont de sens que dans le contexte des jeux d'enfants. Le

plus souvent il s'agit de jeux collectifs et de plein air rassemblant des

enfants de la même famille ou du voisinage. Pour ces jeux les enfants

utilisent bon nombre d'autres jouets ou instruments de jeu.

De plus, la manière de communiquer avec les animaux domestiques et

tout le langage lié au monde animal y sont pratiqués.

Si certains des jeux analysés s'inspirent directement de la vie et du

comportement des animaux, beaucoup d'autres se réfèrent à leur

utilisation par les adultes. Les enfants jouent ainsi au campement

nomade, au berger, au méhariste, au cavalier, au muletier, au caravanier,

au chasseur, à l'éleveur, au laboureur. On remarquera qu'il est presque

uniquement question d'occupations masculines.

Le moins que l'on puisse dire, et cela en passant sous silence les

aspects psychologiques, pédagogiques et de socialisation, c'est que tout

un apprentissage de l'environnement physique, végétal et animal se

réalise à travers ces jeux.

Les jouets figurant des animaux peuvent être très simples et ne

nécessitent pas de travail. Une pierre devient une chèvre, un mouton, un

dromadaire. Un long roseau ou bâton devient un cheval. Les animaux

jouets restent, sauf exceptions rares, des représentations figuratives et

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réalistes au niveau de l'aspect global et parfois aussi au niveau des

détails.

Presque tous ces animaux en miniature sont faits par les enfants

sahariens et nord-africains eux-mêmes. Ils utilisent pour cela beaucoup

de matériaux différents d'origine minérale, végétale et animale ou de

récupération. Rarement c'est un adulte qui fabrique des jouets, comme

dans le cas des servantes, artisanes et artisans maures ou des artisans de

Rabat et de Marrakech. Sauf quelques rares exceptions, aussi bien

anciennes que récentes, ces jouets sont fait localement. Cependant,

l'importation de jouets européens existe déjà depuis longtemps.

L'animal jouet le plus ancien est le bélier, en argile peint, d'avant

1889. Les autres animaux jouets de la collection du Musée de l'Homme

datent en grande partie des années 1930 à 1960. Les animaux jouets que

j'ai vus moi-même ont été faits en 1975 et 1977 en ce qui concerne les

Ghrib du Sahara tunisien ou observés au Maroc de 1992 à 2002.

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13

La collection :

Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines

Engagé depuis 1975 d'abord dans la recherche sur les jeux et jouets, puis

dans des essais de pédagogie interculturelle basée sur le ludique et dans

des organisations internationales s'intéressant au développement de

l'enfant, j'ai eu l'idée de créer une collection que je voudrais dénommer

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Des cultures ludiques

qui devraient, à juste titre, faire partie intégrante du patrimoine culturel

de l'humanité, tout comme les chefs d'œuvres de l'art et de l'architecture.

Une première tentative pour créer une collection pareille pour

l'International Council for Children’s Play fut soutenue par André

Michelet, à ce moment directeur du Centre d'Etudes Roland Houdon à

Saran, France, et résulta dans la publication par ce Centre de mon livre

Jeux et jouets sahariens et nord-africains : poupées - jeux de poupées en

1993. Comme le Centre d'Etudes Roland Houdon a arrêté ses activités de

publications peu de temps après, cette tentative s'est terminée

prématurément.

En 1999 le Nordic Center for Research on Toys and Educational

Media a publié sur son site web la première version HTML en français

et en anglais de Poupées d'enfants et jeux de poupées, et de la

Bibliographie commentée des jeux et jouets. Une version HTML

remaniée de ces livres ainsi que la première version HTML en français

et en anglais de L'animal dans les jeux et jouets furent publiées par le

Stockholm International Toy Research Centre sur son site web en 2003.

La rédaction du quatrième volume La vie domestique dans les jeux et

jouets est bien avancée. Deux autres volumes analysant les Jeux

d'adresse et Les techniques traditionnelles et modernes dans les jeux et

jouets sont prévus.

Une périodicité fixe n'est pas planifiée pour cette collection, mais afin

de rendre disponible l'information sur les jeux et jouets sahariens et

nord-africains aussi bien à ceux lisant le français qu'à ceux lisant

l'anglais, ainsi que pour stimuler l'échange d'informations et la

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fécondation réciproque des idées et des actions entre le monde

anglophone et francophone, trop souvent séparés par des clivages

linguistiques, les ouvrages sont publiés en français et en anglais.

Pour des raisons financières les livres disponibles de la collection :

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines et de la collection :

Saharan and North African Toy and Play Cultures sont publiés sur le

CD inclus dans Rossie, J-P. (2005). Toys, play, culture and society. An

anthropological approach with reference to North Africa and the

Sahara.

Les volumes de la collection :

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines

Poupées d’enfants et jeux de poupées, 2005, 344 p., 163 ill.

L’animal dans les jeux et jouets, 2005, 229 p., 107 ill.

Bibliographie commentée des jeux et jouets, 2005, 61 p.

Les volumes de la collection :

Saharan and North African Toy and Play Cultures

Children’s dolls and doll play, 2005, 328 p., 163 ill.

The animal world in play, games and toys, 2005, 219 p., 107 ill.

Commented bibliography on play, games and toys, 2005, 61 p.

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Préface de Theo van Leeuwen

J'ai rencontré Jean-Pierre Rossie pour la première fois lors d'un congrès

sur les jeux et jouets où il donnait une conférence sur les poupées

sahariennes et nord-africaines et je fus impressionné par la richesse de sa

collection de diapositives de jouets nord-africains et par la minutie

scientifique avec lequel il en parlait.

La recherche sur les jouets est un domaine assez nouveau. La plupart

des livres sur les jouets sont ou bien des beaux livres grand format en

édition luxueuse pour collectionneurs ou bien des pamphlets pour choisir

les meilleurs jouets au jardin d'enfants ou dans le préscolaire. Les rares

livres qui essaient d'offrir une base théorique à la recherche sur les jouets

n'offrent, probablement par nécessité, que des généralités et s'efforcent

d'englober tout le domaine. A Halmstad il y avait beaucoup de

communications sur le jeu, un domaine de recherche mieux établi, et

quelques textes critiquant le stéréotype sexuel dans les poupées ou les

jeux stimulant la violence, etc., mais en général peu de contributions se

basant sur une approche de culture matérielle des jeux et jouets.

Le travail de Jean-Pierre Rossie est différent. Il est entré dans ce

domaine comme anthropologue et d'année en année il a photographié

d'innombrables jouets sahariens et nord-africains. Il a bâtit une très large

documentation sur ces jouets et la manière dont on joue avec, créant

ainsi une documentation exceptionnellement détaillée sur ce qu'il appelle

les cultures ludiques sahariennes et nord-africaines. Ceci est

extrêmement valable en soi-même mais la valeur de ses études dépasse

cela. Ses recherches peuvent fournir de nouvelles idées et ouvrir des

portes à de nouvelles perspectives sur les jouets et le jeu, non seulement

dans la région concernée mais aussi en général.

Dans notre propre culture nous avons créé des frontières rigoureuses

entre le monde de l'enfance et celui de l'âge adulte, et entre les objets

matériels appartenant à chaque période. Dans les cultures dont Rossie

décrit les jouets, pareilles délimitations sont moins prononcées. Les

enfants jouent autant avec des jouets mais les jouets, et la manière dont

on joue avec, sont d'avantage liés au monde des adultes et aident à les

préparer aux rôles futurs de berger de dromadaires, de chasseur, de jeune

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mariée, de jeune marié etc., plutôt que de confiner les enfants dans un

monde fantastique et de faire semblant.

Les jouets ne sont que rarement tout fait. Ils sont souvent créés par les

enfants eux-mêmes avec une étonnante variété de matériaux. Quand des

jouets tout fait sont néanmoins utilisés comme dans le cas de poupées

bon marché fabriquées en masse ces poupées sont complètement

transformées. En créant des jouets les enfants acquièrent de l'expérience

avec un grand nombre de matériaux et des manières de construire. En

faisant des animaux ils apprennent l'anatomie de ces animaux, et en

jouant avec eux ils s'initient aux tâches de les soigner, de travailler avec

eux, de les chasser, etc. De surcroît, ils construisent les significations

culturelles qui ont de l'importance dans leur monde en créant des jouets

qui représentent leur monde physique et culturel, plutôt que de les

consumer passivement comme c'est parfois le cas avec nos jouets

beaucoup trop sophistiqués ou avec la télévision.

Entre temps, ces enfants sahariens et nord-africains ne vivent

nullement dans un monde figé et Rossie décrit aussi l'histoire de leurs

jouets, d’une part basé sur sa grande familiarité avec la collection du

Musée de l'Homme et d’autre part sur sa propre expérience liée à des

recherches sur et dans ces régions depuis maintenant trente ans, une

expérience qui se poursuit annuellement avec des séjours de recherches

au Maroc.

En résumé, ce livre ressort de par la richesse unique de sa collection

d'exemples ainsi que sa documentation scientifique détaillée, et parce

qu'il peut devenir une source de valeur pour d'autres chercheurs

analysant les jouets ou plus généralement pour tous ceux qui s'intéressent

au rôle des jouets et des jeux dans l'enfance.

Theo van Leeuwen,

Professor of Language and Communication,

Centre for Language and Communication Research,

Cardiff University, Cardiff, Great Britain.

Page 18: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

17

Introduction

Page 19: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

18

Page 20: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

19

Le livre que le lecteur a sous ses mains est le troisième volume d'une

série de publications sur les cultures ludiques des enfants sahariens et

nord-africains. Des cultures ludiques qui, contrairement à ce qui a été fait

par Charles Béart (1955) pour l'Afrique occidentale, Fritz Klepzig (1972)

pour les populations bantoues de l'Afrique subsaharienne et Eliseo

Andreu Cabrera (2004) pour la région méditerranéenne, n'ont pas été

répertoriées et analysées de manière systématique jusqu'à présent.

L'unique tentative dans l'aire géographique en question est à ma

connaissance celle de Paul Bellin intitulée “L'enfant saharien à travers

ses jeux” (1963).

Je suis cependant convaincu que cette tâche est des plus urgentes vu

les transformations spectaculaires dans lesquelles les sociétés de cette

région se sont engagées. Suite à des changements politiques,

économiques, sociaux et culturels, cet héritage, qui a participé à part

entière au façonnage de l'identité des individus et des groupes humains

en question, risque fortement de se perdre. Ceci pourrait se révéler

vraiment néfaste parce que, d'une part, la population saharienne et nord-

africaine est dans sa majorité constituée d'enfants et de jeunes et que,

d'autre part, le domaine des jeux et jouets représente une réelle mine d'or

pour le développement et la socialisation de cette jeunesse ainsi que pour

une pédagogie et une didactique scolaire adaptées, particulièrement

propagées par des instances internationales comme l'Unesco (voir

bibliographie : Groupe Consultatif...) ou la International Federation for

Parent Education (voir bibliographie), et parfois aussi par les autorités

nationales.

Dans un environnement où les animaux étaient, et le sont parfois

encore, à la base de la survie et du système économique des populations

sahariennes et nord-africaines, l’animal ne peut aussi que jouer un rôle

important dans le patrimoine ludique de ces régions. Dès lors les

rapports entre les enfants et les animaux se trouvent directement ou

indirectement reflétés dans les jeux et jouets, ainsi que l'interprétation

enfantine des rapports entre les adultes et les animaux.

A travers cette nouvelle étude sur les jeux et jouets sahariens et nord-

africains je crois qu'il sera une fois de plus possible de relever aussi bien

la diversité des cultures, basée sur les spécificités géographiques,

historiques et sociologiques, que l'universalité de la culture humaine

suite à une réponse fondamentale à des problèmes de vie semblables.

Page 21: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

20

Exception faite pour les Ghrib et pour le Maroc, la période sur

laquelle s'étend l'analyse s'étale du début du vingtième siècle jusqu'à la

fin des années 1960.

Plus précisément et dans le contexte de cette étude, la référence

bibliographique la plus ancienne remonte à 1915, mais l'animal jouet le

plus ancien de la collection du Département d'Afrique Blanche et du

Proche Orient du Musée de l'Homme, un bélier en argile peint, date

d'avant 1889, ce qui en fait le jouet le plus ancien de la collection. Les

données les plus récentes proviennent, d'une part, de mes recherches en

1975 et 1977 chez les Ghrib du Sahara tunisien, qui vivaient à ce

moment leurs dernières années de semi-nomadisme, complétées, jusqu'à

ce jour, par des informations sur l'évolution de la culture ludique de cette

population qui me sont transmises par mon ami et collègue Gilbert J.M.

Claus, et d'autre part de mes recherches au Maroc, en cours depuis 1992,

qui apportent de nouvelles données sur la seconde moitié du vingtième

siècle. Il existe aussi un livre sur les jeux et jouets sahraouis publié en

1999.

Le présent utilisé à travers le texte se réfère donc toujours à l'époque

d'où proviennent les données et non pas nécessairement à celle

d'aujourd'hui.

D'une manière générale on peut dire que les jeux et les jouets décrits

appartiennent ou appartenaient à des enfants vivant dans des

communautés qui, bien qu'influencés par la vie moderne et

occidentalisée, se référaient encore à la tradition ancestrale surtout dans

le domaine enfantin et féminin ainsi que dans la sphère de la

socialisation et de la transmission intergénérationnelle des normes et

valeurs. Cela veut donc dire, si l'on fait abstraction des données

recueillies dans des grandes villes marocaines, qu'il ne sera pas question

des enfants vivant dans des centres urbanisés, industrialisés et/ou

occidentalisés. Si on prend l'Algérie comme exemple, les données se

réfèrent aux enfants peu ou pas scolarisés des communautés nomades,

semi-nomades ou agricoles mais on cherchera en vain, sauf exception

rarissime, des renseignements sur les enfants scolarisés d'Alger ou des

autres grandes villes algériennes.

Page 22: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

21

Exception faite des villes marocaines, ce volume décrit donc les jeux

et jouets en rapport avec le monde animal des enfants et des

communautés faisant parties de sociétés plus ou moins traditionnelles

mais en voie de modernisation.

De plus, les informations rassemblées se réfèrent à des enfants entre

trois et treize ans, pour les garçons peut-être jusqu'à un âge un peu plus

avancé. Donc on cherchera en vain des données sur les tout petits. Les

raisons en sont multiples : il est difficile pour un chercheur masculin

d'entrer dans le monde intérieur et domestique des femmes dans lequel le

petit enfant grandit, jouer à l'extérieur est une activité des enfants déjà

plus grands, les petits qui ont besoin d'un jouet transforment souvent un

objet en un jouet représentatif là où fabriquer soi-même un jouet ne se

fait qu'à un âge plus avancé.

Quatre sources de données sont à la base de ce livre :

La collection de jouets sahariens et nord-africains conservée dans le

Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient du Musée de

l'Homme à Paris, complétée par les renseignements contenus dans les

fiches signalétiques et par une analyse personnelle des jouets. Comme

cette collection est en voie d'être transférée à un musée qui ouvrira en

2006 il faut contacter le nouveau Musée du Quai Branly à Paris

(http://www.quaibranly.fr).

La bibliographie ethnographique, linguistique et autre traitant de l'aire

géographique donnée, que j'ai analysée dans une bibliographie

commentée.

Mes recherches de 1975 à 1977 sur les jeux et jouets des enfants

ghrib, complétées depuis lors par quelques renseignements fournis par

Gilbert J.M. Claus.

Mes recherches en cours depuis février 1992 sur les jeux et jouets au

Maroc, plus spécifiquement dans les zones rurales et les quartiers

populaires des villes.

Bien que les données bibliographiques ne proviennent pas toujours

d'investigations détaillées ou scientifiques et qu'elles sont parfois

accompagnées de commentaires ethnocentriques, je crois pouvoir dire

Page 23: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

22

que le soin qui a été mis à l'analyse et à la confrontation critique des

sources est garant d'un degré élevé d'authenticité des informations.

Néanmoins, une remarque importante doit être faite ici. A cause de la

valeur inégale des données et surtout leur aspect incomplet et non

représentatif, on doit être très prudent pour lier l’information spécifique

mentionnée ici à des déductions générales ou des conclusions. Par

exemple, le fait qu’une activité ludique ou un jouet a été décrit

uniquement en relation avec des garçons d’une population ou d’une

région donnée, n’a aucune valeur pour conclure que ce sont uniquement

des garçons qui s’adonnent à ce jeu ou utilisent ce jouet. Les données

contenues dans ce livre, ainsi que dans le volume précédent sur les jeux

de poupées, ne sont nullement basées sur un échantillon représentatif des

enfants de n’importe quelle population. Par contre elles ont été obtenues

suite à des contacts fortuits et l’intérêt momentané pour le thème du jeu

et du jouet. Seulement quelques auteurs ont montré un intérêt réel pour

les jeux et les jouets des enfants sahariens et nord-africains, et seulement

une poignée de ceux-là ont effectué une recherche partielle ou plus

complète dans ce domaine. En rapport avec cette même distinction entre

filles et garçons, j’ai toujours essayé de savoir si un jeu ou un jouet est

particulier aux filles ou aux garçons ou aux deux sexes. Cependant, les

informations que j’ai obtenues furent toujours le résultat d’observations

et de discussions avec des enfants et des adultes spécifiques. Dès lors, les

renseignements que j’ai recueillis personnellement n’offrent qu’une vue

partielle des réalités passées et présentes.

Toutes les populations sur lesquelles j'ai pu trouver des

renseignements ont été incorporées dans l'étude. Il s'agit de différents

groupes de Touaregs, des Ghrib, des Maures, des Sahraouis, des

Regeybat, des Chaamba, des Teda, des Zaghawa, des Belbala, des

Mozabites et des Chaouia, des habitants de la Vallée de la Saoura, ainsi

que de quelques communautés algériennes et tunisiennes, et de plusieurs

communautés marocaines.

Jusqu'à présent j'ai utilisé le vocable Berbère pour désigner la culture

et la langue des populations nord-africaines et sahariennes qui vivaient

dans ces régions avant la venue des Arabes, y vivent encore et continuent

à parler leurs propres langues. Suite à la signification péjorative de ce

vocable, lié au mot barbare, les associations culturelles concernées

mettent en avant le vocable local Amazigh, un terme que j'utiliserai

Page 24: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

23

dorénavant dans mes publications scientifiques. Néanmoins, je continue

à utiliser le vocable Arabo-Berbère pour les descendants de ces

populations ayant perdus leur langue d'origine et parlant arabe.

Dans le texte l'ordre de ces populations suit la séquence suivante :

d'abord sont présentées les données sur les populations nomades ou

semi-nomades du Sahara, suivies par les populations sédentaires du

Sahara et finalement les populations sédentaires de l'Afrique du Nord.

Les termes géographiques et ethniques mentionnés dans le texte

peuvent être localisés sur deux cartes, une carte de l'Afrique du Nord et

du Sahara et une carte du Maroc.

Comme les différents volumes de la collection Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines sont des publications séparées, il me

semble indiqué afin de situer les cultures ludiques dans leur contexte

géographique, économique, social et culturel de donner une description,

bien sûr très limitée, des populations en question. Cette description se

réfère à la même période que celle d'où proviennent les informations sur

les jeux et jouets. En plus, on trouvera des changements, d'un volume à

l'autre, dans la liste des populations dont les jeux et jouets d'enfants sont

décrits.

Description des populations

Les Touaregs

Si numériquement les Touaregs ne constituent nullement la population la

plus importante de la région en question, ils sont au moins la population

la mieux documentée et représentée dans la collection analysée.

Les Touaregs vivent sur un immense territoire saharien et sahélien

entre, au nord, Ghadames en Libye, au sud-est, Agadez au Niger, et au

sud-ouest, Mopti au Mali. Leur habitat présente un relief montagneux

variant entre 500 mètres et plus de 2000 mètres.

Les estimations, toujours approximatives, du nombre de Touaregs

varient de 250.000 à 300.000 (Camps, 1984: 8), environ 350.000 (La Vie

du Sahara, 1960), et environ 700.000 (Komorowski, 1975: 101), jusqu'à

moins d'un million (Bernus, 1983: 7). Dans l'exposition de 1994 sur les

Page 25: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

24

Touaregs au Musée de l'Afrique Centrale à Tervuren en Belgique le

chiffre de 1.300.000 Touaregs est avancé, dont 750.000 au Niger,

400.000 au Mali et 60.000 en Algérie, en Libye et en Burkina Fasso. Les

Touaregs Kel Ahaggar ne seraient que 20.000, vivant sur un territoire

algérien presque aussi vaste que la France (Bernus, 1983: 7). En juillet

1999 la population du Mali a été estimée à 10.429.124 habitants dont 47

% d'enfants de moins de quinze ans et 10 % de Touaregs (E-Conflict™

World Encyclopedia).

Toutes ces sources s'accordent pour dire que jusque pendant le

premier tiers du vingtième siècle les Touaregs menaient une vie nomade

ou semi-nomade, dans ce dernier cas se transformant momentanément en

sédentaires dans les oasis.

Les Touaregs furent avant tout des éleveurs de dromadaires mais qui,

vers 1960, “vivent essentiellement de l'élevage des moutons, des chèvres

et des bœufs au Sud” (La Vie du Sahara, 1960: 7). Depuis les années

1950, la vie traditionnelle des Touaregs se perd de plus en plus. Ceci

d'abord à cause de l'influence de la colonisation française puis de

l'intégration dans cinq états indépendants différents et finalement suite à

l'extrême sécheresse au Sahel durant les années 1970 qui a eu des

conséquences dramatiques pour les Touaregs sahéliens (Leupen, 1978:

58. Claudot-Hawad, 1992: 222). Actuellement beaucoup de familles

vivent dans des maisons avec télévision et parabole.

Du point de vue ethnique et linguistique les Touaregs sont des

Amazighs amazighophones, bien qu'ils “ne constituent ni une 'race' ni

une 'nation'. Leur dénominateur commun se situe dans une culture, un

langage, des comportements semblables... ” (Bernus, 1983: 6).

Dans le cadre de l'analyse des jeux et jouets, il faut distinguer cinq

groupements de Touaregs :

Les Touaregs Kel Ahaggar : Massif de l'Ahaggar (Algérie);

Les Touaregs Kel Ajjer : Tassili N'Ajjer (Algérie), région de Ghât

(Libye);

Les Touaregs Kel Aïr : Massif de l'Aïr;

Les Touaregs Kel Iforas : Adrar des Iforas (Mali, Algérie);

Les Touaregs Ioullemeden : plaines sahéliennes de la Boucle du

Niger (Mali).

Page 26: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

25

Les Ghrib

L'habitat des Ghrib s'étend de la limite méridionale du Chott l-Djerid, le

lac de sel du sud-tunisien, jusqu'à la frontière algérienne. Il s'agit d'un

territoire d'environ 6000 km² dans la frange septentrionale du Grand Erg

Oriental, un immense désert de sable. Le relief est assez plat, entrecoupé

ici et là de dunes de sable.

Les Ghrib sont évalués à environ 4400 en 1975. Entre-temps cette

population s'est accrue et comporte actuellement environ 7000

personnes. Ces données sur les Ghrib et celles qui suivent proviennent

des publications de Gilbert Claus ou d'informations qu'il m'a transmises.

Bien qu'il y ait parmi ces Ghrib arabophones des fractions qui

prétendent avoir comme ancêtres des Amazighs du Sud du Maroc, il y en

a d'autres qui se disent originaire du sud de l'Arabie ou du nord du

Yémen.

L'économie était depuis l'entre guerre et jusqu'à récemment, basée sur

le semi-nomadisme avec d'un côté l'élevage de dromadaires, pour lequel

ils étaient réellement renommés, de chèvres, de moutons et d'ânes, et

d'autre côté l'agriculture d'oasis.

Depuis les années 1970, la sédentarisation dans les oasis en bordure

du Chott l-Djerid a pris de plus en plus d'ampleur. De nos jours, les

Ghrib se sont pour ainsi dire complètement sédentarisés dans les oasis de

Ghidma, Hezwa, Redjem Matoug et surtout dans l'oasis d'El Faouar qui

est devenue un centre urbain important, chef-lieu d'une délégation. De

cette manière ils ont perdu tout de leur ancienne renommée d'éleveurs de

dromadaires, bien que l'intérêt pour cet élevage reprenne quelque peu,

suite à la promotion du tourisme saharien à El Faour où un hôtel de

transit fonctionne maintenant.

Page 27: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

26

Les Maures

Dans le Sahara occidental vivent les Maures sur un territoire limité par

l'Atlantique à l'Ouest, l'actuelle frontière avec le Maroc au nord et une

frontière imaginaire allant du fleuve Sénégal par Néma à la boucle du

fleuve Niger au sud.

A partir de la côte le relief s'élève lentement pour atteindre les 350 m

au Plateau du Dhar où se situe Oualata. Une grande partie de la

Mauritanie est occupée par d'énormes dunes, depuis l'Atlantique en

direction du nord-est en passant juste au nord de Tidjikdja.

En 1960, les Maures étaient estimés à 600.000 dont 77 % de nomades

(La Vie du Sahara, p. XXIV; Belgisch Comité voor UNICEF, 1996: 57).

Il s'agit d'une population qui, contrairement au Touaregs fortement

éparpillés sur plusieurs états, a réussi à s'organiser en état : la République

Islamique de Mauritanie. En 1996 il y a 2.400.000 habitants en

Mauritanie dont 52 % vit dans les villes et seulement 12 % sont encore

des nomades ; un tiers de la population vit dans la capitale Nouakchott et

les bidonvilles avoisinants (informations de l'UNICEF). Avec 30 % les

Maures ne constituent qu'une partie de la population totale. 40 % sont

formés par des groupes mixtes d'origine maure ou provenant d'Afrique

Noire et les autres 30 % sont des descendants d'Africains noirs. De la

population mauritanienne estimée à 2.581.738 en juillet 1999, 47 % ont

moins de quinze ans (E-Conflict™ World Encyclopedia).

Du point de vue ethnique “on appelle Maures les Arabes mêlés aux

Berbères, ainsi que les Berbères fortement arabisés du Sahara du Sud-

Ouest et du Sahara ex-espagnol” (Komorowski, 1975: 103). Mais eux-

mêmes se désignent comme les 'Beïdane', les 'Blancs'. Du point de vue

linguistique les Maures parlent un arabe maghrébin.

Ces Maures sont, certainement pendant la période à laquelle réfèrent

les jeux et jouets des enfants de ce peuple, des pasteurs chameliers, des

caravaniers, des commerçants et, dans la zone sahélienne, des éleveurs

de bœufs. Certains d'entre eux sont plutôt sédentarisés dans des petites

villes. Un de ces centres urbains est Oualata, dans les années 1970 une

agglomération de 800 à 1000 habitants. C'était “un centre spirituel et une

ville de commerce au carrefour du Maroc, du Mali et du Sénégal... (Son)

isolement lui a valu aussi le maintien de ses traditions de spiritualité,

Page 28: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

27

d'enseignement traditionnel qui remontent au VIIIème siècle” (Gabus,

1976: 7), ainsi que de son organisation sociale et domestique.

Comme chez les Touaregs et les Ghrib, le mode de vie des Maures est

depuis une quarantaine d'années, soumis à une pression croissante

d'adaptation à un état et une économie qui s'inscrivent dans le contexte

mondial. Actuellement, environ 60 % de la population vit de l'agriculture

et de l'élevage, et environ 40 % a trouvé une subsistance en ville dans le

secteur moderne ou informelle de l'économie (Belgisch Comité voor

UNICEF, 1996: 33).

Les Sahraouis

Les Sahraouis nomadisaient dans l'immense espace saharien qu'ils

appellent 'Trab el Bidan', la 'Terre des Blancs'. Cet espace s'étend du

fleuve Sénégal jusqu'au Oued Drâa qui longe les versants sud du Jbel

Bani et de l'Anti Atlas en passant près de la ville d'Assa dans le sud du

Maroc. Cette vaste région comprend la Mauritanie, le Sahara occidental,

une partie du Nord-Ouest du Mali et du Sud-Ouest de l'Algérie. La

langue des Sahraouis est une forme locale d'arabe appelée 'hassaniya'

(Pinto Cebrián, 1999: 9).

Tout comme chez les Touaregs, les Ghrib et les Maures un processus

de sédentarisation s'est développé chez les Sahraouis, dont l'ampleur

s'accentua à partir des années 1970.

Une partie du Trab el Bidan dénommée le Sahara occidental fut une

colonie espagnole de 1904 à 1975. Actuellement, et suivant la

terminologie employée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le

gouvernement marocain est la “puissance administrante du Sahara

occidental” (Rapport du Secrétaire Général sur la situation concernant le

Sahara occidental, 25 octobre 2000, S/2000/ 1029, 6 pages, p. 6, § 30,

(http://www.un.org/french/docs/sc/reports/2000/1029f.pdf - consulté le

11.01.2001). L'agence de presse Europe Medea mentionne comme

l'unique source valable sur la population du Sahara occidental le dernier

recensement espagnol de 1974. Selon celui-ci, qui n'a pas pu prendre en

compte l'ensemble des populations nomades, il y avait à ce moment

73.497 Sahraouis dans le territoire et 21.522 Européens et ressortissants

d'autres pays. La population actuelle est sans doute de l'ordre de 200.000

Page 29: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

28

à 300.000 personnes (http://www.medea.be/fr/index250.htm, consulté le

11.01.2001). Sous le contrôle du Polisario, le Frente Popular para la

Liberación de la Seguia el Hamra y el Rio de Oro, quelques 200.000

Sahraouis habiteraient les camps de réfugiés de la région de Tindouf

dans le sud-ouest de l'Algérie (http://www.sahara.net/people.html -

consulté le 12.01.2001).

L'ancien système économique entièrement basé sur le nomadisme et le

commerce caravanier a été remplacé en grande partie par une économie

basée sur l'industrie de la pêche et l'exploitation de gisements de

phosphates et de fer (http://www.medea.be/fr/index250.htm, consulté le

11.01.2001).

Les Regeybat

Les Regeybat ou Regueibat se déplacent sur un vaste territoire dans le

Sahara nord-occidental de l'Atlantique à l'Erg Iguidi et d'Assa à la région

de Tiris, niant les frontières entre l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie, et le

Sahara ex-espagnol.

Il s'agit d'une région peu élevée et peu accidentée très faiblement

peuplée. Ainsi le Sahara occidental, que les Regeybat dominaient

jusqu'au début du vingtième siècle, ne comptait que 60.000 habitants

vers 1970 (Grand Atlas du Continent Africain, 1973: 105). En juillet

1999 la population du Sahara occidental était estimée à 239.333

habitants (E-Conflict™ World Encyclopedia).

Les Regeybat sont des Arabo-Berbères qui “sont les plus proches,

linguistiquement et culturellement, des tribus arabes bédouines” (Camps,

1984: 9), parlant l'arabe tout comme les Maures.

Ces nomades sont des éleveurs de dromadaires, de chèvres et, où cela

est possible, de moutons. En plus, et jusqu'à une époque assez récente, ils

s'occupaient du commerce transsaharien, qui a depuis lors perdu presque

toute signification économique.

La décolonisation au début des 1970 du Sahara Espagnol et les

revendications des pays limitrophes ont créé un mouvement

indépendantiste, le Front Polisario. Il a été dit que les Regeybat jouent un

rôle de fer de lance dans les activités militaire. Cependant, peu semble

être connu sur la situation actuelle des Regeybat.

Page 30: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

29

Les Chaamba

Les Chaamba, eux aussi nomades dans leur majeure partie, transhument

sur tout le Sahara algérien septentrional depuis El Oued, Ouargla et le

Grand Erg Oriental, en passant par El Golea et le Grand Erg Occidental

jusqu'à l'Erg er Raoui et même au-delà. Cette immense région désertique

aux puissants massifs de dunes est entrecoupée de plaines arides peu

accidentées.

Tout comme les Regeybat, les Chaamba arabophones sont des Arabo-

berbères dont l'origine démontre l'interpénétration des populations

amazighs autochtones avec des tribus arabes venues de la Péninsule

Arabe.

Au début des années 1950, la population totale approchait les 20.000

(Cabot Briggs, 1958: 111).

Les Chaamba trouvaient leurs moyens de subsistance, et les trouvent

parfois encore, dans l'élevage de dromadaires et de moutons. Ils étaient

des méharistes renommés qui se sont en partie intégrés dans l'armée

coloniale et celle de l'Algérie indépendante. Dans les oasis, ils s'occupent

aussi de jardinage et des palmeraies.

Aujourd'hui, ils descendent de leurs chameaux et montent dans les

poids-lourds qui circulent sur les pistes sahariennes (Komorowski, 1975:

107).

Les Teda

Les Teda, appelés Toubou par les Arabes et les Européens, vivent dans

un endroit aussi spécifique qu'isolé. Il s'agit du massif volcanique du

Tibesti au Nord-ouest du Tchad. Ce massif du Tibesti, qui a son point

culminant à 3350 mètres et une altitude moyenne entre 1000 et 1800

mètres, “s'élève tel un bastion au milieu d'une mer de sable”

(Lopatinsky, Les Teda du Tibesti: 9).

Contrairement aux autres populations qui sont des Amazighs ou

Arabo-berbères, les Teda forment ethniquement et linguistiquement un

groupe distinct qui s'apparente aux populations noires du Soudan.

Dans le massif du Tibesti, les Teda étaient en 1960 estimés à 20.000

personnes (La Vie du Sahara, p. XXIV), et probablement moins encore

Page 31: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

30

car cette source incorpore des groupes de cultivateurs apparentés au

Teda du Tibesti. De la population totale du Tchad estimé à 7.557.436

d'habitants en juillet 1999, 44 % ont moins de quinze ans (E-Conflict™

World Encyclopedia). Le recensement de la population du Chad de 1993

donne 28.501 Teda (Ethnologue: Languages of the World).

Ces Teda sont restés très longtemps attachés à leur mode de vie et

avaient encore en 1980 “conservés des particularismes culturels qui sont

en accord avec les impératifs de leurs conditions de vie” (Bradily, 1980:

141). D'ailleurs l'influence maghrébine d'abord et française ensuite, avec

une occupation effective à partir de 1930 seulement, n'est restée faible

jusqu'en 1940.

Le semi-nomadisme fut le système socio-économique rendant possible

la survie des Teda. Une partie du groupe familial reste dans l'oasis, par

exemple à Bardaï, et s'occupe des jardins - vu comme un travail de

serviteurs - et des palmeraies, tandis que l'autre partie s'en va à la

recherche des prairies pour les chèvres, moutons, ânes et dromadaires et

fait en même temps le petit commerce caravanier (Lopatinsky, Les Teda

du Tibesti: 10, 15, 285, 288; Le Cœur, 1950: 198; Kronenberg, 1958: 3-

5).

“Traditionnellement la base de la nourriture est constituée par les

dattes et quelques céréales dont les unes sont cultivées, et les autres

sauvages” (Bradily, 1980: 141). L'importance des dattes pour les Teda se

révèle jusque dans la confection des poupées par les filles.

Les Zaghawa

Une population noire, appelée Zaghawa par les Arabes, mais qui

s'appelle elle-même les Beri, vit à cheval sur la frontière entre le Tchad

et le Soudan.

Il s'agit d'un territoire accidenté dont le centre est formé par les hauts

plateaux du Ennedi, qui délimitent au sud le Sahara. Toujours au-dessus

de 600 mètres, ce territoire s'élève jusqu'à 1450 mètres.

Dans cette région inhospitalière du Tchad vivaient vers 1975 environ

30.000 Zaghawa, et Iriba, lieu de résidence du sultan des Zaghawa, était

un centre de plus ou moins 3000 personnes (Tubiana, 1977: 99, 118).

Marie-José Tubiana (1964: 11-12) écrit :

Page 32: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

31

Les Zaghawa, qui furent depuis longtemps soumis à l'influence de

l'Islam et de l'arabe, sont avant tout des pasteurs semi-nomades à

court rayon de déplacement tirant leurs ressources de l'élevage, de la

cueillette, de l'agriculture, de la chasse et aussi du commerce... Le

troupeau est la principale richesse du Zaghawa. Il en tire une partie

de sa nourriture, de ses vêtements et quelques-uns de ses ustensiles de

ménage. En échangeant ou en vendant des bêtes il se procure le

complément de mil nécessaire à son alimentation, du thé, du sucre,

des tissus. La richesse d'un homme, la puissance d'un chef sont

évaluées en têtes de bétail... Vaches et taureaux occupent la première

place... Les Zaghawa élèvent également des chameaux comme bête de

somme, des moutons et des chèvres. Les chevaux sont les montures

des chefs et des notables ; les ânes sont laissés aux femmes et aux

forgerons.

Les Belbala

Jusqu'à présent les populations décrites sont, ou du moins étaient, des

nomades ou semi-nomades. Par contre, les Belbala sont, bien que vivant

dans le Sahara nord-occidental, la première communauté sédentarisée à

l'oasis de Tabelbala, mais vivant en contact direct avec les Chaamba.

Tabelbala, située à une hauteur de 500 mètres, est une petite palmeraie

très isolée qui se trouve au pied de l'Erg er Raoui, entre cette zone de

dunes, et une petite chaîne montagneuse d'environ 700 mètres de

hauteur.

Les Belbala forment une population sédentaire d'environ 1600

personnes vers 1960, parlant une langue tout à fait particulière,

incomprise des autres sahariens sédentaires ou nomades. Une langue

d'origine négro-africaine avec des apports amazighs et arabes.

Dominique Champault, dont l'ouvrage Une oasis du Sahara nord-

occidental : Tabelbala est la source d'information primordiale en ce qui

concerne les Belbala, écrit que les habitants de Tabelbala ont survécu

grâce à une économie d'oasis avec palmeraies, jardinage et élevage de

chèvres, ânes, quelques moutons et quelques dromadaires

qu'entretiennent des Chaamba. De plus, et jusqu'au début du vingtième

Page 33: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

32

siècle, Tabelbala était un lieu de séjour et d'approvisionnement du trafic

caravanier venant du Maroc.

Mais l'avenir de ce trafic caravanier et celui de l'oasis de Tabelbala

furent en 1969 décrits comme suit par cet auteur : “Que Tabelbala soit

peut-être né du transport chamelier, qu'il en ait vécu pendant de

nombreux siècles, c'est en même temps apercevoir qu'il ne peut

longuement lui survivre” (p. 447).

Les habitants de la Vallée de la Saoura

D'autres sédentaires sahariens sont les habitants des oasis de la Vallée de

la Saoura, une population sur laquelle je n'ai trouvé que très peu de

données.

La Saoura délimite le désert pierreux qui s'étend vers l'ouest, des

dunes de sables de l'Erg qui s'étendent à l'est et au sud. Cette rivière qui

prend source dans l'Atlas saharien, coule en direction nord-sud et s'enlise

après quelques centaines de kilomètres dans le désert. Elle transporte

parfois en hiver une quantité considérable d'eau.

La Vallée de la Saoura a toujours été une très importante route de

communication et de commerce trans-saharien. Dans le lit de l'Oued

Saoura se trouvent des jardins et des palmeraies, avec environ 8000

palmiers à Beni Abbes en 1944. A ce moment là, environ 5000

personnes vivaient dans cette agglomération (Naval Intelligence

Division, 1943: I 66-67, II 61).

Selon Dominique Champault la situation alimentaire était plus

tragique dans les petites oasis de la Vallée de la Saoura qu'à Tabelbala,

bien que jusque dans les années 1950 il y ait eu des petites caravanes

assez régulières dans la Vallée de la Saoura (1969: 176, 269).

Page 34: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

33

Les Mozabites

Les Mozabites, des musulmans appartenant à une secte puritaine non

orthodoxe, se sont réfugiés au cours du XIe siècle dans la région

saharienne de l'Oued Mzab. Là ils fondèrent cinq villes fortes, Ghardaïa

étant la plus importante, et au XVIIe siècle encore deux autres villes. Le

relief est celui d’un haut plateau, situé à une altitude moyenne de 700

mètres, avec des vallées souvent larges et profondes (Naval Intelligence,

1943-1944: 69).

Le nombre de ces citadins d’oasis fut évalué vers 1950 à environ

50.000 personnes. Actuellement il y en aurait environ 200.000 (Camps,

1984: 8). Leur langue appartient à la grande famille des parlers berbères.

Zygmunt Komorowski décrit ainsi l’économie mozabite : “Depuis des

siècles ils s’enrichissaient sur le commerce transsaharien. Aujourd’hui,

ils tiennent une grande partie du petit commerce en Algérie et leur

diaspora atteint même l’Amérique” (1975: 107).

Bien que la population mozabite s’est, suite à son particularisme

religieux, volontairement isolée, elle a su tirer profit de l’insertion dans

un état moderne et dans une économie coloniale et post-coloniale.

Les Chaouia

L'Aurès, le territoire des Chaouia, est un massif montagneux

impressionnant d'environ 11.000 km2 situé entre les Hauts-plateaux du

nord-est algérien et le Sahara. Les Chaouia, 'bergers' en arabe, sont des

Amazighs parlant une langue amazighe. Ethnologue: Languages of the

World mentionne 1.400.000 Chaouia pour 1993.

Vers les années 1940, ils vivaient encore largement selon les modes de

vie ancestraux et restaient “des montagnards peu influencés par ce qu'ils

ont vu en ville. Ils gardent une ancienne organisation tribale” (Catalogue

des Collections de l'Aurès, 1943: 4).

En 1938 et selon Thérèse Rivière, les Chaouia du Nord de l'Aurès sont

sédentarisés dans des vallées fertiles où la culture intensive dans des

jardins et palmeraies est possible. Les Chaouia du Sud, au contraire, sont

Page 35: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

34

“des semi-nomades pasteurs de chèvres et de moutons, cultivateurs de

blé et d'orge qui vivent à peu près en économie fermée”. Ces semi-

nomades hivernent au Sahara et estivent dans l'Aurès (p. 294).

A ce moment, la densité de la population atteignit dans le nord de

l'Aurès 5 à 25 habitants par km², cinq fois plus que dans le sud de

l'Aurès, et la population Chaouia tout entière devait se chiffrer dans les

quelques dizaines de milliers.

La situation actuelle en Aurès est décrite par Danielle Jemma-Gouzon

(1989: 7-8; voir aussi Ballais, 1989) :

Puis vient le temps de rompre l'isolement et, avec lui, celui de la

tentation de l'ailleurs. Les temps présents. Au fond des vallées, les

terres se vident. Les hommes partent. Dans les villages, seuls

demeurent les vieillards, les femmes et les enfants. Les gestes

s'érodent, comme les maisons de terre, en perte de sens et de

symboles. Le Temps a pénétré les montagnes de l'Aurès et, avec lui,

l'Histoire. La famille s'ouvre aussi mais se fragmente, satisfaite d'une

économie moins précaire mais moins communautaire. Aspirations

nouvelles. Modèles nouveaux.

Les populations des campagnes marocaines

Mes recherches au Maroc en cours depuis février 1992 m'ont permis

d'obtenir de nouvelles données sur les jeux et jouets des enfants de

certaines communautés arabo-berbères ou amazighes vivant dans des

villages ou petites villes des régions rurales du Maroc. Il s'agit de la

population Aït Ouirra (Moyen Atlas), des petites villes Imouzzer-Kandar

(Moyen Atlas), Goulmima, Tinerhir et Zagora (Pré-Sahara marocain),

ainsi que des villages Zhana (Kénitra), Aïn Cheggag (Fès), Ksar Assaka

(Midelt), Meski (Errachidia), Aït Ighemour (Haut Atlas), et Ignern (Haut

Atlas).

Les Aït Ouirra, une population amazighophone, vivent dans la région

d'El Ksiba, un centre administratif situé à 1130 m d'altitude dans le

Moyen Atlas. Leur territoire s'étend sur environ 600 km². Selon le

recensement de 1971 la population était de 24.019 personnes. Le mode

de vie des Aït Ouirra est le semi-nomadisme et leur vie est partagée entre

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la montagne et la plaine. L'élevage de chèvres et de moutons occupe la

première place, mais ils cultivent aussi le blé, l'orge et le maïs. Les

données sur les Aït Ouirra et leurs jeux et jouets proviennent de la thèse

de Lahcen Oubahammou (1987).

La petite ville d'Imouzzer-Kandar est aussi située dans le Moyen Atlas

à une altitude de 1350 m, sur la route de Fès à Ifrane. Ce centre régional

avec environ 50.000 habitants voit en été sa population s'agrandir

fortement par des touristes marocains fuyant les grandes chaleurs. C'était

une ville amazighophone où l'on parle maintenant beaucoup plus l'arabe

maghrébin que l'amazigh, surtout parmi les jeunes générations.

La petite ville de Goulmima se trouve en bordure du Pré-Sahara

marocain et du versant est du Haut Atlas, sur la route de Ouarzazate à

Errachidia. Ce centre urbain amazighophone avec son grand ksar ou

ancien village fortifié, et son importante oasis n'est que très peu touché

par les circuits touristiques.

On ne peut dire la même chose de Tinerhir, à 80 km de Goulmima, sur

la route de Ouarzazate à Erfoud, à cause de la proximité des Gorges du

Todra, creusées par l'oued du même nom, et un des hauts lieux du

tourisme marocain. Tinerhir est un centre régional avec une population

amazighophone de plus ou moins 15.000 personnes.

Zagora, la dernière ville avant le Sahara marocain, se trouve sur l'oued

Dra qui s'enlise plus loin dans le sable et n'atteint l'océan que très

exceptionnellement. Comme Goulmima et Tinerhir, Zagora possède une

importante oasis et ses habitants parlent l'arabe maghrébin.

Avec ses plus ou moins 20.000 habitants, Aïn Cheggag est un grand

village urbanisé à 20 km de Fès. Par contre, Zhana, à 10 km de Kénitra,

n'est qu'un petit village. Le village de Meski, près de la très touristique

Source Bleue de Meski, se situe en bordure d'une assez grande oasis et

est un centre rural d'une certaine importance. Il se trouve à 20 km

d'Errachidia en bordure du Pré-Sahara marocain. On parle l'arabe

maghrébin aussi bien à Aïn Cheggag, à Zhana, qu'à Meski.

Par contre à Aït Ighemour, un tout petit village du Haut Atlas bien

traditionnel, pour autant que l'on puisse encore utiliser cette expression,

les gens parlent l'amazigh. Ce village, d'une centaine de familles, se

trouve dans la province de Ouarzazate à la fin d'une piste partant du

village Anezal sur la route de Tazenakht à Amerzgane. On y arrive en

grimpant cette piste de 38 km jusqu'à une hauteur de 2600 m. Aït

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Ighemour est situé à 8 km de la montagne Jbel Siroua. L'agriculture n'y

est possible que dans les jardins en bordure du petit oued où l'eau coule

toute l'année.

Ignern et Ksar Assaka sont deux autres petits villages amazighs.

Ignern se situe à 1600 m d'altitude sur la route de Taroudannt à

Tazenakht et près de Taliouine. Ce village se trouve aussi au pied de la

montagne Jbel Siroua mais est bien moins isolé qu'Aït Ighemour. Il est

aussi un des très rares villages où l'on cultive les fleurs qui donnent le

safran.

Ksar Assaka est un village d'environ 50 familles seulement, et se

trouve à 4 km de Midelt, une petite ville située à une altitude de 1500 m

au pied de la montagne Jbel Ayachi, sur la route d'Errachidia à Meknès.

L'influence de la ville se fait sentir de plus en plus et bon nombre des

habitants ont déjà quitté le village pour aller habiter à Midelt.

Dans les villages, la population vit surtout de l'agriculture, souvent

encore suivant les méthodes séculaires, de la production des oliviers,

arganiers, pommiers et autres arbres fruitiers, de l'élevage du grand ou

petit bétail, bétail d'ailleurs souvent gardé par les filles ou les garçons.

En ville, l'artisanat, le commerce, le transport, le fonctionnariat créent

des ressources supplémentaires provoquant ainsi une plus ou moins forte

désertion des campagnes. Là où en 1960 la population rurale représentait

encore 71 % de la population totale du Maroc, elle ne compte

actuellement qu’environ 50 % de cette population.

De plus, la modernisation ne passe pas à côté des villes rurales et des

villages marocains comme c'est certainement le cas dans toute l'Afrique

du Nord ainsi que dans le Sahara. Après l'engouement pour les

paraboles, le téléphone mobile est en train de conquérir le monde rural et

surtout les jeunes hommes et les jeunes femmes. Ainsi fin 1999 le

téléphone mobile devenait le dernier cri et un objet de prestige dans la

petite ville de Midelt au Maroc central et dans le courant de l'année

2000, le téléphone mobile s'infiltrait déjà dans le petit village de Ksar

Assaka près de Midelt. Début 2002 on peut utiliser dans les villes

marocaines, même les toutes petites, l’Internet dans des magasins très

fréquentés par les adolescents et les jeunes adultes. Dans la petite ville

côtière Sidi Ifni, j’ai même vu des enfants de six à dix ans faire des

puzzles et des dessins sur l'ordinateur.

Page 38: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

37

Parfois, j'ai mentionné une tribu ou un groupe ethnique auquel

appartiennent les enfants. Cependant, l'importance du groupe ethnique a

beaucoup diminuée dans un contexte urbain ainsi que dans les grands

villages.

Les citadins de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie

Des communautés non-ethniques ou multiethniques vivent dans les

grandes, petites et parfois très petites villes côtières ou non loin de la

côte du Maroc et de l'Algérie. Dans le cadre de l'analyse présentée dans

ce livre, se trouvent aussi mentionnées quelques agglomérations urbaines

à l'intérieur de ces pays et qui représentent une situation démographique

analogue. Ces agglomérations sont, sauf exceptions rarissimes, situées

dans les plaines côtières ou peu élevées de l'intérieur.

En juillet 1999, la population de l'Algérie fut estimée à 31.133.486

d'habitants dont 37 % d'enfants de moins de quinze ans, celle du Maroc à

29.661.636 d'habitants dont 36 % d'enfants de moins de quinze ans et

celle de la Tunisie à 9.513.603 d'habitants dont 31 % d'enfants de moins

de quinze ans (E-Conflict™ World Encyclopedia).

La population citadine vit, dans sa grande majorité et en ce qui

concerne la période couverte par ce livre, de l'artisanat, du commerce, du

fonctionnariat et de l'exécution d'autres services.

Fès, Marrakech et Rabat, où j'ai pu recueillir récemment des données,

sont aujourd'hui des villes de plus de 500.000 habitants. Khourigba est

une ville minière du phosphate.

Ce sont des villes aux visages multiples où l'on remarque aussi bien un

comportement très européen, un comportement vraiment traditionnel et

un comportement strictement islamique. Cela se voit plus

particulièrement au niveau de la population féminine : comme dans les

rues, le port du voile côtoie celui de la minijupe.

Les renseignements sur l'animal dans les jeux et jouets obtenus dans

ces villes proviennent de couches sociales populaires et moyennes.

La langue utilisée dans tous ces centres est une forme locale de l'arabe

maghrébin. Du point de vue ethnique, ces populations sont constituées

en majeure partie d'Amazighs arabisés de longue date ou depuis peu.

Page 39: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

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Gabriel Camps (1984: 9) écrit à ce sujet:

En fait, dans la société musulmane nord-africaine et saharienne, il

existe des maghrébins arabophones ou arabo-berbères et des

maghrébins berbérophones qui conservent le nom de Berbères que les

Arabes leur donnèrent. Parmi les Arabo-berbères, qui ne constituent

pas plus une entité sociologique que les Berbères, on distingue un

groupe ancien, citadin, aux origines souvent très mêlées, car il faut

tenir compte dans les villes des apports antérieurs à l'Islam, des

réfugiés musulmans d'Espagne (Andalous) et des nouveaux venus

généralement confondus sous le nom de Turcs, bien qu'ils fussent,

pour la plupart, des Balkaniques et des Grecs de l'Archipel.

Avant de clore cet aperçu des différents groupes socioculturels dont les

jeux et jouets liés au monde animal figurent plus loin, reprenons encore

une fois cette distinction entre maghrébins amazighophones et

maghrébins arabophones et examinons ce qu'en dit Nefissa Zerdoumi

dans son livre remarquable Enfants d'hier. L'éducation de l'enfant en

milieu traditionnel algérien (1970, 2e édition 1982: 35-36)

Pendant des siècles, la famille algérienne musulmane, malgré une

histoire mouvementée, est demeurée immuable, non pas qu'elle ait

bénéficié d'une protection religieuse ou législative particulière, mais

parce que, ayant adopté une structure défensive, elle se trouvait à

l'écart des causes susceptibles de provoquer son évolution. Elle

portait en elle des éléments statiques, absorbant ou neutralisant les

influences successives et contradictoires du cadre politico-social. Ces

influences ont tracé des zones culturelles relativement dissemblables.

Dans les massifs montagneux (Kabylie, Aurès), les parlers et les traits

coutumiers berbères se sont maintenus dans leur originalité. On y

observe une certaine indépendance à l'égard de l'Islam, notamment

dans le système juridique, un amour jaloux de la terre et de ses fruits,

un goût prononcé pour le travail lucratif individuel, une structure

sociale à tendance démocratique. En face, le pays arabe, celui des

steppes aux larges dimensions ou des plaines allongées, a conservé,

dans ses campagnes comme dans ses centres urbains, les caractères

liés à la civilisation pastorale, plus ouverte, plus classiquement

Page 40: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

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islamique mais moins attachée à la parcelle de terre qu'à la solidarité

tribale ou familiale. Entre ces deux systèmes, qui hors des villes

apparaissent distincts, il y a des interpénétrations nombreuses qui en

font une société aux aspects variés mais au fond commun tissé du fil

semblable des cellules familiales.

Dans ce livre je propose au lecteur une analyse globale des jeux et jouets

en rapport avec le monde animal des enfants sahariens et nord-africains.

En premier lieu sont traités les jeux et jouets en rapport avec les

dromadaires, puis avec les chevaux, mulets et ânes, avec le gros et le

petit bétail, avec les autres animaux domestiques et finalement avec les

animaux non-domestiques. Dans la section 'Conclusions et Perspectives'

une synthèse est proposée ainsi qu'une discussion de certains aspects

environnementaux, économiques, socioculturels et de sémiotique sociale,

suivis par quelques perspectives. Enfin le lecteur trouvera, sous forme de

catalogue, une description détaillée et systématisée des animaux jouets

sahariens et nord-africains de la collection du Musée de l'Homme utilisée

pour l'analyse.

La transcription des mots vernaculaires et des références géographiques

et ethniques est basée sur les sources que je crois être les plus sûres ou

les plus largement acceptées et qui se trouvaient à ma disposition. La

diversité des langages et des sources bibliographiques rend à peu près

impossible une uniformisation complète. Pour la transcription de

certaines lettres arabes des signes conventionnels sont utilisés. La liste de

ces signes conventionnels se trouve à la table des transcriptions. Les

mots arabes écrits en italique ont été transcrits de cette manière. Les

mots amazighs que j'ai notés au Maroc ont souvent été transcrit en

premier lieu en caractères arabes car les amazighophones utilisent

souvent des caractères arabes pour transcrire leur langue. Ces mots

amazighs sont aussi écrits en italique.

Les mesures sont mentionnées en centimètres: B = base, H = hauteur,

LO = longueur, LA = largeur, E = épaisseur, D = diamètre, + =

maximum, - = minimum.

Page 41: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

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Concernant mes contacts avec les enfants, les règles de l’éthique de la

recherche scientifique proposée par le Conseil Européen de la Recherche

Scientifique ont été suivies. Ainsi l’autorisation paternelle ou maternelle

a été demandée lors de la collecte de données ou des prises de photos

avec des enfants. Il aurait d’ailleurs été difficile de faire autrement car le

travail de terrain se faisait dans les familles ou dans l’espace public. Une

exception à cette règle existe néanmoins. Il s’agit des observations et des

photos d’enfants faites occasionnellement d’une certaine distance dans

des rues ou autres espaces publics des centres urbains marocains mais

dans ce cas des adultes se trouvaient non loin et je n'ai pas rencontré de

réactions négatives en photographiant ces enfants.

Remerciements

Avant de proposer au lecteur ce trésor social et culturel que sont les jeux

et jouets des enfants sahariens et nord-africains s'inspirant du monde

animal, il me reste à remercier tous ceux qui d'une manière ou d'une

autre m'ont permis de mener ce livre à son terme et plus spécialement :

Les familles ghrib, particulièrement les enfants des années 1970, ainsi

que Gilbert J.M. Claus du Département de Langues et Cultures

Africaines de l'Université d'Etat de Gand, pour l'accueil et le soutient

qu'ils m'ont offerts dans le cadre de mes recherches sur les jeux et

jouets ghrib.

Aïcha Ouazzani et Mustafa Trifa pour leur aide dans Kénitra, Driss

Bousalham et Ibrahim de Kénitra pour leurs informations sur Fès et

Khouribga.

Fatima Zohra Mdarhri de Rabat qui m'a informé sur Aïn Cheggag et

servi d'intermédiaire auprès de sa famille d'Imouzzer-Kandar où Driss

et Abderrahim Lakhdar m'ont laisser bénéficier de leur hospitalité et

de leurs informations.

Ali Harcherras, Hamid Amhal, Omar Derouich, Hamid Lihi, Lahbib

Oubbi, Mbarek et Omar Taous ainsi que d'autres membres de

l'association socioculturelle Tilelli, qui m'ont pris en charge et

informé pendant plusieurs séjours dans leur petite ville de Goulmima,

auquel il faut ajouter Rachida Lihi.

Page 42: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

41

Les garçons et les filles du village Aït Ighemour ainsi que leurs

instituteurs, plus particulièrement Ihbous Noureddine, un Amazigh

d'Essaouira, qui m'a invité à deux reprises à Aït Ighemour et servi

d'interprète.

Les garçons et les filles du village Ignern et en particulier, Hamid,

Zeina et la famille Mohamed ou Ali.

La famille Eloula du quartier Daoudiyât à Marrakech, le professeur

Youssef Aït Ammou ainsi que certains de ses étudiants du

Département de Français de la Faculté de Lettres et des Sciences

Humaines de l'Université Cadi Ayyad de Marrakech.

Ainsi que nombre d'autres informateurs et informatrices marocains

qui ont contribué a rassembler les données sur les jeux et jouets

marocains.

Souad Laabib de Ksar Assaka pour son aide comme intermédiaire et

interprète pour le tamazight et l'arabe marocain de 1995 à 2000.

Le Nationaal Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek (Fonds

National Belge pour la Recherche Scientifique), Bruxelles, qui a

soutenu mes recherches et mes publications de 1970 à 1992.

Dominique Champault et Jean Lambert, Département d'Afrique

Blanche et du Proche Orient du Musée de l'Homme à Paris, et leurs

collaboratrices, pour leur bienveillance et leur aide.

Les photographes du Laboratoire de Photographie du même musée

qui ont réalisé toutes les photos des animaux jouets de la collection de

ce musée, de même que les responsables du Service de la

Photothèque.

Didier Henry pour la correction du texte.

Ruben Rossie pour ses conseils et son aide dans l'utilisation de

l'ordinateur.

Krister Svensson, Eva Petersson, Anders Nelson et Mattias Nilsson

de l’ancien Nordic Center for Research on Toys and Educational

Media (NCFL), et Krister Svensson, Anders Nelson, Mattias Nilsson

et Johnny Friberg du Stockholm International Toy Research Centre

(SITREC) pour leur amitié et leur aide.

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L'Animal

dans les Jeux et Jouets des

Enfants Sahariens et Nord-Africains

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1 Les dromadaires

1.1 Résumé

Le dromadaire, cet animal si bien adapté au désert, a tout naturellement

frappé l'imagination des enfants sahariens. Il est donc normal que cet

animal se retrouve dans bon nombre de jeux de ces enfants ainsi que

parmi leurs jouets.

Les enfants touaregs jouent avant tout avec les petits animaux eux-

mêmes et surtout avec les petits dromadaires. Edmond et Suzanne

Bernus (1983: 46) écrivent à ce sujet :

Le soir, les troupeaux regagnent le campement : chèvres et brebis

sous la conduite du berger, chamelles et vaches attirées par la

présence des chamelons et des veaux. Avant leur retour, il faut

attacher les jeunes animaux pour qu'ils ne rejoignent pas leur mère

avant l'heure de la traite. Les jeunes garçons poursuivent les veaux

qui caracolent entre les tentes et s'amusent à cette corrida

quotidienne. Ce sont cependant les chamelons qui animent les fins

d'après-midi des campements touaregs : en raison de leur nombre,

l'opération doit être répétée souvent, et certains d'entre eux, rusés et

agiles, se dérobent dans un jeu où l'enfant et l'animal rivalisent

d'habilité. Approches sous le couvert des arbustes et des tentes :

l'enfant s'avance nonchalamment, feignant l'indifférence avant le bond

vers la queue du chamelon pour le traîner vers son piquet.

Qu'il est bien possible de jouer

au dromadaire sans jouets se

voit sur les photos montrées aux

figures 1 à 4. Elles ont été prises

en 1975 ou 1977 chez les

enfants ghrib (Sahara tunisien).

Il s'agit surtout de jeux de

garçons, mais de temps en

temps les filles s'y adonnent

aussi. La première photo (fig. 1)

1

Page 51: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

50

montre un garçon de 14 ans à quatre pattes promenant sur le dos son

petit frère. La deuxième photo met en scène d'autres garçons dans une

situation plus compliquée (fig. 2).

Ces jeux sont appelés 'ej-jmel', le dromadaire, ou parfois 'el-°akkêri', le

coussin de dromadaire, car il arrive qu'un coussin soit mis sur le dos du

garçon-dromadaire. Il y a aussi le dromadaire guidé par le berger (fig. 3).

2

3

Page 52: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

51

Enfin il y a le dromadaire aux pattes liées, appelés 'gîd ej-jmel', l'entrave

des membres antérieurs d'un dromadaire (fig. 4).

Cet enfant-dromadaire aux pattes liées est éventuellement guidé par un

'berger' qui le fait manger, boire, etc... Quand il y a deux dromadaires de

ce genre on les laisse parfois se battre. Leurs bergers crient 'arfa arfa arfa'

ou encore 'khûdha khûdha', c'est-à-dire allez-y, allez-y. Ils frappent leur

dromadaire avec un bâton et sifflent à la manière des bergers. Cependant

cette lutte entre dromadaires ne doit qu'être simulée et ne doit

normalement pas donner lieu à une bagarre. Une course de dromadaires

aux pattes liées peut être organisée. Finalement des garçons déjà assez

grand font une course de dromadaire entre eux en portant un petit sur les

épaules.

Dans ce même sud-tunisien, sur l'île de Jerba à Gallala, une pratique

ludique veut que des jeunes filles imitent des animaux domestiques

comme le dromadaire ou la vache. Cette pratique ludique fait référence

aux rituels entourant les festivités de 'bû Harrûs', selon Abderrahman

Ayoub éventuellement liées à la tradition égyptienne d'Horus, ayant lieu

lors de la fête de °ashûra ou bien au début du mois de mai comme à

Nefta et Tozeur (Ayoub, 1991: 27-28).

Charles Béart mentionne en ce qui concerne les enfants maures :

“Sans jouets, les enfants organisent ces mêmes caravanes, un certain

nombre d'entre eux jouant le rôle de chameaux. Tous les incidents qui

surviennent à une vraie caravane sont imités” (1955: 598).

4

Page 53: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

52

La collection de jouets sahariens et nord-africains du Musée de

l'Homme comporte toute une série de dromadaires jouets en miniature

avec ou sans harnachement et parfois montés d'un méhariste ou même

d'une femme nomade. Ces exemplaires, qui datent d'entre 1934 et 1974,

proviennent des Touaregs (Sahara), des Maures (Sahara), de Zagora

(Pré-Sahara marocain), de l'oasis de Tabelbala (Sahara algérien), de la

vallée de la Saoura (Sahara algérien), des Teda (Sahara tchadien) et des

Zaghawa (Sahara tchadien). Personnellement, j'ai vu des dromadaires

jouets chez les Ghrib (Sahara tunisien) en 1975 et 1977 ainsi que dans le

Pré-Sahara marocain en 1993, 1997 et 1998.

En dehors du Sahara ou de la région pré-saharienne, les données ne

présentent des exemples de dromadaires jouets que chez les enfants

chaouia, une population amazighe habitant les montagnes de l'Aurès en

Algérie septentrionale, et ceux du village amazigh d'Ignern au Maroc.

La forme de ces dromadaires jouets varie de très schématique à très

naturaliste avec parfois une attention poussée pour les détails. Le

harnachement lui aussi peut être des plus sommaires ou bien être une

reproduction minutieuse du modèle réel.

En 1975, un garçon Ghrib de trois ans ne se servait sous la tente que

d'un morceau de bois pour se muer en dromadaire de course, comme cela

se voit à la figure 5.

5

Page 54: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

53

Un dromadaire fait d'un sac de peau utilisé pour faire le beurre, a été

photographié par Gilbert J.M. Claus en 1973 auprès d'un garçon Sabria,

une population

vivant à côté des

Ghrib à l'oasis d'El

Faouar dans le

Sahara tunisien.

Ce dromadaire, qui

se trouve entre les

mains du garçon,

et un reptile, qui se

trouve par terre,

ont été faits par un

frère aîné (fig. 6).

Les matériaux utilisés sont en ce qui concerne les dromadaires, de la

pierre, des mandibules de chèvres ou de moutons, de l'argile, des objets

divers d'origine végétale (champignons, folioles de palmier, feuilles de

latanier, branchettes, morceaux de bois) et des fils électriques plastifiés.

Il existe aussi des dromadaires faits en bouse ou en crotte de dromadaire.

En plus, on a signalé un dromadaire en tôle. Non retrouvé dans la

collection, mais mentionné dans la bibliographie sont des dromadaires

jouets en cuir chez les Maures (Béart, 1955: 597).

Selon Fernando Pinto Cebrián les enfants sahraouis utilisent des

coquilles d'escargots pour créer un troupeau de dromadaires dans deux

de leurs jeux (1999: 116, fig. 27). Un jeu consiste à demander la main

d'une fille et à discuter du nombre de dromadaires qu'il faut donner

comme dot. Dans un autre jeu la vente et l'achat de dromadaires sont

imités. Cet auteur souligne que pour bien jouer à ces jeux, il faut en

savoir beaucoup sur les dromadaires car chaque dromadaire est indiqué

par un vocable particulier selon le sexe, l'âge, la couleur et la peau. Par

exemple le nom de 'naga' s'utilise pour la dromadaire femelle, 'hegge'

pour la dromadaire femelle de deux à quatre ans, 'seydah' pour le

dromadaire de course, 'iagha’ pour la dromadaire femelle qui a mis bas

récemment, 'yemel' pour le dromadaire male, 'vatri' pour le dromadaire

male ayant toutes ses dents, 'azouzal' pour le dromadaire castré, 'lekhal'

ou 'amxawwel' pour le dromadaire utilisé pour la reproduction, 'markub'

pour le dromadaire de somme, 'lahouar' pour le petit dromadaire, 'hegg'

6

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pour le dromadaire male de deux à quatre ans, 'yedaa' pour le petit

dromadaire, 'edariv' pour le jeune dromadaire non castré, 'abiad' pour le

dromadaire blanc, 'ajmar' pour le dromadaire rouge, 'sgar' pour le

dromadaire rouge clair, 'ajadar' pour le dromadaire rouge foncé, 'azaraik'

pour le dromadaire de couleur rouge et blanc (1999: 115).

Les selles et les méharistes ont une armature en matière végétale ou

sont en argile, mais il y a en outre des selles en fer blanc et des

méharistes en fils électriques plastifiés. D'autres pièces du harnachement,

tapis et sacs de selle, bride etc., sont en étoffe, en laine ou en cuir.

1.2 Les dromadaires en pierre taillée

Henri Lhote qui a rapporté pour la collection du Département d'Afrique

Blanche et du Proche Orient la presque totalité des dromadaires jouets en

pierre taillée, mentionne sur une des fiches que ces jouets servent à un

jeu d'une très grande ancienneté attesté sur une aire géographique

s'étendant de la Mauritanie à la Somalie. Plus spécifiquement pareils

dromadaires jouets ont été mentionnés chez les nomades chaamba,

regeybat, touaregs et maures et chez les habitants de l'oasis de Tabelbala.

Cependant la collection n'offre que des exemples fabriqués par les

enfants touaregs Kel Ahaggar et Kel Ajjer du Sahara algérien ou Kel Aïr

du Sahara du Niger.

Trois auteurs, Henri Lhote (1952) pour les Touaregs, Denis (1952) et

Dominique Champault (1969) pour les Chaamba, nous donnent une

description de la fabrication et de l'usage de ces jouets. Quatre clichés de

R. Mauny (Béart, 1955: 141-142) nous laissent voir la confection et

l'emploi de dromadaires de pierre par des jeunes garçons maures d'Atar

(Adrar, Mauritanie).

Ces dromadaires jouets sont en général l'œuvre de jeunes garçons,

spécialement des bergers. Cependant un des informateurs de Denis, un

Chaamba d'El Golea (Sahara algérien), lui déclara que les filles “font des

chameaux jouets comme les garçons, mais ajoutent bassour (bât) et

femme de bois” (1952: 34).

Les enfants taillent ces dromadaires dans des plaques de silex, de

schiste cristallin, ocreux et ardoisier, des plaques de mécaschiste et de

quartz laiteux, de grès de teinte et de taille variées, dans des bifaces

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acheuléens et même dans une plaque de plâtre. Le capitaine Archier

(1953: 38) mentionne aussi l'utilisation d'un fragment de poterie. La

taille se fait sur enclume de pierre au moyen d'une autre pierre servant de

percuteur. C'est surtout la bosse mais aussi le cou et l'arrière train qui

sont représentés, comme on peut le voir sur la figure 7 (H+ = 9 cm, H- =

1,7 cm; catalogue 2.1, 71.39.5.1-40, p. 180).

Les bergers chaamba et ceux de l'oasis de Tabelbala chantent une petite

chanson lors du travail de taille. Pour la taille d'un mâle ils chantent :

“frappez, frappez enfants, ma chamelle belle, mon chameau vilain” et

pour la taille d'une femelle ils chantent : “frappez, frappez enfants, mon

chameau beau, ma chamelle vilaine”. Dominique Champault y ajoute

qu'il est à remarquer que les enfants n'ignorent pas la feinte

prophylactique et annoncent le contraire de leur vœu secret dans l'espoir

que rien ne viendra troubler sa réalisation (1969: 347; voir aussi Denis,

1952: 31).

Si l'on pouvait penser à première vue que la plupart de ces

dromadaires sont uniformes, il n'en est pas moins vrai que les enfants

nomades eux-mêmes donnent une signification précise à ces jouets

suivant la forme. Pour eux il s'agit bien d'un dromadaire étalon, avec une

profonde encoche médiane à la base, d'une femelle reposant sur son

7

Page 57: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

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ventre gravide, avec une base épaisse, d'un chamelon, les petites pierres

(pour une description détaillée des formes voir Denis, 1952).

A côté de ces dromadaires très schématisés il existe aussi des formes

plus élaborées, comme le montrent les figures 8 (H = 7 cm, LO = 9,5

cm) et 9 (p. 56, H = 27,2 cm, B = 20 cm; catalogue 2.1, 62.128.3/4, p.

179).

La fiche signalétique du dromadaire de la figure 8 mentionne qu'il fut

taillé par un enfant des Touaregs Kel Ajjer, probablement un garçon

comme c'est le cas pour celui de la figure 9 (p. 57). Ce dromadaire, qui

est probablement un étalon vu l'encoche à la base, porte une lisière, mais

les autres exemplaires de la collection sont démunis de tout accessoire.

Cependant, il a été remarqué que les garçons chaamba et ceux de l'oasis

de Tabelbala mettent une selle d'herbes ou de fil de fer sur le dos du

dromadaire et y placent un méhariste de graminées vêtus de chiffons et

de perles qui leur ont été fournis par les filles (Denis, 1952: 35;

Champault, 1969: 347; Rossie, Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-

8

Page 58: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

57

Africaines. Poupées d'Enfants et Jeux de Poupées, 1.2 Les poupées-

méharistes, p. 74).

Henri Lhote (1975: 410) montre un dromadaire peint par un enfant

touareg sur un galet ovulaire d'un diamètre maximum de 7,8 cm. Ces

peintures sur pierres qui datent d'environ 1960 ont été exécutées suite à

l'exemple de peintres européens qui relèvent des peintures rupestres

ornant les parois d'abris sous-roche au Tassili.

Le lieutenant Denis donne des renseignements détaillés sur la façon

dont jouent les jeunes bergers chaamba avec les dromadaires en pierre

taillée. Ils se taillent tout un troupeau de dromadaires, dans lequel sont

distingués les étalons, les chamelles pleines, les chamelles non pleines et

les chamelons. Les meilleures pièces sont parfois harnachées. Les

enfants mènent leurs dromadaires jouets aux pâturages et à l'abreuvoir,

organisent une caravane, tout en mimant les gestes et les bruits des

dromadaires et des bergers. Un abreuvoir est fait dans le sable, avec

comme point d'eau un assez gros trou et comme auge où boivent les

animaux un plus petit trou dans lequel on verse l'eau tirée du puits

imaginaire.

9

Page 59: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

58

Denis a publié en 1955 deux photos intéressantes montrant un garçon

chaamba taillant un dromadaire dans une pierre ainsi qu'un autre garçon

chaamba abreuvant ses dromadaires jouets. Malheureusement ces photos

ne peuvent être reproduites à cause des droits d'auteur, mais la revue

Bulletin de Liaison Saharienne dans laquelle elles ont été publiées se

trouve à la Bibliothèque Nationale de France (code 8°03 1743,

http://www.bnf.fr/).

La mise à bas d'un chamelon est figuré de la manière suivante. Au

flanc d'une chamelle pleine (pierre à base épaisse et plate) est collé un

chamelon (petite pierre) avec de la salive et du sable. Lorsque le

chamelon est scindé de sa mère, la chamelle a mis bas.

Afin de recréer le campement et la vie nomade, les enfants ajoutent

parfois auprès de leurs dromadaires, des palmiers, des hommes, des

tentes faites de chiffons et de bâtonnets. Ils tiennent aussi des concours

pour le plus bel exemplaire ou le troupeau le plus grand. Denis (1952:

35-36) écrit :

Des courses ont souvent lieu avec des jouets bien faits. Chaque enfant

enfourche de deux doigts la place de la rahla (selle), et court debout,

tressautant et faisant des mouvements du bras qui tient le jouet pour

simuler les incartades et les allongements du cou de sa monture. Sans

oublier ses cris d'excitation et de commandement et les blatèrements

de sa bête.

Les garçons touaregs dressent leurs dromadaires en pierre taillée sur le

sable et les disposent en ligne ou en cercle et utilisent le vocabulaire

courant des bergers dans leurs jeux (Lhote, 1952: 278; Archier, 1953:

39). Les enfants nomades délaissent la plupart de ces jouets lors des

déplacements, seul les exemplaires les plus réussis sont emportés.

Selon le capitaine Archier (1953: 39) et chez les Touaregs Kel

Ahaggar (Sahara algérien) le mot 'tifersitin' (sing. téfersit) désigne

uniquement les dromadaires en pierre taillée. Cependant, Charles de

Foucauld écrit dans son Dictionnaire Touareg-Français (1951-1952:

358) que ce mot désigne un animal ou un personnage en pierre taillée

servant de jouet : “les enfants du Ahaggar taillent grossièrement des

pierres plates en forme de chameau, de cheval, d'homme, de femme etc.”

Page 60: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

59

Il reste à remarquer que la plus grande partie de ces dromadaires en

pierre taillée ont une forme à deux dimensions contrairement à la plupart

des jouets fabriqués par les enfants sahariens et nord-africains.

1.3 Les dromadaires de mandibule

Chez les Touaregs Kel Ahaggar du Sahara algérien et les Touaregs Kel

Ajjer du Sahara algérien et libyen, les garçons et les filles font des

dromadaires, souvent sellés et montés d'un méhariste, avec une

mandibule de chèvre ou de mouton.

Selon une information dans le fichier de la collection, on trouve les

mêmes dromadaires de mandibule sellés et montés à El Oued dans le

Sahara algérien près de la frontière tunisienne. En 1975 j'ai vu chez les

garçons des semi-nomades Ghrib du Sahara tunisien ce genre de

dromadaires de mandibule.

La collection du Musée de l'Homme nous offre des exemples datant

d'avant 1939 et provenant des Touaregs. Pour autant que l'âge des

constructeurs soit mentionné, il varie entre dix et douze ans. Certains

dromadaires ont été faits par des garçons, d'autres par une fille de douze

ans.

Ces dromadaires jouets, appelé 'aknar' chez les Touaregs Kel Ahaggar

d'Idèles en Algérie, portent le même nom chez les Touaregs Kel Ahaggar

de Ghât en Libye. Pour les Touaregs Kel Ajjer de Djanet en Algérie le

nom 'amajor' a été avancé (Duprez, fiche d'objet 34.52.42).

En haut d'une mandibule de chèvre ou de mouton est fixée une petite

selle, à pommeau en

forme de croix, faite

de tiges de graminées

couvertes de fils de

coton mercerisé de

couleur variée. Le

dessin de la figure 10 montre les différentes armatures de ces selles.

La couverture accrochée sur la croupe de l'animal et le tapis de selle,

tous les deux en tissu, font parfois partie du harnachement en miniature.

Des morceaux de peau brodée ou de vieilles lanières de cuir figurent les

sacs de selle.

10

Page 61: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

60

Souvent un méhariste est placé en selle comme c'est le cas pour le

dromadaire de la figure 11 (H = 29 cm; catalogue 2.2, 41.19.113, p. 181;

voir aussi Rossie, 2005, Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-

Africaines. Poupées d'Enfants et Jeux de Poupées, 1.2 Les poupées-

méharistes, p. 53).

11

Page 62: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

61

La hauteur minimale de cette série de dromadaires jouets est 19,5 cm, la

hauteur maximale 37 cm.

Comme on peut le voir à la figure 12 ce dromadaire jouet a une forme

très élaborée (H = 34 cm, LO = 17 cm; catalogue 2.2, 34.52.42, p. 182).

Il fut recueilli par le capitaine Duprez avant 1935 auprès de son

constructeur, le fils du cheikh de Djanet (Touaregs Kel Ahaggar).

La mandibule enveloppée d'étoffe kaki sert d'arrière-train du

dromadaire. Les pattes antérieures ainsi que le cou et la tête sont

confectionnés avec des tiges ou des feuilles de palmier torsadées

entourées de la même étoffe kaki. La selle est faite avec un morceau de

bois et deux brindilles figurent le pommeau en forme de croix, le tout

enveloppé de coton blanc. Le pommeau est en plus couvert d'un morceau

d'aluminium. Sous la selle se trouve un tapis de selle rouge à rayures

blanches. Un grand sac de selle en bandelettes de coton blanc et noir

pend sur le flanc du dromadaire. Le cou du dromadaire, auquel est

attachée une lisière en gaze, est orné de fils de laine tressés de couleur

blanche, jaune, verte, bleue et rouge.

12

Page 63: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

62

Avec ces dromadaires de mandibule les enfants s'amusent à figurer

des carrousels de dromadaires ou d'autres scènes de la vie nomade.

Dans les années soixante-dix, les jeunes garçons ghrib aimaient se

fabriquer des dromadaires jouets faits avec une mandibule de chèvre. Sur

ces dromadaires ils fixaient souvent un petit coussin de selle et une selle

découpée dans du fer blanc (fig. 13, H = 15 cm).

Le pommeau de selle est en forme de croix, indiquant ainsi qu'il s'agit

d'une selle de course, non d'un bât. Une lisière en fils de laine complète

le harnais. Parfois cette selle n'est qu'une branchette brisée (fig. 14, H =

17 cm) et le méhariste un peu de cheveux de chèvre (fig. 15, H = 15 cm).

13

14

15

Page 64: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

63

En s'amusant avec ces jouets, les garçons s'initiaient en même temps à la

garde, à l'élevage et à l'utilisation du dromadaire, un animal de première

importance pour les Ghrib du moins jusqu'au début des années 1980.

1.4 Les dromadaires en bouse de dromadaire

Comme le montre la figure 16 (H = 9 cm), il arrive que les garçons ghrib

découpent pour leurs jeux de berger la forme d'un dromadaire dans de la

bouse de dromadaire séchée. Ainsi il est un des rares jouets à deux

dimensions fabriqués par des enfants sahariens et nord-africains. La

grande pierre cylindrique représente le berger tandis que la petite pierre

cylindrique représente le chien de berger.

Pour les Chaamba du Sahara algérien, Denis (1952: 34) décrit ce

dromadaire de la manière suivante :

Je vis le Méhariste chaambi Djelloul harnacher ainsi une figurine

qu'il avait taillée dans une bouse de chameau. Une bandelette de

chiffons forma la rzama (sorte de rène), une autre la corde à queue, et

une troisième, fixée à la rahla (la selle), la sangle. Cette rahla était de

sbott. Les deux extrémités du brin, reliées à l'avant en haut de la

16

Page 65: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

64

croix, s'écartaient vers le bas pour former le dessous de la selle, puis

la boucle remontait pour former le guerbous (dossier arrière). Un

silex formait siège, et une brindille terminait la croix. Tout ce bâti

était recouvert et consolidé par une bandelette de chiffons. Un bout de

chiffon mis sous le siège formait l'iouich (tapis de selle) et un autre

dessus, la couverture de cette rahla, ressemblante et solide. Des

chiffons sommairement cousus representaient les divers récipients de

peau ou d'étoffe (ghrair, tassoufra et dabia) du méhariste et une

branchette maintenue par un petit bout d'étoffe singeait le mousqueton

et sa bretelle.

Le type de jeux pour lesquels ces dromadaires sont utilisés, est décrit

chez les dromadaires en pierre taillée (voir 1.2, p. 54).

Chez les Touaregs Kel Ahaggar (Sahara algérien), les enfants font des

dromadaires pour lesquels ils piquent des épines d'acacia dans une crotte

de dromadaire. Une épine double figure le cou et la tête, une épine

simple les pattes ou la queue (Bellin, 1963: 99-100).

Edmond Bernus montre une belle photo d'un jeune enfant des

Touaregs Ioullemeden Kel Dinnik (Sahara malien) avec son dromadaire

construit a l'aide de crottes de dromadaires et d'épines de tiboraq

(balanites ægyptiaca) (1975: 174).

1.5 Les dromadaires avec armature en matière végétale

D'autres dromadaires jouets ont une armature

d'origine végétale : folioles de palmier,

feuilles de latanier, branchettes, champignons.

La plupart de ces jouets sont l'œuvre d'enfants

nomades. Le dromadaire à corps de

champignon provient d'un enfant de l'oasis de

Tabelbala dans le Sahara algérien. Les enfants

de cette oasis nattent aussi des dromadaires en

folioles de palmier (Champault, 1969: 346), ce

qui se fait de la même façon dans le Pré-

Sahara marocain. Si le dromadaire à corps de

champignon et pattes de branchettes (fig. 17, 17

Page 66: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

65

H = 5,5 cm, LO = 3 cm) recueilli en 1954 chez les Belbala, reste assez

schématique le dromadaire en folioles de palmier tressées fait preuve

d'un sens esthétique remarquable. Tous ces dromadaires tressés ont une

forme à deux dimensions.

Un dromadaire se trouvant dans la collection du Musée de l'Homme,

fut natté vers 1970 par un garçon de Zagora au Pré-Sahara marocain.

Dans ce Pré-Sahara marocain, près des Gorges du Todra dans la région

de Tinerhir et à la Source Bleue de Meski dans la région d'Er Rachidia,

j'ai trouvé, entre fin 1993 et début 1997, tout à fait le même dromadaire

jouet tressé par des jeunes garçons (fig. 18, H = 15 cm, LO = 13,5 cm, H

totale = 33 cm).

A partir d'environ 5 ans les garçons s'exercent à ce tressage avec

quatre folioles, obtenues en

divisant en deux deux folioles de

palmier. Ces jouets sont

maintenant vendus aux touristes

pour environ 4 dirhams ou 0,4

euro. Lors d'une visite à la Source

Bleue de Meski en mars 1994, un

homme né à Meski vers le début

des années 1920, m'a donné

quelques détails sur la manière

dont on jouait avec ces

dromadaires mais aussi des mulets

ou gazelles. Quatre ou cinq

garçons font un jardin d'oasis en

miniature qu'ils irriguent et autour

duquel ils jouent entre autre avec

leur dromadaire ou mulet en

folioles. Avec une longue foliole

attachée à l'avant de ces animaux

jouets ou à la gazelle, ils sont tirés

d'ici à là-bas. Les deux folioles

longues, nouées à leurs extrémités,

servent a porter le dromadaire

17

18

Page 67: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

66

jouet et autres animaux tressés autour du cou, tout comme cela se fait

encore à présent. Selon cet informateur et selon les garçons eux-mêmes

rencontrés sur place ces jeux sont tombés en désuétude.

Début novembre 1996, j'ai trouvé par terre dans les Gorges du Todra,

près de Tinerhir et là où les touristes passent, plusieurs dromadaires et

mulets en feuilles de palmier tressées. Comme je ne trouvais à ce

moment pas de garçons qui vendent ces animaux jouets, je me suis

informé dans une école primaire des environs. Là on expliquait que ce

n'est que pendant les vacances et surtout en été lors de la période

touristique que les garçons font ces animaux jouets.

Une fille touarègue Kel Ahaggar de douze ans a réalisé en 1938

l'unique dromadaire de la collection du Musée de l'Homme provenant de

cette population fait d'une armature en branchettes entourées d'étoffe

(fig. 19, H = 25 cm, LO = 27 cm; catalogue 2.3, 41.19.124, p. 183). En

plus, cette fille a fabriqué une selle et des sacs de selle qui sont une

imitation fidèle du harnachement féminin.

19

Page 68: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

67

Une intéressante photo d'Henri Lhote, reprise à la figure 20, nous

montre une fille touarègue assise sur le sable avec à ses pieds des

dromadaires jouets de ce genre ainsi que des méharistes et guerriers en

miniature (1944: 113, planche VIII).

Sur leur dromadaire sellé les filles installent éventuellement une poupée-

femme assise. Ces dromadaires à harnachement seraient très rares

(Balout, 1959: planche LXXI), une déclaration qui est certainement à

relativiser comme on pourra lire plus loin.

Selon les informations bibliographiques, la fabrication du dromadaire

en branchettes des enfants touaregs Kel Ahaggar se fait de la manière

suivante. Deux rameaux verts, l'un formant les pattes - une avant, une

arrière - l'autre formant le cou et la tête, sont ligaturés pour leur donner

la courbure voulue. Les liens sont ôtés lorsque le bois est jugé sec, les

rameaux gardant leur courbure forcée (Balout, 1959: planche LXVIII;

Bellin, 1963: 100).

20

Page 69: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

68

Balout, Bovis et Gast (1959, planche LXVIII) spécifient :

Avec ces deux baguettes enveloppées de misérables bouts de loques,

l'enfant nomade recrée avec sûreté et précision la silhouette

archaïque du chameau. Il reproduit parfois minutieusement les petites

décorations sur le nez du chameau (petites boules de peau incisée au

couteau), ou la queue, ou le poil sur la bosse, signe de bon état de la

bête.

Dans le document “Vie des Touaregs. Enfance et Jeux”, rédigé par un

auteur anonyme probablement dans les années 1950, une excellente

description est donnée des dromadaires jouets en armature végétale ainsi

que du jeu dans lequel ils sont utilisés. Pour la confection de ces jouets

aussi bien que dans le jeu lui-même, garçons et filles collaborent. Vu

l'importance de cette description je la reprends entièrement (p. 93-94) :

Le personnage principal, autour duquel tous les autres gravitent, est

le chameau, objet de convoitise de tous les jeunes nomades,

l'équivalent de l'automobile pour nos petits enfants de France. Son

armature en bois souple, de l'acacia ou 'mœrua crassifolia' de

préférence, est montée par les garçons, puis habillée de vieux chiffons

par les petites filles qui recouvrent ensuite le tout d'un beau morceau

de tissu blanc pour en faire une monture de chef. Parfois, lorsque la

couture de ce petit chef-d'œuvre s'avère trop délicate pour ces jeunes

doigts inexpérimentés, on va demander l'aide d'une femme de la

famille qui ne dédaigne pas d'aider à la confection du jouet. Tous les

détails de l'animal sont scrupuleusement respectés : la tête est bien

dessinée à l'aide de petits morceaux de bois minuscules, taillés et

retaillés par l'artiste de la bande : yeux, oreilles, bouche, rien n'y

manque, et la forme de la bosse est souvent très réussie ; par contre,

le chameau, vu de profil, n'a que deux pattes que l'on pique dans le

sable pour le faire tenir debout. C'est encore un garçon qui, dans un

morceau de bois tendre, tamaris de préférence, sculpte la selle, exacte

réplique de la 'rahla tamzak', décorée au feu à l'aide de pointes

d'aiguilles, puis fixée sur l'animal par une petite sangle, dont le

travail, pompon compris, est semblable à celui du harnachement

normal. Puis toute la petite troupe s'affaire à tailler dans des débris

Page 70: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

69

de peau : la bride, les dabias, l'areg et jusqu'à la cravache et au tapis

de selle qui complètent l'équipement. La monture terminée, il faut

faire le méhariste : un squelette de bois, les filles posent les

gandouras de luxe tandis que les garçons montent les deux 'chechs' et

les cordons de noblesse et que l'artiste de la bande découpe dans une

boîte de conserve la 'takouba' de fer blanc sans laquelle un homme

appartenant à la noblesse ne saurait se déplacer. Puis, petit à petit,

autour de cette figure principale, se monte le reste de la famille : la

mère, enveloppée dans ses larges vêtements et dont les pieds de bois

sont curieusement piqués dans une grosse boule d'argile qui, posée

sur le sol permet de lui imprimer un curieux balancement censé

représenter la marche ; les enfants, de toutes tailles, puis les

serviteurs noirs. Aux personnages viennent s'ajouter animaux et objets

familiers du campement : chameaux de bât, chèvres, chiens, ânes,

tapis, marmites, outres et jusqu'à la tente taillée dans un morceau de

peau. Les santons terminés, tous les enfants jouent 'à la tribu'.

Pendant que les garçons, avec le chef de famille monté sur son méhari

blanc, les chameaux de bât chargés de sacs de sable, s'en vont au long

des pistes tracées sur le sol, tournent autour des montagnes de

cailloux et abreuvent leur convoi à des points d'eau imaginaires,

parcourant ainsi des milliers de kilomètres sur une curieuse carte en

relief où les proportions sont loin d'être respectées, les petites filles,

restées au campement, montent la tente, envoient les nègres d'étoffe

garder les chèvres d'argile, simulent une cuisine longue et savoureuse

et finissent par faire un repas succulent avec trois dattes. Lorsque les

garçons, après un long périple de cent mètres, reviennent au camp,

tout ce petit monde simule les fêtes joyeuses qui accueillent les

caravanes de retour du Soudan.

Bellin (1963: 100) ajoute à cette description :

Le jeune Targui se fabrique des spectacles avec une meule tournante

ou avec un brindille incandescente ; il taille, modèle des statuettes,

hommes ou chameaux. Dans le goût du spectacle, dans la création

artistique, le rêve a une bonne place : celle qu'il semble tenir,

précisément, dans la vie du Touareg.

Page 71: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

70

Certains exemplaires de la

collection du Musée de

l'Homme ont deux pattes avant

et deux pattes arrières, tout

comme c'est aussi le cas du

dromadaire jouet, portant une

petite selle, de la collection du

Musée du Bardo (Balout, 1959:

planche LXVIII). Celui de la

figure 21 a en plus les pattes

liées comme cela se fait pour

empêcher le dromadaire de trop

s'éloigner (H = 38 cm, LO = 22

cm; catalogue 2.3, X.61.2.1, p.

183). Il s'agit d'un jouet

d'origine nord-africaine non

spécifiée, mais ressemblant tout

à fait aux dromadaires jouets

touaregs.

Les dromadaires jouets des enfants touaregs Kel Aïr (Sahara du Niger)

nous montrent qu'il est aussi possible d'utiliser des feuilles de latanier.

Parmi ceux déposés au Musée de l'Homme figure un magnifique

exemplaire, fabriqué par un garçon en 1960 et reproduit à la figure 22 (p.

70, H totale = 46 cm; dromadaire H = 40 cm, LO = 34 cm; méhariste

H = 24 cm).

L'armature du dromadaire et du méhariste, est en feuilles de latanier

torsadées, enroulées autour d'un fil de fer. La selle à pommeau en forme

de croix est du type dit d'Agadez. Le tapis de selle a été découpé dans un

galon. Les sacs de selle en cotonnade à rayures jaunes et blanches sont

ornés de floches en tissu et de lanières de cuir auxquelles sont attachées

des perles jaunes. Des fils de laine rouge ornent le cou du dromadaire et

sa queue est en lanières de cotonnade. Le méhariste est vêtu du costume

habituel, vêtements de dessous blancs et vêtement de dessus en couleur

indigo, la taille serrée par une courroie fermée par une boucle de fer. Le

voile de tête est fixé à l'aide d'une épine. Les vêtements du méhariste ont

été réalisés avec les tissus utilisés pour les vêtements des hommes.

21

Page 72: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

71

Un autre type d'armature pour dromadaire des enfants de cette même

région a comme tronc un coussin de chiffons dans lequel se trouvent

fixés quatre brindilles de bois pour les pattes (fig. 23, p. 71, H totale = 48

cm; dromadaire H = 35 cm, LO = 20 cm; méhariste H = 15,5 cm;

catalogue 2.3, 74.107.6, p. 184). Le cou et la tête du dromadaire sont en

fibres ou feuilles torsadées. Le méhariste est fait en fibres de palmier

torsadées (voir Rossie, 2005, Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-

Africaines. Poupées d'Enfants et Jeux de Poupées, 1.2 Les poupées-

méharistes, p. 56).

22

Page 73: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

72

Un très beau sac de selle en miniature des filles touarègues Ioullemeden

de Gao au Mali, confectionné par une artisane locale en 1939 est à voir à

la figure 24 (p. 73, LO = 9,5 cm, LA = 14 cm; lanières LO = 11 cm). Ce

sac de voyage de femme en miniature est en peau de chèvre, de forme

rectangulaire, avec large col au sommet.

23

Page 74: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

73

De petites broderies ornent la partie supérieure. A la partie inférieure

se trouvent de larges bandes de peau décorées, avec de multiples lanières

(LO = 11 cm). Les anneaux d'accrochage de chaque côté sont en peau

tressée.

24

Page 75: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

74

1.6 Les dromadaires en bois

Selon Jean-Philippe Arm, des dromadaires en bois sculpté harnachés et

chargés servent de jouets aux enfants maures de Oualata (Sahara

mauritanien) (1976: 118, 122).

Les enfants maures d'Assa dans le Sahara marocain jouent avec des

dromadaires en bois. L'exemple de la collection fut fabriqué par un

artisan en 1938 (fig. 25, H = 39 cm, LO = 45 cm; catalogue 2.4,

38.156.33, p. 186).

Les différentes parties, assemblées par des clous, sont peintes en couleur

orange et rouge. La rahla, selle d'homme à pommeau en forme de croix,

posée sur un tapis de selle en cotonnade, est en bois recouvert de cuir

rouge.

25

Page 76: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

75

La selle d'homme, mentionnée ci-dessus, est l'imitation détaillée de la

selle de dromadaire pour homme en usage dans une partie du nord et

dans tout le centre et le sud du Sahara maure.

Une selle de femme à baldaquin en miniature (H = 33 cm, LO = 22

cm), provenant de la même région et sous lequel sont assises deux

poupées, se trouve dans la collection du Musée de l'Homme (fig. 26). Le

bât est formé de baguettes de bois peintes en rouge, assemblées au

moyen de cordonnets de poils. La litière se compose d'un morceau de

peau de chèvre noire, tendu sur un cadre rectangulaire en bois. Le

baldaquin est recouvert d'une cotonnade blanche (catalogue 2.4,

38.180.77, p. 186).

Des jouets, représentant un autre type de selle de femme, une paire de

sacs à vêtements pour femmes et leur support, ainsi qu'une selle

d'homme, proviennent des enfants maures de Tidjikdja au Tagant dans le

Sahara mauritanien et furent recueillis entre 1936 et 1938. Ils ont été

26

Page 77: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

76

fabriqués par des artisans locaux pour la partie bois et fer et par des

artisanes locales pour la partie peau. Ce genre de selle de femme est fait

de bois non recouvert ou bien recouvert de cuir jaune et rouge (fig. 27, H

= 11 cm, LO = 22 cm; catalogue 2.4, 38.48.39, p. 187). Le support en

bois et les sacs, qui y sont accrochés par des cordelières, sont placés de

chaque côté de la selle. Cette paire de sacs, ornés de dessins rouges, verts

et jaunes, reproduit exactement les grands sacs utilisés par les femmes

pendant leurs voyages. Sous la tente, le support en bois se retourne pour

servir de porte-bagages (H totale = 23 cm; catalogue 2.4, 38.48.38/43, p.

187)

Dans La Vie du Sahara (1960: 73) un petit sac de voyage des Maures du

Tagant est décrit. C'est un jouet très soigné fait par une artisane.

Les filles sahraouies utilisent des représentations de dromadaires et de

selles d'hommes ou de femmes plus ou moins adéquates. Fernando Pinto

Cebrián nous montre plusieurs photos de ces dromadaires et selles

(1999: 106-108, 114; fig. 16-20/26). Ces dromadaires sont faits avec du

bois parfois couvert de peau. Le dromadaire non couvert de la photo 24

semble être fabriqué de plusieurs morceaux de bois, la bosse, les pattes

et la queue étant des parties séparées. Les oreilles, les yeux, le nez et la

bouche sont indiqués. Ces dromadaires et selles, qui ressemblent ceux

27

Page 78: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

77

des enfants maures (fig. 25 p. 73, 27), s'emploient dans les jeux des filles

représentant le campement familial (voir Cultures Ludiques Sahariennes

et Nord-Africaines. La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets, 1.2 Le

campement nomade). Selon cet auteur, les anciens dromadaires n'étaient

pas aussi bien faits que ceux d'aujourd'hui car ils étaient confectionnés

avec des morceaux de peau cousus ensemble et remplis de sable (1999:

105).

1.7 Les dromadaires en argile

Les enfants sahariens des Touaregs, Maures, Teda et Zaghawa et les

enfants des Amazighs Chaouia sédentaires modèlent à tout cœur des

dromadaires. Ces dromadaires en argile crue ou cuite peuvent être

complétés d'un harnais et d'un méhariste. En plus, les filles du village

Ignern au Maroc font parfois un dromadaire en argile.

Les dromadaires de ce genre des enfants touaregs Kel Ahaggar et Kel

Ajjer du Sahara algérien sont en argile séché au soleil. Le dromadaire

jouet, appelé 'aknar', modelé par un jeune garçon touareg Kel Ahaggar

porte une selle en argile.

Benhazera mentionne déjà en 1908 (p. 21) que les enfants des

Touaregs Kel Ahaggar font des dromadaires et des chevaux en argile.

Cet auteur écrit que ces enfants :

Fabriquent ainsi un méhari avec la selle, une chamelle avec ses

chamelons, un cheval, etc., ou bien ils font un méhari avec un homme

dessus, 'aknar', ou une femme dans son bassour, 'taknart' ; c'est le

marié et la mariée, et ces jeunes modeleurs sont, paraît-il, très adroit.

Selon H. Foley (1930: 47) les jeunes garçons touaregs Kel Ahaggar, et

selon F. Nicolas (1950: 186) aussi les enfants touaregs Ioullemeden

(Touaregs Kel Dinnik, Sahara du Niger), modèlent avec de l'argile non

seulement des dromadaires mais aussi des chevaux et des bœufs.

Page 79: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

78

Les deux dromadaires en argile séchée au soleil collectionnés auprès

des enfants touaregs Kel Ajjer (Sahara algérien) ont l'aspect massif. Un

d'eux est monté par

un méhariste lui

aussi modelé en

argile (fig. 28, H

totale = 14,5 cm;

catalogue 2.5, 37.

21.104, p. 189).

Une selle de

dromadaire, trouvée

dans la collection

du Musée de

l'Homme mais sans

son numéro d'objet,

provient plus que

probablement d'un

enfant touareg. Il

s'agit d'une selle à

pommeau arrondie

découpée et pliée

dans un morceau de

fer blanc. Elle est

entourée de cuir très fin rougeâtre et brunâtre avec application de dessins

noirs sur le pommeau et le derrière

du dossier (fig. 29, H = 5,3 cm, LO

= 3 cm).

Jean Gabus mentionne que les

enfants touaregs de Tombouctou et

de Goundam, deux villes situées sur

le fleuve Niger au Mali, jouent avec

des dromadaires et d'autres animaux

à trois pattes en terre crue, les deux

pattes antérieures étant réunies en

une seule (1958: 164).

28

29

Page 80: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

79

La collection du Musée de l'Homme contient toute une série d'animaux

jouets à trois pattes en miniature provenant de la petite ville de Oualata

en Mauritanie et faite par les servantes noires des Maures. Parmi ces

animaux jouets de Oualata se trouve un dromadaire, ou un cheval, en

argile peint de 4 cm de haut et de 5 cm de long (fig. 30; catalogue 3.1,

38.48.80, p.194). Contrairement aux animaux à trois pattes des enfants

touaregs de Tombouctou

et de Goundam, qui sont

monochromes, ceux des

enfants maures de

Oualata sont polychromes

(voir 2.2 Les chevaux,

mulets et ânes en argile,

p. 95).

Jean Gabus a aussi

reproduit dans son livre le

croquis d'un dromadaire

sellé en terre crue à trois

pattes et d'une hauteur

d'environ 15 cm (1958:

168) provenant des Maures de Oualata (fig. 98). Ce dromadaire à trois

pattes porte un motif géométrique sur le cou et sous la selle qui le

rapproche davantage d'un fragment représentant probablement un cheval

et datant d'entre l'an 400 et 900 (fig. 105). Une analyse de cette

remarquable continuité à travers des millénaires des animaux jouets à

trois pattes dans la partie méridionale du Sahara se trouve dans les

Conclusions et Perspectives (p. 147-153).

Les enfants maures du Sahara nord-occidental jouent avec des

dromadaires à quatre pattes en terre cuite rougeâtre. Ces dromadaires

portent une selle et un méhariste en terre cuite. La selle est ornée d'un

décor incisé en lignes et pointes (fig. 31, p. 79, H tot. = 23 cm, LO =

16,2 cm).

Charles Béart (1955: 145) écrit sur le dromadaire jouet :

Dès qu'il marche, l'enfant maure essaie d'imiter le chamelier ; tout

objet, surtout de bois, mais, au besoin, une ficelle, qui traîne par terre,

sera le chameau ; il lui parlera, il essaiera d'imiter les cris

30

Page 81: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

80

traditionnels, et les adultes s'intéresseront à son jeu. Aux Agueilat

(Gorgol), le jeune garçon du chef, qui a moins de 4 ans, conduit un

vrai chameau à la laisse jusqu'au pâturage, son père conduisant une

autre monture. Il s'asseoit sur une selle jouet, prend une badine,

organise des courses. Puis il s'asseoit sur les rahlas (selles) qui sont

déposées sous la tente jusqu'au jour où monter sur le chameau est

enfin permis.

Chez les Chaamba, les enfants modèleraient des dromadaires avec de la

boue (Denis, 1952: 32).

31

Page 82: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

81

Dominique Champault note que les enfants de l'oasis de Tabelbala,

située dans le Sahara nord-occidental, confectionnent de superbes

dromadaires très naturalistes en kaolin blanc et ocre (1969: 346).

Les enfants teda du Tibesti (Sahara tchadien) modèlent eux-mêmes

des dromadaires avec l'argile. En plus, ils confectionnent des tapis et des

sacs de selle en peau ou en cotonnade, et des selles ou bâts de charge en

bois (fig. 32-33, H = 14,5/19,5 cm, LO = 19/20 cm; catalogue 2.5,

35.50.184, 54.51.32, p. 191) qui imitent avec beaucoup de précision les

modèles réels.

Les parties en bois de ces selles ou bâts en miniature sont ligaturés avec

des lanières de cuir ou des cordonnets en poils de chameau. Sur

l'exemple complet d'une selle ou d'un bât, montrée à la figure 34, douze

rectangles de cotonnade variée et multicolore constituent le tapis de selle

(H = 9 cm, LO = 11 cm; catalogue 2.5, 65.3.51, p. 191).

32 33

34

Page 83: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

82

Les petits sacs de selle des figures 35-36 sont en peau brute. Celui

avec l'ouverture la plus étroite est orné d'un décor quadrillé peint en noir

(LO = 31/22 cm, LA = 11/8,5 cm; catalogue 2.5, 65.3.52/53, p. 191).

203).

Les Teda placent la selle par-dessus la bosse du dromadaire

contrairement aux Touaregs, Ghrib, Maures et Chaamba qui la placent

sur le garrot de la bête.

Peter Fuchs déclare que ces figurines sont les jouets favoris des

garçons teda, qu'ils mettent en selle des méharistes en argile et

s'engagent avec ces jouets dans des razzias réciproques (1961: 47). Bien

que ce seraient surtout les garçons qui jouent avec ces dromadaires sellés

et montés, comme on peut le voir sur la photo de Peter Fuchs reproduite

à la figure 37 (p. 82), une selle de femme en miniature faite par une

fillette démontre que les filles teda jouent eux aussi avec des

dromadaires jouets (fig. 33, p. 80). D'ailleurs le même auteur dit que

certaines filles réussissent à faire une selle de femme pour leur poupée.

35 36

Page 84: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

83

La figure 38 montre un dromadaire, à cou, bosse et queue prononcés,

modelé en argile par un garçon zaghawa (Ouaddaï, Tchad).

38

37

Page 85: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

84

L'animal se tient debout sur quatre pattes bien solides et fut séché au

soleil (H = 10 cm, LO = 11 cm; catalogue 2.5, 57.82.127, p. 192). Tous

les enfants zaghawa font des jouets pareils qu'on appelle 'di',

dromadaire.

Un garçon amazigh chaouia (Aurès, Algérie) de onze ans s'est créé un

dromadaire en terre cuite suivant une conception bien différente (fig. 39,

H = 9,5 cm, LO = 14 cm; catalogue 2.5, 36.2.707, p. 192).

Ce dromadaire a la tête levée et la bosse rejetée en arrière au-dessus de

la queue. Les pattes antérieures, de même que les pattes postérieures, sont

réunies en un seul tronc. Les oreilles et les lèvres ont été indiquées.

Cet exemplaire de dromadaire jouet démontre chez des garçons de dix

ans un savoir-faire non démuni de sens artistique complété par une

remarquable liberté de modelage.

A Ignern, un village amazigh

au pied du Jbel Siroua dans le

Haut Atlas marocain, des

filles modèlent parfois une

dromadaire femelle en argile,

appelée 'telrumt', qu'elles

sèchent au soleil (fig. 40, H =

8 cm, LO = 9,5 cm).

40

39

Page 86: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

85

1.8 Le dromadaire en fils plastifiés ou en tôle

A la figure 41 (H totale = 15,5 cm) on voit un dromadaire et méhariste en

fils électriques plastifiés, jaunes pour le dromadaire et rouge pour le

méhariste, recueilli en 1956 par Dominique Champault auprès des

enfants de la Vallée de la Saoura dans le Sahara nord-occidental

(Algérie; catalogue 2.6, p. 193).

En ce qui concerne les Touaregs Kel Ahaggar (Sahara algérien), l'album

de la collection du Musée du Bardo, publié par Balout, Bovis et Gast,

montre un dromadaire fait dans un morceau de tôle.

41

Page 87: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

86

Ce dromadaire à deux dimensions, découpé à la cisaille, est représenté

avec réalisme, les pattes, le cou et la tête à oreilles, la bosse et la queue

étant indiqués (fig. 42). Il porte en plus un tapis de selle avant la bosse,

la place où la selle doit être attachée. En 1959 Balout écrit que la

fabrication de pareils dromadaires en tôle par les enfants touaregs Kel

Ahaggar est de date récente (planche LXVIII).

Ces deux exemples démontrent qu'en utilisant des matériaux importés

les enfants sahariens restaient attachés à la représentation du dromadaire

comme un de leurs jouets préférés. Mais il reste à vérifier si cela est

toujours le cas.

42

Page 88: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

87

2 Les chevaux, mulets et ânes

2.1 Résumé

Comme pour les dromadaires, la plupart des chevaux, mulets et ânes

servant de jouets ont été recueillis auprès de populations sahariennes, et

les références bibliographiques ne démentent pas ce fait. Une fois de

plus, c'est chez les enfants chaouia amazighs de l'Aurès en Algérie

septentrionale que ces animaux jouets provenant en dehors du Sahara ont

été collectionnés. Moi-même, je les ai trouvés dans le centre et le sud du

Maroc.

En ce qui concerne l'ancienneté, tous ces jouets datent des années

1930, sauf le cheval en terre d'un enfant zaghawa modelé en 1956, les

chevaux et mulets des enfants Ghrib datant de 1975-1977 et les animaux

jouets marocains confectionnés depuis 1992.

Le docteur Guichard mentionne dans son bref article sur les jouets

fabriqués par les ouvriers en bois de Marrakech, des juments appelées

'aouda' que montent les enfants (1921: 162) :

Découpée dans une planche avec une selle arabe à pommeau et à

troussequin surélevés, elle a un long cou, une petite tête et deux

longues oreilles... Une douzaine de crins lui sert de queue. Elle est

fixée par une cheville sur une planchette munie de quatre roulettes

moins rondes que carrées et que l'on tire avec une ficelle. Mais que

dire de sa robe, vert lézard et pommelée de blanc et de roux !

Pareils chevaux roulants étaient offerts par les parents à leurs enfants lors

de la fête de l'°ashûra et de l'°aïd-es-seghir, probablement dans les

familles aisées.

On peut distinguer différents types de chevaux, mulets et ânes. Il y a

ceux très schématisés des enfants Ghrib et ceux de forme naturaliste, à

quatre pattes, des enfants touaregs, maures et zaghawa, ainsi que des

enfants du sud-marocain. Les enfants maures de Oualata au Sahara

mauritanien jouent avec des tous petits chevaux à trois pattes faites par

les servantes noires. Chez les Chaouia les pattes antérieures et les pattes

Page 89: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

88

postérieures sont réunies en une seule patte. Ces deux pattes supportent

un corps volumineux ce qui donne un aspect massif à ces animaux.

Chez les Touaregs et les Maures du Sahara nord-occidental les

chevaux portent une selle et sont souvent montés d'un cavalier, la selle et

le cavalier étant des pièces séparées. Les chevaux sellés et montés des

enfant maures de Oualata sont modelés d'une pièce.

Les chevaux des enfants maures sont polychromes. Les autres

animaux mentionnés ici, ont gardés leur patine naturelle, à l'exception

d'une mule en terre cuite provenant des enfants chaouia qui a une ligne

de laque marquant la crinière et le poitrail.

Les matériaux utilisés sont la pierre, l'argile et le bois, mais aussi des

folioles de palmier et des courgettes. Le Musée du Bardo possède des

chevaux en tissu confectionnés par un jeune élève de l'école nomade des

Kel Rela en 1953 (Balout, 1959, planches LXVI et LXIX, photos de

deux chevaux).

Tous ces animaux jouets utilisés pour des jeux de faire semblant

s'inspirant du comportement des chevaux, mulets et ânes, ne doivent

faire oublier que les enfants peuvent par exemple aussi jouer au cheval

sans jouets. Comme pour l'imitation des dromadaires, les enfants ghrib

utilisent parfois leur propre corps. Une manière de faire que j'ai

remarquée à El Faouar (Sahara tunisien) en 1975 et 1977, est exécutée

par deux garçons dont le premier se tient debout et l'autre se penche pour

s'accrocher à la taille du premier et avec sa tête à hauteur du dos du

garçon qui reste debout. Cette monture se livre alors à une course avec

ou sans cavalier (fig. 2, p. 49).

Bien que j'aie vu le même jeu au Maroc dans un quartier populaire de

Kénitra en 1994, il n'est pas mentionné dans la bibliographie consultée

sauf par A.M. Goichon. J'ai en plus observé à Midelt en août 1999 trois

garçons d'environ sept ans courant à travers un terrain vague, servant de

terrain de jeu aussi bien que de lieu de pâture aux moutons, et dont deux

garçons, représentant des chevaux, sont entourés à la taille par une corde

et guidés par le troisième garçon tenant la même corde.

Page 90: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

89

A.M. Goichon écrit dans son livre La Vie Féminine au Mzab, publié

en 1927(p. 67-68), ce qui suit sur les filles mozabites du Sahara algérien:

Il y a aussi la promenade à cheval, pour autant de joueuses que l'on

veut, trois par trois : deux font chacune un étrier de leurs mains

jointes derrière le dos, et la cavalière, se maintient sur leurs épaules.

Soit successivement, soit plusieurs à la fois, les groupent marchent

rapidement jusqu'à un but déterminé, sans lutter de vitesse, tandis que

l'on chante des chansons arabes ou mozabites... Le cheval a inspiré

encore un autre jeu, où ses qualités de coursier ne sont guère

évoquées. On joue à quatre seulement : deux "chevaux" debout, les

mains calées sur les genoux, deux "cavaliers" à califourchon sur le

dos de leurs compagnes. Un cavalier jette à l'autre son voile et chante

: Va-t'en, va-t'en, ô Bûnâdam! - Reste, reste, ô Bûnâdam! répond

l'adversaire en rattrapant le mouchoir. Si le cavalier manque son

coup, sa maladresse lui vaut de prendre le rôle servile, et son

ancienne monture le monte à son tour. (Bûnâdam, abréviation de

Buna Adam, notre père Adam).

A ma connaissance, il n'existe presque pas de données sur des enfants

jouant avec des animaux domestiques, exception faite du jeu utilitaire

d'attacher les petits chamelons des enfants touaregs (voir 1.1, p. 49).

Pourtant, jouer avec des animaux domestiques doit être une activité

ludique courante comme j'ai pu le constater à Midelt au Maroc en

novembre 1998 lorsque six jeunes garçons s'amusaient à essayer de

sauter sur le dos de deux ânes et parfois arrivaient à faire un petit tour sur

leur dos. En plus, j'ai vu dans la même ville et en août 1999 deux bergers

qui s'amusent à monter un grand mouton pendant qu'ils gardent un petit

troupeau de moutons (voir 3, p. 107).

Dans les années 1980 et à Ksar Assaka, un village près de Midelt, les

filles de dix ans et plus sautaient sur les ânes en les approchant par

derrière. Les garçons par contre sautaient sur les mulets. Les jeunes

enfants aiment beaucoup se promener sur le dos de l'âne par exemple

lorsque leur mère va couper de l'herbe pour les moutons ou les vaches et

il arrive aussi qu'on mette un jeune enfant dans le grand sac qui pend de

chaque côté du mulet pour aller chercher du sable dans l'oued.

Page 91: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

90

Aimé Dupuy est un des trois auteurs qui parlent du jeu des enfants

avec des animaux domestiques (1933: 317). Concernant les enfants

tunisiens il écrit :

Dès que le père a acheté le mouton destiné au sacrifice (de l'Aïd el

Kebir), ils le promènent très fiers de la parure dont ils ont orné sa

toison ; ils vont lui quérir les herbes les plus tendres et les plus

parfumées; ils font s'affronter les bêtes stupides et bêlantes et les

stimulent dans leur combat par leurs cris et la litanie de leurs chants.

Auprès des Aït Ouirra du Moyen Atlas, Lahcen Oubahammou a

mentionné un jeu d'adresse qui se pratique après les premières pluies de

printemps ou d'automne car le sol est alors moins dur. Ce jeu est appelé

'toutcharf n'oughyoul' ou le saut de l'âne : “Les sauteurs se placent

devant un âne et tentent de sauter par-dessus son dos dans le sens de la

largeur. C'est un exercice difficile, me dit mon informateur, mais il y en

a qui le réussissent” (1987: 83-84). Un autre animal, une vache, est

utilisé chez la même population pour un rituel pour faire tomber la pluie,

un rituel classé dans la catégorie des jeux, les 'ilihane n'ounzar' ou les

jeux de la pluie, par les informateurs Aït Ouirra de Lahcen Oubahammou

(1987: 61).

Les jeux de la pluie sont des jeux rituels qui reviennent chaque fois

que la sécheresse (taghourart) persiste trop, perturbant ainsi la saison

des labours, ou bien lorsque la pluie fait défaut au printemps et que

les céréales se dessèchent dans les champs.

Le jeu rituel en question s'appelle :

Tirghist tabakhant ou la vache noire. Les filles se réunissent et

décident de promener une vache noire dans les champs, implorant

Dieu de faire tomber la pluie. Une fillette de peau noire tire la vache

avec un cordon, lui aussi noir (le noir est considéré comme la couleur

des nuages qui font tomber la pluie, Doutté, 1905: 385). Les autres

filles accompagnent la bête en chantant : Al bagra am Labgar, Ya

rabbi °âtina lamtar. Ô vache, mère des bovins, Ô Dieu, donne-nous de

la pluie” (Oubahammou, 1987: 61).

Page 92: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

91

Lors d'une observation détaillée des activités de quelques enfants

ghrib dans et tout près de leur maison d'El Faouar un jour de novembre

1975 entre 16 heures et 18 heures, j'ai eu l'occasion de voir comment

Bechir, un petit garçon d'à peine trois ans, donnait libre cours à son

imagination et montrait son intérêt pour l'âne en se créant un âne à lui et

en impliquant plusieurs personnes dans son jeu. Cette activité ludique se

poursuit pendant presque une heure mais avec quelques interruptions.

Bechir entre en jeu en se dirigeant vers une grande bassine qui se

trouve contre la zriba, la hutte servant de cuisine à côté de la maison. Il y

monte et la transforme en âne en l'appelant son 'bhim', c'est-à-dire âne.

Tout de suite il descend de son âne et prend un gobelet qui se trouve tout

près pour le mettre sur la bassine. Puis il veut aller chercher un coussin

dans la maison. Mohammed, son frère aîné de 24 ans, le retient et Bechir

se fait un peu mal avec sa main contre la porte. Comme il commence à

pleurer, Mohammed le console et lui laisse prendre un coussin.

Quand Bechir revient à son âne, il voit que la bassine a été déplacée ce

qui fait pleurer Bechir à nouveau. Sa mère la remet contre la hutte et

Bechir est content. Il met le coussin sur son âne, prend un sac en

plastique qui se trouve par terre et le remplit avec le gobelet et quelques

petites écuelles en plastique. Alors il veut encore y mette une écuelle en

métal mais comme cela ne va pas il met le sac sur son âne et pose

l'écuelle en métal à côté. Quelques minutes plus tard, Bechir va dans la

hutte chercher des affaires pour encore charger son âne. Mais deux

moutons ont entre temps réussi à tirer le sac de la bassine et à faire

tomber l'écuelle en métal. Bechir en voyant cela, vient chasser les

moutons en agitant un burnus, un survêtement, et en criant haluf,

cochon. Une fois qu'il a remit tout en place, il chasse les moutons au

loin. Il plie le burnous et le met sur son âne.

Bechir prend alors une planchette, nous dit que c'est sa radio et

commence à parler de son âne. Sa mère, son père et son frère aîné lui

répondent et laissent s'intégrer à son jeu. Ils lui disent de monter sur son

âne mais Bechir n'y réussit pas. Il recommence à parler de son âne et dit

qu'il va aller au magasin. Il essaye plusieurs fois de monter sur la bassine

mais ses pieds glissent à chaque fois du côté bombé. Mohammed el

Hedi, un cousin plus âgé, lui dit de se tenir au grand coussin qui se

trouve sur la bassine et Bechir réussit enfin de se mettre sur le dos de son

Page 93: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

92

âne. Avec un bâtonnet il frappe son âne et imite l'âne et la charrette qui

avancent. Bechir remarque une branche de palmier verte qui se trouve

par terre et veut l'avoir. Mohammed el Hedi va la chercher et la lui

donne.

Soudainement Bechir glisse de son âne et tire toutes les affaires par

terre. Mohammed el Hedi remet le coussin en place, met Bechir sur son

âne et commence à jouer avec lui. Ensemble ils parlent de la route à

parcourir et Mohammed el Hedi incite Bechir à faire courir son âne plus

vite. Bechir frappe l'âne avec son bâtonnet.

Mohammed el Hedi s'en va et Bechir descend de la bassine. Il y remet

le sac en plastique et l'écuelle, puis retourne à la hutte. Il prend un verre

à thé mais son père lui dit qu'il se cassera. Bechir remet le verre à sa

place et retourne à son âne.

Quand quelqu'un de la famille passe avec un mulet tirant une

charrette, Bechir le rejoint. Le jeune homme s'arrête et Bechir parle un

peu du mulet avec lui. Après quelques moments Bechir est pris par sa

sœur Hinda de 18 ans mais il retourne bien vite à son âne. A plusieurs

reprises il monte et descend de son âne. Bechir s'en va près de quelques

garçons qui jouent un peu plus loin. Il leur parle de son âne, retourne à la

maison et continue de parler de son âne à sa sœur Hinda.

Finalement il va jouer avec quelques garçons en haut d'une dune de

sable, creusant des trous soi-disant pour chercher des souris de sable.

La fascination de Bechir pour l'âne et le mulet s'était déjà manifesté

onze jours plus tôt dans l'après-midi lors d'un jeu où à tour de rôle Bechir

et son frère Ali de cinq ans deviennent un mulet tirant avec une corde

une boîte de carton devenue charrette. Bechir marche le premier à côté

de cet attelage, agite une corde en guise de fouet et fait courir son mulet.

Quand les rôles se sont inversés, Bechir devient le mulet et est frappé

joyeusement par Ali. Bechir s'arrête, prend la main de Ali et fait

semblant d'y mordre, après quoi cet épisode se termine.

Page 94: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

93

2.2 Les chevaux, mulets et ânes en argile

Les chevaux, les mulets et l'âne en terre crue ou cuite de la collection

proviennent de populations sahariennes, notamment les Touaregs Kel

Ahaggar et Kel Ajjer du Sahara algérien, les Maures du Sahara nord-

occidental (frontière algéro-marocaine), les Maures de Oualata (Sahara

mauritanien) et les Zaghawa du Ouaddaï au Tchad. Les références

bibliographiques n'ont pas révélées d'autres populations de la région

envisagée où le modelage de ces animaux est pratiqué. Mais j'ai constaté

que dans les villages amazighs Aït Ighemour et Ignern (Haut Atlas

marocain) des garçons modèlent un mulet et son muletier en argile.

Ces chevaux et mulets sont

modelés à la main par les

enfants eux-mêmes, sauf en

ce qui concerne ceux faits par

les servantes noires ou les

potières chez les Maures de

Oualata.

Un âne à corps svelte et

avec des oreilles énormes a

été confectionné par un

enfant touareg Kel Ajjer de

Djanet au Sahara algérien

(fig. 43, H = 8,5 cm, LO =

9,2 cm; catalogue 3.1,

37.21.94, p. 193).

Trois chevaux sellés et montés d'un cavalier ont été modelés en argile,

puis séchés au soleil. Ces jouets qui s'appellent 'aknar', furent faits par

trois garçons hartani, les serviteurs noirs des Touaregs Kel Ahaggar,

entre huit et douze ans (catalogue 3.1, 41.19.152-154, p. 193).

Malheureusement ces objets manquent. Un des cavaliers représente,

selon son créateur, le fils de l'amenokal ou 'roi' de l'Ahaggar. La hauteur

d'un des chevaux est 8 cm et son tapis de selle est un chiffon blanc.

Le modelage de chevaux en argile par les enfants des Touaregs Kel

Ahaggar est déjà attesté par Ben Hazera en 1908 (p. 21).

43

Page 95: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

94

Il s'agit de jouets de garçons. Monter à cheval était uniquement

réservé aux hommes et bien que certaines femmes de l'Ahaggar montent

à méhari, aucune ne montait à cheval (de Foucauld, 1951-1952: 1034).

Balout, Bovis et Gast écrivent en 1959 : “Il existe encore deux ou trois

chevaux dans tout l'Ahaggar. Leur silhouette aperçue de rares fois a

frappé l'imagination des enfants, toujours passionnés d'animaux et de

montures”. Les deux chevaux jouets montrés dans leur livre furent

confectionnés par “un élève de l'école nomade, Chennani Ag Mostapha,

de la tribu des Kel Rela, sur la proposition de son instituteur”.

L'armature est entourée

d'étoffe de gandouras et

la crinière est en

véritable crin de cheval

(planche LXIX).

Les enfants maures du

Sahara nord-occidental

jouent aussi avec des

chevaux sellés et montés

mais ces jouets sont en

terre cuite (fig. 44, H =

26 cm, LO = 19 cm;

catalogue 3.1, 38.141.83,

p. 194). Ces chevaux

sont du même genre que

le dromadaire monté en

argile de cette région

(fig. 31, p. 79, H = 23

cm, LO = 16,2 cm).

Le cheval à cou incurvé en avant, au corps assez massif et à petite tête

avec oreilles modelées, se tient sur quatre pattes, ceci contrairement aux

chevaux à trois pattes de Oualata (Sahara mauritanien).

Les enfants noirs de Mopti, sur le Niger au Mali, modèlent en argile

des cavaliers et des chevaux qui ressemblent très bien à ceux des enfants

maures du Sahara nord-occidental. J.J. Mandel et A. Brenier-Estrine

nous montrent deux chevaux sellés et montés dans leur article “Clay

Toys of Mopti” (1977: 11-12).

44

Page 96: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

95

Des chevaux en terre crue plus petits, servant de jouets aux enfants

maures de la petite ville de Oualata (Sahara mauritanien), sont faits par

les servantes noires (fig. 45, H = 7 cm, LO = 6,7 cm). Le cheval, la selle

et éventuellement le cavalier ont été modelés d'une pièce. Ces jouets déjà

remarquables par leur coloration ont en plus les deux pattes antérieures

réunies en un seul tronc. Le jouet le plus petit de cette série de chevaux

mesure 5 cm de hauteur sur 4 cm de longueur, le plus grand mesure 8,3

cm sur 9,5 cm (catalogue 3.1, 38.48.79-83, p. 194).

Des petits chevaux et

autres animaux jouets en

argile ayant les deux

pattes antérieures réunies

en un seul tronc semblent

être particulier à la région

méridionale du Sahara et à

la bordure septentrionale

du fleuve Niger. En plus

l'existence de ces jouets

est déjà attestée depuis

quelques deux mille

années. Une analyse

détaillée de la continuité remarquable des animaux jouets à trois pattes

de cette région est donnée dans les Conclusions et Perspectives (p.).

Une petite merveille de

cheval, faite par une servante

noire des Maures de Oualata,

porte une plume comme

queue et se voit à la figure 46

(H = 5 cm, LO = 4 cm;

catalogue 3.1, 38.48.83, p.

195). Une petite gourde qui

se pend à la selle existe aussi

dans la collection. Le

cavalier à casque colonial a

disparu.

45

46

Page 97: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

96

Dans l'ouvrage Introduction à la Mauritanie se trouvent les

spécifications suivantes (Centre de Recherches et d'Etudes sur les

Sociétés Méditerranéennes/ Centre d'Etudes d'Afrique Noire, 1979: 142-

143) :

A Oualata, il existe des potières qui modèlent... d'exquis petits

animaux pour le jeu de sig... petits animaux qui servent de pions au

jeu de sig, ils sont très jolis ; on retrouve le chameau et son cavalier,

l'autruche, la vache à bosse, le mouton, le hérisson aussi. La potière

décore ces objets avec une terre blanche comme celle qui est utilisée

dans la décoration des maisons et que l'on appelle tin-l-imâm-

Hadrami. Elle trempe un brin de bois très fin dans sa 'peinture' et

faisant tourner l'objet elle dépose ses traits blancs créant de

charmants motifs géométriques. Elle utilise aussi une 'peinture' noire

ou gris foncé, et bleue.

Un cheval d'une belle forme a été modelé à la main en argile rouge par

un enfant zaghawa de l'école d'Iriba dans la région de Ouaddaï au Tchad

(fig. 47, H = 13,5 cm, LO = 12,5 cm). M.J. Tubiana qui a collectionné ce

jouet en novembre 1956, note que tous les enfants zaghawa font ces

chevaux en terre crue. Une bride en ficelle et une selle en papier d'argent

complètent ce jouet.

47

Page 98: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

97

Chez les sédentaires Chaouia de l'Aurès en Algérie septentrionale, les

garçons jouent avec des mules et des chevaux dont les pattes antérieures

et les pattes postérieures sont chacune réunies en un seul tronc. Les deux

chevaux déposés dans la collection contrastent de par leur aspect massif

avec l'élégance du cheval précédent.

La mule à la figure 48 montre très bien la corpulence de ces animaux

jouets (H = 9 cm, LO = 14,2 cm; catalogue 3.1, 36.2.696, p. 196).

Dans le tout petit village montagneux d'Aït Ighemour (région de

Ouarzazate, Haut Atlas, Maroc) les garçons amazighs vont chercher

l'argile à flanc de montagne (fig. 49).

49

48

Page 99: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

98

Avec cette argile ils modèlent bon nombre de jouets, entre autres un

mulet portant éventuellement son maître. Dans la tête allongée du mulet,

avec ses deux oreilles bien prononcées, le garçon a mis des yeux. Le

muletier serre entre ses grosses jambes son mulet non sellé. Ces mulets

et muletiers sont séchés au soleil. Avec ces jouets assez frustes les

garçons miment des scènes de la vie animale, de l'élevage ou du

transport (fig. 50, H totale = 12 cm).

A Ignern, un autre village amazigh du Haut Atlas, le mulet monté par un

muletier est parfois modelé en argile puis séché au soleil. Un garçon de

treize ans m'a raconté en novembre 1998 qu'il arrivait qu'il mette des

roues sous cette monture et qu'il la tirait par une ficelle.

50

Page 100: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

99

2.3 Les chevaux et les mulets en bois

Chez les Chaouia (Aurès, Algérie) ont été recueillis des mulets et un

cheval en bois. La petite jument, découpée par un enfant dans un

morceau de bois et présentant une forme plutôt à deux dimensions, a la

tête et le cou horizontaux. Les pattes antérieures et les pattes postérieures

de ces animaux jouets sont réunies en un seul tronc (fig. 51, H = 5 cm,

LO = 12,8 cm; catalogue 3.2, 37.9.56, p. 197).

D'autres mulets en bois tirent des araires. L'exemple de la figure 52

montre deux mulets tirant un araire. L'animal est fait de quatre bâtonnets,

les pattes, fixés à un morceau de bois servant de corps, le tout étant

exécuté dans du laurier-rose (H = 12,5 cm , LO = 42 cm; mulets: H = 8

cm, LO = 9,5 cm; catalogue 3.2, 36.2.256, p. 197).

51

52

Page 101: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

100

La manière dont les enfants utilisent ces jouets en bois dans leurs jeux

n'a pas été révélée, mais il est clair qu'ils les utilisent surtout pour

représenter la vie des adultes ou les comportements des animaux eux-

mêmes, tout comme ils le font avec leurs dromadaires jouets.

Auprès des enfants ghrib (Sahara tunisien) j'ai observé dans la seconde

moitié des années soixante-dix une forme de cheval de course

rudimentaire mais très efficace. Comme cela se fait en plusieurs endroits

du monde, les garçons ghrib, plus rarement les filles, enjambent leur

cheval qui n'est autre qu'une branche de palmier ou d'un autre arbre ou

encore un roseau (fig. 53).

On enroule parfois le haut du bâton avec un ou plusieurs morceaux

d'étoffe pour mieux représenter la tête ou la crinière du cheval. A partir

de l'âge de quatre ans, on pouvait voir les enfants courir sur les dunes en

criant 'rrr, rrr' ou 'zîd guddâm, zîd guddâm' 'avance encore, avance

encore'. Pour arrêter son cheval l'enfant crie 'îs, îs'. Parfois les enfants

organisent entre eux une course de chevaux.

Actuellement et tout à fait de la même manière des garçons de quatre

ou cinq ans du village Ksar Assaka, près de Midelt au Maroc, se créent

une monture qui représente cette fois non pas un cheval mais un mulet.

Normalement un roseau est utilisé mais un bâton plus ou moins long

peut suffire. La tête est éventuellement figurée par un sac de plastic noir

ou des fils entourant le haut du roseau. Pour se faire avancer les garçons

53

Page 102: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

101

crient 'rra, rra' en se frappant avec un bâtonnet et pour se faire arrêter

'sha, sha' tout comme on le fait avec un vrai mulet. J'ai observé ce cheval

de roseau monté par des garçons de six ans en septembre 1999 à Midelt.

En septembre 1994 deux garçons de quatre ans et une fille de trois ans

enjambaient dans les ruelles du Ksar de Goulmima une branche de

palmier en guise de cheval ou de mulet. Selon Rachida Lihi, né en 1970

au Ksar de Goulmima, le 'cheval' pouvait aussi être un roseau, la plume

du roseau figurant la crinière du cheval. En plus, les enfants utilisaient

un petit bâton pour se rendre eux-mêmes plus vigoureux.

Près du centre urbain de Taliouine, sur la route de Tazenakht à

Taroudannt, un garçon d'environ six ans galopait début novembre 1996

avec son cheval de roseau en bordure de cette route. Le cheval est un

long roseau avec un morceau de roseau fixé à angle droit qui suggère

efficacement la tête du cheval. Afin d'exhorter son cheval à courir plus

vite il se frappait avec une longue lanière de caoutchouc.

Mais on peut aussi retrouver ce cheval dans les grandes villes. Ainsi

j'ai pu observer en février 1994 lors du mois de Ramadan, trois garçons

d'environ six ans qui enjambaient une longue branche ou un roseau en le

tenant par une main. En éperonnant le 'cheval' avec une branchette tenue

dans l'autre main, ils se livraient à une course folle à travers leur quartier

populaire de Kénitra.

Bien que ce jeu de course à cheval semble être commun en Afrique du

Nord, seulement trois auteurs de la bibliographie consultée mentionnent

ce moyen très simple de se procurer un cheval.

J. Desparmet, qui a écrit la première édition de son livre en 1905 en

arabe maghrébin, mentionne la chanson chantée par des enfants algériens

en fourchant leur cheval de roseau. Dans la traduction française de Pérès

et Bousquet (1948: 63) on peut lire :

C'est un chant que les enfants entonnent quand ils font semblant de

monter à cheval sur un roseau et qu'ils courent :

Chut, mon cheval, chut!

L'armée est arrivée,

Un cavalier l'a amenée

De Bab-el-Oued.

Chut, mon cheval, puisse-t-il ne pas te conduire!

Il te donnerait un mauvais coup qui t'emporterait!

Page 103: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

102

Chut, mon cheval, cheval à la belle bride,

Rue en arrière, et en avant.

Chut, mon cheval, cheval aux belles "guides",

Tu galopes dans le Sahara et dans la plaine.

Chut, mon cheval, cheval de course,

Tu galopes dans le Sahel et dans les terres en friches.

Chut, mon cheval, mon étalon de quatre ans.

Grâce à son galop, mon ennemi est désarçonné.

Dans sa thèse sur les jeux des Aït Ouirra (Moyen Atlas, Maroc) Lahcen

Oubahammou écrit que les petits garçons chez cette population montent

un bâton de férule ou un roseau en courant dans toutes les directions

pendant qu'ils imitent le hennissement d'un cheval. De cette manière

l'enfant “joue au cavalier sur son cheval et apprend à communiquer avec

sa monture”. Si le cheval est un bâton de férule il s'appelle 'ayis n'ouffal'

et s'il est un roseau 'ayis n'aghanim' (1987: 51, 61).

Le même genre de cheval nous montre le pédiatre marocain Mohamed

Sijelmassi dans son livre Enfants du Maghreb entre hier et aujourd'hui

(1984: 85). On y voit une photo de deux garçons, en âge d'école

primaire, qui enjambent un long roseau en guise de cheval.

2.4 Les chevaux en plante fibreuse

Au pied du Moyen Atlas, sur la route de Khenifra à Khemisset, se trouve

Oulmès, bien connue pour sa source dont l'eau est commercialisée sous

ce nom. En 1996, des informations concordantes de Fatima Boutouil de

57 ans et de deux femmes d'environ soixante-dix ans, rencontrées lors

d'une visite à cette source et toutes nées dans la région, attestent

l'utilisation par les filles d'une plante fibreuse à longues feuilles minces

appelée 'bèrwèl' pour faire un petit cheval. Cette plante, qui pousse en

période de pluie, était aussi utilisée pour faire l'armature d'une poupée,

un bracelet ou un collier et même pour y verser, après l'avoir gonflée, du

lait de chèvre qui mis dans la chaleur donne du beurre. Pour faire un petit

cheval on coupe la plante de telle manière qu'il y ait trois bifurcations,

deux pour les pattes et une pour le cou et la tête. Avec un morceau de

cette plante une selle est faite. Puis ce cheval se tire avec un fil.

Page 104: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

103

2.5 Les mulets en pierre

A partir de l'âge d'environ sept ans, des garçons Ghrib (Sahara tunisien)

jouent au muletier ou au commerçant avec des mulets en pierre tirant une

charrette en métal blanc. Un premier modèle, le plus simple des deux, se

compose d'un mulet avec son bât en grès. Un morceau de chiffon et de

plastique servent de tapis de bât. Deux bâtonnets forment le joug et la

charrette est une boîte de tomates aplatie d'un côté. Ce joug est retenu en

avant du bât par une cordelette (fig. 54, mulet: H = 11 cm, LO = 14 cm,

LO totale = 25 cm, LA + = 7,5 cm).

Le deuxième modèle est un peu plus sophistiqué en ce qui concerne la

charrette. Le mulet est une pierre assez dure de forme rectangulaire (fig.

55, p. 104, mulet: H = 5 cm, LO = 7,5 cm, LO totale = 20 cm, LA+ = 8

cm). Le bât est un morceau de fer blanc plié et posé sur un chiffon et un

morceau de carton, le tout attaché par une ficelle. Les roues de la

charrette sont deux petites boîtes de purée de tomates. Un bâtonnet,

retenu en place par un morceau de bois ou de grès, forme l'essieu. La

benne, aux bords repliés et avec deux longues bandes servant de joug, est

attachée au bât avec un bout de fil.

54

Page 105: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

104

Bien que l'animal en grès de la figure 55 ressemble aux dromadaires

en pierre des enfants touaregs, il s'agit bel et bien d'un mulet comme l'a

indiqué le garçon ghrib dont j'ai reçu ce jouet.

2.6 Les mulets en courgettes et branchettes

En octobre 1992, un garçon amazigh d'environ onze ans, vivant dans le

village Aït Ighemour du Haut Atlas marocain, confectionnait en un tour

de main un mulet et un muletier en courgettes et branchettes (fig. 56, p.

105, mulet: H = 21 cm, LO = 20 cm; muletier: H = 32 cm).

Pour le mulet une grosse courgette sert de tronc dans lequel cinq

branchettes sont enfoncées, quatre pour les pattes et une pour le cou. Une

courgette plus petite forme la tête et est enfoncée sur la branchette

servant de cou. Pour le muletier le garçon a mis aux deux extrémités

d'une branchette une petite courgette, l'une figurant la tête et l'autre le

bassin. Les deux branchettes qui y ont été introduites et représentent les

jambes, sont terminées par deux morceaux de pomme de terre servant de

pieds. Dans la courgette servant de tête des petits morceaux de pomme

de terre, avec la pelure tournée vers l'extérieur, font office de bouche et

des yeux.

55

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105

2.7 Les mulets en folioles de palmier

A la Source Bleue de Meski, près

d'Errachidia au Maroc, j'ai acheté à un

garçon d'environ douze ans un mulet à

sacs pour quelques dirhams (fig. 57, H

= 21 cm, LO = 10,5 cm, LA = 12 cm).

Ce mulet est fabriqué de la même façon

que le dromadaire en foliole de

palmier. Les sacs qu'il porte sont faits

séparément et fixés dans le tressage du

mulet. Deux longues folioles de 42 cm

permettent de le pendre.

La manière dont les garçons jouaient

jadis avec ces mulets tressés est décrite

chez les dromadaires en folioles de

palmier (voir 1.5, p. 65).

57

56

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106

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107

3 Le gros bétail et le petit bétail

Comme pour la mise en scène du dromadaire, du cheval ou du mulet, le

corps de l'enfant peut suffire déjà pour représenter le bétail. Ainsi un jeu

des jeunes de Nefta, dans le sud de la Tunisie entre Tozeur et la frontière

algérienne, consiste à se déguiser “en un troupeau de vaches qu'un berger

fait avancer en chantant : diz el-bagrât ya hnayyin wes-sahra hlât.

Pousse, Ô toi au cœur tendre, les vaches, notre soirée devient plus

agréable” (Ayoub, 1991: 31). Ce jeu, qui se pratique lors de la fête de

l'°ashûra, se rapproche de celui des filles du sud de la Tunisie dans lequel

elles imitent des animaux domestiques comme les vaches et les

dromadaires (voir 1.1 p. 51).

Mais parfois l'animal lui-même, par exemple un mouton ou une

chèvre, est utilisé par des enfants. Ainsi j’ai vu en mars 1975 dans des

campements Ghrib au Sahara tunisien qu’un garçon de deux ans ainsi

qu’une fille du même âge s’amusent avec des chèvres, par exemple en

essayant d’en attacher une en la mettant le nœud de la corde au-dessus de

la tête, en courant après des chèvres ou en imitant leur bêlement. Dans le

village saharien El Faouar et en novembre 1975, un garçonnet de onze

mois s’intéresse beaucoup aux pellicules d’orge qu’on donne à manger

aux chèvres. Il s’approche des chèvres, goûte de leur nourriture, leur tire

les oreilles, les cornes et les cheveux. A une autre occasion le même

bambin s’approche des moutons et leur tire la toison.

A Midelt au Maroc central j'ai observé en août 1999 deux bergers

marocains d'environ douze ans qui montaient à cheval sur un grand

mouton faisant partie du petit troupeau qu'ils gardaient. Une coutume

ludique liée aux moutons qui seront sacrifiés à l'Aïd el Kebir est

mentionné par Aimé Dupuy en 1933. Les enfants tunisiens promenaient

le mouton joliment décoré, lui offraient les meilleures herbes mais

s'amusaient aussi à le faire combattre avec d'autres moutons (voir 2.1 p.

90).

Tout comme les enfants sahariens se font des dromadaires, des

chevaux, des mulets et des ânes, ils se confectionnent aussi des pièces de

gros et de petit bétail. Il est question dans la collection de vaches zébus,

de bœufs, de béliers et de chèvres recueillis auprès des enfants touaregs

Kel Ajjer et Kel Ahaggar (Sahara algérien), maures (Sahara nord-

occidental et Sahara mauritanien) et zaghawa (Sahara tchadien).

Page 109: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

108

Trois jeux de bergers, celui des garçons ghrib du Sahara tunisien, celui

des enfants Oulad Ben Sbaa et celui des enfants du village Aït Ighemour

au Maroc, démontrent que des petites pierres, des coquilles d'escargots

ou des épis de maïs vides représentent encore de nos jours des chèvres

ou des moutons.

Une chèvre ou un bœuf en pierre plate taillée fait partie de la série de

dromadaires en pierre taillée provenant des Touaregs Kel Ajjer. Ce jouet

est reproduit à la figure 58 (H = 2,3 cm; catalogue 4, 62.128.8, p. 198).

Les autres animaux ont été modelés dans l'argile et séchés au soleil, à

l'exception d'un bélier, d'une chèvre et d'un autre quadrupède, tous les

trois en terre cuite.

Les animaux jouets de cette série, dont la hauteur varie entre 1,5 et 12

cm, ont quatre pattes, sauf ceux faits par les servantes noires des Maures

de Oualata (Sahara mauritanien) qui ont trois pattes et partagent ainsi

cette particularité avec les chevaux et mulets servants de jouets et

modelés par les mêmes servantes.

Les figures 59 et 60 (p. 109) présentent

deux zébus avec les pattes antérieures

réunies en un seul tronc qui forme en même

temps la tête de l'animal, proposant ainsi

une forme exceptionnelle. Selon la fiche

signalétique, il s'agit d'un veau zébu à fond

blanc (H = 2,3 cm) et une vache zébu à fond

ocre brune (H = 6 cm), tous les deux à

bosse et à cornes.

59

58

Page 110: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

109

Des taches brunes et bleues pour le

veau et blanches pour la vache ornent

ces animaux jouets. Les mamelles de

la vache sont bien développées

(catalogue 4, 38.48.74/77, p. 198).

Ce bétail jouet de Oualata est

polychrome ainsi que le bélier en terre

cuite d'une forme assez stylisée,

provenant de l'Algérie et datant

d'avant 1889.

Ce très ancien et remarquable bélier est reproduit à la figure 61 (H = 10

cm, LO = 8,5 cm). La tête et les cornes sont finement modelées et

contrastent harmonieusement avec le corps massif à courtes pattes. Une

petite queue droite complète l'animal. Il y a une perforation sous le

ventre et à l'anus. Sauf sous le ventre, le bélier est recouvert de traits

rouges formant sur son corps un décor à triangles. Le jouet a été vernissé.

60

61

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110

Cent quatre ans plus tard, en 1993, et dans la Médina de Kénitra, un

garçon marocain d'environ six ans joue-lui aussi avec un bélier jouet

mais cette fois il s'agit d'un bélier en plastique rouge et qui a perdu ses

petites roues.

Des animaux à quatre pattes, dont un porte une bosse, furent modelés

par des enfants touaregs Kel Ajjer de Djanet (Sahara algérien). Ces

animaux de gros ou de petit bétail sont en argile crue et varient entre 3 et

8 cm de hauteur (fig. 62-64, catalogue 4, 37.21.96-98, p. 198). Ils

s'apparentent à l'âne de la figure 43, modelé par les mêmes enfants.

64

62

63

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111

La manière dont les enfants, filles et garçons, des Touaregs Kel

Ahaggar et Kel Ajjer du Sahara algérien jouent avec ces animaux jouets

est décrit chez les dromadaires avec armature en matière végétale (1.5, p.

67).

Un bœuf à bosse et avec quatre pattes, en boue, figure à la planche

LXX de l'Album du Musée du Bardo comme jouet des enfants touaregs

Kel Ahaggar (Balout, 1959). Il est du même genre que ceux mentionnés

ci-dessus et reproduits aux figures 62-64.

En bas de la même planche, se trouve figuré un bœuf à bosse en étoffe

bourrée, fabriqué par un garçon Kel Rela des Touaregs Kel Ahaggar en

1953, cela suivant le même procédé que celui utilisé pour la confection

d'un cheval fait par le même garçon. Vu la rareté des animaux jouets en

étoffe bourrée, ce bœuf de la collection du Musée du Bardo est reproduit

à la figure 65.

“Les enfants de l'Ahaggar reproduisaient rarement le bœuf dans leurs

jouets. Ceux du Tamesna au contraire voient d'immenses troupeaux de

bœufs à cornes en forme de lyre ; ils utilisent la boue de daïas pour

confectionner ce jouet” (Balout e.a., 1959: planche LXX).

65

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112

La figure 66 montre une chèvre en terre cuite (H = 6 cm, LO = 9 cm)

et la figure 67 un quadrupède indéterminé (H = 7,5 cm, LO = 15,3 cm),

tous les deux ayant servi de jouet à des enfants maures du Sahara nord-

occidental. Ils ont un corps massif sur quatre petites pattes (catalogue 4,

38.141.85/86, p. 198). Ces pattes ressemblent à ceux du bélier d'avant

1889 (fig. 61, p. 109). Ils ont été peints à l'ocre rouge et brune.

Dans la série d'animaux jouets en miniature faits par les potières de

Oualata se trouvent aussi le mouton et la vache à bosse. Leur fabrication

et leur utilisation est décrites dans la description des chevaux en argile

(voir 2.2, p. 95).

66

67

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Le zébu en argile modelé par un enfant zaghawa (Sahara tchadien) au

contraire a un corps svelte porté par quatre pattes hautes (fig. 68, H = 12

cm, LO = 13,8 cm; catalogue 4, 57.82.129, p. 200). La bosse et le fanon

ont été indiqués avec une grande justesse. L'importance des zébus dans

l'économie et les institutions sociales de cette population en est

probablement la cause. Ainsi Tubiana déclare que les Zaghawa, qui sont

en premier lieu des éleveurs de bovins, “possèdent un vocabulaire

extrêmement riche pour individualiser chaque animal suivant la teinte de

la peau ou la forme des cornes” (1977: 42).

Des zébus en argile modelés et peints par les enfants de Mopti sur le

Niger au Mali, figurent dans l'article de J.J. Mandel et A. Brenier-Estrine

(1977: 9, 11, 13). Comme on peut le voir sur les photos dans cet article,

leurs pattes antérieures sont réunies en une seule patte, comme c'est le

cas pour les animaux jouets faits dans les temps anciens par les enfants

de Jenné-Jeno sur le Niger et par les servantes noires des Maures de

Oualata au Sahara mauritanien.

68

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114

Tous ces jouets, figurants du petit ou du gros bétail, datent depuis un

certain temps. Le plus ancien fut collectionné en 1889, le plus récent en

1962. Personnellement, j'ai constaté qu'en 1977 des garçons ghrib

utilisaient des petites pierres comme chèvres dans leur jeu de simulation

des tâches du berger. Que ce jeu de berger continu de frapper

l'imagination des jeunes garçons villageois est démontré par le fait qu'en

1992 les enfants du village amazigh Aït Ighemour dans le Haut Atlas

marocain jouent au berger avec comme moutons des épis de maïs vides.

Abdelkhalek Naseh mentionne lui aussi le jeu de berger en ce qui

concerne les garçons, d'entre six et douze ans, des Oulad ben Sbaa de

Sidi-Moktar, situé à 98 km de Marrakech sur la route vers Essaouira.

Dans son mémoire de licence, cet auteur décrit comment les garçons font

avec de la boue un enclos dans lequel ils enferment leurs moutons et

brebis, qui ne sont autres que des coquilles d'escargots. Il s'agit d'un jeu

collectif très courant, appelé 'es sâreh', le berger, qui consiste à surveiller

et à déplacer les moutons et en général à s'initier au travail d'un vrai

berger (1993: 43-44).

Dans le jeu de poupée des filles amazighes du village Ksar Assaka

près de Midelt au centre du Maroc il arrivait que vers 1980 une des deux

scènes de la fête de mariage de la poupée-jeune mariée soit celle de faire

monter cette poupée sur une poupée-mouton. La poupée-mouton

représente le mouton que la famille du jeune marié apporte chez la jeune

mariée et que cette dernière monte pour qu'elle ait une bonne vie. Pour

figurer cela, la poupée-jeune mariée est couchée sur le dos de la poupée-

mouton et ainsi elles font une petite promenade. Cette poupée-mouton

est faite avec un vieux bidon d'huile autour duquel un morceau de peau

de mouton usé est cousu. Les pattes sont quatre pilles usées et deux

cornes de mouton sont fixées au bon endroit (Rossie, 2005, Cultures

Ludiques Sahariens et Nord-Africains. Poupées d'Enfants et Jeux de

Poupées, voir 2.14 Les poupées-femmes marocaines, fig. 81, p. 136.

Avant de parler du rôle des autres animaux domestiques dans les jeux

et jouets, je voudrais rappeler au lecteur le rôle que joue une vache noire

dans le jeu rituel pour implorer la pluie des fillettes Aït Ouirra du Moyen

Atlas marocain, décrit à la fin du résumé sur les jeux et jouets en rapport

avec les chevaux, les mulets et les ânes (voir 2.1, p. 90).

Page 116: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

115

4 Les autres animaux domestiques

Les autres animaux domestiques qui se trouvent dans la collection

étudiée sont des chiens et un lapin. Ils ont servis de jouets aux enfants

touaregs Kel Ajjer (Sahara algérien) et zaghawa (Sahara tchadien).

Chez les Touaregs Kel Ajjer de Djanet des enfants modèlent tout une

série d'animaux en argile. Un de ces jouets représente probablement un

chien. Cet animal de 5 cm de hauteur et de 9,3 cm de longueur fait partie

de la série de chevaux, mulets et autre bétail en argile faits par les mêmes

enfants (voir 2.2, p. 93). Le corps du chien, à tête et longue queue

horizontales, repose sur quatre pattes solides.

Un chien à longue queue recourbée et un lapin modelés par un garçon

zaghawa (Sahara tchadien) nous montrent les figures 69 et 70 (H =

10,8/10 cm, LO = 9/8,2 cm; catalogue 5, 57.82.126/125, p. 200).

69

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116

Ces animaux en terre crue ont le corps porté par quatre pattes hautes. Le

lapin a des yeux de graines. Sa bouche et ses narines sont incisées. Le

chien ne montre que des yeux incisés en forme de cercle.

Ces chiens et lapins confectionnés par les enfants eux-mêmes sont

dans les villes marocaines,

et plus rarement à la

campagne, remplacés par

des chiens et lapins en

plastique d'un prix tout à

fait abordable mais en

même temps de qualité

médiocre. Sur la figure 71,

le petit garçon de

Marrakech, quartier de

Daoudiate, joue avec un

lapin à roues acheté à la

Médina au printemps 1992

pour 5 dirhams ou 0,5

euros (H = 26 cm, LO = 14 cm).

Le chien à roues de la figure 72 (p. 117), que j'ai photographié en

février 1992 dans une échoppe de la Médina de Marrakech coûte bien

plus cher, environ 40 dirhams ou 4 euros (H = 50 cm, LO = 60 cm).

70

71

Page 118: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

117

F. Castells mentionne dans sa “Note sur la fête de Achoura à Rabat” de

1915, une “poule à forme monstrueuse picotant sa planchette lorsqu'on la

balance”, vendue au Souq el Achour, le marché qui se tenait face à la

Qasbah des Oudaïa à Rabat. Cet auteur donne en même temps une

information de grande importance en signalant que c'est "un vieux

représentant de la tradition qui offre, sans beaucoup de succès... des

jouets traditionnels, concurrencés comme il est par les vendeurs de jouets

importés d'Europe. Ces jouets européens sont des “fusils, pelotes,

poupées, tambours, clairons etc.” (p. 342).

Ce qui m'étonne, c'est que ni dans la collection, ni dans la

bibliographie, ni lors de mes propres recherches je n'ai trouvé un jouet

représentant le chat. Un chat pourtant bien familier aux enfants d'Afrique

du Nord qui jouent volontiers à le caresser, à lui tirer la queue, les

oreilles ou la toison. Cependant et jusqu'à présent, cette affirmation qui

date de 1993 a été invalidée deux fois. La première fois c'était lors d'un

de mes séjours à Goulmima (Pré-Sahara marocain) en septembre 1994.

Avec la coopération de Mbarek Taous, professeur de français au lycée de

Goulmima et né dans le Ksar de cette petite ville en 1966, plusieurs

adolescents ont bien voulu me montrer comment on jouait, il y a une

dizaine d'années ou plus, avec de l'argile. Pendant qu'ils préparaient

72

Page 119: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

118

l'argile, trois garçons entre cinq et huit ans se sont spontanément joint au

jeu avec l'argile (fig. 73).

'Anhader swalut', c'est à dire jouer avec l'argile en amazigh local, est un

jeu collectif des garçons ou des filles. Il se développe en trois étapes. La

première étape à comme but la préparation de l'argile. On cherche une

bonne argile dans l'oasis, par exemple dans un petit canal d'irrigation.

Cette argile est rendue un peu plus sèche en y mélangeant du sable fin.

Dès que l'argile est devenue manipulable, un petit jeu au nom de 'tishbua'

sert à bien pétrir l'argile. Pour cela des petites écuelles à bord peu élevé

sont faites. Quand tous ont préparés leur écuelle d'argile on la frappe

plus ou moins énergiquement par terre. A côté du bruit d'explosion, le

résultat espéré de cette action est l'éclatement du fond de l'écuelle de

telle manière qu'il se fait un trou plus ou moins grand (fig. 74).

73

74

75

Page 120: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

119

Des rires et des cris accompagnent l'analyse du résultat. Afin

d'améliorer ce résultat et d'obtenir un joli trou, il faut cracher un peu de

salive sur le fond du plat et bien induire cette salive dans l'argile avec le

doigt. Les joueurs qui n'ont pas obtenu de trou dans leur écuelle doivent

jeter un peu de leur argile dans le trou le plus grand. Après plusieurs fois,

l'argile est prête pour en faire des jouets.

Ce modelage d'animaux jouets ou d'autres jouets, par exemple des

ustensiles de ménage, forme la deuxième étape du jeu. Avant de modeler

les figurines et si nécessaire, un peu d'humus ou de sable fin est mélangé

à l'argile.

Avec cette argile plusieurs animaux jouets sont modelés. Comme

mentionné plus haut, c'est lors de ce modelage qu'un garçon de huit ans a

façonné un chat (fig. 75, p. 118, H = 11 cm, LO = 13 cm). Un peu plus

tard un adolescent commençait lui aussi à façonner un chat comme il se

rappelait l'avoir fait quand il était enfant.

Les autres animaux jouets modelés à cette occasion sont un fouette-

queue, un serpent, un scorpion et un oiseau dont la description sera

donnée au chapitre suivant sur les animaux non-domestiques (p. 130).

L'étape finale du jeu 'anhader swalut' est la manipulation des jouets

modelés et leur mise en situation accompagnée par des jeux de rôles

joués par les constructeurs des figurines. Dans le cas de ces animaux

jouets en argile séchée au soleil, il s'agit d'imiter les mouvements et les

comportements de l'animal en question, d'utiliser le vocabulaire s'y

référant et de jouer le rôle du berger, de l'éleveur, du chasseur, du

piégeur ou tout autre personne en relation avec l'animal représenté.

La deuxième fois qu'on m'a mentionné l'existence d'un chat jouet ce

fut en novembre 1998 par les élèves de la troisième année de l'école du

village Imou Ergen près de Sidi Ifni, une petite ville au bord de la mer

dans le sud du Maroc. Selon ces élèves ils jouent avec l'argile quand il

pleut et un des jouets modelés est le chat.

Le chat comme jouet, cette fois un chat en plastique, apparaît aussi

dans les souvenirs de Souad Laabib, une femme amazighe née en 1968

au village Ksar Assaka près de Midelt. Elle se rappelle que pour la fête

de l'°ashûra de 1977 son père lui a acheté, ainsi qu'à sa sœur, un chat en

plastique à roues dont on pouvait tourner la tête et même l'enlever.

Page 121: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

120

Dans la région de Midelt des garçons et des filles jusqu'environ dix

ans provoquent un dindon pour qu'il les attaque. Afin de provoquer ce

dindon, appelé 'Bibi', les enfants répètent en chantant en amazigh :

A Bibi temmût Aïcha.

Oh Bibi Aïcha (ta femme) est morte.

Ou bien ils chantent en arabe :

A Bibi tellakhnuntu, Aïcha li mètlu.

Oh Bibi ton nez coule, Aïcha (ta femme) est morte.

Page 122: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

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5 Les animaux non-domestiques

Les animaux non-domestiques de la collection du Musée de l'Homme

proviennent des Maures du Sahara nord-occidental et Oualata dans le

Sahara mauritanien, des Zaghawa du Sahara tchadien et de Rabat au

Maroc. Il s'agit d'une gazelle, d'une antilope, d'une autruche et d'une

paire d'oiseaux. Elles ont été collectionnées dans les années trente. Dans

la bibliographie mention est faite de jouets figurants un rat, un serpent ou

un singe.

Mais parfois les enfants jouent aussi avec des animaux non-

domestiques vivants. Ceci est le cas chez les enfants ghrib. Sur la photo

de la figure 76, prise en 1975 dans le Sahara tunisien, un garçon ghrib de

trois ans tient en main une ficelle à l'extrémité de laquelle est attachée

une gerboise.

Comme jouets vivants servent la souris de sable, la gerboise, le petit

lézard, le tout-petit lièvre de sable d'un mois au maximum parce qu'il

devient impossible d'attraper les plus grands. Lorsque quelqu'un a attrapé

une de ces petites bêtes elle est parfois donnée à un petit enfant comme

76

Page 123: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

122

jouet temporaire avant d'être mangée, excepté toutefois le lézard. Un fil

est attaché à une patte de la bête et le petit la laisse courir devant soi.

Des jouets vivants sont aussi connus des enfants de Tabelbala (Sahara

algérien). Chez eux il s'agit de poissons de sable, de lézards, de fennecs.

Comme chez les enfants ghrib, la plupart de ces petits animaux serviront

par après pour le repas des enfants eux-mêmes (Champault, 1969: 349).

Henri Lhote écrit que chez les Touaregs Kel Ahaggar les enfants qui

gardent les chèvres aux pâturages attrapent des lézards, uromatix,

gerboises et petits rongeurs pour les cuire et les manger (1984: 61).

Selon des informateurs marocains, originaires de la région de Fès et

que j'ai questionné en 1993 et 1994, des jeunes garçons rivalisent à faire

sortir des scorpions plus ou moins venimeux de leur trou. Selon Driss

Bousalham, né à Fès en 1950 et professeur au lycée, cela se pratiquait au

début des années soixante à Fès, surtout en été, sur un terrain où l'on fait

la prière de l'°Aïd el Kebir, appelé Messelah, près de Bab Ftouh. Pour

réussir cet exploit, le garçon utilise une herbe, le 'njem' ou 'el khort'al', le

chiendent ou une herbe similaire. Avant d'introduire cette herbe dans le

trou on met de la salive sur l'épi et on enroule l'herbe pour en faire une

longue tige. Doucement il faut retirer l'herbe pour que le scorpion

s'accroche, mais à la fin il faut tirer en une fois l'herbe et éventuellement

le scorpion hors du trou. Il arrive que les garçons fassent un cercle de feu

autour du scorpion pour voir comment il se suicide en se piquant soi-

même. De la même manière, les garçons font sortir de leur trou des

sortes d'araignées appelées 'rtilah' en arabe marocain ou '°aïn kabbût' en

arabe littéraire.

Fatima Zohra Mdarhri, une jeune documentaliste, confirme ce jeu de

garçons pour Aïn Cheggag, un village urbanisé à 20 km de Fès dans la

plaine du Saïss. Ses informations se réfèrent au début des années 1970.

Elle spécifie que les garçons d'environ dix ans, sont bien au courant du

danger que représente la queue du scorpion mais cela ajoute au jeu un

aspect de frisson.

Un autre informateur de trente ans en 1993, Brahim Mouis, m'a décrit

le même jeu pour la ville de Khouribga au centre du Maroc. Il s'agit du

scorpion jaune que les garçons d'environ onze ans recherchaient dans

une petite forêt située entre la place du marché et le centre ville.

Page 124: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

123

Un de mes informateurs de Goulmima, un important centre urbain

amazigh avec un Ksar encore habité et situé en bordure du Pré-Sahara

marocain, avait sa propre manière d'attraper un scorpion. Ali Harcherras,

né à Goulmima en 1962 et professeur au lycée, attrapait quand il avait

l'âge d'environ dix ans le scorpion dont la piqûre est très douloureuse

pendant une vingtaine de jour. Dans certaines parties de Goulmima on

trouve pendant les jours de grande chaleur ce scorpion à l'entrée de son

trou pour s'aérer. Quand on s'approche, le scorpion s'immobilise et c'est

alors qu'Ali le piquait dans la nuque avec une épine de palmier.

Dans le quartier populaire de Saknia à Kénitra et selon Mustafa Trifa,

né dans ce quartier en 1963, lui et les garçons de son âge faisaient la

chasse au scorpion ou au lézard en utilisant un insecte appelé 'antara' par

ces enfants. Il s'agit de la courtilière qui a deux pinces. A une des pattes

de cet insecte le garçon attache un fil. Lorsqu'il a repéré le trou d'un

scorpion ou d'un lézard, il fait entrer son insecte-chasseur dans le trou en

espérant qu'il arrive à attraper avec ces pinces le scorpion ou le lézard. Si

le garçon croit que cela est arrivé, il retire doucement la courtilière pour

sortir le scorpion ou le lézard de son trou.

Sur la route de Fès à Ifrane, à Imouzzer-Kandar, une petite ville du

Moyen Atlas situé à 1350 m d'altitude, les garçons essayent de faire

sortir de la terre l'insecte 'kelb bil ma°', en traduction littérale le 'chien

d'eau'. Driss Lakhdar, de vingt-quatre ans, et son frère Abderrahim de

vingt ans déclarent en 1993 que pour cela les trois à cinq garçons qui

jouent ensemble doivent d'abord repérer la niche écologique de l'insecte,

le plus souvent près d'un ruisseau. Ce groupe de jeu se mesure parfois à

d'autres groupes pour voir qui réussit le premier à faire sortir l'insecte de

sa niche. L'endroit préféré par ces garçons pour ce jeu se situe dans le

fond de la petite vallée qui sépare le vieux quartier d'Imouzzer, appelé

Kalâa, et la forêt, là où coulait un ruisseau maintenant desséché. On

pouvait aussi chercher le kelb bil ma° en bordure des petits champs de

blé se trouvant sur le versant. Selon Driss, lui et ses amis se sont adonnés

à ce jeu à partir de l'âge de onze ans mais Abderrahim avance l'âge de

sept ans. La manière de procéder consiste d'abord à trouver et à suivre le

couloir creusé par l'insecte. Une fois trouvée sa niche, on fait avec un

bâton deux trous distancés d'environ 70 cm et d'une profondeur d'environ

25 cm. Pendant une à deux heures il faut alors verser régulièrement de

l'eau dans un des trous en espérant que l'insecte sortira par l'autre trou.

Page 125: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

124

Pour arriver à faire sortir l'insecte, il faut bien connaître ses habitudes et

surtout patienter.

Ali Harcherras, déjà cité pour sa manière d'attraper le scorpion, m'a

décrit une manière plus ou moins semblable par laquelle les garçons de

Goulmima font sortir de sa niche l'insecte appelé 'aëeffar', 'celui qui

creuse', c'est-à-dire la courtilière commune. Dans l'oasis, sur le bord de

la canalisation, on recherche le couloir qu'a creusé cet insecte. Il faut

suivre le couloir et l'ouvrir ici et là pour trouver le trou. On élargit un peu

le haut du trou et autour de l'ouverture un petit mur est élevé avec de la

boue. Une fois ces préparatifs terminés, on verse de l'eau dans le trou.

Puis on dérange l'insecte avec une tige ou foliole de palmier longue pour

le faire sortir de son trou. Il faut essayer de l'exciter en piquant le coté de

l'insecte car si on touche sa tête il est bien possible qu'il coupe le bout de

la tige ou foliole. A cette description un garçon de neuf ans, rencontré

dans l'oasis en mars 1994, ajoutait que c'est plus efficace d'ajouter à l'eau

un peu de Tide ou autre produit de lessive ou bien on peut uriner dans le

trou. Quand la courtilière commune c'est fait attraper, elle est utilisée

comme appât dans un piège servant à capturer deux sortes d'oiseaux

migrateurs qui passent par Goulmima au printemps. Que cela se fait

encore aujourd'hui est prouvé par le fait qu'en fin mars 1994 j'ai vu en

bordure d'un jardin d'oasis cet insecte attaché avec une foliole de

palmier. Les deux oiseaux en question sont le 'usbihh', la pie-grièche à

tête rousse, et le 'amejjudd', la pie-grièche écorcheur. Pour la pie-grièche

à tête rousse il est nécessaire de camouffler le piège en fil de fer, appelé

'lbex', mais pour la pie-grièche écorcheur cela est superflu car elle se

jette immédiatement sur l'appât.

Les garçons de Goulmima attrapent aussi un autre oiseau migrateur

très colorié que l'on garde pour sa beauté, le 'gurru' ou guêpier d'Europe,

en utilisant une guêpe dont on attache une patte avec un fil de nylon.

Avec d'autres pièges, ces garçons chassent encore une sorte de

salamandre, appelé 'ahherda'. Afin d'éviter la morsure très forte de

l'animal ils essaient de lui coudre le bec. Cet animal est utilisé dans la

médecine populaire mais de nos jours des garçons le montrent aux

touristes, en bordure de la route qui descend vers Goulmima, pour qu'ils

en fassent une photo ou en achètent un moyennant quelques dirhams.

Page 126: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

125

En juin 2000 un jeune homme m'a déclaré qu'il y a quinze ans et dans

son village de Ksar Assaka près de Midelt, lui et ses amis versaient de

l'eau dans la niche d'un grand coléoptère noir, appelé 'zarri', pour le faire

sortir et l'utiliser comme appât dans un piège à oiseau. L'oiseau était ou

bien mangé ou bien gardé pour sa beauté.

Chez d'autres populations comme les Teda (Sahara tchadien), les

Touaregs (Sahara), les Aït Ouïrra (Moyen Atlas marocain) et d'autres

encore, la chasse et le piégeage, surtout des oiseaux, bien qu'utilitaire

sont considérés comme un jeu. Ces jeux de la chasse et du piégeage

seront décrits dans un des prochains volumes de la collection Cultures

Ludiques Sahariens et Nord-Africains sur les techniques dans les jeux et

jouets de ces régions. Ce qu'il en est dit ici ne sert donc que d'exemple.

En bordure du quartier Aït Mansour à Midelt les enfants trouvent

parfois des petites tortues dans le cours d'eau qui traverse la petite vallée

après de fortes pluies. Un copain a donné la tortue de la figure 77 à un

garçon de dix ans qui en prend soin depuis quelques semaines en

septembre 1999.

77

Page 127: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

126

Les garçons de Goulmima s'amusent à organiser une course de tortues

d'eau douce. Cela se fait surtout au printemps car les tortues sont alors

nombreuses. Les joueurs portent un grand respect à la tortue qui a gagné.

Les enfants du village Zhana, à 10 km de Kénitra, s'amusent parfois

avec une tortue qui s'est aventurée trop loin du ruisseau. Ils prennent la

petite tortue sur la main pour observer comment elle se protège en

rentrant la tête et les pattes dans sa carapace.

Dans la région de Midelt les enfants prennent une coquille d'escargot,

appelé en amazigh 'Bèlbûsh', sur la main et chantent une petite chanson

autant de fois qu'il le faut pour faire sortir la tête de l'escargot. Pour cela

ils chantent en amazigh :

Ferd a Bèlbûsh, turuw mainsh ilughmân.

Sort oh Bèlbûsh, ta mère a enfanté des dromadaires.

Pareil jeu avec l'escargot, appelé en arabe maghrébin 'Bèbbûsh', est

mentionné par Desparmet en 1905 pour des enfants algériens. Il écrit :

Si un enfant trouve un escargot, il le prend dans sa main et lui chante

cette chanson : “O boûboû, c'est-à-dire bebboûch (limaçon), sors tes

oreilles, ou bien je vais à ta maison, à ta maison, ou bien je mangerai

les oreilles de ton âne, de ton âne” (p. 71).

Le matériel utilisé pour représenter un animal, par exemple un serpent,

peut être des plus simples comme c'est le cas chez les filles et les garçons

ghrib au Sahara tunisien (fig. 78).

78

Page 128: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

127

A partir d'environ cinq ans le jeu 'el h'anesh', le serpent, est joué avec

une longue corde. En agitant verticalement la corde pour faire des

mouvements ondulatoires, un enfant imite les mouvements d'un serpent.

Parfois deux enfants jouent ensemble en tenant chacun une extrémité de

la corde. D'autres enfants peuvent s'amuser en frappant ce serpent avec

un bâton. En agitant ou en frappant le serpent, les enfants crient :

Jâk h'anesh fûg ed-debesh,

el-yûm °amânâ u ghudwa fîj-jebbâna.

Le serpent est venu sur le mobilier,

aujourd'hui il est chez nous mais demain il sera enterré au cimetière.

Ce jeu d'adresse est joué le plus souvent par les filles car ce sont elles qui

doivent ramasser du bois mort et emportent à cette fin des cordes. Au

printemps de l'année 1977, j'ai vu comment quelques garçons ont frappé

à mort un grand serpent non-venimeux qu'ils avaient repéré dans l'oasis.

Dans la même population, un autre moyen simple pour se faire un

'serpent' consiste à gonfler un petit peu un long morceau d'intestin d'une

chèvre ou d'un mouton et à nouer les extrémités. A partir de l'âge de

deux ans ce serpent est utilisé comme jouet, sa fabrication se fait a partir

d'environ six ans (fig. 79).

79

Page 129: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

128

Des folioles de palmier suffisent

aux garçons de l'oasis près de la

Source Bleue de Meski (Errachidia,

Maroc) pour tresser en un tour de

main le scorpion de la figure 80

(LO = 14,5 cm, LA + = 11,5 cm).

Selon l'informateur âgé qui m'a

donné des détails sur les animaux

jouets en folioles tressées, le

tressage de ce scorpion est de date

récente. Les garçons le vendent aux

touristes de passage pour quelques dirhams. Par contre, le tressage d'une

gazelle est de tradition ancienne car le même informateur le faisait déjà

vers 1930. Ces gazelles à deux dimensions, dont j'ai reçu trois

exemplaires faits par trois garçons différents, mesurent respectivement 7

cm de hauteur sur 8 cm de longueur, 11,5 cm sur 13 cm et 14 cm sur

15,5 cm. Pour pouvoir tirer cette dernière gazelle elle a été fixée avec un

petit nœud à une longue ficelle en foliole de palmier de 35 cm (fig. 81).

En ce qui concerne les jouets plus élaborés reproduisant des animaux

non-domestiques il y a l'antilope jouet à cornes, d'origine nord-africaine

non spécifiée. Il fut confectionné en tissu sur une armature de graminées

(fig. 82, p. 129, H = 12 cm, LO = 18 cm, LO de la corne 7 cm).

80

81

Page 130: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

129

Dans la ville d'Assa au Maroc (Sahara nord-occidental) et vers 1935 un

artisan maure a fait en bois une gazelle à cornes spiralées qu'il a peinte

en rouge et en jaune comme cela se voit à la figure 83.

82

83

Page 131: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

130

Au corps, avec le cou et la tête, ont été clouées quatre pattes longues

et deux cornes spiralées. Les oreilles sont en relief mais les yeux et les

narines ont été brûlés au fer rouge. La bouche est incisée. La queue est

en peau de mouton à poil noir. (H = 37,5 cm, LO = 31,5 cm; catalogue 6,

38.156.34, p. 201).

La série d'animaux jouets modelés vers 1935 par les servantes noires

des Maures de Oualata (Sahara mauritanien) comporte aussi une

minuscule autruche en argile crue peinte de 3 cm de hauteur. Les pattes

ont été remplacées par un socle en tronc de cône (catalogue 6, 38.48.73,

p. 201). L'utilisation de ces autruches et des hérissons du même genre est

mentionnée chez les chevaux en miniature de la même ville (voir 2.2, p.

130).

Lors du jeu 'anhader swalut', c'est-à-dire jouer avec l'argile, dont les

différentes étapes sont décrites dans le chapitre précédent (p. 118-119),

des adolescents et des garçons de la ville amazighe de Goulmima au

Maroc ont modelé en septembre 1994 un serpent (fig. 84, LO = 30 cm),

un scorpion ( fig. 85, LO = 24 cm) et une tourterelle. Un fouette-queue

fut façonné indépendamment par un adolescent et un petit garçon (fig.

86, LO = 25 cm).

84 85

86

Page 132: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

131

Au Maroc, il est coutume que les parents donnent à leurs enfants des

jouets pour la fête de l'°ashûra au début de l'année musulmane. Un de ces

jouets, datant d'avant 1932 mais d'imitation européenne, représente deux

oiseaux qui peuvent se baisser alternativement pour picorer en donnant

un mouvement de va et vient aux réglettes. Ils sont découpés dans une

planchette, fixés par des clous à des réglettes, une supérieure et une

inférieure. Le tout était peint en noir sauf la tête des oiseaux dans

laquelle l'œil fut indiqué par un cercle noir avec un point au milieu. Ce

jouet, acheté à Rabat, fut fabriqué par un ouvrier en bois (fig. 87, H = 6

cm, LO = 23,5 cm).

Le docteur Guichard écrit dans son bref article “Joujoux Marrakchis” de

1921, que les parents de cette ville achetaient à la fête de l'°ashûra, mais

aussi de l'°aïd es-seghrir, des animaux jouets en forme de rats, de lapins,

d'oiseaux, de serpents et de singes pour les offrir à leurs enfants. Tous

ces animaux étaient peints en couleurs vives. Vu l'importance et

l'ancienneté de l'article du docteur Guichard ainsi que la difficulté pour

le retrouver, je reprends en détail son témoignage en reproduisant

comme dessins les photos qui l'accompagnent (fig. 88-92).

87

88 89 90

Page 133: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

132

Guichard décrit ces animaux jouets de la manière suivante :

Le 'far', le rat, taillé plus ou moins grossièrement dans un morceau de

bois, le nez et les oreilles pointus, une touffe de crins en guise de

queue, est fixé sur une planche à l'aide d'une cheville, mais il n'a pas

de roulettes. De couleur grise avec des zébrures multicolores, il coûte

0 fr. 50 (fig. 88, p. 131). Le 'gounina', le lapin! Fait d'un morceau de

bois conique monté sur quatre roulettes avec deux longues oreilles en

bois, un ventre rouge et des oreilles vertes... Prix : 0 fr. 50... (fig. 89,

p. 131). Le 'bou mçici' ou branle-queue, encore dénommé la 'bellarje'

ou la cigogne est un jouet des plus ingénieux. Un triangle de bois

constitue le corps de l'oiseau. A l'une de ses extrémités s'articule un

long bec emmanché d'un long cou et à l'autre une longue queue. Le

tout est fixé par une cheville qui représente les pattes de l'oiseau sur

une planchette percée de deux trous. A la naissance du cou et de la

queue sont attachées deux ficelles qui, passant par les trous de la

planchette, viennent se fixer à une petite bille de bois formant

pendule. Lorsqu'on le fait osciller, les ficelles, en se tendant

alternativement, font relever et abaisser alternativement la tête et la

queue, et l'oiseau se met à picorer en remuant la queue. Un plumage

d'un bleu intense tacheté de rouge et de blanc donne à cet oiseau, dont

le prix est de 1 fr. 50, une allure tout à fait extraordinaire... (fig. 90, p.

131). 'L'anecha', le serpent, se compose d'une dizaine de morceaux de

bois cylindriques, taillés en biseau à l'une de leurs extrémités et

enfilés les uns au bout des autres, comme les grains d'un chapelet, sur

une double ficelle qui sert à les articuler entre eux comme les

segments de la queue d'un scorpion. Le segment antérieur ou

91 92

Page 134: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

133

céphalique porte une entaille qui représente la bouche. Le segment

postérieur ou caudal est conique. Le tout, comme toujours revêtu

d'une couleur inénarrable, avec des arabesques de teintes aussi vives

que variées pour imiter les écailles du reptile, se vend 1 fr. 50... (fig.

91, p. 132). Voici encore une 'anecha', mais c'est un serpent d'une

autre espèce que le précédent. Formé de petites lames de bois,

articulées entre elles comme des ciseaux, il se compose de trois ou

quatre parallélogrammes. Les deux segments postérieurs se

prolongent par des poignées et suivant qu'on les rapproche ou qu'on

les écarte le serpent s'allonge ou se raccourcit. Un des segments

antérieurs se termine en triangle pour représenter la tête du reptile.

Tout cet assemblage est revêtu d'une peinture où se donne libre

carrière la fantaisie d'artistes primitifs qui cherchent à imiter les

ocelles multicolores d'un reptile exotique. Le prix est de 2 fr. 50... Le

'guerd' ou singe rappelle les singes articulés de nos bazars et qui

grimpent au bout d'un bâton. Un morceau de bois plus ou moins

dégrossi constitue la tête et le tronc de l'animal. Quatre petites

planchettes articulées à l'aide de chevilles lui servent de bras et de

jambes. Les bras s'articulent à l'extrémité d'un bâton que l'on tient à

la main et les jambes à un autre, bâton qui glisse le long du premier à

l'aide d'une rondelle en bois. En élevant ou en abaissant cette

rondelle, le quadrumane, naturellement revêtu de couleurs

extraordinaires, se livre à mille acrobaties. Ce jouet se vend 2 fr. 50

(fig. 92, p. 132).

Tous ces animaux jouets en bois faits

localement, entre autres à Rabat et à

Marrakech, ne semblent plus exister

depuis de longues années déjà. Une

tournée, en février 1992, auprès de

plusieurs artisans du bois âgés

travaillant dans la Médina de

Marrakech à démontré que s'ils se

souviennent de ces jouets ils ne les

font plus depuis longtemps déjà. Dans

ce domaine ils ont été surpassé par les

jouets en plastique et en fer blanc,

93

Page 135: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

134

comme on peut le voir à la figure 93 (p. 133) qui montre un coq en fer

blanc et plastique, fabriqué en Chine, qu'il faut remonter pour le faire

picorer (H = 9 cm, LO = 8 cm). Il y a aussi l'acrobate en plastique

provenant lui aussi de la Chine et tout à fait semblable au singe en bois

de Marrakech montré à la figure 92 (p. 132, H = 26,5 cm).

Avant de terminer ce chapitre je voudrais attirer l’attention du lecteur

sur la page que consacre Julie Delalande aux jeux construits autour des

insectes découverts dans la cour par des enfants de classe maternelle ou

d’école primaire en France (2001: 245-246).

Page 136: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

135

Conclusions et Perspectives

Page 137: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

136

Page 138: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

137

Dans ce chapitre je présente d'abord une synthèse des données sur

l'animal dans les jeux et jouets des enfants sahariens et nord-africains,

suivie par des conclusions basées sur l'analyse présentée dans la

première partie et se rapportant à des aspects environnementaux, spatio-

temporels, économiques, sémiotiques, sociaux et culturels, ainsi qu'à

l'évolution des sociétés. En guise de perspectives, je propose quelques

réflexions d'ordre méthodologique ainsi que sur certaines possibilités

pour rendre utile ce patrimoine ludique.

1 Synthèse

Pour leurs jeux se référant au monde animal, les enfants sahariens et

nord-africains utilisent aussi bien certains animaux comme jouets vivants

que des animaux jouets. Mais le corps de l'enfant peut déjà suffire pour

représenter un animal comme par exemple le dromadaire ou le cheval.

Comme animaux servant de jouet vivant mention est faite de petits

dromadaires, d'ânes, de mulets, de moutons, de dindons, de chats, de

souris de sable, de gerboises, de fennecs, de lézards, de salamandres, de

tortues, d'insectes et même de scorpions. Cependant je n'ai pas trouvé de

lapins ou de chiens comme jouets vivants, sauf un garçon ghrib qui

jouait avec un chien de berger en 1975 (fig. 94).

94

Page 139: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

138

Les animaux jouets figurent des dromadaires, chevaux, mulets, ânes,

vaches zébus, moutons, béliers, chèvres, chiens, chats, lapins, hérissons,

poules, gazelles, antilopes, autruches, oiseaux, rats, serpents, singes,

scorpions.

Il n'est pas du tout étonnant que ce soit surtout le dromadaire qui est le

plus souvent mis en scène. Tout comme Jan Bujak le constate en ce qui

concerne le cheval en Pologne où son importance économique et

culturelle se reflète dans le petit cheval et le 'lajkonik', deux jouets

polonais à caractère populaire, l'importance du dromadaire en Afrique du

Nord et au Sahara explique sa popularité dans les jeux des enfants de

cette région.

De l'ensemble des données et de mes propres observations en Tunisie

et au Maroc, il me semble que l'on puisse déduire que les jeux et jouets

en relation avec les animaux sont plus limités en ville qu'à la campagne.

Une affirmation qui s'expliquerait par la plus grande familiarité que les

enfants ruraux ont avec les animaux.

Dans la majorité des cas ce sont des garçons qui jouent des jeux en

rapport avec les animaux ou les rapports entre l'homme et l'animal. Selon

toutes les informations qui sont à ma disposition, ces jeux sont moins

courant chez les filles. Mais même si mes propres observations

confirment cette constatation, il faut néanmoins tenir compte du fait que

les auteurs consultés sont souvent des hommes, que le sexe des enfants

n'est pas toujours spécifié et que la plupart de mes informateurs sur ces

jeux sont des garçons ou des hommes. Chez les Touaregs, garçons et

filles jouent ensemble avec des dromadaires jouets. Pour leur fabrication

les garçons et les filles se partagent alors les tâches.

Il est souvent avancé que les enfants, les filles surtout, étaient, et sont

encore sauf dans les milieux aisés, sollicités pour des tâches domestiques

dès l'âge d'environ sept ans. De ce fait, ils n'ont que peu de temps libre

pour jouer. Même si cette observation reflète assez bien la réalité, il ne

faudrait pas en conclure que ces enfants ne possèdent pas un patrimoine

ludique développé.

Bien que rarement révélé dans les informations, les animaux jouets

n'ont de sens que dans le contexte des jeux d'enfants. Le plus souvent il

s'agit de jeux collectifs et de plein air rassemblant des enfants de la

même famille ou du voisinage. Pour ces jeux les enfants utilisent bon

nombre d'autres jouets ou instruments de jeu. En plus, la manière de

Page 140: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

139

communiquer avec les animaux domestiques et tout le langage lié au

monde animal y sont pratiqués.

Si certains des jeux analysés s'inspirent directement de la vie et du

comportement des animaux, beaucoup d'autres se réfèrent à leur

utilisation par les adultes. Les enfants jouent ainsi au campement

nomade, au berger, au méhariste, au cavalier, au muletier, au caravanier,

au chasseur, à l'éleveur, au laboureur. On remarquera qu'il s'agit presque

uniquement d'occupations masculines.

Le moins que l'on puisse dire, et cela en passant sous silence les

aspects psychologiques, pédagogiques et de socialisation, c'est que tout

un apprentissage de l'environnement physique, végétal et animal se

réalise à travers ces jeux.

Le jouet qui figure un animal peut être des plus simples, ne nécessitant

aucun travail. Une pierre devient une chèvre, un mouton, un dromadaire.

Un long roseau ou bâton se transforme en cheval. Jacques Henriot (1989:

102) met en avant l'utilité de ces objets transformés en jouets :

Qu'il n'y a pas de jouet en soi et que n'importe quoi (ou presque) peut

fournir le moyen de jouer... que l'essentiel, dans l'objet ludique, n'est

pas la destination que lui fixent les adultes, mais l'usage auquel il

donne lieu de la part d'un joueur ;... que les jouets les plus efficaces,

les plus réellement ludiques sont des objets qui fonctionnent tout

autrement que sur le mode du semblant et de la contrefaçon.

Néanmoins, la plupart des jouets figurant des animaux, des plus simples

aux très élaborés, sont confectionnés. Ils restent, sauf exceptions rares,

des représentations figuratives et réalistes au niveau de l'aspect global et

parfois aussi au niveau des détails.

Presque tous ces animaux en miniature sont fabriqués par les enfants

sahariens et nord-africains. Ils utilisent pour cela beaucoup de matériaux

d'origine minérale, végétale et animale ou de récupération. Rarement

c'est un adulte qui fabrique des jouets, par exemple des servantes,

artisanes et artisans maures ou des artisans de Rabat ou de Marrakech.

Sauf quelques exceptions aussi bien anciennes que récentes, les

animaux jouets sont d'origine locale, pourtant l'importation de jouets

européens date depuis longtemps déjà. F. Castells écrit en 1915 que des

vendeurs de jouets importés d'Europe concurrençaient avec beaucoup de

Page 141: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

140

succès le vendeur de jouets traditionnels lors du marché de la fête de

l'°ashûra à Rabat. Partout au Maroc, bien qu'en ville surtout, j'ai vu des

animaux jouets en plastique importés de Chine, de Hong Kong ou de

Taiwan, qui remplacent les animaux fabriqués par les enfants. Ainsi, une

fille de Sidi Ifni, une petite ville côtière au sud du Maroc, jouait en

novembre 1998 avec un chien et une licorne en plastique (fig. 95).

L'animal jouet le plus ancien est le bélier, en argile peint, d'avant 1889.

Les autres animaux jouets de la collection du Musée de l'Homme datent

en grande partie des années 1930 à 1960. Les animaux jouets que j'ai vus

moi-même ont été faits en 1975 et 1977 en ce qui concerne les Ghrib ou

observés au Maroc de 1992 à 2002.

Il faut, avant de conclure cette synthèse, tirer l'attention sur le fait que

la portée de cette analyse de l'animal dans les jeux et jouets sahariens et

nord-africains se trouve limitée par les sources d'informations qui ont été

utilisées. Ainsi les jeux et jouets mentionnés n'excluent nullement

l'existence d'autres types de jeux ou de jouets en rapport avec le monde

animal en Afrique du Nord et au Sahara. Je ne peux donc qu'espérer que

d'autres complèteront, et si nécessaire corrigent, les données rassemblées

dans ce livre. Ce complément ou cette correction est d'autant plus

nécessaire que les données bibliographiques ne soient pas toujours

basées sur des analyses approfondies.

95

Page 142: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

141

2 Aspects environnementaux et économiques

Dans les régions sahariennes et nord-africaines, une caractéristique

fondamentale des jeux et jouets s'inspirant du monde animal et des

rapports des hommes avec celui-ci, est la relation étroite qui existe entre

ces jeux et jouets et l'environnement écologique.

Pour ainsi dire, tous les matériaux utilisés sont puisés dans cet

environnement, matériaux d'origine minérale ou végétale, matériaux

d'origine domestique. Matériaux d'origine domestique qui même s'ils

sont importés, comme le fil électrique plastifié ou la tôle, sont récupérés

sur place. L'importation de jouets en plastique, qui s'imposent de plus en

plus, fournit l'exception à cette constante.

La réalité vécue par les enfants se trouve à la base des jeux et jouets

décrits dans ce livre. Il s'agit de leur interprétation du monde animal et

du monde des adultes. Ces activités ludiques enfantines se greffent

directement sur une simulation du monde réel. En plus, ces jeux ne se

déroulent pas dans les limites d'une chambre mais sous les yeux de

chacun ou ceux du groupe de jeu. Il s'agit donc presque toujours de jeux

collectifs de plein air.

Les informations qui pourraient fournir des renseignements sur

l'aspect temporel des jeux font largement défaut. De ce fait, il est

impossible de spécifier s'il existe un échelonnement des jeux suivant les

saisons. Pourtant pareil échelonnement est bien probable pour certains

jeux. Cela se confirme par exemple pour le piégeage d'oiseaux

migrateurs à Goulmima (Pré-Sahara marocain).

Exception faite des animaux jouets importés, encore assez peu achetés

en dehors des villes ou même par les parents des milieux urbains

défavorisés, les animaux jouets analysés ne font pas partie du circuit

commercial. Au contraire, ils sont fabriqués par les enfants eux-mêmes

ou éventuellement par une servante, artisane ou un artisan. Dans ce cas,

il n'est souvent pas spécifié s'il s'agit d'une fabrication pour un enfant de

la famille, suite à une commande ou comme objet à commercialiser, ce

qui se faisait par les travailleurs du bois de Marrakech et de Rabat.

Page 143: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

142

Cependant un début de commercialisation se présente entre autre près

des dunes de sable de Merzouga avec la vente aux touristes de poupées

faites par les filles ou à la Source Bleue de Meski et aux Gorges de

Tinerhir avec la vente d'animaux jouets en folioles de palmier faits par

les garçons.

Page 144: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

143

3 Aspects socioculturels

Les jeux et jouets dont parle ce livre, se réfèrent directement à la vie

économique, sociale et culturelle des populations en question. Le plus

souvent il s'agit de jeux de faire semblant s'inspirant des activités des

adultes, surtout des activités masculines. En même temps les enfants, en

particulier les garçons, s'exercent aux tâches qui leur incomberont bien

vite. Cependant il n'est pas question d'une imitation pure et simple mais

d'une interprétation des comportements adultes.

Pour plusieurs jeux, un type d'animaux jouets ne s'utilise pas

isolement mais ensemble avec des jouets figurant d'autres animaux ou

même avec des jouets représentant des personnages ou des ustensiles.

C'est par exemple le cas pour les jeux de campement nomade, de berger,

de la caravane, ainsi que pour les jeux de poupées (Rossie, 2005,

Cultures Ludiques Sahariens et Nord-Africains. Poupées d'Enfants et

Jeux de Poupées).

Les données rassemblées ne permettent pas d'analyser les relations

entre les générations qui s'expriment dans les activités ludiques mais il

ne fait aucun doute que la relation adulte-enfant se manifeste dans

d'autres activités ludiques comme j'ai eu l'occasion de démontrer ailleurs

(voir Toys, Play, Culture and Society. An Anthropological Approach

with Reference to North Africa and the Sahara, chapter Toys, Play and

Generations, p. 117).

Comme déjà indiqué en rapport avec les poupées sahariennes et nord-

africaines, la relation adulte-enfant à travers le don d'un jouet si général

dans d'autres sociétés plus tournées vers les biens de consommation,

semblait être très rare dans les sociétés dont j'ai parlé, les enfants faisant

eux-mêmes leurs animaux jouets dans la plupart des cas. Si ce n'est pas

l'enfant lui-même, c'est un frère ou une sœur, un cousin ou une cousine

qui les font. Et même si le jouet est fait par un adulte, il ne semble pas

s'insérer, sauf rares exceptions, dans un système de récompenses ou de

gages d'affection. Ce n'est qu'exceptionnellement que ce jouet sert

d'objet cadeau, tout au moins en situation plus ou moins traditionnelle.

D'ailleurs, ces animaux jouets ne sont point des jouets qui puissent servir

de support affectif pour un bébé ou un bambin comme c'est le cas avec

les nounours ou autres animaux en peluche si important pour les enfants

européens et nord-américains. Dans les villes et villages urbanisés

Page 145: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

144

d'Afrique du Nord et du Sahara, l'habitude d'offrir des jouets comme

cadeaux aux enfants s'est propagée dans tous les milieux sociaux,

naturellement suivant les moyens de chaque famille.

En ce qui concerne les nounours, j'en ai vu un en novembre 1994 dans

une maison de Midelt au Maroc. Ce nounours avait été acheté au Souk

Melilla de Nador, un marché de la contrebande dans le Nord-est du

Maroc. Ce nounours n'était point destiné à un bébé mais était exposé sur

la télévision comme objet décoratif. Cependant en novembre 1998 et

dans la même ville, une fille d'environ trois ans se trouvant sur le seuil

de la porte de sa maison tenait un nounours dans ses bras. En février

2002 et dans un quartier populaire du centre rural côtier Sidi Ifni j’ai vu

une fille de cinq ans en train de jouer avec un Donald Duck en peluche

qui appartenait à une voisine d’environ deux ans. En octobre de la même

année et dans la même ville un garçon de trois ans marchait avec son

nounours dans une rue du quartier où j’habite. Parlant un peu avec lui il

m’a raconté que c’est lui qui a acheté ce nounours au marché local, que

son nounours n'a pas de nom et que son nounours ne pouvait parler car il

n’y a pas d’indication de la bouche. Dans ce cas, il s'agit d'un nounours

avec lequel le petit garçon entretient une relation personnelle. Le terme

utilisé pour parler de ce nounours est 'muliko'. D'autres utilisent plutôt

'muniko', le masculin de 'munika' désignant la poupée en général. Selon

un étudiant au baccalauréat pareils nounours se fabriquent à Agadir.

Les jeux ici décrits, se réalisent très souvent dans des groupes de jeu et

constituent ainsi un apport important pour la socialisation et

l'apprentissage des enfants. Le groupe de jeu des petits enfants jusqu'à

l'âge d'environ sept ans sont sous la supervision de filles plus âgées, ou

plus rarement de garçons plus âgés. Pareil groupe de jeu se compose

d'enfants de la même famille ou du voisinage.

Nefissa Zerdoumi (1982: 224) confirme cette situation lorsqu'elle écrit :

Les parents..., en Algérie traditionnel, ne s'occupent pas des jeux de

leurs enfants, sauf pour en sourire à l'occasion ou en réprimer les

excès. Mais les enfants, dès qu'il ne sont plus des bébés, n'ont plus

besoin des parents pour se distraire. Ils se transmettent directement

entre eux, par imitation ou simple contact, les façons de jouer.

Page 146: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

145

A partir de l'âge de sept ans les garçons se détachent de ce groupe de jeu

sous la conduite des filles plus âgées et forment leur propre groupe de

jeu duquel les filles sont exclues. Dans ces groupes de jeu les garçons se

retrouvent régulièrement et profitent d'une certaine liberté d'action pour

autant que les normes ne soient pas trop ouvertement transgressées. Ils

ont aussi la possibilité de s'éloigner des habitations, échappant ainsi au

contrôle direct de leurs parents ou d'autres adultes.

Les filles, au contraire, ne peuvent normalement pas s'éloigner de trop

car elles doivent rester assez près de leurs mères afin de les aider dans

les tâches domestiques ou pour surveiller les petits enfants. En

s'occupant des petits, les filles trouvent certainement l'occasion de jouer.

Néanmoins, la limite entre l'obligation d'amuser les petits enfants et de

s'amuser soi-même est difficile à tracer.

Aucun doute n'existe sur le fait que les jeux et jouets analysés ont une

réelle importance dans la socialisation et l'éducation des enfants

sahariens et nord-africains. Une formation basée sur un apprentissage du

milieu naturel, social et culturel. Ceci est d'autant plus vrai que dans le

milieu rural, d'où proviennent la majorité des jeux et jouets décrits dans

ce livre, l'éducation scolaire de type moderne n'était pas une réalité

journalière jusqu'à récemment.

Pour autant que cela puisse se vérifier dans les données, les jeux

s'inspirant du monde animal et des rapports entre l'homme et l'animal ne

mettent en scène que des situations et personnages localement valorisés

auxquels l'enfant devrait s'identifier. A travers les jeux collectifs de ce

genre, dans lesquels des enfants plus jeunes se mêlent à d'autres plus

âgés, bon nombre de comportements non-verbaux, de langage,

d'informations sur l'environnement naturel et social, de savoir-faire,

d'idées, de symboles, de normes et de valeurs sont acquis et développés.

Comme dans chaque population de ces régions les jeux et animaux

jouets semblent être partagés par tous les enfants, cette similitude des

expériences ludiques facilite l'élaboration et la communication de

significations partagées. Cette élaboration et communication de

significations partagées se trouvent raffermies par le fait que les enfants,

sauf dans quelques cas, confectionnent eux-mêmes leurs animaux jouets.

Ainsi ces jouets et les jeux pour lesquels ils sont utilisés peuvent se

concevoir comme un moyen efficace de communication en fonction du

maintien du système socioculturel.

Page 147: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

146

Les comportements et les objets et jouets utilisés dans ces jeux de

faire semblant font partie du système de communication visuelle de la

communauté où grandit l'enfant et par lequel un échange se réalise, à

travers des signes conventionnels, entre l'enfant et son environnement.

Les jeux ne se limitent nullement à une communication visuelle. D'autres

formes de communication non-verbale et verbale y sont d'une grande

importance. Ou selon l'expression de D.S. Clarke jr., il s'agit d'un

ensemble de signes significatifs utilisé pour communiquer entre les

membres d'une société (1987: 96).

Pourtant, voir les enfants comme figés dans une attitude passive en

face des modèles de la vie des adultes serait une erreur. Au contraire, ils

se les approprient, les adaptent et les changent suivant leurs besoins.

D'ailleurs, les sociétés dont les jeux et jouets ont été analysés, ne sont

point des entités statiques mais des sociétés qui ont évolué à une plus ou

moins grande allure durant le vingtième siècle. Déjà en 1915, F. Castells

mentionne l'influence grandissante des jouets européens sur les enfants

de Rabat. Et que dire de l'importation massive de certains jouets

fabriqués à Hong Kong, Taiwan ou en Chine, jouets à bas prix que l'on

voit de plus en plus entre les mains des enfants marocains, surtout en

ville. Selon le journal l'Economiste du 21 octobre 1993, ce sont

aujourd'hui les fabricants de jouets espagnols qui tentent une percée sur

le marché marocain (p. 4). Comme pour les ustensiles ménagers, où le

plastique à souvent remplacé les matériaux locaux, cela est aussi le cas

pour les animaux jouets du moins dans les ménages urbains (fig. 96).

96

Page 148: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

147

Il serait pourtant inopportun de concevoir la relation entre la tradition

et la modernité comme une contradiction. Il ne s'agit pas, à mon avis,

d'un choix déchirant pour les enfants mais plutôt d'un engrenage de l'une

dans l'autre, d'une infiltration en douceur de la tradition par la modernité

et parfois aussi d'une résurgence de la tradition dans la modernité. De

nos jours l'on peut voir que dans un groupe de jeu certains enfants

utilisent des animaux jouets traditionnels faits par eux-mêmes tandis que

d'autres manipulent des animaux jouets en plastique achetés au magasin.

L'introduction d'une nouvelle matière, en occurrence la plasticine, peut

stimuler la créativité. Ainsi un garçon marocain de huit ans, habitant la

petite ville de Midelt, a créé avec de la plasticine, que l'on peut parfois

acheter dans les épiceries, son propre dinosaure (fig. 97). Cela se passait

fin 1997. L'intérêt pour cet animal est probablement lié à la trouvaille

d'os de dinosaure non loin de Midelt, ce qui en a fait tout un temps un

thème majeur des conversations. La forme de ce dinosaure a certainement

été influencée par des images montrées à l'école ou à la télévision.

Qu'à côté du changement et de la modernisation il peut exister des

constantes au delà des siècles ou même des millénaires est prouvé entre

autres par un type très particulier de dromadaires et de chevaux avec les

deux pattes antérieures modelées en un seul tronc.

Ce remarquable exemple africain de continuité dans la conception et

l'élaboration d'un jouet, est démontré par la distribution dans l'espace et

dans le temps des animaux jouets en argile, particulièrement l'animal

jouet modelé avec les deux pattes antérieures réunies en une seule patte.

Dans la collection de jouets sahariens et nord-africains du Musée de

l'Homme j'ai trouvé des animaux jouets à trois pattes fabriqués dans les

années 1930 par les servantes des Maures de Oualata, une petite ville

dans le Sahara mauritanien. Ces dromadaires jouets, chevaux jouets et

autres animaux jouets en argile crue mesurent entre 5 et 9 cm de haut, 4

97

Page 149: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

148

et 9,5 cm de long (fig. 31 p. 79, 45-

46 p. 95). Jean Gabus (1958: 168)

montre un dessin de pareil

dromadaire jouet à trois pattes, un

dessin reproduit à la figure 98. Cet

auteur mentionne que les enfants

touaregs de Tombouctou et de

Goundam, deux villes situées le

long du fleuve Niger au Mali,

jouent avec des dromadaires jouets

et autres animaux jouets à trois

pattes (1958: 164).

Dans une publication sur une autre collection du Musée de l'Homme

concernant des objets archéologiques trouvés en 1904 en bordure du

fleuve Niger au Mali, j'ai trouvé le même genre d'animaux jouets

(Lebeuf et Pâques, 1970: 53-54). Ces animaux jouets en argile, ayant les

deux pattes antérieures réunies en un seul tronc, représentent un

dromadaire (fig. 99) et cinq moutons (fig. 100).

De plus, deux articles décrivant les fouilles de la ville la plus ancienne de

l'Afrique de l'Ouest, la vieille citée de Jenné-Jeno dans le delta intérieur

du fleuve Niger, montrent des animaux jouets, une fois de plus en argile,

qui datent d'environ deux mille années. Susan and Roderick McIntosh,

les archéologues en charge des fouilles, écrivent que des jouets modelés

avec de la boue du fleuve, des animaux jouets en miniature, se voient

couramment dans le Jenné moderne. Des morceaux d'argile brisés,

encore reconnaissable comme des vaches, moutons et un manaté du

fleuve Niger, trouvés dans l'ancienne Jenné étaient immédiatement

identifiés comme des jouets par les ouvriers, qui ont spécifié qu'un de

98

99 100

Page 150: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

149

ces jouets d'enfants en argile, âgés de deux mille ans et fabriqués en

grand nombre, était un taureau (fig. 101) (1982: 407, 410, 413).

En regardant de près un de ces animaux jouets (fig 102), jadis utilisés par

les enfants de l'ancienne Jenné et se trouvant avec d'autres animaux

jouets de la même fouille sur la couverture du Courrier de l'UNESCO de

mai 1984, je pensais que probablement il n'y avait qu'une patte

antérieure. Entre temps, une correspondance par e-mail avec Susan

Keech McIntosh, professeur d'anthropologie à la Rice University,

Houston, Texas, a confirmé le fait qu'il s'agit bel et bien d'un animal

jouet avec une patte antérieure. Dans son e-mail du 21 mars 1998 elle

écrit que parmi les jouets figurant sur la couverture du Courrier de

l'UNESCO les deux animaux jouets à droite dans la partie supérieure

n'ont qu'une patte antérieure.

Les animaux jouets à trois pattes trouvés le long du fleuve Niger au

Mali - ceux de Jenné-Jeno, ceux trouvés en 1904 ou faits par des enfants

touaregs dans les années 1950 - ensemble avec ceux des enfants des

Maures de Oualata au Sahara mauritanien, appartiennent à la même

tradition de création de jouets. Dans le e-mail mentionné ci-dessus,

Susan Keech McIntosh m'écrit qu'elle est tout à fait d'accord avec

l'observation que la continuité dans le sujet et le style à travers les siècles

est très frappante dans ces jouets en argile. En plus, j'ai l'impression

qu'un des animaux jouets en argile, modelé vers la

fin des années 1970 ou le début des années 1980 et

que deux garçons de l'actuelle Jenné montrent sur

une photo dans l'article de Susan and Roderich

McIntosh, a lui-aussi les deux pattes antérieures

réunies en une seule patte (1982: 410). Il s'agit d'un

dromadaire jouet qui est monté par un méhariste

(fig. 103).

101 102

103

Page 151: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

150

Comme les informations sur des jouets très anciens d'enfants africains

doivent être vraiment exceptionnelles, comme c'est le cas pour cet

exemple bien documenté de continuité dans la forme et dans la matière

d'un type d'animaux jouets, il est sans aucun doute profitable d'étudier les

animaux jouets en argile de Jenné-Jeno plus en détail. En 1995, Susan

Keech McIntosh à édité un livre Excavations at Jenné-Jeno,

Hambarketolo, and Kaniana (Inland Niger Delta, Mali), the 1981

Season. En analysant la liste des statues et figurines animales en argile

(p. 219-221) on remarque que la grande majorité des figurines animales

qui montrent des indications sur les pattes n'ont qu'une patte antérieure.

Des vingt-six animaux jouets, vingt-quatre ont trois pattes et deux ont

quatre pattes. Ces vingt-quatre animaux jouets à trois pattes de Jenné-

Jeno ont les numéros SF (small find) suivants comme mentionné dans la

liste des statues et figurines animales (Table 4.1) dans McIntosh, 1995:

219-221: 1474, 1552, 385, 507, 817, 23, 916, 917, 1039, 1092, 1024,

1194, 1331, 1401, 1435, 803, 801, 729A, 737, 1028A, 1165, 1204, 497,

236. Les deux autres figurines animales ont été identifiées comme des

fragments de vaches à quatre pattes : SF numéros 1477 et 1554. De ces

vingt-quatre figurines animales à trois pattes, treize ont été identifiées

comme des vaches, six comme probablement des vaches et une comme

probablement un mouton (fig.

104). Un dromadaire jouet à

trois pattes n'est cependant pas

mentionné, comme c'est pourtant

le cas parmi les autres animaux

jouets de ce genre trouvés en

1904 ou modelés entre les

années 1930 et les années 1950.

Pour vingt-trois figurines animales à trois pattes une datation précise

fut possible. La plus ancienne a été datée à environ 100 av. J.-C., quatre

autres entre cette date et 400 ap. J.-C., neuf entre 400 ap. J.-C. et 900 ap.

J.-C., trois vers 900 ap. J.-C. et six entre 900 ap. J.-C. et 1400 ap. J.-C.

Ainsi ces trouvailles archéologiques attestent à elles seules une

continuité dans la matière, la technique, la forme, le thème et la tradition

du jouet et du jeu pour au moins 1500 ans.

104

Page 152: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

151

Comme mentionné, j'ai trouvé quatre groupes d'animaux jouets en

argile à trois pattes, trois localisés le long du fleuve Niger au Mali et un

du Sahara mauritanien : les trouvailles archéologiques de Jenné-Jeno

(100 Av. J.-C. - 1400 ap. J.-C., McIntosh, 1995: 219-221, ill. 237-241,

plate 36, et McIntosh, 1982: 407-413), les trouvailles archéologiques de

1904 dans la région de Rhergo (non daté, Lebeuf et Pâques, 1970: 53-

54), les animaux jouets des enfants touaregs de Tombouctou et Goundam

(années cinquante, Gabus, 1958: 164) et les animaux jouets de Oualata

(années 1930 - années 1950, collection du Musée de l'Homme,

Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient, 38.48.79-83;

Gabus, 1958: 164, ill. 168).

Une analyse comparative de ces quatre groupes d'animaux jouets a

donné des informations intéressantes :

1. Pour autant que des mesures soient données, ces animaux jouets sont

des représentations miniaturisées, le plus souvent variant en hauteur

entre environ 4 et 9 cm et en longueur entre environ 4,5 et 10 cm.

Les mesures trouvées pour les différents groupes d'animaux en argile

à trois pattes sont :

les trouvailles archéologiques dans la région de Rhergo :

dromedaire H = 5,2 cm, L = 4,8 cm ;

les trouvailles archéologiques de Jenné-Jeno : pour les animaux

jouets trouvés assez complet pour donner une bonne idée de la

hauteur et longueur réelles, la hauteur varie entre 4,3 cm et 11 cm

et la longueur entre 4,6 cm et 11,5 cm, il y a deux figurines

complètes qui mesurent 4,3 cm de haut et 5 cm de longueur ou 5,1

cm de hauteur et 4,6 cm de longueur ;

les animaux jouets de Oualata : ceux de la collection du Musée de

l'Homme mesurent entre 5 cm et 9 cm de hauteur, 4 cm et 9,5 cm

de longueur ; la hauteur et longueur des dromadaires jouets de

Oualata montrés par Gabus (1958: 168) sont environ 13 cm ;

dans le cas des animaux jouets faits par les enfants touaregs de

Tombouctou et Goundam les mesures n'ont pas été indiquées.

2. Tandis que les animaux jouets à trois pattes de Oualata et des enfants

touaregs le long du fleuve Niger sont en argile crue, ceux trouvés en

1904 sur les bords de la même rivière sont en argile cuite, les

Page 153: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

152

animaux jouets en argile de Jenné-Jeno étant aussi bien en argile crue

qu'en argile cuite.

3. Les animaux jouets des enfants touaregs des années cinquante, ceux

trouvés en 1904 et plusieurs de ceux trouvés à Jenné-Jeno semblent

être monochrome, cela en opposition avec les animaux jouets très

coloriés de Oualata. Cependant, deux ou trois des animaux jouets de

Jenné-Jeno montrent quelques traces de peinture et le méhariste sur le

dos du dromadaire en argile trouvé en 1904 fut sans aucun doute

peint.

4. En regardant tous ces animaux jouets à trois pattes, j'ai été frappé par

deux aspects : d'un côté, l'élaboration plutôt grossière de l'ensemble

et, de l'autre côté, l'attention portée aux détails. Tous les examples de

la collection du Musée de l'Homme, ceux trouvés en 1904, ceux des

enfants touaregs et beaucoup de ceux de Jenné-Jeno ont été décrit

comme grossièrement modelés. Plusieurs animaux jouets de Oualata

ont le cou et la tête élongés, une description qui est aussi utilisée pour

plusieurs animaux jouets de Jenné-Jeno. Les animaux jouets de

Oualata de la collection du Musée de l'Homme et ceux montrés par

Gabus ont une queue élaborée, comme tous ceux trouvés en 1904 et

quelques-uns trouvés à Jenné-Jeno. D'autres détails se remarquent

dans les quatre groupes d'animaux jouets ou du moins dans trois

groupes, des détails comme l'indication des yeux, des oreilles et de la

selle. Mais seulement dans le cas des animaux jouets de Jenné-Jeno le

modelage de cornes ou d'un pis sont mentionnés.

5. Un dernier détail remarquable se trouve sur deux des animaux jouets

à trois pattes de Jenné-Jeno, sur un “fragment fired black clay cow

figurine; incised 'ladder' pattern on right side” (SF 758, 10e siècle) et

sur un autre fragment, reproduit à la figure 105, décrit comme

“fragment animal figurine, possibly horse; incised cross-hatching

over body” (SF 1537, 8e siècle) (McIntosh, 1995: 219-220).

105

Page 154: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

153

Quand on regarde les incisions sur l'animal jouet de Jenné-Jeno

montré à la figure 105 (p. 152), prend en compte la mention d'un

motif en échelle sur un autre, et compare cela avec les lignes en

zigzag sur le dromadaire jouet à trois jambes de Oualata (années

1950) montré à la figure 98 (p. 148), la ressemblance est vraiment

intrigante.

Bien que probablement peu de gens ont pensé trouver dans la partie

méridionale du Sahara une pareille tradition de jouets existant depuis

deux mille ans, et probablement bien plus longtemps encore, cette

continuité dans la forme des animaux jouets et dans la matière utilisée

pour les créer n'est nullement surprenante si l'on pense à la similarité

frappante entre certains jouets chinois, égyptiens, grecs ou indiens très

anciens et certains jouets modernes comme les poupées, les animaux

jouets, les osselets, les billes, les toupies, les disques ronflants, les cerf-

volants, les balançoires et les hochets... (Beaumont, 1994; Durand, 1992;

Eady, 1989-1990; Schofield, 1978).

Page 155: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

154

Page 156: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

155

4 Analyse sémiotique sociale

Ma connaissance de la sémiotique sociale est basée sur les publications

de Gunther Kress et Theo van Leeuwen (1995-1999) et sur une

communication personnelle avec Theo van Leeuwen. Selon ces deux

auteurs la sémiotique sociale est une manière de décrire et de

comprendre comment les gens produisent et communiquent des

significations dans des environnements sociaux spécifiques, des

environnements sociaux de petite taille comme la famille ou des

environnements sociaux dans lesquels la production de significations est

bien institutionnalisée et prescrite par des habitudes, des conventions et

des règles. La sémiotique sociale s'intéresse à la production de

significations dans la société (Kress and van Leeuwen, 1996: 264). Dans

ce contexte les jouets sont à voir comme des ressources sémiotiques

pouvant s'utiliser pour produire des significations, des significations

aussi bien d'ordre cognitif qu'affectif, mental que corporel (van Leeuwen

and Caldas-Coulthard, 1999: 1).

L'analyse socio-sémiotique des données sur l'animal dans les jeux et

jouets des enfants sahariens et nord-africains présentée dans ce chapitre

se réfère à l'aspect matériel, technique, cognitif et relationnel. Je tiens à

souligner que mon analyse sémiotique sociale se limite au niveau

descriptif sans essayer d’atteindre le niveau d’élaboration théorique.

Parlant de cela Theo van Leeuwen m’écrivait :

Tu utilise la terminologie sémiotique seulement par intermittence et

d‟une manière qui ne me pose aucun problème. Mais tu semble avoir

une hésitation pour généraliser et la sémiotique, naturellement, vise

une structure théorique générale avec laquelle il devient possible de

faire des interprétations (le morceau sur la représentation

schématique est un exemple d‟introduction d‟une certaine

généralisation).

Il y a deux raisons principales pour mon hésitation à généraliser,

premièrement, je n’ai pas été formé comme théoricien, deuxièmement,

j’ai rencontré plusieurs théories construites trop hâtivement ou basée sur

des informations unilatérales. Peut-être un jour, après avoir terminé

l’analyse de la documentation complète sur les jouets et les jeux de ces

Page 157: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

156

enfants, il me sera possible d’offrir une approche plus théorique. Ou bien

d’autres pourront le faire mieux que moi.

4.1 Aspect matériel

Dans l'analyse sémiotique d'objets culturels comme les jouets un aspect

fondamental est lié à la matérialité. Il est donc nullement étonnant que

l'aspect matériel des jouets fabriqués par les garçons et les filles me soit

venu à l'esprit en premier lieu.

Quatre thèmes sont analysés ici, celui des matériaux utilisés par les

enfants pour réaliser leurs animaux jouets, celui de la relation entre

l'utilisation d'un matériel spécifique et une signification

représentationelle particulière, celui de la couleur et celui de la non-

durabilité ou la durabilité des jouets.

Je commence la description des matériaux utilisés par les enfants

sahariens et nord-africains pour figurer des animaux par le corps de

l'enfant bien que traiter le corps comme un objet puisse sembler

discutable.

Il se dit que le corps de l'enfant est un de ses premiers jouets mais plus

tard ce corps peu encore servir pour des activités ludiques comme

l'imitation des animaux. Les données réfèrent à l'imitation du dromadaire

par les garçons ghrib, rarement les filles ghrib (fig. 1-4, p. 48-50), ainsi

que par les enfants maures (voir 1.1, p. 51). Des enfants ghrib, mozabites

ou marocains utilisent leur corps pour se transformer en cheval ou mulet

(voir 2.1, p. 87). Pour le sud de la Tunisie, un auteur a mentionné que les

filles et les garçons se déguisent en vaches durant la fête de l'°ashûra

(voir 3, p. 107).

Les 'jouets' les plus réalistes restent néanmoins les animaux eux-

mêmes, aussi bien les petits que les grands animaux, les animaux

domestiques que les animaux non-domestiques. Les animaux vivants

servant de jouets mentionnés dans ce livre sont l'âne, le mulet, le petit

dromadaire, le mouton, le dindon, le chat, le fennec, la tortue, l'escargot,

la gerboise (fig. 76, p. 121), la souris de sable, le lézard, la salamandre,

le scorpion et des insectes.

Dans certains cas la frontière entre jeu et occupation utilitaire est

difficile à tracer car le jeu se rapproche plutôt de la chasse, une chasse

Page 158: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

157

par des enfants ce qui n'exclut nullement l'aspect ludique (voir 5, p. 123-

125).

Pour réaliser des animaux jouets les enfants sahariens et nord-africains

utilisent une grande diversité de matériaux d'origine animale, minérale et

végétale ainsi que provenant de la récupération d'objets domestiques

usés. Le matériel d'origine minérale comprend différentes sortes de

pierres utilisées pour représenter le dromadaire (fig. 7-9, p. 54-56), le

mulet (fig. 54-55, p. 103-104), le chien (fig. 16, p. 62), du bétail (fig. 58,

p. 108). L'argile est un des matériaux souvent utilisée pour faire des

dromadaires (fig. 28 p. 77, 30-31 p. 78-79, 37-40 p. 82-83), des chevaux,

mulets et ânes (fig. 43-48 p. 93-97, 50 p. 98), du bétail (fig. 59-64 p.

108-110, 66-68 p. 112-113), des chiens (fig. 69, p. 115), des chats (fig.

75, p. 118), des serpents (fig. 84, p. 130), des scorpions (fig. 85, p. 130),

des fouettes-queues (fig. 86, p. 130). Bien que très rarement mentionnée,

la boue sert aussi à fabriquer des animaux jouets comme le dromadaire

ou le bœuf.

Certaines parties du corps animal sont utilisées par les enfants pour

figurer un animal. Il est surtout question de la mâchoire d'une chèvre ou

d'un mouton qui dans la main d'un enfant saharien devient un dromadaire

(fig. 11-15, p. 59-61). Dans la bouse sèche d'un dromadaire la forme le

dromadaire est parfois découpée (fig. 16, p.62), mais les crottes de

dromadaire peuvent aussi servir. Une fois, dans le Sahara tunisien, j'ai

observé l'utilisation d'un morceau d'intestin d'une chèvre pour

représenter le serpent (fig. 79, p. 127). Pour le jeu de berger des

coquillages d'escargots servent parfois comme petit bétail (voir 3, p.

114). La peau d'animal, traitée ou non-traitée, fut aussi utilisée pour faire

un animal mais plus souvent pour des accessoires.

C'est cependant le domaine végétal qui offre le plus de matériaux pour

créer un animal. Pour faire des dromadaires les enfants utilisent des

feuilles (fig. 18 p. 64, 22 p. 70), des fibres (fig. 23, p. 71), des morceaux

de bois (fig. 25, p. 73), des branchettes (fig. 19 p. 65, 21-22 p. 69-70),

des champignons (fig. 17, p. 64). Des chevaux ou des mulets sont faits

avec des feuilles (fig. 57, p. 105), des morceaux de bois (fig. 51-52, p.

99), des roseaux (fig. 53, p. 100), des courgettes (fig. 56, p. 105). Une

fois j'ai rencontré l'utilisation d'une plante fibreuse pour faire un cheval

(voir 2.4, p. 102). Il y a aussi les moutons en épis de maïs (voir 3, p. 108,

114), la gazelle et le scorpion en folioles (fig. 80-81, p. 128), ainsi que la

Page 159: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

158

gazelle (fig. 83, p. 129), la paire d'oiseaux (fig. 87, p. 131), la cigogne

(fig. 90, p. 131), le rat (fig. 88, p. 131), le lapin (fig. 89, p. 131), le singe

(fig. 92, p. 132) et le serpent (fig. 91, p. 132) en bois.

Les enfants sahariens et nord-africains excellent dans la réutilisation

de matériaux de rebus qu'ils trouvent sur place. Ainsi certains

dromadaires sont faits avec un vieux sac de beurre (fig. 6, p. 52), des

chiffons (fig. 19-22, p. 65-70), des fils électriques plastifiés (fig. 41, p.

84), ou de la tôle (fig. 42, p. 85). J'ai aussi trouvé dans la littérature

consultée un bœuf en tissu (fig. 65, p. 111) et le Musée de l'Homme

possède une antilope en tissu (fig. 82, p. 129).

L'utilisation de matériaux nouveaux comme les fils électriques

plastifiés montre comment des jouets peuvent se renouveler et s'adapter

au changement socio-économique en transmettant des significations

anciennes par un nouveau design.

Tous ces matériaux d'origine animale, minérale, végétale ou de

récupération sont souvent combinés pour créer des animaux jouets et

leurs accessoires. Finalement il faut signaler le remplacement des

animaux jouets fabriqués par les enfants eux-mêmes par des animaux en

plastique importés comme le chien (fig. 72, p. 117), le lapin (fig. 71, p.

116), le chat (voir 4, p. 117-119), le coq (fig. 93, p. 133) et la licorne

(fig. 95, p. 140).

Il n'y a aucun doute quant à l'importance de l'aspect matériel dans la

création des jouets ni pour l'analyse sémiotique des jouets. Pourtant il

reste difficile de donner une signification sémiotique aux choix des

enfants de l'un ou l'autre matériel lorsqu'ils font des jouets, excepté celui

de la conformité de leurs choix avec l'environnement écologique et

socioculturel dans lequel vivent ces enfants.

En analysant les raisons éventuelles du choix du matériel par les

enfants sahariens et nord-africains lorsqu'ils créent des animaux jouets,

le premier aspect qui m'est venu à l'esprit est celui de la forme. En

regardant la forme d'une mâchoire de chèvre ou de mouton il n'est pas

trop difficile de s'imaginer l'attrait de cet objet pour figurer un

dromadaire (fig. 11-15, p. 59-61). En plus la possibilité de tenir en main

ce 'dromadaire' par le bout allongé de la mâchoire, facilite l'imitation des

mouvements du dromadaire. Il y a aussi le creux en haut de la mâchoire

qui semble se prédisposer à l'emplacement d'une selle et d'un méhariste.

Un autre exemple est offert par les dromadaires en pierre, des pierres

Page 160: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

159

souvent choisies en raison de leur forme et qui serviront après une taille

éventuelle à représenter l'étalon, la chamelle, la chamelle pleine et le

chamelon (fig. 7, p. 54). La forme ovale des courgettes se prête bien à

figurer le corps et la tête d'un mulet (fig. 56, p. 105).

Un autre aspect qui peut être mis en avant est celui de la facilité de

manipulation du matériel choisi, comme dans le cas de l'argile, de la

boue, de la bouse, des feuilles, des fibres, des fils électriques plastifiés.

Parfois c'est la particularité de l'objet ou d'une partie de l'objet qui

suscite le choix de l'enfant, comme lorsqu'il prend un roseau avec une

plume bien développée pour représenter la crinière de son cheval. Le

choix d'une petite plume d'oiseau comme queue d'un cheval en argile

modelée par une servante maure supporte cette idée (fig. 46, p. 95). Un

garçon a spécialement choisit deux graines pour donner des yeux au

lapin qu'il a modelé en argile (fig. 70, p. 116).

Même s'il est parfois possible de lier le choix d'un matériel ou d'un

objet particulier à une signification représentionnelle spécifique comme

pour les quelques exemples donnés ci-dessus, cela sera beaucoup plus

difficile, sinon impossible, dans d'autres cas. Il serait donc intéressant de

questionner les enfants sur leur choix de matériel ou d'objets quand ils

créent des jouets mais souvent ils trouveront pareilles questions stupides

ou insensées. Leur réponse à la question “qu'est-ce que les enfants

diront-ils quand on leur demande pourquoi ils ont choisit tel ou tel

matériel” posée par Theo van Leeuwen (e-mail, 14 juin 1998) pourrait

bien être 'cela à toujours été ainsi', 'tout le monde le fait de cette

manière', 'c'est ainsi que je l'ai appris', ou 'c'est cela qu'on peut utiliser'.

Mais même pareilles réponses générales et évasives peuvent être

révélatrices.

Dans une analyse sémiotique la signification des couleurs est

importante mais comme les enfants sahariens et nord-africains utilisent

pour la fabrication de la plupart de leurs animaux jouets une grande

diversité de matériaux naturels et artificiels, et que le même animal jouet

est souvent fait avec plus qu'un matériel ces jouets montrent des couleurs

diverses. En plus les animaux jouets de ces régions n'ont le plus souvent

pas été peint. L'exception majeure à cette constante vient des animaux

jouets polychromes modelés en argile par les servantes maures de

Oualata, un petite ville dans le Sahara mauritanien (fig. 31 p. 79, 45-46

p. 95, 59-60 p. 108-109). Les figures 66 et 67 (p. 112) montrent que des

Page 161: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

160

animaux jouets en argile faits par des enfants maures du Sahara nord-

occidental étaient parfois peints, ainsi que certains de ceux créés par les

enfants de Mopti sur le fleuve Niger (voir 4, p. 113). L'habitude de

peindre des animaux jouets n'a rien de nouveau comme le prouve le

bélier collectionné avant 1889 (fig. 61, p. 109). Les animaux jouets faits

par des artisans du bois et dont j'ai trouvés trace furent eux aussi peint,

souvent en couleurs vives (fig. 25 p. 73, 83 p. 129, voir aussi la

description des couleurs irréalistes des animaux jouets des figures 88 à

92, p. 131-132).

Il ne m'a pas été possible de donner une signification sociale et

culturelle aux couleurs des animaux jouets décrits dans ce livre.

Néanmoins il a été dit que l'utilisation d'un beau morceau de tissu blanc

peut donner à un dromadaire jouet l'aspect d'une monture de chef touareg

(voir 1.5, p. 68). Il reste aussi à signaler que les animaux jouets en

plastique importés sont de couleur uniforme ou très peu variée (fig. 71-

72 p. 116-117, 93 p. 133, 95 p. 140).

Dans le chapitre "Toys, Play, Signs, Meanings and Communication"

de mon livre Toys, Play, Culture and Society. An Anthropological

Approach with Reference to North Africa and the Sahara, je parle des

aspects de la durabilité et de la non-durabilité des jouets des enfants

saharaniens et nord-africains (2005: 56). Comme cela est écrit en anglais

je reprendrai ici les mêmes arguments en français.

Il est clair que presque tous les jouets créés par les enfants sahariens et

nord-africains le sont avec du matériel non-durable ou peu durable. Mais

peut-on pour autant dire que cela est le fait du hasard ou bien n'est-il pas

plutôt ainsi qu'à la base de cette donnée se trouve la pratique de faire un

nouveau jouet chaque fois que l'enfant en a besoin pour son jeu? Il s'agit

certainement d'une pratique fondamentale car même si les jouets durent

un certain temps, il ne sont que rarement utilisés à nouveau pour un jeu

suivant. Au contraire, les jouets sont volontairement délaissés ou même

détruit, la fabrication d'un nouveau jouet faisant partie des plaisirs de

l'activité ludique.

Page 162: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

161

Theo van Leeuwen (e-mail, 14 juin 1998) m'a écrit :

L'accent que tu mets sur la non-durabilité est sémiotiquement très

intéressant. En dépit de notre tendance pour les objets fabriqués nous

avons gardé un certain intérêt pour le non-durable comme dans le cas

de notre appréciation du théâtre qui est une production sémiotique

non-durable. Mais certainement cet intérêt est beaucoup plus

prononcé dans des cultures où de nouvelles poupées sont faites pour

chaque jeu. Il y a un investissement culturel dans des caractéristiques

comme la non-durabilité, la dureté ou la douceur.

La non-durabilité des jouets faits par les enfants eux-mêmes contraste

avec la durabilité des jouets importés, le plus souvent des jouets en

plastique. Bien que je ne puisse pas en dire plus, l'utilisation de pareils

jouets durables doit exercer une influence sur les enfants habitués à faire

eux-mêmes leurs jouets. Ces jouets en plastique, achetés localement ou

amenés par des émigrés de retour au pays et par des touristes, se voient

attribuer un certain prestige basé sur leur rareté ou leur aspect financier

et ils sont encore utilisés même si par exemple les roues manques.

4.2 Aspect technique

L'analyse de la technicité impliquée dans la création de jouets est un

autre aspect important. Deux thèmes seront abordés, l'utilisation des

technologies manuelles et la réalisation du mouvement.

Les enfants sahariens et nord-africains se trouvent limités à ce que

Gunther Kress et Theo van Leeuwen appellent les technologies

manuelles, des technologies où les représentations sont dans tous leurs

aspects articulées par la main de l'homme aidée par des outils manuels

(1996: 233). Pour les enfants de ces régions ces outils sont le plus

souvent des objets qu'ils trouvent eux-mêmes, comme des pierres ou

autres objets lourds pour frapper, les dents ou autres objets tranchants

pour faire des trous, et non pas des outils d'adultes.

Un aspect technique à résoudre par les enfants est celui du mouvement

de leurs jouets, le mouvement de parties du jouet ou le mouvement du

jouet entier. Certains jouets sahariens et nord-africains ont des parties

Page 163: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

162

mobiles, par exemple les moulins à vent, les armes et les véhicules.

Cependant, je n'ai trouvé jusqu'à présent qu'un exemple d'un animal jouet

avec des pattes articulées, le mulet tirant une araire (fig. 52, p. 99) et

deux informations qui parlent de petites roues placées en-dessous d'un

animal jouet. Le premier animal à roues, un cheval, fut fabriqué par des

artisans du bois de Marrakech dans le premier quart du vingtième siècle.

Le deuxième animal à roues, un mulet en argile à roues, m'a été

mentionné en 1999 par un garçon marocain (voir 2.2 p. 98).

Le fait que je n'ai pas d'autres exemples à donner ne veut nullement

dire que les enfants en question manquent l'expérience technique, une

expérience technique qu'ils démontrent parfaitement en créant tout sorte

de véhicules. Une explication simple pourrait souligner qu'il n'y a point

de nécessité car les enfants assurent eux-même le mouvement de leurs

animaux jouets quand ils les prennent en main, mais aussi que ce n'est

que le jouet d'un instant. Une autre explication d'ordre idéologique peut

se trouver dans l'interdiction coranique de créer des êtres vivants

(Rosenthal, 1982: 616). Les animaux jouets avec des parties mobiles

ressembleraient dès lors plus à des animaux vivants que des animaux

jouets immobiles.

Le mouvement de l'animal rigide est sous le contrôle direct de l'enfant

qui le manipule. Il ne s'agit pas de mouvements naturalistes mais

conventionnels basés sur une simplification de la réalité et sur des

mouvements que les membres du groupe de jeu trouvent adéquat pour

simuler le déplacement. Ce qui est important est la signification des

mouvements, non pas leur réalisme.

L'inventivité technique dans la création d'animaux jouets et de leurs

accessoires est plutôt à chercher du côté de l'utilisation ingénieuse de

toute sorte de matériel. Selon toutes les données rassemblées, les

animaux jouets sahariens et nord-africains fabriqués par des adultes sont

rares mais c'est dans ce cas que l'aspect technique laisse voir une plus

grande habilité et des moyens qui ne sont pas disponible aux enfants.

Page 164: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

163

4.3 Aspects cognitifs et relationnels

Pour autant que des informations existent, il est clair que les enfants

sahariens et nord-africains utilisent leurs animaux jouets le plus souvent

dans un cadre de jeu figurant l'utilisation de l'animal par l'homme. Il est

question de garder les animaux, de les amener à l'abreuvoir et au

pâturage, d'organiser un campement ou une razzia, d'être un guerrier,

d'engager une course, de chasser, de piéger, de labourer et de transporter.

Parfois ces enfants construisent un espace de jeu dans lequel un

campement est élaboré ou bien un terrain de ferme et dans lequel des

animaux jouets comme le dromadaire, le cheval, le mulet et le petit bétail

évoluent.

La manipulation des animaux jouets et l'activité ludique dans laquelle

ils jouent un rôle comportent souvent un aspect linguistique. L'imitation

des cris d'animaux et l'exercice du vocabulaire lié à l'utilisation des

animaux ont non seulement leur importance pour le développement

cognitif de l'enfant mais ils font partie intégrante de la transmission des

significations propre à ces jeux et ces jouets.

Les jouets faits par les enfants sahariens et nord-africains sont presque

toujours des objets à trois dimensions. C'est parmi leurs animaux jouets

que j'ai trouvé les premiers exemples de ces jouets n'ayant que deux

dimensions. Il s'agit d'animaux en pierre (fig. 7-9 p. 54-56, 58 p. 108), en

bouse (fig. 16, p. 62), en tôle (fig. 42, p. 85) ou en folioles (fig. 18 p. 64,

57 p. 105, 81 p. 128).

Souvent certaines parties significatives du corps de l'animal sont

soulignées comme la bosse du dromadaire (fig. 7-9 p. 54-56, 16 p. 62,

18-19 p. 64-65, 21-22 p. 69-70, 38-39 p. 82-83, 42 p. 85) ou du bœuf

(fig. 59-60 p. 108-109, 62-64 p. 110, 68 p. 113). D'autres exemples sont

la crinière du cheval, les oreilles de l'âne (fig. 43 p. 93, 50 p. 98), la

queue du cheval (fig. 46, p. 95), la queue du chien (fig. 69, p. 115), les

cornes du bélier (fig. 61, p. 109). Les enfants chaamba distinguent parmi

leurs dromadaires en pierre à première vue assez uniforme, le

dromadaire étalon par une profonde encoche médiane à la base, la

femelle par une base épaisse représentant un ventre gravide et le

chamelon par une petite pierre (voir 1.2, p. 56-57).

Page 165: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

164

Bien qu'il soit régulièrement question d'un choix arbitraire, il me

semble quand même utile de faire la distinction entre les animaux jouets

de forme très simplifiée, de forme schématique ou de forme élaborée.

J'espère que les exemples donnés ci-après suffiront à démontrer la

différence entre ces trois catégories.

Pour le groupe d'animaux jouets de forme très simplifiée je ne peux

présenter que les dromadaires des figures 5 (p. 51), 7 (p. 54), 11 (p. 59),

13-15 (p. 61), le cheval de la figure 53 (p. 100), les mulets des figures

54-55 (p. 103-104) et les serpents des figures 78 et 79 (p. 126-127).

A côté des quelques animaux jouets très simplifiés, il a en a beaucoup

plus que je classerai dans le groupe des animaux jouets de forme

schématique, une forme schématique que je décrirais comme des

modèles simplifiés où manquent une ou plusieurs parties du corps de

l'animal et sans ou peu de traits marquant la tête. J'ai aussi mis dans cette

catégorie les animaux jouets avec deux ou trois pattes. Ces animaux

jouets sont les dromadaires des figures 6 (p. 52), 8-9 (p. 55-56), 16-19

(p. 62-65), 25 (p. 73), 28 (p. 77), 30-31 (p. 78-79), 38-42 (p. 82-85), 98-

99 (p. 148), 102-103 (p. 149) et 106 (p. 173); les chevaux, mulets et ânes

des figures 43 (p. 93) 45-46 (p. 95), 48 (p. 97), 50-52 (p. 98-99), 56-57

(p. 105), 105 (p. 153) et 106 (p. 173); les autres animaux domestiques

des figures 58-64 (p. 108-110), 66 (p. 112), 69 (p. 115), 100-102 (p. 148-

149); les animaux non-domestiques des figures 6 (p. 52), 76-77 (p. 121,

125), 85-92 (p. 130-132) et 101 (p. 149).

Les animaux jouets de la troisième catégorie ont une forme élaborée

souvent marquée par un sens du détail. Toutes les parties du corps de

l'animal sont représentée de même que la plupart des traits marquant la

tête. Cependant, cela ne veut nullement dire qu'il s'agit d'une copie

réaliste d'un animal. Dans cette catégorie j'ai classé les dromadaires des

figures 12 (p. 60), 21-23 (p. 69-71); les chevaux des figures 44 (p. 94) et

47 (p. 96); les autres animaux domestiques des figures 65 (p. 111), 67-68

(p. 112-113), 70 (p. 116) et 74 (p. 118); les animaux non-domestiques

des figures 82-83 (p. 129).

Page 166: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

165

Un aperçu des animaux jouets avec une forme simple, schématique ou

élaborée se trouve ci-dessous :

Formes de

l'animal

Droma-

daire

Cheval

Mulet

Animal

domestique

Animal non-

domestique

Total

Forme

simple

6

3

0

2

11

Forme

schématique

21

11

9

12

53

Forme

élaborée

4

2

5

2

13

Total

31

16

14

16

77

Chaque fois qu'un enfant crée un animal jouet il aura recherché une

forme spécifique qui pour lui figure l'animal voulu. Mais quelquefois il

est possible de trouver des exemples qui démontrent un effort particulier

pour y arriver. Ainsi il y a les dromadaires avec armature de branchettes

(fig. 21, p. 69) modelée de la manière suivante (Balout, 1959: planche

LXVIII; Bellin, 1963: 100) :

Deux rameaux verts, l'un formant les pattes - une avant, une arrière -

l'autre formant le cou et la tête, sont ligaturés pour leur donner la

courbure voulue. Les liens sont ôtés lorsque le bois est jugé sec, les

rameaux gardant leur courbure forcée. D'autres exemples se trouvent

parmi les animaux jouets faits avec des folioles de palmier ou modelés

en argile.

L'analyse des animaux jouets met en avant l'existence d'un certain

traditionalisme des enfants sahariens et nord-africains dans le choix du

matériel et dans le design. Cela ne devrait pourtant pas porter à conclure

qu'il y a un manque de créativité, une créativité que j'ai essayé de décrire

au chapitre Toys, Play and Creativity de mon livre Toys, Play, Culture

and Society. An Anthropological Approach with Reference to North

Africa and the Sahara (2005: 93).

Page 167: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

166

Suite à la description des formes d'animaux jouets donnée ci-dessus et

en me référant à la remarque de Theo van Leeuwen et Carmen Rosa

Caldas-Coulthard par rapport aux voitures jouets (1999: 7), il me reste à

voir comment définir les 'caractéristiques minimales' que chaque jouet

doit avoir pour qu'il soit reconnu comme la représentation d'un animal.

En passant de revue les données et les figures de ce livre, j'ai d'abord

ressenti une impasse car certains animaux jouets ont une forme si

simplifiée qu'il ne m'est pas possible de trouver les caractéristiques

minimales qui en font un animal jouet comme dans le cas du petit garçon

manipulant son dromadaire de bois à la figure 5 (p. 51), celui des mulets

en pierre des figures 54 et 55 (p. 103-104), ou encore les serpents en

corde ou en morceau d'intestin des figures 78 et 79 (p. 126-127). Ce n'est

que lorsque j'ai pensé à faire la distinction entre le point de vue de

l'enfant qui utilise un objet qu'il a choisit ou fait lui-même, le point de

vue des autres joueurs, et celui d'enfants et d'adultes qui ne participent

pas à l'activité ludique que j'ai pu avancer.

Dans le cas d'un joueur isolé, comme le garçon de trois ans qui a pris

un morceau de bois rectangulaire pour figurer un dromadaire (fig. 5, p.

51), il me semble que n'importe quel objet pourrait servir. Ce qui à mon

avis en fait un 'dromadaire' n'est que très vaguement lié à la forme du

morceau de bois mais doit tout à l'intention, j'oserai dire la 'vision', du

garçon et à la manière qu'il le manipule. Le même constat pourrait être

fait pour un roseau se transformant en cheval (fig. 53, p. 100) et à fortiori

dans le cas où un enfant utilise son corps pour se transformer en

dromadaire (fig. 1-4, p. 48-50).

Quand il s'agit d'un groupe de jeu il est indispensable que chaque

joueur retrouve dans un objet donné les caractéristiques minimales qui

selon ces joueurs en font un jouet, un animal jouet en l'occurrence.

Quand le groupe de jeu n'utilise que le corps des joueurs pour créer une

monture de dromadaire (fig. 2, p. 49), il me semble que c'est l'idée

représentationelle qui est à la base de cette transformation, non pas le

corps comme 'objet'. Mais même s'il est question d'objets choisis par un

groupe de jeu pour représenter un animal, la forme de ces objets ne suffit

pas toujours pour expliquer le choix. Je pense qu'il en est ainsi pour les

pierres rectangulaires servant de mules (fig. 54-55, p. 103-104) ou la

corde servant de serpent (fig. 78, p. 126). Dans le cas des mulets en

pierre, les pierres pris isolément ne figurent nullement des animaux, mais

Page 168: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

167

ces pierres le font de manière très adéquate une fois qu'elles sont mises

ensemble avec une charrette jouet ayant un design basé sur une

représentation réaliste d'une vraie charrette. Même en dehors du jeu cette

charrette jouet avec ces mulets de pierre sera vu par les membres du

groupe de jeu en question, mais aussi par d'autres enfants et par des

adultes, comme une charrette tirée par des bêtes de somme. Pour la corde

qui de par sa forme tubulaire, sa souplesse et sa longueur peuvent

aisément donner à des enfants l'idée de s'en servir comme serpent, il est

quand-même nécessaire que cette corde est manipulée dans une activité

ludique pour qu'elle se transforme en serpent. Une corde immobile n'est

pas un serpent, elle n'offre qu'une possibilité à devenir serpent et elle ne

le devient que lorsque le groupe de jeu en prend la décision. La même

chose pourrait se dire des petites pierres, des coquillages d'escargot et

des épis de maïs utilisés par des enfants pour représenter le petit bétail

dans leurs jeux de berger (voir 3, p. 108, 114).

Tout cela démontre que les animaux jouets créés par les enfants

sahariens et nord-africains sont, suivant la terminologie de Gunther

Kress et Theo van Leeuwen, des 'structures analytiques' et pas des

'structures naturalistes'. Ainsi se trouve confirmé ce que j'ai pu écrire à ce

sujet sur les poupées des filles sahariennes et nord-africaines (voir

Rossie, 2005, Toys, Play, Culture and Society. An Anthropological

Approach with Reference to North Africa and the Sahara p. 61-72, 76).

Bien que les aspects relationnels des activités de jeu et de création de

jouets des enfants sahariens et nord-africains ont une importance

majeure, il faut avouer que faute d'études très peu est connu à ce sujet et

que ce que j'en dit moi-même reste bien vague.

Les relations entre les membres d'un groupe de jeu sont marquées par

une grande intimité. C'est d'ailleurs ce qui est probable vu que les

membres d'un groupe de jeu sont des enfants de la même famille ou des

voisins, en tout cas des enfants faisant parti d'un groupe social

microcosmique et ayant des interactions quotidiennes.

La relation affective de l'enfant avec ces animaux jouets semble être

dirigée vers la représentation plutôt que vers le support. La réalisation

matérielle du modèle, le jouet, n'est qu'un moyen seulement valable si

longtemps que le jeu continu. On pourrait avancer que la fonction d'un

animal jouet est restreinte à l'activité ludique, que ce jouet ne s'anime

que lorsque le joueur le manipule et qu'il entre dans une série de

Page 169: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

168

relations mutuellement acceptée et représentée par les membres du

groupe de jeu. Lorsque le jeu s'arrête le jouet redevient un objet qu'on

délaisse ou jette. Une fois de plus il faut relativiser cette proposition

générale car un auteur mentionne pour les enfants touaregs Kel Ahaggar

que bien que la plupart des animaux jouets en pierre taillée sont

délaissées lors des déplacements, les exemplaires les plus réussis sont

emportés (voir 1.2, p. 58). Néanmoins, les animaux jouets des enfants ne

jouent nullement le rôle joué par les nounours des enfants européens ou

nord-américains.

Le plus souvent les enfants sahariens et nord-africains utilisent les

animaux jouets qu'ils ont fait pour mettre en scène des histoires en

rapport avec la chasse, l'élevage, la transhumance, la course,

l'agriculture, le transport, le commerce, la razzia, la guerre. Une

supposition déduite des données rassemblées, me porte à dire que ces

jeux et les animaux jouets qui y sont utilisés, démontrent un fort intérêt

pour la réalité familiale immédiate. La dimension historique tournée vers

le passé ou le futur n'a pas été révélée, une dimension historique typique

pour certains jouets artisanaux ou industriels.

De même je n'ai pas trouvé des jouets figurant des modèles fictifs.

Néanmoins, pareils modèles imaginaires s'infiltrent dans les jouets et les

pensées des enfants nord-africains par le biais d'animaux–jouets importés

comme le chien à chapeau et l'unicorne de la figure 95 (p. 140) ou

l'animal hybride à roulettes et la tortue à roulettes de la figure 96 (p.

146). Quand le garçon marocain de huit ans a créé son propre dinosaure

avec un peu de plasticine en 1997, il était sans aucun doute question

d'une approche imaginative (fig. 97, p. 147).

Je n'ai pas rencontré d'exemple, ni dans la bibliographie consultée ni

lors de mes propres recherches, d'adulte utilisant les animaux jouets des

enfants sahariens et nord-africains à des fins d'éducation informelle ou

formelle. C'est beaucoup plus par l'imitation active des adultes que les

enfants s'initient aux activités et responsabilités liées à l'utilisation des

animaux pour des besoins de subsistance et de transport.

Theo van Leeuwen et Carmen Rosa Caldas-Coulthard mettent en

avant comme un des trois aspects clefs de l'étude des ressources

sémiotiques, la description de la manière dont des ressources

sémiotiques sont utilisées dans des contextes spécifiques (1999: 1).

Page 170: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

169

Il ne fait aucun doute que les animaux jouets et les jeux qui s'y

référent décrits dans ce livre, appartiennent à des environnements

spécifiques situés en grande partie dans un habitat désertique ou rural,

rarement dans un cadre citadin. Les conditions de vie passées et actuelles

dans le désert ou à la campagne ont influencé aussi bien le choix des

matériaux et des techniques que la conception et la réalisation de ces

jouets.

Un exemple assez bien documenté de la relation entre une vie nomade

en voie de sédentarisation et des jouets d'enfants se trouve parmi les

animaux jouets créés par des enfants ghrib, des animaux jouets

démontrant à travers les dromadaires l'attachement à la transhumance et

à la vie dans le désert (fig. 13-16, p. 61-62) mais à travers les mulets à

charrette le changement vers une vie sédentaire d'agriculteurs dans une

oasis (fig. 54-55, p. 103-104).

Les populations vivant dans le désert ou à la campagne ne sont

certainement pas des entités statiques et des significations nouvelles

peuvent donc s'attacher à des jouets anciens. Comme preuve je peux

avancer la recontextualization ou réinterprétation des animaux jouets en

foliole de palmier qui dans la première moitié du vingtième siècle

servaient aux jeux des garçons du Pré-Sahara marocain, mais qui dans

les années 1990 sont devenus des objets touristiques fabriqués par les

garçons des mêmes régions pour être vendus à des touristes de passage

(fig. 18 p. 64, 57 p. 105, 80-81 p. 128).

Suite à l'importation en Afrique du Nord et au Sahara de jouets

industriels provenant de l'Asie du Sud-est et de l'Europe une

réinterprétation des jouets créés localement s'impose aux enfants. Il faut

souligner que l'influence de ces jouets industriels ne date pas

d'aujourd'hui car F. Castells écrit déjà en 1915 qu'à Rabat le “vieux

représentant de la tradition offre, sans beaucoup de succès... des jouets

traditionnels, concurrencés comme il est par les vendeurs de jouets

importés d'Europe. Ces jouets européens sont des fusils, pelotes,

poupées, tambours, clairons etc.” (p. 342). Néanmoins, il est certain que

hors des villes les jouets industriels restent plus ou moins rares.

Là où le jouet industriel remplace le jouet fait par l'enfant un

changement fondamental s'opère. Ainsi la création personnelle est

remplacée par un apport extérieur créant une dépendance au jouet acheté

et à celui qui l'achète, c'est-à-dire l'adulte, et provoquant une

Page 171: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

170

dévalorisation du jouet créé par soi-même. Il doit en résulter aussi un

changement dans l'attitude de l'enfant envers les matériaux, les matériaux

artificiels détrônant les matériaux d'origine animale, minérale et

végétale. Ce phénomène est particulièrement visible en ville où les

lapins, les chiens et autres animaux en plastique se retrouvent plus qu'à

la campagne (fig. 71-72 p. 116-117, 95 p. 140, 96 p. 146).

L'influence du monde industriel ne se limite pas à l'importation de

jouets. Indirectement les jouets fabriqués par les enfants sahariens et

nord-africains changent aussi à cause de l'utilisation grandissante d'objets

usés provenant de la production industrielle, comme les boîtes de

conserves et de carton, les fils de fer, les bouchons et les récipients en

plastique, les pièces détachées de voitures. Une autre influence

fondamentale qui s'exerce sur les jouets faits par les enfants et sur les

activités ludiques dans lesquelles ils sont utilisés vient des médias de

masse, spécialement la télévision, ainsi que du système scolaire

occidental. Ces puissants facteurs de changement introduisent de

nouveaux modèles de jeux et de jouets.

Pourtant, l'utilisation de matériel importé comme les fils électriques

plastifiés pour créer un dromadaire démontre que l'inverse se produit

aussi et que le matériel d'origine industrielle peut se plier à l'élaboration

d'un concept et d'un modèle ancestral (fig. 41, p. 84).

Page 172: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

171

5 Perspectives

Les données sur les jeux et jouets se référant au monde animal et aux

rapports entre l'homme et l'animal, analysées dans ce livre, font

apparaître une assez grande richesse d'activités ludiques des enfants

sahariens et nord-africains, même si l'insuffisance des données ne permet

pas de faire tout à fait droit à ce patrimoine.

Bien que l'idée semble prévaloir que les enfants de ces régions n'ont

que peu ou très peu de jouets, je crois que le lecteur a pu constater que

les données contredisent ou du moins rendent relatif cette affirmation.

Naturellement, il ne faudrait pas prendre comme critère le nombre de

jouets que les enfants reçoivent dans la plupart des familles vivant dans

des sociétés de consommation.

Après ce constat, il faut quand même attirer l'attention sur quelques

limites ou problèmes auxquels l'analyse des données sur l'animal dans les

jeux et jouets sahariens et nord-africains s'est heurtée.

Il y a d'abord le problème des sources bibliographiques et

muséographiques. Les auteurs et les collectionneurs n'ont pas toujours

procédé avec le même esprit scientifique. Parfois il y a manque de

précision sur le plan ethnique ou géographique lorsque les informations

sont attribuées à telle population ou à telle région. Une autre restriction

fort regrettable est que trop souvent les animaux jouets sont décrits

comme des objets et non pas comme des instruments de jeu. Ainsi

l'activité ludique n'est pas analysée avec le même soin que l'est l'animal

jouet lui-même. Enfin il y a ici et là imprécision terminologique quant

aux termes et expressions utilisés pour les animaux jouets et les jeux

dans lesquels ils sont employés.

En tenant compte de ces limites, ce que j'ai voulu faire en assemblant

de manière systématique et critique toutes les données à ma disposition,

c'est d'élaborer une analyse de base qui pourra stimuler et servir de

fondement, d'une part, à des recherches sur le terrain afin de relever la

spécificité d'un jeu ou jouet local et, d'autre part, à mettre cette culture

ludique saharienne et nord-africaine en relation avec les jeux et jouets

s'inspirant du monde animal d'autres aires socioculturelles ainsi que dans

une perspective mondiale. Car si certains aspects des animaux jouets et

certains comportements dans les jeux sont certainement particuliers à

une aire socioculturelle, voire à une communauté, une famille ou même

Page 173: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

172

un enfant, d'autres rôles et comportements semblent bel et bien

universels.

Donc il reste beaucoup plus à faire que j'ai pu réaliser ici, même si j'ai

essayé dans mon livre Toys, Play, Culture and Society. An

Anthropological Approach with Reference to North Africa and the

Sahara (2005) à intégrer des informations sur les jeux et jouets des

enfants sahariens et nord-africains dans le débat plus général et les

préoccupations théoriques sur les jeux et jouets.

Dans Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées

d'Enfants et Jeux de Poupées au chapitre 'Utiliser la culture ludique

nord-africaine et saharienne' (2005: 233-260), j'ai exposé plus en détail

les possibilités pour une utilisation pratique de cette culture ludique. Je

renvoie donc le lecteur intéressé à ces pages.

Je voudrais attirer l'attention du lecteur sur le site Internet de

l'UNICEF Teachers Talking about Learning, (www.unicef.org/teachers,

consulté en décembre 2004), un site créé pour échanger des idées, des

opinions et des recherches sur l'enseignement et l'apprentissage

spécialement entre les enseignants eux-mêmes. Dans la section 'Learning

games from around the world, basée sur le Vietnamese Multigrade

Teacher's Handbook, il est écrit que les enfants adorent jouer. S'ils en

ont l'occasion ils créent des règles pour des nouveaux jeux, utilisant des

ballons, des bouchons et tout ce qu'ils trouvent comme matières

premières. Des jeux impliquant le jeu de rôle, la résolution de problèmes

simulés ou l'utilisation de compétences et connaissances spécifiques. Les

jeux peuvent être structurés pour qu'ils mènent à un apprentissage actif.

Un apprentissage qui développera la communication, l'analyse, la prise

de décision et autres aptitudes cognitives (www.unicef.org/teachers, voir

la section 'Explore Ideas', puis la section 'Games from around the

World'). Dans une section suivante 'Journal activity: Games for learning'

les enseignants sont stimulés à créer des situations pédagogiques basées

sur les jeux des enfants.

Flemming Mouritsen of the Danish Odense University souligne dans

son 'working paper' Child Culture - Play Culture, qui était disponible sur

Internet en août 2001, l'importance de la recherche sur les jeux et les

jouets des enfants. Ce professeur du 'Department of Contemporary

Cultural Studies' de l'Université de Odense écrit qu'il est nécessaire de

changer la perspective du point de vue de l'adulte vers une perspective

Page 174: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

173

du point de vue de l'enfant car la pédagogie a été basée, aussi bien en

théorie qu'en pratique, sur ce que les enfants doivent devenir au lieu de

s'intéresser à ce que sont réellement les enfants et leurs vies. Une

observation et une analyse culturelle et sociale du vécu ludique, des jeux

et des jouets des enfants avec le moins de présuppositions adultes

possible peuvent certainement contribuer à développer le point de vue

des enfants.

Finalement, je peux mentionner une utilisation réellement

pragmatique d'un jouet comme je l'ai vue à la place Jemaa El Fna de

Marrakech en octobre 1993. Pour gagner sa vie, un homme d'environ

soixante ans, né dans la région de Ben Slimane à 58 km de Casablanca,

vendait depuis quelques mois aux touristes des chevaux et des

dromadaires en folioles de palmier (fig. 106, dromadaire, H = 15,5 cm,

LO = 20 cm; cheval, H = 12 cm, LO = 14,5 cm). Avant de venir vendre

ces animaux jouets à Marrakech, il les vendait déjà depuis environ huit

ans aux touristes visitant la région de Casablanca.

Suite à notre conversation, cet homme a confectionné devant moi ces

animaux jouets qui ne sont autre que des jouets de son enfance (fig. 107,

p. 174). Il m'a précisé qu'il confectionnait ces animaux jouets depuis son

jeune âge mais qu'il ne les utilisait pas pour des jeux de faire semblant.

Selon lui, les autres enfants de son entourage ne faisaient pas d'animaux

jouets de ce genre. La manière de procéder utilisé par cet homme est

106

Page 175: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

174

différente de celle employée par les enfants du Pré-Sahara marocain pour

confectionner leurs animaux jouets en folioles de palmier (fig. 18 p. 64,

57 p. 105, 80-81 p. 128).

107

Page 176: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

175

Catalogue des Animaux-Jouets

Sahariens et Nord-Africains

du Musée de l'Homme

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176

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177

1 Introduction

Sans l'existence du fichier des animaux-jouets sahariens et nord-africains

de la collection du Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient

du Musée de l'Homme, l'étude de cette collection aurait été impossible.

La grande majorité des renseignements mentionnés dans ce catalogue a

dès lors été puisée dans ce fichier.

Les jouets dont la provenance est mentionnée dans la liste des objets

déposés au Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient mais

pour lesquels une fiche signalétique n'a pas été rédigée sont décrits par

l'auteur qui a aussi complété les renseignements du fichier si nécessaire.

Les jouets décrits dans ce catalogue sont, à l'intérieur de chaque

section, classés suivant la population dont ils proviennent.

En ce qui concerne l'animal jouet lui-même, d'abord l'origine est

indiquée - provenance géographique, provenance ethnique,

collectionneur et/ou donateur - suivie par la description et si possible le

constructeur du jouet.

Après ces données ont été mentionnés des renseignements sur les

joueurs et sur d'éventuels dessins ou photos retrouvés dans la

bibliographie. S'il existe dans le Service de la Photothèque du Musée de

l'Homme des photos d'animaux jouets non reproduites dans ce livre, cela

est indiqué.

Les mesures sont mentionnées en centimètres : B = base, H = hauteur,

LO = longueur, LA = largeur, E = épaisseur, D = diamètre, + =

maximum, - = minimum.

Les deux premiers chiffres du numéro d'objet indiquent l'année de

l'entrée de ce jouet dans la collection du Département d'Afrique Blanche

et du Proche Orient du Musée de l'Homme.

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179

2 Les dromadaires

2.1 Les dromadaires en pierre taillée

Touaregs Kel Ahaggar : 65.2.20/21

Origine : Ahaggar, Sahara, Algérie. Recueilli au pied du col de l'Asekrem

(20) et près des gueltas d'Imlaoulaouène (21). Touaregs Kel Ahaggar,

nomades.

Mission G. de Beauchêne, décembre 1964.

Description : ces deux dromadaires-jouets ont été taillés grossièrement

dans une plaque de schiste. Une protubérance centrale peu accusée

représente la bosse du dromadaire n° 20, tandis qu'une protubérance très

accusée représente celle du n° 21.

20 : B = 6; H = 9. 21 : B = 6; H = 8,5.

Touaregs Kel Ajjer : 62.128.1-21 (sauf 8) (fig. 8-9 - 62.128.3/4, p. 55-56)

Origine : Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Ajjer, nomades.

Touaregs Idjeradjirouen : les n° 1, 6, 9, 13, 15 ont été trouvés à l'Oued

Djerat, le n° 7 à Ouan Arab et le n° 11 à Titerast n'Elias; tous sur

l'emplacement d'un ancien campement.

Touaregs Kel Medak : les n° 7, 16-18, 20 furent trouvés à Ouan Arab sur

l'emplacement d'un ancien campement, terrain de parcours des Touaregs

Kel Medak; les n° 19, 21 à Titerast n'Elias.

Mission Henri Lhote, 1959.

Description : la pierre utilisée est une plaque de schiste ocreux (1, 2, 4, 6,

9), une plaque de schiste ardoisier (18) ou une plaque de grès (7, 10-17,

19-21). Une protubérance centrale représente la bosse, avec une avancée

antérieure schématisant le cou. La base rectiligne, avec évidement

central, figure les membres antérieurs et postérieurs lorsque l'animal s'est

accroupi.

Page 181: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

180

B+ = 20 (4: H = 27,2; E = 0,4). B- = 5,4 (9: H = 3,1; E = 0,4). H+ = 27,2

(4). H- = 3,1 (9). E+ = 2,1 (16: H = 11,8; B = 14,7). E- = 0,3 (6: H = 3,6;

B = 5,8). 62.128.4: B = 20, H = 27,2, E = 0,4.

Constructeurs : les n° 2 et 4 ont été taillés par un garçon, pour les autres

numéros le sexe de l'enfant qui a fait le travail de taille n'est pas

mentionné.

Remarques : Henri Lhote a aussi fait don à la collection d'une autre série

de dromadaires en pierre taillée (56.27.1-7) faits dans des bifaces

paléolithiques, pièces archéologiques de gisements de surface ou

plaquettes naturelles. De ces jouets sahariens manquent les références

géographiques et ethniques.

B+ = 12,1 (2: H = 9,2; E = 1,2). B- = 6,2 (7: H = 5,4; E = 1,3). H+ = 9,2

(2). H- = 5,4 (7). E+ = 1,9 (3: B = 10,7; H = 7). E- = 1,2 (2).

Photothèque du Musée de l'Homme : photo du n° 56.27.1.

Touaregs Kel Aïr : 71.39.5.1-40

(fig. 7 - 71.39.5.2/3/5/6/8/27/29/36, p. 54)

Origine : Oued Mammamet, Aïr, Niger. Recueilli dans le lit de l'Oued

Mammamet près des stations de gravures rupestres du même oued, dans

lequel il y a de nombreux dromadaires (plus de 250) représentés.

Touaregs Kel Aïr, nomades.

Mission Henri Lhote, avril 1971.

Description : ces pièces furent taillés dans des plaques de grès de teinte et

de taille variées ou d'autres matériaux lithiques trouvés sur place. Une

série de percussions à la diagonale du triangle indique généralement un

mâle, la gravidité des femelles se marquant par un bord sans retouches.

La stylisation triangulaire très poussée ne laisse apparente que la bosse.

B+ = 9,5 (1: H = 9; E = 2,2). B- = 2,7 (40: H = 1,7; E = 0,3). H+ 9 (1). H-

= 1,7 (40). E+ = 2,2 (1). E- = 0,25 (35: B = 4; H = 3).

Page 182: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

181

Figures de dromadaires en pierre taillée dans la bibliographie : Lhote,

1952, croquis de quatre dromadaires-jouets d'enfants touaregs, dont deux

étalons, une chamelle pleine et un chamelon. Denis, 1952: photos de

deux séries de dromadaires en pierre taillée des Touaregs Kel Ahaggar

(p. 26), d'un garçon pendant la taille de ces jouets (p. 26) et d'un autre

garçon jouant avec son troupeau de dromadaires en pierre taillée à

l'abreuvoir imaginaire (p. 35).

2.2 Les dromadaires de mandibule

Touaregs Kel Ahaggar : 41.19.101/109-115/137 (fig. 10 - armatures de

selles : 41.19.112/115/137, fig. 11 - 41.19.113, p. 58-59)

Origine : Idèles, Ahaggar, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Rela (109-115),

Touaregs Kel Azi (101), nomades.

Mission Henri Lhote, 28 septembre 1938 et les jours suivants.

Description de quelques jouets :

41.19.110 : dromadaire de mandibule de chèvre, méhariste en armature

de roseau, tissu bleu indigo comme vêtement, baudrier en fils de coton

blancs; la selle est figurée par des tiges de mrokba entourées de coton

mercerisé, et une étoffe bariolée, ficelée, représente la couverture que les

Touaregs accrochent généralement sur la croupe de leur dromadaire. H =

27.

41.19.112/113 : dromadaire de mandibule de chèvre, selle en tiges de

mrokba couvertes de coton mercerisé; des morceaux de peau brodée

figurant les sacs de selle. Méhariste en armature de tiges de mrokba, tissu

blanc et bleu indigo comme vêtements, baudrier et ceinture en fils de

coton mercerisé multicolore; ces fils entourent aussi le cou et la tête. H =

28 et 29.

41.19.115 : dromadaire de mandibule de chèvre, selle en tiges entourées

de fils rouges, bleus et blancs. Méhariste en armature de bois de tamarix,

tissu bleu indigo comme vêtement, baudrier en fils de coton blancs, verts

et rouges; la tête est enveloppée des mêmes fils figurant la coiffure

typique des hommes. Le cou est entouré de fils blancs, verts et jaunes. H

= 27.

Page 183: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

182

41.19.137 : dromadaire de mandibule de mouton, la selle - entourée

d'étoffe indigo - et le méhariste ont une armature en tiges. Le méhariste,

aux jambes entourées d'étoffe indigo, porte comme vêtements cinq

gandouras de couleur kaki, multicolore, blanche, indigo et rouge. Son

baudrier est en fils de laine bleue et verte et en fils de coton blanc et

rouge. La tête est entourée de fils de laine bleue et jaune et de fils de

coton blanc et rouge. H = 28.

Constructeurs : garçons et filles, ces jouets ont été faits par un garçon Kel

Azi de onze ans (101), un garçon Kel Rela de douze ans (112/113), un

autre garçon (137) et par une fille Kel Rela de douze ans (110/115).

Touaregs Kel Ajjer : 37.21.28, 34.52.42 (fig. 12 - 34.52.42, p. 60)

Origine : Ghât, Sahara, Libye (37.21.28); Djanet, Ajjer, Sahara, Algérie

(34.52.42). Touaregs Kel Djanet, nomades.

Acheté par René Pottier le 14 décembre 1934 à un jeune garçon d'environ

dix ans (37.21.28) ou recueilli par le capitaine Duprez avant 1935

(34.52.42).

Description : le dromadaire 37.21.28 est une mandibule de mouton; pour

le méhariste ont été utilisées quatre brindilles, deux pour le corps et deux,

ligaturées en forme de croix, pour les bras. Ces brindilles sont

enveloppées de chiffons faisant figure de vêtements. H = 27,5. Ce jouet

n'a pas été retrouvé dans la collection du Musée de l'Homme, mais une

photo figure dans le fichier, ainsi que dans 'La Vie du Sahara'.

La description du dromadaire 34.52.42 est donnée dans la première partie

(1.3. Les dromadaires de mandibule, fig. 12, p. 60).

Figures dans la bibliographie : La planche 28 du catalogue La vie du

Sahara montre une poupée-méhariste touarègue et sa monture faite d'une

mandibule de chèvre. La planche 4 du même livre présente une belle

photo d'un dromadaire sellé dont ces jouets donnent une représentation

fidèle.

Photothèque du Musée de l'Homme : photo du n° 37.21.28.

Page 184: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

183

2.3 Les dromadaires avec armature en matière végétale

Touaregs : X.61.2.1 (fig. 21, p. 69)

Ce dromadaire aux pattes liées, d'origine nord-africaine non spécifiée, est

construit de la même manière que le dromadaire précédent, sauf qu'il est

entièrement recouvert d'étoffe kaki. Sous la selle pour homme, à

pommeau en forme de croix particulière aux Touaregs, se trouve le

coussin de selle. A la selle est accrochée une imitation du sac de selle.

Touaregs Kel Ahaggar : 41.19.124 (fig. 19, p. 65)

Origine : In Amedgel, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Rela, nomades.

Mission Henri Lhote, 3 octobre 1938.

Description : l'armature du dromadaire est en branchettes de tamarix

entourées d'étoffe bleue sauf les pattes antérieures qui sont entourées

d'étoffe couleur kaki. La lisière et les franges ornant l'animal sont en

lanières de cuir brun. L'armature en branchettes de la selle est entourée

d'étoffe kaki. Le harnachement féminin est complété par un sac de selle

en cuir. Un autre sac de selle en miniature fait par la même fille est en

toile bleue et blanche, avec des floches de laine violette, et représente les

sacs en peau que les femmes fixent à la selle de leur dromadaire

lorsqu'elles se déplacent (41.19.116).

Constructeur : une fille Kel Rela de douze ans.

Touaregs Kel Aïr : 69.108.1, 36.44.89, 74.107.6/7

69.108.1 (fig. 22, p. 70)

Origine : Alarsès, région d'Agadez, Sahara, Niger. Touaregs Kel Aïr,

nomades. Reçu par Mr. J. Decallas du constructeur du jouet en 1960.

Description : voir première partie (1.5 Les dromadaires avec armature en

matière végétale, fig. 22, p. 70).

Page 185: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

184

36.44.89

Origine : Aïr, Sahara, Niger. Touaregs Kel Aïr, nomades. Mission Henri

Lhote, 1934-1935.

Description : le corps du dromadaire est fait d'un morceau d'étoffe kaki

bourré de vieux chiffons. On y a introduit quatre branchettes servant de

pattes. Le cou et la tête, en feuilles torsadées enveloppées d'étoffe kaki,

ont été cousus au corps. Une petite selle en bois, à pommeau en forme de

croix, recouverte de peau ornée de traits noirs est fixée en avant de la

bosse. H = 32. LO = 18.

74.107.6/7

Origine : Talat, Aïr, Sahara, Niger. Touaregs Kel Owey et Touaregs Kel

Timili, nomades.

Recueilli par A. Bourgeot en mars 1974.

Description :

74.107.6 (fig. 23, p. 71) : le dromadaire est fait de quatre brindilles de

bois pour les pattes, fixées dans un coussin de chiffons servant de tronc.

Le cou et la tête sont en fibres de palmier torsadées. La selle en bois

pyrogravé fut ornée de floches en cuir et en laine rouge. Le méhariste a

un corps en fibres de palmier torsadées recouvert d'un vêtement en étoffe

blanche. Il a une coiffure noire avec floches de laine rouge et verte

maintenues par une épingle double.

74.107.7 : le dromadaire a le tronc en chiffons, les pattes en brindilles de

bois, la tête et le cou en fibres de palmier torsadées. Excepté les pattes, le

dromadaire est enveloppé d'un tissu noir. On a découpé la selle dans un

morceau de fer blanc et des deux côtés pendent un sac de selle en cuir et

de longues floches de laine rouge. Le méhariste en corps de fibres de

palmier torsadées porte un vêtement de dessus noir. H = 32. LO = 17.

Page 186: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

185

Touaregs Ioullemeden : 41.19.1364 (fig. 24, p. 72)

Origine : Gao, Sahara, Mali. Touaregs Ioullemeden, nomades.

Mission Henri Lhote, 10 mars 1939.

Description : voir première partie (1.5 Les dromadaires avec armature en

matière végétale, fig. 24, p. 72).

Figures dans la bibliographie : Balout, 1959: photo d'un dromadaire à

branchettes avec quatre pattes (planche LXVIII); une selle de femme-

jouet, non enveloppée d'étoffe, fabriquée par une fille touarègue Kel Rela

se trouve dans le même album (planche LXXI). Ces deux jouets viennent

des Touaregs Kel Ahaggar. Gabus, 1958: le modèle réel d'un sac à effets

avec un col au sommet des Touaregs Icherifen de la région de Gao (208).

Belbala : 54.74.38 (fig. 17, p. 64)

Origine : Tabelbala, Sahara nord-occidental, Algérie. Belbala,

sédentaires.

Recueilli par Dominique Champault en 1954.

Description : le corps du dromadaire est fait dans un champignon. Quatre

bâtonnets tiennent lieu de pattes. L'exemplaire de la collection a deux

pattes brisées.

Maroc : 70.87.4

Origine : Zaghora, Pré-Sahara, Maroc. Sédentaires.

Don de T. de Bollardière, avant 1971.

Description : ce dromadaire fut tressé avec trois folioles de palmier. La

partie figurant le cou et la tête de l'animal présente un tressage plus serré

que le reste du corps. Une foliole divisée en deux prolonge verticalement

la bosse sur 24 cm. H = 12 (l'animal). LO = 13.

Constructeur : un garçon d'une dizaine d'années.

Page 187: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

186

2.4 Les dromadaires en bois

Maures : 38.156.33, 38.180.77, 38.48.39/43/44, 38.48.45

38.156.33 (fig. 25, p. 73)

Origine : Assa, Sahara nord-occidental, Maroc. Maures, nomades et

sédentaires.

Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains en

1938, achat pour l'exposition temporaire du Sahara maure de 1939.

Description : le dromadaire est formé de plusieurs pièces de bois clouées

ensemble. Le corps, peint en rouge et orange repose sur quatre pattes

dont les faces externes sont peintes en orange. Le cou et la tête sont de

couleur orange. La queue fut découpée en peau de mouton à poil noir. Un

tapis de selle en cotonnade, couture en fil noir et bords peint en orange,

supporte la selle en bois recouvert de cuir rouge et rehaut noir. Cette selle

a un pommeau en forme de croix. Une lanière de cuir sert de sous-

ventrière. La corde de queue et la bride de nez sont en fine cordelière de

cuir rouge. Pattes : H = 16; LA = 2,5. Cou et tête : LO = 17. Corps : H =

8; LO = 28. Bosse : H = 6. Dromadaire : H = 28. Selle : H = 21,5. H

totale = 39. LO totale = 45.

Constructeur : un artisan d'Assa.

38.180.77 (fig. 26, p. 74)

Origine : Sahara nord-occidental, frontière algéro-marocaine. Maures,

nomades et sédentaires.

Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains en

1938.

Description : le bât est formé de baguettes de bois peinte en rouge,

assemblées au moyen de cordonnets de poils. La litière se compose d'un

morceau de peau de chèvre noire tendu sur un cadre rectangulaire en

bois. Le baldaquin est recouvert d'une cotonnade blanche. Sous le

baldaquin se trouvent deux poupées. Le corps des poupées est formé par

Page 188: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

187

un os barbouillé de rouge à l'endroit du visage. Les cheveux sont nattés

en crin. Ces poupées portent des robes de cotonnade blanche et bleue

indigo et une parure en perles et chaînettes.

38.48.39 (fig. 27, p. 75)

Origine : Tidjikdja, Cercle du Tagant, Sahara, Mauritanie. Maures

Idéïchilli, nomades et sédentaires.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Description : cette selle de femme en miniature se compose de deux

supports de bois gainés de cuir jaune, en forme d'étriers, la fourche de

l'un emboîtant la garrot, l'autre les côtés de la bosse du dromadaire. Les

deux pièces sont réunies de chaque côté par deux bâtons incurvés fixés

aux palettes des supports, se croisant, solidement amarrés sous la gaine

de cuir aux dossiers des supports et pointant deux à deux en avant et en

arrière de l'ensemble. La fourche antérieure est garnie de deux coussins

rectangulaires en cuir jaune bourrés de chiffons; la fourche postérieure

plus large est garnie d'un coussin ovale en cuir jaune liseré de cuir rouge,

plié en deux. Un bâti léger posé sur les X entre les dossiers des supports

et garni de couvertures et de coussins recevra la voyageuse. Selle : LO =

22. Supports : H = 11. Ecartement des dossiers 10.

Constructeur : un artisan local.

38.48.38/43/44

Origine : Tidjikdja, Cercle du Tagant, Sahara, Mauritanie. Maures

Idéïchilli, nomades et sédentaires.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Description : Il s'agit d'une paire de sacs à vêtements pour femmes (43) et

de leur support (38), ainsi que d'un autre sac à vêtements de femmes (44).

38.48.38/43 : cette paire de sacs reproduit exactement les grands sacs

utilisés par les femmes pendant leurs voyages. Le support en bois et les

sacs qui y sont accrochés par leurs cordelières sont placés de chaque côté

de la selle précédente. Les sacs à fond rectangulaire (LO = 13. LA = 16)

Page 189: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

188

sont en basane mince, naturelle. Les petits côtés sont faits de pièces

trapézoïdales sur lesquelles les côtés larges sont rabattus par des coutures

d'angle en biais, retournées à l'intérieur. Une quatrième pièce de cuir

cousue autour du sac, forme goulot souple (H = 9,5. LO = 29,5). Cette

bande est en peau d'agneau mince, ornée de dessins rouges, verts et

jaunes. A deux centimètres du goulot, de chaque petit côté, une cordelière

ronde en lanières fines (LO = 14 et 23) est prise par ses deux extrémités

dans les coutures d'angle. Dans la couture réunissant chaque petit côté au

fond est pris un demi-anneau de cordelière. A chacun de ces anneaux est

nouée une cordelière de cuir rouge dont l'autre extrémité reste libre. Les

sacs sont bourrés de paille. Le support de ces sacs est la réduction du

modèle courant. Sous la tente, il se retourne pour servir de porte-bagages.

H = 23. LO = 36. LA = 17.

38.48.44 : ce sac qui se place sur le dromadaire au-dessus des sacs

précédents, est à fond rectangulaire (LO = 14. LA = 10). La partie

formant sac est en peau d'agneau mort-né noir. Chaque petit côté est orné

de trois rubans de cuir à dessins rouges, jaunes et verts. Le bord de la

bande formant goulot est muni de quatre demi-anneaux en cordelière de

cuir.

Constructeurs : le support est fait par un artisan local, les sacs sont faits

par une artisane locale.

38.48.45

Origine : Tidjikdja, Cercle du Tagant, Sahara, Mauritanie. Maures

Idéïchilli, nomades et sédentaires.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Description : la selle d'homme en bois est recouverte de peau de mouton

teinte en rouge, serti de noir. Une housse en peau de gazelle bordée d'une

bande de cuir rouge à sa partie inférieure recouvre cette selle. Quatre

ouvertures laissent passer des anneaux de fer rivés, par deux, de chaque

côté de la selle. La partie inférieure de la selle est doublée d'un tapis

triangulaire, évidé en son centre, fait en peau de mouton noir, bordé d'un

gros bourrelet de cuir rouge, bourré de paille. Une sangle de poil de

chèvre tressé (LO = 40) est attachée aux deux anneaux de fer du côté

Page 190: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

189

gauche de la selle par une petite cordelière de cuir rouge à deux brins.

Son extrémité libre, terminée en fanges, est repliée dans une boucle de

cuivre guilloché à laquelle elle est retenue par une lanière de cuir rouge

formant broderie. Deux lanières de cuir vert formant contre-sanglons sont

passées dans les anneaux de fer du côté droit de la selle (H = 11,5. LO =

14. LA = 11).

Constructeur : un artisan local pour la partie bois et fer, une artisane

locale pour la partie peau.

2.5 Les dromadaires en argile

Touaregs Kel Ahaggar : 41.19.151

Origine : Tamanrasset, Ahaggar, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Ahaggar,

nomades.

Mission Henri Lhote, 10.10.1938.

Description : H = 8,5. Ce jouet manque dans la collection.

Constructeur : un jeune garçon hartani (descendant d'esclaves noirs) de

Tamanrasset.

Touaregs Kel Ajjer : 37.21.99/104

Origine : Djanet, Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Ajjer,

nomades.

Mission René Pottier, 1934-1935.

Description :

37.21.99 : dromadaire modelé en argile et séché au soleil. Les oreilles

sont indiquées. La selle est en fer blanc entourée d'étoffe. Dromadaire : H

= 13,7; LO = 16,2. Selle : H = 5,8; LO = 3,6.

37.21.104.1/2 (fig. 28, p. 77) : dromadaire et méhariste modelés en argile

séché au soleil. Les bras du méhariste forment une croix avec le tronc et

Page 191: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

190

la tête, qui n'est qu'une pointe. Deux jambes courtes permettent de tenir le

méhariste sur la selle en fer blanc. Dromadaire : H = 9; LO 9,5.

Méhariste : H = 7,2. H totale = 14,5.

Maures : 38.141.82 (fig. 31, p. 79)

Origine : Sahara nord-occidental, frontière algéro-marocaine. Maures,

nomades.

Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains,

1938.

Description : voir première partie (1.7 Les dromadaires en argile, fig. 31,

p. 79). Dromadaire : H = 13; LO = 16,2. Méhariste : H = 11,5. Selle H =

5,2; LO = 7; LA = 4,7. H totale = 23.

Teda : 35.50.184-186, 54.51.32, 65.3.50-53

Origine :

35.50.184-186 : Tibesti, Sahara, Tchad. Teda, nomades et sédentaires.

Mission Le Cœur, 1934.

65.3.50-53 : Bardaï (50-51), Zouar (52-53), Tibesti, Sahara, Tchad. Teda,

nomades et sédentaires.

Recueilli par 0. Lopatinsky, 1962 (53), 1963 (50-51), 1968 (52).

54.51.32 : Tibesti, Sahara, Tchad. Teda, nomades et sédentaires.

Recueilli par G. Moberg, avant 1955.

Description :

35.50.185 : il s'agit d'une chamelle modelée à la main dans de la terre

rouge pétrie. H = 14,5. LO = 18. LA = 6.

35.50.186 : ce dromadaire modelée à la main dans de la terre blanche

pétrie porte une petite selle d'homme avec coussinet d'étoffe à laquelle est

accrochée un modèle de sac figurant le sac de selle mala mala et sur

laquelle est posée une couverture (manque dans la collection).

Page 192: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

191

35.50.184 (fig. 32, p. 80) : bât de monte formé de deux fourches reliées

par des traverses ligaturées avec des lanières de cuir. La fourche arrière

forme un coude dirigé vers l'arrière. H = 14,5. LO = 19. LA = 10,4.

Constructeur : un petit garçon teda.

54.51.32 (fig. 33, p. 80) : deux fourches de bois tendre sont reliées par

quatre traverses. Les deux traverses supérieures sont fixées à l'extérieur

des fourches, les deux traverses inférieures sont fixées à la base et à

l'intérieur de chaque fourche. Elles sont fixées avec des lanières. Il s'agit

d'un modèle reproduisant les selles ordinaires des femmes. H = 19,5. LO

= 20. LA = 18.

Constructeur : une petite fille teda.

65.3.50 : dromadaire en terre non cuite, pattes et tête cassées. La selle est

une réduction exacte du terké, à la fois selle et bât de charge. A droite et à

gauche du bat sont fixés deux sacs rectangulaires en tissu, imitation des

sacs en peau, sougoumbi. Le bride et le mors ne manquent pas. Trois

pièces de cotonnade imprimée tiennent lieu de tapis de selle sous

lesquelles sont fixés, à droite et à gauche, deux sacs de cotonnade à

franges, reproduction de la mala mala en peau de mouflon. H et LO = 14.

65.3.51 (fig. 34, p. 80) : cette selle ou bât de charge, en armature en bois

est composée de deux fourches qui sont réunies par des traverses. Les

traverses qui réunissent les fourches sont ligaturées avec des lanières de

cuir ou des cordonnets en poils de chameau. Douze rectangles de

cotonnade variée et multicolore constituent le tapis de selle.

65.3.52/53 (fig. 35-36, p. 81) : le sac de selle, mala mala, en miniature

(52) est un petit étui en peau brute avec base rapportée semi-circulaire

constituée par quatre éléments triangulaires pointes en bas. De la couture

pendent de longue bandes de cuir de 11 cm, formant floche. Un décor

quadrillé peint en blue orne le sac. Une pièce est posée à mi-hauteur à

l'aide d'une lanière de cuir. LO = 22. LA = 8,5. LA à l'ouverture = 6,5.

Le deuxième sac de selle, mala mala, en miniature (53) est un étui de cuir

brut en plusieurs pièces inégales cousues et effrangées à la base, fermée

par une couture en lanière de cuir apparente. Quelques franges sont

Page 193: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

192

cousues à mi-hauteur. Des trous sont découpés le long de l'ouverture pour

le passage de la lanière de fermeture. LO = 31. LA = 11.

Constructeurs : des enfants teda, les sacs de selles (52/53) furent faits par

des petits garçons.

Zaghawa : 57.82.127 (fig. 38, p. 82)

Origine : Iriba (Hiri-ba), Dar Zaghawa, Ouaddaï, Sahara, Tchad.

Zaghawa, nomades et sédentaires.

Missions des Confins du Tchad, J.M. Tubiana, novembre 1956.

Description voir première partie (1.7 Les dromadaires en argile, fig. 38,

p. 82).

Constructeur : un garçon zaghawa de l'école d'Iriba.

Chaouia : 36.2.707 (fig. 39, p. 83)

Origine Ain Kerma, Djebel Tadjmout, Aurès, Algérie. Ouled Khallaf,

Ouled Abderrahman, Chaouia, sédentaires.

Mission Thérèse Rivière, 1936.

Description : ce dromadaire en terre cuite a la tête levée et la bosse

rejetée en arrière au-dessus de la queue. Les pattes avant, de même que

les pattes arrières, sont réunies en une seule patte. Les oreilles et les

lèvres ont été indiquées.

Constructeur : un jeune garçon chaouia de onze ans.

Figures dans la bibliographie : Balout (1959: planche LXX) a reproduit le

bœuf à bosse en terre crue des enfants touaregs du Tamesna.

Fuchs (1961: 48) montre une photo d'un garçon teda en train de jouer

dans le sable avec des dromadaires en argile (fig. 37, p. 82).

Page 194: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

193

2.6 Le dromadaire en fils électriques plastifiés

Vallée de la Saoura : 62.60.29/30 (fig. 41, p. 84)

Origine : Vallée de la Saoura, Sahara nord-occidental, Algérie. Nomades

et sédentaires. Recueilli par Dominique Champault, 1956.

Description : le dromadaire en fils électriques plastifiés jaunes est monté

par un méhariste en fils électriques plastifiés rouges. Le méhariste est

tenu en selle par une lisière en fil électrique plastifié rouge qui le relie à

la tête du dromadaire. Dromadaire : H = 11; LO = 6,5. Méhariste : H =

6,5; envergure des bras = 11. H totale = 15,5.

3 Les chevaux, mulets et ânes

3.1 Les chevaux, mulets et ânes en argile

Touaregs Kel Ajjer : 37.21.94 (fig. 43, p. 93)

Origine : Djanet, Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Djanet,

nomades.

Mission René Pottier, 1934-1935.

Description : âne en terre cuite à corps svelte sur quatre pattes, tête avec

deux oreilles énormes, courte queue dressée.

Touaregs Kel Ahaggar : 41.19.152-154

Origine : Tamanrasset, Ahaggar, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Ahaggar,

nomades.

Mission Henri Lhote, 10.10.1938.

Description et constructeur : voir première partie (2.2 Les chevaux,

mulets et ânes en argile, p. 93).

Page 195: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

194

Maures : 38.141.83/84, 38.48.79-83

Origine :

38.141.83/84 : Sahara nord-occidental, frontière algéro-marocaine.

Maures, nomades.

Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains en

1938.

38.48.79-83 : Oualata, Hodh oriental, Sahara, Mauritanie. Maures,

sédentaires.

Recueilli par la Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Description :

38.141.83 (fig. 44, p. 94) : les quatre pièces de ce jouet - le cheval, la

selle, le cavalier et son chapeau - sont en terre cuite rougeâtre. Le tout a

été passé à l'ocre rouge à l'exception cependant du cheval. Le cou de ce

cheval à quatre pattes est incurvé en avant et les oreilles sont modelées

sur une petite tête. La queue est bien mise en relief. La selle est du type à

pommeau en latte arrondie. Le cavalier se tient en selle par les deux

jambes écartées. Il a les bras étendus et porte un chapeau sur la tête. Il n'y

a pas d'indications de visage. Cheval : H = 16. Cavalier : H = 12.

Chapeau : H = 3,5. Selle : LO = 6. H totale 26, LO = 19.

38.141.84 : même genre de cheval sellé et monté que le numéro

précédant mais avec le cavalier sans chapeau. Cheval : H = 12,4.

Cavalier: H = 16,5. Selle H = 5. H totale = 20.

38.48.79 : figurine en terre crue représentant grossièrement un cheval

sellé. Le cou est incurvé en avant et les deux pattes antérieures sont

réunies en une seule. Un cordonnet de coton de 6 cm pris dans la terre,

représente la queue de l'animal. L'objet est recouvert d'un enduit blanc

pointillé d'ocre. La selle, la sangle, les sabots sont peints en ocre. En

avant du poitrail une protubérance est ornée d'une ligne ocre. H = 8,3. LO

= 9,5. LA = 5.

38.48.80 (fig. 30, p. 78) : un cheval ou bien un dromadaire sellé. Le cou

de la figurine en terre crue est tendu en avant. La tête est indiquée par de

légers reliefs au museau et aux deux oreilles. Les pattes antérieures sont

réunies en une seule peinte en bleu. Le corps est recouvert d'un enduit

blanc. La patte postérieure gauche est brune, la droite est jaune. La

crinière est indiquée par une ligne brune et une bleue. Le front et la

Page 196: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

195

croupe sont marqués de traits jaunes. La selle et sa sangle sont brunes. H

= 4. LO = 5. LA = 2,2.

38.48.81 : figurine en terre crue représentant grossièrement un cheval

harnaché et son cavalier indigène. Le cou est incurvé en avant et la tête

forme un relief à peine sensible. Les pattes antérieures sont réunies en

une seule. La queue est en ficelles. L'avant-train était peint en blanc.

L'arrière-train est peint en ocre rouge, ainsi que la selle et le sabot

antérieur. Le poitrail porte une protubérance demi-cylindrique décorée

d'un ornement cruciforme ocre. La sangle est ornée de lignes noires,

jaunes et ocres. Sur le côté droit du cou, des lignes noires dessinent la

crinière. Les brides sont marquées par des lignes ocres. Le cavalier est

peint en jaune. H = 6,5. LO = 7. LA = 3,6.

38.48.82 (fig. 45, p. 95) : figurine en terre crue représentant

grossièrement un cheval sellé et monté d'un cavalier indigène. Le cou est

incurvé en avant et la tête forme un très faible relief. Les deux pattes

antérieures sont réunies en une seule. La queue est faite d'un brin de

coton. Le jouet fut recouvert d'un enduit blanc. Les sabots et la selle sont

peints en ocre. La sangle est en ocre ornée de dessins jaunes et noirs. Le

cavalier est peint en jaune. Des lignes ocres et bleues dessinent le

harnachement. En avant du poitrail une protubérance semi-cylindrique est

ornée d'une croie composée, ocre et noire. H = 7. LO = 6,7. LA = 3,3.

38.48.83 (fig. 46, p. 95) : figurine en terre crue représentant

grossièrement un cheval et un cavalier portant le casque colonial (le

cavalier manque). Les deux pattes antérieures sont réunies en une seule.

Une plume représente la queue de l'animal. L'objet est recouvert d'un

enduit blanc orné de lignes et de points bleus, ocres et jaunes. Le sabot

antérieur est ocre, l'un des postérieurs jaune et l'autre bleu. Sur le poitrail

une protubérance est ornée de lignes de couleur. Une petite gourde peinte

à l'indigo complète ce jouet. Un fil de coton bleu de 4 cm permet de la

pendre à l'épaule du personnage. H = 5. LO = 4. LA = 2. La gourde : H =

1,8; LO = 1,5.

Constructeurs des nos. 38.48.79-83 : les servantes noires des Maures de

Oualata.

Photothèque du Musée de l'Homme : photo du n° 38.48.79 (se trouve

dans le fichier signalétique).

Page 197: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

196

Photos dans la bibliographie : Gabus, 1958: 168, deux croquis de

chevaux sellés servant de jouets aux enfants maures de Oualata.

Zaghawa : 57.82.128 (fig. 47, p. 96)

Origine : Hiriba, Dar Zaghawa, Ouaddaï, Tchad. Zaghawa, nomades et

sédentaires.

Mission des confins du Tchad, M.J. Tubiana, novembre 1956.

Description et constructeur : voir première partie (2.2 Les chevaux,

mulets et ânes en argile, fig. 47, p. 96).

Chaouia : 36.2.696/706, 37.9.126

Origine : Aïn Kerma, Djebel Tadjmout, Aurès, Algérie. Ouled Khallaf et

Ouled Abderrahman, Chaouia, sédentaires.

Mission Thérèse Rivière, 1936 (36.2.696/706).

Mission Germaine Tillion, 1936-1937 (37.9.126).

Description :

36.2.696 (fig. 48, p. 97) : cette figurine en terre cuite représente une

mule. Elle a la tête horizontale, deux pattes et une petite queue. Les

oreilles et la crinière sont en relief. Les yeux, les naseaux, l'anus et le

vagin ont été incisés. Les lèvres sont indiquées. Le bât est figuré par deux

saillies sur la dos. Une ligne de laque marque la crinière et le poitrail.

36.2.706 : cheval à deux pattes et queue très forte. La tête manque. La

figurine est en argile crue. H = 10. LO = 10,4.

37.9.126 : cheval à deux pattes en terre crue. La tête est horizontale et la

queue a été légèrement indiquée ainsi que le poitrail. H = 7. LO = 10,5.

Constructeurs : des jeunes garçons chaouia; le n° 36.2.696 est l'œuvre

d'un garçon chaouia des Ouled Khallaf de onze ans.

Page 198: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

197

3.2 Les chevaux et mulets en bois

Chaouia : 36.2.256, 37.9.56

36.2.256 (fig. 52, p. 99)

Origine : Aïn Kerma, Djebel Tadjmout, Aurès, Algérie. Ouled

Abderrahman, Chaouia.

Mission Thérèse Rivière, 1936.

Description : voir première partie (2.3 Les chevaux et mulets en bois, fig.

52, p. 99).

37.9.56 (fig. 51, p. 99)

Origine : Djebel Tadjmout, Aurès, Algérie. Chaouia, sédentaires.

Mission Germaine Tillion, 1936-1937.

Description : voir première partie (2.3 Les chevaux et mulets en bois, fig.

51, p. 99).

Figures dans la bibliographie : Balout, 1959, planche LXVI et LXIX :

chevaux en tissu, avec armature en branchettes probablement. Ces

chevaux furent confectionnés par un jeune élève de l'école nomade des

Touaregs Kel Rela de l'Ahaggar en 1953, sur proposition de son

instituteur.

Page 199: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

198

4 Le gros bétail et le petit bétail

Touaregs Kel Ajjer : 62.128.8, 37.21.96-98

Origine :

62.128.8 : Oued Djerat, sur l'emplacement d'un ancien campement,

Tassili n' Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Idjeradjirouen, nomades.

Mission Henri Lhote, 1959.

37.21.96-98 : Djanet, Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel

Djanet.

Mission René Pottier, 1934-1935.

Description :

62.128.8 (fig. 58, p. 108) : une petite plaque de schiste ocreux est taillé

par l'enfant afin de figurer un mammifère, une chèvre ou un bœuf. La

plaque est découpée à la base, en dents de scie, de façon à schématiser les

pattes de l'animal. Le dos est rectiligne, la tête manque. H = 2,3. B = 5,4.

E = 0,4.

37.21.96-98 (fig. 62-64, p. 110) : animaux-jouets en terre crue, à quatre

pattes figurant du gros ou du petit bétail. Un d'eux (96) avec une

protubérance sur le dos représente peut être un zébu. H = 7,8 (96); 7,2

(97); 3,1 (98). LO = 9,6 (96); 10,2 (97); 5,8 (98).

Maures : 38.48.74-77, 38.141.85/86

Origine :

38.141.85/86 : Sahara nord-occidental, frontière algéro-marocaine.

Maures, nomades.

Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains en

1938, achat pour l'exposition temporaire du Sahara maure.

38.48.74-77 : Oualata, Hodh oriental, Sahara, Mauritanie.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Page 200: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

199

Description :

38.141.85 (fig. 67, p. 112) : il s'agit d'un quadrupède à bosse en terre

cuite recouverte d'ocre rouge. Le corps est soutenu par quatre pattes

courtes. Le cou et la tête à cornes sont incurvés en avant. Les sabots sont

peints en ocre brune. La tête porte une ligne de la même couleur. H = 7,5.

LO = 15,3.

38.141.86 (fig. 66, p. 112) : petite chèvre en terre cuite à quatre pattes

courtes. Le cou et la tête sont incurvés en avant. Le jouet est peint à l'ocre

rouge et brune. H = 6. LO = 9.

38.48.74 (fig. 59, p. 108) : la vache zébu en argile séchée au soleil a la

tête à peine indiquée. Les pattes antérieures sont réunies en une seule et

les mamelles sont très développées. Elle porte deux cornes incurvées. Le

corps peint en ocre brune est décoré d'un trait blanc sur la bosse et de

points blancs. H = 2,8. LO = 3.

38.48.75 : la tête de ce veau zébu en argile séchée au soleil n'est indiquée

que par les cornes courtes qu'elle porte. Les pattes antérieures sont

réunies en une seule. Le corps, peint en ocre brune, est décoré de taches

blanches. La bosse est blanche. H = 1,5. LO = 1,2.

38.48.76 : la tête de ce veau zébu en argile séchée au soleil est indiquée

par les reliefs du museau et des cornes courtes. Les pattes antérieures sont

réunies en une seule. Le corps, peint en blanc, est parsemé de taches

brunes et noires. Le museau et la bosse sont peints en noir. H = 2,3. LO =

2.

38.48.77 (fig. 60, p. 109) : la tête de ce veau zébu en argile séchée au

soleil n'est indiquée que par les deux cornes. Les pattes antérieures sont

réunies en une seule. Le corps est peint en blanc parsemé de taches

brunes et bleues. La corne droite est bleue, la corne gauche est brune et la

bosse est blanche. H = 2,3. LO = 1,8.

Constructeurs des nos. 38.48.74-77 : les servantes noires des Maures de

Oualata.

Algérie : 89.120.67 (fig. 61, p. 109)

Origine : Algérie.

Don du Gouvernement Général de l'Algérie, avant 1889.

Page 201: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

200

Description : voir première partie (3 Le gros bétail et le petit bétail, fig.

61, p. 109). H = 10. LO = 8,5.

Zaghawa : 57.82.129 (fig. 68, p. 113)

Origine : Hiriba, Dar Zaghawa, Ouaddaï, Tchad. Zaghawa, nomades et

sédentaires.

Mission des Confins du Tchad, M.J. Tubiana, novembre 1956.

Description : voir première partie (3 Le gros et le petit bétail, fig. 68, p.

113).

Constructeur : un enfant zaghawa de l'école de Hiriba.

Figures dans la bibliographie : Balout montre un zébu en argile et un

autre zébu en étoffe bourrée, confectionnés par des enfants touaregs Kel

Ahaggar (1959, planche LXX) (fig. 65, p. 111).

5 Les autres animaux domestiques

Touaregs Kel Ajjer : 37.21.93

Origine : Djanet, Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Djanet,

nomades.

Mission René Pottier, 1934-1935.

Description : voir première partie (4 Les autres animaux domestiques, p.

115).

Zaghawa : 57.82.125/126 (fig. 69-70, p. 115-116)

Origine : Hiriba, Dar Zaghawa, Ouaddaï, Tchad. Zaghawa, nomades et

sédentaires.

Mission des Confins du Tchad, M.J. Tubiana, novembre 1956.

Page 202: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

201

Description :

57.82.125 (fig. 70, p. 116) : voir première partie (4 Les autres animaux

domestiques, fig. 70, p. 116). H = 10. LO = 8,2.

57.82.126 (fig. 69, p. 115) : voir première partie (4 Les autres animaux

domestiques, fig. 69, p. 115). H = 10,8. LO = 9.

Constructeurs : des jeunes garçons zaghawa.

6 Les animaux non-domestiques

Afrique du Nord : X.66.1.56 (fig. 82, p. 129)

Description : voir première partie (5 Les animaux non-domestiques, fig.

82, p. 129).

Maures : 38.156.34, 38.48.73

Origine :

38.156.34 : Assa, Sahara nord-occidental, Maroc. Maures, sédentaires.

Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains.

Achat pour l'exposition temporaire du Sahara maure en 1939.

38.48.73 : Oualata, Hodh oriental, Sahara, Mauritanie. Maures,

sédentaires.

Recueilli par la mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Description :

38.156.34 (fig. 83, p. 129) : voir première partie (5 Les animaux non-

domestiques, fig. 83, p. 129). H = 37,5. LO = 31,5.

38.48.73 : la figurine modelée en argile crue séchée représente

grossièrement une autruche. Les pattes sont remplacées par un socle en

tronc de cône. L'objet est recouvert d'un enduit blanc. Un large trait bleu

entoure le socle. Les ailes et le cou sont ornés de lignes bleues, jaunes et

ocres. La tête est peinte en bleu d'un côté et en ocre de l'autre côté. H =

2,9. LO = 4,2. LA = 2,2. Cet objet n'a pas été retrouvé dans la collection.

Page 203: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

202

Constructeurs :

38.156.34 : l'artisan maure Ait Oussa de Assa.

38.48.73 : une servante noire des Maures de Oualata.

Maroc : 31.45.76 (fig. 87, p. 131)

Origine : Rabat, sédentaires.

Don de Jeanne Jouin, avant 1932.

Données spatio-temporelles :

Acheté au marché le jour de la fête de l'°ashûra.

Description : voir première partie (5 Les animaux non-domestiques, fig.

87, p. 131).

Figures dans la bibliographie :

Guichard, 1921 : 163-164, photos d'animaux jouets en bois de

Marrakech: le rat (fig. 88), le lapin (fig. 89), l'oiseau branle-queue (fig.

90), le serpent (fig. 91), le singe (fig. 92) (p. 131-132).

Page 204: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

203

Table des transcriptions

Certaines lettres arabes sont indiquées par des signes conventionnels :

th =

j =

h' =

kh =

dh =

sh =

ç =

d' =

t' =

z' =

º =

gh =

q =

^ = indique une voyelle longue

Page 205: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

204

Page 206: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

205

Table des illustrations

Tous les clichés des animaux-jouets de la collection du Département

d'Afrique Blanche et du Proche Orient du Musée de l'Homme ont été

réalisés par M. Delaplanche et D. Ponsard du Laboratoire de

Photographie du Musée de l'Homme, sauf trois photos faites par l'auteur

et reproduites avec la permission de Jean Lambert, responsable du

Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient.

1. Garçon-dromadaire monté d'un enfant, Ghrib, 1975, p. 48, photo de

l'auteur.

2. Garçon-dromadaire guidé et monté par d'autres garçons, Ghrib,

1975, p. 49, photo de l'auteur.

3. Garçon-dromadaire monté et guidé, Ghrib, 1975, p. 49, photo de

l'auteur.

4. Garçon-dromadaire aux pattes liées, Ghrib, 1975, p. 50, photo de

l'auteur.

5. Garçon de trois ans animant son dromadaire, Ghrib, 1975, p. 51,

photo de l'auteur.

6. Garçon avec un dromadaire-jouet dans ses mains et un reptile-jouet à

ses pieds, Sabria, 1973, p. 52, photo Gilbert J.M. Claus.

7. Dromadaires en pierre taillée, Touaregs Kel Aïr, p. 54, Collection du

Musée de l'Homme, n° 71.39.5.29/36/5/6/27/2/8/3, 1971, cliché

Laboratoire de Photographie.

8. Dromadaire en pierre taillée, Touaregs Kel Ajjer, p. 55, Collection

du Musée de l'Homme, n° 62.128.3, 1959, cliché Laboratoire de

Photographie.

9. Dromadaire en pierre taillée, Touaregs Kel Ajjer, p. 56, Collection

du Musée de l'Homme, n° 62.128.4, 1959, cliché Laboratoire de

Photographie.

10. Selles-jouets pour dromadaires, Touaregs Kel Ahaggar, p. 58,

Collection du Musée de l'Homme, n° 41.19.112/115/137, 1938,

dessin de l'auteur.

11. Dromadaire-jouet et poupée-méhariste, Touaregs, p. 59, Collection

du Musée de l'Homme, n° 41.19.113, 1938, cliché D. Ponsard.

Page 207: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

206

12. Dromadaire de mandibule, Touaregs Kel Ajjer, p. 60, Collection du

Musée de l'Homme, n° 34.52.42, avant 1935, cliché D. Ponsard.

13. Dromadaires de mandibule à selle en fer blanc, Ghrib, 1975, p. 61,

photo de l'auteur.

14. Dromadaire de mandibule avec selle, Ghrib, 1975, p. 61, photo de

l'auteur.

15. Dromadaire de mandibule et poupée-méhariste, Ghrib, 1975, p. 61,

photo de l'auteur.

16. Dromadaire découpé dans de la bouse flanqué par le berger et un

chien, Ghrib, 1975, p. 62, photo de l'auteur.

17. Dromadaire de champignon, Belbala, p. 64, Collection du Musée de

l'Homme, n° 54.74.38, 1954, cliché D. Ponsard.

18. Dromadaire en folioles de palmier, Source Bleue de Meski, 1993, p.

64, photo de l'auteur.

19. Dromadaire à selle, Touaregs Kel Ahaggar, p. 65, Collection du

Musée de l'Homme n° 41.19.124.1/2, 1938, cliché D. Ponsard.

20. Fille touarègue jouant avec des dromadaires-jouets et des poupées-

hommes, p. 66, photo Henri Lhote (1944: 113, planche VIII).

21. Dromadaire à pattes liées, Afrique du Nord, p. 69, Collection du

Musée de l'Homme, n° X.61.2.1, cliché D. Ponsard.

22. Dromadaire à méhariste, Touaregs Kel Aïr, p. 70, Collection du

Musée de l'Homme, n° 69.108.1, 1960, cliché D. Ponsard.

23. Dromadaire-jouet et poupée-méhariste, Touaregs, p. 71, Collection

du Musée de l'Homme, n° 74.107.6, 1960, cliché M. Delaplanche.

24. Sac de selle en cuir, Touaregs Ioullemeden, p. 72, Collection du

Musée de l'Homme, n° 41.19.1364, 1939, cliché D. Ponsard.

25. Dromadaire en bois, Maures, p. 73, Collection du Musée de

l'Homme, n° 38.156.33, 1938, cliché D. Ponsard.

26. Selle à baldaquin portant des poupées-femmes, Maures, p. 74,

Collection du Musée de l'Homme, n° 38.180.77, avant 1939, cliché

M. Delaplanche.

27. Selle de dromadaire-jouet, Maures, p. 75, Collection du Musée de

l'Homme, n° 38.48.39, 1936-1938, cliché D. Ponsard.

28. Dromadaire-jouet et poupée-méhariste, Touaregs, p. 77, Collection

du Musée de l'Homme, n° 37.21.104.1/2, 1934-1935, cliché M.

Delaplanche.

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207

29. Selle-jouet sans numéro, p. 77, Collection du Musée de l'Homme,

photo de l'auteur.

30. Dromadaire ou cheval en argile, Maures, p. 78, Collection du Musée

de l'Homme, n° 38.48.80, 1938, cliché D. Ponsard.

31. Dromadaire à méhariste en argile, Maures, p. 79, Collection du

Musée de l'Homme, n° 38.141.82, 1938, photo de l'auteur.

32. Bât de monte-jouet pour dromadaire, Teda, p. 80, Collection du

Musée de l'Homme, n° 35.50.184, 1934, cliché D. Ponsard.

33. Selle de femme-jouet, Teda, p. 80, Collection du Musée de

l'Homme, n° 54.51.32, avant 1955, photo de l'auteur.

34. Selle ou bât de charge, Teda, p. 80, Collection du Musée de

l'Homme, n° 65.3.51, 1963, cliché D. Ponsard.

35. Sacs de selle, Teda, p. 81, Collection du Musée de l'Homme, n°

65.3.52, 1968, cliché D. Ponsard.

36. Sacs de selle, Teda, p. 81, Collection du Musée de l'Homme, n°

65.3.53, 1962, cliché D. Ponsard.

37. Garçon jouant avec des figurines d'argile, Teda, p. 82, photo de Peter

Fuchs (1961: 48).

38. Dromadaire en argile, Zaghawa, p. 82, Collection du Musée de

l'Homme, n° 57.82.127, 1956, cliché D. Ponsard.

39. Dromadaire en terre cuite, Chaouia, p. 83, Collection du Musée de

l'Homme, n° 36.2.707, 1936, cliché D. Ponsard.

40. Dromadaire en argile, Ignern, 1998, p. 83, photo de l'auteur.

41. Dromadaire-jouet et poupée-méhariste, Vallée de la Saoura, p. 84,

Collection du Musée de l'Homme, n° 62.60.29/30, 1956, cliché M.

Delaplanche.

42. Dromadaire en tôle, Maures, p. 85, photo dans Balout (1959: planche

LXVIII).

43. Âne en argile, Touaregs Kel Ajjer, p. 93, Collection du Musée de

l'Homme, n° 37.21.94, 1934-1935, cliché D. Ponsard.

44. Cheval-jouet et poupée-cavalier, Maures, p. 94, Collection du Musée

de l'Homme, n° 38.141.83, 1938, Cliché M. Delaplanche.

45. Cheval-jouet et poupée-cavalier, Maures, p. 95, Collection du Musée

de l'Homme, n° 38.48.82, 1938, cliché M. Delaplanche.

46. Cheval en argile, Maures, p. 95, Collection du Musée de l'Homme,

n° 38.48.83, 1936-1938, cliché D. Ponsard.

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208

47. Cheval en argile, Zaghawa, p. 96, Collection du Musée de l'Homme,

n° 57.82.128, 1956, cliché D. Ponsard.

48. Mule en terre cuite, Chaouia, p. 97, Collection du Musée de

l'Homme, n° 36.2.696, 1936, cliché D. Ponsard.

49. Garçons cherchant de l'argile, Aït Ighemour, 1992, p. 97, photo de

l'auteur.

50. Garçon animant son mulet monté d'un muletier, Aït Ighemour, 1992,

p. 98, photo de l'auteur.

51. Jument en bois, Chaouia, p. 99, Collection du Musée de l'Homme, n°

37.9.56, 1936-1937, cliché D. Ponsard.

52. Deux mulets tirant un araire, Chaouia, p. 99, Collection du Musée de

l'Homme, n° 36.2.256, 1936, cliché D. Ponsard.

53. Fille montant son cheval de roseau, Ghrib, 1975, p. 100, photo de

l'auteur.

54. Mulet en pierre tirant une charrette, Ghrib, 1975, p. 103, photo de

l'auteur.

55. Mulet en pierre tirant une charrette, Ghrib, 1975, p. 104, photo de

l'auteur.

56. Mulet et muletier en courgettes et branchettes, Aït Ighemour, 1992,

p. 105, photo de l'auteur.

57. Mulet à sacs en folioles de palmier, Source Bleue de Meski, 1993,

p. 105, photo de l'auteur.

58. Chèvre ou bœuf taillé dans la pierre, Touaregs Kel Ajjer, p. 108,

Collection du Musée de l'Homme, n° 62.128.8, 1959, cliché D.

Ponsard.

59-60 Zébus en argile, Maures, p. 108-109, Collection du Musée de

l'Homme, n° 38.48.74/77, 1936-1938, cliché D. Ponsard.

61. Bélier en argile cuite, Algérie, p. 109, Collection du Musée de

l'Homme, n° 89.120.67, avant 1889, cliché D. Ponsard.

62-64 Bétail en argile, Touaregs Kel Ajjer, p. 110, Collection du Musée

de l'Homme, n° 37.21.96/97/98, 1934-1935, cliché D. Ponsard.

65. Bœuf en étoffe, Touaregs Kel Ahaggar, p. 111, photo dans Balout

(1959: planche LXX).

66. Chèvre en argile, Maures, p. 112, Collection du Musée de l'Homme,

n° 38.141.86, 1938, cliché de D. Ponsard.

67. Quadrupède en argile, Maures, p. 112, Collection du Musée de

l'Homme, n° 38.141.85, 1938, cliché de D. Ponsard.

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209

68. Zébu en argile, Zaghawa, p. 113, Collection du Musée de l'Homme,

n° 57.82.129, 1956, cliché D. Ponsard.

69. Chien en argile, Zaghawa, p. 115, Collection du Musée de l'Homme,

n° 57.82.126, 1956, cliché D. Ponsard.

70. Lapin en argile, Zaghawa, p. 116, Collection du Musée de l'Homme,

n° 57.82.125, 1956, cliché D. Ponsard.

71. Garçon jouant avec un lapin en plastique, Marrakech, 1992, p. 116,

photo de l'auteur.

72. Chien à roues en plastique, Marrakech, 1992, p. 117, photo de

l'auteur.

73. Préparation de l'argile avant son modelage, Goulmima, 1994, p. 118,

photo de l'auteur.

74. Préparation de l'argile pour le modelage, Goulmima, 1994, p. 118,

photo de l'auteur.

75. Chat en argile, Goulmima, 1994, p. 118, photo de l'auteur.

76. Garçon de trois ans jouant avec une gerboise vivante, Ghrib, 1975,

p. 121, photo de l'auteur.

77. Tortue gardée par un garçon de dix ans, Midelt, 1999, p. 125, photo

de l'auteur.

78. Le serpent de corde, Ghrib, 1975, p. 126, photo de l'auteur.

79. Le serpent fait d'un morceau d'intestin, Ghrib, 1975, p. 127, photo de

l'auteur.

80. Scorpion en folioles de palmier, Source Bleue de Meski, 1993,

p. 128, photo de l'auteur.

81. Gazelles en foliole de palmier, Source Bleue de Meski, 1993/1997,

p. 128, photo de l'auteur.

82. Antilope, Afrique du Nord, p. 129, Collection du Musée de

l'Homme, n° X.66.1.56, cliché D. Ponsard.

83. Gazelle en bois, Maures, p. 129, Collection du Musée de l'Homme,

n° 38.156.34, 1938, cliché D. Ponsard.

84. Serpent en argile, Goulmima, 1994, p. 130, dessin de l'auteur.

85. Scorpion en argile, Goulmima, 1994, p. 130, photo de l'auteur.

86. Fouette-queue en argile, Goulmima, 1994, p. 130, photo de l'auteur.

87. Oiseaux qui picorent, Rabat, p. 131, Collection du Musée de

l'Homme, n° 31.45.76, avant 1932, cliché D. Ponsard.

88. Rat en bois, Marrakech, p. 131, dessin de l'auteur basé sur une photo

de Guichard (1921: 163).

Page 211: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

210

89. Lapin en bois, Marrakech, p. 131, dessin de l'auteur basé sur une

photo de Guichard (1921: 163).

90. L'oiseau branle-queue en bois, Marrakech, p. 131, dessin de l'auteur

basé sur une photo de Guichard (1921: 163).

91. Serpent en bois, Marrakech, p. 132, dessin de l'auteur basé sur une

photo de Guichard (1921: 163).

92. Singe en bois, Marrakech, p. 132, dessin de l'auteur basé sur une

photo de Guichard (1921: 164).

93. Coq en métal et plastique, Marrakech, 1992, p. 133, photo de

l'auteur.

94. Garçon jouant avec son chien de berger, Ghrib, 1975, p. 137, photo

de l'auteur.

95. Chien et licorne en plastique, Sidi Ifni, 1998, p. 140, photo de

l'auteur.

96. Fille sur animal-jouet en plastique tirant un autre animal-jouet en

plastique, Goulmima, 1994, p. 146, photo de l'auteur.

97. Dinosaure en plasticine, fait par un garçon de huit ans, Midelt, 1997,

p. 147, photo de l'auteur.

98. Dromadaire en argile, années 1950, H = 13 cm, p. 148, dessin de

l'auteur basé sur un dessin publié dans Gabus, 1958: 168.

99. Dromadaire en argile, H = 3,5 cm, Mali, p. 148, dessin de l'auteur

basé sur un dessin publié dans Lebeuf et Pâques, 1970: 53.

100. Mouton en argile, H = 5,2 cm, Mali, p. 148, dessin de l'auteur basé

sur un dessin publié dans Lebeuf et Pâques, 1970: 54.

101. Taureau en argile de l'ancienne ville de Jenné-Jeno en Afrique de

l'Ouest, p. 149, dessin de l'auteur basé sur un dessin publié dans

McIntosh, 1982: 407.

102. Dromadaire en argile de l'ancienne ville de Jenné-Jeno, p. 149,

dessin de l'auteur d'un des animaux-jouets figurant sur la couverture

du Courrier de l'UNESCO, mai 1984.

103. Dromadaire en argile fait par un enfant de la ville moderne de

Jenné, p. 149, dessin agrandi par l'auteur et basé sur un détail de la

photo dans McIntosh, 1982: 410.

104. Vache ou mouton en argile de l'ancienne ville de Jenné-Jeno, 8e

siècle, p. 150, dessin de l'auteur basé sur un dessin publié dans

McIntosh, 1982: 410.

Page 212: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

211

105. Cheval (?) en argile de l'ancienne ville de Jenné-Jeno, 8e siècle,

p. 153, dessin de l'auteur basé sur un dessin publié dans McIntosh,

1995: 240.

106. Dromadaire et cheval en folioles de palmier, Marrakech, 1993,

p. 173, photo de l'auteur. 107. Constructeur des animaux en folioles de la figure 106 en train de

faire le dromadaire, Marrakech, 1993, p. 174, photo de l'auteur.

Page 213: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

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Index Auteurs

Archier, L., 55, 58

Ballais, J. L., 34

Balout, L., 67-68, 70, 85-86, 88,

94, 111, 165, 185, 170, 192,

197, 200, 207-208, 213

Béart, Ch., 19, 51, 53-54, 79

Beaumont, L., 153

Belgisch Comité voor Unicef,

26-27

Bellin, P., 19, 64, 67, 69, 165

Brenier-Estrine, A., 94, 113

Cabot Briggs, L., 29

Cabrera E. A., 19

Camps, G., 23, 28, 33, 37

Castells, F., 117, 139, 146, 169

Catalogue des collections de

l'Aurès, 33

Centre de Recherches et

d'Etudes sur les Sociétés

Méditerranéennes, 96

Champault, F. D., 31-32, 41,

54-56, 64, 81, 122, 185, 193

Claudot-Hawad, H., 24

Claus, G. J. M., 20-21, 24, 40, 53,

205

Delalande, J., 134

Doutté, E., 90

Dupuy, A., 90, 107

Durand, A., 153

Eady, D. L., 153

E-Conflict™ World

Encyclopedia, 26, 28, 30, 37

Ethnologue: Languages of the

World, 30, 33

Foley, H., 77

Fuchs, P., 82, 192, 207

Gabus, J., 27, 78-79, 148, 151-

152, 196, 210

Goichon, A. M., 88-89

Grand Atlas du Continent

Africain, 28

Guichard, 87, 131-132, 202,

209-210

International Federation for

Parent Education, 19

Jemma-Gouzon, D., 34

Klepzig, F., 19

Komorowski, Z., 23, 26, 29, 33

Kress, G., 155, 161, 167

Kronenberg, A., 30

Lebeuf, A. M. D., 148, 157, 210

Le Cœur, Ch., 30, 190

Leupen, A., 24

Lhote, H., 54, 57-58, 67, 122,

179-181, 183-185, 189, 193,

198, 206

Page 227: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

226

Lopatinsky, O., 29-30, 190

Mandel, J-J., 94, 113

McIntosh, S., 148-152, 210-211

Naseh, A., 114

Nicolas, F., 77

Oubahammou, L., 35, 90, 102

Pâques, V., 148, 151, 210

Pinto Cebrián, F., 27, 53, 76

Schofield, A., 153

Sijelmassi, M., 102

Tillion, G., 196-197

UNICEF, 26-27, 172

van Leeuwen, T., 15-16, 155,

159, 161, 166-168

La Vie du Sahara, 23, 24, 26,

29, 76, 182

Zerdoumi, N., 38, 144

Page 228: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

227

Index Géographique et Ethnique

Adrar (Mauritanie), 54

Adrar des Iforas, 24

Agadez, 23, 70, 183

Agadir, 144

Ahaggar, 23-24, 54, 58-59, 61,

64, 66-67, 77, 85-86, 93-94,

107, 111, 122, 168, 179, 181,

183, 189, 193, 197, 200, 205-

206, 208

Aïn Cheggag, 34-35, 40, 122

Aïn Kerma, 196-197

Aïr, 24, 54, 70, 180-183-184,

205-206

Aït Ighemour, 34-36, 40, 93, 97,

104, 108, 114, 208

Aït Ouirra, 34-35, 90, 102, 114

Alarsès, 183

Algérie, 20, 22-29, 33, 37-38,

52, 54, 58-59, 63-64, 77-78,

84-85, 87, 89, 93, 97, 99, 101,

107, 109-111, 115, 122, 126,

144, 179, 181-183, 185, 189,

192-193, 196-200, 208

Amazigh, 22, 24-25, 29, 31, 33-

41, 52, 77, 84, 87, 93, 97-98,

104, 114, 118-120, 123, 126,

130

Arabe, 22, 26-31, 33, 35, 37-39,

41, 87, 89, 101, 120, 122,

126, 133, 203

Arabo-Berbère, 22, 28-9, 34, 38

Assa, 27-28, 74, 129

Atar, 54

Aurès, 33-34, 38, 52, 84, 87, 97,

99, 192, 196

Bardaï, 30, 190

Belbala, 22, 31-32, 52, 54-56,

64-65, 81, 122, 185, 206

Berbère, voir Amazigh

Chaamba, 22, 29, 31, 54-58, 63,

80, 82, 163

Chaouia, 22, 33-34, 52, 77, 84,

87-88, 97, 99, 192, 196-197,

207-208

Djanet, 59, 61, 93, 110, 115,

182, 189, 193, 198, 200

El Faouar, 25, 53, 91, 107

El Oued, 29, 59

Erg er Raoui, 29, 31

Errachidia, 34-36, 105, 128

Essaouira, 41, 114

Fès, 34-35, 37, 40, 122-123

Gao, 72, 185

Ghât, 24, 59, 182

Ghrib, 4, 9, 11, 20-22, 25, 27,

40, 49, 52-53, 59, 62-63, 82,

87-88, 91, 100, 103-104, 107-

108, 114, 121-122, 126, 137,

140, 156, 169, 205-206, 208-

210

Page 229: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

228

Goulmima, 34-35, 40, 101, 117,

123-124, 126, 130, 141, 209

Goundam, 78-79, 148, 151

Haut Atlas, 34-35, 84, 93, 97-98,

104, 114

Iriba (Hiriba), 30, 96, 192, 196,

200

Idèles, 59, 181

Ignern, 34, 36, 41, 52, 77, 84, 93,

98, 207

Imou Ergen, 119

Imouzzer-Kandar, 34-35, 40, 123

In Amedgel, 183

Jbel Siroua, 36, 84

Jenné (-Jeno), 113, 148-153, 210

Kénitra, 34-35, 40, 88, 101, 110,

123, 126

Khouribga, 40, 122

Ksar Assaka, 34, 36, 40, 89, 100,

114, 119, 125

Libye, 23-24, 59, 182

Mali, 23-24, 26-27, 64, 72, 78,

94, 113, 148-151, 185, 210

Maroc, 4, 10-11, 16-28, 32, 34-

35, 39-41, 52, 64-65, 74, 77,

84, 87-89, 93, 97, 100, 102,

104-105, 107-108, 114, 116-

117, 119, 121-123, 125, 128-

131, 138, 140-141, 144, 146-

147, 156, 162, 168-169, 174,

185-186, 201-202

Marrakech, 11, 37, 41, 87, 114,

116, 133-134, 139, 141, 162,

173, 202, 209

Maures, 11, 22, 26-28, 51-54,

74, 77, 79, 82, 87-88, 93-95,

107-108, 112-113, 121, 130,

139, 147, 149, 156, 159, 186-

188, 190, 194-195, 198-199,

201-202, 206-209

Mauritanie, 26-28, 54, 74-75, 79,

87, 93-96, 107-108, 113, 121,

130, 147, 149, 151, 159, 187-

188, 194, 198, 201

Merzouga, 142

Meski (Source Bleue de), 34-35,

65, 105, 128, 142, 206, 208-

209

Midelt, 34, 36, 88-89, 100-101,

107, 114, 119-120, 125-126,

144, 147, 209-210

Mopti, 23, 94, 113, 160

Mozabites, Mzab, 22, 32, 89,

156

Nador, 144

Nefta, 51, 107

Niger, 23-24, 26, 54, 70, 77-78,

94-95, 113, 148-151, 160,

180, 183-184

Ouaddaï, 83, 93, 96, 192, 196,

200

Oualata, 26, 74, 79, 87-88, 93-96,

108-109, 112-113, 121, 130,

147, 149, 151-153, 194-196,

198-199, 201-202

Ouarzazate, 35, 97

Page 230: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: l'animal dans les jeux et jouets

229

Oulad ben Sbaa, 108, 114

Pré-Sahara marocain, 34-35, 52,

64-65, 117, 123, 141, 169,

174, 185

Rabat, 11, 37, 40, 117, 121, 131,

133, 139-141, 146, 169, 202,

209

Regeybat, 22, 28-29, 54

Rhergo, 151

Sabria, 53, 205

Sahara nord-occidental, 28, 31,

79, 81, 85, 88, 93-94, 107,

112, 121, 129, 160, 185-186,

190, 193-194, 198, 201

Sahara occidental, 26-28

Sahraoui, 20, 22, 27-28, 53, 76

Saoura (Vallée de la), 22, 32, 52,

85, 193, 207

Sénégal, 26-27

Sidi Ifni, 36, 119, 140, 144, 210

Tagant, 75-76, 187

Taliouine, 36, 101

Talat (Aïr), 184

Tamanrasset, 189, 193

Tamesna, 111, 192

Taroudannt, 36, 101

Tassili n'Ajjer, 24, 179, 189, 193,

198, 200

Tazenakht, 35-36, 101

Tchad, 29-30, 52, 81, 83, 93, 96,

107, 113, 115, 121, 125, 190,

192, 196, 200

Teda, 22, 29-30, 52, 77, 81-82,

125, 190-192, 207

Tibesti, 29-30, 81, 190

Tidjikdja, 26, 75, 187-188

Tinerhir, 34-35, 65-66, 142

Tombouctou, 78-79, 148, 151

Touareg, 10, 22-27, 49, 52, 54,

56-59, 61, 64, 67-70, 77-79,

82, 85-89, 93, 104, 107-108,

110-111, 115, 122, 125, 138,

148-149, 151-152, 160, 168,

179-185, 189, 192-193, 197-

198, 200, 205-208

Tozeur, 51, 107

Tunisie, 4, 10, 20, 22, 25, 37, 49,

51-53, 59, 88, 90, 100, 103,

107-108, 121, 126, 138, 156-

157

Zaghawa, 22, 30-31, 52, 77, 83-

84, 87, 93, 96, 107, 113, 115,

121, 192, 196, 200-201, 207-

209

Zagora, 34-35, 52, 65

Zhana, 33-34, 126

Zouar, 190