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64 BANC D’ESSAI Stratos Vichos est le créateur passionné et mélomane qui a lancé Lab12… en 2012, basé à Athènes. Ses choix sont dictés par le meilleur résultat sonore possible, et non par une concession aux modes actuelles. Ainsi le DAC 1 Référence est nettement à contre-courant, sans suréchantillonnage ni lecture DSD, mais avec un étage de sortie à tube triode et quelques autres subtilités techniques. Saveurs analogiques LAB12 DAC 1 REFERENCE La face avant très bien finie dotée de ses deux petits vumètres lumi- neux donne un cachet sédui- sant et vintage au Lab12. Des petites LED affichent les quatre entrées et les trois gammes de fréquences d’échantillon- nage en lecture. L ab12 s’est d’abord distin- gué par un conditionneur secteur, le Gordian, mais aussi par ses électro- niques, toutes à tubes. La gamme débute avec le Suono délivrant 2 x 25 W classe A grâce à une paire de KT150, alors que le Suara uti- lise quatre KT150, fournissant 50 W. L’Integre4 atteint lui 2 x 65 W, muni de KT150 TungSol et d’un écran OLED surveillant l’élec- tronique. L’amplificateur casque/ DAC/préampli HPA et le préampli- ficateur Pre1 en classe A sont aussi dotés de tubes, comme le phono Melto2 à affichage par écran OLED pour tous les paramé- trages des cellules à distance. Il offre des réglages fins pour l’impé- dance, la capacité, le gain et même trois courbes d’égalisation : à découvrir d’urgence. Optimisa- tion du précédent DAC1 SE maintes fois récompensé, le DAC1 Reference, présenté sous un clas- sicisme de bon aloi, est vraiment différent des autres convertis- seurs, y compris à l’écoute. ODE A L’ANALOGIQUE La solide face avant de 6 mm en aluminium anodisé est égayée par deux petits vumètres rétroéclairés Nissei (d’origine taïwanaise). Ils indiquent le niveau de sortie en dB tout en apportant une touche rétro. Des LED affichent les fréquences d’échantillonnages en 44,1 et 48 kHz, plus leurs multiples x2 et x4, ainsi que les quatre entrées dispo- nibles : USB, optique, coaxial 1 et 2. Les choix techniques vont à l’encontre des tendances actuelles : pas de suréchantillonnage multiple dont la supériorité subjective est parfois difficile à prouver, ni de MQA, ni de DSD. Cette norme a du mal à vraiment s’imposer à grande échelle en haute résolution, ce qui rappelle le SACD, très prisé de cer- tains marchés mais loin d’être uni- versel malgré ses indéniables qualités sonores. Stratos Vichos a tranché : son DAC gérera les signaux PCM en 24 bits/192 kHz, largement suffisant pour traiter la haute résolution musicale. Les puces ne sont pas le dernier cri de chez AKM ou ESS, mais de bonnes vieilles Philips dual 16-bits. Juste

DAC 1 REFERENCE Saveurs analogiquesKeith Jarrett et Garry Peacock, la restitution est vive et alerte, les musiciens sont impliqués, attentifs et surtout inspirés. La caisse claire

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Page 1: DAC 1 REFERENCE Saveurs analogiquesKeith Jarrett et Garry Peacock, la restitution est vive et alerte, les musiciens sont impliqués, attentifs et surtout inspirés. La caisse claire

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B A N C D ’ E S S A I

Stratos Vichos est le créateur passionné et mélomanequi a lancé Lab12… en 2012, basé à Athènes. Ses choix sont dictés par le meilleur résultat sonorepossible, et non par une concession aux modesactuelles. Ainsi le DAC 1 Référence est nettement àcontre-courant, sans suréchantillonnage ni lectureDSD, mais avec un étage de sortie à tube triode etquelques autres subtilités techniques.

Saveurs analogiques

LAB12 DAC 1 REFERENCE

La face avanttrès bien finiedotée de sesdeux petitsvumètres lumi-neux donne uncachet sédui-sant et vintageau Lab12. Despetites LED affichent lesquatre entrées et les troisgammes de fréquencesd’échantillon-nage en lecture.

Lab12 s’est d’abord distin-gué par un conditionneursecteur, le Gordian, maisaussi par ses électro-

niques, toutes à tubes. La gammedébute avec le Suono délivrant 2 x25 W classe A grâce à une pairede KT150, alors que le Suara uti-lise quatre KT150, fournissant50 W. L’Integre4 atteint lui 2 x

65 W, muni de KT150 TungSol etd’un écran OLED surveillant l’élec-tronique. L’amplificateur casque/DAC/préampli HPA et le préampli-ficateur Pre1 en classe A sontaussi dotés de tubes, comme lephono Melto2 à affichage parécran OLED pour tous les paramé-trages des cellules à distance. Iloffre des réglages fins pour l’impé-

dance, la capacité, le gain etmême trois courbes d’égalisation :à découvrir d’urgence. Optimisa-tion du précédent DAC1 SEmaintes fois récompensé, le DAC1Reference, présenté sous un clas-sicisme de bon aloi, est vraimentdifférent des autres convertis-seurs, y compris à l’écoute.

ODE A L’ANALOGIQUELa solide face avant de 6 mm enaluminium anodisé est égayée pardeux petits vumètres rétroéclairésNissei (d’origine taïwanaise). Ilsindiquent le niveau de sortie en dBtout en apportant une touche rétro.Des LED affichent les fréquencesd’échantillonnages en 44,1 et48 kHz, plus leurs multiples x2 et x4,ainsi que les quatre entrées dispo-nibles : USB, optique, coaxial 1 et 2.Les choix techniques vont àl’encontre des tendances actuelles :pas de suréchantillonnage multipledont la supériorité subjective estparfois difficile à prouver, ni deMQA, ni de DSD. Cette norme a dumal à vraiment s’imposer à grandeéchelle en haute résolution, ce quirappelle le SACD, très prisé de cer-tains marchés mais loin d’être uni-versel malgré ses indéniablesqualités sonores. Stratos Vichos atranché : son DAC gérera lessignaux PCM en 24 bits/192 kHz,largement suffisant pour traiter lahaute résolution musicale. Lespuces ne sont pas le dernier cri dechez AKM ou ESS, mais de bonnesvieilles Philips dual 16-bits. Juste

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FICHE TECHNIQUEOrigine : GrècePrix : 2900 eurosFinition : argent et noirGarantie : 5 ansDimensions (L x H x P) : 430 x 110 x 290mmPoids : 8 kgTaux d’échantillonnage : 24 bits/192 kHzÉtage de sortie : 2 x 6922 double triodeBande passante : 20 Hz à 20 kHz (-1 dB)THD : moins de 0,15%Niveau de sortie : 2,5 V

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À l’arrière, lessorties RCAdoublées XLRcôtoient lesquatre entréesnumériquesdont une USB. À l’intérieur, leshuit convertis-seurs TDA 1543se trouvent sousla carte fille dutraitementnumérique.Deux excel-lentes capacitésJantzen Audio Z-cap par canalassurent la liai-son en sortie.

après un étage deréception numérique performantbasé sur un Wolfson WM8805(S/PDIF) et un C-Media 6631A(USB), huit TDA 1543 sont placésdans une configuration spéciale. Eneffet, chaque canal passe par huitconvertisseurs montés en parallèleafin d’obtenir un courant de sortieplus élevé et moins d’erreurs deconversion. Juste derrière, l’étagede sortie est assuré par un tubedouble triode 6922/E88CC parcanal, d’origine russe Electro-Har-monix, dans un montage cathodecommune plus cathode suiveuse,validé par de nombreux testsd’écoute. Les perfectionnistes pour-ront rechercher les meilleurs tubesdatant des années 60, sortant desusines Heerlen en Hollande commeles Philips SQ ou Amperex, ou lesMullard E188CC à cadre renforcéfaits à Mitcham, mais attention auprix de tels lampes New Old Stock.

ARTISANAT NOBLEL’intérieur expose la simplicité dumontage, mais d’une grande qualitéde réalisation, entièrement artisa-nale. Une alimentation sérieusecommence par un beau transforma-teur torique, qui fournit six alimenta-tions régulées séparées separtageant les circuits numériqueset l’étage de sortie à tube. Secret dela musicalité du Lab12, les TDA1543 sont directement suivis d’uneconversion courant/tension, ce queles tubes font magnifiquement. Lescomposants sont de grade audio-phile, comme les quatre volumi-neuses capacités de liaison 0,47 µFdanoises Jantzen Audio, gammeSuperior Z-Cap. Les résistances lar-

gement dimensionnées, toutcomme le refroidissement des mul-tiples régulateurs de tension, sontparfaits pour la fiabilité. À noter laqualité des connecteurs RCA, iso-lés téflon et plaqués or. SelonLab12, le DAC1 Reference a besoind’au moins 200 heures d’écoutepour son rodage. Pendant cetemps, tous les composants pas-sent d’une période de «combus-tion» à une période stable. Mieuxvaut le laisser en stand-by pour letenir bien chaud avant chaqueséance.

ECOUTE Timbres : Après un bon rodage etune mise en chauffe d’une dizained’heures, installé sur des décou-pleurs pour minimiser les effetsmicrophoniques des tubes, leDAC1 Reference peut exprimertoute sa richesse tonale et safinesse inouïe dans le médium-aigugrâce à son étage de sortie àtriode. Mais rassurez-vous, sansaucun des défauts parfois consta-tés comme une chaleur excessiveou un manque de précision dugenre flou artistique. Ici, la qualitédes textures est omniprésente,accompagnée d’une transparence

exceptionnelle : toutes les finesnuances sont respectées alors quele chatoiement de l’aigu est d’uneacuité rarement entendue. Pas desonorités hachées, pauvres ou sim-plifiées, le Lab12 est clairement auplus près du son analogique voulupar Stratos Vichos, dictant les choixtechniques. La ligne mélodiques’exprime avec facilité, de façonnaturelle et coulée, comme la Gib-son de Christian Escoudé dansl’album In LA, pleine, aérienne,ainsi que la contrebasse de BobMagnusson qui prend forme devantvous avec un volume naturel. Unemultitude de nuances s’expriment,fines et vraies, comme rarementsur une source numérique.Dynamique :Le Lab12 respecte la dynamiqueoriginelle sans forcer ni en rajoutersystématiquement. C’est l’apanagedu tube que de savoir suivre inti-mement la dynamique fine, lesmoindres écarts qui donnent vie àtous les niveaux sonores, pas seu-lement aux plus élevés. Sur le Livein London de Jack Dejohnette,Keith Jarrett et Garry Peacock, larestitution est vive et alerte, lesmusiciens sont impliqués, attentifset surtout inspirés. La caisse claire

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LAB12 DAC 1 REFERENCE

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et la cymbale resplendissent,l’attaque est la fois franche etlégère, sans lourdeur ni opacitéparfois ressenties sur certainsDAC manquant de transparence.Le grave est très texturé et variéalors que l’extrême grave possèdejuste ce qu’il faut de présence,sans insistance. Le sentiment deliberté et de facilité dans l’expres-sion musicale domine, montrantune fraîcheur et un foisonnementdes couleurs unique. Revers de lamédaille, ce DAC ne fera pas decadeau sur les mauvais enregistre-ments au mixage approximatif.Scène sonore : Le sentimentd’air entre les pupitres, la légèretédes harmoniques, le respect desréverbérations naturelles sont desqualités évidentes. Que ce soit surun bon CD dont il révélera toutesles possibilités, même encoreactuellement, ou des fichiers derésolution supérieure qui s’expri-meront librement, le DAC1 Refe-rence saura tirer bon parti dessources numériques, prouvantqu’une résolution 24 bits/192 kHzest suffisante dans l’écrasantemajorité des cas. L’essentiel estque l’enregistrement original soitbon, c’est un plaisir de réécouterdes classiques enregistrés surbande magnétique, comme leGetz/Gilberto, où la richesse desgradations harmoniques, la cha-leur humaine et la beauté du saxo-phone sont pleinement mises envaleur. L’analogique fait ici oublierle numérique. Sur un excellentenregistrement moderne commele Chris Jones, Road Houses &Automobiles, titre «No SanctuaryHere», la présence, l’ampleur dela scène sonore, le positionne-ment des chœurs ou la précisiondu médium/aigu sont excellents.

Rapport qualité/prix :Fabriqué artisanalement enEurope : c’est indiqué à l’arrière duLab12. Les composants choisisdémontrent une démarche audio-phile, d’autant que chaque produitest soumis à des processus demesure et à un réglage final résul-tant d’une écoute prolongée ausein de divers systèmes haut degamme, pour obtenir un appareilvraiment abouti. Le prix de2900 euros est par conséquentextrêmement bien placé, un para-mètre très important pour Lab12 etson distributeur français. L’absencede volume analogique demanderaun préamplificateur, la marque enfait justement d’excellents.

VERDICTLe concepteur grec tient beau-coup à ce que la technologie negêne jamais la musique, afind’exprimer tout l’impact émotion-nel et la performance musicale.Les solutions choisies sur le DAC1Reference démontrent le bien-fondé de cette démarche. Aucunetechnologie n’est vraiment obso-lète, surtout pas le tube, quand ils’agit de traduire la sensibilitéd’une interprétation, son délié, lasubtile variété des textures.D’autant plus qu’elle ne signifiepas coloration ou limitation. CeLab12 DAC1 Reference est unchoix à sérieusement considérerquand on est un mélomane amou-reux des sonorités justes et nondes chiffres.

Bruno Castelluzzo

TIMBRES ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■DYNAMIQUE ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■SCENE SONORE ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■QUALITE/PRIX ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■