Dascal Leibniz

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    1/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    2/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    3/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    4/137

    A CRUA PALAVr

    Une conversaion avecMarcelo Dascal

    di par Giovanni Scarafile

    Prface e raducion de Michel Serfai(aid de Sylvete Ruiz-Serfai)

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    5/137

    2011 Lulu Enerprises Inc.ISBN 978-1-4477-2261-8Tous drois rservs.A par la ciaion de passages cours des fins de criique

    e de recension, aucune parie de cete publicaion ne peure reproduie, socke dans un sysme de rcupraion,

    ou ransmise, sous quelque forme ou par quelque moyenque ce soi, lecronique, mcanique, par phoocopie,enregisremen ou aure, sans lauorisaion pralable desaueurs.

    DTP Robera Pizzi | www.roberapizzi.com

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    6/137

    ABLE DES MAIRES

    Dascal, Leibniz, e le symbolisme mahmaique.Prface de Michel Serfai IInroducion de Giovanni Scarafile XIII

    A CRUA PALAVr

    Une convesation avec Macelo Dascal 01

    LA CONTROVERSE EN PHILOSOPHIE 27

    Bibliographie sommaire 56

    PUBLICATIONS DE MARCELO DASCAL 58

    OuvragesA. Ouvrages (comme aueur) 58AA. Ouvrages (comme dieur) 59

    Aricles parus dans des livres e des revuesB. Hisoire des Ides 64C. Philosophie du langage, Linguisique, Smioique 73D. pismologie e Maphilosophie 82E. Philosophie de lespri / du langage, Sciences cogniives 88F. Philosophie poliique, hique, Philosophie de lacion 92G. Eshique 97H. exes dans des Encyclopdies 98I. Acivis dioriales 100J. Criiques de livres 108

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    7/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    8/137

    Prface

    Dascal, Leibniz, e le symbolismemahmaique

    Je voudrais voquer dans ces quelques lignesma renconre (inellecuelle) avec MarceloDascal, qui fu un momen imporan pourmoi. Mahmaicien professionnel, spcialisedalgbres des logiques mulivalenes, je me suis

    un momen de ma vie ourn vers la philosophiedes mahmaiques, en premier lieu pour cherde comprendre les raisons pour lesquelles unebonne par de ceux qui menouraien, inelligens

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    9/137

    II

    Prace

    e culivs, que japprciais pour leur espri

    srucur e impeccablemen dducif dans ousles aspecs de la vie quoidienne, aien incapablesdapprhender des mcanismes mahmaiquesconemporains sandardles plus simples pour moi,mme lorsque je chais de leur en formuler les

    principes en ermes inuiifs, imags, e amicaux. Ensecond lieu je cherchais une explicaion raionnelle la prodigieuse (draisonnable ?) capaci desmahmaiques conemporaines invener e crerdes objes eniremen neufs, don moigne chaquemois (!) pour ses leceurs assidus le numro en

    cours des Mahemaical Reviews. Les rponses, quimiren quelque emps se rvler, se rsumren la place e aux rles du langage symbolique : il nespas la ranscripion en signes (e moins encore lasnographie !) de la langue naurelle.

    Par une analyse rrograde, je compris dabordque chez Descares e Vie, pouran fondaeurs dusymbolisme (mais en quelque sore malgr eux...),la quesion de la langue symbolique comme enispare ne sai mme pas pose. Bien enenduelle nai nullemen apparue avan eux. Alors vin

    Leibniz.Jappris ensuie que la consiuion de lcriure

    symbolique mahmaique au dix sepime sicle,dsormais suje de mes proccupaions (e de ma

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    10/137

    III

    Prace

    hse) navai fai lobje que de for peu dudes

    e, mon sens, rs souven fauives ou incomples(par exemple chez Nesselman).

    Ces ce momen que jai dcouver LaSmiologie de Leibniz de Marcelo Dascal. Ceouvrage, paru Paris en 1978, es excepionnel

    par la connaissance inime e irremplaable de laphilosophie (e de la psychologie...) de Leibnizque Dascal y dmonre, mais aussi par les subilesanalyses philosophiques de dail quil dploie, ansur les diverses cagories foncionnelles muliplesdes signes, que les diverses hories smioiques, de

    Hobbes Peirce e Saussure.Lanalyse de la (des) posiion(s) de Leibniz

    quan au symbolisme mahmaique renconrailes miennes sur le double plan de ma philosophiedes mahmaiques, e de lapraique quoidienne du

    ravail dans la communau des mahmaiciens je veux ici voquer une des formes de cepragmaisme cher Dascal, comme en moigne nouveau son inerview par Giovanni Scarafile dansle prsen ouvrage.

    Dans la Smiologie, Dascal metai en pariculier

    en avan chez Leibniz deux poins, fondamenauxdans mes analyses, mais insouponns, maconnaissance, daures philosophes : dune par lesplaces respecives du symbolisme e de la pense

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    11/137

    IV

    Prace

    mahmaique, daure par lauonomie revendique

    par Leibniz pour ce mme symbolisme.Le symbolisme mahmaique es-il un

    insrumen ncessaire la pense mahmaique,qui se formulerai sponanmen dans le cadre de lalangue naurelle ? A une quesion ainsi formule, la

    rponse peu apparare inconesablemen posiive: doe de foncions psychoechniques ceraines delute conre loubli e les dfaillances de la mmoire,de remmoraion, de condensaion, mais aussi decommunicaion, cete place es en quelque sorenaurelle. Cete posiion fu souenue (souven

    impliciemen) par Descares, Mais ce fu aussi,comme lexpose rs bien Dascal, celle du premierLeibniz - une concepion don, nous di Dascal, il nepu jamais saffranchir complemen. On comprendmieux les oscillaions de Leibniz quand on prend

    conscience de la force e limprgnaion des esprispar les srucures millnaires de la langue naurelle.On les comprend mieux encore quand on sai queces hsiaions e ce balancemen son aujourdhuilargemen parags par nombre de mahmaiciensconemporains - je peux en apporer bien des

    moignages.Dun aure c cependan, le symbolisme

    mahmaique peu aussi re un lmen consiuif,archieconique, de la pense mahmaique,

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    12/137

    V

    Prace

    coexensif son dveloppemen e linvenion.

    Une pense qui se consrui alors par e pour lesymbolisme - par cete affirmaion, je ne veux pasvoquer la consrucion de langages formels, maisle droulemen pragmaique de la mahmaiquequoidienne. Cete concepion eniremen neuve

    du symbolisme, qui aurai pu parare exravaganeaux espris du emps (on songe Descares !) sedgagea pouran peu peu chez Leibniz, qui auraainsi le premier hmais la praique de ouesles mahmaiques des sicles venir, jusquauxconemporaines. Jai dvelopp dans le dail ce

    aspec, omniprsen ds le XVIIme sicle mme,dans nombre de exes. Jvoquerai seulemen lapraique leibnizienne de la subsiuion, inconnueavan lui, quil hmaisa sous le nom dArCombinaoire (un erme qui fu bien mal compris

    an de ses conemporains que des nres) enfaisan remarquer que dans la langue naurelle, lessubsiuions son rgles par le sens; dans la languesymbolique, elles furen, aprs Leibniz, rgles pardes rgles ces--dire hors le sens. E Leibnizfu en quelque sore linveneur (e le mare) de la

    subsiuabili. E cete facul de subsiuer horsle sens se rvla une cl puissane, eniremenneuve, pour la craion dobjes mahmaiques, auravers de praiques pismologiques quon peu

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    13/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    14/137

    VII

    Prace

    de lindermin, srucure arborescene sous jacene

    oue criure symbolique (e donc la pensede ou mahmaicien), reprsenaion de la miseen relaion (elle lgali) par un signe spcifique,ruinan dfiniivemen ou mainien de la srucurerhorique prdicaive de la langue naurelle. Ds

    lors sorganisa naurellemen la comprsence dedeux regisres, celui de la langue naurelle, e celuide la langue symbolique, irrducibles lun lauree, en consquence ou aussi naurelle, la possibleauonomie du symbolique. Ces encore une fois Leibniz quil revin den prendre ace. Javais analys

    in sau nascendi la consiuion de cete duali deregisres, e Dascal es ma connaissance le seulphilosophe qui avai galemen dcri en dail ceaspec, en le prenan au srieux...

    Ainsi lemploi du sysme symbolique nes-il

    pas seulemen recommand pour nous, au nomde commodis psychoechniques ; il es bienarchieconique, indispensable la consiuion dela pense mahmaique. Dans ces condiions, lafacul pour le mahmaicien de demeurer dans leregisre symbolique, de coninuer dy ravailler, en

    reardan le plus possible le reour aux significaions,sera une prescripion primordiale pour Leibniz, aunom de ce quil appela le caracre auarciquedu signe :

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    15/137

    VIII

    Prace

    Il fau savoir que les caracres son

    dauan plus parfais quils son plus auarciques,de sore que oues les consquences puissenen re drives.

    Ce exrai de Sur la langue universellees perinemmen ci par Dascal (p. 218) quicommene ainsi ce poin, avec jusesse : Ceque la noion dauarcie suggre ici, ces suroulindpendance dun sysme de signes adquas indpendance vis vis des opraions menalessuprieures. Il ajoue (page 222) :

    [Leibniz] compare lusage inelligen des

    mos (e daures signes) avec lemploi de jeons(...), non parce que ceux-ci renvoien ou leemps aux ides quils son censs reprsener,mais plu parce que lon peu effecuer surces jeons eux-mmes oues les opraions decalcul que lon veu, sans passer incessammenau plan des ides. En rali, ces la possibilide dlayer indfinimen ce renvoi aux ides quies surou apprcie par Leibniz.

    La validi de cete facul, que dcri for bienDascal, de demeurer dans le signifian, en reardandurablemen le reour aux signifis, aura sans coneserepos, pour Leibniz, sur le fai quau derniermomen (bien enendu souven viruel...), celuidu reour aux significaions, le gomre ne pourramanquer, selon lui, de dcouvrir consammen des

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    16/137

    IX

    Prace

    rsulas mahmaiques valides. Une assurance

    qui es elle-mme fonde sur ce quon pourraiappeler aujourdhui une correspondance bijeciveenre signifians e signifis, qui, mme si ellenous chappe car on ne peu en fai puiserdans le signe ous les atribus de la chose es

    en vri, pour Leibniz, gage en Dieu. On saisibien ici la diffrence de la posiion de Leibniz (ede celles des mahmaiciens pragmaiques deerrain) avec la problmaique de la consiuiondes langages formels modernes, o ou reour auxinerpraions es exclu par le principe mme dun

    el langage mais non pas, dans les fais, par sapraique. Mais ceci es une aure hisoire... o lonrerouverai le pragmaisme esseniel de Leibniz e,comme corollaire direc, son reje du plaonisme.

    La Smiologieconien nombre daures analyses

    smiologiques voisines, oues pleines dinr,quon pourrai oues direcemen connecer lavancemen de la science mahmaique aprsLeibniz, mais que je ne peux ici commener. Jecierai nanmoins in fine, dans la secion Signes eraisonnemen, la perinene analyse de Dascal, de la

    pense aveugle. Les ressors inimes de ce hmebien connu son ici remarquablemen mis au jour :

    La pense aveugle ne saisi, en effe,

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    17/137

    X

    Prace

    quun nom, le nom dune oali. Mais ce nom

    peu, en principe, re chang en une ideclaire e disince des composanes de ceteoali. Ces la confiance dans la possibili dece change qui nous donne le droi duiliser defaon aveugle le nom en quesion.

    Paris, fvrier 2011

    Michel Serfai1

    1 Insiu de Recherche sur lEnseignemen desMahmaiques, Universi Paris VII-Denis Didero.

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    18/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    19/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    20/137

    Inroducion

    Non ducor, duco.On pourrai peu-re parir dececi : la devise de la ville de So Paulo, pour dcrireMarcelo Dascal aussi succincemen que possible.

    Pour donner juse quelques exemples, parlerde Dascal comme lun des plus grands spcialisesde Leibniz ou de pragmaique, ou en an que leconcepeur esseniel de la horie des conroverses,ou comme lun des plus remarquables exemplesconemporains de linellecuel engag 1, risque enfin de compe dre rduceur, moins de rerouver

    un schma qui puisse rendre compe de la faondon il es possible dexceller - e ce, dune faonqui ne soi pas pisodique - dans des champs derecherche ellemen diffrens, e avec des rsulasunanimemen reconnus par la communauscienifique inernaionale.

    La que de cete cl pariculire qui ouvre ausyle e la recherche de Marcelo Dascal, a la

    1 En franais dans le exe.

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    21/137

    XIV

    Inroducion

    base du documenaire A crua palavra, film la

    Bibliohque Cenrale de Saleno l 2008.Ces quesions, aujourdhui mises jour en vue de

    la publicaion de ce livre, naborden pas seulemenla che de suivre la race un chemin possible quipourrai relier les diffrens aspecs de la pense

    du philosophe Isralo-Brsilien, mais surou celledidenifier le schma qui puisse rvler de quoies fai un syle de pense suscepible de coninuer fasciner les chercheurs un peu parou dans lemonde.

    Je dois confesser que, bien qu lpoque delinerview, je connaissais dj Marcelo Dascaldepuis de nombreuses annes, la pense de merouver devan un el inerlocueur, un hommecapable - juse pour en menionner un aspec de

    parler courammen hui langues, mimpressionnai.E pouran, cete conversaion ma offer loccasionde raliser quil y avai quelque chose peu redans le regard (fixe) de Dascal, peu re dans sonironie subile, peu re encore dans les mouvemensde main qui accompagnaien ou ce quil disai

    qui vous inviai ranscender vos propres limies.E il es significaif que cete sore dinviaionpariculire soi produie par Dascal, non passeulemen par lusage de sa dialecique raffine e

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    22/137

    XV

    Inroducion

    bien connue, convaincane dj par elle mme,

    mais par dessus ou, au ravers dun moignagevocaeur qui relie comme lui mme le di la finde linerview le horique e la praique.

    Cela ma convaincu que ce nes pas seulemen

    par une heureuse concidence que la significaion laplus auhenique du verbe lain ducere, rouve dansla devise dj menionne de la ville o Dascal esn, soi avoir une personne comme compagniepour aller dun endroi un aure . En vri, quilparle des recherches les plus rcenes sur Leibniz,

    de la siuaion au Moyen Orien, de la pragmaiqueou du almud, les mos de Dascal non seulemenne nous laissen pas indiffrens, mais ils nousencouragen rellemen adoper un poin de vueauonome, dans une sore daccompagnemen, de

    compagnie, qui fai que la recherche devien uneexprience vriablemen dialogique.Aussi bien dans linerview que dans lessai ici

    radui, on peu rouver deux aspecs en ineraciondans la pense de Dascal.

    Dun c, la rigueur e la prcision du chercheur

    professionnel, lequel, uilisan chaque fois lesouils concepuels les plus appropris, es capabledapprocher lobje dude, de le dissquer e de ledmoner. Ces une che laborieuse, minuieuse,

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    23/137

    XVI

    Inroducion

    qui rouve confirmaion dans les conacs avec les

    nombreux inellecuels quil renconre au cours deses voyages.

    Dun aure c, il exise un pouvoir plusimmariel, une sore de capaci voir ce qui nespas immdiaemen visible, une espce dinuiion

    qui perme Dascal denrer profondmen dans leschoses e den rvler les lmens les plus inimes.Il nes pas surprenan que, pour rendre compe

    de cete force double, nous emprunions Diderole passage suivan qui refle la dialecique enreespri observaeur2e espri prophique3: Lespri

    observaeur don je parle sexerce sans effor, sansconenion; il ne regarde poin, il voi, il sinsrui.[] Il na aucun phnomne prsen, mais ils lonous affec, e ce qui lui en rese ces une espcede sens que les aures non pas. Ces une machine

    rare qui di : cela russira e cela russi. Cela nerussira pas e cela ne russi pas. Cela es vrai oucela es faux e cela se rouve comme il la di. Ilse remarque e dans les grandes choses e dans lespeies. [Ces une] sore despri prophique.

    Rapprocher le syle de pense de Dascal e les

    2 En franais dans le exe.3 En franais dans le exe.

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    24/137

    XVII

    Inroducion

    mos de Didero nes pas le fai dun hasard. En

    fai, selon Didero il ny a quune seule cagoriedhommes qui ces mos puissen re appliqus,la cagorie mme laquelle Dascal apparien : lesgnies.

    A crua palavra, le mo bru , le ire duneclbre chanson de Chico Buarque, dsigne cemo pariculier qui, non seulemen monre la voievers la significaion, mais aussi lexprime e la rendeffecivemen prsene.

    Jespre quen lisan les propres mos de MarceloDascal, chaque leceur pourra faire lexprience dece lien indissoluble enre recherche e moignage.

    Lecce, sepembre 2010

    Giovanni Scarafile

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    25/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    26/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    27/137

    2

    Marcelo Dascal

    professeurs, ec. Nous avions avec la France un lien

    rs for. Au dbu de 1964, il y eu le coup damiliaire au Brsil. Lun des objecifs des miliairesai de supprimer la facul de philosophie ose rouvaien daprs les miliaires de lpoquede dangereux marxises, des gens qui lisaien des

    ouvrages subversifs en russe, ec. Devan une ellesiuaion, ous ceux qui puren le faire quitrenrapidemen le pays, de faon pouvoir coninuer udier, vier la prison, ou encore ne pas re mis

    la reraie doffice ving ans.

    Avez vous pris seul la dcision de parir?Ma femme e moi avions dcid ensemble de

    nous en aller, e nous sommes paris, ouefois sansemporer avec nous ous les livres de Che Guevara,Fidel Casro e Mao s-oung, qui aien plus ou

    moins le bagage inellecuel de ous les inellecuels,jeunes e acifs, de cete priode. En sore que lesmiliaires avaien raison : nous ions vraimenrs dangereux car nous avions absorb des ideserribles ... Je me souviens quil y avai un sminairehebdomadaire o nous avions lhabiude chaquesemaine de lire un chapire du Capial, de Marx.Personnellemen je nai pas brl mes livres. Jesuis incapable de brler des livres ou de les jeer

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    28/137

    3

    A crua palavra

    la poubelle. Jai laiss mes livres la garde dune

    de mes anes, dans un bon endroi pour cacherdes livres dangereux, mais je ne sais pas ce quil esadvenu deux plus ard.

    Quelle siuaion avez vous rouve quand vous es

    arriv en Isral?En Isral, nous sommes arrivs dans un kibbouz,o ous ravaillaien e recevaien ce don ils avaienbesoin dune faon galiaire. Je me souviensque plus ard quand je suis all lUniversi, unprofesseur iulaire gagnai moins quun docker.

    Ce nai pas seulemen pour des quesionsdgaliarisme, mais aussi parce que les professeursdUniversi ne disposaien pas dun syndicapuissan, conrairemen aux dockers.

    Surou, si lon considre la soci de lpoque,

    elle ne prsenai pas de diffrences socio-conomiques majeures. On ne rouvai pas, dunc, des riches millionnaires, e dun aure cles pauvres. Aujourdhui, Isral es lun des paysdu monde dvelopp o la diffrence es pluforemen marque. En Isral ou ses droul

    lenvers. Nous sommes paris du socialisme pour enarriver un capialisme inconrl.

    Y a--il une spcifici de la culure isralienne?

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    29/137

    4

    Marcelo Dascal

    Dans la culure isralienne, oue chose es

    obje de dba. Cela es excessif. On ne doi pas,on ne peu pas, dbatre de chaque chose chaquemomen, mais il es imporan de vouloir le faire.Je ne veux pas enrer dans des spculaions sur lesraisons pour lesquelles ceci ses dvelopp, mais on

    peu rerouver des races de ce mode de dialoguebien avan la fondaion dIsral, dans lhisoire desJuifs. Par exemple, le almud es un livre de puredialecique dans lequel oue chose es discue.On y rouve plusieurs inerpraions ou faidiffrenes des exes anciens, des commandemens

    divins e des lois qui en driven, par exemple. Ony rouve raremen du consensus sur quoi que cesoi. E oues ces opinions son conserves dansleur diversi. Quelquun a eu lide quil es rsimporan de conserver lopinion de la parie qui

    na pas rempor le dba, parce que celle-ci es aussiune source de savoir. Ainsi, je ne fais que suivre laradiion juive. Je suis heureux davoir reconnu quily a dj eu une radiion ancienne qui avai donn duprix au dba, une radiion que je ne connaissais pase que, sans le savoir au dbu, je poursuis mainenan

    dans mes udes des conroverses. De surcro, il y adans la culure Juive, le concep du placard des livresJuifs.Ce concep es la cause de dbas publics. Enpremier lieu, on a d dcider quels son les livres

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    30/137

    5

    A crua palavra

    qui son conenus dans le placard, quel es le canon

    pour derminer ce qui es un livre Juif . En secondlieu, on a d ablir qui apparien le conenudu placard. Nous, les penseurs sculiers, pensonsquil napparien pas exclusivemen aux religieux.Ces au conraire un placard public. Dbatre avec

    les religieux orhodoxes qui rclamen un droi depropri sur la litraure quils iennen pour sacrenes pas simple, mais il es imporan de le faire.Mes collgues disen, je ne peux enir de discussionsavec des gens qui non pas lu Kan, Descares, ec. JedisNon, ceci nes pas exac. Alors je demande mes

    collgues,Avez vous lu le almud? -Non.-E alors?Ere ouver aux aures implique davoir rellemen lules exes des aures. E lire srieusemen demandedu emps, pour essayer de comprendre e parfois decriiquer.

    Si on regarde vore biographie inellecuelle, onsaperoi que vous avez enseign aux as-Unis,en France, en Allemagne e en Ialie; que vous es

    Prsiden de la Nouvelle Associaion PhilosophiqueIsralienne, que vous es Prsiden de la IASC, ces-

    -dire lAssociaion Inernaionale pour lEude desConroverses, ec. Le problme pour linerviewer esquil es difficile de rouver un moule unique adap lamuliplici de vos cenres dinr e de vos champs de

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    31/137

    6

    Marcelo Dascal

    recherche. Dans cete perspecive, jai pens quil serai

    appropri de vous demander de dfinir le dialogue enreles disciplines, comme on peu voir que vous le praiquezquoidiennemen.

    Pour re un vrai dialogue, le dialogue enre lesdisciplines doi re un dialogue. La rponse ien

    dans cete auologie.

    Comme poin de dpar, je dirai que le dialoguees quelque chose qui consiue une ouverure dela par de ous les paricipans. Cete ouverurees fondamenale dans le cas o lon peu donc

    apprendre quelque chose de laure parie, parexemple. Mais re ouver ne peu se rduire re simplemen le moyen commode dapprendrequelque chose de nouveau e de diffren. Ces lemode indispensable pour re en mesure dcouer

    les rvlaions de laure personne, don laurepersonne elle mme peu ne pas re pleinemenconsciene.

    Le dialogue consiue donc un dfi majeur, parceque personne ne peu re passif, pas mme avec soi-

    mme. On doi rouver la mme dynamique dans ledialogue enre disciplines. Aujourdhui par exemple,il y a des discussions auour de linerdisciplinari.Jessaye, quan moi, de praiquer vriablemen

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    32/137

    7

    A crua palavra

    linerdisciplinari. Je pense que les problmes

    complexes que nous, res humains, avons rsolus,von au-del des limies de la discipline. Ces doncdune videne ncessi. Le fai que le dialogueinerdisciplinaire soi viden ne signifie cependanpas quil soi facile de le mener. Dans le monde

    acadmique on rouve ce paradoxe : il se di un asde choses propos de linerdisciplinari, on credes disciplines inerdisciplinaires (par exempleles sciences cogniives) mais, dans les momenscruciaux chacun/chacune demeure enferm(e) linrieur de sa discipline comme dans une

    boue de sauveage. Ceci se produi du fai de lasrucure du monde acadmique, o lon croique quiconque praique linerdisciplinari esune espce damaeur qui en connai un peu surceraines choses, sans rellemen connare aucune

    de celles-ci en profondeur. Quand vien le empsdexaminer une personne, e de dcider ou non de sapromoion, ce quon enend, ces :Il a publi dans ce

    journal inerdisciplinaire, mais ceci nes pas perinen.Voyons ce quil a ai dans sa propre discipline. Il y aune atirance vers la disciplinari qui va loppos

    du discours sur linerdisciplinari. Les gens onpeur dre rop inerdisciplinaires parce que celapeu metre en pril leur carrire. Ces ainsi que leschoses marchen. Ces un paradoxe adminisraif,

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    33/137

    8

    Marcelo Dascal

    ou auan que concepuel.

    Cela signifie--il que aire aujourdhui de la recherche linrieur dune insiuion, que ce soi une Universiou un Cenre de Recherche, es presque impossible, ou, ou le moins, plus difficile?

    Faire de la recherche es sans doue difficile. Celaes lune des raisons, mais il y en a daures. Cesdifficile parce que les universis ne son pas enmesure de financer la recherche, en pariculier cellequi demande de largen e du mariel. Il y a uneendance penser que seule la science, cete sore

    de science quon appelle la bigsciencencessie delargen pour des laboraoires, du mariel coeux,ec. Ce nes pas vrai. La mme chose vau pour leshumanis. Prenons comme exemple les exes deLeibniz. Jusqu mainenan seule la moii de ses

    manuscris a publie. Pour faire de la recherchedans ce seceur, on doi consuler les manuscris,e se rendre en Allemagne o ils son conservs.Sans comper que les gens qui fon ce ravail sacrde conserver ces prcieux cris doiven re pays.Ce son des chercheurs/dieurs qui produisen

    ldiion criique des exes. ou ceci demandedes fonds normes. En ce momen, il nous manqueencore peu prs cinquane volumes, avan que lapublicaion des manuscris puisse re considre

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    34/137

    9

    A crua palavra

    comme ermine. La prparaion de chaque volume

    demande environ sep annes de ravail unchercheur ravaillan ingralemen sur le proje.Avec le personnel e les moyens acuels, ldiionacadmique rigoureuse des uvres comples deLeibniz ne sera disponible quen 2050. Je parle en

    connaissance de cause.

    Du ai que vous es aussi un ingnieur, navez vousjamais envisag la possibili dun ouil echnologiquequi puisse raccourcir le dlai?

    Il nexise pas douils prs re uiliss pour

    dchiffrer les manuscris, les ranscrire, e les dier.Nous devons les dvelopper. Cela ne signifie pasquon ne puisse ravailler plus vie. Mais, commenous le disions, cela signifie quil fau des fonds pourmener bien le dveloppemen des echnologies.

    Bref, la recherche es coeuse.

    En ce momen, la siuaion dans mon universie dans un grand nombre daures que je connais,es que ces au chercheur de rouver les fonds,de rouver un sponsor qui remplace les anciens

    mcnes qui, au lieu du fooball, soi pr financer,par exemple, la recherche philosophique. Cela nespas simple. Bien sr, il exise des agences prives,des fondaions, des cenres de recherche, des CNRS

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    35/137

    10

    Marcelo Dascal

    ou encore des bourses de recherche Europennes.

    Cependan, prparer un proje de recherche qui ades chances de recevoir un financemen demandebeaucoup de ravail. Avoir une bonne ide nes passuffisan. Vous devez remplir des dizaines de pages,metre sur pied le budge, ec. Aujourdhui, re un

    chercheur signifie re aussi un adminisraeur de larecherche. E, comme je le disais, ceci nes pas uneaffaire simple.

    On nous donne souven limage de Leibniz commephilosophe atach presque eniremen la logique e

    des aspecs en mesure de reprsener une rigoureuseraionali. On ne peu coneser que de els lmensse rouven chez Leibniz. De vore inerpraion evos ravaux, il merge cependan daures aspecs quioffren limage dun philosophe quelque peu diffren.

    Es-ce exac?Merci. Oui, je suis en ceci coupable en un cerainsens, parce que mes premiers ravaux sur Leibnizsaien conforms la radiion de placer audessus de ou la pense formelle chez Leibniz.Ces Leibniz lui mme qui a dvelopp lide de la

    formalisaion comme une base pour la logique, eaussi pour les mahmaiques. Dans cete mesure,il es le craeur de la logique moderne. Il a aussibeaucoup cri sur le dveloppemen dune mhode

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    36/137

    11

    A crua palavra

    formelle pour rsoudre les conroverses. Dans de

    nombreux exes il souien que sa mhode permede rsoudre les conroverses parce que ceux qui ne son

    pas daccord doiven simplemen sasseoir, prendreune plume, e, en calculan, ablir lequel a raison. Luimme, cependan, na pas capable dappliquer

    sa mhode dans les rares conroverses quil avaiincluses dans le nombre de celles qui pouvaienre rsolues logiquemen. Il di par exemple,Jai euune conroverse avec elle ou elle personne, nous avonsanalys la conroverse du poin de vue logique jusquaudixime syllogisme, e la soluion es alors devenue

    claire, nous sommes ombs daccord, e ou ai rsolu.Plus ard cependan, on rerouva les documensmanan de laure personne avec laquelle il avai eucete conroverse, e ils monrren clairemen quilsnaien pas ombs daccord e que la conroverse

    nai pas du ou rsolue. Leibniz le savai, caril ses oppos la publicaion daricles de sonadversaire dans les Aca Erudiorum, le journal deLeipzig (quoi que Leibniz nen fu pas ldieur).

    On doi ajouer que Leibniz na pas seulemenun philosophe ; il a aussi un mahmaicien, un

    logicien e un homme poliique. Il a ravaill pourla cour de Hanovre o il y eu de emps en empsdes problmes rsoudre. Il devin alors clair pourlui que les conroverses poliiques e, en gnral, les

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    37/137

    12

    Marcelo Dascal

    conflis, ne pouvaien se rsoudre en uilisan une

    plume pour effecuer des calculs, parce que ce quilfallai, cai de la flexibili, de la capaci formulerun cas dune manire qui permete la conciliaionenre les deux posiions, bien plus que la soluionmahmaique qui aurai pu le cas chan ablir qui

    avai raison e qui ai supide. Il ses rendu compeque les problmes de la rali, pariculiremen lesproblmes praiques, ne peuven se rsoudre avec laseule mhode mahmaique ou logique. Devancete siuaion, Leibniz ravailla sur des mhodesde conciliaion e dveloppa une posiion morale

    que jesime fondamenale. Sur ce poin, Leibniz aravaill beaucoup plus en profondeur que ous lesproagonises de son poque.

    Y a--il des diffrences enre Leibniz e Locke, quan

    aux ides sur la olrance?Lide de olrance chez Leibniz es plusprofonde que celle de Locke, pour qui olrancesignifiai Nous accepons lexisence de ces hommes

    ous e leur droi de croire ce quil leur pla pourvu quecela ne drange pas la soci e ne cause pas du mal

    quiconque; mais ils son oujours ous e coninueronde lre an que leurs croyances demeureron lesmmes, andis que nous, nous connaissons la vri.Aulieu de cela, pour Leibniz, la olrance doi signifier

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    38/137

    13

    A crua palavra

    que nous reconnaissons que ces aures qui peuven

    nous sembler fous aujourdhui, possden au moinsune peie parie de la vri, quils disen des chosesquaujourdhui nous ne pouvons mesurer, mais quenous pourrions voir demain comme correces. Laposiion de laure personne es value par Leibniz

    dans les ermes mmes de cete aure personne, paspar comparaison avec la prendue supriori denore posiion. Comme vous pouvez le voir, il sagidune ide diffrene de la olrance.

    ous ces aspecs nous prsenen un aureLeibniz,

    avec une pismologie complemen diffrene,aux fondaions hiques ou fai imporanes. Ence qui me concerne personnellemen, il ma semblimporan de dmonrer ou ceci dans un ravailqui a demand dix ans pour son achvemen, e qui

    conien une collecion de exes de Leibniz donjai appel lensemble, lar des conroverses.

    Dans la perspecive de la redcouvere de ce aureLeibniz don vous parlez, vous avez soulign lexpressionblandior raio. Que signifie--elle exacemen?

    Ce exe o il di blandior raio ne doi pasre vu comme disan quil exise une raionalifaible. Le mo raio a daures significaions,daures usages. De sore que cai une peie

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    39/137

    14

    Marcelo Dascal

    asuce de ma par de prsener ceci sous la formeVoil, Leibniz es daccord avec moi. La raionalidon Leibniz parle dans ce conexe es faible oudouce, au sens o elle nexige pas e ne perme pasde parvenir la ceriude, la dmonsraion ulimee absolue. Au conraire, ces un ype de raison qui

    di expliciemen quil es raisonnable dateindreune ceraine conclusion, mais quil peu y avoir desraisons qui neuralisen ce caracre raisonnable.

    Ceci es une approche qui invie le suje abandonner une foi dogmaique quan la naure

    finale e absolue dune conclusion. Ces unepraique raisonnable, quArisoe discue danslEhique Nicomaque. Arisoe y di ceraineschoses rs juses l-dessus, mais il nen dveloppepas les dails. Leibniz a fai davanage dans cete

    direcion.

    Quelle es la valeur de limage dune balance dansvore pense?

    Limage dune balance des raisons es une auredcouvere que jai faie chez Leibniz. Il uilise rs

    souven cete image. Ces rs imporan parce queces limage dune siuaion de dlibraion, ces--dire dun homme raionnel examinan le poidsdes argumens en faveur, ou lenconre, dune

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    40/137

    15

    A crua palavra

    ceraine dcision, ce qui es fondamenal pour agir

    raionnellemen. Ce nes pas une image nouvelle.Mais Leibniz en fai un usage rs inressan : aprsque des raisons aien peses, il ny a pas deux,mais rois posiions possibles pour les plaeauxde la balance. La seule possibili qui rese quand

    la balance es quilibre es de lancer un d de aon pouvoir prendre une dcision arbiraire. Leibnizes un raionalise plus doux (blandior), pourqui lquilibre es la posiion du scepique qui di

    finalemenje suis parvenu la paix, laaraxie, eje peux dormir le rese de la journe. Mais Leibniz

    ne veu pas se reposer : il a beaucoup de ravail accomplir, beaucoup dides pour faire avancer lesavoir e le bonheur humain ; il doi crire sans cessedes manuscris, qui von enir occups les dieursde ses uvres pour un sacr bon momen, au moins

    jusqu 2050 ...

    Laure possibili, ou aussi exrme, es ypiquede ceux qui veulen uiliser la balance pour prendredes dcisions ceraines. Le poids dans un desplaeaux es derminan, dcisif. Ces celui de la

    dcision qui es choisie, laure es fausse e rejee.Leibniz diNon, cela serai Descares la recherche dela ceriude. Il di quil y a seulemen deux possibilis.Soi larbiraire du d, soi la ceriude. Leibniz di

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    41/137

    16

    Marcelo Dascal

    non, il y a la possibili de la balance qui, selon son

    excellene formule, incline sans ncessier. Cesdonc une posiion inermdiaire. On se rouvedevan une lgre inclinaison, e laiguille se ournevers un des plaeaux ou vers laure. Cete inclinaison,pour peie quelle soi, es une raison suffisane

    pour faire un choix, mais quelque raisonnablequelle soi, ce nes ni dcisif, ni cerain, ni final. Siun aure faceur es dcouver par la suie, qui vienchanger linclinaison, eh bien, il nous fau changernore dcision. Ces l une raionali plus aimable,qui ne demande pas la longue atene ncessaire

    pour ateindre une dcision finale, comme si lonatendai la dcouvere du dernier des axiomes.Bref, nous pouvons dcider, en ayan un peu plusou un peu moins de raison. Alors, oui, limage dela balance es ainsi rs imporane pour moi, parce

    que la plupar de nos dcisions son de ce regisre.

    Limage de la balance, en un cerain sens, es aussisuscepible dre le signe dun comba linrieurde moi-mme. Quand jais jeune, jais, ce queje pense, ou fai raide e dogmaique. Je pensais,

    Jai dcouver ceci e aussi cela. Cela doi re vrai que cepari poliique es le seul qui peu sauver le pays.Javaiscete endance... ou fai rigide, dans le droi-fildes mahmaiques, de la logique, de la science.

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    42/137

    17

    A crua palavra

    Peu-re avec lge, je ne sais pas...cela se produi,

    nes ce pas ? La balance ma por vers une auredirecion. Ces mainenan une image dominanedans ma forme de pense.

    Dans vore horie des conroverses, vous avez

    disingu enre discussion, querelle, e conroverse.Au fil des annes, vore horie ses-elle confirme ouinfirme?

    La rilogie discussion, querelle, e conroversea criique pour re la fois insuffisane (pourceux qui pensen quil y a daures sores de dbas)

    e excessive (pour ceux qui pensen quil ny en aque deux, savoir la discussion e la querelle). Jenai jamais rouv, ni dans les argumens criiques,ni dans lanalyse de dbas concres, quils soienpasss ou prsens, dargumens de poids qui me

    fassen abandonner la rilogie sous-jacene lahorie des conroverses. Lchec de ces criiquesque je viens de menionner peu re d roisfaceurs : 1. Loubli de ce que discussion, querellee conroverse son des dsignaions dun ypeidal, ces--dire des conceps absrais ou des

    descripions de phnomnes qui nous aiden comprendre leurs aspecs fondamenaux, mais nenous offren pas une descripion comple, dansous ses dails, du phnomne en quesion ; 2. Le

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    43/137

    18

    Marcelo Dascal

    caracre dynamique du dba dans son ensemble,

    don beaucoup de chercheurs pensen quilpeu re rdui des srucures argumenaivessaiques. 3. Le fai de ne pas reconnare que la plusimporane conribuion de la rilogie laquelle jeiens es linroducion du ype idal conroverse

    qui, ou auan quil dmonre linsuffisance de ladichoomie radiionnelle discussion / querelle,monre aussi que dans un dba producif, qui faisurgir de linnovaion, la force direcrice esseniellees une raionali diffrene de celle de la logiquepure.

    Vous es parmi les horiciens les plus imporansde la pragmaique, e vous avez aussi org le ermede psychopragmaique. Pouvez vous nous expliquerlimporance de la pragmaique dans le conexe des

    disciplines qui udien lacion e le langage?La pragmaique es la discipline qui udiele langage e daures formes du comporemenhumain, dans le cadre de leur usage. On pourraidire que ces en acion, ces--dire non pas danscete posiion saique de repos o les srucures (par

    exemple la smanique e la synaxe) son udies,analyses, e conserves. Avec cete accepion,la pragmaique a affaire au ravail que nouseffecuons avec le langage e que le langage effecue

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    44/137

    19

    A crua palavra

    pour nous. Si nous chouons considrer cete

    dimension dynamique e forcmen conexuelledu langage, si nous consiuons une linguisiquesans pragmaique, nous en faisons une caricaureincomple, qui nous rendra bien peu service pourexpliquer la foncion, luili, e la richesse du

    langage, ainsi que son rle dans lacion humaine.Les chercheurs en pragmaique se concenrenhabiuellemen sur lusage social du langage, safoncion de communicaion. Ces bien, mais cenes pas ou. Parmi ses aures imporans usages,le langage es aussi un ouil de nore vie menale

    penser, raisonner, senir. Pour ces derniers usages,jai forg le erme de psychopragmaique, alorsque je rserve le erme de sociopragmaique lusage social, qui es avan ou un usage decommunicaion.

    Vous es le ondaeur e lacuel dieur de la revuePragmaics & Cogniion.Dans quel conexe le journala--il ond ? De plus, confons aux possibilis

    praiquemen illimies daccs aux ressources digialespar le moyen dInerne, quel rle pouvons nous atendre

    voir jouer la communicaion scienifique e quellesormes prendra--elle?

    Pragmaics & Cogniion, une revue qui aurabien 20 ans dexisence, a fonde dans le

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    45/137

    20

    Marcelo Dascal

    conexe dun manque dinr de fond pour les

    relaions enre lusage du langage e la cogniion(dans le sens le plus largi de vie menale). Larevue a effecivemen cr un forum pour discuercete forme de relaion e a ainsi appor uneconribuion majeure qui es largemen reconnue

    au dveloppemen du champ inerdisciplinaireen expansion des sciences cogniives, incluan lalinguisique cogniive, les echnologies cogniives,la neuroscience cogniive e la psychopragmaique,enre aures domaines. Evidemmen je regreteque celle-ci demeure encore ses premiers sades,

    mais je suis sr que ce nes pas pour longemps.Aujourdhui, avec lexension des echnologiescogniives, Pragmaics & Cogniion end sadiffusion, e a consacr des numros spciaux des quesions elles que le rle des nouvelles

    echnologies dans lducaion, le raiemen dedficiences cogniives, le ype de cogniion e devie menale des robos, ec. Nous reconnaissonsdonc que lvoluion echnologique enrane unchangemen majeur dans les processus menaux,e ceci implique ncessairemen de nouveaux

    usages, psycholinguisiques e sociolinguisiques,du langage, ceci incluan de nouvelles formes depense ainsi que de communicaion scienifique.

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    46/137

    21

    A crua palavra

    Vous avez voyag dans de nombreux pays du

    monde e vous avez renconr un nombre considrabledinellecuels. Quelle valeur atachez vous au voyage?

    Il y a une valeur norme connare daurespays, daures culures, daures peuples, daurespersonnes (pas seulemen des inellecuels).

    Chaque voyage e chaque renconre ouvrenvers de nouveaux horizons. E ceci nous gardedu danger, oujours prsen en chacun de nous,de nous renfermer sur nore propre pei mondeexclusif. Ceci es vrai, non seulemen pour ce quies des visies lranger, mais aussi dans daures

    endrois de vore propre pays, e galemen dauresvoyages, parfois effecus sans aucun dplacemenphysique vers un endroi ou un aure. Je mesouviens de mes voyages lranger enreprisen udian des langues elles que le Franais e

    lAnglais, en an que jeune membre dun clubde correspondans inernaional. De la sore, jairenconr des gens inressans. La personne laplus inressane que jai renconre ensuie, a ,comme vous savez, Varda, ma femme, originaire delUruguay, ce pei pays charman au sud du Brsil.

    Les voyages rels vous apporen oujours dessurprises qui vous fon renouveler vore pensedes choses sous une perspecive diffrene. Ils vouspermeten vriablemen de vous metre la place

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    47/137

    22

    Marcelo Dascal

    dauruy(3), comme di Leibniz, en soulignan

    que ceci es quelque chose dindispensable pourpenser, senir, e agir dans nore monde dsormaisirrvocablemen pluriel.

    En aisan aussi rrence la prsene siuaion

    sociale e poliique, pensez vous quil puisse y avoir unbnfice praique de vos ravaux ? De aon gnrale,Proesseur, pensez vous que le pouvoir des ides changer les choses exise?

    Je pense quil y en a rellemen un bnficepraique. En pariculier, je pense que lide de

    pluralisme inhrene la horie des conroversespeu nous aider comprendre que, sagissan desguerres en gnral, il ny a pas quune seule soluion.Nous devons raliser que le confli ne sarrera pasdemain, mme si nous signions un accord. Ces

    pourquoi jai le senimen quil es imporan derouver des lmens dans la posiion de laureparie qui peuven aider monrer quil ny a pas unabyme enre eux e nous.

    Je crois au pouvoir des ides pour changer les

    choses. Jy crois pour de bon. Le horicien nespas dconnec de la vie. Je ne doue pas quil y ai

    3 En franais dans le exe de Leibniz (ND)

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    48/137

    23

    A crua palavra

    une valeur praique dans les ides. Esprons que

    cete inerview y aidera un peu, sur le plan poliiquegalemen. Une bonne dernire phrase opimise deconclusion, nes ce pas?

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    49/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    50/137

    Marcelo DascalLa conroverse en philosophie

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    51/137

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    52/137

    Marcelo DascalLa conroverse en philosophie*

    Dans le ravail auquel on se livre sur lesconnaissances qui son propremen luvre de laraison, on juge bien par le rsula si lon a suiviou non la roue sre de la science, nous di Kandans la prface de la seconde diion de la Criiquede la Raison Pure (B, vii). La persisance des dispues

    enre diffrenes coles, le manque daccord nonseulemen sur leurs hses, mais aussi sur les mhodes suivre pour arriver au bu commun -- di-il -- son undes rsulas qui indiquen clairemen quun champdudes es loin dre enr dans la voie sre de

    * La conroverse en philosophie. In EncyclopdiePhilosophique Universelle, vol. IV: Le Discours Philosophique.Paris: Presses Universiaires de France, pages 1583-1604.[1998]

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    53/137

    28

    Marcelo Dascal

    la science. Daprs ce crire, la maphysique, ce

    champ de baaille o se livren des combas sansfin (A, viii), es juse ire regarde avec mpris.Compare aux sciences qui on su slever au dessusdes conroverses inerminables, elle demeureencore un simple onnemen (B, vii). Aux yeux

    de Kan, cete siuaion es inolrable -- un vraiscandale -- car elle a une influence pernicieuse, anhorique (sur la science elle-mme) que praique(sur la morale e la religion). On na donc pas le droidafficher une atiude indiffrene sur ce poin. Ilfau affroner le problme pos par les conroverses

    en maphysique e le rsoudre. Il y a oujours eu eil y aura oujours une maphysique dans le monde,mais oujours aussi on verra slever c delleune dialecique de la raison pure, car celle-ci lui esnaurelle, la premire e la plus imporane affaire

    de la philosophie es donc denlever une fois pouroues cete dialecique oue influence pernicieuseen druisan la source mme des erreurs (B, xxxi).Ces l un des principaux bus de la Criique.

    Jaborderai ci-dessous la manire originale aveclaquelle Kan poursui ce bu, ainsi que sa faon de

    polmiquer avec ses opposans. Pouran, malgr seseffors, les dispues philosophiques se poursuivron,aprs Kan avec la mme vigueur e avec la mmevirulence quauparavan, comme si la dialecique

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    54/137

    29

    La conroverse en philosophie

    naurelle ai plus fore que Kan ne lavai imagin,

    la source des erreurs ne pouvan re druie unefois pour oues. Si la conroverse a une prsenceconsane e majeure ou au long de lhisoire de laphilosophie, peu-re nes elle pas simplemen lesigne dun manque de mauri, dun onnemen

    pr-scienifique, mais plu une composaneessenielle de lacivi philosophique? Nes-ce pasdans la conroverse que sexerce, en fin de compe,lacivi criique, que Kan lui-mme a considrcomme lessence mme de la philosophie? Peu-onconcevoir un ge dor o la philosophie sachverai

    par un accord comple, qui rendrai dsormaisodieuse oue conroverse?

    Mme si ce ge dor es concevable e souhaiable,il es hors de doue que lude des conroverses esessenielle aussi bien pour la praique de la philosophie

    dans son a prsen que pour son hisoriographie.Un enseignemen adqua de la philosophie, lheure acuelle, doi doer les apprenans des ouilsncessaires pour valuer les combas philosophiquesqui se droulen devan leurs yeux e, plus ard, pourlivrer leurs propres combas. Une hisoriographie

    adquae de la philosophie ne peu se conener derapporer des docrines, en faisan lconomie desdbas quelles suscien e qui les engendren. Carelle ne peu pas simplemen reconsruire le sens

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    55/137

    30

    Marcelo Dascal

    de ces docrines selon le seul ordre des raisons

    inerne, puisque ces le conexe polmique auquelapparien ou exe philosophique qui permeden dvoiler le sens. Dune par, les objecions eles criiques forcen les philosophes spcifier e prciser ce qui ai forcmen implicie ou imprcis

    dans leurs formulaions; elles les obligen galemen modifier, au besoin, leurs hses, pour surmoner lesobjecions souleves conre elles. Daure par, ce sonces objecions qui relien les docrines au conexesocial e inellecuel de lpoque. Elles rvlen ainsice qui peu re prsuppos sans jusificaion e ce

    qui doi re jusifi laborieusemen, les implicaionsdangereuses qui doiven re vies ou prix, ainsique les inrs poliiques e inellecuels en jeu. Enoure, ces dans la praique de la polmique que londcouvre la naure e les limies de la raionali elle

    quelle es mise en acion (plu quidalise): cescete praique qui rvle ce qui, lpoque, compepour preuve, pour criique valable, pour argumenperinen, pour formulaion inelligible, pour acquisen an que savoir.

    Afin den derminer la naure e le rle, les

    polmiques philosophiques (don les conroversespropremen dies ne son quun des ypes)doiven re envisages en an que phnomnesdiscursifs, apparenan au genre dialogue. Il sagi

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    56/137

    31

    La conroverse en philosophie

    donc dchanges linguisiques, cris (compes-

    rendus, correspondances, rappors criiques,ec.) ou oraux (dbas publics, dfis, colloques,ec.), linguisiquemen marqus par la prsencedindicaeurs dopposiion explicies ou implicies.Leur ude doi donc re enreprise avec les ouils

    dvelopps pour lude du discours en gnral edu dialogue en pariculier -- analyse du discours,pragmaique, rhorique, logique dialogique, ec.

    ou change polmique nes pas, ncessairemen,la manifesaion de ce qui consiue, plus prcismen,une conroverse (dans le sens que je veux rserver

    ce erme). Il exise des changes polmiques quine iennen qu des opposiions de poin de vue,datiude ou de go. Bien que les paricipanspuissen faire appel des argumens qui leurpren une ceraine apparence de raionali, en

    rali, il sagi souven de dialogues de sourds,dans lesquels aucun effor srieux nes en ounes possible, pour amener ladversaire changerde posiion car lopposiion datiudes oblirelarrire-fonds commun qui pourrai permetre unrapprochemen. Je propose le erme dispue pour

    dsigner ce ype de polmique. Une dispue ne sersou pas par la persuasion raionnelle, mais ou auplus par une inervenion exerne (un irage au sor,un mdiaeur, un ribunal), capable dy metre un

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    57/137

    32

    Marcelo Dascal

    erme, mais non de modifier la convicion iniiale (e

    finale) de chaque dispuan, davoir absolumenraison.

    A laure exrme du coninuum des polmiques,on rouve celles o les adversaires paragendes assompions, des mhodes e des bus

    qui permeten de rsoudre lopposiion. Deuxmahmaiciens peuven diverger, par exemple, ausuje de la dmonsraion dun horme. Si lunarrive monrer que laure a commis une erreur danssa dmonsraion, la quesion es rsolue. Je propose(faue de mieux) le erme discussion pour ce genre

    dchange polmique. Ce qui le caracrise, ces lapossibili de dcision par des moyens acceps ecenss convaincre ou re raionnel.

    Laconroversesinsre enre ces deux exrmes. Ellenes ni dcidable comme la discussion, ni indcidable

    (raionnellemen) comme la dispue. La raisonen es que, la conroverse ( loppos de la dispuee de la discussion), nes jamais localise. Ellepeu commencer par un problme spcifique, maiselle gagne rapidemen daures niveaux e dauresquesions. Les adversaires dcouvren bien que

    leurs opinions divergen profondmen quan linerpraion du problme abord, des donnes,du sens des hses dfendues par chacun, de la forcedes argumens prsens, des bus de la recherche,

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    58/137

    33

    La conroverse en philosophie

    des mhodes suivre, ainsi que sur quani daures

    problmes spcifiques au suje desquels ils pensaienre daccord. Dans ces condiions, aucun argumenemploy par les paricipans ne peu re dcisif. ouau plus, il peu faire pencher la Balance de la Raisondun c ou de laure, sans pouran conduire

    au erme logiquemen ncessaire de la polmique.Ces pourquoi les conroverses, conrairemenaux discussions, enden re longues, ouveres,non conclusives e recyclables dans le cours delhisoire, sans re, pour auan, irraionnelles oumoives, comme dans le cas des dispues.

    Ces rois ypes idaux caracrisen lespolmiques en ermes de srucure globale. A ce niveaude gnrali, on peu atribuer rrospecivemenaux paricipans des bus sragiques diffrens,pour chacun des rois ypes. Dans la dispue, il sagi

    surou de vaincre, dans la conroverse, de convaincre,e dans la discussion de derminer la vri. Ces bussragiques doiven videmmen se raduire, dansla conduie de la polmique, par des inervenionsaciques prcises, don quelques-unes on uneaffini direce avec chaque ype de polmique. La

    preuve, favorise dans la discussion, vise ablir lavri ou la fausse dune proposiion spcifique,en sappuyan sur le raisonnemen logique, surlvidence exprimenale, sur le sens smanique

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    59/137

    34

    Marcelo Dascal

    clair des noncs. Le sraagme, don la dispue

    se ser souven, vise rduire lopposan au silence(ou au moins momenanmen) e pousserainsi laudioire croire quil a batu. Quoiquilpuisse revir lapparence dune infrence logique,il ne respece pas ncessairemen les lois de la

    logique; en oure, son succs requier en gnrallocculaion de ses vrais bus. Largumen, ypiquede la conroverse, vise persuader raionnellemenlopposan dacceper une ceraine proposiion. Alinsar du sraagme, e conrairemen la preuve,largumen ne sadresse pas en priori la vri mais

    plu la croyance. A la diffrence du sraagme,largumen es ransparen, puisquil vise induirela croyance en donnan des raisons reconnaissablese accepables par lopposan. Cependan, cesraisons ne son pas censes recomme dans la

    preuveabsolumen e universellemen videnes einconesables, mais elles sadressen un opposane un public spcifiques, dans une ape spcifiquede la polmique. En ce sens, les argumens sonoujours, dans une ceraine mesure, ad hominem.

    Arms de cete ypologie (prsene ici -- hlas! --

    de faon rop sommaire, mais labore e jusifie dansdaures ravaux), nous pouvons mainenan passer lexamen de quelques polmiques philosophiquesqui lillusren. Atirons latenion sur le fai que

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    60/137

    35

    La conroverse en philosophie

    ce que nous avons dfini, ce son rois ypes idaux,

    qui ne se rerouven pas l a pur dans despolmiques relles. Il fau galemen noer que laplupar des philosophes enden concepualiser lespolmiques par le biais des deux ypes exrmes queson la discussion e la dispue (auxquels ils essayen

    de ramener les polmiques dans lesquelles ils soneux-mmes engags).Arnauld e Malebranche on men une polmique

    acerbe pendan environ ving ans. Elle commenceosensiblemen avec la publicaion par Arnaulden 1683 dun livre --Des vraies e des ausses ides --

    eniremen consacr dmonrer que ce que dilaueur du livre de la recherche de la vri nesappuy que sur de faux prjugs, e que rien nesplus mal fond que ce quil prend: que nousvoyons oues choses en Dieu. Malebranche avai

    publi en 1674 son De la Recherche de la Vri en1674, obje de la criique dArnauld. Face cetecriique, la premire quesion que Malebranchepose es de savoir pourquoi elle na enrepriseque neuf ans aprs la paruion de son livre. Sarponse: la mauvaise foi. Daprs Malebranche, au

    lieu daffroner direcemen le rai de la Nauree de la Grce (1680), qui dfendai des posiionshologiques inaccepables pour Por Royal,Arnauld essaye de le discrdier en ataquan son

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    61/137

    36

    Marcelo Dascal

    pismologie, quil prsene comme bizarre

    (ataque qui a profondmen bless Malebranche, equil rappelle dix ans plus ard -- ).

    Le premier sade de la polmique consise doncdans linerpraion dun prendu silence. Cesavec linerpraion dun aure prendu silence

    quelle renoue quelques mois avan la mor dArnauld.Celui-ci ragi un exrai dune letre deMalebranche publie dans le Journal des Savans enMars 1694, dans laquelle il rpond un ouvragede Sylvain Rgis qui prenai le pari dArnauld.Dans sa racion, Arnauld inerpre le propos de

    Malebranche comme un double sraagme: (a)ayan rdui au silence pendan dix ans par sesargumens, Malebranche sen prend un nouveladversaire qui, juse ire, sappuyai sur Arnauld,sans avoir besoin de rper ses argumens, puisque

    sa vicoire ai videne la lumire du silence deMalebranche; (b) cela lui perme une manuvredvasion: au lieu de sadresser aux raisons, il seser dun argumen ad verecundiam, qui oppose lauori dArnauld, invoque par Rgis, celle duneauori plus imporane -- S. Augusin.

    La dfense de Malebranche, comme dhabiude,ces lataque . Il rappelle quil na laissaucune des objecions dArnauld sans rponse,monran par l son respec an de la rpuaion

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    62/137

    37

    La conroverse en philosophie

    de celui-ci que de ses raisons. Il le dfie de prendre

    la dfense de Rgis, en claircissan -- au lieudobscurcir -- sa horie des ides (il essaye ainsi deransfrer la charge de la preuve son opposan). Ilinsinue, en oure, que cete horie, daprs laquelleles ides ne son que des modificaions de lme

    (ces--dire, des phnomnes psychologiques),nes quune manuvre opporunise dArnauld,conue des fins puremen polmiques, puisquellene se rerouve pas dans ses aures ouvrages. Celajusifie lappel lauori de S. Augusin ( laquelleil ajoue celle de Descares), don la horie oppose

    -- les ides son immuables -- es une consane desa pense, pleinemen souenue par des raisonsconvaincanes. E il ajoue, en se basan sur lesprincipes de S. Augusin joins quelques principesde Rgis (en cela, Malebranche sui la maxime

    rhorique daprs laquelle un argumen effecifdoi parir de ce que le conradiceur accepe) unepreuve de limmuabili des ides -- en se rendanainsi apparemmen lexigence dArnauld de fournirdes raisons. Ces donc lui qui aurai rdui Arnauldau silence.

    Dans sa dernire letre , peu avansa mor, Arnauld se dfend des accusaions demalhonne pores par Malebranche accusaionsqui, videmmen, le blessen. Il offre un rci daill

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    63/137

    38

    Marcelo Dascal

    du dba pour proeser de sa bonne conduie, e

    propose une manire de conclure honorable educaive sur ce qui ai devenu un vrai scandalepublic -- cete violene querelle survenue enredeux des plus minens penseurs de lpoque.Arnauld nonce les six principales hses soumises

    au dba, don ou le rese dpend; il en donneles rfrences perinenes dans ses cris, e invie,par suie, Malebranche faire de mme. Peu aprs,un comi dirig par deux vques, chacun nommpar lun des deux polmises, examinerai les exese prononcerai une dcision finale. Un procd

    semblable avai propos, dailleurs, par Leibnizcomme mhode pour rsoudre les conroverses,avec la seule diffrence quil atribuai un jugeimparial la che dpurer les argumens, de par edaure, de oue implicaion personnelle (y compris,

    bien enendu, les invecives, les plaines, ec.),en les rduisan leur pur conenu argumenaif.Cependan, cete espce de ribunal de la raisonna jamais mis en place. Malebranche, dix ansaprs la mor dArnauld, donne son propre rsumdu dba, en se dclaran, bien sr, vainqueur, e cinq

    ans plus ard publie un dossier conenan oues sesrponses Arnauld.

    Es-ce dire que nous avons ici un cas exemplairedunedispue, dans le sens dfini ci-dessus? Sans doue

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    64/137

    39

    La conroverse en philosophie

    linvecive, voire linjure, la mprise inenionnelle

    du sens du exe de lopposan, les sraagmes deou ordre -- bref, les moyens ypiques de la dispueo ou ce qui compe ces la dfaie de ladversaire nimpore quel prix -- y abonden. Ces deuxpenseurs respecables semblen, en effe, se livrer

    une baaille de rpuaions plu qu la recherchede la vri, (Dailleurs, au cours de cete baaille, uncurieux renversemen des rpuaions se produi,don Malebranche essaye de irer profi -- renversemen qui pourrai re li au dclin delinfluence jansnise en France.)

    Pouran, cete polmique aurai oues lescondiions ncessaires pour re une discussion.Elle se droule au sein dun mme paradigmephilosophique (pour employer le erme de Kuhn)accep par les deux rivaux, ous deux disciples de

    Descares, ous deux soucieux dvier ou conflienre philosophie e hologie, ous deux usan dunvocabulaire ainsi que de formes de quesionnemene dargumenaion ideniques. Ce son cescondiions douverure qui mnen les opposans croire au pouvoir dcisif de leurs preuves e de

    leurs dmonsraions. Quand ils ne russissen pas,par ces moyens, rancher la quesion e convaincreraionnellemen leur opposan, ils basculen vers lesoupon de mauvaise foi e passen la dispue, sans

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    65/137

    40

    Marcelo Dascal

    pour auan abandonner ou fai le modle de ladiscussion.

    Cependan, ni la rhorique enflamme, ni leraisonnemen quasi-formel ne son capables demener la vicoire ou dapporer une soluionau confli -- ce qui es ypique des conroverses.

    Lenjeu es rop imporan pour se laisser ranchersi facilemen. Car il ne sagi de rien daure que duconcep cl du carsianisme (ainsi que de oue laphilosophie de lpoque), la noion dide. Il es vraiquArnauld, dans la Logique ou lAr de Penser, avaicomp inscri ce concep au nombre de ceux qui

    son si clairs quon ne les peu expliquer par daures.Mais il savai que Descares lui-mme avai eu du mal en expliquer clairemen le pouvoir reprsenaif,en an que diffren soi de celui des images, soide celui des mos. Il ai au couran des criiques

    de Hobbes e, plus ard, de celles de Leibniz e deSpinoza lenconre de la noion carsienne dide.La horie malebranchienne de la vision en Dieu, desine surou rendre compe desvris ernelles, sinsre dans cete srie defforspour surmoner les difficuls laisses ouveres par

    Descares. Elle ne surprend Arnauld que par sonplaonisme ourance, qui lui semble garanir laceriude de la connaissance au poin de lui faireperdre oue objecivi (dans le sens de rappor

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    66/137

    41

    La conroverse en philosophie

    avec les objes du monde). Arnauld fai appel au

    sens commun pour monrer le caracre bizarrede cete horie , comme le fera plus ardTomas Reid conre les reprsenans brianniquesde la voie des ides. Mais il es dsormais forclui-mme dexplicier sa propre noion dide, qui

    ire vers le concepualisme psychologisan, plusconforme au sens commun. Malebranche, de sonc, reconna le besoin de mieux expliquer sahorie, ce qui le condui crire sesclaircissemens. Arnauld se rend compe galemen desimplicaions morales e hologiques de la hse

    de Malebranche, e il ataque sur ous les frons. Lapolmique se ramifie hmaiquemen e dauresaueurs y inerviennen -- encore un rai ypique desconroverses.

    La conroverse mne donc lapprofondissemen

    e lexpliciaion de chacune des posiions, leurariculaion inerne avec les aures docrines de chacundes aueurs, e la prcision de leur opposiion. Sielle ne russi pas rsoudre cete opposiion enreres reprsenaifs e modificaions de lme, cesparce que celle-ci marque deux direcions ou fai

    diffrenes dlaboraion des prsupposs de la voiedes ides ainsi que des atiudes assez diffrenesvis--vis de la valeur e de la conduie des dbas.andis que Malebranche considre ceux-ci comme

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    67/137

    42

    Marcelo Dascal

    des perurbaions, qui lempchen de se ddier

    la rflexion soliaire, seule capable de mener ladcouvere de la vri, Arnauld les valorise commencessaires pour le progrs de la connaissance. andisque le premier, en conformi avec sa docrine, seprsene comme un philosophe mdiaif qui

    ne paricipe au dba public que pour proger lesrsulas de ses mdiaions e en assurer la surviee la diffusion, le second pourrai re dcri commeun penseur dialecique, qui sengage voloniersdans le dialogue e mme dans la polmique, peruscomme an des moyens imporans pour produire

    ces modificaions de lme dans lesquelles rside,finalemen, ou savoir. En cela, Arnauld es peure plus fidle Descares que Malebranche. Car,conrairemen cete image dun penseur solipsiseque leCogiopeu suggrer, la praxis philosophique de

    Descares a en fai dialogique, sinon dialecique,comme le monren J.-M. Beyssade e J.-L. Marion.Descares aurai suivi rigoureusemen ce que Marionappelle un schma responsorial (hses-objecions-rponses), clairemen prsen dans leDiscours de la

    Mhode e dans les Mdiaions, e reconnaissable

    mme dans les Rglese dans lesPrincipes. Linrde ce procd, pour Descares, ai de permetrede decer les erreurs, de les corriger, e den vierla rpiion grce la publicaion des objecions

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    68/137

    43

    La conroverse en philosophie

    suivies des rponses. Il nenvisage, videmmen, que

    la discussion pour parvenir ses fins, bien quil nelaisse pas de sengager dans de violenes dispuesavecses adversaires, lorsquil le croi ncessaire.

    Dans son atiude horique vis--vis desconroverses, Kan -- comme dhabiude -- synhise

    lappor de ses prdcesseurs, ou en adopanune vise qui permetrai de les dpasser. CommeMalebranche, il considre comme fuile lexercice dela polmique, qui ne peu conduire par lui-mme la vri; pouran, comme Arnauld e Descares, il yreconna une ncessi naurelle, que la philosophie

    ranscendanale peu exploier ses propres fins.Pour ce faire, il songe, comme Leibniz, un juge ou fai neure, capable dliminer le circonsanciel danschaque dba (commen e pourquoi il commencee se ermine, quelles son les sragies employes

    par les adversaires, ec.) pour nen reenir quelesseniel. Mais, conrairemen Leibniz, la che dece juge nes pas de dcider laquelle des deux hsesopposes lempore. Car ce serai l re vicimede lillusion qui consise croire que la raison a lesmoyens de rancher en faveur de lune ou de laure

    des hses, oues deux galemen dogmaiques.Pour chapper cete illusion, Il fau pluslever au-dessus des conroverses maphysiques,e en comprendre la source e la naure, ce qui

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    69/137

    44

    Marcelo Dascal

    permetra dy reconnare une foncion posiive

    dans la consiuion du savoir philosophique. Cespourquoi, si lon dsigne du nom de hique ouensemble de docrines dogmaiques, il fau enendrepar anihique, non les affirmaions dogmaiquesdu conraire, mais le confli qui slve enre des

    connaissances dogmaiques en apparence (hesis cumanihesi), sans que lune paraisse avoir plus de iresque laure nore assenimen (A, 420). Lobjecifde lanihique ranscendanale ces lude de lasource profonde de cete aninomie inhrene la raison pure, manifese dans des conflis enre

    des proposiions qui non ni confirmaion esprerni conradicion craindre de lexprience, e donchacune non seulemen es en elle-mme exempede conradicion, mais mme rouve dans la naurede la raison des condiions qui la renden ncessaire;

    malheureusemen lasserion conraire repose deson c sur des raisons non moins bonnes e nonmoins ncessaires (B, 449).

    La valeur dune elle ude des conroversesmaphysiques rside dans le fai quelle fourni laseule pierre de ouche possible pour reconnare les

    limies de lemploi de la raison pure -- ce qui conribue la connaissance de celle-ci ainsi qu nore capacidvier les erreurs dues la ransgression de ceslimies. Pour achever ces objecifs, cete ude doi

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    70/137

    45

    La conroverse en philosophie

    se poursuivre dans lespace rarfi dune rflexion

    qui fai absracion de ou aspec concre desconroverses philosophiques, en les schmaisan lexrme. En oure, elle abdique ou espoirde les rsoudre, se conenan, ou au plus, de lesdissoudre grce sa foncion propdeuique, voire

    hrapeuique.Pouran, quand il sagi de dfendre sa proprehorie, Kan nadope pas du ou un on neure,absrai ou objecif, e il ne monre aucune rserveau suje de leur jusesse. Ces ce qui es viden dansle dba quil mne avec J. A. Eberhard, direceur

    du Philosophisches Magazin, pore-parole dundes courans de la Popularphilosophie qui pendandeux dcades a men une lute sans rve conrela philosophie criique de Kan. Eberhard e sescollgues affirmaien quil ny avai rien de nouveau,

    e donc de rvoluionnaire, dans la philosophiekanienne. ou ce quil y avai de perinen serouvai dj chez Leibniz ou chez Wolff, pourvuquon les lise avec atenion. Le rese ai ou bieninsouenable ou bien banal. Kan, qui ne rpondaipas dhabiude ses diffrens criiques, ne pouvai

    reser indiffren une ataque pore au cur mmede sa docrine, cete rvoluion coperniciennegrce laquelle il esprai ateindre la renommedun grand innovaeur. Il npargne donc pas les

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    71/137

    46

    Marcelo Dascal

    moyens de ridiculiser son adversaire . Largumenaion dEberhard es fallacieuse (adverecundiam, en se rapporan lauori de Leibniz;il es quivoque, en confondan le principe ormeloue proposiion doi avoir une raison avec leprincipe marieloue chose doi avoir sa raison);

    il es pompeux; il es malhonne; e surou il esincompen, car il ne comprend pas les preuvesmahmaiques quil essaye dimier, il ne comprendpas les hses kaniennes puisquil les inerprecomme des auologies vides, il se conredi, efinalemen, la dmonsraion quil produi es

    errone e donc incapable de prouver ce quil fauprouver.

    Si ce porrai dEberhard es juse, pourquoiKan dpense--il an dnergie le rfuer devanun public qui, de oue faon, ne se soucie pas des

    subilis maphysiques e nes pas capable de lescomprendre (B, 774)? Pourquoi pousse--il son amiReinhold publier en 1789 un compe-rendu dundes volumes du Magazin, o il reprodui presqueverbaim le exe de la letre de Kan ?Pourquoi publier en 1790 un mmoire enier conre la prendue dcouvere dEberhard?Pourquoi prparer un essai pour le concours de1791 de lAcadmie de Berlin, qui pose la quesionsuivane: Quels on les progrs rels accomplis

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    72/137

    47

    La conroverse en philosophie

    par la maphysique en Allemagne depuis le emps

    de Leibniz e de Wolff? Pourquoi, finalemen, nepas sabsenir ou fai de polmiquer, suivan plule conseil nonc dans la Discipline de la raisonpure par rappor son usage polmique: Ne vousjeez donc pas dans la mle lpe la main; mais,

    plac sur le errain assur de la criique, conenez-vous de regarder ranquillemen ce comba quipeu re pnible pour les champions, mais quidoi re amusan pour vous, e don lissue ne seracerainemen pas sanglane, mais for uile vosconnaissances (B, 774)? Ou, du moins, pourquoi

    ne pas suivre, dans cete polmique, sa propreinjoncion de ne combatre ladversaire quavec lesarmes de la raison (B, 772)?

    Si Kan ne le fai pas, ce nes pas seulemen pourprserver sa rpuaion dinnovaeur. Ces quil

    reconna limporance capiale de la criique quilui es adresse. Si Eberhard russissai dmonrer,par des moyens puremen formels, la validi duprincipe leibnizien de la raison suffisane , que Kan inerpre (de manire

    problmaique) comme quivalen au principe decausali, il aurai donn au moins un exemple dela possibili dappliquer la raison pure au del deslimies de oue exprience possible. Il aurai monr

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    73/137

    48

    Marcelo Dascal

    ainsi que, conrairemen la synhse grandiose

    propose par Kan, le conrle de l inellecualismede Leibniz par l empirisme de Locke nes pas, enfai, une condiion ncessaire oue connaissancedu monde. De mme, si Eberhard russissai monrer que la horie analyique de

    la vri de Leibniz sapplique ous les jugemens,an analyiques que synhiques, il aurai par lpor un coup morel non seulemen la noion clde jugemen synhique a priori, mais aussi ouce qui en dpend dans le sysme kanien (p. ex., lebesoin dune eshique ranscendanale e oue

    la philosophie des mahmaiques qui sensui). Laforce de la racion de Kan ne fai donc que soulignerlimporance quil accorde ces menaces.

    Eberhard e Kan son issus dune mme radiionphilosophique laquelle ous les deux resen fidles

    leur manire. andis que le premier en prservela problmaique, la erminologie e les modesdargumenaion, ainsi que le conenu, le second secroi capable de la r-inerprer laide dun apparaconcepuel ou fai nouveau, ce qui lui perme dela faire progresser. Les langages des adversaires

    ne se recouvren donc que pariellemen. Ce quiexplique leurs reproches dre mal compris, les malenendus abondan dailleurs dansous les ypes de polmique. Cela explique aussi

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    74/137

    49

    La conroverse en philosophie

    pourquoi, ici, la validi dune dmonsraion nes

    pas videne pour ladversaire. Nous sommes enprsence dune muaion concepuelle qui, bien quers proche de linsauraion dune nouvelle faonde philosopher, voire dun nouveau paradigme, neles pas ou fai. La rupure es assez imporane

    pour ne pas permetre cete polmique dre unediscussion, mais il demeure assez de coninui pourempcher ouefois quelle bascule ou fai du cde la dispue-- en la siuan plu quelque par enrecelle-ci e la conroverse.

    La polmique qui sui permetra, me semble-

    -il, une caracrisaion plus nete en erme denore ypologie. Il sagi dun dba enre deuxphilosophes conemporains provenan de radiions-- l analyique e la coninenale -- don larivali a marqu lvoluion de la philosophie dans

    nore sicle. Chacun deux a, en oure, dveloppsa radiion dans une direcion qui renforce leuropposiion, au lieu de la rduire. Ainsi, J. R. Searlelve lexigence posiivise dun langage prcis lahaueur dun principe dexpressibili qui rgulela pense mme (ou ce qui peu re pens peu

    re exprim avec clar e avec prcision); de mmeil privilgie le rle des rgles consiuives dansses explicaions du foncionnemen du langage; ildemande des argumens sricemen logiques pour

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    75/137

    50

    Marcelo Dascal

    oue hse souenue e son bu ces la consrucion

    de hories philosophiques. J. Derrida, de son c,se mfie de la casraion de la pense qui peursuler de lexigence de clar e de prcision. Ilprivilgie le langage maphorique e les jeux delangage, produi des exes don le fil conduceur es

    souven associaif ou narraif plu que sricemendducif, e sengage dconsruire des horiesphilosophiques. Dans ces condiions, seule la dispuesemble possible, avec une inensi e une violencequi ne doiven pas nous surprendre. Ce qui es pluremarquable ces quil y a eu au moins un semblan

    de dba.Au dbu, lobje de la discussion se prsene

    comme an la quesion de la meilleure manire depoursuivre le proje philosophique de J. L. Ausin,philosophe apparenan la radiion analyique

    briannique. Il es clair que ce hme doi engendrerau moins une conroverse sinon une dispue, car (a)il ouche la quesion, oujours conroversiale, delinerpraion du sens ulime, de lorienaion,dune uvre philosophique, (b) il ouche lareconnaissance de Searle en an quhriier reconnu

    de cete orienaion quil avai dveloppe dans sahorie des aces du discours, e (c) ces quesions sonsouleves par un penseur -- Derrida -- qui es issu duneradiion philosophique profondmen diffrene

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    76/137

    51

    La conroverse en philosophie

    sinon oppose. Effecivemen, Derrida commence

    par quesionner la lecure radiionnellede luvre dAusin, en metan en vidence ce quila rapproche de son propre ravail philosophique-- an dans son conenu que dans sa forme. Searlerefuse demble dacceper larne de la

    conroverseinroduie par Derrida, e se rfugie danscelle de la discussion, don lui, Searle -- connaisseur einerpre reconnu dAusin -- doi ablir les rgles.Il enreprend de monrer que la lecure de Derridaes simplemen errone. Il prsuppose, videmmen,que linerpraion dune uvre philosophique

    es quelque chose de dcidable daprs des rglesbien dfinies. Par l, il disqualifie Derrida, dans lamesure o celui-ci ne reconna pas ces rgles ou nesy soume pas. La dispue es dsormais amorce.Car la rponse de Derrida consise, son

    our, dans la disqualificaion des rgles de dcisionadopes par Searle: ce son elles, prcismen, quiempchen une comprhension plus profondedAusin. A ce momen, Derrida abandonne le genredargumenaion srieuse quil avai pariellemenemploy dans son exe anrieur, e qui imiai le

    genre de son rival, e il applique alors ouveremenses propres ouils dconsrucionnises. Cescomme sil donnai Searle une leon de lecurederridenne, o ou serai renvers: la noion de

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    77/137

    52

    Marcelo Dascal

    srieux, la noion derreur, dinerpraion, ainsi

    que lideni, la responsabili e les limiaionsdun aueur en gnral e de son rival en pariculier --problmes signals par la ransformaion ingnieusedu son nom Searle en Sarl (Soci anonyme responsabili limie). Dans un sens, Derrida essaye

    ainsi dimposer ses propres rgles du jeu, ou enquesionnan la perinence de la noion mme dergle. Mais Searle ne peu acceper ce coup de force,puisquil es accompagn dune disqualificaionprofonde, non seulemen de ce quil fai, mais ausside ce quil es (ou croi re). Il satache ses propres

    exigences discursives e logiques, en argumenanque l obscuranisme errorise de la mhodedconsrucionnise se drui lui-mme par soninconsisance inerne . Derrida aurai purpondre simplemen que ce genre dargumen ne le

    ouchai pas du ou, puisquil refuse de se soumetre une logique radiionnelle. Il sataque une fois deplus, linsuffisance de cete logiquequi sacralise les dichoomies, dichoomies quiauorisen fonder un jeu dexclusion. Ce jeu, quise prend ncessaire pour dvelopper une horie

    de la communicaion la Searle inerprede Ausin, lui e en effe sa dimension hique,qui doi prserver ou prix louverure laure,pour diffren quil puisse re. Indirecemen,

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    78/137

    53

    La conroverse en philosophie

    Derrida renverse donc conre Searle laccusaion de

    errorisme e dobscuranisme que celui-ci lui avaiadresse.

    De cete brve reconsrucion des principauxmomens de ce dba (pour une analyse plus daille,je renvoie laricle de M. Pote-Bonneville), il

    ressor, me semble--il, quil y a l beaucoup plusquune simple dispue, car malgr linerrupiondu dialogue ( parir dun cerain poin), malgrlabsence de oue rgle de discussion parage, laconfronaion indirece russi parfaiemen metreen quesion les prsupposs fondamenaux de

    chacun des opposans, e perme aussi de les clarifier,e den reconnare les ramificaions fondamenales.

    Lexamen de ces rois exemples de polmiquesphilosophiques es, bien sr insuffisan pour se

    lancer dans des gnralisaions. Cela ne pourra refai que par lude sysmaique dun grand nombrede cas, qui ne doi pas se limier aux polmiques bienconnues. Si, malgr ou, on savenurai gnraliser,on pourrai dire que, bien quil soi viden que lespolmiques philosophiques coniennen un mlange

    presque inexricable dlmens apparenan aux roisgrands ypes que jai disingus e que, bien que lesparicipans eux-mmes essayen dinerprer leurspolmiques soi comme des discussionssoi comme

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    79/137

    54

    Marcelo Dascal

    des dispues, ces plu la conroversequi y es plus

    frquene. Ces conroverses ne son pas gouvernespar une raionali puremen formelle ni par unesimple logique du pouvoir, mais par une raionaliplus faible don la naure rese prciser. Malgr lescepicisme de Schopenhauer, qui niai la possibili

    de oue bonne dialecique, la conroverse permeun cerain progrs de la pense philosophique.La polmique en gnral, e la conroverse

    en pariculier, ne son bien videmmen pas descaracrisiques exclusives de la philosophie. Pourmieux comprendre la naure de la conroverse en

    philosophie, il serai imporan de la comparer ce qui se passe dans des disciplines voisines. Je leferai, pour conclure, ire indicaif. La conroversephilosophique a plusieurs poins en communavec la conroverse scienifique e la conroverse

    hologique. Elle semble en diffrer, pouran, sur unplan fondamenal. Dans les conroverses scienifiques,les adversaires diffren, souven radicalemen, dansleurs inerpraions des donnes, de mme quedans les conroverses hologiques ils diffren dansleurs inerpraions des exes sacrs. Pouran,

    dans lune comme dans laure, on prsupposequelque chose dexrieur -- un monde douproviennen les donnes, une divini do provienle sacr -- don la naure es cerainemen en dba,

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    80/137

    55

    La conroverse en philosophie

    mais don lexisence nes pas quesionne. Cete

    dimension dexriori es celle qui fourni pour cesdisciplines, en fin de compe, une pierre de ouchepour en valuer le progrs. Cete dimension manquedans les conroverses philosophiques. Ce qui lescaracrise ces que, au momen venu, ou peu y

    re remis en quesion -- y compris le monde eDieu. Le crire de progrs, sil en exise un, ne peudonc provenir dun ancrage exrieur quelconque.Lappel kanien la conroverse, comme la seulepierre de ouche don dispose la raison pure pourse connare, semble donc re jusifi pour ou

    ce que lon pourrai dsigner, propremen parler,comme connaissance philosophique. Seulemen,il fau -- me semble--il -- faire ici lconomie delexigence kanienne de complude e de non-quesionnabili de cete connaissance, une fois

    acheve . Car le progrs philosophique, qui neseffecivemen possible que grce aux conroverses,consise jusemen dans le fai que celles-ci metenen quesion, le momen venu, nimpore quelprsuppos. Ces cete capaci de reconnare ede criiquer les prsupposs (les nres ainsi que

    ceux des aures), sans videmmen pouvoir nous endlivrer ou fai, y compris au risque dadhrer denouveaux prsupposs, qui approfondi e largi lapense philosophique e en perme ainsi le progrs.

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    81/137

    56

    Bibliographie sommaire

    Beyssade, J.-M. e Marion, J.-L. (eds.),Descares:Objecer e rpondre. Paris: P.U.F., 1994.

    Cossua, F. (ed.),Descares e largumenaion

    philosophique.Paris: P.U.F., 1996.Dascal, M., Te conroversy abou ideas and he

    ideas of conroversy. In F. Gil (ed.), ConroversesScienifiques e Philosophiques. Lisboa: Fragmenos,1990.

    Dascal, M., Episemologa, conroversias ypragmica.Isegoria12. Madrid, 1995.

    Dascal, M., La balanza de la razn. In: Nudler,O. (ed.), La Racionalidad: Su Poder y sus Limies.Buenos Aires/Barcelona/Mexico, 1996.

    Dascal, M. ypes of polemics and ypesof polemical moves. In S. Cmejrkova e al.(eds.), Dialogue in he Hear o Europe, vol. 1.bingen,1998.

    Kan, I. Criique de la raison pure. rad. J.Barnie revue par P. Archambaul. Paris: Garnier-Flammarion, 1976 [A = premire diion; B =deuxime diion].

    Passmore, J., Philosophical Reasoning. London,

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    82/137

    57

    1952.

    Perelman, C., Rhorique e philosophie. Paris,1952.

    Pote-Bonneville, M. La violence dans le dbaphilosophique: La conroverse Derrida/Searle. InD. Vernan (ed.), Du Dialogue (= Recherches sur laPhilosophie e le Langage 14). Grenoble, 1992.

    Schopenhauer, A. Te ar of conroversy.In Complee Essays o Schopenhauer (rad. . C.Saunders). New York.

    Senderowicz, Y. Te Kan-Eberhard conroversy.In M. Dascal e G. Freudenhal (eds.), Te Polemical

    Mind (numro spcial de Science in Conex).Cambridge, 1998.

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    83/137

    58

    Publicaions de Marcelo Dascal

    Ouvrages (comme auteur)

    A1. M. Dascal. Philosophy o Science. S. Paulo:Ediora do Grmio da Faculdade de Filosofia daUniversidade de S. Paulo. Premire diion (1964):

    214 pages Seconde diion (1966): 307 pages[Porugais].

    A2. M. Dascal. La Smiologie de Leibniz. Paris:Aubier Monaigne, 272 pages, 1978 [Franais].

    A3. M. Dascal. Pragmaics and he Philosophy o

    Mind - Volume 1: Tough in Language. Amserdam:John Benjamins, xii + 207 pages, 1983.

    A4. M. Dascal. Leibniz - Language, Signs, andTough. Amserdam: John Benjamins, xi + 203pages, 1987.

    A5. M. Dascal. Inerpreaion and Undersanding.Amserdam: John Benjamins, 2003, xxii + 714 pp.(raducion porugaise:Inerpreao e Compreenso.

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    84/137

    59

    S. Leopoldo, S (Brsil): Ediora Unisinos, 2006,

    729 pages).

    A6. M. Dascal. Te Gus o he Wind: Humaniiesin a New-Old World.Jerusalem: Carmel PublishingHouse, 2004, 293 pages [Hbreu].

    A7. Gotied Wilhelm Leibniz: Te Ar oConroversies. diion e raducion, avec uneinroducion e des noes par Marcelo Dascal, avecla collaboraion de Quinn acionero and AdelinoCardoso. Te New Synhese Hisorical Library,volume 60. Dordrech: Springer, 2006, xllii + 516

    pages; paperback ediion, February 2008.

    EN PPARIONA8. M. Dascal. Pragmaics and he Philosophy o

    Mind. Vol 2: Language in Tough. Amserdam: John

    Benjamins.

    Ouvrages (comme diteur)

    AA1. M. Dascal e A. Parush (eds.). Te Raional

    and he Irraional. Beer Sheva: Ben Gurion Universiyo he Negev, 192 pages, 1975 [Hbreu].

    AA2. M. Dascal (ed.). Te Jus and he Unjus. el

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    85/137

    60

    Aviv: Universiy Publishing Projecs, 208 pages,

    1977 [Hbreu].

    AA3. M. Dascal (ed.). raducion en hbreude Inroducion o Logic de I. M. Copi. el Aviv:

    Yachdav, 548 pages, 1977 [Hbreu].

    AA4. M. Dascal (ed.).Mehodological Foundaionso Linguisics. 4 Volumes, 1978-1982. S. Paulo andCampinas [Porugais].

    AA5. M. Brinker, M. Dascal, e D. Nesher (eds.).Baruch de Spinoza: a Collecion o Essays on his

    Tough. el Aviv: Universiy Publishing Projecs,201 pages, 1979 [Hbreu].

    AA6. M. Dascal (ed.). Descares - Principleso Philosophy and Leibniz - Criical Remarks on

    Descares (= Philosophical exs 1). el Aviv:Universiy Publishing Projecs, 143 pages, 1979[Hbreu].

    AA7. J. Gracia, E. abossi, E. Villanueva, eM. Dascal (eds.). Philosophical Analysis in Lain

    America. Dordrech:D. eidel, xii + 448 pages,1984. [Version espagnole endue, Mxico (Fondode Culura Econmica), 689 pages, 1985].

    AA8. M. Dascal (ed.).Dialogue - An InerdisciplinaryApproach. Amserdam/Philadelphia: John

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    86/137

    61

    Benjamins, xiv + 473 pages, 1985.

    AA9. M. Dascal (ed., avec la coopraion deOscarZimmermann). M. Buber - On Communiy [acollecion o Bubers published and unpublishedessays on social philosophy]. S. Paulo: Perspeciva,136 pages, 1987 [Porugais].

    AA10. M. Dascal e O. Gruengard (eds.).Knowledge and Poliics: Case Sudies in heRelaionship Beween Episemology and Poliical

    Philosophy. Boulder, Colorado: Wesview Press, vii+ 375 pages, 1989.

    AA11. A. Cohen e M. Dascal (eds.). TeInsiuion o Philosophy: A Discipline in Crisis?. LaSalle, Ill.: Open Cour, xv + 334 pages, 1989.

    AA12. M. Dascal (ed.). Knowledge, Language,Ideology. S. Paulo: Perspeciva, 275 pages, 1989[Porugais].

    AA13. M. Dascal (ed.). Culural Relaivism andPhilosophy: Norh and Lain American Perspecives.Leiden: Brill, pages xii + 316, 1991 [raducionespagnole: Mxico, Universidad Nacional

    Aunoma de Mxico, 406 pages, 1992].

    AA14. M. Dascal, D. Gerhardus, K. Lorenz,and G. Meggle, La philosophie du langage: Manuel

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    87/137

    62

    inernaional des recherches conemporaines, 2

    volumes. Berlin/New York: De Gruyer, xlvi + 2087pp., 1992, 1995 [Allemand, Anglais e Franais].

    AA15. M. Dascal e E. Yakira.Leibniz and Adam.el Aviv: Universiy Publishing Projecs, xii + 409pages, 1993.

    AA16. M. Dascal e G. Freudenhal (eds.).Conroversies in Science, Special issue o Science inConex, 178 pages, 1998.

    AA17. M. Dascal (ed.).Misundersanding, Special

    Issue oJournal o Pragmaics, 110 pages, 1999.AA18. M. Dascal (ed.). Filosoa del Lenguaje

    II: Pragmica. Volume 18 de lEnciclopedia IberoAmericana de Filosoa. Madrid: Ediorial rota andConsejo Superior de Invesigaciones Cienficas,246 pages, 1999 [Espagnol].

    AA19. C. Carree Parrondo, M. Dascal, F. MrquezVillanueva, A. Senz Badillos (eds.).Encuenros andDesencuenros: Jewish Culural Ineracions. el Aviv:el Aviv Universiy, 678 pages, 2000 [Espagnol e

    Anglais].

    AA20. M. Dascal, M. Guierrez Esevez, e J. deSalas (eds.). La Pluralidad y sus Aribuos: Usos ymaneras en la consruccin de la Persona. Madrid:

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    88/137

    63

    Biblioeca Nueva, 285 pages, 2001 [Espagnol].

    AA21. E. Weigand e M. Dascal (eds.).Negoiaionand Power in Dialogic Ineracion. Amserdam: JohnBenjamins, viii + 294 pages, 2001.

    AA22. I.E. Zwiep, A.M. Ginio, M. Dascal (eds.).

    Uprooed Roos: Amserdam and he Early SephardicDiaspora, Special Issue o Sudia Rosenhaliana, 203pages, 2001.

    AA23. P. Barrota e M. Dascal (eds.).Conroversies and Subjeciviy. Amserdam: John

    Benjamins (Conroversies, volume 1), 411 pages,2005.

    AA24. Marcelo Dascal, Frans H. van Eemeren,Eddo igoti, Sorin Sai, e Andrea occi (eds.).

    Argumenaion in Dialogic Ineracion(Special Issueo Sudies in Communicaion Sciences, June 2005),293 pages.

    AA25. M. Dascal e H. Chang (eds.). radiionso Conroversy. Amserdam: John Benjamins(Conroversies, volume 4), xvi + 309 pages, 2007.

    AA26. M. Dascal (ed.). Leibniz: Wha Kind oRaionalis?.Dordrech: Springer, xx + 532, 2008.

    AA27. M. Dascal (ed.). Te Pracice o Reason:Leibniz and his Conroversies. Amserdam: John

  • 7/26/2019 Dascal Leibniz

    89/137

    64

    Benjamins (Conroversies, volume 7), xvi + 359

    pages, 2010.

    EN PP