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This article was downloaded by: [Gebze Yuksek Teknoloji Enstitïsu ]On: 20 December 2014, At: 07:40Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registeredoffice: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK
Modern & Contemporary FrancePublication details, including instructions for authors andsubscription information:http://www.tandfonline.com/loi/cmcf20
De la Bibliothèque rose aux lecturesrhizomatiques: l'évolution de la sériede jeunesse en FranceJane NewlandPublished online: 06 Mar 2013.
To cite this article: Jane Newland (2013) De la Bibliothèque rose aux lectures rhizomatiques:l'évolution de la série de jeunesse en France, Modern & Contemporary France, 21:3, 375-387, DOI:10.1080/09639489.2012.743982
To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/09639489.2012.743982
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De la Bibliotheque rose aux lecturesrhizomatiques: l’evolution de la seriede jeunesse en FranceJane Newland
In France, the history of the series form for young readers begins in collections such as the
well-known Bibliotheque rose published by Hachette. More recently, other serial formsusing the recurring characters of the traditional series have developed. These new forms
have complex structures that go beyond linearity. Authors Brigitte Smadja and DanielPennac in particular have created series that straddle the various collections of their
respective publishing houses and whose characters also appear in their texts published foran adult readership. Through an analysis of these series and French children’s collections,this article proposes a new term as a means to understand them. Both collections and
series require a rhizomatic reading from the reader. Favouring the link, such a readingputs connections between texts to the fore, along with their re-establishment after rupture.
En France, l’histoire de la forme serielle pour enfants commence dans les collections de
jeunesse dont la plus connue est sans doute la Bibliotheque rose des editions Hachette. Plusrecemment, d’autres formes serielles ont pu se developper librement et se servent despersonnages recurrents de la serie traditionnelle mais s’appuient sur des structures
complexes qui devancent toute linearite. En particulier, les auteurs Brigitte Smadja etDaniel Pennac ont cree des series qui chevauchent plusieurs collections de la maison
d’edition, et dont les personnages se retrouvent egalement dans leurs textes destines a unlectorat adulte. En analysant les collections franc�aises et des series contemporaines ecrites
par des auteurs franc�ais, nous proposons une nouvelle expression pour ces deux formes. Lescollections et les series exigent une lecture rhizomatique du lecteur. Une telle lecture qui
favorise le lien met en evidence les connexions entre textes et leur retablissement a la suited’une rupture.
q 2013 Association for the Study of Modern & Contemporary France
Correspondence to: Dr Jane Newland, PhD, Wilfrid Laurier University, Department of Languages and Literatures,
75 University Ave W, Waterloo, Ontario, N2L 3C5 Canada. Email: [email protected]
Modern & Contemporary France, 2013
Vol. 21, No. 3, 375–387, http://dx.doi.org/10.1080/09639489.2012.743982
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Tandis que les specialistes anglo-americains des series de jeunesse deplorent le manqued’etudes critiques sur ce genre (Deane 1991; Watson 2000; Cushman Schurman et
Johnson 2002), les origines et l’histoire des series pour jeunes lecteurs en France sont
vagues et les etudes franc�aises de la litterature de jeunesse ne reconnaissent guere leurexistence (Caradec 1977; Escarpit et Vagne-Lebas 1988; Dupont-Escarpit et al. 1989). La
serie de jeunesse est neanmoins une realite dans la production litteraire franc�aise, bienqu’elle soit etroitement liee au concept de la collection. Le Tresor de la langue franc�aise
informatise definit ainsi la serie: un ‘ensemble compose d’œuvres qui possedent entre ellesune unite et forment un tout coherent’ (http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.
exe?13;s=367682205;r=1;nat=;sol=2). L’unite serielle provient de l’usage de personnages
recurrents qui reapparaissent de volume en volume. La collection, en revanche, est unregroupement editorial d’ouvrages independants lies par des themes semblables.
En France, la collection de jeunesse la plus connue et la plus ancienne est sans doutela Bibliotheque rose des editions Hachette. Avec la creation des Bibliotheques des
Chemins de Fer, Louis Hachette metamorphose la production des livres en Francecreant ‘un catalogue compose de livres originaux et facilement reconnaissables’ (Leroy
2006, 10), de prix modeste et de taille peu encombrante pour distraire les voyageurs.Classant chaque type d’ouvrage par couleur, Hachette choisit ‘le rose pour les enfants’
(12). La Bibliotheque rose prend son elan apres la signature du contrat de la Comtesse
de Segur en 1855, evenement decrit par Rosemary Lloyd comme la veritable naissanced’une litterature de jeunesse en France (1992, 21), donnant pour la premiere fois aux
enfants une litterature qui leur est destinee, non seulement par l’auteur mais aussi parla maison d’edition. La trilogie de Fleurville de Madame de Segur, comprenant Les
Petites Filles modeles, Les Malheurs de Sophie et Les Vacances donne a ‘la LibrairieHachette son premier cycle’ (Leroy 2006, 27) et depuis Hachette eprouve une
predilection pour la serie. Cette presence de cycles a part, de series d’œuvres reliees parla recurrence des personnages, a l’interieur de la Bibliotheque rose a contribue a
l’elision entre les termes, de sorte que les deux termes sont utilises de fac�on
interchangeable. Il est donc necessaire de repenser cette taxinomie et de trouver unefac�on convenable de decrire la relation complexe entre serie et collection, surtout avec
la presence des series actuelles de Brigitte Smadja et de Daniel Pennac, que nousexaminerons par la suite. Celles-ci chevauchent plusieurs collections et leurs
personnages se retrouvent egalement dans leurs textes destines a un lectorat adulte.Cet article propose donc une autre fac�on de concevoir la reciprocite entre serie et
collection en s’appuyant sur le concept de rhizome propose par Gilles Deleuze et FelixGuattari. Le rhizome nous aide a repenser le concept de serialite: il permet d’eclairer
les connexions entre les textes a l’interieur d’une collection et entre les tomes qui
composent une serie. Dans un premier temps, il convient d’analyser les possibilitesfournies par le rhizome qui nous permettent de depasser la linearite habituelle des
structures. Nous examinerons par la suite des series recentes de Brigitte Smadja et deDaniel Pennac qui presentent toutes les caracteristiques des series classiques avec leurs
personnages recurrents, mais qui bousculent les normes de la forme serielle et quirequierent une autre lecture que nous appelons lecture rhizomatique.
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Le rhizome
Le concept de rhizome, introduit dans le deuxieme tome de Capitalisme etschizophrenie: Mille plateaux (Deleuze et Guattari 1980), est elabore a partir du systeme
vegetal. Contrairement a l’arbre dont les racines progressent verticalement et selon unehierarchie qui nourrit une seule plante, le rhizome est un systeme souterrain qui se
repand lateralement en produisant des bourgeons adventifs a intervalles et qui nourritplusieurs tiges aeriennes. Comme le chiendent, le rhizome prolifere sans fin:
[u]n rhizome ne commence et n’aboutit pas, il est toujours au milieu, entre leschoses, inter-etre, intermezzo. L’arbre est filiation, mais le rhizome est alliance,uniquement d’alliance. L’arbre impose le verbe ‘etre’, mais le rhizome a pour tissu laconjonction ‘et . . . et . . . et . . . ’. (Deleuze et Guattari 1980, 36)
Deleuze et Guattari veulent s’eloigner de l’arborescence et du ‘livre-racine’ (11) quidominent selon eux la pensee occidentale. En critiquant le livre qui ‘est fait de
chapitres, [qui] a ses points culminants, ses points de terminaison’ (32), ils se posent laquestion suivante: ‘[q]ue se passe-t-il au contraire pour un livre fait de plateaux,
communiquant les uns avec les autres a travers des micro-fentes, comme pour uncerveau?’ (32–33). Ils constatent alors que leur propre ouvrage est
comme un rhizome. Nous l’avons compose de plateaux [ . . . ] nous avons vu deslignes, comme des colonnes de petites fourmis, quitter un plateau pour en gagner unautre. Nous avons fait des cercles de convergence. Chaque plateau peut etre lu an’importe quelle place, et mis en rapport avec n’importe quel autre. (33)
A la maniere d’un rhizome, une collection et une serie sont egalement dominees parla conjonction ‘et’. Les volumes qui les composent constituent les plateaux du rhizome
et, a l’interieur, les plateaux multiples s’entrecroisent de fils, tissant des liens entre eux.Il n’y a ni commencement ni fin dans le rhizome d’une collection ou d’une serie, lelecteur doit plutot y entrer et y chercher une voie pour creer son propre chemin entre
les volumes. Le point d’entree est necessairement variable dans le rhizome:
[l]’entree dans l’œuvre est fragmentaire: elle elit necessairement un pointquelconque dans l’œuvre, un point d’entree non predetermine. ‘On entrera doncpar n’importe ou’, ‘aucune entree n’a de privilege’, puisqu’il n’y a plus de totalitehierarchisant les directions de l’œuvre, ni d’ordre predetermine de ses parties.(Sauvagnargues 2006, 118–119)
A l’heure actuelle, sous les auspices de la Bibliotheque rose, on retrouve trois sous-collections: Ma Premiere Bibliotheque rose destinee aux enfants de 6–8 ans, La
Bibliotheque rose pour les lecteurs de 8–10 ans et La Bibliotheque rose plus pour lesenfants plus ages de 10–12 ans. Une quatrieme sous-collection, Les Classiques de la
rose, abrite les titres les plus anciens et les plus connus des fonds d’Hachette. Chaquesous-collection est composee de multiples series ou de suites de livres dans lesquelles
on rencontre des personnages recurrents. Prenons l’exemple de Ma PremiereBibliotheque rose: selon le site internet de la maison d’edition, elle est conc�ue ‘pour
celles qui adorent les histoires de fees et de princesses’. Les series qui la composent
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comprennent entre autres: Princesse Academy, Les Ballerines magiques, Ma Princessepreferee. En cliquant sur l’un de ces titres, on retrouve un bref resume de la serie,
accompagne de la liste des titres qu’elle contient et une section intitulee ‘tu aimerasaussi’ qui propose des titres de series semblables. L’editeur regroupe donc des textes
qu’il propose aux lecteurs selon des interets cibles. Ce genre de peritexte editorial existea l’interieur des series elles-memes pour inciter les lecteurs a s’orienter vers d’autres
tomes et vers d’autres series de la collection. Peu importe le point d’entree dans lacollection, les lecteurs peuvent suivre les connexions que nous qualifions de
rhizomatiques sous des couvertures roses identiques, qui donnent une cohesionesthetique a des lectures heterogenes.Si l’editeur gere l’unite d’une collection, c’est a l’auteur de gerer l’unite d’une serie et
de proposer des liens a l’interieur de celle-ci. L’unite d’une serie de jeunesse provientdu fait que les textes qui composent l’ensemble mettent en scene un ou plusieurs
personnages recurrents. Le jeune lecteur de serie s’attend donc a retrouver despersonnages connus et est influence par ses lectures anterieures. L’auteur de serie peut
aussi se servir de techniques pour faciliter l’adhesion du lecteur a la serie: larecapitulation des evenements precedents, les repetitions, les annotations de bas de
page et ainsi de suite.Bien que Deleuze et Guattari veuillent surmonter la linearite, ils reconnaissent que
les structures lineaires existent dans le rhizome: ‘[i]l existe des structures d’arbre ou de
racines dans les rhizomes’ (1980, 23). Malgre le fait que certaines series semblentfavoriser un schema lineaire propice a la maturation de leurs personnages, le point
d’entree d’une serie peut etre aussi arbitraire que celle de la collection. La serie Le Clubdes Cinq d’Enid Blyton, dont les traductions furent publiees dans la Bibliotheque rose
d’Hachette des annees 1950 aux annees 1970, et qui se trouve actuellement dans lasous-collection Les Classiques de la rose, en est un bon exemple. Apres le succes
enorme des premiers volumes du Club des Cinq d’Enid Blyton:
Hachette se met a traduire la serie sans respecter la chronologie des parutionsoriginales. Une liberte qui ne semble en rien perturber l’adhesion des jeunes lecteurs.Les Cinq et le Tresor de l’ıle (Five on Treasure Island), l’histoire initiale mettant enscene pour la premiere fois la fratrie Gauthier [ . . . ] et leur cousine Claudine [ . . . ]ne sera ainsi publiee en France qu’en 1961, en dix-septieme position. (Leroy etChollet 2005, 40–41)
La linearite peut donc exister dans le rhizome, mais elle n’a pas la preseance sur laconnectivite comme nous montre le cas d’Enid Blyton. Ainsi la linearite n’est qu’un
chemin possible dans le rhizome.A l’heure actuelle, la forme serielle se renouvelle en France grace a deux auteurs
contemporains, Daniel Pennac et Brigitte Smadja. Leurs series publiees respectivementchez Gallimard Jeunesse et l’Ecole des loisirs nous donnent des personnages recurrents
mais depassent toute taxinomie en tant que serie et eclatent meme les frontieres descollections ou elles se retrouvent. Examinons de plus pres ces series innovatrices: les
Samuel et les Maxime de Brigitte Smadja et les Kamo de Daniel Pennac.
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Les Samuel et les Maxime de Brigitte Smadja
La maison d’edition l’Ecole des loisirs a trois collections principales: Mouche, destinee
aux lecteurs de 7–9 ans, Neuf, aux 9–12 ans et Medium, aux 12–16 ans. C’est a travers
ces trois collections que Brigitte Smadja developpe sa serie des Samuel. Le
developpement du personnage correspond donc au developpement du jeune lecteur
selon son parcours a travers les differentes collections. Cette serie prend, en outre, la
forme de deux branches distinctes (voir Figure 1). La premiere branche presente le
personnage de Marie qui assume petit a petit ses sentiments naissants pour Samuel.
Figure 1 La serie des Samuel de Brigitte Smadja. Les titres des tomes sont en italiques,suivis de la date de publication. Les personnages principaux et leurs ages sont aussiindiques. Les intrigues des trois volumes qui se trouvent dans la partie ombree ont lieu a lameme epoque.
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La deuxieme branche met en scene dans les deux volumes initiaux, la petite sœur deSamuel, Pauline; enfin, le troisieme volume de cette branche raconte la meme histoire
que le deuxieme volume mais cette fois-ci selon la perspective de Samuel. Le derniervolume de cette serie, J’ai rendez-vous avec Samuel, ecrit en reponse aux reclamations
des lecteurs, relie les deux branches. Le personnage de Samuel est le centre d’interet detous les autres personnages dans les deux branches des volumes. Les personnages
principaux, Marie et Samuel, passent de six a dix-sept ans au fil de la serie. Cettesequence complexe n’a jamais ete commercialisee ou vendue comme serie, et elle laisse
au lecteur la responsabilite de retrouver les liens entre les differents textes. Lacomplexite des references qui existent entre les tomes est presentee dans les troisevenements decrits dans ce qui suit.
Dans Qu’aimez-vous le plus au monde? Pauline passe la soiree avec son frere lorsqueleur tranquillite est interrompue par la sonnerie du telephone. Samuel repond et
Pauline ecoute ses reponses. Apres s’etre couchee, Pauline entend son frere qui quitte lamaison a l’improviste au milieu de la nuit. Plus tard dans ce texte, Pauline rec�oit un
tableau de son ami et voisin Monsieur Zyslin, a qui elle confie son inquietude au sujetdu comportement erratique de son frere. Ces trois evenements sont repetes dans Une
Bentley boulevard Voltaire. Cette fois-ci, on apprend que Gabriel, l’ami de Samuel, estparti a la recherche de son pere disparu et que la copine de Gabriel, Laura, part a sontour le retrouver. Le dialogue telephonique est fourni en entier: Samuel parle a Laura
qui lui demande de l’aide. Samuel disparaıt au milieu de la nuit pour lui donner lesvetements et la nourriture dont elle a besoin. A son retour, Samuel rencontre Monsieur
Zyslin qui lui donne le tableau pour Pauline et qui lui fait part de l’inquietude dePauline au sujet de son propre comportement.
Dans une etude biographique publiee par l’Ecole des loisirs, Brigitte Smadjareflechit a la fac�on dont elle a conc�u sa serie:
au depart je voulais ecrire une trilogie, explique-t-elle. Jusqu’a l’age de seize ans,Marie n’a toujours rien dit a Samuel. Et tout a coup, Karim arrive a la fin de J’ai hatede vieillir, il a revu Samuel par hasard a un concert et l’annonce joyeusement a Mariequi est restee son amie. Je me dis en moi-meme: ‘Oh! C’est top!’ Je suis surprise. Puisplus rien pendant assez longtemps. Et un jour, je fais un reve. Je suis dans unemaison, a la campagne. Assis a table, il y a un garc�on, avec des cheveux tres longs. Ilme regarde. Je dis: On se connaıt? Il repond: Mais vous ne me reconnaissez pas? Jesuis Samuel. C’etait la premiere fois que c�a m’arrive, qu’un personnage viennerecogner a ma porte. Il avait dix ans quand je l’avais laisse . . . (Cherer 2003, 37–38)
Ces remarques expliquent l’ordre de publication des textes (voir Figure 1) et
l’utilisation du prenom de Marie dans les titres de deux des volumes. Elles peuventaussi suggerer que Smadja a l’intention de garder le personnage de Marie comme
heroıne eponyme tout au long de la serie. Ses commentaires expliquent egalement labifurcation de la serie apres l’achevement de la trilogie de Marie. L’opinion de Smadja
change, cependant, dans la preface breve de J’ai rendez-vous avec Samuel. Elleconsidere que ‘ce roman est la fin d’une longue histoire dont les deux premiers livres
sont J’ai hate de vieillir et Une Bentley boulevard Voltaire’ (Smadja 2002, sp), ce qui fait
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des trois derniers volumes de la serie une trilogie distincte a part entiere. Uneobservation plausible puisque ces trois volumes se retrouvent dans Medium, la
collection de l’Ecole des loisirs destinee aux lecteurs de 12 a 16 ans.La publication de ces textes dans des collections differentes, le fait que les volumes sont
destines a des lecteurs d’age different, cree des hiatus, ce qui rend une lecture
chronologique et lineaire difficile. Or, la notion de rupture est implicite dans la lectured’une serie, comme le suggere Muhar Gubar: ‘[e]ven as the multiple volume format
stresses continuity, it invariably creates gaps, interstices between instalments’ (2001, 63).Les ruptures constituent un element a la fois intrinseque et necessaire a la lecture et
surtout dans la lecture d’une serie. Gary Schmidt constate que: ‘whereas in a single novelgaps of any significant time are at best disconcerting, in an integrated series they are
essential. Within these intervals the characters assimilate the meaning and experience of
the previous novels’ (1987, 36). Aussi, la serie des Samuel demande-t-elle une autrelecture qui accentue les hiatus crees par la forme serielle: une lecture rhizomatique. La
notion de connexion est a la base d’une telle lecture. Le lecteur a plusieurs points d’entreeet de sortie possibles dans la serie. Il peut y entrer a n’importe quel point, en sortir, y re-
entrer et se reconnecter. Il importe qu’il fasse des connexions entre les differents textes etqu’il en retablisse apres une rupture. Le lecteur qui parvient ainsi a ‘faire rhizome’
(Deleuze et Guattari 1980, 19) avec la serie entre dans une hyper-connectivite a la fois
textuelle et non-textuelle et comme celui qui navigue dans l’internet, le lecteur de serienavigue dans les textes qui la composent (Newland 2007, 147).
De meme que la sequence des Samuel, la serie des Maxime de Brigitte Smadja paraıtaussi dans les trois collections de l’Ecole des loisirs. Le premier volume J’ai decide de
m’appeler Dominique met en scene Emilie, la sœur de Maxime, qui apprehendel’arrivee de son nouveau frere. Elle essaie de comprendre la naissance imminente du
bebe et ses sentiments de jalousie. Ce texte se termine avec la naissance de son frereMaxime et ouvre donc la voie pour un nouveau recit, l’histoire de Maxime. Smadja
donne aux autres volumes de la serie la perspective de Maxime qui murit de six a dix-sept ans. Le dernier texte de la collection Neuf, Maxime fait un beau mariage, semble
clore la serie definitivement puisque Maxime annonce au lecteur a l’occasion du
mariage de sa sœur: ‘a ce moment precis, mon enfance s’est achevee’ (Smadja 2000b,92). Malgre ce mariage joyeux, une cloture complete de la serie reste toutefois
insaisissable. Une dispute familiale entre les deux oncles de Maxime, Jonas et Gregoire,reste sans resolution et les tensions familiales au sujet de l’homosexualite de Jonas
continuent. Ne touchez pas aux idoles publie dans la collection Medium revient enarriere et donne au lecteur quelques indices pour expliquer cette tension, mais c’est le
dernier tome de cette serie, intitule Adieu Maxime et qui apparaıt aussi dans la
collection Medium, qui resout toutes les intrigues. Dans ce texte, Maxime faitreference aux volumes precedents de la serie en racontant a nouveau son histoire
familiale. Il fait egalement allusion a son amourette pour son professeur demathematiques (Maxime fait l’idiot), au mariage de sa sœur (Maxime fait un beau
mariage) et il fournit la resolution a l’intrigue de Ne touchez pas aux idoles lorsqu’ildecouvre que Gregoire avait devoile a sa famille que Jonas est homosexuel. Cet oncle
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de Maxime qui meurt du SIDA dans Adieu Maxime, le dernier tome de la serie, seretrouve aussi dans Le jaune est sa couleur (1999), le premier roman de Smadja destine
aux adultes. Le lecteur doit alors trouver son chemin entre les collections, depasser lestentatives de cloture qui apparaissent le long du parcours et surmonter le passage du
temps pour retrouver a l’age adulte l’auteur prefere de ses lectures de jeunesse.Quand Marcel Proust remarque qu’‘[i]l n’y a peut-etre pas de jours de notre enfance
que nous ayons si pleinement vecus que ceux que [ . . . ] nous avons passes avec un livreprefere (Proust 1988, 9), il capte une experience precieuse de l’enfance: l’intensite du
temps passe a la lecture. La possibilite fournie par Smadja de retrouver cette sensationencore a l’age adulte, en retrouvant l’auteur de jeunesse qui fait allusion a ses textesanterieurs dans ses œuvres destinees aux adultes, cree une situation semblable a la
madeleine de Proust. Le lecteur se retrouve projete dans le rhizome, dans un reseau desouvenirs declenches par la reconnexion: des souvenirs de son enfance, de ce qu’il
faisait lorsqu’il lisait les autres episodes de la serie des Maxime, et des souvenirsd’autres tensions familiales et des amourettes a l’ecole et . . . et . . . . Les connexions
qui bourgeonnent a partir du rhizome sont infinies et dependent de l’experience dulecteur.
Les Kamo de Daniel Pennac
L’auteur Daniel Pennac tisse aussi des liens entre ses textes destines aux lecteurs adulteset ceux destines aux lecteurs plus jeunes. Sur le site internet de Gallimard, Pennac
decrit comment chacun des quatre volumes de sa serie des Kamo representent unematiere scolaire differente:
[j]e me suis amuse. J’ai choisi un ‘Kamo’ par matiere ou par evenement majeur:L’idee du siecle: le passage en 6e, L’agence Babel: l’anglais, L’evasion de Kamo:l’histoire, Kamo et moi: le franc�ais. J’en ai un pour les maths et un pour les SVT[sciences de la vie et de la Terre] en tete, mais ils ne sont pas encore ecrits. Ils sont la.Selon moi, les enfants ont envie de parler de l’ecole. (Daniel Pennac: Fiche auteur,http://www.gallimard-jeunesse.fr/medias/20/pdf_auteurs/Pennac.pdf)
Pour creer des liens entre ses textes, pour faire une mise au point des evenements des
volumes precedents et pour retablir la trame du recit, Pennac se sert de larecapitulation. On trouve un exemple pertinent dans L’evasion de Kamo. A la suite
d’un accident de velo, Kamo est hospitalise et dans le coma. Pour le faire sortir de soncoma, Toi, son meilleur ami, decide de penser a lui. Pour ce faire, il evoque des images
de Kamo:
[ . . . ] images de vacances, longues conversations nocturnes, les recettes de Kamo, leparfum du poulet aux ecrevisses, Kamo et nos sacoches de facteur, tout cela en vrac,batailles de polochons et balades en montagne . . . Puis [ . . . ] il me fallut « organiserma memoire », reprendre tout depuis le commencement: notre rencontre a la creche(ou nous etions tous les deux amoureux de la meme crechonniere qui s’appelaitMado-Magie, et qui secouait des hochets sous notre nez pour gagner sa vied’etudiante), puis ce furent la maternelle et le cours preparatoire, et le cours moyen
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ou notre maıtre, M. Margerelle, nous preparait a entrer en sixieme en imitant tousles profs que nous y trouverions, l’admiration de Kamo pour Margerelle en prof demaths reveur, si different de Margerelle en prof de franc�ais grincheux, et Crastaing,un an plus tard, justement Crastaing, le prof de franc�ais de sixieme, dont tout lemonde avait une peur atroce, tout le monde sauf Kamo, la fac�on extravagante dontKamo avait appris l’anglais et fait la connaissance de Catherine Earnshaw, l’heroınedes Hauts de Hurlevent . . . (Pennac 1997d, 60–61)
Le personnage de Toi revoit d’abord le debut du volume actuel et les images des
vacances passees dans le Vercors. Il evoque ensuite ses moments passes avec Kamo
dans la pre-serie et leur preparation pour le passage en sixieme qui ont lieu dans L’ideedu siecle. Il fait reference a leur professeur effrayant, Crastaing dans Kamo et moi et
finalement a l’obsession de Kamo pour sa correspondante epistolaire dans L’agence
Babel. En recapitulant de cette sorte, Toi repete et cree des connexions pour le lecteur,
qui se souvient, par exemple, de l’effrayant Crastaing: en effet dans le rhizome, il est
possible de faire davantage de liens textuels et extratextuels. D’autres souvenirs
associes peuvent revenir a la memoire du lecteur: des professeurs dont il a eu peur, des
devoirs qu’il a rates et ainsi de suite.La recapitulation n’est alors plus une astuce de l’ecrivain pour faciliter la lecture,
mais une fac�on de faire entrer le lecteur dans le rhizome. Les annotations de bas de
page sont aussi utilisees pour inciter les lecteurs a lire les autres textes de la serie. Elles
sont egalement un moyen de creer des liens entre les differents textes. Ces annotations
se trouvent dans L’evasion de Kamo, ou Kamo part avec son ami Toi et ses parents Pope
et Moune en vacances pour faire du velo dans le Vercors. Toi tente en vain deconvaincre Kamo d’utiliser le velo ancien que Pope a repare pour lui. Toi croit que
Kamo en a peur, mais en realite Kamo ne sait pas faire du velo. Kamo rassure alors son
ami etonne: ‘il y a un tas de choses que je ne sais pas faire. Je ne connaissais pas un mot
d’anglais, l’annee derniere, tu te rappelles?’ (1997d, 7). Une annotation de bas de page
accompagne cette phrase et renvoie le lecteur a L’agence Babel ou Kamo ameliore son
anglais avec l’aide d’une correspondante. Plus tard dans L’evasion de Kamo, Pope
s’exclame qu’il n’a jamais eu peur de rien. Moune le corrige en disant a son fils: ‘Popeavait la phobie de Crastaing, ton prof de franc�ais quand tu etais en sixieme, tu te
souviens?’ (1997d, 15). Ce commentaire renvoie le lecteur aux evenements de Kamo et
moi ou Pope demontre une crainte aigue de Crastaing. Les annotations de bas de page
representent donc un ‘tu te souviens?’ textuel et une autre fac�on d’integrer le lecteur
dans le rhizome de la serie.Pennac relie ensuite ces quatre textes a sa saga a grand succes des Malaussene
destinee aux lecteurs adultes. Chez Pennac et Smadja, les personnages de ces recits de
jeunesse font irruption dans ces textes. Le personnage du Petit Malaussene, frere cadet
de Benjamin Malaussene se trouve, avec ses deux ans d’avance, dans la meme classe
que Kamo. Un autre membre de la fratrie, Jeremy, suggere au Petit d’organiser un
conseil de classe quand l’instituteur bien aime, Monsieur Margerelle, commence a
jouer le role de plusieurs professeurs differents pour preparer leur passage en sixieme(Kamo et moi).
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Dans cette serie, il existe un conflit entre les dates de publication originelle dans lemagazine Je Bouquine, les volumes numerotes de la collection Folio Junior, les
references textuelles et l’ordre dans lequel les volumes sont presentes dans l’anthologie(voir Tableau 1). Ainsi, Kamo, l’idee du siecle fut ecrit apres les autres volumes, mais la
chronologie de l’intrigue est anterieure a celle du livre precedent: on peut donc leconsiderer comme antepisode de la serie. A la lecture de ce volume, Toi et Kamo
regressent de troisieme en sixieme. Leur croissance et leur maturation sont renversees.Il n’existe pas de croissance lineaire dans cette sequence, mais une croissance
rhizomique, une expansion laterale de l’etablissement de liens.Temporellement, non seulement la serie des Kamo est complexe, mais il en est de
meme du personnage de Kamo meme. Ainsi en est-il, par exemple, de la
transformation de Kamo et son ami en adultes dans Kamo et moi. Dans ce texte, lesprotagonistes connaissent une periode de maturation temporaire. Les garc�ons et leurs
parents sont deplaces hors du temps normal: quand Toi, dans le corps de son pere, serend au college pour expliquer l’absence de son ‘fils’, les autres eleves qui n’ont pas fini
la redaction restent inchanges, figes dans le temps. Quand Kamo ecrit le corrige de laredaction, enfants et adultes sont retransformes aux etats anterieurs et la maturation
achevee est donc banalisee. Par ailleurs, dans Kamo, l’agence Babel, la mere polyglottede Kamo l’oblige a ameliorer ses notes d’anglais. Kamo echange donc des lettres avec sacorrespondante anglaise Catherine Earnshaw. Toi, effraye de decouvrir que Kamo
correspond avec une figure du passe, se donne pour mission de determiner l’origine deces lettres mysterieuses. L’evasion de Kamo, lui, est parsemee de references historiques.
Pendant que sa mere decouvre ses racines en Europe de l’Est, Kamo participe auxvacances avec Toi et sa famille, equipe d’un vieux velo troue de balles de la Deuxieme
Guerre mondiale. En retournant a Paris, Kamo est victime d’un accident de velo. Entombant dans le coma il se detache du temps reel et sa montre, a la suite du choc de
l’accident, s’arrete a 11 heures. Quand ses amis lui rendent visite a l’hopital, ils leretrouvent en train de murmurer en russe. Grace a l’aide de leurs professeurs, ils
decouvrent que les mots mysterieux de Kamo evoquent la Revolution Russe. Danscette coupure du temps reel, Kamo est ramene en arriere dans l’espace-temps.Lorsqu’il sort du coma, sa mere lui donne la montre de son arriere-grand-pere,
nomme aussi Kamo. Cette montre s’est aussi arretee a 11 heures, heure a laquelle sonarriere-grand-pere est mort des suites d’un accident de velo. Kamo est donc bien plus
qu’un personnage qui ne vieillit pas. Il represente la connectivite du rhizome. Il estcapable de faire entrer le passe dans le present et de renverser l’ordre chronologique. Le
personnage de Kamo ne repete pas simplement l’histoire de ses ancetres, il est decaledu temps reel et agit comme mediateur entre le passe et le present – il est lui-meme
rhizomorphe.
Celebrons nos Kamo et Samuel
Les series de Pennac et de Smadja depassent amplement les traditions de la forme
serielle et creent de nouvelles possibilites et exigences pour le genre. Les Samuel et les
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Tableau
1SequencespossiblespourlaserieKam
o
Textes
(ordre
del’anthologie)
Datedepublicationoriginelle
–Jebouquine
Numerosdanslacollection
Folio
Ordre
prescritdela
collectionFolio
Sequence
textuelle
Kam
o,l’idee
dusiecle
juin
1992
803
4edelaserie
ProgressionduCM2ala6e
me
Kam
oetmoi
fevrier1985
802
indetermine
En3e
me
Kam
o,l’agence
Babel
fevrier1987
800
1erdelaserie
indetermine
L’evasiondeKam
ofevrier1988
801
indetermine
Uneannee
apresL’agence
Babel
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Maxime de Brigitte Smadja favorisent des lectures rhizomatiques avec leurs structures
complexes qui enjambent les trois collections de la maison l’Ecole des loisirs, destinees
aux lecteurs d’ages differents. Les Kamo de Pennac innovent avec leur chronologie
ambigue et leur protagoniste rhizomorphe. Smadja et Pennac font allusion a leurs
series de jeunesse dans leurs ouvrages destines aux lecteurs adultes, creant une serialite
qui perdure au-dela de la serie meme.Quoique Eliza Dresang considere que ‘an increasing number of books in the digital
age have formats designed to encourage Net Generation children to make choices
about where to start reading and what to read’ (1999, 104), il semble que la collection
de jeunesse franc�aise et les series actuelles de Smadja et Pennac exigent des lecteurs de
faire les choix et de lire rhizomatiquement. Nous retrouvons dans ces series
contemporaines des elements rhizomatiques qui se trouvaient deja en germe dans les
collections de jeunesse, lesquelles, nous l’avons vu, ont toujours laisse une part
d’incertitude, un flottement entre leurs volumes.
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