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DE LA DEMOCRATIE EN AMERIQUE ALEXIS DE TOCQUEVILLE MORNEY Hugo , LE NEINDRE Léna & FALCHERO Charlotte 1 DE LA DEMOCRATIE EN AMERIQUE ALEXIS DE TOCQUEVILLE Définition de démocratie selon Tocqueville : Régime politique où la démocratie est un état social dans lequel les citoyens sont égaux en soulignant qu’ils ne peuvent l’être au niveau économique et social. Il différencie trois formes d’égalité de conditions : l’égalité devant la loi, l’égalité des chances et l’égalité de considération . Il y a le risque du despotisme (forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté est exercée par une autorité unique qui dispose du pouvoir absolu. Ce pouvoir implique souvent violence, autoritarisme, tyrannie sur tous ceux qui sont soumis { ce pouvoir) lorsque la passion de l’égalité conçue comme égalitarisme et non comme égalité en droit des personnes l’emporte sur le goût de la liberté. Seul un libéralisme vigilant peut sauver la démocratie de sa tension liberticide. Le système politique des Etats-Unis repose sur les trois principes fondamentaux : - La république : la création des Etats-Unis d’Amérique a lieu à la fin du 18 ème siècle dans un contexte de guerre d’indépendance contre le régime monarchique de la métropole britannique. - La démocratie : le pouvoir du peuple est souverain, il y a une séparation des pouvoirs garantie par la constitution (le congrès crée les lois, le président les exécute et la cour suprême les interprète), indépendance de la justice et importance du droit, respect des minorités par les libertés - Le fédéralisme : démocratie directe qui par référendum donne à la population la possibilité de choisir. Méfiance { l’égard du pouvoir central. Bref rappel de la situation politique de la France au 19 ème siècle IIIème République Restauration Monarchie de Juillet IIème République Second empire 1 er empire 1815 1830 1848 1851 1870

DE LA DEMOCRATIE EN AMERIQUE ALEXIS DE TOCQUEVILLEphilosophie-lycee.com/.../2017/03/Fiche-de-lecture-tocqueville.pdf · ERIQUE – E o e 1 DE LA DEMOCRATIE EN AMERIQUE – ALEXIS

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DE LA DEMOCRATIE EN AMERIQUE – ALEXIS DE TOCQUEVILLE

Définition de démocratie selon Tocqueville :

Régime politique où la démocratie est un état social dans lequel les citoyens sont égaux en

soulignant qu’ils ne peuvent l’être au niveau économique et social. Il différencie trois formes

d’égalité de conditions : l’égalité devant la loi, l’égalité des chances et l’égalité de considération. Il y a

le risque du despotisme (forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté est exercée par une

autorité unique qui dispose du pouvoir absolu. Ce pouvoir implique souvent violence, autoritarisme,

tyrannie sur tous ceux qui sont soumis { ce pouvoir) lorsque la passion de l’égalité conçue comme

égalitarisme et non comme égalité en droit des personnes l’emporte sur le goût de la liberté. Seul un

libéralisme vigilant peut sauver la démocratie de sa tension liberticide.

Le système politique des Etats-Unis repose sur les trois principes fondamentaux :

- La république : la création des Etats-Unis d’Amérique a lieu à la fin du 18ème siècle dans un

contexte de guerre d’indépendance contre le régime monarchique de la métropole

britannique.

- La démocratie : le pouvoir du peuple est souverain, il y a une séparation des pouvoirs

garantie par la constitution (le congrès crée les lois, le président les exécute et la cour

suprême les interprète), indépendance de la justice et importance du droit, respect des

minorités par les libertés

- Le fédéralisme : démocratie directe qui par référendum donne à la population la possibilité de choisir. Méfiance { l’égard du pouvoir central.

Bref rappel de la situation politique de la France au 19ème siècle

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Tocqueville cherche { travers ce livre { réfléchir d’une façon sociologique, en étudiant les

principes de la société américaine, sur l’idée qu’il ne faut pas choisir entre démocratie et

aristocratie, mais entre une démocratie désordonnée et une démocratie ordonnée et morale. Dans

son roman, Tocqueville nous fait part de ses réflexions en se basant sur une réflexion générale sur la

condition politique de l’homme et sur les relations entre les sociétés démocratiques (en 1830) et les

sociétés aristocratiques (avant).

Introduction

Au travers de cette introduction, Tocqueville présente une forme d'apologie de la

démocratie. Démocratie à moitié utopique au XIXème siècle en France, et pourtant ce régime

politique c'est celui qu'il découvre lors de son voyage aux Etats-Unis. L'auteur y développe ces

aspects positifs, avec ce qu'il considère au travers de la démocratie, une égalité des classes

jusqu'alors inconnue. Il s'appuie sur l'exemple de la France et de son passé avec les régimes féodaux

et l'apparition du clergé qu'il considère comme la première introduction de l'égalité des classes

dans la société française. Se confondent dans le propos de Tocqueville l'égalité de parole et l'égalité

sociale. Il souligne l'enracinement progressif de la démocratie en France au travers des rois, des

évènements et des temps forts de notre histoire.

"Le développement graduel de l'égalité des conditions est donc un fait providentiel, il en a les

principaux caractères : il est universel, il est durable, il échappe chaque jour à la puissance humaine ;

tous les évènements, comme tous les hommes, servent à son développement."

Tocqueville donne à la démocratie une dimension divine, une volonté de Dieu et s'y opposer

reviendrait à s'opposer au chemin de la foi.

L'Amérique a un temps d'avance aux yeux de l'auteur, pays neuf, elle n'a pas besoin de

marquer une rupture avec ses anciens régimes politiques comme la France, par exemple, doit le

faire avec la monarchie. Ainsi l'installation de la démocratie fut paisible et sans remous. Le but de

Tocqueville au travers de ses écrits est d'observer la démocratie dans sa forme la plus complète et

paisible et d'en voir les différentes conséquences et les moyens de les "rendre profitables aux

hommes".

L'auteur annonce ensuite son plan et justifie les coupures : la première partie concerne le

lien entre démocratie et gouvernement, Etat, lois. La seconde, s'attarde plus sur le rapport entre

démocratie et aspect social : mœurs, habitudes et idées.

PARTIE I

PREMIERE PARTIE

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La première partie du livre écrite en 1835, présente le régime américain qui est basé sur la

constitution et les institutions politiques. Selon Tocqueville, c’est une chance de succès de la

démocratie.

Chapitre II : Du point de départ et de son importance pour l’avenir des Anglo-américains

La civilisation anglo-américaine est construite à partir de deux éléments : l’esprit de religion

mélangé avec l’esprit de liberté.

Rapport entre la liberté et la religion :

- « la religion voit en la liberté civile un noble exercice de la faculté de l’homme »

- « La liberté voit en la religion la campagne de ses luttes et de ses triomphes » ; « elle considère la religion comme la sauvegarde des mœurs »

Il y a donc une influence de l’opinion publique et des mœurs des émigrants sur les colonies et

l’Union Américaine

Chapitre III : Etat social des Anglo-américains

L’état social ou état providence repose sur l’égalité : (état qui centralise ses actions dans les

domaines économiques et sociaux)

- L’égalité sur le plan économique qui donne la possibilité de s’enrichir { tout le monde, la possibilité au développement de l’intelligence

- égalité sur le plan politique

L’égalité : c’est la généralisation de la liberté ou despotisme

« Pour connaitre la législation et les mœurs d’un peuple, il faut donc commencer par étudier son état

social »

Les Etats-Unis d’Amérique sont principalement coupés en deux parties :

- Amérique du nord est pratiquement démocratique - Amérique du sud est une aristocratie importée par les Blancs

Dans la notion d’égalité, on peut parler de l’instruction et de l’éducation. En

effet, « l’instruction primaire y est { la portée de chacun ; l’instruction supérieure n’y est presque à

la portée de personne ». Mais on peut aussi tout { fait parler d’égalité économique étant donné que

la démocratie d’Amérique est un état social. On peut appliquer cette notion d’égalité de deux

manières différentes dans le domaine politique : « il faut donner des droits à chaque citoyen ou n’en

donner à personne ».

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On peut tout à fait dégager deux problèmes dans cette notion d’égalité.

Le premier étant que les lois sont prévues pour donner les mêmes chances à tout le monde, mais on

oublie de penser que tout le monde n’est pas égalitaire, il y a des faibles qui veulent être au même

rang que les forts et cela n’est pas possible. Donc les hommes dans une démocratie « préfèrent

l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté ».

Le deuxième intervient lorsqu’il s’agit de se défendre contre les agressions. Quand tous sont égaux,

il est quasiment impossible d’intervenir seul pour défendre ses droits, c’est pour cela que seule « la

combinaison des forces de tous» permet de garantir la liberté.

Les Anglo-américains, soumis à de nombreux choix ont su échapper au pouvoir absolu et

cela leur a permis de maintenir la souveraineté du peuple au sein de la démocratie. (Il n’existe

aucun pouvoir au qui soit supérieur à celui du peuple).

Chapitre IV : Du principe de la souveraineté du peuple en Amérique

« Le dogme de la souveraineté du peuple», c’est le contraire de l’esprit critique, qui ne cherche

pas { se remettre en question. Le dogmatisme est le propre de l’esprit persuadé de posséder la

vérité, celle-ci n’est donc pas remise en question car on la pense certaine du fait qu’un grand

nombre de personne y adhère (tyrannie de la majorité : elle rend presque impossible la survie de

l’esprit critique devant les idées et les sentiments majoritaires) ou bien que l’on a confiance en celui

qui nous la transmet. Ces opinions varient selon les époques et les sociétés.

Dans une démocratie, l’idéal est que tout le peuple ait le pouvoir mais en réalité ce n’est pas

possible, donc le peuple va déléguer le pouvoir en votant pour des représentants

Tout le monde a le droit { l’égalité politique : « l’égalité politique rend visible et conscient quelque

chose qui est d’une certaine façon inscrit dans la nature humaine, mais qui n’apparait que sous

certaines conditions historiques ». Les hommes sont conscient de cette réalité mais celle-ci reste un

idéal, en effet cela n’existe pas.

Chapitre V : Nécessité d’étudier ce qui se passe dans les Etats particuliers avant de parler du

gouvernement de l’Union

Définition de centralisation gouvernementale :

« Concentrer en un même lieu ou dans une même main le pouvoir de diriger les premiers »

Définition de centralisation administrative :

« Concentrer de la même manière le pouvoir de diriger les seconds »

Aux USA, il y a une forte centralisation gouvernementale mais il n’y a pas de centralisation

administrative.

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L’américain voit dans le fonctionnaire public le droit car celui-ci représente la nation, la patrie

auquel l’Américain éprouve « un sentiment analogue à celui qu’on éprouve pour sa famille. On peut

donc dire qu’en Amérique, l’homme n’obéit jamais à l’homme mais à la justice et à la loi ».

Dans un état social démocratique, il y plus de chance de tomber dans la centralisation

administrative car pour Tocqueville «lorsque l’on concentre toute la puissance gouvernementale dans

les mains d’un seul pouvoir qui représente le peuple, […] il est fort difficile de ne pas chercher à

pénétrer dans les détails de l’administration ».

Les institutions démocratiques divisent la nation : Tocqueville observe que le «système

des libertés provinciales » est sujet à débat, en effet « /qu’il a/ trouvé des hommes qui aspirent en

secret à détruire les institutions démocratiques de leur pays » et d’autres « /qu’il a entendu/ tous

mettre en première ligne et classer à la tête de tous les autres avantages de la liberté provinciale »

Chapitre VI : Du pouvoir judiciaire aux Etats-Unis et de son action sur la société politique

Les juges en Amérique ont « la capacité à censurer les lois ordinaires » : pour cela, il s’appuie

sur la Constitution, loi suprême du pays (état fédéral). Cela permet aux juges des états fédérés de

contrôler la conformité des lois à la Constitution, pour ne pas que les lois des états fédérés ne

viennent contredire la Constitution de l’état fédéral. En effet, « Les Américains ont reconnu aux juges

le droit de fonder leur arrêts sur la constitution plutôt que sur les lois. » ; « Ils leur ont permis de ne

point appliquer les lois qui leur paraitraient inconstitutionnelles ».

Le pouvoir judiciaire a une grande importance politique en Amérique. Ce pouvoir est propre à

l’Amérique et il n’existe aucune nation dans le monde où cela existe. Ce pouvoir est divisé entre son

organisation fédérale, à la tête de laquelle se trouve la Cour suprême (tribunal qui est compétent à

juger tous les cas relevant de la Constitution ou des lois des Etats-Unis et des traités qu’ils ont

conclu) et les systèmes propres à chaque Etat.

La pouvoir judiciaire a 3 caractères : « Le juge américain ne peut prononcer que lorsqu’il y a

litige, il est de servir d’arbitre chez tous les peuples, il doit se prononcer sur des cas particuliers, il ne

se prononce pas non plus sur des principes généraux et il n’agit que quand il est sollicité, quand

il est saisi. ».

Le juge, aux Etats-Unis, a donc un immense pouvoir politique et personne en Amérique ne

conteste ce pouvoir.

En Amérique, la Constitution « représente la volonté du peuple, oblige les législateurs comme

les simples citoyens, mais peut être changée par la volonté du peuple ». Elle peut donc varier selon les

désirs de tout le peuple. « La Constitution domine les législateurs comme les simples citoyens ». Elle

est « la première des lois » donc elle ne peut être modifiée car elle qui régit les lois des pays ; il vaut

mieux donc se fier à la Constitution et appliquer la Constitution plutôt que toutes les lois.

Si un juge estime qu’une loi est contraire { la Constitution, il peut ne pas l’appliquer. Il y a un

influence politique qui en découle, les américains ont accordé aux tribunaux un grand pouvoir

politique. « Le pouvoir accordé aux tribunaux de prononcer sur l’inconstitutionnalité des lois forme

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encore l’une des plus puissantes barrières qu’on ait jamais élevé contre la tyrannie des assemblées

politiques ». Le contrôle de constitutionnalité peut être réalisé par n’importe quel juge, n’importe

quel tribunal et n’importe quel justiciable. Le contrôle est donc diffus, il n’est pas concentré en une

juridiction unique.

Cette première partie pose le principe de la souveraineté du peuple qui était au fondement des

institutions américaines. Dans la constitution américaine le pouvoir est divisé, ce qui permet de

limiter le pouvoir du « gouvernement » et de protéger les droits des citoyens.

DEUXIEME PARTIE

Chapitre I : Comment on peut dire rigoureusement qu’aux Etats-Unis c’est le peuple qui

gouverne

Aux USA, le peuple est souverain, c’est lui qui gouverne en « nommant celui qui fait la loi et

celui qui l’exécute ». C’est la majorité qui gouverne au nom d’un peuple. Cette majorité désire « le

bien du pays »

Chapitre VI : Quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement

de la démocratie

Le gouvernement de la démocratie : « procurer le plus de bien-être et lui éviter le plus de

misère ». C’est permettre au peuple de vivre plus paisiblement dans une société prospère. Ce

gouvernement permet d'égaliser les conditions de chacun, de tous les citoyens de cette

démocratie.

Après l’entrée en vigueur de la Constitution de 1787 qui ne prévoit pas de partis politiques,

ceux-ci vont se former { l’occasion des débats autour de la Constitution. Pour une partie (parti

républicain créé en 1860), l’état doit tout diriger et ne laisser qu’aux états fédérés des rôles

secondaires, cela veut dire qu’ils doivent obéir aux lois de l’état fédéral. Pour eux, il faut centraliser

les pouvoirs pour mieux contrôler le pays. L’autre partie (parti démocrate créé en 1830) des

constituants pensent qu’il vaut mieux décentraliser le pouvoir.

Chapitre VII : De l’omnipotence de la majorité aux Etats-Unis et de ses effets

Le danger principal, pour Tocqueville, est que dans la démocratie le pouvoir du peuple, celui

de la majorité deviennent absolu voir tyrannique : il craint que la souveraineté du peuple risque

de tourner en faveur de la tyrannie de la majorité. Mais en Amérique, toutes les garanties libérales

sont présentes : les pouvoirs sont divisés, les états fédérés ont de l’autonomie, le pouvoir est

contrôlé par la législature sans être opprimant pour la société et les juges ont une grande puissance

politique sans trop exagérer.

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La toute-puissance de la tyrannie de la majorité est bien réelle aux USA. En effet, c’est la

majorité qui forme les différents pouvoirs qu’ils soit législatif, exécutif, publique ; c’est elle aussi

qui influence l’opinion publique et qui vote pour des juges dans certains Etats. On peut dire que

les minorités sont exclues du pouvoir. Quand la majorité n’est pas d’accord, il y a un débat mais

quand la majorité est prononcée, plus aucune personne ne parle pour exprimer sa pensée. En effet,

c’est toujours la pensée de la majorité qui sera entendue. Celui qui ne pense pas comme la majorité

est exclu de la société voire même s’il exprime ses opinions un peu trop fort, il sera alors considéré

comme « un être impur », et « perdra ses droits à l’humanité »

La pensée de la majorité s’invite donc dans les pensées de chaque citoyen et fait en sorte

de les modeler de façon { ce qu’elle ne soit pas en contradiction avec la pensée de la majorité.

Chapitre IX : Des causes principales qui tendent à maintenir la république démocratique aux

Etats-Unis

La religion est considérée comme une institution politique par les Américains. Elle ne leur

donne pas le goût de la liberté car elle leur empêche de réaliser leurs désirs mais elle leur en facilite

l’usage. Tous les Américains la considèrent comme « nécessaire au maintien des institutions

républicaines ». Pour les Américains le christianisme est synonyme de liberté car dans leur esprit,

l’un ne va pas sans l’autre. Dans son roman, Tocqueville met l’accent sur la religion et en particulier

sur l’importance de la religion catholique au sein de la démocratie d’Amérique. Pour lui le succès de

la démocratie repose sur le fait que la religion doit se détacher des autorités politiques. « Les

catholiques forment la classe la plus démocratique et la plus républicaine qui soit aux Etats-Unis ». En

effet la religion catholique est l’une des plus favorables { l’égalité des conditions en plaçant le

même niveau sur toutes les intelligences.

Les catholiques sont une catégorie de personnes qui ont besoin de la majorité pour s’élever dans

la société. Ils vont donc se tourner plus facilement vers des doctrines politiques qui leur sont

favorables et ainsi les « opinions y seront d’accord avec les lois ». Il y a donc une véritable harmonie

politico-religieuse.

Aux USA, « on ne peut pas dire que la religion exerce une influence sur les lois ni sur le détail des

opinions politiques ». Ce principe de neutralité entre les institutions politiques et religieuses

s’accompagne d’une liberté de conscience. Les Etats-Unis d’Amérique, s’engagent dans la neutralité

religieuse et dans la séparation des sphères, entre la société civile où la religion a toute sa place et

dans la vie politique où la celle-ci n’a pas sa place. En effet, la religion ne prête « aucun appui à aucun

système politique ». Donc cette séparation conduit à une influence croissante de la religion sur la vie

civile. En effet, il y a « une multitude innombrable de sectes aux Etats-Unis. Toutes diffèrent dans le

culte […] mais toutes les sectes prêchent la même morale ». Mais cette séparation n’interdit pas des

rapports entre la religion et l’Etat. En effet, la religion «dirige les mœurs et c’est en réglant la famille

qu’elle travaille à régler l’Etat ». La première cause qui rend la religion puissante est que si elle s’allie

avec un pouvoir politique, elle va donc augmenter son influence sur un nombre restreint de

personne et va donc délaisser le fait qu’elle peut régner sur tout le peuple

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En Amérique, il y a un rapport entre l’influence qu’exerce la religion sur les américains et la

puissance politique que la religion souhaite obtenir dans la société. Tocqueville a remarqué que les

prêtres devaient « renoncer à l’influence religieuse s’ils voulaient acquérir une puissance politique ».

Du fait des vicissitudes, ils ont préféré perdre l’appui du pouvoir politique et donc renoncer { leur

puissance pour maintenir une influence durable de la religion.

Chapitre X : Quelques considérations sur l’état actuel et l’avenir probable des trois races qui

habitent le territoire des Etats-Unis

En 1835, il y a 3 peuples qui coexistent sur le territoire américain :

- Les Indiens : ils ont été vaincus et soumis par les « Anglo-Saxons » ; les Indiens incarnaient à leur manière « le principe aristocratique et militaire »

- Les Anglo-américains : l’homme blanc, l’européen

- Les Noirs américains : leur présence est liée { l’esclavage. Cela introduit l’inégalité dans une

société où le principe d’égalité est pourtant l’un des principes les plus importants

La fin de l’esclavage après la guerre de sécession en avril 1865 n’a pas conduit { l’égalité des

races mais au contraire, { l’extension de la ségrégation envers les noirs d’Amérique. D’un autre côté,

dans les états du Sud, la volonté de conserver une société esclavagiste a amené ces états à

réinventer une société aristocratique car une société démocratique n’est pas compatible avec

inégalité raciale.

Ces 3 peuples coexistent mais il y a bien un niveau de classe entre ces 3 peuples. En effet

l’homme blanc est considéré comme supérieur au nègre et aux Indiens par les préjugés et par

les lois mises en place en Amérique.

Le nègre : - Il a perdu sa langue en arrivant aux USA - Il a dû renoncer à sa religion et { ses mœurs - Il n’a pour foyer que la maison de ses maîtres qui l’exploite en esclave - Il n’a point de famille, son statut social perdure de génération en génération - Est considéré comme un objet car on l’achète, il est la propriété d’un autre, il ne

s’appartient pas, il est soumis aux ordres de ses « propriétaires » - Il préfère rester esclave car l’indépendance lui fait peur - Il est peu cultivé car il n’a pas la possibilité d’apprendre, d’aller { l’école - « le nègre est placé aux bornes de la servitude ». il est à la merci des Blancs.

Le nègre veut essayer de s’introduire dans une société qui la repousse du fait que sa race est inférieure à la leur. L’indigène :

- Après l’arrivée des Européen, les indiens ont été obligé de mener une vie « errante et vagabonde » dans les déserts

- Ils sont devenus plus désordonnés car les Européens les ont affaiblis « en dispersant leur familles, en obscurcissant leurs traditions, en interrompant la chaine des souvenirs, en changeant toutes leur habitudes ». les Européens leur ont donc donné une image de personnes moins civilisés.

- Cependant, ils n’ont pas été obligés de se soumettre { l’autorité des Blancs.

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- « l’indien, aux limites extrêmes de la liberté ». il est livré à lui-même. Il repousse la civilisation de peur de lui ressembler, il est l’exact contraire du nègre qui veut s’intégrer dans une société qui ne veut pas de lui. Le Blanc : Il se considère supérieur aux 2 autres races, même si l’un de ses membres a un âge inférieur

Pour échapper à leur condition, les indiens devaient « détruire les européens ou devenir leur

égaux ». Cela leur eût été possible s’ils s’unissaient pour former une barrière contre les européens

qui arrivaient dans le pays. Mais maintenant c’est devenu impossible du fait de la disproportion

des ressources qui les rend leur capacité inférieure face aux Blancs.

Pour arriver { civiliser les Indiens, il faudrait, d’après Tocqueville, qu’ils arrêtent de vagabonder

en « chasseur » voulant poursuivre les animaux mais qu’ils se fixent { un endroit pour devenir

« cultivateur ». Mais cela reste difficile car « les habitudes de chasse sont devenus des coutumes

nationales », cela fait partie de leur condition de vie qu’ils ont acquis. Pour eux le « travail est mal »

et il est synonyme de civilisation, or les indiens ne veulent absolument pas leur ressembler.

Tocqueville compare les habitudes et les opinions des indiens aux idées féodales dans les

institutions germaines.

Les américains blanc veulent forcer les indiens a quitter le pays, car ils ont bien compris que

les indiens ne changeront pas leur façon de vivre. Mais les indiens ne sont pas prêts { quitter l’Union

comme ça, alors ils font appel au gouvernement central qui souhaite « sauver le reste des indigènes »

mais les Etats fédérés opposent « une résistance », alors l’Union « se résout sans peine à laisser périr

quelques tribus sauvages déjà à moitié détruites, pour ne pas mettre l’Union américaine en danger ».

Cela démontre la force de persuasion des états fédérés sur l’état fédéral, car ils considèrent que

les indigènes font parties d’un peuple { qui on accorde moins d’importance parce qu’on les

considère inférieure.

Les américains « respirent le plus pur amour des formes et de la légalité ». Comme les indiens sont

rejetés et vivent { l’état sauvage, les Blancs les considèrent comme un peuple indépendant, les

américains ne viennent pas occuper leurs terres. Alors les indigènes ne sont pas soumis aux lois

américaines sur l’égalité de conditions. Les américains ont donc attient leurs objectif légalement,

sans « violer un seul des grands principes de la morale » ; « on ne saurait détruire les hommes en

respectant mieux les lois de l’humanité ».

Chez les anciens américains, l’esclavage était moins visible car le maître et son esclave faisait

partie de la même race mais seul la liberté les séparait ; il suffisait alors d’affranchir l’esclave

pour qu’ils se confondent dans la société. Le plus difficile étant de changer les lois qui permettraient

l’affranchissement. En 1830, l’esclave est différent. Il ne fait pas partie de la même race que son

maître, il porte le signe extérieur de son statut. On peut les comparer aux juifs qui devaient porter

la croix gammée en signe de reconnaissance extérieur qui prouvait leur appartenance à la race juive

durant la Seconde Guerre mondiale en Europe. En étant esclave, il perd sa liberté et il est aussi

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facilement reconnaissable du fait de sa couleur de peau, car il n’a pas la même origine. En effet les

Blancs viennent de l’Europe et les esclaves viennent d’Afrique.

Malgré l’abolition de l’esclavage au Nord, il reste encore des préjugés a effacé. Si dans certains

états du pays, la barrière légale qui sépare les deux races s’apaise petit { petit, ce n’est pas le cas des

préjugés qui restent intacts. Certains états autorisent le mariage entre un blanc et un noir mais

l’opinion publique reste réfractaire { ce changement.

Avec l’abolition de l’esclavage au Nord, le nègre est devenu libre mais il ne peut profiter

totalement de ses nouveaux droits et de sa liberté. Les blancs craignent qu’un jour, ils arrivent { se

confondent avec leur ancien esclave. Au sud, les lois sont plus dures envers les noirs mais les blancs

se mélanges davantage avec leurs esclaves.

Aux Etats-Unis, moins il y a d’esclaves, plus les préjugés sont forts. Plus les lois rétablissent

l’égalité entre ces deux races, plus l’inégalité est marquée dans la société.

A travers une argumentation développée sur la comparaison entre la rive gauche qui est

conservatrice et la rive droite qui est plutôt pour le changement, Tocqueville arrive à ces

conclusions :

- l’esclave a couté plus d’argent { son maître car il le paie en lui assurant une éducation, des aliments pour se nourrir, des soins et des vêtements que s’il était homme libre car il serait

payé en argent.

- Le Blanc de la rive droite éprouve « une sorte d’héroïsme dans son avidité pour le gain » tandis que le Blanc de la rive gauche a perdu toute notion de valeur de l’argent car il le gagne

en exploitant des esclaves.

Cette ouverture d’esprit que les Blancs du Nord ont eu a permis le développement des Etats du

Nord avec la construction d’infrastructures mais le Sud se distingue aussi avec la culture des

terres. Ainsi les états du Nord et du Sud se complètent.

Cette deuxième partie sert à dégager les conséquences de cette souveraineté du peuple dans la

vie civile. Celle-ci pose deux problèmes :

- Le premier provient de l’intérieur du principe de souveraineté qui peut conduire { la tyrannie de la majorité qui est potentiellement plus dangereux que le despotisme.

- Le deuxième étant les relations que les américains de race blanche entretiennent avec

deux autres peuples : les Noirs et les Indiens.

PARTIE II

Tocqueville avertit son lecteur du changement de caractère entre ses deux parties. La

première est consacrée { l’étude des rapports entre la démocratie et la politique tandis que la

seconde est axée sur les perceptions { l’échelle sociale de la démocratie. Comment elle s’inscrit dans

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les mœurs, dans les opinions, etc… Les deux parties sont séparées de 5 ans mais l’auteur précise

qu’elles se complètent et en réalité, ne forment qu’une seule œuvre.

PREMIERE PARTIE

Influence de la démocratie sur le mouvement intellectuel aux Etats-Unis

Chapitre premier : De la méthode philosophique des Américains

Les Etats-Unis ne sont pas, en matière de philosophie, déchirés comme l’Europe entre toutes

les écoles rivales. A dire vrai, on ne constate pas de réelle école chez les Américains mais toutefois,

ils optent tout de même tous, plus ou moins sciemment, pour la même directive de pensée. On

retrouve dans la philosophie américaine une idée d’échapper { toutes les choses établies et aux

idées préconçues. On observe une réelle remise en question et des esprits qui pensent par

eux-mêmes, en perpétuel questionnement, insatisfaits de se contenter de ce qui est de mise.

Tocqueville fait un parallèle avec l’idéologie de Descartes. L’auteur explique ensuite que les esprits

sont soumis { très peu d’influences : ni celle des générations, ni celle des classes sociales, ni celle

d’autrui en général n’ont de véritable effet puisque rappelons-le, les américains s’inscrivent dans

une dynamique d’égalité et d’unicité intellectuelle. Ce jugement leur permet de dépasser les

obstacles du quotidien et les éloigne de toute forme d’irrationalité : l’explication { tout chose est

possible grâce { l’outil intellectuel. Ils privilégient une forme brute { de belles enveloppes et

méprisent tout ce qui fausse leur vision de la vérité à son état le plus pur. L’auteur conclut sur ce

même phénomène plus lent mais néanmoins incontestable ; qui se produit de manière similaire en

Europe.

Chapitre II : De la source principale des croyances chez les peuples démocratiques

L’auteur aborde le sujet du dogme, il constate sa nature obligatoire et fondamentale à la

prospérité d’une société. Le dogme est ce qui fait le ciment d’une union d’hommes : d’une

communauté, sans cela il ne reste plus que des individus indépendants et sans âme. Si l’homme

devait douter du dogme alors il mourrait à la tâche : sa vie n’est pas assez longue et son esprit est

trop étroit pour une telle tâche. Le dogme est alors le fondement de ses propres pensées. L’homme

doit accepter un certain nombre de croyances sans les discuter ou tenter de les soumettre à son

jugement. Il a besoin de certitudes inéluctables à ses yeux pour bâtir ses pensées au dessus.

Accepter un dogme sans lui opposer d’esprit critique c’est s’asservir mais c’est un mal nécessaire,

aux yeux de l’auteur afin de faire un homme bien pensant.

Tocqueville aborde alors un autre point, celui de l’autorité. Il admet qu’une forme d’autorité

doit être rencontrée dans la vie, et nous parlons l{ d’influence morale, et ce, même dans la

démocratie. Sans cette autorité, une indépendance totale et sans condition serait néfaste, c’est pour

cela qu’il ne faut non pas s’inquiéter de la présence ou de l’absence d’autorité mais au contraire

observer dans quelles proportions celle-ci est elle présente. Cette autorité, cependant (nous avons

parlé du dégoût des Américains pour le surnaturel, l’irrationnel) ne peu pas s’exprimer selon les

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dogmes les plus répandus puisque la parole divine, les prophètes et les puissances surnaturelles

amusent les Américains. Ils sont plus enclins à chercher une source de vérité en eux-mêmes, dans

leurs semblables.

« A mesure que les citoyens deviennent plus égaux et plus semblables, le penchant de chacun à croire

aveuglément un certain homme ou une certaine classe diminue. La disposition à en croire la masse

augmente, et c’est de plus en plus l’opinion qui mène le monde. »

Dans nos société occidentales au début du 19ème siècle, c’est une aristocratie, une élite qui

définit les dogmes à adopter, mais avec une égalité en progrès, cette tendance s’essouffle et soudain,

le poids du peuple, le poids de la masse devient prépondérant. Il occupe toute la place et c’est ainsi

que l’opinion mène le monde, selon Tocqueville. Dans ce contexte d’égalité, les hommes ne sont pas

enclins à placer le jugement des autres au dessus du leur, cependant ils ont confiance en le jugement

de la masse puisqu’ils se considèrent comme tous pourvus des mêmes lumières et des mêmes

définitions et valeurs. L’homme se considère orgueilleusement égal { tous ses semblables mais s’il

se compare { la masse, { l’opinion publique il devient tout de suite très humble et prend conscience

de son insignifiance. L’aristocratie ne pouvait jamais concevoir la puissance du peuple, de la masse,

et de l’opinion publique. Ainsi la religion des peuples démocratiques se fonde sur la foi dans

l’opinion publique et le prophète serait la majorité.

Chapitre V : Comment, aux Etats-Unis, la religion sait se servir des instincts démocratiques

L’auteur revient sur l’importance du dogme religieux dans la morale. En effet, il craint,

comme nous tous ce à quoi une indépendance totale et sans condition donnerait lieu. Il est alors

fondamental pour nous d’avoir des idées arrêtées au moins sur le domaine religieux, afin que ces

idées fassent office de filtre et de limiteur { l’intérêt de l’individu. La remise en question perpétuelle

est un ouvrage trop important { l’échelle humaine, les philosophes ne perçoivent que la surface et

n’entament jamais le vrai nerf du sujet. C’est pourquoi, d’après Tocqueville, il est indispensable

d’avoir un fond de pensée composé d’un dogme religieux. Il considère même que cette idée arrêtée

indispensable serait « un joug salutaire à l’intelligence ». Très cyniquement, il ajoute en parlant de la

religion : « si elle ne sauve point les hommes dans l’autre monde, elle est du moins très utile à leur

bonheur et à leur grandeur dans celui-ci. » En ces mots, il relègue la croyance au rang de moyen qui

est essentiel { l’accomplissement parfait de l’individu.

Le doute tout le temps et sur tout est, pour l’auteur, nocif. Cependant, l’abandon du doute

revient pour Tocqueville à « on se réduit lâchement à n’y point songer ». Ce serait comme fermer les

yeux devant une tâche trop ardue. Ce choix relève de l’asservissement, d’un affaiblissement de la

volonté. Ainsi l’absence de dogme inspire l’effroi, il paraît incompatible avec la démocratie. Quels

hommes seraient alors ceux qui sont libres politiquement mais aussi totalement indépendants sur le

plan religieux ? « S’il n’a pas de foi, il faut qu’il serve, et, s’il est libre, qu’il croie » pour l’auteur, l’un

compense l’autre mais les deux ne peuvent pas aller de pair. On sait que l’égalité caractéristique de

la démocratie appelle aux instincts égoïstes, { l’individualisme. Or, les religions, développent l’exact

contraire (on pense { l’amour de son prochain instruit par le Christ). Cependant, la religion doit

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rester une croyance et ne pas s’étendre trop loin dans la société (Mahomet place dans le Coran des

doctrines politiques) ou bien elles risqueraient tout simplement d’être incompatible avec la

démocratie.

Dans une société où le bien être est au dessus de tout, il est évident qu’une religion qui

prône un parfait désintéressement de soi serait rejetée, même si l’amour d’autrui est une belle

cause, l’individualisme reste ancré dans la démocratie et la religion, pour rester compatible avec un

régime démocratique, ne doit pas complètement se tourner vers l’autre. Le prêtre Américain est

maître de sa paroisse et prend garde de ne jamais en sortir, il reste dans son domaine, un outil de la

cause religieuse et n’intervient ni avec les affaires ni avec la politique.

« C’est ainsi qu’en respectant tous les instincts démocratiques qui ne lui sont pas contraires et en

s’aidant de plusieurs d’entre eux, la religion parvient à lutter avec avantage contre l’esprit

d’indépendance individuelle qui est le plus dangereux de tous pour elle. »

Chapitre VII : Ce qui fait pencher l’esprit des peuples démocratiques vers le panthéisme

Panthéisme = dogme philosophique et religieux qui considère que Dieu est tout, la nature, la

création

L’auteur revient sur l’insertion du panthéisme dans les cultures européennes (Allemands

dans la philosophie, Français dans la littérature). L’amour de l’unité des hommes dans la démocratie

amène { appliquer cette unité { autre chose qu’{ la société, de l{ naît le panthéisme, avec une vision

globalisante de la religion et plus généralement de l’univers et de Dieu. Le panthéisme apparaît

comme la croyance du démocrate car « il attire naturellement leur imagination et la fixe ; il nourrit

l’orgueil de leur esprit et flatte sa paresse ». Le panthéisme serait alors un moyen de facilité, une

conception simpliste et paresseuse de la religion.

Chapitre VIII : Comment l’égalité suggère aux Américains l’idée de la perfectibilité infinie de

l’homme

Dans ce chapitre, Tocqueville évoque un grand aspect philosophique qu’est la perfectibilité

infinie de l’homme. Revenons un instant sur cela : l’homme possède cette particularité que les

animaux n’ont pas ; c’est celle de se perfectionner, et ce en permanence au fil des âges. L’idée s’est

conçue dans l’esprit de l’auteur { la suite d’un évènement banal. Alors qu’il questionnait un marin

Américain, il lui demanda pourquoi les bateaux américains était-ils construits de manière si

péremptoire ? Ce { quoi le marin répond qu’il ne sert { rien de construire des vaisseaux destinés {

tenir plus longtemps puisque de plus performants auront été inventés d’ici l{.

L’aristocratie a toujours eu tendance à réprimer cette perfectibilité dans le sens ou elle

considérait une amélioration et pas un changement.

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« Ainsi, toujours cherchant, tombant, se redressant, souvent déçu, jamais découragé, il tend

incessamment vers cette grandeur immense qu’il entrevoit confusément au bout de la longue carrière

que l’humanité doit encore parcourir. »

La perfectibilité infinie de l’homme c’est son but éternel, son chemin de Croix, ce qui définit

son existence depuis ses débuts jusqu’{ aujourd’hui. L’auteur conclut ainsi :

« Les nations aristocratiques sont naturellement portées à trop resserrer les limites de la perfectibilité

humaine, et les nations démocratiques les étendent quelquefois outre mesure. »

Chapitre XX : De quelques tendances particulières aux historiens dans les siècles démocratiques

Tocqueville constate des différences notoires dans les travaux des historiens selon s’ils

vivaient dans un pays démocratique ou dans un pays aristocratique. Dans ce dernier cas, il constate

un intérêt accru pour les petites causes et un oubli des plus importantes. Il utilise alors une

métaphore pour parler de la société. Les historiens du régime aristocrate n’observent qu’une

poignée de gens qui ont une emprise sur l’histoire. Leur influence paraît alors décuplée, centuplée

alors qu’il n’en est rien, simplement lorsqu’on n’a pas beaucoup d’exemples, on extrapole sur ceux

que l’on a. Ce qui est absolument inconcevable pour les historiens de la démocratie : ceux là voient

les changements comme dus au peuple et { la volonté d’une majorité et certainement pas par les

motivations d’un seul sous prétexte qu’il porte une couronne. L’historien de l’aristocratie fournit,

d’après Tocqueville, un récit de l’histoire { la fois fourvoyé et minimaliste, il est décousu et s’attarde

plus sur les hommes que sur les causes qui les animaient. L’historien du régime démocratique ne

peut pas s’attarder aux individus, il ne voit que les causes entre elles et il est dès lors plus facile de

les relier et d’en dégager un sens. Le danger qui menace ces derniers c’est d’attribuer ces causes { la

providence ou à la fatalité, incapables de voir les raisons qui poussent le peuple à se mouvoir, il en

déduit des issues faciles et fausses : la volonté divine.

« Nos contemporains ne sont que trop enclins à douter du libre arbitre, parce que chacun d’entre eux se

sent borné de tous côtés par sa faiblesse, mais ils accordent encore volontiers de la force et de

l’indépendance aux hommes réunis en corps social. »

Tocqueville revient sur cette dangerosité qui attire les historiens de la démocratie et tout le

peuple démocrate : celui de déresponsabiliser la voix publique au profit de la voix divine.

DEUXIEME PARTIE

Influence de la démocratie sur les sentiments des Américains

Chapitre premier : Pourquoi les peuples démocratiques montrent un amour plus ardent et plus

durable pour l’égalité que pour la liberté

L’auteur affirme que l’homme est plus attaché { l’égalité qu’{ sa liberté. Il cherche à revenir à

ce qui pousse l’individu { faire cette préférence. Il constate que liberté et égalité, dans l’idéal

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démocratique, se confondent presque. Que l’égalité touche { la politique ou au domaine social, elle

n’en est pas moins chère { nos yeux. La première chose qui tend en faveur de l’égalité c’est que

politiquement parlant, la démocratie est un système égalitaire : c’est celui l{ qui est adopté. Ensuite

on constate que se débarrasser de l’égalité politique semble inconcevable : tout est à revoir : loi,

mœurs, état social, pensées, alors que la liberté politique peut partir aussi dès que l’on la laisse

s’éloigner ; l’histoire nous l’a appris.

« Les hommes ne tiennent donc pas seulement à l’égalité parce qu’elle leur est chère ; ils s’y attachent

encore parce qu’ils croient qu’elle doit durer toujours ».

L’égalité apparaît comme le nerf de la démocratie, c’est une valeur établie et durable aux

yeux des hommes. Les bienfaits de l’égalité sont immédiats et visibles, ses méfaits sont dangereux,

visibles uniquement pour les plus attentifs et très lents { s’insinuer dans le corps social. La liberté,

quand à elle, a des méfaits plus instantanés et moins sérieux, et quant à ses bienfaits ; ils sont

beaucoup plus longs à apparaître. Métaphoriquement on peut voir la liberté comme un facteur de

grand plaisir éphémère alors que l’égalité serait une multitude de petites jouissances durables et

renouvelées.

« Je pense que les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté ; livrés à eux-mêmes, ils la

cherchent, ils l’aiment, et ils ne voient qu’avec douleur qu’on les écarte. Mais ils ont pour l’égalité une

passion ardente, insatiable, éternelle, invincible ; ils veulent l’égalité dans la liberté, et, s’ils ne peuvent

l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. Ils souffriront la pauvreté, l’asservissement, la barbarie,

mais ils ne souffriront pas l’aristocratie. »

Chapitre II : De l’individualisme dans les pays démocratiques

L’auteur différencie l’égoïsme et l’individualisme : l’égoïsme correspond { notre définition

actuelle, avec un amour passionné et excessif de soi même. Cet égoïsme est un travers qui existe

dans nos sociétés depuis de nombreuses générations. Il est néanmoins à différencier de

l’individualisme : cette nouveauté se caractérise par une marginalisation d’un groupe de la société,

la formation d’une petite communauté composée de tiers. Si l’auteur a horreur de l’égoïsme, il hait

encore plus l’individualisme, le considérant comme le vice suprême issu de la démocratie, qui

annihile toutes les vertus et prend même source dans l’égoïsme. Tocqueville explique pourquoi

l’aristocratie n’a pas pu développer l’individualisme : les institutions aristocratiques ont pour but de

lier les hommes entre eux ce qui rend impossible une isolation, un retrait de la société, aux yeux de

l’auteur.

« Ainsi non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache sa

descendance et le sépare de ses contemporains ; elle le ramène sans cesse vers lui seul et menace de le

renfermer enfin tout entier dans sa solitude de son propre cœur. »

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Chapitre III : Comment l’individualisme est plus grand au sortir d’une révolution démocratique

qu’à une autre époque

Les révolutions démocratiques, donc le passage plus ou moins brutal d’un régime

aristocratique { un régime démocratique est le foyer de naissance de l’individualisme. La fin d’un

régime aristocratique est souvent marquée par une forte lutte des classes, avec une haine

prodigieuse des deux côtés. Lorsque les anciens aristocrates sont sur le même pied d’égalité que les

autres anciennes classes sociales plus modestes, elles ne reprennent pas à zéro. Les haines

subsistent et poussent les individus { s’éloigner les uns des autres : elles les isolent. Entre

présomption et orgueil des statuts nouvellement acquis et le dédain et le mépris il est difficile

d’unir. La démocratie, lorsqu’elle prend la place de l’aristocratie est un foyer prospère pour

l’individualisme. Les Etats-Unis ont la chance d’être nés démocratie et pas devenus une.

Chapitre IV : Comment les Américains combattent l’individualisme par des institutions libres

Tocqueville débute ce chapitre en se mettant à la place du despote : pour lui, l’égoïsme et

l’individualisme sont ses alliés.

« Ainsi, les vices que le despotisme fait naître sont précisément ceux que l’égalité favorise. Ces deux

choses se complètent et s’entraident de manière funeste. »

La démocratie, bien qu’idéale pour l’auteur, est foyer de défauts qui installent un contexte

rêvé au despote. Une nation divisée, animée par la haine, est relativement facile à cerner. Ainsi dans

toutes les sociétés démocratiques, le despotisme est à craindre et à éviter par tous les moyens.

Il constate ensuite que ces siècles démocratiques sont en demande de liberté, le fait de gérer

les affaires communes, de s’impliquer dans la citoyenneté par exemple fait perdre de vue ses

intérêts propres : on devient un outil de la cause et plus une personne qui défend ses propres

intérêts. Tocqueville évoque alors le système électoral, qui permet de rapprocher les individus qui

n’auraient jamais pu être rapprochés autrement.

« Les Américains ont combattu par la liberté l’individualisme que l’égalité faisait naître, et ils l’ont

vaincu. »

Autrement dit pour détourner le peuple des instincts individualistes, il faut le

responsabiliser, notamment par le biais de la politique. Investir son peuple dans les affaires

communes c’est le moyen de les réunir de les faire considérer { nouveau l’avantage du nombre, de la

communauté. Comme on l’a dit plus haut, il y a la perte de la notion d’individu, l’homme s’inscrit

dans un tout, il ne voit que l’avenir de la communauté et plus ses intérêts propres.

« On tire difficilement un homme de lui-même pour l’intéresser à la destinée de tout l’Etat, parce qu’il

comprend mal l’influence que la destinée de l’Etat peut exercer sur son sort. »

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Il s’agit de faire comprendre que l’intérêt personnel et l’intérêt général sont étroitement

liés : l’un dépend de l’autre. Dès lors l’individu se sent responsable, concerné par les affaires

communes et il se détourne de l’individualisme.

Par la suite, l’auteur évoque la place des « riches » dans la démocratie et leur implication par

rapport au reste du vulgum pecus. Les libertés locales rapprochent les classes et ainsi le pauvre et le

riche arrivent { se côtoyer, et même si les rapports sont d’abord dédaigneux et méprisants, les deux

peuvent d’apprécier. Tocqueville admet : « Ce n’est pas le sacrifice de leur argent qu’elle leur

demande ; c’est celui de leur orgueil » en parlant des castes les plus aisées.

Les Etats-Unis semblent { l’époque une terre de prospérité où s’enrichir ne demande rien de

plus que de la créativité, et dès que les américains découvrent un moyen de s’enrichir, ils en font dès

lors, d’après Tocqueville, profiter au plus grand nombre (ce qui sonne { l’oreille comme une douce

utopie).

D’après l’expérience de l’auteur, il dit que les américains sont capables souvent de sacrifices

pour les causes communes. Ce qui était au début un intérêt qui sert l’intérêt propre devient une

cause qui tient { cœur, qui compte aux yeux des américains :

« On s’occupe d’abord de l’intérêt général par nécessité, et puis par choix ; ce qui était calcul devient

instinct ; et, à force de travailler au bien de ses concitoyens, on prend enfin l’habitude et le goût de les

servir. »

Chapitre V : De l’usage que les Américains font de l’association dans la vie civile

Outre les associations politiques il existe au Etats-Unis une multitude surprenante de sortes

d’associations : pour toutes les occasions, dans chaque figure de cas, pour la plus petite et la plus

insignifiante à la plus grande et aux causes capitales. Pour les américains, se fédérer est presque le

seul moyen d’action quelque soit la lutte concernée. Contrairement { l’aristocratie, les hommes de la

démocratie sont impuissants et faible lorsqu’ils sont seuls, ils n’ont aucun moyen de faire plier leurs

concitoyens et pas non plus de chance de les influencer. Dès lors c’est comme un poisson dans une

nasse, seul il est ridicule d’impuissance, mais le banc est invincible et on retrouve cette idée

–presque de tendance Marxiste- que la masse est la véritable force. Apparaît alors le premier

problème : celui du nombre, comment comprendre et entendre chaque membre d’une association si

elle regroupe une caste très élargie ? Et l’Etat ne pourrait-il pas combler le besoin de ces

associations par son gouvernement ? La réponse de Tocqueville c’est que non, l’Etat ne peut pas

faire face à une telle pluralité de fédérations, il ne pourrait jamais en un même temps se mettre au

niveau de toutes les associations, les comprendre, les entendre et les faire valoir. De plus dans le cas

ou le gouvernement sortirait de son rôle politique il deviendrait malgré lui un tyran.

« Dès lors, ce ne sont plus des hommes isolés, mais une puissance qu’on voit de loin, et dont les actions

servent d’exemple ; qui parle, et qu’on écoute. […] Dans les pays démocratiques, la science de

l’association est la science mère ; le progrès de toutes les autres dépend des progrès de celle-là. »

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TROISIEME PARTIE

Influence de la démocratie sur les mœurs proprement dites

Chapitre premier : Comment les mœurs s’adoucissent à mesure que les conditions s’égalisent

L’égalité est étroitement liée { l’adoucissement des mœurs parce qu’on a de l’empathie pour

ce qui a nos traits. C’est pour cela que lorsqu’on défend les animaux par exemple, on leur attribue

des aspects humains. Ainsi avec l’égalité, on se reconnait en chacun et ainsi notre jugement s’adoucit

indéniablement.

« Il n’y a point de si profondes misères, ni de félicités si pures qui puissent arrêter notre esprit et saisir

notre cœur, si on ne nous représente pas à nous-mêmes sous d’autres traits. »

Pour éprouver de la sympathie au-delà de la dévotion il faut se ressembler, être égaux : les

seigneurs des temps féodaux n’avaient aucune empathie pour leurs sujets et ils leur étaient pourtant

dévoués lorsqu’il s’agissait de les protéger.

L’insensibilité des aristocrates du temps féodal en France relève d’une incapacité {

comprendre l’homme de bas rang social, il ne s’agit pas en réalité d’une cruauté et d’une barbarie

innommable mais plutôt d’une paresse de tenter de se mettre { la place de quelqu’un de moins bien

né. De nos jours, un tel comportement ne se voit –presque- plus, faut-il en conclure que nous

sommes plus sensibles que les générations précédentes ? Tocqueville affirme qu’en tout cas notre

sensibilité se porte sur plus d’objets qu’auparavant, elle est plus étendue.

A nos heures démocratiques, où l’égalité est de mise, il est facile de comprendre autrui, une

brève introspection suffit à se mettre à sa place puisque nous ne nous considérons pas comme

privilégiés ou défavorisés mais bel et bien sur un pied d’égalité.

« Il n’y a donc pas de misère qu’il ne conçoive sans peine, et dont un instinct secret ne lui découvre

l’étendue. En vain s’agira-t-il d’étrangers ou d’ennemis : l’imagination le met aussitôt à leur place. Elle

mêle quelque chose de personnel à sa pitié, et le fait souffrir lui-même tandis qu’on déchire le corps de

son semblable. »

L’auteur nuance avec la cruauté avec laquelle les américains traitent les esclaves puisqu’ils

se considèrent supérieurs { ces derniers. Sans égalité, l’empathie se meurt et l’homme mute en

barbare. Dès lors que les classes parviennent { une forme d’égalité, la compassion les envahit.

« Lorsque chaque nation a ses opinions, ses croyances, ses lois, ses usages à part, elle se considère

comme formant à elle seule l’humanité toute entière, et ne se sent touchée que de ses propres

douleurs. »

Chapitre V : Comment la démocratie modifie les rapports du serviteur et du maître

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Se basant sur un témoignage d’un américain, Tocqueville affirme que le Royaume Uni est le

pays où la domesticité est la plus ferme alors que c’est en France qu’elle est le plus lâche et familière.

Il place les Etats-Unis comme intermédiaires entre l’implacabilité et la lâcheté de l’esclavage.

D’après lui, la démocratie convient { l’esclavage et vice-versa. Il considère cette pratique comme une

forme de contrat employeur employé avec des droits qui en découlent pour l’employeur. Une

hiérarchisation semble alors inévitable. Il reconnaît une forme d’aristocratie dans le fait d’établir ce

genre de classe entre le serviteur et le maître. Puis l’auteur déblatère sur l’esclave, sur sa manière

d’obéir, d’être conditionné et loyal. Il observe sa bassesse d’esprit –quoiqu’il arrive que certains

esprits soient au dessus des autres- et sa tendance { épouser la maison qu’il sert avec ses valeurs et

ses emblèmes. Tocqueville se rit de ses fiertés de laquais, de ses gloires d’esclaves et de ses pensées

de vassal.

Chapitre VII : Influence de la démocratie sur la famille

La démocratie modifie sensiblement les rapports au sein de la famille : le père est depuis des

générations le symbole de l’autorité et du pouvoir. « Il est l’auteur et le soutient de la famille ; il en est

aussi le magistrat. » Avec ce principe novateur d’égalité, le roi de la famille perd de son panache et le

fils s’enhardit. L’opinion et la coutume donnent cette supériorité et ce pouvoir au père mais il n’est

en aucun cas donné par la loi. Mais cette coutume, ce sens des choses établi va au-delà : il s’agit de

perpétrer une tradition séculaire « il y est l’organe de la tradition, l’interprète de la coutume, l’arbitre

des mœurs. ». On constate que les relations qui unissent les membres de la famille au père sont

toujours respectueuses et teintées de crainte. La démocratie révolutionne ces principes établis par

l’aristocratie. Avec la démocratie de vrais liens se tissent, une affection apparaît qui ne colle pas avec

les règles poussiéreuses du respect dû.

« Le maître et le magistrat ont disparu ; le père reste. »

« La démocratie détend les liens sociaux, mais elle resserre les liens naturels. »

Chapitre XII : Comment les Américains comprennent l’égalité de l’homme et de la femme

En tant qu’auteur(e)s de cette analyse nous nous permettons de préciser qu’il s’agit ici de propos

rapportés, d’une étude de l’opinion de l’auteur et que cette dernière nous révolte et nous apparaît

comme tout à fait arriérée et anti-démocratique.

Tocqueville, après avoir évoqué toutes les inégalités possibles, s’intéresse finalement aux

rapports entre hommes et femmes et se demande si la démocratie pourrait pallier { l’inégalité qu’il

y a entre eux. Immédiatement il recadre son propos : il ne parle pas de mettre sur le même pied

d’égalité les deux genres ce serait les dénaturer d’après lui. « On peut aisément concevoir qu’en

s’efforçant d’égaler ainsi un sexe à l’autre, on les dégrade tous les deux ; et de ce mélange grossier des

œuvres de la nature il ne saurait jamais sortir que des hommes faibles et des femmes déshonnêtes ». Il

considère que les Etats-Unis sont les plus équitables en donnant des tâches dites « appropriées » à la

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condition naturelle de chacun. Dès lors la femme est bien évidemment reléguée aux tâches

« paisibles » domestiques alors que l’homme s’occupe des affaires extérieures, de politique, mais

–pauvre de lui- doit aussi s’atteler aux travaux de force qu’il ne serait pas convenable d’accorder {

une femme, selon l’auteur. Ainsi, de manière séparée et en ne partageant jamais les mêmes activités,

Adam et Eve marchent du même pas vers le « progrès » et ils en sont –soit disant- heureux. Il ajoute

par la suite qu’aucune Américaine ne se plaint du pouvoir –légitime encore soit disant- de son mari,

elles semblent au contraire heureuses de s’y soustraire et le considère même comme un honneur.

Tocqueville voit cela comme de la vertu.

La vertu de la femme et la chose la plus chère aux Etats-Unis et Tocqueville est fier de nous

apprendre que le viol est puni de la peine de mort. En effet, le coupable est des plus grands car la

femme est « respectée intellectuellement ».

Chapitre XXI : Pourquoi les grandes révolutions deviendront rares

« En Amérique, on a des idées et des passions démocratiques ; en Europe, nous avons encore des passions

et des idées révolutionnaires. »

Comme un visionnaire, Tocqueville affirme que si des révolutions doivent dans le futur

ébranler les Etats-Unis, ce sera { l’initiative du peuple noir car les révolutions ne naissent que des

inégalités. Tout le monde semble heureux de l’état social et de la démocratie de sorte { ce qu’aucune

minorité ne souhaite de révolution. L’homme de la démocratie n’est pas disposé { révolutionner ses

idées, il ne se repose pas sur ses acquis, bien au contraire, son existence se constitue de remises en

questions, de perfectionnement et de questionnements. Il tend { faire de ce qu’il a bâti une évolution

constante, une amélioration perpétuelle. Cela ne veut cependant pas dire qu’il peut balayer son

œuvre pour en bâtir une nouvelle en partant de rien.

« Je crois qu’il arrivera rarement que, dans le sein d’une société démocratique, un homme vienne à

concevoir, d’un seul coup, un système d’idées fort éloignées de celui qu’ont adopté ses contemporains ;

et, si un pareil novateur se présentait, j’imagine qu’il aurait d’abord grand peine à se faire écouter, et plus

encore à se faire croire. »

La stabilité des croyances et aussi favorisée par le poids de l’opinion commun. Ce dernier

pèse, étouffe, opprime, il ne laisse pas de place aux poissons à contre-courant. L’homme face { la

masse ne tente même pas d’étendre son idée, il est convaincu par la masse.

L’auteur craint qu’{ l’inverse l’individu ne s’axe plus que vers une stabilité trop fixe, qu’il

n’évolue pas et ne se donne plus la peine de le faire :

« On croit que les sociétés nouvelles vont chaque jour changer de face, et moi, j’ai peur qu’elles ne

finissent par être trop invariablement fixées dans les mêmes institutions, les mêmes préjugés, les mêmes

mœurs ; de telle sorte que le genre humain s’arrête et se borne ; que l’esprit se plie et se replie

éternellement sur lui-même sans produire d’idées nouvelles ; que l’homme s’épuise en petits mouvement

solitaires et stériles, et que, tout en se remuant sans cesse, l’humanité n’avance plus. »

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QUATRIEME PARTIE

De l’influence qu’exercent les idées et les sentiments démocratiques sur la

société politique

Chapitre VI : Quelle espèce de despotisme les nations démocratiques ont à craindre

L’état social démocratique a tendance à représenter le foyer idéal et prospère du despote.

Cependant pour menacer une telle démocratie que celle des Etats-Unis il faut en concevoir un type

bien spécifique. Un type que l’humanité n’a jamais encore eu { faire face : un tuteur, ni tyran, ni

despote. Une entité tellement novatrice qu’elle n’a pas encore de nom. Ce « tuteur » -appelons le

ainsi- se nourrirait d’une société d’individualiste et tendrait { la conserver durablement.

Chapitre VII : Suite des chapitres précédents

- La nouvelle forme de despotisme exprimée dans le chapitre précédent reviendrait non

seulement à opprimer les hommes, mais en plus les priver de nombre de caractéristiques

propres { l’humanité.

- « J’aurais, je pense, aimé la liberté dans tous les temps ; mais je me sens enclin à l’adorer dans le

temps où nous sommes. »

- « Il est tout à la fois nécessaire et désirable que le pouvoir central qui dirige un peuple

démocratique soit actif et puissant. Il ne s’agit point de le rendre faible ou indolent, mais

seulement de l’empêcher d’abuser de son agilité et de sa force. »

La fin de l’ouvrage d’Alexis de Tocqueville récapitule les faits et idées énoncées au dessus c’est

pourquoi nous ne reviendrons pas sur la fin du chapitre VII ni sur le chapitre VIII mais concluons sur

quelques paroles fortes.

En vous remerciant de votre attention, nous mettons ainsi une fin à notre travail sur De la démocratie

en Amérique.

MORNEY Hugo , LE NEINDRE Léna & FALCHERO Charlotte