53
ANNEE 2018 D.U. d’HISTOIRE DE LA MEDECINE FACULTE DE MEDECINE PARIS DESCARTES DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU SANATORIUM DE LA MUSSE PRESENTE PAR LE DR. NABIL ASSIS DIRECTEURS DU MEMOIRE : PROFESSEUR JEAN NOËL FABIANI et PROFESSEUR PATRICK BERCHE COORDINATEUR PEDAGOGIQUE : Monsieur CLAUDE HAREL

DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

ANNEE 2018

D.U. d’HISTOIRE DE LA MEDECINE FACULTE DE MEDECINE PARIS DESCARTES

DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU SANATORIUM DE LA MUSSE

PRESENTE PAR LE DR. NABIL ASSIS

DIRECTEURS DU MEMOIRE :

PROFESSEUR JEAN NOËL FABIANI et PROFESSEUR PATRICK

BERCHE

COORDINATEUR PEDAGOGIQUE : Monsieur CLAUDE HAREL

Page 2: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique
Page 3: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

1

Sommaire PREAMBULE : ............................................................................................................................................... 2

INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 3

HISTORIQUE Des croyances à l’approche scientifique ................................................................................ 4

La scrofule ou "morbo regio", mal royal ...................................................................................................... 6

Girolamo Fracastoro et la « doctrine de la contagion » ............................................................................... 7

Le XIXe siècle et les débats sur la nature de la tuberculose......................................................................... 9

LES TRAITEMENTS ...................................................................................................................................... 13

La tuberculine de Koch et le pneumothorax de Forlanini .......................................................................... 15

Création des sanatoriums : La montagne magique .................................................................................... 17

L’antibiothérapie : La balle magique .......................................................................................................... 22

La vaccination ............................................................................................................................................. 24

LE SANATORIUM D’ARNIERES SUR ITON (EURE) : L’HOPITAL LA MUSSE Le plus grand sanatorium pour

femmes. (Photos 1-6) .................................................................................................................................. 25

LA RECONVERSION : ................................................................................................................................... 28

L’hôpital de la Musse aujourd’hui : ............................................................................................................ 28

LA FIN DES SANATORIUMS ? ...................................................................................................................... 30

CONCLUSION .............................................................................................................................................. 31

ANNEXE ...................................................................................................................................................... 32

Les stations sanitaires françaises (1915-1920) ....................................................................................... 33

QUELQUES TUBERCULEUX CELEBRES : ................................................................................................... 34

Figure I. SEE Germain : De la Phtisie Bacillaire des poumons 1884 ...................................................... 35

Figure II. Répartition Géographique des entrantes (Femmes) Pendant l’année 1935 .......................... 36

Figure III. Répartition Géographique des entrants (Hommes) Pendant l’année 1935 .......................... 37

Figure IV. DECRET DU 16 AVRIL 1969 ..................................................................................................... 38

Figure V. Conversion totale du Sanatorium de La Musse Sis à Evreux le 10 octobre 1972 ................... 40

Figure VI. Modification de la répartition des lits du Sanatorium de La Musse à Evreux le 9 mai 1975 . 40

Photographie 1 : Sanatorium Emile Roux (La Musse) 1935 ................................................................... 41

Photographie 2 : Pavillons des Hommes et des Femmes....................................................................... 42

Photographie 3 : Pavillons du sanatorium la Musse en 1935 ............................................................... 43

Photographie 4 : Chambre particulière et à 3 lits et Galerie de Cure .................................................... 44

Photographie 5 : Réfectoire et salle de Réunion .................................................................................... 45

Photographie 6 : Salle de soin, Rayons U.V, Dentisterie et Salle de Radiographie ................................ 46

BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................................... 47

RESUME ...................................................................................................................................................... 50

ABSTRACT ................................................................................................................................................... 50

Page 4: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

2

PREAMBULE :

L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité

nosologique et sa cause effective ne sont connues que depuis le 19ème siècle. La pauvreté, les

mauvaises conditions hygiéniques et sanitaires furent les facteurs sous-jacents du tsunami

épidémique qui affecta l'Europe entre les XVIIe et XIXe siècles, au cours duquel le taux de

mortalité a pu atteindre un pour cent. Lors de la révolution industrielle du 19ème siècle, les grandes

villes européennes furent touchées par la contagion à la faveur des flots de paysans venus à la

recherche de travail. Par la suite, la maladie s'est propagée en Europe de l'est, en Asie, en

Afrique et en Amérique du Sud. La tuberculose a ainsi causé plus de décès que toute autre

maladie. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la prise en compte de l’origine

infectieuse de la maladie a permis un renversement marqué du taux de décès grâce à

l'amélioration des conditions de logement et de travail, et par l'application de mesures de santé

publique telles que l’isolement des malades dans les sanatoriums. L'histoire de la tuberculose a

subi un virage majeur avec la découverte du bacille par Robert Koch qui lui a valu le prix Nobel

de médecine en 1905.

L’approche thérapeutique est passée des croyances religieuses et des traitements

charlatanesques jusqu’à la cure d’air et de repos dans les sanatoriums, au pneumothorax

thérapeutique et finalement à l’ère de l’antibiothérapie et de la trithérapie (streptomycine, PAS et

isoniazide). Progressivement cette avancée a entrainé la fermeture des sanatoriums et l’abandon

de certaines interventions chirurgicales. Au milieu des années 1960, l’arrivée de la rifampicine et

du pyrazinamide a permis l'introduction de la thérapie de courte durée. Si cette avancée a

entrainé une réduction considérable de la morbidité et de la mortalité au cours du XXe siècle, la

maladie n’a jamais été éradiquée, et la fin des années 1980 a vu une résurgence marquée de la

tuberculose partout dans le monde en raison de plusieurs facteurs : résistance aux antibiotiques,

co-infection avec le VIH, et augmentation des flux migratoires avec des conditions de vie

défavorisées. Ainsi aujourd’hui dans de nombreux états d'Europe occidentale le nombre total

d'étrangers ayant une tuberculose active dépasse le nombre de cas rencontrés dans la population

autochtone. Ce qui n’est pas sans poser la question à nouveau de l’isolement et de la prise en

charge en milieu sanatorial.

Page 5: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

3

INTRODUCTION

La tuberculose est une maladie ancestrale qui accompagne l'histoire de l'humanité depuis

ses premiers jours, tandis que l’unité nosologique et sa cause effective n’ont été connues qu’à

partir du XIX siècle. Le mot "tuberculose" dérive des lésions histologiques, appelées

"tubercules", qui apparaissent dans les différents organes touchés par l'infection. Son traitement

est passé des approches charlatanesques, magiques et des croyances religieuses à la cure d’air et

de repos des sanatoriums, au pneumothorax et finalement à l’ère de l’antibiothérapie.

La tuberculose est l'une des plus grandes causes de décès de l'histoire. Bien que son image soit

moins terrifiante que celle de la peste, elle a tué plus de personnes que la « mort noire ». On

estime que la tuberculose est responsable de 20% des décès au 17ème siècle à Londres, de 30%

de ceux du Paris du 19ème siècle et que 1 milliard de personnes dans le monde en sont décédés

au cours des deux derniers siècles. Le caractère dévastateur de la pathologie a fasciné les

écrivains et les poètes, jusqu'à ce qu'ils transmutent ce mythe infernal en maladie romantique.

Page 6: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

4

HISTORIQUE Des croyances à l’approche scientifique

La tuberculose est une maladie présente chez les humains depuis le Néolithique. En effet,

des lésions osseuses tuberculeuses typiques de la maladie de Pott ont été retrouvées dans les

squelettes humains datant d'environ 5000 ans avant JC, ainsi que dans les momies égyptiennes

vieilles de 4500 ans, et des références sont faites à la maladie dans le Deutéronome sous le nom

hébreu de schachepheth (1). Cependant, comme pour la variole, cette maladie n'est pas

mentionnée dans les papyrus égyptiens qui nous sont parvenus.

La tuberculose était également connue dans l'Inde ancienne et en Chine, mais aussi dans

l'Amérique précolombienne, comme en témoignent les anciens traités médicaux et les

observations ostéo-archéologiques (2).

Dans la Grèce antique, la "phtisie" (autre nom donné à la maladie et qui signifie en grec

ancien «Consomption») était connue chez Hérodote (5ème siècle av. JC) et dans les écritures

d'Hippocrate (460-377 av. JC), dans le "Corpus" (III siècle av. JC, Ecole d'Alexandrie),

médecine basée sur l’observation, où la maladie était décrite avec une grande précision

clinique. La progression des lésions tuberculeuses, avec la destruction des tissus pulmonaires, est

un processus souvent chronique qui provoquait le dépérissement progressif du patient.

Hippocrate émettait cependant l'hypothèse d'un autre mode de transmission de la phtisie, puisque

son célèbre aphorisme "Un phtisique naît d'un phtisique" allait affirmer durant près de vingt

siècles le caractère héréditaire de la transmission de ce fléau.

Au 4ème siècle av. JC, bien que la maladie ne fût pas encore considérée comme

contagieuse, Isocrate montrait clairement dans une étape de ses écritures que le doute s'insinuait

dans l'esprit des savants de l’époque. C’est ainsi qu’Isocrate faisait dire à un jeune homme dont

le père venait de mourir de phtisie : « Mes amis m’engageaient à me garantir moi-même, en me

disant que la plupart de ceux avaient soigné cette maladie en étaient devenus les victimes » (3).

Parallèlement Aristote reconnaissait la nature contagieuse des écrouelles (adénite tuberculeuse

chronique abcédée), de la scrofule du cochon et du bœuf et croyait à la transmissibilité par

l’haleine.

Cinq siècles plus tard, Galien (131 – 201 après JC.) fut le premier à soupçonner la nature

contagieuse de la maladie; il parlait de l'isolement des phtisiques ("periculosum est consuescere

cum his qui tabe tenentur" : il est dangereux de fréquenter les phtisiques), mais il restait

néanmoins fidèle aux théories hippocratiques de l’hérédité.

Page 7: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

5

Parmi les médecins byzantins Alessandro di Tralles, Aezio d'Amida et Paolo di Egina,

décrivaient dans leurs traités seulement les formes pulmonaires et ganglionnaires (scrofules) de

la tuberculose.

Dans le période romaine la maladie est mentionnée par Celso, Arétée de Cappadoce (200

après JC) et Celio Aureliano. En particulier Arétée décrivit l’aspect caractéristique des

tuberculeux : faiblesse générale, peau pâle, pommettes saillantes et empourprées, poitrine mince,

omoplates ailées, minceur du tronc et des membres (4). Mais les auteurs de l'âge classique ne

sont pas parvenus à comprendre que même la scrofule (tuberculose ganglionnaire cervicale), la

maladie de Pott, le lupus tuberculeux, et toutes les manifestations extra pulmonaires de la

maladie, devaient être attribués à un seul et même agent morbide.

Dans le monde arabe, Avicenne (980-1037) a consacré un chapitre entier de son Canon à la

tuberculose pulmonaire. Il décrivait trois stades: pré-inflammatoire, ulcératif et caverneux, et

exprimait l’idée que la tuberculose était une maladie contagieuse. Il fut le premier à décrire les

hémoptysies massives comme risque majeur des stades avancés de la maladie, et pouvant

entraîner la mort (5). Ces descriptions initiales n’ont guère subi de modifications notables

jusqu’au début du XIXe siècle.

Page 8: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

6

La scrofule ou "morbo regio", mal royal

La scrofule ou écrouelle, adénopathie cervicale tuberculeuse chronique, est le nom d’une

maladie d’origine tuberculeuse provoquant des fistules purulentes localisées sur les ganglions

lymphatiques cervicaux. Elle affectait en particulier la population infantile. Connue depuis

l'antiquité comme une maladie similaire à la tuberculose pulmonaire, elle a été traitée pendant

des siècles avec le rite de la "Touche" faite par la main du roi. Pour cette raison, la scrofule était

appelé "morbo regio" (mal royal). Cette appellation lui a été assignée par Gilbertus Anglicus qui

avait étudié à Salerne entre 1180 et 1190, abandonnant plus tard les études à Salerne pour suivre

Richard Cœur de Lion dans les croisades. Dans le chapitre "De scrofolis et glandulis" de son

Compendium Medicinae, il décrit "Morbus regius quia reges hunc morbum curant".

Tillemont (Paris, 1849) décrivait ainsi la cérémonie dans la vie de Saint Louis Roi de

France: "Le Roi, après s'être préparé avec des jeûnes et des prières, après avoir approché le

Saint Sacrement et ayant vénéré l'arche de Saint Marcoult à Corbeny pendant trois jours, a reçu

les malades qui ont défilé devant lui. Puis il posa ses doigts sur la glande scrofuleuse et il la

béni avec le signe de la Sainte Croix, prononçant les paroles de Notre-Seigneur: " Le Roi te

touche et Dieu te guérit (6). A partir de 1722 et le sacre de Louis XV à Reims, la formule devient

« Le roi te touche, que Dieu te guérisse» (7). Louis XIV toucha, tout au long de son règne, près

de 200 000 malades. On disait qu'en 1775 Louis XVI, avait touché 2400 malades, le lendemain

de son sacre et qu'en 1824 le dernier des souverains de France, Charles X, pour célébrer son

couronnement, avait touché lui-même 121 malades, sous conseille des deux illustres chirurgiens

Alibert et Dupuytren.

Mais si nous voulions faire une statistique des cas de tuberculose glandulaire sur la base

de nombre de personnes "touchées" par les différents rois de France depuis François Ier (lequel

de 1528-30 a touché 1806 malades), nous n'aurions pas une image représentative de

l'épidémiologie de cette manifestation morbide, parce que la ruée des malades du roi pour se

faire toucher, a été gâtée en excès par le fait que le "toucher" était suivi d’une aumône royale, et

que le diagnostic restait incertain (8). Louis XIV toucha, tout au long de son règne, près de 200

000 malades (9).

Page 9: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

7

Girolamo Fracastoro et la « doctrine de la contagion »

Nous devons attendre le seizième siècle pour avoir une définition claire de la tuberculose

en tant que maladie contagieuse. Ce fut Girolamo Fracastoro de Vérone (1478-1553), père de la

"doctrine de la contagion" dans "De contagione et contagiosis morbis" (Venise 1546) qui

s’engagea à cet égard, jetant les bases de l’épidémiologie en plaçant la phtisie parmi les maladies

infectieuses, et postulant l’existence de « seminaria contagionis », micro-organismes infectants

capables de se reproduire et de se multiplier : « Il est bien connu que la phtisie infecte les gens

qui cohabitent avec ceux qui en sont atteints, sans qu’il y ait eu contact direct, les vêtements

portés par un phtisique peuvent encore communiquer le mal au bout de deux ans et l’on peut en

dire autant de la chambre, du lit et du pavement, là où un phtisique est décédé. Force est donc

d’admettre qu’il subsiste des germes de contagion » (10). Franciscus de La Boe (1614-1672),

communément connu sous le nom de Sylvius, en 1671 a décrit les tubercules pulmonaires, les

reconnaissant comme de même nature que les scrofules et attribuait à la tuberculose la

suppuration des tubercules dans le parenchyme pulmonaire, avec la formation des cavernes, « la

phtisie est la scrofule du poumon » dans opera medica, publié à titre posthume en 1679.

La diffusion de cette notion de la contagion a créé la panique parmi les gens qui ont pris à

considérer les scrofuleux et les tuberculeux de la même manière que les lépreux.

En 1699, l’Ufficio dei Conservatori de la cité de Lucques (Italie) décréta, pour la

première fois dans l’histoire, la déclaration obligatoire des personnes de tout sexe et de toute

condition sociale, atteintes ou même suspectes de cette maladie, et à la destruction des objets leur

ayant appartenu et à la destruction de leurs vêtements (11). En 1737, un nouveau décret incitait à

regrouper et isoler les phtisiques dans un local spécial en leur interdisant l'accès à l'hôpital

général.

En 1753, à Florence, une loi a même été promulguée qui a privé ces pauvres de tous

leurs droits. Il ne faut pas oublier qu’en Italie, dès 1621, la municipalité de Padoue intimait aux

brocanteurs juifs l’interdiction d’acheter des objets, linges et vêtements usés ayant appartenu à

des phtisiques décédés, sans en avoir obtenu licence préalable, et cela sous peine d’une amende

de 50 ducats (12). En 1751 et en 1782 deux édits, l’un espagnol (sous Ferdinand VI), l’autre

italien (sous Philippe IV), promulguaient la phtisie comme maladie à déclaration obligatoire,

obligeant à la destruction de la literie et des vêtements, à la désinfection des locaux et à la mise

en place de règles de quarantaine.

Page 10: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

8

En 1733 Pierre Desault (1675-1735) médecin de Bordeaux, publia une dissertation sur la

phtisie affirmant que la lésion fondamentale était le tubercule. Il signalait la parenté entre la

phtisie pulmonaire et les formes extra pulmonaire portant sur les ganglions cervicaux. (13)

Pott à la fin du XVIIIe siècle (1779-1782) décrivit la maladie qui a pris son nom, mais

sans en reconnaître l’exacte étiologie. Enfin en 1783, J.-B.-T Baumes (1756-1828) publia le

"Traité de la phtisie pulmonaire", somme de toutes les connaissances sur la tuberculose jusqu'à

lui.

En Angleterre les études sur la tuberculose suscitèrent un intérêt tout particulier aux

XVIIe et XVIIIe siècles en raison des nombreux cas de la maladie présente sur le territoire, avec

des auteurs comme Tomas Willis (1621-1675) et Richard Morton (1637-1689). Celui-ci fut le

premier à rédiger un traité de phtisiologie en 1685, « Phtisiologia, seu exercitationes de Phtisi

tribus libris comprehensae », où il mettait l’accent sur le tubercule, comme vraie cause de la

tuberculose. Benjamin Marten (1690-1751), dans une publication intitulée « New theory of

comsumptions », émettait pour la première fois l’hypothèse que la tuberculose pût être due à

« d’étonnantes créatures vivantes minuscules » qui pourraient « suivre dans nos sucs et nos

vaisseaux ». Marten proposa que la consomption pût être contractée par une personne saine à

partir de l’air rejeté des poumons du patient tuberculeux, surtout en vivant dans une certaine

promiscuité avec lui, par exemple en dormant dans le même lit. (14)

Il ne faut pas oublier les remarquables contributions de Giovanni Battista Morgagni

(1682-1771), avec la publication de son livre à Venise en 1761 « De sedibus et causis morborum

per anatomen indagatis » (Investigations anatomiques sur les causes et les localisations des

maladies) qui a décrit les lésions tuberculeuses en voie de caséification. Il était convaincu du

danger de contamination par les cadavres des phtisiques et évitait d’en faire l’autopsie.

En 1810, Gaspard Laurent Bayle (1774-1816) publiait son ouvrage intitulé « Recherches

sur la Phtisie Pulmonaire », résultat de l'observation minutieuse de neuf cents autopsies,

chacune comparée aux observations cliniques consignées du vivant du malade (15). Son apport

était de considérer les tubercules, non pas comme le résultat, mais comme la cause de la maladie

(16). Il ne réussit pas à englober dans une seule catégorie nosologique les diverses formes qu'il

avait observées. Il distinguait en effet six types de phtisie, dont une seule méritait à ses yeux

d'être considérée comme véritablement tuberculeuse (17).

Page 11: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

9

Le XIXe siècle et les débats sur la nature de la tuberculose

Le dix-neuvième siècle fut riche en débats autour de la nature du tubercule et de

l'encadrement nosographique de la tuberculose. Le français René Théophile H. Laennec (1781-

1826), élève de Bayle, affirmait en 1819 l'unicité de la maladie tant sur le plan anatomique que

sur le plan clinique. Il déclara que la matière tuberculeuse était une, aussi bien dans les poumons

que dans les autre sièges et dans la scrofule. Tubercules, cavernes, granulations, infiltrations,

toutes les lésions de la phtisie pulmonaire sont « univoques et originales dans leur essence »,

correspondant à des stades d’évolution de la maladie, elles sont autant de variantes du même

mal, il n’y a pas d’autre différence entre elles « qu’entre un fruit mûr et un fruit vert » (18). En

1819, il distingue cette maladie des autres affections pulmonaires. Laennec reconnaît le caractère

infectieux de la phtisie. Il en décrit la matière grise et semi-transparente qui devient jaune-

opaque et ensuite purulente, mais il en ignore toujours le caractère contagieux (19). A l’opposé,

son adversaire François Broussais (1772-1838) l’attaquait de façon véhémente, considérant que

la phtisie n’était qu’une inflammation, une « phlegmasie chronique du poumon », dans sa

publication « Histoire des phlegmasies ou inflammations chroniques (1808), en deux volumes de

600 pages chacun » et en 1816, il publie son ouvrage « Examen de la doctrine médicale

généralement adoptée et des systèmes modernes de nosologie » , un pamphlet de 475 pages où il

expose ses idées en critiquant sévèrement celles de Laënnec. Il rééditera son ouvrage plusieurs

fois dans sa vie en le complétant (la dernière édition fait 2 600 pages en 4 volumes) (20), mais

Laennec comme son maître Bayle, adhérait encore à la théorie non contagionniste.

En 1825 Pierre Charles Alexandre LOUIS (1787-1872), dans « Recherches anatomo-

pathologiques sur la phtisie », sur la base de 167 autopsies, montrait que les tubercules étaient

vraiment une production spécifique, où l'inflammation n'avait qu'un rôle accessoire. Toutefois

Rudolph Virchow (1821-1902) réfutait la nature spécifique du tubercule et à cause de l’autorité

scientifique qu’il représentait et de sa crédibilité, il retarda l'acceptation de la conception unitaire

de la tuberculose telle qu'elle était énoncée par Laennec. Il se trouvait encore de nombreux

médecins qui croyaient toujours au caractère héréditaire de la maladie, tels que Carl Linnaeus

(1707-1778) botaniste, médecin suédois, qui a également prétendu que la tuberculose pulmonaire

était causée "par un vrai germe invisible de la contagion ". (1740)

Du point de vue diagnostique, on doit à Joseph Léopold Auenbrugger (1722-1809) la

méthode de la percussion thoracique. En effet en 1761 il publiait sa découverte à Vienne dans un

livre intitulé : "Inventum Novum ex percussione thoracis humani ut signo abstrusos interni

pectoris morbos detegendi" qui ouvrait de nouveaux horizons sur la séméiologie physique du

Page 12: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

10

thorax (21). Ce fut Jean Nicolas Corvisart (1755-1821) qui fit connaître l’ouvrage

d’Auenbrugger en France par sa traduction du latin en 1808 « Nouvelle méthode pour

reconnaître les maladies internes de la poitrine par la percussion de cette cavité ». Par la suite

Laennec (1781-1826) perfectionna la méthode de la percussion thoracique. Laennec, au début

des années 1800, divise le thorax en quinze régions permettant une définition plus précise des

organes thoraciques et de leurs pathologies. Un pas de plus dans la sémiologie thoracique fut

réalisé par Laennec quand en 1818 il mit au point l’auscultation indirecte à l’aide du

stéthoscope.

La conviction que la tuberculose était une maladie contagieuse suscitait de plus en plus

de conviction. A Naples, en 1782, Domenico Cotugno (1736-1822) promulgua pour cette raison

une loi sanitaire pour la prophylaxie sociale de la maladie, mais deux ans plus tard, le roi

Ferdinand de Naples, rejetant l'idée de la contagiosité de la phtisie, abrogeait certaines des

mesures de précaution préconisées par Cotugno.

En 1839, le médecin allemand, Johann Lukas Schönlein (1793-1864), professeur de

médecine à Zurich, donnait son nom définitif à la tuberculose en faisant de cette affection

jusqu'alors multiforme, une entité clinique unifiée « Systematik de speziellen pathologie und

thérapie » (22)

Il a fallu attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour entrer dans la phase

expérimentale de la maladie afin de comprendre tous les aspects étiopathogéniques et

épidémiologiques. Jean Antoine Villemin (1827-1892), médecin à l’hôpital militaire de Val de

Grace à Paris, en fut le pionnier. Le 5 décembre 1865 Villemin présenta à l’Académie de

Médecine une communication sur la Nature et la cause de la tuberculose on s’appuyant sur ses

expériences pratiquées sur les lapins. Ses conclusions étaient que la tuberculose résultait d’un

agent causal spécifique, d’un virus. Cet agent morbide devait se trouver, comme ses congénères,

dans les éléments morbides qu’il a déterminés par son action directe sur les éléments normaux

des tissus affectés (23). Il a inoculé des lapins de laboratoire avec du matériel provenant d'êtres

humains ou de têtes de bétails contaminés (caséum, crachats, pus de ganglion lymphatique), et il

a observé chez l'animal après quelques semaines, des lésions tuberculeuses dues à l’agent

inoculé. Il en déduisit la spécificité et la transmissibilité de la maladie. Villemin publia à Paris en

1868 les conclusions de ses recherches dans un ouvrage intitulé "Etudes sur la tuberculose.

Preuves rationnelles et expérimentales de sa spécificité et de son inoculabilité » (24). Il

démontrait que la « prétendue hérédité » n’était qu’une contagion précoce survenant en milieu

familial : « Aucun virus ne se multiplie par l’organisme mais seulement dans l’organisme, à la

façon des parasites et des ferments. Ces faits s’appliquent entièrement à la tuberculose. Cette

Page 13: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

11

affection, comme toutes ses congénères, n’est pas une création spontanée de l’économie. Pour

naître il lui faut un germe qui ne peut lui venir que du dehors » (25). Dans cette publication,

Villemin ajoutait également des considérations de caractère épidémiologique, notant que la

tuberculose était plus fréquente dans les agglomérations urbaines les plus peuplées et démunies

et dans les régions encore vierges, non infectées telles que la Nouvelle Zélande, l’Australie,

l’Océanie, et qu’elle était apparue avec la colonisation européenne en provocant des véritables

désastres, ouvrant ainsi un nouveau chapitre, celui de l'aspect social de la maladie.

Les conclusions expérimentales de Villemin ont également été confirmées par d'autres

chercheurs, comme Edwin Klebs (1834-1913), Jacques-Joseph Grancher (1843-1907) et Auguste

Chauveau, médecin vétérinaire lyonnais, qui en 1868, réussit pleinement l’inoculation à partir de

bovins malades. « Il faut bien, écrit-il, reconnaître à la tuberculose le caractère de la virulence

ou bien nier la virulence elle-même » (25). Mais il restait le problème, jusqu'à présent non résolu,

de l'isolement de l'agent causal non encore identifié, même s'il était intuitif. A la suite des

preuves expérimentales d’Augustin Chauveau sur des bovins, celles de Cohnheim sur des lapins

(1877) et de Tappeiner sur des chiens (1878) validèrent systématiquement la thèse de Villemin.

Néanmoins les découvertes de Villemin furent réfutées par une partie du corps médical

qui refusait d’abandonner le principe de l’hérédité de la tuberculose et du développement de la

maladie chez des individus de constitution faible. Dans les années 1880, alors la contagion était

largement admise par les médecins, la notion d’hérédité de la tuberculose n’était pas totalement

abandonnée et était entendue dans le sens d’« hérédité parasitaire », c’est à dire d’une contagion

précoce de la mère à l’enfant, soit pendant la grossesse, soit lors de l’accouchement ou encore

lors des premiers contacts après la naissance. Le phtisiologue français Georges Küss montrera au

début du XXe siècle la quasi-inexistence de ce phénomène, désavouant ainsi les derniers

partisans de la transmission héréditaire. Si pour les partisans de la transmission héréditaire, la

médecine ne pouvait qu’atténuer les symptômes de la maladie, pour les adeptes de la

contagiosité, au contraire, la prophylaxie et la préservation des individus sains de la contagion

devaient être privilégiées et ouvraient de nouvelles perspectives en matière d’hygiène sociale.

La prise de conscience que la tuberculose était une maladie acquise dépendait aussi des

conditions environnementales médiocres de la population et de la croyance que l'air sel-iodique

de la mer avait des effets bénéfiques sur l'évolution des formes ganglionnaires tuberculeuses

scrofuleuses. Ce qui amena Giuseppe Barellai (1813-1884) à fonder à Viareggio en 1862 le

premier Hospice italien pour enfants scrofuleux « Palazzo delle Muse ».

Page 14: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

12

Une étape importante dans la pathogenèse de la maladie fut faite par Jules Parrot (1829-

1883), qui en 1878 déclarait la loi des adénopathies hilaires dans la primo-infection, selon

laquelle chaque fois qu'un ganglion bronchique était l’objet d'une lésion tuberculose, il lui

correspondait une lésion similaire dans le poumon.

En 1912 l'Autrichien Anton Ghon (1866-1936) décrivit le « complexe primaire»,

association d’un nodule pulmonaire et d’une adénopathie médiastinale satellite caractérisant,

inconstamment, sur le cliché de radiographie thoracique une primo-infection tuberculeuse.

Mais ce fut Robert Koch (1843-1910) qui la premier réussit à isoler le bacille

tuberculeux. En utilisant la coloration avec du bleu de méthylène recommandée par Ehrlich, il l'a

identifié, isolé et cultivé dans du sérum animal; enfin il l’a inoculé à des animaux de laboratoire

reproduisant la maladie, obtenant un résultat incontestable. Le 24 mars 1882, Robert Koch

présentait dans une communication « Über Tuberculose » à la Société de Physiologie de Berlin

la découverte du Mycobacterium tuberculosis, le décrivant comme : «mince, dont la longueur est

un demi-quart du diamètre d'un globule rouge, très semblable au bacille de la lèpre, mais plus

pointu» (26). Désormais, écrivait-il, nous n’avons plus affaire, dans la lutte contre le terrible

fléau, à quelque chose de vague et d’indéterminé. Nous sommes en présence d’un parasite

visible tangible. Nous savons que ce parasite ne trouve de conditions d’existence que dans le

corps de l’homme et des animaux [...]. Il en résulte qu’il faut s’attacher avant tout à tarir les

sources d’où dérive l’infection (27). La découverte de M. tuberculosis ouvrait une nouvelle

perspective, celle du programme pasteurien basé sur l'atténuation en laboratoire du germe et sur

la recherche dans le sérum des personnes malades des anticorps et de leur fonction curative.

Page 15: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

13

LES TRAITEMENTS

Traitements empiriques

De la Grèce à la Renaissance, les soins comportaient un traitement hygiéno-diététique

lacté (laits d'ânesse et de chèvre), carné et comportant du vin, avec un changement d'air et une

exposition au soleil, des thérapeutiques adjuvantes végétales (balsamiques, astringentes,

diurétiques, opiacées), minérales (soufre ou arsenic) et animales (broyât de poumon de loup ou

de cerf) et la saignée. Hippocrate conseillait le lait cru de vache coupé d’hydromel et assaisonné

d’origan. Celse 30 av JC interdit le vin et tous les plaisirs « Abstinere a vino, balneo, venere ».

Arétée recommandait les séjours à la campagne, l’exposition au soleil « Sol est remedium

maximum ». Gallien prescrivait le lait de femme à la tétée.

Avenzoar 980 apr. J.-C. prescrivait le broyat de poumon de renard, mariné dans le vin,

infusé dans l’eau de rose et dissous dans du sirop de myrtilles. (28)

Durant le Moyen Âge européen, les écrouelles étaient considérées guérissables par le

toucher des rois de France et d'Angleterre, tandis que les chirurgiens et les barbiers incisaient les

abcès. Les médecins de l'école de Salerne conseillaient en revanche l'application d'emplâtres de

bile de porc ou de figues sur les écrouelles. Dans le cas de la phtisie, cependant, les

recommandations des anciens médecins romains étaient toujours appliquées.

Mais il existait aussi une autre médecine, plus appropriée aux besoins, au moins dans la

mesure où la connaissance scientifique du temps le permettait. Dans l’époque médiévale

occidentale, on retrouve la première proposition d'intervention curative de la scrofule par le

chirurgien français Guy de Chauliac (1363), médecin personnel du roi, auteur d'un traité de

chirurgie « Chirurgia Magna » publié en 1363. Il était favorable à l’ablation chirurgicale de la

glande avec une incision en « feuille de myrte ».

Paolo d'Egina (VII siècle) conseillait l'ablation chirurgicale des glandes en prenant soin

de ne pas endommager les vaisseaux ou les nerfs dont la région du cou est riche. Tandis que

l'école de Salerne, qui peut-être n’était pas en mesure d’offrir des interventions chirurgicales

délicates, préférait recommander des traitements locaux à base de bile de porc ou cataplasme de

figue. Le célèbre chirurgien Teodorico da Lucques, de l'école de Bologne (Toscane), était en

faveur de l'ablation chirurgicale des glandes scrofuleuses, mais seulement si suppurées, pour les

traiter ensuite avec du blanc d'œuf, mais il ne recommandait pas l’ablation des glandes non

suppurées en raison de sa dangerosité, à moins d’avoir la main experte.

Page 16: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

14

Durant les années 1700 et 1800, la saignée, les sangsues et la purge ont été tour à tour

recommandées (29). Après la Renaissance, s'y ajoutaient l'usage de la digitale, de la ciguë, de

l'ergot de seigle, et, à côté de l'arsenic, celui des sels de mercure, de cuivre, d'or (par Koch)

d'argent, de calcium, etc. L'empirisme de ces méthodes et produits allait de pair avec une

efficacité réduite. On a proposé également l'ingestion de lézards, l'emploi de l'acide salicylique et

de l'acide prussique (cyanhydrique), la vie en atmosphère marine artificielle (Laënnec) à l'aide de

varech et de goémon, le magnétisme, le transfert de médicaments par ionisation, etc. La diversité

de ces propositions reflète l'impuissance de la médecine face à cette maladie. Des thérapies

étranges et dangereuses se sont développées, telles que la consommation de lait de femme

directement à la tétée, ou la prescription de faire coucher les malades avec leurs nourrices ou des

jeunes filles bien fraiches et bien saines. L'effet bénéfique était attribué à une émanation du corps

de ces jeunes filles qui devait s'insinuer par les pores, absorbants le mal dans le corps du malade

épuisé et le ranimer, au détriment de la jeune personne qui dépérissait insensiblement (30).

Le XIXe siècle a vu se développer l'anatomie pathologique, la bactériologie, la

radiologie, et le traitement sanatorial avec une cure diététique et divers médicaments : solutions

de sirop de codéine et de sirop d'éther pour lutter contre la toux qui aggravait les lésions

pulmonaires ; terpine pour l'expectoration ; inhalation d'oxygène contre la dyspnée ; théophylline

contre le spasme bronchique ; frictions à l'alcool, injection d'atropine ou ingestion de 4 à 5 g de

phosphate de calcium contre les frissons de la fièvre. Lorsque cette dernière devenait chronique,

elle était traitée par la phénacétine par voie buccale, les boissons glacées et alcoolisées réputées

hypo-thermisantes, la teinture de cannelle, les extraits de quinquina. La constipation était

soulagée par les lavements, l'huile de ricin, les régimes purgatifs tandis que la diarrhée était

combattue par l'opium et le sous-nitrate de bismuth. Le traitement des hémoptysies mettait en

œuvre le froid (glace sur les poumons, boissons glacées), les dérivés de l'ergot de seigle et là

encore l'opium. La calcithérapie, appliquée jusque dans les années 1950, par voie veineuse puis

per os pendant plusieurs mois, semblait s'appuyer sur des bases empiriques plus que

scientifiques (31).

Page 17: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

15

La tuberculine de Koch et le pneumothorax de Forlanini

L'Italien Angiolo Maria Maffucci (anatomopathologiste Italien 1847-1903) a mené de 1886

à 1889, des études sur le bacille tuberculeux découvert par Koch et a observé que les toxines

tuberculeuses (endo et exotoxines) étaient contenues dans le protoplasme des bacilles.

En 1890, Koch croyait avoir trouvé les moyens de prévention de la tuberculose dans les

substances qu'il appelait "tuberculine". Publiant sa base scientifique en 1891, il décidait

finalement de décrire son produit : « Mon nouveau remède contre la tuberculose n’est rien

d’autre qu’un extrait de bacille dans de la glycérine ». Il avait préparé la substance par des

cultures de bouillon de glycérine de six semaines, stérilisées à 100°C, filtrées, évaporées et

employées à une concentration à 1/10ème. Ces cultures pouvaient être injectées chez l’homme

jusqu'à 0,25 ml, ce qui entraînait des réactions inflammatoires au point d’inoculation, une

réaction intense dans le foyer tuberculeux et une réaction fébrile élevée. Mais l’espoir de Koch

que sa tuberculine pourrait déclencher une réponse immunitaire valide fut rapidement déçu. En

fait, l'expérience clinique a montré que son utilisation n'était pas sans danger, susceptible de

provoquer des réactions violentes et même mortelles. Ce qui était également vrai pour la

tuberculine purifiée. Cependant il a été observé que l'injection sous-cutanée de la tuberculine à

une personne en bonne santé ne provoquait aucun type de réaction, alors que si elle était injectée

à un sujet déjà atteint par l'infection, cela provoquait une réaction intense. Schick et Von Pirquet

appelé cette réaction "allergie". La réaction à la tuberculine a ainsi permis de révéler la contagion

même chez les individus qui ne montraient aucun signe de la maladie ou qui paraissaient

cliniquement guéris.

Koch a donc montré, sinon une valeur préventive de l'infection, au moins une valeur

diagnostique élevée pour comprendre que les personnes qui ont présenté cliniquement les

symptômes de la maladie n'étaient que la pointe émergée de l'iceberg. La réaction à la

tuberculine est ainsi devenue le principal outil de la recherche épidémiologique au niveau

vétérinaire et humain et a permis de découvrir que 34% des enfants âgés de 5-6 ans et 91% des

personnes âgées de 13-14 ans présentaient un test positif.

Avec cette découverte dira plus tard en 1884, le phtisiologue Germain Sée (1818-1896)

jusqu’alors partisan invétéré de la transmission héréditaire de la maladie : « A la place d’un mot,

on a aujourd’hui le corps du délit : c’est plus qu’un progrès, c’est une véritable prise sur le fait ;

la spécificité vaguement établie et longtemps mise en discussion, repose maintenant sur des

preuves qu’on peut appeler "vivantes" »(32) et (fig. I)

Page 18: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

16

Alors que Koch était occupé par ses recherches, dans le même temps, l'italien Carlo

Forlanini (1847-1918) était engagé sur un autre front, celui de l'intervention thérapeutique chez

le patient tuberculeux avec une technique qui a d'abord semblé paradoxale, celle du

pneumothorax thérapeutique, alors que le pneumothorax spontané avait été vu jusque-là comme

complication de la tuberculose pulmonaire. Les tentatives d'excision chirurgicale de la partie du

poumon malade faites par Giuseppe Ruggi (1844-1925) chirurgien de Bologne, s’étaient avérées

inefficaces. Carlo Forlanini, fils et neveu des médecins, est né à Milan en 1847. Diplômé de

Pavie, il pratiqua d’abord l'ophtalmologie puis la dermatologie. D’abord à Milan puis à Turin, il

poursuivit des recherches dans le domaine des maladies de l'appareil respiratoire. Ce fut à Turin

qu'il réalisa pour la première fois le pneumothorax artificiel, qui fit sa renommée. Carlo Forlanini

proposa le 23 août 1882 le pneumothorax artificiel comme moyen thérapeutique, soit la même

année que celle de la découverte par Koch du bacille pathogène, bien avant l’ère de la radiologie

que Roentgen devait inaugurer en 1895.

L’absence de cet instrument de contrôle qu’est la radiographie pulmonaire était donc un

obstacle à une plus grande visibilité scientifique. Néanmoins, Forlanini exécuta une série

ininterrompue d’interventions sur les animaux avec des injections intra pleurales de différentes

substances liquides et gazeuses, effectuant des investigations anatomopathologiques et

microscopiques sur les lésions pleurales. Parallèlement il réalisa de nombreuses modifications

des instruments pour les rendre parfaits et simples à l’utilisation. Forlanini exposa les résultats de

sa nouvelle méthode de traitement de la tuberculose pulmonaire au Congrès de médecine interne

à Rome en 1894, consistant à provoquer un pneumothorax artificiel par injection d’air dans la

cavité thoracique créant ainsi une rétraction du poumon infecté. A partir de 1906 son élève

Frédéric Dumarest (1870-1951) avait commencé à pratiquer en France cette technique

thérapeutique, qui se répandit rapidement dans tout le pays. Mais ce fut seulement en 1912, lors

du Congrès International de la Tuberculose à Rome qu’il obtint la pleine reconnaissance de sa

méthode par les phtisiologues de l'ensemble du monde.

Page 19: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

17

Création des sanatoriums : La montagne magique

Le mot « sanatorium » dérive du verbe latin sanare (soigner, guérir) et fut employé à

partir du VIe siècle dans les textes de Cassiodore (485-580), homme politique, érudit et historien

latin, ancien ministre de Théodore le Grand, sous la forme sanatorius. Oublié pendant des

siècles, le nom fut vraisemblablement réintroduit par les médecins anglais, notamment Georges

Bodington (1799-1882), vers 1842, pour désigner une « station de plein air » à vocation

thérapeutique. A la fin du XIXe siècle, le mot « sanatorium » était couramment utilisé pour

désigner les établissements de soins qui se distinguaient de l’hôpital par une méthode de cure

spécifique, et notamment climatique, en montagne ou à la mer. En France, il s’appliquait plus

particulièrement aux hôpitaux maritimes et, en Suisse et en Allemagne, aux établissements pour

phtisiques. En Allemagne, on distinguait en général les établissements pour malades payants,

pour lesquels était utilité le terme latin Sanatorium, des établissements populaires, désignés par

le terme germanique Volksheilstätte (établissement populaire), Lungenheilstätte ou

Lungenheilanstalt (établissement pour malades pulmonaires), (33).

En 1854, le naturaliste et médecin allemand Hermann Brehmer (1826-1889), guéri d'une

tuberculose après un séjour dans l'Himalaya, publia une dissertation intitulée « La tuberculose

est un mal curable ». Il fonda le premier sanatorium à Gorbersdorf en Silésie, où il commença à

traiter systématiquement les tuberculeux comme on traite aujourd’hui les neurasthéniques, par le

repos physique et moral, l’aération continue et la suralimentation. Il disposait de 300 lits. Grâce à

ses soins minutieux, à sa persévérance, et aussi à la stricte discipline qu’il savait imposer à ses

malades, Brehmer obtint des succès éclatants et montra que, dans la première période de la

tuberculose pulmonaire, très peu de cas étaient réfractaires au traitement, la plupart pouvant être

guéris si on les soignait pendant le temps nécessaire.

Son travail fut poursuivi par l'un de ses patients, son élève, Peter Dettweiler (1837-1904),

qui ouvrit son propre sanatorium à Falkenstein dans le Taunus en 1876; il y développa la

méthode de Brehmer en y ajoutant l’entraînement musculaire graduel et l’endurcissement de la

peau par l’hydrothérapie. En même temps il s’appliquait à rendre impossible toute contamination

des malades entre eux ; à cet effet, il faisait régner dans son établissement une hygiène aussi

raisonnée que minutieuse : pour éviter la dissémination des germes, il généralisait l’usage du

crachoir de poche ; il organisait en même temps la discipline de la toux et donnait à ses malades

la meilleure leçon de prophylaxie en leur imposant l’obligation de mettre la main ou le mouchoir

devant la bouche en toussant, de façon à éviter les projections de mucus bacillifère. Dettweiler au

congrès de Berlin en 1899, résumait ainsi sa méthode de cure :

Page 20: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

18

« Nous ne possédons pas encore de traitement étiologique de la tuberculose ; la

supériorité du traitement hygiénique, diététique et physique est aujourd’hui reconnue. Ce

traitement comporte un facteur psychique réalisé par la direction, la surveillance continuelle et

l’éducation du malade. Il comprend comme moyens essentiels la cure de repos, une cure d’air

continuée même pendant la nuit, toutes deux pouvant être réalisées partout, dans tous les pays,

sous tous les climats. Viennent ensuite l’entraînement, l’endurcissement du malade qu’on obtient

par une application rationnelle de l’air libre, de la lumière, de l’hydrothérapie, de la

gymnastique, en particulier de celle des muscles respiratoires [muscles thoraciques et

diaphragme]. Il faut y adjoindre une alimentation rationnelle appropriée à chaque cas, pouvant

aller jusqu’à la suralimentation et l’emploi de l’alcool. L’hygiène du logement, du vêtement, les

mesures contre les crachats, la médication pharmaceutique complète le traitement, qui ne peut

être appliqué rigoureusement que dans des sanatoriums dirigés par un médecin habile » (34).

Un grand nombre d’établissements analogues à ceux de Gœrbersdorf et de Falkenstein

furent créés d’abord en Allemagne, puis en Suisse, en Autriche et enfin en France, c’est-à-dire

dans les climats les plus divers : les uns dans la haute montagne, les autres à une faible altitude,

quelques-uns au milieu des forêts, d’autres à peu de distance de la mer. Quand l’épouse anglaise

du Dr Otto Walther, Hope Bridges Adams, contracta la tuberculose, Dettweiler recommanda au

couple de se rendre dans la Forêt Noire, et ce fut à Nordrach que Walther (1853-1919) la ramena

à la santé. En 1888, il commença à accepter d'autres patients, passant à environ 50 lits. Nordrach

a été considéré par certains comme le meilleur développement du traitement de sanatorium

continental.

En France, le premier sanatorium fut celui de Sainte Marie de Villepinte, achevé en 1881,

sur initiative de l’«Œuvre des jeunes filles poitrinaires» créée en 1878. Un second hôpital de

phtisiques fut achevé 8 ans plus tard (en 1888) à Ormesson-sur-Marne (Val-de-Marne) « premier

hôpital gratuit ouvert en France pour le traitement hygiénique des enfants », uniquement destiné

à soigner de jeunes garçons de 2 à 16 ans, géré par l’«Œuvre des enfants tuberculeux» également

créé en 1888. L’Œuvre fonda en 1894, à Champrosay (Essonne), un second établissement, le

sanatorium Minoret, qui disposait de 100 lits ouverts aux enfants et aux jeunes filles ; puis un

troisième, le sanatorium Alice Fagniez, ouvert à Hyères (Var) en 1895 (35).

Le sanatorium du Canigou, établissement fondé en 1890 par le médecin Charles Sabourin

(1849-1920) dans la station de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), fut pendant presque une

décennie le seul établissement français accessible aux tuberculeux pulmonaires adultes ; encore

s’agissait-il d’un sanatorium payant.

Page 21: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

19

Frédéric Dumarest (1870-1951), ouvrit le 23 août 1900 le Sanatorium Félix Mangini à

Hauteville (Ain) , sous l’égide de « L'œuvre Lyonnaise des Tuberculeux Indigents », premier

sanatorium populaire d’altitude en France réservé aux indigents, sans inauguration, en effet le

Président de la république LOUBET qui devait l’inaugurer manquait de temps, tandis que le

centre Nestor Pirotte, premier Sanatorium de l'Assistance Publique, voyait le jour à Angicourt

cette même année, puis le sanatorium de Bligny le 8 août 1903, construit en Seine-et-Oise, par

l’œuvre des sanatoriums populaires de Paris, il accueille cent vingt-cinq malades.

La vie au sanatorium ne ressemblait pas du tout à celle de l’hôpital : les malades, levés

dès le matin, passaient une partie de leur journée à se reposer dans les galeries de cure ou même

en plein air quand le temps le permettait ; ils faisaient des promenades graduées selon leurs

forces ; les plus vigoureux, réunis par groupes, se livraient à quelques travaux peu fatigants et

des heures de récréation étaient réservées dans les salles de jeux. Les repas étaient pris en

commun au réfectoire. La discipline intérieure était très stricte : un malade qui crachait ailleurs

que dans son crachoir de poche ou qui n’exécutait pas à la lettre les prescriptions du médecin,

était impitoyablement renvoyé. Chaque malade était obligé de faire lui-même son lit et de

brosser ses effets. La surveillance était confiée à des chefs de groupe, choisis parmi les

pensionnaires, avec pour mission de participer aux soins de propreté. Sauf exception, les visites

étaient interdites et les familles étaient invitées à écrire le moins possible, car on avait observé

que ces lettres avaient toujours un effet déprimant sur les malades, qu’elles portaient à s’attendrir

sur leur état. La préoccupation constante du médecin-directeur était, au contraire, de relever leur

moral, de leur montrer la guérison prochaine comme prix de leurs efforts et de leur volonté (36).

Comme dans les sanatoriums et les stations sanitaires, le règlement intérieur s’apparentait

à une longue liste d’interdits (37) :

« Pendant les heures de cure et de repos obligatoire, fixées par l’horaire journalier :

1°Les malades doivent être constamment étendus sur leurs chaises longues respectives;

2° Les chaussons et espadrilles sont de rigueur, à l’exclusion de toute autre chaussure ;

3° Les jeux sont interdits;

4° Les chants, les cris, les rires bruyants qui troublent le repos général sont interdits; les

conversations mêmes doivent être très modérées, la parole provoquant la toux; après les repas

principaux le silence est de rigueur;

5° Les malades ne doivent pas changer de place sans autorisation ;

Page 22: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

20

6° Les chaises longues ne doivent être ni traînées, ni déplacées, ni renversées et ne

doivent servir qu’à la cure de repos;

7° L’usage de l’encre est prohibé sur les galeries;

8° Il est interdit de fumer ».

Dans les sanatoriums mixtes les horaires des pavillons des femmes sont décalés de

manière à ce que les promenades des hommes coïncident avec les séances de cure de repos chez

les femmes et vice-versa. Cette disposition était prise afin de réduire le plus possible les chances

de rencontre entre hommes et femmes, déjà séparés par un grillage dans le parc de deux mètres

de haut dont le règlement interdisait de s’approcher à moins de vingt-cinq mètres.

Cette séparation absolue était voulue afin de préserver le repos complet, le calme et la régularité

de la vie sanatoriale. L’idée ne vint jamais de réunir un jour, pour quelque motif que ce soit,

l’ensemble des pensionnaires des sanatoriums des deux sexes. Alors que certains pensaient avec

erreur que les tuberculeux présentaient une exaspération de la libido, Louis Guinard (directeur de

1903 au 1933) répétait toujours qu’il ne croyait pas à la fable disant que les tuberculeux étaient «

des embrasés ». Néanmoins, il prônait la séparation rigoureuse des sexes : L’existence

journalière du malade doit être soumise à une grande régularité, dans le plus grand calme et toute

préoccupation autre que celle de se soigner est un inconvénient, parfois un danger. L’article 8 du

décret du 10 août 1920 a d’ailleurs consacré ce principe sur la séparation des sexes dans les

sanatoriums. Le docteur Dumarest (Hauteville) partageait la même opinion (38).

Les résultats acquis alors se révélèrent très satisfaisants : plus des deux tiers des malades,

après trois mois de séjour au sanatorium présentaient toutes les apparences d’une guérison

complète et étaient en état de reprendre leur travail. Parmi ceux qui étaient soignés depuis plus

de trois ans, un quart à peine voyaient leur mal reparaître (39). Le sanatorium se révélait être un

lieu de soins certainement par le réconfort et la tranquillité d'esprit apportés à de nombreux

malades.

En 1907, le British Journal of Tuberculosis, l'antécédent de la Médecine Respiratoire, a

publié son premier numéro avec un éditorial, vraisemblablement écrit par l'éditeur, TM Kelynack

« ...Les manies et les fantaisies ont rassemblé ce qu'on appelle le traitement «en plein air», et

des prétentions impossibles ont été faites par des enthousiastes inexpérimentés quant à

l'efficacité presque miraculeuse de la résidence du sanatorium. Malgré toutes les exagérations et

Page 23: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

21

les échecs, il ne fait aucun doute que le maintien d'un mode de vie strictement hygiénique offre à

la science médicale moderne les meilleurs moyens de traiter efficacement la tuberculose » (40).

En France, la loi Honnorat du 7 Septembre 1919, faisant suite à la loi Léon Bourgeois du

15 avril 1916 qui instituait des dispensaires d'hygiène sociale, imposa la création d'un sanatorium

par département (41). La mission Rockefeller, financée par la fondation du même nom, s’assigna

pour objectif en 1917 de stimuler cet effort public avant de passer la main au Comité national de

Défense contre la Tuberculose (CNDT) créé en 1er janvier 1923 (42).

Cependant on peut dire que le nombre d'établissements était resté limité jusqu'en 1918.

Ce fut en 1932 qu’on assista à l’ouverture des plus grands sanatoriums départementaux jamais

construits en France : les sanatoriums d’Helfaut (Pas-de-Calais, 500 lits), Paul-Doumer (Oise,

338 lits), Franconville (Val-d’Oise, nouvelle aile de 210 lits), ouverture des premiers pavillons

du sanatorium de la Musse (Eure, 830 lits), achèvement du sanatorium de Villiers-sur-Marne

(Aisne, 730 lits), hôpital-sanatorium Laënnec de Dreux (Eure-et-Loir, 400 lits), Parigné-Lévêque

(Sarthe, 240 lits), Cauneille (Landes, 120 lits), etc. L’année 1933 fut également importante avec

l’ouverture des sanatoriums du Rhône (646 lits) et des étudiants (140 lits) à Saint-Hilaire-du-

Touvet (Isère), d’Aincourt (Val-d’Oise, 500 lits), de Bodiffé (Côtes-d’Armor, 200 lits), de la cité

sanitaire de Clairvivre (Dordogne, 500 lits), des sanatoriums Etienne Clémentel (Puy-de-Dôme,

210 lits), du Perron (Rhône, 300 lits), Marie Mercier (Allier, 100 lits), etc. En 1939, on comptait

230 sanatoriums, dont 189 pour le traitement de la tuberculose pulmonaire regroupant 41300 lits.

Une petite moitié de ces établissements dépendait de l'Assistance Publique, les autres l'étant

d'œuvres privées.

Page 24: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

22

L’antibiothérapie : La balle magique

La découverte de la pénicilline et des sulfamides a déclenché une multitude d'enquêtes,

non seulement pour voir quelles maladies guérissaient ces balles magiques, mais aussi pour

rechercher de nouvelles balles magiques. Cependant, aucun médicament miracle n'était efficace

contre M. tuberculosis. Depuis 1914, Selman Waksman dépistait des bactéries et des

champignons pour des composés antibiotiques. En 1939, il découvrit que les champignons

Actinomycètes avaient un effet inhibiteur marqué sur la croissance bactérienne. L'actinomycine a

été isolée en 1940 et se révéla efficace contre la tuberculose in vitro, mais trop toxique pour

l'homme ou l'animal. La streptomycine, isolée à partir de Streptomyces griseus, fut la solution

miracle que les chercheurs recherchaient depuis longtemps. Elle combinait une faible toxicité et

un effet inhibiteur élevé et, le 20 novembre 1944, le premier patient tuberculeux gravement

malade fut traité avec des résultats spectaculairement gratifiants. Le bacille de Koch semble

vaincu.

Cependant les complications liées au traitement, notamment sur l’appareil auditif, et le

développement de souches résistantes, nécessitaient de poursuivre les recherches et d’associer

les produits. C’est ainsi que se succédaient les découvertes de l’acide paraminosalicylique

(P.A.S) par Lehman en 1945, la Néomycine en 1949 par Waksman, la Viomycine en 1951, le

Pyrazinamide par Kushner en 1952, la Cyclosérine par Harned et Kropp en 1955, l’Ethionamide

par Liberman et Moyeux en 1956, la Kanamycine en 1957 par Kumazawa et Yagisawa,

l’Ethambutol par Wilkinson en 1961, la Capréomycine en 1962, la Prothionamide par

Grumbach, Rist et Brouet en 1963.

Mais après la streptomycine, les deux autres révolutions majeures de l’antibiothérapie

antituberculeuse furent la découverte d’une part de l’isoniazide par Bernstein et Robizek en

1952, puis de la Rifampicine par Maggi, Sensi, Furesz et Nitti en 1966.

La polychimiothérapie aurait dû marquer la fin de l'histoire. Dans la seconde moitié du

XXe siècle, les taux d'infection tuberculeuse ont chuté dans le monde développé. En 1987, le

Conseil consultatif pour l'élimination de la tuberculose de l'American Medical Association

prévoyait qu'en 2010, la maladie disparaîtrait dans le monde entier, comme l'un des autres grands

fléaux de l'humanité, la variole. Pourtant, les signes avant-coureurs d’une évolution contraire

étaient déjà là. En 1985, pour la première fois, le nombre de nouveaux cas de tuberculose ont

commencé à augmenter. L'Organisation mondiale de la santé appelle maintenant la tuberculose

un «feu qui fait rage» dans les pays en développement, parmi les pauvres, dans les prisons et

Page 25: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

23

chez les personnes vivant avec le VIH. Dans le monde entier, une personne est infectée par la

tuberculose chaque seconde. Qu'est-il arrivé?

Le schéma multi drogue qui a été développé peu de temps après la découverte de la

streptomycine (1943) était efficace s'il était pris continuellement, à doses régulières, pendant 6-8

mois, et c'est là que résidait le problème. Pour diverses raisons, de nombreux patients n’étaient

pas observants. Certains arrêtaient le traitement quand ils se sentaient mieux, d'autres s'arrêtaient

à cause du coût, ou des effets indésirables ou parce qu'ils ne s’accommodaient pas de

l'établissement médical. Puis s’est développé le phénomène classique de résistance aux

antibiotiques. On estime que plus de la moitié des isolats provenant de cas de tuberculose

récidivante sont résistants à au moins un médicament. Il faut en moyenne trois ans pour

développer un nouvel antibiotique; il faut trois mois pour développer un germe résistant.

Particulièrement troublant est le fait que la tuberculose et le VIH ont formé une nouvelle

combinaison mortelle. Chez les personnes immunodéprimées, M. tuberculosis est beaucoup plus

susceptible de causer une infection, créant un plus grand nombre de cas de tuberculose active et

plus de personnes qui propagent la maladie. L'OMS estime que le VIH produit chaque année 1,4

million de cas de tuberculose qui, autrement, n'apparaîtraient pas. En outre, l'augmentation de

l'immigration du monde en développement vers les pays développés, combinée à la pauvreté

existante dans de nombreuses régions où les nouveaux immigrants ont tendance à s'établir,

constitue un réservoir de tuberculose. Pour le VIH et la tuberculose, les erreurs de diagnostic et

la non-conformité compliquent le problème.

Pour ajouter l'insulte à la blessure, M. bovis est de retour et provoque la tuberculose chez

les humains, en particulier ceux qui sont séropositifs. Et M. bovis aussi développe une multi

résistance aux médicaments. Les souches de M. bovis vues avec le VIH sont souvent résistantes

à de nombreux médicaments, de sorte que les souches qui se propagent sont beaucoup plus

difficiles à traiter.

Page 26: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

24

La vaccination

La mise au point du vaccin antituberculeux par Albert Calmette (1863-1933) et Camille

Guérin (1872-1961) en ensemençant une souche bovine virulente sur une pomme de terre

imprégnée de bile de bœuf, n'altérait aucun des caractères principaux du bacille sauf son pouvoir

pathogène. La première vaccination eut lieu le 18 juillet 1921, à la crèche de la maternité de

l’hôpital de la Charité à Paris. Ce jour-là, deux pédiatres, Benjamin Weil-Hallé et Raymond

Turpin, vaccinèrent un nouveau-né dont la mère était morte de tuberculose quelques heures après

l’accouchement et dont la grand-mère était elle aussi tuberculeuse. Ce fut un succès. À la suite

de cette première vaccination, 121 nourrissons recevront par voie buccale, au cours des 10

premiers jours de la vie, 3 doses successives (10 mg chacune) à 48 heures d’intervalle, sans

aucun effet indésirable (43). L'efficacité de la vaccination s'affirme cependant malgré le drame

de Lubeck en mai 1930 où sont morts 71 enfants sur 252 après la vaccination à cause d’une

erreur de manipulation. Elle devient obligatoire en France par la loi du 5 janvier 1950, complétée

par le décret du 5 mai 1964.

Page 27: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

25

LE SANATORIUM D’ARNIERES SUR ITON (EURE) : L’HOPITAL LA MUSSE Le plus grand sanatorium pour femmes. (Photos 1-6)

La Musse appartient à une fondation « LA RENAISSANCE SANITAIRE » créé en 1928

par Almire BRETEAU entre autre député de 1924 à 1927 où il siégeait à la Commission de

l’Hygiène. Marqué par la perte de deux de ses enfants atteints de la tuberculose, il se battit pour

une action massive des pouvoirs publics en faveur de la santé populaire. Il s’engagea

personnellement, orientant ses efforts vers la création de sanatoriums dont l’insuffisance faisait

cruellement défaut. Le 2 mars 1928 la Renaissance Sanitaire était déclarée comme association à

but non lucratif et fut reconnue d’utilité publique le 8 juillet 1928.

La Renaissance Sanitaire, association privée reconnue d’utilité publique, fit usage de ce

dispositif dans ses deux grands sanatoriums de Villiers-sur-Marne (Aisne, 1930) et de la Musse

(Eure, 1932) lesquels, avec respectivement 730 et 830 lits, était alors les plus grands de France à

destination des malades des départements parisiens (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne).

Construit par les architectes Faviers, Bardin et Thiers, le sanatorium de Villiers-sur-Marne

comprenait trois grands pavillons (hommes, femmes, enfants) de 200 lits composés chacun de

deux ailes d’hospitalisation encadrant une aile de cure, disposition proche de celle du sanatorium

Despeaux-Rubod à Bligny (1903) mais strictement rectiligne. Les services généraux sont

reportés à l’arrière dans une aile transversale. Un quatrième pavillon d'une centaine de lits fut

ajouté en 1930 pour la mise en observation des malades avant leur répartition dans les différents

services de l'établissement. Ce premier établissement à peine achevé, l’association décida de le

réserver aux seuls hommes et de créer un second sanatorium, plus vaste encore, réservé aux

femmes. Ce second sanatorium fut construit à partir de 1930 à Arnières-sur-Iton (Eure) par les

mêmes architectes et selon un plan très similaire.

Le domaine de La Musse est situé sur 2 communes Saint Sébastien de Morsent et

Arnières sur Iton. Il s’étend sur 54 hectares. Il s’agit d’un ancien domaine de chasse appartenant

à la Monsieur Martin, oncle de Thérèse Martin, la Ste Thérèse de Lisieux. Le domaine doit son

nom à un terme de chasse, « se musser » ou se mucher », c’est à dire se cacher pour les

animaux.

La Fondation fait construire ce qui devait être le plus grand sanatorium pour femmes (830

lits). La première malade entre le 3 novembre 1932 avait 27 ans et elle s’appelait Fernande M.,

couturière. Parallèlement la Fondation ouvrait le sanatorium de Villiers Saint Denis (Aisne)

réservé aux hommes. La structure de l’hôpital est pavillonnaire, comportant quatre pavillons

construits sur le même modèle. La conception des pavillons est la suivante :

Page 28: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

26

- Des chambres toutes orientées vers le sud.

- Une partie centrale comportant des galeries de cure avec des chaises longues alignées côte à

côte pour les plages de repos.

- Une grande salle à manger commune.

La demande pour le traitement des femmes s’avérant bien inférieure à celle concernant

les hommes, un pavillon de 200 lits est reconverti en 1934 pour recevoir des hommes et en 1939

ce sont trois pavillons qui accueillent des hommes, un seul étant réservé aux femmes.

L’origine des patients était multiple : région parisienne, provinces, mais aussi d’Afrique

du nord. Les patients étaient accueillis pour une « CURE SANATORIALE » dont le principe

était « du grand air, du repos et de la nourriture ». Le programme de la journée était

minutieusement établi et le personnel veillait à le faire respecter avec rigueur (44) :

7 h : lever, toilette, petit déjeuner et soit promenade soit distraction à l’intérieur

9h30 - 11h00 : première plage de repos puis déjeuner

13h30 - 15h30 : deuxième plage de repos

15h30 - 16h30 : temps libre

16h30 : goûter

17h - 18h30 : troisième plage de repos

19h00 : diner et après un court entracte, extinction des feux.

Les plages de repos se déroulaient dans les galeries prévues à cet effet, dans les pavillons

eux-mêmes, orientées au Sud de sorte à bénéficier du maximum d’ensoleillement et équipées de

chaises longues et de couvertures. Il est servi quatre repas par jour aux malades :

Petit déjeuner : café au lait, pain et beurre

Déjeuner : potage, entrée, viande, légumes, fromage ou dessert

Goûter : thé au lait, pain et chocolat

Dîner : potage, viande, légumes et dessert

Après 8 ans de fonctionnement survint la seconde guerre mondiale. La Musse dut être

évacuée le 6 juin 1940 après le bombardement d’Evreux. Mais à la mi-juillet l’établissement

rouvrait ses portes et accueillit 300 malades. En janvier 1941 la Préfecture réquisitionna un

pavillon pour l’armée Allemande. En mars 1944 la totalité de La Musse fut réquisitionnée. Les

allemands abandonnèrent l’établissement qui fut rouvert dans un état piteux le 27 novembre

Page 29: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

27

1944 pour être de nouveau réquisitionné au début de 1945 par l’armée américaine. Ce ne fut

qu’en 1947 que la Fondation récupéra la totalité de l’établissement mais dans un état de

délabrement important avec une estimation de travaux à réaliser évaluée (en euros) à 2.7

millions. Ces travaux ne débuteront qu’en 1953.

En même temps, la chirurgie thoracique se développait, la vieille et mutilante

thoracoplastie faisait place à la chirurgie d’exérèse. Un bloc opératoire est crée à la Musse,

inauguré en 1956 par le président Mendes France. Les interventions sont assurées par des

chirurgiens venant de Paris avec leurs équipes, tels que le Pr Lebrigand. Mais le fonctionnement

sera de courte durée, sur quelques années en raison de la diminution des indications

chirurgicales avec l’arrivée des antibiotiques antituberculeux majeurs, d’abord le Rimifon puis la

Rifampicine. Pour la même raison, dès 1960, grâce à l’antibiothérapie les indications de séjour

en sanatorium devenaient moins fréquentes et à partir de 1962 l’établissement dut élargir son

recrutement dans la prise en charge de patients de pneumologie générale (BPCO, Asthme,

insuffisance respiratoire, cancer du poumon et toute affection pulmonaire). (45)

Les conséquences psychologiques et sociales après les mois voir les années de séjour en

sanatorium étaient loin d’être négligeables. En plus du retentissement psychique de la maladie et

de son image négative, le rythme de vie très ralenti imposé aux patients tout au long de leur

séjour les rendait difficilement récupérables sur le plan social. L’hospitalisation prolongée

associée à la vision de la maladie tuberculeuse et de ses séquelles en faisait des handicapés

incapables de se réinsérer. Ainsi se développa une reconversion sur place, formant le personnel

soignant à partir des malades qui avaient acquis toute l’expérience nécessaire. Les étudiants en

médecine devenaient phtisiologues, les malades restaient comme aides-soignants et infirmiers.

Une possibilité de vie et de carrière et vie se faisait jour sur place et il se développa un système

de vie en quasi autarcie (tous corps de métier présents, magasin d’alimentation, station

service…).

Page 30: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

28

LA RECONVERSION :

La diminution du taux de tuberculose et de la chirurgie liée à la maladie imposa une

nécessaire reconversion de l’établissement. Le Décret du 16 Avril 1969 (Figure IV) autorisait les

sanatoriums à recevoir des patients autres que tuberculeux. La Musse étendit alors ses

compétences à la prise en charge des pathologies cardiaques à partir de la fin des années 60, puis

de diverses spécialités : diabétologie, neurologie, oncologie, gériatrie… L’expérience en

kinésithérapie et en réadaptation et malheureusement les nombreux accidentés de la route ont vu

ainsi déboucher la création de la rééducation fonctionnelle motrice dernière étape de la

conversion dans les années 70. Cette reconversion a nécessité la modernisation des pavillons, des

plateaux techniques, mais aussi le recrutement de personnel qualifié et spécialisé. La conversion

de l’établissement a été reconnue officiellement dans l’arrêté ministériel du 19 mai 1975 (Figures

V-VI).

L’hôpital de la Musse aujourd’hui :

Reconnue d’utilité publique par décret du 8 juillet 1928 et selon ses statuts approuvés par

arrêté du 6 novembre 2000, la Fondation La Renaissance Sanitaire avait pour mission : « La lutte

contre la tuberculose, la prévention et le traitement de toute pathologie médicale notamment par

l'acquisition, la construction, la gestion, l'administration de sanatoriums, de préventoriums et de

tous établissements de santé à but non lucratif participant ou non au service public hospitalier ».

Ses missions (décret n° 2008-376 du 17 avril 2008)

• La limitation des handicaps physiques

• La restauration somatique et psychologique

• L’éducation de son patient et de son entourage

• La poursuite et le suivi des soins et du traitement

• La préparation de la sortie et la réinsertion

Son action s'étend à l'exercice de toute activité au caractère préventif ou curatif

complémentaire ou accessoire, à des actes ou pratiques thérapeutiques et à toute contribution à

l'amélioration de la distribution des soins, au progrès, à la vulgarisation des techniques

médicales.

Page 31: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

29

Mais depuis les débuts de la reconversion, à aucun moment le recrutement de tuberculeux

n'a atteint le zéro. Bien qu’en sensible diminution, il persistait un noyau d’une cinquantaine de

malades tuberculeux jusque dans les années 90.

Page 32: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

30

LA FIN DES SANATORIUMS ?

Leurs dimensions, leur situation géographique et bientôt leur vétusté, tout concourut à

l'abandon de ces structures. Il est heureux que certains aient pu être reconvertis en structures de

moyen séjour (Lay-saint-Christophe) ou en instituts de rééducation (Saint-Hilaire-du-Touvet).

D’autres grands sanatoriums en France ont dû fermer leurs portes et être laissés à l’abandon tel

que le sanatorium Simone Weber (Lorraine), Eugène Aram (Aquitaine), Michel Peiry

(Languedoc), Mary Bell (Bourgogne), Julia Fazekas (Côte d’Azur), Inez Palmer (Val d’Oise),

Sanatorium de Dreux, Nestor Pirotte (Picardie),

Est-ce une bonne politique que d’abandonner ces établissements cinquante ans après la

Loi Honorat de 1919 ? La tuberculose est loin d’être éradiquée : formes résistantes, association à

d’autres pathologies chroniques (HIV), arrivés de migrants contaminées, logés dans des centres

surpeuplés insalubres et fermés, la population carcérale, l’augmentation de la pauvreté en France,

tous facteurs entretenant la maladie et faisant de la tuberculose un problème de santé non résolu.

Les patients tuberculeux sont maintenant hospitalisés principalement dans les services de

maladies infectieuses qui ne peuvent présenter les conditions favorables de prise en charge

offertes par les anciennes installations de sanatorium. La tuberculose est l’une des 10 premières

causes de mortalité dans le monde. En 2016, 10,4 millions de personnes ont contracté cette

maladie et 1,7 million en sont mortes (dont 0,4 million ayant aussi le VIH). Plus de 95% des

décès dus à la tuberculose surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Sept pays

totalisent 64% des cas, avec l’Inde en tête, suivie de l’Indonésie, de la Chine, des Philippines, du

Nigéria, du Pakistan et de l’Afrique du Sud. En 2016, on estime que 1 million d’enfants ont

développé la tuberculose et 250 000 en sont morts (à l’exclusion de ceux ayant le VIH). La

tuberculose est le premier facteur de mortalité chez personnes VIH-positives: en 2016, 40% des

décès de séropositifs ont été dus à la tuberculose. La tuberculose multi résistante demeure une

crise de santé publique et une menace pour la sécurité sanitaire. L’OMS estime à 600 000 le

nombre de nouveaux cas présentant une résistance à la rifampicine – le médicament de première

intention le plus efficace – dont 490 000 sont des cas de tuberculose multi résistante. On estime

que le diagnostic et le traitement de la tuberculose ont permis de sauver 53 millions de vies entre

2000 et 2016.

Mettre un terme à l’épidémie de tuberculose d’ici à 2030 fait partie des objectifs de

l’Organisation Mondiale de la Santé adoptés en 2015 (46).

Page 33: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

31

CONCLUSION

La tuberculose est historiquement une des principales maladies infectieuses et

contagieuses, due à des bactéries appartenant au genre Mycobactérium. Elle a sévi de deux

manières : sous forme endémique et sous forme d'épidémies meurtrières. La régression de la

tuberculose est assez régulière depuis 1950 suite aux gros efforts de recherche entre 1945 et

1970. Le succès de l'antibiothérapie a conduit par la suite à l'abandon quasi total de ces

recherches. Actuellement, on se trouve placé malheureusement, devant un fardeau énorme

consécutif à des années de négligence, à l'existence d'une interaction entre infection VIH et

tuberculose et à l'émergence de souches de bacilles tuberculeux multi-résistants. Tout ceci se

combine pour faire de la tuberculose l'une des toutes premières priorités d'action et de

recherche en matière de santé internationale.

Dr Nabil Assis – Juillet 2018

Page 34: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

32

ANNEXE

Page 35: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

33

Les stations sanitaires françaises (1915-1920) (En majuscules les établissements qui accueillaient avant la guerre des tuberculeux, en gras ceux construits ex nihilo ou

constitués principalement par des extensions, avec astérisque ceux qui conserveront après la guerre une affectation sanatoriale) 47

Département-Lieu Nombre de lits ouverture Usage avant la guerre Usage après la guerre

01) BELLECOMBE * 34 1918 Sanatorium (1909) sanatorium départemental

03) Le Montet * 150 ? - sanatorium départemental

06) Menton (établ ; russe) 67 mars 1916 ? ?

06) Menton (Les Rosiers) 45 mars 1917 ? ?

12) Engayresque * 80 1918 ? sanatorium départemental

15) Le Begut 100 août 1916 ? Incendié en 1919

17) Montlieu 62 mai 1916 séminaire désaffectée après la guerre

19) Boulou les Roses * 1918 château école de rééducation (1920-26) sanatorium départemental (1927)

24) Vanxains 25 janvier 1916 ? désaffectée après la guerre

24) La Meynardie * 100 février 1917 château sanatorium départemental

25) Villeneuve d’Amont * 80 1918 colonie de vacances sanatorium privé agrée

26) Porte les Valence 80 juin 1916 ? désaffectée après la guerre

27) Frileuse 75 février 1916 ? désaffectée après la guerre

29) Huelgoat * 60 janvier 1916 ? ?

29) Plougonven * 200 mai 1920 - sanatorium départemental

33) PESSAC * 100 novembre 1915 sanatorium (1902) sanatorium départemental

33) Lège * 180 1918 - sanatorium départemental

36) Touvent 60 décembre 1915 désaffectée après la guerre

37) Les Brandelles 40 février 1916 orphelinat désaffectée après la guerre

38) Les Membrole (Bel Air) * ? - sanatorium privé assimilé

38) La Tronche * 180 février 1917 asile de vieillards hôpital – sanatorium

38) La Tronche (Taillefer) * 120 1920 - hôpital – sanatorium

38) Seyssuel * 250 ? château sanatorium départemental

41) LES PINS * 150 janvier 1916 sanatorium 1900 sanatorium privé

42) Saint – Jodard * 350 novembre 1915 séminaire sanatorium d’Etat puis

départemental (1935-1937)

45) Chapelle St. Mesemin * 60 mai 1916 séminaire sanatorium départemental

46) Montfaucon * 300 juin 1917 séminaire sanatorium des PTT (1921)

47) Monbran * 80 septembre 1917 château sanatorium départemental (1923)

53) Clavières * 120 mars 1916 château appartenant au

séminaire de Laval

sanatorium d’Etat (1925)

sanatorium départemental (1932)

58) Pignelin * 200 mai 1916 séminaire sanatorium départemental

63) Les Roches 75 novembre 1916 château prévention départemental

64) CAMBO * 120 novembre 1915 sanatorium ?

64) TRESPOEY * 50 mars 1916 sanatorium (1896) sanatorium privé

69) Alix 300 novembre 1915 séminaire désaffectée après la guerre

69) Bayère château sanatorium privé assimilé

71) Semur en Brionnais 80 février 1916 asile de vieillards désaffectée après la guerre

71) La Guiche * 250 1918 - sanatorium départemental

75) Maison de cure 26 décembre 1915 ? ?

76) Canteleu 1918 - désaffectée après la guerre

76) St-Etienne-du-Rouveray * 65 décembre 1915 ? désaffectée après la guerre

76) OISSEL * ? sanatorium (1903) sanatorium départemental

78) Ris-Orangis (cheminot) * ? sanatorium des cheminots

83) TAXIL * 50 mai 1916 sana. des PTT (1906) école de rééducation

Page 36: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

34

QUELQUES TUBERCULEUX CELEBRES :

Balzac, Honoré de (1799-1850)

Barthes, Roland (1915-1980)

Camus, Albert (1913-1960)

Charles IX, Roi de France (1550-1574)

Chopin, Frédéric (1810- 1849)

Gauguin, Paul (1848-1903)

Goethe, Wolfgang (1749-1832)

Henri VIII, Roi d’Angleterre (1491-1547)

Kafka, Franz (1883-1924)

Leopardi, Giacomo (1798-1837)

Maupassant, Guy (1850-1893)

Modigliani, Amedeo (1884-1920)

Poquelin Jean-Baptiste dit Molière, (1622-1673)

Musset, Alfred (1810-1857)

Paganini, Niccolo (1782-1840)

Poisson Jeanne-Antoinette (Madame de Pompadour) (1721-1764)

Rousseau, Jean-Jacques (1712-1778)

Watteau Antoine (1684-1721)

Page 37: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

35

Figure I. SEE Germain : De la Phtisie Bacillaire des poumons 1884

Page 38: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

36

Figure II. Répartition Géographique des entrantes (Femmes) Pendant l’année 1935

Page 39: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

37

Figure III. Répartition Géographique des entrants (Hommes) Pendant l’année 1935

Page 40: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

38

Figure IV. DECRET DU 16 AVRIL 1969

Page 41: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

39

Page 42: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

40

Figure V. Conversion totale du Sanatorium de La Musse Sis à Evreux le 10 octobre 1972

Figure VI. Modification de la répartition des lits du Sanatorium de La Musse à Evreux le 9 mai 1975

Page 43: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

41

Photographie 1 : Sanatorium Emile Roux (La Musse) 1935

Page 44: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

42

Photographie 2 : Pavillons des Hommes et des Femmes

Page 45: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

43

Photographie 3 : Pavillons du sanatorium la Musse en 1935

Page 46: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

44

Photographie 4 : Chambre particulière et à 3 lits et Galerie de Cure

Page 47: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

45

Photographie 5 : Réfectoire et salle de Réunion

Page 48: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

46

Photographie 6 : Salle de soin, Rayons U.V, Dentisterie et Salle de Radiographie

Page 49: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

47

BIBLIOGRAPHIE

1. Daniel V.S. et Daniel T.M. « Old Testament Biblical References to Tuberculosis »,

Clinical Infectious Diseases, Oxford University Press (OUP), vol. 29, no 6, 1er décembre

1999, p. 1557-1558

2. Coury Ch. La tuberculose à travers les âges, grandeur et décadence d'une maladie. Ed.

Lepetit, 1972, 7-161 I

3. Grellet, Kruse, Histoire de la Tuberculose, éd. Ramsay1983, p 88

4. Lumière A. La tuberculose, maladie congénitale. éd Albin Michel Paris, 1946, 12

5. Azizi MH, Bahadori M. « A brief history of tuberculosis in Iran during the 19th and 20th

centuries », Arch Iran Med, vol. 14, no 3, mai 2011, p. 215-219 (PMID 21529117)

6. Bloch Marc, Les Rois Thaumaturges, 1923 p.93

7. Sbalchiero Patrick L'Église face aux miracles de l'Évangile à nos jours, Paris, Fayard,

octobre 2007, 483 p. (ISBN 9782213620978)

8. Mollaret Henri, Les grands fléaux, Seuil, 1997 (ISBN 978-2-02-115707-9), p. 266

9. Maral Alexandre : Le Roi-Soleil et Dieu : Essai sur la religion de Louis XIV, préface de

Marc Fumaroli, éd. Perrin, Paris 2012, p. 100.

10. Frascator, Les trois livres de J Frascator sur la contagion, les maladies infectieuses et

leur traitement (traduction L. Meunier). Société d'édition scientifique Paris, 1893

11. Romagnoli G., l’evoluzione de concetto della contagiosita della profilassidella

tubercolosi polmonare attraverso i secoli Giorn, Batt, Virol., 61, 1968.

12. Morpugo E., Lo studio di Padoua, le epidemie ed i contagi durante il Governo della

Republica Veneta (1405-1797), Venise, 1922, cité par Ch. Coury, op.cit

13. Dezeimeris Jean-Eugène, Ollivier Charles Prosper, Raige-Delorme Jacques, biographie

de Pierre Desault dans le Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne...

[archive], volume 2, Béchet Jeune, 1834, p. 54

14. Berche Patrick, une histoire des microbes, éd John Libbey, 2007, p.68

15. Duffin J.M « Caspard Laurent Bayle (1774-1816) et son legs scientifique: au-delà de

l'anatomie pathologique », Bulletin canadien d'histoire de la médecine, vol. 3, no 2, 1985,

p. 167-184 (lire en ligne).

16. Maczel Marta« Sur les traces de la tuberculose » critères diagnostiques des atteintes

tuberculeuses du squelette humain et leur application dans des séries anthropologiques

hongroises et françaises », sur phd.okm.gov.hu (consulté le 16 juillet 2010).

17. Dubos R J. The white plague: tuberculosis, man, and society (lire en ligne), p. 153.

18. Grellet I. et Kruse C., histoires de la tuberculose, éd Ramsay1983, p. 30

Page 50: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

48

19. Gasparon Diana « Petite histoire des grandes épidémies » [archive], sur Société belge

d’histoire de la médecine (consulté le 17 mai 2016).

20. Valentin Michel, François Broussais, empereur de la médecine : jeunesse,

correspondance, vie et œuvre, Association des amis du Musée du pays de Dinard, 1988, p

178 et 190

21. Http://medarus.org/Medecins/medecinstextes/auenbrugger.htm

22. Codell Carter Kay, The rise of causal concepts of disease: case histories, p18 [archive],

sur books.google.fr (consulté le 16 juillet 2010).

23. Grellet I et Kruse C, histoire de la tuberculose, éd Ramsey 1983, p.85

24. Villemin J.A, Études sur la tuberculose : preuves rationnelles et expérimentales de sa

spécificité et de son inoculabilité, Paris, J.B. Baillière et fils, 1868.

25. Grellet I. Kruse C, histoire de la tuberculose, éd Ramsey 1983, p.87

26. Caiazzo Giulio, Monzani Gian Paolo, www.ambulatoridipneumologia.it/curiosita/i-

bacilli-della-tubercolosi/

27. R. Koch, Mémoire présenté le 24 mars 1882 à la Société de physiologie de Berlin, cité

par Grellet & Kruse 1983, p. 92.

28. Cité par Grellet et Kruse 1983, p 37.

29. Riva Michele, « From milk to rifampicin and back again: history of failures and

successes in the treatment for tuberculosis », J Antibiot, Nature Publishing Group, vol.

67, no 9. 6 août 2014, p. 661-665

30. Coury Charles, la tuberculose au cours des âges, grandeur et déclin d’une maladie, éd

Lepetit à Suresnes, 1972

31. Pradalié Pierre, Histoire du traitement curatif de la tuberculose pulmonaire au xxe siècle,

Th. Dr Médecine, Univ. Nancy 1, 2000, n° 30, 109 f., ill., 66 réf.)

32. Sée Germain, De la Phtisi bacillaire des poumons, Ed. Delahaye et Lecrosnier, Paris

1884, p3.

33. Condrau F. « Lungenheilanstalt und Patientenschicksal: Sozialgeschichte der

Tuberkulose in Deutschland und England im späten 19. Und frühen 20. Jahrhundert ».

Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2000.p57

34. Dettweiler, « Le traitement hygiénique et diététique de la tuberculose pulmonaire et le

traitement dans les sanatoriums. Congrès de la tuberculose, Berlin, 1899 », in Revue

d’hygiène et de police san., 1899, n°21, p. 738.

35. Congrès international de la tuberculose, Paris, Masson, 1905, p. 377

36. Barth Henri, La Tuberculose à Paris et les Sanatoriums populaires, Revue des Deux

mondes, 5e période, tome 2, 1901, p 916.

Page 51: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

49

37. J.O. 20 juillet 1917, p. 702

38. Bligny et son histoire, du sanatorium au centre hospitalier p17-18-19

http://www.chbligny.fr/uploads/media/Bligny_historique_edition_2015.pdf,

39. Barth H. La Tuberculose à Paris et les Sanatoriums populaires Revue des Deux Mondes,

5e période, tome 2, 1901, p 918

40. British J Tuberculosis, 1 (1907), pp. 1 – 4

41. Knibiehle Yvonne « La « lutte antituberculeuse » instrument de la médicalisation des

classes populaires (1870-1930) », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 86, no

2, 1979, p. 325-329).

42. Lion Murard et Patrick Zilbermann, « La mission Rockefeller en France et la création du

Comité national de défense contre la tuberculose (1917-1923) », Revue d’histoire

moderne et contemporaine, no 34-2, 1987, p. 200)

43. Weil-Hallé B, Turpin R. Sur la vaccination antituberculeuse de l’enfant par le BCG. Ann

Inst Pasteur 1927, 41 (no 3) : 254-270

44. Leroy Roger, du sanatorium aux défis du futur, ed La Renaissance sanitaire, p.83

45. Marion Louis, La Musse, un peu d’histoire, 1986, p 9

46. Organisation mondiale de la santé, Rapport sur la lutte contre la tuberculose dans le

monde 2017,

47. Philippe Grandvoinnet, Histoire des sanatoriums en France (1915-1945), 29.6.2010, p

157.

48. Iconographies, archives La Musse, rapport annuel, La Renaissance Sanitaire, 1935.

Page 52: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique

50

RESUME

L'objectif de ce travail est de retracer l'histoire de la tuberculose à travers les

siècles de l'Antiquité à nos jours, depuis les croyances irrationnelles et religieuses, et les

traitements empiriques du passé jusqu'au pneumothorax et à l'ère de l'antibiothérapie.

Nous insistons sur le rôle important joué par les sanatoriums dans le traitement de la

maladie, en particulier le Sanatorium La Musse, à Arnières/ Iton (Eure) qui fut l'un des

plus grands d'entre eux. .Aujourd'hui la plupart de ces établissements ont fermé ou se sont

reconvertis. Mais malheureusement, nous n'avons pas abouti à l'éradication de la

tuberculose en raison de nombreux facteurs: émergence de souches résistantes aux

antibiotiques, co-infection avec le HIV, pauvreté et grandes migrations des populations.

L'objectif de l'OMS est de mettre un terme à cette épidémie d'ici à 2030. Il est possible

que les sanatoriums retrouvent leur utilité dans les temps à venir.

ABSTRACT

The purpose of this work is to pass in review the history of tuberculosis across the

centuries from Antiquity until nowadays, from irrational, religious beliefs and empirical

treatments of the past until pneumothorax and antibiotic therapy era. We insist on the

important part realized by the sanatoriums in treatment of tuberculosis, especially the

Sanatorium La Musse, on Arnières/Iton (Eure), one of the biggest of them. Today most of

these establishments are closed or reconverted. But unfortunately, tuberculosis is not yet

extinguished because many factors: emergence of strains of multi-drugs resistant

tuberculosis, co-infection with HIV, poverty and large migrating people. The goal of

WHO is to end this epidemic here at 2030. Maybe sanatoriums could be again useful in

the next times.

Page 53: DE LA SCROFULE A LA TUBERCULOSE AU ... › pdf › Memoire-DU...2 PREAMBULE: L’histoire de la tuberculose semble remonter à celle du genre humain, tandis que l’unité nosologique