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politique 7 Limogeage de Yao PauL N'dré: La Parade de ouattara Pour iNcuLPer gbagbo C'est fait ! Le président du Conseil consti- tutionnel Paul Yao N'Dré a passé le té- moin, hier, à Francis Vangah Wodié, lui aussi constitutionnaliste de formation (par ailleurs président du Parti ivoirien des travailleurs). Si les langues se délient difficilement pour l'instant au sein du cab- inet d'Alassane Ouattara et autour du président partant, une chose est claire, le départ de Paul Yao N'Dré et la nomination de Francis Wodié, qui a apporté un soutien actif à Alassane Ouattara au deuxième des élections, augure des lendemains tu- multueux pour Laurent Gbagbo. Evincé du pouvoir par les forces pro-Ouattara, aidées en cela par l'Onuci et l'armée française, L aurent Gbagbo bénéficie d'un statut spécial d'ancien chef d'Etat. A cet effet, il a droit à une procédure spéciale. De par ce statut, il est de facto membre du Conseil constitutionnel selon les textes de loi, ce qui oblige la justice ivoirienne à agir autrement. Ainsi, une requête doit être adressée au Conseil constitutionnel qui doit à son tour autoriser des poursuites contre Laurent Gbagbo. Une fois l'autorisation obtenue, les nouvelles autorités pourront enclencher la procédure judiciaire. Au regard de la loi fonda- mentale (l'Article 89 - Titre VII du Conseil con- stitutionnel), «le Conseil constitutionnel se compose : d'un président; des anciens prési- dents de la République, sauf renonciation ex- presse de leur part; de six Conseillers dont trois désignés par le président de la République et trois par le président de l'Assemblée nationale». Pourtant, l'article 93 de la loi fondamentale ivoirienne stipule qu'«aucun membre du Conseil constitu- tionnel ne peut, pen- dant la durée de son man- dat, être poursuivi, arrêté, détenu ou jugé en matière criminelle ou correc- tionnelle qu'avec l'autorisa- tion du Con- s e i l » . Laurent Gbagbo étant de facto, mem- bre du Con- s e i l constitu- tionnel en sa qualité d'ancien chef d'Etat, aussi longtemps que le Conseil constitutionnel n'en donnera l'au- torisation, il ne pourra pas être poursuivi. Yao Paul N'Dré, un obstacle à la poursuite de Gbagbo? Cette interrogation mérite d'être posée d'autant plus que les nouvelles autorités n'ont pas jusque-là adressé de requête auprès du Conseil constitutionnel pour demander la levée de l'im- munité de Laurent Gbagbo. Bien que le clan Ouattara exige la traduction de l'ancien chef d'Etat devant les tribunaux. Selon une source crédible proche du ministère de la Justice, cette hésitation se justifie. Et tient également compte du fiasco qui pourrait en découler et gripper d'éventuelles poursuites dont les médias s'en feraient écho au détriment du pouvoir. D'autant plus que le Conseil constitutionnel était présidé par Paul Yao N'Dré, un proche de Gbagbo. Et, parmi les 6 Conseillers qui siègent au Conseil constitutionnel, 4 ont été nommés sous Laurent Gbagbo et 2, récemment, par Alassane Ouat- tara. Toujours, selon la même source, si on con- sidère que ceux que Laurent Gbagbo a nommés ne donneront pas le bâton à ses bourreaux pour le «battre», on peut affirmer que le Conseil con- stitutionnel ne donnera pas son accord pour qu'il soit inculpé. Autant dire que le sort de l'an- cien chef d'Etat se trouve entre les mains de Yao N'Dré. Ouattara viole la Constitution pour obtenir l'inculpation de Gbagbo Alphonse Soro, proche du président Ouattara, Conseiller à la Primature, avait déjà donné le ton depuis plusieurs jours. Exprimant haut ce qui se susurre dans l'antichambre du pouvoir. - Ses partisans et lui ont exigé la démission de Paul Yao N'Dré, l'empêchant d'accéder à ses bu- reaux à travers une manifestation bien goupil- lée devant l'Institution. La suite, on la connaît : Yao Paul N'Dré part dans un imbroglio constitu- tionnel. Est-il poussé à la démission ? Si l'ex- président du Conseil général de Divo accepte tout de même de rendre le tablier (contre son gré), son remplacement est prévu par l'article 92 de la Constitution, dans un délai de 8 jours. Mais la célérité avec laquelle son remplaçant, le Pr. Francis Wodié, a été nommé révèle les méth- odes peu orthodoxes utilisées par l'homme fort d'Abidjan pour obtenir le départ de Yao N'Dré. Conscient de ce qu'il ne pouvait être ni con- traint à la démission ni révoqué par Ouattara, parce qu'il n'existe aucune disposition juridique. Le président de la République a compétence pour nommer les présidents du Conseil consti- tutionnel et ses collaborateurs, mais pas pour les révoquer. Le parallélisme des formes dans ce cas d'espèce étant inopérant. Le président du Conseil constitutionnel, en plus de l'immu- nité dont il bénéficie (art. 93 de la Constitution), est inamovible jusqu'au terme de son mandat de 6 ans non renouvelable, au regard de l'article 90 de la loi fondamentale. Du point de vue du droit, le président du Conseil constitutionnel est solidement protégé par la loi. Son départ avant les six ans ne pouvant être obtenu que par libre démission. S'il part main- tenant, avant la fin de son mandat, cela veut dire que Yao Paul N'Dré a démissionné. L'a-t-il fait délibérément ou est-ce cette agitation de Alphonse Soro qui l'y a contraint ? Le constat qui se dégage démontre que le désormais ex- président du Conseil constitutionnel a été poussé dans le dos. Yao N'Dré, bientôt devant les tribunaux Selon un Conseiller auprès de l'actuel chef de l'Etat, que nous avons joint pour en savoir da- vantage sur le sort qui sera réservé à l'ex-prési- dent du Conseil constitutionnel, «Yao Paul N'Dré sera passible de poursuites judiciaires » parce qu'il a enfin accepté d'entériner «la vérité des urnes» après des milliers de morts. Il aurait pu contribuer, poursuit notre source, à stopper les massacres de populations. «Paul Yao N'Dré a été un acteur direct dans le blocage du proces- sus de sortie pacifique de la crise et l'exécution des crimes sur les civils dans notre pays», re- tient-on dans l'entourage de Ouattara qui bat tous les records en matière de traque et d'em- bastillement des membres de l'opposition depuis son «installation» du 11 avril. cameroonvoice.com

DEBOUTCIV N°12 (Page 07)

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Ouattara viole la Constitution pour obtenir l'inculpation de Gbagbo 7 Yao Paul N'Dré, un obstacle à la poursuite de Gbagbo? ▉ cameroonvoice.com Yao N'Dré, bientôt devant les tribunaux Alphonse Soro, proche du président Ouattara,

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politique 7

Limogeage de Yao PauL N'dré:

La Parade de

ouattara Pour

iNcuLPer gbagbo

C'est fait ! Le président du Conseil consti-tutionnel Paul Yao N'Dré a passé le té-moin, hier, à Francis Vangah Wodié, luiaussi constitutionnaliste de formation(par ailleurs président du Parti ivoiriendes travailleurs). Si les langues se délientdifficilement pour l'instant au sein du cab-inet d'Alassane Ouattara et autour duprésident partant, une chose est claire, ledépart de Paul Yao N'Dré et la nominationde Francis Wodié, qui a apporté un soutienactif à Alassane Ouattara au deuxième desélections, augure des lendemains tu-multueux pour Laurent Gbagbo. Evincé dupouvoir par les forces pro-Ouattara,aidées en cela par l'Onuci et l'arméefrançaise,

Laurent Gbagbo bénéficie d'un statutspécial d'ancien chef d'Etat. A cet effet,il a droit à une procédure spéciale. Depar ce statut, il est de facto membre duConseil constitutionnel selon les textes

de loi, ce qui oblige la justice ivoirienne à agirautrement. Ainsi, une requête doit êtreadressée au Conseil constitutionnel qui doit àson tour autoriser des poursuites contre LaurentGbagbo. Une fois l'autorisation obtenue, lesnouvelles autorités pourront enclencher laprocédure judiciaire. Au regard de la loi fonda-mentale (l'Article 89 - Titre VII du Conseil con-stitutionnel), «le Conseil constitutionnel secompose : d'un président; des anciens prési-dents de la République, sauf renonciation ex-presse de leur part; de six Conseillers dont troisdésignés par le président de la République ettrois par le président de l'Assemblée nationale».Pourtant, l'article 93 de la loi fondamentaleivoirienne stipule qu'«aucun membre du Conseil

c o n s t i t u -tionnel nepeut, pen-dant ladurée deson man-dat, êtrepoursu iv i ,a r r ê t é ,détenu oujugé enm a t i è r ecr imine l leou correc-t i o n n e l l eq u ' a v e cl 'autor isa-tion du Con-s e i l » .L a u r e n tG b a g b oétant defacto, mem-bre du Con-s e i lc o n s t i t u -tionnel en

sa qualité d'ancien chef d'Etat, aussi longtempsque le Conseil constitutionnel n'en donnera l'au-torisation, il ne pourra pas être poursuivi.

Yao Paul N'Dré, un obstacle à la poursuite de Gbagbo?

Cette interrogation mérite d'être posée d'autantplus que les nouvelles autorités n'ont pasjusque-là adressé de requête auprès du Conseilconstitutionnel pour demander la levée de l'im-munité de Laurent Gbagbo. Bien que le clanOuattara exige la traduction de l'ancien chefd'Etat devant les tribunaux. Selon une sourcecrédible proche du ministère de la Justice, cettehésitation se justifie. Et tient également comptedu fiasco qui pourrait en découler et gripperd'éventuelles poursuites dont les médias s'enferaient écho au détriment du pouvoir. D'autantplus que le Conseil constitutionnel était présidépar Paul Yao N'Dré, un proche de Gbagbo.Et, parmi les 6 Conseillers qui siègent au Conseilconstitutionnel, 4 ont été nommés sous LaurentGbagbo et 2, récemment, par Alassane Ouat-tara. Toujours, selon la même source, si on con-sidère que ceux que Laurent Gbagbo a nommésne donneront pas le bâton à ses bourreaux pourle «battre», on peut affirmer que le Conseil con-stitutionnel ne donnera pas son accord pourqu'il soit inculpé. Autant dire que le sort de l'an-cien chef d'Etat se trouve entre les mains de YaoN'Dré.

Ouattara viole la Constitution pour obtenir l'inculpation de

Gbagbo

Alphonse Soro, proche du président Ouattara,

Conseiller à la Primature, avait déjà donné leton depuis plusieurs jours. Exprimant haut cequi se susurre dans l'antichambre du pouvoir. -Ses partisans et lui ont exigé la démission dePaul Yao N'Dré, l'empêchant d'accéder à ses bu-reaux à travers une manifestation bien goupil-lée devant l'Institution. La suite, on la connaît :Yao Paul N'Dré part dans un imbroglio constitu-tionnel. Est-il poussé à la démission ? Si l'ex-président du Conseil général de Divo acceptetout de même de rendre le tablier (contre songré), son remplacement est prévu par l'article92 de la Constitution, dans un délai de 8 jours.Mais la célérité avec laquelle son remplaçant, lePr. Francis Wodié, a été nommé révèle les méth-odes peu orthodoxes utilisées par l'homme fortd'Abidjan pour obtenir le départ de Yao N'Dré.Conscient de ce qu'il ne pouvait être ni con-traint à la démission ni révoqué par Ouattara,parce qu'il n'existe aucune disposition juridique.Le président de la République a compétencepour nommer les présidents du Conseil consti-tutionnel et ses collaborateurs, mais pas pourles révoquer. Le parallélisme des formes dansce cas d'espèce étant inopérant. Le présidentdu Conseil constitutionnel, en plus de l'immu-nité dont il bénéficie (art. 93 de la Constitution),est inamovible jusqu'au terme de son mandatde 6 ans non renouvelable, au regard de l'article90 de la loi fondamentale.

Du point de vue du droit, le président du Conseilconstitutionnel est solidement protégé par laloi. Son départ avant les six ans ne pouvant êtreobtenu que par libre démission. S'il part main-tenant, avant la fin de son mandat, cela veutdire que Yao Paul N'Dré a démissionné. L'a-t-ilfait délibérément ou est-ce cette agitation deAlphonse Soro qui l'y a contraint ? Le constatqui se dégage démontre que le désormais ex-président du Conseil constitutionnel a étépoussé dans le dos.

Yao N'Dré, bientôt devant les tribunaux

Selon un Conseiller auprès de l'actuel chef del'Etat, que nous avons joint pour en savoir da-vantage sur le sort qui sera réservé à l'ex-prési-dent du Conseil constitutionnel, «Yao Paul N'Drésera passible de poursuites judiciaires » parcequ'il a enfin accepté d'entériner «la vérité desurnes» après des milliers de morts. Il aurait pucontribuer, poursuit notre source, à stopper lesmassacres de populations. «Paul Yao N'Dré aété un acteur direct dans le blocage du proces-sus de sortie pacifique de la crise et l'exécutiondes crimes sur les civils dans notre pays», re-tient-on dans l'entourage de Ouattara qui battous les records en matière de traque et d'em-bastillement des membres de l'oppositiondepuis son «installation» du 11 avril.

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