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| actualités 5 OptionBio | Lundi 17 mai 2010 | n° 436-437 L es septicémies d’origine bac- térienne chez les adultes et les enfants représentent des infections à fort taux de mortalité et de morbidité à travers le monde. On estime à environ 20 millions le nombre d’épisodes septicémiques survenant chaque année dans le monde, qui sont responsables de 135 000 décès en Europe et 215 000 aux Etats-Unis, bien que des antibio- tiques efficaces soient disponibles. Un traitement inapproprié augmente la mortalité Les septicémies bactériennes restent donc un challenge important pour la pratique médicale dans les pays développés, en particulier chez les adultes mais aussi les enfants hos- pitalisés en unité de soins intensifs, en hématologie, chez les patients ayant bénéficié d’une transplanta- tion, chez les immunodéprimés et après une chirurgie. La mortalité et la morbidité augmentent lorsqu’un traitement antibactérien à large spectre inapproprié est débuté sans identification précise de l’espèce bactérienne infectante. PCR basée sur une détection génique Une méthode d’analyse basée sur la détection de l’ADN et l’identification de l’espèce de nombreux pathogè- nes vient d’être mise au point par une équipe de chercheurs finlandais. Au total, plus de 2 000 échantillons d’hémocultures positives provenant de plus de 3 300 échantillons san- guins de patients ayant une septi- cémie cliniquement suspectée ont été analysés à la recherche d’espè- ces bactériennes, à la fois par des cultures conventionnelles et par la méthode de “microarray”, une tech- nique par PCR basée sur la détection et l’amplification des gènes gyrB, parE et mecA de cinquante espèces bactériennes. Une méthode rapide et de bonne sensibilité/spécificité La sensibilité et la spécificité de cette méthode ont été estimées. Les résul- tats montrent que 86 % des hémocul- tures positives à un pathogène donné ont été retrouvées positives par cette technique. La méthode présente une sensibilité de 95 % et une spécificité de 99 % voire de 100 % pour les Staphy- lococcus aureus méti-R. Cette méthode est au moins de 18 heures plus rapide que la méthode de culture convention- nelle qui nécessite un à deux jours. En conclusion, cette nouvelle techni- que est plus sensible, plus spécifique et plus rapide que la méthode standard basée sur la culture bactérienne. | OPHÉLIE MARAIS L a coqueluche est responsable de 300 000 morts par an dans les pays pauvres. Aux États-Unis, plus de 80 % des 145 décès annuels liés à cette infection surviennent avant l’âge de 3 mois. Deux doses de vac- cin confèrent une protection contre les formes les plus sévères mais même une dose procure une certaine pro- tection contre les formes mortelles. La première injection a lieu au plus tôt à 6 semaines et la seconde est adminis- trée entre 10 et 16 semaines. Dans le meilleur des cas, la protection n’est pas assurée avant 2 mois et souvent beaucoup plus tard. Une moins bonne réponse avec le vaccin combiné Les stratégies pour prévenir les coqueluches précoces comportent la vaccination de l’entourage et la vac- cination en période néonatale. Les rares essais de vaccin acellulaire en période néonatale ont montré la pos- sibilité de synthèse d’anticorps mais ceux conduits avec un vaccin com- biné diphtérie-tétanos-coqueluche ont entraîné une réponse anticorps ultérieure plus faible. Des antigènes de coqueluche identiques dans les différents vaccins Des auteurs australiens ont étudié un schéma vaccinal avec un vaccin acellulaire anticoquelucheux (VaC- Coq) monovalent (GSK) administré à la naissance et à 4 semaines. Les nouveau-nés ont été divisés en 3 groupes. Le groupe I a reçu le vac- cin au cours des 5 premiers jours et à 1 mois. Le groupe II n’a eu qu’une injection dans les 5 premiers jours et le groupe III a été vacciné uniquement selon le calendrier vaccinal australien, qui a été également appliqué aux deux autres groupes, comportant hépatite B à la naissance puis à 2, 4 et 6 mois DTCoq Polio HiB hépatite B (Infanrix Hexa ® ) et pneumocoque heptavalent (Prévenar ® ). Les antigè- nes du VaCCoq sont identiques aux antigènes de coqueluche de l’Infan- rix Hexa ® soit toxine pertussique (PT), pertactine (PRN) et hémagglutinine filamenteuse (FHA). Pour chaque enfant, 5 contrôles d’anticorps ont été effectués : le 1 er chez la mère dans les 5 jours post-natals correspondant aux taux du nouveau-né et les suivants à 2, 4, 6 et 8 mois. Des résultats en faveur d’un vaccin très précoce contre la coqueluche Le VaCCoq a été bien toléré à la naissance. Dans le groupe I, à 2 mois, 22 sur 25 enfants ayant reçu 2 doses (88 %) avaient des IgG anti-PT (coqueluche) contre 9 sur 21 du groupe II (43 %) et 3 sur 20 du groupe III contrôle (15 %). Les enfants du groupe I avaient une moyenne géométrique des concen- trations d’IgG anti PT de 16 U/mL (IC 11-25) significativement plus élevée que ceux du groupe II : 5 U/mL (3-8) et du groupe III : 3 U/mL (2-5). À 8 mois, après respectivement 5, 4 et 3 doses, les IgG PT marquaient un plateau mais les IgG anti-FHA et PRN avaient aug- menté après chaque injection. Il a été constaté une tendance à des réponses anticorps un peu moins élevées pour hépatite B et HiB avec l’augmentation des injections contre la coqueluche. Ces résultats suggèrent l’intérêt d’un vaccin très précoce contre la coqueluche. | JEAN-JACQUES BAUDON © www.jim.fr Source Wood N, McIntyre P, Marshall H, Roberton D. Acellular pertussis vaccine at birth and one month induces antibody responses by two months of age. Pediatr Infect Dis J. 2010 ; 29 : 209-15. technique analytique Détection rapide par PCR des septicémies au staphylocoque doré prophylaxie Des arguments en faveur d’une vaccination plus précoce contre la coqueluche Cahier Pratique Cahier Pratique Source Tissari P, Zumla A, Tarkka E, et al. Accurate and rapid identification of bacterial species from posi- tive blood cultures with a DNA-based microarray platform: an observational study. Lancet. 2010 ; 375 : 224-30.

Des arguments en faveur d’une vaccination plus précoce contre la coqueluche

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5OptionBio | Lundi 17 mai 2010 | n° 436-437

Les septicémies d’origine bac-térienne chez les adultes et les enfants représentent des

infections à fort taux de mortalité et de morbidité à travers le monde. On estime à environ 20 millions le nombre d’épisodes septicémiques survenant chaque année dans le monde, qui sont responsables de 135 000 décès en Europe et 215 000 aux Etats-Unis, bien que des antibio-tiques efficaces soient disponibles.

Un traitement inapproprié augmente la mortalitéLes septicémies bactériennes restent donc un challenge important pour la pratique médicale dans les pays développés, en particulier chez les adultes mais aussi les enfants hos-pitalisés en unité de soins intensifs, en hématologie, chez les patients ayant bénéficié d’une transplanta-tion, chez les immunodéprimés et après une chirurgie. La mortalité et la morbidité augmentent lorsqu’un traitement antibactérien à large spectre inapproprié est débuté sans identification précise de l’espèce bactérienne infectante.

PCR basée sur une détection géniqueUne méthode d’analyse basée sur la détection de l’ADN et l’identification de l’espèce de nombreux pathogè-nes vient d’être mise au point par une équipe de chercheurs finlandais.

Au total, plus de 2 000 échantillons d’hémocultures positives provenant de plus de 3 300 échantillons san-guins de patients ayant une septi-cémie cliniquement suspectée ont été analysés à la recherche d’espè-ces bactériennes, à la fois par des cultures conventionnelles et par la méthode de “microarray”, une tech-nique par PCR basée sur la détection et l’amplification des gènes gyrB, parE et mecA de cinquante espèces bactériennes.

Une méthode rapide et de bonne sensibilité/spécificitéLa sensibilité et la spécificité de cette méthode ont été estimées. Les résul-tats montrent que 86 % des hémocul-tures positives à un pathogène donné ont été retrouvées positives par cette technique. La méthode présente une sensibilité de 95 % et une spécificité de 99 % voire de 100 % pour les Staphy-lococcus aureus méti-R. Cette méthode est au moins de 18 heures plus rapide que la méthode de culture convention-nelle qui nécessite un à deux jours.En conclusion, cette nouvelle techni-que est plus sensible, plus spécifique et plus rapide que la méthode standard basée sur la culture bactérienne. |

OPHÉLIE MARAIS

La coqueluche est responsable de 300 000 morts par an dans les pays pauvres. Aux États-Unis,

plus de 80 % des 145 décès annuels liés à cette infection surviennent avant l’âge de 3 mois. Deux doses de vac-cin confèrent une protection contre les formes les plus sévères mais même une dose procure une certaine pro-tection contre les formes mortelles. La première injection a lieu au plus tôt à 6 semaines et la seconde est adminis-trée entre 10 et 16 semaines. Dans le meilleur des cas, la protection n’est pas assurée avant 2 mois et souvent beaucoup plus tard.

Une moins bonne réponse avec le vaccin combinéLes stratégies pour prévenir les coqueluches précoces comportent la vaccination de l’entourage et la vac-cination en période néonatale. Les rares essais de vaccin acellulaire en période néonatale ont montré la pos-sibilité de synthèse d’anticorps mais ceux conduits avec un vaccin com-biné diphtérie-tétanos-coqueluche ont entraîné une réponse anticorps ultérieure plus faible.

Des antigènes de coqueluche identiques dans les différents vaccinsDes auteurs australiens ont étudié un schéma vaccinal avec un vaccin acellulaire anticoquelucheux (VaC-Coq) monovalent (GSK) administré à la naissance et à 4 semaines. Les nouveau-nés ont été divisés en 3 groupes. Le groupe I a reçu le vac-cin au cours des 5 premiers jours et à 1 mois. Le groupe II n’a eu qu’une injection dans les 5 premiers jours et le groupe III a été vacciné uniquement selon le calendrier vaccinal australien, qui a été également appliqué aux deux autres groupes, comportant

hépatite B à la naissance puis à 2, 4 et 6 mois DTCoq Polio HiB hépatite B (Infanrix Hexa®) et pneumocoque heptavalent (Prévenar®). Les antigè-nes du VaCCoq sont identiques aux antigènes de coqueluche de l’Infan-rix Hexa® soit toxine pertussique (PT), pertactine (PRN) et hémagglutinine filamenteuse (FHA). Pour chaque enfant, 5 contrôles d’anticorps ont été effectués : le 1er chez la mère dans les 5 jours post-natals correspondant aux taux du nouveau-né et les suivants à 2, 4, 6 et 8 mois.

Des résultats en faveur d’un vaccin très précoce contre la coquelucheLe VaCCoq a été bien toléré à la naissance. Dans le groupe I, à 2 mois, 22 sur 25 enfants ayant reçu 2 doses (88 %) avaient des IgG anti-PT (coqueluche) contre 9 sur 21 du groupe II (43 %) et 3 sur 20 du groupe III contrôle (15 %). Les enfants du groupe I avaient une moyenne géométrique des concen-trations d’IgG anti PT de 16 U/mL (IC 11-25) significativement plus élevée que ceux du groupe II : 5 U/mL (3-8) et du groupe III : 3 U/mL (2-5). À 8 mois, après respectivement 5, 4 et 3 doses, les IgG PT marquaient un plateau mais les IgG anti-FHA et PRN avaient aug-menté après chaque injection. Il a été constaté une tendance à des réponses anticorps un peu moins élevées pour hépatite B et HiB avec l’augmentation des injections contre la coqueluche.Ces résultats suggèrent l’intérêt d’un vaccin très précoce contre la coqueluche. |

JEAN-JACQUES BAUDON

© www.jim.fr

SourceWood N, McIntyre P, Marshall H, Roberton D.

Acellular pertussis vaccine at birth and one month

induces antibody responses by two months of age.

Pediatr Infect Dis J. 2010 ; 29 : 209-15.

technique analytique

Détection rapide par PCR des septicémies au staphylocoque doré

prophylaxie

Des arguments en faveur d’une vaccination plus précoce contre la coqueluche

Cahier PratiqueCahier Pratique

SourceTissari P, Zumla A, Tarkka E, et al. Accurate and

rapid identification of bacterial species from posi-

tive blood cultures with a DNA-based microarray

platform: an observational study. Lancet. 2010 ;

375 : 224-30.