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Anne-Marie Flambard-Héricher et François Blary (dir.)
L’animal et l’homme : de l’exploitation à la sauvegarde
Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques
Des compagnons indispensables : ânes et bovinsdans la vie quotidienne de l’Égypte ancienne(3200-1580 av. J.-C.)Catherine Chadefaud
DOI : 10.4000/books.cths.15515Éditeur : Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiquesLieu d’édition : Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiquesAnnée d’édition : 2021Date de mise en ligne : 5 octobre 2021Collection : Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiquesEAN électronique : 9782735508822
http://books.openedition.org
Référence électroniqueCHADEFAUD, Catherine. Des compagnons indispensables : ânes et bovins dans la vie quotidienne del’Égypte ancienne (3200-1580 av. J.-C.) In : L’animal et l’homme : de l’exploitation à la sauvegarde [en ligne].Paris : Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2021 (généré le 08 octobre 2021).Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/cths/15515>. ISBN : 9782735508822. DOI :https://doi.org/10.4000/books.cths.15515.
Ce document a été généré automatiquement le 8 octobre 2021.
Des compagnons indispensables :ânes et bovins dans la viequotidienne de l’Égypte ancienne(3200-1580 av. J.-C.)Catherine Chadefaud
« L’animal, sombre mystère ! … monde immense de rêves et de douleurs muettes ![…] Regardez sans prévention leur air doux et rêveur, et l’attrait que les plusavancés d’entre eux éprouvent visiblement pour l’homme ; ne diriez-vous pas desenfants dont une fée mauvaise empêche le développement, qui n’ont pu débrouillerle premier songe du berceau, peut-être des âmes punies, humiliées, sur qui pèse unefatalité passagère ? Triste enchantement où l’être captif d’une forme imparfaitedépend de tous ceux qui l’entourent, comme une personne endormie. Mais parcequ’il est comme endormi, il a, en récompense, accès vers une sphère de rêves dontnous n’avons pas l’idée. Nous voyons la face lumineuse du monde, lui, la faceobscure ; et qui sait si celle-ci n’est pas la plus vaste des deux ?1 »
1 Les hommes ont dû être au contact des animaux dans la vallée du Nil dès le
Paléolithique ancien (vers 300 000 ? av. notre ère). La situation climatique de la vallée
du Nil et du Sahara était différente de celle que nous connaissons. Dans un paysage de
savane, les hommes vivaient de la chasse probablement associée à la cueillette pour
assurer leur subsistance quotidienne. D’après les quelques sites archéologiques
identifiés, des populations semi-nomades sont installées le long de la vallée du Nil au
VIe millénaire. L’évolution climatique réduit peu à peu l’espace des savanes et les
habitants migrent vers la vallée du fleuve2. C’est peut-être à cette époque que les bœufs
sont domestiqués. Les sites paléolithiques de Basse-Égypte (Merimdé Béni-Salamé et
Maadi) ont livré des vestiges d’ossements d’animaux3 : ossements de bœufs et, plus
tardifs, ossements d’ânes. Certaines identifications ont été remises en question à Nabta
Playa (à l’ouest d’Abou-Sinabel) et à Kerma4. Ânes et bovins sont devenus
indispensables auprès d’une population sédentarisée et participent aux travaux des
champs et au portage des marchandises.
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2 L’eau détermine les lieux d’élevage possibles. Le paysage s’organise le long de la vallée
du Nil en tenant compte du rythme de la crue annuelle. Les travaux des paysans et la
vie des bergers suivent l’enchaînement des trois saisons : Akhet (« inondation ») 5 de la
mi-juillet à la mi-novembre, Peret (« sortie de terre ») de la mi-novembre à la mi-mars,
Chemou (« déficience d’eau ») de la mi-mars à la mi-juillet.
3 Au long de la vallée du Nil, l’espace cultivé est cadastré depuis des temps anciens. Il est
bordé par un espace sauvage (les marais et le chetaou ou savane). Les zones d’élevage de
bovins s’étendent des lisières de la vallée cultivée vers les marais et vers le chetaou. Il
existe des transhumances de bovins d’une région vers une autre en tenant compte des
phases de la crue du Nil. Quelques suggestions de reconstitution des espaces d’élevage
et de transhumance sont proposées sur la carte (fig. 1).
Fig. 1. – Carte de l’Égypte : Espace et végétation.
Doc. C. Chadefaud.
4 Les techniques d’irrigation permettent progressivement d’améliorer et d’étendre les
pâtures. Dans l’administration, dès l’Ancien Empire, le « chef du creusement des
canaux » joue un rôle indispensable. Les systèmes d’irrigation sont améliorés au Moyen
Empire dans la région du Fayoum : d’importants travaux hydrauliques sont mis en
œuvre sous Sésostris II6. Il semblerait que le niveau du cours de l’un des bras du Nil qui
alimentait cette dépression ait été relevé par des barrages. Le dispositif aurait été
complété par des bassins de retenue qui se seraient remplis au moment de la crue, pour
ensuite restituer leur contenu en période de basses eaux dans des canaux parallèles au
cours du fleuve. On aurait été en présence d’un système d’irrigation fondé sur le cycle
de la crue qui aurait permis d’élargir la surface des terres cultivées de part et d’autre du
Nil.
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Les ânes
5 Ces équidés ont été domestiqués de longue date en Égypte. L’âne domestique (Equus
asinus) descendrait peut-être de la famille de l’Equus africanus connu en Nubie. Pendant
plusieurs millénaires, il semble qu’il ait connu à la fois le statut de gibier et celui
d’animal domestique7.
6 Dès l’époque prédynastique (vers 3200 av. J.-C.), des ânes sont attestés parmi les
animaux issus d’un butin pris sur les Libyens, comme le montre une palette votive de
Hiérakonpolis8. Ils ont leur place dans les figurations de plusieurs tombeaux comme
celui de Ti, haut fonctionnaire de Saqqarah (Ancien Empire)9. La figuration des ânes aux
côtés des bovins dans des scènes de recensement du bétail est un thème classique des
tombeaux de propriétaires de grands domaines.
7 Les ânes participent à la vie quotidienne. Un paysan menant un troupeau d’ânes vers le
village fait partie des bas-reliefs du mastaba de Niankhnoum et Khnoumhotep à
Saqqarah10. Le travail des ânes est indispensable pour le transport des récoltes. Sur les
figurations du mastaba d’Akhethetep (fig. 2), ils portent de lourds paniers de céréales11.
Sur les figurations de la tombe d’Ihy à Deir-el-Gebraoui, les ânes transportent les bottes
de lin après la récolte. Leurs bâts sont lourdement chargés12. Ce type de scène de genre
continue d’être représenté dans les tombeaux de dignitaires provinciaux au Moyen
Empire13. C’est aussi le cas sur une scène peinte dans la tombe de Panehesy à Thèbes :
l’âne avance péniblement, le bât et son chargement d’orge déclenchent sa colère, le
paysan menace l’animal de son bâton14.
Fig. 2. – Mastaba d’Akhethetep – les ânes chargés pour le transport de céréales.
Ch. Ziegler, Le Mastaba d’Akhethetep, une chapelle funéraire de l’Ancien Empire, Paris, éd. Réunion desMusées Nationaux, 1993, p. 136-137 (dessin).
8 Rares sont les scènes où l’âne est utilisé comme monture. La tombe de Niankhkhnoum
et Khnoumhotep à Saqqarah fait cependant exception à cette règle15. Au Moyen Empire,
des tributaires de principautés « vassales » de l’Égypte utilisent les ânes avec leurs
enfants (montés sur le dos des animaux) pour apporter leurs redevances au gouverneur
de la province égyptienne de Béni-Hassan (fig. 3)16.
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Fig. 3. – Peinture du tombeau de Béni-Hasan : Les tributaires étrangers et les ânes.
Aquarelle relevée par Prisse d’Avennes, Atlas de l’histoire de l’art égyptien…, Paris, 1867.
9 Dès les époques archaïques, les ânes sont utilisés dans les expéditions à longue distance.
Un texte de l’Ancien Empire raconte l’expédition d’Hirkhouf, trésorier royal, envoyé en
mission en Nubie avec une caravane constituée de trois cents ânes avec mission de
rapporter de l’encens, du bois d’ébène et des peaux de panthères17. Au Moyen Empire,
on trouve la relation d’une expédition vers le mystérieux pays de Pount. Henou, en
qualité d’intendant, était parti de Coptos (en Haute-Égypte) avec trois mille hommes et
une caravane d’ânes pour porter le matériel, l’eau et les vivres : l’inscription figure sur
une paroi rocheuse du Ouadi Hammamat18. Au Nouvel Empire, plusieurs expéditions
sont attestées par des inscriptions laissées sur les rochers qui jalonnent la route du
Sinaï. Ces inscriptions sont regroupées sur les sites d’extraction minière. Les
expéditions avaient pour objectif d’aller extraire de la turquoise à Serabit-el-Khâdim,
au Moyen Empire et sous le règne de la reine Hatchepsout (XVIIIe dynastie). Un de ces
graffiti représente trois Bédouins (l’un est le frère du prince du Réténou) qui viennent
se faire embaucher pour le travail aux mines19.
10 Les populations étrangères à l’Égypte utilisaient aussi les ânes pour le transport des
marchandises. Cette pratique fait l’objet de l’un des bas-reliefs du temple de Deir-el-
Bahari : lors de l’expédition commerciale organisée par la reine Hatchepsout à Pount,
des habitants de Pount accompagnent le cortège officiel en apportant des marchandises
chargées sur des ânes aux Égyptiens qui viennent de descendre de bateau20. Plus
tardive, une inscription datant du règne de Séthi Ier, sous la XIXe dynastie, relate une
expédition aux mines d’or de Nubie : en raison de la chaleur torride et de l’aridité des
contrées traversées, des rotations de convois d’ânes chargés d’outres apportent
régulièrement de l’eau le long de la route de la caravane21.
11 Dans d’autres textes, il est possible de glaner ici ou là quelques allusions au travail des
ânes de bât. Dans l’autobiographie funéraire d’Amenemheb, officier de l’armée
(XVIIIe dynastie), il est mentionné qu’il fit « prisonniers treize asiatiques, prit sept ânes
vivants et treize lances de bronze » au combat22. Dans une lettre, Panehesy,
fonctionnaire de l’administration royale ramesside, demande la vérification des
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informations sur la tenue des comptes des biens du domaine d’Amon de Karnak
(activités de portage des marchandises et nombre d’ânes disponibles pour ce service).
À Deir-el-Medineh, la documentation du village où travaillent les artisans des temples
et des nécropoles de Thèbes fait référence aux ânes utilisés pour les transports de la vie
quotidienne (eau, rations alimentaires, outils…)23. Sur un ostracon issu des fouilles de ce
site, il est question de l’échange d’un âne de l’artisan Menna qui est loué par le porteur
d’eau Raiay pour une prestation de plusieurs mois. En contrepartie, Raiay doit fournir
un chargement de paille, cinq jarres de sel, un chargement de bois et une certaine
quantité de fumier24.
Les bovins
12 La documentation est plus détaillée que celle qui a trait aux ânes. Il existe, pour les
troupeaux de bovins appartenant à l’administration royale, des inscriptions dont la
tradition remonte à la première dynastie. On en garde trace dans des annales royales
comme le montrent les inscriptions de la Pierre de Palerme25. On connaît aussi, en
dehors du contexte des propriétés royales, une scène de genre représentant le défilé du
troupeau des bovins (fig. 4) en présence de son propriétaire, sans que l’on sache s’il
s’agit d’un comptage ou de la détermination du montant d’un impôt sur les troupeaux.
Le nombre des bovins dans ce troupeau est parfois indiqué en commentaire de la
représentation. On trouve cette scène sur les bas-reliefs du mastaba d’Akhethetep
conservé au Louvre26. Cette tradition se poursuit dans les usages27. Au Moyen Empire, le
haut fonctionnaire Meket-Rê assiste à la présentation annuelle de son bétail28. Au
Nouvel Empire, la présentation de bovins est peinte sur les parois de la tombe de
Nebamon, à Thèbes29, sujet repris par une peinture murale du tombeau de Tjanouny,
également à Thèbes30.
Fig. 4. – Les bovins lors du recensement (détail) du mastaba d’Akhethetep.
Ch. Ziegler, Le Mastaba d’Akhethetep, une chapelle funéraire de l’Ancien Empire, Paris, éd. Réunion desMusées Nationaux, 1993, p. 168-169.
13 Il existe des espaces de pâturages des bovins dans le Delta et au Fayoum. Les bovins
sont élevés à la lisière des terres cultivables et dans les abords des marais du delta du
Nil. Pendant la période de la crue annuelle du fleuve, les troupeaux sont déplacés31.
14 Des bovins passent un gué, le berger porte le veau sur son dos afin d’éviter que le
crocodile caché dans les marais ne vienne le dévorer comme le montrent les bas-reliefs
du mastaba de Ti à Saqqarah (Ancien Empire)32 (fig. 5) et ceux du mastaba de
Kagemeni33. Comme pour tout élevage en milieu ouvert, et de surcroît avec des
troupeaux itinérants, le bétail doit pouvoir être identifié ainsi que son propriétaire. Le
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marquage des veaux au fer, peu après leur naissance, fait l’objet d’une autre scène de
genre qui est attestée au Nouvel Empire34.
Fig. 5. – Les bovins passant un gué avec les bergers. Mastaba de Ti à Saqqarah.
Bas-relief peint. dans A. Mekhitarian, La peinture égyptienne, Skira-Flammarion, 1952, p. 11.
15 Les pratiques d’élevage en milieu ouvert ne sont pas exclusives. Il advient que soient
figurées des pratiques de stabulation : des vaches sont représentées à l’étable et des
serviteurs du domaine les nourrissent de grains. On peut légitimement s’interroger sur
la diversité de ces pratiques : sommes-nous en présence de la dualité toujours en cours
entre élevage à viande et élevage à lait ? Une scène de la tombe de Meryrê, haut
fonctionnaire de Tell-el-Amarna sous Akhenaton (vers 1360 av. J.-C.) présente un vaste
bâtiment où quatre troupeaux sont ainsi nourris35.
16 Les bovins sont également indispensables aux travaux des champs. Ils tirent l’araire
lors du labour. On fait appel à eux pour piétiner les gerbes sur l’aire de battage lors du
dépiquage de l’orge ou du blé. Les bas-reliefs du mastaba de Iymerou montrent les
bovins lors du labour36. De précieuses maquettes datant du Moyen Empire nous
donnent une représentation en trois dimensions des attelages utilisés : un paysan
empoigne les mancherons d’un araire au soc de bois et au coutre de bronze. Le timon
est accroché au joug qui accouple une paire de bœufs37. Le dépiquage du blé sur l’aire
est représenté dans la tombe thébaine de Menna38, fonctionnaire du Nouvel Empire.
17 Parfois, des légendes hiéroglyphiques accompagnent les scènes. Dans la tombe du
gouverneur de province Paheri à El-Kab, en Haute-Égypte, sous Thoutmosis III, des
extraits d’une chanson commentent la scène de travail. Un laboureur crie au jeune
garçon qui marche à côté des bœufs, une baguette à la main :
« Hâte-toi, ô conducteur, pousse les bœufs. Vois, le gouverneur s’arrête etregarde. »
18 Au-dessus de la scène de labour, on lit :
« Quelle belle journée : on est au frais, les bœufs tirent, le ciel fait selon notre désir,nous travaillons, en effet, pour le gouverneur. »
19 Sur la suite de la scène, voici ce que chante le conducteur des bœufs qui foulent l’aire
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« Foulez pour vous, foulez pour vous ! Vous les bœufs, battez pour vous ! Foulezpour vous la paille qui sera votre fourrage et le grain pour vos maîtres ! Ne vousaccordez point de repos, aujourd’hui, d’ailleurs, il fait frais39 ! »
Tabl. 1. – Ânes et bovins d’après les principales sources égyptiennes mentionnées dans le texte.
Époques Ânes Bovins
Préhistoire (époque néolithique)
et époque archaïque 5000-2780
av. J.-C.
Ossements
Site de Mérimdé Béni-Salamé
Palette des villes (Abydos)
Ossements
Sites de Mérimdé Béni-
Salamé et Maadi
Ancien Empire 2780-2280 av. J.-C.
Mastaba de Ti à Saqqarah
Mastaba de Nianchchnoum et
Chnoumhotep à Saqqarah
Mastaba d’Akhethetep à Saqqarah
Mission d’Hirkhouf en Nubie
Tombe d’Ihy à Deir-el-Gebraoui
Mastaba de Ti à Saqqarah
Mastaba de Senbi-à Meir
Mastaba de Pépiankh à
Meir
Mastaba de Kagemeni
Mastaba d’Ouserneter à
Saqqarah
Mastaba de Ptahhotep à
Saqqarah
Mastaba d’Akhethetep à
Saqqarah
Inscriptions de la Pierre de
Palerme
Statuette de Gizah
(boucher et bovin)
Moyen Empire 2052-1778 av. J.-C.
Tombe (hypogée) de
Chnoumhotep-Beni-Hassan
Tombe d’Ankhtify à Moallah
Mission de Hénou : inscription du
ouadi Hammamat
Tombe d’Antefoker à
Thèbes-ouest
Tombe de Djehoutyhotep à
El-Bersheh
Maquette en bois de
Meket-Rê à Deir-el Baharai
Nouvel Empire 1580-1085 av. J.-C.
Temple d’Hatchepsout à Deir-el-
Bahari (iconographie et
inscriptions)
Ostraca de Deir-el-Medineh
Inscription de Séthi Ier (caravane
vers les mines d’or)
Tombe de Panehesy à Thèbes-ouest
Inscription biographique
d’Amenemheb (tombe-Thèbes-
ouest)
Papyrus Harris I (Londres. B-
M 9999)
Graffiti du Sinaï
Tombe de Nebamon à
Thèbes-ouest
Tombe de Menna à
Thèbes-ouest
Tombe de Thanouny à
Thèbes-ouest
Tombe de Meryrê à Tell-
el-Amarna
Tombe de Paheri à El-Kab
Ostraca de Deir-el-
Medineh
Papyrus Boulaq II
Papyrus Harris I (Londres.
B-M 9999)
N. B. : les trois périodes intermédiaires (conflits et troubles internes) entre chacun des
empires ne sont pas prises en compte dans ce tableau.
Doc. C. Chadefaud.
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Encadrer l’économie et estimer la valeur d’échangedes ânes et des bovins dans la vie quotidienne
20 L’administration pharaonique encadre l’ensemble du travail des paysans et des
artisans, et surveille la production des biens alimentaires. La gestion étatique est liée
aux principes théocratiques40 : il convient de produire, d’enregistrer, de redistribuer et
de consommer dans le cadre d’une économie dirigée de subsistance. La surveillance est
réalisée par l’administration centrale grâce au rôle du Tjaty (ou vizir), mais aussi en
liaison avec un représentant local de l’autorité centrale, le « nomarque » (gouverneur
de la province).
21 Dans ce contexte, les bovins sont abattus et dépecés pour le service des temples et pour
la table royale, celle des courtisans et celle des hauts dignitaires. Dans les temples, les
quartiers de viande crue sont présentés dans les cérémonies d’offrandes aux dieux.
Après quoi, ils sont versés à l’ordinaire des différents clergés. Ces usages nous sont
connus par les bas-reliefs ou les peintures de scènes de boucherie qui ornent certains
mastabas tel, à Saqqarah41, le mastaba de Ti, haut fonctionnaire de l’Ancien Empire ou
la tombe du gouverneur Antefoqer, peinte de scènes figurant le découpage et le séchage
des viandes42.
22 Une scène générale de boucherie figure dans le mastaba d’Akhethotep43. Les mastabas
de Pepyankh à Meïr44, d’Ouserneter et de Ptahhotep à Saqqarah45 comportent des
décorations du même type, à quelques variantes près. Dans la tombe de Senbi, à Meïr,
un détail de la scène montre un boucher qui tranche la gorge de l’animal. Il est assisté
de deux acolytes : l’un immobilise une patte avant de l’animal tout en maintenant les
trois autres membres déjà ligotés, l’autre tient un récipient pour recueillir le sang46.
23 Comme pour les activités agricoles, le Moyen Empire est l’époque où des maquettes
sont consacrées aux activités artisanales. De petites statuettes figurant des bouchers au
travail ont été retrouvées lors des fouilles47 de Gizah.
24 Les sanctuaires royaux étaient en possession de cheptels bovins considérables. D’après
les donations effectuées par Ramsès III, la situation de trois sanctuaires majeurs est
connue : pour les temples d’Amon à Thèbes, le temple de Rê à Héliopolis et le temple de
Ptah à Memphis48.
25 Dans la société pharaonique, l’usage de la monnaie n’existe pas encore. Les biens sont
échangés par voie de troc. La rémunération des travaux de la terre ou des services
heteri s’effectue en nature. Même à titre posthume, une donation est exprimée selon ce
mode primitif, telle la donation successorale effectuée par Ramsès III au clergé du
temple d’Héliopolis qui consiste en un versement d’une rente annuelle de nourritures
diverses, dans lequel la viande bovine trouve sa place. Cependant, la valeur d’échange
des denrées, lorsqu’elles sont de nature différente, est établie selon un barème exprimé
en « deben » (étalon en or, argent ou bronze selon le montant des produits à évaluer,
équivalent à 91 gr. et comportant des sous-multiples). Il s’agit en fait d’une monnaie de
compte non circulante. C’est sans doute la caractéristique d’une économie fermée,
tournée essentiellement vers l’autosubsistance.
26 Les viandes font aussi partie des denrées alimentaires échangées entre artisans et
paysans de Deir-el-Medineh, village des travailleurs de la nécropole et des temples
royaux (XVIIIe à XXe dynastie)49. Les inscriptions sur ostraca en font état. Il est question
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de petit bétail, d’ânes, de troupeaux de type ih50, de porcs, de volatiles, de « chacals »
(ounesh) et de production de graisse d’oie. Les inscriptions relatives à ce village et à ses
habitants mentionnent parfois les termes d’un échange. Des exemples de l’époque de
Ramsès III indiquent en deben les résultats des achats et des ventes de ces biens de
première nécessité51 :
Achat et vente de bœufs : entre 45 et 127 deben par tête ;
Petit-bétail (dont béliers !) entre 2 et 5 deben ;
Âne environ 30 deben ;
Porc maximum 5 deben ;
Volatile (Apedou- terme générique) env. ¼ de deben.
Des animaux dont le travail et le déploiementénergétique eurent des effets concrets sur la vie de lasociété
27 Ânes et bovins sont domestiqués de longue date en Égypte. Ils sont indispensables dans
l’économie de subsistance de cet État centralisateur. Ces animaux sont l’objet de soins
et l’administration surveille les opérations de recensement. L’élevage des bovins
semble avoir été destiné à la production de viande et de lait. La viande de bœuf est
réservée à l’entourage du roi, et au haut clergé des temples.
28 Les ânes ont la particularité d’être à la fois gibier, en ce qui concerne les ânes sauvages
qui vivent en liberté dans la savane, et animal domestique lorsqu’on parvient à les
capturer et à les dresser. La force de travail des bovins comme celle des ânes est
largement utilisée. Aux bovins reviennent les travaux des champs. Les ânes ont connu
une sorte de spécialisation dans le transport de charges diverses. Ils sont indispensables
à la logistique des expéditions vers les mines et les carrières. La capture d’ânes et de
bovins est un exercice annexe des campagnes militaires. Les récits des campagnes
militaires accordent une place importante au dénombrement de ce type de butin qui
voisine avec les denrées précieuses qui ont pu être pillées.
29 Les facteurs qui ont permis l’éclosion de la civilisation égyptienne ancienne sont, bien
entendu d’abord le fleuve lui-même et la capacité d’organisation de la société. Mais
l’âne et le bovin viennent s’insérer dans cette organisation qui a su habilement
exploiter leurs qualités. D’abord, parce que les Égyptiens sont parvenus, très tôt dans le
cours de leur histoire, à domestiquer ces animaux. Ensuite, parce que l’âne a permis de
faire converger les produits des oasis et de la vallée du Nil vers les ports du fleuve d’où
ils pouvaient, grâce aux navires, couvrir les besoins sur plusieurs centaines de
kilomètres. Et parce que l’attelage des bovins, complément indispensable de la
domestication a introduit les bovins dans le monde des animaux de trait. L’araire est
entré en service à une époque où les peuples voisins travaillaient encore la terre à l’aide
de la houe. Les rendements obtenus avec une agriculture savante ont permis à la
population de s’accroître tout en étant à l’abri de la famine. Rendons hommage à ces
deux animaux, auxiliaires involontaires de la grandeur de la civilisation égyptienne qui,
sans eux, n’aurait sans doute pas connu la sécurité alimentaire qui lui a permis de
développer les arts et lettres !
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NOTES
1. J. Michelet, Le Peuple.
2. Voir J. Vercoutter, L’Égypte et la vallée du Nil, tome 1, p. 40-44 et chap. III sur la période
du Néolithique.
3. Sur ces sites, voir J. Vercoutter, ibid., p. 106.
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L’animal et l’homme : de l’exploitation à la sauvegarde
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4. Sur la domestication, voir F. Dunand et R. Lichtenberg, Des animaux et des hommes,
p. 19-24. Sur les identifications en Nubie, voir A. Gautier, « The Early to Late Neolithic
Archeofanas from Nabta and Bir Kiseiba », dans F. Wendorf & R. Schild (éds.), Holocene
Settlement of the Egyptian Sahara. Vol. I, The Archaeologye of Nabta Playa. New York, 2002,
p. 609-635 et M. Honegger, « Recent Advances in our Understanding of Prehistory in
Northern Sudan », dans Anderson, J. R. & Welsby, D. A. (éds.), The Fourth Cataract and
Beyond. Proceedings of the 12 th International Conference for Nubian Studies. Londres, 2014,
p. 19-44.
5. C’est le début de l’année civile.
6. Sur ce règne et l’intérêt pour le Fayoum, voir Cl. Vandersleyen, L’Égypte et la vallée du
Nil, t. 2, p. 84. Sur l’irrigation, voir K. Butzer, Early Hydraulic Civilization in Egypt, ch. I.
7. Des scènes de chasse sont encore attestées au Nouvel Empire, par exemple à l’époque
de Toutankhamon (motifs peints sur un coffret retrouvé dans sa tombe à Thèbes) : voir
F. Dunand et R. Lichtenberg, Des animaux et des hommes, p. 36-37 et fig. 16.
8. Palette dite Libyenne ou palette « des villes » (schiste, Ht. 30 cm) conservée au musée
du Caire. Voir J. Vercoutter, ibid., p. 196, fig. 28.
9. Voir P. Montet, Les scènes de la vie privée dans les tombeaux égyptiens de l’Ancien Empire,
p. 208 et Pl. XVII. La légende hiéroglyphique de la scène indique « Rassembler les
ânes », puis « rassembler 100 ânes ». Parfois l’animal est récalcitrant et trois paysans se
mettent à l’œuvre pour forcer l’âne à accepter le lourd chargement sur son dos.
10. V e dynastie, voir A. Moussa et H. Altenmüller, Das Grab des Nianchchnum und
Chnumhotep, Pl. 34. Une autre scène de ce type figure les ânes foulant le grain sur l’aire
dans le mastaba de Neferirtenef : voir F. Dunand et R. Lichtenberg, Des animaux et des
hommes, p. 38, fig. 19 (bas-relief de la Ve dynastie conservé à Bruxelles, musées royaux
d’art et d’Histoire).
11. Musée du Louvre, provenance Saqqarah. Voir Ch. Ziegler, Le Mastaba d’Akhethetep,
p. 70-71 et p. 135-136 (relevé dessiné). Sur un bas-relief du mastaba de Ti à Saqqarah,
une ânesse porte un lourd fardeau, elle est précédée de son ânon (voir Dunand et
Lichtenberg, p. 38, fig. 18). Un autre exemple provient d’un fragment de bas-relief
calcaire (fin Ve dynastie) : un groupe de cinq ânes portant des sacs fixés sur le dos, voir
Ch. Ziegler, L’art égyptien au temps des pyramides, p. 321, fig. 149 (Toronto, Royal Ontario
Museum). Pierre Montet a observé que dans les tombeaux les plus anciens le bât n’était
pas toujours en usage, mais qu’on emportait les gerbes de céréales dans une sorte de
sac appelé Iâdet : c’était une sorte de filet déployé au sol qu’on nouait aux quatre angles
une fois rempli de gerbes, voir P. Montet, Les scènes de la vie privée dans les tombeaux
égyptiens de l’Ancien Empire, p. 207 sq et pl. XVII.
12. J. Vandier, Manuel d’archéologie égyptienne, vol. VI, p. 98 et fig. 55. L’auteur fait
référence à d’autres scènes d’arrachage du lin (ibid. p. 68 et fig. 42, p. 74 et fig. 45, p. 83
et fig. 49. Un récapitulatif des scènes comportant le travail des ânes figure à la
page 144).
13. Voir les exemples réunis par J. Vandier, Manuel d’archéologie égyptienne, VI, p. 214
(fig. 91), p. 217 (fig. 92), p. 221 (fig. 35, tombe d’Ankhtyfy à Mo’alla), p. 268 (fig. 115,
tombe d’Oukhotep à Meir).
14. Tombe no 16. Photo dans A. Mekhitarian, La Peinture égyptienne, 1952, p. 145.
15. Le défunt est transporté sur une sorte de siège en osier fixé sur le dos de l’âne, voir
A. Moussa et H. Altenmüller, Das Grab des Nianchchnum und Chnumhotep, pl. 42.
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16. Peinture de la tombe du gouverneur Chnoumhotep, aquarelle figurant dans
E. Prisse d’Avennes, Histoire de l’art égyptien d’après les monuments. Réédition d’un choix
de planches (en format réduit) dans M. J. Raven, Prisse d’Avennes, Atlas of Egyptian Art,
p. 111.
17. Hirkouf ou Hirkhouf, sous le règne de Merenrê (VIe dynastie). Cette expédition dura
huit mois. Voir J. Vercoutter, L’Égypte et la vallée du Nil, t. 1, p. 333-334 et no 1.
18. Voir Ch. Desroches-Noblecourt, Hatshepsout, la reine mystérieuse, p. 194-195.
19. J. Černy, « Semites in Egyptian mining expeditions to Sinai ».
20. La scène figure dans Desroches-Noblecourt, ibid., p. 220-221 (dessin d’après Auguste
Mariette).
21. Le pharaon est en compagnie du prince héritier, le futur Ramsès II. L’inscription est
mentionnée dans K. Kitchen, Ramsès II le pharaon triomphant, p. 58-59. Sur les différentes
routes caravanières empruntées par les ânes, voir W. Helck, LdÄ, vol. III, col. 328 à 333,
article Karawanene (wege).
22. Sur la biographie de cet officier et les campagnes royales, voir Cl. Vandersleyen,
L’Égypte et la vallée du Nil, t. II, p. 305 et 320.
23. À l’époque grecque, le rôle des ânes dans les transports continue d’être
indispensable dans tous les domaines, même pour celui des ruches – papyrus grec Mich.
Zenon 29 (voir F. Dunand et R. Lichtenberg, Des animaux et des hommes, p. 231, note 28).
24. B. Menu, Recherches sur l’Histoire juridique, économique et sociale de l’ancienne Égypte,
p. 262 (d’après un texte publié par Cerny). D’autres exemples de même type sont cités
dans : P. Grandet, Catalogue des ostraca hiératiques non-littéraires de Deir-el-Medineh, t. XI,
no 10142 (et p. 124) et no 10239, 10246.
25. Bien qu’endommagée, cette pierre inscrite reflète des évènements survenus
pendant les huit règnes de la première dynastie, voir J. Vercoutter, L’Égypte et le Nil, t. I,
p. 207 sq.. et W. Helck, LdÄ, IV, col. 652-654.
26. Ch. Ziegler, Le mastaba d’Akhethetep, p. 166, 167 et inscription p. 172. Les troupeaux
sont annoncés avec successivement avec 90 bœufs, puis 86 et ensuite 80. Sur le
recensement en général, voir P. Montet, Les scènes de la vie privée dans les tombeaux
égyptiens, p. 126 sq.
27. Par exemple sur les figurations de la tombe de Djehoutyhotep, gouverneur à El-
Berseh au Moyen Empire. Voir J. Vandier, Manuel d’Archéologie égyptienne, vol. V, p. 217
et fig. 102-1. Sur d’autres figurations de troupeaux au Moyen et au Nouvel Empire, voir
J. Vandier, ibid. V, p. 192 à 194 et p. 203-204.
28. Maquette en bois polychromé, XIe dynastie. Provenance Deir-el-Bahari. Musée du
Caire. Longueur du socle 175 cm. no 46724.
29. Tombe no 146. Fragment de peinture murale conservé à Londres, British Museum.
30. Tombe n o 74, voir A. Mekhitarian, La peinture égyptienne, p. 96. Deux espèces de
bovins sont visibles : l’une à robe tachetée noire et blanc, l’autre de couleur ocre rouge.
31. Sur l’élevage, voir W. Darby, P. Ghalioungui et L. Grivetti, Food: the Gift of Osiris,
vol. 1, chap. 3 (p. 85-169). Les animaux sont présentés devant le maître ou le
responsable administratif lors du recensement. Des paysans mènent des bovins Ioua
défiler auprès du propriétaire du domaine. Par exemple sur la peinture de la tombe de
Djehoutihotep à El-Bersheh (XIIe dynastie) dans J. Vandier, Manuel d’Archéologie
égyptienne, vol. V, p. 217 (fig. 102). À quelle logique répondaient les déplacements de
Des compagnons indispensables : ânes et bovins dans la vie quotidienne de l’...
L’animal et l’homme : de l’exploitation à la sauvegarde
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troupeaux ? En été, les terres du nord recevaient-elles les bovins venus des terres
méridionales, chassés par le climat trop chaud et la réduction des espaces de pâtures
lors de la crue du fleuve ? Les prairies septentrionales humides représentaient une
réelle capacité d’accueil, mais la crue obligeait cependant à déplacer les animaux en
fonction de la montée des eaux, cependant, est-il possible d’identifier une
transhumance régulière et organisée ? L’observation des noms des provinces et des
motifs figurés sur leurs enseignes respectives permet de se faire une idée du rôle
accordé à l’élevage bovin en Basse Égypte dans le delta du Nil. En revanche, dans le sud
du pays, en Haute Égypte, l’élevage devait s’organiser le long de terrains de parcours
beaucoup plus réduits. Les pâturages accessibles et les terrains de parcours étaient
différents entre la période sèche et celle de la crue du fleuve (de juillet à fin octobre).
Un aperçu de l’évolution de la couverture végétale le long du Nil entre l’époque
préhistorique et celle de l’Ancien Empire est donné dans D. Brewer, The Archaeology of
Ancient Egypt beyond Pharaohs, p. 22 (fig. 2.5).
32. Scène de la traversée du gué, dans A. Mekhitarian, La peinture égyptienne, p. 11.
33. Photo dans P. Germont et J. Livet, Bestiaire égyptien, p. 13, fig. 8 et p. 52, p. 69 fig. 73
(sauvetage d’un veau).
34. Motif d’après un bas-relief de la tombe de Nebamon (sous la XVIIIe dynastie), voir
W. Darby, P. Ghaliounghy, L. Grivetti, Food: the Gift of Osiris, vol. I, p. 118-119 et fig. 3.19.
(dessin) et 3.20 (photo). Scène sur deux registres.
35. Figuration dans W. Darby, P. Ghaliounghy, L. Grivetti., ibid., I, p. 117, fig. 3.18 c. (les
bas-reliefs de la tombe furent publiés par Davies en 1903). Sur d’autres exemples de
scènes de stabulation, voir P. Montet, Les scènes de la vie privée dans les tombeaux
égyptiens, p. 95 sq.
36. Sur le labour, l’utilisation des bêtes d’attelage, voir C. Chadefaud, « Araire, houe et
méthodes culturales dans l’Égypte ancienne », p. 41-49, fig. 2 et 3.
37. Exemple de maquette de bois polychromé conservée au Metropolitan Museum of
Art, New York (no 51090. Moyen Empire, XIIe dynastie). Une photo figure dans
J. Vandier, Manuel d’Archéologie égyptienne, vol. IV, pl. I (no 1).
38. (no 69). XVIIIe dynastie. Peinture murale. Photo dans P. Germont et J. Livet, Bestiaire
égyptien, p. 8, fig. 3.
39. D’après A. Erman et H. Ranke, La civilisation égyptienne, p. 508. Une figuration
partielle de la scène est reproduite dans H. James, Le peuple de Pharaon, p. 110, fig. 7
(l’auteur reprend la publication de J. J. Tylor et F. Ll. Griffith, The Tomb of Paheri,
Londres, pl. III).
40. La terre appartient à Pharaon qui la gère au nom des divinités et qui en délègue la
gestion à des temples, à des domaines dont il perçoit des revenus. Les domaines des
temples gèrent leurs biens. On distingue communément les temples voués à des
divinités et les temples funéraires royaux.
41. Époque de la V e dynastie. P. Montet, Les scènes de la vie privée dans les tombeaux
égyptiens de l’Ancien Empire, p. 165, fig. 29.
42. Thèbes, XII e dynastie, voir G. Posener, S. Sauneron, J. Yoyotte, Dictionnaire de la
civilisation égyptienne, p. 38.
Des compagnons indispensables : ânes et bovins dans la vie quotidienne de l’...
L’animal et l’homme : de l’exploitation à la sauvegarde
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43. Provenance Saqqarah (V e dynastie) fouilles de Mariette. Le caveau remonté est
conservé au Musée du Louvre. Figuration du détail de la scène dans J. Vandier, Manuel
d’archéologie égyptienne, vol. IV, pl. X (no 86,3).
44. Il s’agit du dépeçage, voir P. Nicholson et I. Shaw, Ancient Egyptian Materials and
Technology, p. 301, fig. 12.1.
45. Le nombre des bouchers peut varier. P. Nicholson et I. Shaw, ibid., p. 301, fig. 12.1, b
et c. et N. de Garies Davies, The Mastaba of Ptahhotep and Akhhetep.
46. Voir W. Darby, P. Ghaliounghy, L. Grivetti, Food: the Gift of Osiris, vol. I, p. 147,
fig. 3.35. La tombe date du Moyen Empire (XIIe dynastie), la scène est peinte.
47. Statuette, voir Ch. Ziegler, L’art égyptien au temps des pyramides, p. 336 (no 165-
Chicago Oriental Museum-Ve dynastie).
48. Le grand Papyrus Harris I (Londres, B-M 9999) fait état de 421 362 bestiaux à
Thèbes, 45 544 à Héliopolis et 10 047 à Memphis. Voir P. Grandet, Le Papyrus Harris I (BM
9999).
49. Sur ce village et son mode de vie, voir D. Valbelle et J-F. Gout, Les artistes de la Vallée
des Rois.
50. Son type n’est pas identifié.
51. D’après les travaux de J.-J. Janssen, Commodity Prices from the Ramesside Period, an
economic study of the village of necropolis workmen at Thebes, et l’index des produits.
Quelques autres exemples sont mentionnés par H. James, Le peuple de Pharaon, p. 254 et
p. 266 : ils proviennent du Papyrus Boulaq II (datant de la XVIIIe dynastie). Le coût
d’une tête de taureau de race Ioua représente une valeur de ½ seniou (sous-multiple du
deben), un cuissot de taureau à courtes cornes est évalué à 3,5 seniou de cuivre et une
tête de bœuf à longues cornes a pour valeur ½ deben.
RÉSUMÉS
Les Égyptiens domestiquèrent bon nombre d’animaux de leur environnement proche pour
disposer d’animaux de trait (lors des travaux des champs, sur les chantiers du bâtiment et pour le
transport des marchandises) et d’animaux de boucherie. Dès l’époque archaïque, ânes et bovins
sont figurés. Les cheptels d’animaux domestiques sont comptabilisés dans les papyrus de gestion
des domaines de l’État et des domaines des temples. Les ânes sont des animaux de bât
indispensables sur les chantiers et lors des expéditions aux mines et aux carrières. Les bovins
sont sélectionnés soit pour l’embouche, soit pour la production de lait, soit pour les travaux
agricoles. Les sources permettent de croiser les informations issues des bas-reliefs des tombes
avec les textes de la documentation administrative (les provinces et les domaines des temples).
Ânes et bovins jouent un rôle essentiel dans l’économie de subsistance et l’accès à la production
des biens d’équipement et de consommation.
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AUTEUR
CATHERINE CHADEFAUD
Agrégée de l’université, professeure honoraire en CPGE littéraires (Première supérieure et
Lettres supérieures), docteure ès-Lettres et Sciences humaines de l’université de Paris-Sorbonne
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