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Annick Deyris, CPEM 1 PRINTEMPS DES POETES « COULEUR FEMME » Des représentations possibles connotées par la Femme : Les écoutes musicales proposées La Femme est présente en musique dans le rôle : -d’inspiratrice d’un compositeur, -d’un personnage (d’opéra ou de chanson surtout, d’un texte poétique mis en musique). C’est essentiellement sa beauté et sa sensualité qui sont célébrées. -d’interprète virtuose (vocal ou instrumental) -de compositrice. On dénombre très peu de compositrices connues au cours de l’Histoire. Deux sont citées ici : Hildegarde Von Bingen et Clara Schumann. On en compte davantage dans les musiques actuelles, principalement dans le domaine de la chanson. Le thème « Couleur Femme » peut donc se décliner selon -le timbre d’une voix, -le portrait d’une femme, (aimée, aimante, délaissée, laide, belle, douce, courtisée etc.) -l’expression personnelle Voici quelques exemples de pièces musicales pouvant être abordées en classe et permettant de balayer les différentes périodes de l’Histoire des Arts, depuis le Moyen Age. Eve, tentatrice, poussant au mal, Sorcière Divinité Travail domestique Beauté esthétique Maternité, Mère nourricière Amour homme/femme Fécondité Beauté Sensualité /laideur Femme Profession, Compositrice notamment

Des représentations possibles connotées par la Femme · Les femmes ne sont pas autorisées à chanter dans les églises. Les enfants tiennent les voix aigues. ... instrumentale

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Annick Deyris, CPEM 1

PRINTEMPS DES POETES « COULEUR FEMME »

Des représentations possibles connotées par la Femme :

Les écoutes musicales proposées La Femme est présente en musique dans le rôle : -d’inspiratrice d’un compositeur, -d’un personnage (d’opéra ou de chanson surtout, d’un texte poétique mis en musique).

C’est essentiellement sa beauté et sa sensualité qui sont célébrées. -d’interprète virtuose (vocal ou instrumental) -de compositrice. On dénombre très peu de compositrices connues au cours de l’Histoire. Deux sont citées ici : Hildegarde Von Bingen et Clara Schumann. On en compte davantage dans les musiques actuelles, principalement dans le domaine de la chanson. Le thème « Couleur Femme » peut donc se décliner selon -le timbre d’une voix, -le portrait d’une femme, (aimée, aimante, délaissée, laide, belle, douce, courtisée etc.) -l’expression personnelle Voici quelques exemples de pièces musicales pouvant être abordées en classe et permettant de balayer les différentes périodes de l’Histoire des Arts, depuis le Moyen Age.

Eve, tentatrice, poussant au mal, Sorcière

Divinité Travail

domestique

Beauté

esthétique

Maternité, Mère nourricière

Amour

homme/femme

Fécondité

Beauté Sensualité

/laideur

Femme

Profession, Compositrice notamment

Annick Deyris, CPEM 2

MOYEN AGE

XIIe siècle

o La femme compositrice;

Hildegarde von Bingen (1098-1179) ; Chant de l’extase

Hildegarde recevant l'inspiration divine

Hildegarde de Bingen est une religieuse et une grande mystique allemande, née en 1098 et morte en

1179. A l'âge de huit ans, elle entre au couvent.

A 43 ans, elle commence à consigner dans un manuscrit appelé le Scivias (du latin "Sache les voies de

Dieu") des visions qu'elle a depuis son plus jeune âge. Elle y peint de magnifiques illustrations. Elle

compose également de la musique religieuse.

Annick Deyris, CPEM 3

o La femme-Reine symbole sensuel du renouveau; Ballade de la reine d’avril,

anonyme du XIIe siècle, chanson de troubadour

Structure A A’ BB’

chant, flûtets, rebec, trompette marine, vielle à roue, tambourin à cordes, percussions

A l’entrée du temps clair

Pour joie recommencer Et pour irriter le jaloux La Reine veut montrer Combien elle est amoureuse A la rue, à la rue, Jaloux Laisse-nous danser entre nous Elle a fait partout mander

Qu’il n’y ait jusqu’à la mer Pucelle ni bachelier Qui ne vienne danser Dans la danse joyeuse Qui donc la voit danser Et son gent corps remuer Peut bien dire en vérité

Qu’elle n’a pas au monde sa pareille La joyeuse Reine

Les troubadours

La musique profane, troubadours et trouvères La poésie lyrique du Moyen Age naît au XIe siècle avec les troubadours au sud (surtout en Aquitaine) et un siècle plus tard avec les trouvères au nord et les Minnesänger dans les pays germanophones. Vers 1200, il connaît son apogée et décline au XIIIe s. La poésie lyrique est surtout cultivée par la noblesse. Troubadour et trouvère viennent de trobar, trouver, inventer des textes et de la musique. On a retrouvé beaucoup de manuscrits souvent sans la musique. Plusieurs types de chansons sont pratiquées dont -le type litanie interprétée à la manière d’épopées anciennes et où chaque vers est chanté sur la même mélodie -la chanson de geste, poèmes héroïques (Chanson de Roland) -le type chansons de danse (formes avec refrain) : ballade, virelai, rondeau (alternance chœur (refrain)/soliste chantant la même mélodie) Les mélodies sont les mêmes que les chants religieux. On adapte souvent un nouveau texte à un air existant. Il existe différents thèmes de chansons :

amour courtois (désir inassouvi, réalisations simulées) chanson d’aube (l’aube sépare les amoureux)

chanson de pastourelle (amour entre un chevalier et une bergère) chanson de croisade (appel ou narration) sirventès (politique ou morale) planh (déploration de la mort d’un seigneur) Premier troubadour connu : Guillaume d’Aquitaine (1071-1127) Sa petite fille Éléonore d’Aquitaine diffuse l’art des troubadours en épousant Louis VII roi de France puis le duc d’Anjou-Plantagenêt qui devint Henri II d’Angleterre. Pour les trouvères, beaucoup de noms sont cités : 1150-1200 : Chrétien de Troyes, Richard Cœur de Lion 1250-1300 : Jehan Bretel, Adam de la Halle

Annick Deyris, CPEM 4

o Absence de Femme

Graduel de la Messe de Noël Chant grégorien, Ecole Notre Dame, XIIe siècle, religieux, anonyme Les femmes ne sont pas autorisées à chanter dans les églises. Les enfants tiennent les voix aigues. Ils sont très jeunes pris en charge dans les monastères (nourris, logés, instruits) et doivent chanter tous les offices dans les églises. Ici c’est le contreténor Gérard Lesnes qui chante la voix aigue.

XVe siècle

o A la Femme divinité et mère

O Maria stella maris

Religieux, anonyme

Polyphonie en l’honneur de Marie

Au Moyen Age, la musique de l’Eglise réside en monodie

o A la Femme parfaite (belle, bonne et sage !)

Belle, bonne, sage, Baude Cordier: un rondeau au XVe siècle

profane

(1380 - vers 1440) est un compositeur français représentatif de l'Ars subtilior français.

Le poème de Cordier lui-même, est un rondeau articulé en décasyllabes regroupés en deux huitains. Le

refrain, formé de deux vers de 10 pieds, ouvre le rondeau. Il est suivi par quatre vers et la première strophe

se termine par une reprise du refrain.

Le second huitain est composé de quatre vers, du refrain puis par la reprise des troisième et quatrième vers

du premier huitain.

Les rimes des deux huitains sont tout d’abord embrassées, et dans la seconde partie, croisées :

1’08

1’36

2’09

3’14

Belle, bonne sage, plaisant et gente, [a]

A ce jour cy que l’an se renouvelle [b] Vous fais le don d’une chanson nouvelle [b] Dedens mon cuer qui a vous se presente. [a] De recepvoir ce don ne soyés lente, [a] Et vous suppli, ma doulce damoyselle, [b]

Belle, bonne, sage, plaisant et gente, [a]

A ce jour cy que l’an se renouvelle [b] Car tant vous aim que aillours n’ay mon entente [a] Et sy sçay que vous este seule celle [b] Qui fame avés que chascun vous appelle [b] Flour de beauté sur toutes excellente. [a]

Belle, bonne, sage, plaisant et gente, [a]

A ce jour cy que l’an se renouvelle [b] Vous fais le don d’une chanson nouvelle [b]

Dedens mon cuer qui a vous se presente. [a]

Annick Deyris, CPEM 5

Nous voyons clairement les rimes avec la terminaison –ente, notées [a] et les rimes qui finissent en –elle,

notées [b]. En groupant les vers par deux, on obtient les couples [a,b] et [b,a], que nous nommons

respectivement A et B, ce qui nous permet de visualiser la structure type du rondeau : A-B-A-A-A-B-A-B.

A l’écoute du morceau, on entend deux voix d’hommes, l’une plus grave que l’autre, accompagnées par un

instrument à cordes (luth probablement). Le refrain est toujours chanté sur la même mélodie. La voix

principale amorce le texte et est suivie de façon retardée par la seconde. Une courte introduction

instrumentale sépare les refrains et couplets.

Partition en forme de calligramme :

Annick Deyris, CPEM 6

LES TEMPS MODERNES

Renaissance o A la femme que l’on quitte

Mille Regretz Josquin Desprez

Mille regrets de vous abandoner Et d'élonger, votre face amoreuse, J'ai si grand dueil et peine douloureuse Qu'on me verra brief mes jours déffiner.

"Mille Regrets" est une chanson composée par Josquin des Prez vers 1520. C'était la chanson préférée

de Charles V et c'est pour cela qu'elle est aussi connue comme "Chanson de l'Empereur". Elle brille

grâce à la perfection de la mélodie et parce que l'adéquation au texte est merveilleuse, en devenant une

des pièces de musique la plus populaire de son époque.

Dans Mille Regrets chacune des voix sont fondamentales, une paire des voix répond à l'autre comme

pour "et peine douloureuse" où deux voix s'imitent, ou comme dans "brief mes jours definer", ou c'est

le chœur tout entier qui répète deux fois la même phrase et ensuite, à la fin, s'ajoute une coda avec ce

même texte. Toutes les voix sont destinées à être chantées.

Josquin Desprez (1450-1521), est un compositeur franco-flamand de la Renaissance. Il est le

compositeur européen le plus célèbre entre Guillaume Dufay et Palestrina et est habituellement

considéré comme la figure centrale de l'école franco-flamande. Josquin est largement considéré par les

spécialistes comme le premier maître du style polyphonique (chant à plusieurs voix simultanées) de la

haute Renaissance.

o A la Femme courtisée

Belle qui tient ma vie, Pavane, Thoinot d’Arbeau

Une pavane est une danse lente et solennelle en vogue en France et en Angleterre aux XVIe et XVIIe

siècles. La musique ici supporte également un chant.

Thoinot Arbeau, chanoine de Langres (1520-1595)

En 1582, il publie son Orchésographie ou Traicté en forme de dialogue par lequel toutes personnes

peuvent facilement apprendre & practiquer l'honneste exercice des dances. L'ouvrage connaît une

réédition posthume en 1596 et de nombreuses rééditions ou réimpressions de 1878 à 1988.

L’Orchésographie est le corpus le plus complet des danses pratiquées au XVIe siècle. C'est aussi et

surtout le premier manuel de danse qui indique avec précision les pas à exécuter en regard de la

partition musicale.

Belle, qui tiens ma vie Captive dans tes yeux, Qui m'a l'âme ravi D'un souris gracieux. Viens tôt me secourir,

Ou me faudra mourir.

Pourquoi fuis-tu mignarde? Si je suis près de toi Quand tes yeux je regarde Je m'y perds dedans moi Car tes perfections Changent mes actions.

Approche donc, ma belle, Approche-toi, mon bien. Ne me sois plus rebelle, Puisque ton cœur est mien. Pour mon mal apaiser, Donne-moi un baiser.

Annick Deyris, CPEM 7

o A la Femme aimée

Quand tu tournes tes yeux, Ronsard/de Castro

Ensemble Clément Janequin : soprano, haute-contre, ténor, baryton, basse, luth, orgue, basse de viole Quand tu tournes tes yeux ardents Sur moi, d’une œillade subtile Je sens tout mon cœur au-dedans Qui se consomme, et se distille, Et ma pauvre âme n’a partie Qui ne soit en feu convertie

Pierre de Ronsard (1524 1585), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. Adepte de

l’épicurisme, il est une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. Auteur d’une œuvre

vaste qui, en plus de trente ans, a touché aussi bien la poésie engagée et « officielle » dans le contexte

des guerres de religions avec les Hymnes et les Discours (1555-1564), que l’épopée avec La Franciade

(1572) ou la poésie lyrique avec les recueils des Les Odes (1550-1552) et des Amours (Les Amours de

Cassandre, 1552 ; Les Amours de Marie, 1555 ; Sonnets pour Hélène, 1578).

Jean de Castro, musicien, compositeur, a mis en musique 37 pièces de Ronsard de 3 à 8 voix publiées

entre 1574 et 1580,

Jean de Castro,

Amour, dy moy de grace,

partie de Superius tirée des

Chansons, Odes, et Sonetz de Pierre Ronsard,

Anvers, Pierre Phalèse, 1576

Annick Deyris, CPEM 8

Baroque

o La Femme à marier

Compagnons de la Marjolaine Qu'est-c' qui passe ici si tard, Compagnon de la Marjolaine, Qu'est-c' qui passe ici si tard, Gai, gai, dessus le quai ? C'est le chevalier du guet, Compagnon de la Marjolaine,

C'est le chevalier du guet, Gai, gai, dessus le quai. Que demande le chevalier, Compagnon de la Marjolaine, Que demande le chevalier, Gai, gai, dessus le quai ?

Une fille à marier, Compagnon de la Marjolaine, Une fille à marier, Gai, gai, dessus le quai. N’y a pas d’filles à marier Compagnon de la Marjolaine, N’y a pas d’filles à marier

Gai, gai, dessus le quai.

Qu'est-c' que vous lui donnerez, Compagnon de la Marjolaine, Qu'est-c' que vous me donnerez, Gai, gai, dessus le quai ? De l'or, des bijoux assez, Compagnon de la Marjolaine,

De l'or, des bijoux assez, Gai, gai, dessus le quai. Elle n'est pas intéressée, Compagnon de la Marjolaine, Je n'suis pas intéressée, Gai, gai, dessus le quai.

Tout mon cœur lui donnerai, Compagnon de la Marjolaine, Tout mon cœur lui donnerai, Gai, gai, dessus le quai. Dans ce cas choisissez Compagnon de la Marjolaine, Dans ce cas choisissez

Gai, gai, dessus le quai.

Au 18e siècle, un compagnon de la marjolaine était un grand séducteur. C’était un chevalier, chevalier du

guet, qui veillait à la sécurité dans les rues de Paris.

o La Femme laide et repoussée; Platée, J-Ph Rameau,

Chœur des grenouilles, Acte I

La musique est vive gaie et moqueuse. Elle évoque la présence d’une sorte de personnage extraordinaire

dans le marais. Platée (rôle tenu par un haute-contre) est une naïade, une sorte de déesse, ou plutôt une

sorte de fée ridicule qui règne sur le monde des étangs. Elle n'est pas jolie et essaie de séduire Cithéron

qui habite en haut d’une montagne. Celui-ci la repousse et Platée ne comprend pas pourquoi "Pourcoa?

Tu le croa? " son langage ressemble au coassement des grenouilles. Evidemment on cherche à se moquer

d'elle.

Jean-Philippe Rameau (1683-1764) est un compositeur français et théoricien de la musique.

L'œuvre lyrique de Rameau forme la plus grande partie de sa contribution musicale. La création la plus

célèbre du compositeur est sans conteste l'opéra-ballet Les Indes galantes (1735). Cette partie de sa

production est curieusement restée oubliée pendant près de deux siècles, mais bénéficie aujourd'hui d'un

mouvement de redécouverte. Platée est un opéra bouffon (1745) qui raconte la folie délirante d’une

grenouille très laide amoureuse de Jupiter.

Ses œuvres pour clavecin, en revanche, ont toujours été présentes au répertoire : Le Tambourin,

L'Entretien des Muses, Le Rappel des Oiseaux, La Poule, entre autres pièces connues, furent jouées au

XIXe siècle (au piano) à l'égal de celles de Bach, Couperin ou Scarlatti.

Rameau est généralement considéré comme le plus grand musicien français avant le XIXe siècle

et

comme le premier théoricien de l'harmonie classique: ses traités d'harmonie, malgré certaines

imperfections, font toujours figure de référence.

Annick Deyris, CPEM 9

o La femme sorcière

Le chœur des sorcières, Didon et Enée, Purcell

Extrait tiré de l’album Didon et Enée, Acte Sud Junior

Purcell utilise des voix très aigues pour représenter le mal. Le jeu musical est très proche du langage

parlé.

Henry Purcell (1659 -1695) est un musicien et compositeur de musique baroque, né et mort à

Westminster (quartier de Londres). On admet généralement que Purcell a été le plus grand compositeur

anglais de naissance (Haendel ayant été anglais par naturalisation). Purcell a incorporé à sa musique des

éléments des styles français et italien, mais a développé un style anglais particulier.

Annick Deyris, CPEM 10

Classique

o La femme sorcière

Air de la Reine de la Nuit, Mozart

Extrait de l’opéra ‘La Flûte Enchantée’, la Reine est un personnage noir qui ne renonce à aucun sacrifice

pour récupérer son pouvoir perdu. Sa tessiture est soprano colorature, c'est-à-dire le registre le plus aigu

des voix de femmes. L’utilisation des suraigus par Mozart permet de dénoncer le côté noir du

personnage alors que parallèlement il attribue l’extrême grave au personnage lumineux du conte.

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) fut un compositeur allemand-autrichien. Bien qu'étant décédé

à trente-cinq ans, il laisse une œuvre importante (626 œuvres sont répertoriées) qui embrasse tous les

genres musicaux de son époque. Selon le témoignage de ses contemporains, il était virtuose au piano

comme au violon. Il a porté à un point de perfection le concerto, la symphonie, et la sonate et qu’il fut un

des plus grands maîtres de l’opéra.

o Eloge de l’amour vrai Cosi fan tutte, duo, Mozart

Extrait de l’opéra ‘Cosi fan tutte’, ce passage associe avec une grande beauté les deux voix des amants

illégaux mais qui se sont choisis avec le cœur. Une façon pour Mozart de montrer son opposition au

mariage arrangé dont l’opéra se fait l’exemple.

o La Femme inspiratrice

Lettre à Elise, Beethoven

A vous d’imaginer ce que peut éprouver le compositeur à l’égard d’Elise en écoutant cette œuvre

puisqu’aucun texte n’éclaire la musique. Seuls les élans de la musique peuvent suggérer un visage, une

silhouette, des sentiments.

Ludwig van Beethoven est un compositeur allemand, (1770-1827).

Dernier grand représentant du classicisme viennois, Beethoven a préparé l’évolution vers le Romantisme

et influencé la musique occidentale pendant une grande partie du XIXe siècle. Inclassable, son art s’est

exprimé dans tous les genres : musique symphonique bien sûr mais aussi écriture pianistique et musique

de chambre.

Surmontant à force de volonté sa surdité, il a célébré dans sa musique le triomphe de l’héroïsme et de la

joie alors qu’il était isolé et dans la misère. Très engagé à défendre la liberté et l’indépendance de

l’artiste, il est l’une des figures les plus marquantes de l’histoire de la musique.

Annick Deyris, CPEM 11

XIXE SIECLE

o Amour inexpérimenté Poème en musique, Victor Hugo/Bizet

La coccinelle, Victor Hugo (1868)

Elle me dit : Quelque chose Me tourmente. Et j'aperçus Son cou de neige, et, dessus, Un petit insecte rose. J'aurais dû - mais, sage ou fou, A seize ans on est farouche, Voir le baiser sur sa bouche

Plus que l'insecte à son cou. On eût dit un coquillage; Dos rose et taché de noir. Les fauvettes pour nous voir Se penchaient dans le feuillage.

Sa bouche fraîche était là : Je me penchai sur la belle, Et je pris la coccinelle ; Mais le baiser s'envola. - Fils, apprends comme on me nomme, Dit l'insecte du ciel bleu, Les bêtes sont au bon Dieu,

Mais la bêtise est à l'homme.

Georges Bizet, (1838-1875) est un compositeur français du XIXe siècle. Il est le compositeur de l'un des

opéras français les plus populaires au monde : Carmen (1875).

On trouve peu d’enregistrements des « chansons » de Bizet où il met des poèmes en musique.

o La femme fatale et sensuelle

o La femme inspiratrice

Polonaise n°2, Frédéric Chopin

Frédéric Chopin (1810-1849) est un compositeur et pianiste polonais. Il est l'un des plus célèbres

pianistes virtuoses du XIXe siècle et un grand compositeur de musique romantique. Sa musique est

encore aujourd'hui l'une des plus jouées et demeure un passage indispensable à la compréhension de la

musique au piano. Il est, avec Franz Liszt, le père de la technique pianistique moderne et l'origine de

toute une lignée de compositeurs : Gabriel Fauré, Ravel, Debussy, Rachmaninov, Scriabine.

Sa liaison avec Georges Sand lui inspire de nombreuses œuvres dont les Polonaises.

Chopin et George Sand par Delacroix

Carmen, Bizet, L’amour est enfant de bohème

L’opéra le plus connu de Bizet. Carmen est le personnage féminin, enjôleur, au caractère bien trempé qui

aime séduire.

Annick Deyris, CPEM 12

o La femme compositrice

Romance pour violon et piano op22 ; Clara Schumann

Clara Schumann, (1819-1896) de son nom de naissance Clara Wieck, est une pianiste et compositrice

allemande.

Son père est le célèbre pédagogue du piano Friedrich Wieck qui fit d'elle une concertiste prodige dès

l'âge de neuf ans. En 1827, elle rencontre son futur époux, Robert Schumann (elle a huit ans, il en a dix-

sept), qui viendra étudier auprès de son père. Clara donne son premier concert au Gewandhaus de

Leipzig, où elle est remarquée par Goethe. En tournée à Paris, elle connaît un triomphe. En 1829, Clara

publie ses premières œuvres, Quatre Polonaises. En 1832, Robert publie les Papillons; Clara jouera ce

morceau en concert l'année même. Entre 1834 et 1836, elle compose les Soirées Musicales, qui

connaissent un grand succès notamment auprès de Liszt.

Première interprète des œuvres de son mari, elle fait connaître et apprécier sa musique, dont elle était ,

selon lui, la seule à bien comprendre les délicatesses. Clara est elle-même la compositrice d'une

quarantaine d'œuvres, mais elle a en partie négligé la composition au profit des rôles d'inspiratrice et de

la pianiste.

o La femme inspiratrice

La fille aux cheveux de lin, Préludes livre I, Debussy

Dans cet extrait là-aussi, il s’agit d’inventer le visage de la fille aux cheveux de lin évoquée en se

laissant envahir par les expressions musicales.

Claude Debussy est un compositeur français (1862-1918)

Plus encore que les romantiques, Debussy marque une rupture avec la forme classique. Ses

compositions se distinguent par une construction mélodique librement inspirée des musiques orientales

(recours à la gamme pentatonique et à de nombreuses altérations). Les thèmes sont épars, disséminés,

les recherches harmoniques audacieuses, les nuances infinies et la rythmique complexe. Ses œuvres sont

avant tout sensorielles, elles visent à faire éprouver à l'auditeur des sensations particulières en traduisant

en musique des images et des impressions précises. Les titres évocateurs de ses pièces illustrent

d'ailleurs assez bien cette ambition, même s'ils ne sont qu'indicatifs et ne constituent pas de

« programme » : Des pas sur la neige, La Fille aux cheveux de lin, Ce qu'a vu le vent d'Ouest, La

Cathédrale engloutie, etc. (Préludes). Il substitue de cette manière les couleurs aux notes.

XXE SIECLE

o La femme-paysage

Paysage, Olivier Messiaen

Le lac comme un gros bijou bleu. La route pleine de chagrins et de fondrières, Mes pieds qui hésitent dans la poussière,

Le lac comme un gros bijou bleu. Et la voilà, verte et bleue comme le paysage ! Entre le blé et le soleil je vois son visage : Elle sourit, la main sur les yeux. Le lac comme un gros bijou bleu.

Olivier Messiaen (1908-1992) était un compositeur et organiste français de l'époque contemporaine. Il

Annick Deyris, CPEM 13

était aussi un expert en ornithologie. Il fut l’un des compositeurs les plus influents de la 1ere moitié du

XXe siècle.

Son œuvre trouve ses sources dans une profonde ferveur catholique, un goût prononcé pour les musiques

anciennes et les rythmes exotiques, ainsi que dans une étude scientifique approfondie du chant des

oiseaux. Messiaen fut un compositeur particulièrement hardi, innovant tant dans le domaine harmonique

et mélodique (modes à transposition limitée, sérialisme intégral) que dans l'instrumentation (gamelan,

ondes Martenot) et l'utilisation toute particulière de la couleur musicale.

o La femme interprète, créatrice

Stripsody, Cathy Berberian

Jeu vocal avec des onomatopées

Cathy Berberian (1925-1983) est une cantatrice américaine d'origine arménienne.

Elle allie un répertoire très varié allant de Monteverdi aux compositions les plus contemporaines, grâce à

sa voix très étendue et flexible, à un sens de la mise en scène excentrique.

Elle a créé La passion selon Sade de Sylvano Bussotti. Elle a été mariée de 1950 à 1964 au compositeur

Luciano Berio dont elle fut l'interprète privilégiée (Sequenza III, Folk Songs...).

Elle a, en outre, interprété en 1966 un cycle de douze chansons des Beatles sur des arrangements

baroques afin, a-t-elle dit, « de faire aimer les chansons des Beatles aux parents ». La même année, elle

exploite sa technique vocale dans Stripsody, pour rendre les onomatopées des comic strips américains.

o La femme interprète et créatrice

Jersey Bounce, Ella Fitzgerald

Morceau de scat, improvisation vocale sur des onomatopées.

Ella Fitzgerald (1917 -1996) est l'une des plus importantes chanteuses de jazz.

Connue sous le surnom de « The First Lady of Song » (littéralement « La Première Dame de la

chanson », mais traduit plus volontiers par « La Grande Dame du Jazz »), elle a remporté de nombreuses

récompenses.

Avec une tessiture de voix de trois octaves, elle est remarquable pour la pureté de sa voix et sa capacité

d'improvisation, particulièrement en scat.

L'une de ses improvisations les plus célèbres est celle qu'elle a faite en concert sur Mack the Knife

(extrait de L'Opéra de quat'sous) lors d'un concert à Berlin en 1960, morceau au cours duquel elle a eu

un trou de mémoire et qu'elle a poursuivi sans hésitation en alternant scat et paroles improvisées.

Annick Deyris, CPEM 14

o Femme aimée

Caroline, MC Solaar

Morceau de rap, parlé-chanté. J'étais cool, assis sur un banc C'était au printemps Il cueille une marguerite : ce sont deux amants Overdose de douceur Ils jouent comme des enfants Je t'aime un peu beaucoup à la folie passionnément

Mais à la suite d'une douloureuse déception sentimentale D'humeur chaleureuse, je devenais brutal La haine d'un être n'est pas dans nos prérogatives Tchernobyl Tcherno-débile Jalousie radioactive Caroline était une amie, une superbe fille Je repense à elle, à nous, à nos cornets vanille

A sa boulimie de fraises, de framboises, de myrtilles A ses délires futiles, à son style pacotille Je suis l'as de trèfle qui pique ton coeur... L'as de trèfle qui pique ton coeur... L'as de trèfle qui pique ton coeur... Caroline... Comme le trèfle à quatre feuilles, je cherche votre bonheur

Je suis l'homme qui tombe à pic... pour prendre ton coeur Il faut se tenir à carreaux Caro, ce message vient du coeur Une pyramide de baisers, une tempête d'amitié Une vague de caresses Un cyclone de douceur Un océan de pensées Caroline, je t'ai offert un building de tendresse J'ai une peur bleue

J'suis poursuivi par l'armée rouge Pour toi j'ai pris des billets verts, il a fallu qu'je bouge

Pyromane de ton cœur

Canadair de tes frayeurs, Je t'ai offert une symphonie de couleurs Elle est partie, maso, avec un vieux macho Qu'elle avait rencontré dans une station de métro Quand je les vois main dans la main fumant le même mégot Je sens un pincement dans son cœur, mais elle n'ose dire un mot C'est qu'je suis l'as de trèfle qui pique ton cœur... L'as de trèfle qui pique ton cœur...

L'as de trèfle qui pique ton coeur... Caroline... Claude MC prend le microphone, genre love story raggamuffin Pour te parler d'une amie qu'on appelle Caroline Elle était ma dame, elle était ma came, elle était ma vitamine Elle était ma drogue, ma coke, mon crack, mon amphétamine Caroline...

Je repense à elle, femme actuelle, 20 ans, jeune et jolie Remet donc le film à l'envers, magnéto de la vie Pour elle, faut-il l'admettre, des larmes ont coulé Hémorragie oculaire Vive notre amitié Du passé, du présent, je l'espère, du futur Je suis passé pour être présent dans ton futur La vie est un jeu de cartes

Paris un casino Je joue les rouges, coeur Caro... Je suis l'as de trèfle qui pique ton coeur... Caro L'as de trèfle qui pique ton coeur... L'as de trèfle qui pique ton coeur... Caroline... Je suis l'as de trèfle qui pique ton coeur...

L'as de trèfle qui pique ton coeur... L'as de trèfle qui pique ton coeur... Caroline...

MC Solaar est un rappeur auteur-compositeur Français d'origine sénégalo-tchadienne.

Le rap est un style de musique soutenant un chant dont les paroles sont scandées sur un rythme très

martelé. Il est né dans les ghettos noirs américains où les jeunes cherchaient un moyen de se plaindre et

de s'exprimer de manière légale. Les paroles constituent donc l'élément phare d'une chanson de rap.

Cette musique accompagne souvent la danse hip-hop. Il est arrivé en Europe dans les années 1980.

Annick Deyris, CPEM 15

o La Femme interprète

Récitation n°9, Georges Aperghis

Georges Aperghis (né en 1945) est un compositeur grec de musique contemporaine. Il est né dans une

famille d'artistes, son père est sculpteur et sa mère peintre. Il explore le son de la parole d'une manière

originale, intéressé particulièrement par le théâtre musical. Certaines de ses œuvres « ont accumulé

chausse-trapes et double-sens, et agencé malicieusement des labyrinthes de discours superposés et

d'actions simultanées, afin de chasser l'évidence rationnelle, de brouiller les codes ou de détourner

l'attention » (Daniel Durne). Il écrit Récitations en 1978.

o Femme amoureuse, écrivain, interprète

Hymne à l’amour, Edith Piaf, (musique Marguerite Monnot) Le ciel bleu sur nous peut s'effondrer Et la terre peut bien s'écrouler Peu m'importe si tu m'aimes Je me fous du monde entier Tant qu'l'amour inond'ra mes matins Tant que mon corps frémira sous tes mains Peu m'importe les problèmes Mon amour puisque tu m'aimes

J'irais jusqu'au bout du monde Je me ferais teindre en blonde Si tu me le demandais J'irais décrocher la lune J'irais voler la fortune Si tu me le demandais Je renierais ma patrie Je renierais mes amis

Si tu me le demandais On peut bien rire de moi Je ferais n'importe quoi Si tu me le demandais

Si un jour la vie t'arrache à moi Si tu meurs que tu sois loin de moi Peu m'importe si tu m'aimes Car moi je mourrais aussi Nous aurons pour nous l'éternité Dans le bleu de toute l'immensité Dans le ciel plus de problèmes Mon amour crois-tu qu'on s'aime

Dieu réunit ceux qui s'aiment

Édith Piaf 1915-1963 est une chanteuse française de music-hall et de variétés. Surnommée à ses débuts

« la Môme Piaf », on lui doit de très nombreux succès du répertoire francophone comme La Vie en rose,

Non, je ne regrette rien, Hymne à l'amour. Elle a inspiré de nombreux compositeurs, fut le mentor de

nombreux jeunes artistes et a connu une renommée internationale, malgré une fin de carrière rendue

difficile par de graves problèmes de santé. Édith Piaf fut aussi comédienne au théâtre et au cinéma.

o Femme interprète

Casta Diva, Bellini par Maria Callas

Air d’opéra

Maria Callas, 1923-1977, est une soprano américaine d’origine grecque.

Surnommée « la Bible de l'opéra » par Léonard Bernstein, « la Callas » telle qu'elle est couramment

appelée, a bouleversé l'art lyrique du XXe siècle en valorisant le jeu d'acteur, jusqu'à lors relégué au

second plan. Callas demeure encore au XXIe siècle l'une des cantatrices les plus célèbres, à la fois par

son timbre très particulier de sa voix, sa tessiture* étendue, sa grande virtuosité alliée à un phrasé à nul

autre pareil et son talent de tragédienne, lui permettant d'incarner les personnages qu'elle interprétait. *étendue de la note la plus grave à la plus haute qu’une voix ou un instrument puisse produire.