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Le Point Vétérinaire / N° 251 / Décembre 2004 / 40 Se f ormer / COURS / L’affection herpétique est sous-diagnostiquée chez le chat. Son traitement est difficile et parfois décevant : les rechutes, les récidives et les séquelles sont en effet fréquentes. es chats infectés par le virus herpès félin présentent le plus souvent des lésions de la cornée et/ou de la conjonc- tive. Une atteinte de l’appareil respira- toire supérieur est parfois associée. Le virus herpès félin est la première cause de conjonctivites et de kératites chez le chat. L'implication de ce virus dans de nombreuses autres manifestations oculaires est connue ou soupçonnée. Pathogénie de l’infection oculaire par le virus herpès félin Le virus herpès félin, agent de la rhinotrachéite infectieuse, est un α-herpesvirus à ADN qui provoque des lésions des cellules épithéliales lors de leur réplication [9]. • La contamination s'effectue par les voies nasale, orale et conjonctivale. Le virus est principalement excrété par ces voies pendant les trois semaines qui suivent l’infection [9]. Certains animaux excrètent également le virus dans les fèces et l’urine [21]. Il n’y a, à ce jour, aucune preuve de contamination in utero [9]. Un à deux jours après l’exposition, la multipli- cation du virus et la nécrose des cellules épithé- liales débutent au niveau du nasopharynx et de la muqueuse conjonctivale [9]. Il a en outre été montré que le virus herpès félin infecte et nécrose préférentiellement l’épithélium de la conjonctive oculaire et se réplique dans l’épithé- lium cornéen [14]. Des surinfections bactériennes secondaires sont possibles. • L'immunisation par des anticorps d'origine maternelle persiste pendant deux à dix semaines, mais ne protège pas toujours les animaux contre une infection subclinique [9]. Ces infections considérées comme subcliniques ou “faibles” sont nombreuses et l’animal n’est alors pas présenté en consultation à ce stade. Suite à la contamination, environ 80 % des animaux sensibles deviennent porteurs du virus herpès et 45 % d’entre eux sont excréteurs asymptomatiques ou développent la maladie [7]. Avec le développement des techniques de diagnostic moléculaire (polymerase chain reaction, PCR), le pourcentage de porteurs asymptomatiques répertoriés a augmenté. • Le virus herpès peut être présent, à l’état quiescent, dans les tissus nerveux. Il a été détecté dans le ganglion trijumeau de chats infectés asymptomatiques [8, 17] et chez des chats qui ont présenté une manifestation aiguë quatre jours après l’infection [17]. Le portage asymptomatique semble persister toute la vie de l’animal. Des périodes d’excrétion peuvent survenir (déclenchées par différents facteurs de stress), mais elles ne sont pas systématiques. Manifestations cliniques oculaires directes 1. Conjonctivite L’infection primaire par le virus herpès, sa multiplication et d’éventuelles infections bactériennes secondaires provoquent une conjonctivite. La réplication du virus peut aussi se limiter à la cornée, puis intervient une infection bactérienne secondaire [16]. Après une période d’incubation de deux à six jours apparaissent le plus souvent chez le chaton [9] : - des écoulements séreux oculaires et nasaux ; - des éternuements ; - une anorexie ; - une hyperthermie. Selon une étude récente, seuls 17 à 21 % des coryzas (1) sont d’origine herpétique [1]. Quatre jours après l’infection, une nécrose diffuse de l’épithélium conjonctival est observée, avec de nombreuses inclusions intranucléaires dans les cellules épithéliales [16]. La conjonctivite est le plus souvent bilatérale (PHOTO 1). Caractérisée par une hyperhémie conjonctivale (rougeur), elle est accompagnée d’écoulements séreux qui deviennent mucopu- rulents en quelques jours. Lors de conjonctivite herpétique aiguë sévère, avec une nécrose épithéliale, une hémorragie, parfois spectaculaire, peut se produire (PHOTO 2). Les propriétaires du chat rapportent parfois que celui-ci a présenté des “larmes rouges”. Un chémosis (œdème de la conjonctive) peut apparaître, mais il est moins fréquent que lors de conjonctivites bactériennes (en particulier lors de chlamydiose). La plupart des chats se rétablissent en dix à vingt jours, sans séquelles oculaires. Lors Diagnostic et traitement de l’herpès oculaire chez le chat OPHTALMOLOGIE FÉLINE L Résumé L’infection oculaire par le virus herpès de type I (HVF1) est fréquente chez le chat. Elle provoque essentiel- lement des kératites et des conjonctivites. Les manifesta- tions oculaires directement liées au pouvoir pathogène du virus herpès félin sont une conjonctivite, une kératite, une kératite stromale méta- herpétique, une kératocon- jonctivite sèche, une ophtal- mie néonatale ou un symblépharon. D’autres lésions oculaires sont souvent associées à l’herpèsvirose, bien que le rôle direct du virus n’ait pas été clairement démontré : un séquestre cor- néen, une kératite éosinophi- lique et certains cas d’uvéite antérieure. Le diagnostic est fondé sur l’isolement du virus (technique spécifique mais peu sensible), les tests aux anticorps fluorescents, la séroneutralisation, la tech- nique Elisa et, plus récem- ment, la PCR (test sensible). Le traitement fait principale- ment appel à des agents anti- viraux associés à une antibio- thérapie. par Laurent Bouhanna Ophtalmologie vétérinaire exclusive 63, boulevard de Picpus 75012 Paris u

Diagnostic et traitement de l’herpès oculaire chez le chat€¦ · 40 Le Point Vétérinaire / N° 251 / Décembre 2004 / Se former / COURS / L’affection herpétique est sous-diagnostiquée

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Le Point Vétérinaire / N° 251 / Décembre 2004 /40

Se former / COURS /

L’affection herpétique est sous-diagnostiquée chez le chat. Son traitementest difficile et parfois décevant : les rechutes, les récidives et les séquellessont en effet fréquentes.

es chats infectés par le virus herpèsfélin présentent le plus souvent deslésions de la cornée et/ou de la conjonc-tive. Une atteinte de l’appareil respira-toire supérieur est parfois associée. Le

virus herpès félin est la première cause deconjonctivites et de kératites chez le chat.L'implication de ce virus dans de nombreusesautres manifestations oculaires est connue ousoupçonnée.

Pathogénie de l’infectionoculaire par le virus herpès félin

Le virus herpès félin, agent de la rhinotrachéiteinfectieuse, est un α-herpesvirus à ADN quiprovoque des lésions des cellules épithélialeslors de leur réplication [9].• La contamination s'effectue par les voiesnasale, orale et conjonctivale. Le virus estprincipalement excrété par ces voies pendantles trois semaines qui suivent l’infection [9].Certains animaux excrètent également le virusdans les fèces et l’urine [21]. Il n’y a, à ce jour,aucune preuve de contamination in utero [9].Un à deux jours après l’exposition, la multipli-cation du virus et la nécrose des cellules épithé-liales débutent au niveau du nasopharynx et dela muqueuse conjonctivale [9]. Il a en outre étémontré que le virus herpès félin infecte etnécrose préférentiellement l’épithélium de laconjonctive oculaire et se réplique dans l’épithé-lium cornéen [14].Des surinfections bactériennes secondaires sontpossibles.• L'immunisation par des anticorps d'originematernelle persiste pendant deux à dixsemaines, mais ne protège pas toujours lesanimaux contre une infection subclinique [9].Ces infections considérées comme subcliniquesou “faibles” sont nombreuses et l’animal n’estalors pas présenté en consultation à ce stade.Suite à la contamination, environ 80 % desanimaux sensibles deviennent porteurs du virusherpès et 45 % d’entre eux sont excréteursasymptomatiques ou développent la maladie [7].Avec le développement des techniques dediagnostic moléculaire (polymerase chainreaction, PCR), le pourcentage de porteursasymptomatiques répertoriés a augmenté.

• Le virus herpès peut être présent, à l’étatquiescent, dans les tissus nerveux. Il a étédétecté dans le ganglion trijumeau de chatsinfectés asymptomatiques [8, 17] et chez deschats qui ont présenté une manifestation aiguëquatre jours après l’infection [17]. Le portageasymptomatique semble persister toute la vie del’animal. Des périodes d’excrétion peuventsurvenir (déclenchées par différents facteurs destress), mais elles ne sont pas systématiques.

Manifestations cliniquesoculaires directes

1. ConjonctiviteL’infection primaire par le virus herpès, samultiplication et d’éventuelles infectionsbactériennes secondaires provoquent uneconjonctivite. La réplication du virus peut aussise limiter à la cornée, puis intervient uneinfection bactérienne secondaire [16].Après une période d’incubation de deux à sixjours apparaissent le plus souvent chez lechaton [9] : - des écoulements séreux oculaires et nasaux ; - des éternuements ; - une anorexie ;- une hyperthermie. Selon une étude récente, seuls 17 à 21 % descoryzas(1) sont d’origine herpétique [1]. Quatrejours après l’infection, une nécrose diffuse del’épithélium conjonctival est observée, avec denombreuses inclusions intranucléaires dans lescellules épithéliales [16].La conjonctivite est le plus souvent bilatérale(PHOTO 1). Caractérisée par une hyperhémieconjonctivale (rougeur), elle est accompagnéed’écoulements séreux qui deviennent mucopu-rulents en quelques jours.Lors de conjonctivite herpétique aiguë sévère,avec une nécrose épithéliale, une hémorragie,parfois spectaculaire, peut se produire (PHOTO 2).Les propriétaires du chat rapportent parfois quecelui-ci a présenté des “larmes rouges”. Un chémosis (œdème de la conjonctive) peutapparaître, mais il est moins fréquent que lorsde conjonctivites bactériennes (en particulierlors de chlamydiose). La plupart des chats se rétablissent en dix àvingt jours, sans séquelles oculaires. Lors

Diagnostic et traitement del’herpès oculaire chez le chat

OPHTALMOLOGIE FÉLINE

LRésumé

L’infection oculaire par levirus herpès de type I

(HVF1) est fréquente chez lechat. Elle provoque essentiel-lement des kératites et desconjonctivites. Les manifesta-tions oculaires directementliées au pouvoir pathogène duvirus herpès félin sont uneconjonctivite, une kératite,une kératite stromale méta-herpétique, une kératocon-jonctivite sèche, une ophtal-mie néonatale ou unsymblépharon. D’autreslésions oculaires sont souventassociées à l’herpèsvirose,bien que le rôle direct du virusn’ait pas été clairementdémontré : un séquestre cor-néen, une kératite éosinophi-lique et certains cas d’uvéiteantérieure. Le diagnostic estfondé sur l’isolement du virus(technique spécifique maispeu sensible), les tests auxanticorps fluorescents, laséroneutralisation, la tech-nique Elisa et, plus récem-ment, la PCR (test sensible).Le traitement fait principale-ment appel à des agents anti-viraux associés à une antibio-thérapie.

par Laurent Bouhanna

Ophtalmologie vétérinaire

exclusive

63, boulevard de Picpus

75012 Paris

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d’infection sévère ou d’immunosuppression,l’infection peut évoluer vers des conjonctiviteschroniques ou des rechutes sous forme deconjonctivite uni- ou bilatérale [9].L’évolution clinique peut durer plusieurssemaines, voire plusieurs mois, et les récidivessont fréquentes. Une information claire dupropriétaire est donc essentielle [16].

2. KératiteLes ulcères cornéens provoqués par le virusherpès concernent surtout le chat adulte etcorrespondent généralement à une réactivationd’un virus latent.Cette réactivation est souvent secondaire à unétat d’immunodéficience (infections par le FeLVet/ou le FIV), à un stress (voyage, interventionchirurgicale, déménagement, arrivée d’unnouvel animal) ou à l’administration decorticoïdes (par voie générale ou locale).Les ulcères cornéens dits “dendritiques” sontconsidérés comme pathognomoniques del’infection herpétique (PHOTOS 3 et 4) [19, 22].Ce type d’ulcère résulte directement de l’actiondélétère du virus sur la couche de cellulesbasales de l’épithélium cornéen [22].Les formes d’ulcères très découpées, égalementcaractéristiques de l’infection herpétique, sontsouvent appelées ulcères “en carte de géogra-phie” (PHOTO 5) [16].Les signes cliniques dépendent de la profondeurde l’infection cornéenne et de sa chronicité. Leslésions du stroma ne sont pas liées directementà la multiplication du virus, mais à une réponseimmunitaire à l’antigène viral [18]. Lors d’atteinte aiguë, une conjonctivite faible àmodérée est observée, ainsi qu’un blépha-rospasme et des écoulements. La kératite peutêtre uni- ou bilatérale et aucune composanterespiratoire n’y est associée.Lors d’atteinte chronique, un œdème du stromaet une néovascularisation cornéenne peuventêtre présents.Lors d’ulcère, des infections bactériennessecondaires précoces peuvent être à l’origined’un ulcère stromal profond, voire perforant(PHOTOS 6 et 7) [4].Une pigmentation mélanique cornéennesecondaire, rarissime chez le chat, a été décrite[4] (PHOTO 8).

3. Ophtalmie néonatale et symblépharonPhysiologiquement, les paupières du chatonrestent closes les quatorze premiers jours afin depermettre le développement complet des tissusoculaires. Une infection par le virus herpès avantl’ouverture des paupières peut provoquer uneophtalmie néonatale (conjonctivite mucopuru-lente qui distend les paupières). Le symblépharoncorrespond à des adhérences de la conjonctived'une paupière à la cornée ou d’une conjonctivesur une autre conjonctive (PHOTO 9). Il est consé-cutif à une nécrose épithéliale profonde (destruc-tion des cellules souches de l'épithélium cornéen)qui pourrait être induite par le virus [10].Le symblépharon n’est pas rare chez les jeunesanimaux dont l'anamnèse évoque une herpesvi-rose ou un coryza. Il n’existe pas de traitement efficace, car l’exci-sion des tissus adhérents peut conduire à denouvelles adhérences.Une occlusion secondaire des points lacrymaux,qui entraîne un épiphora chronique, peut êtreassociée au symblépharon [4].

4. Kératoconjonctivite sècheUne kératoconjonctivite sèche (KCS) survientfréquemment chez des chats infectés par levirus herpès. Elle s’expliquerait par des lésionsdu tissu de la glande lacrymale qui fournit laphase aqueuse du film lacrymal [10].

! Symptômes

Les signes cliniques sont classiquement :- une hyperhémie conjonctivale ; - un aspect sec de la cornée ; - une hyperplasie de l’épithélium cornéen ;- éventuellement, des ulcérations de la cornée.

! Diagnostic

Le diagnostic de KCS chez le chat repose sur lessignes cliniques et sur le test de Schirmer(valeurs usuelles chez le chat : 8 à 15 mm enune minute [10]).

! Traitement

Le traitement de la KCS consiste à instiller deslarmes artificielles. L’application de gelsaqueux (Humiscreen®, Ocrygel®) permet untemps de contact élevé et limite le nombred’administrations.

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PHOTO 1. Conjonctiviteherpétique bilatérale avec unchémosis marqué chez unchat. Le test PCR est positif.

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PHOTO 2. Conjonctiviteherpétique aiguë avec unehémorragie conjonctivalesecondaire.

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photo 3. Ulcère cornéendendritique (dendrite depetite taille). Le test à lafluorescéine est positif.

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PHOTO 4. Ulcères cornéens dendritiques :kératite herpétique typique.

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PHOTO 5. Ulcère herpétiqueen “carte de géographie”.

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photo 6. Ulcère cornéenstromal chez un chat atteintd’herpèsvirose.L'infection virale estaggravée par une infectionbactérienne secondaire.

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PHOTO 7. Ulcère perforé chezun chat atteint d’herpèsvirose.

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(1) Coryza : syndrome qui re-groupe trois types de symptô-mes qui sont un écoulementnasal, un écoulement oculaireet des éternuements.

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La ciclosporine A(2) par voie locale (Optim-mune®) est le traitement de choix des KCScanines, mais son efficacité n’a pas encore étéprouvée chez le chat [10]. Elle est en outresusceptible de provoquer une immunosup-pression locale et d’entraîner une réactivationdu virus herpès. Son utilisation locale chez unchat infecté doit donc être réalisée soussurveillance stricte (contrôle hebdomadaireen début de traitement).

5. Kératite stromale méta-herpétiqueLa kératite stromale méta-herpétique (ou post-herpétique) correspond à une inflammationdu tissu cornéen profond. Il convient de ne pasnégliger ses conséquences possibles sur lavision : opacification de la cornée et cicatrices(PHOTOS 10 et 11) [16].Le mécanisme d’apparition n’est pas totale-ment élucidé : des épisodes récidivants dekératite due à une réponse immunitaire à desantigènes viraux provoqueraient des altéra-tions du collagène du stroma et une opacifi-cation [16].

Manifestations cliniquesoculaires probablement liéesau virus herpès

Pour les entités pathologiques suivantes, larelation directe entre l’infection par le virusherpès et l’affection est suspectée mais nondémontrée.

1. Séquestre cornéenLe séquestre cornéen (ou nécrose cornéenneféline) est une affection rencontrée unique-ment chez le chat. Il atteint plus fréquemmentcertaines races, comme le persan, l’himalayenou le birman [10]. Le chat européen est plusrarement affecté. La cause et la pathogénie decette affection ne sont pas connues.Le dépôt de pigment marron clair à brun et ladégénérescence du collagène stromal sontcaractéristiques [10].Le virus herpès a été associé au séquestrecornéen chez le chat, mais son implicationdans cette affection n'est pas prouvée (PHOTO

12) [10]. L’infection chronique de la cornée parle virus herpès félin provoque en effet deslésions du stroma qui pourraient aboutir à la

formation d’un séquestre [16]. Les tests PCR de détection du génome viral del’herpès virus réalisés sur des séquestrescornéens ont été positifs dans 18 (5/28) à55,5 % (86/156) des cas, selon la sensibilité dutest [5, 20, 23].Le traitement consiste en une kératectomiesuperficielle [4]. Si la kératectomie estprofonde, une greffe conjonctivale, cornéenneou de Bio Sys® (sous-muqueuse intestinale deporc) est effectuée. Dans des stades très précoces, une guérisonpourrait être obtenue en administrant untraitement médical local à base de corticoïdesou de ciclosporine A (2) en pommade(Optimmune®) [α].Lors d’herpesvirose associée, l'utilisationtopique d’une solution d'interféron 2α (3)

(200 UI, quatre fois par jour pendant quatre àsix semaines) donnerait des résultats satisfai-sants [a].Les récidives sont possibles.

2. Kératite éosinophiliqueLa kératite éosinophilique, ou kératoconjonc-tivite proliférative, est une atteinte progressiveet infiltrante de la cornée observée chez le chat(PHOTO 13).Une masse rose à blanchâtre, irrégulière etvascularisée est visible en zone limbiquepériphérique (latérale ou nasale) sur un œil ousur les deux. Cette masse peut envahir laconjonctive et la cornée [10]. Un frottisconjonctival, qui montre la présence degranulocytes éosinophiles, de plasmocytes etde lymphocytes, est considéré comme diagnos-tique [10].Le virus herpès a été détecté dans des prélève-ments de kératites éosinophiliques. L’immu-nofluorescence indirecte (réalisée dans unpremier laboratoire) s'est révélée positive dans33 % (9/27) des cas [13] et la PCR dans 76,3 %(45/59) des cas (dans un autre laboratoire)[20]. Le rôle du virus herpès dans la kératiteéosinophilique reste néanmoins à démontrer.Le traitement de la kératite éosinophiliquenécessitant l’administration locale de corticoï-des, une infection active ou latente par le virusherpès peut être réactivée.Lorsque la lésion est étendue mais bien délimi-tée, une kératectomie superficielle associée autraitement médical permet une guérison plusrapide (PHOTOS 14 et 15).

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(2) Hors résumé descaractéristiques du produit(RCP).

(3) Médicament à usagehumain.

PHOTO 8. Pigmentationmélanique post-herpétique(rare chez le chat).

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PHOTO 9. Symblépharon, séquellede kératoconjonctivite herpétique.

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PHOTO 10. Kératite méta-herpétique ou post-herpétique.

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PHOTO 11. Kératite méta-herpétique chez un chaton.

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PHOTO 12. Séquestre cornéenchez un chat atteintd’herpesvirose. Le test PCRest positif.

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PHOTO 13. Kératiteéosinophilique associée àune kératite herpétique.Le test PCR est positif.

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3. Kératopathie calcifiée en bandeLa kératopathie calcifiée en bande, décritechez l’homme, le cheval, le chien, le rat et leminiporc, a été rapportée récemment chez lechat [c]. Elle est rare et serait associée à l’infec-tion par le virus herpès félin.Une zone centrale horizontale blanchâtre estvisible sur la cornée, accompagnée d’unelégère vascularisation. L’examen histologique révèle une kératitesuperficielle avec une ulcération épithéliale etdes dépôts de calcium (épais dans le stroma,granuleux et discontinus dans la membranebasale de l’épithélium) (PHOTO 16) [c].La lésion apparaît lorsque des phosphates etdes carbonates de calcium se déposent dansla cornée, au niveau de la membrane basale etde la partie antérieure du stroma. La précipi-tation des sels de calcium se produirait aprèsune inflammation oculaire (uvéite, KCS,ulcération épithéliale ou kératite interstitiellevirale).Le traitement consiste à retirer la lésion parkératectomie superficielle et à administrer untraitement antiviral local, à base de trifluri-dine(3) (virophta®) [2].

4. Uvéite antérieureUne étude récente a montré la présence d’ADNde virus herpès félin dans l’humeur aqueusede 14 % des chats (12/86) qui présentaient dessignes cliniques d’uvéite antérieure et testésnégatifs pour les autres causes connues d’uvéi-tes félines (toxoplasmose, FIV, FeLV et PIF)[12]. La présence intra-oculaire de virus herpèspeut être la cause ou la conséquence del’uvéite. Les résultats suggèrent toutefois quece virus pourrait induire une uvéite antérieurechez certains chats [12]. Des études approfondies sont nécessaires pourdéterminer la prévalence du virus herpès lorsd’uvéites dites “idiopathiques” chez le chat.

Diagnostic de l’herpèsoculaire félin

1. Diagnostic cliniqueLorsqu’un chat suspect d’infection par le virusherpès est présenté à la consultation, desexamens clinique et ophtalmologiqueminutieux sont requis.• Les commémoratifs sont essentiels. En effet,souvent, des symptômes de coryza ont précédéou accompagnent les lésions oculaires. Lepropriétaire peut ainsi rapporter des épisodesantérieurs de coryza.L’aspect récidivant et difficile à traiter est aussien faveur de cette affection.• Certaines lésions (ulcères dendritique et “encarte de géographie”) sont caractéristiques del’infection par le virus herpès. Ces symptômesaident à établir le diagnostic de kératiteherpétique, mais doivent être confrontés auxrésultats des tests de laboratoire [4].Une infection aiguë par le virus herpès estfréquemment suspectée lors de symptômes

respiratoires et oculaires, mais un test delaboratoire est nécessaire pour étayer lediagnostic.

2. Examens complémentaires! Les examens réalisables

La coloration au rose de Bengale permettaitd’identifier précocement les lésions dendri-tiques, avant l’ulcération de l’épithéliumcornéen [25], mais ce produit n'est plusdisponible.Le test à la fluorescéine révèle des ruptures del’épithélium cornéen donc les ulcérationscornéennes caractéristiques.Un frottis conjonctival peut être utile lorsd’infections aiguës primaires, notamment pourrechercher des inclusions intranucléaires. Cesinclusions ne sont toutefois pas identifiablesavec la coloration de Wright-Giemsa et peuventéchapper au diagnostic [19]. Dans les cas chroniques, le frottis conjonctivalpeut orienter le diagnostic, mais ne permet pasd’établir un diagnostic définitif, car le typecellulaire majoritairement observé est legranulocyte neutrophile [19].L’isolement du virus est la méthode de choixpour le diagnostic des infections herpétiques[19]. Ce test est sensible lors d'infections aiguës,mais il l’est moins pour les infections chro-niques (excepté pendant un épisode de réacti-vation) car le virus n'est plus présent au niveauconjonctival, mais latent dans les ganglionsnerveux [19].

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PHOTO 15. Même chat que surla photo 14 : contrôle deuxmois après une kératectomiesuperficielle associée à untraitement local avec uncorticoïde.

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PHOTO 14. Kératite éosinophilique marquéechez un chat.

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PHOTO 16. Kératopathie calcifiée en bande (rare).

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Congrèsa - Boydell P, Roxburgh G.Treatment of corneal necrosis withtopical interferon. World SmallAnimal Veterinary Association(WSAVA) congress. Lyon, France.1999.

b - Collins BK, Nasisse MP, MooreCP. In vitro efficacy of L-lysineagainst feline herpesvirus type-1.Proceedings 26th Annual Meetingof the American College ofVeterinary Ophthalmologists.Newport, États-Unis. 1995:141.

c - De Geyer G, Letron IR. Calcificband keratopathy associated withfeline herpesvirus-1 infection.Proceedings Joint meeting ofBrAVO/ECVO/ESVO/ISVO.Cambridge, Royaume-Uni. 2003.

d - Maggs DJ, Nasisse MP. Effectsof oral L-lysine supplementationon the ocular shedding rate offeline herpes virus (FHV-1) in cats.Proceedings of the 28th AnnualMeeting of the American Collegeof Veterinary Ophthalmologists.Santa Fe, États-Unis. 1997:101.

e - Nasisse MP, Halenda RM, LuoH. Efficacy of low dose oral naturalhuman interferon alpha (nHuIFN)in acute feline herpesvirus-1 (FHV-1) infection. A preliminary dosedetermination trial. Proceedings ofthe 27th Annual Meeting of theAmerican College of VeterinaryOphthalmologists. 1996:79.

f - Verneuil M. Topical applicationof feline interferon omega in thetreatment of hepatic keratitis:preleminary study. Proceedings ofthe ECVO/ESVO/DOKinternational ophtalmologymeeting. Munich, Allemagne.2004.

À lire également

αα - Bouhanna L. Séquestrecornéen débutant chez un persan– La cyclosporine A enpommade : une alternative àl’exérèse. La Semaine Vét.1999;943:14.

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La sérologie (ELISA) ou la séroneutralisationsont des tests diagnostiques effectués par denombreux laboratoires. Leur intérêt est limitéen clinique en raison de la prévalence élevéedes vaccinations contre la rhinotrachéiteinfectieuse (FHV-1), d’où des titres élevés enanticorps chez les chats vaccinés [9]. Pour leschats infectés chroniques, le double prélève-ment n’a pas d’intérêt car les titres en anticorpsforment alors un plateau [19]. Le test par anticorps fluorescents peut êtreréalisé sur un frottis cornéen ou conjonctival.Cet examen manque néanmoins de sensibilité.Une étude récente montre qu'il est plussouvent positif lors d’infection aiguë de l’appa-reil respiratoire que chez des chats atteintsd’une infection oculaire chronique [12]. Lorsde la réalisation de ce test, il est recommandéd’effectuer le prélèvement avant d’instiller dela fluorescéine dans l’œil car le colorant peutcréer des faux positifs [6].Le test par PCR permet d’amplifier et d’iden-tifier des quantités minimes du matérielgénétique recherché. La PCR est intéressantepour établir le diagnostic, souvent difficile, desconjonctivites herpétiques [20], mais les fauxpositifs sont néanmoins possibles. Un résultatpositif à la PCR indique que l’animal a étéinfecté, mais ne prouve pas la présence d’uneinfection virale active au moment du prélève-ment [11]. La relation exacte entre la présenced’ADN viral et l’affection oculaire reste sujetteà controverse.Actuellement, en France, la recherche du virusherpès félin par PCR est effectuée par deuxlaboratoires, VET France (Évry) et Scanelis(Toulouse).

! Comparaison des différents tests

Des études récentes ont comparé les différentstests diagnostiques disponibles pour le virusherpès. • L’une d’elles a comparé, en particulier, l’isole-ment du virus, le test aux anticorps fluorescents,la séroneutralisation et la sérologie ELISA chezdes chats normaux, chez des chats qui présen-tent des signes cliniques d’atteinte de l’appareilrespiratoire supérieur et chez des chats atteintsd’affections oculaires chroniques [12]. Uneséroprévalence élevée est mise en évidence avec

le test ELISA dans toutes les populations dechats. Avec l’immunofluorescence directe et parisolement du virus, le virus herpès est mis enévidence chez les chats normaux, ainsi que chezceux qui présentent des signes cliniques d’infec-tion herpétique. Cette étude conclut à lanécessité d’effectuer chaque test en parallèlepour parvenir à exclure l’hypothèse d’herpèsvi-rose (l’herpèsvirose n’est exclue que lorsque tousles tests sont négatifs) [12].• Une autre étude rapporte des résultats positifsen PCR simple dans 76,3 % des prélèvementsréalisés sur des kératites éosinophiliques, dans55,1 % des prélèvements sur des séquestrescornéens et dans 5,9 % des prélèvements surdes tissus cornéens normaux [20].La PCR nichée (technique plus récente et plusspécifique que la PCR classique) permetd’identifier le virus herpès dans 54 % des casde conjonctivite, dans 12 % des prélèvementsréalisés sur des conjonctives normales, dans18 % des séquestres cornéens et dans 46 % descornées normales [23].• La PCR nichée serait un test plus sensible quel’isolement du virus ou que les anticorps fluores-cents chez les chats qui présentent une conjonc-tivite ou une atteinte de l’appareil respiratoiresupérieur associée à une conjonctivite [24].

Traitement

1. AntibiothérapieLe premier objectif du traitement est deprévenir les infections bactériennes secondai-res. Les bactéries les plus fréquemment isoléessont Chlamydia ou Mycoplasma. Les tétracy-clines (oxytétracycline, Posicycline®(3)) et lechloramphénicol (Ophtalon®) en topique sontutilisés quatre fois par jour pour leur effica-cité contre ces deux agents infectieux [2].L'infection secondaire par des Pseudomonasest fréquente. L’instillation d’un collyre antibio-tique à base de tobramycine(3) (Tobrex® Collyre)ou de gentamycine (Soligental® Collyre) estalors indiquée. Une couverture antibiotiquepar voie générale à l’aide de quinolones(marbofloxacine, Marbocyl® ; ou enrofloxa-cine, Baytril®) est également recommandée(PHOTOS 17 et 18) [2, 3].

Le Point Vétérinaire / N° 251 / Décembre 2004 / 44

!! Points forts

! La transmission d'anticorpsd'origine maternelle protègeles chatons contre les formessévères d'infectionherpétique, mais n'empêchepas toujours les infectionssubcliniques.! Après une infection, le virusherpès peut persister à l'étatquiescent dans les tissusnerveux. Une réactivation estpossible, par exemple à lafaveur d'un stress. Elle semanifeste par une récidiveclinique et une excrétionvirale. ! Les ulcères dendritiques etles ulcères en “carte degéographie” sont des lésionscaractéristiques de l'infectionpar le virus herpès. ! Les corticoïdes et laciclosporine A(1) peuvent êtreutiles dans le traitement dekératites stromaleschroniques. Il convienttoutefois de réaliser uncontrôle minutieux pendant letraitement, car ces moléculesfavorisent parfois uneréactivation virale.

(1) Coryza : syndrome quiregroupe trois types desymptômes qui sont unécoulement nasal, unécoulement oculaire et deséternuements.

(3) Médicament à usagehumain.

(4) Médicament nondisponible en France.

PHOTO 17. Ulcère herpétique avec uneatteinte stromale due à une infectionbactérienne secondaire par unPseudomonas.

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PHOTO 18. Même chat que sur la photo 17 :aspect postopératoire après trois semai-nes. Le traitement a consisté en un débri-dement épithélial, un recouvrement par lamembrane nictitante et des prescriptionsantibiotique et antivirale.

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PHOTO 19. Même chat que sur la photo 5 :aspect un mois après un traitement localantiviral (trifluridine(3), Virophta® Collyre).Le test à la fluorescéine est négatif.

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2. Agents antivirauxL’efficacité in vitro des antiviraux locaux contre levirus herpès a été comparée : la trifluridine(3)

(Virophta® Collyre) est l’antiviral le plus puissant.Par ordre décroissant d’efficacité viennentensuite l’idoxuridine(3) (Iduviran®), la vidarabine(4)

et l’aciclovir(3) (Zovirax®) (PHOTO 19) [15]. Pour le ganciclovir(3) (Virgan®), un antiviral de“dernière génération”, aucune étude chez lechat n'a été publiée ; son efficacité clinique et saprésentation (gel) en feraient toutefois un traite-ment de choix de l’herpès félin. Les produits antiviraux classiques sont virusta-tiques. Des administrations fréquentes sontdonc recommandées [2]. La trifluridine(3) estadministrée six à dix fois par jour pendant deuxjours, puis la fréquence est progressivementabaissée sur les deux à trois semaines suivantes.Ce traitement peut provoquer de légères irrita-tions transitoires de la conjonctive et de lacornée [2]. Cette molécule présente en outreune certaine cytotoxicité. Une résistance à la trifluridine (3) peutégalement apparaître. Dans ce cas, cettemolécule est remplacée par l’idoxuridine(3) oula vidarabine(4).L’administration systémique de médicamentsantiviraux a été étudiée chez le chat. L’aciclo-vir(3) est très efficace pour les herpès humains,mais il n’est généralement pas recommandéchez le chat [15] : dans cette espèce, lesconcentrations plasmatiques efficaces ne sonten effet jamais atteintes. En application locale,la déficience des cellules cornéennes du chaten enzyme thymidine-kinase nécessaire àl’activation de l’aciclovir(3) expliquerait samoindre efficacité [15].La réponse au traitement est variable suivant lescas. La kératite épithéliale a un meilleur pronosticque la kératite stromale chronique pour laquelle laréponse aux produits antiviraux est faible [10].

3. La L-lysine(3)

La L-lysine(3) est un inhibiteur compétitif del’arginine ou un inducteur de l’arginase. Lasupplémentation en L-lysine(3) inhibe lacroissance in vitro du virus herpès [b].La supplémentation orale en L-lysine(3) entraîneune diminution de la charge virale chez deschats infectés par le virus herpès [d].Selon les recommandations actuelles, la dosepar voie orale est de 250 mg, une fois par jour etpar animal.

4. L’interféron 2αα(3)

Une faible dose d’interféron 2α(3) a un effetbénéfique, dose-dépendant, sur la sévérité dessignes cliniques lors d’infections aiguës par levirus herpès chez des chats d’expérimentation,en particulier si elle est administrée avant lacontamination [e]. L’instillation de 200 UI par goutte d’interféron2α, préparé en collyre, quatre fois par jour estrecommandée [a].

5. L’interféron ωω(2)

L’interféron ω(2) (Virbagen® Oméga) utilisé entopique est en cours d’étude. Cette cytokine,

dotée d’une activité antivirale puissante, agit endiminuant la réplication du virus herpès félin.Son efficacité n’est pas spécifique d’un virus oud’un groupe de virus donné.L’activité antivirale serait maximale lors d’appli-cation locale sur l’œil d’interféron ω(2) à la dosede 0,5 MUI/ml. L’instillation de collyre à l’inter-féron ω(2) (Virbagen® Oméga dilué au 20e, pourobtenir une concentration finale de 0,5MUI/ml), cinq fois par jour pendant dix jours,est préconisée (recommandations du labora-toire) (PHOTOS 20 et 21).

6. Corticoïdes et ciclosporine A(2)

L’administration de corticoïdes est à proscrirepour la plupart des infections herpétiques car ilsentraînent une immunosuppression locale etretardent l’épithélialisation de la cornée [16].Leur usage peut donc provoquer la réactivationd’une infection latente et favoriser l’apparitionde séquelles oculaires.Lors de kératites stromales chroniques (ouméta-herpétiques), les corticoïdes locaux ou laciclosporine A(1) peuvent être utiles. Le but estalors de diminuer la réponse immunitairecontre les antigènes du virus herpès et deminimiser ainsi l’opacification cornéenne [16].Ce traitement doit alors être associé à unesurveillance étroite (contrôles hebdomadaires)et l'administration systématique d'un antivirallocal serait intéressante en raison du risque deréactivation.

Malgré la vaccination, l’infection par le virusherpès félin reste fréquente chez les chatsdomestiques. Elle est prouvée ou supposéeresponsable de nombreuses manifestationsoculaires aiguës ou chroniques. L’utilisationtopique de l'interféron ω(2) est en cours d’étudeet pourrait apporter à l’avenir une solutionintéressante dans le traitement souvent difficiledes affections oculaires herpétiques. ■

Bibliographie2 - Bouhanna L. Vade-Mecumd’ophtalmologie vétérinaire. Ed.Med’Com. Paris. 1996:144pages.

10 - Glaze MB, Gelatt KN. Felineophthalmology. In: Gelatt KN.Veterinary ophthalmology. 3rd ed.Lippincott, Williams & Wilkins,Philadelphia. 1999:997-1052.

11 - Lutz H, Leutenegger C,Hofman-Lehmann R. The role ofpolymerase chain reaction and itsnewer developments in felinemedicine. J. Feline Med. Surg.1999;1:89-100.

12 - Maggs DJ, Lappin MR, Reif JSet coll. Evaluation of serologic andviral detection methods fordiagnosing feline herpesvirus-1infection in cats with acuterespiratory tract or chronic oculardisease. J. Am. Vet. Med. Assoc.1999;214:502-507.

19 - Nasisse MP, Weigler BJ. Thediagnosis of ocular felineherpesvirus infection. Vet. Comp.Ophthalmol. 1997;7:44-51.

20 - Nasisse MP, Glover TL,Moore CP et coll. Detection offeline herpes virus-1 DNA incorneas of cats with eosinophilickeratitis or corneal sequestration.Am. J. Vet. Res. 1998;59:856-858.

21 - Povey RC. Feline respiratorydiseases. In: Greene CE. Infectiousdiseases of the dog and cat. 1st

WB Saunders Co. ed.,Philadelphia. 1990:346-357.

23 - Stiles J, McDermott M, BigsbyD et coll. Use of nestedpolymerase chain reaction toidentify feline herpesvirus inocular tissue from clinically normalcats and cats with cornealsequestra or conjunctivitis. Am. J.Vet. Res. 1997;58:338-342.

24 - Stiles J, McDermott M, WillisM et coll. Comparison of nestedpolymerase chain reaction, virusisolation, and fluorescent antibodytesting for identifying felineherpesvirus in cats withconjunctivitis. Am. J. Vet. Res.1997;58:804-807.

25 - Strubbe DT, Gelatt KN.Ophthalmic examination anddiagnostic procedures. In: GelattKN. Veterinary Ophthalmol. 3rd ed.Lippincott, Williams & Wilkins eds.,Philadelphia. 1999:427-466.

Les références complètesde cet article sont

consultables sur le site www.planete-vet.com

Rubrique formation

PHOTO 21. Même chat que sur la photo20 : guérison en deux semaines de lakératite herpétique sous interféron wen collyre.

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PHOTO 20. Kératite herpétique (le testPCR est positif) : aucune améliorationsous traitement à la trifluridine(3)

(Virophta® Collyre).

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