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14 BOULEVARD HAUSSMANN 75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00 14 AVR 12 Hebdomadaire Paris OJD : 429079 Surface approx. (cm²) : 364 N° de page : 40 Page 1/1 LAROUSSE2 5003791300507/GBM/AJR/2 Eléments de recherche : LAROUSSE : uniquement livres/vie de la société Mathieu Laine : 44 Non à F impôt punition ! 55 Pour cet essayiste libéral, notre pays raisonne à V envers et devrait plutôt se doter d'une stratégie fiscale qui en- courage la création d'emplois et de richesses. Le Figaro Magazine - Tous les candidats a l'élection presiden- tielle promettent des hausses d'impôts. Sont-elles évitables ? Mathieu Laine - Absolument ! Pardon de choquer, mais il vau- drait même mieux les baisser ! Ce qu'il faut rechercher, c'est l'efficacité fiscale en soutien d'une véritable stratégie de croissance, car tout le monde y gagnerait. Et il n'y a qu'une seule façon de l'atteindre : ré- duire les taux marginaux (les plus élevés) et ac- croître l'assiette de l'impôt. Tous les pays qui ont fait ce choix (et ce ne sont pas que des petits pays : les Etats-Unis, l'Australie, le Canada, etc.) ont connu des résultats exceptionnels. Et tous les leaders politiques qui l'ont appliqué ont été réé- lus. Chez nous, on ne parle que de justice sociale et la taxation n'est devenue qu'une arme de puni- tion massive. Le seul moyen de sortir de la crise actuelle, qui est une crise de la dépense publique, de la désincitation au travail et de la compétiti- vité, c'est de raisonner à 180 degrés de la pensée dominante actuelle et de recréer des incitations à innover, à inventer, à entreprendre, et donc à créer des emplois. La surenchère démagogique actuelle nous en éloigne radicalement... Les marchés et les agences de notation ne ré- clament-ils pas aussi des hausses d'impôts ? Les agences de notation s'intéressent, avec rai- son, à notre capacité à réduire notre déficit et no- tre dette publics. Certes, les hausses d'impôts permettent d'agir vite sur le déficit, mais c'estune vision à court terme. Les agences de notation ne sont pas stupides et notent en fonction de ce qui va se passer dans l'avenir : elles font la différence entre les pays qui adoptent une vraie stratégie de croissance à long terme et les autres qui, avec une envolée fiscale, cassent la machine à produire et... finissent par réduire les recettes fiscales ! Et ce d'autant plus que les modèles sociaux et fis- caux sont en concurrence. Au moment où nous disons que nous allons augmenter les impôts, vous aurez noté que David Ca- meron, en Grande-Bretagne, les baisse. Pourquoi la France serait-elle incapable d'en faire autant ? Il existe un blocage intellectuel dans ce pays et un certain man- que de courage pour oser por- ter ce type d'idée sur la scène politique. Historiquement, la France ne se pense que comme un Etat et on oublie qu'on pourrait faire davantage confiance aux Français. Nous consacrons plus de 56 % de notre richesse nationale aux dépenses publiques, contre 43 % dans les pays de l'OCDE. Nos impôts sont parmi les plus élevés d'Europe, mais on perçoit bien que cela ne marche pas, que la croissance s'éloigne, que la pauvreté aug- mente, etc. Pourtant, on nous propose d'aller en- core plus loin dans cette logique destructrice. Prenez les 75 % de M. Hollande : certes, il y a des rémunérations très importantes, mais elles ne sont bien souvent que le reflet de la création de ri- chesse dont certains individus sont capables. Notre pays aurait tort de s'en priver, et il y a une certaine forme d'immoralité et d'irresponsabilité à sombrer dans la tentation confiscatoire. On leur reproche de ne pas acquitter leur juste part... Mais c'est faux ! Le Conseil des prélèvements obligatoires indique qu'en 2010 les 10 % des foyers les plus riches en France ont contribué à 65 % de l'impôt brut et à 74 % de l'impôt net. No- tre fameux modèle social est payé en très grande partie par ces hommes et ces femmes que l'on montre du doigt. C'est un comble ! L'impôt sur le revenu est plus concentré et plus progressif qu'en 1990. Je ne vois pas comment, en découra- geant ceux qui ont le plus de chance de créer des emplois et des richesses, on peut rendre l'écono- mie plus dynamique et plus efficace. L'annonce de la tranche à 75 % a été un vrai choc pour beau- coup, bien au-delà de ceux qui sont touchés di- rectement. Cela nous ramènerait à ce qu'était la Grande-Bretagne avant l'arrivée de Thatcher : le taux maximal de l'impôt sur le revenu était de 85 %, et le pays était le plus pauvre d'Europe. Que proposent les libéraux ? Une authentique stratégie fiscale à l'opposé de cela, fondée sur la compréhension de l'action humaine. Il faut casser la logique de désincita- tion au profit d'un impôt extrêmement simple, beaucoup plus incitatif, calculé sur une as- siette large avec des taux très bas. Un impôt faible qui touche le plus grand nombre de gens est plus efficace, plus rentable en termes de re- cettes fiscales, et plus juste. Bien entendu, cela va de pair avec une réduction importante des dépenses publiques. Une « fiat tax », en quelque sorte ? Ou un système qui s'en approche. Par exemple, sitouslesFrancaispayaientrimpôtsurlerevenu avec des tranches entre 5 et 25 % ainsi qu'une TVA à 5 %, k France deviendrait un pays où il Mt bon entreprendre et créer des emplois, et les recettes fiscales seraient au rendez-vous. PROPOS RECUEILLIS PAR a R Le libéralisme a son dictionnaire '« Action humaine » a « Max Weber », le libéralisme a désormais son dictionnaire chez Larousse La doctrine libérale est déclinée sur 720 pages et près de 300 en- trées, avec une grande clarté et beaucoup de richesse dans les thèmes abordés. Bref, ce « dico » est tout sauf une absconse thèse universitaire. Les 65 auteurs (dont un prix Nobel) qui ont planche sous la direction de Mathieu Laine démontrent page après page que le libéralisme est lom de la caricature qu'on en fait volontiers en France. Il est même solidement enraciné dans notre histoire, alors que ses détracteurs le pei- gnent comme « un vent mauvais » venu d'Angleterre ou des Etats-Unis. Plus complexe et divers qu'il y paraît, le libéralisme est la pensée de ceux qui « font confiance à l'homme », par opposition à ceux qui s'en remettent à l'Etat Rafraî- "•"ïïïJî chissant en ces temps de « mélenchomama » ... . g

Dictionnaire du Libéralisme - Le Figaro Magazine - 120413

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14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00

14 AVR 12Hebdomadaire Paris

OJD : 429079

Surface approx. (cm²) : 364N° de page : 40

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LAROUSSE25003791300507/GBM/AJR/2

Eléments de recherche : LAROUSSE : uniquement livres/vie de la société

Mathieu Laine :44Non à F impôt punition ! 55

Pour cet essayiste libéral, notre pays raisonne à V enverset devrait plutôt se doter d'une stratégie fiscale qui en-courage la création d'emplois et de richesses.

Le Figaro Magazine - Tous lescandidats a l'élection presiden-tielle promettent des haussesd'impôts. Sont-elles évitables ?Mathieu Laine - Absolument !Pardon de choquer, mais il vau-drait même mieux les baisser !Ce qu'il faut rechercher, c'estl'efficacité fiscale en soutiend'une véritable stratégie decroissance, car tout le monde ygagnerait. Et il n'y a qu'uneseule façon de l'atteindre : ré-duire les taux marginaux (les plus élevés) et ac-croître l'assiette de l'impôt. Tous les pays qui ontfait ce choix (et ce ne sont pas que des petits pays :les Etats-Unis, l'Australie, le Canada, etc.) ontconnu des résultats exceptionnels. Et tous lesleaders politiques qui l'ont appliqué ont été réé-lus. Chez nous, on ne parle que de justice socialeet la taxation n'est devenue qu'une arme de puni-tion massive. Le seul moyen de sortir de la criseactuelle, qui est une crise de la dépense publique,de la désincitation au travail et de la compétiti-vité, c'est de raisonner à 180 degrés de la penséedominante actuelle et de recréer des incitations àinnover, à inventer, à entreprendre, et donc àcréer des emplois. La surenchère démagogiqueactuelle nous en éloigne radicalement...Les marchés et les agences de notation ne ré-clament-ils pas aussi des hausses d'impôts ?Les agences de notation s'intéressent, avec rai-son, à notre capacité à réduire notre déficit et no-tre dette publics. Certes, les hausses d'impôtspermettent d'agir vite sur le déficit, mais c'estunevision à court terme. Les agences de notation nesont pas stupides et notent en fonction de ce quiva se passer dans l'avenir : elles font la différenceentre les pays qui adoptent une vraie stratégie decroissance à long terme et les autres qui, avec uneenvolée fiscale, cassent la machine à produireet... finissent par réduire les recettes fiscales ! Etce d'autant plus que les modèles sociaux et fis-caux sont en concurrence. Au moment où nousdisons que nous allons augmenter les impôts,

vous aurez noté que David Ca-meron, en Grande-Bretagne,les baisse.Pourquoi la France serait-elleincapable d'en faire autant ?Il existe un blocage intellectueldans ce pays et un certain man-que de courage pour oser por-ter ce type d'idée sur la scènepolitique. Historiquement, laFrance ne se pense que commeun Etat et on oublie qu'onpourrait faire davantage

confiance aux Français. Nous consacrons plusde 56 % de notre richesse nationale aux dépensespubliques, contre 43 % dans les pays de l'OCDE.Nos impôts sont parmi les plus élevés d'Europe,mais on perçoit bien que cela ne marche pas, quela croissance s'éloigne, que la pauvreté aug-mente, etc. Pourtant, on nous propose d'aller en-core plus loin dans cette logique destructrice.Prenez les 75 % de M. Hollande : certes, il y a desrémunérations très importantes, mais elles nesont bien souvent que le reflet de la création de ri-chesse dont certains individus sont capables.Notre pays aurait tort de s'en priver, et il y a unecertaine forme d'immoralité et d'irresponsabilitéà sombrer dans la tentation confiscatoire.On leur reproche de ne pas acquitter leur juste part...Mais c'est faux ! Le Conseil des prélèvements

obligatoires indique qu'en 2010 les 10 % desfoyers les plus riches en France ont contribué à65 % de l'impôt brut et à 74 % de l'impôt net. No-tre fameux modèle social est payé en très grandepartie par ces hommes et ces femmes que l'onmontre du doigt. C'est un comble ! L'impôt sur lerevenu est plus concentré et plus progressifqu'en 1990. Je ne vois pas comment, en découra-geant ceux qui ont le plus de chance de créer desemplois et des richesses, on peut rendre l'écono-mie plus dynamique et plus efficace. L'annoncede la tranche à 75 % a été un vrai choc pour beau-coup, bien au-delà de ceux qui sont touchés di-rectement. Cela nous ramènerait à ce qu'était laGrande-Bretagne avant l'arrivée de Thatcher : letaux maximal de l'impôt sur le revenu était de85 %, et le pays était le plus pauvre d'Europe.Que proposent les libéraux ?Une authentique stratégie fiscale à l'opposé decela, fondée sur la compréhension de l'actionhumaine. Il faut casser la logique de désincita-tion au profit d'un impôt extrêmement simple,beaucoup plus incitatif, calculé sur une as-siette large avec des taux très bas. Un impôtfaible qui touche le plus grand nombre de gensest plus efficace, plus rentable en termes de re-cettes fiscales, et plus juste. Bien entendu, celava de pair avec une réduction importante desdépenses publiques.Une « fiat tax », en quelque sorte ?Ou un système qui s'en approche. Par exemple,sitouslesFrancaispayaientrimpôtsurlerevenuavec des tranches entre 5 et 25 % ainsi qu'uneTVA à 5 %, k France deviendrait un pays où ilMt bon entreprendre et créer des emplois, et lesrecettes fiscales seraient au rendez-vous.

PROPOS RECUEILLIS PAR a R

Le libéralisme a son dictionnaire'« Action humaine » a « Max Weber », le libéralisme a désormais son dictionnairechez Larousse La doctrine libérale est déclinée sur 720 pages et près de 300 en-trées, avec une grande clarté et beaucoup de richesse dans les thèmes abordés.

Bref, ce « dico » est tout sauf une absconse thèse universitaire. Les 65 auteurs (dont un prixNobel) qui ont planche sous la direction de Mathieu Laine démontrent page après page quele libéralisme est lom de la caricature qu'on en fait volontiers en France. Il estmême solidement enraciné dans notre histoire, alors que ses détracteurs le pei-gnent comme « un vent mauvais » venu d'Angleterre ou des Etats-Unis. Pluscomplexe et divers qu'il y paraît, le libéralisme est la pensée de ceux qui « fontconfiance à l'homme », par opposition à ceux qui s'en remettent à l'Etat Rafraî- "•"ïïïJîchissant en ces temps de « mélenchomama »... . g