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Diff6renciation de populations anadromes et dulcicoles de Grands Cor6gones (Coregonus clupeaformis) par la composition min6rale de leurs 6cailles GuY Monpau Br CrnuoB Benshu Centre de recherches sur l'eau (CENTREAU) Ddpartements cte Biologie et de Chimie llnfrr^itd Laval, Qudbec, Qud' GIK 7P4 N{onrau, G. rr C. B,q.nsEAu. 19?9.Diff6renciation de populations anadromes.et dulcicoles de Grands Cor6gones (Coregonus clupeaformisl par la composition min6rale de leurs €cailles. J. Fish. R.es. Board Can. 36: 1439-1444' On a 6tudi6 la composition min6rale en 6l6mentsalcalino-terreux d'ecailles de Grands Cor6gones d'eauxdouceiet d'eauxsal6es dansla r6gionde la rivibreLa Grande' Alors que les teneurs en calcium et en magndsium demeurent inchangdes' quelque- soit.le .site ou I'dge, les teneurs en strontium changJrt appr6ciablementselon le bassin et la salinit6 de I'eau. Les variations en strontium soniutilisdei pour diffdrencierles populations anadromes et dulcicoles et pour caract6riser certains secteurs de la rivibre La Grande' Mots clds: Grands Cor6gones, strontium, calcium, magn6sium,dcailles, populations anadromes et dulcicoles Monnau, G. Er C. Banspnu.1979. Diffdrenciation de populations anadromes.et dulcicoles de Grands cordgones (Coregonus clupeaformisl par la composition min6rale de leurs 6cailles. J. Fish. Res. Board Can. 36: 1439-1444. The mineral composition in alkaline earth elementsof whitefish scales from fresh- and saltwater of the La Grinde River area were studied. While caicium and magnesium concentra- tions remained unchanged, regardlessof site or age, the strontium concentrations changed markedly according tdbasinlnd water salinity. The variations in strontium are used to differentiate anadromous and freshwater populaiions, and to caracterize cerlain portions of ta Grande River. Received November 29, 1978 Accepted August 20, 1979 Ln Grand Cor6gone (Coregonus clupeaformis)est sur- tout connu par ses populationsde lacs et de rividres mais, dans les r6gions nordiques, il n'est pas rare de Ie rencontreren eau saumAtre dans les estuaires et dans les baies.Il peut 6tre important, notamment Par rap- port aux travaux d'am6nagement, de connaitre si les individus d'une rividre appartiennent tous a une popu- lation migratrice ou ser6partissent en deuxpopulations: l'une s6dentaire dulcicole, I'autre migratriceamphibioti- que. IJne telle question se pose ) propos de la rividre La Grande, Qu6bec, Canada, oir Ie Grand Cor6gone est pr6sent i tous les niveaux, y comprisdans son estuaire, ainsique dans la zonec6tidrede la Baie de James. Dans ce cas,la limite d'une population strictement dulcicole pourrait 6tre 6tabiie par un rapide, situ6 ) 37 km de l'embouchure (site B, fig. 1), dont les caract6ristiques physiques correspondent aux limites des possibilit6s de nage des Grands Cor6gones tellesqu'6tablies par Jones et al. (1974\. Printed in Canada (15449) Imprim6 auCanada (15449) Regule 29 novembre1978 Accept6 le 20 aotrt 1979 Pour r6pondre d cette question, la technique d6crite par Bagenal et al. (1973) est employ6e. et.compl6t6e pur utte 6tude plus pouss6e de la min6ralisation des 6cailles. Mat6riel etm6thodes Les sp6cimens utilis6s ont 6t6 pr6lev6s dans diff6rents sites du terriioire de la Baie de James (fig. 1): r6gion de Black Island (A) de salinit6 d'environ 20%", imm6diatement en aval (B') et en amont (B") des premiers rapides, en amont d'une s6rie de rapides (C, D") dont certainsincontestable- ment infranchissables et enfin, iL titre comparatif, dans 2 lacs (D', E) de la rnOmer6gion et dans un lac (F) sans communication avec le r6seau hydrographique de la rividre La Grande. Les 6cailles pr6lev6es lors de la capture ont 6t6 con- serv6esir sec jusqu'au moment de I'analyse de la composi- tion min6rale. L'analyse de la teneur en strontium s'inspire de la m6- thode de Bagenal et aL (1973). On pEseune ou plusieurs 6caillespoui obtenir un poids voisin de 5 mg. Bien que la reproductibilit6 des r6sultats en strontium demeure bonne avec des 6chantillons de moins de 2 mg et d'aussi peu que 0,5 mg, on observe des 6carts d'analyse prononc6s sur le 1439 J. Fish. Res. Bd. Can. Downloaded from www.nrcresearchpress.com by Depository Services Program on 05/08/13 For personal use only.

Différenciation de populations anadromes et dulcicoles de Grands Corégones ( Coregonus clupeaformis ) par la composition minérale de leurs écailles

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Diff6renciation de populations anadromes et dulcicoles de Grands

Cor6gones (Coregonus clupeaformis) par la compositionmin6rale de leurs 6cailles

GuY Monpau Br CrnuoB BenshuCentre de recherches sur l'eau (CENTREAU)

Ddpartements cte Biologie et de Chimie llnfrr^itd Laval, Qudbec, Qud' GIK 7P4

N{onrau, G. rr C. B,q.nsEAu. 19?9. Diff6renciation de populations anadromes.et dulcicoles de

Grands Cor6gones (Coregonus clupeaformisl par la composition min6rale de leurs

€cailles. J. Fish. R.es. Board Can. 36: 1439-1444'

On a 6tudi6 la composition min6rale en 6l6ments alcalino-terreux d'ecailles de Grands

Cor6gones d'eaux douceiet d'eaux sal6es dans la r6gion de la rivibre La Grande' Alors que les

teneurs en calcium et en magndsium demeurent inchangdes' quelque- soit.le .site ou I'dge, les

teneurs en strontium changJrt appr6ciablement selon le bassin et la salinit6 de I'eau. Les

variations en strontium soniutilisdei pour diffdrencier les populations anadromes et dulcicoles

et pour caract6riser certains secteurs de la rivibre La Grande'

Mots clds: Grands Cor6gones, strontium, calcium, magn6sium,dcailles, populations anadromes

et dulcicoles

Monnau, G. Er C. Banspnu. 1979. Diffdrenciation de populations anadromes.et dulcicoles de

Grands cordgones (Coregonus clupeaformisl par la composition min6rale de leurs

6cailles. J. Fish. Res. Board Can. 36: 1439-1444.

The mineral composition in alkaline earth elements of whitefish scales from fresh- and

saltwater of the La Grinde River area were studied. While caicium and magnesium concentra-

tions remained unchanged, regardless of site or age, the strontium concentrations changedmarkedly according tdbasinlnd water salinity. The variations in strontium are used to

differentiate anadromous and freshwater populaiions, and to caracterize cerlain portions of

ta Grande River.

Received November 29, 1978Accepted August 20, 1979

Ln Grand Cor6gone (Coregonus clupeaformis) est sur-tout connu par ses populations de lacs et de rividresmais, dans les r6gions nordiques, il n'est pas rare de Ierencontrer en eau saumAtre dans les estuaires et dansles baies. Il peut 6tre important, notamment Par rap-port aux travaux d'am6nagement, de connaitre si lesindividus d'une rividre appartiennent tous a une popu-lation migratrice ou se r6partissent en deux populations:l'une s6dentaire dulcicole, I'autre migratrice amphibioti-que.

IJne telle question se pose ) propos de la rividre LaGrande, Qu6bec, Canada, oir Ie Grand Cor6gone estpr6sent i tous les niveaux, y compris dans son estuaire,ainsi que dans la zone c6tidre de la Baie de James. Dansce cas, la limite d'une population strictement dulcicolepourrait 6tre 6tabiie par un rapide, situ6 ) 37 km del'embouchure (site B, fig. 1), dont les caract6ristiquesphysiques correspondent aux limites des possibilit6s denage des Grands Cor6gones telles qu'6tablies par Joneset al. (1974\.

Printed in Canada (15449)Imprim6 au Canada (15449)

Regu le 29 novembre 1978Accept6 le 20 aotrt 1979

Pour r6pondre d cette question, la technique d6crite

par Bagenal et al. (1973) est employ6e. et.compl6t6epur utte 6tude plus pouss6e de la min6ralisation des

6cailles.

Mat6riel etm6thodes

Les sp6cimens utilis6s ont 6t6 pr6lev6s dans diff6rents sitesdu terriioire de la Baie de James (fig. 1): r6gion de BlackIsland (A) de salinit6 d'environ 20%", imm6diatement enaval (B') et en amont (B") des premiers rapides, en amontd'une s6rie de rapides (C, D") dont certains incontestable-ment infranchissables et enfin, iL titre comparatif, dans 2

lacs (D', E) de la rnOme r6gion et dans un lac (F) sanscommunication avec le r6seau hydrographique de la rividreLa Grande.

Les 6cailles pr6lev6es lors de la capture ont 6t6 con-serv6es ir sec jusqu'au moment de I'analyse de la composi-tion min6rale.

L'analyse de la teneur en strontium s'inspire de la m6-thode de Bagenal et aL (1973). On pEse une ou plusieurs6cailles poui obtenir un poids voisin de 5 mg. Bien que lareproductibilit6 des r6sultats en strontium demeure bonneavec des 6chantillons de moins de 2 mg et d'aussi peu que0,5 mg, on observe des 6carts d'analyse prononc6s sur le

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1440 I. FISH. RES. BOARD CAN., VOL. 36, 19?9

F'rc. 1. Localisation des sites de pr6ldvement des GrandsCo169ones.

dosage en calcium et en magndsium lorsque le poidsd'6chantillon est inf6rieur ir 2 mg. La matidr-e organique estd6compos6e par oxydation avec 0,5 cm, de HCIO. e 60"Cpendant t h. La solution est ensuite 6vapor6e par 6bullitionet le r6sidu repris par 5 cm3 de HNO, 0,1 mol/L pendant en-viron t h i 60"C; le volume de la solution est ensuite com-pl6t6 ir 10 cm'.

Le dosage du strontium s'effectue par absorption atomiqueen utilisant un volume variant entre l0 et 25 pL. En rarsondes interactions r6sultant de la pr6sence de forles concentra-tions de calcium et de magn6sium dans la solution acide,le caractdre de la flamme et les paramdtres instrumentauxen absorption atomique sont tres difficiles ir choisir. pourcontourner ces difficult6s, la fournaise au graphite perkinElmer HGA, mont6e sur le spectrophotomdtre Ferkin Elmer305, est utilis6e avec une temp6rature de calcination de800'C (28 s) et une temp6ratuie d'aromisation de 2500"C(12s). La courbe d'absorption est lin6aire pour les con-centrations analys6es (0-0,2 mgll- de strontium) et la pr6-

sence des ions calcium (0-100mg/L), magn6sium (0-20me/L), phosphate (0-100mg/r ) ou potassium (0-10mg/L) n'affecte pas le signal du strontium. L'erreur sur lad6termination du strontium est d'environ -+ 70Vo pour lesfaibles concentrations et d'environ -r 5Vo porrr les con-centrations 6lev6es. Cette erreur provient principalement dela lecture d'absorption dont la r6p6tabilit6 se situe it + 5%.

Pour le dosage du calcium et du magn6sium, on pr6ldveI cm3 de la solution mdre, on dilue i l0 cmB et on mesurel'absorption en flamme air-ac6tyldne. Le calcium est mesur6ir 422,7 nm en utilisant le brirleur dans une position tourn6e,correspondant d 100Vo d'absorption pour une concentrationde 7 mg/L. La pr6cision des r6sultats se situe alors d environ-+ 10%. Le magn6sium est dos6 d 285,2 nm en utilisant dessolutions 6talons de 0 i 0,5 mg/L; la pr6cision obtenue estde I'ordre de -+- 5Vo.

En raison d'une certaine h6t6rosc6dasticit6, I'analyse devariance ne peut se faire sur les donn6es brutes. L'6cart-type des moyennes de groupes tendant i €tre proportionneli la moyenne, la transformation logarithmique paraissait laplus indiqu6e dans les circonstances. Le tableau des donn6esbrutes et transform6es peut 6tre obtenu, pour un co0tminime, en s'adressant au D6p6t des donn6ei non-publi6es,CISTI, Conseil national de recherches du Canada, Ottawa,Ont. KlA 0S2.

R6sultats et discussion

Le diagramme de distribution (fig. 2) montre unedispersion des concentrations en strontium plus impor-tante chez les individus pr6lev6s dans la baie que danstous les autres sites de pr6ldvement. De plus, la teneurmoyenne en strontium chez les poissons pr6lev6s en eausal6e (A) est sup6rieure (au moins 1,5 fois) i celle ob-serv6e chez les sp6cimens d'eau douce (tableau 1). Cette

Capg/g X 10-3 Ca/Mg CalSr Mg/Sr

Tnnlrlu l. Valeurs moyennes et 6tendues des concentrations et des rapports massiques, suited la transformation logarithmique des donndes.

Valeurs movennes et 6tendues

Groupe nSr Mg

pe/e pg/g x 70-l

J I

68a

J 4

5ga

22

t7

20^

t2

A

C

D

E

F

605 252470-779 202-314

626486-807

443 245367-534 213-281

455372-556

340 2032s2-457 t70-242

428 217376-487 185-234

377318-446

212 219178-254 20s-233

10895-123

1 1 196-129

9 168-121

10597-114

108101- l 15

A 1

34-J3

4 J

36-51

4945-53

46 251 5,540-53 128-319 4,3-7,2

175 4,1132-233 2,9-5,9

266 6,3206-344 4,6-8,6

244 5,0209-284 4,3-5,8

49 508 10,345-54 413-6)5 R.6-1?.2

aEnsemble des specimens pour lesquels la concentration en sirontium est connue.

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MOREAU ET BARBEAU: OTTEENENCIETION DE GRANDS CONfCONTS 1441

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STRONTIUM (pg ig ) MAGNESIUM (p9 lg x ro l ) cA lc lUM (7r9 lg x to -3)

Frc. 2. Distribution des Grands Cor6gones selon les concentrations et les sites de pr6lEve-

ment. Les hachures crois6es indiquent les sp6cimens consid6r6s d'eau sal6e.

diff6renceentreGrandsCor6gonesd'eaudouceetd'eau (tableau3) faitressortir: (1) I 'homog6n6it6desteneurs

sal6e est du m6me oror" q"" i.ii" oLr"ru6. par Bagenal moyennes en strontium chez les sp6cimens d'eau douce

etal. 1973\ chezlesTruites. -

Ag6s de 2 ) 8 ans; (2) la diminution continueen stron-

TA.sI-rA.u 2. Analyse de variance des donn6es transformdes'Comparaison entre le groupe B et les autres groupes'

_Parambtreb

Puisque le site B se situe en eau douce, qu'il estvoisin du site A en eau sal6e et qu'il est associ6 d unnombre 6lev6 de sp6cimens, l'analyse de variance enfonction de ce site pourrait r6pondre i la question de lavariabilit6 des concentrations min6rales des 6cailles enfonction de la r6gion. Le tableau 2 montre que les popu-lations des sites A, C et E, du bassin de la rividre LaGrande, se distinguent de celles du site B par leurteneur en strontium. La comparaison impliquant lesrapports massiques Ca/Mg, CalSr et Mg/Sr indique'cependant, que seulement la population du site A peut6tre consid6r6e distincte de celle de B, si on limitel'6tude au bassin hydrographique de la rividre LaGrande.

La distinction entre les sp6cimens d'eau sal6e (A) etceux d'eau douce apparait 6galement lorsque la com-paraison se fait par groupes d'Age. L'analyse de variance

Groupe Sr Mg Ca CalMg Ca/Sr Mg/Sr

AcDFEa

n.s.

* x * +

n,s. n.s.n.s, n,s.* * * *

n.s. n.s. n.s.n.s.

n.s, n.s.n.s,

al-es valeurs de Mg et Ca correspondantes ne sont pas

disoonibles.ti*x: diffdrence hautement significative (P < 0'01); n.s.:

difference non significative; -: variances ne permettant pas

une analyse comparatrve'

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1442 J. FISH. RES. BOARD CAN., VOL. 36, t979

Tnsrrnu 3. Analyse comparative selon I'Age et les concentra_trgns.el strontium des specimens des groupes A et B, C, E,sulte a ta translormation des donndes.

Concentrations moyennes etdtendues en Sr(pglg)

Age

Groupe A Groupe B, C, Ea,(n) x1n\

dtendue dtendue Analyse de Fb

433 (13)372-488473 (rr)39s-5674s0 (r4)358-s61

473 (9)412-s45441 (10)369-528424 (4)392-460

376 (3)289-490446 (64)

3e9 (7)J J I - 4 I J

340 (10)279-418293 (6)235-330257 (6)233-284

l{-lage {9s specimens du groupe D n'est pas connu.b**: diff6rence hautement significative (p < 0,01); n.s.:diffdrence non significative.

tium, associ6e avec un vieillissement pass6 8 ans; (3)une teneur moyenne semblable chez 5 des 7 groupesd'Age des sp6cimens d'eau sal6e; (4) une diff6rencehautement signifrcative entre les populations de m6meAge mais de milieux diff6rents. Li repartition des con-centrations selon le milieu et l,Age, qui est pr6sent6e ila figure 3, montre que seules les populatio.ri de 5 et gans dans la baie pr6sentent des teneurs moyennes enstrontium voisines de celles observ6es chez les sp6cimensde m6me 6ge dans la rdgion d'eau douce. Lei teneurs6lev6es en strontium chez les groupes d'Age de la baiedoivent 6tre associ6es au caractdte O,euu sal6e de cemilieu (tableau 4), au mdme titre que les forres con-centrations en strontium des Truites d,eau de mer6tudi6es par Bagenal et al. (1973). Les sp6cimens pr6-lev6s dans le bassin hydrographique de la petite Rividredu Castor pr6sentent par contre des teneurJen strontiumnettement inf6rieures ) celles observ6es dans tout le bas_

645 (3)602-69267e (1s)534-8636s2 (14)5 I 3-830508 (1 1)404-638742 (r2)660-8366e2 (5)610-786

468 (7)388-566626 (68)486-807

n,s.

trluzlrJfatrjCEL

n.s.

)-9,

9

10-l 1

I2-13

r4-17

o o o o o oo O o o o o

(Y) u1 r\ 6) =

STRONTIUM (pg lE )Ftc. 3. Distribution des Grands Cordgones selon la teneuren strontium et l'Age, dans la baie (partie non-hachur6e) etla rividre (partie hachur6e).

sin hydrographique de Ia Grande R.ividre. Avant d'6ta-blir des critdres pour diff6rencier des populations deGrands Cor6gones sur la base des concentrations enstrontium de leurs 6cailles, il est apparu important derechercher la composition en divers autres 6l6ments

AgeB

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MOREAU ET BARBEAU: DIFFfRENCIATION DE GRANDS COREGONES 1443

Taslrau 4. Composition et rapports massiques d'dldments alcalino-terreux dans des eaux sal6es et douces'

TypeStrontium Magnesium

mg/L mg/LCalciummc/L Mg/Sr CalSr Ca/Mg

Eau de meraBaie de Jamesb'e (eaux sal6es)Eau de rivibrec'eLa Granded'e (eaux douces)

8

<0,050,01

1350880

)*_4**

0,s

400240

I n*_7n* *z

5070

>4002000

170250

>8050

0r30,35A

aCiaccio (1971).bEnviron 30 km au large de Fort George.c*Rivibre Chaudibre, Qletec; xxFleuve Saint-Laurent I Qu6bec'dEmbouchure de la rivibre Achazi 53"43'N-78'30'E.eGouvernement du Qudbec (1974).

min6raux et de comparer les concentrations moyennesselon les 16gions.

La distribution observ6e (frg. 2) dans les diff6rentssites, tant du point de vue du calcium que du magn6sium,ne pr6sente pas les m€mes variations que celle dustrontium. On obtient 6galement des valeurs moyennesen calcium et en magn6sium qui diffdrent peu (tableau1 ) et qui, selon l'analyse de variance, peuvent 6tre as-soci6es i des populations de m6me qualit6 (tableau 2).Bien que les rapports de variance, pour l'analyse, selonl'6ge, des sp6cimens pr6lev6s en B, C, E, permettentde conclure qu'il n'existe pas de variation significativedans les teneurs en calcium et en magn6sium entre 2et 9 ans, le rapport Ca/Mg s'avdre pr6f6rable dansl'analyse comparative car les teneurs 61ev6es ou faiblesen calcium sont g6n6ralement reli6es ) des teneurs cor-respondantes en magn6sium. Aussi bien les valeursmoyennes de CalMg (tableau 1) que l'analyse devariance (tableau 2) soulignent la constante de ce rap-port chez les diff6rents groupes 6tudi6s. L'analyse durapport Ca/Mg chez les 46 sp6cimens pr6lev6s en B,C, E, pour les 7 groupes d'Age compris entre 2 et 17ans, montre que les Grands Cor6gones d'une m6mer6gion assimilent les ions calcium et magn6sium selonun rapport constant. Le calcul du rapport massiqueCa/Mg permet donc de valider les r6sultats des analysesde calcium et de magn6sium, tout en facilitant le rejetou I'interpr6tation des donn6es anormales.

Puisque le rapport Ca/Mg permet de ramener surune base commune la comparaison entre plusieurs6chantillons et plusieurs sites, les rapports massiquesCalSr et Mg/Sr pourraient aider d caract6riser dessp6cimens selon leur site de pr6ldvement' Ainsi onconstate (tableaux I et 2) que les populations de B, Cet D sont semblables alors que celles de A et F sontdiff6rentes des trois pr6c6dentes et 6galement diff6rentesentre elles.

L'existence de deux populations distinctes de GrandsCor6gones dans la baie, i la sortie de la rividre LaGrande, parait 6vidente, si on compare les teneurs mo-yennes et la dispersion des concentrations en strontiurndans le site A et dans les sites B, C, D et E. La pr6sencede poissons venant de la rividre, parmi les sp6cimensp6ch6s dans la baie, affecte cependant la moyenne dans

la baie et, en raison de l'6tendue des concentrationschez les sp6cimens de la rividre, ne permet pas d'ob-

,"*"t.t.t" distribution avec deux maxima. La s6lectionde critdres de diff6renciation chez les sp6cimens de labaie devra donc se faire en utilisant des valeurs limitesbas6es sur les concentrations observ6es en eau douce'Bien que Simmons (1971) et Fleming (1974) aientd6montr6 exp6rimentalement I'existence d'un remanie-ment de strontium et de calcium dans les os et les6cailles, Bagenal et at. (1973) ont prouv6 que les fortesconcentrations en strontium des Truites d'eau de merne changeaient pas aprds une exposition exp6rimentalede 60 j ir l'eau douce' Il semble donc que les diff6rencesde concentrations r6sultant de I'exposition aux diversmilieux soient suffisamment stables. Dans le cas desGrands Cor6gones de la baie qui viennent de la rividre,on devrait s'attendre i un acroissement graduel de lateneur en strontium de leurs 6cailles' De fait, seuls lessp6cimens qui ont s6journ6 longtemps dans I'eau sal6epiuvent contenir de fortes concentrations en strontium'La valeur limite en strontium sera donc maximale pourun sp6cimen d'eau douce mais 6liminera de nombreuxsp6cimens qui s6journent depuis un certain temps dansl'eau sal6e. En plus du critdre de diff6renciation eausal6e - eau douce bas6e sur la teneur en strontium (Sr

) 70O pg/ g), on peut utiliser conjointement deux autrescritdres (CalSr ( 200 etMgi Sr ( 4) qui d6co'ulent dupremier. Selon le critdre de strontium, on constate (flg.2; qn'u.r seul sp6cimen pr6lev6 dans la rividre auraits6journ6 dans l'eau sal6e. Ce sp6cimen ainsi que deuxautres, qui pr6sentent des rapports massiques inf6rieursaux critdres d'eau sal6e et dont les concentrations enstrontium sont 550 et 580 pg/ g, ont 6t6 p6ch6s dans lesite B/ i la base du rapide, vers la fin de septembre. Lesautres sp6cimens de B'ont 6t6 p6ch6s au d6but du prin-temps et aucun d'eux n'ob6it i un des trois critdresd'eau sal6e. Ceci tendrait d d6montrer, que les GrandsCor6gones remontent jusqu'i la base des rapides dukilomdtre 37 pour hiberner, et que la d6valaison s'ef-fectue au tout d6but de la fonte des glaces.

Des 31 sp6cimens de la baie dont I'analyse des troisparamdtres min6raux a 6t6 faite sur un 6chantillon deplus de 2 mg, lO suivent les trois critdres d'eau sal6e.Parmi les 21 autres, 13 ont un rapport CalSr inf6rieur

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i 200 alors que 3 pr6sentent des teneurs en strontiumsup6rieures d 7OA pg/ g. Dans le cas des sp6cimens dontseulement le strontium a 6t6 dos6, 18 sur 37 sont con-formes au critdre d'eau sal6e.

L'influence de la composition chimique des eauxsemble se manifester sur la distribution du strontium,en particulier, comme le laissent supposer, non seule-ment les donn6es sur les Grands Cor6gones du bassinhydrographique de la rividre La Grande, mais aussi lestravaux de Ophel et Judd (1967) et surtout les r6sultatsdu lac Nathal ie (F) si tu6 dans un bassin plus c6tier etg6ologiquement dif f6rent de celui de la Grande (f ig. I ) .La connaissance de la composit ion min6rale des 6cai l lesparait un bon paramdtre diff6renciatenr des populationsanadromes et dulcicoles de la m6me espdce. On peutconclure qu' i i existe deux populat ions de Grands Cor6-gones dans la r ividre La Grande: I 'une cantonn6e dansla partie aval de la rividre, de l'embouchure aux premiersrapides et pouvant migrer clans l 'estuaire et la baie,l 'autre local is6e au-dessus des premiers rapides et ef-fectuant tout son cycle en eau douce, Ies sei ls 6changesentre ces deux populat ions se faisant par des mouve-ments de d6valaison. Bien que la teneur en strontlumse r6vdle ut i le pour caractdi iser les Grands Cor6gonesd'une r6gion, i l est cependant n6cessaire de cal ibrer ceparamdtre pour chaque systdme hydrographique solrs6tude.

Remerci.ements

Ce travail a pu 6tre r6a1is6 grAce i des subventions de laSoci6t6 d'Energie de la Baie James et du Conseil nationalde recherches du Canada. Les auteuls r-emercient G. Mar-quis pour la partie graphique.

BAGENAL, T. B., F. J. H. MecrrnETr{ ET J. HenoN, 1973,The distinction between brown trout and sea trout bythe strontium content of their scales, "/. Fish. Biol. 5:

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