196

Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

  • Upload
    others

  • View
    10

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY
Page 2: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

1

Directeur de Publication :

Fulbert Géro AMOUSSOUGA (Université

d’Abomey-Calavi – Bénin)

Rédacteur en chef :

Bédia François AKA (UAO, Bouaké – Côte

d’Ivoire)

Rédacteurs associés :

Alexandre ASSEMIEN (INP-HB, Yamoussoukro

– Côte d’Ivoire)

Boniface KOMENAN (UAO, Bouaké – Côte

d’Ivoire)

Secrétaires de rédaction :

Salimata DIABATE ([email protected])

Adèle KORE ([email protected])

Julia N’ZO ([email protected])

Comité Scientifique :

Fulbert Géro AMOUSSOUGA (Université

d’Abomey-Calavi – Bénin)

Adama DIAW (Université Gaston BERGER,

Saint-Louis – Sénégal)

Aly Amadou MBAYE (Université Cheikh Anta

Diop, Dakar – Sénégal)

Mama OUATTARA (Université FHB, Cocody –

Côte d’Ivoire)

Yves ABESSOLO (Université de Yaoundé –

Cameroun)

Pam ZAHONOGO (Université Ouaga II,

Ouagadougou – Burkina Faso)

Ega Akoété AGBODJI (Université de Lomé –

Togo)

Gilbert-Marie Aké N’GBO (Université FHB,

Cocody – Côte d’Ivoire)

Zié BALLO (Université FHB, Cocody – Côte

d’Ivoire)

Nestor Tiéhi TITO (Université FHB, Cocody –

Côte d’Ivoire)

Alexandre ASSEMIEN (INP-HB, Yamoussoukro

– Côte d’Ivoire)

Denis Joël Tongnivi FOADE (Université FHB,

Cocody – Côte d’Ivoire)

Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO,

Libreville – Gabon)

Mamadou KOULIBALY (Université FHB,

Cocody – Côte d’Ivoire)

Bédia François AKA (UAO, Bouaké – Côte

d’Ivoire)

Christophe TAVERA (Université Rennes 1 –

France)

Loesse ESSO (ENSEA, Cocody – Côte d’Ivoire)

Yaya KEHO (ENSEA, Cocody – Côte d’Ivoire)

Willy Ruffin MANTSIE (Université Marien

N’GOUABI, Brazzaville – Congo)

Alban AHOURE (Université FHB, Cocody – Côte

d’Ivoire)

Auguste KOUAKOU (Université FHB, Cocody –

Côte d’Ivoire)

Clément KOUAKOU (Université FHB, Cocody –

Côte d’Ivoire)

Kimseyenga SAWADOGO (Université Ouaga II,

Ouagadougou – Burkina Faso)

Wautabouna OUATTARA (Université FHB,

Cocody – Côte d’Ivoire)

Page 3: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

2

Sommaire

EDITORIAL ............................................................................................................................. 3

Impacts de l’instauration d’un revenu universel d’existence sur la pauvreté par genre et

par âge en Côte d’Ivoire : Analyse dans un modèle EGC micro simulé

Bédia François AKA .............................................................................................................. 4

La Bourse des Valeurs d’Abidjan est-elle efficiente ?

Denis Joël Tongnivi FOADE ............................................................................................... 21

Analyse de la production de services dans les organisations de crédit mutuel : une

approche par la théorie de la justification et des économies de la grandeur

Angbonon Eugène KAMALAN ........................................................................................... 37

L’impact de la politique monétaire et fiscale sur le PIB des pays de la zone UEMOA :

une application de l’équation de Saint-Louis.

Yao Séraphin PRAO ............................................................................................................ 57

Investissements, croissance économique et bien-être en Côte d’Ivoire : une Analyse à

l’aide d’un Modèle d’Equilibre Général Calculable Dynamique

Seydou KONE ...................................................................................................................... 94

Quel système d’exploitation pour un élevage bovin durable en Côte d’Ivoire ? Une

analyse multi-critère par la méthode ANP (Analytic Network Process).

Trazié Bertrand Athanase YOUAN BI .............................................................................. 121

Contribution à l’analyse économique de la résilience, une approche entre compensation

et capabilités dans un contexte post-crise

Alice ODOUNFA ............................................................................................................... 148

Etude des stratégies de survie des exploitations agricoles de cacao au Sud-Ouest

ivoirien : une approche selon l’origine des producteurs.

Tano Maxime ASSI ............................................................................................................ 174

Page 4: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

3

EDITORIAL

On attend d’une nouvelle revue scientifique qu’elle définisse dans son premier éditorial ce qui

fonde la légitimité de son existence et plus encore quand cette revue se veut le support d’un

domaine scientifique mixte : Economie et Gestion.

La Revue Internationale de Gestion et d’Economie (RIGE) cherche à encourager la

production de connaissances pluridisciplinaires et offre une plateforme pour faire émerger

des synergies entre les Sciences de Gestion, les Sciences Economiques et les autres Sciences.

La RIGE se veut une revue internationale avec pour caractéristique de traiter de thématiques

transversales en utilisant des approches innovantes afin d’assurer la qualité et la rigueur

scientifique dans la diversité épistémologique et méthodologique.

Son ouverture et son implantation internationale se traduisent par la diversité des pays

d’origine des auteurs et par la variété des membres des comités scientifiques. Ainsi, près de

cinquante (50) prestigieux chercheurs de dix (10) pays sont impliqués dans le processus

d’évaluation des articles de la revue.

La RIGE s’adresse à la communauté scientifique, aux professionnels ainsi qu’aux étudiants.

Elle publie des travaux scientifiques réalisés dans les domaines de la gestion et de l’économie.

Une Série est dédiée à chacun des deux domaines : Série A pour la Gestion et Série B pour

l’Economie.

Revue semestrielle, la RIGE publie chaque année deux numéros. Cependant, des numéros

spéciaux entièrement thématiques pourront être publiés.

Enfin la RIGE positionne sa ligne éditoriale sur les articles ayant une réelle contribution à la

connaissance scientifique. Pour la série A, la RIGE privilégie les soumissions qui présentent

les implications managériales de l’étude réalisée après l’application des approches qualitatives

et quantitatives. Pour la série B, sont privilégiées les soumissions qui présentent les

implications de politique économique après l’application des méthodes d’analyse

quantitatives.

Professeur Augustin Anassé Adja ANASSE

Page 5: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

4

Impacts de l’instauration d’un revenu universel d’existence sur la pauvreté par genre et

par âge en Côte d’Ivoire : Analyse dans un modèle EGC micro simulé

Bédia François AKA

Université Alassane OUATTARA, Bouaké (Côte d’Ivoire)

[email protected]

Résumé

Cet article analyse les impacts de la mise en place d’un revenu d’existence sur la pauvreté en

Côte d’Ivoire. A l’aide d’un modèle EGC micro simulé, nous examinons les effets par genre

et par tranches d’âges de cette politique sociale d’allocation universelle financée par la

combinaison d’une part de la TVA et d’autre part des dépenses budgétaires pro-pauvres. Les

principaux résultats des simulations montrent que l’instauration d’un revenu d’existence

universel et inconditionnel permettrait de réduire significativement la pauvreté à travers toutes

les localités du pays par genre et pour différentes tranches d’âges.

JEL Classification: H55; I32; I38; D31; C68

Mots clés : Revenu d’existence ; Pauvreté ; Modèle EGC ; Micro simulation, Côte d´Ivoire

REVUE INTERNATIONALE DE GESTION ET D’ECONOMIE SERIE B - ECONOMIE / NUMERO 1 - VOLUME 1 - Décembre 2016 / pp. 4-20.

Page 6: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

5

Introduction

Depuis une vingtaine d’années les conditions de vie des ménages ivoiriens n’ont cessé de se

détériorer. Selon l’INS le ratio de pauvreté est passé de 10% en 1985 à plus de 32,6% en 2002

(ENV2002). Ce ratio a augmenté pour atteindre un niveau de 46,3% en 2015 contre 48,9% en

2008. Malgré la réduction de 2,6 points, le niveau de pauvreté reste toujours très élevé et

indique qu’une personne sur deux vit sous le seuil de pauvreté encore aujourd’hui en Côte

d’Ivoire, alors que l’environnement macroéconomique s’est amélioré.

Pourtant le pays consacre chaque année une part substantielle de ses revenus à la lutte contre

la pauvreté au titre des dépenses pro-pauvres. Mais force est de constater que bien que ces

efforts soient continus, il y a une rigidité à la baisse du taux de pauvreté, surtout pour

certaines catégories, notamment les femmes et les jeunes. Cette inefficacité des politiques de

protection sociale et de lutte contre la pauvreté requiert la recherche de solutions innovantes,

telle que l’instauration d’un revenu d’existence.

Techniquement toutes les interventions de protection sociales sont contributives et basées sur

des tests de moyennes, i.e. qu’elles sont conditionnelles à la contribution ou à la participation

dans une activité ou programme. L’inefficacité peut relever d’un mauvais ciblage des

populations bénéficiaires ou d’une affectation inadéquate et non rationnelle des ressources

disponibles à cet effet.

Dans le cas de l’allocation d’un revenu universel et inconditionnel de revenu, on évite le

problème de ciblage, et l’on permet ainsi au revenu d’existence d’atteindre les millions de

bénéficiaires dans les tranches les plus pauvres de la population qui ne reçoivent aucune

forme classique d’assistance sociale (Samson, Babson, Haarman, Haarman, Khathi, Mac

Quene et van Niekerk, 2002).

Le revenu d’existence a le potentiel, plus que d’autres formes de mesures de protection

sociale, de réduire la pauvreté et promouvoir le développement humain et un niveau de vie

soutenable (Taylor, 2002).

Page 7: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

6

Certes le financement du revenu d’existence reste une question importante, mais dans le cas

de la Côte d’Ivoire une solution de financement par la TVA et par les dépenses pro-pauvres

constitue une alternative raisonnable à envisager (Aka, 2016a, 2016b).

Dans quelle mesure l’instauration d’un revenu universel d’existence peut modifier la situation

des populations en termes de réduction de la pauvreté ? Après avoir présenté la méthodologie

et les données dans la section 2, la section 3 de cet article fournira les résultats des simulations

relatives à la mise en place d’une telle politique et enfin la section 4 donnera une conclusion à

ce travail.

1. Méthodologie et données

Dans cette section, nous présentons, de manière succincte, les caractéristiques du modèle

EGC et la procédure de mise en œuvre de la micro simulation. Dans un premier temps nous

utilisons les vecteurs de dépenses construits à partir des données d’enquête ménages, puis

nous simulons l’impact du revenu d’existence sur le vecteur de dépenses et dérivons les

indices de pauvreté.

1.1. Le modèle EGC micro simulé

Le modèle EGC1est calibré à l’aide d’une MCS désagrégée de la Côte d’Ivoire comprenant

plusieurs comptes. La MCS comporte quatre facteurs de production : du travail qualifié et non

qualifié, du capital et de la terre.

La Production

La production est déterminée par une fonction de type Leontief, combinant valeur ajoutée et

consommations intermédiaires. La valeur ajoutée est obtenue de manière différente selon les

branches. Dans les branches de production végétales (agriculture vivrière et agriculture

d’exportation), elle est obtenue par une combinaison, à l’aide d’une fonction CES, de la terre

et un facteur composite capital – travail. Le facteur composite provient de la combinaison du

travail et du capital à l’aide d’une technologie CES. Dans les autres branches, la valeur

ajoutée est le résultat d’une combinaison du travail et du capital à l’aide d’une fonction CES.

1 Inspiré de Decaluwé et al. (1999), et basé sur Aka (2006).

Page 8: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

7

Les revenus, l’épargne et les taxes

Les revenus de ménages sont issus de la rémunération des facteurs de production (capital,

travail et terre), du transfert provenant de l’Etat, du reste du monde et des firmes. Le revenu

disponible après le paiement de l’impôt direct à l’Etat et les transferts versés au reste du

monde sert à l’achat de biens et services pour la satisfaction des besoins de consommation.

L’épargne des ménages est supposée représenter le résidu du revenu disponible après

consommation.

Quant aux entreprises, elles tirent leur revenu de la rémunération du capital, des aides de

l’Etat et du reste du monde. Pour sa part, l’Etat tire ses ressources des recettes fiscales à

travers l’impôt sur la production, les taxes sur les échanges extérieurs (importations et

exportations) et le revenu du capital. L’épargne publique est la différence entre le revenu de

l’état et ses dépenses.

Les prix

Nous supposons que la Côte d’Ivoire est une petite économie ouverte de sorte qu’il n’a

aucune influence sur les prix mondiaux de ses exportations et de ses importations. Ce faisant,

les prix internationaux des exportations et des importations sont exogènes. Le prix à la

consommation permet d’assurer l’équilibre entre l’offre et la demande. Il est fonction des prix

locaux intégrant les taxes et des prix des biens importés, majorés des taxes à l’importation. Le

prix de l’investissement est une moyenne géométrique des prix des biens composites.

La demande

La demande agrégée de chacun des secteurs échangeables est composée des dépenses de

consommation finale des ménages, des dépenses de consommations intermédiaires et des

dépenses d’investissement. La structure de la consommation finale des ménages est dérivée de

la maximisation d’une fonction LES, sous contrainte budgétaire.

Le commerce international

La modélisation du commerce extérieur repose sur l’hypothèse d’Armington d’une petite

économie avec une fonction à élasticité de substitution constante entre les importations et les

biens domestiques. Du côté de l’offre, les producteurs procèdent à une répartition optimale de

Page 9: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

8

leur production entre ventes sur le marché domestique et exportations suivant une fonction à

élasticité de transformation constante.

L’équilibre

L’équilibre est défini par l’égalité entre l’offre et la demande de biens et des facteurs sur tous

les marchés. L’épargne globale est égale à l’investissement total. L’investissement total étant

supposé exogène et l’épargne publique fixe, l’équilibre entre l’investissement et l’épargne est

obtenu par l’ajustement de l’épargne privée. Par ailleurs, la balance des opérations courantes

est supposée fixe, de sorte que l’équilibre le marché des exportations et des importations se

réalise grâce à l’ajustement du taux de change réel.

L’introduction de la micro simulation

Dans la première étape, nous utilisons les vecteurs de revenu et de dépense des ménages

construits pour la Côte d’Ivoire à partir des données de l’enquête. Dans la MCS, les biens de

consommations doivent correspondre aux catégories utilisées dans l’enquête ENV98, de

même que les revenus et les dépenses de la MCS et ceux de l’enquête.

Lorsque la cohérence est établie entre les données des deux bases de données (enquête et

MCS), on augmente le nombre de catégories de ménages dans le modèle EGC au nombre de

ménages dans l’enquête, et on introduit les revenus, les dépenses et les épargnes individuels.

Les revenus et dépenses de chaque ménage sont multipliés par leur pondération dans

l’échantillon avant de les introduire dans le modèle. Par ailleurs, une segmentation du facteur

travail sera réalisée en travail qualifié et non qualifié afin de mieux analyser le marché du

travail.

La mesure de la pauvreté

A cause de ses implication politiques, la détermination du seuil de pauvreté est cruciale dans

l’étude de la répartition des revenus, Sen (1976, 1981), Ravallion (1996). Deux approches

(EDE et écart de pauvreté) sont généralement utilisées pour déterminer le seuil de pauvreté.

Nous utiliserons dans cette étude le seuil de pauvreté construit pour la Côte d’Ivoire (Aka,

2006) basé sur l’approche par les besoins essentiels de Ravallion et Bidani (1994).

Page 10: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

9

A l’aide de l’enquête ménage ENV98 le seuil de pauvreté alimentaire est déterminé en Côte

d’Ivoire à 292.030,04 FCFA par an (1,23 US$ par jour). En tenant compte des indices de prix

régionaux pour les 5 strates de l’enquête, ce seuil est évaluéà 288.816,58 FCFA par an (1,21

US$ par jour), ce que nous utilisons dans cette étude.

Lorsque le seuil de pauvreté est déterminé, plusieurs indices permettent de caractériser la

pauvreté (indice FGT, indice de Watts (1968), et Clark, indice de Hemming et Ulph (1981)

(CHU)). L’indice FGT (Foster, Greer, Thorbecke, 1984) est utilisé ici car étant un indice plus

général2.

1.2. Les données

La base empirique de notre modèle EGC est la MCS construite à partir du TRE 1997 de la

Côte d’Ivoire par Aka (2003)3. A l’origine, elle comportait 44 branches de production, deux

facteurs de production (le travail et le capital) et 12 agents institutionnels (9 catégories de

ménages auxquels s’ajoutent l’Etat, les firmes et le reste du monde). La version initiale a été

modifiée en agrégeant les branches de production au nombre de 16. En plus de cette

modification, la dernière version qui sera utilisée dans le cadre de cette étude comporte quatre

facteurs de production au lieu de deux. La terre qui constitue un facteur important a été

introduite dans les branches agricoles de production végétale ; et le travail a été désagrégé en

travail qualifié et travail non qualifié.

Nous utilisons également les données de l’enquête ménagesENV98 de la Côte d’Ivoire pour

l’année 1998. Cette enquête comporte 4200 ménages et 24594 individus organisés en 5 strates

(Abidjan, Autres villes, Forêt Est, Forêt Ouest, Savane).

2Soityi, les revenus des individus d’une population, l’indice FGT est:

1

0z), g(p);( dpzP ; où 0 (voir

Ravallion 1996). Lorsque =0, l’indice FGT indique la proportion P0 de personnes pauvres dont le niveau de

dépense est en dessous du seuil de pauvreté, et il mesure l’incidence de la pauvreté.

Quand =1, l’indice indique l’indice de l’écart de pauvreté connu comme la profondeur ou l’intensite de la

pauvreté i.e. la moyenne de l’écart entre le niveau de vie des personnes pauvres et le seuil de pauvreté.

Lorsque =2 l’indice est l’indice de sévérité de la pauvreté, qui est sensible à la distribution des niveaux de vie

entre les pauvres.Les indices FGT sont décomposables, ce qui est utile pour mesurer la contribution des

differents groupes de ménages à la pauvreté globale. La contribution de chaque groupe socio-économique à la

pauvreté globale est donnée par :PPKC

jxjj / ; ou Px,j est l’indice de pauvreté du groupe j, Kj est la proportion

de population dans le groupe j. 3Aka, (2003): Matrice construite dans le cadre d’une recherche au CREA, Nairobi - Kenya.

Page 11: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

10

2. Résultats des simulations

Nous simulons une allocation individuelle et inconditionnelle de 20,000 FCFA4 par mois.

Suite à l’allocation de ce revenu inconditionnel de base à toute la population, le taux de

pauvreté global diminue passant de 38,74% à 31,44% (Tableau 1).

Tableau1 : Pauvreté globale

Estimation

Indice Base Simulation

P0 0,3874 0,3144

P1 0,1445 0,1196

P2 0,0698 0,0605

Source : Calculs de l’auteur5

Après la simulation, on constate que le taux de pauvreté par genre baisse aussi bien pour les

hommes que pour les femmes dans les 5 strates de l’enquête ménage (Tableau 2). La baisse

est plus accentuée chez les femmes que chez les hommes. La profondeur ou l’intensité de la

pauvreté (P1) baisse également suite à la simulation, sauf pour les hommes à Abidjan et pour

les femmes dans les autres villes.

Tableau 2 : Pauvreté par genre dans les 5 strates

Sous pop. Estimation Estimation

Base Simulation Base Simulation

Homme Femme

P0

1-Abidjan 0,2849 0,2623 0,3153 0,2192

2-Autres villes 0,3653 0,2905 0,3630 0,3225

3-Forêt Est 0,4069 0,2494 0,3503 0,2548

4-Forêt Ouest 0,4536 0,3759 0,4647 0,3382

4 Cette simulation correspond à une hausse de 5% de la TVA dans le modèle EGC, combiné avec l’utilisation

des dépenses pro-pauvres du budget de l’année 2015. 5 P0: proportion de personnes pauvres dont les dépenses sont en dessous du seuil de pauvreté. Cet indice mesure

l’incidence de la pauvreté.

P1: l’écart de pauvreté, profondeur et intensité de la pauvreté i.e. la moyenne de l’écart entre le niveau de vie

des personnes pauvres et le seuil de pauvreté.

P2: indice de la sévérité de la pauvreté qui est sensible à la distribution des niveaux de vie entre les pauvres.

Page 12: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

11

5-Savane 0,3992 0,3748 0,4360 0,3961

P1

1-Abidjan 0,0797 0,0935 0,1026 0,0668

2-Autres villes 0,1252 0,1136 0,1247 0,1315

3-Forêt Est 0,1591 0,0900 0,1375 0,0990

4-Forêt Ouest 0,1713 0,1406 0,1599 0,1341

5-Savane 0,1583 0,1442 0,1936 0,1432

P2

1-Abidjan 0,0300 0,0482 0,0430 0,0303

2-Autres villes 0,0570 0,0602 0,0571 0,0691

3-Forêt Est 0,0786 0,0405 0,0672 0,0510

4-Forêt Ouest 0,0849 0,0713 0,0720 0,0705

5-Savane 0,0794 0,0723 0,1053 0,0691

Source : Calculs de l’auteur

Au niveau des 10 grandes régions, la pauvreté baisse pour les femmes, par contre elle est en

hausse pour les hommes au niveau de Bouaké et Man (Tableau 3). La profondeur ou

l’intensité de la pauvreté (P1) baisse dans toutes les régions pour les hommes sauf à Bouaké,

Yamoussoukro et Bondoukou. Pour les femmes, l’intensité de la pauvreté diminue dans toutes

les régions, excepté San-Pedro.

Tableau 3: Pauvreté par genre dans les 10 grandes régions

Sous pop. Estimation Estimation

Base Simulation Base Simulation

Homme Femme

P0

(1)ABIDJAN 0,3766 0,3119 0,3532 0,2926

(2)DALOA 0,3628 0,2339 0,3752 0,2614

(3)KORHOGO 0,3764 0,3552 0,3671 0,3255

(4)BOUAKE 0,3484 0,3536 0,3783 0,3228

(5)ABENGOUROU 0,5729 0,3043 0,3890 0,2983

(6)MAN 0,4434 0,4503 0,4425 0,4001

(7)YAMOUSSOUKRO 0,3683 0,3369 0,4048 0,3782

(8)BONDOUKOU 0,4889 0,3937 0,5089 0,3504

(9)SAN-PEDRO 0,3599 0,1494 0,3165 0,2326

Page 13: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

12

(10)ODIENNE 0,4313 0,3706 0,6025 0,4961

P1

(1)ABIDJAN 0,1296 0,1146 0,1143 0,1031

(2)DALOA 0,1399 0,0867 0,1377 0,0978

(3)KORHOGO 0,1531 0,1362 0,1433 0,1393

(4)BOUAKE 0,1294 0,1449 0,1375 0,1221

(5)ABENGOUROU 0,2100 0,1337 0,1498 0,1186

(6)MAN 0,1860 0,1561 0,1840 0,1744

(7)YAMOUSSOUKRO 0,1352 0,1453 0,1614 0,1345

(8)BONDOUKOU 0,1676 0,1844 0,1883 0,1083

(9)SAN-PEDRO 0,1006 0,0552 0,1011 0,1043

(10)ODIENNE 0,1546 0,1138 0,3125 0,1982

P2

(1)ABIDJAN 0,0599 0,0574 0,0496 0,0515

(2)DALOA 0,0674 0,0421 0,0645 0,0499

(3)KORHOGO 0,0755 0,0720 0,0689 0,0797

(4)BOUAKE 0,0621 0,0758 0,0650 0,0568

(5)ABENGOUROU 0,1114 0,0775 0,0724 0,0582

(6)MAN 0,0971 0,0754 0,0929 0,0919

(7)YAMOUSSOUKRO 0,0656 0,0793 0,0776 0,0698

(8)BONDOUKOU 0,0689 0,0957 0,0976 0,0407

(9)SAN-PEDRO 0,0412 0,0235 0,0474 0,0513

(10)ODIENNE 0,0741 0,0495 0,1910 0,1003

Source: Calculs de l’auteur

Les résultats par tranche d’âges (Tableau 4) montrent que la pauvreté baisse pour les jeunes

de moins de 25 ans dans toutes les 5 strates sauf dans la Savane. Elle baisse pour les 25 -30

ans, les 30-40 ans et pour les plus de 40 ans dans toutes les strates.

Tableau 4 : Pauvreté par tranche d’âge dans les 5 strates

Sous pop. Estimation Estimation

Base Simulation Base Simulation

P0

<25_ans 1-Abidjan 0,3008 0,2364 30-40_ans 1-Abidjan 0,2381 0,2276

<25_ans 2-Autres villes 0,3579 0,3219 30-40_ans 2-Autres villes 0,3566 0,2822

<25_ans 3-Forêt Est 0,3843 0,2556 30-40_ans 3-Forêt Est 0,3706 0,2461

<25_ans 4-Forêt Ouest 0,4675 0,3658 30-40_ans 4-Forêt Ouest 0,3894 0,2915

<25_ans 5-Savane 0,3826 0,3866 30-40_ans 5-Savane 0,5033 0,4251

25-30_ans 1-Abidjan 0,3607 0,3533 >_40 ans 1-Abidjan 0,3428 0,1731

25-30_ans 2-Autres villes 0,4128 0,2662 >_40 ans 2-Autres villes 0,3569 0,2815

25-30_ans 3-Forêt Est 0,3073 0,1430 >_40 ans 3-Forêt Est 0,4083 0,3276

25-30_ans 4-Forêt Ouest 0,5590 0,4069 >_40 ans 4-Forêt Ouest 0,4318 0,3450

Page 14: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

13

25-30_ans 5-Savane 0,4964 0,3341 >_40 ans 5-Savane 0,3968 0,3640

P1

<25_ans 1-Abidjan 0,0881 0,0833 30-40_ans 1-Abidjan 0,0642 0,0724

<25_ans 2-Autres villes 0,1250 0,1236 30-40_ans 2-Autres villes 0,1195 0,1104

<25_ans 3-Forêt Est 0,1463 0,0984 30-40_ans 3-Forêt Est 0,1275 0,0853

<25_ans 4-Forêt Ouest 0,1707 0,1373 30-40_ans 4-Forêt Ouest 0,1159 0,1087

<25_ans 5-Savane 0,1605 0,1374 30-40_ans 5-Savane 0,2087 0,1709

25-30_ans 1-Abidjan 0,1389 0,1129 >_40 ans 1-Abidjan 0,1131 0,0328

25-30_ans 2-Autres villes 0,1394 0,1181 >_40 ans 2-Autres villes 0,1156 0,1313

25-30_ans 3-Forêt Est 0,1414 0,0581 >_40 ans 3-Forêt Est 0,1761 0,1122

25-30_ans 4-Forêt Ouest 0,2026 0,1763 >_40 ans 4-Forêt Ouest 0,1680 0,1435

25-30_ans 5-Savane 0,2014 0,1251 >_40 ans 5-Savane 0,1722 0,1527

P2

<25_ans 1-Abidjan 0,0342 0,0412 30-40_ans 1-Abidjan 0,0246 0,0366

<25_ans 2-Autres villes 0,0581 0,0636 30-40_ans 2-Autres villes 0,0546 0,0551

<25_ans 3-Forêt Est 0,0708 0,0490 30-40_ans 3-Forêt Est 0,0586 0,0423

<25_ans 4-Forêt Ouest 0,0808 0,0689 30-40_ans 4-Forêt Ouest 0,0504 0,0564

<25_ans 5-Savane 0,0836 0,0649 30-40_ans 5-Savane 0,1091 0,0942

25-30_ans 1-Abidjan 0,0598 0,0535 >_40 ans 1-Abidjan 0,0511 0,0128

25-30_ans 2-Autres villes 0,0627 0,0661 >_40 ans 2-Autres villes 0,0477 0,0773

25-30_ans 3-Forêt Est 0,0749 0,0272 >_40 ans 3-Forêt Est 0,0906 0,0481

25-30_ans 4-Forêt Ouest 0,0967 0,0986 >_40 ans 4-Forêt Ouest 0,0831 0,0799

25-30_ans 5-Savane 0,1012 0,0568 >_40 ans 5-Savane 0,0938 0,0788

Source : Calculs de l’auteur

L’examen des simulations pour les villes et petites localités montre que la pauvreté se réduit

considérablement dans plusieurs localités (Tableau 5 en annexe), mais avec des niveaux

variables selon les localités. Les résultats indiquent des localités dans lesquels la pauvreté

augmente malgré l’instauration du revenu d’existence, localités auxquelles une attention

particulière devrait être portée dans les politiques de lutte contre la pauvreté.

Conclusion

Cet article a montré que la pauvreté touchant les femmes et les différentes tranches d’âges de

la population ivoirienne peut être réduite significativement grâce à l’octroi d’un revenu

inconditionnel.

Cette politique d’instauration d’un revenu universel d’existence devrait permettre d’une part

l’inclusion financière des couches de population les plus défavorisées en Côte d’Ivoire et

d’autre part de dynamiser la consommation des individus jusque-là exclus du marché. En effet

Page 15: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

14

le mécanisme d’octroi de ce revenu peut transiter par le système bancaire et ainsi inclure et

fidéliser ces populations qui en sont exclues. Une hausse de la consommation de ces

catégories de populations devrait ainsi favoriser la croissance économique, générer des

revenus supplémentaires et réduire encore plus sensiblement la pauvreté.

L’objectif ultime de cette politique d’instauration du revenu d’existence est de promouvoir la

dignité humaine par l’autonomisation des couches sociales les plus vulnérables.

Page 16: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

15

Bibliographie

AKA B.F. (2016a), « Quantitative Impacts of Basic Income Grant on Income Distribution in

Cote d’Ivoire: Time to Change our Societies». Revista Galega de Economia Vol. 25 n°1 p.

163-179.

AKA B.F. (2016b), « Feasible Utopia: Cutting Poverty Rate in Half Using Basic Income

Grants in Regions and Cities of Cote d´Ivoire », Regional and Sectoral Economic

Studies. RSES Vol. 16 n°2. July-December of 2016.

AKA B.F. (2006), « Poverty Inequality and Welfare Effects of Trade Liberalisation: A CGE

model for Côte d’Ivoire », AERC Research Paper No. 160. African Economic Research

Consortium Nairobi.

ATKINSON A.B. (1987), « On the measurement of poverty ». Econometrica vol.55 n°4 p.

749-764.

BRESSON Y. (2014), « Le Revenu d’Existence. L’urgence de son instauration » Lettre de

liaison 80 – AIRE Printemps 2014.

Clark S. R. Hemming and D. Ulph. (1981), « On indices for measurement of poverty ».

Economic Journal vol. 91 n°362 p. 515-526.

FOSTER J. J. GREER AND E. THORBECKE. (1984), « A class of decomposable poverty

measures ».

RAVALLION M. (1996), « Comparaison de la pauvreté ». LSMS document de travail No.

122. Banque Mondiale.

RAVALLION M. AND B. BIDANI. (1994), «How robust is a poverty profile? », World Bank

Economic Review vol. 8 p. 75-102.

SAMSON M. BABSON O. HAARMAN C. HAARMAN D. KHATHI G. MAC QUENE K.

AND VAN NIEKERK I. (2002), « Research Review on Social Security and the Basic Income

Grant for South Africa », Report for the International Labor Organization compiled by the

Economic Policy Research Institute Cape Town South Africa.

Page 17: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

16

SEN A.K. (1976), « Poverty: An ordinal approach to measurement », Econometrica vol. 44

n°2 p. 219-231.

SEN A.K. (1981), « Poverty and Famines: An Essay on Entitlement and Deprivation ».

Oxford: Clarendon Press.

SEN A.K. (1985), « A sociological approach to the measurement of poverty: Reply to

Professor Townsend », Oxford Economic Paper No. 37 p. 669 -676.

SEN A.K. (1987), « The Standard of Living », Cambridge: Cambridge University Press.

SEN A.K. (1997), « On Economic Inequality », Oxford: Clarendon Press.

TAYLOR V. (ed.) (2002), « Transforming the Present – Protecting the Future », Report

prepared for the Department of Social Development by the Committee of Inquiry into a

Comprehensive System of Social Security for South Africa. Pretoria South Africa.

WATTS H.W. (1968), «An economic definition of poverty», In D.P. Moynihan ed. On

Understanding Poverty. New York: Basic Books.

Page 18: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

17

Annexes Tableau 5: Pauvreté par genre dans les villes et petites localités

Estimation Estimation

Base Simulation Base Simulation

Sous pop. Homme Femme

P0

1-ABOBO 0 ,2754 0,2464 0,1836 0,2043

2-ADJAME 0,4697 0,4114 0,4078 0,2562

3-ATTECOUBE 0,1846 0,2733 0,2710 0,2302

4-COCODY 0,2338 0,0390 0,1988 0,1084

5-KOUMASSI 0,1719 0,1360 0,3793 0,1956

6-MARCORY 0,1096 0,3651 0,0661 0,3791

7-PORT-BOUET 0,5883 0,2243 0,3702 0,2096

8-TREICHVILLE 0,0689 0,2413 0,1290 0,0645

9-YOPOUGON 0,1936 0,2382 0,3122 0,2447

10-ANYAMA 0,2857 0,1428 0,1538 0,0769

11-BINGERVILLE 0,7058 0,2941 0,6666 0,000

12-TIASSALE 0,2727 0,1818 0,2222 0,3333

13-DABOU 0,2727 0,1818 0,2222 0,1111

14-DALOA 0,6215 0,7048 0,6406 0,5578

15-GAGNOA 0,2222 0,1299 0,2727 0,1972

16-ISSIA 0,125 0,0000 0,5 0,0833

17-BOUNDIALI 0,2727 0,3636 0,1111 0,3333

18-KORHOGO 0,3394 0,3689 0,2859 0,3941

19-BEOUMI 0,2727 0,3636 0,2222 0,2222

20-BOUAKE 0,3351 0,1628 0,4343 0,1717

21-DABAKALA 0,375 0,375 0,4166 0,25

22-SAKASSOU 0,4615 0,5384 0,2857 0,2857

23-ABENGOUROU 0,3 0,1 0,5 0,1

24-BANGOLO 0,5714 0,5714 0,5384 0,6153

25-DANANE 0,375 0,125 0,3333 0,000

26-MAN 0,4826 0,3104 0,3653 0,2368

27-TOULEPLEU 0,4666 0,4 0,6 0,6

28-YAMOUSSOUKRO 0,4014 0,3338 0,3596 0,5596

29-TIEBISSOU 0,5 0,7142 0,5 0,6666

30-BOUNA 0,1111 0,1111 0,3636 0,1818

31-SANS_PEDRO 0,1791 0,0000 0,2779 0,0272

32-SOUBRE 0,1666 0,0833 0,25 0,125

33-ODIENNE 0,5833 0,4166 0,5 0,375

34-BONGOUANOU 0,25 0,1666 0,375 0,125

35-DIMBOKRO 0,1 0,1 0,5 0,0000

36-BOCANDA 0,5454 0,5454 0,3333 0,4444

37-OUME 0,2142 0,0714 0,3333 0,0000

38-SINFRA 0,6666 0,4444 0,0909 0,2727

39-ZUENOULA 0,1666 0,3333 0,125 0,25

40-BONOUA 0,4444 0,2222 0,3636 0,0909

Page 19: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

18

41-GRAND BASSAM 0,25 0,375 0,1666 0,5833

42-DIVO 0,2284 0,2459 0,3120 0,2683

43-LAKOTA 0,4166 0,0833 0,125 0,125

44-AKOUPE 0,5555 0,3333 0,0909 0,2727

45-AGBOVILLE 0,2 0,2 0,3 0,2

46-BEGATA 0,5833 0,0833 0,75 0,125

47-BOBONIESSOKE 0,4444 0,4444 0,5454 0,4545

48-KRIBLEGUHE 0,4 0,6 0,5 0,4

49-LOBOGUIGUIA 0,4166 0,1666 0,5 0,375

50-DOMANGBEU 0,7142 0,4285 0,8461 0,5384

51-GUEMENEDOU 0,125 0,125 0,1666 0,0833

52-DIGNAGO 0,3333 0,1111 0,3636 0,2727

53-DRAGNO GAGNOA 0,3333 0,2222 0,4545 0,0909

54-ABOKA 0,25 0,375 0,5 0,1666

55-GUIBOUO 0,5 0,3333 0,3571 0,3571

56-KRIZABOUO 0,4444 0,2222 0,0909 0,0909

57-VAOU 0,3636 0,1818 0,2222 0,3333

58-DANZERVILLE 0,3333 0,0000 0,5454 0,3636

59-VROUO 1 0,4615 0,3846 0,4285 0,4285

60-DIOUROUZON 0,6 0,2 0,8 0,7

61-DANIPLEU 0,4285 0,4285 0,0769 0,3846

62-BLAPLEU 0,5555 0,2222 0,4545 0,2727

63-BIEUTOUO 0,4545 0,4545 0,2222 0,1111

64-BLODY 0,6666 0,1111 0,7272 0,2727

65-GUESSABO GUERE 0,6363 0,3636 0,5555 0,3333

67-BEOUE 0,125 0,25 0,1666 0,25

68-DOUEL 0,25 0,5 0,25 0,4166

69-PETIT GBEPLEU 0,1538 0,3076 0,1428 0,2857

70-SEMIEN 0,25 0,0000 0,25 0,1875

71-SOGB_ZONE CENTRALE 0,3636 0,0909 0,1111 0,0000

72-KPOTE 0,3076 0,0000 0,2857 0,2857

73-BALOKOUYA 0,2857 0,2857 0,3846 0,3076

74-ZEGREBOUE 0,3 0,2 0,3 0,2

75-TRAHAGLOUNKRO 0,3 0,1 0,3 0,1

76-GBLETIA 0,125 0,125 0,0833 0,1666

77-GNOGBOYO 0,3076 0,0769 0,5714 0,1428

78-V1_PALMINDUST OTTAWA 0,5833 0,25 0,25 0,125

79-IDIOKE 0,7777 0,5555 0,4545 0,4545

80-DIEGONEFLA 0,4444 0,6666 0,1818 0,2727

81-KOUAMEFLA 1,0000 0,3333 0,1764 0,2352

82-ATTINGUIE 0,2 0,2 0,4666 0,1333

83-PALMINST ANGEDEDOU V2 0,4285 0,0000 0,3076 0,0000

84-TIEBISSOU 0,125 0,0000 0,5 0,25

85-BOTINDE 0,5882 0,5882 0,6666 1,000

86-AKOURE 0,4 0,5 0,7 0,9

87-DEBRIMOU 0,3636 0,6363 0,5555 0,4444

Page 20: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

19

88-YASSA B 0,3636 0,2727 0,4444 0,4444

89-KOUASSI BENIEKRO 0,3333 0,2222 0,5454 0,1818

90-AHUASSO ALLANGOUANOU 0,4285 0,2857 0,1538 0,2307

91-HEREDOUGOU 0,8 0,5 0,6 0,5

92-N'GUESSANKRO 0,75 0,875 0,3333 0,5833

93-MISSOUMIHAN 1 0,1428 0,0000 0,2307 0,2307

94-NEMA 0,6666 0,3333 0,625 0,375

95-ASSUOTIANON 0,4 0,1 0,3 0,3

96-KOTOBI 0,4444 0,0000 0,3636 0,0000

97-BROU_AKPAOUSSOU 0,125 0,125 0,5 0,0000

98-NGOHINOU 0,4444 0,0000 0,3636 0,0000

99-ANGOUAKRO 0,8333 0,3333 0,5 0,2857

100-ATTANOU 0,375 0,375 05 0,3333

101-ZAGUIETA 0,5 0,0000 0,6428 0,0714

102-LIADJENOUFLA 2 0,1538 0,0769 0,4285 0,0000

103-BIAKRO 0,5714 0,1428 0,5384 0,0769

104-PORABENAFLA 0,2222 0,4444 0,1818 0,5454

105-TOUMANGUIE 0,6 0,5 0,4 0,6

106-DADIESSO 0,6666 0,6666 0,5 0,3571

107-AKOUNOUGBE 0,6666 0,4444 0,5454 0,4545

108-GRAND-BEREBI 0,3636 0,2727 0,6666 0,4444

109-DOGOZO 0,2 0,4 0,2 0,1333

110-PETIT BOUAKE SODEPALM 0,3636 0,2727 0,6666 0,5555

111-PALMINDUST V2 0,5 0,6 0,6 0,6

112-HERMANKONO 0,4 0,3 0,5 0,2

113-ZEGO 0,1666 0,3333 0,5 0,5

114-TADJENOU 0,3636 0,1818 0,4444 0,2222

115-ASSEUDJI 0,6666 0,3333 0,5 0,75

116-BECOUEFIN 0,5 0,4166 0,5 0,375

117-DIANGOBO 0,2727 0,3636 0,1111 0,000

118-EHOUGUIE 0,4 0,6 0,5 0,7

119-AKE_DOUANIER 0,625 0,000 0,4166 0,3333

120-OUELLE 0,5555 0,6666 0,2727 0,8181

121-YAKASSE ATTOBROU 0,4545 0,6363 0,4444 0,6666

122-ZIASSO 0,1666 0,3333 0,2142 0,1428

123-KOFIPLE 0,3 0,6 0,4 0,4

124-KONG 0,3333 0,4444 0,5454 0,1818

125-MARHA 0,1818 0,1818 0,5555 0,2222

126-KAFAGAVOGO 0,3333 0,0000 0,5454 0,3636

127-NGANDANA 0,6666 0,6666 0,5454 0,4545

128-SEYELIHOUO 0,5384 0,6923 0,2857 0,5714

129-FORO 0,3 0,2 0,4 0,3

130-ABAYANSI 0,4615 0,1538 0,4285 0,2857

131-DUEKOUE 0,2222 0,2222 0,5454 0,9090

132-BOUREBO 0,3 0,7 0,4 0,7

133-TCHIIMOU ASSEKRO 0,2 0,8 0,3 0,7

Page 21: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

20

134-KOMBALLASSO 0,3076 0,6153 0,0000 0,1428

135-DIARADOUGOU 0,4166 0,4166 0,375 0,25

136-TORTIYA 0,6666 0,3333 0,3636 0,0909

137-MANDEKE 0,4444 0,0000 0,3636 0,0909

138-KANDOPLEU 0,4166 0,4166 0,75 0,375

139-NIAMKEY KONANKRO 0,1818 0,4545 0,3333 0,2222

140-KOIMOI DIBIKRO 0,1818 0,0909 0,3333 0,3333

141-KOSSOU 0,5 0,25 0,25 0,375

142-MIN_KOUADIOKRO 0,25 0,1666 0,25 0,5

143-DIMANDOUGOU 0,6 0,2 0,5333 0,4

144-MAAHUI 0,6428 0,5714 0,6666 0,5

145-DJORKEREDOUGOU 0,5384 0,6923 0,7142 0,7142

146-KINANDOUO 0,3846 0,0000 0,7142 0,1428

147-BOUGOUSSO 0,625 0,5 0,5 0,5833

148-KADIASSO 1,0000 0,7777 0,4545 0,6363

149-ZEBENIN 0,75 0,75 0,6666 0,75

150-AOUMA BROUKRO 0,5833 0,3333 0,5 0,25

151-DORIFLA 0,4166 0,0000 0,125 0,0000

152-GOUEHIZRA 0,3 0,4 0,4 0,5

153-SONONZO 0,4 0,7 0,7 0,4

154-SANAKORO 0,6 0,6 0,1 0,5

155-SILAKORO 0,3076 0,3076 0,4285 0,7142

156-DASSO 0,6666 0,3333 0,6363 0,5454

157-MONZONA 0,2727 0,0909 0,6666 0,8888

158-KASSERE 0,5833 0,3333 0,5 0,5

159-SINEMATIALI 0,3333 0,0833 0,25 0,0000

160-SIPILOU 0,4666 0,2 0,6 0,2

161-SEGUELA 0,1428 0,5714 0,6153 0,4615

Source : Calculs de l’auteur (Nous présentons seulement l’indice P0).

Page 22: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

21

La Bourse des Valeurs d’Abidjan est-elle efficiente ?

Denis Joël Tongnivi FOADE

Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Abidjan (Côte d'Ivoire)

Tél : (225) 22 47 51 43 / (225) 01 00 88 45

E-mail: [email protected]

Résumé

L'un des problèmes majeurs de l'économie ivoirienne est celui du financement des

investissements et du développement économique. Comment mobiliser l'épargne pour assurer

ce financement ? En effet la Bourse des Valeurs (BVA), un établissement public, commercial

et régional depuis février 1998, contribue également à ce financement du développement

L’enquête auprès de vingt-cinq entreprises dont vingt cotées en Bourse montre que la BVA ne

remplit pas toutes les conditions de performance d'un marché financier. Des réformes ont été

effectuées pour faciliter les voies d'accès sur ce marché financier en créant en plus de la cote

officielle, le second marché, le hors cote et les compartiments de valeurs internationales.

Mots-clés : Efficience, Epargne, Marché Financier, Enquête, UEMOA, BVA

JEL. Classification : F43

REVUE INTERNATIONALE DE GESTION ET D’ECONOMIE SERIE B - ECONOMIE / NUMERO 1 - VOLUME 1 - Décembre 2016 / pp. 21-36.

Page 23: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

22

Abstract

One of the main issues of the ivorian economy is the investment financing and economic

development. How to collect the savings in order to create the financing ? In fact Abidjan

Market of Stock Exchange (BVA) is a state institution, commercial and regional since 1998,

which contributes also to the financing of the development. The market survey amongst

twenty five companies, included twenty of those registered on the market of stock exchange,

shows that the BVA doesn’t fit in the international KPIs of a standard market of stock

exchange. We have made some changes in order to facilitate the entrance on this market by

initiating in addition to the official quotation, a second market, the not quoted on the Stock

exchange and the international value segmentations.

Keywords: Efficiency, Savings, Market of Stock Exchange, Market Survey, WAMU

(UEMOA), BVA.

JEL. Classification : F43

Page 24: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

23

Introduction

On constate que les pays africains au Sud du Sahara comme tous les autres pays pauvres

rencontrent deux problèmes majeurs pour le financement de leurs économies. Le premier est

de savoir comment mobiliser une épargne suffisante qui puisse satisfaire les besoins

d'investissements. Le second problème est d'assurer une allocation optimale de rares

ressources disponibles. Le problème de la mobilisation de l’épargne va prendre une allure

dramatique dans les années à venir pour deux raisons essentielles : (i) Comme l’a souligné

Fischer (1990), les ressources extérieures qui constituent une composante importante du

financement du développement vont se réduire ; (ii) les performances économiques des pays

africains qui entament leurs crédibilités ne peuvent que renforcer cette tendance.

Par ailleurs l’importance du service de la dette par rapport aux capacités de remboursement

des pays en développement montre que les ressources extérieures peuvent constituer un

véritable handicap pour le développement économique et hypothèque les conditions de vie

des générations futures. En outre, la crise économique des pays en développement, liée pour

l'essentiel à la dynamique des marchés mondiaux des produits de base agricoles et la crise

militaro-politique ont rendu ardu le financement des activités. Ainsi, du fait de la réelle rareté

de ressources financières, les économies en développement éprouvent des difficultés à faire

face aux exigences de développement économique.

Les difficultés sont aussi le fait de l'inadéquation des structures monétaires et financières

(Foadé, 1983). Nombreux sont ceux qui considèrent que l'efficacité de la politique monétaire

et surtout le contrôle monétaire tiennent à l'état des structures économiques et des institutions.

Au lendemain de l'indépendance politique de la Côte d'Ivoire, en 1960, la quasi-totalité de

moyens modernes de production se trouvait détenue par des étrangers. L'épargne privée était

si modeste que les autorités ont ressenti le besoin de la mobiliser pour l'orienter vers les

secteurs productifs : projets d'intérêt public, financement des investissements privés. On

devrait ainsi rendre l'économie moins dépendante de l'extérieur. Ainsi, l'ivoirisation de

l'économie ne pouvait non seulement se concevoir par la seule ivoirisation de l'emploi mais

aussi par le renforcement de l'ivoirisation du capital des sociétés étrangères (soit par la voie

d'une participation à l'augmentation de capital soit par la voie de cession directe d'actions).

Dans cette optique, fut créée, en 1963, la Société Nationale d'Investissement (SONAFI). Son

objet était de procéder à la prise de participation dans le capital des sociétés existantes. Pour

concrétiser mieux cette option économique mais aussi politique, la Bourse des Valeurs

Page 25: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

24

d'Abidjan (BVA), établissement public et commercial, consacré par la loi 74-353 du 24 juillet

1974 et le décret 74 -714 du 27 novembre 1974, débuta son activité le 4 avril 1976 avec sa

première séance de cotation. Pour l'essentiel, ses objectifs s'articulent autour des points

suivants : (i) orienter et diriger le marché des valeurs mobilières ; (ii) veiller à la régularité

des transactions dans les meilleures conditions de sécurité ; (ii) faciliter aux sociétés la

recherche de nouveaux capitaux ; (iii) mobiliser l'épargne intérieure de manière à réduire

l'endettement extérieur ; (iv) ivoiriser le capital social des sociétés de manière à faire des

ivoiriens des entrepreneurs au sens schumpeterien du terme (créateurs et innovateurs).

Au seuil de deux décennies d'activité, il semble que les résultats auxquels est parvenue la

BVA sont insignifiants. Dans quelle mesure la Bourse des Valeurs d'Abidjan assure son rôle

de marché primaire et secondaire ? Comment la BVA répond-t-elle à l'efficience d'un marché

financier afin de mieux mobiliser l'épargne ? La réponse à cette question nous amène à

analyser les points suivants : (i) revue de littérature ; (ii) méthodologie ; et (iii) résultats.

1. Revue de littérature

La fragmentation du secteur bancaire et financier (Adja, 1988) et l'existence de

multiples circuits informels sont donc autant de déficiences qui expliquent la désarticulation

des économies en développement (Krul, 1970). La lente monétisation de l'économie, cette

inadéquation et l'insuffisance des structures financières jouent contre la formation de l'épargne

(Derreumaux et Peltier, 1979). En effet, l’épargne n'est pas suffisamment canalisée vers le

système financier, faute d'institutions monétaires et de crédit appropriées.

Pour résoudre le problème de la crise économique, il a été mis en place trois types de

réforme. Il y a eu en premier lieu l'ajustement agricole, ensuite l'ajustement industriel. La

dernière phase porte sur l'aménagement financier. Le marché monétaire et financier en Côte

d'Ivoire se caractérise par des banques commerciales, essentiellement succursales de grandes

banques étrangères. On a souvent reproché à ces institutions de s'éloigner sur bien des points

des impératifs liés à la politique de développement. Au nombre des problèmes recensés, on

cite l'absence de politique d'incitation à la mobilisation de l'épargne. C'est aussi ce que l'on

veut tenter de corriger avec la Bourse des valeurs d'Abidjan. Il s'agit de mettre en place un

marché financier capable de mobiliser l'épargne sans passer par le système bancaire.

Page 26: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

25

Les Bourses des valeurs jouent un rôle important dans le financement des économies

industrialisées. En Afrique, l'expérience est toute récente. L'on peut citer les Bourses des

Valeurs du Nigeria, du Zimbabwe, du Kenya, du Maroc, de la Tunisie et celle de la Côte

d'Ivoire qui attire particulièrement notre attention.

Dailami et Atkin (1990), ont fait remarquer que la collecte des fonds en vue du

financement de la formation du capital est un fait qui est en train d'être reconnu comme le

facteur clé sur lequel l'on compte espérer une croissance à long terme dans les pays en

développement. Les auteurs font ressortir qu'au regard du tarissement des ressources

extérieures du financement, il est opportun de mettre davantage l'accent sur les marchés

financiers dans les pays en développement comme un moyen de mobilisation de l’épargne

domestique. Ce qui permet de renforcer l'offre des capitaux à long terme et d'encourager

l'utilisation efficiente des actifs disponibles.

Demirguc-Kunt (1992) montre que dans les pays sous-développés les plus pauvres, les

entreprises sont financées souvent par les ressources extérieures et le crédit informel. Les

banques commerciales sont les principales institutions. L'auteur a remarqué que les crédits ici

sont essentiellement de court terme. Les crédits de long terme sont pratiquement inexistants.

Cette situation est le facteur qui contrarie le développement des entreprises et la croissance

économique.

Engberg (1975) a reconnu la nécessité d'un marché financier dans les pays sous-

développés. Un marché financier soutient-il, peut relever le niveau de mobilisation de

l'épargne domestique et favoriser l'allocation optimale de cette épargne en vue des usages

alternatifs. Par ailleurs, le marché financier donne l'opportunité aux agents économiques de

détenir leur richesse sous des formes diversifiées d'actifs financiers. Cette variété d'actifs

financiers favorise la collecte de l'épargne.

Levine (1990) a montré que le marché financier accélère la croissance pour deux

raisons essentielles : 1°) il permet de transférer la propriété des firmes sans interrompre le

processus de production ; 2°) la seconde raison est celle que l'on rencontre chez Engberg

(1975) à savoir que l'investisseur préfère un portefeuille diversifié de titres financiers.

Certains auteurs ont mis l’accent sur les facteurs susceptibles de favoriser le

développement des marchés financiers. Ainsi Demirguc et Kunt (1993) indiquent que les

déterminants du développement d'un marché financier sont : (1) - les facteurs traditionnels : le

nombre d'entreprises qui opèrent sur le marché, le degré de capitalisation du marché ... ; (2) -

les facteurs institutionnels : les règles clairement définies, une libre information, et les coûts

Page 27: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

26

de transactions ; (3) - les caractéristiques relatives au prix. A cet effet, dans quelle mesure la

bourse des valeurs apprécie le coût du risque du marché, et le degré auquel ce dernier est

intégré dans la globalisation financière internationale des capitaux ?

En outre, les travaux de Inanga et Emenuga (1993), Fidelis, Davidson et Omole

(1994), Hugh (1996), Stiglitz et Uy (1996) montrent que le développement d'un marché

financier est fondé sur les éléments comme l'information, la transparence des transactions, les

coûts de transaction, les délais de livraison, etc.

La littérature ci-dessus montre l'importance d'un marché financier dans une économie

sous-développée dont la principale difficulté est le manque de financement pour la réalisation

des plans de développement. Elle montre également les facteurs qui peuvent contribuer

durablement au développement d'un marché financier.

2. Méthodologie

Sur le plan théorique, on peut retenir que Bachelier (La théorie de la spéculation,

1900) a été le premier à utiliser les méthodes statistiques dans l'analyse des rendements sur les

marchés financiers. Selon lui, les opinions contradictoires concernant les variations de marché

divergent tellement qu'au même moment, les acheteurs croient à une hausse des prix et les

vendeurs à une baisse des prix ( .. ). Il semble que le marché, la collectivité des spéculateurs à

un instant donné, ne peut croire ni en une hausse ni en une baisse, puisque pour chaque prix

coté, il y a autant d'acheteurs que de vendeurs. L'espérance mathématique du spéculateur est

nulle : à un instant donné, la probabilité d'une hausse des prix est la même que celle d'une

baisse, car, le prix considéré par le marché comme le plus probable est le prix courant ; si le

marché en jugeait autrement, il ne coterait pas ce prix-là, mais un autre prix plus élevé ou plus

bas. Des années 1920 jusqu'en 1940, l'analyse de marché était dominée par les

fondamentalistes dans la lignée de Graham et par Dodd et les chartistes dans la lignée de

Magee. Dans les années 1950 est apparu le troisième groupe d'analyse quantitative dans la

lignée de Bachelier. Roberts (1959) fait appel à l'utilisation plus large de l'analyse statistique

en s'appuyant sur le travail de Kendall (1953) qui dans "The Analysis of Economic Time

series" compare le processus générateur des variations des prix des actifs à celui d'une

roulette non truquée. Les variations des prix seraient indépendantes et identiquement

distribuées (i.i.d) car si le marché était "une roulette truquée", les opérateurs auraient décelé

les imperfections pour en profiter. Osborne ("Brownian Motion in the Stock Market, 1964)

Page 28: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

27

formalise l'hypothèse de la marche aléatoire des prix des actifs. Dans sa série de propositions,

il met en évidence le concept de la rationalité, crucial pour ce qui allait devenir l'hypothèse de

l'efficience de marché (HEM). Les agents évalueraient les prix en se fondant sur leur valeur

espérée. Ils utiliseraient pour cela les probabilités subjectives de manière rationnelle et non

biaisée. Fama (The Behavior of Stock Market Prices, 1965) formalise toutes ces observations

dans l'HEM selon laquelle les prix sont engendrés par des matingales, c'est-à-dire qu'ils

reflètent à tout moment la totalité de l'information pertinente disponible. Cette hypothèse est

similaire à l'une des propositions d'Osborne : pour qu'une transaction puisse être accomplie,

l'acheteur ne peut pas avoir un avantage sur le vendeur et vice versa (c'est-à-dire il y a une

égalité d'opportunités des profits).

La mesure de l'efficience informationnelle du marché BVA sera faite en se fondant sur

la théorie de marche aléatoire décrite ici. Le prix des produits du marché financier à la date t

ne peut être déduit du prix de ceux de la date (t-1). Ce qui se traduit mathématiquement par

l'équation suivante qui exprime le prix d'équilibre à l'instant t (Artus, 1995) :

P P It t

e

t 1 (1)

où Pt est le prix d'un actif financier à l'instant t, Pt

e

1 l'anticipation faite à l'instant t de Pt+1 et

It le vecteur de toute information pertinente disponible à l'instant t (l'ensemble de variables

qui influencent le prix de l'actif). L'écart entre t et t+1 est un pas de temps assez important (un

jour, un mois, un an, etc.).

Il y a efficience si le prix Pt incopore toute l'information disponible It. Ceci est

équivalent à dire que l'anticipation de Pt+1 est rationnelle c'est-à-dire qu'elle est égale à

l'espérance mathématique de Pt+1 conditionnellement à It.

tte

t IPEP /11 (2)

En effet, plaçons nous en t+, entre t et t+1 et considérons la variation du prix entre t et t+.

Ce qui donne :

)(/()/( 1111 ttttttttt IIIPEIPEPPP (3)

Page 29: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

28

Avec l'équation (3), on voit que s'il n'y a pas de modification de l'information disponible entre

ces deux dates t et t+1 (It+1 = It), le prix anticipé ne varie pas ( P Pt

e

t 1 ). L'anticipation à

l'instant t de cette variation est :

tttttttttt IIIEIPEIPEEIPPE )/()/(/()/( 11111 (4)

Puisque It représente toute l'information disponible, l'anticipation rationnelle en t de

It+ est justement identique à It. Ce qui montre que l'anticipation de la variation du prix est

nulle E P P It t t( / ) 0, ce qui revient à dire que la meilleure anticipation du Pt+ en t est le

prix courant Pt : E P I Pt t t( / ) .

Fama6 (1970, 1991), Jensen (1978) a ordonné le concept d'efficience informationnelle

en distinguant trois formes d'efficience selon le vecteur d'information considéré : la forme

forte, semi-forte et faible.

- une forme faible dans laquelle l'information considérée porte exclusivement sur la

série des prix (ou rendements) passés. Nul opérateur ne peut obtenir un rendement anormal

(excess return) en utilisant les prix ou rendements du passé puisque tout le monde les connaît.

- une forme semi-forte d'efficience correspond au cas où les prix absorbent toute

information disponible (journaux et publications, rapports de sociétés, prévisions

d'organismes spécialisés, etc....). Nul opérateur ne peut donc obtenir de rendements en excès

en se fondant sur ces éléments.

- Dans le cas de l'efficience sous la forme forte, les prix reflètent toute l'information y

compris les informations privilégiées (confidentielles). Grosssman et Stiglitz (1976 ; 1980)

ont démontré qu'il était impossible que le marché soit efficient au sens fort. Autrement dit,

une efficience forte illustre le cas où les prix reflètent les informations privilégiées. Nul

opérateur ne peut alors gagner des rendements en excès en usant des informations publiques

ou non publiques obtenues sur le marché ou en marge de celui-ci.

Dans le cadre de cette étude, nous testerons un modèle lié à l'efficience faible. Cela est

dû à la non fiabilité des informations publiques et privées, à leur accès difficile et à l'étroitesse

6FAMA E. F. (1970), « Efficient Capital Markets : A Review of Theory and Empirical Work », Journal of

finance, Vol. 25, n° 2.

FAMA E. F. (1991), « Efficient Capital Markets : II », Journal of Finance,Vol. 46, n° 5.

JENSEN M.C. (1978), « Some Anomalous Evidence Regarding Market Efficient », Journal of Financial

Economics, Vol. 6, n° 1.

Page 30: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

29

de l'actuelle structure organisationnelle de la BVA. Ainsi, seuls les prix représentent les

indicateurs de base.

En effet, le prix d'aujourd'hui sur le marché est le meilleur prédicteur des prix à venir.

En d'autres termes, il ne peut être possible d'améliorer la prévision des prix en incluant des

informations historiques additionnelles dans l'équation de prévision.

Nous utiliserons un test de marche aléatoire fondé sur le fait que le prix des produits

du marché financier à la date t peut être déduit du prix de ceux de la date précédente (t-1). Ce

qui se traduit par :

LogP LogPt t t 1 (5)

Le test de ce modèle permet de vérifier l’efficience. Il s’agit de tester l’indépendance

des variables c’est-à-dire des prix ou des rendements. En plus, l'hypothèse théorique de

l'efficience du marché nécessite que le terme d'erreurs t soit distribué de façon aléatoire

autour d'une moyenne zéro, c’est-à-dire que t doit être un "bruit blanc" normalement et

sériellement non corrélé.

L'estimation des coefficients d'un tel modèle se fait par la méthode des moindres

carrés ordinaires (MCO). En retranchant membre à membre de l'équation (5) LogPt-1, on a :

LogP LogP LogP LogPt t t t t 1 11 ( ) (6)

Si = 1, série des logarithmes Pt possède une racine unitaire et suit un processus de marche

aléatoire ou processus stationnaire autour d'une constante . Les observations passées,

présentes jouent un rôle identique {LogPt = t i.i. d (0, 2)};

Si 1, série des logarithmes Pt est un processus autorégressif d'ordre 1 (AR(1))

asymptotiquement stationnaire autour d'une constante avec t i.i.d(0, 2 ) {

LogP LogPt t t 1 }. Les observations présentes ont un poids plus important que les

observations passées.

Si 1, la série LogPt n'est pas stationnaire et elle représente un processus explosif. Les

observations passées ont une pondération plus élevée que les observations présentes.

Page 31: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

30

Comment identifier les éléments qui entrent dans les conditions d'une meilleure

performance de la BVA ? L'analyse empirique de ce marché financier permet de répondre à

cette question.

3. Résultats Econométriques

3.1. Analyse économétrique de l'efficience de la BVA

La variable retenue pour tester l'efficience est l'indice des cours moyens des titres sur

la Bourse des Valeurs d'Abidjan. Cet indice exprime le prix d'équilibre qui reflète mieux la

réalité sur ce marché financier. Les données sont mensuelles et couvrent la période de janvier

1993 à mars 1996.

Les cours moyens des titres sur le marché financier ivoirien évoluent à la hausse d'une

manière générale sauf pendant la période qui s'étend de janvier 1993 à janvier 1994 où ils

suivent une évolution stable et constante (le graphique 1).

Graphique 1 : évolution des cours moyens des titres de la BVA

0

50

100

150

200

250

300

350

33970 34090 34213 34335 34455 34578 34700 34820 34943 35065

Page 32: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

31

Tableau 1 : Test de racine unitaire Dickey & Fuller Augmenté (ADF)

Log de la variable en Niveau

en Différence

1993.01- 1996.03 P Valeurs

critiques t

Valeur

calculée tc

p Valeurs

critiques t

Valeur

calculée tc

Cours moyens

mensuels des titres

(Pt)

1

1% -3,617

5 % -2,942

-0,0478

1

1 % -3,623

5 % -2,946

-2,768

p = nombre de retards ; t valeurs critiques (au seuil de =1% ou 5 % ou 10 %) de la

statistique ADF ; tc = la statistique ADF calculée.

L'estimation de l'équation (4) donne : LogP LogPt t

1 17 1 041 22 3587

1, ,( , ) ( , )

(6)

R2 = 0,99 ; DH = 2,02 ; F = 2420,25. L'équation (5) estimée s'écrit :

P LogPt t 0 17 0 042 1, ,

avec -1 = 0,042 0. Ce qui montre que LogPt n'est pas stationnaire.

Les chiffres entre parenthèses de l'équation (6) sont les statistiques de t-student qui

sont significatifs au seuil de 5 %. . Les paramètres estimés ne sont pas nuls et le coefficient de

détermination indique que les prix passés des actifs expliquent la variabilité des prix de la

période à venir à 99 %.. Il apparaît à la lumière de ces résultats que le marché boursier

ivoirien n'est pas efficient. En outre, le test de la racine unitaire au sens de Dickey et Fuller

Augmenté (ADF) sur logPt en niveau comme en différence montre que le processus étudié ne

possède pas une racine unitaire puisque les t calculés (tc) sont tous inférieurs en valeur

absolue aux valeurs critiques en valeur absolue (Voir tableau 1 ci-dessus).

Page 33: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

32

Avec le tableau 2 ci-dessous, les tests de ADF, Philippe Perron et KPSS montrent que les

données sont non stationnaires en niveau mais stationnaires en différence première.

Tableau 2 : Racines unitaires

ADF(niveau) ADF(FD) PP(niveau) PP (FD) KPSS(niveau) KPSS(DF)

Tu Tt Tu Tt Tu Tt Tu Tt Tu Tt Tu Tt

1,85 2,95 -

2,28

-

3,75

1,56 -

1,12

-

1,88

-

2,30

0 ,62 0,18 0,49b

0,05a

Ce qui montre que le processus logPt qui caractérise le marché boursier ivoirien n'est pas un

processus de marche aléatoire. Le marché financier ivoirien ne réunit pas pour le moment,

toutes les conditions pour favoriser la mobilisation et l'allocation optimale des ressources

domestiques d'où la nécessité de transformer la BVA en bourse régionale des valeurs

mobilières (BRVM).

3.2. Implications

Un marché a besoin d’être efficient car il permettra d’affecter les ressources rares aux

investissements ou à valeur ajoutée nette positive. Dans ce cadre, des efforts ont été faits

depuis 1992 pour que la BVA devienne une bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM)

où de nombreuses sociétés locales, régionales et internationales viennent acheter ou vendre en

temps voulu les différents produits de ce marché orientés vers les investissements rentables.

La restructuration de la BVA a permis d'accélérer le processus de privatisation par les

opérations d'emprunts privés nationaux ou publics internationaux (Banque Ouest Africaine de

Développement, BOAD, etc.) effectuées sur le plan régional. Ces opérations rentrent dans le

cadre des préoccupations des pays membres de l'UEMOA, la poursuite de l'intégration de

leurs économies. La BRVM est un organisme privé qui s'est vu affecter une concession de

service public. Son rôle essentiel est d'organiser le marché financier et de veiller au bon

dénouement des transactions. Elle fonctionne suivant un système de cotation à l'ordinateur.

Page 34: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

33

Les différents agents de change, appelés ici sociétés de gestion et d'intermédiation, font leurs

opérations à partir des terminaux installés dans les antennes nationales de cotation de tous les

pays membres de l'UEMOA. Les ordres de bourses sont reportés sur le site central à Abidjan.

C'est au niveau de ce site que le logiciel de cotation procède à une confrontation des ordres

pour une cotation au "fixing". La BRVM est dotée également d'un dépositaire central de

règlements qui se charge du post-marché (règlements, livraison des titres, conservation de

ceux-ci).

Les intervenants sur la BRVM sont les sociétés de gestion et d'intermédiation qui font

office d'agents de change : il y a des sociétés de gestion de patrimoine, les apporteurs

d'affaires, les conseils en valeurs mobilières, etc.

Conclusion

La Bourse des valeurs d'Abidjan, depuis sa création, a été l'objet de réformes en ce qui

concerne les fonctions du personnel, l'outil informatique. La BVA a élargi les voies d'accès

sur ce marché en créant en plus de la cote officielle, le second marché, le hors cote et les

compartiments de valeurs internationales.

Dans le souci de mobiliser une part importante de l'épargne de l'économie ivoirienne,

la BVA cherche à réduire les coûts de prestation des différentes transactions.

Ce marché boursier ne remplit pas toutes les conditions pour être un marché efficient.

Malgré toutes ces réformes de la BVA, les enquêtés trouvent que la politique des taxes sur les

dividendes décourage. Ce qui arrangerait la BVA est d'avoir un nombre important

d'entreprises qui intervient sur ce marché financier. S'agissant des transactions, elles se font de

manière transparente mais il existe toujours un problème de fraude qu'on peut remédier en

renforçant la sous-direction de la Bourse. On peut aussi baisser les coûts de transaction en

réduisant les frais payés pour prestation des intervenants. Les délais de livraison peuvent être

réduits si on veut augmenter la performance de la BVA. L'assainissement des finances

publiques peut être un facteur jouant en faveur de la BVA qui opérera dans un environnement

économique sain.

Il est nécessaire de trouver des moyens de diversification de portefeuilles à cause de la

faiblesse des revenus des ménages. Pour remédier à cette situation nous suggérons la mise en

œuvre d'une politique qui encourage le développement de fonds mutuels de placement.

Page 35: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

34

Ces leçons tirées de l'analyse de la BVA ont pour l'essentiel servi à la mise en place de

la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) depuis le mois de février 1998. Ce

marché financier s'oriente sur l'intégration des économies des pays membres de l'UEMOA

puis sur celle de la sous-région.

Page 36: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

35

Bibliographie

BENCEIVENGA V. R, SMITH B. C., STARR R. M. (1995), Equity markets, transaction

costs, and capital accumulation : an illustration, The World bank Policy Research

Working paper.

Bourse des valeurs d'Abidjan (1994), Règlement général de la BVA, Rapport.

Bourse des Valeurs d'Abidjan : Rapports d’activités de 1976 à 1994.

CACHIN P., MC DERMOTT C. J. (1995), Efficiency in develoing Equity markets, IMF

Working papers WP/95/58.

CHOW H. (1996), “The final frontier Emerging market Investor”, Vol. 3, n° 5.

CULBERTSON W. P. (1989), “Empirical regularities in black markets for currency”, World

Development.

DAILAMI M., ATKIN M (1992), Stock markets in Developing Countries, Key issues and a

research agenda, Policy research and external affairs working papers (financial policy

and systems) The World Bank,WPS 515.

DEMANGE G., ROCHET J. C. (1992), Méthodes mathématiques de la Finance, Economica.

DEMIRGUC KUNT A., HUIZINGA H. (1992), “Barriers to portfolio investments in

emerging stock markets”, World Bank Papers, WPS 984.

DEMIRGUC KUNT A. (1992), “Developing country capital structure and emerging stock

markets”, World Bank Working Papers, WPS 933.

DERREUMAUX P., PELTIER G. (1979), « Monnaie, intermédiation financière et

développement économique », Banque, n° 382.

DICKEY D. A., FULLER W. A. (1981), “Likelihood ratio statistic for autoregressive times

series with a unit root”, Econometrica, pp. 1057-1072.

DURBIN J. (1970), “Testing for serial correlation in least squares regressions when some of

the regressors are lagged dependent variables”, Econometrica, 38, pp. 410-421.

ENGBERG H. L. (1975), “Indigenization of the business sector through the organized capital

market: the Lagos stock exchange”, Journal of Management Studies, Vol. 7, n°4.

ENGBERG H. L. (1976), “The Nairobi stock exchange: an organized capital market in a

Developing Country”, Journal of Management Studies, vol. 8, n°1.

ENGLE R. F., YOO S. (1987), “Forescasting and testing in cointegration systems’, Journal of

Econometrics, n° 24, pp. 331-412.

ENGLE R. F., GRANGER C. W. J. (1987), “Cointegration and error correction : regression,

estimation and testing”, Econometrica, n° 55, pp. 251-276.

Page 37: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

36

FAMA E. F. (1970), “Efficient capital market : A review of theory and empirical work”, The

Journal of Finance.

FAMA E. F. (1991), “Efficient Capital Markets : II”, Journal of Finance, Vol. 46, n° 5.

GROSSMAN S. J., STIGLITZ J. (1980), “On the impossibility of informationally efficient

markets”, American Economic Review.

JENSEN M. C. (1978), “Some Anomalous Evidence Regarding Market Efficient”, Journal of

Financial Economics, Vol. 6, n° 1.

KRUL N. (1970), Epargne financière et développement économique, Les Editions de

l'Epargne, Paris.

LEVINE R. (1990), “Stock markets, growth and policy, Policy research and external affairs”

Working Papers, The World Bank, WPS 484.

MCKINNON R. I. (1976), Money and finance in economic growth and development, Essays

in honor of Edward S Shaw, M.Dekker, New York 1976.

MCKINNON R. I. (1973), Money and capital in economic development, The Brookings

Institutions, Washington D.C.

PARDY R. (1992A), “Regulatory and institutional impacts of securities market

computerization”, Working Papers, Country economics Departement. The World

Bank WPS 866.

PARDY R. (1992B), Institutional reform in emerging securities markets, Policy research

working papers (financial policy and systems), The World Bank, WPS 907.

ROEMER M., JONEES C. (1991), Markets in Developing Countries, Parallel Fragmented,

and Black, ICS Press, San Francisco.

STIGLITZ J.E., UY M. (1996), “Financial Market Public Policy, and the east Asian Miracle”,

The World Bank Research Observer, Vol. 11, n° 2.

Page 38: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

37

Analyse de la production de services dans les organisations de crédit mutuel : une

approche par la théorie de la justification et des économies de la grandeur

Angbonon Eugène KAMALAN

Université Alassane OUATTARA, Bouaké (Côte d’Ivoire)

28, BP 816 Abidjan 28, Côte d'Ivoire

[email protected]

Résumé

A partir des analyses de la justification et des économies de la grandeur de Boltanski et

Thévenot, nous étudions les pratiques d’échanges permises par les relations de

recommandation et d’aval des emprunteurs dans des institutions de crédit mutuel en Afrique

de l’Ouest. Les résultats obtenus permettent d’inscrire l’analyse du crédit dans la réfutation de

deux éléments théoriques de l’approche économique dominante. D’une part, le prisme

marchand ne suffit pas pour justifier les échanges liés au crédit. D’autre part, le marché n’est

la seule procédure efficace d'allocation des ressources.

Mots clés: Crédit , Recommandation, Aval, Théorie, Justification

Classification JEL: A13-14, B15, B52, G21

REVUE INTERNATIONALE DE GESTION ET D’ECONOMIE SERIE B - ECONOMIE / NUMERO 1 - VOLUME 1 - Décembre 2016 / pp. 37-56.

Page 39: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

38

Abstract

We study the exchange practices permitted by the sponsorship and the endorsement relations

of borrowers in West African microfinance institutions. We propose a theoretical analysis of

the contribution of those relations in the process of individual microcredit. Our reasoning is

based on the framework of justification and the economies of worth proposed by Boltanski

and Thévenot. The results allow the analysis of debt to contest two economic points. Thirst,

the market approach is incomplete to justify the relationships and exchanges carried out in the

processes of debt. Second, the credit allocation is not only based on the market place.

Key words: Credit, Sponsorship, Endorsement, Theory, Justification

JEL Classification: A13-14, B15, B52, G21

Page 40: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

39

Contexte

Dans les institutions de microfinance (IMF), les contrats de dette de microcrédits

s’élaborent en prenant en compte les relations annexes de l’emprunteur avec des tiers, que

l’emprunteur soit en groupe de caution avec d’autres emprunteurs solidaires ou qu’il soit en

crédit individuel. Par rapport à la relation dite de service telle que définit par Gadrey, Reboud

et Banlt (1997) entre l'agent de crédit qui établit le contrat de dette et l’emprunteur, les autres

relations de ce dernier avec des tiers sont considérées comme des relations annexes car,

celles-ci sont associées à la relation de service de manière accessoire. Cependant, les relations

annexes deviennent obligatoires pour certains modèles de contrat de dette d’après

Boyd et Prescott (1986). Le contrat de dette avec la relation de cautionnement solidaire en est

un exemple mondialement connu. Mais il y a aussi le contrat de dette avec la relation d'aval et

ou la relation de recommandation (ou parrainage). Ces deux types de relations annexes

concernent particulièrement les emprunteurs individuels de microcrédits et appliqués par les

IMF ouest-africaines, figure 1.

Figure 1: Relations du contrat de dette de microcrédit

L’aval est une relation entre un emprunteur de microcrédit individuel qui ne dispose pas

de garanties matérielles personnelles et un tiers, son avaliseur7. Celui-ci est en général une

personne de l'entourage de l’emprunteur, par exemple le conjoint ou une personne du

patrilignage. Le tiers (avaliseur) met un bien matériel à disposition de l’institution prêteuse

des fonds, sous la forme d’un gage en contrepartie duquel l’institution offre la dette à

l’emprunteur ainsi avalisé. Dans les IMF d’Afrique de l’Ouest, les biens couramment

7 Le terme avaliseur est volontairement employé dans cet article pour désigner la personne qui propose un

acte d’aval destiné à garantir une dette de microcrédit.

Page 41: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

40

proposés en gage par les emprunteurs sont constitués par les sûretés réelles, (PADME, 2005).

Ce sont notamment le nantissement avec dépossession sur les salaires, le nantissement sans

dépossession concernant les véhicules et les fonds de commerce ainsi que l'hypothèque

contractuelle sur les parcelles loties et les parcelles non loties accompagnées d'autres biens

immobiliers, (Kamalan, 2008).

Le modèle de contrat à relation d’aval a un niveau d'engagement identique au contrat de

caution solidaire en ce qui concerne l’avaliseur. Celui-ci est entièrement et sans division

responsable du remboursement de la dette de l'emprunteur en cas de défaut de ce dernier, sous

peine de voir « réaliser » son bien mis en gage. Mais en pratique, l'avaliseur ne supporte pas

de « dommage » réel car, le système d'aval n'interdit pas la jouissance par ce dernier des biens

mis en gage pour l'obtention du crédit. Cela est dû à la prédominance des nantissements sans

dépossession mais aussi et surtout aux difficultés d’application des règlements des actes de

l’OHADA8 notamment, l'acte uniforme sur l'organisation des procédures simplifiées de

recouvrement et des voies d'exécution et l'acte uniforme sur l'organisation des sûretés.

Si l’avaliseur n’est pas lui aussi un emprunteur de microcrédits, il ne tire aucun avantage

direct de son acte d’aval qui est un acte de générosité dont l'intérêt majeur est de secourir

l’emprunteur dans sa demande de crédit. L’avaliseur peut juste se satisfaire d'offrir une

opportunité à un proche dont il se sent moralement responsable ou moralement redevable du

fait de devoir d'aînesse par exemple.

La recommandation est une relation qui s’apparente à un acte de soutien moral ou

d'accompagnement ou encore un processus de parrainage qui se traduit généralement par un

témoignage. Par ce procédé, une tierce personne qui est généralement un proche parent d'un

emprunteur, témoigne sur son honneur de la bonne probité et la moralité exemplaire de

l’emprunteur en vue de dissiper les doutes qui subsisteraient chez un agent de crédit lorsque

celui-ci examine la demande de prêt dudit emprunteur. Mais, contrairement à la relation

d’aval, la relation de recommandation (ou parrainage) n'est pas une relation contractuelle. Elle

n'est pas basée sur la responsabilisation du parrain à payer la dette de l'emprunteur

recommandé. Le parrain est simplement un gage moral au sens de Churchill (1999). Il

s'engage sur son honneur au profit de l'emprunteur en témoignant en faveur de ce dernier. Le

parrain (recommandeur) se met à disposition de l'agent de crédit en vue de l'assister pour le

recouvrement des avoirs de l'institution prêteuse des fonds, si l'emprunteur recommandé

n'honore pas ses engagements.

8 Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires.

Page 42: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

41

Dans les IMF ouest-africaines, il existe des contrats de dette pour des emprunteurs individuels

où les relations de recommandation (ou parrainage) et relations d’aval sont appliquées

conjointement. Mais, il existe également des contrats de dette sans relations annexes pour des

emprunteurs. D’autre part, les IMF ouest-africaines accordent globalement plus de crédits que

de microcrédits aux groupes de caution solidaire et aux groupements.

La suite de notre article est structurée en quatre sections. D’abord, nous présentons les

fondements de la réflexion théorique sur les relations de recommandation et d’aval devant

déboucher sur les analyses de Boltanski et Thevenot pour comprendre le fonctionnement des

crédits (section 1). Ensuite, nous montrons que les relations de recommandation et d’aval

peuvent être analysées à partir d’une grille de valeurs permettant d’ouvrir une dialectique avec

la notion de grandeur proposée par Boltanski et Thévenot (section 2). Après, nous montrons

que les relations de recommandation et d’aval créent des cadres de conflits, de tensions et de

compromis (section 3). Enfin, nous montrons comment les relations de recommandation et

d’aval favorisent l'hybridation de différentes logiques d'échange pouvant déboucher sur des

accords qui rendent possible l’allocation du microcrédit individuel (section 4).

1. Fondement théorique de l’analyse de la recommandation et de l’aval

La prise en compte des relations de recommandation et d’aval dans l’analyse des

contrats de dette pose deux problèmes. L’un concerne le rapport entre les notions de relation

et de contrat qui ont des fondements dans deux registres différents et dissociés à savoir, d'un

côté, le registre social et culturel pour la notion de relation et de l'autre, le registre marchand

pour la notion de contrat de dette. Dans ce cas, on peut se demander comment les

contreparties marchandes qui permettent de contracter une dette de microcrédit se

superposent, s'entrecroisent, s'associent aux relations de recommandation et d’aval des

emprunteurs lorsque celles-ci sont nécessaires d’une part, pour l’établissement du contrat de

dette et d’autre part, pour l’exécution des engagements induits du contrat.

Passé ce premier problème qui se pose dans l’établissement du contrat, le second problème

consiste à démêler l'inférence statistique qui existerait entre les relations de recommandation

et d’aval et l’issue du contrat de dette. Il s'agit d’expliquer l'action de remboursement des

crédits par les emprunteurs en prenant comme moyen d'analyse leurs relations de

recommandation et d’aval. Comprendre pourquoi et comment les relations de

Page 43: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

42

recommandation et d’aval conduisent à contracter des dettes et comment ces relations

structurent les comportements de respect des échéances de remboursement des crédits

poussent alors à interroger la rationalité économique des agents en utilisant des pistes

d'explication fondées sur leurs relations. Cette démarche va au-delà de la justification de la

rationalité et le motif de maximisation de l'intérêt développé par la branche orthodoxe de la

science économique.

Les problèmes soulignés ci-dessus présentent deux enjeux différents. Le premier enjeu prend

le sens d'une double interpénétration. D’abord, il y a une interpénétration du domaine social,

notamment les relations interpersonnelles avec le domaine économique marchand au sens de

Granovetter (2005). Cette interpénétration a lieu durant l'élaboration des contrats de dette et

met en évidence une forme de financiarisation des rapports sociaux, favorable aux analyses

initiées par Karl Polanyi sur le thème de l’encastrement, (Hann and Keith, 2009), (Beckert,

2009). Ensuite, lors du procès du contrat marchand existe une interpénétration de logiques

d’échange diverses entre l’agent de crédit, l’emprunteur et les tierces personnes impliquées

dans les relations de recommandation et d’aval.

Le deuxième enjeu prend le sens d'une médiation des conflits entre différents acteurs en

interaction, à savoir ici, l’agent de crédit, l’emprunteur et les tierces personnes impliquées

dans les contrats de dette, (Grabher, 2002). Alors, il revient à chercher comment faire évoluer

le comportement d'un de ces acteurs en prenant comme matière le jeu des relations qui le lient

aux autres acteurs, (Laville, 2006).

Pour répondre aux questions posées par l’emploi des relations de recommandation et

d’aval, une piste intéressante est apportée par la thèse du capital social (Bourdieu, 1985 ;

Coleman, 1988 ; Putnam, 1995; 2001 ; Gleaser, 2001). Cette thèse a favorisé l’usage de la

notion de relation dans les analyses de la microfinance pour développer la thématique des

liens sociaux depuis trois décennies. Plusieurs études (Chao-Beroff, 1997 ;

Gomez and Santor, 2001) analysent les liens sociaux en microfinance en faisant référence à la

thèse du capital social au sens de P. Bourdieu et J.-C. Coleman, (Corcuff, 2002). Ces études

portent sur les liens de caution solidaire pour des groupes d’emprunteurs de microcrédits. Or,

les recherches récentes qui développent les réflexions sur les liens sociaux en microfinance

n’avancent pas la thèse bourdieusienne du capital social. Ces nouvelles recherches qui

analysent le fonctionnement des crédits sont favorables au développement d’une forme

spécifique de liens sociaux : les liens de clientèle d’après Kamalan (2010) en mettant en avant

la thèse du capital social défendue par R. Putnam. Celle-ci, contrairement à la vision

bourdieusienne, propose une conception du capital social qui fait du lien social un attribut

Page 44: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

43

d'une société servant à caractériser un état de la société. Cet attribut met des ressources à la

disposition des membres pour intervenir dans le fonctionnement de la société. Putnam

considère qu'une société peut hériter un élément substantiel de capital social sous la forme de

confiance, de normes de réciprocité et de réseaux d'engagement civique. Ces éléments

peuvent faciliter la coopération volontaire entre les individus dans le sens d’une collaboration,

(Thevenot, 1986) ou d’une mutualisation des acquis, compétences et efforts (Kamalan, 2007).

Par conséquent, les relations de recommandation et d’aval seront considérées comme des

attributs de la société plutôt que des attributs des individus. Dès lors, la question qu’on se

pose est de savoir comment mobiliser efficacement les attributs d'une société pour les faire

interagir dans le comportement justifié et sensé d'un individu, observé dans le cadre de la

relation contractuelle de dette de microcrédit individuel. Etant entendu que le but de

l’individu est de maximiser ses gains et ses attentes. Conséquemment, on cherchera à savoir

quel procédé servirait à résoudre les incompatibilités et antagonismes entre les aspirations

collectives de la société induites par ses attributs et les anticipations rationnelles de l'individu

motivé par ses intérêts égoïstes.

Ces enjeux sont vigoureusement traités par L. Boltanski et L. Thévenot (1991) dans le

cadre de leur théorie de la justification et des économies de la grandeur. En effet, une analyse

théorique des relations de recommandation et d’aval du client individuel de microcrédits est

possible à partir des réflexions que ces deux auteurs ont consacrées à la justification des

actions économiques des individus en société. Ces auteurs ont utilisé des idées philosophiques

et politiques comme des référents expérimentaux pour construire théoriquement six

cités qu’ils définissent comme des espaces de conflits, de médiations, de consensus et

d'accords. Leur volonté est de comprendre la dialectique qui s'ouvre entre ces modèles de

cités dans la droite ligne des réflexions de K. Polanyi et prolongées par M. Granovetter. Cette

dialectique mène à l'opposition entre les cités et donc aux possibles compromis entre celles-ci.

Enfin, Boltanski et Thévenot proposent la notion de grandeur comme un bien commun

légitimement reconnu par tous les individus et servant à faire revivre le thème de la mesure

sociale ou de la valeur9. Pour eux, la valeur devient une grandeur, c’est une nouvelle mesure,

non pas objective, mais conventionnelle. Les individus qui seront « grands » seront les garants

du principe supérieur commun servant de repère et contribuant à la coordination des actions

des autres. Par principe, l'état de « petit » est à éviter. Tout le monde cherchera alors à être

« grand », chacun avec ses moyens. Dès lors, les questions qui se posent sont de savoir

9 Cette conception de la valeur est départie des idéaux

marxistes (valeur travail) et néoclassiques (valeur d’utilité)

Page 45: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

44

comment chaque individu parvient à un état de grandeur. En plus, quels seraient les effets du

parcours d'un individu vers ses états de grandeur recherchés sur les autres individus qui ont

leur propre cheminement vers leurs états de grandeurs ? De même, que se passerait-il si un

état de grandeur recherché par un individu est radicalement opposé à un autre état de grandeur

recherché par un autre individu ? Donc, dans la réflexion proposée par Boltanski et Thévenot,

le risque de tension est permanent. C'est pourquoi leur objet porte sur la relation et les enjeux

entre la discorde et la concorde, le désaccord et l'accord, la dispute et le compromis. Il s'agit,

en analysant le contenu de chaque cité, de montrer les raisons qui l'opposent à une autre,

créant ainsi un cadre de la discorde. Mais, il s'agit aussi de pointer les raisons de

compromission entre les cités et d'obtenir enfin un modèle d'accord idéal. C’est pourquoi le

cadre de réflexion proposé par ces auteurs est propice pour une analyse théorique des relations

de recommandation et d’aval du client de microcrédit individuel. En effet, il peut être

pertinent de montrer que les relations de recommandation et d’aval du client de microcrédit

individuel utilisent la notion de grandeur qui fonde la théorie de la justification. De même, le

recours au cadre théorique de la justification et des économies de la grandeur peut servir à

expliquer les mécanismes d’accession aux crédits ainsi que les attributs communautaires qui

justifient les comportements de consommation de microcrédits par les emprunteurs

individuels.

Dans cet article, les analyses théoriques sont appuyées par des données qui corroborent

les réflexions engagées. Ces données proviennent d’une étude de terrain réalisée dans

l’institution PAMDE au Bénin, (Kamalan, 2006). Le PADME est une Institution de

Microfinance qui intervient dans le secteur des microcrédits directs. Les emprunteurs de cette

institution ne constituent pas une épargne préalable avant d'obtenir des emprunts. C’est le

leader de son secteur sur le marché du microcrédit au Bénin. L'essentiel des activités de prêts

concerne les crédits et en caution solidaire. Seuls les emprunteurs individuels ont été pris en

compte dans cet article. En janvier 2006, les clients en cours d’activité étaient au nombre de

21146. Les données prises en compte couvrent une période de douze années allant de 1995 à

2006, (PADME, 2005). En outre, nous utilisons les résultats d’une enquête que nous avons

réalisée dans l’agence du PADME à Cotonou. Cette enquête a porté sur 560 clients

individuels représentatifs de la population. L’enquête prend en compte les clients qui ont

obtenu au moins un microcrédit individuel. Seuls les clients qui sont en cours d’exécution

d’un crédit sont pris en compte.

Page 46: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

45

2. Recommandation, aval et ordres de grandeur

Pour comprendre le rapport entre les relations de recommandation et d’aval du client de

microcrédit individuel et la notion de grandeur développée par L. Boltanski et L. Thévenot, il

faut s’interroger sur le sens du fonctionnement du crédit et ses effets pour l’emprunteur. A

quel changement conduit l'accès à un microcrédit à partir du contrat de dette qui s’établit ?

Etre engagé dans un contrat de dette de microcrédit, c'est être engagé pour préserver, pour

chercher ou éviter des actions, réactions, comportements, attitudes ou propos destinés à

produire des effets supposés ou vrais sur l’image de l’emprunteur. C’est être attaché à

quelque chose pour laquelle il n'est pas indifférent. Mais à quoi l’emprunteur de microcrédit

individuel est-il donc attaché après sa dette ? Est-ce une forme excessive de fidélisation aux

microcrédits et aux services non financiers associés créant des comportements

d’accoutumance voire de dépendance ? Cette interrogation ouvre une dimension normative du

raisonnement sur le sens du contrat de dette pour l’emprunteur. Comprendre cette question

suppose de s'interroger sur le sens et la valeur de ce qu'on fait quand on a un microcrédit,

(Churchill, 1999). L'attachement de l’emprunteur débouche sur une analyse normative de la

valeur chez ce dernier. La question est donc de savoir qu'est ce qui a de la valeur pour un

emprunteur qui justifie le comportement de ce dernier vis-à-vis de sa dette de microcrédit

individuel.

Ce questionnement conduit à rechercher le rapport entre les ordres de grandeurs de

L. Boltanski et L. Thévenot et des ordres de valeurs permis par les relations de

recommandation et d’aval du client de microcrédit individuel. Pour cela, nous mettons en

parallèle la méthodologie de la justification et des économies de la grandeur et les

interprétations possibles des relations de recommandation et d’aval. Dans cette perspective,

un cadre de justification employant six ordres de valeur peut servir à expliquer comment un

emprunteur de microcrédit individuel accède au crédit et pourquoi il adopte un comportement

donné vis-à-vis du crédit reçu en respectant ou non les échéances de paiement de sa dette,

figure 2.

Page 47: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

46

Figure 2 : Ordre de grandeur et ordre de valeurs du client individuel

Dans la cité domestique définie par L. Boltanski et L. Thévenot, les êtres sont familiers,

personnalisés et dotés d'une valeur d'unicité. Cette valeur d’unicité est le lien. Ce lien est un

élément matériel ou immatériel qui justifie la relation. C’est ce qui traduit le contenu des

échanges. Le lien est ce qui retient, motive et fait agir l’emprunteur et les tiers. Or,

l’emprunteur et les tiers portent chacun, la trace d'une origine, d'une lignée ou d'un terroir.

Cela s'apparente à une filiation. Alors, dans ce contexte, le lien traduit une filiation. Or, Pour

L. Boltanski et L. Thévenot, la cité domestique utilise comme ordre de grandeur : la

confiance. Celle-ci est relative à ce qui est proche et familier. Selon L. Thévenot (1986), cette

grandeur comprend à la fois un ordre temporel du fait de la fidélité à la coutume et au

précédent, un ordre spatial de familiarité et un ordre hiérarchique d'autorité, tous les trois

étroitement imbriqués. Dans cette perspective, la définition du lien comme filiation apparaît

nécessaire et place l’emprunteur dans un environnement où il n'est jamais seul. La fidélité à la

coutume et au précédent suppose pour lui le respect des codes de sa tradition, de son histoire.

La familiarité le renvoi à sa filiation. La hiérarchie et l'autorité le responsabilisent devant ses

obligations vis-à-vis de sa filiation. Ses trois facettes de la filiation se traduisent par le mot :

solidarité. La filiation entraîne donc des obligations morales de solidarité pour l’emprunteur.

Ayant une histoire et une famille, celles-ci l’engagent à une responsabilité et un devoir de

partage et d'entraide vis-à-vis de sa filiation. Cette entraide est obligatoire dans la mesure où

l'absence de partage peut être sanctionnée par les membres de la filiation. Par exemple, un

client recommandé ou avalisé qui est supposé égoïste peut être mis en index et exclu

socialement par les membres de sa filiation (familiale) qui voudraient que ce dernier se

montre plus solidaire et généreux envers eux.

Dans la cité civique, les attributs du lien en tant que filiation sont applicables mais avec

une particularité en plus. La filiation n'est pas domestique, elle est communautaire. Les

individus n'appartiennent pas seulement à leur famille ; ils sont aussi fils de la communauté.

Page 48: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

47

Dans ce cas, les formes de régulation sociale par la demande, l'appel, la sollicitation, sont des

objets de nature communautaire qui constituent une équivalence générale, même si elles

contraignent l'initiative individuelle. L'esprit de partage n'est plus une obligation mais une

vertu. Le partage sous contrainte, ou solidarité familiale, devient un partage désiré, choisi et

motivé. L’ordre de valeur n’est plus la solidarité, mais la générosité. Elle concerne tous les

individus ayant la même filiation, c’est-à-dire pour nous, autant l’emprunteur que les tiers

recommandeurs et avaliseurs.

L. Boltanski et L. Thévenot ont défini la cité marchande qui utilise comme ordre de

grandeur : la concurrence. Cette cité met en avant les avantages particuliers de l’emprunteur

dont les intérêts sont considérés comme affranchis des considérations domestiques et

civiques. Seul le désir d'appropriation et d'opportunisme compte. Dans ce contexte, la valeur

apparaît dans sa détermination et son abnégation à préserver sa relation financière avec l'agent

de crédit quelque soit par ailleurs, le coût et l'effort à déployer. Ce raisonnement permet

d’expliquer le paiement des coûts souvent prohibitifs des microcrédits par leurs emprunteurs.

Ici, la valeur prend le sens de la compétence. Elle est d'autant plus recherchée si elle est

récompensée. On a de la valeur parce qu'on est capable. Le lien n’est plus synonyme de

filiation. Il n’a plus de motif identitaire, mais symbolise un attachement consumériste.

Dans la cité industrielle, la valeur est perceptible chez l’emprunteur à travers son désir

d'agrandissement et de perpétuation de ses acquis. Le but étant de déboucher sur une

génération de valeurs. La valeur repose alors sur l’appréciation de ses propres acquis et

l'équivalence avec d'autres acquis. Il compare sa situation avec les situations d’autres

personnes de son entourage. Sur cette base, il établit son ordre de valeur sur le fait qu’il

possède des biens que les autres n’ont pas ou ne peuvent avoir.

Dans la cité de l'opinion, la valeur se traduit par la considération qui englobe l'estime et

l'admiration. C'est la réputation positive. C'est ce qui est perçue favorablement, ce qui est bien

vu. L’emprunteur sera d’autant plus motivé qu’il posera des actes qui susciteront l’admiration

autour de lui.

Enfin, dans la cité de l'inspiration, la valeur se rapporte à la notion religieuse de la

croyance qui distingue emprunteurs, recommandeurs et avaliseurs. Chacun ayant l’obligation

morale de se conformer aux exigences et à l’exemplarité d’une vie vertueuse.

D’autre part, L. Boltanski et L. Thévenot ont recherché les opérations à partir

desquelles les acteurs d'une société donnée parviennent à construire, à manifester et à sceller

des compromis et des accords plus ou moins durables en résorbant les tensions et les conflits.

Page 49: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

48

Nous montrons que les relations de recommandation et d’aval du client de microcrédit

individuel sont des occasions de tensions, de conflits mais aussi, de compromis et d’accords.

3. Recommandation, aval : tensions, compromis et accords

En tant que matière de tentions et de compromis, les relations de recommandation et

d’aval du client individuel peuvent être présentées sous deux formes, soit comme des

relations de compétition gagnant-perdant, soit comme des relations de solidarité gagnant-

gagnant, (Kamalan, 2007).

Les modèles de relation gagnant-perdant débouchent sur des conflits larvés ou affichés

et parfois revendiqués. Par exemple, les relations entre les agents de crédits et les

emprunteurs sont des sources de conflits. Celles entre les emprunteurs et les avaliseurs ou les

recommandeurs sont aussi des sources de tensions diverses. Enfin, des conflits peuvent

apparaître simultanément entre agents de crédits, emprunteurs et avaliseurs ou

recommandeurs. En effet, l’enquête menée sur 560 emprunteurs de crédits dans l’institution

PADME au Bénin a révélé qu’au moins 98% des emprunteurs interrogés font régulièrement

l'objet de sollicitations financières de la part de leurs proche-parents, amis et connaissances

diverses, plus ou moins liés aux recommandeurs et/ou aux avaliseurs. Trois personnes

interrogées sur quatre répondent favorablement et de manière régulière à ces sollicitations.

Moins d’un tiers (29%) des clients enquêtés affirment qu’ils répondent favorablement et

systématiquement aux sollicitations, même à leur propre détriment car ils se sentent obligés

de s’exécuter car ils redoutent des représailles. Un exemple de conflit récurent concerne les

emprunteurs de crédits qui se retrouvent en situation de défaillance prolongée. La défaillance

correspond au non payement d’au moins une échéance de remboursement du crédit. Dans ce

cas, l'agent de crédit voyant que ses intérêts vis-à-vis de l’emprunteur sont menacés10

, se

retourne vers l'avaliseur contre qui, il (l'agent) brandit la menace de réaliser la garantie

proposée à travers par exemple la vente aux enchères du bien matériel mis en gage. Le conflit

éclate lorsque l'avaliseur s'oppose à l'agent de crédit en menaçant à son tour l’emprunteur ;

pensant que ce dernier a logiquement les moyens de payer normalement ses échéances. De

cette manière, l’avaliseur conteste la moralité de l’emprunteur soit en fustigeant son attitude

10

L’intérêt de l’agent se trouve dans la part variable de sa rémunération liée à la qualité du portefeuille de

crédit qu’il gère. Mais, la dégradation de ce portefeuille due à des défaillances massives et ou prolongées

entraîne un système de pénalisation. Au PADME, cela consiste en une mise au chômage technique durant six

mois avec suspension de rémunération pour l’agent de crédit.

Page 50: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

49

de générosité excessive envers ceux qui le sollicitent, soit en dénonçant son ingratitude envers

lui (l’avaliseur) qui est pourtant un bienfaiteur. Des conflits similaires ont été observés au

Bénin entre des avaliseurs mécontents et des emprunteurs où les avaliseurs ont saisi manu

militari des affaires appartenant aux emprunteurs qu'ils ont pourtant avalisés, (Kamalan,

2010, pp.81-103).

Les modèles de relation gagnant-gagnant donnent lieu à des compromis construits,

(Boyd et Prescott, 1986). Chez les emprunteurs de crédits, les compromis sont fréquents entre

les emprunteurs avalisés et leurs avaliseurs. Lorsque les avaliseurs sont des hommes du

patrilignage ou des époux, la relation d’aval est présentée comme une manière de sacrifier au

devoir d’aînesse ou au devoir de générosité envers les proches, donnant ainsi une matière à la

dialectique ouverte précédemment entre ordres de grandeurs et ordres de valeurs. Il y a de

nombreux exemples où des époux avalisent leurs épouses ou des aînés, leurs cadets. De

même, les avaliseurs témoignent leur solidarité envers les emprunteurs de sexe féminin qui,

faute de garanties réelles personnelles, ne pourraient pas obtenir des crédits, (Kamalan, 2008).

Enfin, L. Boltanski et L. Thévenot ont proposé une grille de réflexion permettant

d'analyser à l'aide d'instruments théoriques les différentes logiques d'échange, en dépassant le

clivage habituel entre la sociologie holistique et l'économie homo economicus qu'ils

réussissent à combiner. Nous montrons que les relations de recommandation et d’aval

expliquent les logiques d’échange des acteurs engagés par le contrat de dette de microcrédit

individuel. Nous montrons comment les relations de recommandation et d’aval favorisent

l'hybridation de différentes logiques d'échange pouvant déboucher sur des accords qui rendent

possible l’allocation du microcrédit à l’emprunteur individuel.

4. Recommandation, aval et logiques d’échange

Il est normal de soutenir que les relations entre les emprunteurs et les agents de crédit

d’une part et entre les emprunteurs et les recommandeurs et avaliseurs d’autre part sont

codifiés en reconnaissance des statuts des uns par rapport aux autres, de sorte qu'un rapport de

hiérarchie donc d'influence s'instaure entre eux. Ce rapport d'influence dépend des attentes de

chacun et traduit les logiques d’échange qu’il déploie dans sa relation et ses rapports avec les

autres, (Grabher, 2002). En analysant les trois principales relations en vigueur pour le contrat

de dette de microcrédit individuel dans les IMF ouest-africaines, c’est-à-dire la relation de

Page 51: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

50

service entre l’emprunteur et l’agent de crédit, la relation d’aval entre l’emprunteur et

l’avaliseur et la relation de recommandation (ou parrainage) entre l’emprunteur et le

recommandeur, nous pouvons relever les trois logiques d'échange suivantes, définies par

Kamalan (2010) : la logique de lien de clientèle, la logique de gestion administrée et la

logique de place de marché. La logique de lien de clientèle consiste à poser des actes de

reconnaissance ou de gratitude envers un bienfaiteur ou à s'abstenir d'actes susceptibles

d’occasionner des dommages pour un bienfaiteur ou une personne à qui on reconnaît ou

attribue une certaine autorité. Quant à la logique de place de marché, elle consiste à

rechercher, à satisfaire et à maximiser des intérêts individuels dans le cadre d’un échange

marchand eu égard à la place dominante de donneur d’ordre. Enfin, la logique de gestion

administrée est une logique de délocalisation de coût consistant à attribuer à autrui le coût

d'une action qu'on devrait accomplir soi-même et d'en espérer les avantages en retour.

Dans la relation de service, l'agent de crédit poursuit toujours la maximisation de ses

intérêts et la délocalisation des coûts de gestion du crédit sur l’emprunteur. En revanche,

l’emprunteur poursuit un objectif de reconnaissance et de gratitude vis-à-vis de l'agent de

crédit (son bienfaiteur) ainsi que la préservation ou la maximisation de ses propres avantages.

Il y a donc là, trois logiques d'échange différentes : les logiques de place de marché et de

gestion administrée pour l’agent de crédit ; et les logiques de place de marché et de lien de

clientèle pour l’emprunteur.

Dans la relation d’aval, l’emprunteur est toujours dans une position de gratitude envers

son avaliseur. Mais, des comportements de l’emprunteur montrent aussi que ce dernier peut

attribuer le coût de son accession au crédit à son avaliseur. Par exemple, lorsqu'il a été

avalisé, l’emprunteur ne mesure pas l'importance de la garantie proposée par son avaliseur.

Ce constat a été fait lors de nos enquêtes au Bénin dans l’institution PADME. La question

suivante a été posée aux clients : « que pensez-vous de la valeur de la garantie que votre IMF

a exigée par rapport au montant du crédit qui vous a été accordé ? » Les réponses attendues

étaient : soit, la garantie est acceptable et équivalente au montant du crédit reçu ; soit, elle est

trop importante par rapport au montant du crédit reçu ; soit enfin, elle est inférieure au

montant reçu. Nous avons noté une différence importante selon que les clients sont avalisés

ou non. Parmi les clients qui jugent que la garantie est acceptable, 83% sont avalisés. Mais,

parmi les clients qui estiment que la garantie est trop importante par rapport au crédit reçu,

52% sont avalisés. Lorsqu'on examine les clients avalisés, 66% trouvent acceptable la

garantie de leur avaliseur contre 34% qui la jugent trop importante par rapport au crédit reçu.

Or, lorsqu'on examine les clients qui ne sont pas avalisés par des tiers, c'est-à-dire ceux qui

Page 52: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

51

apportent leur propre bien en garantie de leur dette, il y a 70% de ces derniers qui jugent que

leur bien mis en gage est trop important par rapport au crédit reçu. Cela montre que les

emprunteurs qui sont avalisés ne mesurent pas à sa juste valeur la garantie contre laquelle ils

ont obtenu leur crédit. Ainsi, on ne doit pas exclure l'idée que des emprunteurs avalisés

puissent songer à éponger leurs dettes grâce aux garanties de leurs avaliseurs en cas de

défaillance. C’est une logique de gestion administrée. Parallèlement, l'avaliseur applique une

logique de place de marché lorsqu'il attend un retour sur investissement de sa relation d’aval.

Par exemple, on a remarqué lors de l’enquête au Bénin que lorsqu'un époux avalise son

épouse qui accède ainsi au microcrédit individuel, souvent l’époux n'offre plus l'argent de la

popote familiale en avançant l'argument que la femme a désormais les moyens de payer sa

popote quotidienne. Egalement, l'avaliseur applique une logique de gestion administrée

lorsqu'il argumente qu'en aidant l’emprunteur pour accéder au microcrédit, il s'aide lui-même

car généralement, l’emprunteur à avaliser est sous la responsabilité financière de l'avaliseur.

Le cas le plus fréquent est celui de l'épouse et l’époux. Sont fréquents aussi les cas où des

femmes emprunteuses sont avalisées par des hommes de leur patrilignage.

Enfin, dans la relation de recommandation (ou parrainage), l'emprunteur est dans une

position de gratitude envers le recommandeur. En même temps, l’emprunteur peut espérer

que le recommandeur l'aidera à payer sa dette même si celui-ci n’est pas contractuellement

engagé pour cela. Ainsi, l’emprunteur peut attribuer la charge de la dette au recommandeur.

C’est une logique de gestion administrée. Mais le recommandeur n'est pas tenu de payer, sauf

s’il est lui-même un emprunteur. Car, si le recommandeur est un emprunteur, son acte de

recommandation peut être également un signal à l’endroit de l'agent de crédit pour signifier

qu'il est solvable et qu'il est responsable de la solvabilité d'un autre emprunteur qu'il a

recommandé. Par ce fait, il espère bénéficier de traitement de faveur et autres avantages

auprès de l'agent de crédit. De cette manière, le recommandeur manœuvre pour ses propres

intérêts. Il applique une logique de place de marché, doublé d’une logique de gestion

administrée. Car, étant emprunteur, le recommandeur peut aussi appliquer le raisonnement

consistant à attribuer la charge de son propre crédit à l’emprunteur (son filleul) qu'il a

recommandé. En effet, il arrive que par gratitude, des emprunteurs qui sont recommandés

payent une ou plusieurs échéances de leurs recommandeurs (parrains) qui sont eux-mêmes

des emprunteurs.

D’autre part, les données de l'enquête réalisée au Bénin montrent que durant leurs

divers rapports, agents de crédits, recommandeurs, avaliseurs et emprunteurs utilisent des

ressorts d’une ou plusieurs logiques d’échange pour faire évoluer le comportement des

Page 53: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

52

coéchangistes, chacun en sa faveur. Par exemple, l'agent de crédit utilise des procédés de la

logique de lien de clientèle que sont : l'autorité, l'influence et l'attachement pour maximiser

ses propres gains sachant que l’emprunteur le considère, à tort ou à raison comme un patron

c'est-à-dire un bienfaiteur envers qui, l’emprunteur a une obligation de respect et de gratitude.

Par exemple, 546 personnes interrogées (soit 97,5%) estiment qu'elles seraient peinées de

causer un souci à leur agent de crédit (ce bienfaiteur) ou à un avaliseur ou un recommandeur.

Il s'agit là de la logique de lien de clientèle que l'agent intègre dans son raisonnement de

maximisation de gains. De même, lors de ses échanges avec les emprunteurs, les avaliseurs et

les recommandeurs, le discours de l'agent de crédit reste fortement basé sur les ordres de

valeurs qu'il mobilise à son avantage. Il utilise par exemple le risque de l’affichage du statut

de client défaillant et le sentiment de la honte résultant qu'il présente comme un revers de la

valeur considération et du souci de l'honorabilité. Il mobilise également la valeur de la

compétence et de la réussite comme des procédés d’incitation rationnelle qui n’entrainent

pour lui aucun coût. De plus, l’agent de crédit utilise d’autres procédés de la logique de

gestion administrée pour faire évoluer ses avantages personnels auprès des clients. Par

exemple, dans les portefeuilles de plusieurs agents de crédits, on a constaté une nette

préférence pour les emprunteurs de sexe féminin qui sont en nombre plus élevé

comparativement aux hommes. Or, ces derniers sont raisonnablement plus outillés pour

obtenir des crédits puisque les hommes bénéficient du droit foncier coutumier qui leur octroie

plus de parcelles de terre comparativement aux femmes. Et que par ailleurs, les parcelles de

terre représentent les principales garanties offertes en contrepartie des crédits au Bénin,

(Kamalan, 2008). Cependant, la prédominance des femmes dans les portefeuilles de crédits ne

devrait pas être interprétée de manière systématique comme un acte fortuit ou de générosité

ou encore le fait d’une stratégie sociale visant à faire accéder les femmes aux crédits. Elle

résulte d’un choix mercantile et délibéré qui consiste à privilégier les emprunteurs qui sont

recommandés et/ou avalisés par des tiers. Car, les agents de crédit ont plus de pouvoir de

manœuvre à travers différentes logiques d’échange pour influencer les comportements de

respect des échéances de remboursement de ces emprunteurs particuliers qui sont

recommandés et ou avalisés par des tiers.

Afin de tester les propositions théoriques énoncées dans cet article, nous avons

considéré les résultats de l’échantillon d'enquête et la base des données de la clientèle du

PADME pour montrer si dans cette institution, nous pouvions distinguer le comportement de

respect des échéances des clients en considérant leurs relations de recommandation et ou

d’aval. Par rapport à l’échantillon d'enquête, nous avons présenté les réponses des clients

Page 54: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

53

interrogés suite à la question suivante : « avez-vous déjà été au moins une fois en retard ? ».

Les réponses attendues étaient oui ou non. Ceux qui n'ont jamais été en retard, c'est-à-dire

ceux qui ont répondu « non » constituent la catégorie des clients qui respectent les échéances.

Les réponses sont fournies indépendamment de l’ancienneté. D’autre part, la base des

données fournit de manière automatique l’information concernant le retard à une échéance

pour chaque client qui ne paye pas l’échéance concernée dans le délai préétabli. Ainsi, la base

des données propose le nombre de retards cumulés et fournit un taux de respect des échéances

pour chaque client à chaque instant, quelle que soit son ancienneté. Nous pouvions alors

différencier des groupes ou catégories de clients selon leur taux de respect des échéances à

partir d’un test de comparaison des moyennes par échantillons indépendants, (Tuffery, 2010).

Nous observons le comportement de respect des échéances des clients enquêtés. Puis, nous

vérifions ce comportement dans la base des données de la clientèle à partir de la clé

d’indexation (le numéro de client) qui permet de retrouver dans la base des données chaque

client enquêté.

Une étude préliminaire des résultats de l’échantillon d'enquête et la base des données de

la clientèle a ainsi été faite. Parmi les femmes interrogées, 41,7% ont soutenu n'avoir jamais

été en retard. Ce chiffre est de 44,7% chez les hommes interrogés. En supposant vraies les

réponses données par les clients, on est forcé de retenir que les hommes respecteraient

légèrement mieux les échéances par rapport aux femmes. Néanmoins, l'écart est faible.

Partant de ces observations, nous avons formulé l’hypothèse selon laquelle les hommes ont

en moyenne un taux de respect des échéances supérieur aux femmes. Un test de comparaison

des moyennes est réalisé avec la base des données de la clientèle. Il confirme l’inégalité des

moyennes observée dans l’échantillon entre les clients de sexe masculin et ceux de sexe

féminin. Il y a bien un écart significatif de comportement vis-à-vis du respect des échéances

chez les clients selon le genre. Et les clients masculins sont en moyenne plus respectueux des

échéances par rapport aux clients féminins.

Nous avons conduit la même démarche avec les variables recommandation et aval. Les

conclusions sont similaires à celle obtenue avec la variable genre. D’une part, l’échantillon

montre une inégalité des moyennes entre les clients qui sont recommandés et ceux qui ne sont

pas recommandés et entre les clients qui sont avalisés et ceux qui ne sont pas avalisés. D’autre

part, les tests de comparaison des moyennes réalisés avec la base des données confirment

l’inégalité des moyennes observée dans l’échantillon et attestent que les clients qui sont

recommandés et ceux qui sont avalisés sont en moyenne plus respectueux des échéances par

rapport aux clients qui ne sont pas recommandés et ceux qui ne sont pas avalisés. De plus,

Page 55: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

54

nous avons croisé les réponses des clients qui sont recommandés ou non avec les réponses des

clients qui sont avalisés ou non. Nous avons alors obtenu plusieurs distinctions pour comparer

les clients qui n'ont jamais été en retard et ceux qui ont été au moins une fois en retard. Enfin,

nous avons abouti à une classification des comportements de respect des échéances de crédit

par catégories de clients selon leurs relations de recommandation et d’aval.

Cette brève et préliminaire étude nous permet néanmoins de formuler les remarques suivantes.

D’abord, nous ne pouvons pas tenir les relations de recommandation et d’aval pour

négligeables dans l’étude des comportements de respect des échéances de crédits. Ensuite,

nous devons prendre en compte que ces relations de recommandation et d’aval entraînent une

différenciation significative des comportements de respect des échéances par catégories de

clients. Enfin, en conséquence, nous devons considérer que les relations de recommandation

et d’aval produisent des effets réels sur le comportement de respect des échéances chez les

clients Ces effets devraient faire l’objet d’analyses statistiques et économétriques plus

approfondies.

Conclusion

Cet article consacré aux relations de recommandation et d’aval des emprunteurs

individuels de microcrédits a montré l’apport analytique de ces relations en tant que matière

de justification des processus relationnels et des logiques d’échanges dans les contrats de dette

de crédits. Les relations de recommandation et d’aval peuvent ouvrir une dialectique avec la

notion de grandeur. Elles sont à la fois des sources des conflits et des matières de

compromissions ou d’accords permettant l'hybridation de différentes logiques d'échange et

rendant possible l’allocation du microcrédit individuel dans les institutions de microfinance

ouest-africaine. De plus, elles pourraient déterminer significativement les comportements de

remboursement à l’échéance des dettes de crédits.

Page 56: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

55

Bibliographie

BECKERT J., 2009, “The great transformation of embeddedness: Karl Polanyi and the new

economic sociology”, In Chris Hann and Keith Hart (ed.), Market and Society

BOLTANSKI L., THEVENOT L., 1991, De la justification, les économies de la grandeur.

Gallimard

BOURDIEU P., 1985, “The Forms of Capital”, in J.E. Richardson (dir.), Handbook of Theory

of Research for the Sociology of Education, Greenwood Press, New York, pp. 241-258.

BOYD J., PRESCOTT E., 1986, “Financial intermediary-coalitions”, Journal of Economic

Theory, 38(2):211-232.

CHAO-BEROFF R., 1997, “Developing financial services in disadvantaged regions:

Selfmanaged villages savings and loan associations in the Dogon region of Mali”, in S.

Hartmut, (ed.), Microfinance for the Poor, pp 87-108, OECD, Paris.

CHURCHILL C., 1999, Client-Focused Lending: The Art of Individual Lending. Calmeadow,

Toronto.

COLEMAN J.C., 1988, “Social capital in the creation of human capital”, American Journal of

Sociology 94(2):95-120.

CORCUFF P., 2002, Respect Critique. L'œuvre de P. Bourdieu. Sciences humaines.

GLEASER E.L., 2001, “The Formation of Social Capital”, in J.-F. Helliwell (dir.), The

Contribution of Human and Social Capital to Sustained Economic Growth and Well-

being, International Symposium Report, Développement des ressources humaines,

Canada et OCDE.

GADREY J., REBOUD L., BANLT J., 1997, La relation de service au cœur de l'analyse

économique. L'Harmattan.

GOMEZ R., SANTOR E., 2001, “Membership has its privileges: the effect of social capital

and neighborhood characteristics on the earnings of microfinance borrowers”, Canadian

Journal of Economics, 34(4):943-966.

GRABHER G., 2002, “Cool projects, boring institutions: Temporary collaboration in social

context”, Regional Studies, 36(3):205-214.

GRANOVETTER M., 2005, “The impact of social structure on economic outcomes”, Journal

of Economic Perspectives, 19(1):33-50.

HANN C., KEITH H. (ed.), 2009, Market and Society: The Great Transformation today.

Cambridge: Cambridge University Press.

Page 57: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

56

HELLIWELL J.F., 2001, “The Contribution of Human and Social Capital to Sustained

Economic Growth”, in J.-F. Helliwell (dir.), The Contribution of Human and Social

Capital to Sustained Economic Growth and Well-being, International Symposium

Report, Développement des ressources humaines, Canada et OCDE.

KAMALAN A.E., 2006, Les mécanismes de sécurisation des portefeuilles de crédits contre

les risques de défaillance et d'impayé de la clientèle dans les IMF en Afrique de l'Ouest

: exemple du PADME au Bénin, Rapport de stage, PADME, Avril 2006, Cotonou,

Bénin.

KAMALAN A.E., 2007, « Liens sociaux en microfinance, des expériences institutionnelles

de solidarité gagnant-gagnant : études de cas au Bénin », Les cahiers de Préludes,

numéro 11-2007, pp. 29-40.

KAMALAN A.E., 2008, « Droit d'accès au crédit, revendication ou justice sociale ? Examen

autour du microcrédit », in J-P. Domin and al (éd.), Au delà des droits économiques et

des droits politiques, les droits sociaux ? Actualité de l'économie sociale, pp. 109-120,

L'Harmattan.

KAMALAN A.E., 2010, Efficacité des contrats de dette pour les clients individuels en

microfinance, le rôle des liens de clientèle, étude dans des institutions de microfinance

ouest africaines, Lyon, Thèse de doctorat en science économique, Université Lyon 2.

LAVILLE J.-L., 2006, « Économie plurielle », in J-L. Laville, A.D. Cattani (ed.),

Dictionnaire de l’autre économie, Paris, Gallimard, pp. 250-258

PADME, 2005, Guide de gestion des performances des agences, Document de travail,

PADME, Cotonou, Bénin.

PUTNAM R., 1995, “Bowling alone: America's declining social capital”, Journal of

Democracy, 6(1):65-78.

PUTNAM R., 2001, « Mesure et conséquences du capital social », Revue canadienne de

recherche sur les politiques, 2(1):47-58.

THEVENOT L., 1986, L'action au pluriel, sociologie des régimes d'engagement. La

Découverte.

TUFFERY S., 2010, Data mining et statistique décisionnelle, l’intelligence des données.

Editions Technip, 3ème édition.

Page 58: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

57

L’impact de la politique monétaire et fiscale sur le PIB des pays de la zone UEMOA :

une application de l’équation de Saint-Louis.

Yao Séraphin PRAO

Université Alassane OUATTARA, Bouaké (République de Côte d’Ivoire)

Résumé

La politique fiscale est formée par les décisions des pouvoirs publics dans le domaine de la

fiscalité. Elle contribue à financer les dépenses publiques, à redistribuer les revenus et peut

selon la conjoncture économique avoir pour volet la relance de la consommation et de la

croissance. La politique monétaire est le fait de l'autorité monétaire et ses objectifs sont à la

fois la stabilité des prix et la stimulation de l'activité économique. L’objectif de cette étude est

d’analyser l’importance relative de la politique monétaire et fiscale dans les variations du PIB

des pays de l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Pour ce faire, nous

utilisons la masse monétaire M2 et les recettes fiscales comme des proxys de la politique

monétaire et fiscale. Le PIB par habitant est utilisé comme un indicateur de richesse des pays.

Pour évaluer l’impact relatif des deux politiques, nous utilisons l’équation de Saint-Louis

(Anderson et Jordan (1968). Nous avons effectué des estimations pour chaque pays (séries

chronologiques) et des estimations en données de panel. Les résultats empiriques indiquent

que la politique monétaire et la politique fiscale ont un impact significatif sur la croissance du

PIB dans la zone UEMOA. Le résultat majeur de cette étude est que la politique monétaire

impacte plus la croissance du PIB que la politique fiscale.

Mots clés : UEMOA, Politique Monétaire, Politique Fiscale, Equation de Saint-Louis

JEL classification : E52, E62, C01

REVUE INTERNATIONALE DE GESTION ET D’ECONOMIE SERIE B - ECONOMIE / NUMERO 1 - VOLUME 1 - Décembre 2016 / pp. 57-93.

Page 59: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

58

Abstract

Tax policy is formed by the decisions of public authorities in the field of taxation. It helps to

finance public spending, to redistribute income and can depending on economic conditions

have shutter to the revival of consumption and growth. Monetary policy is the result of the

monetary authority and its objectives are both price stability and stimulating economic

activity. The objective of this study is to analyze the relative importance of monetary and

fiscal policy changes in GDP of West African Economic and Monetary Union countries. To

do this, we use the M2 money supply and tax revenues as a proxy of monetary and fiscal

policy. GDP per capita is used as one of the countries wealth indicator. To assess the relative

impact of two policies, we use the equation of St. Louis (Anderson and Jordan (1968). We

have made estimates for each country (time series) and estimates in panel data. The empirical

results indicate that monetary policy and fiscal policy have a significant impact on GDP

growth in the WAEMU zone. the major result of this study is that monetary policy impacts

more GDP growth than tax policy.

Keyword: WAEMU, Monetary Policy, Fiscal Policy, Saint-Louis Equation

JEL classification : E52, E62, C01

Page 60: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

59

Introduction

Il est admis que l’objectif principal des macro-économistes et des décideurs est l’atteinte de la

stabilité macroéconomique (Adams, 1992). Mais le but ultime de toute politique économique

est de maximiser le bien-être de la population. Les deux politiques économiques les plus

souvent utilisés pour la stabilisation économique sont les politiques monétaires et budgétaires

dont les principaux outils sont respectivement l’offre de monnaie et les dépenses

gouvernementales (Asogu, 1998).

La politique fiscale est formée par les décisions des pouvoirs publics dans le domaine de la

fiscalité. Elle contribue à financer les dépenses publiques, à redistribuer les revenus et peut

selon la conjoncture économique avoir pour volet la relance de la consommation et de la

croissance. Mais la politique budgétaire peut avoir des effets pervers. Par exemple, un

financement du déficit budgétaire financé par emprunts peut créer un effet d’éviction. S’il est

financé par création monétaire, il peut engendrer de l’inflation.

Quant à la politique monétaire, elle est du ressort de l'autorité monétaire et ses objectifs sont à

la fois la stabilité des prix et la stimulation de l'activité économique. Un des principaux

instruments de contrôle de la politique monétaire consiste à faire varier les taux d'intérêt.

Cependant, dans la sphère réelle, il est possible que les effets de la politique monétaire soient

relativement faibles par rapport à la politique budgétaire mais elle présente l’avantage d’être

facilement mise en œuvre et à de faible coût.

Si les objectifs assignés à chaque politique semblent trouver un accord large, la question de

leur efficacité relative est très discutée. A l'époque de la Grande Dépression, un large

consensus s’est fait sur l’efficacité de la politique budgétaire à stimuler l'activité économique.

La théorie générale de Keynes (1936) constitue un premier fondement théorique qui sera

prolongé par de remarquables travaux tels que De Leeuwet al. (1968, 1969), Schmidt et Waud

(1973), Blinder et Solow (1974). Mais à partir de la fin des années soixante, comme l'a noté

Gramlich (1971), l'échec des politiques budgétaires a engendré un regain d’intérêt pour les

politiques monétaires comme ayant plus d’effet sur la demande globale. De nombreuses

contributions ont cherché à analyser la sensibilité relative des politiques fiscales et

budgétaires sur l’activité à partir d’un type d’équation désignée par « équation de saint

louis ». Il s’agit d’effectuer une régression où la production est une fonction de la masse

monétaire (Andersen et Jordan, 1968). Ces dernières années, le débat sur l'efficacité

Page 61: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

60

comparative des mesures de politique monétaire et budgétaire comme outil déstabilisation

économique, a connu un regain d’intérêt avec de nombreuses études.

Une première catégorie d’économistes estiment que les dépenses publiques peuvent avoir des

effets vertueux à long terme sur l’économie, surtout lorsqu’elles sont utilisées pour financer

les infrastructures publiques, la recherche et le développement, l’éducation et la santé (Barro,

1990 ; Lucas, 1988 ; Romer, 1990).

Une deuxième catégorie constituée par les auteurs comme (Alesina et Ardagna, 1998 ; Perotti,

1998 ; Giavazzi et al. 2000) insistent sur le fait que les déficits budgétaires occasionnés par

une politique budgétaire expansionniste, peuvent impacter négativement la croissance à

travers ses effets pervers sur les taux d’intérêt. Déjà Barro (1974) mettait en avant l’hypothèse

de neutralité de la politique budgétaire en attribuant aux agents privés une capacité

d’anticipations des actions de l’Etat.

Une troisième catégorie soutient l’idée qu’une politique budgétaire restrictive pourrait même

avoir des effets positifs (Giavazzi et Pagano, 1990). Pour ces auteurs, la baisse des dépenses

publiques induit une anticipation de baisse des impôts qui augmente le revenu anticipé des

ménages. La demande privée augmente d’autant plus que les agents sont ricardiens et si la

baisse des dépenses publiques est perçue comme permanente.

Les pays de la zone UEMOA sont en union monétaire, déléguant ainsi la politique monétaire

à une banque centrale supranationale. En effet, la politique monétaire de la Banque Centrale

des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) consiste à réguler l’évolution de la masse

monétaire en fonction d’objectifs tels que la stabilité des prix ou la relance de l’activité

économique. Par exemple, la réduction de 1% du taux d’inflation dans l’ensemble de l’Union

exige une baisse cumulée de 0,6% du taux de croissance de la zone (Dramani et Thiam,

2012). La conduite de la politique monétaire est donc essentielle pour le développement

économique et social des pays membres. Mener une telle étude se présente comme une

nécessité et un enjeu majeur pour les pays de l’Union.

En ce qui concerne, la zone UEMOA, peu d’études ont analysé la réactivité des politiques

macroéconomiques aux chocs et la sensibilité de ces politiques à l’activité économique.

Concernant la réactivité des politiques macroéconomiques aux chocs, on peut citer l’étude

Ndiaye et Konte (2012) qui indiquent que la politique monétaire est la première à réagir face

aux retournements de conjoncture subordonnés aux chocs. Quant à la sensibilité relative des

Page 62: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

61

politiques monétaire et budgétaire dans l’Union, le débat prend une allure de coordination

entre les politiques budgétaires nationales et la politique monétaire commune.

L’objectif de cet article n’est pas d’analyser la coordination des politiques budgétaire et

monétaire au sein des pays de l’UEMOA. La littérature économique identifie

traditionnellement deux grandes raisons d’être pour la coordination des politiques

économiques. La première vise à fournir les biens publics qu’une action décentralisée sera en

général incapable de produire (Collignon Stefan, 2002 ; Pisani-Ferry Jacquet, 2000). La

stabilité financière fait partie des biens publics à préserver, ce qui justifie, sinon la

coordination des politiques budgétaires, du moins leur surveillance et la lutte contre

l’indiscipline budgétaire. La seconde raison a pour objet d’exploiter l’interdépendance entre

pays, en prenant en compte les effets externes des différents instruments de la politique

économique, ce qui implique de concevoir les politiques économiques nationales de façon

coopérative même lorsque les buts poursuivis sont avant tout nationaux. Ces effets négatifs

pouvant passer par le marché des capitaux, le pacte de stabilité, de croissance et de solidarité

s’est essentiellement concentré sur cet effet de transmission négatif et en attiré l’argument

qu’il fallait introduire des normes de déficit (Ary Tanimoune N. et Plane P., 2005).

Justement, les pays de l’Union ont adopté, en 1999, un pacte de convergence, de stabilité, de

croissance et de solidarité. Malgré les efforts et les progrès enregistrés, le taux de croissance

de l’activité réelle dans la zone ne dépasse pas les 7% requis pour la réalisation des Objectifs

du Millénaire pour le Développement (OMD). La faiblesse du taux d’évolution de l’activité

réelle et sa variabilité commande qu’on s’interroge sur la sensibilité relative des politiques

monétaire et budgétaire à l’activité économique.

Finalement les questions centrales de cette réflexion peuvent se formuler ainsi : nous savons

que dans une union monétaire, les politiques budgétaires sont nécessaires pour assurer la

stabilisation de l’activité à court terme, face à des chocs spécifiques auxquels ne peut

répondre la politique monétaire. Il est donc possible de s’interroger sur l’efficacité relative de

ces deux politiques, en termes d’accroissement de la production. Les dépenses

gouvernementales ont–elles plus d’impact sur la production que les impulsions monétaires ?

Si tel est le cas, alors il restera aux Etats membres la seule possibilité qui consiste à procéder à

des changements dans la structure des impôts, des taxes et des dépenses publiques pour

influencer l’activité économique.

Page 63: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

62

L’objectif principal de cette étude est d’analyser la sensibilité relative de l’évolution de

l’activité réelle aux modifications des politiques monétaires et budgétaires. Il ne s’agit pas

pour nous d’affirmer un poids en faveur des théories monétaires plutôt que réelles des

fluctuations.

Contrairement aux études antérieures portant sur les pays de l’Union, la présente approche

possède deux caractéristiques particulières. Premièrement, les données utilisées dans cette

étude sont plus récentes et couvrent une période beaucoup plus longue, permettant ainsi

d’avoir plus de degrés de liberté. Cela permet d'estimer des paramètres plus efficaces.

Deuxièmement, la variable dépendante est un indicateur du niveau de vie des populations là

où les études antérieures se contentaient d’utiliser le taux de croissance. L’apport consiste à

apprécier l'effet réel des actions politiques sur le bien-être des populations. Troisièmement,

l’étude porte sur les données de panel, prenant ainsi en compte les différences entre les pays.

L’organisation de cette étude est la suivante. La première section est consacrée à la revue de

littérature. Dans la seconde section, nous présentons les faits stylisés portant sur la politique

monétaire et fiscale en Zone UEMOA. La troisième section est réservée à la spécification du

modèle, la méthodologie et les estimations empiriques. La quatrième porte sur les estimations,

les résultats empiriques et leurs interprétations économiques. Enfin, nous présenterons les

conclusions et recommandations dans un dernier temps.

1. La revue de littérature

La revue de la littérature économique fait ressortir, non seulement au plan théorique mais

aussi au niveau empirique, un débat sur l’efficacité relative de ces deux politiques, entant

qu’instrument de régulation de l’activité économique.

1.1. Au plan théorique

Les avis relatifs à l’efficacité de la politique monétaire et budgétaire divergent parmi les

économistes. En dehors des contributions du courant des anticipations rationnelles et des

théories de la croissance endogène se retrouvent, au cœur du débat, les économistes

keynésiens et les monétaristes.

Page 64: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

63

Pour Keynes (1936), l’existence des chocs aléatoires éloignant l’économie de l’équilibre

entraîne l’instabilité des comportements privés. Dans ce cas, l’Etat doit remédier aux

fluctuations de la demande agrégée dues à l’insuffisance de la demande globale au sein de

l’économie. Dans cette logique, les politiques monétaire et budgétaire ont une fonction de

stabilisation macroéconomique face à des chocs aléatoires.

Pour Friedman et Meiselman (1963), la consommation est corrélée aux variations des

variables monétaires mais pas aux variables fiscales, concluant ainsi que la politique

monétaire exerce un impact plus significatif que la politique fiscale. Ce point de vue n’est pas

partagé par Blanchard et Perotti (1999), pour qui, la politique fiscale affecte la production.

Refusant l’hypothèse d’anticipations adaptatives de Milton Friedman, la théorie des

anticipations rationnelles (Muth, 1961 ; Robert Lucas, 1976), développée aux Etats-Unis à

partir des années 1970, postule qu’aucune politique économique (budgétaire et monétaire)

n’est en mesure d’affecter efficacement l’activité économique, à moins qu’elle ne contienne

un effet de surprise. De façon similaire, selon Barro (1974), une politique budgétaire financée

par emprunt est inefficace si les agents économiques sont rationnels. En effet, comme les

ménages sont rationnels, ils réalisent parfaitement que le recours courant à l'emprunt est

synonyme d'une imposition différée dans le temps, qui sera prise en charge par les générations

futures. Dès lors, au lieu de consommer, comme espéré par le gouvernement, ils préfèrent

épargner en prévision des hausses d'impôts futurs déprimant ainsi la demande globale.

Récemment, Weil David N (2008) puis Arestis (2011) ont montré que la politique fiscale

continue d’être un outil important pour la stabilisation de l’économie. Par exemple, le niveau

des dépenses publiques et sa structure ou sa composition peuvent être considérés comme des

instruments. De même le niveau d’imposition, la structure de taxation, les dépenses fiscales et

les incitations fiscales sont également des instruments. Dans la pratique, selon Tanzi, V.

(2008), les pays scandinaves s’appuient davantage sur les niveaux et les structures tandis que

les pays anglo-saxons ont opté pour les dépenses fiscales et les pays en développement pour

les incitations fiscales.

1.2. Au plan économétrique

Plusieurs auteurs ont examiné la sensibilité relative des politiques budgétaire et monétaire à la

croissance économique tant dans les pays développés que sous-développés. Les premiers

travaux concernant les pays développés ont mis en exergue la supériorité de la politique

Page 65: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

64

monétaire sur la politique budgétaire comme instrument de stimulation de croissance. Par

exemple, Andersen et Jordan (1968) et Carlson (1978) arrivent à la conclusion que la

politique monétaire influence plus l’activité que la politique budgétaire aux États-Unis. En

plus elle est un meilleur outil de prévision de la demande globale. La nouveauté de l’étude

d’Andersen et Jordan, c’est qu’elle introduit une dimension dynamique dans le débat à travers

la distinction entre les effets de court terme et de long terme. Les auteurs reconnaissent l’effet

positif de la politique budgétaire sur la production à court terme, mais ils lui dénient tout rôle

à long terme. Le résultat fondamental qui se dégage est que l’impact de la politique monétaire

est plus important, plus rapide et plus prévisible que celui de la politique budgétaire. En

utilisant un VAR semi-structurel, Bernanke et Mihov (1998) évaluent les effets des chocs de

politique monétaire sur l’activité économique. Ils aboutissent à la conclusion que le taux

d’intérêt du marché interbancaire est un meilleur indicateur de la politique monétaire.

En dehors des États-Unis, certains auteurs, utilisant pour la plupart l’équation de St. Louis,

sont parvenus à des résultats mitigés (Keran, 1970 ; Chowdhury, 1988 ; Batten et Hafer

(1983)). Les résultats de Keran (1970), concernant huit pays industrialisés, ont montré que les

effets de la politique budgétaire étaient beaucoup plus significatifs que ceux de la politique

monétaire. A rebours, l’étude de Batten et Hafer (1983), portant sur six pays industrialisés

(Allemagne, Canada, États-Unis, France, Japon et Royaume-Uni), aboutit à la conclusion que

la politique monétaire avait un effet significatif dans tous les pays étudiés, alors que

l’influence budgétaire n’était significative qu’en France et aux Royaume-Uni. En France,

Bruneau et De Bandt (1998) examinent l’impact de la politique monétaire sur l’activité à

l’aide d’un VAR structurel. Ils concluent qu’un choc monétaire restrictif entraine une baisse

du produit réel. Bernard Eric (2000) s’intéresse également à la question en suivant une

approche en données de panel. Ses résultats restent toutefois mitigés vu qu’il reste vague sur

l’impact des variables monétaires sur la croissance économique.

Dans une récente étude, Senb et (2011) récuse le modèle habituel utilisé pour tester la

sensibilité relative de ces deux politiques. Pour l’auteur, il est possible de postuler l’existence

d’une endogéneïté entre ces deux politiques et l’activité économique. Toutefois, les résultats

de l’étude indiquent que la politique monétaire affecte plus l’activité économique que la

politique budgétaire.

A l’instar des pays développés, les résultats empiriques concernant les pays en développement

sur la sensibilité relative des politiques monétaires et budgétaire à l’activité économique,

restent mitigés. Les études de Jayaraman (2002) pour les pays insulaires du Pacifique Sud,

Page 66: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

65

Masood et Ahmed(1980) pour le Pakistan, Saqib et Yesmin (1987) pour le Pakistan retiennent

la politique monétaire comme ayant plus d’impact sur l’activité économique. D'autres études,

tels que Hussain(1982) pour le Pakistan, et Darrat(1984) pour cinq pays d'Amérique latine

concluent que la politique fiscale a plus d’effet sur la production réelle que la politique

monétaire.

Des études récentes, Shahid et al. (2008), confirme la supériorité de la politique monétaire sur

la politique fiscal comme outil de stabilisation de l’économie dans les pays d’Asie du Sud.

Les conclusions de Simorangkir et Adamanti (2010) sont favorables à une combinaison des

deux politiques pour stimuler la croissance en Indonésie. Mahmood et Sial (2011) arrivent

aux mêmes résultats pour le Pakistan.

En Afrique, en dépit de l’indigence de données, quelques études existent tout de même. Les

études de Bynoe (1994), sur la période 1965-1990 indiquent que les deux politiques ont des

effets significatifs sur les variations de l’activité dans cinq pays africains (Ghana, Kenya,

Nigeria, Sierra-Leone et Tanzanie). Anna (2012) et Munongo (2012) arrivent à des

conclusions contradictoires dans le cas du Zimbabwe. La première étude est favorable à la

politique monétaire tandis que la seconde l’est en faveur de la politique budgétaire.

Dans le cas du Nigeria, les études ne manquent pas. Adefeso et Mobolaji (2010) puis

Olanipekun et Ayodele (2015) trouvent que la politique monétaire affecte beaucoup plus

l’activité que la politique budgétaire. Pour Medee et Nenbee (2011), c’est plutôt la politique

budgétaire qui a plus d’effet sur l’activité économique. Ogege et Shiro (2012) et Sanni et al.

(2012) concluent que les deux politiques contribuent fortement à la stabilisation de

l’économie au Nigeria.

Dans le cas des pays de l’UEMOA, Koné Solomane (2000), a analysé l’efficacité relative des

politiques monétaire et budgétaire sur l’activité économique des pays, à l’exception de la

Guinée-Bissau. A l’aide d’un modèle à correction d’erreur, il arrive à la conclusion que les

politiques monétaire et budgétaire influenceraient positivement le PIB nominal et réel au sein

de ces pays. Cependant, leurs effets diffèrent en termes d’ampleur et de temps de réaction

d’un pays à l’autre. En complément, Nubukpo(2002) ajoute qu’une bonne transmission des

taux d’intérêt directeurs demeure une condition nécessaire pour que la politique monétaire de

l’UEMOA ait des répercussions positives sur l’activité économique.

Pour Patrick Plane, Jean-Louis Combe et Nasser Ary Tanimoune (2008), l’impact de la

Page 67: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

66

politique budgétaire sur l’activité exhibe l’existence d’un effet de seuil de l’effort budgétaire

sur l’output gap, impact conditionnel au taux d’endettement public.

Pour conclure sur la revue de la littérature économétrique, il ressort que de façon générale, la

politique monétaire à beaucoup plus d’effet sur l’activité que la politique budgétaire dans les

pays développés. Concernant les pays en développement, les contributions sont en faveur

d’un policy-mix.

L’utilisation de l’équation de Saint-Louis pour analyser l’efficacité relative de ces deux

politiques, repose tout de même, sur des hypothèses relativement fortes. En premier lieu, les

variables de droite dans cette équation sont supposées exogènes. Si cela n’est pas vérifier

alors, il est possible de relever un biais au niveau des coefficients. En second lieu, cette

spécification suppose que les politiques budgétaire et monétaire sont indépendantes. En effet

des études ont montré que le taux d’inflation sur longue période était négativement corrélé au

degré d’indépendance de la banque centrale dans les pays développés (Alesina et Summers,

1993). Mais Sargent et Wallace (1981) avait mis en exergue la possibilité d’une arithmétique

monétaire déplaisante en cas d’indépendance entre ces deux politiques. Pour ces auteurs, il

existe un lien à long terme entre la soutenabilité de la politique budgétaire et la crédibilité de

la politique monétaire. Autrement dit, entre une banque centrale rigoureuse et une autorité

budgétaire laxiste, l’une des deux doit, in fine, céder.

Dans cette étude, nous raisonnons dans le cadre habituel de séparation entre les deux

politiques. Barro et Gordon (1983) ont mis en avant les avantages de cette indépendance du

point de vue de la crédibilité de la politique anti-inflationniste. L’analyse de l’interdépendance

entre ces deux politiques sur l’activité économique pourra faire l’objet d’étude ultérieure.

Cette présente étude se proposant d’enrichir la littérature sur les contributions des deux

politiques sur l’activité économique des pays de l’UEMOA.

2. Les faits stylisés portant sur la politique monétaire et fiscale en Zone UEMOA

2.1.Les performances économiques

Les économies de l’Union ont été marquées au cours de ces dernières années par une

croissance faible et volatile. Sur les dix dernières années (2002-2011), le taux de croissance

de l’Union est ressorti à 2,9% avec un écart-type de 1,4 point. Le taux de croissance du PIB

réel de l’UEMOA est passé de 0,5% en 1992 à 6,5% en 1996 puis 1% en 2002 pour se situer

Page 68: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

67

à 4,2% en 2008 (BCEAO, 2013). Ce taux était de 3,0% en 2009 ; 4,4% en 2010 ; 0,6% en

2011 et 6,8% en 2014. Comme l’indiquent ces chiffres, le taux de croissance des pays de

l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) est demeuré faible et

largement en deçà du taux minimum de 7 % requis pour réduire la pauvreté. Cette situation

est imputable à la fragilité des moteurs de la croissance, en raison d’une faible diversification

de la base productive, ce qui rend ces économies vulnérables aux chocs exogènes et aux aléas

climatiques.

Le graphique 1 indique bien que le taux de croissance du PIB réel de la zone UEMOA a

connu une évolution en dents de scie. Cette incapacité des économies de l’Union à maintenir

une croissance continue peut s’expliquer en partie par la forte dépendance des économies à

l’extérieur.

Graphique 1 : Évolution du taux de croissance réel du PIB de 1999 à 2013

Source : Auteur à partir des données de la BCEAO

Si depuis 1994, on note une nette amélioration de l’activité économique au sein de

l’UEMOA, il existe une certaine hétérogénéité des situations. Comme l’indique le

tableau 1, le Benin, le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal enregistrent de bons résultats

en matière économique. Le Togo et la Côte d’Ivoire n’ont pas été très performants. La

Guinée-Bissau reste le pays aux performances médiocres. Les contre-performances de

la Côte d’Ivoire s’expliquent principalement par la crise militaro-politique qui a frappé

ce pays de 2002 à 2010. En général, l’amélioration de l’activité économique dans

l’Union est liée à la hausse de la demande mondiale entrainant une augmentation des

-1

0

1

2

3

4

5

6

7

1995 2000 2005 2010 2015

Taux de croissance réel du PIB de la zone

UEMOA

Taux de croissance réel duPIB de la zone UEMOA

Page 69: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

68

exportations.

Tableau1:Taux de croissance du PIB réel des pays de l’UEMOA par moyenne de 5 ans

Pays 1991-1995 1996-2000 2000-2005 2006-2010

Benin 4.2 5.1 4.1 3.7

Burkina Faso 2.9 5.3 6.2 5.4

Côte d’Ivoire 1.8 3.6 0.0 2.2

Guinée-Bissau 0.0 -1.7 0.1 3.0

Mali 3.0 3.7 6.4 5.0

Niger 0.5 2.5 4.4 5.1

Sénégal 1.9 5.3 5.0 3.4

Togo -0.1 2.8 2.1 3.1

UEMOA 2.0 3.5 3.6 3.9

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO

L’embellie économique n’a pas eu d’impact sur la réduction de la pauvreté au sein des pays

de l’Union. Sur la base des seuils nationaux de pauvreté, et en fonction des années de

déroulement des enquêtes, l'incidence de la pauvreté, c'est-à-dire le nombre de personnes

pauvres, est évaluée à 49,4% en 2010 dans l'Union (BCEAO, 2012).

Une analyse statistique des PIB réel par habitant des pays est consignée dans le tableau 2. Ce

dernier appelle quelques commentaires.

Tableau 2: Évolution du taux de croissance du PIB réel par habitant de 1962 à 2014

Pays Moyenne Maximum Minimum

Benin 0,86 6,95 - 7,18

Cote d’Ivoire 0,37 12,97 - 14,76

Burkina Faso 1,87 7,98 - 4,26

Mali 1,86 18,14 - 9,29

Niger - 0,74 10,25 - 19,32

Sénégal - 0,07 6,07 - 9,25

Togo 0,82 12,31 - 17,11

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO

2.2.La politique fiscale et les reformes structurelles

Les États membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) ont mis

en œuvre pendant plusieurs années des réformes structurelles qui ont permis une amélioration

notable de leur cadre macroéconomique. Les pays de l’Union ont fait des efforts depuis les

programmes d’ajustement structurels (PAS). Ils cherchent constamment à optimiser les

recettes et diversifier les sources de financement. Il est admis que la non coordination des

Page 70: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

69

politiques budgétaires en régime de change fixe a des effets négatifs pour l’ensemble des

pays partageant la même monnaie. Sargent et Wallace (1981) ont montré que sans

coordination entre les politiques monétaire et budgétaire, il n’est pas possible d’échapper à

une « arithmétique monétaire déplaisante ». En clair, il y a un lien entre la soutenabilité de

la politique budgétaire et la crédibilité de la politique monétaire. En conséquence, il

apparait judicieux d’imposer des règles aux gouvernements afin de dissuader tout

comportement de passager clandestin. En 1999, les pays de l’Union ont adopté un Pacte de

Convergence, de Stabilité, de Croissance et de Solidarité, qui vise à assurer la viabilité

économique de l’union à travers un exercice de surveillance multilatérale. Entré en vigueur le

21 Décembre 1999, le Pacte comportait un calendrier en deux phases :

- Une phase de convergence, allant du 1er

janvier 2000 au 31 décembre 2002. Cette

phase est caractérisée par une amélioration continue des critères jusqu’au niveau des

normes fixées.

- Une phase de stabilité, devant débuter au 1er

janvier 2003, à partir de laquelle tous les

Etats membres devraient respecter l’ensemble des critères de convergence et

consolider les acquis de la convergence.

Le Pacte impliquait également une hiérarchisation des critères de convergence par

l’identification des critères de premier et de second rang. Le critère relatif au solde

budgétaire est d’une importance capitale, dont le non-respect peut conduire à des sanctions.

Ainsi, l’Etat membre qui ne satisfait pas à l’un des critères de premier rang doit élaborer,

en concertation avec la Commission de l’UEMOA, un programme de mesures

rectificatives dans un délai de trente(30) jours.

Les Tableaux 3 et 4 indiquent les efforts des Etats de l’Union pour assainir les finances

publiques. Dans les pays de l’Union à l’exception de la Guinée-Bissau, les recettes fiscales

n’ont pas fortement augmenté sur la période 1962-2014. Les recettes publiques en UEMOA

n’ont pas connu de hausse significative au cours des vingt dernières années mais ont plutôt

oscillé autour d’un niveau de 17 % du PIB. En 2011, les recettes publiques en UEMOA ont

représenté 17,5 % du PIB, soit un niveau inférieur à celui de la moyenne des pays d’Afrique

subsaharienne, qui est de 27,5 %. Pour autant, les dépenses des Etats (Tableau 3) n’ont

jamais augmenté sur la longue période au-delà du taux de pression fiscale exigé au niveau

communautaire.

Page 71: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

70

Tableau 3: Évolution des dépenses de consommation finale des administrations publiques (%

PIB) sur la période 1962 à 2014

Pays Moyenne Maximum Minimum

Benin 12,33 17,56 8,02

Côte d’Ivoire 14,08 18,25 8,87

Burkina Faso 15,86 26,06 4,31

Mali 14,44 18,74 8,95

Niger 12,26 17,47 6,48

Sénégal 15,12 24,75 5,30

Togo 13,96 25,46 8,41

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO.

Tableau 4: Évolution des montants des recettes fiscales (en milliards de FCFA) sur la période

1962 à 2014

Pays Moyenne Maximum Minimum

Benin 152,21 701,2 3,6

Côte d’Ivoire 747,82 2573,33 29,8

Burkina Faso 176,85 992,05 4,9

Mali 212, 27 890,56 6,4

Niger 126,53 833,7 4

Sénégal 389,68 1482,53 31,6

Togo 97,42 458,22 3,1

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO

Sur la période 1962 à 2014, les recettes fiscales ont augmenté en moyenne de 0,11% au

Togo; 0,07% au Sénégal ; 0,11% au Niger ; 0,12% au mali ; 0,10% au Burkina ; 0,09% en

côte d’ivoire ; 0,11% au Benin.

Page 72: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

71

Tableau 5 : La mobilisation fiscale dans la zone UEMOA (en % du PIB)

Pays 199

5

199

6

199

7

1998 199

9

2000 2001 200

2

2003 200

4

200

5

Benin 14,3 15,2 14,3 15,5 16,4 17,2 16,2 16,2 16,6 14,6 14,5

Burkina 11,8 12,4 11,7 10,8 11,2 11,1 10,3 11,5 11,8 11,4 11,8

Côte

d’Ivoire

22,1 22,5 22,2 20,2 18,6 18,5 19,6 18,3 16,3 15,2 14,5

Mali 13,5 15 16,5 16,1 17,2 17,5 15,4 16,5 16,9 14,9 15,5

Niger 7,2 7,8 8,4 9 8,8 9,1 9,6 11,8 10,5 11,4 10,7

Sénégal 14,5 15,1 16,3 16,1 17,3 18,1 17,8 18,6 19,3 17,6 18,8

Togo 15,9 16,1 15,3 14,3 14,9 13,3 14 12,2 15,4 15,7 14,6

Moyenne

UEMOA

14 14,2 14,3 13,3

1

14,3 14,2

3

14,1

5

14,2 14,4

5

14 14

Critère de

convergenc

e

Taux de pression fiscale > 17% du PIB : normes 2002

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO.

2.3.La politique monétaire menée au sein de l’Union

La politique monétaire menée au sein des Etats de l’Union est celle édictée par la BCEAO.

Le principal objectif de la BCEAO est la stabilité des prix dans la zone UEMOA, définie par

le respect d’un taux d’inflation annuelle inférieur à 3%. Selon Wade (2015), depuis

l’adoption du principe de surveillance multilatérale au lendemain de la dévaluation, les Etats

de l’Union ont amélioré la maîtrise des valeurs de l’inflation tendancielle qui tournent autour

d’une moyenne annuelle de 1,8% de 1996à 2008, ce qui équivaut à un taux d’inflation

annuelle compatible avec la définition de la BCEAO pour la stabilité des prix. Ces variations

presque régulières du taux d’inflation autour de sa tendance montrent l’attention particulière

accordée par la BCEAO à cet objectif. Après p lus de vingt ans d’expérience, force est de

constater son relatif bon fonctionnement, notamment sa crédibilité en matière de lutte contre

l’inflation. Entre 1981 et 1986 le taux d’inflation des pays de la zone était de 6.3% en

moyenne contre 19.6% dans le reste de l’Afrique subsaharienne. De 1996 à 2002 le taux

d’inflation annuel moyen a été de 2.8% dans la zone UEMOA contre 17% pour l’ensemble

de l’Afrique Subsaharienne sur la même période. Le Tableau 6 indique bien la politique

monétaire restrictive menée au sein de l’Union car les encaisses réelles n’ont pas fortement

augmenté en longue période en dépit des variations saisonnières.

Page 73: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

72

Tableau 6 : Évolution du taux de croissance des encaisses réelles sur la période 1962-2014

Pays Moyenne Maximum Minimum

Benin 0,010 0,13 - 0,16

Cote d’Ivoire 0,03 0,58 - 0,12

Burkina Faso 0,05 0,68 - 0,08

Mali 0,03 0,28 - 0,13

Niger 0,04 0,92 - 0,25

Sénégal 0,03 0,14 - 0,08

Togo 0,03 0,27 - 0,12

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO

Depuis lors, les objectifs de la politique monétaire s’inscrivent dans le cadre de ce pacte qui

repose sur un suivi d’indicateurs se rapportant au secteur réel, aux finances publiques, à la

balance des paiements et à la monnaie. Cependant le taux d’inflation annuel ne doit pas

excéder 3% et le ratio de l’encours de la dette extérieure est plafonné à 70% du PIB nominal.

La priorité est accordée à la maîtrise de l’inflation. La faible relation entre inflation et

accroissement de la masse monétaire, observée en zone UEMOA, limite le risque d’un

financement inflationniste.

3. La spécification du modèle, description des variables, sources des données et

méthodologie

3.1.La spécification du modèle

Le modèle économétrique à estimer pour la Zone UEMOA adopte une version modifiée du

modèle de St Louis (modèle Anderson et Jordan (1968)) pour tester l’efficacité de la politique

monétaire et de la politique budgétaire sur l’activité économique.

L’équation de Saint Louis a reçu une attention toute particulière des décideurs politiques, des

chercheurs et des milieux académiques en dépit des critiques sur la méthodologie adoptée et

les variables retenues. Sous sa forme formelle, l’équation de Saint-Louis peut s’écrire comme

suit :

∆𝑌 = 𝑓(∆𝐸, ∆𝑅, ∆𝑀, ∆𝑍) (1)

Où :

𝑌: Le produit intérieur brut

Page 74: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

73

𝐸: Une variable reflétant les dépenses gouvernementales

𝑅: Une variable reflétant les recettes fiscales

𝑀: Une variable relatant l’action de la banque centrale

𝑍: Une variable reflétant l’ouverture économique mais affectant le produit intérieur brut.

L’équation (1) peut se réécrire sous la forme suivante :

𝑇𝐶𝑃𝐼𝐵𝐻 = 𝑓(𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈, 𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅, 𝑇𝐶𝑅𝐹, 𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋) (2)

Sous la forme économétrique, le modèle de régression se présente comme suit :

𝑇𝐶𝑃𝐼𝐵𝐻𝑡 = 𝛽0 + ∑ 𝛼𝑡𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈𝑡−𝑖4𝑖=0 + ∑ 𝜃𝑡𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅𝑡−𝑖 + ∑ 𝛾𝑡𝑇𝐶𝑅𝐹𝑡−𝑖

4𝑖=0

4𝑖=0 +

∑ 𝜎𝑡4𝑖=0 𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋𝑡−𝑖 + 𝑒𝑡 (3)

𝑇𝐶𝑃𝐼𝐵𝐻𝑡 = Le taux de croissance du PIB réel par habitant

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈𝑡 = Le taux de croissance des dépenses de consommation finale des

administrations publiques;

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅𝑡 = Le taux de croissance des encaisses réelles ;

𝑇𝐶𝑅𝐹𝑡 = Le taux de croissance des recettes fiscales ;

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋𝑡 = Le taux de croissance des exportations nettes en pourcentage du PIB ;

3.2.La description des variables et les sources de données

Notre objectif étant d’analyser la sensibilité relative des politiques monétaire et budgétaire

aux changements de l’activité économique, il importe de choisir la variable à même de

représenter cette croissance économique. D’ordinaire, c’est le taux de croissance du PIB qui

est le principal indicateur. Nous retenons pour cette étude, le taux de croissance du PIB réel

par habitant car il reflète mieux le niveau de vie des habitants et donc le niveau de

Page 75: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

74

développement du pays. C’est pourquoi nous l’utilisons dans la spécification du modèle

comme variable endogène (𝑇𝐶𝑃𝐼𝐵𝐻).

Pour expliquer les variations de l’activité économique, notre modèle comporte quatre

variables explicatives.

Le taux de croissance des encaisses réelles (𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅) est utilisée comme proxy de la

politique monétaire. La masse monétaire M2 ajustée par le déflateur du PIB. Une politique

monétaire accommodante se traduit par une hausse du taux de croissance des encaisses

monétaires réelles. Dans une économie où les crédits sont intermédiés, et créés principalement

en contrepartie de dépôts, et au regard de la modestie des financements « désintermédiés », la

monnaie peut être une variable « proxy » de la contrainte d'endettement.

L’action de l’Etat est captée par deux variables : les dépenses des administrations et les

recettes fiscales. Les dépenses de l’Etat sont représentées par 𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈, le taux de

croissance des dépenses de consommation finale des administrations publiques en

pourcentage du PIB. Les dépenses de consommation finale du gouvernement comprennent

toutes les dépenses courantes du gouvernement pour des achats de biens et services. Ces

dépenses comprennent également la plupart des dépenses pour la défense et la sécurité

nationale, mais ne tiennent pas compte des dépenses militaires du gouvernement qui font

partie de la formation de capital du gouvernement.

Les recettes fiscales (𝑇𝐶𝑅𝐹) désignent toutes les sommes d'argent versées à l'Etat pour le

paiement de l'impôt. Les recettes fiscales totales en pourcentage du PIB indiquent la part de la

production d'un pays qui est prélevée par l'État sous forme d'impôts. Elles peuvent donc être

considérées comme un indicateur du contrôle exercé par l'État sur les ressources produites par

l'économie.

L’ouverture sur l’extérieur est captée par les exportations nettes (𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋). Cette variable

permet d’appréhender la contribution du commerce extérieur à la croissance économique.

3.3.Sources des données et méthodologie

Les données concernant ces différentes variables proviennent principalement de la base de

données de la banque mondiale WDI (2014) et de celle de la BCEAO (2015). Les recettes

fiscales sont issues des tableaux d’Operations financières des pays de l’UEMOA (BCEAO,

Page 76: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

75

2015). Elles ont une dimension annuelle et couvrent la période 1962-2014. Notre analyse sera

menée sur les pays de l’UEMOA à l’exception de la Guinée Bissau, à savoir le Benin, le

Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Ce choix est imposé

par la disponibilité des données au niveau des pays et le souci d’avoir un panel sans données

manquantes. Ce sont donc des données de panel qui seront traitées conformément à la

méthodologie des données de panel c’est-à-dire l’analyse de la stationnarité, de la

cointégration, le test de la présence d’effets spécifiques et le test de Hausman pour le choix

entre le modèle à effets fixes et le modèle à effets aléatoires.

4. Estimation et résultats empiriques

4.1.Test des racines unitaires

Sur données individuelles, le test de racine unitaire de Dicker Fuller Augmenté (ADF) a été

exécuté. Le tableau 8 résume les résultats des tests de stationnarité des variables pour les

sept pays. Toutes les valeurs calculées des t-statistiques sont inférieures à la valeur critique

au seuil de 5% (-2,928). On ne peut donc pas rejeter l’hypothèse de stationnarité des

variables en niveau, au seuil de 5%. La stationnarité de toutes ces variables est due au fait

que nos variables sont des taux de croissance. Dans ce cas, il est recommandé de faire des

régressions en utilisant simplement les différences premières.

Le modèle de régression en différence première réduit le plus souvent la sévérité de la

multicolinéarité.

Tableau 7 : Test des racines unitaires sur les variables individuelles

TCPIBH TCDFAPU TCENCR TCBEX TCRF

ADF PP ADF PP ADF PP ADF PP ADF PP

Benin -

7,158

-

2,928*

-

7,210

-

2,928*

-8,056

-

2,928*

-8,058

-

2,928*

-

3,959

-

2,928*

-

8,857

-

2,928*

-7,481

-

2,928*

-7,506

-

2,928*

-

5,207

-

2,928*

-

5,102

-

2,928*

Côte

d’Ivoir

e

-

6,197

-

2,928*

-

5,320

-

2,928*

-7,465

-

2,928*

-7,553

-

2,928*

-

7,509

-

2,928*

-

7,554

-

2,928*

-7,573

-

2,928*

-7,579

-

2,928*

-

6,219

-

2,928*

-

6,270

-

2,928*

Page 77: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

76

Burkin

a

-

8,559

-

2,928*

-

8,547

-

2,928*

-7,983

-

2,928*

-8,057

-

2,928*

-

8,171

-

2,928*

-

8,228

-

2,928*

-7,282

-

2,928*

-7,276

-

2,928*

-

5,780

-

2,928*

-

5,709

-

2,928*

Mali -

8,408

-

2,928*

-

8,529

-

2,928*

-

10,09

7

-

2,928*

-

10,60

2

-

2,928*

-9,50

-

2,928*

-

9,273

-

2,928*

-8,370

-

2,928*

-8,569

-

2,928*

-

8,273

-

2,928*

-

8,196

-

2,928*

Niger -

6,975

-

2,928*

-

6,975

-

2,928*

-7,00

-

2,928*

-7,909

-

2,928*

-

6,604

-

2,928*

-

6,579

-

2,928*

-8,879

-

2,928*

-8,895

-

2,928*

-

5,418

-

2,928*

-

5,545

-

2,928*

Sénéga

l

-

9,949

-

2,928*

-

9,991

-

2,928*

-7,246

-

2,928*

-7,247

-

2,928*

-

7,998

-

2,928*

-

8,047

-

2,928*

-

10,97

3

-

2,928*

-

10,87

0

-

2,928*

-

6,362

-

2,928*

-6,45

-

2,928*

Togo -

6,251

-

2,928*

-

6,278

-

2,928*

-8,303

-

2,928*

-8,624

-

2,928*

-

6,243

-

2,928*

-

6,182

-

2,928*

-7,253

-

2,928*

-7,259

-

2,928*

-

5,946

-

2,928*

-5,90

-

2,928*

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO

Sur les données en panel, il convient d’examiner également les propriétés des séries

(stationnarité et ordre d’intégration) temporelles de nos données. A ce niveau, les

développements récents de la littérature suggèrent que les tests de racine unitaire sur données

de panel sont plus puissants que les tests sur séries chronologiques individuelles.

Les tests développés récemment sont celui de Breitung (2000), le test de Hadri (2000), le test

de Levin et Lin (2002) et le test de Im, Pesaran et Shin (2003). Dans le cadre de notre étude,

nous utiliserons les deux derniers tests et les résultats sont consignés dans le tableau 8 suivant.

Page 78: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

77

Tableau 8 : résultats des tests de racine unitaire en panel

Les variables LEVINLIN IPS

Coefficient P-value Coefficient P-value

TCPIBH -8,8649 0,000 -11,8835 0,000

TCENCR -9,9243 0,000 -11,3805 0,000

TCDFAPU -11,6975 0,000 -12,6943 0,000

TCBEX -9,6913 0,000 -12,7431 0,000

TCRF -9,7985 0,000 -12,3203 0,000

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO

Les résultats des tests de racine unitaire en panel sont concordants et montrent que toutes les

variables sont stationnaires en niveau car la P-value associée à la statistique des tests est

inférieure à 1% sur la base de nos estimations, on peut conclure à l’absence de cointégration

des variables pour tous les pays.

4.2.Les résultats et interprétations

4.2.1. Les résultats sur les données individuelles

Les résultats sur les données individuelles sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau 9 : résultats des estimations sur les données individuelles

BENIN IVOIRE BURKINA MALI

TCPIBH Coef 𝑃

> |𝑡|

Coef 𝑃

> |𝑡|

Coef 𝑃

> |𝑡|

Coef 𝑃

> |𝑡|

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋

𝑇𝐶𝑅𝐹

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈(−1)

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅(−1)

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋(−1)

𝑇𝐶𝑅𝐹(−1)

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈(−2)

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅(−2)

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋(−2)

𝑇𝐶𝑅𝐹(−2)

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈(−3)

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅(−3)

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋(−3)

𝑇𝐶𝑅𝐹(−3)

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈(−4)

-3,17

44,29

0,76

4,50

-2,97

-

10,06

-0,42

-0,09

-2,74

-5,84

0,17

-0,20

-4,00

-5,37

-1,27

1,79

0,33

0,00

0,43

0,07

0,35

0,20

0,65

0,97

0,36

0,43

0,84

0,94

0,19

0,48

0,20

0,55

0,16

11,75

17,80

-

0,052

14,47

18,89

-6,96

0,01

8,68

10,54

-5,60

0,012

6,61

2,06

-5,80

-0,42

-3,35

0,012

0,002

0,42

0,000

0,000

0,20

0,84

0,002

0,009

0,225

0,87

0,025

0,62

0,18

0,000

0,35

0,95

-3,82

12,12

4,75

4,07

-2,33

0,68

0,73

3,08

-7,04

-4,63

1,88

4,24

-4,76

3,85

4,97

-3,84

2,84

0,21

0,012

0,07

0,37

0,44

0,87

0,77

0,52

0,022

0,25

0,50

0,39

0,13

0,33

0,09

0,41

0,35

7,12

10,03

-0,02

13,94

5,06

-

14,41

-0,38

-4,58

1,98

14,95

0,063

5,85

1,42

17,78

0,08

-2,66

0,045

0,25

0,96

0,019

0,15

0,081

0,52

0,39

0,56

0,10

0,91

0,25

0,64

0,08

0,87

0,57

0,013

Page 79: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

78

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅(−4)

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋(−4)

𝑇𝐶𝑅𝐹(−4)

𝐶𝑜𝑛𝑠

-4,01

-

13,22

-0,94

0,69

0,13

0,06

0,38

0,80

0,84

0,19

-2,81

-0,31

-4,18

-1,72

0,50

0,003

0,26

0,005

1,47

-5,38

0,54

0,70

0,72

0,09

0,89

0,54

7,85

-6,62

0,09

-

13,75

0,21

0,49

0,86

0,012

0,90

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO

NIGER SENEGAL TOGO

TCPIBH Coef 𝑃

> |𝑡|

Coef 𝑃

> |𝑡|

Coef 𝑃

> |𝑡|

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋

𝑇𝐶𝑅𝐹

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈(−1)

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅(−1)

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋(−1)

𝑇𝐶𝑅𝐹(−1)

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈(−2)

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅(−2)

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋(−2)

𝑇𝐶𝑅𝐹(−2)

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈(−3)

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅(−3)

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋(−3)

𝑇𝐶𝑅𝐹(−3)

𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈(−4)

𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅(−4)

𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋(−4)

𝑇𝐶𝑅𝐹(−4)

𝐶𝑜𝑛𝑠

-5,62

11,34

1,13

1,39

4,04

-5,84

1,20

12,83

0,57

2,39

-0,35

2,78

-3,54

8,32

0,16

-0,27

6,22

2,49

0,87

-4,55

-4,22

0,61

0,15

0,26

0,89

0,70

0,53

0,24

0,09

0,95

0,79

0,68

0,71

0,73

0,36

0,85

0,97

0,50

0,78

0,32

0,61

0,06

0,32

49,88

-0,57

-

10,52

4,82

-

18,85

-1,15

-0,31

3,12

6,55

1,75

2,27

-1,53

1,13

2,53

-4,30

-1,23

-3,74

1,38

5,12

-0,73

0,93

0,000

0,54

0,078

0,19

0,06

0,44

0,95

0,40

0,51

0,27

0,71

0,68

0,91

0,12

0,39

0,66

0,72

0,37

0,34

0,61

-5,26

19,12

-

0,000

18,05

-0,29

0,54

-0,02

0,62

2,09

8,51

-0,01

5,72

-1,09

-3,56

-0,02

6,00

-5,39

-8,01

-

0,008

-2,53

-3,05

0,049

0,047

0,96

0,000

0,90

0,97

0,12

0,82

0,44

0,25

0,24

0,04

0,69

0,62

0,06

0,04

0,08

0,27

0,59

0,31

0,000

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO.

4.2.2. Les données de panel

Test de spécification des effets individuels

Page 80: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

79

L’utilisation des données de panel pour une étude repose sur l’hypothèse d’une relation

identique entre les variables concernées pour tous les individus du panel. Dans le cas

contraire l’utilisation des données de panel ne se justifie pas. Pour mettre en exergue le lien

entre certaines variables macroéconomiques et la croissance dans les pays de l’UEMOA,

nous adoptons le modèle général suivant :

𝑇𝐶𝑃𝐼𝐵𝐻𝑗,𝑡 = 𝛽𝑗0 + ∑ 𝛼𝑗𝑡𝑇𝐶𝐷𝐹𝐴𝑃𝑈𝑗,𝑡−𝑖4𝑖=0 + ∑ 𝜃𝑗𝑡𝑇𝐶𝐸𝑁𝐶𝑅𝑗,𝑡−𝑖 + ∑ 𝛾𝑗𝑡𝑇𝐶𝑅𝐹𝑗,𝑡−𝑖

4𝑖=0

4𝑖=0 +

∑ 𝜎𝑗𝑡4𝑖=0 𝑇𝐶𝐵𝐸𝑋𝑗,𝑡−𝑖 + 𝑒𝑡 (3)

Dans un premier temps, nous avons estimé un modèle à effets communs, en faisant

l’hypothèse d’uniformité des comportements de la croissance économique dans le temps et

dans les divers pays de l’Union. Mais en considérant l’existence des spécificités des pays, cela

pourrait fortement influencer le niveau du taux de croissance du PIB réel par habitant de

chaque pays. La prise en compte de ces effets individuels pour chaque pays nous conduit à

estimer le modèle à effets fixes. Les résultats sont consignés dans le tableau A1 en annexe.

Ces résultats indiquent un pouvoir explicatif intra-groupe moyen (R-sq within = 0,29). Il en

est de même du pouvoir explicatif global (Overall = 0,29). En conséquence, il faut considérer

la significativité des effets propres aux différents pays. Le test de Fischer peut donc nous

aider. La probabilité associée à la statistique de Fischer est inférieure à 5% (F test that all

u_i=0 ; F(6,316) = 2,83 ; Prob > F = 0,0106). Il y a assez d’évidences statistiques pour

l’hypothèse d’hétérogénéité entre les coefficients des différents pays. Les effets fixes

introduits sont donc significatifs. Le rejet de l’hypothèse nulle d’absence d’effets individuels

dans cette étude nous conduit à effecteur le test de Hausman pour déterminer sa nature (fixe

ou aléatoire). Le test de Hausman permet d’accepter l’hypothèse nulle selon laquelle les effets

spécifiques à chaque pays peuvent être corrélés avec les variables du modèle ou de manière

alternative, que ces effets sont orthogonaux à ces variables explicatives. En d’autres termes,

le test de Hausman nous permet de choisir entre le modèle à effets fixes et le modèle à effets

aléatoires. Les résultats obtenus dans cette étude conduisent au rejet de l’hypothèse nulle donc

à l’estimation du modèle à effets fixes (voir tableau A2 en annexe).

4.2.3. Les résultats

Après les différents tests, nous retenons le modèle à effets fixes, dont l’estimation des

Page 81: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

80

paramètres par le logiciel STATA version 11 est présenté dans le tableau 10 suivant. Nous

avons exécuté le test d’autocorrélation de Wooldrigde (2002). Ce test pose, comme

hypothèse nulle, l’absence d’autocorrélation de premier ordre des résidus. Son avantage

réside dans le fait qu’il n’est pas assujetti à la contraindre de faire un choix a priori d’un

modèle à effets fixes ou d’un modèle à effets aléatoires.

On note ainsi (Prob>F=0,6581), indiquant le non rejet de l’hypothèse nulle, c’est-à-dire une

absence d’autocorrélation des résidus. En revanche, le test de Breusch Pagan-Cook

Weisberg permet de conclure que la variance des erreurs n’est pas constante pour tous les

individus (Pr=0,000). Il y a donc présence d’hétéroscédasticité intra-individus. La correction

a été faite avec la commande Robust de Stata 11.

Tableau 10 : Estimation de la relation du modèle à effets fixes

_cons -1.081318 .5224131 -2.07 0.038 -2.105229 -.0574068

_IPAYS_7 -.5105078 .6693761 -0.76 0.446 -1.822461 .8014453

_IPAYS_6 -.4791971 .6396486 -0.75 0.454 -1.732885 .7744911

_IPAYS_5 -2.16183 .867829 -2.49 0.013 -3.862744 -.4609167

_IPAYS_4 .2441005 .7488942 0.33 0.744 -1.223705 1.711906

_IPAYS_3 -.6581045 .6692045 -0.98 0.325 -1.969721 .6535121

_IPAYS_2 .8127103 .627805 1.29 0.195 -.4177649 2.043186

L4. -.6256677 1.335073 -0.47 0.639 -3.242362 1.991026

TCRF

L4. .0068921 .0120349 0.57 0.567 -.0166959 .03048

TCBEX

L4. -2.13448 2.133593 -1.00 0.317 -6.316247 2.047286

TCENCR

L4. 1.417988 1.013686 1.40 0.162 -.5688003 3.404776

TCDFAPU

L3. .381315 1.378153 0.28 0.782 -2.319814 3.082444

TCRF

L3. -.0081451 .0119959 -0.68 0.497 -.0316565 .0153664

TCBEX

L3. 1.638917 2.143131 0.76 0.444 -2.561544 5.839377

TCENCR

L3. -.8655686 1.015233 -0.85 0.394 -2.855388 1.124251

TCDFAPU

L2. 3.984174 1.393876 2.86 0.004 1.252228 6.71612

TCRF

L2. -.0175331 .0119319 -1.47 0.142 -.0409192 .005853

TCBEX

L2. 1.014859 2.153447 0.47 0.637 -3.20582 5.235538

TCENCR

L2. -.2294882 1.008262 -0.23 0.820 -2.205646 1.746669

TCDFAPU

L1. .9021215 1.394442 0.65 0.518 -1.830935 3.635178

TCRF

L1. -.0198925 .0120114 -1.66 0.098 -.0434344 .0036495

TCBEX

L1. .1862261 1.008567 0.18 0.854 -1.790529 2.162981

TCDFAPU

L1. -6.286418 2.166695 -2.90 0.004 -10.53306 -2.039775

TCENCR

TCRF 10.1038 1.38038 7.32 0.000 7.398309 12.8093

TCBEX -.003312 .0118253 -0.28 0.779 -.0264892 .0198652

TCENCR 15.78857 2.19188 7.20 0.000 11.49256 20.08457

TCDFAPU -.5081917 1.010358 -0.50 0.615 -2.488456 1.472073

TCPIBH Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]

Prob > chi2 = 0.0000

Wald chi2(26) = 179.91

Estimated coefficients = 27 Time periods = 49

Estimated autocorrelations = 0 Number of groups = 7

Estimated covariances = 7 Number of obs = 343

Correlation: no autocorrelation

Panels: heteroskedastic

Coefficients: generalized least squares

Cross-sectional time-series FGLS regression

i.PAYS _IPAYS_1-7 (naturally coded; _IPAYS_1 omitted)

> L3. TCENCR L3. TCBEX L3. TCRF L4. TCDFAPU L4. TCENCR L4. TCBEX L4. TCRF i.PAYS , pan(heteroskedastic)

. xi:xtgls TCPIBH TCDFAPU TCENCR TCBEX TCRF L. TCENCR L. TCDFAPU L. TCBEX L. TCRF L2. TCDFAPU L2. TCENCR L2. TCBEX L2. TCRF L3. TCDFAPU

Page 82: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

81

Source : Les calculs de l’auteur à partir des données de la BCEAO

Le nombre des observations est de 343, la P-value de 0,000 et R-squared de 0,32.

4.2.4. Interprétations des résultats

A présent, nous pouvons vérifier si les variables explicatives retenues dans cette étude ont les

signes attendus et permettent également de faire ressortir leur importance respective dans le

taux de croissance économique des pays de l’Union.

Sur les données individuelles

Au regard des résultats obtenus (sur données individuelles et en panel), on peut dire que le

taux de croissance du PIB par habitant est très sensible à la politique monétaire dans tous les

pays de l’Union à l’exception du Niger. Cependant dans tous les pays, le taux de croissance

du PIB par habitant réagit significativement à la politique fiscale à l’exception du Burkina

Faso.

Au niveau de la politique monétaire, une augmentation de 1% du taux de croissance des

encaisses réelles induit une augmentation du taux de croissance du PIB par habitant de

44,29% au Benin, 17,80% en Côte d’Ivoire, 12,12% au Burkina Faso, 49,88% au Sénégal,

19,12% et au Togo. Au Mali, c’est le taux de croissance retardé des encaisses réelles qui

influence significativement le taux de croissance du PIB par habitant. Une augmentation de

1% du taux de croissance retardé de trois périodes induit une augmentation de 17,78% du taux

de croissance du PIB par habitant. En revanche, une augmentation du taux de croissance

retardé d’une période des encaisses réelles induit une baisse du PIB par habitant de 14,41%.

Au niveau de l’action gouvernementale qui porte sur la politique budgétaire et fiscale, une

augmentation du taux de croissance des recettes fiscales de 1% induit un accroissement du

PIB par habitant de 4,5% au Benin, 14,47% en Côte d’Ivoire, 13,94% au Mali et 18,05% au

Togo. Au Sénégal, une augmentation de 1% du taux de croissance des recettes fiscales induit

une baisse du taux de croissance du PIB par habitant de 10,52%. Cela est sans doute dû à

l’importance du secteur informel dont les activités supportent mal l’augmentation des taxes.

Au Niger, c’est plutôt le taux de croissance retardé des recettes fiscales qui influence le taux

de croissance du PIB par habitant. En effet, une augmentation de 1% du taux de croissance

Page 83: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

82

retardé d’une période induit une augmentation du PIB par habitant de 12,83%. Au Togo,

même le taux de croissance retardé de trois périodes des recettes fiscales a un impact sur le

taux de croissance du PIB par habitant, même s’il est de faible amplitude.

Quant au taux de croissance des dépenses de consommations finales des administrations

publiques, il n’a aucun effet sur le PIB par habitant au Benin, au Niger et au Sénégal. En Côte

d’Ivoire, le taux de croissance des dépenses de consommations finales des administrations

publiques, même retardé de deux périodes, impacte positivement le taux de croissance du PIB

par habitant. Cela peut être le fait des délais de paiement qui sont parfois longs. Au Mali, le

taux de croissance courant des dépenses de consommations finales des administrations

publiques et le taux de croissance retardé de quatre périodes impactent positivement le PIB

par habitant. Ici encore, les délais de paiements expliquent ce résultat. Ces contre-

performances réalisées dans les Etats de l’Union sont globalement imputables à un

assainissement insuffisant des finances publiques et à un arbitrage budgétaire généralement

défavorable aux dépenses d’investissement privé (Diop et Diaw, 2014).

Au Burkina Faso, c’est le taux de croissance retardé de deux périodes des dépenses de

consommations finales des administrations publiques qui influence le taux de croissance du

PIB par habitant. En effet, une augmentation de 1% induit une baisse de 7,04%. Cela pourrait

s’expliquer par une mauvaise allocation des dépenses. Au Togo, une augmentation de 1% du

taux de croissance des dépenses de consommations finales des administrations publiques

induit une baisse du taux de croissance du PIB par habitant de 5,26%. La modestie des

salaires et la mauvaise affectation des ressources pourraient expliquer cet impact négatif.

Le taux de croissance retardé de trois et quatre périodes du solde commercial a un léger

impact négatif sur le PIB par habitant en Côte d’Ivoire ; une réaction négative de l’ordre de

0,40%. Au Burkina Faso, une augmentation de 1% du taux de croissance courant et retardé

de trois périodes du solde commercial induit une hausse du taux de croissance du PIB par

habitant de l’ordre de 4,90%. Cela pourrait s’expliquer par les mouvements erratiques à

l’international des principaux produits de base. Au Togo, c’est le taux de croissance retardé de

trois périodes du solde commercial qui impacte négativement le taux de croissance du PIB par

habitant.

Concernant le Benin, le Mali, le Niger et le Sénégal, le taux de croissance du solde

commercial n’a pas d’influence sur le taux de croissance du PIB par habitant. Le Bénin

Page 84: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

83

n'exporte qu'un seul produit, le coton. Cette faible diversification des exportations pourrait

expliquer la non significativité du solde commercial. Le Mali exporte essentiellement du

coton et de l’or. A part le coton, le commerce de l’or profite essentiellement à l’Etat ; ce qui

pourrait expliquer le résultat dans le cas du Mali. La situation est identique au Niger où le

principal produit d’exportation reste l’uranium.

Les données en panel

Les résultats indiquent, au niveau régional, que les variations du PIB par habitant sont

sensibles à la politique monétaire et fiscale. Les coefficients associés aux variables reflétant la

politique monétaire (TCENCR) et la politique fiscale (TCRF) sont significatifs à 1%. Une

augmentation de 1% du taux de croissance des recettes fiscales induit un accroissement du

niveau de vie des populations de 10,10%. Cet effet positif perdure dans le long terme (le taux

de croissance retardé de deux périodes mais avec une faible amplitude (3,98%). C’est sans

doute dû au fait que les recettes fiscales ne sont pas utilisées pour financer des investissements

structurants, qui, eux, ont des effets sur le long terme.

On note qu’une augmentation du taux de croissance des encaisses réelles de 1% induit un

accroissement du taux de croissance du PIB par habitant de 15,78%. Mais lorsqu’on considère

le taux de croissance retardé d’une période des encaisses réelles, son impact sur le taux de

croissance du PIB par habitant est négatif, de l’ordre de 6,28%. Ce résultat trouve sa source

sans doute dans la politique monétaire restrictive menée au sein de la BCEAO.

Le taux de croissance retardé d’une période du solde commercial a un impact légèrement

négatif sur le taux de croissance du PIB par habitant de l’Union (0,01%). Ce résultat

s’explique par la détérioration des termes de l’échange et les mouvements erratiques des prix

des principaux produits de base.

Conclusion

L’objectif de cette étude était d’analyser l’efficacité comparative des mesures de politique

monétaire et budgétaire comme outil de stabilisation économique dans la zone UEMOA.

L’étude a concerné sept pays de la zone UEMOA à l’exception de la Guinée-Bissau, à partir

des données annuelles allant de 1962 à 2014. Pour ce faire, nous avons présenté une brève

synthèse de la littérature. Ensuite, nous avons estimé un modèle en données de panel. Les

paramètres estimés ont été utilisés pour analyser les effets des mesures de politique monétaire

Page 85: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

84

et fiscale. Sur données individuelles, les résultats obtenus indiquent que le taux de croissance

du PIB par habitant est très sensible à la politique monétaire dans tous les pays de l’Union à

l’exception du Niger. Cependant, dans tous les pays, le taux de croissance du PIB par habitant

réagit significativement à la politique fiscale à l’exception du Burkina Faso. Les résultats

indiquent également qu’au niveau régional les variations du PIB par habitant sont sensibles à

la politique monétaire et fiscale. Les coefficients associés aux variables reflétant la politique

monétaire (TCENCR) et la politique fiscale (TCRF) sont significatifs à 1%. Nos résultats

confirment ceux de Solomane Koné (2000) mais diffèrent quelque peu de ceux de Andersen-

Jordan (1968).

Une perspective à cette étude sera de relancer le débat sur l’efficacité de la politique

budgétaire en proposant une évaluation de ses effets dynamiques sur les variables

macroéconomiques, en particulier sur le PIB, à partir d’un modèle de type VAR structurel,

comme le suggèrent Blanchard et Perotti (2002), puis Perotti (2002). L’apport sera de ne pas

choisir à priori des variables endogènes et exogènes.

Une autre voie de recherche serait d’explorer l’impact des politiques monétaire et budgétaire

sur la réduction des inégalités de revenus dans la zone UEMOA. Il s’agira d’apprécier le

pouvoir distributif de ces deux politiques.

Page 86: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

85

Bibliographie

ADEFESO, H.A., MOBOLAJI, H.I. (2010), “The fiscal-monetary policy and economic

growth in Nigeria: further empirical evidence”, Pakistan Journal of social sciences, 7, n°

2, 137-142.

AÏDA WADE. (2015), “Policy-mix et croissance économique dans la zone UEMOA”, thèse

de doctorat en sciences économiques, présentée et soutenue le 18 avril 2015, Université

Gaston Berger Saint-Louis du Sénégal.

ALESINA A., ARDAGNA, S. (1998), “Tales of of Fiscal Adjusments”, Economic Policy,

n° 27, pp. 489-545.

ALESINA, A., SUMMERS, L.H. (1993), "Central Bank Independence and Macroeconomic

Performance: Some Comparative Evidence", Journal of Money, Credit and Banking,25, n° 2,

Mai

ANDESEN, C.L. ET JORDAN, J.L.(1968), “MonetaryandFiscal Actions:ATestof

TheirRelativeImportanceinEconomicStabilization”,FederalReserveBank of St-Louis Review,

11-24.

ANNA, G. (2012), “The relative effectivess of monetary and fiscal policies on economic

activity in Zimbabwe 1981:4-1998:3: An error correction approach”, International Journal of

management sciences and business research, 1, n° 2, 1-35.

ARESTIS PHILIP (2011), “fiscal policy is still an effective instrument of macroeconomic

policy”, Panoeconomicus, 2, pp. 143-156

ASOGU, U.T.(1998), Monetary policy and development. On itsha: Tobansi Press Ltd.

BARRO,R. (1990),“Government Spendingina Simple Model of Endogenous Growth”,

Journal of Political Economy,98, 5, 103-125.

BARRO,R. (1974),“Are Government Bonds Net Wealth? », JournalofPoliticalEconomy,82,

6,1095-1117.

BARRO, R., GORDON, D. (1983), "Rules, Discretion and Reputation in a Model of

Monetary Policy", Journal of Monetary Economics, n° 12, Juillet

Page 87: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

86

BATTEN, S.D. ET HAFER, R.W.(1983), “The Relative Impact of Monetary and Fiscal

Actions on Economic Activity: A Cross-Country Comparison”, Federal Reserve Bank of St-

LouisReview,65:1,5-12.

BCEAO. (2015), Données statistiques économiques et financières (http://edenpub.bceao.int/)

BCEAO. (2013), perspectives économiques des Etats de l’Union économique en 2013.

BCEAO. (2012), rapport sur la situation de la pauvreté dans les pays de l’UEMOA, Direction

Générale des Études Economiques et de la Monnaie, Direction de la Recherche et de la

Statistique

BERNANKE, B., MIHOV. (1995),“Measuring monetary policy”, federal Reserve of San

Francisco working paper, 95-09.

BERNARD E. (2000), “Développement financier, politique monétaire et croissance

économique : validation empirique en données de panel”, Laboratoire d’Economie d’Orléans

BLANCHARD, O AND PEROTTI R. (2002),“An Empirical Characterization of the

Dynamic Effects of Changes in Government Spending and Taxes on Out-put”, Quarterly

Journal of Economics117(4), 1329-1368.

BLANCHARD, O AND PEROTTI R. (1999),“An Empirical Characterization of the

Dynamic Effects of Changes in Government Spending on Output”, NBER Working Paper:

7296.

BLINDER, A. S. ANDR.M.SOLOW (1974), Economics of Public Finance, Washington,

D.C. :The Brookings Institution.

BREITUNG,J.(2000),“Thelocalpowerofsomeunitroottestsforpaneldata”,AdvancesinEconomet

rics, 15:161-177.

BRUNEAU C., DE BANDT O. (1998), “ La modélisation VAR structurel : une application à

la politique monétaire en France”, Notes d’études et de recherche 52, Banque de France.

BYNOE,J. A.(1994), «Monetary and Fiscal Influences on Economic Activity in African

Countries» .AfricanReviewofMoney,FinanceandBanking,1/2.

CARLSON,M. K.(1978),“Does the St. Louis Model Now Believe in Fiscal Policy?”, Federal

Page 88: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

87

Reserve Bank of St-LouisReview,52,13-19.

CHOWDHURY,R.A.(1988), “Monetary Policy, Fiscal Policy and Aggregate Economic

Activity: Some Further Evidence”,.AppliedEconomics,20.

COLLIGNON,S.(2002),“Les conditions politiques et institutionnelles d’une coordination des

politiques économiques dans l’Euroland”, Revue d’Economie Financière, Trois ans de

Politique Monétaire Européenne, 65.

DARRAT,F.A.(1984),“TheDominantInfluenceofFiscalActionsinDevelopingCountries”,Easte

rn EconomicJournal,10:271-284.

DE LEEUW, F. ETE. GRAMLICH (1969),“The Channels of Monetary Policy”, Federal

Reserve Bulletin, June.

DIOP A., DIAW A. (2014), “Politique budgétaire et stabilité macroéconomique en union

économique et monétaire : le cas de l’UEMOA”, Revue de l’OFCE, 137

DRAMANI L., THIAM I. (2012), “Sacrifice ratio in West African Economic and Monetary

Union (WAEMU) ”, Journal of Contemporary management, p.60-70

FRIEDMAN, M. ET MEISELMAN, D. (1963), “The Relative Stability of Monetary Velocity

and the Investment Multiplier in the UnitedStates, 1897-1958”, In Commission on Money and

Credit, Stabilization Policies, Englewood Cliffs, N.J.: Prentice-Hall.

GIAVAZZIF.,JAPPELLIT. ET PAGANOM.(2000).“Searching for Non-Linear Effects of

Fiscal Policy: Evidence from Industrial and Developing Countries”,European Economic

Review, 44, 7, 1259-1289.

GIAVAZZI, F. ET PAGANO M. (1990),“Can Severe Fiscal Contractions be

Expansionary? Tales of Two-Small European Countries”,NBER Macroeconomics Annual,

MIT press, Cambridge, MA, 95-122.

GRAMLICH,E.M.(1971),“The Use fullness of Monetary and Fiscal Policy as Discretionary

Stabilization Tools”,Journal of Money, Creditand Banking, 3:506-532.

GUILLAUMONT, P ET AL., (1999), “Politique économique et perspectives de

croissance dans les économies émergentes d’Afrique”, Revue économique, 50 :3,.511-521.

Page 89: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

88

HADRI, K. (2000), “Testing for unit roots in heterogeneous panel data”, Econometrics

Journal, 3:148-161.

HUSSAIN,M., (1982), “The relative effectiveness of monetary and fiscal policies in

Pakistan”,The Pakistan Development Review,winter1982, PartII, pp.759-769.

IM,KYUNG,S.; PESARAN, HASHEM, M.ANDSHIN, YONGCHEOL (2003), “Testingfor

Unit Roots in Heterogeneous Panels.” Journal of Econometrics,115, 53-74

JAYARAMAN,T.K.(2002),“Efficacy of Fiscal and Monetary Policies in the South Pacific

Island Countries: Some Empirical Evidence, ”The Indian Economic Journal, 49:1,63-72.

KERAN, W.M. (1970), “Monetary and Fiscal Influences on Economic Activity: The Foreign

Experience”, FederalReserveBankofSt-LouisReview,51,4-24.

KEYNES J . (1936), “The general theory of employment, interest and money”, London:

Macmillan. Traduction française, Payot, 1969, 2ème ed.,réimprimée en1977.

KONÉ S. (2000), « l’impact des politiques monétaire et budgétaire sur la croissance

économique dans les pays de l’UEMOA », BCEAO, Études de recherches, note d’information

et statistiques, n 509.

LEVINA.,LIN,C.F. ETCHU, J.(2002),“Unit root tests in panel data: Asymptotic and

finite sample properties”,JournalofEconometrics,108,1-24.

LUCAS, R. (1988), “On the Mechanics of Economic Development”, Journal of Monetary

Economics, 22, 3-42.

LUCAS R. (1976), “Econometric Policy Evaluation : a Critique“, Journal of Monetary

Economics,1.

MAHMOOD, T. AND SIAL, M.H. (2011), “The relative effectiveness of monetary and

fiscal policies in economic growth: A case study of Pakistan”, Asian Economic abd financial

review, 1, n°4, 236-244

MASOOD,K.ANDE.AHMED(1980),“The Relative Importance of Autonomous Expenditures

and Money Supply in Explaining the Variation in Induced Expenditures in the Context of

Pakistan”, Pakistan Economic and Social Review, 18:84-99.

Page 90: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

89

MEDEE, P. N. AND NENBEE S. G. (2011). ‘Econometric Analysis of the Impact of Fiscal

Policy Variable son Nigeria's Economic Growth1970-2009.’International Journal of

Economic Development Research and Investment, 2, n°1, 171-183.

MUNONGO, S. (2012), “Effectiveness of fiscal policy in economic growth: the case of

Zimbabwe”, International of economics research, 3, n°6, 93-99.

MUTH, JOHN A. (1961).“Rational Expectations and the Theory of Price Movements.”

Econometrica 29, n°6 ,315–335

NDIAYE C. T., KONTÉ, M.A. (2012), « Politiques macroéconomiques et stabilisation des

chocs dans la Zone Uemoa », Document de recherche, LEO, n 2012-16

NUBUKPO, K.K. (2002) “L’impact de la variation des taux d’intérêt

directeursdelaBCEAOsurl’inflationetlacroissancedansl’UMOA”,Notes d’Information et

Statistiques de la BCEAO,juin,N°526.

OGEGE, S. AND SHIRO, A.A. (2012), “The dynamics of monetary and fiscal policy as a

tool for economic growth: evidence from Nigeria”, Journal of management and sustainability, 2,

n°2, 247-258.

OLANIPEKUN E.F., AYODELE B.F. (2015), “Fiscal and monetary policy instruments and

economic growth sustainability in Nigeria”, American Journal of Economics, 5, n°6, 587-594.

PEROTTI, R. (2002),“Estimating the Effects ofFiscal Policy in OECD Countries”, Mimeo.

September.

PEROTTI, R. (1998), “The political Economy of Fiscal Consolidation”, Scandinavian journal

of Economics, 100,n°1,367-394

PISANI-FERRY J.(2000),« La Coordination des Politiques Economiques dans la Zone Euro :

Bilan et Propositions », Rapport du Conseil d’Analyse Economiquen°27.

ROMER,P.(1990),“EndogenousTechnicalChange”,JournalofPoliticalEconomy,98,71-102.

SANNI, M.R., AMUSA, N.A. AND AGBEYANGI, B.A. (2012), “Potency of monetary

and financial policy instruments on economic activities of Nigeria 1960-2011”,

Journal of African Macroeconomic Review, 3, n°1,161-176

Page 91: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

90

SARGENT T., WALLACE N.(1981), “Some Un

Pleasant Monetarist Arithmetics”,Federal Reserve Bank of MinneapolisQuarterlyReview,

1, 17.

SAQIB,N. ANDA.YESMIN (1987),“Some Econometric Evidence on the Relative Importance

of Monetary and Fiscal Policy in Pakistan”,The Pakwysxswy-xdpdistan Development Review,

26:541-549.

SCHMIDT,P.ANDN.R.WAUD(1973),“TheAlmonLagTechniqueandtheMonetaryvs. Fiscal

Policy Debate”, Journal of the American StatisticalAssociation,68:11-19.

SENBET, D. (2011), “The relative impact of fiscal versus monetary actions ont output: A

vector autoregressive (VAR) approach”, Business and Economics Journal, 2011, BEJ-25.

SHAHID, A., SOMIA, I. AND ASGHAR, A. (2008), “Whether fiscal stance or monetary

policy is effective for economic growth in case of south Asian countries?”, Pakistan Journal

of Economics, 4, 791-799.

SIMORANGKIR, I AND ADAMANTI J. (2010), “The role of fiscal stimuli and monetary

Easing in Indonesian Economy during global financial crisis: financial computable general

equilibrium approach”, Paper presented at EcoMod2010, Istanbul.

TANIMOUNE, N. A.,COMBES, J.L. ET PLANE,P. (2008), “La politique budgétaire et

ses effets de seuil sur l’activité en Union Economique et Monétaire Ouest

Africaine(UEMOA)”, Economie& Prévision,5,186,145-162.

TANIMOUNE N.A ET PLANE P. (2005),“Performance et convergence des politiques

économiques en zone franc”, Revue Française d’Economie, 20, 1, 235-268.

TANZI, V. (2008), “The role of the state and public finance in the next generation”,. OECD

Journal on Budgeting 8, 2, 6.

UPADHYAYA, K. P. (1991),“The Efficacy of Monetary and Fiscal Policies in Developing

Countries:An application of the St. Louis Equation”,The Indian Economic Journal,39:35-42.

WEILL,D.N. (2008), “Fiscal policy. The concise encyclopedia of economics,

university”, Library of Economics and Liberty, 2008.

Page 92: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

91

WOOLDRIGDE, 2OO2, STATA Journal (2003), volume3, numéro 2

WDI (2014), World Development Indicators, 2014.

WYPLOSZC.(1990),“Lesimplicationsbudgétairesdel’unionmonétaire”,revuedel’OFCE,

Octobre.

Annexes

Page 93: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

92

F test that all u_i=0: F(6, 316) = 2.83 Prob > F = 0.0106

rho .05517153 (fraction of variance due to u_i)

sigma_e 3.8444359

sigma_u .92899555

_cons -1.467505 .3951865 -3.71 0.000 -2.245034 -.6899755

L4. -1.480001 1.500611 -0.99 0.325 -4.432452 1.472451

TCRF

L4. .0110613 .0137453 0.80 0.422 -.0159825 .0381052

TCBEX

L4. -2.249068 2.265153 -0.99 0.322 -6.705755 2.20762

TCENCR

L4. 2.191291 1.141672 1.92 0.056 -.0549481 4.437531

TCDFAPU

L3. -.0050261 1.515735 -0.00 0.997 -2.987234 2.977182

TCRF

L3. -.0081605 .0137422 -0.59 0.553 -.0351983 .0188773

TCBEX

L3. 3.137542 2.275001 1.38 0.169 -1.338521 7.613606

TCENCR

L3. -.5285106 1.148437 -0.46 0.646 -2.78806 1.731038

TCDFAPU

L2. 4.025918 1.53638 2.62 0.009 1.003091 7.048745

TCRF

L2. -.0213591 .0136756 -1.56 0.119 -.0482658 .0055475

TCBEX

L2. 2.714792 2.281096 1.19 0.235 -1.773262 7.202847

TCENCR

L2. -.2165151 1.145034 -0.19 0.850 -2.469369 2.036338

TCDFAPU

L1. 1.975644 1.533524 1.29 0.199 -1.041563 4.992851

TCRF

L1. -.0211721 .0137617 -1.54 0.125 -.0482483 .0059042

TCBEX

L1. .5868827 1.146793 0.51 0.609 -1.669432 2.843197

TCDFAPU

L1. -7.600393 2.286038 -3.32 0.001 -12.09817 -3.102614

TCENCR

TCRF 10.01399 1.520901 6.58 0.000 7.021619 13.00636

TCBEX -.0031265 .0135536 -0.23 0.818 -.0297933 .0235403

TCENCR 13.21341 2.297629 5.75 0.000 8.69283 17.734

TCDFAPU -.1674971 1.144889 -0.15 0.884 -2.420065 2.085071

TCPIBH Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]

corr(u_i, Xb) = 0.0228 Prob > F = 0.0000

F(20,316) = 6.63

overall = 0.2903 max = 49

between = 0.2146 avg = 49.0

R-sq: within = 0.2956 Obs per group: min = 49

Group variable: ID Number of groups = 7

Fixed-effects (within) regression Number of obs = 343

> . TCENCR L3. TCBEX L3. TCRF L4. TCDFAPU L4. TCENCR L4. TCBEX L4. TCRF,fe

. xtreg TCPIBH TCDFAPU TCENCR TCBEX TCRF L. TCENCR L. TCDFAPU L. TCBEX L. TCRF L2. TCDFAPU L2. TCENCR L2. TCBEX L2. TCRF L3. TCDFAPU L3

.

Page 94: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

93

TEST D’HETEROSCEDASTICITE

NB : Les erreurs sont hétéroscédastiques lorsque toutes les p-value sont <à 5%.

TEST D’AUTOCORRELATION

NB : si les résultats du test de WOOLDRIDGE montrent que les p-value sont toutes

inférieures à 5%. On conclut donc à l'autocorrélation des erreurs.

TEST D’HAUSMAN

Source : Auteur

Le test de Hausman est un test de spécification qui permet de discriminer les effets fixes et

aléatoires. Ce test est important car il permet de déterminer si les coefficients des deux

estimations (fixe et aléatoire) sont statistiquement différents. L’idée sous-jacente est que,

sous l’hypothèse nulle d’indépendance entre les erreurs et les variables explicatives, les

deux estimateurs sont non biaisés donc les coefficients devraient en principe être peu

différents. Le rejet de l’hypothèse nulle conduit au choix du modèle à effets fixes.

Prob > chi2 = 0.0000

chi2(1) = 29.19

Variables: fitted values of TCPIBH

Ho: Constant variance

Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity

Prob > F = 0.6581

F( 1, 6) = 0.217

H0: no first-order autocorrelation

Wooldridge test for autocorrelation in panel data

(V_b-V_B is not positive definite)

Prob>chi2 = 1.0000

= 0.20

chi2(20) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B)

Test: Ho: difference in coefficients not systematic

B = inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained from xtreg

b = consistent under Ho and Ha; obtained from xtreg

L4.TCRF -1.195543 -1.480001 .2844571 .1807247

L4.TCBEX .0095479 .0110613 -.0015134 .0012219

L4.TCENCR -2.318063 -2.249068 -.0689956 .1724732

L4.TCDFAPU 2.373322 2.191291 .1820301 .1832543

L3.TCRF .0868214 -.0050261 .0918475 .2100155

L3.TCBEX -.009155 -.0081605 -.0009945 .0013624

L3.TCENCR 3.178884 3.137542 .0413416 .1968754

L3.TCDFAPU -.3410743 -.5285106 .1874363 .1774759

L2.TCRF 4.086393 4.025918 .0604743 .2549951

L2.TCBEX -.0225756 -.0213591 -.0012165 .0015904

L2.TCENCR 2.717003 2.714792 .0022111 .1398583

L2.TCDFAPU -.060524 -.2165151 .1559911 .1871113

L.TCRF 2.130123 1.975644 .1544792 .242323

L.TCBEX -.0225551 -.0211721 -.0013831 .0013084

L.TCDFAPU .7430489 .5868827 .1561662 .193401

L.TCENCR -7.626789 -7.600393 -.0263958 .1961939

TCRF 10.17019 10.01399 .1562014 .2186829

TCBEX -.00455 -.0031265 -.0014235 .0012636

TCENCR 13.20767 13.21341 -.0057432 .2455804

TCDFAPU -.0544799 -.1674971 .1130172 .1975204

random fixed Difference S.E.

(b) (B) (b-B) sqrt(diag(V_b-V_B))

Coefficients

. hausman random fixed

Page 95: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

94

Investissements, croissance économique et bien-être en Côte d’Ivoire : une Analyse à

l’aide d’un Modèle d’Equilibre Général Calculable Dynamique

Seydou KONE

Université Alassane OUATTARA, Bouaké (Côte d’Ivoire)

[email protected]

Résumé

Cette étude analyse, à partir d’un MEGC dynamique, l’impact des politiques

d’investissements publiques envisagées par les autorités ivoiriennes et des politiques

alternatives d’investissement sur la croissance et le bien-être des ménages. Les résultats

montrent que les investissements projetés sont sources de croissance et d’amélioration du

bien-être des ménages. Cependant en terme réel, cette croissance n’est pas suffisante au

regard du taux de croissance démographique pour permettre une accumulation de capitaux et

favoriser une croissance auto-entretenue. Des investissements publics plus importants

garantiront des taux de croissance à long terme suffisants pour stimuler l’émergence et le

bien-être des populations.

Mots-clés : Modèle d’EGC, Investissement Public, Croissance Economique

Classification JEL: C68, H54, I38, O4

REVUE INTERNATIONALE DE GESTION ET D’ECONOMIE SERIE B - ECONOMIE / NUMERO 1 - VOLUME 1 - Décembre 2016 / pp. 94-120.

Page 96: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

95

Abstract

This study analyzes, using a dynamic CGE, the impact of public investment policies

envisaged by the Ivorian authorities and alternative investment policies on economic growth

and household well-being. The results show that the projected investments will allow

economic growth and household welfare. However, in real terms, this growth is not sufficient

compare to the population growth rate to allow an accumulation of capital and encourage self-

sustained growth. Greater public investment will ensure sufficient long-term growth rates to

stimulate the emergence and well-being.

Keywords: CGE model, Public Investment, Economic Growth

JEL Classification:C68, H54, I38, O4

Page 97: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

96

Introduction

La Côte d’Ivoire, depuis son indépendance, au plan économique a connu diverses situations.

Au début des indépendances jusqu’à la fin des années 1970, le pays a connu un essor

économique fulgurant soutenu par une hausse des prix des matières premières tel que le café

et le cacao. Cette période a été qualifiée par bon nombre d’observateur de « miracle

ivoirien ». Ce miracle cependant ne reposait pas sur des bases solides car l’économie

ivoirienne très dépendante du binôme café-cacao n’a pu supporter la baisse des prix de ces

exportations au plan international. Cette économie est donc rentrée dans une phase de

profonde récession. Plusieurs programmes d’ajustement structurel ont dû être appliqués sous

la houlette des institutions internationales.

De 1981 à 1983, le pays a connu son premier programme d’ajustement structurel dont le but

était de relancer l’économie par le redressement de la situation financière extérieure. Les

résultats mitigés de ces réformes ont conduit à un second programme d’ajustement structurel

de 1984 à 1985. Cette fois, les réformes visaient la réduction du déficit budgétaire et

l’augmentation des recettes publiques. Il s’en est suivi un troisième programme de 1986 à

1988 caractérisé par une augmentation de la fiscalité en général et de la taxe sur la valeur

ajoutée (TVA) en particulier. Une fois de plus, les résultats ont été décevants, cela a entrainé

le plan de stabilisation financière de 1990 à 1992 qui visait le rétablissement des grands

équilibres financiers par l’application de mesures fiscales et budgétaires. Toutes ces mesures

d’ajustement du secteur réel de l’économie se sont soldés par des résultats peu probants ce qui

a conduit à l’ajustement monétaire de 1994.Cette dévaluation de l’ordre de 50% du Franc

CFA par rapport au Franc français a entrainé un regain économique jusqu’en 1999.

A partir de 1999, l’instabilité politique suite au premier coup de force eut de sérieuses

conséquences sur l’économie du pays. Le taux de croissance économique en 2000 chute de

1,618% en 1999 à -2,068% (Banque Mondiale11

) et après une légère reprise en 2001, demeure

négatif les deux années suivantes. Entre 2004 et 2010, une période d’accalmie s’installe et on

observe à nouveau des taux de croissance positifs bien que modestes (1,232% en 2004 et

2,018% en 2010). En 2011, la crise post-électorale de 2010 a durement affecté l’économie et

entrainé le taux de croissance du PIB à – 4,387%. On observe donc qu’il y’a une très forte

corrélation entre la situation politique et les performances économiques. Au lendemain de

cette crise, de vigoureuses mesures ont été prises pour relancer l’économie.

11

http://donnees.banquemondiale.org/pays/cote-d%27ivoire consulté le 10 septembre 2016.

Page 98: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

97

En 2012, la normalisation au plan économique semble s’amorcer et le taux de croissance

atteint un niveau record de 10,7%. Pour maintenir ces résultats, l’Etat élabore un Plan

National de développement (PND). Selon le premier PND 2012-2015, l’objectif de l’Etat est

de hisser à 7,5% du PIB, le taux d’investissement sur la période 2012-2015 en moyenne

contre 3% au cours des 10 années antérieures. Le rôle de l’investissement comme moteur de

la croissance et du développement semble se confirmer. Il se situe désormais au centre de la

politique de développement et devrait impulser la croissance et entraîner les investissements

privés.

Le lien entre l’investissement et la croissance économique est un sujet qui a été largement

abordé par la théorie économique. Pour les keynésiens, une prévision à la hausse de la

demande anticipée entraine un accroissement des investissements de la part des entrepreneurs

et in fine l’investissement globale qui impacte positivement sur la croissance économique.

Pour les classiques en revanche, l’investissement est plutôt fonction des profits futurs

escomptés par les entrepreneurs. On peut donc en déduire qu’une économie bénéficiant de

bonnes perspectives attirera des investissements et sera à même d’accroitre son produit

intérieur brut.

Plusieurs auteurs (Ouattara, 2011 ; Yélé, Huguet, Kolondo, Mbouzeliko et Wili-koe, 2016) se

sont penchés sur la relation entre corruption, investissement et croissance économique et

l’impact des investissements sur la croissance économique. Certains se sont attardés sur les

différentes méthodes disponibles pour mesurer l’impact du capital public et par là des

investissements publics sur la croissance (Boccanfuso, Joanis, Paquet et Savard, 2014). Peu

d’études cependant ont évalué l’impact des politiques d’investissement contenues dans les

Plans Nationaux de Développement 2012 – 2015 et 2016 – 2020. Les taux d’investissement

publics projetés peuvent-ils permettre d’atteindre les objectifs du gouvernement c’est-à-dire

faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 ? Ou alors faut-il des politiques

plus ambitieuses en matière d’investissements publics comme celles pratiquées par les pays

d’Asie comme la Corée du Sud ou la Malaisie12

? Par ailleurs la plupart des études consacrées

à l’impact des investissements publics en Côte d’Ivoire sont en équilibre partiel et ne permette

pas de mesurer l’impact d’une variation de ceux-ci sur divers secteurs de l’économie. Cette

étude permet de pallier à ces insuffisances. Ce travail est basé sur un modèle d’équilibre

général calculable dynamique séquentiel.

12

Ces pays ont pratiqué des investissements avec un taux de 35% sur une longue période qui leur a permis d’être

aujourd’hui des pays émergents.

Page 99: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

98

Au regard de ce qui précède, on peut raisonnablement se demander si les politiques

d’investissements publics correspondant à la vision du gouvernement ivoirien et mis en œuvre

depuis 2012 ont un impact à long terme sur la croissance économique et l’amélioration du

bien-être des ménages. Les taux d’investissements publics prévus sont-ils suffisants pour faire

de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020?

L’objectif principal de cette étude est d’évaluer l’impact des politiques d’investissements

publics sur la croissance économique à long terme et sur le bien-être des populations. En

outre, il s’agit aussi de simuler des taux d’investissements publics beaucoup plus ambitieux

que ceux actuellement projeté et d’analyser leur impact sur la croissance économique et le

bien-être de la population.

La suite de cette étude est articulée comme suit : section suivante effectue une revue critique

de la littérature sur le lien entre les investissements publics, la croissance et le bien-être de la

population. La section 3 présente le cadre méthodologique. Cette section procède d’une part à

la description de la matrice de comptabilité sociale et le modèle d’équilibre général calculable

dynamique utilisés et d’autre part à l’exposé des scénarios de simulations retenues. La section

4 analyse et la discute les résultats obtenus et la dernière section conclut l’étude.

1. Revue de la littérature

La contribution de l’investissement en infrastructures ou de l’investissement de façon

générale à la croissance foisonne dans la littérature économique contemporaine. Davenport

(1982) montre qu’il existe un lien entre Investissement, progrès technique et croissance

économique. Ainsi on note qu’il existe deux grandes méthodes pour mesurer l’impact du

capital public sur la croissance économique ; notamment en équilibre partiel et en équilibre

général (Boccanfuso, Joanis, Paquet et Savard, 2014). La méthode d’estimation en équilibre

partiel consiste à estimer les coefficients d’élasticité en utilisant l’approche primale c’est-à-

dire à travers la fonction de production, l’approche duale qui en plus de l’utilisation de la

fonction de production intègre l’estimation des fonctions de coût de la firme et enfin la

méthode non-paramétrique qui a l’avantage de prendre en considération l’absence de linéarité

et où il n’est pas nécessaire d’avoir une forme fonctionnelle spécifique. La méthode en

équilibre général a pour principal avantage en comparaison avec la méthode précédente, de

prendre en considération l’impact d’un choc dans un secteur de l’économie sur les autres.

Page 100: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

99

Ainsi, de nombreux auteurs ont mesuré l’impact des investissements aussi bien public que

privés sur la croissance économique en utilisant des méthodes économétriques en équilibre

partiel. Veganzones (2000), fait une synthèse de l’état de la littérature théorique et empirique

sur la relation entre investissement dans les infrastructures et la croissance économique. Il

montre en outre qu’il y’a une complémentarité entre investissement public et privé. Roy

(2004) pense que le développement des infrastructures de transport est source de croissance et

que l’un des enjeux les plus importants sur cette question est le sens de la causalité entre ces

deux variables.

Abou (2007), effectue une analyse économétrique en deux étapes pour mesurer l’impact des

dépenses publiques et des investissements privés sur la croissance dans la zone UEMOA13

. Il

effectue d’abord une analyse en série temporelle puis en utilisant des données de panel pour

mettre en lumière les possibles effets communs entre la structure des dépenses publiques et la

croissance économique dans l’union. Concernant le cas spécifique de la Côte d’Ivoire,

Ouattara (2011) utilise un modèle à équations simultanées pour mesurer l’impact de la

corruption sur les investissements publics et privés et sur la croissance. De même Aka (2007),

vérifie la relation entre le financement des investissements par l’épargne intérieure pour la

Côte d’Ivoire et le Ghana sur la période 1960-1998 et aboutit à la conclusion selon laquelle en

Côte d’Ivoire les investissements sont financés en partie par l’épargne intérieure

contrairement au Ghana. Enfin, ESSO (2009), étudie le lien de causalité entre l’épargne,

l’investissement et la croissance économique en Côte d’Ivoire et parvient au résultat selon

lequel le taux d’investissement et le PIB par tête causent le taux d’épargne et le taux

d’investissement cause le PIB par tête.

Les études ayant utilisées une analyse en équilibre générale se subdivisent en deux groupes. Il

y’a d’abord celles qui ont mis l’accent sur l’impact des investissements en infrastructures

publiques sur la croissance économique (Sompt et Dumont, 2000 ; Zhang,Wang et

Chen,2012). Ils montrent dans leurs travaux que non seulement les investissements en

infrastructures publiques peuvent être source de croissance économique mais également d’une

croissance inclusive. De même que les auteurs précédents, Tenekhy (2013), montre dans une

étude sur l’Egypte que les investissements en infrastructures publiques ont aussi un impact

positif sur l’emploi. Le financement de ces dépenses publiques en infrastructure a été abordé

par Vaqar, Ahsan et Sofia (2013), et Corong, Dacuycuy, Reyes et Taningco (2012). Ils

13

UEMOA : Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest

Page 101: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

100

identifient deux sources de financement notamment l’augmentation de la taxation sur la

production et l’endettement extérieur aboutissant toutes deux au même résultat :

l’amélioration des indicateurs macroéconomiques et la réduction de la pauvreté à long terme.

Bayoudh (2012), en plus des deux sources de financement sus mentionnées, ajoute une

troisième, le financement par le crédit intérieur. Dans ce cas, du fait de la rareté des

ressources, l’accroissement des dépenses publiques peut avoir un effet d’éviction sur les

investissements privés.

Outre la mesure de l’impact des investissements en infrastructures publics, certains auteurs

ont tout simplement cherché à évaluer l’impact d’un accroissement du taux d’investissement

global sur les performances économiques et le bien-être des populations à long terme avec des

modèles d’équilibre général calculable. Zidouemba et Gérard (2013), montrent qu’une

politique d’accroissement des investissements publics est efficace surtout si elle est

accompagnée de mesures favorisant l’emploi des plus pauvres. L’effet des investissements

directs étrangers (IDE) et de l’aide publique au développement en particulier ceux de la Chine

en Afrique a aussi été analysé (Sawadogo, Tegawende, Natama, Bama, Tapsoba etZerbo,

2015 ; Yélé, 2016). Ils trouvent que ces investissements ont un impact positif sur la

production sectorielle, les conditions de vie des ménages et sur le niveau du PIB réel.

Cette revue montre que l’impact des investissements en infrastructure est significatif sur la

croissance et l’amélioration du niveau de vie des populations fut-elle substantielle. Elle

montre également que dans leur grande majorité, les modèles d’équilibre général calculable

ont plutôt mis l’accent sur l’évaluation de l’accroissement des dépenses publiques en

infrastructure qui est un investissement matériel plutôt que sur l’impact de l’investissement

total qui en plus des investissements matériels comprend aussi les investissements immatériels

tels que la recherche et développement, la formation, les structures de gestion, l’organisation

de la production qui occupent une place de plus en plus importante dans le volume total des

investissements. La section suivante présentera les données et la méthodologie de l’étude.

2. Données et méthodologie

Dans cette section, l’on présente dans un premier temps la matrice de comptabilité sociale de

la Côte d’Ivoire pour l’année 2007 et ensuite, le modèle d’équilibre général calculable qui à

servit de base aux simulations. Les sections du modèle qui sont présentées concernent la

Page 102: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

101

production, les facteurs de production, celles de sa dynamique et enfin les équations

d’équilibres macroéconomiques et de sa fermeture.

2.1. La matrice de comptabilité sociale

La Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) de cette étude a été construite principalement à

partir du Tableau des Ressources et des Emplois (TRE) de 2007 de l’Institut National de

Statistique (INS). Cependant, certaines données ont été compilées auprès de la Direction de la

Comptabilité Publique et de l’Economie (DCPE/article 4), de la Banque Centrale des Etats de

l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), de la Direction générale des Impôts (DGI) et de la Direction

Générale de l’Economie (DGE).Cette matrice de comptabilité sociale comporte 84 comptes

subdivisés en six catégories : les facteurs de production les agents, les branches de production,

les produits destinés au marché intérieur ou domestique les exportations les taxes et

l’accumulation.

On distingue quatre facteurs de production qui sont le travail qualifié, le travail non qualifié le

capital publique et le capital privé. La MCS comporte neuf catégories de ménage (les salariés

du public, les salariés du privé formel, les salariés du privé informel, les agriculteurs

industriels (destiné à l'exportation), les agriculteurs vivriers, les éleveurs, les pêcheurs, les

indépendants et employeurs non agricoles et les inactifs), un compte pour le gouvernement,

les entreprises ainsi que les reste du monde. On a dix-neuf branches de production ainsi que

dix-neuf produits. Les produits exportables sont au nombre de seize. Au niveau de

l’accumulation, on établit une différence entre les investissements privés, les investissements

publics et la variation des stocks.

La consommation finale représente une part importante de la demande domestique pour

certaines branches comme l’agriculture vivrière l’élevage, la chasse et la pêche où elle

représente au moins 82% (Tableau 1). Le poids de l’Etat dans le secteur de l’éducation et de

la santé est prépondérant avec respectivement 92% et 72% des dépenses dans ces secteurs.

Dans le secteur de la construction, l’investissement occupe une place importante dans la

demande domestique.

Quant aux impôts et taxes en vigueur en Côte d’Ivoire, ils se subdivisent en impôt sur le

revenu, autres impôts sur la production nets de subvention, la TVA sur la production

Page 103: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

102

domestique, autres impôts sur les produits nets de subvention, la TVA sur les importations,

les droits de douanes sur les importations et les droits de douanes sur exportions.

Tableau 1 : Caractéristiques des secteurs de production.

Source : MCS

La décomposition du PIB (Tableau 2) indique que la consommation finale représente une part

importante des dépenses (environ 84,12%) soit 71,40% pour la consommation privée et

14

C : Consommations publiques, Q : Demande domestique, IP : Investissement privé, IG : Investissements

publiques, CG : Dépenses publiques, Y : Productions nationales, Ytot : Total productions nationales, CI :

Consommations intermédiaires, EX : Exportations, IM : Importations, VA : Valeur ajoutée, VAtot : Valeur

ajoutée totale. 15

1. Agriculture vivrière 2.Agriculture industrielle et d’exportation 3.elevage et chasse 4.Sylviculture et

exploitation forestière 5.Pêche 6.Activités extractives 7. Industrie agroalimentaire 8.Textile cuire et habillement

9. Autres activités industrielles 10.Electricité eau et gaz 11.Construction 12.Commerce 13.hebergement et

restauration 14. Transport et communication 15.Activités financières 16.Administration publique 17.Education

18.Santé et action sociale 19.Autres services.

C14

/Q CG/Q IG/Q IP/Q Y/Ytot CI/Q EX/Q M/Q VA/VAtot

1 Agri. vivrière15

83.00 0.00 0.00 0.00 7.85 15.78 0.47 3.62 12.89

2 Agri. d’exportation 11.19 0.00 0.00 0.20 9.12 27.50 59.94 1.12 12.93

3 Elevage et chasse 82.46 0.00 0.00 0.00 1.16 17.44 0.12 9.34 1.83

4 Syl. et exploit.forest. 51.56 0.00 0.00 1.47 1.95 30.72 4.62 0.03 2.66

5 Pêche 83.52 0.00 0.00 0.00 0.19 50.77 3.83 70.65 -0.28

6 Activités extractives 0.00 0.00 0.00 0.00 3.61 93.28 27.71 52.89 -6.95

7 Indust. Agroaliment. 54.77 0.00 0.00 0.00 11.59 15.75 26.38 14.17 18.60

8 Textiles, cuir et hab. 62.36 0.00 0.00 0.00 1.44 22.05 36.52 15.34 2.09

9 Autres acti. Indust. 20.69 0.16 1.48 3.73 25.11 46.68 26.78 20.96 20.19

10 Electricité, eau et gaz 25.17 0.00 0.00 0.00 1.61 64.70 10.13 0.33 1.11

11 Construction 7.61 0.00 24.59 62.00 2.71 4.53 0.57 0.26 5.08

12 Commerce 0.00 0.00 0.00 0.00 6.74 99.75 0.25 0.27 0.00

13 Hébergt et de restau. 78.76 0.00 0.00 0.00 0.51 3.46 17.78 60.49 0.91

14 Transports et comm. 57.43 0.00 0.00 0.00 7.36 33.50 9.07 16.35 8.67

15 Activités financières 23.53 0.00 0.00 0.00 2.75 68.84 7.64 14.65 1.04

16 administration pub. 0.00 100 0.00 0.00 4.49 0.00 0.00 0.00 8.83

17 Education 7.77 92.14 0.00 0.00 1.63 0.09 0.00 0.00 3.20

18 santé et act. sociale 27.70 72.30 0.00 0.00 0.59 0.00 0.00 0.00 1.16

19 Autres services 29.94 0.00 0.00 0.00 9.59 61.23 8.83 9.87 6.04

Total 100 100.

Page 104: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

103

12,71% pour la consommation publique. Quant à la formation brute du capital fixe, elle est

majoritairement privée (5,73% du PIB pour la FBCF pour le privé contre 2,24% pour le

public). La balance commerciale affiche un solde positif représentant 10,34% du PIB et la

variation des stocks un solde négatif représentant 2,24% du PIB. Les ressources pour financer

ces dépenses proviennent principalement du secteur secondaire dans une proportion de

40,88% du PIB, suivi du secteur tertiaire (36,04% du PIB) et enfin le secteur primaire

représentant 23,08% du PIB.

Tableau 2 : Décomposition du PIB et financement de l'investissement

Source : MCS

Les impôts sur le revenu constituent la source de revenu la plus importante pour le

gouvernement (22,18%). Viennent ensuite les droits et taxes sur les importations (19,31%), la

rémunération du capital (15,57%) et les taxes à l’exportation (14,20%). Ces revenus sont

alloués pour l’essentiel aux dépenses d’administration publique, à l’éducation, à la santé et

16

FBCF : Formation Brute du Capital Fixe

PIB (milliards F CFA) 10318940

Dépenses (% PIB)

Consommation totale dont: 84.12

Consommation privée 71.40

Consommation publique 12.71

FBCF16

privée 5.73

FBCF publique 2.24

Variations de stock -2.42

Exportations 44.99

Importations 34.65

Solde commercial 10.34

Sources (% PIB)

Valeur ajoutée du secteur primaire 23.08

Valeur ajoutée du secteur secondaire 40.88

Valeur ajoutée du secteur tertiaire 36.04

Valeur ajoutée Totale (∑VA) 100.00

Financement de l'investissement (% PIB)

Epargne publique 0.38

Epargne des ménages 3.84

Epargne entreprises 0.00

Epargne étrangère 1.32

Investissement total 7.78

Page 105: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

104

des transferts aux ménages (voir Tableau 3 ci-dessous). On peut remarquer que les

indépendants non agricoles, les agriculteurs de vivriers et les ménages dans le secteur privé

(formel et informel) sont les catégories de ménage qui profitent le plus des transferts du

gouvernement.

Tableau 3 : Sources de revenu et postes budgétaires du gouvernement

Source : MCS

Valeur (en milliards de

FCFA)

Part en %

Dépenses

Transferts aux ménages

Salariés du public 48972 2.45

Salariés du privé formel 97520 4.89

Salariés du privé informel 95436 4.78

Agriculteurs industriels 60753 3.04

Agriculteurs vivriers 110524 5.54

Eleveurs 16526 0.83

Pêcheurs 1023 0.05

Indépendants et employés non agricoles 152600 7.64

Inactifs 36751 1.84

Transfert au reste du monde 24481 1.23

Dépenses de biens autres activités industrielles 10289 0.52

Administration publique 950248 47.60

Education 304671 15.26

Santé 86356 4.33

TOTAL 1996149 100.00

Valeur (en milliards de

FCFA)

Part en %

Capital public 310735 15.57

Impôts sur le revenu 442820 22.18

Autres impôts sur la production nets de

subvention

55021 2.76

TVA sur la production domestique 246570 12.35

Autres impôts sur les produits nets de subvention 40409 2.02

Droits de douanes sur les importations 385381 19.31

TVA sur les importations originaires du reste du

monde

113999 5.71

Droits de douanes sur les exportions 283468 14.20

Transferts reçus du reste du monde 117746 5.90

TOTAL 1996149 100.00

Page 106: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

105

2.2.Le modèle

Le modèle utilisé dans cette étude est une adaptation à l’économie ivoirienne du modèle PEP-

1-t développé par Decaluwé, Lemelin, Maisonnave, et Robichaud (2010). Les principales

parties de ce modèle à savoir la production, les facteurs de production, la dynamique du

modèle, les équilibres macroéconomiques et la fermeture du modèle sont décrites de la façon

suivante.

2.2.1. La production

Dans le processus de production, les hypothèses suivantes ont été retenues. Les facteurs de

production son substituables dans la détermination de la valeur ajoutée selon une relation

CES. Il existe une parfaite complémentarité à la Leontief entre, d’une part, les intrants

intermédiaires et, d’autre part, entre ces derniers et l’ensemble des facteurs de production.

La valeur ajoutée dans la branche agricole est déterminée par la combinaison du facteur terre

et d’un facteur composite à travers une relation CES. Ce facteur composite est lui-même

obtenu à l’aide d’une fonction CES entre le capital et le travail. Dans les autres branches de

production, la valeur ajoutée est déterminée par le travail et le capital selon une relation CES.

La valeur ajoutée dans chaque branche de production est déterminée par la relation suivante :

ktj

ktj

tj

kt

j

kt

tj

kt

j

kt

jtj DKCDTCAVA

1

,,, 1

Où :

tjDTC ,: Demande de travail composite

tjDKC ,: Demande de capital composite

jA : Paramètre d’échelle de la fonction CES entre le travail et le capital

j: Paramètre de distribution de la fonction CES entre le travail et le capital

j : Paramètre de distribution dans la fonction CES entre le travail et le capital avec

j

1

Page 107: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

106

2.2.2. Les facteurs de production

Le modèle distingue deux catégories du facteur travail : le travail qualifié (TQ) et le travail

non qualifié (TNQ). Ces deux catégories sont supposées imparfaitement substituables dans

une fonction CES. Ainsi la fonction de demande de travail composite se présente sous la

forme suivante :

TNQTQlavec

DTCBWTI

WCDT

DTBDTC

tj

DT

j

tjl

tj

DT

jl

tjl

l

tjl

DT

jl

DT

jtj

DTj

DTj

DTDTj

,

,

1

,,

,,

,,

1

,,,,

,

Le facteur capital se subdivise en capital privé et en capital publique pour former ensemble le

volume total de capital selon une fonction CES.

PUBKPRVKkavec

DKCBRTI

RCDK

DKBDKC

tj

DK

j

tjk

tj

DK

jk

tjk

k

tjk

DK

jk

DK

jtj

DKj

DKj

DKDKj

_,_

,

1

,,

,,

,,

1

,,,,

,

tjkDK ,, : Demande de capital de type k par la branche j.

tjlDT ,, : Demande de travail de type l par la branche j.

tjlWTI ,, : Taux de salaire payé par la branche j pour le travail de type l, incluant les charges

sociales.

tjkRTI ,, : Taux de salaire payé par la branche j pour le capital de type k, incluant les taxes sur

le capital. DC

jB: Paramètre d’échelle de la fonction CES entre le capital privé et le capital public.

DT

jB: Paramètre d’échelle de la fonction CES entre le travail qualifié et le travail non qualifié.

DC

jk ,: Paramètre de distribution (CES capital composite)

DT

jl , : Paramètre de distribution (CES travail composite)

Page 108: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

107

DC

j: Elasticité (CES capital composite)

DC

j1

DT

j: Elasticité (CES travail composite)

DT

j1

DC

j: Elasticité de substitution (CES capital composite)

DC

j0

DT

j: Elasticité de substitution (CES travail composite)

DT

j0

Avec

DT

j

DT

jDT

jDC

j

DC

jDC

j et

11

2.2.3. La dynamique du modèle

La dynamique du modèle repose sur l’hypothèse que l’offre de travail croit au même rythme

que la population. Le volume des investissements publics et la variation des stocks. Ainsi

l’accumulation du capital de chaque type dans une branche donnée à la période t est égale au

capital de la période précédente diminué de la dépréciation de celui-ci auquel s’ajoute le

volume des investissements nouveaux (publics ou privés) dans cette branche. Les équations

de la dynamique du modèle se présentent comme suit :

tjkjktjktjk

ttpubktpubk

ttltl

INDKDKD

nINDIND

nLSLS

,,,,,1,,

,,1,,

,1,

1

1

1

tpubkIND ,, : Volume de nouveaux investissements publics de type k à la période t

tjkIND ,, : Volume de nouveaux investissements de type k dans la branche j à la période t

tn: Taux de croissance de la population.

jk ,: Taux de dépréciation du capital.

2.2.4. Equilibres macroéconomiques et fermeture du modèle

Les équilibres macroéconomiques suivants sont retenus dans le modèle. Il s’agit de l’égalité

entre l’offre et la demande sur le marché domestique, de l’équilibre également sur le marché

du travail et des capitaux. En outre, on suppose que l’investissement total est la somme de

Page 109: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

108

l’investissement public et de l’investissement privé et qu’il y’a égalité entre l’épargne et

l’investissement. Le solde de la balance courante est fixe de même que le taux de change et

les dépenses publiques. La Côte d’Ivoire étant un petit pays incapable d’influencer les prix

mondiaux, l’on a fixé les prix mondiaux à l’exportation et à l’importation.

3. Application et résultats

Cette section est consacrée à la présentation des scenarios de simulation et à l’analyse des

résultats de ceux-ci.

3.1.Les scénarios de simulations

Afin d’étudier l’impact des investissements publics sur la croissance de long terme de

l’économie ivoirienne et sur le bien-être des ménages, deux différentes simulations ont été

retenues.

Simulation 1

On simule un accroissement des investissements publics tel que prévu par le scénario

l’éléphant émergent du PND 2016 - 202017

. En outre, les autorités ivoiriennes prévoient

financer ces investissements par endettement intérieur et extérieur selon des proportions telles

que précisées dans le tableau ci-dessous.

17

Le PND 2016 – 2020 prévoit trois scenarios : l’éléphant au repos, le triomphe de l’éléphant et l’éléphant

émergent qui prévoit une forte croissance du PIB réel entretenu par des investissements massifs.

Page 110: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

109

Tableau 4 : Volume d’investissement et source de financement selon le PND 2016-2020

2016 2017 2018 2019 2020

Volume d’investissements (% du PIB) 7,8 8 8,5 8,7 8,8

Financement intérieur 5018

45 60 60 60

Financement extérieur 50 55 40 40 40

Source : PND 2016-2020

Simulation 2

On simule un accroissement des investissements publics tel que le taux global des

investissements soit de 35% sur la période 2016 – 2025.

Tableau 5 : Volume d’investissements estimé (% du PIB) et sources de financement (%)

2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025

Inv.19

global 35 35 35 35 35 35 35 35 35 35

Inv. publics 13,5 13,2 13,28 13,06 12,83 12,83 12,83 12,83 12,83 12,83

Inv. privés 21,5 21,8 21,72 21,94 22,17 22,17 22,17 22,17 22,17 22,17

Fin.

intérieur

50 45 60 60 6020

60 60 60 60 60

Fin.

extérieur

50 55 40 40 40 40 40 40 40 40

Source : Estimations de l’auteur

18

Calculs effectués à partir du PND 2016 - 2020 19

Inv. pour Investissement et Fin. pour Financement 20

De 2020 à 2025 nous faisons l’hypothèse que le taux des investissements publics est de 12,83% du PIB et que

les investissements sont financés à hauteur de 60% par le crédit intérieur et 40% par la dette extérieure.

Page 111: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

110

3.2.Analyse des résultats

Simulation 1

Tableau 6 : Impact sur les investissements, les salaires et le taux de croissance (variation en

pourcentage par rapport à la situation de référence).

2016 2017 2018 2019 2020

Investissement privé 1.26 1.46 1.52 1.54 1.18

Salaire travail qualifié 0.73 0.85 0.89 0.91 0.68

Salaire travail non qualifié 5.56 6.45 6.77 6.94 5.15

Taux de croissance du PIB 2.59 3.01 3.16 3.23 2.40

Source : Calculs de l’auteur

Le tableau 6 indique que l’augmentation des investissements tel que prévu par le PND 2016 –

2020 aura un effet positif sur le taux de croissance du PIB. Celui-ci augmente continuellement

jusqu’en 2019 pour atteindre le niveau de 3,23% pour ensuite retomber à son niveau de 2015

(2,40%).

On note également une hausse des investissements privés dont le niveau augmente jusqu’en

2019 (1,54%) pour ensuite revenir à son niveau de 2015 (1,18%). L’accroissement du niveau

d’investissements privés peut s’expliquer par le mode de financement mixte adopté par les

autorités ivoiriennes. En effet le financement en partie par l’endettement extérieur et donc par

l’épargne étrangère permet de réduire, voire d’éviter l’effet d’éviction des investissements

privés si les investissements publics étaient financés entièrement par le crédit intérieur. Dans

ce cas l’épargne intérieure devrait financer à la fois les investissements publics et privés qui

auraient pu être évincés par l’accroissement des investissements publics. Par ailleurs, le

tableau 7montre que la politique d’accroissement des investissements publics a un effet positif

sur le rendement du capital privé dans toutes les branches de production ce qui pourrait être

bénéfique aux ménages capitalistes qui disposeraient ainsi de plus de ressources à consacrer

aux investissements.

L’accroissement des investissements publics et privés entraînera une augmentation du niveau

de production mais aussi de la dépense publique. Cette hausse de la demande de travail dans

l’économie aura pour effet une augmentation du taux de salaire du travail. Les résultats de la

simulation 1 (voir Tableau 6) montrent cependant que la hausse du taux de travail non qualifié

est beaucoup plus importante que celle du travail qualifié. Le revenu des ménages va donc

s’améliorer, ce qui aura un impact positif sur le bien-être de ceux-ci mesuré par la variation

Page 112: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

111

équivalente du revenu21

comme le montre les résultats du Tableau 8. Le bien être des salariés

du public, des salariés du privés formels et des inactifs à l’année avant la prise en compte des

effets de l’accroissement des investissements dans le cadre du scénario « l’éléphant

émergent » qui était en baisse a connu une amélioration suite à l’application de cette mesure.

De même, les autres catégories de ménage, qui connaissaient auparavant une amélioration de

leur bien-être, ont vu leur situation s’améliorer davantage.

Tableau 7 : Rendement du capital privé (variation en pourcentage par rapport au scenario de

référence)

Source : Calculs de l’auteur

21

La variation équivalente du revenu VE est ce qu’il faut soustraire (ajouter) du revenu initial pour qu’au

système de prix initial, l’agent ait le même niveau de bien être qu’au système de prix final avec le revenu initial.

Une variation équivalente positive correspond à une amélioration et une variation équivalente négative une

détérioration.

01

0

1 YDMP

PYDMVE

i

i

i

Où YDM représente le revenu disponible des ménages avant et après

le choc, iP les prix des biens composites et i la part relative de la consommation du bien i dans la

consommation totale des ménages.

2016 2017 2018 2019 2020

1 Agriculture industrielle et d’exportation 1.92 2.20 2.24 2.22 1.83

2 Elevage et chasse 3.28 3.73 3.74 3.64 3.18

3 Sylviculture et exploitation forestière 2.38 2.72 2.75 2.71 2.29

4 Pêche 1.87 2.14 2.19 2.19 1.78

5 Activités extractives -0.37 -0.39 -0.31 -0.22 -0.42

6 Industrie agroalimentaires 0.47 0.58 0.68 0.76 0.37

7 Textiles, habillement et cuir 1.31 1.51 1.56 1.58 1.22

8 Autres activités industrielles 1.38 1.58 1.62 1.61 1.31

9 Electricité, gaz et eau 1.06 1.23 1.27 1.29 0.99

10 Construction 2.42 2.76 2.77 2.71 2.34

11 Commerce 1.76 2.00 2.00 1.95 1.71

12 Transport et communication 1.70 1.94 1.96 1.93 1.64

13 santé et action sociale 0.85 0.99 1.05 1.08 0.78

14 Autres services 1.62 1.86 1.90 1.89 1.54

Page 113: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

112

Tableau 8 : Variation équivalente du revenu des ménages (variation en pourcentage par

rapport au scenario de référence)

Source : Calculs de l’auteur

Simulation 2

L’objectif de la simulation 2 est de mesurer sur une longue période l’impact des

investissements publics plus importants que ceux prévus par les autorités ivoiriennes. On fait

l’hypothèse dans ce cas que les investissements publics sont insuffisants pour stimuler

fortement des taux de croissance du PIB afin que la Côte d’Ivoire devienne un pays

émergent.22

Il s’agit ici de comparer les résultats de cette simulation à ceux la simulation

précédente afin de tirer des conclusions et faire des recommandations en termes de politiques

économiques.

Les résultats de cette simulation montrent qu’une politique d’investissements publics plus

ambitieuse aura un effet beaucoup plus important que ceux observés suite à la mise en œuvre

du scénario « l’éléphant émergent » comme on peut l’observer dans le Tableau 9. En effet

l’accroissement des taux d’investissements privés sur la période 2016-2020 a presque

quadruplé par rapport à celui observé dans la première simulation. Celui-ci est passé en

moyenne de 1,35% du PIB à 5,04 % du PIB sur la période 2016-2025. Cet accroissement est

significatif même si on peut observer un essoufflement du rythme des investissements dans le

temps.

Des investissements plus ambitieux auraient également un fort impact sur la croissance

économique dont le niveau se situerait en moyenne à plus de 10% du PIB sur la période

22

Notons que les pays d’Asie tel que la Thaïlande et la Malaisie qui ont atteint l’émergence ont pratiqué sur une

longue période des taux d’investissement global de l’ordre de 35%.

2016 2017 2018 2019 2020

1 Salariés du public 21.67 9.99 17.99 7.16 4.90 2 Salariés du privé formel 25.36 12.51 21.18 9.24 6.58 3 Salariés du privé informel 23.54 11.26 19.65 8.23 5.77 4 Agriculteurs industriels 23.41 11.20 19.52 8.18 5.74 5 Agriculteurs vivriers 23.51 11.26 19.61 8.23 5.78 6 Eleveurs 38.09 11.30 19.68 8.24 5.77 7 Pêcheurs 23.93 11.60 19.95 8.51 6.01 8 Indépendants et employés non agricoles 22.33 10.45 18.55 7.53 5.20 9 Inactifs 21.67 9.99 17.99 7.16 4.90

Page 114: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

113

(précisément 10,18%). Une croissance de cette ampleur sur une période aussi longue aurait

très certainement un effet bénéfique sur l’économie ivoirienne. Le niveau de production s’en

trouverait fortement amélioré et une raréfaction des facteurs de production surtout le facteur

travail toutes choses étant égale par ailleurs se fera sentir. Le coût du travail sera donc plus

important surtout pour la main d’œuvre non qualifié.

Tableau 9 : Impact sur les investissements, les salaires et le taux de croissance (variation en

pourcentage par rapport à la situation de référence).

Source : Calculs de l’auteur

Tableau 10 : Rendement du capital privé

Source : Calculs de l’auteur

Comme indiqué précédemment dans la première simulation, des investissements publics plus

importants entraineraient un accroissement des investissements privés (voir Tableaux 9), On

observe encore une fois l’amélioration du rendement du capital privé ; et ce dans une

proportion plus importante surtout dans les secteurs de l’élevage, de la chasse, de la

construction et de la sylviculture comme indiqué dans le Tableau 10 ci-dessus.

2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025

Investissement privé 5.94 5.62 5.49 5.24 4.99 4.86 4.73 4.62 4.51 4.41 Salaire (TQ) 3.35 3.22 3.19 3.09 2.98 2.92 2.87 2.82 2.77 2.73 Salaire (TNQ) 23.48 22.78 22.72 22.13 21.53 21.29 21.06 20.83 20.61 20.40 PIB (taux de croissance) 11.07 10.73 10.69 10.41 10.12 9.99 9.87 9.76 9.65 9.54

2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025

1 AIE 9.03 8.36 7.97 7.42 6.91 6.55 6.23 5.92 5.65 5.39 2 ECH 16.61 14.93 13.86 12.54 11.34 10.49 9.72 9.03 8.40 7.83 3 SYL 11.83 10.80 10.17 9.33 8.56 8.01 7.52 7.06 6.65 6.27 4 PCH 8.64 8.08 7.78 7.31 6.85 6.53 6.24 5.96 5.71 5.46 5 XTR -2.83 -2.27 -1.83 -1.36 -0.93 -0.57 -0.25 0.05 0.32 0.57 6 IAA 0.96 1.42 1.82 2.12 2.35 2.55 2.70 2.82 2.92 2.99 7 TEX 5.69 5.46 5.38 5.16 4.93 4.79 4.65 4.51 4.38 4.25 8 OAI 6.34 5.92 5.69 5.34 5.01 4.78 4.58 4.39 4.22 4.06 9 EGE 5.32 4.92 4.72 4.41 4.13 3.97 3.82 3.69 3.57 3.47 10 CON 12.35 11.27 10.61 9.72 8.88 8.29 7.74 7.24 6.78 6.35 11 COM 8.93 7.95 7.34 6.63 6.01 5.59 5.23 4.91 4.64 4.40 12 TCO 8.41 7.65 7.18 6.59 6.05 5.68 5.35 5.05 4.79 4.56 13 SAN 3.52 3.46 3.49 3.43 3.36 3.34 3.32 3.30 3.27 3.24 14 OSV 7.56 7.03 6.73 6.29 5.87 5.59 5.34 5.10 4.88 4.68

Page 115: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

114

De façon générale, le revenu des ménages augmente. Ces derniers disposent d’une plus

grande capacité à épargner afin de financer l’investissement par le crédit intérieur.

L’accroissement de l’épargne des ménages est beaucoup plus important que dans la

simulation précédente (Tableau 12). Cette tendance générale cache cependant des disparités

selon les catégories de ménage. Les hausses les plus importantes sont réalisées chez les

ménages agricoles, ceux du secteur de l’élevage, les indépendants informels et les salariés du

privé.

Des taux d’investissement plus importants, une croissance économique plus forte, une baisse

du chômage suivie d’un accroissement de la production sont des facteurs favorisant une

augmentation de la demande de capital privé (Tableau 11) surtout à partir de 2018 dans les

secteurs de l’élevage, de la sylviculture et de la construction.

Tableau 11 : Demande de capital privé

Source : Calculs de l’auteur

2016 2017 2018 2019 20120 2021 2022 2023 2024 2025

1 AIE 0.00 0.58 1.10 1.59 2.02 2.41 2.77 3.09 3.39 3.66 2 ECH 0.00 1.53 2.88 4.12 5.22 6.18 7.05 7.84 8.55 9.19 3 SYL 0.00 0.91 1.73 2.47 3.14 3.73 4.27 4.75 5.19 5.59 4 PCH 0.00 0.53 1.02 1.48 1.90 2.29 2.64 2.97 3.27 3.54 5 XTR 0.00 -0.75 -1.43 -2.04 -2.59 -3.08 -3.52 -3.92 -4.28 -4.60 6 IAA 0.00 -0.36 -0.64 -0.87 -1.06 -1.20 -1.31 -1.40 -1.47 -1.52 7 TEX 0.00 0.19 0.36 0.54 0.70 0.85 0.99 1.13 1.25 1.37 8 OAI 0.00 0.25 0.48 0.69 0.87 1.02 1.16 1.29 1.40 1.49 9 EGE 0.00 0.14 0.26 0.35 0.43 0.49 0.54 0.57 0.60 0.63 10 CON 0.00 0.64 1.23 1.79 2.30 2.76 3.19 3.58 3.94 4.27 11 COM 0.00 0.56 1.03 1.44 1.77 2.05 2.29 2.49 2.66 2.81 12 TCO 0.00 0.51 0.95 1.34 1.67 1.96 2.21 2.43 2.62 2.79 13 SAN 0.00 -0.06 -0.12 -0.16 -0.20 -0.23 -0.25 -0.27 -0.29 -0.30 14 OSV 0.00 0.40 0.76 1.09 1.38 1.64 1.88 2.09 2.29 2.46

Page 116: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

115

Tableau 12 : Epargne des ménages23

Source : Calculs de l’auteur

Conclusion

Les objectifs de cette étude sont de deux ordres. D’une part elle évalue l’impact sur

l’économie ivoirienne et le bien-être des ménages de la politique d’investissements publics

envisagée par les autorités ivoiriennes et mesure si les effets sont suffisants pour permettre

une accumulation de richesse dans le long terme et assurer une croissance économique de

long terme et l’émergence du pays. D’autre part, elle mesure l’impact d’une politique

d’investissements publics plus importante telle que pratiquée dans les pays aujourd’hui

émergents d’Asie du sud est tel que la Malaisie et la Thaïlande. Pour cela, un modèle

d’équilibre général calculable dynamique séquentiel a été utilisé.

Les résultats des simulations indiquent que la mise en œuvre d’une politique

d’investissements publics envisagée dans le cadre du scénario « l’éléphant émergent » est

favorable à l’accroissement des investissements privés et au-delà, à l’investissement total, à la

croissance économique et à l’amélioration du bien-être de l’ensemble des ménages. La

croissance économique obtenue, en terme réel, n’est cependant pas suffisante pour permettre

une accumulation de la richesse à long terme24

au regard des taux de croissance obtenus et de

la croissance économique et de la population. C’est pourquoi, il est conseillé de mener une

politique d’investissements publics plus ambitieuse à l’instar de celle pratiquée dans les pays

23

1. Salariés du public 2. Salariés du privé formel 3.Salariés du privé informel 4.Agriculteurs industriels

5.Agriculteurs vivriers 6. Eleveurs 7.Pêcheurs 8.Indépendants 9.Chômeurs et inactifs. 24

La croissance de la population étant supérieure à plus de 2.5% (source : https://www.populationdata.

net/pays/Côte d’Ivoire/)

2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025

1 - Sal. Pub 5.66 5.47 5.44 5.28 5.11 5.04 4.96 4.89 4.83 4.76 2 - Sal. Priv.

formel 6.80 6.57 6.54 6.35 6.16 6.07 5.99 5.91 5.83 5.76 3 - Sal. Priv.

informel 11.56 11.20 11.15 10.85 10.55 10.42 10.29 10.17 10.05 9.94 4 - Agri. Indust. 17.35 16.82 16.77 16.33 15.89 15.70 15.52 15.35 15.18 15.02 5 - Agri. vivrier 20.82 20.19 20.13 19.61 19.08 18.86 18.65 18.44 18.25 18.06 6 – Eleveur 18.32 17.76 17.71 17.24 16.78 16.58 16.39 16.21 16.04 15.87 7 – Pêcheur 17.76 17.22 17.16 16.71 16.26 16.07 15.88 15.71 15.54 15.37 8 – Indépendants 14.90 14.45 14.40 14.01 13.63 13.47 13.31 13.16 13.01 12.87 9 - Chôm. et

Inactifs 5.83 5.64 5.60 5.44 5.28 5.20 5.13 5.06 4.99 4.92

Page 117: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

116

d’Asie du sud telle que la Malaisie. En effet, les autorités ivoiriennes se doivent,

conformément aux résultats de la deuxième simulation de réaliser un taux d’investissement

global de l’ordre de 35% sur une décennie. Dans ce cas, le taux de croissance en terme réel est

presque de dix pour cent en moyenne, la situation de l’emploi est nettement améliorée car la

demande de travail aussi bien qualifié que non qualifié augmente considérablement, la

productivité des facteurs surtout le capital s’améliore et la production augmente. Ainsi, le

revenu des ménages connaît une nette amélioration, ce qui a un impact positif sur leur bien-

être.

Le financement d’un tel niveau d’investissements pourrait être un réel défit pour les autorités

ivoiriennes. C’est pourquoi l’on recommande la mise en place d’une politique de lutte contre

la fraude et l’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques d’investissement afin de

réduire considérablement les perditions dans l’exécution des dépenses publiques

d’investissement. Pour des recherches futures, l’on pourrait étudier les modes de financement

pars les pays en développement de programmes d’investissements plus importants.

Page 118: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

117

Bibliographie

ABOU N. B. (2007), “structure des dépenses publiques, investissement prive et croissance

dans l’UEMOA”, Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Document d’étude et de

recherche, n°DER/07/04.

AFRICAN DEVELOPMENT BANK. (2009), Côte d’Ivoire: Global country strategy note

2009-2010, Février, (http://www.afdb.org/en/documents/document/2009-2010-cote-divoire-

global-country-strategy-note-18602).

AGOBDJI A., AMOUZOUVI K., BOUARE K., DIAGNE I., A. KIELEM (2013), “ Analyse

de l’impact de la hausse mondiale des prix et des politiques de réponse du gouvernement sur

la pauvreté”, PEP Working Paper, n° 2013-10.

AKA B. F. (2007), Relative effects of public and private investment on Côte d’Ivoire’s

economic

performance,(https://www.researchgate.net/publication/4881397_relative_effects_of_public

_and_private_investment_on_cote_d%27ivoire%27s_economic_performance).

AKA B. F. (2007), “the saving-investment relationships: a Markov switching causality

analysis of Côte d´Ivoire and Ghana”, Applied Econometrics and International Development,

Vol.7-2, p. 156-162.

AKA B. F. (2016), Quantitative impacts of basic income grant on income distribution in Côte

d’Ivoire: time to change our societies, (https://www.researchgate.net/publication/305315711).

BAYOUDH M. (2012), Investissement en infrastructure publique et croissance en Tunisie :

une analyse en équilibre général calculable, thèse de doctorat pour le grade de

Philosophiaedoctor (PhD), septembre (http://www.theses.ulaval.ca/2012/28823/).

BEKOUIN, K.A. (2002), “Analysis of poverty in rural area in Sub-Saharan Africa: case of ‟

Côte d’Ivoire”, African Journal of Economic Policy, vol. 9, n° 1, pp. 55-76.

BOCCANFUSO D., JOANIS M., PAQUET M. ET L. SAVARD (2014), “Impact de

productivité des infrastructures : Une application au Québec”, Cahier de Recherche GREDI

juin, n°15-06.

Page 119: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

118

CENTRE D’ANALYSE DES POLITIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES (2011),

Croissance et pauvreté au Burkina-Faso : Une approche en équilibre général calculable,

Rapport définitif, (www.izf.net/sites/default/files/croissance_pauvretr_au_burkina_faso.pdf).

CNUCED (2014), “ Catalyser l’investissement pour une croissance transformatrice en

Afrique”, Publication des Nations Unies, n° F.14.II.D.2.

COGNEAU D. ET S. MESPLE-SOMPT (1999), La Côte d’Ivoire peut-elle devenir un pays

émergent ?, Programme d’études Afrique émergente, juin

(http://www.oecd.org/fr/general/resultatsdela recherche).

CORONG E., DACUYCUY L., REYES R. ET A. TANINGCO (2012), “The Growth and

distributive Impacts of Public Infrastructure Investments in the Philippines”, PEP Working

Paper, n° 2012-15.

DAVENPORT P. (1982), “Investissement, progrès technique et croissance économique »,

L'Actualité économique, vol. 58, n°1-2, 1982, p. 153-190.

DASGUPTA, D. ET D. RATHA (2000), “Whats factors appear to drive private capital flows

to developing countries? And how does official lending respond?”,

(www.worldbank.org/research/workingpapers).

DECALUWE, B. (1996), Le Cadre comptable macro-économique et les pays en

développement, Édition Hurtubise, Montréal, 258 p.

DECALUWÉ, B., ADJOVI E. ET V. ROBICHAUD (2008), “Trade Policy and Poverty in

Benin: A general Equilibrium Analysis”, MPIA Working Paper, n°2008-14.

DECALUWÉ, B., A. LEMELIN, H. MAISONNAVE ET V. ROBICHAUD, (2010), "PEP-1-

T (Single-country, recursive dynamic version)", miméo, Poverty and Economic Policy (PEP)

research network, (www.pep-net.org/programs/mpia/pep-standard-cge-models/pep-1-t-single-

country-recursive-dynamic-version/).

DECALUWE, B., MARTENS A. ET L. SAVARD (2001), La politique économique du

développement et les modèles d’équilibre général calculable. Une introduction à l'application

de l'analyse méso économique aux pays en développement, Montréal, Presses de l’Université

de Montréal, 524 p.

Page 120: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

119

DIALLO S. S., KONE S. ET M. KAMAGATE (2010), “Ouverture Commerciale et

Distribution des Revenus en Côte D’Ivoire : simulation à l’aide d’un modèle d’équilibre

général calculable dynamique”, Cahier de recherche PMMA, n° 2010-5.

DUMOND J. C. ET S. MESPLE-SOMPT (2000), L'impact des infrastructures publiques sur

la compétitivité et la croissance : Une analyse en EGC appliquée au Sénégal,

(http://www.dial.ird.fr/media/ird-sites-d-unites-de-recherche/publications/doc_travail

recherche/publications/doc_travail/2000/2000-08).

ESSO L. (2009), “Epargne, investissement et croissance économique en Côte d'ivoire et

conséquences pour l'action des pouvoirs publics”, Politique économique et développement,

n°08/2008.

MITIK L.ET E. ENGIDA (2013), “Public investment in irrigation and training for an

agriculture-led development: a CGE approach for Ethiopia”, PEP Working Paper, n° 2013-

02.

ROY W. (2004), l'investissement public dans les infrastructures de transports est-il source de

croissance?, Laboratoire d'économie des transports, (https://halshs.archives-

ouvertes.fr/halshs-00103274/document).

SAWADOGO B., TEGAWENDE J., NATAMA M., BAMA F., TAPSOBA E. ET K.

ZERBO (2015), “Impact de l’expansion économique et commerciale de la Chine sur la

croissance et l’emploi au Burkina-Faso : une analyse en équilibre général calculable”, PEP

Working Paper, n°2015-03.

TENEKY M. (2013), Infrastructure publique, externalité et croissance économique en

Égypte. Approche en Équilibre Général Calculable, Mémoire présenté pour l’obtention du

grade de Maître ès arts (M.A.), (http://www.theses.ulaval.ca/2013/29742/).

VAQAR A., AHSAN A. ET A. SOFIA (2013), “public infrastructure and economic growth in

Pakistan: a dynamic CGE-microsimulation analysis”, PEP Working Paper, n° 2013-01.

VEGANZONES M. (2000), Infrastructures, investissement et croissance : un bilan de dix

années de recherches, CERDI, Clermont Ferrand, (http://cerdi.org/ed).

Page 121: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

120

YELE R., HUGUET M., KOLONDO JB., MBOUZELIKO R. ET C. WILI-KOE (2016), “Les

investissements chinois, une aubaine pour l’économie centrafricaine ?”, PEP Working Paper,

n° 2016-12.

ZHANG Y., WANG X. ET K. CHEN (2012), “Growth and distributive effects of public

infrastructure investments in China”, PEP Working Paper, n° 2012-07.

ZIDOUEMBA P. ET F. GERARD (2013), Investissement public et sécurité alimentaire au

Burkina- Faso, 7èmes Journées de la Recherche en Sciences Sociales (JRSS), Angers, France,

décembre (http://www.agritrop.cirad.fr/572615/).

Page 122: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

121

Quel système d’exploitation pour un élevage bovin durable en Côte d’Ivoire ? Une

analyse multi-critère par la méthode ANP (Analytic Network Process).

Trazié Bertrand Athanase YOUAN BI

Université Alassane OUATTARA, Bouaké (Côte d‟Ivoire)

Centre Suisse de Recherches Scientifiques / UMI-Résilience

[email protected]

Résumé

L‟élevage bovin est une activité multifonctionnelle et stratégique pour l‟économie ivoirienne.

Toutefois, plusieurs types d‟élevage (individuel, communautaire, à temps partiel) sont

pratiqués. L‟objectif de cette étude a été d‟identifier le système d‟élevage qui respecte au

mieux les critères de durabilité. Ainsi, nous avons effectué une étude comparative des

différents systèmes d‟élevage à la lumière des trois dimensions de la durabilité afin de

proposer le meilleur système aux décideurs et aux managers des exploitations bovines. Pour

atteindre cet objectif, la méthode multi-critère ANP a été utilisée par le biais d‟experts et de

praticiens d‟élevage. Il ressort que l‟accent doit être mis sur la productivité, la profitabilité

(l‟aspect économique) et la recherche de la cohésion sociale afin de pérenniser l‟élevage

bovin. Ces critères ont permis de montrer que les systèmes d‟exploitation à temps partiel et

communautaire peuvent constituer le socle d‟une stratégie de développement durable de

l‟élevage bovin en Côte d‟Ivoire.

Mots clés : Externalité, Elevage Bovin, Développement Durable, ANP, Aide à la Décision

JEL : C65, D61, D62, Q01, Q56

REVUE INTERNATIONALE DE GESTION ET D‟ECONOMIE SERIE B - ECONOMIE / NUMERO 1 - VOLUME 1 - Décembre 2016 / pp. 121-147.

Page 123: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

122

Abstract

The bovine breeding is a strategic activity for the Ivorian economy. Its development should

integrate the three aspects - economic, social, environmental - of sustainability. The objective

of this study was to identify the farming system that meets the best sustainability criteria.

Thus, we conducted a comparative study of different farming systems with reference to the

three sustainability dimensions in order to provide the best system for bovine holdings makers

and managers. To achieve this, the ANP method was used through experts and livestock

practitioners. It appears that the focus should be on productivity, profitability (the economic

aspect) and the search for social cohesion in order to sustain livestock. These criteria have

shown that part-time's breeding and breeding's system in community can be the basis of a

sustainable development strategy of the cattle in Côte d'Ivoire.

Key words: Externality, Livestock, Sustainability, Decision Making, ANP

JEL : C65, D61, D62, Q01, Q56

Page 124: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

123

Introduction

L‟élevage, ensemble d‟activités de domestication, d‟entretien et de reproduction d‟animaux

divers en vue d‟exploiter les divers produits à des fins alimentaires, commerciales,

socioculturelles, utilitaires, etc., est une pratique millénaire(AGRIDAPE, 2010).Aujourd‟hui,

outre les aspects productifs et le rôle dans les filières alimentaires et dans l‟économie, certains

auteurs évoquent d‟autres fonctions du système d‟élevage comme son rôle dans le maintien

des espaces ruraux ou encore sa contribution à l‟évolution et à la diversité des paysages

(Depigny, 2007 ; Crosson, et al., 2006).

L‟activité de l‟élevage en Côte d‟Ivoire concerne plus de 360 000exploitants avec une

production d‟environ 93 000 Tec minrah (2013) pour une population d‟environ 23 million

d‟habitants. Ainsi, l‟élevage reste encore une activité économique en développement, avec

une contribution d‟environ 4,5% au PIB agricole et 2% au PIB total (Coulibaly,2013). Face à

la demande sans cesse en hausse de la viande, la Côte d‟Ivoire est obligée de recourir à

l‟importation massive. En 2011, pour couvrir la demande nationale, elle a importé 83% de

laits et produits laitiers et 58% de viande de bovins (Coulibaly, 2013). Ces transactions

entrainent des sorties de devises et contribuent à la détérioration de la balance des paiements.

L‟Etat ivoirien avait voulu anticipé cette situation dès les premières années après son

indépendance. Les stratégies pour le développement de l‟élevage ont commencé à être mises

en place à partir des années 60 avec la création de stations et centres d‟élevages (ranch de

Sipilou en 1964), de structures de recherche, de vulgarisation et d‟encadrement (Société de

Développement des Productions Animales en 1972) et la réalisation de nombreux projets

d‟élevage de 1972 à 1994.

Le désengagement de l‟Etat des activités de production et de commercialisation au profit du

secteur privé (imposé par les Programmes d‟Ajustement Structurel (PAS)), s‟est traduit par la

fermeture en 1993, de la SODEPRA et la création de structures de recherche, telles que le

Centre National de Recherche Agronomique (CNRA), de vulgarisation telle que l‟Agence

Nationale d‟Appui au Développement Rural (ANADER), d‟analyse et de diagnostic: le

Laboratoire National d‟Appui au Développement Agricole : (LANADA), de financement et

du conseil : le Fonds Interprofessionnel pour la recherche et le Conseil Agricoles (FIRCA)

ainsi que la libéralisation de la profession vétérinaire.

Après plusieurs décennies de la mise en œuvre de ces politiques, force est de constater que les

actions entreprises sont restées timides. Les différentes crises sociopolitiques ainsi que

l‟instabilité institutionnelle du Ministère en charge des ressources animales n‟ont pas amélioré

Page 125: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

124

la situation. Les problèmes d‟encadrement, de performance zootechnique, de financement, de

rentabilité économique et financière des fermes demeurent (Coulibaly, 2013).

Cet échec peut être attribué à la non-prise en compte des exigences du développement durable

par les différentes stratégies et politiques d‟élevage durant toutes ces années. En effet, la

durabilité agricole doit intégrer de façon verticale tous les niveaux (national, local et dans les

fermes), de façon horizontale tous les aspects (économique, social, écologique) et de façon

temporelle le long et le court terme (Hayati et al.,2010; Zhen et al.,2003; Wane, 2006).En

outre, ce développement doit s‟intéresser à l'interaction entre tous les niveaux, car chaque

niveau trouve l‟explication de son mécanisme dans le niveau inférieur, et sa signification dans

les niveaux supérieurs (Hayati et al., 2010).

En côte d‟Ivoire le constat est tout autre. Les stratégies de développement, jusqu‟à

maintenant, ont abordé la problématique de la pérennisation du système d‟élevage en

reléguant au second plan le niveau local et les exploitations agricoles (Coulibaly, 2013).

La politique ivoirienne d‟élevage devrait plutôt analyser les différents systèmes d‟exploitation

en présence afin de proposer celui présentant le meilleur profil pour un développement

durable (Barry, 1975; Youan Bi et al., 2010; Wane, 2006).

Dès lors, la question fondamentale est de savoir lequel des systèmes d‟exploitation est le plus

favorable à un élevage durable ? Autrement dit, quels sont les critères à même de déterminer

la durabilité de l‟élevage bovin en Côte d‟Ivoire ? Quel est le système d‟exploitation qui se

rapproche au plus de la notion de durabilité ?

L‟identification d‟un tel système entrainera sans aucun l‟élevage ivoirien sur le sentier du

développement durable.

L‟objectif de cette étude est d‟identifier le système d‟élevage qui respecte au mieux les

critères de durabilité. Ainsi, nous effectuerons une étude comparative des différents systèmes

d‟élevage à la lumière des trois dimensions de la durabilité afin de proposer le meilleur

système aux décideurs et aux managers des exploitations bovines.

Dans une deuxième partie, nous développerons le cadre d‟analyse, puis la méthodologie de

l‟étude empirique sera exposée et enfin les résultats issus de l‟étude seront présentés et

analysés.

Page 126: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

125

1. Systèmes pastoraux dans la théorie économique

La question est parfois posée de savoir dans quelle mesure la théorie et les méthodes

d‟analyse économique peuvent aider à comprendre la logique et les mécanismes des systèmes

pastoraux. En effet, la place de l‟analyse économique reste relativement marginale. Elle se

voit souvent reléguée aux motivations les plus fondamentales d‟une part, et aux aspects

relatifs à la vente du bétail (Faye et al. 2001 ; Delgado et al. 1999). Au fait, d‟un côté, on

admet généralement que les pasteurs sont, comme tout un chacun, des ambitions humaines

facilement traduisibles en termes économiques : la volonté d‟assurer pour eux-mêmes, leurs

familles et leurs descendants les moyens d‟acquérir les besoins fondamentaux (alimentation,

habillement, abri), et de posséder et de faire fructifier des actifs et/ou un capital. De l‟autre

côté, on reconnait que l‟analyse économique s‟applique naturellement aux phénomènes de

marché, à l‟étude de la structure, du fonctionnement et de l‟efficience économique des

échanges des produits de l‟élevage. A un niveau plus macroéconomique, elle permet aussi

d‟examiner la mesure dans laquelle, et avec quelle efficacité relative, les ressources nationales

concourent à satisfaire, par la production et les importations, aux besoins d‟un pays en

protéines animales.

Qu‟en est-il cependant de l‟application de méthodes d‟analyse économique aux pratiques,

cadres décisionnels, ou aux stratégies qui se situent au niveau « intermédiaire » : tout ce qui

concerne la gestion et la conduite du bétail, les rapports avec d‟autres types d‟activités

économiques ?

En effet, si on peut appliquer aux marchés des produits de l‟élevage une analyse résolument

économique, financière, voire d‟économie politique, il en va tout autrement pour ce qui est

des systèmes de production, où une approche multidisciplinaire est indispensable. La question

peut se poser de façon suivante : « sous quelle forme, et par rapport à quels aspects des

systèmes de production, peut-on utilement intégrer l‟analyse économique dans la « trousse des

outils » de recherche appliqués aux systèmes pastoraux ?

L‟outil principal utilisé est l‟économie des ressources naturelles. Celle-ci traite des aspects

économiques de la gestion par l‟individu, ou par la communauté dont il est membre, de

ressources qui constituent des biens communs ou publics (Josserand, 1994).

Nous pouvons mieux cerner l‟analyse des systèmes d‟élevage par les concepts clés de biens

publics et communs, d‟externalité et de coûts et bénéfices privés/sociaux.

Page 127: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

126

1.1.Biens publics et communs en élevage

Les biens publics sont les biens non privés qui dépassent de loin l‟intérêt et les capacités

d‟investissement et de gestion des communautés. Ils sont gérés par 1‟Etat au nom de la nation,

souvent de façon imparfaite, inefficace, ou peu équitable. Dans ce domaine, selon

Josserand(1994), une gestion effective devrait, idéalement, reposer sur certaines conditions

préalablement remplies : i) l‟accès aux ressources par les membres de la société, cohérent

avec les grandes orientations de politiques nationales, est défini et réglementé à travers le

processus politique, que ce soit par procédé législatif ou par fait ; ii) la société reconnaît la

légitimité de l‟Etat, qui dispose du pouvoir de faire respecter cette réglementation ; iii) la

réglementation de l‟accès aux ressources publiques est suffisamment évolutive pour refléter

les grands changements démographiques, écologiques ou politiques intervenant dans la

société.

L‟on sait bien que ces conditions sont rarement satisfaites, et puisque la gestion de ces biens

”happe aux communautés, les éleveurs ont tendance à adopter des stratégies individuelles ou

familiales conduisant à une surexploitation des ressources, à la « tragédie des communs »

(Hardin, 1968).

Dans le cas de la gestion des biens publics lies à l‟élevage, l‟analyse économique porte donc

non seulement sur l‟investigation du fonctionnement et de l‟efficacité de divers systèmes

pastoraux, mais aussi, et surtout, sur la compréhension de l‟interaction entre ces systèmes et

leur contexte politico-économique : la communauté nationale ou régionale.

Quant aux biens communs dans l‟élevage, ils peuvent concerner des pâturages, forêts, points

d‟eau naturels ou aménagés, que la communauté (village, groupe de villages, fraction de clan

ou de tribu) gère à l‟usage de ses membres. Par définition, aucun membre de la communauté

ne peut s‟arroger l‟usage exclusif et permanent d‟une partie de ces ressources, ce qui

reviendrait à « privatiser » un bien commun.

La gestion de biens communs tels que les pâturages, les points d‟eau pour bétail par une

communauté s‟avère plus difficile, surtout quand on adopte une vision dynamique de ces

ressources. Par exemple dans cette gestion, il faut prendre en compte, le changement

saisonnier de l‟état des ressources et de l‟inventaire écologique, ou gérer la mise en place

« d‟investissements » extérieurs (puits, forages, pistes) alors que les règles d‟usage et de

maintenance pour ces nouveaux biens communs ne sont quasiment jamais définies a priori

(Thébaud, 1990).

Page 128: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

127

1.2.Externalités en élevage

Une notion fondamentale en économie des ressources naturelles est celle des externalités.

Initialement proposé par Sidgwick (dans les années 1880) et Marshall (1890), puis développé

par Pigou (1920), le concept d‟externalité permet de rendre compte des interdépendances ou

interactions hors marché, entre fonctions d‟utilité et/ou de production. Plus formellement, la

fonction objectif d‟un agent comprend des arguments dont les valeurs sont déterminées par

d‟autres agents qui ne reçoivent ni compensations (en cas de bénéfices), ni ne payent de

pénalités (en cas de coûts) pour ces valeurs imposées aux autres.

Ces externalités peuvent donc être positives. C‟est le cas de l‟implantation d'une activité au

voisinage d'une autre qui bénéficie des synergies des effets induits par cette nouvelle

proximité. Dans le cas de l‟élevage traditionnel, une externalité positive classique est l‟effet

fertilisant de la fumure. Les communautés rurales ont depuis longtemps reconnu que ce type

d‟externalité pouvait être intégré, ou pris en compte économiquement, par divers systèmes

complexes d‟association agriculture-élevage.

Ces externalités sont souvent négatives. Elles s‟illustrent en général par des coûts

écologiques : fumées, nuages toxiques, bruit, encombrement, dégradation des sites, disparition

des espèces naturelles, épuisement du sol et du sous-sol…Ainsi la concentration d'animaux

nécessitée par l'élevage intensif favorise au stade de l'éleveur une plus grande productivité et

par suite un meilleur prix de revient de la fabrication de la viande. Mais - en aval- il ne faut

pas méconnaître le fait que ce mode d'élevage augmente le risque d'occurrence de coûts non

ou mal comptabilisés. Comme par exemple ceux liés aux risques de pandémie (les épisodes

récents de grippes porcine et aviaire, ou de celui de la vache folle) dont les coûts seront

finalement payés par la collectivité qui les subit.

Les externalités peuvent être techniques (Weber, 1997), pécuniaires (Scitovsky, 1954),

technologiques (Antonelli, 1995), de position (Frank, 2008 ; Mason, 2000)

La notion d'externalité est au cœur du débat sur le rôle respectif de l'Etat et du marché. Pour

les économistes libéraux et la théorie néoclassique en particulier, la présence d'externalité est

perçue comme une défaillance du marché dans la mesure où le prix de marché se trouve être

faussé et n'est plus capable de refléter et de déterminer à lui seul l'ensemble des

coûts/bénéfices engendrés.

L'État peut avoir une légitimité à corriger la logique imparfaite du marché lorsqu'il intervient

pour provoquer « l'internalisation » des coûts externes dans le calcul économique des agents :

Page 129: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

128

- En recourant par exemple à la taxation (taxe pigouvienne), le fait de taxer des activités

privées génératrices d'effets externes négatifs revient à corriger et restaurer le système des

coûts et des prix (en vertu par exemple du principe “ pollueur = payeur ”).

- En fournissant, autre exemple, des services gratuits - par ailleurs financés par le

contribuable- l'État modifie l'allocation des ressources qui résulterait spontanément des

mécanismes du marché. Dans ce cas la redistribution des revenus induite, crée des effets

positifs envers les bénéficiaires et des effets négatifs sur les contribuables.

- en vendant des « droits à polluer » de façon « équitable » aux pollueurs (Dales, 1968).

La prise en compte des externalités permet de passer de la notion d‟efficacité privée à la

notion d‟efficacité sociale (du point de vue de la communauté de référence) et de faire une

estimation de l‟écart entre ces deux perspectives. Cette notion d‟efficacité, ou de logique,

privée et d‟efficacité sociale est parfois aussi liée au paradoxe de la composition de Keynes.

Selon Keynes, la rationalité de la décision d‟un individu dépend de la mesure dans laquelle les

autres adoptent un comportement similaire ou différent. En effet, certaines stratégies

individuelles ne sont pleinement valorisées que si l‟ensemble ou une majorité d‟autres

individus adoptent des stratégies similaires.

Par exemple, l‟effet positif de l‟application de produits phytosanitaires par un paysan est

fortement compromis si ses voisins n‟en font autant. De même, l‟avantage pour un éleveur de

certaines mesures prophylactiques sur son bétail n‟est pleinement valorisé que si ses animaux

sont en contact avec du bétail également protégé. A l‟opposé, certaines stratégies ne sont

optimales pour l‟individu que s‟il est quasiment le seul à les poursuivre. Il en va ainsi pour

l‟utilisation par un éleveur de ressources pastorales relevant du domaine public.

1.3. Coûts et bénéfices privés/sociaux

L‟intégration des externalités dans l‟analyse économique des systèmes pastoraux permet

d‟illustrer certaines différences entre les coûts ou bénéfices privés et sociaux. Prenons comme

exemple une variable de choix en la matière, la « valeur » d‟un animal aux yeux de l‟éleveur,

qui peut, selon les cas, être sensiblement différente du prix du marché, qui lui-même peut ne

pas refléter la valeur « sociale » de l‟animal.

Examinons d‟abord le prix du marché pour un bovin sur pied, qui résulte d‟une confrontation

de l‟offre et de la demande. En ce qui concerne l‟offre, il est bien connu que celle-ci est

rarement basée sur des considérations « économiques » au sens simpliste du terme. Une

interprétation économique plus nuancée admet d‟emblée qu‟en élevage traditionnel l‟animal

Page 130: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

129

fait avant tout partie du capital familial. Sa vente correspond à la « transmutation » d‟un bien

d‟investissement et/ou d‟épargne en bien de consommation.

Si 1‟éleveur répugne parfois à transformer un bien d‟investissement en bien de

consommation, c‟est parce qu‟il a le sentiment d‟y perdre au change, et que pour lui, la valeur

de l‟animal est supérieure au prix du marché (Josserand, 1994).

Dans les sociétés pastorales, le bétail n‟est pas seulement un bien d‟investissement, il a aussi

une valeur symbolique et sociale (Duteurtre et al. 2003).Ce sont là des facteurs puissants qu‟il

importe de prendre en compte non seulement du point de vue des éleveurs individuels, mais

aussi de celui de la société plus largement définie. Il ne s‟agit pas de minimiser ou d‟ignorer

ces facteurs, mais il faut bien reconnaître que leur importance relative est difficilement

appréciable.

L‟analyse économique permet de faire une première approximation (minimale) de la

différence entre l‟appréciation de la valeur de l‟animal du point de vue de l‟éleveur, par

rapport au prix du marché. La différence réelle, étant donné les facteurs socioculturels, est

nécessairement bien supérieure mais, comme première approximation, on peut comparer le

prix offert pour un type d‟animal donné avec la valeur actualisée nette du flux anticipé des

produits de cet animal.

Grâce au processus d‟actualisation, on peut en effet apprécier la rentabilité ou valeur, à un

moment donné, d‟un flux de recettes et de dépenses échelonnées dans le temps. Cette notion,

apparentée à celle du taux d‟intérêt, traduit l‟attitude du bénéficiaire quant à l‟immédiat par

rapport au différé.

Selon ce principe, la valeur actualisée nette d‟un veau correspond au prix anticipé de cet

animal à un âge de vente potentiel, y compris espérance de survie et coûts et bénéfices de son

maintien jusqu‟à la vente. Ceci n‟a aucune commune mesure avec la multiplication pure et

simple du poids de l‟animal par un facteur basé sur le prix en F CFA/kg équivalent carcasse

des animaux plus âgés. La valeur actualisée d‟une génisse ou jeune vache est évidemment

largement supérieure (pouvant atteindre presque le double, à son niveau maximum),

puisqu‟elle reflète la valeur actualisée des produits de l‟animal lui-même (lait, fumure, prix de

réforme), mais aussi la valeur actualisée de sa progéniture, mâle et femelle (Ariza-Nino et al.,

1984).

Page 131: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

130

Dans ce genre de calcul, les variables opératoires sont le prix de vente, le taux d‟actualisation,

les taux de mortalité et de fertilité. Des simulations basées sur cette méthode de

valorisation(elle-même très réductrice) ont montré que le prix a très peu d‟influence sur la

valeur actualisée globale, et qu‟on ne peut donc s‟attendre à jouer sur le taux d‟exploitation ou

la taille des troupeaux par la manipulation de variables économiques simples (telles que le

prix d‟achat) (Ariza-Nino et al., 1984).

Examinons à présent la valeur « sociale » d‟un animal, et les raisons pour lesquelles elle

diffère du prix du marché (indicateur macro-économique de référence). Ceci dépend en

premier lieu du degré de réalisation des externalités positives potentielles (fumure, traction,

propagation ou contrôle de certaines espèces végétales). La valeur sociale dépend aussi de la

mesure dans laquelle les externalités négatives (surpâturage, déboisement, épizooties) sont

minimisées. Tout ceci est lié au cadre politico-juridique national dans lequel évolue l‟élevage,

aux rapports de force entre groupes d‟acteurs économiques, aux termes de l‟échange élevage-

agriculture, etc.

L‟analyse relative aux coûts fait suite à la notion de taxe pigouvienne visant à mener les

pollueurs à internaliser les externalités. Il s‟agit de mesurer le niveau de production du

pollueur si celui-ci prenait en compte le coût de l‟externalité :

Coût marginal privé + Coût marginal de l‟externalité = Coût marginal social ; ou :

Coût moyen privé + Coût moyen de l‟externalité = Coût moyen social.

Ces différentes notions de biens public/commun, d‟externalité et de coût et bénéfice

privé/social rendent complexe l‟analyse de la durabilité des systèmes de production bovine.

Ainsi, une analyse muti-critère permettra de prendre en compte tous les aspects de cette

activité économique.

2. Méthodologie

Cette partie traite de la collecte et de l‟analyse des données. Compte tenu de la particularité de

l‟analyse multicritère, nous avons présenté d‟abord la généralité relative à cette méthode,

ensuite la méthode ANP et enfin son application au contexte d‟élevage.

Page 132: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

131

2.1.Analyse multicritère

Compte tenu de la complexité et le caractère multidimensionnel de la problématique du

développement durable, il est judicieux d‟utiliser une analyse multicritère (Alphonce, 1997;

Saaty, 1999).

Les approches de l‟analyse multicritère peuvent être divisées en trois catégories selon la façon

dont les jugements seront agrégés. Il s‟agit des approches du "haut vers le bas" (top-down) ou

l‟agrégation complète, du "bas vers le haut" (bottom-up) ou agrégation partielle et

l‟agrégation locale (Keeney, 1992; Roy et al., 1985).

L‟approche d‟agrégation locale et itérative est trop chronophage et inadaptée à notre

problématique qui nécessite une vision globale. Les méthodes d‟agrégation partielles, avec

leurs relations de surclassement, fournissent des résultats qui peuvent ne pas être

complètement représentatifs des jugements de départ. En outre, d‟après Schärlig (1985),

«l‟espoir de celui qui utilise de telles méthodes est d‟obtenir un résultat clair et net ;

malheureusement, cet espoir est souvent déçu car le résultat n‟est pas toujours d‟une grande

clarté». C‟est pourquoi nous nous sommes orientés vers les méthodes d‟agrégation complète,

fondées sur des jugements commensurables d‟experts.

Parmi les méthodes d‟agrégation complète, l‟AHP (Analytic Hierarchy Process) (Saaty, 1980)

est la méthode la plus populaire dans la détermination des priorités d‟éléments (objectifs,

alternatives etc.) afin d‟aider à la prise de décision (Zhu et al., 2015). Cette méthode a eu du

succès dans la pratique (Saaty, 1989 ; 2008). Avec l‟AHP, les décideurs déclarent leurs

préférences par comparaison d‟éléments pris deux à deux selon une échelle hiérarchique

linéaire avec indépendance de niveau et des éléments.

Cependant, l‟incapacité de l‟AHP à prendre en compte les interactions et la dépendance des

éléments dans les différents niveaux hiérarchiques est l‟une de ses limites (Zhu et al., 2015).

Afin de résoudre cette imperfection, Saaty (2001) a intégré les interactions entre différents les

niveaux et composantes du modèle en développent l‟ANP (Analytic NetworkProcess). Par

ailleurs, l‟ANP a plusieurs avantages selon Fouladga et al.(2012) : (1) ANP est capable de

mesurer à la fois des critères tangibles qu‟intangibles dans le modèle ; (2) ANP est une

approche relativement simple et intuitive qui peut être acceptée par les managers et autres

Page 133: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

132

décideurs ; (3) ANP permet une plus grande complexité des interactions des alternatives et

des critères et ne nécessite pas une structure hiérarchique ; et (4) ANP est plus adapté au

monde réel. De la sorte, nous avons décidé l‟appliquer l‟approche ANP.

2.2. La méthode ANP

La méthode ANP s‟implémente en cinq étapes (Rikhtegar et al., 2014; Šimelytė et al., 2014).

La première est l‟identification des critères, des sous-critères et la présentation des

alternatives qui influencent significativement le modèle. La deuxième étape est la

structuration en décision hiérarchique (but, critères, sous-critères et alternatives). La troisième

étape consiste en la détermination des pondérations partielles à travers la comparaison des

critères et des sous-critères deux à deux selon de l‟échelle élaborée par Saaty (1980). Au

niveau de la quatrième étape, la Supermatrice (la matrice des matrices) qui présente le poids

des interactions est construite. Et la cinquième étape est réservée à la sélection des

alternatives.

2.3.Application de la méthode ANP au contexte de l‟élevage bovin

La méthodologie de travail est décrite sur la figure 1.

Première étape : identification des critères, sous-critères et alternatives

L‟identification des alternatives et des critères s‟est fondée respectivement sur les travaux de

Youan Bi et al. (2010) (pour l‟identification des systèmes d‟exploitation bovine) et ceux de

Zen et al. (2003) (pour les critères de durabilité).

Effet, les travaux relatifs à la caractérisation des systèmes d‟exploitation bovine sont rares.

Parmi les études réalisées dans ce domaine (Barry, 1975; Youan Bi et al., 2010), seule celle

de Youan Bi et al. (2010) a pris en compte les trois « pôles » - éleveur, animal, territoire

(Landais, 1987;1992; Lhoste, 1984) de la représentation d‟un système d‟élevage. Ainsi, sont

pris en compte dans cette étude les différents systèmes établis par Youan Bi et al. (2010).

Youan Bi et al. (2010) ont classifié l‟élevage bovin de la Côte d‟Ivoire en quatre catégories :

l‟élevage individuel ; l‟élevage communautaire ; l‟élevage à temps partiel et l‟élevage

transhumant. Selon ces auteurs, l‟élevage individuel est la propriété d‟une entreprise

Page 134: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

133

unipersonnelle et en général pratiqué de façon extensive. L‟élevage communautaire quant à

lui est la propriété de plusieurs éleveurs ayant chacun un petit nombre de bovins et avec des

ressources limitées. Ceux-ci confient la gestion de l‟exploitation à un comité ou à un individu

sensé maitrisé l‟activité d‟élevage bovin. L‟élevage à temps partiel est aussi une forme

d‟entreprise unipersonnelle mais avec un propriétaire non agriculteur et non résident.

L‟exploitation est confiée à un professionnel qualifié. Ce type d‟élevage est en général

intensif.

Figure 1 : Méthodologie de travail

Source: Auteur

Par ailleurs, l‟élevage transhumant est composé des exploitants qui viennent du Mali et du

Burkina Faso pour bénéficier du pâturage en Côte d‟Ivoire et finissent leur séjour par la vente

du troupeau.

De l‟autre côté, les travaux de synthèse de Hayati et al. (2010) ont mis à la lumière l‟étude

remarquable de Zen et al. (2003) qui ont compilé les indicateurs de mesure de la durabilité de

l‟agriculture dans ses trois dimensions économique, sociale et écologique.

Zen et al. (2003) proposent des indicateurs de mesure de la durabilité de l‟agriculture à partir

des trois critères économique, social et écologique. Ainsi, pour le critère économique, ils

suggèrent les sous-critères de productivité, de profit, du ratio Bénéfice-Coût de la production

et la production par tête. Au niveau de la dimension sociale, ils proposent l‟autosuffisance

Page 135: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

134

alimentaire, la répartition égalitaire de la nourriture et du revenus, accès aux ressources et aux

services de base, la connaissance et l‟esprit de conservation des ressources. Ils regroupent au

sein des indicateurs écologiques le ratio quantité de fertilisants ou pesticides par hectare

exploité, le ratio quantité d‟eau irriguée par hectare exploité, Teneur du sol en éléments

nutritifs, la profondeur de la nappe phréatique, la qualité des eaux souterraines pour

l'irrigation, la gestion efficace de l‟eau et la teneur en nitrates des eaux souterraines et des

cultures.

Deuxième étape : redéfinition et structuration en décision hiérarchique

Cette base documentaire de la première étape a été présentée par nous, à une seconde étape,

lors d‟un atelier regroupant plusieurs acteurs. Les participants avaient la latitude de retirer,

ajouter ou combiner les propositions de la base de référence.

Ont été conviés à cet atelier trois représentants par système d‟élevage (les centres de classe et

les deux plus proches dans la typologie de Youan Bi et al. (2010)) à l‟exception des éleveurs

transhumants, un économiste, un sociologue et un écologiste, tous experts en production

animale ; soit douze participants. Cet effectif est acceptable car, selon une revue de littérature

de Masadeh (2012), le plus grand effectif pour ce genre d‟exercice est de 23 participants mais

la moyenne est de 8 à 12 aux USA et de 4 à 6 aux Royaumes Unis.

Toutefois, l‟agrégation des préférences individuelles posent problème (Saaty et al.,2007).

Cependant, deux alternatives sont proposées dans la littérature. La première est le vote

consensuel. Ce qui demande un accord pour chaque valeur entrante dans la matrice des

comparaisons par paire, mais ceci est souvent difficile à réaliser. La meilleure voie est l‟usage

de la moyenne géométrique des jugements des participants (Saaty et al., 2007) que nous avons

utilisés par la suite.

Suite aux travaux en plénière, les participants ont retenu les alternatives suivantes : le système

d‟Elevage Individuel, le système d‟Elevage Communautaire et le système d‟Elevage à Temps

Partiel. Le système d‟Elevage Transhumant a été écarté parce qu‟il est transitoire, les acteurs y sont

différents d‟une année à une autre. En outre, il ne nous pas a été possible de retrouver les centres de

classe de l‟étude de Youan Bi et al. (2010).

Par ailleurs aucun critère (économique, social et écologique) n‟a été rejeté. Par contre, au sein

de la dimension économique, seules la productivité et la profitabilité ont été retenues comme

sous-critères. Dans la dimension sociale, les sous-critères d‟autosuffisance alimentaire, la

répartition égalitaire de l‟alimentaire et du revenu et la contribution à la cohésion sociale ont

Page 136: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

135

fait l‟objet de consensus. Au niveau de l‟aspect écologique, les participants ont optés pour les

sous-critères de la gestion efficace de l‟eau, du niveau de la pression sur la biodiversité

(Figure 2).

Ces différents éléments ont été retenus par les participants à cause de l‟étroitesse de leur lien

avec la production animale.

Figure 2 : Structure des alternatives, critères et sous-critères

Source: Auteur

Troisième étape : Détermination des pondérations partielles

La troisième phase de notre méthodologie s‟est réalisée dans trois groupes correspondant aux

trois dimensions du développement durable. Chaque groupe est composé par un expert de la

dimension et d‟un éleveur de chaque système ; soit quatre personnes par groupe. C‟est au sein

de ces groupes qu‟ont lieu les comparaisons par paire des critères respectivement à la

dimension à laquelle le groupe appartient. Les niveaux d‟échelle allant de 1 à 9 (Saaty, 1980)

ont été utilisés. La moyenne géométrique des préférences de chaque participant a permis de

Page 137: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

136

renseigner les tableaux de comparaison dans le logiciel « Super Décisions Version 2.2 ».

Cette démarche par spécialité a été proposée par Khademi et al. (2014).

Quatrième et cinquième étapes : compilation, super matrice et sélection des alternatives

En utilisant l‟approche ANP et en suivant les trois étapes précitées, nous avons obtenu des

résultats qui sont également discutés dans la section suivante.

3. Résultats et discussion

Cette section présente d‟abord les résultats qui seront ensuite discutés dans une deuxième

partie.

3.1.Résultats

La priorisation des systèmes d‟élevage dans une dynamique de développement durable et les

contributions des critères et sous-critères sont présentées dans le Tableau 1.

Tableau 1: Priorisation d'ensemble

Critère Sous-critère Contribution totale en

pourcentage

Contribution par critère

en pourcentage

Système Système

Communautaire

7,42 37,40

Système Individuel 4,76 23,98

Système à Temps partiel 7,66 38,62

Sous-total 19,84 100

Aspect

Economique

Productivité 22,55 59,74

Profitabilité 15,20 40,26

Sous-total 37,75 100

Aspect

Social

Cohésion sociale 12,37 51,98

Autosuffisance

alimentaire

6,367 26,76

Répartition égale 5,06 21,26

Sous-total 23,79 100

Aspect

Ecologique

Pression sur la

biodiversité

8,37 44,95

Usage Eau 10,25 55,05

Sous-total 18,61 100

Une présentation plus détaillée, au niveau des éléments non agrégés, fait ressortir que les sous-

critères productivité, profitabilité et la cohésion sociale sont les plus importants avec respectivement

Page 138: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

137

23%, 15% et 12%. Par contre les facteurs tels que le système d‟élevage individuel (5%), la

répartition égale du revenu (5%) et la recherche de l‟autosuffisance alimentaire (6%) sont

négligeables dans la recherche de la durabilité du système (voir Figure 3).

Figure 3 : Contribution des sous-critères

Source : Auteur

De façon globale, la dimension économique est le premier critère (37,75%) en termes de

poids dans priorisation dans la recherche du développement durable. Elle est suivie de

l‟aspect social et des systèmes d‟élevage. L‟aspect Ecologique ferme la marche (voir Figure

4).

Page 139: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

138

Figure 4 : Priorité au niveau des critères

Source : Auteur

Les résultats de l‟ANP révèle que le meilleur système, au regard du développement durable,

est l‟élevage à temps partiel avec une contribution de 39%. L‟élevage communautaire vient

tout juste après avec un pourcentage de 37%. L‟élevage individuel en registre une

contribution de 24% (voir Figure 5)

Figure 5 : Priorité au niveau des systèmes d'élevage

Source : Auteur

Page 140: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

139

3.2.Discussion

La discussion est menée à trois niveaux : les sous-critères, les critères et les systèmes.

Rationalité et externalité dans l‟élevage bovin en Côte d‟Ivoire

Au niveau des sous-critères, les résultats de l‟étude montrent qu‟un système d‟élevage durable

devait se bâtir principalement sur les notions de productibilité, profitabilité et de cohésion

sociale. Les deux premières sont liées, dans la théorie économique, au concept d‟efficacité

privée et la troisième a trait à l‟efficacité sociale.

Le Développement Durable (DD) exige la gestion efficace des ressources de production. La

rationalité des éleveurs est primordiale. Cependant, la petite taille non optimale de la majorité

des fermes bovines sont à l‟origine du niveau faible d‟efficacité. Selon le Ministère en charge

de l‟agriculture, plus de 92% des exploitation agricoles sont de petites tailles MINAGRA

(2001). En plus, des études comme celles de Youan Bi et al. (2010) ont montré que

l‟inefficacité des éleveurs de bovins de Côte d‟Ivoire est la combinaison d‟une inefficacité

d‟échelle et d‟une inefficacité technique pure. Par ailleurs, les performances zootechniques

déjà mauvaises des races utilisées(Le Guen, 2004) se sont davantage affaiblies avec la crise

militaro-politique de 1999 à 2011(Coulibaly, 2013). En outre, la valeur de l‟amortissement

des équipements durables et les charges récurrentes sont relativement élevées. La mise en

place d‟un parc de nuit conforme aux normes vétérinaires, l‟alimentation du bétail, les

vaccins, les traitements, les services vétérinaires et d‟assistance sont souvent mentionnés

comme ayant une valeur hors de portée des éleveurs qui sont majoritairement pauvres

Coulibaly (2013), DSRP (2009).Ainsi, l‟atteinte de l‟objectif de système d‟élevage durable est

fortement tributaire d‟une forte amélioration de la productivité comme l‟avait déjà relevé

Nuama (2003).L‟accroissement de l‟efficacité technique des éleveurs est un pan important de

leur efficacité économique.

Les résultats de l‟étude montrent aussi qu‟une amélioration du revenu est indispensable pour

être dans la mouvance du développement durable. L‟efficacité allocative des éleveurs leur

permettra en définitive d‟améliorer son efficacité privée. Or la production bovine en Côte

d‟Ivoire est actuellement caractérisée par un taux de croit faible du cheptel combiné à une

filière mal organisée (Barry, 1975; Coulibaly, 2013; Youan Bi et al., 2010) entrainant un

chiffre d‟affaire souvent en deçà de la valeur des charges. Dès lors, l‟amélioration de la

productivité dans les cheptels doit devenir une priorité pour l‟avènement d‟un élevage bovin

durable.

Page 141: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

140

Les résultats mettent en exergue la contribution de l‟activité de l‟élevage à la cohésion sociale

dans la perspective d‟être dans la dynamique du développement durable. La cohésion sociale

n‟est pas un élément de la fonction objectif des producteurs de bovin. Cette situation ne peut

qu‟être analysée qu‟à la lumière de la notion d‟externalité chère à la théorie de l‟économie des

ressources naturelles. Jusqu‟à maintenant, l‟élevage en Côte d‟Ivoire est taxé d‟être la cause

de conflits agriculteurs-éleveurs. Les premiers conflits importants éclatèrent avec la

sécheresse de la fin des années 70 qui a vu l‟entrée massive des éleveurs des pays limitrophes

du nord (Burkina, Mali)(Coulibaly, 1980). Selon Weber (1997), il s‟agit là d‟une externalité

technique négative engendrée par les éleveurs qui défavorise les agriculteurs sans

compensation appropriée. Cette déséconomie externe qui a longtemps fissuré le tissu social

dans les zones de production bovine a amené les autorités ivoiriennes à donner une réponse

par le biais d‟intervention publique. Malgré la construction de plusieurs barrages agro-

pastoraux et de corridors de transhumance, les conflits n‟ont pas cessés (Le Guen, 2004). Les

causes de l‟insistance de ces conflits sont sans doute l‟accès réduit aux ressources naturelles

(eau et pâturages), une concurrence aiguë entre les différents utilisateurs de l‟espace rural

(notamment les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs) et le développement de zones

protégées (zones forestières, réserves naturelles…) (Touré, 2010).Ces conflits entrainent

souvent la cession d‟activité d‟élevage ou de graves dégâts matériels et humains (Odji, 1997)

entamant ainsi la performance dans les autres sous-critères et critères. Une solution à la Coase

(1960) par une définition claire des droits de propriété permettrait sans doute l‟intégration des

acteurs et des activités d‟élevage dans le fonctionnement des autres secteurs d‟activité.

Au niveau des critères, l‟externalité positive de la dimension économique motrice du

développement durable

La dimension économique est estimée être au cœur de la stratégie de développement durable

de l‟élevage. Cette dimension est capable d‟un effet d‟entrainement sur les deux autres

dimensions. Cela est en accord avec le schéma des effets du progrès agricole sur

l‟augmentation de bien-être de Claquin et al. (2013). Ces auteurs regroupent les effets

d‟entrainement en deux grandes classes : effets de liaison intersectoriels et effet revenu. En

fait, le gain économique peut engendrer une intensification/modernisation du système

d‟élevage (effets de liaison intersectoriels) qui diminuerait le nombre et l‟intensité des conflits

fonciers et baisserait la pression sur les ressources naturelles. Les dimensions écologique et

sociale bénéficieraient des externalités positives de l‟amélioration de l‟aspect économique de

la pratique de l‟élevage. D‟un autre côté, l‟amélioration du revenu issu de la profitabilité

permettrait aux fermiers l‟accès aux services de base (effet revenu).

Page 142: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

141

Coûts et bénéfices privés/sociaux dans le choix du meilleur système d‟élevage

Le système à temps partiel est légèrement plus adapté à une stratégie de durabilité de

l‟élevage que le communautaire avec une avance de un point. Le système individuel vient en

dernière position. En effet le coût marginal social semble être le plus faible avec le système à

temps partiel. Il enregistre la plus forte productivité vu son caractère intensif (Youan Bi et al.,

2010) entrainant ainsi une baisse du coût moyen privé. Le système à temps partiel génère

moins de conflit agriculteur-éleveur parce que l‟activité d‟élevage se réalise dans un parc de

qualité (évitant les sorties inopinées d‟animaux occasionnant les dégâts de cultures),

possédant en son sein des points d‟eau (évitant les conflits d‟intérêt relatifs aux biens

communs). Dès lors le coût moyen de l‟externalité est relativement réduit dans le système à

temps partiel. Au total, ce système enregistre le coût moyen social le plus faible.

Par contre, ce résultat est différent de celui de Youan Bi et al. (2010). En effet, dans notre étude,

nous employons une approche multi-critère alors que Youan Bi et al. (2010) n‟utilisent que le

critère économique de productivité et de profitabilité qui ne représentent que 38% de la sphère

d‟analyse de durabilité. Dans les visions sociale et écologique, le système d‟élevage à temps partiel

est mieux côté que le système communautaire.

Conclusion

Ce travail contribue au choix d‟un meilleur système d‟élevage en termes de durabilité en Côte

d‟Ivoire. Deux principaux constats sont à relever. Primo, à partir de la vision croisée des

acteurs des trois systèmes d‟exploitation et des spécialistes en production animale, des

consensus ont été obtenus sur les priorités à accorder pour la pérennisation du secteur

d‟élevage en Côte d‟Ivoire. Les poids donnés à chaque composante révèlent une contribution

à la durabilité relativement importante des aspects socioéconomiques comparativement aux

aspects sociaux et environnementaux. Secundo, il ressort que le système d‟exploitation à

temps partiel et le système communautaire présentent les meilleures caractéristiques d‟un

élevage bovin durable.

Au terme de cette étude, pour l‟avènement d‟un élevage durable, nous recommandons que :

Les exploitations bovines unipersonnelles suivent la gestion des élevages à temps partiel qui

est sous la direction d‟un professionnel qualifié en la matière.

Page 143: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

142

Les exploitants en communauté doivent non seulement confier leur exploitation à un

gestionnaire professionnel qualifié en élevage bovin mais également améliorer leur usage des

ressources naturelles et leur intégration dans les autres secteurs d‟activité.

Page 144: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

143

Bibliographie

AGRIDAPE, E. (2010), "Elevage Durable",Revue sur l'agriculture durable à faibles apports

externes, 26, 4-6.

ALLEN P., VAN DUSEN D., LUNDY J., AND G. S. (1991), " Integrating Social,

Environmental and Economic Issues in Sustainable Agriculture," Am J Altern Agric, 6, 34–39.

ALPHONCE, C. B.(1997), "Application of the Analytic Hierarchy Process in Agriculture in

Developing Countries," Agricultural Systems, 53, 97-112.

ARIZA-NINO AND SHAPIRO, K.(1984)," Cattle as Capital,Consumables and Cash :

Modelling Age-of-Sale Decisions in African Pastoral Production" in Livestock Development

in Subsaharan Africa, Simpson & Evangelou, ed. Westview Press, 317-333.

ARRIGNON, J. (1980), Approche Économique De La Pisciculture En Côte d'Ivoire,Abidjan:

FAO.

BARRY, M. B. (1975), "Economie De L'élevage Transhumant Dans Le Nord De La Côte

D'ivoire," Cahiers du CIRES, 7-8.

BERTHELIER, P., AND A. LIPCHITZ(2005), "Quel Rôle Joue L'agriculture Dans La

Croissance Et Le Développement ?," Tiers-Monde, 183, 603-624.

CLAQUIN, P., C. MOHAMED (2013), L'agriculture Au Coeur Des Stratégies De

Développement,Centre d‟étude et de la prospection.

COASE, R. (1960),"The problem of social cost", Journal of law and economics, Vol. 3, 1-44

COCHRANE, W. W. (1993),The Development of American Agriculture: A Historical

Analysis,Minneapolis, MN.

COULIBALY, D. (2013), Politique De Développement De L'élevage En Côte D'ivoire,

Abidjan.

COULIBALY, S. (1980),La Difficile Mais Nécessaire Intégration De L‟élevage Zébu Dans

Le Monde Rural Sénoufo, Abidjan: Université nationale de Côte d'Ivoire.

CROSSON, P., O'KIELY P., O'MARA F. P., M. WALLACE. (2006), "The Development of a

Mathematical Model to Investigate Irish Beef Production Systems," Agricultural Systems, 89,

349-370.

DALES JOHN H., (1968),Pollution, Property and Prices, Toronto, Univ. of Toronto press.

DELGADO, C., ROSEGRANT M., STEINFELD H., EHUI S., COURBOIS C.

(1999),Livestock to 2020. The next food revolution,IFPRI

DEPIGNY, S. (2007), Paysagri : Un Modèle D'évolution D'un Paysage Agricole Intégrant La

Sensibilité Au Paysage Des Agriculteurs. Exemple De Systèmes De Production Agricole

Page 145: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

144

Herbagers Combinant Pratiques De Production Et D'entretien, Paris: UMR Métafort, Ecole

doctorale ABIES.

DSRP (2009), Stratégie De Relance De La Pauvreté, République de Côte d'Ivoire.

EMMANUEL, A. (1972),Unequal Exchange: A Study of the Imperialism of Trade,London:

Monthly Review Press.

FAYE BERNARD. (2001). "Le rôle de l'élevage dans la lutte contre la pauvreté." Rev. Elev.

Méd. Vét. Pays Trop., 54, 231-238

FOULADGAR, M. M., YAZDANI-CHAMZINI A., ZAVADSKAS E. K., M. S. H. H. (2012):

"A New Hybrid Model for Evaluating the Working Strategies: Case Study of Construction

Company," Technological and Economic Development of Economy, 18.

FRANK, ROBERT (2008), "Should public policy respond to positional externalities?",

Journal of Public Economics, vol 92, n° 8-9, 1777-1786.

GARRETT HARDIN. (1968), "The Tragedy of the Commons"Science, 162, 1243-1248

GIAMPIETRO, M. (1997), "Socioeconomic Pressure, Demographic Pressure, Environmental

Loading and Technological Changes in Agriculture," Agric Ecosyst Environ, 65, 201–229.

HAYAMI Y., RUTTAN, V. W. (1971),Agricultural Development: An International

Perspective, Baltimore, MD.

HAYATI, D., ZAHRA RANJBAR, E. KARAMI (2010), "Measuring Agricultural

Sustainability," in Biodiversity, Biofuels, Agroforestry and Conservation Agriculture,

Sustainable Agriculture Reviews ed. by Lichtfouse: Hardcover.

JOHNSTON B., MELLOR J. (1961), "The Role of Agriculture in Economic Development,"

American Economic Review.

JOSSERAND HENRI P. (1994), "Systèmes pastoraux en Afrique de l'ouest et économie des

ressources naturelles" in Dynamique des systèmes agraires ed. ORSTOM

KEENEY, R. (1992),Value-Focused Thinking: A Path to Creative Decision Making, Harvard

University Press.

KHADEMI, N., K. BEHNIA, AND R. SAEDI (2014), "Using Analytic Hierarchy/Network

Process (Ahp/Anp) in Developing Countries: Shortcomings and Suggestions," The

Engineering Economist, 59, 2-29.

LANDAIS, E. (1987), Recherches Sur Les Systèmes D'élevage. Questions Et Perspectives,

Document de travail unité INRA-SAD.

LANDAIS, E. (1992), "Principes De Modélisation Des Systèmes D'élevage. Approches

Graphiques," Les Cahiers de la Recherche-Développement, 32.

Page 146: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

145

LE GUEN, T. (2004), "Le Développement Agricole Et Pastoral Du Nord De La Côte-D‟ivoire

: Problèmes De Coexistence", Les Cahiers d’Outre-Mer, 226-227.

LEWIS, A. W. (1954), "Economic Development with Unlimited Supplies of Labour",The

Manchester School of Economic and Social Studies, 139 -191.

LHOSTE, P. (1984), "Le Diagnostic Sur Le Système D'élevage",Les Cahiers de la

RechercheDéveloppement, 84-88.

MARSHALL A. (1890): The Principles of Economics. London, Macmillan

MASADEH, M. A. (2012), "Focus Group: Reviews and Practices," International Journal of

Applied Science and Technology, 2, 63-68.

MASON, ROGER (2000), “Conspicuous consumption and the positional economy: policy

and prescription since 1970”,Managerial and Decision Economics, 21.

MINAGRA (2001),Effectif Du Cheptel, RNA, Direction des statistiques, de la documentation

et de l‟informatique.

MINRAH (2013), Bilan Diagnostic Du Secteur De L’élevage En Côte D’ivoire, Abidjan:

Ministère des Ressources Animales et Halieutiques.

NORMAN D., JANKE R., FREYENBERGER S., SCHURLE B., AND H.KOK

(1997),Defining and Implementing Sustainable Agriculture, Manhattan: Kansas State

University.

NUAMA E. (2003),"Evaluation de la performance productive des éleveurs d‟ovin",Revue

Ivoirienne des Sciences Economiques et de Gestion, 9, 65-79.

ODJI, P.(1997), La Frontière, Barrière De Sécurité Pour Les Peuls Ivoiriens, Côte d'Ivoire.

PARENT, J. (1957), "Agriculture Et Développement Économique," Revue économique, 8,

282-296.

PIGOU A. C. (1920), The Economics of welfare,London, Macmillan

PREBISCH, R.(1962), "The Economic Development of Latin America and Its Principal

Problems," Bulletin for Latin America, 7, 1-22.

RIKHTEGAR, N., N. MANSOURI, A. AHADI OROUMIEH, A. YAZDANI-CHAMZINI, E.

KAZIMIERAS ZAVADSKAS, S. KILDIENĖ (2014), "Environmental Impact Assessment

Based on Group Decision-Making Methods in Mining Projects," Economic Research-

Ekonomska Istraživanja, 27, 378-392.

ROY, BOUYSSOU (1985),Méthodologie Multicritère D‟aide À La Décision,Paris:

Economica.

RYBCZYNSKI, T. N. (1955) "Factor Endowments and Relative Commodity Prices,"

Economica, 22, 336-341.

Page 147: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

146

SAATY, T.(1989),Group Decision Making and the Ahp. The Analytic Hierarchy Process,

Berlin: Springer.

SAATY, T.(1980),The Analytic Hierarchy Process: Planning, Priority, Setting, Resource

Allocation, New York: McGraw-Hill.

SAATY, T. (1999),Fundamentals of the Analytic Network Process, In: Proceedings of the 5th

International Symposium on the Analysic Hierarchy Process, 12-14.

SAATY, T. (2001),The Analytic Network Process: Decision Making with Dependence and

Feedback.

SAATY, T. (2008), "Relative Measurement and Its Generalization in Decision Making. Why

Pairwise Comparisons Are Central in Mathematics for the Measurement of Intangible Factors.

The Analytic Hierarchy/Network Process " Review of the Royal Spanish Academy of Sciences,

series A, Mathematics, 102, 251-318.

SAATY, T. L., and J. S. SHANG (2007), "Group Decision-Making: Head-Count Versus

Intensity of Preference," Socio-Economic Planning Sciences, 41, 22-37.

SCHÄRLIG, A. (1985),Décider Sur Plusieurs Critères, Panorama De L’aide À La Décision

Multicritère. Lausanne, Suisse: Presses polytechniques et universitaires romandes.

SCITOVSKY T, (1954), "Two concepts of external economies", Journal of Political

Economy, Vol. 62, No 2

ŠIMELYTĖ, A., K. PELECKIS, AND R. KORSAKIENĖ (2014), "Analytical Network

Process Based on Bocr Analysis as an Approach for Designing a Foreign Direct Investment

Policy," Journal of Business Economics and Management, 15, 833-852.

SINGER H. W.(1950), " U.S Foreign Investment in Underdeveloped Areas: The Distribution

of Gains between Investing and Borrowing Countries," American Economic Review, Papers

and Proceedings, 40, 473-48.

THEBAUD, B. (1990), "Politiquesd‟hydraulique pastorale et gestion de l‟espace au

Sahel."Cahiers des Sciences Humaines, 26, 13-31.

TIFFIN R. ET IRZ, X. (2006), "Is Agriculture the Engine of Growth?," Agricultural

Economics, 35, 79-89.

TOURE, O. (2010), "Pastoralisme Et Developpement Durable En Afrique De L‟ouest : Deux

Vieux Compagnons De Route," Revue sur l'agriculture durable à faibles apports externes,

26, 9-12.

VON WIRÉN-LEHR, S. (2001), "Sustainability in Agriculture: An Evaluation of Principal

Goal Oriented Concepts to Close the Gap between Theory and Practice," Agric Ecosyst

Environ, 84, 115-129.

Page 148: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

147

WANE, A. (2006), Economie Du Pastoralisme : Une Analyse Bibliographique, - Afrique De

L‟ouest, Dakar: IUCN EARO.

WEBER LUC, (1997), L'État, acteur économique, 3 éd, Economica, Paris.

YOUAN BI, T. B. A., D. DAO (2010),Efficacité Managériale Des Eleveurs De Bovins De

Côte D'ivoire. Berlin: Südwestdeutscher Verlag für Hochschulschriften.

ZHEN L., J. K. ROUTRAY (2003), "Operational Indicators for Measuring Agricultural

Sustainability in Developing Countries," Environ Manage, 32, 34-46.

ZHU, B., Z. XU, R. ZHANG, M. HONG (2015), "Generalized Analytic Network Process,"

European Journal of Operational Research, 244, 277-288.

Page 149: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

148

Contribution à l’analyse économique de la résilience, une approche entre compensation

et capabilités dans un contexte post-crise

Alice ODOUNFA

Enseignant-Chercheur,

Université Alassane OUATTARA, Bouaké, République de Côte d’Ivoire

Membre de l’UMI Résiliences (IRD-CIRES)

REVUE INTERNATIONALE DE GESTION ET D’ECONOMIE SERIE B - ECONOMIE / NUMERO 1 - VOLUME 1 - Décembre 2016 / pp. 148-173.

Page 150: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

149

Résumé

L’apparition, de plus en plus récurrente, de conflits sociaux, de crises écologiques et

alimentaires, et, plus généralement de désastres humains, amènent à questionner nos idéaux

de bien-être. Les indicateurs de bien-être, notamment économiques ne suffisent plus pour

jauger des progrès accomplis, il faut un regard nouveau qui permette d’apprécier les

conséquences destructrices sur l’homme de nos choix, de nos décisions, souvent

caractéristiques en fait d’un état social de « mal-être ».

Or de par ses visées hédonistes, à travers la recherche euphorique de gains et de productivités,

l’économie ne se préoccupe guère du « mal-être social », ni des traumatismes vécus, voire des

souffrances ressenties. En effet, la neutralité, l’impartialité de la norme utilitariste actuelle ne

permettent pas de garantir le respect des droits fondamentaux de l’homme. Le concept de

résilience ouvre cependant, des perspectives nouvelles pour une prise en compte de cet état

de mal-être en économie.

Cet article tente donc une analyse économique de la résilience post-crise en utilisant deux

outils spécifiques : la compensation intergénérationnelle qui renforce le lien entre les

générations et les capabilités individuelles ou collectives qui sont, elles, un concept intra

générationnel. Au-delà de ces deux outils, notre argumentation pour la prise en compte de la

souffrance en économie relève plutôt de l’éthique du juste.

Mots clé : résilience vertueuse, compensation, capabilités, cohésion sociale phénoménologie.

Page 151: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

150

Abstract

The more and more recurring appearance of social conflicts, ecological and food crises, and,

more generally human disasters, raises questions about our ideals of well-being. The

indicators of well-being, in particular economic ones are not enough anymore for gauging the

progress accomplished. One needs to take a fresh look allowing estimating the destructive

consequences of our choices and our decisions on man, which are actually often characteristic

of a social state of "ill-being".

Yet due to its hedonist aims, through the euphoric pursuit of profits and for productivity, the

economy hardly worries about «Social ill-being», or traumas undergone, even about

sufferings. Indeed, the neutrality, the impartiality of the current utilitarian standard does not

allow guaranteeing the respect for the basic human rights. However, the concept of resilience

opens up new perspectives for a consideration of this state of ill-being in economics.

Thus, this article attempts an economic analysis of the post-crisis resilience by using two

specific tools: the intergenerational compensation which strengthens the relation between the

generations and the individual or collective capabilities which form an intra generational

concept.

Keywords : virtuous resilience, compensation, capabilities, social cohesion, phenomenology.

Page 152: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

151

Introduction

Dans cet article, nous définissons la résilience comme la capacité de rebondir, d’une

personne, d’une communauté, ou d’un système, voire la capacité de renaître à l’issue d’un

choc, de traumatismes divers comme ce fut le cas de la crise armée post - électorale d’octobre

2010 à mars 2011 en Côte d’Ivoire. La résilience peut être positive, voire vertueuse, ou, au

contraire, malveillante voire corrompue. La résilience n’est alors pas considérée comme un

ensemble de stratégies d’autodéfense où seul le plus habile, ou le plus fort, gagne. Il convient

pour nous de préciser cette vision.

Nous nous appuyons sur l’hypothèse suivante : une résilience vertueuse devrait permettre

d’améliorer la cohésion sociale. Dans un contexte post-crise, l’amélioration de la cohésion

sociale pourrait se traduire par un climat de travail et d’échanges apaisé, de multiples moyens

pour promouvoir la vie bonne, le rétablissement des activités aussi bien économiques que

culturelles comme le sport ou la musique, dans le respect des droits et de la dignité humaine.

Pour y parvenir, nous avons mobilisé deux outils : d’un côté la compensation qui s’appuie sur

le pardon dans une perspective intergénérationnelle, et de l’autre, l’approche des capabilités

plutôt considérée dans une perspective intra générationnelle couvrant les libertés

fondamentales de vie et les alternatives de choix.

Nous allons examiner les conditions d’équilibre qui en résultent en considérant d’une part la

relation résilience et compensation et, d’autre part la résilience et capabilités (capacités

potentielles et effectives des personnes).

Page 153: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

152

1. Résilience et compensation, cadre théorique

En théorie la compensation doit permettre de répondre aux externalités négatives qui portent

atteintes à la Pareto unanimité de l’équilibre du bien-être.1

Ces atteintes peuvent aller jusqu’à des situations d’anomies chez Durkheim où la cohésion

sociale est particulièrement perturbée.

A cet effet, les pertes et dommages occasionnés par les chocs et les traumatismes résultant de

la crise, doivent être considérés comme des coûts imposés à la société. Des coûts sociaux qui,

tout comme les coûts de production, doivent être pris en charge en fonction d’une

réglementation sociale. Son acceptation par les victimes est alors liée aux capacités de la

population d’intégrer des valeurs et des attitudes sociales de pardon et de commémoration.

Dans les contextes d’après crise, l’appréciation de ces coûts dépend des problèmes qui pèsent

aussi bien sur la communauté que sur les personnes. Or ces derniers peuvent être nombreux

et cumulatifs, ce qui contribuerait à un élargissement du champ des vulnérabilités

individuelles et sociales. A cela s’ajoute le temps nécessaire pour asseoir un consensus sur ce

qui est admis où ne l’est pas en termes de valeurs afin de parvenir à changement de mentalités

et à des attitudes et comportements favorables à la cohésion sociale.2

Koffi et al. (2014) ont ainsi analysé des conditions des politiques économiques publiques qui

contribuent à la résilience post-crise : une justice équilibrée (celle fournie en quantité et en

qualité satisfaisante pour le maximum de personnes possible), puis la cohésion sociale liée à

la capacité de dépassement (sans sacrifice, sans dépassement, cette cohésion ne peut s’opérer

que difficilement), et en troisième lieu l’implication vertueuse des communautés

d’appartenance et d’adhésion dans la résolution des problèmes d’après crise.

1Le débat le plus célèbre sur les externalités négatives du chemin de fer opposa Pigou et son économie du bien-

être (welfare), dont la compensation repose sur la taxation et justifie l’intervention de l’Etat, et néolibéraux,

notamment Coase, qui proposait son principe de marchandage (théorème de Coase et coût de transaction) cf.

(Jarret and Mahieu, théorie économiques de l'interaction sociale 1998, p. 28) 2En effet le concept d’anomie selon Durkheim, renvoie à une situation de déséquilibre, où un certain ordre

collectif se trouve perturbé et la cohésion sociale remise en cause (Jarret and Mahieu, 1998)

Page 154: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

153

Dans cet article, nous considérons la résilience sous sa forme vertueuse ou positive comme

une production dont le niveau de qualité dépend en fait de l’appréciation des compensations

tant du côté des acteurs « offreurs » que de celui des acteurs « demandeurs ».

Les offreurs de résilience sont ainsi l’Etat, les communautés locales organisées ou spontanées,

la communauté internationale. Tous ces acteurs sont désignés sous le terme de « tuteurs de

résilience ». Les demandeurs de résilience sont constitués par les populations et les individus

vulnérables3, voire fragiles,

4qui souffrent de traumatismes divers du fait des chocs subis.

Dans le contexte de souffrance, la compensation monétaire ne saurait suffire. Tous les acteurs

doivent être conscients que ce type de compensation pour atténuer la souffrance sociale,

5revêt un caractère éthique. Son appréciation et sa mise en œuvre est naturellement influencée

par des valeurs personnelles, sociales ou communautaires, telles que l’oubli et la

commémoration, la justice, des règles comportementales qui vont dans le sens de

l’apaisement.

Aussi, allons-nous limiter à deux conditions d’équilibre de compensations : la première qui

concerne l’opposition entre désir d’oubli et désir de commémoration, puis une seconde qui

s’articule entre « offre et demande de justice ».

3Sen, p.35 souligne que des facteurs comme le statut social, l’absence des droits légitimes (entitlements) ou

l’impossibilité de vendre sa force de travail, définissent les catégories vulnérables de la population qui

succombent à la famine. 4La vulnérabilité est liée aux incertitudes en matière d’emploi, à une forte exposition à l’insécurité, les maladies,

la pauvreté ; la fragilité est caractéristique des pays ayant été frappés par la guerre, des crises armées, socio-

politiques, (UMI Résilience, 2014). 5Selon Arthur Kleiinman, anthropologue américain, professeur à l’université d’Harvard, (1997), la souffrance

sociale fait référence aux conséquences sur les hommes de la guerre, de la famine, de la dépression, de la

maladie, toutes les formes de pouvoirs qui portent atteintes à la dignité humaine in Atlani (Atlani Duault, 2006).

Page 155: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

154

1.1. L’équilibre entre oubli et commémoration

Dans un contexte post-crise marqué par divers traumatismes, par de nombreux décès, et par

des offenses à la dignité humaine, la résilience peut difficilement se faire sans introduire le

pardon.

En effet, certaines communautés ont tendance à privilégier la rétention du mal qu’on leur a

fait, et ceci sur plusieurs générations avec l’idée que tôt ou tard, quelqu’un devra payer. Dans

ce cas, favoriser la cohésion sociale, demande de déployer beaucoup d’efforts et cela peut

prendre du temps, et même être très coûteux sur les plans financier, institutionnel, et pour les

médiations à mettre en œuvre ou pour les facilitateurs de dialogue. Par contre dans les

sociétés où la culture du pardon est enracinée on peut compter sur les acteurs sociaux

facilitateurs de dialogue pour ramener la cohésion sociale. Le coût social est alors moindre,

car on agit sur des acquis sociaux de paix tissés sur plusieurs générations. Nous faisons

l’hypothèse que le pardon est une contrainte sur soi afin de ne pas remémorer à chaque

occasion l’offense qu’on a eu à subir, c’est un effort d’oubli.

Dans le cas d’une résilience qui se veut vertueuse, il faut que le pardon évoqué se situe alors

dans une perspective intergénérationnelle. Cela suppose d’agir sur les comportements

individuels ou collectifs en faisant intervenir le capital social, mais aussi en améliorant la

façon dont la justice est perçue. Cela suppose aussi une volonté commune de reconnaissance

et de dépassement de la situation de souffrance, en vue d’une « co-construction vertueuse ».

La figure 1, illustre les conditions d’équilibre requise entre le désir d’oubli et celui de la

commémoration. Considérons en abscisse un indice de commémoration (ou d’oubli) et en

ordonnée, le coût marginal de compensation correspondant. La courbe AB montre que le coût

marginal de compensation diminue avec le pardon dès lors que celui-ci correspond à un effort

d’oubli.

Page 156: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

155

Indice oubli/ commémoration

Vengeance Coût

marginal de

compensa-

tion

Ieq

A

B C

D

Pardon

0

Figure 1 : Equilibre Pardon/Vengeance

Page 157: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

156

A l’inverse, la courbe CD montre que le coût marginal de compensation augmente avec le

désir de vengeance qui correspond à une forte commémoration de l’évènement passé (du

traumatisme).

Ainsi, un fort désir d’oubli, favorise le pardon et, à contrario, une forte volonté de

commémoration produit de la vengeance. Le niveau de compensation d’équilibre (Ieq) est

alors le lieu des compromis entre pardon et désir de vengeance, des compromis qui échappent

au domaine d’application de l’optimum de Pareto, comme base éthique minimale, où tout

conflit est de fait évacué.

Parmi les investissements de compensation on doit prendre en compte la manière dont la

justice est perçue au sein d’une société post-crise. Ceci nous amène à examiner plus

précisément, les conditions d’équilibre de justice dans la section qui suit.

Page 158: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

157

1.2. Les conditions d’équilibre de justice

Le traitement des dommages post crise visant à améliorer la cohésion sociale relève d’une

éthique de la vertu sociale qui se caractérise par une justice exemplaire et à moindre coût.

Feu, le Président Houphouët-Boigny disait : « la guerre ne fait pas l’économie de la paix, or

les injustices sont des vecteurs de guerre, causant des morts et des traumatismes. Faute d’une

justice équilibrée, les victimes conscientes de leur situation vont développer des stratégies

multiples d’autodéfense, ce qui est bien coûteux. Le coût de compensation liée à la justice

populaire est d’autant élevé que la soif de vengeance amène l’usage de tous les moyens à

portée avec la prolifération des milices armées et l’enrôlement des jeunes soldats ».

Ainsi, considérons la figure 2, avec en abscisse un indice de qualité de la justice qui varie

entre un minimum de justice représentant la populaire et un maximum de justice représentant

la justice exemplaire et, en ordonnée, le coût marginal de compensation. La courbe AB

illustre le fait que le coût marginal de compensation diminue avec la promotion d’une justice

exemplaire, et il augmente avec le laisser aller correspondant à la justice populaire (CD). Au

point P, le coût marginal est Cp. Dans ce cas, la justice n’est pas au niveau de qualité requis

pour être exemplaire, même si son coût est plus élevé que le coût d’équilibre vertueux.

Celui-ci ne peut être vertueux sans que soit accrue la justice exemplaire. Ce qui provoque un

déplacement de la courbe d’équilibre du point q vers le point r d’intersection des droites C’D’

et A’B’.

Le point r correspond à celui de l’équilibre vertueux qui améliore la cohésion sociale tout en

fournissant une justice de qualité au moindre coût (Cr).

Au niveau q, le coût marginal obtenu (Cq) est alors supérieur au coût d’équilibre vertueux

(Cr).

Page 159: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

158

B

C

C’

D’

A

4

B’

Coût marginal investissement

compensation

A D

Cq

Cp

Cr

q

p

r

Justice populaire/ Justice exemplaire

Figure 2 : Equilibre justice populaire et justice exemplaire

Page 160: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

159

Avec une justice exemplaire, la droite CD tend vers C’D’ et, la droite AB monte vers A’B’ »

jusqu’au point d’intersection r où on obtient l’équilibre de résilience vertueuse de cohésion

sociale induite par la justice exemplaire.

Le tableau 1 ci-dessous fait une synthèse du processus de résilience vertueuse dont nous

avons présenté les caractéristiques dans les sections précédentes. En définitif, pour permettre

un équilibre de cohésion sociale, les outils de l’analyse économique ne suffisent pas. Si la

capacité de rebond se déroule selon un processus marqué par des interactions sociales, il fait

aussi appel à des temporalités variables en fonction de l’intensité du choc et des valeurs

encrées au sein de la population. La résilience vertueuse s’apprécie alors à travers des niveaux

d’équilibre de la compensation qui permet d’accroître le désir de pardon et la mise en œuvre

d’une justice exemplaire. Or la compensation concerne non seulement les personnes

directement touchées par les traumatismes liés à la crise, mais aussi leurs descendants, qui

demeurent des ayant droits. Elle est donc intergénérationnelle. La justice exemplaire pour être

vertueuse doit être équitable.

Sans une justice équitable, à la fois pour tous, sans laisser dans l’oubli, sans exclusion, la

cohésion sociale peut prendre plus de temps que nécessaire. On en arrive à une situation de

vulnérabilités accrues avec le développement incontrôlé des milices et des enfants soldats.

Cette justice vertueuse relève de la volonté de tous les acteurs tuteurs ou demandeurs de

résilience. Ce n’est que sur cette base que l’on pourra obtenir une éclosion véritable des

capabilités et des libertés pour une la cohésion sociale.

Page 161: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

160

Tableau 1 : Cohésion sociale entre justice populaire et justice exemplaire, oubli et

commémoration

Valeurs, culture

Temps 1 : Compensation immédiate

Temps 2

Compensation

progressive

Coût

social Justice populaire Justice exemplaire Justice exemplaire

Fort désir de

commémoration

(Vengeance,

rétention)

Justice populaire

et désir de

Vengeance=>Plus

de souffrance

Le désir de

commémoration est

très fort, les résultats

bénéfiques de la

justice exemplaire sur

la cohésion sociale

mettront plus de

temps

Si Forte

implication chefs

coutumiers

cohésion sociale

possible mais il

faut du temps

Élevé

Fort désir

d’oubli

(Pardon)

Cohésion sociale

retardée,

souffrance

Cohésion sociale

favorable

Cohésion sociale

raffermie Moindre

Page 162: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

161

2. Résilience post crise et capabilités

En faisant l’hypothèse que la résilience vertueuse devrait permettre aux individus de pouvoir

accéder librement aux biens et services utiles pour mener une vie socialement digne, nous

nous rapprochons du concept de capabilités de Sen, sur la capacité de pouvoir faire librement

des choix alternatifs de mode de vie et d’en assumer les conséquences.

Dans le contexte d’après crise, on peut interpréter ces capabilités comme étant des libertés

d’acteur pour des choix alternatifs de mode de vie face aux externalités post-crise6. La

philosophe américaine Martha Nussbaum, proche de Sen (2003),7 traduit ces libertés en

termes de « pouvoir vivre, pouvoir jouir, pouvoir utiliser, pouvoir éprouver, pouvoir se

former, pouvoir rire. » Ainsi les capabilités de Sen sont perçues dans une vision de

l’épanouissement total des potentialités humaines. Après avoir examiné ces libertés dans le

contexte post-crise de la Côte d’Ivoire, nous allons les dilemmes qui constituent des défis

pour la promotion de la cohésion sociale.

6Pour une vision qui privilégie les agents et leurs aptitudes à agir tant individuellement que collectivement, et

dotés d’une évaluation normative sur les conséquences positives ou perverses de certaines mesures voir (Ballet et

al., 2008). 7La capabilité d’une personne dépend de nombreux éléments qui comprennent aussi bien les caractéristiques

personnelles que l’organisation sociale (Sen, 2003).

Page 163: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

162

2.1. Capabilités comme libertés

La décennie de crise (2000-2011) qu’a connu la Côte d’Ivoire a impacté les capabilités des

populations dès lors que l’on considère celles-ci à partir des libertés de choix parmi

différentes modes de vie, telles que définies par Sen. Nous présentons quelques illustrations

dans le cas de la Côte d’Ivoire.

Au titre des libertés économiques : les premières évaluations avaient montré une détérioration

des libertés économiques, liée à la baisse notoire du taux de croissance économique qui est

passé de 4,5% dans les années 1998-2000 à -4.7 en 2011, la destruction massive

d’infrastructures publiques et privées et, l’arrêt sur une longue période des investissements qui

sont vitaux pour la population. 8. Les avancements indiciaires des salariés du secteur public

ont été bloqués depuis 1996. La pauvreté et l’inégalité sociales se sont accrues

particulièrement en milieu rural où l’indice de pauvreté est passée de 42% en 1993 à 62,5% en

2008. Les rackets avaient pris de l’ampleur, notamment dans le domaine des transports. Au

titre des entraves à la liberté économique, on peut citer le ressentiment d’un harcèlement

fiscal chez certains opérateurs justifié par le niveau des arriérés de recouvrement

importants (seulement 20 % des entreprises contribuent pour 80 % des recettes fiscales)

(Cissé, 2015).

Dans le rapport annuel 2013 sur la Liberté économique EFW (Economic Freedom of THE

World) international, la Côte d’Ivoire figure au titre des pays qui se situent au bas du

classement.9

Dans l’optique d’une amélioration de la liberté économique, le programme d’investissement

dénommé PPU (Programme Présidentiel d’Urgence) et divers programmes ont donné la

priorité aux dépenses en faveur des pauvres et à la reconstruction. Des investissements

importants ont porté sur les infrastructures socio-économiques de base, l’amélioration de

l’offre de santé et d’éducation, la reconstruction et la rénovation des universités, la

8Rapport d’évaluation externe du plan prioritaire pour la consolidation de la paix en Côte d’Ivoire (2014) in

www.universalia.com 9http://www.afrik.com/ile-maurice-championne-d-afrique-de-la-liberte-economique, EFW mesure le degré de

liberté économique dans cinq domaines que sont : taille de l’Etat, système juridique et droits de propriété,

sécurité monétaire, liberté de commerce et la réglementation, pour 144 pays

Page 164: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

163

construction de l’autoroute Abidjan-Yamoussoukro, du pont Henri Konan Bédié, le

renforcement de la sécurité, le recrutement des ex-combattants la consolidation de la

cohérence sociale etc. Tout cela a permis de réaliser sur la période 2011-2014 un taux de

croissance de 9,8 en 2012, 8% en 2013 et 8,5% en 2014, et une croissance prévisionnelle de

7,9% en 2015 et 7,6% en 2016 et 2017. Cette croissance économique a permis de relever le

seuil du salaire minimum interprofessionnel garanti, (Smig – désormais fixé à 60 000 XOF)

et, le relèvement des niveaux de salaires (avancements indiciaires bloqués depuis 1996) a été

effectif dès 2015.

Pour lutter contre les rackets, des mesures et investissements ont été réalisés dans le domaine

de transport (19 stations permanentes de contrôles techniques automobiles et industriels, dont

5 à Abidjan et 14 à l’intérieur du pays), accroissent les libertés économiques.

Au titre des facilités de communication, de 16 millions d’abonnés au réseau de téléphone

mobile en 2012 on est à près de 25 millions en 2015. Le nombre d’abonnés à internet a

explosé, passant de 200.000 à 8 millions au même moment.

Au titre des opportunités sociales, malgré la priorité accordée à l’éducation depuis 1960, au

niveau national, le nombre d’enfants hors du système éducatif est assez élevé, 1 123 674 soit

37,9% des enfants de 6 à 11 ans, n’ont pas été scolarisés en 2015 (ENSEA).10

Au niveau du secteur de santé, le rapport du PNUD en 2015, indique que sur les huit (8)

objectifs du millénaire, pour la Côte d’Ivoire, de gros efforts ont été consentis pour atteindre

l’objectif 6, à savoir combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies, cependant le

pays figure toujours parmi les pays en retard en ce qui concerne la réduction de la mortalité

maternelle et infantile. Les insuffisances en matière d’assainissement et d’approvisionnement

en eau potable contribuent aussi à l’aggravation de ces problèmes de santé.11

Concernant les opportunités de sécurité, le sentiment d’insécurité demeure. Une enquête

exploratoire auprès de 40 jeunes de Bouaké, en 2015, a d’ailleurs montré que le sentiment

d’insécurité, perdure chez 57,5%.12

10

Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA), Abidjan, République de Côte

d’Ivoire. 11

Côte d’Ivoire, Compte sectoriel de la santé, rapport 2010. 12

Communication, Ballet J. et al. ATM juin 2016, Lille.

Page 165: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

164

Au titre des garanties de transparence le recensement de la population, interrompue depuis

1998 a été, relancée en 2014 et, a permis de dénombrer 22, 671331 millions d’habitants, dont

9,481351 soit 41,8% de moins de 15 ans.

Opportunités de Compensations monétaires aux victimes identifiées : Cellule de vérification

de la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes

(CONARIV), a pu valider 316 954 dossiers sur 874 056 dossiers reçus ; soit 36,3%, selon la

typologie des types de traumatismes suivante : violences basées sur le genre qui représentent

0,77%, blessures graves 8,45%, meurtres et disparitions 6% et destructions de biens (84,78%).

La prise en compte des victimes couvre tous les épisodes de la décennie de crise 13 (Une liste

consolidée des victimes de la crise post-électorale désormais disponible).

On peut considérer que dans le contexte après crise, les mesures de renforcement de ces

capabilités peuvent être considérées de façon générale comme des compensations liées aux

externalités négatives subies par la population. L’indemnisation monétaire des victimes en fait

partie. Cependant ces capabilités vues sous l’angle monétaire ne sauraient être suffisante pour

régler un problème éthique, celui de la souffrance née des traumatismes créés par une

décennie de crise : la cohésion sociale doit être considérée comme une vertu éthique à

développer (Dubois, 2008)

2.2. Au-delà des capabilités : la cohésion sociale comme éthique de la vertu

Bazin (2006) trouve que le principe de compensation est inefficace dans la majorité des cas

extrêmes, de pollutions par les petits pollueurs. Ceux qui sont pollués ne sont pas conscients

de leur statut de victimes. On peut transposer ce constat dans le cadre des crises liées à la

guerre. Les petites pollutions, ce sont toutes les traces laissées par les conflits dans le cœur

des hommes.

La compensation monétaire ne saurait donc être le seul moyen pour répondre à un problème

de post conflit, faute de quoi, l’homme serait perçu comme un moyen ; c’est un problème

13

Coup d’Etat de 1999, la rébellion armée de 2002 et la crise postélectorale de novembre 2010 à avril 2011.

Page 166: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

165

éthique fondamental, qui nécessite des interventions éthiques. Sans que l’on ne soit

physiquement atteint, il peut subsister une souffrance morale. La confiance à la capacité de la

justice de porter une réponse à ces souffrances est faible. En effet on note de 94% des

Personnes interrogées au cours d’une enquête sur leur perception par rapport à la justice

déclarent n'ayant pas confiance à la justice nationale.

En Côte d’Ivoire, le post électorale a fait officiellement 3.000 morts. Les revendications

d’indemnisation jugées recevables ne représentent que 316 954 sur les 874 056 dossiers

reçus soit 36,3%, On peut considérer que les demandes non recevables sont l’expression

d’une souffrance interne, qu’on a pu extérioriser avec ces dossiers irrecevables. Le choix des

victimes à indemniser rentre dans une logique de négociation (réponse de Coase à la

problématique de l’internalisation des effets externes négatifs).

En définitif, ce sont les normes de justice mises en place par les pouvoirs publics qui

permettent de trancher les cas de conflit liés aux compensations. Cependant, les manipulations

d’appartenance ethnique, politique et religieuse, la violence et l’impunité, peuvent être un

frein à la mise en œuvre de ces normes et susciter de nouvelles formes de violences.14

Les

conflits fonciers sont assez récurrents, pour preuve les affrontements intercommunautaires de

Bouna qui se sont déroulés du 19 à l’ont fait 33 morts dont un gendarme et 52 blessés, selon

le bilan dressé par le gouvernement. Les Lobis, population autochtone principalement

agricole, ont brûlé des cases appartenant à des Peuhls, des éleveurs allogènes, leur reprochant

de laisser leurs bétails saccager les champs. Ces conflits naissent aussi du fait de la cession

incontrôlée des terres15

(Ibo, 2012)

A Abidjan, de jeunes délinquants dont l’âge varie de 12 à 25 ans se font appelés microbes

dans le district d’Abidjan, et qui sont en possession de la drogue (fumoir et de l’arme

blanche). On a aussi l’augmentation de la cybercriminalité.

14

Rapport CNE (2012)

15Les causes des conflits sont multiples. On peut citer entre autres le non respect des clauses des contrats de

cession de terre, le poids des sollicitations des autochtones vis-à-vis des étrangers dans le cadre du tutorat, la

remise en cause des contrats de cession de terre par les jeunes de retour dans les villages, etc.).

Page 167: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

166

Ces faits de violence prouvent que la cohésion sociale ne peut être obtenue par des

compensations de capabilités uniquement, il faut ériger la cohésion sociale au titre d’éthique

de la vertu. Cette vertu s’appuie sur l’autocontrainte (dépassement, reconnaissance de la

souffrance) et la responsabilité face aux dilemmes qui ne manqueront pas de surgir. Cette

vertu se base aussi sur les différentes formes de relations constructives. En science sociale,

une société où les individus, entrent très souvent en contact et peuvent s'entraider d'une

manière ou d'une autre, aurait un capital social élevé, par l'existence et le dynamisme des

familles, des associations, des églises, des groupes communautaires et des rencontres

informelles de voisinage (Bévort et Lallement, 2006). Cette éthique de vertu de se traduira

donc par le niveau élevé de capital social axé sur les préoccupations de cohésion sociale et la

prise en charge psychologique des victimes.

Les programmes tels que celui d’appui au renforcement de l’inclusion et de la cohésion

Sociale (PARICS) de la BAD intègrent des indicateurs de suivi de cette cohésion, mais il faut

aller au-delà pour une véritable vertu de cohésion sociale. Une telle approche permet de

cerner toutes les dimensions de la cohésion sociale, dans le contexte et les situations vécues

par les victimes de la crise est appelée approche phénoménale de la Résilience.

Page 168: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

167

ENCADRE : Le Programme d’Appui au Renforcement de l’Inclusion et de la Cohésion

Sociale (PARICS) vise essentiellement à appuyer les efforts de la Côte d’Ivoire dans le

rétablissement de la cohésion sociale et l’amélioration de l’inclusion sociale pour non

seulement soigner les dommages sociaux et psychologiques résultant du conflit passé, mais

aussi pour les prévenir à la source afin de garantir une plus grande stabilité politique et une

croissance économique plus équitable.

Quelques indicateurs de suivi : Le taux de résolution des conflits intercommunautaires par la

médiation de 32% en 2012 à 60% en 2016. ; Le pourcentage des terroirs villageois délimités

et sécurisés dans l’Ouest et le Nord- Est devrait passer de 15% en 2013 à au moins 70% en

2016. ; La proportion de villages mettant en place leur Comité de Délimitation et de gestion

foncière devrait passer de 10% en 2013 à au moins 70% en 2016

Page 169: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

168

Conclusion et perspective de recherche

Notre approche de la résilience économique par les capabilités et les compensations nous

permet de revenir sur les événements qui impactent sur la résilience. Pour ce faire, nous avons

examiné deux conditions d’équilibre de compensations : la première qui concerne l’opposition

entre désir d’oubli et désir de commémoration, et, la seconde, entre justice populaire et justice

exemplaire. Nos hypothèses ont porté sur le coût de la compensation. Une justice qui favorise

la cohésion sociale est une justice exemplaire à moindre coût. La justice populaire crée des

situations difficilement maîtrisables. Dans ce contexte, on ne peut parvenir à la paix et à la

cohésion.

Ensuite, nous avons pesé les limites d’un équilibre basé sur les compensations monétaires,

dans un contexte de défis moraux, où les convictions peuvent conduire aux affrontements.

Une telle approche peut être qualifiée de phénoménologie de la résilience.

Cette approche phénoménologique, nécessite de compter avec le temps, sur l’auto contrainte,

les responsabilités, la transparence, la volonté du dépassement, l’apaisement. Des évaluations

régulières s’imposent pour apprécier les défis post crise et œuvrer pour la cohésion sociale. Il

faut citer l’étude de la Coalition Ivoirienne pour la Cour Pénale Internationale (CI-CPI) sur la

perception de la justice nationale, internationale et transitionnelle en Côte d’Ivoire (2014).

Cette approche de la résilience comme éthique de vertu sociale, ouvre de nouvelles

perspectives de recherche sur les externalités négatives. C’est une approche basée sur le

niveau élevé de capital social, des discussions, l’autocontrainte et les responsabilités, qui

nécessite la mise en place d’un observatoire éthique de la cohésion sociale comme vertu

(Mahieu, 2012).

Dans cette optique, le rôle de la société civile est importante et nécessite des renforcements de

capacité tels que définis dans l’étude de faisabilité du programme d’appui à la société

civile (Floridi et Verdecchia, 2010).16

16

Cf. Etude de faisabilité du programme d’appui à la société civile en Côte d’Ivoire, Rédigé par les experts

Maurizio Floridi et Stefano Verdecchia.

Page 170: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

169

Il y a lieu aussi à prévenir des situations d’anomie chez les jeunes qui représentent une frange

importante de la population (77,7% ont moins de 36 ans) Au plan méthodologique on pourra

se baser à cet effet sur l’étude CREDOC (Aillet et al., 2000).

Page 171: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

170

Références

AILLET V., LE QUEAU P., OLM, C., (2000), "De l’anomie à la déviance, réflexions sur le

Sens et la mesure du désordre social", Cahier de recherche, CREDOC.

ATLANI DUAULT L. (2006), Entre mémoire et oubli : la construction institutionnelle de la

Souffrance sociale : un essai d’anthropologie politique de l’aide au développement, in BARE

J.-F. (Ed.), Paroles d’experts : études sur la pensée institutionnelle du développement,

Hommes et Sociétés, Karthala, Paris, pp. 239–288.

BALLET J., DUBOIS J.-L., MAHIEU F. R. (2008), Les responsabilités des acteurs de la

Filière production face aux externalités négatives : importance des structures de capabilités

Individuelles et collectives, in DUBOIS J.-L., BROUILLET A.S., BAKHSHI P., DURAY-

SOUNDRON C. (Eds.), Repenser l’action collective : une approche par les capabilités,

Ethique Economique, L’Harmattan, Paris, pp. 171–194.

Page 172: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

171

BAZIN D. (2006), L’éthique économique, Armand Colin, Paris.

BEVORT A., LALLEMENT M. (2006), Le capital social : performance, équité et

Réciprocité, Découverte, Paris.

CHATAIGNIER J.-M. (2014), Fragilités et résilience : nouvelles frontières de la

Mondialisation, Karthala, Paris.

CISSE A. (2015), "Rencontre avec PricewaterhouseCoopers (PwC)", Échos Budg, n°2, pp. 8-

24.

COTE D’IVOIRE (2004), Rapport sur la situation des droits de l’homme en CI.

COTE D’IVOIRE (2015), Contribution Prévue Déterminée au niveau National

(CPDN/INDC) et Stratégie Nationale de Lutte contre les Changements Climatiques 2015-

2020 adoptée fin 2014.

COTE D’IVOIRE (2012), Rapport 2012 de la Commission Nationale d’Enquête (CNE) sur

Page 173: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

172

les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en Côte

d’Ivoire dans la période postélectorale allant du 31 oct. 2010 au 15 mai 2011 inclus. (Juillet).

DUBOIS J.-L. (2008), Repenser l’action collective : une approche par les capabilités,

Ethique économique, L’Harmattan, Paris.

DUBOIS J-L (2008), La réflexion éthique et l’économie publique du développement.

IBO J. (2012), "Phénomène d’acquisition massive des terres et dynamiques socio-foncières en

Milieu rural ivoirien: enjeux socio-économiques et culturels (Conférence –débat sur les

Acquisitions massives des terres agricoles en Afrique et les droits des communautés rurales)",

Inades-Formation International, Abidjan.

JARRET M.-F., MAHIEU F. R. (1998), Economie publique : Théories économiques de

l’interaction sociale, Ellipses, Paris.

KOFFI K. J. M., OUATTARA M., BALLET J. (2014), "Résiliences et équilibres en Côte

Page 174: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

173

d’Ivoire post crise", Éthique et économique, Vol. 11, n°1, 15 p.

MAHIEU R. F. (2012), "Vers une éthique du développement, depuis Denis Goulet",

Presented at the Vers une économie humaine : pensée critique d’hier pour aujourd’hui,

Abbbaye d’Ardenne-Caen, 24 p.

OASIS K.-T. (2013), "Pauvreté de chiffres : Explication de la tragédie statistique africaine",

Université de Kinshasa, Janv.

SEN A. K. (2003), L’économie est une science morale, La Découverte, Paris.

UMI RESILIENCE, (2014), Présentation Ouvrage "Fragilité et Résilience : les nouvelles

frontières de la mondialisation), OUATTARA M, UMI Résilience, CIRES.

VERDECCHIA S. (2010), "Etude de faisabilité du programme d’appui à la société civile en

Côte d’Ivoire", Fonds Européen de Développement.

Page 175: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

174

Etude des stratégies de survie des exploitations agricoles de cacao au Sud-Ouest

ivoirien : une approche selon l’origine des producteurs.

Tano Maxime ASSI

Université Péléforo Gon COULIBALY, Korhogo (Côte d’Ivoire)

Résumé

La crise cacaoyère de la fin de la décennie 1970 a profondément bouleversé les stratégies de

survie des producteurs. Elle s’est manifestée par la rareté des facteurs de production (la terre et

le travail), la diminution de la production et du revenu, la transformation du milieu écologique

et la baisse de la pluviométrie. Pour faire face à l’ensemble de ces contraintes, les producteurs

ont adopté diverses stratégies dont l’objectif est soit de diversifier les sources de revenu, soit de

réduire les charges familiales.

Mots-clés : Cacao, Crise agricole, Producteur, Stratégies Agricoles.

REVUE INTERNATIONALE DE GESTION ET D’ECONOMIE SERIE B - ECONOMIE / NUMERO 1 - VOLUME 1 - Décembre 2016 / pp. 174-191.

Page 176: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

175

Abstract

At the end of the 70s, the cacao crisis has dramatically transformed the producers’ surviving

strategies. The crisis is reflected in the scarcity of means of production (land and labor), the

diminution of production and revenues, the transformation of the environment and the decrease

in rainfall. To face these constraints, the producers adopted new strategies, the aim of which is

either to diversify the sources of revenue or to reduce the domestic charges.

Keywords: Cocoa, Agricultural Crisis, Producers, Agricultural Strategies.

Page 177: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

176

La crise que connaît le secteur cacaoyer depuis la fin de la décennie 1970 a considérablement

bouleversé les structures économique, politique, sociale et environnementale des producteurs.

Elle se traduit par la rareté des facteurs de production (la terre et le travail), la diminution de la

production et du revenu, la transformation du milieu écologique marquée par l’apparition d’une

nouvelle espèce d’adventice (le Chromoloena odorata), d’une nouvelle maladie du cacaoyer (le

swollen shoot) et la baisse de la pluviométrie. Ces faits font apparaître une nouvelle polémique

sur la capacité des exploitations agricoles à s’adapter aux mutations socio-environnementales

et économiques. Beaucoup d’auteurs ont mis en avant la « capacité d’adaptation et de

flexibilité » des exploitations agricoles pour tenir compte de l’évolution de l’environnement.

C’est pour rendre compte, autant que faire se peut, de ces évolutions dans le temps et de la

capacité d’adaptation des producteurs que notre étude se réfère à la théorie du comportement

adaptatif des agriculteurs d’Eduardo Chia, Michel Petit et Jacques Brossier. Cette théorie

constitue permet de comprendre et d’analyser les décisions des agriculteurs, concernant la

répartition des facteurs de production et de la production elle-même, le choix des

investissements et les décisions en situation de risques.

Le présent article s’inscrit dans cette perspective et propose d’appréhender dans une optique

comparative, les bouleversements intervenus dans les exploitations agricoles des Bakwé (les

autochtones), des Baoulé (les allochtones) et des Burkinabé (les allogènes). Autrement dit, il

s’agit non seulement de comprendre et d’analyser les facteurs objectifs qui permettent

d’expliquer la crise cacaoyère mais surtout d’analyser les réponses des exploitations agricoles

face à la crise.

Pour ce faire, l’analyse s’appuie sur les données de deux enquêtes menées en 2010 dans la

région du Bas-Sassandra au sud-ouest ivoirien. Ces enquêtes présentent un état des lieux de la

cacaoculture dans la principale zone de production cacaoyère de Côte d’Ivoire. En effet, elle

fournit à elle seule environ 36 % de la production nationale (396.000 tonnes) soit 15 % de la

production mondiale et renferme 43 % de l’ensemble des producteurs de cacao de Côte

d’Ivoire (ENSEA, 2002). Ces enquêtes concernaient 70 exploitations agricoles, soit 105

producteurs de cacao.

L’article s’oriente autour de quatre axes. Le premier présente le cadre conceptuel et théorique

de l’étude. Il se base sur le concept d’exploitation agricole et repose sur la théorie du

comportement adaptatif des agriculteurs. Le second s’intéresse aux caractéristiques socio-

économiques des exploitations agricoles avant la crise. Le troisième axe concerne les

Page 178: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

177

manifestations de la crise cacaoyère. Il montre l’impact de la crise sur les structures sociales et

économiques des Bakwé, sur les rapports de travail au sein de la cellule familiale et entre les

groupes sociaux (Bakwé, Baoulé, Burkinabé), sur l’autonomie des jeunes filles et garçons et

sur l’environnement écologique. Enfin, le dernier axe analyse les réponses des producteurs à la

crise.

1. Présentation du cadre conceptuel et théorique de l’étude

Compte tenu de son caractère complexe et multidimensionnel, il est difficile de donner une

définition type de l’exploitation agricole (Gastellu, 1980 ; 1982). Car, chaque exploitation

agricole possède ses propres caractéristiques, découlant des variations en dotation en

ressources, des conditions familiales, et de ses propres objectifs qui définissent son

fonctionnement. Selon l’unité statistique retenue, certains auteurs ont proposé des définitions

en tenant compte des unités budgétaire, de consommation, du foncier, du système et de la

production.

1.1. L’exploitation agricole : un concept complexe et

multidimensionnel

Comme une unité budgétaire, la Sedes32

(1967) définit l’exploitation agricole comme « le plus

petit groupe de personnes ayant un budget commun ou tout au moins dépendant d’un revenu

principal commun. » En fonction de l’unité de consommation, l’exploitation agricole désigne

l’ensemble des individus qui vivent de la même récolte. Par exemple, en pays baoulé, au

Centre de la Côte d’Ivoire, l’exploitation agricole représente toutes les personnes qui se

nourrissent de la même récolte, c'est-à-dire de l’igname. En tant qu’unité foncière,

l’exploitation agricole fait allusion à l’ensemble des terres utilisées entièrement ou en partie

pour la production agricole et qui est considéré comme unité technique. L’unité est exploitée

directement par une personne, le chef d’exploitation seul ou aidé par les membres de son

ménage ou des manœuvres. Jean-Louis Chaléard (1996) a retenu le critère de l’unité de

production. Pour lui, l’exploitation agricole est « considérée sur le plan spatial par des parcelles

de cultures permanentes ou temporaires. Elle regroupe le chef d’exploitation autour de lui, sa

32

La Société d’Etudes pour le Développement Economique et Social, cité par Jean-Louis Chaléard, 1996.

Page 179: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

178

ou ses femmes, ses enfants et quelques neveux, voire des frères et sœurs ». Brossier et al,

200333

vont dans le même sens en présentant l’exploitation agricole comme un centre de

décision et/ou un système famille-exploitation qui « combine et utilise des facteurs de

production pour produire des biens et services en vue de réaliser des objectifs fixés par

l’agriculteur et sa famille ». Christine Aubry (2007) retient le critère de système. Selon

l’auteur, l’exploitation agricole « est considérée comme un système piloté par l’agriculteur et

sa famille (voire d’autres acteurs), où s’emboîtent divers niveaux de décision, des plus

stratégiques (constitution même du système de production : choix des productions, de leur

combinaison, des ressources productives, terre, équipement, main d’œuvre) à ceux qui portent

sur l’allocation des ressources productives aux différentes productions et sur la conduite même

de ces productions. » Toutes ces définitions ne sont pas contradictoires. Bien au contraire, elles

justifient le caractère multidimensionnel et divers des exploitations agricoles. Mais en fait,

comment appréhender cette multiplicité et comment en rendre compte ? Tenir compte de ces

caractéristiques (évolutif, multidimensionnel et divers), nécessite la prise en compte des

théories dynamiques qui rendent compte des évolutions dans le temps des exploitations

agricoles. C’est d’ailleurs ce que suggère la théorie du comportement adaptatif (TCA) de

Eduardo Chia, Michel Petit et Jacques Brossier (2014).

1.2. La prise en compte du caractère multidimensionnel, divers et

évolutif des exploitations agricoles : la TCA

D’après ces auteurs, la théorie du comportement adaptatif des agriculteurs tient compte des

décisions prises par les agriculteurs pour conduire leurs exploitations. Comment ces décisions

sont-elles prises et quels en sont les déterminants ? Pour rendre compte de la nature dynamique

de la théorie, la TCA soutient que les décisions sont évolutives et s’échelonnent selon les

saisons, en fonction du déroulement des travaux, etc. Aussi, elle a proposé de recourir aux

concepts projet, de situation, de perception et d’adaptation car « l’acteur/décideur s’adapte en

permanence, ce qui permet des interprétations fines du comportement des agriculteurs, aussi

bien dans leurs décisions quotidiennes que dans leurs choix stratégiques à plus long terme,

comme ceux d’adoption des innovations techniques. » Cette théorie peut-elle s’appliquée à la

situation des producteurs de cacao que nous étudions ? A cette interrogation, les auteurs

répondent que la TCA est « d’application générale » et permet de rendre compte du

33

Cité par Mohamed Gafsi, 2006.

Page 180: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

179

fonctionnement de différents types d’exploitation. Ainsi, la TCA peut contribuer à rendre

compte des transformations sociale, économique et environnementale qui affectent

l’agriculture cacaoyère. Ces bouleversements peuvent être appréciés selon l’origine des

producteurs.

2. Diversité des exploitations agricoles selon l’origine du producteur

Il existe une multiplicité d’exploitations agricoles dans le monde. Sotomayor et al, (2011)34

en

ont dénombrée 17 millions en Amérique latine. En Afrique subsaharienne, les groupements de

producteurs familiaux se multiplient aussi « tout en prenant des formes juridiques variées. »

(Eduardo Chia et al, 2014). Beaucoup d’auteurs (idem, 2014, B. Hervieu et F. Purseigle, 2013,

Yung Jean-Michel et al.1992), ont proposé à travers la littérature une typologie des

exploitations agricoles. Au niveau du Sud-Ouest, la diversité des situations agricoles peut

s’appréhender selon l’origine des producteurs à partir des critères de structure (taille de

l’exploitation, nature de la main-d’œuvre : familiale et salariée et sources de revenus: agricole

et extra-agricole), de mode d’accès au foncier (héritage, échange travail contre terre, achat,

etc.) et du régime alimentaire dominant (Riz, igname, maïs). Selon nos enquêtes, les

exploitations cacaoyères au Sud-Ouest sont en général de type familial et de petite taille (4,96

hectares). La production annuelle moyenne est estimée à 2,21 tonnes et emploient en moyenne

0,89 travailleur agricole. L’âge moyen des vergers est de 23,5 ans. Les rendements

s’établissent en moyenne à 447 kg/ha. Plus de la moitié des enquêtés (67 %) n’a aucun niveau

d’instruction. La prise en compte des groupes ethniques montre l’existence de profondes

disparités.

2.1. Caractéristiques des exploitations agricoles des Bakwé

Les Bakwé se trouvent au sud-ouest de la Côte-d’Ivoire, dans la sous-préfecture de Méadji,

entre Soubré et San-Pédro. L’organisation politique est de type lignager, à filiation

patrilinéaire et la parenté joue un rôle capital. D’après les données de nos enquêtes,

l’exploitation agricole des Bakwé rassemble autour du chef d’exploitation, sa ou ses femmes,

ses enfants, ses neveux, ses frères, ses beaux-frères et belles-sœurs. Elle est composée

d’environ 10,28 personnes dont 3,76 enfants et 6,52 hommes et femmes. L’âge moyen des

34

Cités par Eduardo Chia et al, 2014.

Page 181: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

180

exploitants est de 54 ans. Le niveau d’instruction est relativement élevé, avec seulement 36 %

des enquêtés qui ne savent ni lire ni écrire. La taille des exploitations agricoles est en moyenne

de 4,96 hectares et les rendements s’élèvent à 351 kg par hectare, rendements faibles par

rapport à la moyenne de l’ensemble des personnes enquêtées. L’âge des vergers est d’environ

25 ans et le nombre moyen d’aboussantiers employés est de 1,4. Qu’en est-il des Baoulé?

2.2. Caractéristiques des exploitations agricoles des Baoulé

Le people Baoulé du Sud-ouest est essentiellement constitué des Nanafouê35

, dont on a assisté

à partir de 1970, à leur déplacement suite à la destruction de leurs villages lors de la

construction du barrage de Kossou sur le fleuve Bandama au centre de la Côte d’Ivoire.

Environ 75.000 baoulé repartis sur 130 villages ont été déplacés. Ils ont été incités à s’installer

dans la zone forestière du Sud-Ouest où des espaces forestiers ont été déclassés pour les

accueillir (Véronique Lassailly-Jacob, 1982). L’exploitation agricole des Baoulé comprend un

homme, sa femme, ses enfants, ses neveux et occasionnellement ses frères, qui constituent la

main d’œuvre salariée. L’exploitation agricole des Baoulé est composée en moyenne 8,03

personnes, dont 2,88 enfants et 5,15 hommes et femmes. Tous les adultes sont actifs dans

l’agriculture et l’âge moyen des chefs d’exploitation est de 50 ans. Le niveau d’instruction est

relativement faible. Environ 48 % de personnes interrogées ne savent ni lire ni écrire. La taille

des exploitations agricoles s’établit en moyenne à 5,65 hectares et les rendements s’élèvent à

498 kg par hectare, rendements supérieurs à la moyenne de l’ensemble des populations

enquêtées. L’âge des vergers est de 22 ans. Le nombre d’aboussantiers36

employés est faible ; il

est de 0,54 travailleurs salariés. Les enfants sont souvent employés comme main-d’œuvre

salarié. Cette stratégie vise à faciliter la transmission interfamiliale de l’héritage foncier.

L’exploitation agricole assure une part importante de la production de rente : le cacao.

Toutefois, elle ne permet pas d’assurer leur sécurité alimentaire. La production vivrière est

essentiellement dominée par l’igname et les produits maraîchers. Qu’en est-il des Burkinabè?

2.3. Caractéristiques des exploitations agricoles des Burkinabè

35

Il s’agit d’un sous-groupe de l’ethnie baoulé, situé près de Yamoussoukro au centre de la Côte d’Ivoire. 36

L’aboussantier est un manœuvre agricole qui accepte de vendre sa force de travail moyennant une rétribution.

Celle-ci se fait selon les clauses du contrat "aboussan" par le partage de la production en trois. Les deux tiers

reviennent au producteur.

Page 182: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

181

Les Burkinabè sont pour la plupart issus de la migration. Depuis la période coloniale, ils ont

longtemps servi de main-d’œuvre agricole mais de créer leurs propres exploitations dont la

taille moyenne est de 6,02 personnes dont 1,62 enfants et 4,4 hommes et femmes.

L’exploitation agricole est composée d’un chef de ménage, sa femme, ses enfants et de ses

frères. L’âge moyen du chef de ménage est de 45 ans. Le niveau d’instruction est très faible.

Aucun individu de la population enquêtée ne sait lire ni écrire. Les Burkinabè exploitent en

moyenne 4,25 hectares de cacao dont l’âge est d’environ 22 ans. Ils emploient 0,73

aboussantier et les rendements s’établissent à 492 kg par hectare.

En résumé, on note que quelques soit le groupe ethnique, l’exploitation agricole la

situation alimentaire des exploitations agricoles reste encore limitée à la capacité des

ressources cacaoyères à acquérir l’alimentation sur le marché.

3. Impacts de la crise cacaoyère sur les exploitations agricoles

L’exploitation abusive de la forêt occasionnée par une agriculture sur brûlis a précipité

l’épuisement des ressources naturelles et provoqué des perturbations climatiques dans les zones

de production cacaoyère. Cette situation a précipité la chute des rendements et par conséquent

la baisse des revenus. La crise cacaoyère a donc bouleversé l’unité productive des agriculteurs

en transformant les structures familiales, les rapports de production et de travail tant au sein de

la cellule familiale qu’au niveau des groupes sociaux.

3.1. La dégradation des relations sociales au sein de la cellule familiale

et entre les groupes sociaux

La terre a constitué le principal vecteur de discorde, tant au niveau de chaque exploitation

agricole qu’entre les groupes sociaux. En effet, L’une des options qui ont permis aux

producteurs de maintenir leur main-d’œuvre, a été de mettre à la disposition de son (ses)

manœuvre(s) agricole(s) une portion de terre pour lui (leur) permettre de produire sa (leur)

propre nourriture. Après plusieurs années de travail, le manœuvre agricole pouvait disposer de

la terre soit en offrant quelques présents au propriétaire foncier soit en le payant directement en

espèces. Ces cessions de terre avaient lieu le plus souvent de façon verbale ou étaient

matérialisées par des reçus sans valeur juridique. À partir de 1980, suite à la crise économique

qui a provoqué une chute de l’emploi en milieu urbain, une politique du « retour des jeunes à

Page 183: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

182

la terre » a été prônée par les autorités ivoiriennes pour trouver une solution au chômage des

jeunes citadins. Les conflits fonciers entre les jeunes autochtones retournés à la terre et la

population allochtone (Baoulé et Burkinabé), ont pris de l’ampleur. En effet, beaucoup de

jeunes autochtones de retour au village qui se trouvaient sous la dépendance37

de leurs parents

ont remis en cause les contrats passés auparavant entre leurs parents et leurs manœuvres leur

permettant d’accéder au foncier sans que les jeunes aient été consultés. La non-reconnaissance

des contrats verbaux de cession de terre a exacerbé les conflits entre les jeunes et les

producteurs allochtones. Par manque de justificatifs valables, les anciens employés allogènes

des chefs d’exploitation autochtones ont été contraints d’acheter à nouveau à leurs enfants les

terres qu’ils croyaient avoir acquises depuis plusieurs années afin de ne pas se faire expulser de

leur parcelle. Les conflits fonciers ont quelquefois tourné en affrontement entre communautés

et provoqué le départ de plusieurs allochtones vers leur région d’origine. Cet état de fait a

accentué la rareté du facteur travail et a entraîné une modification des rapports de travail.

Au niveau familial, la crise a déstructuré les normes de la transmission intergénérationnelle de

l’héritage. Par exemple, chez les Bakwé, le mode de transmission de l’héritage est de type

patrilinéaire. Il stipule que l’héritage se transmet de père en fils. Ainsi, au décès du père, les

différents biens que ce dernier possédait de son vivant, sont répartis entre les membres de sa

filiation. Cependant, les personnes désignées pour le partage de l’héritage modifient

quelquefois les règles au profit de leur propre descendance (Léonard et Balac, 2005).

Pour prévenir ce type de pratique, certains enfants se font engager du vivant de leur père,

comme « aboussantier »38 dans leurs plantations. Les enfants qui n’ont pas pu prendre de

telles dispositions, entrent souvent en conflit avec leurs oncles ou avec les enfants de ces

derniers pour réclamer ce qui leur revient de droit. Le plus souvent, l’accès à la terre constitue

le principal mobile des conflits qui opposent non seulement les aînés aux cadets mais aussi les

héritiers de fait aux héritiers de droit.

La crise cacaoyère a aussi transformé la nature du travail familial, particulièrement celui des

enfants en les confinant dans l’exploitation. En effet, en réduisant le revenu des producteurs,

le caractère socialisant du travail des enfants s’est progressivement estompé. Le recours au

travail des enfants a compensé la faiblesse du revenu parental. D’après nos enquêtes, les

enfants sont contraints de travailler 7,6 heures par jour, avec seulement 1,48 heure de repos

37

Cette dépendance se traduisait par l’utilisation de cette jeunesse comme main-d’œuvre active familiale dans

la cacaoculture, d’autant que la main-d’œuvre salariale était devenue rare et chère. 38

Ouvrier agricole, chargé de l’entretien de l’exploitation. Il est rémunéré au tiers de la production.

Page 184: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

183

lorsqu’ils sont au champ. De plus ils effectuent souvent des travaux dangereux. En effet, il

ressort de nos investigations que sur 80 % des enfants employés pour le nettoyage des

plantations, 75 % se sont déjà blessés avec la machette39

. Par ailleurs, les parents ont modifié

les stratégies de scolarisation en accordant la priorité à leurs propres enfants par rapport aux

enfants apparentés qui ne sont plus scolarisés comme auparavant, mais employés comme main-

d’œuvre dans des activités domestiques ou agricoles. Les jeunes filles et garçons connaissent

aussi une dégradation de leur situation.

3.2. Renforcement de la vulnérabilité des jeunes

En affectant les relations entre les aînés et les jeunes, la crise a entravé la capacité de ces

derniers à constituer une unité familiale autonome. Dans la tradition, il y a un lien étroit entre

l’accès à la propriété foncière et la formation par le jeune de sa propre unité familiale. Les

difficultés d’accès à la terre de nombreux jeunes ont freiné cette marche vers l’autonomie et

il y a un recul de l’âge du mariage des jeunes hommes. Ainsi un des producteurs du village

de Krohon a été contraint de travailler chez son père jusqu’à ce qu’il se marie à l’âge de 25 ans.

Les jeunes filles qui sont souvent relayées au second rang comme coépouses dans des foyers

polygames, voient leur vulnérabilité se renforcer. En effet, elles accèdent difficilement à la

terre et au statut de chef de ménage même après le décès de leur époux. Les premières épouses

ont tendance à accaparer la terre à leur profit et à celui de leur propre progéniture.

Par ailleurs, la diminution des ressources foncières fait que les femmes n’ont plus le monopole

de l’exploitation des bas-fonds qui sont aussi convoités par les hommes. Comme elles

exploitent maintenant les bas-fonds avec les hommes, la gestion des ressources financières qui

en résulte ne relève plus de leur seule compétence et elles doivent tenir compte de l’avis des

hommes. La diminution des ressources foncières a accentué la dégradation du milieu

écologique.

3.3. La transformation du milieu écologique

39

Notre enquête auprès d’un échantillon de 20 enfants âgés de 10 à 18 ans, dont les parents sont

cacaoculteurs, dans la sous-préfecture de Méadji, en mars 2008 et 2010.

Page 185: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

184

En dehors de ses effets sur les structures sociales et économiques des producteurs, la crise

cacaoyère a également transformé le milieu écologique. La disparition de la forêt a provoqué

non seulement la baisse de la pluviométrie mais aussi encouragé les feux de brousse. Yao Brou

Télesphore et al. (2005) ont remarqué que le climat dans de la région du Sud-Ouest s’est

fortement dégradé. Il s’est rapproché de ceux des pays tropicaux secs où les pluies annuelles

restent généralement inférieures à 1.000 mm. Cela a entraîné l’apparition d’une nouvelle

espèce d’adventice : le Chromoloena odorata. Il s’agit d’une plante envahissante ; sa présence

dans une exploitation accentue la pénibilité du sarclage. Elle allonge sa durée et entraîne une

baisse de la productivité du travail. On assiste également depuis une dizaine d’années à

l’apparition d’une maladie du cacaoyer : le swollen shoot, maladie qui attaque les branches de

la plante et modifie la taille de la cabosse. Elle réduit la production et la superficie cultivée et

provoque aussi une baisse des rendements et du revenu des producteurs. Face à toutes ces

difficultés, les producteurs essayent d’adapter leurs comportements à la situation de crise.

Ainsi, ils diversifient leurs systèmes de culture et d’exploitation.

4. Les stratégies d’adaptation des producteurs à la crise cacaoyère

Face à la crise, les producteurs de cacao développent depuis une vingtaine d’années, des

stratégies visant soit à accroître la production ou la main-d’œuvre, soit à les main- tenir. Ces

innovations socioéconomiques se traduisent par la modification du système productif (systèmes

de production, de culture et d’exploitation) selon la disponibilité des facteurs de production.

Ces stratégies se traduisent par la diversification des sources de revenus et de crédit et la

réduction des charges familiales, notamment celles liées à l’utilisation de la main-d’œuvre

salariée.

4.1. La diversification des sources de revenus

La crise cacaoyère, en affectant le revenu des producteurs, a suscité le développement de

cultures illicites, dont la culture du cannabis. L’expansion de cette culture dans les années 1980

est motivée par le désir de trouver un revenu alternatif à celui tiré de la vente du cacao d’une

part, et la nécessité de compenser la faiblesse de la main-d’œuvre salariée en augmentant la

durée quotidienne du travail, d’autre part. La culture du cannabis a été implantée à côté de celle

Page 186: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

185

du cacao et l’importance des revenus tirés de cette activité illégale a favorisé son

développement. En effet, la valeur bord champ d’un sac de 20 à 25 kg de feuilles séchées

s’établissait autour de 150 000 à 200 000 Fcfa. Sur 0,1 ha, la production est estimée à 8 ou 12

sacs soit la valeur de 10 à 13 t de cacao produit sur une exploitation de plus de 30 ha (Léonard

et Balac, 2005). Le revenu du cannabis a permis à beaucoup de producteurs d’améliorer leur

condition de vie par l’acquisition de biens immobiliers dans les zones urbaines et de diversifier

leurs activités. Ainsi, ont-ils pu investir dans l’hévéaculture et cette nouvelle activité a permis

aux femmes de s’adonner au commerce d’articles divers. Les revenus tirés de ces activités «

hors exploitation » ont aussi constitué une alternative à la faiblesse du crédit bancaire.

4.2. La diversification des sources de crédit

Beaucoup de producteurs ont bénéficié de crédit auprès d’opérateurs (issus essentiellement de

la communauté burkinabé) qui ont su investir une partie de leurs avoirs dans des activités

productives telles que le transport, l’achat et la vente de produits et d’intrants. Ces prêts qui

sont basés sur la confiance et soutenus par la solidarité villageoise, ne sont assortis d’aucun

intérêt et sont remboursés à la campagne suivante. L’objectif de ces "banquiers informels" est

de renforcer les liens de solidarité entre les groupes sociaux, mais surtout d’améliorer leur

relation avec la population autochtone dans un contexte de tensions foncières.

Une autre forme d’accès au crédit s’est développée en faveur des producteurs ne pouvant pas

disposer des prêts des banquiers informels : le contrat de garantie. C’est un contrat de

location qui consiste à mettre à la disposition d’un individu (un acheteur de produit ou un autre

producteur) 1 ou 2 ha de cacaoyers moyennant une rétribution en espèces, durant une ou deux

années au terme desquelles, la plantation est restituée à son propriétaire. Lors de son

établissement, un document précisant la durée du contrat, le montant de la garantie, l’état du

champ et sa superficie est signé par les deux parties en présence du chef du village, qui veille

au respect du contrat. La durée du contrat peut être prolongée à la demande d’un des

signataires et le montant de la garantie est négociable. Le contrat de garantie est une version

adaptée du contrat de mise en gage. Contrairement à ce dernier qui peut déboucher sur des

cessions de terre au cas où l’emprunteur est insolvable, le contrat de garantie précise

clairement le montant, les modalités du remboursement et la durée du contrat. Du fait de la

Page 187: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

186

diminution de la terre, les producteurs ont pris l’initiative de préserver leur bien en précisant les

règles du contrat, en présence d’un témoin clé dont le chef du village. En prenant de telles

dispositions, ils sont certain de reprendre leur terre et leur verger au terme du contrat. Aussi, le

remboursement du prêt se fait à travers l’exploitation du verger par son nouveau propriétaire.

Le niveau du revenu tiré de l’exploitation du verger sous garantie dépend essentiellement de son

entretien mais aussi du niveau des prix. Cependant, il excède généralement le montant de la

garantie et le coût de l’entretien combinés. En effet, pour 2 ha d’exploitation garantie, le

propriétaire perçoit environ 200 000 Fcfa, soit 305 E. L’exploitation du verger peut procurer à

celui qui l’exploite, le double du montant investi (prix de la garantie et dépenses d’entretien),

soit 500 000 Fcfa (762 E).

Le contrat de garantie est motivé par la faiblesse des revenus et du crédit rural. Il permet au

producteur de disposer immédiatement d’un revenu suffisant pour répondre à un besoin

pressant tel que la scolarisation des enfants, la santé ou les dépenses funéraires. En effet, selon

nos enquêtes 5 % des producteurs de cacao ont recouru à cette pratique pour assurer les dépenses

funéraires d’un parent proche et 7 % d’entre eux s’en sont servi pour financer les dépenses de

santé. Cette innovation est très appréciée par les producteurs qui la considèrent comme une voie

sûre pour le financement des dépenses. Cependant, elle présente l’inconvénient pour le

producteur, de retrouver au terme du contrat, une exploitation mal entretenue, ce qui peut à

moyen terme entraîner une baisse de la production. C’est pour prévenir ce risque que le

producteur ne met jamais en gage toute son exploitation et veille sur celle qui est mise sous

garantie. Celui qui exploite la partie mise en garantie cherche à tirer profit de ses

investissements en tenant compte des prévisions de production et de prix.

4.3. La réduction des charges familiales

De nouveaux rapports de travail se sont instaurés entre les propriétaires fonciers et les ouvriers

agricoles. Les contrats de courte durée (contrat à la tâche) sont privilégiés au détriment des

contrats annuels. Aussi, le contrat « abou » (partage de la production) a connu une

modification dans son appli- cation. En effet, l’offre de contrat de type « aboussan » dans

lequel le produit de la récolte est partagé en trois (deux tiers reviennent au producteur) est

privilégiée par rapport au contrat de type « abougnon » (partage de la récolte en deux). Ainsi,

96 % des producteurs bakwé interrogés sur cette question ont affirmé employer des «

Page 188: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

187

aboussantiers », soit 54 % des personnes interrogées10. L’aboussantier est nourri la première

année mais le producteur n’est plus obligé de le loger. Les modifications intervenues dans les

rapports de travail sont à l’avantage du producteur. Le manœuvre est enfermé dans une

situation de dépendance économique qui accentue sa vulnérabilité. Non seulement, il ne peut

plus accéder au foncier suite à la modification du contrat aboussan, mais aussi son revenu

diminue par rapport à ses propres charges (qui ne cessent d’augmenter). Il a désormais à sa

charge le coût du loyer et une partie des frais d’entretien de l’exploitation (il a en charge l’achat

du carburant ou la location de la machine à pomper et pendant l’écabossage, prend en charge

une partie de l’alimentation du groupe de travailleurs venu l’aider dans cette tâche).

Par ailleurs, beaucoup de producteurs emploient une main-d’œuvre issue de la cellule familiale

aux dépens de la main-d’œuvre salariale. Cette innovation leur a permis de réduire les charges

d’exploitation mais a entraîné une augmentation du nombre d’enfants dans la production

agricole. Ces enfants, qui sont confiés à un membre de la parenté pour des raisons

économiques (incapacité des parents de satisfaire à leurs besoins) ou par manque

d’infrastructures scolaires dans leur région d’origine, sont employés dans l’exploitation

familiale comme main-d’œuvre, bien qu’ils leur aient été confiés (généralement) pour des

besoins éducatifs. Le tuteur, qui est le plus souvent un membre de la parenté, doit leur assurer

le logement, la nourriture et la santé. Ces bonnes intentions sont détournées au profit des

travaux champêtres où les enfants se chargent du nettoyage de la plantation, de la récolte, de

l’écabossage du cacao, etc.

Beaucoup d’analystes estiment que les relations de parenté favorisent la socialisation de

l’enfant par rapport aux relations de soumission ou de dépendance qui conduisent à

l’exploitation, parce qu’un enfant qui travaille au sein de la cellule familiale bénéficie de la

protection des membres de la parenté (Morice, 1996). Cependant, les relations de parenté

peuvent servir de prétexte pour masquer l’exploitation. Ainsi deux enfants de Rénékro40 qui

n’ont pas pu fréquenter l’école sont employés dans la cacaoculture à faire des tâches très dures

qui constituent une véritable menace pour leur santé (migraine, douleur corporelle, blessure à la

machette, etc.).

La crise cacaoyère de la fin de la décennie 1970 a considérablement affecté les structures

économiques et sociales des producteurs. Elle a boule- versé les relations de travail entre les

producteurs et les manœuvres d’une part et entre les jeunes et les aînés d’autre part. Pour

40

Situé dans la sous-préfecture de Méadji au Sud-Ouest ivoirien.

Page 189: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

188

assurer leur survie et celle de leur famille, les cacaoculteurs ont mis en place diverses stratégies

qui portent soit sur la diversification des sources de revenu et de crédit, soit sur la réduction des

charges familiales. Ces mesures constituent pour certains producteurs une réponse ponctuelle à

un problème posé (besoin d’alimentation, de scolarisation, dépenses funérailles, etc.).

Cependant, on peut s’interroger sur la capa- cité de ces innovations à assurer le défi de la

qualité ou de la durabilité de l’économie cacaoyère du Sud-Ouest ivoirien. Cet enjeu relève de

deux aspects à savoir les aspects techniques et opérationnels et la responsabilité sociale. Le

premier concerne les caractéristiques techniques et physico-chimiques que doit posséder le

cacao ivoirien au regard des normes édictées en la matière. Le second est relatif à la question

du travail des enfants dans la production du cacao dans ce contexte de baisse du revenu

parental. Il semble qu’on assiste à une transformation de la fonction du travail qui n’a plus pour

objectif premier la socialisation des enfants, mais prend la forme d’une exploitation.

Page 190: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

189

Bibliographie

BALAC R. (2002), Dynamiques migratoires et économie de plantation. In : TAPINOS

Georges Photios , La Côte-d’Ivoire à l’aube du XXIe siècle. Karthala : Paris, p. 195-231.

BEAUCHEMIN C. (2005), Les migrations et l’effritement du modèle ivoirien : Chronique

d’une guerre annoncée ? Critique internationale, Paris, n° 28, juillet- septembre, p. 9-20.

BELLAMY C. (2002), La situation des enfants dans le monde. UNICEF : Genève.

BROU Y. T. (2005), « La variabilité climatique en Côte d’Ivoire : entre perceptions sociales et

réponses agricoles », Cahiers d'études et de recherches francophones / Agricultures Vol. 14,

n°6, novembre-décembre, Étude originale, pp. 533-540.

CHALEARD J.-L. (1996), Temps des villes, temps des vivres : L’essor du vivrier en Côte-

d’Ivoire, Editions Karthala, 664 p.

AUBRY C. (2007), La gestion technique des exploitations agricoles, composante de la théorie

agronomique, Ruralia, [En ligne], disponible sur le World Wide Web : http://

ruralia.revues.org/1855, consulté le 29 septembre 2015.

CÔTE-D’IVOIRE, CABINET DU PREMIER MINISTRE, (2005), Projet pilote système de

suivi du travail des enfants dans la cacaoculture (PPSSTE) : Rapport bilan de l’unité centrale

de la coordination. Cabinet du Premier Ministre : Yamoussoukro, 50 p.

DENIEL R. (1968), De la savane à la ville : Essai sur la migration des Mossi vers Abidjan et

sa région. Aubier-Montaigne : Paris, 238 p.

DIALLO Y. (2001), Les déterminants du travail des enfants en Côte-d’Ivoire.

Centre d’Économie du Développement, Université Montesquieu-Bordeaux IV : Pessac

(Document de travail, n° 55).

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE STATISTIQUE ET D’ÉCONOMIE APPLIQUÉE,

(2002), Programme Pour la Durabilité des Cultures Arbustives : Production et offre du cacao

et du café en Côte-d’Ivoire. Rapport d’enquête. ENSEA : Abidjan, 128 p.

EDUARDO C. (2014), Théorie du comportement adaptatif et agriculture familiale,

L’agriculture en famille : travailler, réinventer, transmettre, INRA-SAD, pp. 81-100

GAFSI M. (2006), « Exploitation agricole et agriculture durable », Cahiers Agricultures,

Vol.15, N°6, novembre-décembre, [En ligne], disponible sur le World Wide Web :

http://www.jle.com/download/--agr-272015-exploitation_agricole_et_agriculture_durable-

VcReBn8AAQEAAAXo40UAAAAQ.pdf, consulté le 07 août 2015.

Page 191: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

190

GASTELLU J.-M. (1982), « Droit d’usage et droit de propriété » in E. LE BRIS et al, Enjeux

fonciers en Afrique noire, Karthala, Orstom, Paris, pp. 269-279.

GASTELLU J.-M. (1980), « ...Mais, où sont donc ces unités économiques que nos amis

cherchent tant en Afrique », Cahiers O.R.S.T.O.M., série Sciences Humaines Vol.17, N°1-2,

pp. 3-11.

HARTMANN, (2004), Une Approche pour la Réduction de la Faim et la Pauvreté en Afrique

Sub-saharienne. International Institute of Tropical Agriculture (IITA) : Ibadan, Nigeria, 22 p.

HERVIEU B., PURSEIGLE F. (2013), Sociologie des mondes agricoles, Paris, Armand coll.

« U Sociologie », 318 p.

JACQUEMIN M. (2000), « Petites nièces » et petites bonnes : le travail des fillettes en milieu

urbain de Côte-d’Ivoire. Journal des Africanistes, Paris, vol. 70, n° 1-2, p. 105-122.

LANGE M.-F. (1996), Une force de travail disputée : la main-d’œuvre enfantine en milieu rural

togolais. In : SCHLEMMER Bernard, dir. – L’enfant exploité : oppression, mise au travail,

prolétarisation. Karthala : Paris, p. 407-418.

LEONARD É. (1997), Crise écologique, crise économique, crise d’un modèle d’exploitation

agricole. Ajustement et recomposition sociale sur les anciens fronts pionniers ivoiriens. In :

CONTAMIN B., MEMEL-FOTE H., éd. Le modèle ivoirien en questions. Karthala-ORSTOM

: Paris, p. 393-413.

LEONARD É., BALAC R. (2005), Colonisation agraire et construction de clientèles : la mise

en place d’un nouvel ordre économique et social (1960-1990). In : LEONARD É., VIMARD P.

éd. Crises et recompositions d’une agriculture pionnière en Côte-d’Ivoire : Dynamiques

démographiques et changements économiques dans le Bas-Sassandra. IRD-Karthala : Paris, p.

94-148.

LEONARD É., BALAC R. (2005) . L’achèvement du cycle pionnier et la crise du système

agraire : stabilisation ou déstructuration sociale ? In : LEONARD Éric et VIMARD Patrick, éd.

Crises et recompositions d’une agriculture pionnière en Côte-d’Ivoire : Dynamiques

démographiques et changements économiques dans le Bas-Sassandra. IRD-Karthala : Paris, p.

149-214.

MORICE A. (1996). Le paternalisme, rapport de domination adapté l’exploitation des enfants.

In : SCHLEMMER B., dir. – L’enfant exploité : oppression, mise au travail, prolétarisation.

Karthala : Paris, p. 269-290.

N’GUESSAN E. K. ( 2004), Gestion des filières café et cacao en Côte-d’Ivoire, bilan et

perspectives. Éditions Multiservice Entreprise (MUSE) : Abidjan, Côte- d’Ivoire, 200 p.

Page 192: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

191

ORGANISATION INTERNATIONALE DU CACAO. Londres, 2004 – Rapport annuel

2003/2004. OIC : Londres, 36 P.

CÔTE-D’IVOIRE. CABINET DU PREMIER MINISTRE, (2005), Projet pilote système de

suivi du travail des enfants dans la cacaoculture (PPSSTE) : Rapport bilan de l’unité centrale

de la coordination. Cabinet du Premier ministre : Yamoussoukro, 50 p.

RUF F. (1995), Booms et crise du cacao : Les vertiges de l’or brun. CIRAD- SAR :

Montpellier ; Ministère de la coopération, Karthala : Paris, 459 p.

RUF F. (1991), Les crises cacaoyères : La malédiction des âges d’or ? Cahiers d’études

africaines, Paris, vol. 31, n° 121, p. 83-134.

YUNG J.-M., (1992), Pour une prise en compte des stratégies des producteurs, CIRAD,

collection "Documents Systèmes Agraires", 72 p.

Page 193: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

192

Recommandations aux auteurs

Pour soumettre un article, les auteurs doivent suivre les recommandations suivantes :

- deux exemplaires doivent être soumis en version Word à l'adresse suivante :

[email protected]. L’un est anonyme et l’autre doit comporter, sur une première

page, le titre de l’article, le nom des auteurs, leur titre, leur affiliation et l’adresse

électronique à laquelle les commentaires des lecteurs devront être envoyés. L’accusé de

réception du papier se fera par l’envoi d’un message électronique ;

- les auteurs doivent veiller à ce qu'ils ne puissent être identifiés dans le corps du texte ;

- un résumé de 5 à 10 lignes, et trois à cinq mots-clés en français devront être joints ;

- compte tenu de la diffusion internationale de la revue, les textes soumis doivent être

accompagnés de la traduction en anglais (britannique) du résumé et des mots-clés.

- les textes doivent être dactylographiés en Times New Roman corps 12 avec un interligne

1,5 et des marges de 2,5 cm (en haut, en bas, sur la droite et sur la gauche) en format A4

recto seulement

- les paragraphes seront justifiés. Le document sera paginé (au centre du pied de page). Les

notes de bas de page seront numérotées de manière croissante.

- le texte ne comporte aucun caractère gras, italique ou souligné, qu'il s'agisse du corps du

texte ou des titres et sous-titres.

- l’article ne doit pas dépasser 25 pages, figures, tableaux, annexes et bibliographie compris.

- les références bibliographiques situées dans le texte doivent comporter, entre parenthèses,

le nom des auteurs (et pas seulement celui du premier auteur lorsque la référence est une

œuvre collective ou une coordination collective) ainsi que l’année de la publication et,

éventuellement, la page citée sous la forme suivante : (Albert, 1991 : 351).

- la bibliographie, classée par ordre alphabétique, sera située à la fin du document selon la

forme suivante :

pour les articles, les communications de colloques ou les cahiers de recherche :

ALBERT P., FAYOLLE A., MARION S. (1994), « L’évolution des systèmes

d’appui à la création d’entreprises », Revue Française de Gestion, n°101, p.100-

112.

pour les livres ou les rapports : JULIEN P.A., MARCHESNAY M. (1988), La

petite entreprise : principes d'économie et de gestion, Vuibert. –

Page 194: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

193

pour les références issues d'un site Internet : ALLOUCHE J., AMANN B. (1997),

Le second marché au cœur de l'aventure entrepreneuriale française, Plaquette

officielle de l'anniversaire du Comité du second marché, décembre

(http://www.univ-pau.fr/~amann/efmain.html).

- les auteurs veilleront à ce que la référence soit effectivement accessible et que l'adresse ait

une sérieuse chance de perdurer. - Les tableaux, graphiques ou schémas seront numérotés

de manière indépendante au titre ou sous-titre dans lesquels ils s'insèrent. Ils seront intégrés

dans le texte à l’endroit le plus approprié, sans mise en page spécifique (par exemple, ne

pas utiliser la fonction d'encadrement des images). Ils doivent être précédés d’un titre court

et de la référence s’ils sont empruntés. La numérotation est croissante. Ainsi, pour les

tableaux : Tableau 1, Tableau 2. Idem pour les graphiques ou schémas, sous le vocable :

Figure 1, Figure 2, etc. - Les titres et sous-titres sont numérotés de façon numérique : 1

puis 1.1, 1.2 pour les sous-titres, etc. Chaque titre ou sous-titre est annoncé. Ainsi, il ne

peut y avoir un titre 2.1 suivant directement un titre 2 sans que quelques lignes ne

s’intercalent à des fins de présentation et de structuration de la section.

- l'introduction et la conclusion ne sont pas considérées comme des titres et ne sont pas

numérotées.

- un saut de ligne précède et suit chaque titre ou sous-titre.

- un « chapeau » de quelques lignes sous un titre principal (1 ou 2) doit présenter les sous-

titres

Page 195: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

194

Achevé d’imprimé en Côte d’Ivoire par AKAMA GROUPE, Abidjan Cocody rue des

goyaviers, 08 BP 2890 Abidjan 08 (Côte d’Ivoire).

N° d’imprimeur : RCCM : CI-ABJ-2016-B-7774

Dépôt légal : décembre 2016 - imprimé en Côte d’Ivoire

Page 196: Directeur de Publication : Rédacteurs associés : Secrétaires de … serie_B_format_A4-B5_REVUE E… · Albert ONDO-OSSA (Université Omar BONGO, Libreville – Gabon) Mamadou KOULIBALY

SERIE B - ECONOMIE / NUMERO 1 - VOLUME 1 - Décembre 2016