THIERRY COLLOMP

Les remerciements

Nous sommes ici pour perpétuer la mémoire de onze jeunes gens et à travers eux toutes les victimes innocentes des conflits du monde entier. A la mémoire, de ceux qui ne sont plus, à ceux qui sont tombés, l’espoir au cœur, et qui n’auront pas vu poindre l’aurore de la victoire et la lumière de la paix.En cet instant où nous nous recueillons devant ce mémorial je tiens à vous remercier chaleureusement toutes et tous et plus particulièrement :

Monsieur Pier re CORRON Sous préfe t de CASTELLANE représentant Mme Yvette MATHIEU Préfète des Alpes de Haute Provence.Monsieur François RABUT Conseiller Municipal délégué aux anciens combattants et à la relation Armée Nation représentant M Le Député des Alpes-Maritimes, maire de la Ville de NICE Christian ESTROSI.Monsieur Jean-Yves ROUX Conseiller Régional représentant M Michel VAUZELLE Député des Bouches-du-Rhône et Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.Monsieur Gilbert SAUVAN 1 er Vice Président du Conseil Général des Alpes de Haute Provence et Maire de CASTELLANE, représentant M Jean-Louis BIANCO Député des Alpes de Hautes Provence et Président du Conseil Général.Monsieur Robert VELAY Conseiller Général et Maire de Puget-Théniers représentant M CIOTI Député et Président du Conseil Général des Alpes Maritimes.Monsieur Serge PRATO Président de la Communauté des Communes du Moyen Verdon et Maire de St André les AlpesMesdames et Messieurs les Elus et Maires des Communes voisines.L’ensemble des autorités civiles, militaires et religieusesM le Capitaine Lionel HECHARD Commandant de la compagnie de gendarmerie départementale à CASTELLANEL’ensemble des Portes DrapeauxLes Parents et proches des lycéens et résistants fusillésM le Président de l’amicale des anciens élèves du lycée MassénaL’association nationale des médaillés de la résistance française (section des Alpes Maritimes)Mrs les Directeurs des services départementaux de L’office National des Anciens Combattants, et victimes de guerre. (A.H.P et A .M)

Mmes et Mrs les représentants des nombreuses associations de combattants, prisonniers, et victimes de guerreM le Proviseurs du lycée Masséna.Mme le Principal du collège René Cassin de St André les AlpesMes chers collègues du Conseil Municipal, ainsi que tous les Habitants du village qui ont bien voulu se joindre à nous.

1 1 J U I N S T J U L I E N D U V E R D O N

Professeur Charles Ehrmann du Grand Lycée de Nice, les a poussés dans un fourgon cellulaire qui a pris la direction des Alpes.En cours de route la Gestapo a extrait deux otages, et les a abattus à Bar-sur Loup prés de Grasse. Le convoi a poursuivi sa route, il est arrivé vers 5 heures du matin, le 11 juin à ST JULIEN DU VERDON. C’est un dimanche, et partout, au lever du jour, s’étale et triomphe le Printemps, la journée s’annonce riante, pleine de promesses. La Gestapo fit sortir du fourgon les onze autres prisonniers. Elle leur a dit : « Partez Vous êtes libres ». Ils partirent, et, rapidement, ils se dispersèrent. Mais à peine avaient ils parcouru quelques mètres que les rafales de mitraillettes claquèrent, ils s’écroulèrent.

Qui étaient-ils :

LE DISCOURS DU MAIRE DE ST JULIEN DU VERDONpour commémorer la mémoire des victimes du 11 juin 1944.

C’était il y à 67 ans dans ce champ. Oui, C’est bien à cet endroit que 11 jeunes gens ont perdu la vie.

Le 6 juin, les alliés débarquent en Normandie, un grand frisson secoua la France. C’est le début de la mobilisation provoquée par les messages de la BBC annonçant le débarquement en France, le chef de la Gestapo de Digne fut tué ainsi que trois autres allemands dans une embuscade tendue par les FTP au col de Toutes-Aures et quelque heures plus tard, un accrochage sur la commune de ST JULIEN, avec les mêmes maquisards, déboucha sur la mort d’autres soldats de la Wehrmacht, au total onze tués dans la journée.

Le pays est immédiatement investi, les habitants molestés, le Maire M Jean MARTEL est arrêté. La Gestapo de Digne décida de faire des représailles e n e x é c u t a n t a u t a n t d e résistants sur le territoire de ST

JULIEN, mais l’insécurité régnant sur le réseau entre D i g n e e t C a s t e l l a n e l’empêchant de mener à bien cette opération répressive, elle demanda à l’antenne de Nice de

l i q u i d e r o n z e d é t e n u s résistants. .

Le 10 juin 1944, dans la soirée, la Gestapo a extrait du quartier allemand de la prison de Nice 13 résistants dont 4 élèves du

Ils étaient des élèves, des ouvriers, des cultivateurs : Le plus âgé avait 48 ans, le plus jeune seulement 17 ans. « Il ne faut pas les oublier.Dire seulement leur nom, c’est les défendre, c’est les sauver. »

- Jacques ADAN- Césaire AUBE- Georges BALDO- Gilbert CAMPAN- Nonce CASIMIRI- Roger DEMONCEAUX- Francis GALLO- Félix GIORDAN- Aimé MAGNAN- Roger MAGNAN - Albin BANDINI

Deux d’entre eux, Aimé MAGNAN de Puget-théniers et Jacques ADAN de Nice ont fait le mort et n’ont par reçu le coup de grâce.Ils sont découverts le matin. Le père ISNARD, et les villageois transportent les neufs morts dans le nouveau cimetière, et les deux survivants dans la chapelle du village ou ils tentent en vain de les soigner.L’abbé Isnard fit de son mieux pour soulager leurs souffrances et les assister dans leur agonie.C’est alors qu’il recueillit de la bouche même de Jacques ADAM cet affreux récit. Aimé MAGAN mourut au bout de quelques heures. Jacques ADAM survécut 36 heures. Il était parfaitement lucide et persuadé qu’il s’en tirerait. Le 12 juin dans la matinée il expira.

N’oublions pas le dévouement le rôle et le courage des habitants du village qui au péril

de leur vie ont aidé ces pauvres gens e t sur tou t du curé ISNARD mis à rude épreuve l o r s q u e l e s A l l e m a n d s découvrent que les corps ont disparus. On lui reprocha avec violence de ne pas avoir laissé sur place les dépouilles. A deux reprises on fit mine de le passer par les armes. A toutes ces fureurs, il opposa, a v e c u n e f e r m e t é s a n s forfanterie, son devoir de prêtre. Il en imposa à ses p e r s é c u t e u r s , e t i l s n’exécutèrent pas leur menace.

Les sacrifices humains de la guerre furent énormes, il convient de les rappeler encore et toujours, particulièrement devant ce mémorial. L’exemple et les souffrances de ces martyrs ne doivent jamais être oubliés.Aujourd’hui, aux abords de ce champ ou ont été exécuté de sang froid ces onze jeunes, je veux rendre hommage à leur sacrifice, à leur courage. Et je le dis ici, à cet endroit marqué par l’atrocité de la guerre et la s o u f f r a n c e d e s hommes :

Aujourd’hui à ST JULIEN, ce ne sont pas les mémoires e n n e m i e s q u e n o u s c o m m é m o r o n s . L a réconciliation entre nos deux pays est une chose acquise. Nous devons à tous nos morts de nous mobiliser plus que jamais pour faire avancer une Europe de paix, de sécurité, de prospérité, de justice et de solidarité.

Nous pouvons le dire avec confiance qu’autorise l’amitié : « Plus jamais ça ».

Sachons donc, quelles que soient nos convictions, quelles que soient nos croyances, quelles que soient nos origines, nous montrer dignes de leur exemple et de leur courage.

En ce jour de commémoration, je veux rendre hommage aux combattants héroïques, aux victimes de ces terribles années de guerre, à toutes celles et à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour notre liberté.

Chaque ville chaque village est une communauté humaine qui peut imposer les règles d’un vivre ensemble fécond et harmonieux, en développant u n e p o l i t i q u e a c t i v e d’éducation à la paix, à la solidarité et à la culture dans t o u s s e s d o m a i n e s d’intervention, Notre municipalité participe, avec ses moyens, au difficile, mais ambitieux combat, pour la f ra terni té de l ’espèce humaine.

Les poètes souvent ont les mots qu’il faut, je veux citer Aragon dans un extrait de « La rose et le réséda » :

Celui qui croyait au cielCelui qui n’y croyait pasRépétant le nom de celleQu’aucun d’eux ne trompaEt leur sang rouge ruisselle

Pour conclure, fidèle à nos principes et à notre histoire,

gardons vivante la mémoire, transmettons la du mieux que nous le pourrons. Sachons intéresser la jeune génération, et la faire participer activement.A l’heure ou la mémoire et la t ransmission sont encore possible.A l’heure ou les initiatives qui r é p o n d e n t à u n d e v o i r pédagogique envers les jeunes g é n é r a t i o n s à t r a v e r s l’intervention des Enseignants dans les classes des collèges et des lycées , nous devons collectivement donner aux survivants les moyens de la perpétuation de la mémoire, et cela n’est pas facile.C’est aussi le sens de cette commémoration et ce partage doit être ferme pour dénoncer sans relâche l’injustice et l’irréparable qui se tapissent toujours dans l’ombre. Elle donne l’occasion de se souvenir que le destin des hommes s’inscrit dans le contexte de l’histoire et que des hommes ont acceptés de combattre pour des valeursLa maturité d’un peuple et la dignité d’un régime se mesure à la capacité d’assumer l’histoire sans l’instrumentaliser.F a i s o n s q u e c h a q u e commémoration permettent au génération à venir, d’entretenir la mémoire de nos combattants, d’où qu’ils viennent, mort pour la France, que cette mémoire reste pour nous, une leçon de lucidité pour l’avenir.

Mesdames, Messieurs, merci, merci de votre f i d é l i t é e t d e v o t r e

implication.

Je tiens à saluer les s e r v i c e s d u protocole de la M a i r i e d e N i c e , l a fanfare des s a p e u r s p o m p i e r s de la ville de Nice, la d é l é g a t i o n militaire 3 ième RIMA sous le commandement du l i e u t e n a n t c o l o n e l T H I R I O N , l e s S a p e u r s Pompiers de St André les Alpes, le personnel communal de notre commune, ainsi que la Gendarmerie et la po l i ce mun ic ipa le de Castellane qui contribuent chaque année au bon dérou lement de cette cérémonie.