32
ÉDITION SPÉCIALE : Rénovation des programmes sociaux au Canada VOLUME 27, NOs. 3 & 4 PRINTEMPS 2005

ÉDITION SPÉCIALE :programmes sociaux Rénovation des au …

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

ÉDITI

ON

SPÉC

IALE :

Rénov

ation

des

prog

rammes

socia

ux

au Ca

nada

VOLUME 27, NOs. 3 & 4 PRINTEMPS 2005

Ce numéro de Perception porte sur

l’état des programmessociaux au Canada

Nous y avons rassemblé un éventailde perspectives – celles dedécideurs de politiques, de

fournisseurs de services et d’activistes.Chacun de nos contributeurs centre sonattention sur différents problèmes etprogrammes sociaux, et leurs avis sontdivergents. Mais ces Canadiens sontd’accord sur une chose : l’importancecruciale des programmes sociaux pourcréer des communautés saines et assurerle bien-être de tous les Canadiens.

L’architecture sociale d’après-guerre auCanada a toujours été un rapiéçage deprogrammes et services. Pourtant dansles années 1970, cet ensemble disparateoffrait aux Canadiens une protectionimportante contre les caprices du marché, aidait à redistribuer le revenuet à forger des liens sociaux.

Le monde où nous vivons s’est rétréci au cours des 25 dernières années.Le contrôle des coûts et la réduction de la dette ont remplacé la stimulationfiscale et les dépenses sociales en tant que mécanismes de choix dans lespolitiques publiques. De 1992 à 2002, les dépenses totales du gouvernementCanadien ont baissé de 10 points de pourcentage du PIB. En 2001, lesdépenses de programmes en proportion du PIB avaient chuté au niveauoù elles étaient en 1950.

Le monde où nous vivons a changé profondément. Plus que jamais, on ades familles canadiennes de toutes compositions et tailles, et la diversitéculturelle et raciale changent l’aspect de nos communautés.

Notre trajectoire de vie s’est aussi transformée. Pour les jeunes Canadiens,la transition au travail est plus longue et devient plus ardue. LesCanadiens plus âgés font face aux défis du système des soins de santémais il y a eu de réels progrès vers l’élimination de la pauvreté chez lespersonnes du troisième âge.

La relation des Canadiens avec le marché du travail est aussi en train dechanger. L’énorme augmentation de la participation des femmes à lamain d’oeuvre va malheureusement de pair avec la prévalence croissantedu travail faiblement rémunéré et des emplois précaires.

Peut-être ce qui est encore plus significatif, le Canada où nous vivons estdevenu un incubateur d’inégalité. L’écart croissant – l’inégalité croissante2

Volume 27, No. 3 & 4, 2005

Perception est publié par le Conseil canadien dedéveloppement social, un organisme bénévole

indépendant.

Conseil d’administration du CCDS :Provinces de l’Atlantique

Patrick Flanagan (président)Gregory Kealey

Stella LordQuébec

James CarterHector Ouellet (président-sortant)

Lionel RobertDeena White

OntarioMichael Cushing

Paul KovacsTony Martin

Sherrie TingleyPrairies & T-N-O

Joan FeatherWayne Helgason

Joceline SchriemerColombie-Britannique & Yukon

Jane PulkinghamGraham Riches

Brian Wharf

Peter Bleyer (président–directeur général)Équipe de rédaction et de production :

Nancy Colborne Perkins, rédactrice en chefArlette Sinquin, traductrice

Janet Creery, rédactrice adjointeLaura Buckland, développement du marketing

Les opinions présentées dans les articles dePerception sont celles des auteurs et ne reflètent

pas nécessairement la position du CCDS.

Tarif annuel d’abonnement (2 numéros) : Canada 24 $; É-U 34 $; International 40 $.

Prix d’un exemplaire : 6,50 $Pour tout changement d’adresse, abonnement ou

autre renseignement, écrire à : PerceptionConseil canadien de développement social

309, rue Cooper, 5e étageOttawa (ON) K2P 0G5

Tél. : (613) 236-8977 Fax : (613) 236-2750courriel : [email protected]

Internet : www.ccsd.caNo de convention 40012390 de la Poste-publication

Tous droits réservés. ISSN 0704-5263Ce numéro de Perception et les antérieurs sont

disponibles sur microfilm ou microfiche.Contacter : Micromedia Limited, 20 Victoria St.

Toronto (ON) M5C 2N8 1-800-387-2689.

3Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

du revenu et la distribution inégale de la richesse –aide à expliquer notre échec à éliminer la pauvretéchez les enfants.

Alors, que faut-il faire maintenant?

Les sondages d’opinion publique montrent que les Canadiens comprennent bien la nécessitéde répondre à ces inégalités d’une manièrepragmatique mais avec compassion.

À l’intérieur de ce numéro de Perception vousverrez ce que certains de nos membres ont à diresur l’état du filet de sécurité sociale au Canada.Et encore mieux, ils proposent de bonnes idéessur des orientations futures à prendre.

Il n’y a jamais eu moment plus propice pour unenouvelle période d’innovation sociale. Nouspouvons commencer par une bonne discussionsaine bien canadienne sur notre avenir – le genrede discussion que plusieurs de nos organismesmembres ont déjà commencé.

L’émergence du nouveau Transfert social canadien(TSC) – par défaut, après la création du Transfertcanadien pour les soins de santé qui avait étérecommandée par la Commission Romanow –rend ce processus essentiel.

Comment le gouvernement fédéral devrait-ilutiliser son levier fiscal pour poursuivre desobjectifs sociaux nationaux? Quelle devrait êtrel’envergure des programmes sociaux financés parle Transfert social canadien? Comment peut-onprotéger et encourager la flexibilité provincialepour arriver à des solutions innovatrices? Quellesvaleurs devraient gouverner ces dépenses? Etcomment peut-on assurer aux Canadiens que leursinvestissements vont produire les résultats désirés?

On ne peut trouver de réponse à ces questionsdans un débat stérile sur les transferts fiscaux.Cela demande un vrai dialogue, qui amène lesCanadiens à planifier leur avenir collectif.

Au cours des prochains mois, le CCDS vacollaborer avec des partenaires d’un bout àl’autre du pays pour entraîner les Canadiens àparticiper à ce débat crucial.

Em même temps, par le biais de notre série surl’architecture sociale, nous déploierons les stratégieset les outils nécessaires pour faire avancer unevision sociale – pour nous mener du monde oùnous vivons vers le monde que nous voulons.

Peter BleyerPrésident-directeur général du CCDS

Vient justede paraître…Le monde où nous vivons,par Katherine Scott

Ce document fait partie de la nouvelle sériedu CCDS sur l’architecture sociale. Le projetsur l’architecture sociale examine lesprincipaux défis sociaux l qui se posent auCanada, et met en lumière un certainnombre d’options stratégiques. D’autresdocuments dans cette série comprennentQuel avenir pour le Canada? et Vie adultedifférée : comment faire face aux nouvellesinégalités économiques.

Les documents sur l’architecture sociale sontdisponibles en ligne à www.ccsd.ca.

Au fa

it...

la «

Socié

té ju

ste»

en

voie

de d

ispar

ition

Investissement dans ledéveloppement social en voie dedisparition

Montant des coupures de transferts fédéraux auxprovinces, 1995-1998 : 8,2 milliards dedollars

Pourcentage de baisse que cela représentait : 30%

Montant des coupures fédérales aux programmessociaux, 1995-1998 : 4,2 milliards dedollars

Dépenses de programmes en part du PIB, 1990-1991 :16%

Dépenses de programmes en part du PIB, 2000-2001 :11,6%

Dernière fois que les dépenses de programmes ont étéaussi basses en % du PIB : 1950

Sources : Armine Yalnizyan, Canada’s Commitment to Equality, A Gender

Analysis of the Last Ten Budgets, 2005 et Will Community Voices Shape

Public Choices?

4

par Janet Creery

L’exemple de la Nouvelle-Zélande est une leçon de prudencenous montrant à quel point les choses peuvent mal tournerlorsque le gouvernement décide de sabrer ses programmessociaux. Mais cette petite nation du Pacifique Sud nous montreaussi une lumière à la sortie du tunnel en vue d’une approcheplus humaine à gouverner. Tous ceux qui sont exaspérés dela situation de la politique sociale au Canada pourraienttrouver utile d’examiner de plus près ce pays lointain.

Par un heureux hasard, le Conseil canadiende développement social a maintenant uneporte d’accès privilégiée sur la Nouvelle-

Zélande. Le président-directeur général du CCDS,Marcel Lauzière, y a déménagé voici quelquesmois pour y assumer une affectation de deux ansà l’un des postes d’adjoint à l’Exécutif en Chef auministère du Développement social de Nouvelle-Zélande. Avant son départ, Lauzière a donnéune opinion perspicace des ressemblances et desdifférences entre la Nouvelle-Zélande et le Canada.

Il y a quelques ressemblances frappantes. Commele Canada, la Nouvelle-Zélande est un pays trèsurbanisé – 85% de la population vit en milieuurbain, par rapport à 80% au Canada – avec unepopulation immigrante de plus en plus élevée etune importante minorité Autochotone (15%, parrapport à seulement 3% au Canada). La Nouvelle-Zélande «a aussi des taux élevés de pauvreté,apparemment plus hauts que les nôtres» ditLauzière, tout en avertissant que différents modesde mesure peuvent rendre ces comparaisonsmoins certaines.

Tandis que Lauzière trouve que les traditionssociales et politiques anglo-saxonnes du payssont semblables à celles du Canada, il dit que lapopulation plus petite de la Nouvelle-Zélande(seulement 4 millions d’habitants), un gouverne-ment fortement centralisé et son acharnement àrésoudre les questions sociales lui rappellentplutôt le Québec.

Le ministère du Développementsocial est le plus grand ministèrede Nouvelle-Zélande – encontraste marqué avec lenouveau et relativement petitministère du Développementsocial au Canada. «La politiquesociale compte pour unegrande partie des activités dugouvernement de Nouvelle-Zélande», dit Lauzière.

Mais ce n’a pas toujours été le cas. Selon une formule deLauzière, la Nouvelle-Zélandeest «politiquement intéressante».

Tout au long des années 1990,le gouvernement de Nouvelle-Zélande était réputé non pour une politique socialeprogressiste, mais plutôt lecontraire – le démantèlementradical du gouvernement.

Graham Kelly, un anciendéputé Labour qui pendant 16 ans «a surtout représentéles gens pauvres», parle decette période comme d’une«révolution».

«Lorsque Staline a vendu larécolte de blé pour industrialiser,six millions gens ont péri defaim. C’était de la mêmeéchelle en Nouvelle-Zélande»,dit Kelly, qui est à présent Haut-commissaire de Nouvelle-Zélande au Canada.

Bien que la comparaison puisse avoir l’airdramatique, elle capte bien l’ampleur de la crise.La Nouvelle-Zélande a eu des difficultéséconomiques depuis que l’Angleterre a coupéses liens commerciaux préférentiels avec cettepetite nation à la fin des années 1980. La

P E R S P E C T I V E D E S A N T I P O D E S :

Réflexions sur l’expériencede la Nouvelle-Zélande

Marcel Lauzière

Graham Kelly

Armine Yalnizyan

Don Gray

5Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

solution du gouvernement Conservateur des années 1990 a été d’imposerla compétition globale et les «forces du marché» sur toutes les institutions –y compris le gouvernement lui-même.

«Nous avions des ministères du gouvernement qui furent transformésen entreprises d’État avec un conseil d’administration», dit Kelly.

Il reconnaît que cette approche du marché a fait du service postal deNouvelle-Zélande le plus efficace au monde, mais en ce qui est despolitiques et programmes sociaux, ce fut un désastre.

Les travailleurs sociaux avaient une formation minimale, et le personneldes agences du bien-être social recevait des bonus pour verser moins deprestations, dit Kelly. Le logement social a été liquidé et les loyersajustés aux «niveaux du marché», tandis que les commissions scolairesont été dissoutes et dirigées sur un modèle d’entreprise.

«Les 20% du bas de l’échelle ont été attaqués sansrépit», dit Kelly. «On a vu une résurgence de laTuberculose et d’autres maladies qui avaient étéextirpées 30 ou 40 ans auparavant».

La population Autochtone Maori a été, il ne fautpas s’en étonner, affectée de façon disproportionnée.En 1997, la mort d’un Maori a pu être retracéeaux profondes coupures faites au système dessoins de santé. Un an plus tard, Kelly a publiéun livre intitulé Economic Apartheid – GrowingPoverty in the Nineties.

C’était difficile de rester au courant de ce qui sepassait, étant donné que la télévision publiqueavait été transformée en «département commercial»avec obligation de faire des profits. De plus leslivres de comptes avaient été si éviscérés, selonKelly «qu’en 1999, le ministère du bien-être social n’était pas en mesurede faire un rapport au nouveau gouvernement Labour. Ils ont dûembaucher une équipe de comptables».

Les chiffres ont éventuellement révélé que – assez comme au Canada –l’écart entre les riches et les pauvres s’était substantiellement élargi aucours des années 1990. Il y avait beaucoup plus de millionnaires à la finde la décennie qu’au début, dit Kelly, mais le Néo-zélandais moyen n’enavait pas profité. «On nous avait promis beaucoup de gains, mais ons’est retrouvé avec beaucoup de peine».

Kelly pense que les Canadiens n’iraient jamais aussi loin que la Nouvelle-Zélande pour trancher les soutiens à ses citoyens les plus vulnérables.Pourtant, l’élimination du Régime d’assistance publique du Canada en1995, suivie des coupures massives aux paiements de transferts, ont eudes effets assez semblables. D’un bout à l’autre du pays, de moins enmoins de gens ont eu droit à recevoir des prestations d’assistance socialeou d’assurance-emploi, et l’écart entre les riches et les pauvres s’est accru.Même si le Canada dans l’ensemble a tendance à être classé parmi les 10 premiers pays au monde dans l’Indice de développement humaindes Nations Unies, les peuples Autochtones du Canada arrivent à peinedans les 80 premiers rangs.

Le saviez-vous? Le Canadaet la Nouvelle-Zélande

Nombre de pays de l’OCDE couverts par lerapport récent de l’UNICEF sur la pauvretédes enfants dans les pays riches : 26

Nombre de pays avec des taux depauvreté* chez les enfants plus bas qu’auCanada : 18

Nombre de pays avec des taux depauvreté* chez les enfants plus bas qu’enNouvelle-Zélande : 22

Selon les données les plus récentes, tauxde pauvreté chez les enfants :- Canada : 15.6%- Nouvelle-Zélande: 16.3%**

Changement du taux de pauvreté chez lesenfants dans les années 1990 :- Canada : - 0,4%- Nouvelle-Zélande : + 2%

Réduction des dépenses sociales dans lesannées 1990 :- Canada : 1,3%- Nouvelle-Zélande: 2,7%

Pourcentage actuel du PIB alloué auxtransferts sociaux pour les familles etdépenses connexes : - Canada : 5,79%- Nouvelle-Zélande: 7,54%

Taux actuels de faible revenu : - Canada : 14,9%- Nouvelle-Zélande: 16,3%

N.B. : * Défini ici comme enfant vivant dans une familleavec un revenu inférieur à 50% du revenu ménagermédian après impôts, pendant un an entre 1999 et2001.** Depuis la parution du rapport de l’UNICEF,Statistics NeZealand a révisé son calcul sur lapauvreté des enfants pour cette période à un tauxde 14,4%, près de deux points de pourcentage demoins que celui mentionné dans le document del’UNICEF.

Tous les chiffres cités proviennent du rapport del’UNICEF La pauvreté des enfants dans les paysriches 2005, Innocenti Report Card No. 6. Voirwww.unicef.org/irc

Comme le Canada, la

Nouvelle-Zélande est

un pays très urbanisé

avec une population

immigrante de plus

en plus élevée et une

importante minorité

Autochtone.

6

En fait, le pronostic de Kelly sur «l’expérimentationdu marché» de la Nouvelle-Zélande ressembleassez à la perspective de l’économiste canadienneArmine Yalnizyan sur la dernière décennie depolitique socioéconomique :

«Le témoignage et un examenminutieux accru de la part dupublic finiront par exposer cetteapproche drastique comme uneliste de biens colportés sous labannière de «prospérité pourtous» mais qui n’apporte que desprivations croissantes pour deplus en plus de gens».

En outre, la prédiction de Yalnizyanpour le Canada – que les gens vontéventuellement se rendre comptede ce qu’est cette approche et larenverser – est exactement ce quis’est passé en Nouvelle-Zélande.

Un élément crucial pour renverser le courant enNouvelle-Zélande a été le référendum de 1993 pourchoisir la représentation proportionnelle au lieudu vieux système électoral majoritaire à un tour.Élections Nouvelle-Zélande (www.elections.org.nz)retrace cette décision à une perte graduelle deconfiance publique dans le vieux système – unesituation pas différente de celle du Canada et deplusieurs autres démocraties. Deux fois à la findes années 1970 et au début des années 1980, leLabour Party avait gagné le plus de votes maisn’avait pas pu former le gouvernement. Desautres partis avaient aussi reçu 15% à 20% desvotes mais n’avaient réussi qu’à obtenir un siège

ou deux au Parlement. Lorsque le Labour afinalement pris le pouvoir en 1984, il a établi uneCommission royale sur le système électoral, quia mené au référendum de 1993.

Le nouveau système a créé des votes séparéspour les candidats locaux et les partisnationaux et réserve sept sièges pour lapopulation Maori qui était chroniquementsous représentée. Sa première mise enapplication aux élections de 1996 arésulté en une coalition peu plausible quis’est finalement effondrée, minant ainsila confiance dans le nouveau système.Mais les élections de 1999 ont résulté enune coalition stable menée par le LabourParty et un parlement beaucoup plusreprésentatif de la société moderne enNouvelle-Zélande.

En 2002, 34 femmes, 19 Maori, troisreprésentants des Îles du Pacifique (ungroupe traditionnellement défavorisé), et

deux députés asiatiques ont été élus. À présent,les postes de Premier ministre, de Juge en chef etde Gouverneur général sont tous occupés pardes femmes.

La coalition Labour a aussi établi certainesnouvelles priorités. Comme le dit Kelly, «Nousn’avons pas pu remettre le génie dans la bouteille,mais nous avons essayé de remettre le facteursocial dans la politique économique».

À vrai dire, un regard dans la bureaucratie de laNouvelle-Zélande montre que les 20 dernièresannées ont créé une machine

Tout au long des années1990, le gouvernementde Nouvelle-Zélandeétait réputé non pourune politique socialeprogressiste, mais ledémantèlement radicaldu gouvernement.

Cette approche drastique est comme une duperie

colportée sous la bannière de «prospérité pour

tous» mais qui n’apporte que des privations

croissantes pour de plus en plus de gens.

7Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

gouvernementale.assez unique qui porte peu deressemblance à ses prédécesseurs – mais qui peutoffrir un modèle de gouvernement plutôt efficace.

Don Gray, qui s’est joint au Département du bien-être social en 1984 et est maintenant adjointassocié à l’Exécutif en Chef de la division de lapolitique et du savoir au ministère du Développe-ment social, est bien placé pour documenter «unou deux changements» qui se sont produits aucours de ses 20 ans de service. «Quand j’ai débuté,cette organisation était un vrai labyrinthe – unegrosse bureaucratie de services publics sanscible très précise» dit-il.

La restructuration radicale de la fin des années1980 et du début des années 1990 a été, dit-il,«extrêmement réussi en matière d’efficience».L’organisation unitaire de la bureaucratie a étédissoute et un Exécutif en chef a été assigné àchaque département, afin d’être responsable dudépartement ou ministère.

Maintenant qu’on demande à ces Exécutifs enchef de se concentrer sur les «conséquencessociales au lieu de seulement sur l’efficience», lesystème fonctionne plutôt bien, dit Gray. Sonministère fait le relevé de plusieurs indicateursde développement social et publie un Rapportsocial que tout le monde peut voir.

Étant donné que tous les Exécutifs en chef doiventpublier un énoncé d’intention, ceux qui sont dansles départements de services – tout ce qui va de laJustice à l’Éducation – ont tendance à structurerleur façon de penser autour du Rapport social.

«Le Rapport du Trésor et notre Rapport socialsont complémentaires» dit Gray. «Je siège dansun comité avec 15 ou 20 chefs de départements.Il y a quelques années, ils discutaient de leurénoncé d’intention, et ils ont tous commencé àtourner leur attention vers le Rapport social».

Les chefs de départements ou de ministèrespourraient être mieux en mesure de prendreleurs propres décisions, en consultation avec lesautres, en raison d’une autre innovation récentedu gouvernement de Nouvelle-Zélande : un«mur de protection» entre la bureaucratie et lepalier politique. «Cela pourrait être d’un intérêtparticulier pour le Canada, étant donné lesdébats récents sur la gouvernance, pour ne pasdire la corruption», dit Graham Kelly.

Sous ce nouveau système, les politiques socialesont été très réussies dans certains domaines.Gray cite la croissance de l’emploi et des niveaux

scolaires des jeunes Maoris comme un desdomaines d’amélioration.

Le ministère du Développement social étant le plusgrand du gouvernement, et son Rapport socialmontrant la voie à de nombreux autres départe-ments, il est clair qu’il y a une dynamique dechangement social positif en Nouvelle-Zélande.

Les Canadiens devraient enprendre note. L’émergence de laNouvelle-Zélande de sa périodede crise sociale offre certainsmodèles très intéressants àprendre en considération. Deschangements aux structurespolitiques de la Nouvelle-Zélande ont apporté desaméliorations dans sa capacitéde représenter ses citoyens et defaire face aux problèmes sociaux.Et une partie de la restructurationplutôt radicale des années 1990contribue à présent à l’aptitudede l’appareil gouvernemental àrésoudre les problèmes sociaux.

De façon intéressante, les atouts etles faiblesses socio-économiquesde la Nouvelle-Zélande sontmaintenant assez semblables àceux du Canada. Comme leCanada, la Nouvelle-Zélande a vuplusieurs années consécutivesde forte croissance économique,dit Gray. Et comme le Canada,la Nouvelle-Zélande continuede faire face à des taux élevés de pauvreté et desproblèmes chroniques d’exclusion sociale, malgrésa solide croissance.

Au cours des quelques prochaines années, legouvernement de Nouvelle-Zélande va mettre enplace un certain nombre de programmes pouressayer de réduire les taux de pauvreté et autresproblèmes sociaux persistants, dit Gray. Il va aussichercher des moyens d’aider le secteur bénévoleet communautaire à fournir des services sociaux.Cela va continuer d’être intéressant de compareret de faire le contraste entre le développementsocial au Canada et en Nouvelle-Zélande. ——————— Janet Creery est rédactrice adjointe de Perception.Elle a mené des interviews par téléphone avec DonGray en Nouvelle-Zélande, et de vive voix avecMarcel Lauzière et Graham Kelly à Ottawa.

Les chiffres ontéventuellement révéléque – assez comme auCanada – l’écart entreles riches et les pauvress’était substantiellementélargi au cours desannées 1990. Il y avaitbeaucoup plus demillionnaires à la fin dela décennie qu’audébut, dit Kelly, mais leNéo-zélandais moyenn’en avait pas profité.

L’équipe de rédaction de Perception a demandé à des représentants des quatre partis politiques fédéraux :«Quel est le programme social le plus important pour soulager la pauvreté?» - Voici leurs réponses.

8

Un nouveaupartenariat socialpour le Canada

par Ken Dryden

Ce n’est pas une mince tâche que de lutter contre lapauvreté : aucun ordre de gouvernement ni aucunepolitique en soi ne suffit à la tâche. Sachant cela, le

gouvernement du Canada a travaillé en collaborationavec les provinces et les territoires pour maintenir uneapproche équilibrée qui s’appuie sur trois grands piliersstratégiques, à savoir : • fournir un soutien du revenu aux Canadiens qui sont

dans le besoin; • favoriser l’intégration au marché du travail des

personnes ayant la capacité de travailler; • verser des prestations et fournir des services pour aider

certaines personnes à surmonter les défis particuliersauxquels elles sont confrontées, elles et leur famille.

Pour la plupart, ces politiques ont été efficaces auCanada. En effet, nous sommes reconnus dans le mondecomme un chef de file qui offre à ses citoyens une qualitéde vie enviable. Le Canada s’est classé en tête de l’Indicedu développement humain des Nations Unies septannées de suite dans les années 1990, et n’a connu qu’unléger fléchissement jusqu’à la quatrième place. Nosprogrammes sociaux sont depuis longtemps source defierté et contribuent à notre identité en tant queCanadiens. Au nombre de nos réalisations, citons :• le régime de revenu de retraite du Canada, qui est

perçu comme un modèle dans le monde. En 1980,21,3% des personnes âgées avaient un revenu inférieurau seuil de faible revenu après impôt de StatistiqueCanada. En 2003, ce taux avait chuté à 6,8%.

• la Prestation fiscale canadienne pour enfants, grâce àlaquelle le gouvernement fédéral versera d’ici 2007près de 10 milliards de dollars par année aux familles àrevenu faible et moyen, ce qui a contribué à fairepasser le pourcentage d’enfants vivant dans desfamilles à faible revenu de 18,6% en 1996 à 12,4% en2003.

Mais il n’est pas question de s’arrêter là, sinon on selaisse distancer. Nous sommes toujours confrontés à desdéfis qui menacent notre qualité de vie, le plus graveétant probablement la pauvreté qui persiste chez certainsgroupes, en particulier : les personnes handicapées, lesAutochtones, les nouveaux immigrants, les famillesmonoparentales ainsi que les personnes de plus de 45 ans vivant seules.

Les solutions émergeront à partir du moment où nousreconnaîtrons que tout partenariat social au Canadadevra reposer sur les valeurs auxquelles tiennent lesCanadiens : sens de la collectivité, égalité et justice,respect de la diversité et responsabilité mutuelle (le justeéquilibre entre les droits et les responsabilités dechacun). Mais ces solutions doivent également être leproduit d’une nouvelle vision de la nature despolitiques sociales au Canada. Essentiellement, nousreconnaissons que les politiques sociales doivent êtreconçues en fonction des facteurs suivants : • les Canadiens veulent participer aux décisions qui les

touchent; • tous les ordres de gouvernement doivent travailler de

pair, en se basant sur la collaboration déjà existanteentre le Fédéral, les provinces et les territoires, afin derenforcer leur reddition de compte aux Canadiens surl’utilisation des fonds publics;

• les ordres de gouvernement doivent confirmer le rôleque doivent assumer les tierces parties en surveillantles progrès sociaux;

• la recherche, les connaissances et l’information sont essentielles à la prise de décision fondée surl’expérience, à l’élaboration de politiques éclairées, àune solide reddition de compte et à la planificationdes programmes;

• le gouvernement fédéral doit amener tous lesministères et les organismes concernés à veiller à lacohérence des politiques et des programmes sociauxdans l’ensemble du gouvernement.

Nous devons bâtir à partir des programmes existants etaussi explorer d’autres avenues, mais il nous faut avoirun point de départ. Par exemple, contrairement à biend’autres pays qui attaquent la pauvreté de front, leCanada ne dispose pas d’une mesure ni d’une définitionde la pauvreté qui fasse consensus. Nous avons touteune gamme de mesures de faible revenu qui sont certesutiles, mais dont aucune ne tient compte de tous lesfacteurs pour évaluer le niveau de pauvreté et,inversement, le niveau de mieux-être.

Avec nos partenaires, nous devons examiner quelleserait la meilleure façon de mesurer la pauvreté. Eneffet, de meilleures mesures permettraient d’établir desparamètres, des indicateurs et des objectifs. Sans elles, lemeilleur ensemble de politiques ne peut être développé,mis en oeuvre et maintenu à jour, les progrès réalisés nepeuvent être mesurés, et en bout de ligne, il devientimpossible d’évaluer les succès connus.

Le Canada a choisi de lutter contre la pauvreté à l’aided’un vaste assortiment de mesures, et il continuera danscette voie.

——————— Ken Dryden est le ministre fédéral du Développement socialet député Libéral pour York Centre.

PER

SP

ECT

IVES

PO

LIT

IQU

ES F

ÉDÉR

ALE

S

9Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

La pauvreté chez les enfants au Canada devraitêtre une notion du passé. Il y a quinze ans à laChambre des communes, tous les partis ont

adopté unanimement la résolution que le gouvern-ement devrait «chercher à atteindre le but d’éliminerla pauvreté chez les enfants au Canada d’ici l’an2000». Cela ne s’est pas passé. Malgré une fortecroissance économique et l’accumulation d’unsurplus de 61 milliards de dollars au cours des septderniers budgets, plus d’un million d’enfantscanadiens vivent encore dans la pauvreté.

Tout au long des années 1990, nous avons ignoré nosobligations en tant que signataire de la Conventionrelative aux droits de l’enfant. Les Suédois, lesNéerlandais, les Norvégiens, les Allemands et lesDanois, entre autres, eux ne les ont pas ignorées. Ilsont pratiquement éliminé la pauvreté infantile. Entant qu’auteur de la motion de 1989, je suistourmenté par notre échec à agir au nom de nosenfants. C’est d’autant plus honteux étant donné quenous connaissons bien la solution pour éliminer lapauvreté.

On trouve la solution à la pauvreté des enfants auCanada dans un nombre limité de programme trèsspécifiques, y compris le logement abordable, desservices de garde et d’éducation de la petite enfanceaccessibles universellement, le soutien du revenu parle biais d’un système efficace de prestations pourenfants, et enfin la sécurité de l’emploi et des salaires.Près de la moitié des enfants pauvres au Canadaavaient des parents qui travaillaient à temps plein en2004. Il faut rehausser le salaire minimum tout enélargissant les règles d’admissibilité à l’assurance-emploi, et il faut développer une stratégie pourfournir des emplois avec un salaire permettant desubsister. Le gouvernement fédéral doit terminer sesdisputes de financement avec les provinces et établirun programme national de logement qui répondesérieusement aux besoins de logements sociaux demilliers de familles canadiennes. Nous devons aussidévelopper des stratégies afin d’intégrer lescompétences des immigrants et des personneshandicapées dans la main d’oeuvre, en parallèle àune stratégie urbaine pour les Autochtones.

Cependant, pour répondre à la question de quelserait le programme social le plus important que legouvernement pourrait soit améliorer ou créer afinde faire face à la pauvreté des enfants, on devraitsérieusement tenir compte du système de prestationfiscale pour enfants. S’il avait un financementadéquat, c’est le véhicule qui aurait l’effet le plus

Il faut répondre à la pauvreté des enfantspar Ed Broadbent

PER

SP

ECT

IVES

PO

LIT

IQU

ES F

ÉDÉR

ALE

S

Au fa

it ...

la

«So

ciété

just

e» e

n vo

ie de

disp

ariti

onIndicateurs élusifsNombre de mesures de la pauvreté actuellement utilisées au Canada : 6

Nombre de mesures officielles de la pauvreté au Canada : 0

Nombre de disputes sur la définition de la pauvreté auCanada : infini

Sources : La pauvreté des enfants dans les pays riches 2005, UNICEF InnocentiReport Card No. 6; et Imaginer un avenir d’inclusion, Conseil canadien dedéveloppement social, 2003

immédiat pour réduire la profondeur de la pauvretéet qui permettrait aux travailleurs pauvres de sortirde l’assistance sociale.

Il faut immédiatement augmenter la prestation fiscalepour enfants à 4 900 $ par enfant. Cette mesuredevrait s’accompagner d’un engagement à réformerles systèmes d’assistance sociale et de services sociauxau Canada par la création du Transfert socialcanadien (TSC). Aucune province au pays ne donne àses prestataires de l’assistance sociale des prestationsqui s’approchent du seuil de pauvreté. Le TSCaugmenterait les fonds fédéraux – indépendammentdu financement pour l’éducation postsecondaire, lesservices de garde et d’éducation de la petite enfance,et le logement – et mettrait en place des principesapplicables qui garantiraient que des sommesadéquates aillent à ceux dans le besoin. Ceci est la cléde réformes sociales plus larges.

Mais il serait irresponsable de laisser entendre qu’unsystème de prestation pour enfants réformé etaugmenté serait à lui seul une panacée à la pauvretédes enfants. Des services de garde abordables etaccessibles permettraient aux gens de suivre uneformation de travail pour avoir un meilleur emploiou de travailler afin de quitter l’assistance sociale. Unprogramme national de services de garde réduiraitgrandement le risque des familles de tomber dans laprofondeur de la pauvreté.

Bien que nous devions et puissions apprendre parl’exemple des autres pays, le meilleur développementde politiques publiques doit fondamentalementrelever de nos propres réalités sociales et politiquesnationales. La seule chose qui manque aujourd’hui,c’est la volonté politique.

Pour le bien de nos enfants, n’attendons plus.

————————-Ed Broadbent est député fédéral NPD pour Ottawa-Centre.

10

Une économie solidepar Monte Solberg

L e gouvernement joue un rôle essentiel pour assurerune meilleure vie pour à les Canadiens. Cela se faitparfois directement par le biais du soutien au

revenu ou la formation. Beaucoup plus souvent,cependant, le gouvernement améliore la vie des gens encréant les conditions pour susciter des investissements,des emplois et la prospérité.

Une combinaison de libres marchés, de solides valeursfamiliales et communautaires, ainsi qu’un filet desécurité sociale solide et viable nous aideront à remplirl’objectif d’une «vie meilleure». Évidemment, il estbeaucoup plus important d’arriver à de meilleursrésultats sociaux que d’avoir une dévotion servile à unefaçon de faire en particulier.

Ceci dit, il est essentiel d’avoir une solide économiepour garantir des niveaux de vie plus élevés, davantageet de meilleurs emplois pour les Canadiens et parconséquent les revenus qui soutiennent le filet desécurité sociale. Il n’est pas exagéré de dire qu’uneéconomie robuste constitue l’élément le plus importantpour améliorer le bien-être social en général.

Mais une solide économie ne se produit pas juste d’elle-même. Les gouvernements doivent s’assurer que lepays a des attraits pour les investisseurs. C’est-à-dire,bien sûr, que la fiscalité doit être compétitive. Il est toutaussi important pour attirer les investissements d’avoirune bonne infrastructure et un système d’éducationefficace et muni de ressources de qualité.

De toute évidence, une économie dynamique aidedirectement ceux qui peuvent travailler, mais ellefournit aussi d’énormes avantages indirects à ceux quisont au chômage, malades ou âgés.

Lorsqu’une économie fonctionne presque à pleinecapacité, les salaires augmentent, davantage de genstrouvent des emplois et les revenus du gouvernementse multiplient. Cela donne au gouvernement lesmoyens d’améliorer et de maintenir le filet de sécuritésocial. Dans ce sens, une vague de reprise économiquesoulève vraiment toutes les embarcations.

Il n’y a aucun doute que le filet de sécurité sociale auCanada a besoin de certaines améliorations. C’estspécialement vrai pour les familles à faible et moyenrevenu avec des enfants, pour les aînés avec un faiblerevenu et pour les Autochtones.

Les familles élevant de jeunes enfants subissent souventdes pressions financières extraordinaires. Nous nousretrouvons souvent avec des enfants avant d’avoiratteint nos années de salaire optimal. Deuxièmement, ilcoûte simplement beaucoup d’argent d’élever desenfants. Troisièmement, de nombreuses familleschoisissent, ou aimeraient qu’un parent reste à la

maison, au moins à temps partiel, pour faciliterl’éducation des enfants. D’autres préfèrent ou ontbesoin d’avoir les deux parents avec un emploi, maisne se sentent pas plus avancées à cause des coûts desservices de garde d’enfants. Le gouvernement devraitjouer un rôle pour faire en sorte que les familles avecde jeunes enfants aient suffisamment de revenus pourleur permettre de faire le choix qui convient à leurfamille.

Les personnes âgées sont aussi trop souvent sous lejoug d’une combinaison de programmes de soutien durevenu modeste et d’un régime fiscal qui récupère unetrop grande partie de ce revenu. Il est évident qu’ilfaut en faire davantage pour améliorer le revenu netdes personnes du troisième âge au Canada.

Dans certains domaines, les résultats dugouvernement n’ont pas été à la hauteur et doiventêtre améliorés. Par exemple, il est nécessaire d’en fairebien davantage pour venir en aide aux Autochtonesau Canada, qui sont très en arrière du reste de lapopulation au pays dans pour ainsi dire toutes lesmesures du bien-être social.

Comme le démontre le désastre de Davis Inlet, ce n’estpas une solution de simplement jeter de l’argent à unproblème – et en fait cela peut faire partie duproblème.

Trop souvent, les Autochtones au Canada reçoivent unsoutien du revenu, tout en n’ayant pratiquementaucune possibilité d’éventuellement faire la transitionà l’emploi. Lorsque c’est le cas, que ce soit dans lescommunautés autochtones ou non, les résultats sontinvariablement les mêmes : le désespoir quiaccompagne le manque d’emploi mène auxtoxicomanies,à la violence familiale et à unedislocation générale de l’ordre social.

Il n’y a pas de solutions simples à ce problèmecomplexe, mais les défis démographiques et dumarché du travail au Canada pourraient offrir denouveaux débouchés aux Autochtones.

Alors que les baby-boomers approchent de la retraiteau Canada, les employeurs se préparent à faire face à un manque de travailleurs qualifiés. Nous devonscollaborer avec les leaders Autochtones, les autrespaliers de gouvernement et les écoles techniques, lescollèges et les universités pour répondre à ce défi.Nous ne pouvons rater cette chance de donner unnouvel espoir d’une vie meilleure à des milliersd’Autochtones au Canada.

Il n’y a pas de solutions faciles pour les problèmessociaux au Canada, cependant nous ne devons paslaisser l’idéologie nous aveugler et rendre encore plusdifficile qu’il ne le faut de trouver des solutions.

————————-Monte Solberg est député fédéral Conservateur pour Medicine Hat.

PER

SP

ECT

IVES

PO

LIT

IQU

ES F

ÉDÉR

ALE

S

11Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

L e 24 novembre 1989, la Chambre des Communesadoptait à l’unanimité une résolution visant àéliminer la pauvreté avant l’an 2000. Quinze ans

plus tard, la situation ne s’est toujours pas améliorée.Comment expliquer qu’une telle situation perdure, voires’aggrave, dans un contexte de surplus budgétaires quis’élèvent à 9,1 milliards de dollars pour l’exercicefinancier 2003-2004 et qui, selon le Conference Board,iront en augmentant pour totaliser, de 2004-2005 à 2014-2015, 166 milliards de dollars?

Devant l’ampleur de ces surplus, nous croyons que legouvernement fédéral aurait pu faire davantage pourcontrer la pauvreté au Canada et nous questionnons lespriorités et les choix de société de ce gouvernement. Detoute évidence, ce ne sont ni les principes d’équité, dejustice fiscale et sociale qui ont guidé l’action gouverne-mentale dans ses choix budgétaires. Le déficit fiscal n’estcertes pas étranger à cette réalité.

Rappelons-nous qu’en 1995, le gouvernement fédéraldécidait de mettre un terme au Régime d’assistance publiquedu Canada (RAPC) pour le remplacer, l’année suivante,par un nouveau programme, le Transfert canadien enmatière de santé et de programmes sociaux (TCSPS). Résultat: une réduction de 48 milliards de dollars dans lespaiements de transferts aux provinces et la réduction d’unfinancement initialement partagé à 50-50 entre le Fédéral,le Québec et les autres provinces en matière de santé et deprogrammes sociaux, qui aujourd’hui ne reçoit plus que20% du fédéral en santé et 11% du fédéral en éducation.On a également vu des coupures significatives qui ont eudes répercussions profondes sur les familles et les enfantset sur la population en général.

Quel remède apporter à tant de maux ?

Le problème de la pauvreté étant multidimensionnel, ilappelle des solutions du même ordre dans un cadresouple et flexible qui permet l’adaptation fine aux réalitésdes provinces où se trouvent les besoins. La pauvreténécessite de plus une vision à long terme plutôt que lavision à courte vue du gouvernement actuel.

Voici un ensemble de mesures au cœur de nosengagements politiques.

Sur le plan fiscal, que le gouvernement fédéral hausse leTCPS et qu’il modifie la formule de péréquation afind’augmenter ces transferts.

En matière d’assurance-emploi, les restrictions du régimeont fait des milliers de victimes et l’on compte pas moinsde 55% d’exclus. Aussi, des modifications drastiquess’imposent pour que le régime redevienne une vraieassurance et qu’on l’administre en conformité avec laréalité du marché de l’emploi.

Pour réparer les torts causés par le désengagement dugouvernement fédéral dans le logement social, il estimpératif que le Fédéral accorde un réinvestissementprogressif s’échelonnant sur trois ans, jusqu’à l’atteinte deprès de 2 milliards $ par année.

De plus, une politique familiale intégrée, comprenant desservices de garderie de qualité et à prix abordable, n’estpas sans effet sur la réduction de la pauvreté. En effet, onsignale une baisse de la pauvreté au Québec par rapportaux autres provinces, une baisse qui ne serait pas sans lienavec son régime exemplaire. Le système de garderies duQuébec est en place depuis 1998 et sa réussite repose surle fait qu’il a été construit sur le mode de l’économiesociale.

Dans le dernier budget fédéral, le gouvernement a encoretenté de s’ingérer dans les affaires du Québec et des autresprovinces en proposant la création d’un systèmepancanadien de garderies au coût de 5 milliards de dollarsen 5 ans. Ces sommes sont nettement insuffisantes quandon sait que le Québec y investit 1,4 milliard de dollars parannée. C’est la raison pour laquelle le gouvernement duQuébec réclame un droit de retrait avec pleinecompensation.

La mise en place de politiques sociales est essentielle pourassurer un juste équilibre afin d’accéder à une société pluséquitable. Il n’y manque plus que la volonté politiquepour mettre fin à un déficit social qui n’a de cesse de secreuser au fil des ans. La lutte à la pauvreté, c’est unequestion de choix! Nous devons nous y attaquerrésolument, en n’ayant pas peur de dire les choses commeelles sont et en nous laissant inspirer par les femmes, leshommes et les enfants qui en souffrent…

————————-Christiane Gagnon est députée du Québec pour le BlocQuébécois et porte-parole en matière de développement social.Elle est également 2e Vice-présidente du Comité permanent dudéveloppement des ressources humaines, du développement descompétences, du développement social et de la condition despersonnes handicapées.

PER

SP

ECT

IVES

PO

LIT

IQU

ES F

ÉDÉR

ALE

S

La pauvreté au Canada : une question de prioritésgouvernementales et de choix de société

par Christiane Gagnon

12

Je propose de comparer l’évolution de deux types deprogrammes sociaux au Canada au cours des deuxdernières décennies : les programmes à l’égard des

aînés et ceux concernant les enfants. Il y a vingt ans, lesystème de prestations pour les aînés était trèscomparable dans sa forme à celui pour les enfants –certaines parties étaient universelles, fournissant unmontant modeste d’assistance à toutes les personnesâgées (ou aux parents), et il y avait une portionadmissible en fonction du revenu, qui fournissait unsoutien du revenu supplémentaire aux familles à revenuplus faible.

Je dirais que ces programmes arrivaient à bien équilibrerdivers objectifs de politiques publiques: la lutte contre lapauvreté, certes, mais aussi une équité fiscale pour lesparents.

Le programme pour les aînés n’a pas beaucoup changé;mais maintenant, le système de prestation pour enfantsest principalement offert en tant que programme anti-pauvreté.

LES AÎNÉSAu nombre des programmes pour les aînés, il y a laSécurité de la vieillesse (SV), qui est versée à pratique-ment toutes les personnes âgées. Ce programme fournitle même montant à tous, mais est relativementprogressif étant donné que le revenu touché estimposable.

Le Supplément du revenu garanti (SRG) est unprogramme de prestations ciblées en fonction du revenufamilial, les prestations maximales allant aux aînés àfaible revenu. De plus, le Régime de pensions duCanada et le Régime de rentes du Québec (RPC/RRQ)versent une pension de base à tous les Canadiensretraités qui ont eu un emploi.

Au cours des vingt dernières années, les programmespour les aînés ont maintenu leur pouvoir d’achat, étantdonné qu’ils ont été indexés à l’inflation. Le gouverne-ment a aussi récemment annoncé des augmentations auSRG – la première augmentation en vingt ans, en dehorsdes ajustements au coût de la vie.

Cependant, même si le système pour les aînésfonctionne très bien, il comporte certains problèmes.

Des centaines de milliers de personnes âgées sontadmissibles aux prestations fournies par la SV, le SRG etle RPC – et en particulier les prestations au survivant –

mais ils ne les reçoivent pas. Ces aînés – en grandemajorité des femmes – pourraient ne pas être au courantde leur admissibilité à ce revenu, et par conséquent n’ontpas rempli de demande du programme.

Par exemple, il y a 50 000 Canadiens de plus de 70 ansqui y ont droit, mais n’ont pas fait la demande pourleurs prestations de retraite du RPC.

Au Québec, au contraire, il n’y a pratiquement aucunepersonne âgée qui manque de recevoir ses prestationsdans le cadre du Régime de rentes du Québec. C’estparce que la fonction publique du Québec adopte uneapproche proactive en envoyant par la poste desformulaires de demande, plusieurs fois, puis fait unsuivi avec des appels téléphoniques et des visitespersonnelles pour s’assurer que tous les aînés qui ontdroit à des prestations du RRQ les reçoivent bien. (Pourdes anecdotes personnelles, aller à www.shillington.ca/benefits/CPP_benefits/cpp_benefits.htm).

On pourrait aussi faire des améliorations dans la façondont sont établies les prestations fédérales pour lesaînés. La prise en compte du revenu pour le SRG estpénalisante, et rend futile une bonne partie des épargnesdes aînés qui reçoivent le SRG. On pourrait y remédieravec une exemption de revenu pour le SRG, desprovisions pour les régimes d’épargnes fiscales, ou unretour à la déduction du revenu d’investissement. Tantque ces facteurs démotivants à faire des épargnesdemeurent en grande partie inconnus, il y aura peu demotivation politique pour améliorer les règlements.(Pour d’autres informations à ce sujet, aller surwww.cdhowe.org/pdf/backgrounder_65.pdf.)

Voici plusieurs années, les personnes âgées avaientdémontré leur cohésion sociale et leur pouvoir politiqueen organisant une ferme opposition à la «Prestation pouraînés» envisagée, qui aurait éliminé la nature universellede la SV, éliminé le soutien versé à beaucoup de femmesen leur propre nom, et créé un programme purementciblé.

LES ENFANTSIl y a vingt ans, le système de prestations pour enfantscomprenait un versement universel d’allocationsfamiliales (la «prime bébé») qui fournissait desprestations imposables diminuant en fonction du revenufamilial, une déduction d’impôts pour tous les parentscontribuables, plus une prestation en fonction du revenupour les familles à faible revenu (le crédit d’impôt pourenfants). La modeste déduction fiscale pour enfants –

L’universalité ou le ciblage des programmessociaux : soit aucun, soit les deux

par Richard Shillington

AN

ALY

SE

13Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

qui a été transformée en crédit non remboursable en1986 – a aidé à réduire les impôts des parents parrapport aux autres contribuables sans enfants. Cefaisant, le programme reconnaissait que le fardeau desimpôts sur le revenu devrait être basé d’abord sur «lacapacité de payer», puis le coût d’élever des enfantsserait reconnu.

Des changements ultérieurs au système de prestationspour enfants n’ont réussi qu’à aider les famillespauvres qui ne sont pas à l’assistance sociale.

La mise en place d’une récupération pour la prestationfiscale pour enfants (PFE) – «ciblant» la prestation – aété utilisée pour séparer certaines pauvres famillesd’autres. Dans la plupart des provinces, la récupé-ration a fait que les familles pauvres à l’assistancesociale n’ont reçu aucun soutien supplémentaire, parceque les augmentations de la prestation fiscale fédéralepour enfants étaient immédiatement annulées par descoupures aux paiements provinciaux de l’assistancesociale. Par conséquent, les enfants les plus pauvresont été exclus de toute augmentation au soutien durevenu.

L’exclusion des familles à l’assistance sociale del’augmentation des prestations date de longtemps.Chaque budget fédéral de 1985 jusqu’à 2001 a privé lesparents à l’assistance sociale de toute augmentation desoutien. En excluant les familles à l’assistance sociale,ce programme «anti-pauvreté» a mis à l’écart de façondisproportionnée les mères monoparentales, lesAutochtones, et les personnes à l’assistance sociale enraison d’une incapacité.

La récupération des prestations pour enfants a étéimposée aux familles à l’assistance sociale contre leurgré et sans leur consentement, démontrant encore unefois leur marginalisation politique. Les élites n’ont paspris la peine de remarquer le sentiment de ces famillesd’avoir été trahies. La PFE aurait pu faire partie d’unensemble de mesures destiné à répondre auxproblèmes d’insuffisance du revenu pour lespersonnes à l’assistance sociale, mais les décideurs depolitiques en ont décidé autrement.

Le système actuel de prestations pour enfants a aussides lacunes en matière d’équité fiscale fondamentale.Le ciblage des prestations pour enfants a pour effetque les familles dans la tranche supérieure de revenun’ont aucune reconnaissance fiscale pour le fait que lesenfants affectent la «capacité de payer», et les famillesà faible revenu à l’assistance sociale voient leursprestations se faire récupérer. Les seules familles quiont davantage de soutien qu’auparavant sont lesfamilles de travailleurs pauvres. Le système actuel neverse que des prestations minimales aux parents avecun revenu de 60 000 $ – un revenu assez typique des

familles avec enfants. Cela a eu pour conséquence queles enfants vivant dans une famille à l’assistancesociale – de façon disproportionnée ceux vivant avecune mère monoparentale, ou des familles avec unepersonne handicapée, ou des familles Autochtones –sont maintenant dans une situation pire qu’avant.

EN RÉSUMÉ L’une des tendances les plus évidentes dansl’évolution de la politique sociale au cours des vingtdernières années a été le passage de programmesuniversels à des programmes ciblés. Il y a des gens quiremettent même en question le bien fondé desprogrammes universels dans la politique publiqueactuelle. À ceux-là, je leur pose la question : n’y a-t-ilpas des objectifs de politique sociale importants endehors de la lutte contre la pauvreté? Si notre seulobjectif est la réduction de la pauvreté, alors commentest-il possible que nous excluions ceux qui sont àl’assistance sociale?

————————-Richard Shillington est travailleur autonome et fait de larecherche sur la politique publique sociale et économique.

Au fa

it...

la «

Socié

té ju

ste»

en

voie

de d

ispar

ition

Adhésion élusive aux normesinternationales

Nombre de pays de l’OCDE examinés par l’UNICEF dont letaux* de pauvreté des enfants est plus bas qu’au Canada : 18sur 26

Nombre dont les transferts sociaux pour la sécurité économiquede la famille sont plus élevés qu’au Canada : 18

Dépenses de programmes en % du PIB, en 2000 :

Canada : 17,3%Royaume-Uni : 21,3%France : 28,3%

Changement en point de pourcentage des dépenses sociales en% du PIB, 1990-2000 :

Canada : - 1,3%Royaume-Uni : + 1,8%France : + 1,7%

* Défini par l’UNICEF comme un enfant vivant dans une famille avec un revenu

inférieur à 50% du revenu ménager médian après impôts, pour une année entre 1999

et 2001.

AN

ALY

SE

14

surenchère foncière doublée d’une crise dulogement locatif. Le phénomène est particulière-ment important dans les quartiers du centre,habités jusqu’à maintenant par une populationrelativement défavorisée. Cette situation met unepression importante sur les ménages à faiblerevenu qui ne trouvent plus à se loger et sevoient contraints de déménager en périphérie,loin des services qui leur sont dévolus.

L’exemple du Sud-Ouest de Montréal est à cetitre éloquent. Anciennement quartier ouvrierbâti autour des usines et du Canal de Lachine, leSud-Ouest a connu, depuis environ cinq ans, unembourgeoisement d’une partie de son territoireavec la réouverture du Canal à la navigation deplaisance. Plusieurs ensembles d’habitation detype condominium se sont construits le long dela voie d’eau, amenant une transformationrapide des commerces et des services. Lapopulation défavorisée et les groupes qui lareprésentent ont assisté à la transformation sansréelle possibilité de s’assurer de la prise encompte de leurs intérêts dans la transformationdu quartier.

LA CONCENTRATION DES DÉFAVORISÉSIl n’en reste pas moins que la pauvreté demeurerelativement concentrée à Montréal et cettetendance semble s’accroître. À partir de l’indicede désavantage matériel et social de RobertPampalon et Guy Raymond2, la Ville deMontréal a développé, en 2002, une carte deszones prioritaires d’intervention3 qui identifie 21zones à forte concentration de populationdéfavorisée. Cette carte a depuis été adoptée parle gouvernement du Québec et d’autrespartenaires régionaux, tels que Centraide duGrand Montréal et la Commission scolaire deMontréal, pour servir de base à d’éventuellesactions concertées sur le territoire. Les secteursidentifiés par la carte cumulent généralementplusieurs problématiques, soit la dégradation

LE PORTRAIT MONTRÉALAISMontréal, comme toutes les grandes métropoles,est aux prises avec d’importantesproblématiques reliées à la pauvreté etl’exclusion sociale. La croissance économique desdernières années n’est manifestement pasparvenue à améliorer significativement lesconditions de vie d’un segment important de sapopulation. Les quelques données qui suivent1

présentent l’ampleur du phénomène de lapauvreté à Montréal et soulignent son caractèreparticulier.

• Le revenu moyen des ménages montréalais estde 49 429 $;

• Montréal a la plus grande concentration deménages à faible revenu au Canada, soitenviron 29% des Montréalais vivant sous leseuil du faible revenu;

• Selon les dernières données de l’assistance-emploi, Montréal compte environ 25% de lapopulation totale du Québec, mais près de 35%des prestataires de l’assistance-emploi de laprovince. Sur ces 35%, près de la moitié sontdes immigrants;

• 37,2% des ménages locataires sur l’Île deMontréal consacrent plus de 30% de leurrevenu à leur loyer brut;

• 28% de la population montréalaise estimmigrante, dont 20% d’immigrants récents(arrivés au Canada entre 1996 et 2001);

• Selon une estimation récente des intervenantsmunicipaux, on compte annuellement àMontréal environ 28 000 personnesutilisatrices des ressources pour les sans abri.

LA MUTATION DES QUARTIERS DU CENTREBien que le phénomène soit moins marqué quedans certaines grandes villes nord-américaines,Montréal vit depuis quelques années une

Nouveau rôle et enjeux de la ville endéveloppement social : le cas de Montréal

par Geneviève Giasson, avec la collaboration de Marcel Cajelait et Jacques Savard

ÉT

UD

E D

E C

AS

15Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

des infrastructures et des services publics, lavétusté du logement, le manque de ressourcesalimentaires de qualité, un plus fort taux decriminalité, différentes problématiques de santépublique, une faible scolarisation, un taux dechômage élevé, un faible accès à la culture, etc.

Dans une étude publiée en 1999, Séguin4

démontre que la population des milieux à forteconcentration de pauvreté (comptant plus de40% de personnes défavorisées) n’est tout demême pas homogène et qu’on y retrouve encore,malgré un cumul de problématiques, destravailleurs, des familles biparentales et despersonnes fortement scolarisées. Séguin associece phénomène de mixité sociale à l’applicationuniverselle des grandes politiques de l’État, quiont assuré, à Montréal comme ailleurs auQuébec, une certaine redistribution de la richesseet une certaine équité dans l’accès auxressources.

LE NOUVEAU RÔLE DE LA VILLE ENDÉVELOPPEMENT SOCIALLa structure municipale montréalaise a subid’importantes transformations depuis 2001 etn’en a pas encore vu le terme. Un processus defusion des municipalités de l’Île de Montréal,

imposé par le précédent gouvernementprovincial, a abouti à une ville très décentraliséecomposée de 27 arrondissements. Au début del’année 2004, des référendums sur les défusionsont été tenus dans plusieurs anciennesmunicipalités de l’Île et devraient se solder, enjanvier 2006, par la reconstitution de huitanciennes villes.

Parallèlement, la municipalité s’est vueconfirmer un rôle en matière de développementsocial. L’entrée en vigueur de la Loi portant surla réforme de l’organisation territorialemunicipale des trois régions métropolitaines deMontréal, de Québec et de l’Outaouais et de laLoi modifiant la Charte de la Ville de Montréal,va obliger Montréal à développer un pland’action en développement social. C’est lapremière fois que le développement social estspécifié comme domaine d’interventionmunicipale et que l’engagement de la villeenvers sa communauté est officiellementreconnu.

Le développement social est ici défini comme lerenforcement des conditions permettant auxindividus et aux collectivités de développerpleinement leur potentiel, de participeractivement à la vie sociale et de tirer leur justepart de l’enrichissement collectif.

ÉT

UD

E D

E C

AS

LE PLAN D’ACTION MONTRÉALAIS EN DÉVELOPPEMENT SOCIALLa mise en place du premier plan d’action montréalais en développementsocial a été confiée à la Direction de la sécurité du revenu et du développe-ment social du Service du développement culturel, de la qualité du milieude vie et de la diversité ethnoculturelle. Dans son état actuel, le projet deplan vise à s’intégrer à l’ensemble des actions de la Ville. Il viseessentiellement à développer une meilleure cohérence des interventions desarrondissements et des services corporatifs, de manière à mieux répondreaux besoins de la population. Actuellement, en phase de validation, le projetde plan pourrait être finalisé à l’automne 2005.

Compte tenu des enjeux montréalais liés à la pauvreté, le plan d’actiondevrait faire une place importante aux actions de lutte contre la pauvreté etl’exclusion sociale et proposer de nouveaux modes d’intervention axés surune vision globale et intégrée du développement des milieux de vie. Ce typed’approche suppose l’apport de différents acteurs et propose la mise encommun des expertises et des ressources afin d’intervenir plus efficacementsur les facteurs qui engendrent la pauvreté et l’exclusion.

Pour actualiser ces objectifs, le projet de plan d’action montréalais endéveloppement social propose trois orientations principales, à la foistransversales et intersectorielles :

1. favoriser des approches concertées, intégrées et territoriales ;

2. contribuer à la réduction des inégalités sociales ;

3. favoriser la participation citoyenne.

LES ENJEUX DU NOUVEAU RÔLE DE LA VILLEPour Montréal, investir officiellement le champ du développement socialn’est pas sans soulever certains enjeux.

Le premier est évidemment la dépendance des villes envers les autres paliersde gouvernement, tant au point de vue des ressources financières que deslois qui régissent le champ d’action municipal. Bien que Montréalrevendique depuis plusieurs années la reconnaissance de sa spécificité et durôle majeur de la municipalité dans le développement régional et local, ellen’en reste pas moins dépendante des décisions et des transferts de fondsgouvernementaux. Depuis 2002, un contrat de ville unissant legouvernement du Québec et la Ville prévoit le transfert à la municipalité decinq millions par année sur deux ans5. La Ville se retrouve donc dans un rôlede bailleur de fond auprès de plusieurs organismes communautaires offrantdes services directs à la population. Au terme du contrat de ville, commentla municipalité pourra-t-elle répondre aux attentes des organismes et descitoyens et assurer la pérennité des projets? Quelle marge de manoeuvre legouvernement donnera-t-il à la municipalité pour répondre aux besoins endéveloppement social?

Deuxièmement, les changements dans les façons de faire et dans le partagedes responsabilités, que propose le plan d’action montréalais endéveloppement social, sont majeurs et entraînent d’importantes résistances.Le passage à une approche d’intervention intégrée exige la participationconcrète de plusieurs partenaires, notamment les partenairesgouvernementaux dont l’action est généralement peu intégrée et lesinterventions souvent peu adaptées aux contextes particuliers. Il suppose

PARTENARIAT DE LA VILLE DE MONTRÉALAVEC LE CONSEILCANADIEN DUDÉVELOPPEMENT SOCIALLa Ville de Montréal est membre du Conseilcanadien du développement social depuisplusieurs années. En 2004, conjointementavec le CCDS, elle a lancé un réseau (pourl’instant informel) de grandes villescanadiennes afin de discuter de leur rôle etstratégies en matière de développementsocial. La première rencontre a été organiséeen juin de la même année à Montréal et ladeuxième en janvier 2005 à Toronto.Parallèlement, Montréal a participé audémarrage d’un consortium régional autourde la Stratégie d’accès communautaire auxstatistiques sociales (Sacass), un projet duCCDS. Enfin, en novembre 2005, Montréalsera l’hôte de la Consultation annuelle desadministrateurs en service social, événementqui réunit chaque année les décideursadministratifs de toutes les régions du Canadaafin d’échanger sur les défis qui se posent etles meilleures pratiques.

Avec son rôle accru dans le domaine dudéveloppement social, il est devenu importantpour Montréal de mieux comprendre lesenjeux reliés au développement social auCanada (particulièrement en milieu urbain) etde mieux connaître les stratégies qui sontdéployées par les villes et les provinces pourlutter contre la pauvreté et les inégalités.Certaines approches nouvelles dans le reste duCanada pourraient être porteuses de solutionsintéressantes à des problématiques souventbeaucoup plus «semblables» qu’on ne seraitporté à le croire. De par son rôle de rechercheindépendante, sa vocation de défense desdroits et sa réputation d’intégrité, le CCDS estce canal qui favorise les échanges et assure lapromotion du travail des communautéscanadiennes.

16

17Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

également un partage de l’expertise et dupouvoir de décision. Le changement ne peutdonc se faire sans le leadership des décideurspolitiques et administratifs et sans la complicitéd’acteurs de différents secteurs d’intervention.L’intégration doit être non seulement horizontalemais aussi verticale. Quelles actions doiventrelever du niveau national, régional et local? Quidécide de quoi? Quels mécanismes doivent êtremis en place pour assurer l’articulation desdifférents niveaux?

Troisièmement, une approche territoriale estintéressante dans la mesure où elle permet deconcentrer des ressources et des actions sur unmême territoire et, ainsi, agir plus en profondeursur la pauvreté et l’exclusion sociale. Elle permetde mieux articuler les différentes interventions etd’en optimiser les retombées. Enfin, elle favoriseune meilleure adéquation entre les besoinspropres à un milieu et les interventions(particulièrement les interventions publiques).Toutefois, elle est également source d’iniquitédans la mesure où elle n’offre pas les mêmesoccasions chances aux personnes résidant àl’intérieur des secteurs priorisés et à cellesrésidant à l’extérieur. Il importe donc deconsidérer l’intervention territoriale comme unevaleur ajoutée en complément d’un ensemble demesures universelles. Comment articuler lesmesures spécifiques et les mesures universelles?Comment éviter certains effets pervers, commel’embourgeoisement ou la stigmatisation desquartiers défavorisés? Comment s’assurer unesurveillance de l’ensemble du territoire?

Un dernier enjeu de taille est celui durenforcement des communautés locales. Dansune optique de participation des acteurs locaux(incluant les résidents à la définition de leursbesoins et à la réalisation d’actions collectivesvisant l’amélioration de leurs conditions et deleur qualité de vie, comment guider, animer,outiller et supporter l’effort des communautés?Comment s’assurer que chaque communauté,peu importe sa capacité initiale à se prendre encharge, puisse avoir accès aux ressources?Comment s’assurer que les décisions priseslocalement se transforment en projets concrets eten appuis financiers suffisants de la part desinstances régionales et nationales?

CONCLUSIONLa reconnaissance officielle du rôle de la ville endéveloppement social s’accompagnera-t-elle desleviers et de la marge de manoeuvre nécessairesà Montréal pour agir efficacement sur sonterritoire? Cette question demeure cruciale.

Certaines ententes6, développées dans lesdernières années entre le gouvernement duQuébec et la municipalité, tendent vers unecertaine «cogestion» d’une part des fondsgouvernementaux alloués à la lutte contre lapauvreté. Il s’agit cependant d’ententes limitées,de courte durée, assorties d’une reddition decompte à posteriori sur la base de critèresnégociés conjointement. Ce contexte est encorepeu propice au développement d’une stratégierégionale intégrée, dont la ville serait un desacteurs clé.

Les prochaines années seront probablementdéterminantes pour l’avenir du développementsocial à l’échelle des villes québécoises. Lesréponses à toutes les questions soulevéesprécédemment devraient permettre de mieuxcerner le champ d’action municipal et le rôle desdifférents acteurs. En ce sens, la démarche dupremier plan d’action montréalais en développe-ment social demeure exploratoire.

————————-

Geneviève Giasson, Marcel Cajelait et Jacques Savardsont conseillers en développement communautaire, àla Direction de la sécurité du revenu et dudéveloppement social, Service du développementculturel, de la qualité du milieu de vie et de ladiversité ethnoculturelle, Ville de Montréal.

ÉT

UD

E D

E C

AS

1 Sauf indication contraire, les données sont tirées duRecensement de Statistique Canada de 2001.

2 Pampalon R., Raymond G. (2000). Un indice dedéfavorisation pour la planification de la santé et dubien être au Québec, Maladies chroniques du Canada,21(3) : 113-22.

3 Carte des zones prioritaires d’intervention et derevitalisation urbaine, Ville de Montréal, 2002.

4 Séguin A.-M. Les espaces de pauvreté, Visages et défisd’une Métropole. 2001 : 221-236.

5 Compte tenu des délais de négociation, la Ville deMontréal met en oeuvre, en 2005, la deuxième annéedu contrat de ville - volet lutte contre la pauvreté etl’exclusion sociale.

18

par Jim Stanford

G eorge W. Bush a décidé que la privatisation durégime américain de pensions publiques seraitune des initiatives qu’il léguerait au terme de

son deuxième mandat. Il a avertit que la Sécuritésociale (l’équivalent de notre Régime de pension duCanada) «se dirige à la faillite», et s’est engagé àcommencer à la démanteler – en créant des comptes deretraite individuels pour les travailleurs plus jeunes,au lieu des pensions publiques garanties.

Bush en train de claironner sur la faillite de la Sécuritésociale est à peu près aussi crédible que lorsqu’ilproclamait que l’Irak avait des armes de destructionmassive. En fait, cela a exactement le même objectif :pousser par la peur les Américains à prendre desmesures radicales qu’ils n’envisageraient pasautrement. En réalité, le régime américain de laSécurité sociale a 1,5 billion en réserve, et un surplusde 150 milliards de dollars par an!

Mais l’équipe de Bush renverse la valeur de ceschiffres avec de bizarres tours de passe-passecomptables. En faisant une projection de bilan à l’infini– une technique qui doit être dure à avaler pour cespartisans bibliques de Bush annonçant l’apocalypsetoute proche – et en ne permettant absolument aucuneaugmentation du taux des primes, il prétend que laSécurité sociale en fait s’avance vers un manque de 11billions. La solution qu’il propose – la conversion despensions publiques garanties en comptes individuelsde style REÉR – n’épargnera pas d’argent. En réalité, latransition coûtera des billions, et ce stratagèmerésultera en un cadeau énorme à l’industrie de lafinance qui salive à l’idée d’administrer tous cescomptes individuels.

À chaque fois que les États-Unis s’embarquent dansquelque nouvelle aventure radicale – comme desdiminutions d’impôts, la déréglementation desindustries ou des coupures aux avantages sociaux – ily a en général un chorus loyal et bruyant ici auCanada, qui nous incitent à leur emboîter le pas. Cettefois-ci, cependant, notre droite se distingue par sonsilence, et il est fort probable que cela continue.Pourquoi?

Tout d’abord, la menace d’une énorme faillite neprendra pas au Canada. Le Régime de pensions duCanada (RPC) a une assise financière remarquable-ment solide qui fait l’envie des actuaires dans lemonde entier. Les taux actuels de cotisation (environ10% du salaire admissible, divisé de façon égale entreles travailleurs et leurs employeurs) sont considérésviables – même dans le cadre à l’infini de Bush.

Les actuaires et planificateurs de pensions canadiensont bien des raisons de perdre le sommeil de nos jours,que ce soit à cause de la volatilité de millions decomptes RÉER, par exemple, ou de la viabilité desrégimes de pensions privés. Mais la possibilité defaillite du RPC n’en fait pas partie. En fait, le RPCreprésente à peu près le seul élément du système depensions au Canada sur lequel on puisse compter.

Cependant, je crois qu’il y a un autre facteur, plusprofond, qui empêche aussi la tactique manipulativede Bush au sujet des pensions de prendre au Canada.Il serait possible de rendre la Sécurité socialeaméricaine aussi saine fiscalement que notre propreRPC en ne faisant que quelques modestes augme-ntations aux taux de cotisation, échelonnées au coursdes deux prochaines décennies. Aux États-Unis, grâceà l’emprise économique et culturelle directe de laclasse des très riches, ne serait-ce que l’idée deproposer une augmentation d’impôts pour financer unprogramme public universel – même si c’en est un quia sorti de la pauvreté 40% d’Américains retraités –semble un anathème. D’un autre côté, ici au Canada,nous l’avons déjà fait : pratiquement, sans faire un tasd’histoires.

Les taux de cotisation au RPC ont augmenté de plus de50% de 1998 à 2003, lorsque le Fédéral et lesgouvernements provinciaux se sont mis d’accord pourconsolider le régime. Il y a eu les improvisationsinévitables de la part des lobbyistes du milieu desaffaires sur l’impact néfaste des retenues salariales.(Pendant ce temps, alors que les taux de cotisation auRPC augmentaient, le niveau de création d’emplois auCanada égalait – et surpasse maintenant – celui desÉtats-Unis). D’un point de vue individuel, il estdifficile d’imaginer que beaucoup de gens se sontmême aperçus de l’augmentation des cotisations, quiretenaient 1,75% en plus sur les gains admissibles, etseulement 0,5% du revenu personnel total. Mais jeparie qu’ils ont remarqué et apprécié le fait qu’aumoins un morceau de leur casse-tête de retraite était enplace, surtout à mesure qu’ils lisaient dans lesjournaux les dernières frasques des leaders financiersdu secteur privé, comme Nortel et Stelco.

L’augmentation des cotisations au RPC a été si positivepour la stabilité à long terme du régime, et sibénéfique pour les Canadiens ordinaires, que jepropose humblement de répéter la manoeuvre.Augmentons les cotisations totales d’un montantsemblable au cours des cinq prochaines années – paspour stabiliser le régime cette fois-ci, mais pourfinancer son expansion. Après tout, le RPC tel qu’il estn’est conçu que pour remplacer qu’environ 25% durevenu moyen avant retraite des travailleurs. Pourquoi

Le bon côté des impôtsO

PIN

ION

Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

n’augmenterions-nous pas légèrement ce taux deremplacement, et n’enlèverions-nous pas aussi leplafond maximum de gains pour les cotisations? Nouspourrions le faire avec d’autres hausses de cotisationspas plus grandes que celles que nous avons déjàdigérées.

Il n’y a aucune alternative de pension au Canada quisoit aussi efficace, transférable et sûre que le RPC.Voici quelques-uns de ses plus grands atouts :

4,5 millions de Canadiens touchent actuellement unepension du RPC, d’une valeur de 24 milliards dedolars par an.

La famille du troisième âge moyenne reçoit 20 000 $par an en revenus de pensions publiques (y compris laSV, le SRG et le RPC), représentant plus de 40% de sonrevenu total. Le Canadien moyen vivant seul reçoit 13 000 $ par an en revenus de pensions publiques,représentant plus de la moitié de son revenu total.

Les deux tiers des aînés canadiens reçoivent un revenuannuel total de 25 000 $ ou moins. Les trois quarts deleur revenu total proviennent de pensions publiques.Sans pensions publiques, ces Canadiens à la retraitechuteraient très bas dans la pauvreté.

Malgré les augmentations des taux depuis 1998, lescotisations du RPC (9,9% des gains pensionables) sontencore les plus bas de tous les grands paysindustrialisés – même plus bas que ceux des États-Unis(à 12,4%).

Au fa

it...

la «

Socié

té ju

ste»

en

voie

de d

ispar

ition

Égalité économique en voie de disparition Changement de pourcentage des revenus 1990-2000 :- des familles dans la tranche des 10% les plus élevés des revenus

(au-dessus de 100 000 $) : + 14,3%- des familles dans la tranche des revenus moyens

(46 à 55 000 $) : + 0,3%- des familles dans la tranche juste sous les revenus moyens (37 à

46 000 $) : - 0,7%

Taux de faible revenu des immigrants récents, 2000 : 35,8%Augmentation du taux de faible revenu des immigrants récents,1980-2000 : 45,5%Immigrants en âge de travailler avec un diplôme universitaire : 40%Canadiens d’origine en âge de travailler avec un diplômeuniversitaire : 23%Pourcentage de locataires ne pouvant avoir accès à un logementconvenable, 1991 : 26,6%Pourcentage de locataires ne pouvant avoir accès à un logementconvenable, 2001 : 30,4%Source : Statistique Canada, analyse des données du Recensement de 2001 par le Conseil canadien dedéveloppement social et Statistique Canada, Tendances et conditions dans les régions métropolitainesde recensement, 2005.

À PARAÎTRE À L’AUTOMNE :Le Progrès des enfantsau CanadaLe profil le plus complet sur les jeunes au Canada. En utilisantplus de 200 indicateurs du bien-être et du développementdes enfants, ce rapport fait le suivi des répercussions desprogrammes et politiques publiques sur les Canadiens demoins de 25 ans.

C’est la 7e édition produite par le CCDS, et elle présente destravaux menés par des experts renommés qui examinentdifférents aspects de la vie des enfants et des jeunes, comme lavie dans la collectivité, la réussite scolaire, la santé, entre autres.

Passez dès aujourd’hui votre commande à Renouf Publishing : ligne gratuite au Canada : 866-767-6766; àpartir des États-Unis : 888-551-7470; ou par fax : (613) 745-7660.

Pour davantage d’informations, inscrivez-vous au servicedu Bulletin de nouvelles du CCDS à www.ccsd.ca.

19

OP

INIO

N

Les coûts d’administration du RPC se montent àenviron un demi pour cent des avoirs du régime. C’estbien moins que pour les régimes privés de pensions oules fonds mutuels.

Certains bénéfices du RPC sont pratiquementinexistants dans les régimes privés – comme latransférabilité et l’indexation complète.

Le RPC, en conjonction avec díautres programmes depensions publiques comme la SÈcuritÈ de la vieillesseet le SRG, a ÈtÈ une rÈussite incroyable pour rÈduire lapauvretÈ chez les personnes du troisiËme ‚ge. En 1980,34% des aînés canadiens vivaient dans la pauvreté; en2001, seulement 17% vivaient dans la pauvreté. En1980, les aînés canadiens étaient deux fois plussusceptibles que les autres Canadiens d’être pauvres;en 2001, ils étaient moins susceptibles d’être pauvres queles gens de moinsde 65 ans.

Nous avons augmenté sans presque le remarquer lescotisations au RPC afin de stabiliser ce régime précieux,alors nous pouvons le faire à nouveau. George Bush nemontera pas à bord. Mais les Canadiens pourraientfaire mousser le champagne sur cet exemple de lamanière dont nous rendons notre vie un peu meilleureen acceptant de payer un petit peu plus d’impôts.

————————Jim Stanford est économiste au Syndicat canadien desTravailleurs et travailleuses de l’automobile (TCA). Uneversion de cet article a été publiée dans The Globe and Mail.

20

Est-ce celale Canada que nousvoulons?

par Al Hatton

Une nation modèle, la conscience du monde, lepays qui protège ses citoyens du berceau autombeau».1 Le Canada? C’était peut-être vrai à

une certaine époque, mais ceci est en fait unedescription de la Suède, un des pays qui a supplantéle Canada en haut de l’Indice de développementhumain des Nations Unies au cours des quelquesdernières années.

À quoi cela est-il dû? Notre économie est-ellevacillante? Pas selon les experts qui disent quel’économie canadienne est robuste. Les valeurs desCanadiens ont-elles fondamentalement changé? Larecherche montre bien une évolution dans lesvaleurs canadiennes, mais elles sont devenues plusprogressistes. Alors, que se passe-t-il?

Il ne fait aucun doute que le Canada, comme le restedu monde, a subi des changements considérables aucours des 60 dernières années et pas nécessairementceux auxquels on s’attendait. Vous rappelez-vousdes prédictions d’une société sans paperasserie etavec plein de temps pour les loisirs? Aucun de cesscénarios ne s’est matérialisé. Mais il y a eu d’autreschangements :

Dans la mondialisation des économies sansfrontières, les besoins du marché règnent et servent àguider tous les aspects de notre société.

Démographiquement, nous avons une populationvieillissante, exceptionnellement diverse et trèsurbanisée.

La population Autochtone a triplé et est davantageurbanisée.

La famille biparentale avec deux enfants et demi etune voiture familiale ne correspond plus à la norme.Les familles monoparentales sont courantes et dansla plupart des familles biparentales, les deux parentstravaillent à temps plein.

Nous sommes passés d’une économie industrialiséeà une économie du savoir et du secteur des services.

Pendant la même période, nous avons constaté leshauts et les bas des investissements de l’État dansnotre société. Des années 1950 aux années 1980, on avécu une ère d’expérimentation et d’innovationsociale. Les répercussions de la récessionéconomique et l’attention concentrée sur la dette etle déficit ont entraîné un enchaînement continuel derévisions des programmes et de coupures auxprogrammes et services sociaux, désintégrant ainsigraduellement le filet de sécurité sociale mis enplace si soigneusement tout au long du 20e siècle.

Les résultats en sont bien étudiés et biendocumentés – davantage de disparité et d’exclusionsociale. Une étude après l’autre a montré lapolarisation accrue entre les riches et les pauvres.Malgré les débouchés mondiaux, des économiesflorissantes et une baisse du chômage, notreenvironnement de travail est de plus en pluscaractérisé par davantage d’insécurité, plus de sous-emploi et un nombre croissant de travailleurspauvres.

Même si elles ne disent pas tout, voici quelquesstatistiques canadiennes inquiétantes :

700 000 ménages ont un besoin impérieux delogement, dépensant plus de la moitié de leurrevenu pour le loyer;2

Les peuples des Premières Nations au Canada quivivent sur des réserves se placent au 78e rang dansl’Indice de développement humain des NationsUnies;3

Il y a 402 000 enfants de plus vivant dans la pauvretédepuis que le gouvernement s’était engagé en 1989 àéliminer la pauvreté chez les enfants pour l’an2000;4

Le taux de pauvreté chez les enfants immigrantsrécents était de 42,4% en 2000;5

Les enfants des ménages à faible revenu ont 200%plus de chances que la population en générald’avoir un mauvais niveau de vision, d’ouïe, deparole, de mobilité et de dextérité.6

À mesure que les gouvernements font des coupures,ils semblent s’imaginer que les communautéspeuvent «prendre la relève» et assumer le rôle qu’ilsavaient tenu. Le problème c’est qu’aujourd’hui lescommunautés n’ont rien à voir avec le Canadad’après la Seconde guerre mondiale. Un ensemblecomplexe de raisons, dépassant la portée de ce courtarticle, ont contribué à cet état de fait, y compris lamondialisation, les progrès technologiques, l’expan-sion urbaine, les nouvelles structures familiales, etainsi de suite. Pour ces raisons, parmi tant d’autres,les communautés ont moins de capacité

«

FAC

E À

LA

ALI

21Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

qu’auparavant de faire face à un ensemble deproblèmes plus compliqués. Les organismesnon gouvernementaux se sont multipliés afind’essayer de remplir ce vide – une augmen-tation de plus de 10 000 nouveaux organismescaritatifs en une décennie. Mais eux aussiplient sous le poids des questions socialespressantes et de la compétition féroce pour desfinancements publics et privés restreints.

Pourtant le Canada n’est pas le seul pays àavoir écopé les vagues de la fin du 20e siècle.D’autres pays cependant, semblent s’en êtremieux sortis, en s’adaptant plus rapidement aunouvel ordre mondial et en changeant leurspolitiques et leurs pratiques pour répondre auxproblèmes contemporains d’une manièreinnovatrice.

Je me refuse à croire que le Canada manque del’ingéniosité, de la créativité et de la volonténécessaires qui lui permettront de récupérer saplace de meilleur pays au monde. Il ne s’agitpas de compétition. Il s’agit d’être à notreoptimum, avec une population en santé qui vitdans un environnement sûr et non pollué. Maisafin d’y arriver, nous devons prêter l’oreilleaux voix qui réclament une nouvellearchitecture sociale – en vue d’une réévaluationradicale de nos politiques sociales. Nousdevons convaincre les Canadiennes et lesCanadiens de participer à un dialogue sur leuravenir et à être audacieux en matièred’innovation sociale, tout en préservant nosprincipes sociaux fondamentaux et notre bien-être économique. Il est dépassé le temps durafistolage.

Le Conseil canadien de développement socialnous pose une question cruciale : «Quelavenir pour le Canada?» – Je connais maréponse : «Une nation modèle, la consciencedu monde, le pays qui protège ses citoyensdu berceau au tombeau

————————Al Hatton est président-directeur général deUnited Way/Centraide Canada.

1 Suède. The Official Gateway to Sweden.(www.sweden.se)

2 L’Association canadienne d’habitation et derénovation urbaine (www.chra-achru.ca/).

3 NCA. Community Action Guide, 20044 La pauvreté des enfants au Canada – Rapport

2002, pg. 25 Campagne 2000.

(www.cmapaign2000.ca/quiz2/a5.htm)6 Id.

Au fa

it...

la «

Socié

té ju

ste»

en

voie

de d

ispar

ition

Un engagement qui s’esquive enversl’égalité des sexes

Diminution en point de pourcentage des femmes admissiblesaux prestations de l’assurance-emploi à la suite des coupuresde programmes en 1995-1998 : 6Diminution en point de pourcentage des hommes admissiblesaux prestations de l’assurance-emploi à la suite des coupuresde programmes en 1995-1998: 1Femmes au chômage touchant l’a-e au Canada, 2001 : 33% Hommes au chômage touchant l’a-e au Canada, 2001 : 44%

In 2003:Revenus de salaires des femmes en % de celui des hommes : 70,5%Pourcentage des femmes pauvres au Canada : 17,1%Pourcentage des hommes pauvres au Canada : 14,7%Pourcentage des familles monoparentales dans la pauvretédirigées par une femme : 48,9%Pourcentage des familles monoparentales dans la pauvretédirigées par un homme : 20%Sources : Armine Yalnizyan, Canada’s Commitment to Equality, A Gender Analysis ofthe Last Ten Budgets, 2005 et Statistique Canada, Tendances du revenu au Canadaen 2003, 2005.

Au fa

it...

la «

Socié

té ju

ste»

en

voie

de d

ispar

ition

Distribution élusive des gainséconomiques Depuis 1997, classement du Canada dans les pays du G7 enmatière de croissance économique : 1

Montant du surplus annuel de l’a-e, 1996-1997 : 7,5milliards de $

Total du surplus dans le fonds de l’a-e en 2004 : 46milliards de $

Année d’élimination du déficit : 1998

Proportion de surplus que le gouvernement Libéral a promisd’allouer pour restaurer les dépenses de programmes aprèsl’élimination du déficit : 50%

Proportion qui a été allouée : 10 à 25%

Sources : Armine Yalnizyan, Canada’s Commitment to Equality, A Gender Analysis ofthe Last Ten Budgets, 2005; et Canadian Centre for Policy Alternatives, Alternativebudgétaire pour le gouvernement fédéral, 2005 – Budget en bref; et Rapport duComité permanent du développement des ressources humaines, du développementdes compétences, du développement social et de la condition des personneshandicapées, Rétablir la bonne gestion financière et l’accessibilité du régimed’assurance-emploi : partie un - 2004.

FAC

E À

LA

ALI

22

Quand il était jeune, Michael Goldberg vendaitdes encyclopédies et des brosses Fuller. Aussiétrange que cela paraisse, le gagnant du Prix

Weiler de cette année dit que cette expérience l’a aidé àse préparer pour ses années de chef de file dans ledomaine du développement social en Colombie-Britannique.

«J’ai appris qu’il faut connaître son produit pour fairedu porte-à-porte», dit-il. Si les produits sont utiles, onpeut demander aux gens de les acheter. J’ai aussi apprisque si on ne demande rien, on n’obtient jamais rien».

Bien entendu, les «produits» sont différentsaujourd’hui.

En tant que directeur de la recherche au conseil deplanification sociale et de recherche de Colombie-Britannique (SPARC), il a été plongé au coeur decentaines de projets de développement social. Il a faitde la recherche et des activités de défense des droits, aparticipé à de larges consultations communautaires et aconçu des programmes innovateurs.

«Je suis avant tout un chercheur» dit-il. «Mais jechevauche le milieu de la recherche et celui de la viedes gens de tous les jours. C’est quelque chose que j’aiappris il y a longtemps en faisant des études de travailsocial.

La sensibilisation publique a une place privilégiée dansson coeur. Goldberg a passé une bonne partie de sacarrière «à vendre» le message sur l’importance desprogrammes sociaux. Il a été un chef de file et un porte-parole sur des questions comme les services de garde,le logement et les sans-abri, les soutiens du revenu et ledéveloppement de la capacité du secteur bénévole etcommunautaire. Son auditoire inclut des membres dugouvernement et des leaders communautaires, ainsique le grand public par le biais des média.

La radio et la télévision sont un domaine compétitif enColombie-Britannique. Des présentateurs avec desopinions très arrêtées et un auditoire parfois hostile ontrendu les interviews en direct trop intimidantes pourbeaucoup de personnes dans le secteur du développe-ment social. Mais c’est un défi que Goldberg aimerelever, et son éloquence pragmatique comme sonaptitude à rendre pertinentes des questions complexesont fait de lui un invité populaire sur les chaînes.

«J’aime beaucoup les émissions avec des appels endirect» dit-il. Cela vous donne une idée de ce que lepublic pense sur les questions dont on discute». Maisen plus, il voit cela comme un véhicule desensibilisation du public et un face-à-face avec la réalitépour développer des arguments clairs concernant lerôle de programmes sociaux efficaces.

«Parfois, nous nesommes pas aussiclairs qu’il lefaudrait», dit-il de lacommunauté dudéveloppementsocial. Il en a apprisbeaucoup lorsqu’ilétait en Angleterrependant l’époque Conservatrice du Premier MinistreMargaret Thatcher, en ce qui est de développer desarguments directs qui ont un impact sur le public.

«J’ai participé à plusieurs émissions sur la réforme dubien-être social, et même si quelques membres del’auditoire ont une opinion stéréotypée, et d’autresadoptent ce stéréotype, j’ai aussi entendu des auditeurscommencer à comprendre et à dire en fait que ladiscussion avait changé leur avis sur ce sujet».

«Michael est une personne qui a été guidée dans sa vieet son travail par un sentiment puissant de justicesociale», dit Steve Kerstetter, un adjoint de recherche auCanadian Centre for Policy Alternatives. «Les gens quile connaissent constate son dévouement aux principesdans tout ce qu’il fait».

Ce dévouement se remarque aussi dans son travail demembre fondateur d’un groupe qui s’appelle First Call,the B.C. Child and Youth Advocacy Coalition. «Je suisconvaincu que la pauvreté des enfants sera éliminée»dit-il. «À mesure que nous vieillissons en tant quesociété, nos enfants deviendront plus précieux à nosyeux».

Il indique des changements importants dans lespolitiques publiques, comme la Prestation nationalepour enfants qui a commencé à faire une différence pourrésoudre la pauvreté des enfants et des familles. «Maisles progrès sont difficiles à accomplir. Tout ce qui estsubstantiel prend beaucoup de temps».

Si on a vu des progrès, Goldberg mérite une partie ducrédit, disent les gens qui ont travaillé avec lui.

«Il a aidé à élaborer une vision d’avant garde pour lesenfants et les jeunes, qui est adoptée, du moins enprincipe, à tous les niveaux de la société canadienne»,dit Ruth Annis, directrice exécutive de PacificCommunity Resources, qui fournit divers services auxenfants, aux jeunes et aux familles. «Il continue de fairepreuve d’un leadership qui nous inspire pour aller del’avant et mettre en application cette vision».

——————— Michael Goldberg recevra le Prix Weiler 2005 lors du Congrèssur les politiques sociales canadiennes, à Fredericton au moisde juin.

Gagnant du Prix Weiler 2005B

ÂT

ISS

EU

R C

OM

MU

NA

UTA

IRE

23Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

L’avenir desprogrammessociaux au Canada?«Le Canada a grandement besoin d’unprogramme social pour venir en aide auxfamilles qui s’occupent de leurs parents âgés.

Le placement en institution des personnes âgéesinfirmes n’est absolument pas une solution. C’estun engrenage vers la surdose de médicaments(pour soulager la lourde tâche du personnel) et ladépendance acquise, et au mieux c’est un milieuimpersonnel et non chaleureux. Au pire, c’est unsystème abusif qui raccourcit la vie des ‘patients’.

Prix Weiler Le Prix Weiler est décerné chaque année en reconnaissance descontributions exceptionnelles de personnes ou de groupes à lacommunauté et au développement social au Canada. Le prix a étécréé à la mémoire de Dick Weiler, dont la tâche au CCDS et dansune multitude d’autres organismes a encouragé à adopter despolitiques et des programmes éclairés et à former despartenariats créatifs visant à aider les Canadiens à participer plusactivement à la vie de la société. Ses travaux innovateurs dans ledomaine de la justice sociale, du développement communautaireet de l’alphabétisation ont représenté une expression tangible de safoi en la dignité humaine, la tolérance et la sécurité. La passion de sesconvictions, alliée à la croyance que rien qui en vaille la peine ou quisoit durable ne peut être accompli seul, l’ont aidé à rassembler touteune cohorte de gens et d’organismes dévoués à une cause commune.

Selon les mots de Dick Weiler lui-même «Personne d’autre que nous n’a la responsabilité deconfronter nos problèmes sociaux et nos injustices. C’est une responsabilité qui nous incombe.Nous devrons apprendre comment établir des partenariats qui signifient quelque chose, parceque si nous travaillons ensemble, si nous nous épaulons les uns les autres et ne lâchons pas,nous pouvons faire une différence».

Pour d’autres informations sur le prix Weiler, veuillez aller à www.ccsd.ca/cswp/weilerawardou contacter :Fonds de fiducie du Prix Weiler# 1001, 44 avenue Emmerson, Ottawa, ON K1Y 2L8

Prendre soin de ces proches est un travail àtemps plein, et pourtant il n’y a aucune aide definancement pour soutenir l’aidant(e) familial(e),qui peut être dans l’obligation de quitter sonemploi afin de donner des soins à un parentchéri pendant ses dernières années.

À mesure que les gens vieillissent, leursfonctions physiques et mentales se détériorent etleur univers s’amoindrit de plus en plus. Nosparents méritent d’être auprès de leur familledans leurs vieux jours. Ne vaudrait-il pas lapeine d’avoir un programme qui permettentaux familles de vivre avec leurs parents, tout enayant des soins quotidiens personnels fournisà domicile?»

Courriel envoyé par Brenda Belokrinicev, Edmonton

24

La Terrace Anti-Poverty Group Society dessert unevaste région isolée du Nord-ouest de la côte Pacifiquede Colombie-Britannique, qui comprend neuf réservesAutochtones et un certain nombre de petitescommunautés. Sa mission – «d’assurer une attitudejuste et équitable envers toutes les personnes, quelque soit le niveau de revenu, leur situation sociale etleur aptitude physique» – est devenue de plus en plusdure à remplir. Les disputes autour du bois d’oeuvreà la fin des années 1990 et d’autres forceséconomiques ont entraîné la fermeture de scieries quiavaient été les principaux tenants de l’économielocale.

Tanya Gauvin a travaillé avec la Terrace Societypendant cinq ans, dont deux comme directriceexécutive, avant de partir en congés maternité enfévrier. Kim Besharah est maintenant coordinatrice deprogrammes pour l’organisation.

LES RÉPERCUSSIONS DES CHANGEMENTS AUXPOLITIQUES ET PROGRAMMES SOCIAUX AUCOURS DE LA DERNIÈRE DÉCENNIE

Tanya

Nous avons définitivement remarqué uneaugmentation du nombre de personnes recherchantnos services, et nous sommes devenus le seul endroit àTerrace qui est en mesure d’offrir un quelconque

service. L’aide juridique a été coupée, et parconséquent nous sommes devenues les porte-paroledes mères à qui on avait enlevé leurs enfants.

Les changements au bien-être social se sont faitsexactement quand j’assumais le poste de directriceexécutive, et c’était aussi autour de la même périodeque nous avons perdu une bonne partie de notrefinancement. Nous nous sommes efforcées de fournirdeux fois plus de services avec bien moins d’argent.

Une revue provinciale des personnes touchant desprestations d’invalidité a eu le plus gros impact surnotre agence. Chaque personne devait remplir unenouvelle demande – qui était longue de 23 pages! Descentaines et des centaines de personnes sont venues,quelques-unes en pleurs. La porte-parole était débordée.

La province a aussi envisagé de faire une revue despersonnes avec une maladie mentale, mais les gensdevinrent si stressés que le gouvernement a décidé delaisser tomber cette idée.

Les familles monoparentales à l’assistance sociale ontété les plus touchées par les coupures. Les fonds pourles maisons d’hébergement – qui étaient déjàinsuffisants – furent coupés davantage. Nous avonsconstaté beaucoup d’évictions, et les genscommençaient à vivre ensemble. Puis plusieurs furentl’objet d’enquêtes pour avoir des relations de conjointsen union libre.

Dans leurs propres mots Des représentantes d’organismes membres du CCDS prennent la parole sur les répercussions deschangements de la dernière décennie dans les programmes sociaux au Canada, elles évaluent l’état dela situation actuelle et proposent des moyens de réparer le tissu social en lambeaux.

DA

NS

LE

UR

S P

RO

PR

ES

MO

TS De gauche à droite : Maureen et Angie (étudiantes en stage), Kim,

Sherrill et Lee-Ann (bénévoles), Tanya, Marge (porte-parole pour lebien-être social) et Rosanne (porte-parole pour les locataires).

25Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

Les subventions pour les services de garde furentaussi coupées à l’époque, et il était interdit de garderun quelconque revenu en plus du bien-être social. Jen’y vois aucun bon sens. Lorsque j’étais une mèremonoparentale à l’assistance sociale, j’avais quatreemplois à temps partiel. Il y avait des incitatifs àgagner un peu plus d’argent pour aider à joindre lesdeux bouts. Ce n’est plus autorisé.

Les gens qui se sentaient déjà au bout du rouleau ontcommencé à avoir certains problèmes de santé. Jecrois que la santé des enfants en a pâti aussi, et denombreux programmes de petits déjeuners etdéjeuners à l’école ont été supprimés.

Certains services étaient encore disponibles, mais sansune bonne connaissance des services du ministère oudu programme en question, il était difficile de lestrouver.

La situation était assez inquiétante pendant un certaintemps. Heureusement, quand les gens ont commencéà protester assez bruyamment, le gouvernementprovincial a reculé et a rétabli quelques programmes.Ils avaient espéré diminuer le nombre de personnestouchant des prestations d’invalidité, mais ils ont finipar en avoir beaucoup plus.

Les groupes communautaires ont trouvé certainesautres sources de financement. Tristement, cela a étéle bon côté des coupures : cela a rendu lacommunauté plus responsable pour ses propresmembres. C’est devenu plus important que jamaispour les membres de la communauté de collaborerentre eux et avec le gouvernement municipal pourfaire en sorte que de répondre aux besoins essentielsde tout le monde.

Mais nous ne tenons qu’à un fil depuis quelquesannées. On ne nous considère pas maintenant commeune priorité. C’est vraiment enrageant, parce quepouvons démontrer le besoin, mais la province ne s’yintéresse pas, puisque c’est ce qu’elle essayait decouper.

LA SITUATION ACTUELLE

Kim

Étant donné que la limite à l’assistance sociale pourune mère monoparentale est maintenant de deux ans,nous avons quelques mères très jeunes qui n’ont pasfini leur secondaire, n’ont aucune expérience detravail, et on s’attend à ce qu’elles dénichent unemploi pour subvenir à leurs besoins et ceux de leursenfants. Il y a bien quelques services de garde, mais cen’est pas suffisant. Les gens viennent au Centre enayant faim et leurs bébés n’ont pas de couches.

La dépendance au jeu est un gros problème dans cettecommunauté. Nous avons un conseiller pour les

dépendances, mais nous devons donner notre soutienau club de bingo local, parce qu’il nous aide à gardernotre organisation à flots. Nous obtenons aussi desfonds de la régie du jeu de C-B.

Nous ne recevons pas actuellement de financementfédéral. Dans le passé, nous avons eu de l’argent deCondition féminine Canada pour faire de la recherchesur la pauvreté des femmes – qui a révélé que lesfemmes payaient de 50 à 80% de leur revenu pour leloyer. Mais en raison des logements bien sous lesnormes ici, les femmes sont plus susceptibles de resterdans des relations abusives.

Nous n’avons pas de services pour les patients duVIH/SIDA for HIV/AIDS, bien qu’on en ait un réelbesoin. Nous avons plusieurs clients qui sont infectés,mais ils n’ont pas de ressources.

Le gouvernement veut que ce soit la communauté quis’occupe des gens, mais quand on vit dans une régioncomme la nôtre qui a été si durement touchée par lescoupures et les revers de l’économie, c’est très difficilede s’occuper des autres.

Nous avons un jardin communautaire d’un acre. Lesgens peuvent s’inscrire pour avoir une parcelle dejardin afin de les aider à compléter leurs produitsd’épicerie, et de plus c’est un environnement sain etsécuritaire.

J’aimerais développer un programme de mentoratpour le jardinage, un mélange de jeunes et depersonnes du troisième âge. En outre du produittangible, cela pourrait aider à développer descompétences sociales et à soulager de l’isolement.Beaucoup de personnes avec un faible revenu nepeuvent se permettre d’emmener leurs enfants à lapiscine. Et beaucoup de personnes du troisième âge,qui avaient été des fervents du jardinage, ne sontpeut-être plus capables de bêcher, mais elles peuventfaire part de leur expertise si d’autres personnes lesaident pour les travaux physiques.

DES POLITIQUES ET DES PROGRAMMESGOUVERNEMENTAUX QUI AIDERAIENT

Kim

Je ne sais même pas par où commencer. Nous devonsd’abord verser plus d’argent aux organisations sansbut lucratif sur le terrain. Si je vois encore un bébésans couche, je crois que je vais pleurer.

Il faut aussi plus d’incitatifs à travailler dans le cadredu bien-être social. Il faut permettre aux gens detravailler à temps partiel et de garder leur argent. Iln’y a aucun service de formation et ils n’ont pas ledroit d’aller à l’école. J’avis eu un financement de

DA

NS

LE

UR

S P

RO

PR

ES

MO

TS

26

DRHC pour suivre une formation, c’est ce qui m’arendue employable.

Nous devons nous rappeler de nos jeunes. En cemoment, ils sont laissés pour compte.

Nous devons être capables de nous adapter à lanature sans cesse changeante de la pauvreté. Nousdevons répondre à des facteurs comme le racisme, quiest latent dans cette communauté.

La région de la côte Pacifique a besoin de davantagede recherche. Pratiquement rien n’a été fait pour lessans-abri ici. Souvent on peut faire un volet, mais onne peut obtenir d’argent pour passer au volet suivant.

Tanya

Si le gouvernement décide de faire des coupures auxservices de santé et du bien-être social, il devrait enredistribuer une partie à des services comme le nôtre.Nous essayons d’aider notre clientèle à faire autrechose que remplir leur formulaire du bien-être. Nousessayons aussi de les aider à se trouver un emploi,nous leurs offrons les outils dont ils ont besoin, nousles encourageons à suivre une formation et nous leurdonnons des soutiens pratiques.

La meilleure aide en ce moment serait du finance-ment. Je pense que nous allons toujours fournir desservices parce que sommes trop entêtées pour arrêter.Mais nos employées sont débordées de travail.

Mona Audet est la directrice générale de Pluri-elles(www.pluri-elles.mb.ca/a_propos.html), uneorganisation qui a été mise sur pied en 1982 pour lesfemmes du Manitoba. Aujourd’hui, leurs servicessont aussi offerts aux hommes et aux enfants.

L’organisation compte à présent 30 employées, dont6 qui travaillent comme conseillères. «Juste avec desservices sociaux, on dessert de 1 500 à

2 000 personnes par année avec de l’aide à courtterme et à long terme», dit Audet.

Pluri-elles offre chaque année une cinquantained’ateliers sur des sujets comme les aptitudesparentales, le taxage, le syndrome d’alcoolismefoetal, l’adaptation des immigrants, la ménopause, etle deuil.

«D’après les évaluations, la clientèle est supercontente, satisfaite» dit Audet. «On aide les gens àgrandir».

COMMENT VOTRE TRAVAIL A-T-IL ÉTÉ AFFECTÉPAR LES CHANGEMENTS DANS LES POLITIQUESET PROGRAMMES SOCIAUX DES DIXDERNIÈRES ANNÉES?

Depuis les dix dernières années, peut-être à cause desmédia, ça change très vite. On est obligé d’avoir dupersonnel très bien formé, parce qu’il y a toujoursquelque chose de nouveau.

On en fait toujours plus, mais l’argent n’augmentepas, comme dans tous les groupes communautaires.Vraiment, il faudrait doubler les budgets.

Souvent les services sociaux ne sont pas reconnus. Engénéral, les gens ne comprennent pas ce que font lestravailleurs sociaux.

Pluri-elles a fait une grosse consultation en 2002. Etoui, les femmes demandent de l’aide, surtout dans lescommunautés rurales. Souvent les femmes ont de ladifficulté à participer dans leurs communautés parcequ’il y a un manque de garderies. Et c’est difficilepour les femmes de travailler même s’il y en a - parceque bien souvent, après les frais, il ne reste pas grand-chose de leur salaire!

EST-CE QUE LES PROGRAMMES SOCIAUX ONTRÉPONDU AUX CHANGEMENTS DE BESOINS DEVOTRE CLIENTÈLE?

Je ne pense pas que les programmes sociaux ontrépondu aux besoins de la communauté que nousdesservons.

Les services sociaux ne sont pas valorisés comme ceuxde la santé. Bien que l’un ne va pas sans l’autre. Toutle monde sait qu’il y a de plus en plus de problèmesde santé mentale. Mais on parle toujours des maladiesphysiques.

DA

NS

LE

UR

S P

RO

PR

ES

MO

TS

Pluri-elles

27Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

À VOTRE AVIS, QUELS PROGRAMMES OUPOLITIQUES DU GOUVERNEMENT VOUSAIDERAIENT À MIEUX DESSERVIR VOTRECOMMUNAUTÉ? Il est temps de valoriser les services sociaux. Legouvernement devrait faire des annonces poursensibiliser le public, expliquer que c’est normald’aller chercher de l’aide. Bien souvent les gens onthonte, ils attendent la dernière minute.

Je me souviens quand le gouvernement a lancé latolérance zéro avec l’alcool au volant. Après un

certain nombre d’année les résultats sont là. Pourquoine pas faire la même chose avec les problèmessociaux?

Aussi, il est temps de reconnaître l’expertise desgroupes qui offrent des soins en services sociaux, et de gonfler les budgets des organismes pour leurpermettre de mieux faire leur travail. Nousdemandons à nos employées de faire des heuressupplémentaires pour répondre à la demande. De plusen plus, nous vivons avec des professionnels quisouffrent de traumatisme interposé, n’ayant pas eu letemps ou l’aide nécessaires.

Il est temps de bouger…

Sherrie Tingley est membre du conseild’administration du CCDS et elle est récemmentdevenue directrice exécutive de Elizabeth Fry Societyof Ottawa, un organisme membre du CCDS quifournit de l’aide aux femmes aux prises avec la Loi.Auparavant, Sherrie avait collaboré pendant 10 ansavec le Centre for Equality Rights in Accommodation(CERA), d’abord comme membre du conseild’administration, avant de se joindre au personnelcomme gestionnaire du programme de préventiond’éviction dans la ville d’Ottawa.

RÉPERCUSSIONS DES CHANGEMENTS DANSLES POLITIQUES ET PROGRAMMES SOCIAUXAU COURS DE LA DERNIÈRE DÉCENNIE

En Ontario, les coupures sans précédent à l’assistancesociale en octobre 1995 ont eu en quelque sorte l’effetd’un tsunami pour nous. L’impact a été énorme pourtout le monde et pour toutes les agences sociales. Lorsd’une remise en cause constitutionnelle des coupuresà l’assistance sociale, les témoins experts de CERAavaient prédit l’augmentation du nombre de sans-abri– et malheureusement, ils avaient raison. Environ 80%des familles avec des enfants qui avaient recours àl’assistance sociale ont été gravement affectées dansleur capacité de garder leur logement.

Au cours de la décennie, il y a eu aussi desmodifications à la législation du travail, et uneaugmentation des taux d’emplois précaires. Dans monposte de coordinatrice pour la prévention d’éviction,j’ai été effarée de constater que 60% des personnesrisquant une éviction avaient un emploi rémunéré. EnOntario, il y avait 60 000 ménages risquant uneéviction. J’ai parlé à des femmes qui ont eu recours àla prostitution afin de pouvoir payer leur loyer.

Les choix des femmes, en particulier, se sont de plusen plus rétrécis – il n’y a qu’à voir le cas d’une femmecomme Kimberly Rogers, qui ne faisait qu’essayerd’obtenir une éducation.

D’autre part, les modifications à l’a-e au cours de ladécennie ont eu pour conséquence que plusieurspersonnes qui normalement seraient passées à l’a-e n’yétaient plus admissibles. J’ai vu des femmes quiavaient eu un bébé et n’avaient pu rester à la maisonque deux semaines seulement. Ou des gens quiavaient souffert une attaque cardiaque et n’avaient pasde soutien de l’a-e. Afin d’avoir accès à l’assistancesociale, une personne célibataire devrait d’abord êtredémunie de tout RÉER sauf 1 000 $.

Avec nos dossiers à CERA, nous sommes intervenusauprès de personnes cherchant un logement quifaisaient face à des violations de leurs droits humains,et nous avons fait des médiations entre locataires etpropriétaires de logements. Mais après les coupures,notre taux de réussite a chuté considérablement, engrande partie à cause de la profondeur accrue de lapauvreté. Avec davantage de clients se retrouvant dansune situation de sans-abri, il est devenu plus difficilede leur trouver un logement et d’intervenir en leurnom.

DA

NS

LE

UR

S P

RO

PR

ES

MO

TS

E-Fry Ottawa

28

LA SITUATION ACTUELLE

La situation ne s’est pas améliorée, La marginalisationaugmente. Nous allons vers une sous-classepermanente de Canadiens.

Avant le tsunami, les mères monoparentales restaienten moyenne neuf mois à l’assistance sociale. AuCanada, nous avions une mobilité incroyable hors del’assistance sociale. Cela nous distinguait vraiment desÉtats-Unis. Et si je comprends bien, cette mobilité adiminué.

Il y a deux victimes : les utilisateurs des services et lesfournisseurs des services. Comme travailleurs dans lesecteur des services sociaux, nous avons clos à la foisle déficit de financement et le déficit économiquepersonnel de nos clients, au coût de notre propre santéet notre sécurité économique. Je crois que le secteur estproche de la crise.

DES POLITIQUES ET PROGRAMMESGOUVERNEMENTAUX QUI AIDERAIENT

Nous devons voir un investissement accru dans lesecteur caritatif, et remettre en question la supposition

que le secteur peut continuer à payer l’ardoise.Financez-nous au niveau nécessaire, augmentez nossalaires, donnez-nous des assurances de soins de santéet des fonds de retraite.

Je crois fermement que les gens qui doivent avoirrecours aux programmes de sécurité du revenudevraient dépendre de taux objectifs liés au coûtessentiels, comme l’alimentation, le logement et lestransports. Les ministres provinciaux des servicessociaux ont demandé le développement d’une mesured’un panier du marché. Nous l’avons maintenant.Alors pourquoi les niveaux des programmes desécurité du revenu dépendent-ils encore des capricesdes politiciens? Pourquoi est-ce politique et non pasobjectif?

Dans un pays qui se vante de sa Charte des droits etlibertés, pourquoi avons-nous permis que cettesituation se développe? Comment pouvons-nouspermettre que des citoyens vulnérables qui sont déjàdéfavorisés sur plusieurs plans soient assujettis auxcourants capricieux de l’opinion publique concernantleur sécurité économique et leur bien-être?

Dawn-Marie Buck gère le St. Joseph’s CommunityHealth Centre (centre de santé communautaire), unorganisme membre du CCDS à Saint John, auNouveau-Brunswick. Le centre a été créé il y a un peuplus de dix ans pour répondre à des problèmessociaux qui de toute évidence affectaient la santécommunautaire.

«Quand il y a des quartiers pauvres, c’est difficile dedevenir une communauté plus saine. Nous devionsréfléchir comment bâtir la capacité communautaire»,dit Buck.

Situé dans le même établissement de santé quel’Hôpital St. Joseph, et sous la gouvernance de la Régierégionale des soins de santé (Regional HealthAuthority), le Centre a récemment obtenu unfinancement provincial pour que certains docteurs etinfirmières praticiennes puissent exercer dans le cadred’un modèle collaboratif de soins avec d’autresfournisseurs de services.

«Nous mettons l’accent sur les déterminants de lasanté, comme les transports, le logement,l’alphabétisation et le rôle parental», dit Buck. «En tantqu’intervenants, nous devons aller là où se trouventles gens, dans divers quartiers et communautés, et leurfournir services et soutiens».

QUELLES ONT ÉTÉ LES RÉPERCUSSIONS SURVOTRE COMMUNAUTÉ DES CHANGEMENTSDANS LES POLITIQUES ET PROGRAMMESSOCIAUX AU COURS DE LA DERNIÈREDÉCENNIE?

Le programme de la petite enfance, qui offre desservices d’intervention prénatals ou postnatals si unemère a besoin d’aide, est un programme social qui avraiment été très positif.

Je pense aussi que la nouvelle politique de la SCHLpermettant d’acheter une maison avec 5% d’acompte aeu un effet positif. Certaines personnes sont désormais

DA

NS

LE

UR

S P

RO

PR

ES

MO

TS

St. Joseph’s Community Health Centre

29Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

en mesure d’essayer de progresser dans la vie endevenant propriétaires de leur habitation.

Par contre, une politique provinciale stipulant que sideux mères monoparentales vivent ensemble, l’uned’elles perdra son chèque d’assistance sociale, a crééun problème. Cette politique a posé une énormelimitation sur l’aptitude des personnes à trouver dessolutions alternatives.

Les logements disponibles à Saint John sont très vieuxet plusieurs des maisons ne sont pas conformes auxnormes. Il y a des problèmes de moisissures, de plombet des fenêtres qui ne ferment pas bien. Il faut trouverun moyen de responsabiliser les propriétairesimmobiliers qui ne maintiennent pas leurs habitationsconformes aux normes. Nous avons de la chance de nepas avoir chaque semaine un incendie comme celui del’horrible tragédie à Ottawa récemment.

Notre conseil municipal, de pair avec le projet VibrantCommunities, a essayé de pousser à la construction denouveaux logements sociaux chaque année.

Nous faisons partie du projet Vibrant Communities(Vibrantcommunities.ca), parce que notrecommunauté de gens d’affaires y a donné un fortsoutien. En fait, un groupe qui s’appelle la BusinessCommunity Anti-Poverty Initiative(www.tamarackcommunity.ca/g2s28.html) a gagné leprix Peter Drucker l’année dernière.

Nous avons un financement pour le projet VibrantCommunities pour les trois prochaines années. Nousfaisons actuellement un inventaire des ressourcescommunautaires, et nous réalisons qu’une bonnepartie du bon travail accompli est encore fragile àcause d’un financement précaire.

À notre Centre, par exemple, le financement pour lacoordinatrice adolescente a été coupé l’année dernièrepar le département provincial de la Famille et desservices communautaires. Nous avons dû nousarranger pour y faire face. Nous avons une solideorganisation communautaire, mais ce n’est pastoujours facile d’essayer de travailler avec trois paliersde gouvernement. À la fin, la Régie régionale dessoins de santé nous a aidé à payer les frais jusqu’à ceque nous puissions trouver d’autres sources definancement.

LA SITUATION ACTUELLE :

À notre Centre, on reçoit des demandes croissantes deservices d’aide pour le logement, les soins de santé, lasanté mentale, les services mobiles et la sensibilisationdes patients. J’ai aussi entendu des demandes deservices de garde d’enfants et de tutorat.

Je constate maintenant à Saint John une certainedynamique et je vois des gens travailler ensemble

pour voir comment nous pouvons faire deschangements stratégiques. On est optimiste parce quenous avons à présent des gens d’influence à bord.Mais je n’ai pas encore vu les changements.

Nous avons d’excellents programmes, mais qui sonttous très fragiles à cause du financement.

QUELS POLITIQUES OU PROGRAMMESSOCIAUX AMÉLIORERAIENT-ILS LA SITUATIONPOUR VOTRE COMMUNAUTÉ?

Dans le passé on avaittendance à faire des ghettosavec les logements sociaux.Beaucoup de ces logementssociaux étaient situés dansle vieux quartier Nord de laville, qui avait fini par êtreun lieu pour la drogue et lacriminalité. Maintenantnous parlons de nouveauxlogements sociaux intégrés.Les conseillers municipauxont rencontré récemment leministre Fontana et il a été impressionné de ladiversité du groupe, mais qui était axé sur unequestion.

Un autre problème dont les gens parlent est le besoind’aider ceux qui sortent de l’assistance sociale : leurpermettre de conserver une carte d’assurance pour lesmédicaments sur ordonnance, leur offrir unesubvention pour les transports, les aider à latransition. Le groupe de gens d’affaires demande queles travailleurs pauvres aient aussi la carte d’assurancepour les médicaments sur ordonnance. Un député del’assemblée provinciale a dit que beaucoup dediabétiques ne prennent pas d’insuline parce qu’ils nepeuvent se permettre de faire le suivi de leur degré desucre dans le sang. Une carte pour les médicamentsentraînerait certains coûts, mais si la personne finitavec une dialyse, cela coûte beaucoup plus cher.

Je pense que des services de garde de qualité pourtous les enfants feraient aussi une énorme différence.Cela met davantage les enfants sur un pied d’égalitépour commencer l’école et cela permet aux parentsd’acquérir eux-mêmes une meilleure formation.

Nous devons avoir un financement meilleur et plusdurable pour les services d’alphabétisation. Nousdevons aller au devant des gens là où ils habitent,dans leurs diverses communautés et quartiers.

La province devrait certainement re-examiner cetteclause sur l’habitation non partagée pour lespersonnes à l’assistance sociale. Ce serait tellementmieux pour les mères monoparentales si ellespouvaient vivre ensemble.

DA

NS

LE

UR

S P

RO

PR

ES

MO

TS

30

Ce livre est un rappel puissant que le volet du bien-être social dans la politique publique au Canada esttrès récent – il y a à peine plus de 65 ans, soit une

génération. Pendant le premier quart du 20e siècle, lesgens avec de modestes moyens ou sans moyens desoutien étaient en général livrés à eux-mêmes quand ilsfaisaient face à des difficultés traumatisantes. Les soutiensde premier et dernier recours – s’ils étaient disponibles –étaient la famille, l’église, les amis et occasionnellementdans les régions rurales, l’agent du gouvernement.

De nombreux livres ont été écrits sur le développement del’État-providence au Canada jusqu’à son apogée dans lesannées 1970, particulièrement celui de Dennis Guest, TheEmergence of Social Security in Canada, qui est généralementconsidéré comme l’une des sources les plus exhaustives.Par contre, nous n’avons pas beaucoup d’informationbiographique sur plusieurs des architectes et desbâtisseurs de notre système de sécurité sociale – des genscomme Tommy Shoyama, Charlotte Whitton, HarryCassidy, Leonard Marsh, Emmet Hall et George Davidson.

L’excellente biographie de George Davidson, par RichardSplane, illustre l’importance d’en savoir davantage sur lesprincipaux acteurs de cette période déterminante.Lorsqu’un livre est bien fait – comme celui-ci – nousgagnons une meilleure compréhension descaractéristiques personnelles du sujet de la biographie etde l’époque politique et économique qui entouraient lespolitiques publiques émergentes.

Né à Bass River, en Nouvelle-Écosse en 1909, Davidson aensuite grandi à New Westminster, en C-B, a obtenu undiplôme de l’Université de Colombie-Britannique puis undoctorat en études classiques à Harvard. Ne pouvant pastrouver un poste d’enseignant universitaire à Harvard ni àUBC pendant la Dépression, et alors qu’il s’apprêtait àprendre une formation d’enseignant du secondaire, il futdécouvert en 1934 par le Dr. George Weir, le nouveauministre de l’Éducation et secrétaire provincial dugouvernement. La remarquable carrière de Davidson étaitlancée.

Davidson a occupé une série de postes, dont superviseurde la Protection de l’enfance de C-B; directeur exécutif duVancouver Council of Social Agencies (un organe deplanification sociale) et de la Vancouver Social WelfareFederation (précurseur de Centraide/United Way);directeur du bien-être social en Colombie-Britannique;directeur exécutif du Canadian Welfare Council(prédécesseur du CCDS); et il a été le premier sous-ministre du bien-être social du tout nouveau ministère de

la Santé nationale et du Bien-être social du gouvernementfédéral. Et cela n’était que sa trajectoire dans le domainedu bien-être social.

Davidson a par la suite été nommé sous-ministre de laCitoyenneté et de l’Immigration, secrétaire du Conseil duTrésor et Président de la Canadian BroadcastingCorporation (Radio-Canada). Il a ensuite mené unecarrière internationale, d’abord comme sous-sécrétairegénéral des Nations Unies (la tête financière etadministrative de l’organisation mondiale), et plus tardcomme conseiller de l’UNFPA de l’ONU. Il a pris saretraite à Victoria en 1986 et est décédé en 1995.

La biographie rédigée par Splane fait le portrait despersonnes qui ont compté dans la vie et la carrière deDavidson, des gens qui ont sans aucun doute influencé sapersonnalité et son oeuvre. Par exemple, Harry Cassidy –universitaire, administrateur public et stratège depolitiques publiques – est réputé d’avoir fait en sorte que«la politique sociale soit au coeur de la carrière de GeorgeDavidson». Selon l’auteur, Cassidy a persuadé Davidson«de penser que la politique publique par le biais dumécanisme gouvernemental représentait le moyend’assurer le bien-être de toute la société, y compris sesmembres les plus défavorisés» – un thème central de sonlivre.

C’est à travers de livres comme celui de Splane que nouspouvons avoir un aperçu perspicace et unecompréhension des forces et des facteurs qui ontdéclenché des périodes fertiles de changement intense etcréatif dans la politique publique. George Davidson étaitun homme brillant et talentueux – un hommes de lettres– n’ayant aucune formation spéciale dans les professionsd’intervention sociale (en fait, le travail social en tant queprofession s’est développé en parallèle à sa carrière).Grâce au livre de Splane, nous pouvons appréciercomment les premières années de Davidson dans sonmilieu rural de Nouvelle-Écosse puis dans l’atmosphèrepionnière de New Westminster ont dû l’imprégner dusentiment à la fois de l’importance de la famille et de savulnérabilité lorsque les circonstances changent. Commejeune homme, il a été témoin de l’impact dévastateur de laDépression aux États-Unis et au Canada, et il auraabsorbé la compétition entre les idéologies – le socialisme,le capitalisme et le communisme – qui essayaient de toutrationaliser. Son périple en Europe pendant la montée dufascisme lui aura fourni un avertissement à donner froiddans le dos de l’extrémisme que la turbulenceéconomique et politique peut engendrer.

George Davidson : biographie d’unleader exemplaire des politiquessociales et publiques

Revue par Michael Clague

CR

ITIQ

UE

LIT

RA

IRE

31Perception 27, 3 & 4 ______________________________________________________________________________________________________ CCDS

Il a fallu la Dépression et la Seconde Guerre mondiale pourpousser des gouvernements comme ceux de Grande-Bretagne, du Canada et des États-Unis à commencer àpréparer le terrain en vue d’une nouvelle orientation pourla politique sociale. On avait besoin de gens qui pourraientdonner forme et cohérence à une nouvelle vision. Avec lesannées traumatisantes qu’ils venaient de vivre, la majoritédu public et des politiciens ont vu la nécessité d’avoir desgouvernements proactifs et interventionnistes pour faire ensorte que de telles catastrophes économiques et militairesne se reproduisent plus. D’où l’émergence de l’État-providence dans plusieurs pays occidentaux, et desNations Unies. Bien qu’il y ait déjà eu un essaiexpérimental de gouvernance internationale (La Ligue desNations), aucune société occidentale libérale,démocratique, capitaliste n’avait auparavant tenté desréformes aussi considérables à l’égard du bien-être de sescitoyens. Il n’y avait aucun plan à sortir des combles, ilfallait les élaborer pour la première fois.

Il y a eu, bien sûr, des débats sur les orientations depolitiques : vers un accroissement des services sociaux auxfamilles, comme le plaidait Charlotte Whitton au CanadianWelfare Council, avant que Davidson ne lui succède; ouvers la sécurité du revenu, telle que défendue par LeonardMarsh, Davidson et d’autres pionniers de politiquespubliques de l’époque. La priorité pour la sécurité durevenu l’a emporté – notamment les allocations familialeset le soutien aux provinces pour le bien-être social. (Dansles années 1960, cependant, la mise en place de l’État-providence canadien avait amalgamé la sécurité du revenuet les programmes de services sociaux financés par Ottawa,les provinces et les municipalités). L’étude de Marsh, Reporton Social Security for Canada, fut publiée en 1943 après deuxannées et demi très intenses. Elle demeure l’un des énoncésséminaux de cette période. Ces documents ont contribué àla Conférence de 1945 entre le Dominion et les provincessur la reconstruction d’après-guerre qui a établi le plan(connu sous le nom de “The Green Book Proposals”) etinfluencé les documents et décisions sur les politiques del’État-providence canadien. George Davidson faisait partiede ce groupe de personnes éclairées, très capables et trèsengagées qui ont rassemblé les arguments et présenté lesorientations. La période de 1945 à 1970 a été une époqueremarquable pour le développement de la politique socialeet le progrès du bien-être social des Canadiens.

Richard Splane est bien qualifié pour écrire ce livre. Touten étant plus jeune, il a aussi fait partie de cette époque. Ila été l’assistant exécutif de George Davidson, puis devintensuite le premier directeur de l’assistance-chômage.Splane a été l’architecte principal dans le développementde l’une des composantes les plus imaginatives de lapolitique sociale des années 1960, le Régime d’assistancepublique du Canada (RAPC). (Le RAPC amenait le partagedes coûts du bien-être social avec les provinces,déterminait les conditions selon lesquelles les provincespourraient bénéficier du financement et adoptait uneapproche fondée sur les besoins pour l’admissibilité aubien-être social plutôt qu’une approche en fonction desmoyens). Le RAPC, le principal filet de sécurité à l’époque,fournissait un soutien annuel à plus de trois millions depersonnes pour un coût de plus de six milliards et demi de

dollars. Malheureusement, le RAPC a été en proie auxcritiques des intérêts financiers au sein du gouvernementfédéral et en dehors, et au milieu des années 1990, il afinalement été éliminé par le ministre des Finances del’époque, Paul Martin.

C’est dommage que George Davidson n’ait pas écrit uneautobiographie. Il avait une connaissance intime des genset des politiques de cette période intense et extrêmementproductive de réformes de la politique sociale. Il abeaucoup écrit dans d’innombrables rapports etdocuments de politiques, mais apparemment il y a peu denotes écrites sur son opinion personnelle de ces questions.Nous avons de la chance que Richard Splane a eu lapatience de composer ce récit.

Que nous apprend la biographie de George Davidson?Elle laisse entendre qu’un changement social progressif àgrande échelle est possible lorsque la société est confrontéeà des événements cataclysmiques, lorsqu’il y a despenseurs exceptionnellement doués et des administrateursavec des valeurs profondes visant à améliorer la société, etlorsque les citoyens et les politiciens sont prêts auchangement.

Depuis les années 1980, l’État-providence canadien a étéfortement secoué. L’incapacité à faire face auxchangements nécessaires à mesure que le temps et lescirconstances évoluaient, l’émergence d’idéologies néo-conservatrices qui prônaient un rôle restreint – et encore –pour le gouvernement sur le plan du bien-être social, et lestiraillements de priorités contradictoires pour les financespubliques sont autant de facteurs qui ont contribué àl’érosion de l’État-providence. Nous pouvons constater lesconséquences de cette érosion dans les communautés d’unbout à l’autre du pays, tandis que la pauvreté s’incruste etque les disparités du revenu s’accroissent.

La tâche à présent n’est pas de recréer l’État-providence telqu’il existait au Canada – parce qu’il était loin d’êtreparfait – mais de tous nous engager à nouveau à nosresponsabilités collectives comme citoyens pour notrebien-être mutuel. Cela demande la formulation depolitiques et de programmes adaptés à notre époque. Maisfaut-il attendre des événements cataclysmiques pouractiver ce mécanisme? Osons espérer que non.

——————— Michael Clague est directeur du Carnegie Community Centre,situé dans le quartier Downtown Eastside à Vancouver. Il a étéprécédemment directeur du Social Planning and ResearchCouncil of BC, du Community Social Planning Council ofGreater Victoria, et du Britannia Community Services Centre(Vancouver), et ancien président du conseil d’administration duConseil canadien de développement social. Il a écrit, entreautres, Reforming Human Services: The Experience ofthe Community Resources Boards in BC, avec Dill, Wharf,et Seebaran, et Community Organizing: CanadianExperiences, avec Wharf.

George Davidson: Social Policy and Public Policy Exemplar,par Richard B. Splane, est publié par le Conseil canadiende développement social. Le livre est distribué par Renouf,(613) 745-2665; 20 $.

CR

ITIQ

UE

LIT

RA

IRE

32

Êtes-vous membre du CCDS?Sinon, c’est à considérer parce que vous recevrez des bénéfices avantageux, y compris des

escomptes sur toutes nos publications et un abonnement gratuit à Perception.

LE CCDS TRAVAILLE POUR VOUSLe CCDS est l’un des porte-parole les plus reconnus en matière de questions sociales au Canada. Depuis 1920,le Conseil s’est prononcé en faveur des besoins des enfants et des familles, des défavorisés et des pauvres, aumoyen de sa recherche, de consultations, de sensibilisation publique et de défense des droits. Nos études etnos rapports de recherche fournissent des informations et des analyses rigoureuses, couvrant des thèmescomme la sécurité du revenu et la pauvreté, l’emploi et le marché du travail, la politique sociale, la diversitéculturelle, la prévention du crime, et les personnes handicapées.

En vous joignant au CCDS, vous faites partie d’un solide réseau d’individus et d’organismes qui donnent leursoutien à la mission du Conseil de promouvoir une plus grande sécurité sociale et économique pour tous lesCanadiens.

AVANTAGES INTÉRESSANTSVous avez le choix de devenir membre à titre particulier ou en tant qu’organisme, au niveau de services quivous convient le mieux. Tous nos membres reçoivent :

• un abonnement à Perception, le périodique national du CCDS;• des trousses d’information vous informant des activités du CCDS, des synthèses de nos plus récents

rapports et de nos dernières publications. • un escompte de 15% sur toutes les publications du CCDS;• et plus…..

❒ Oui! J’aimerais devenir membre du CCDS aujourd’hui et donner mon soutien à sa recherche et sespublications de qualité. (Veuillez consultez notre site Internet ou appeler notre bureau pour de plus amples détailset options de tarifs).

Veuillez trouver ci-joint ma cotisation d’adhésion:❒ 25 $ Étudiant❒ 55 $ Troisième âge❒ 65 $ Membre individuel ❒ 100 $ Organisme membre❒ 100 $ Membre individuel + Services

complémentaires❒ 250 $ Organisme membre de parrainage❒ 500 $ Organisme membre de soutien❒ Autre ________________ $

Je désire aussi faire un don de :❒ 35 $ ❒ 100 $❒ 50 $ ❒ Autre ______________$

TOTAL (adhésion + don)______________$

Nom : ________________________________________ Organisme : ___________________________________

Adresse : ____________________________________________________________________________________

Ville : ___________________________________ Province : ________ Code postal : ____________________

Téléphone : _____________________Fax : _________________Courriel : _____________________________

CCDS • 309, rue Cooper, 5e étage, Ottawa, ON K2P 0G5Tél. : (613) 236-8977 • Fax : (613) 236-2750 • www.ccsd.ca

Courriel : [email protected]

Paiement :

❒ Chèque à l’ordre du CCDS ci-joint OU❒ paiement par carte de crédit :

❒ MasterCard ❒ Visa

N° de carte : _______________________________

Date d’expiration : __________________________

Signature : _________________________________

Options de reçu :

❒ Reçu déductible d’impôts requis❒ Reçu standard, non déductible est suffisant❒ Aucun reçu nécessaire