Éditions Druide 1435, rue Saint-Alexandre, bureau 1040

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OPTIQUES

Collection dirigée par Anne-Marie Villeneuve

DU M Ê M E AU T EU R

André Mathieu, biographie, Québec Amérique, 2010.Charles Dutoit, le maître de l’orchestre, biographie, Éditions de l’Homme, 1986.

AL AI N LE F È VR E

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Nicholson, Georges Alain Lefèvre 1. Lefèvre, Alain, 1962- . 2. Pianistes - Québec (Province) - Biographies. 3. Compositeurs - Québec (Province) - Biographies. I. Titre.

ISBN 978-2-89711-022-2I. Titre.

ML417.L43N52 2012 786.2092 C2012-941223-6ML417.L43N52 2012

Direction littéraire : Anne-Marie VilleneuveÉdition : Luc Roberge et Anne-Marie VilleneuveTraductions : Michel Saint-Germain, Georges NicholsonRévision linguistique : Luc BarangerAssistance à la révision linguistique : Antidote HDMaquette intérieure : www.annetremblay.comConception graphique du cahier photo : Gianni CacciaMise en page et versions numériques : Studio C1C4Révision du montage : Isabelle Chartrand-DelormeConception graphique de la couverture : Gianni CacciaPhotographie en couverture : Caroline BergeronPhotographie de l'auteur : Mathieu RivardRetouches photographiques : François Fortin, Gianni CacciaDiffusion : Druide informatiqueRelations de presse : le bureau de Francine Chaloult

ISBN papier : 978-2-89711-022-2ISBN PDF : 978-2-89711-024-6ISBN EPUB : 978-2-89711-023-9

Éditions Druide inc.1435, rue Saint-Alexandre, bureau 1040Montréal (Québec) H3A 2G4Téléphone : 514 484-4998

Dépôt légal : 4e trimestre 2012Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Il est interdit de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

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Imprimé au Canada

AL AI N LE F È VR E

Georges Nicholson

Por trait

TA BLE DES M ATIÈR ES

AVANT-PROPOSPortrait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

CHAPITRE ILes origines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19CHAPITRE IILe Conservatoire national supérieur de musique de Paris . . . . . . . . . 47CHAPITRE IIILe Concours international Alfred Cortot de Milan . . . . . . . . . . . . . . . 59CHAPITRE IVJohanne Martineau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63CHAPITRE VLa naissance d’une carrière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83CHAPITRE VIDes années charnières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105CHAPITRE VIIÀ la croisées des chemins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133CHAPITRE VIIIPoco a poco . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141CHAPITRE IXMort et naissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151CHAPITRE XCorigliano – Un grand départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

CHAPITRE XICorigliano, St .Clair, Koch – La saga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159CHAPITRE XII1994 – Suite et fin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171CHAPITRE XIIILes réalités du métier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177CHAPITRE XIVVingt fois sur le métier… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191CHAPITRE XVUn pianiste pas comme les autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199CHAPITRE XVIAlain Payette, Préludes et Mélodies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211CHAPITRE XVIIFrançois Mario Labbé et Analekta – Le début d’un temps nouveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221CHAPITRE XVIIILefèvre compositeur et consécration médiatique . . . . . . . . . . . . . . . . 257CHAPITRE XIXL’aventure Mathieu commence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267CHAPITRE XXLanaudière, Radio-Canada et Mathieu – Les portes s’ouvrent . . . . . 287CHAPITRE XXILa clé de voûte – Le Concerto no 4 de Mathieu et les Effusions de Diane Dufresne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311CHAPITRE XXIILe Concertino no 2 de L’enfant prodige . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 345CHAPITRE XXIIIL’annus mathieusensis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 353CHAPITRE XXIVFrançois Dompierre et le meilleur d'André Mathieu . . . . . . . . . . . . . 369CHAPITRE XXVL’avenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 385

RÉPERTOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395Concertos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395Piano solo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 397

DISCOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 407Piano solo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 407Piano solo — compositions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 410Musique de chambre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412Mélodies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 413Piano avec orchestre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 414

PRIX ET DISTINCTIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 417

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Il était presque inévitable, et donc naturel, qu’après avoir consa-cré près de quatre ans de ma vie à la biographie du compositeur-pianiste André Mathieu, je m’intéresse à celui qui nous a redonné ce chaînon manquant de notre histoire et de notre passé musi-cal, et de vouloir brosser, ou du moins esquisser, un portrait du pianiste-compositeur Alain Lefèvre.

Artiste jusqu’au bout des doigts et pianiste passionné, Alain Lefèvre a un rayonnement qui dépasse largement les confins de la renommée d’un musicien classique. Au moment d’écrire ces lignes, Alain Lefèvre est connu, célébré et… vilipendé par certains. Qui plus est, son nom sur une affiche suffit à remplir les salles de concert et il n’est pas une tribune qui ne sollicite sa présence. L’accompagner dans une promenade vous réduit à être le témoin d’un chapelet de manifestations d’affection et de reconnaissance habituellement accordées à des leaders politiques ou spirituels. C’est que sa capacité à déclencher les rêves, à réveiller l’espoir et à rassurer ses semblables par des gestes altruistes plus émouvants les uns que les autres lui ont fait entreprendre ce qu’aucun de ses confrères n’a même amorcé : la conquête collective d’une Nation en quête de héros et de lumière. Il va sans dire que ce prosélytisme incandescent n’est pas sans irriter les héritiers et les gardiens d’une tradition mourante, où l’artiste n’avait qu’à jouer et à se tenir le plus éloigné possible de la réalité quotidienne.

AVA N T-PROPOS Por trait

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Paul Loyonnet (1889-1988), pianiste français dépositaire de la grande tradition de l’École française venu s’installer chez nous en 1957 l’avait pressenti et disait déjà d’Alain Lefèvre au tout début de sa carrière : « Avec la technique qu’il a, le jeu, et le tempéra-ment artistique qu’il possède et qui le met en transe perpétuelle, certainement, il doit réussir et il aura une action énorme sur le public. » La prédiction de ce grand ancêtre s’est plus que réalisée.

Qui, parmi les musiciens classiques, a pu atteindre à l’éclat d’une rock-star et faire la couverture du journal de rue L’Itinéraire ou partager pour une année entière l’espace alloué aux vedettes sur la couverture de l’Almanach du peuple ou être consacré Person-nalité de l’Année dans la catégorie Arts, lettres et spectacles par le quotidien La Presse ? Quel autre pianiste peut prétendre affi-cher une feuille de route où chaque émission de variétés, chaque tribune radiophonique et chaque colonne des médias écrits ont accueilli, recueilli et commenté ses propos ? Qui d’autre depuis plus de trente ans met tout en œuvre pour former un nouveau public et exposer à la Musique des enfants pour lesquels le nom de Beethoven est avant tout un gros saint-bernard et qui, sans ses visites, son opiniâtreté et son acharnement, n’auraient jamais soupçonné l’existence d’un paradis qui, grâce à lui, n’est plus perdu pour eux ?

Lefèvre a depuis toujours prolongé ses séjours dans chaque ville où il est invité à jouer pour aller rencontrer les élèves des écoles et tenter inlassablement de jeter des ponts entre leur réa-lité et la caverne d’Ali Baba qu’est la Musique, grande et petite.

Enfin, quel autre artiste a réussi à incarner la musique clas-sique et à faire en sorte qu’elle ne disparaisse pas tout à fait du petit écran de la télévision aux grandes heures d’écoute, même au prix d’être sandwiché entre la présentation d’une recette de « po-lenta à la Nunavut » et le nouveau prodige de danse à claquettes synchronisée ? Avouez qu’il faut la foi du croisé et le fanatisme de l’intégriste pour persister et réussir à être entendu et à s’imposer.

Avant-propos 15

Que ce soit lors de la remise des Prix du Québec ou un concert-bénéfice au Centre Bell, ce n’est pas par hasard que tous les or-ganismes caritatifs invitent Alain Lefèvre à jouer gracieusement pour leurs levées de fonds, sachant pertinemment que son nom à lui seul est la garantie d’atteindre et même de dépasser les objec-tifs d’une campagne.

Un des aspects les plus touchants et les plus désintéressés de l’engagement, de la mission même que Lefèvre s’est donnée, c’est de rencontrer sur leur territoire les aînés, les jeunes en difficulté, les êtres à qui la vie n’a pas tout offert et auxquels il apporte son sourire et son énergie contagieuse. Ces visites sont en fait des rencontres épuisantes et quasi insoutenables avec les condamnés, les punis, les exclus de la société, des moments qui font vraiment la différence dans la vie de ces hommes que la musique ne rejoint peut-être pas toujours mais qui ne peuvent refuser le don désin-téressé de l’affection, de la fraternité offerte et, pour un instant, de l’abolition des murs qui les isolent du reste du monde.

Ces raisons et mille autres nous ont convaincus qu’à la mi-temps de sa vie, au sommet de ses moyens, au jeune zénith de la célébrité, de la renommée et de la notoriété d’Alain Lefèvre, il était naturel et inévitable d’en brosser un portrait réclamé par l’amour indéfectible du public.

Portrait et non biographie… Une biographie s’engage à re-trouver la cohérence et la logique d’une trajectoire qu’on balise et qui s’éclaire à la lueur des événements, des choix, des gestes, des conséquences et des retombées d’une vie qui a fini sa course. Le portraitiste choisit un angle, éclaire ou estompe une courbe, dé-tourne le regard ou jette une ombre pudique sur des événements sensibles, préserve l’anonymat de certaines personnes ou, sans trahir la vérité, glisse sur des blessures dont les cicatrices sont encore lancinantes… Ce portrait veut avant tout retrouver sous

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l’avalanche médiatique le visage d’Alain Lefèvre en y extrayant ce qui le rend unique et indispensable, et en choisissant à travers propos et confidences les traits qui le définissent le mieux.

Au lecteur qui voudrait tout savoir, nous donnons rendez-vous dans quelques décennies. En attendant, laissons à celui qui s’est installé dans la conscience et le cœur de ceux qui l’écoutent et le connaissent, la part de mystère et la clé des jardins intérieurs qui doivent rester secrets pour que la vie suive son cours.

Car pour Alain Lefèvre, que ce soit dans son art, dans sa vie ou dans ses sentiments, les joies et les peines, les difficultés et les triomphes se vivent à une échelle démesurée et au diapason d’une sensibilité exacerbée. Une journée ordinaire est une aventure où il faut négocier, circonvenir et triompher de mille obstacles. Une matinée peut prendre l’allure d’une musique débordante de détails que nous n’avons jamais entendus. Plus tendre et plus organisé, plus naïf et plus survivant que nous tous, c’est dans l’inouï et l’inconcevable que Lefèvre donne quotidiennement sa pleine mesure. Ses ruses d’enfant et son regard droit et étonné n’exposent que davantage une vulnérabilité qui se transforme instantanément en résilience du survivant. Ce maelström à deux pattes emporte tout sur son passage et il est facile de débusquer l’affection profonde qu’il porte aux autres à travers ses surgisse-ments de démagogie lyrique. Celui qui attire des témoignages qui nous arrachent le cœur comme celui-ci, mérite qu’on retrace les événements de sa vie. Voici parmi des centaines un petit mot qui résume à lui seul l’impact d’Alain Lefèvre :

Courriel reçu le 24 novembre 2011Bonjour madame l’assistante,Je voulais prendre le temps d’écrire, de dire à M. Lefèvre mes sen-timents au sujet de son œuvre. C’est important pour moi, c’est plus fort que tout.

Avant-propos 17

Ma seule occupation ces temps-ci c’est de vivre le temps qu’il me reste à vivre. Le cancer m’a eue, mais le bonheur lui n’est pas mort.Mes joies les plus intenses, je les dois à l’art, à la créativité et au génie de ceux qui les partagent avec nous, les auditeurs, les amoureux de la beauté.J’ai accompli beaucoup de rêves ces temps-ci, c’est super. Et sa mu-sique en a beaucoup fait partie, comme durant les vingt dernières années. J’ai 39 ans et, à chaque anniversaire depuis quelques années, je demandais un CD d’Alain. J’aimerais tant le remercier pour la constance de sa passion, pour l’éventail des émotions véhiculées, pour le don… qu’il a reçu et redistribué sous forme de joie. J’aurais tant aimé lui dire et qu’il voie dans mes yeux que j’en pense chaque mot. Je sais qu’il doit recevoir beaucoup de lettres, de compliments, mais j’ai espoir que mon message se rendra.Merci pour Petite mère à l’enterrement de mon amie Rosa, merci pour les innombrables concertos d’André Mathieu qui furent comme de véritables chevauchées du cœur dans des mondes, là où tout est beau ; merci pour le Concerto de Québec et la naissance de ma fille à l’hôpital dans la solitude, alors que mon conjoint était à l’extérieur, merci pour Petit Noël, qui sera la trame sonore de mon dernier moment en famille, dans l’amour. Quand je fermerai les yeux, moi, je vais penser à vous, monsieur, et à ce que vous avez laissé comme trace dans notre monde.Merci d’exister et je vous souhaite la continuité de votre carrière. Quel bel héritage.Merci.C. P.

Le cynisme, devenu par la force des choses le mécanisme de défense de toute notre culture, se méfie du messager qui parle de fraternité, de bonté et d’amour. Trop beau pour être vrai ?

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Dans chaque vie, peut-être même sans qu’on en soit conscient, il y a des garde-fous, des tremplins, des paroles qui nous habitent et nous guident. Dans la vie d’Alain Lefèvre, trois phrases-repère ont balisé sa trajectoire. La première lui a été dite en pleine adoles-cence au carrefour des premières effervescences par sœur Sainte Berthe de la Congrégation Notre-Dame, son professeur de piano de onze à dix-sept ans, qui assurait son approvisionnement en tendresse et croyait au destin exceptionnel de son élève. Un jour, elle, religieuse, mariée au Seigneur, sans doute après qu’Alain eut particulièrement bien joué, lui lance des mots illuminés qui vont le définir : « Tu seras le pianiste du Seigneur. » Elle venait de lui donner sa mission : l’Art comme outil de la bonté.

L’autre pierre de taille lui est offerte plus tard à Paris, par ce père d’élection et d’affection, Kito Barouch, qui lui intime de manière dramatique et péremptoire : « Je veux que tu sois tou-jours aussi beau que ta musique ! » Venant d’un homme qui avait connu les horreurs de la Seconde Guerre mondiale auxquelles les Israélites, comme il voulait lui-même être identifié, avaient été exposés, cet appel à la dignité avait un poids qui chaque jour, rap-pelle Lefèvre à l’ordre.

Et le troisième principe directeur est une phrase que Lefèvre lui-même a signée et, comment s’en étonner, c’est un principe de survie : « Sois toujours là où on ne t’attend pas. »

Cette capacité phénoménale de résilience et cette volonté plus forte que tous les obstacles nous aident à comprendre sur quelles fondations s’assoit cet édifice devenu vertigineux. Ces trois credo exposent aussi les racines de cette base populaire qui lui assure l’affection indéfectible du public et l’impose malgré eux à ces joueurs qui ont pu un certain temps obstruer la route qui l’a mené dans la conscience et le cœur de tous les citoyens du monde. Toutes ces raisons et d’autres encore nous ont amené à vouloir tenter d’éclairer le parcours, mieux, le destin exception-nel d’Alain Lefèvre.

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« Il y a de grands pans de mon enfance que j’ai dû oublier volontaire-ment ! » Pas besoin d’agrégation en psychologie pour comprendre que refouler le passé et enfouir ses souvenirs quand on possède une mémoire tout azimut comme Alain Lefèvre ne peut être que le symptôme d’une douleur si vive qui, dût-elle remonter à la sur-face, pourrait menacer l’intégrité de la conscience. Quand il re-late un souvenir, non seulement peut-il décrire l’ambiance sonore d’un lieu, mais également s’il faisait chaud, humide ou froid et dé-crire l’intensité de la lumière et les odeurs qui accompagnaient la scène. Cet homme qui se livre et qui ne semble pas connaître les inhibitions qui font garder secrètes les blessures intimes tant il sait que son témoignage pourra secourir celles et ceux qui sont dans la même situation, cet homme, donc, si près de tous les fré-missements de la vie, annonce qu’il y a une zone, une époque, l’enfance, qu’il a oubliées, volontairement.

Ce soir-là, sortie pour Alain et sa femme Johanne avec deux amis, deux complices, Louise Richer et Guy A. Lepage. Attablés au restaurant Leméac, ils achèvent leur repas et une jeune femme s’approche de la table. Elle s’accroupit à côté d’Alain et éclate en sanglots. Dans l’univers du show-biz, Lepage et Lefèvre ont tout vu mais ce qui se passe à ce moment-là est bien plus que la réaction d’une admiratrice subjuguée par l’émotion d’être enfin devant son idole. Elle se lance : « Je vous ai vu vous faire battre

I Les or ig ines

Le magnat de la presse grecque, le fondateur du Megaron d’Athènes, le commanditaire de trois Préludes d’Alain Lefèvre, un ami, Christos D. Lambrakis (1934-2009).

Lac Misère, 18 octobre 1997. De g. à d., Niky Papachristidis, Charles Bédard, Alain et le très honorable Pierre Elliott Trudeau (1919-2000), dont c’est l’anniversaire.

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Une rencontre improbable, une amitié profonde. Sous les yeux de Théo, son fils, Guy A. Lepage (1960- ) produit le compositeur Alain Lefèvre.

Alain Lefèvre offre un écrin au ciseleur de vers intemporel, Gilles Vigneault (1928- ), qui prête sa voix à Gabriel Fauré pour un concert-bénéfice au Monument National le 6 février 1998.

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