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1 DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN SITUATION D’URGENCE Mai 2008 Daphine Hunter (OMJ) Simon Renk (OMXF)

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DJIBOUTI

EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN SITUATION D’URGENCE

Mai 2008

Daphine Hunter (OMJ) Simon Renk (OMXF)

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Remerciements : Les auteurs de ce rapport tiennent à remercier les personnes suivantes pour le temps et le soutien apportés à la préparation, à la récolte et à l’analyse des données ainsi qu’à l’écriture de ce rapport : Benoit Thirry, Directeur, Programme Alimentaire Mondial Djibouti

Giorgia Testolin, Chef de Programme, PAM Djibouti

Halima Houssain, Unité Programme, PAM Djibouti

Houmed-Gaba Mohamed, Unité Programme, PAM Djibouti

Taghrid Mohamed, Unité Programme, PAM Djibouti

Rachid Ilmi Hersi, Représentant pays FEWSNET*, Djibouti

Scott Ronchini, VAM**, bureau régional - PAM

Marc Gordon, VAM, Bureau Régional - PAM

Eric Kenefick, VAM, Bureau Régional – PAM

Les enquêteurs, les employés à la saisie des données et les chauffeurs.

Et tous ceux qui ont répondu aux questionnaires. * FEWSNET : Système d’alerte rapide en cas de famine ** VAM – ACV : Analyse et Cartographie de la Vulnérabilité

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Tables des Matières

Introduction ......................................................................................................................................................................................4

1. Contexte et objectifs. ....................................................................................................................................................6

2. Méthodologie ...................................................................................................................................................................7

2.1. Saisies des données et analyses de celles-ci .............................................................................................................8

2.2. Consommation alimentaire des ménages. ................................................................................................................8

2.3. Limites de l’enquête .......................................................................................................................................................9

3. Djibouti: Contexte socio-économique................................................................................................................... 10

3.1. Evaluation de la sécurité alimentaire et moyens de subsistance à Djibouti .................................................. 10

3.2. Evaluation alimentaire 2006 et enquête conjointe 2007.................................................................................... 12

3.3. Evolution des prix et marché du bétail................................................................................................................... 12

3.3.1. Prix ……………………………………………………………………………………………...13

3.3.2. Marché du bétail ........................................................................................................................................................... 14

4. Principales constatations ............................................................................................................................................ 15

4.1. Zone pastorale nord-ouest ....................................................................................................................................... 15

4.2. Zone pastorale centre. ............................................................................................................................................... 21

4.3. Zone pastorale sud-est............................................................................................................................................... 27

4.4. Population affectée ...................................................................................................................................................... 31

5. Conclusions ................................................................................................................................................................... 33

6. Recommendations et étapes suivantes................................................................................................................... 35

Annexes ......................................................................................................................................................................................... 46

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Introduction

Suite à plusieurs années de faibles et erratiques pluies, les pâturages et les réserves d’eau sont extrêmement pauvres dans l’ensemble du pays. En 2008, le retard des pluies (Diraa-Sougoum) habituellement prévues en mars et mai, a dégradé un peu plus encore la situation de sécurité alimentaire des éleveurs, pourtant déjà fort préoccupante. De plus, depuis un an, les prix des aliments de base à Djibouti n’ont cessé d’augmenter. Comparée à la moyenne des prix de ces mêmes aliments sur ces cinq dernières années dans la ville de Djibouti, cette hausse des prix atteint 46%. Cette hausse des prix est en train d’affecter le pouvoir d’achat des ménages pauvres. A partir de ce constat, le PAM Djibouti, avec le support du bureau régional, du siège et en partenariat avec le FEWSNET décida de mener une évaluation rapide de la sécurité alimentaire en situation d’urgence dont voici les principaux objectifs :

i. Comprendre l’impact de la sécheresse et des prix élevés sur les populations rurales; ii. Fournir des informations qualitatives afin de :

a. Estimer le nombre de personnes qui seront affectées par la prochaine saison des pluies; b. Estimer dans quelle mesure ces personnes seront affectées par la sécheresse et la hausse

des prix; et c. Comprendre les mécanismes de subsistance des ménages.

La collecte des données sur le terrain s’est déroulée en trois jours, 20 sorties sur le terrain furent effectuées, 28 sites visités et 130 ménages enquêtés. Pas moins de 19 groupes cibles (focus groups) furent constitués ainsi que 43 groupes de niveau de richesses et 8 enquêtes auprès des commerçants furent conduites. Par contre, aucunes données ne purent être collectées dans les zones urbaines. Cette étude n’a pas pour objectif d’être statistiquement représentative. La méthodologie a été conçue de manière à gagner du temps tout en obtenant les informations nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. Toute la méthodologie fut basée à partir du cadre conceptuel standard et a guidé l’ensemble des analyses. Afin de saisir l’impact de l’augmentation des prix et de la sécheresse sur les populations rurales, différents instruments furent utilisés : i) entretiens auprès de groupes cibles (focus groups), ii) entretiens auprès de groupes de niveau de richesses, iii) enquêtes auprès des ménages et, iv) auprès des commerçants. Les résultats de cette évaluation ont montré que les moyens de subsistance et la situation alimentaire ont changé lors des douze derniers mois. L’ensemble de la population de Djibouti a été affectée par l’augmentation des prix, les populations rurales ont du en plus affronter la sécheresse. Ces deux éléments combinés ont eu un fort impact sur les mécanismes de subsistance et sur la consommation de nourriture. A partir de ce constat, on peut affirmer que le nombre de personnes ayant aujourd’hui un niveau de richesse pauvre à 37,000, ceux à un niveau moyen à 80,000. Chacun de ces groupes est extrêmement vulnérable aux chocs des prix comme le démontre bien les régimes alimentaires pauvres ou limites.A partir des résultats de cette enquête, nous recommandons que 15,000 à 20,000 personnes soient assistées entre la fin de la période de soudure (juin – août 2008) et la période janvier/février 2009 (fin du Heys/Dada période) dans chaque zone, soit un total de 70,000 bénéficiaires. En admettant que les conditions générales s’amélioreront dans les prochains 6-9 mois, permettant ainsi aux communautés rurales de se remettre de ces chocs, le programme d’intervention suivant est recommandé :

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Recommandation 1: Continuer les distributions générale de nourriture (ration complète dans les zones nord-ouest et centre et demi-ration dans la zone sud-est1) jusqu’à la fin janvier/février 2009 pour tous les ménages pauvres et ce dans les trois zones de mode de vie;

Recommandation 2: En plus de ces distributions aux groupe de niveau de richesse pauvre, effectuer une distribution générale entre la période de soudure 2008 (juin-août) et la fin janvier/février 2009 (fin de la saison Heys/dada) pour tous les groupes à niveau de richesse moyen dans les 3 zones de mode de vie (ration complète dans les zones nord-ouest et centre, demi-ration dans la zone sud-est 2);

Recommandation 3: Continuer les programmes de Soutien alimentaire aux écoles dans les 3 zones; et

Recommandations 4: A la fin de la distribution générale, la programmation passera à d’autres options de réponses comme l’a recommandé la mission de revue des programmes en 2007.

En outre, il est recommandé de mener : • Une évaluation conjointe en zone urbaine avec FEWSNET afin d’analyser l’impact de l’augmentation

des prix sur la sécurité alimentaire des ménages. Cette évaluation pourrait également permettre d’avoir une meilleure compréhension du profil des ménages en zones urbaines ainsi que leurs mécanismes de subsistance.

• Une évaluation de marché régionale pour évaluer le commerce transfrontalier entre Djibouti, l’Ethiopie et le Somaliland.

1 Voir annexe 6 pour les détails. 2 Voir annexe 6 pour les détails.

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1. Contexte et Objectifs. Suite à plusieurs années de faibles et erratiques pluies, les pâturages et les réserves d’eau sont extrêmement pauvres dans l’ensemble du pays. En 2008, le retard des pluies (Diraa-Sougoum) habituellement prévues en mars et mai, a dégradé un peu plus encore la situation de sécurité alimentaire des éleveurs, pourtant déjà fort préoccupante. De plus, depuis un an, les prix des aliments de base à Djibouti n’ont cessé d’augmenter. Comparée à la moyenne des prix de ces mêmes aliments sur ces cinq dernières années dans la ville de Djibouti, cette hausse des prix atteint 46%3. Cela affecte bien sur le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres. A partir de ce constat, le PAM Djibouti, avec le support du bureau régional, du siège et en partenariat avec FEWSNET décida de mener une évaluation rapide de la sécurité alimentaire en situation d’urgence dont voici les principaux objectifs :

i. Comprendre l’impact de la sécheresse et des prix élevés sur les populations rurales; ii. Fournir des informations qualitatives afin de :

d. Estimer le nombre de personnes qui seront affectées par la prochaine saison des pluies; e. Estimer dans quelle mesure ces personnes seront affectées par la sécheresse et la hausse

des prix; f. Comprendre les mécanismes de subsistance des ménages.

Le présent rapport est divisé en cinq sections :

i. La première propose d’une part une vue d’ensemble de la méthodologie utilisée pour cette évaluation et d’autre part un bref aperçu d’ensemble de la situation économique actuelle.

ii. La seconde section résume les principaux développements liés à la sécurité alimentaire de 2004 à 2008.

iii. La troisième section développe spécifiquement les principales conclusions issues des discussions avec les différents groupes (groupes cibles, groupe de niveau de richesse), celles tirées des discussions avec des informateurs clé aussi bien que celles dégagées après l’analyse des questionnaires par zone de mode de vie.

iv. La quatrième section résume les principales conclusions et propose les premières estimations du nombre de personnes affectées par ces différents chocs.

v. Enfin la cinquième et dernière section met en avant des recommandations liées à la programmation (en relation avec la section programmation du PAM) et fait le point sur les évaluations à mener dans le futur.

3 Famine Early Warning Systems Network (FEWSNET) – système d’alerte rapide en cas de famine, Avril 2008

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2. Méthodologie Cette étude n’a pas pour objectif d’être statistiquement représentative. La méthodologie a été conçue de manière à gagner du temps tout en obtenant les informations nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. Toute la méthodologie fut basée à partir du cadre conceptuel habituel (voir le graphique ci-dessous), celle-ci à guidée l’ensemble des analyses. Graphique 1: Cadre conceptuel de l’impact d’un choc des prix sur la situation alimentaire et nutritionnelle.

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EX

PO

SIT

ION

AU

X R

ISQ

UE

S E

T A

UX

CH

OC

S

EX

PO

SIT

ION

AU

X R

ISQ

UE

S E

T A

UX

CH

OC

S

Cadre Conceptuel de la Nutrition et de la SCadre Conceptuel de la Nutrition et de la Séécuritcuritéé AlimentaireAlimentaire

UtilisationUtilisationalimentairealimentaire

DisponibilitéAlimentaire(Production, Importations,

Fonctionnement des Marchés)

Accès aux Services et Infrastructures

de Bases

EnvironnementPolitique,

Economique, Institutionnel, Sécuritaire,

Socioculturel, Genre

ConditionsAgro-écologiques

StratStratéégiesgies liliééesesau Mode de vieau Mode de vie

RRéésultats lisultats liéés aus auMode de VieMode de Vie

Ressources liRessources liééesesau Modeau Mode de vie de vie

CausesSous-jacentes

Causes Immédiates

CapitalNaturel, Physique,

Humain, Social, Financier

Etat de santé,Maladie

Consommation AlimentaireIndividuelle

Etat NutritionnelMortalité

AccessibilitéAlimentairedes Ménages

Revenus et Production Agricole des Ménages, Dons, Echanges, Prêts,

Epargnes, Transferts

Conditions ded’hygiène

et de Santé

PratiquesSanitaires

Causes de Bases

Afin de saisir l’impact de l’actuelle augmentation des prix conjuguée à la sécheresse sur la population rurale, quantité de méthodes ont été utilisées. L’équipe a révisé les données secondaires à partir des indicateurs et des informations apportés par les différentes parties prenantes puis a réalisé une rapide collecte des données principales dans les trois zones rurales de mode de vie. Celle-ci est élaborée à partir de données à la fois quantitatives et qualitatives, utilisant quatre différents instruments i) groupes cibles (focus groups), ii) groupes de niveau de richesses, iii) enquêtes auprès des ménages et, iv) auprès des commerçants (voir annexe 4 pour les détails). Dans les zones rurales, l’évaluation avait pour but de décrire la situation alimentaire et ses causes dans trois zones4 de mode de vie principales. Ces trois zones de mode de vie représentant l’univers statistique de cette évaluation. L’échantillon se composait de 34 sites. L’échantillon a été défini à travers un tirage à deux degrés. Le premier consista à obtenir un échantillon à partir de la liste des villages dans chacune des trois zones de mode de vies. Pour le second degré, des ménages furent choisis aléatoirement dans les villages sélectionnés. En outre, des discussions communautaires avec les groupes cibles furent menées. A partir de ces groupes de discussions, différents groupes de niveau de richesse (pauvre, moyen et riches)5 au sein de la communauté furent également enquêtés. Les groupes cibles ainsi que les groupes de niveau de richesse ont constitués la clé de cette évaluation. C’est grâce à ces débats que furent mis en avant les

4 Pour plus de détails, voir FEWSNET 2004 : profiles de mode de vie à Djibouti

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changements apparus lors des 12 derniers mois. Qui plus est, les informations collectées furent aussitôt comparées avec les résultats de l’évaluation menée en 2006 et l’enquête sur les moyens de subsistance menée par le FEWNET en 2004 afin de comprendre les changements spécifiques qui ont eu lieu ces dernières années. Le questionnaire destiné aux commerçants apporta quand à lui des informations sur l’accès et la disponibilité de la nourriture sur les différents marchés. Il fournit également des informations sur l’accès aux crédits, ceux destinés aux commerçants mais également ceux destinés à leurs clients. De plus, ces débats avec les commerçants ont aidé à mieux comprendre la façon dont les marchés fonctionnent actuellement, ainsi que le comportement des clients dans les communautés rurales. Les questionnaires destinés aux ménages permirent de compléter ceux réalisés auprès des autres groupes précédemment cités (cibles, niveau de richesse et commerçant). Ces informations complémentaires permettent de mieux définir qu’elles sont les habitudes alimentaires et la répartition des dépenses, les revenus et les sources d’approvisionnements ainsi que les différents mécanismes de subsistance. Jusqu’à 10 ménages furent sélectionnés au hasard dans la communauté. 2.1. Saisies des données et analyses de celles-ci Un programme informatique de saisie des données fut créé avec Microsoft Access. Ce programme fut installé sur le réseau local. Une demi-journée de formation fut donnée aux employés afin de leur exposer brièvement le processus de saisie des données et à les familiariser à l’utilisation de ce programme. Trois employés saisirent tous les questionnaires en 2 jours.

2.2. Consommation alimentaire des ménages.

Des profiles sécurité alimentaire de ménages furent établis en utilisant les informations relatives au régime alimentaire : i) la fréquence avec laquelle sont consommés les aliments de base et autres, ii) les origines des aliments consommés et enfin iii) la part que représente les dépenses alimentaires dans les dépenses totales du ménage. Afin de mesurer la qualité du régime alimentaire et de l’accès à l’alimentation d’un ménage donné, la diversité (et sources) des aliments/groupes d’aliments (diversité alimentaire) consommés par les membres du ménage est utilisé comme indicateur proxy. Les recherches ont démontré qu’un régime alimentaire varié est corrélé à un équilibre entre calories et protéines, au pourcentage de protéines d’origine animale (protéine de grande qualité) et bien sur aux revenus des ménages.

Afin de classer les ménages sur la base de leur actuelle consommation hebdomadaire de nourriture, la fréquence de consommation des 19 aliments fut réorganisée en 9 groupes principaux (jours de consommation, 0 à 7 fois par semaine). L’organisation de ces groupes est définie dans les différentes annexes consultables à la fin de ce rapport. On demanda à chaque ménage de préciser la source d’approvisionnement de chaque aliment consommé au cours de la semaine écoulée. Les différentes options retenues étaient : achat, autoproduction, prêts, dons, assistance alimentaire, envois d’argents et autres. Un poids a été attribué aux réponses pour chaque source d’approvisionnement selon la fréquence de consommation des aliments dont l’accès était assuré par cette source en particulier.

Ensuite la proportion d’aliments obtenus par l’une ou l’autre des options retenues fut calculée.

5 Afin de permettre une comparaison avec les profils par modes de vie de FEWSNET Djibouti, les mêmes catégories de groupes de niveau de richesse furent utilisées.

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En fonction de leur consommation, les ménages furent répartis en 3 groupes distincts, (i) pauvre, (ii) moyen, (iii) plus riche. Les ménages pauvres ayant une consommation dite « pauvre » consomment des céréales environ 6 fois par semaine, du sucre et de l’huile 4 fois. Ils ont une faible consommation de légumineuse et de viande. Ce groupe semble avoir rencontré des difficultés à subvenir à ses besoins alimentaires et il est fortement dépendant de l’assistance alimentaire. Les ménages composant ce groupe prennent en moyenne 2 repas par jour. Une forte proportion des membres de ce groupe tire la majeure partie de ses revenus de la vente des produits artisanaux ou du charbon. Ce groupe représente environ 44% de cet échantillon représentatif. Les ménages moyens ayant une consommation dite “limite” consomment des céréales, de l’huile et du sucre environ 6 fois par semaine, ils ont l’habitude de manger des légumineuses et des légumes au moins 1 fois par semaine. Ces mêmes ménages prennent une moyenne de 2,5 repas par jour. Une proportion significative de ces ménages tire ses revenus de salaires et de rémunérations reçues, y compris à travers le travail non qualifié. Ils forment 26% de cet échantillon représentatif. Enfin les ménages plus riches ayant une consommation dite “acceptable” avaient consommé des céréales chaque jour lors des 7 jours écoulés. Ils consomment également de l’huile et du sucre 5 jours sur 7 et mangent des légumineuses et de la viande au moins 1 fois par semaine. Ce groupe tire la plupart de ses revenus de la vente d’animaux. 2.3. Limites de l’enquête La collecte des données s’est déroulée en trois jours, 20 sorties furent effectuées, 28 sites visités et 130 ménages enquêtés. Pas moins de 19 groupes cibles (focus groups) furent constitués ainsi que 43 groupes de niveau de richesses et 8 enquêtes auprès des commerçants furent conduites. Par contre, aucune donnée n’a pu être collectée dans les zones urbaines. Même si des standards rigoureux ont été appliqués pour l’analyse de ces données, les points suivants sont à considérer :

Risques liés à la validité des données externes : limites dans la capacité à généraliser les résultats obtenus à partir de l’échantillon représentatif à l’ensemble de la population. Les données de l’enquête étant conçues pour représenter la situation à un moment précis.

Risques liés à la validité des données internes : des estimations incorrectes ou des rappels erronés peuvent affecter la validité des résultats. Bien que les enquêteurs aient été entraînés à faciliter ce travail de mémoire afin d’améliorer la validité des données internes, dans certains cas le manque de liberté de parole ainsi que les attentes des populations ont pu affecter les réponses ; ces réponses ayant aussi pu être préparées au préalable afin de répondre à ces attentes ; ce cas de figure a pu concerner essentiellement les ménages qui avaient fait dans le passé l’objet d’une évaluation menée dans le cadre d’une définition de programme. Cependant, le caractère anonyme de cette enquête a contribué à atténuer ce biais.

Risques relatifs à la fiabilité des données: ces risques relatifs à la fiabilité et la répétition (Kalton et Al. 2005) des résultats ont été minimisés grâce à la conception du questionnaire et à la formation des enquêteurs. La formation relative aux questionnaires destinés aux ménages a été menée de façon à réduire les différences avec lesquelles les enquêteurs comprennent les questions. Le questionnaire, bien que conçu en anglais, fut traduit en français mais dans la plupart des cas, l’enquête fut conduite dans la langue/dialecte local.

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3. Djibouti: Contexte Socio-Economique Djibouti est un des plus petit pays d’Afrique avec des précipitations de seulement 150mm par an et ce dans la plupart du territoire. La chaleur et l’aridité du climat ne permettent pas la production agricole. La température, au même titre que les précipitations, sont des éléments déterminants qui conditionnent les modes de comportement et contribuent au développement de moyens de subsistance. Les zones côtières situées à très faible altitude subissent les plus fortes températures, particulièrement pendant les mois d’été, de mai à septembre. Djibouti est considéré à la fois comme un pays à faibles revenus et au faible développement, fortement dépendant des importations pour faire face à ses besoins alimentaires. Selon l’indexe6 de développement humain 2007, le pays ne se classe qu’au 149eme range sur un total de 177 pays. Il n’existe pas de données fiables pour estimer la population de Djibouti. Le dernier recensement officiel date de 1983. La population avait alors été estimée entre 500,000 et 840,0007 personnes. Aujourd’hui, les Nations Unies estiment ce chiffre à 632,0008. On estime que 65% de la population vit à Djibouti ville et 80% dans les cinq districts urbains.La pauvreté est généralisée, plus de 40% de la population vit au dessous du seuil de pauvreté9. Les derniers chiffres disponibles auprès de la Banque Mondiale montrent qu’au moins 42% de la population vivait avec moins de 2$ par jour en 2002. L’extrême pauvreté a fortement augmenté et touchait en 2002 42,2% de la population, contre seulement 9,6% en 1996. La malnutrition parmi les enfants de moins de 5 ans est une urgence silencieuse à Djibouti, avec des taux de malnutrition bien au-dessus des seuils d’urgence. L’enquête à indicateurs multiples (MICS) de 2006 a établi que la situation nutritionnelle alarmante des enfants en bas âge de Djibouti était principalement due à la fréquence des sécheresses, au fort taux de chômage et aux prix des aliments, trop chers pour la plupart des populations pauvres, aussi bien en zones rurales qu’urbaines. Le taux global de malnutrition aigue a atteint 20,4 %, contre 17,9 % en 2002. Quant au taux de malnutrition sévère, il a atteint 7,1 % contre 5,9 en 2002. 3.1. Evaluation de la sécurité alimentaire et moyens de subsistance à Djibouti Pour mieux cerner les résultats de cette évaluation, un résumé des principaux événements liés à la sécurité alimentaire (établis selon des données fournies par le FEWSNET) et les conclusions des dernières évaluations sont présentés dans le chapitre suivant (tableau récapitulatif en annexe 4) 3.1.1 Historiques des alertes alimentaires de 2004 à 2008 En 2004, le FEWSNET mena une enquête sur les moyens de vie et identifia quatre zones de mode de vie principales à Djibouti 10 : la zone pastorale nord-ouest, la zone pastorale centre, la zone pastorale du sud-est et la zone maraichère - marché11, la seule zone de mode de vie à Djibouti ville. Depuis 2004, le FEWSNET émet des alertes alimentaires de façon régulière. Cependant, dans certains cas, des alertes montrent des divergences d’ordre chronologique et analytique. Le paragraphe suivant fournit les détails de ces alertes. Début juin 2004, le FEWSNET indiqua que les conditions alimentaires étaient modérément difficiles dans le nord-ouest et le sud-ouest à cause des faibles pluies. En 2005 (saison hays/dada), la situation empira à

6 PNUD, 2008 7 Brass, 2008 8 Voir l’enquête d’évaluation conjointe de 2007 9 Fonds des Nations Unies pour la population - FNUAP

10 FEWSNET, 2004

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cause de la succession de pluies très faibles (insécurité alimentaire haute et modérée). A la fin de 2005, une insécurité alimentaire modérée fut observée dans toutes les zones de mode de vie. En 2006, une alerte indiqua un haut niveau d’insécurité alimentaire pendant la période mars-mai. Entre juin et octobre 2007, la situation s’améliora dans l’ensemble des zones grâce à des pluies plus soutenues. La situation resta stable jusqu’à mars 2007. En juin 2007, le FEWSNET publia un rapport concernant l’augmentation de l’insécurité alimentaire suite aux sécheresses et à la hausse des prix, rapport faisant suite au retard de pluies (mars à mai) qui provoquèrent une détérioration des conditions d’élevage. En août 2007, le FEWSNET établit que :

« Une crise alimentaire est possible à l’intérieur des zones pastorales si les pluies de juillet à septembre sont faibles. Les ménages dans ces zones font déjà face à un niveau d’insécurité alimentaire extrême, et de trop faibles pluies à la fin de la saison karan causeraient le mort du bétail, et priveraient du même coup les ménages de leur principale source de revenus et de nourriture. Les prix des aliments continuent à augmenter, causant une diminution de l’apport en calories et augmentant le taux de malnutrition dans les zones de mode de vie urbaines. Des conditions d’insécurité alimentaire extrêmes sont en train d’apparaître dans les zones rurales, suite aux faillites consécutives des pluies de la saison karan en 2006 et diraa/sougoum de mars à mai 2007. L’eau et les pâturages sont de plus en plus rares dans ces zones, et l’état du bétail de plus en plus inquiétant. La productivité du bétail et la production de lait sont en train de priver les communautés pastorales de leur principale source de revenus et de nourriture. Ces conditions sont les plus sévères jamais enregistrées dans le nord-ouest”12.

Suite à cette alerte, le FEWSNET rapporta en novembre 2007 que :

La sécurité alimentaire de la plupart des éleveurs s’est améliorée suite aux bonnes pluies Karan/Karma de juin à septembre. La production de lait est abondante et le bétail se portent mieux ».

En parallèle, le FEWSNET souligna que L’augmentation régulière du prix des céréales sapait la sécurité alimentaire des ménages ».

En mai 2008, le FEWSNET déclara que :

La sécurité alimentaire dans toutes les zones de mode de vie de Djibouti, aussi bien urbaine que rurale, est critique. A cause des faibles précipitations de ces trois dernières saisons et des prix très élevés des aliments de base, la majorité des ménages dans les zones pastorales font face à une insécurité alimentaire extrême ».

La population à risque est estimée à 284,000 personnes. Comme l’ont montré les chapitres précédents, les alertes du FEWSNET donne une vue générale détaillée de l’évolution de la sécurité alimentaire ces quatre dernières années. Ces alertes ont également démontré que les changements de mode de vie dans les zones rurales sont principalement influencés par les sécheresses et l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Entre 2004 et 2008, les conditions de sécurité alimentaire se sont détériorées dans l’ensemble du territoire Djiboutien. Les chocs principaux observés lors de cette période sont la sécheresse et l’augmentation du prix de la nourriture et de l’énergie qui ont affecté environ 11,000 à 280,000 personnes de 2004 à 200813.

13 Voir les annexes pour les détails.

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3.2. Evaluation alimentaire 2006 et enquête conjointe 2007 En 2006, le PAM mena une évaluation rapide de la situation alimentaire. Les résultats de cette enquête ont montré que 13% des populations rurales sont dans une situation d’insécurité alimentaire et hautement vulnérable. De plus, cette enquête a montré que des écarts importants existent de part et d’autre du pays. Le rapport entre les ménages en insécurité alimentaire et ceux hautement vulnérable est de 27/13% dans le nord-ouest et de 12/7% dans le sud-est. Les résultats ont également montré que la zone de mode de vie nord-ouest, les ménages en situation d’insécurité alimentaire sont plus affectés par ces chocs, principalement la sécheresse. Dans les zones de mode de vie centre et sud-est, ce sont plus particulièrement les ménages ou la femme est chef de ménages et les ménages dépendant d’activités de subsistances marginales qui sont les plus affectés. Les ménages dans les zones de mode de vie centre et sud-est, qui ont un accès à la terre ou qui reçoivent une rente provenant d’emplois à la ville, sont plus généralement dans une bonne situation alimentaire. Tout comme la zone nord-ouest, les ménages pastoraux qui ont perdu leurs pâturages dans la récente sécheresse sont plus généralement en insécurité alimentaire. En décembre 2007, une enquête nutritionnelle nationale conjointe confirma que le taux de malnutrition sévère chez les enfants de moins de 5 ans continuait à être élevé. A un niveau national, le taux de malnutrition globale (TMG) atteignait 16,8%, taux au-dessus des 15% considéré comme le seuil d’urgence par l’OMS. Le taux de malnutrition sévère (TMS) était quand à lui de 2,4%. Dans les zones rurales, le TMG montait à 17,4%. Ce taux est resté au-dessus du seuil d’urgence entre 2002 et 2007, atteignant un taux alarmant de 17%. Le taux de malnutrition sévère a baissé lors de cette même période, passant de 5,9 à 2,4%. La zone de mode de vie pastorale nord-ouest, ou l’insécurité alimentaire est répandue depuis des années, au taux de malnutrition globale le plus haut : 24,8% et un taux de malnutrition sévère de 3,5%. Au sud, dans les zones pastorales frontalières et dans les zones de basse altitude le TMG est respectivement de 15,8% et 19,3 et le TMS de 2,2% et 1,3%. Aujourd’hui, les facteurs essentiels influençant la sécurité alimentaire et la situation nutritionnelle des ménages à Djibouti peuvent être résumés ainsi: les conditions agro-économiques qui rendent les productions agricoles presque impossibles. Djibouti est dominé par des communautés pastorales comptant essentiellement sur la vente de bétail comme principale source de revenus, laquelle est seulement partiellement intégré dans le système économique14. L’accès aux services et aux infrastructures essentielles est peu développé. L’environnement politique dans son ensemble est caractérisé par de continuelles luttes (parfois violentes) entre les groupes ethniques Afar et Issas. Concernant plus directement la disponibilité des denrées alimentaires, il est important de noter que Djibouti est hautement dépendant des importations. En résumé, aujourd’hui les communautés rurales de Djibouti sont exposées à deux chocs principaux : 1, sécheresse chroniques affectant directement les biens des ménages, les stratégies de subsistance et par conséquent, les moyens de survie. 2, l’augmentation des prix qui a un impact direct sur l’ensemble des stratégies de subsistance, ces hausses de prix ne permettent plus aux ménages, ces trois derniers mois, d’avoir accès à la nourriture. 3.3. Evolution des prix et marché du bétail

Djibouti est dépendant des importations pour presque tous les produits15. Cette dépendance place Djibouti dans une position délicate vis-à-vis de l’évolution globale des prix. Ces dernières années, l’augmentation

14 Brass, 2008 15 FAO, 2008

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13

générale des prix sur le marché mondial a eut un impact immédiat sur le marché local16 affectant ainsi la situation alimentaire sur un plan national.

3.3.1. Prix Le graphique ci-dessous montre l’évolution des prix du kérosène, de la farine de blé, de l’huile de cuisine et du riz américain. Entre 2004 et 2007, les prix de ces produits ont été relativement stables. Depuis 2007, tous les prix ont montré une tendance régulière à la hausse, tendance mise en avant dans le rapport d’alerte alimentaire établit par le FEWSNET. Par exemple, l’huile végétale a augmenté de 68% et la farine de blé de 82% entre janvier 2007 et avril 2008. En mai 2008, FEWSNET a annoncé que le prix des aliments de base avait augmenté de 46% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. De plus, l’accent a été mis sur le fait que les dépenses totales nécessaires pour couvrir les besoins alimentaires d’un ménage étaient 63% plus élevées que le plus bas salaire versé dans les zones urbaines17.

Evolution des prix de quelques produits essentiels.

Développement des prix nominaux pour des produits sélectionnes entre 2004 et 2008

0.00

50.00

100.00

150.00

200.00

250.00

300.00

J-

04

M-

04

M-

04

J-

04

S-

04

N-

04

J-

05

M-

05

M-

05

J-

05

S-

05

N-

05

J-

06

M-

06

M-

06

J-

06

S-

06

N-

06

J-

07

M-

07

M-

07

J-

07

S-

07

N-

07

J-

08

M-

08Mois - Annee

DJI

Fra

ncs

par

Uni

te

KerosenelitersFarine deble kgHuile kg

Source: FEWSNET, 2008

Les principaux marchés d’alimentation et de bétail sont à Djibouti ville. Les plus petits marchés sont dans les villes de Ali Sabieh, Dikhil, Tadjourah, Obock, Randan, et Galafi. Les prix de tous les produits augmentent proportionnellement à la distance séparant le lieu de livraison de Djibouti ville (voir tableau 1). Galafi est une exception car les commerçants s’approvisionnent directement en Ethiopie. En général, on peut dire que les endroits situés à proximité de la frontière éthiopienne sont essentiellement approvisionnés par l’Ethiopie. Il est également intéressant de noter que, dans le passé, les petits commerçants à Obock et Khor-Anghar se sont approvisionnés par leurs propres moyens depuis le Yemen en utilisant des petits bateaux pour traverser la mer rouge. Aujourd’hui ces activités commerciales ont été totalement suspendues Table 1: Prix au détail de produits sélectionnés sur différents marches en mai 2008

16 See FEWSNET alert 2006 17 FEWSNET, 2008

Page 14: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

14

Source: FEWSNET, 2008 enquête PAM - ESASU 2008

3.3.2. Marché du bétail Le bétail représente le pilier des moyens de subsistance dans les zones rurales. Ainsi que Brass l’écrit dans son rapport :

“ Le secteur agricole, incluant l’élevage, représente seulement 3-5% du PIB (Produit Intérieur Brut) et fournit seulement 10% de besoins alimentaires de Djibouti, bien qu’il soit le principal voire le seul moyen de subsistance pour entre un quart et un tiers de la population.”18.

Les zones rurales sont principalement utilisées pour l’élevage de bétail, un élevage nomade ou semi-nomade de petits ruminants (principalement des chèvres) et de chameaux. Il est important de noter que la production nationale de bétail est peu intégrée dans l’économie nationale19. La demande nationale de viande est couverte par les importations venant d’Ethiopie et de Somalie. Les animaux élevés dans ces pays donnent une viande de meilleure qualité et moins chère20. En outre le bétail représente une source importante de nourriture (production de lait et de beurre), la vente de lait et de beurre assure également une part importante des revenus. Cependant la vente de bétail a lieu seulement à l’occasion d’événements particuliers et en quantité limitée21.

18 Brass, 2008, page 16 19 Voir PRSP, 2004. 20 Brass, 2008 21 Brass Remarque: “hors de la capitale, il y a des petits marchés de viande dans les villes de district. La demande est souvent plus faible que l’offre, du fait que si les éleveurs veulent vendre leur bétail, ils doivent le transporter sur des marchés nationaux éloignés. […] à cause de ces contraintes commerciales, les éleveurs vendent leurs animaux en Ethiopie et en Somalie.

Unité Djibouti Weah Ali Sabieh Galafi Wadi (Obock) Riz (belem) kg 150 146 160 160 180

Farine de blé kg 150 données non disponibles

données non disponibles

données non disponibles.

160

Huile végétale kg 258 320 366 500 400

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15

4. Principales Constatations Les sections suivantes présentent les principales constatations obtenues à partir des données collectées par zones de mode de vie. Chaque section est conclue par une brève analyse basée sur le cadre conceptuel d’analyse alimentaire et nutritionnel.

4.1. Zone pastorale nord-ouest En 2004, le FEWSNET décrivit cette zone de mode de vie comme la plus isolée et la plus désavantagée de Djibouti22. Selon les discussions menées avec le groupe cible, la situation alimentaire dans cette région ne s’est pas améliorée ces dernières années. La raison principale est le manque de pluie qui a eu un impact négatif sur les ménages. Ces ménages indiquèrent qu’ils avaient perdu un nombre significatif de bétail ces derniers 12 mois. Certaines personnes indiquèrent que l’accès à la nourriture des populations a diminué suite à l’augmentation des prix dans le district de la capitale. En plus, une large part de la population est actuellement soutenue par l’assistance du PAM.

Démographie, répartition par groupes de niveau richesse et leurs caractéristiques. La taille moyenne d’un ménage est de 8,34, chiffre à comparer au 5,8 rapporté en 2006. 75% des ménages sont dirigés par des hommes, 25% par des femmes. Les résultats de l’exercice des « piles proportionnelles » indiquent que dans les communautés visitées, les ménages pauvres représentent 30-35%, ceux moyens 40-55% et les plus riches 10-30%. Tableau 2: Caractéristiques des zones pastorales nord-ouest par groupe de richesse. Composition et répartition par groupes de niveau richesse Total de la population

rurale 16,100 Pauvre Moyen Plus riche

En % 30 - 35 40-55 10 - 30 En nombre 4,800 - 5,600 6,400 - 8,800 1,600 - 4,800 Source : FEWSNET 2008

Selon les discussions avec les groupes cibles et les groupes de niveau de richesse, les ménages les plus pauvres tendent à avoir moins de bétail (voir pas du tout) comparé aux deux autres groupes. Des caractéristiques similaires ont déjà été observées en 2004 (voir tableau 4 ci-dessous). La principale différence est que les quantités totales ont changé, notamment suite au fort niveau de pertes, comme l’ont mentionné la plupart des enquêtés. Les plus pauvres, comme l’ont confirmé les discussions avec les groupes cibles, sont souvent les veuves et les veufs, les orphelins et les handicapés. Tableau 3: Caractéristiques du bétail dans la zone pastorale nord-ouest par groupe de niveau de richesse en 2004 et 2008

22 FEWSNET, 2004, p 10.

Zone pastorale nord-ouest Pauvre Moyen Plus riche

2004 2008 2004 2008 2004 2008

1 chameaux,

25-35 chèvres

<5 chèvres <2 ânes

<5 mouton

1-2 chameaux,

50-80 chèvres, 0-10

mouton

<5 chameaux 5-10 chèvres

<2 ânes

2-4 chameaux, 80-170

chèvres, 15-25 moutons

<5 chameaux >50 chèvres

Page 16: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

16

Le tableau 4 résume les différentes sources de revenu indiquées par les groupes cibles dans les sites visités. La vente de sel n’a pas été mentionnée, mais déjà en 2004, le commerce du sel était en déclin car ce secteur avait été repris par les gros commerçants de Djibouti ville et par ceux de l’étranger23. Tableau 4: Principales sources de revenus en 2004 et 2008

Zone pastorale nord-ouest

Mai 2004

Vente de bétail (40 – 60%) Vente de beurre (20 – 40%) Vente de sel Vente d’artisanat

Mai 2008 Vente de bétail (<20%) Vente d’artisanat (40%) Vente de vin de palme

Source: FEWSNET 2004, ESASU 2008 Activités Economiques L’année dernière, les principales activités économiques de la zone nord-ouest étaient la vente de bétail, de beurre et de lait. Actuellement, la principale source de revenus est la vente d’artisanat24, la vente de petits animaux et la réception de dons (voir graphique 3). Ces douze derniers mois, la vente de bétail a diminué. Dans la même période, les ventes d’artisanat (ventes de Onga) ont augmenté. Les ventes de bétail ont principalement été affectées par le nombre important d’animaux morts. Comparé aux résultats de l’enquête PAM - ESASU 2006, la vente de bétail est toujours l’activité économique la plus importante mais elle a chuté de manière drastique. Il convient également de noter que les ventes d’artisanat n’apparaissaient pas dans le rapport du PAM de 2006.

Graphique 3: Activités économiques zone nord-ouest

Nord-Ouest: Activités génératrices de revenus

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2008 2007

Autres

Dons/Prêts

Salaires, gages

Vente des produitsartisanaux

Production & vente deproduits agricoles /maraîchageVente de betails

23 FEWSNET, 2004, page 18 24 L’artisanat est compose essentiellement de tapis (ou nattes) faits en feuilles de « Onga ». Ces tapis sont vendus en Ethiopie ou à Djibouti et constituent une part importante des revenus des ménages les plus pauvres. (FEWSNET , 2004, page 18)

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17

Depenses Alimentaires

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Nord-Ouest

Sucre

Légumes frais

Animal Pdts

Huile végétale,graisses

Viande

Légumineuses

Céréales/Pâtes

Envois d’argent (de proches vivants à l’étranger ou en zones urbaines) Environ 75% des personnes enquêtées ont déclarées qu’elles n’ont pas reçu d’envois sous forme d’argent liquide. Seul 25% ont reçu des transferts d’argent. De ceux qui ont reçu de l’argent, 50% indique avoir reçu moins que l’année passée. Cependant, 70% rapporte avoir reçu une aide en nature sous la forme de nourriture. La baisse générale des envois d’argent peut être expliquée par le fait que le nombre de familles dans les zones urbaines ont vu leur pouvoir d’achat diminuer à cause de l’augmentation des prix de la nourriture et du pétrole. Il est également important de noter que les envois d’argent jouent un rôle global moins important dans le nord de Djibouti que dans les 2 autres zones de mode de vie25. Types de dépenses Dans les ménages du nord, 36% des dépenses totales est consacré à la nourriture et 64 % aux articles non alimentaires (voir graphique figure 4). Cette répartition contredit les résultats de l’enquête menée en 2006 ou les proportions étaient inverses (64% des dépenses consacrées à la nourriture). Cette évolution pourrait être attribuée au fait que le PAM a augmenté ses distributions alimentaires dans ces régions suite au mauvais taux de malnutrition. Plus de 60% des dépenses alimentaires sont consacrées à l’achat de céréales, 20% pour le sucre. En 2006, ces dépenses étaient similaires, ce qui est typique des communautés pastorales26. Graphique 4: Répartition des dépenses alimentaires Mouvements migratoires Les ménages ont déclaré que le niveau de mouvements migratoires vers le nord, avec ou sans animaux, était assez faible (32%). Lors de discussions avec les groupes cibles, il a été précisé que ces mouvements migratoires se déroulaient à l’intérieur du district. Les principales raisons qui expliquent ces mouvements migratoires sont : la recherche d’eau (38%), le manque de pâturage (33%), les pertes d’animaux (19%), la recherche d’autres sources de revenus (9,5%). Selon le FEWSNET, les mouvements migratoires se déroulent habituellement de novembre à février et c’est peut-être la raison pour laquelle il y a très peu de migrations. Chocs Selon les interviews des ménages et les discussions avec les groupes cibles, les principaux chocs dans la zone de mode de vie nord-ouest dans les trois derniers mois sont : les prix inhabituellement élevés des denrées alimentaires (43,9%), le manque d’eau (26,3%), le taux inhabituellement élevé de bétail mort (14%) ainsi que la réduction des zones de pâturage/mauvaise qualité des pâturages (10%). Les autres réponses représentent un très faible pourcentage (mois de 2% : salaires impayés, déficit de naissance de bétail). En 2006, des chocs similaires furent mentionnés par zone de mode de vie, lesquels reflétaient la situation de sécheresse récurrente. Cependant, il y a deux ans, la population de ces régions n’avait pas estimé que cette augmentation des prix constituait un choc.

25 FEWSNET, 2004, page 10.

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18

Nord-Ouest: Sources Alimentaires

47%

7%

38%

8%

Achat Production Propre

Dons Aide Alimentaire

Stratégies de survie Durant les discussions avec les groupes de niveau de richesse, quasiment tous indiquèrent qu’ils avaient été affectés négativement par les chocs. Selon les ménages interrogés dans le nord-ouest, la majorité n’avait rien pu faire pour compenser cet état de fait (55%). 15% des ménages personnes interrogées ont réduit leur quantité de nourriture et/ou réduits leurs dépenses totales (incluant les dépenses alimentaires). Seule une minorité continue à vendre ses animaux (4%) ou est en train de migrer. Ce fort pourcentage de ménages incapables de compenser la situation peut être expliquée par le fait qu’aujourd’hui les ménages doivent pour la première fois faire face à la combinaison des chocs hausse des prix et sécheresse. Consommation et accès à la nourriture Selon les réponses des ménages, les adultes et les enfants ont mangé 2 repas lors du jour précédent. En moyenne, les enfants ont pris 2,19 repas par jour, contre 2,6 en 2006. Concernant les adultes, les ménages ont indiqué qu’ils prenaient 2 repas par jour, contre 2,5 en 2006. Ce changement peut probablement être attribué au fait qu’en septembre 2006, la situation de mode de vie globale était plus favorable dans le pays27. Les principales sources d’approvisionnement des ménages sont : les achats (47%), l’assistance alimentaire (38%), dons (8%) et la autoproduction (7%). Chiffres similaires à 2006, seule une petite partie de la nourriture consommée est actuellement autoproduite. Comme l’indique le graphique 5, il y a une forte dépendance vis-à-vis du marché et de l’assistance alimentaire. Graphique 5: Sources d’approvisionnement en nourriture Dans la zone nord-ouest, il y a trois principaux profils de consommation. 34% ont une consommation alimentaire pauvre, 38% limite and 28% acceptable. En 2006, les groupes dit « pauvres » représentaient également 34%, ce qui indique que pour ce groupe la situation est restée la même tandis que le groupe dit « limite » voyait son pourcentage augmenter de 16% en 2006 à 38% en 2008. Les groupes dits “pauvres” dépendent fortement de l’assistance alimentaire, celle-ci étant très souvent partagée avec les membres de la famille élargie. Les groupes moyens, qui comptaient sur les marchés, ont vu leur accès à la nourriture se détériorer en même temps que leurs revenus se réduire. Le pourcentage des ménages plus riches a fortement baissé, ils représentaient 49% en 2006 contre 24% en 2008. Santé, eau et éducation Il n’y avait pas de centres de santé dans aucune des localités visitées. Selon les discussions avec le groupe de niveau de richesse, les principaux problèmes de santé au niveau du village étaient la fièvre, la diarrhée, la malaria et la tuberculose dans un village. Aucune amélioration dans ce domaine n’était attendue par la population. La principale source d’eau dans tous les villages visités était un puits/source non protégé(e), utilisé(e) aussi bien par les hommes que les animaux. Sur deux villages sur trois, il y avait une école primaire. A Galafi par exemple, le ratio entre fils et garçon est de 30/70. Dans certains cas, les communautés enquêtées indiquèrent l’importance de l’éducation pour leurs enfants. Marchés

26 WFP, 2008, page 22 27 See FEWSNET 2006.

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19

A Galafi, un commerçant a été interviewé. La discussion a confirmé que les marchés à la frontière éthiopienne restait une importante source d’approvisionnement en denrées de base pour les ménages dans la zone nord-ouest. Ce patron de magasin importe des articles d’Ethiopie, comme le maïs, les légumes et la paraffine. Selon ce même commerçant, le comportement général des clients n’a pas changé. Il accorde aussi des crédits à ses clients. Il est également important de noter que Galafi n’est pas un exemple représentatif de la zone de mode de vie nord-ouest car Galafi est située directement à la frontière éthiopienne et cette localité est bien reliée à Dikhil via une bonne route. Le reste de cette zone nord-ouest est difficile d’accès et elle n’est que partiellement en lien avec les marchés, de Djibouti ville par exemple. Analyse sécurité alimentaire Sur la base des résultats présentés ci-dessus, les conclusions suivantes peuvent être tirées à partir du cadre conceptuel (voir tableau 5) :

Les ménages dans la zone de mode de vie nord-ouest ont perdu une grande partie de leur capital/biens que représentait le bétail, ce bétail constituant la majeure partie de leurs moyens de subsistance durant la sécheresse. Le manque de pâturage a aussi eu un impact sur la nourriture directement issue de l’élevage (autoproduction) car la plupart de leurs animaux ne sont plus capables de produire du lait et d’autres produits dérivés de celui-ci pour leur propre consommation (beurre etc.). Cela a conduit les ménages à compter sur les marchés qui constituent une source d’approvisionnement plus importante. La difficulté de dépendre du marché pour accéder à la nourriture a été aggravée par la hausse des prix ce qui a eu pour effet de réduire la quantité et la diversité des aliments consommés. Les modes de consommation se sont détériorées comparé aux années précédentes. A présent, on estime que plus de 5000 personnes sont en situation de forte insécurité alimentaire. Enfin, le groupe de richesse moyen (environ 6,400 – 8,000 personnes) se retrouve à risque de devenir en situation d’insécurité alimentaire et pourrait basculer vers le groupe de pauvre consommation alimentaire si les prix alimentaires continuent d’augmenter et si la sécheresse persiste dans cette zone de mode de vie.

Tableau 5: Résumé de l’analyse sécurité alimentaire Premières causes La sécheresse chronique reste un choc qui affecte l’ensemble de la population.

L’augmentation des prix a accentué le désarroi de la population. L’ensemble des services de base comme la santé, l’éducation ne se sont pas améliorés ces dernières années. Seul le programme du PAM de distribution de nourriture dans les écoles ainsi que des programmes de santé procure un filet de sécurité à une large part de la population.

Activités et stratégies de subsistance.

Suite au grand nombre de bétail perdu dans l’ensemble des zones de subsistance, les activités ont sérieusement diminué ces 12 dernies mois. Des produits comme le lait et le beurre ne sont plus produits car le bétail est trop faible. Dans certaines zones, la vente de « onga » (artisanat) reste une des principales activités génératrices d’argent liquide. Cependant cette activité est en déclin car ces 12 derniers mois, la demande était en forte diminution dans cette zone.

Actifs liés aux moyens de subsistance

Dans la zone de mode de vie du nord-ouest, principalement les ménages pauvres et moyens ont perdu la majorité de leur bétail) à cause de la sécheresse) qui constituait leur seul bien et leur principal moyen de subsistance. Un phénomène malheureusement courant dans la région.

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20

Accès à la nourriture Pour l’ensemble des groupes de niveau de richesse, l’accès à la nourriture a diminué à cause de l’augmentation des prix de la majorité des articles. De plus, il y a de moins en moins de commerçants sur les marchés car le coût du transport est une entrave de plus en plus importante à la circulation des marchandises entre les zones urbaines et rurales.

Disponibilité de la nourriture

La disponibilité globale de nourriture a diminué comme le bétail ne fournit plus ni de lait ni de beurre. La disponibilité des autres articles et aliments a également baissée dans les zones rurales car les petits commerçants sont en train de fermer définitivement.

Fonctionnement des marchés

Les marchés fonctionnent toujours dans quelques zones urbaines, mais avec moins d’intensité du fait de la baisse de la demande. Les commerçants ont des difficultés à s’approvisionner à cause de l’augmentation des coûts de transport et de l’augmentation des prix de gros. L’accès au crédit reste également un problème majeur pour les commerçants, mais également pour les clients en zones rurales.

Consommation de nourriture

La consommatioo de nourriture s’est détériorée lors des 24 derniers mois. Les ménages en zones rurales compte énormément sur l’assistance alimentaire et les achats sur les marchés. L’accès à la nourriture a été limité par la hausse des prix, la réduction du pouvoir d’achat, la sécheresse récurrente a conduit les ménages à diminuer le nombre de repas quotidien ainsi que la qualité/type de denrées consommées. Bien que l’enquête ne portait pas sur les aspects nutritionnels, il est assuré que tout cela aura un impact à long terme. Dans la zone nord-ouest, 13,000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire.

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21

4.2. Zone Pastorale Centre. La zone centrale est la plus grosse zone de mode de vie en termes de couverture géographique et de population rurale (50,000 environ). La majorité des villages et des villes sont soit le long de la côte soit dans les montagnes. Cette zone, qui s’étale du lac Assal jusqu’au sud-ouest du pays, a une très faible densité de population. Comparée à la zone sud-est, elle est éloignée des principaux marchés Djiboutiens. Les 2 principaux marchés se trouvent dans les capitales du district : Tadjourah et Obok. Ces deux villages ont un accès direct à la mer. Selon les groupes cibles, cette zone a été très affectée par un nombre inhabituel de bétail mort. Pendant les visites sur le terrain, les équipes ont pu voir des cadavres d’ânes, de chameaux et de chèvres. De plus, selon quelques enquêtés, dans certaines zones, il n’a pas plu depuis 2 ans. Il est important de noter qu’au sein du district d’Obok, des précipitations ont été observées pendant les 4 jours de visite terrain. Même si les pluies ont été faibles et rares, cette évolution aura un impact positif à court terme sur le bétail. Une tendance similaire a été reportée par les alertes FEWSNET de 2006 et de 2007. Démographie, répartition par groupes de niveau richesse et leurs caractéristiques. La taille moyenne des ménages est de 8,3 personnes (à comparer au chiffre de 2006 qui faisait état d’une taille moyenne de 5,8 personnes), 79% des ménages sont menés par des hommes, 21% par des femmes (24% en 2006). Suite aux discussions menées avec les différents groupes, la répartition par niveau de richesse est donnée dans le tableau tableau 6. L’écart dans l’estimation de la taille de chaque groupe dans les sites visités se situe entre 10 et 60%. L’hétérogénéité des lieux visités (taille, localisation) est la raison principale qui explique cette large variété. Tableau 6:

Répartition par niveau de richesse – Zone Centre Population rurale totale

49,400 Pauvre Moyen Plus riche En % 10 - 50 20 - 45 20 - 60

Nombre total 4,900 - 24,700 9,800 - 22,200 9,800 - 29,600 Cependant, des similitudes entre chaque groupe ont été trouvées dans chaque site. Durant les discussions, il a été établi que les ménages les plus pauvres avaient perdu tout leur bétail ou bien ne possédait plus qu’un très petit nombre d’animaux faibles et malades. De plus, selon quelques indicateurs, la principale différence entre ce groupe et les groupes moyens et plus riches réside dans le nombre de bétail et la taille des animaux (voir tableau 7). A Alaili Dada par exemple, les ménages pauvres ont moins de 5 chèvres. Les plus riches ont généralement des chameaux (plus de 12) et un nombre important de chèvres (plus de 50). Cela permet à ces ménages de transporter si besoin du matériel avec leurs chameaux ou bien de vendre des chèvres (au moins au camp militaire des environs). Tableau 7: Exploitation de bétail dans la zone pastorale centre.

Zone pastorale centre Pauvre Moyen Plus riche

2004 2008 2004 2008 2004 2008 0-4 vaches;

<20 Chèvres;

<3 chameaux;

0-5 mouton;

<5 Vaches; <20 Chèvres; <5 Chameaux;

<5Moutons

<15 vaches; <30 chèvres;

<8 Chameaux; <10 Mouton

<10 Chameaux; <20 Chèvres; <7 Vaches;

<60 Vaches; <100 chèvres;

<15 Chameaux; <15 mouton

> 10 Chameaux; >20 Chèvres; > 10 Vaches

Source: FEWSNET 2004, Evaluation sécurité alimentaire 2008

Page 22: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

22

Selon les discussions avec les groupes cibles, les ménages pauvres n’ont pas de sources de revenu. Ces groupes, composés de veuves, de veufs, d’handicapés et d’orphelins compte énormément sur l’assistance alimentaire ou bien de l’aide venant de leur famille élargie, ou bien du PAM. Durant les discussions menées avec les groupes de niveau de richesse, il est devenu clair que la majorité des activités génératrices de revenus étaient entre les mains des populations appartenant aux groupes « plus riches », lesquels avaient toujours la possibilité de vendre du bétail (fréquemment si nécessaire) et ces populations recevaient régulièrement un revenu de l’Etat (pensions, salaires). Dans certains villages, il est fort probable que les ménages « plus riches » entretiendront les autres en achetant de la nourriture et des autres produits si nécessaire. Certains ménages moyens ont toujours dans l’idée de vendre une partie de leur bétail pour gagner de l’argent. Cependant, la plupart du temps cette démarche est très difficile car les bêtes sont malades, elles ne valent plus grand-chose et de toute façon, la demande est inexistante.En comparant les informations du FEWSNET et l’évaluation sécurité alimentaire du PAM (ESASU), on constate que les sources de revenus n’ont pas changé (voir tableau 8). Cependant, la répartition entre ces sources de revenu a changé. Les Envois d’argent semblent avoir joué un rôle moins important en 2008 qu’en 2004. Encore une fois ceci pourrait être attribué au fait que le pouvoir d’achat a diminué dans les zones urbaines d’où les fonds étaient envoyés. Le graphique 6 en page suivante établit la même tendance. Tableau 8: Principale source de revenue en 2004 et en 2008

Zone centre

Mai 2004 Ventes de bétail (<30%) Pensions et Envois d’argent (40- 80%) Vente de bois de chauffage

Mai 2008 Ventes de bétail (25%) Pensions et Envois d’argent (40%) Ventes de charbon

Source: FEWSNET 2004, Enquête sécurité alimentaire 2008 Activités économiques En fonction des réponses des ménages, les principales activités économiques et les sources de revenus dans la zone centre sont : la vente de bétail, les envois d’argent et les salaires comme le montre le graphique 6 ci-dessous. Comparé à la même période l’année dernière, la vente de bétail a dramatiquement diminué (de 83 à 25%) tandis que les ventes de charbon ainsi que les salaires augmentaient respectivement. Les ventes de bétail ont été directement affectées par le nombre important de bétail mort et la pauvreté des pâturages. Il convient également de noter que les envois d’argent sont devenus une source significative de revenus pour la plupart des personnes enquêtées dans cette zone de mode de vie. Bien que ces fonds ne fussent pas considérés comme une source significative de revenus l’année dernière, ils étaient tout de même considérés comme une source importante de revenus.

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23

Depenses Alimentaires

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Centre

Sucre

Légumes frais

Animal Pdts

Huile végétale,graisses

Viande

Légumineuses

Céréales/Pâtes

Graphique 6: Activités économique dans la zone centre

Centre: Activités génératrices de revenus

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2008 2007

Autres

Vente de charbons

Dons/Prêts

Peche

Salaires, gages

Envois d’argent Environ 83% des personnes enquêtées ont rapporté qu’elles n’avaient pas reçu d’envois sous forme d’argent liquide, ce fut le cas pour 17% d’entre elles. Cependant, 76% prétendent avoir reçu une aide en nature sous forme de nourriture. Ceux qui ont reçu des envois d’argent ont indiqué qu’ils en avaient reçu 65% de moins que l’an passé. Selon les indicateurs et les discussions menées avec les groupes cibles, la principale raison de cette baisse est l’augmentation des prix. Types de dépenses Dans la zone centre, les ménages consacrent 34% de leur budget total à la nourriture. 66% pour les articles non alimentaires. Plus de 60% des dépenses liées à la nourriture sont consacrées à l’achat de céréales, 20% pour le sucre (voir graphique 7 ci-contre). En 2006, les tendances étaient similaires. Mouvements migratoires La zone centre est celle qui connait le moins de mouvements migratoires. Environ 97% des personnes interrogées ont déclaré qu’aucun membre de leur famille n’avait migré avec du bétail. Durant les discussions avec les groupes cibles il est devenu clair que les mouvements migratoires à cette période n’était pas considéré car : i) la plupart des bêtes étaient trop faibles pour parcourir de longues distances, ii) il n’y a pas de marchés à Djibouti pour vendre du bétail, iii) il n’y a pas d’opportunités de travail dans les zones urbaines. Dans certains cas, il a été établi que certains jeunes sont retournés dans leur famille au nord car ils n’avaient trouvé aucune opportunité de travail en zone urbaine. Chocs Selon les ménages enquêtés et les discussions avec les groupes cibles, les principaux chocs dans la zone centre au cours des 3 derniers mois furent : l’inhabituel niveau de bétail mort (40%), les prix élevés (28%), les maladies touchant le bétail (12%) et la disponibilité réduite de l’eau. 93% des ménages ont précisé qu’ils avaient été affectés négativement par ces chocs au cours des trois derniers mois. En comparaison, lors de l’enquête PAM (ESASU) de 2006, seuls 30% des ménages affirmaient avoir été affecté par le choc provoqué par la réduction des pâturages.

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Centre: Sources Alimentaires

46%

5%0%

49%

Achat Production Propre

Dons Aide Alimentaire

Stratégies de subsistance. Malheureusement la plupart des ménages négativement affectés par ces chocs ont rapporté, qu’à leur niveau, rien ne pouvait être fait pour leur permettre de s’en remettre. Environ 80% ont indiqué qu’ils n’avaient rien fait pour compenser ces chocs tandis que certains ont vendu des bêtes (5,9%) et réduit leurs dépenses alimentaires (4,4%). Des réponses similaires avaient été enregistrées lors de l’évaluation du PAM (ESASU) en 2006. Consommation et accès à la nourriture Selon les réponses des ménages, les adultes et les enfants ont pris 2 repas le jour précédent. En moyenne, les enfants prennent 2,5 repas par jour. En 2006, les enfants prenaient 2,9 repas par jour, les adultes 2,3 aujourd’hui contre 2,7 en 2006. Graphique 8: Principales sources d’approvisionnements Pour les ménages, les principales sources d’approvisionnement sont les achats (46%), l’assistance alim. (49%), les dons (5%), l’autoproduction (7%). Seule une petite partie de la nourriture consommée est autoproduite. Comme le montre le graphique 8, il y a une forte dépendance vis-à-vis des marchés et de l’assistance alimentaire. Dans la zone pastorale centre, il y a trois profils de consommation principaux : 69% des ménages ont des habitudes de consommation pauvres, celles-ci sont moyennes pour 4,8% d’entre eux et acceptables pour 26,2%. En 2006, la majorité des ménages dans cette zone appartenait à ce dernier groupe (60%). Cependant, les groupes ayant une consommation pauvre a augmenté de 23 à 69% en seulement 2 ans. D’après une discussion menée avec un groupe cible, une explication à cette augmentation pourrait être la forte dépendance vis-à-vis des marchés, alors que les ménages n’ont plus les moyens d’acheter sur ces marchés (lesquels n’ayant par ailleurs que peu d’articles en vente et à un prix inabordable pour la majorité de la population rurale). Il est important de noter que les groupes considérés comme « moyens » représentent 16% aujourd’hui contre 5% en 2006. Santé, eau et éducation Seuls 2 sites sur 5 ont un centre de santé. Selon les discussions, les principaux problèmes de santé dans les villages sont : la fièvre, la diarrhée etc. et la tuberculose dans un village. A Alayli-Dada, la communauté a accueilli avec joie la rénovation d’un centre de santé qui fournit un très bon service aux populations de la zone. Cependant, les capacités limitées de transport et le délai nécessaire à l’acheminement des personnes malades vers un centre de santé cause régulièrement des victimes qui auraient pu être facilement soignés en d’autres circonstances. Il y a une semaine, une femme ayant accouchée a été conduite au centre de santé trop tard et celle-ci et son bébé sont arrivés décédés au centre de santé. Dans la zone centre, la population des villages visités a indiqué que l’eau parvenait aux villages grâce à des pipelines, des puits/sources protégés… une situation identique à celle trouvée en 2006. Dans la majorité des cas, les points d’eau sont utilisés par les hommes et les animaux.

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Dans 2 villages visités sur 5, il y avait une école primaire. Le ratio filles/garçons est 30/70. A Hedle, le chef de la communauté a précisé qu’il enverrait seulement 2 de ses fils à l’école. Ses filles n’étant pas autorisées à aller à l’école car filles et garçons partageaient le même dortoir. Marchés Deux commerçants (gérants de boutiques) enquêtés à Wadi et Alaili-Dada ont précisé qu’ils vendaient du riz, de la farine de blé et de l’huile. Tous sont ouverts tout au long de la semaine; cependant le commerce a fortement diminué ces derniers mois suite à l’augmentation des prix et la faible demande. A wadi, 4 commerçants sur 5 ont du mettre la clé sous la porte. Le commerçant à Wadi reçoit ses denrées alimentaires d’un fournisseur basé à Djibouti ville. Un commerçant à Alaili-Dada a de la famille (des frères) qui ont ouvert un magasin à Obok et ceux-ci le livre directement. Tous les commerçants ont précisé que les prix dans leurs magasins avaient augmenté ces 12 derniers mois. A chaque fois, ils ont attribué cette augmentation à l’augmentation générale des prix à Djibouti ville et l’augmentation des coûts de transport. Ils ont également indiqué que les ventes globales avaient diminuées ces 12 derniers mois. Aucun des commerçants enquêtés n’avaient accordé de crédits ces 12 derniers mois, n’ayant eux-mêmes pas accès au crédit. Pour tous ces commerçants, les principales difficultés sont l’augmentation du coût des marchandises, du transport ainsi que la baisse de la demande des ménages. Analyse sécurité alimentaire Les ménages dans la zone de mode de vie centre font face aux mêmes chocs et aux mêmes défis que ceux de la zone nord-ouest. Les ménages classés en catégories pauvre et moyenne ont perdu beaucoup de leur bétail (lequel représente leur principal moyen de subsistance) à cause des sécheresses répétées. Les pertes importantes et inhabituelles de bétail et ont eu un impact négatif sur l’accès à la nourriture à travers l’autoproduction, telle le beurre et le lait. La plupart des ménages classés en catégories moyenne et plus riche compte sur les achats sur les marchés. La majorité des ménages pauvres ont déjà reçu une aide alimentaire. Comme dans la zone nord-ouest, le prix des denrées alimentaires a contraint les ménages à modifier leurs habitudes alimentaires ainsi que les quantités consommées. Comparé aux dernières années, les deux chocs (sécheresses et augmentation des prix) ont amené la détérioration des modes de consommation alimentaires. Les groupes de niveau de richesse moyenne (environ 9,800 à 22,200 personnes) sont en insécurité alimentaire et pourrait voir leur situation se détériorer si les prix continuaient à monter et les sécheresses à persister. Selon les résultats de l’analyse, 34,000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire grave.

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Tableau 9: Résumé de l’analyse Premières causes La sécheresse chronique reste le choc principal dans les zones de subsistance.

L’augmentation des prix a accentué la détresse des groupes pauvres et moyens. Les services de base tels que la santé, l’éducation etc. ne se sont pas améliorés ces dernières années. Le programme de distribution de nourriture dans les écoles du PAM ainsi que divers programmes de santé fournissent un filet de sécurité dans certaines parties de cette zone.

Actvités et stratégies de subsistance

A cause du grand nombre de bêtes perdues, l’ensemble des activités de subsistance ont chuté fortement ces 12 derniers mois. Des produits comme le beurre et le lait ne sont plus produits car le bétail est généralement trop faible ou malade. En plus de cela, les envois d’argent ont baissé ces derniers mois.

Actifs liés aux moyens de subsistance

A cause des sécheresses, les ménages dans cette zone ont perdu beaucoup de leur seul bien : le bétail, principal moyen de subsistance.

Accès à la nourriture L’accès à la nourriture a diminué car les prix de la majorité des articles ont augmenté. De plus, il y a moins de commerçants sur les marchés car les coûts de transport ont également augmenté, faisant ainsi obstacle aux flux de marchandises entre les zones urbaines et rurales. Dans certaines zones éloignées, les petits boutiquiers ont stoppé leurs activités.

Disponibilité de la nourriture

La disponibilité est dans l’ensemble en forte baisse car le bétail ne fournit plus de lait ni de beurre pour les populations rurales. La plupart des petits commerçants ayant fermé leurs boutiques, la disponibilité pour d’autres denrées est également réduite.

Fonctionnement du marché

Les marchés sont toujours en activité dans les zones urbaines mais avec une intensité moins forte car la demande générale a baissé. Les commerçants ont eux-mêmes des difficultés à s’approvisionner comme le prix du transport et des marchandises chez les grossistes ont fortement augmenté. L’accès aux crédits est également un problème important pour les commerçants, comme pour les clients en zones rurales.

Consommation alimentaire

La consommation alimentaire s’est détériorée ces 12 derniers mois. Les ménages en zones rurales dépendent fortement de l’assistance alimentaire. Environ 22,000 personnes sont en insécurité alimentaire, selon les modes de consommation.

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4.3. Zone pastorale sud-est La zone pastorale sud-est inclut le district de Ali Sabieh, la moitié de celui de Arta et la partie sud-est de Dikhil. Environ 33,000 peronnes vivent dans cette zone. Djibouti et l’Ethiopie sont liés par la route principale et le train, les deux passent par cette zone. L’ensemble de la zone de mode de vie sud-est est la plus développée grâce à ses bonnes connections avec les centres urbains de Djibouti. Selon le FEWSNET, en 2004 les principaux produits ruraux vendus furent les chameaux, les chèvres, le bois de chauffage et le charbon. Démographie, répartition par groupes de niveau richesse et leurs caractéristiques. La taille moyenne des ménages est de 6,5 personnes (5,8 en 2006), 56% sont gérés par des hommes et 44% par des femmes. Suite aux discussions menées avec les différents groupes, la répartition par niveau de richesse est donnée dans le tableau 10. Table 10:

Répartition par niveau de richesse – zone Sud-est Population rurale totale 33,000 Pauvre Moyen Plus riche

En % 20 - 33 17 - 43 29 - 50 Nombre total 6,600 - 10,800 5,600 - 14,100 9,500 - 16,500

L’ensemble des ménages pauvres possèdent beaucoup moins de bétail que les ménages plus riches, voir tableau 11 ci-dessous. Table 11: Type de bétail par groupe.

Zone pastorale sud-est Pauvre Moyen Plus riche

2004 2008 2004 2008 2004 2008 <4

chameaux, 15-25

Chèvres

<3 Anes < 10

Chèvres

<3 Chameaux; 30-50 Chèvres

<10 Chameaux 5-10 Chèvres;

4-6 chameaux, 100-120 chèvres

30-50 Chèvres

> 30 Chameaux

Source: FEWSNET 2004, Enquête PAM 2008 Selon les discussions menées avec les groupes cibles, les ménages pauvres ont généralement une seule source de revenus, très souvent le bétail. La vente de charbon et de bois de chauffage sont également des activités importantes menées par chacun des 3 groupes. Une des raisons de cet engouement pour le charbon et le bois de chauffage est la demande croissante des centres urbains dont les habitants cherchent une alternative au pétrole qui n’a cessé d’augmenter ces 12 derniers mois. Chose intéressante : la vente de lait et de beurre n’a pas été mentionnée par les ménages enquêtés. Sur la base du rapport du FEWSNET, la sécheresse a eu un impact significatif sur la capacité de production de lait des animaux, menant à une baisse des ventes de lait. Des situations similaires ont été observées par exemple à Obock (zone centrale) et avaient été régulièrement perçues comme un signe de détresse alimentaire dans les années passées28.

28 See FEWSNET alerts

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Tableau 12: Principales sources de revenues en 2004 et 2008 Zone pastorale sud-est

Mai 2004

Ventes de bétail (<30%) Ventes de lait (<20%) Ventes de charbon/bois de chauffage Réception de pensions et d’argent (60 – 80%) Ventes de fruit

Mai 2008

Petit commerce (4%) Ventes de charbon/bois de chauffage (18%) Réception de dons Ventes de bétail (13%) Revenus du travail (17%)

Activités Economiques Les activités génératrices de revenus sont plus diversifiées que dans les deux autres zones. En fonction des réponses obtenues, les principales activités économiques dans la zone pastorale sud-est sont : les rémunérations tirées de la vente de charbon et du travail non qualifié29 (voir graphique 9). Dans les 12 derniers mois, la répartition entre les différents types d’activités s’est équilibrée bien que les rémunérations (tirées du travail non qualifié et agricole) restent prédominantes. L’impact de la sécheresse se remarque dans la diminution des ventes de bétail, de 13 à 5% aujourd’hui. Selon l’évaluation de sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) menée en 2006 par le PAM, l’élevage et la vente de bétail constituent la principale source de revenus.

Graphique 9: Activités économiques zone sud-est

Sud-Est: Activités génératrices de revenus

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2008 2007

Autres

Vente de bois pourchauffer

Vente de charbons

Dons/Prêts

Salaires, gages

Envois d’argent Environ 75% des personnes enquêtées ont rapporté qu’elles n’avaient pas reçu d’envois d’argent liquide, 25% en avaient reçu et 76% ont déclaré avoir reçu une aide en nature sous forme de nourriture. 53% de ceux ayant bénéficié des envois d’argent ont déclaré que celle-ci étaient moins importante que les années précédentes.

29 According to key informant discussion, the increased amount of direct foreign investment in Djibouti city has led to a boom of constructions sites, for which unskilled and skilled work forces are necessary.

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Depenses Alimentaires

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Sud-Est

Sucre

Légumes frais

Animal Pdts

Huile végétale,graisses

Viande

Légumineuses

Céréales/Pâtes

Sud-Est: Sources Alimentaires

77%

0%3%

20%

Achat Production Propre Dons Aide Alimentaire

Types de dépenses Dans la zone sud-est, 24% du budget est consacré à la nourriture, 75% aux articles non alimentaires. Les céréales représentent 38,4% des dépenses alimentaires, le sucre 33% et l’huile 11% (voir graphique 10 ci-contre). En 2006, ces données étaient similaires Mouvements migratoires Dans le sud-est, 90% des ménages qui ont répondu aux questionnaires ont déclaré qu’aucun membre de leur famille n’avait migré avec du bétail. Les discussions menées auprès des groupes cibles donnèrent une image différente. Là, toutes les communautés ont indiqué que des personnes étaient actuellement en train de migrer, cependant la majorité migrait sans bétail. On peut affirmer que ces gens voyageaient vers les villes plus importantes comme DiKhil, Ali Sabieh ou Djibouti pour trouver un emploi sur les sites de construction. Chocs Selon les ménages et les discussions menées auprès des groupes cibles, les principaux chocs dans la zone de mode de vie sud-est dans les 3 derniers mois furent : les prix inhabituellement élevés (40,4%), la baisse de disponibilité de l’eau (23,6%) et le fort et inhabituel niveau de décès parmi le bétail. 85% des ménages a déclaré qu’il avait été négativement affecté par ces chocs lors des 3 derniers mois. Stratégies de subsistance La aussi la plupart des ménages négativement affectés par ces chocs ont rapporté, qu’à leur niveau, rien ne pouvait être fait pour leur permettre de s’en remettre. Environ 46% d’entre eux a déclaré n’avoir rien fait pour compenser ces chocs tandis que certains ont réduit la quantité de nourriture (16%), d’autres ont réduit leurs dépense (12,3%) et 5,5 % ont continué à vendre leur bétail. Consommation et accès à la nourriture Selon les réponses des ménages, les adultes et les enfants ont pris 2 repas le jour précédent. En moyenne, un enfant prend 2,7 repas par jour, 2,9 en 2006. Un adulte, 2,7 repas par jour soit le même chiffre qu’en 2006. Au niveau du ménage, les principales sources d’approvisionnement en nourriture sont les achats (76%) et l’assistance alimentaire (19%). Seule une petite part de la nourriture consommée est autoproduite ou a pour origine un don, proportions similaires à 2006. Selon les critères, 31% des ménages ont une alimentation pauvre, 36% moyenne et 33% une consommation acceptable. En 2006, ce dernier groupe représentait la majorité (57%). Les ménages ayant une consommation pauvre ou moyenne ont vu leur pourcentage augmenter respectivement de 24 à 31% et de 19 à 36%. Ce déclin peut être expliqué par la détérioration de l’accès à la nourriture dans cette région ainsi qu’à l’augmentation des prix (voir également le paragraphe intitulé chocs ci-dessus). Graphique 11: Principal source d’approvisionnement en nourriture.

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Santé, eau et hygiène La plupart des sites visités n’avaient pas de centres de santé (6 sur 9) mais la plupart reçoivent régulièrement les visites d’une équipe médicale mobile. Dans certaines zones, il s’agit d’une visite hebdomadaire. Selon les discussions avec les groupes cibles, les principaux problèmes de santé au village sont la fièvre, la diarrhée etc. et une malnutrition globale. Dans cette zone, les villages visités ont indiqué qu’ils recevaient de l’eau soit de pipelines, soit de puits peu profond (1), soit de forages (4), soit de puits/sources protégé(e)s (3). Les points d’eau sont utilisés par les hommes comme par les animaux. Sur 5 villages sur 9 visités il y avait une école primaire. Le ration filles/garçons peut varier de 20/80 à 40/60 selon les villages. Comparé à 2006, le système éducatif semble s’être amélioré, à l’époque 60% des communautés avaient indiqué ne pas disposer d’une école fonctionnelle. Marchés Les quelques commerçants enquêtés ont déclaré que les denrées les plus vendues ces 3 derniers mois étaient le riz et le sucre. Certains d’entre eux constatant que le volume des ventes de riz avait augmenté durant cette même période. En parallèle, ils ont précisé que la demande globale avait baissé lors des derniers mois. Aujourd’hui, 3 commerçants sur 5 sont encore capables de fournir un crédit à leurs clients. Tous les commerçants ont indiqué que les prix avaient augmenté lors des 12 derniers mois. A chaque fois, les boutiquiers enquêtés ont constaté que la principale raison qui avait amené cette augmentation de prix était l’augmentation générale des prix dans la capitale ainsi que les coûts de transport. Analyse Sécurité Alimentaire Les ménages de cette zone sont ceux ayant les activités de subsistance les plus diversifiées même si la sécheresse récurrente et la hausse des prix ont eu malgré tout un impact négatif. Les ventes de bétail ont baissé à cause de la faiblesse du bétail, les envois d’argent ont diminué à cause de la hausse des prix et à son tour la consommation à travers les marchés a été compromise autant en terme de qualité que de quantité. Les migrations, une des stratégies de subsistance de la population, ont été entravés par le nombre limité de pâturage et d’eau. On peut conclure que la situation nutritionnelle des ménages a été aussi négativement affectée par ce cycle d’événements. Dans cette zone également, les ménages moyens (environ 5,600 à 14,100 personnes) risquent de voir leur situation empirer et pourraient être considérés bientôt comme des ménages pauvres si les prix continuent à augmenter. Aujourd’hui, il y a 10,000 personnes en insécurité alimentaire dans cette zone. Comparé aux zones centre et nord-ouest, il est important de noter qu’il existe plus d’activités génératrices de revenus alternatives et qu’en mai 2008 des pluies ont été enregistrées. Tableau 13: Résumé de l’analyse

Premières causes La sécheresse chronique reste un choc affectant l’ensemble de la population dans cette zone. L’augmentation des prix de la nourriture et de l’énergie a également eu un impact majeur sur l’ensemble de la population. Les services de base tels que la santé, l’éducation etc. ne se sont pas améliorés ces dernières années

Stratégies et activités de subsistance

Cette zone est la plus diversifiée en termes d’activités de subsistance mais l’augmentation des prix et les sécheresses à répétition sapent peu à peu celles-ci. Cette région est la plus proche de la ville de Djibouti et peut compter sur les marchés et les envois d’argent. Le pouvoir d’achat des ménages s’est réduit à cause de la hausse des prix. Les envois d’argent en provenance des centres urbains se sont également réduits à cause de la hausse des prix. Les résultats montrent également que des sources de revenus alternatives sont trouvées dans les centres urbains. Certains membres des ménages dits

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moyens ou plus riches ont trouvé du travail sur les sites de construction à Djibouti, Dikhil et Ali Sabieh.

Actifs liés aux moyens de subsistance

Bien que la vente de bétail contribue moins aux activités économiques que dans les autres zones, le sud-est a perdu un grand nombre de bêtes à cause des sécheresses. Les mouvements migratoires avec du bétail ont été limités car il n’y a ni suffisamment d’eau ni suffisamment de pâturages dans les autres zones. Cela crée un cycle avec moins ou pas de produits issus de l’élevage, moins de revenus et une consommation réduite/pauvre.

Accès à la nourriture. Le sud-est est fortement dépendant des marchés pour son approvisionnement en denrées alimentaires. Cependant, la plupart des sources de revenus comme la vente de bétail et les envois d’argent ont baissé soit à cause des sécheresses continuelles soit à cause de l’augmentation des prix. Résultat : l’accès à la nourriture est compromis.

Disponibilité de la nourriture.

En baisse car le bétail ne fournit plus ni lait ni beurre pour les populations rurales.

Fonctionnement des marchés

Les marchés sont toujours en activité dans les zones urbaines mais avec une intensité moins forte car la demande générale a baissé. Les commerçants ont eux-mêmes des difficultés à s’approvisionner comme le prix du transport et des marchandises chez les grossistes ont fortement augmenté. L’accès aux crédits est également un problème important pour les commerçants, comme pour les clients en zones rurales. Il devait être précisé que le gouvernement a essayé d’intervenir en maintenant le prix des aliments de base. Cependant, l’application de ces mesures demeure un problème majeur.

Consommation La combinaison de tous les facteurs évoqués ci-dessus a affecté la consommation des ménages de la zone. L’accès à la nourriture a été limité suite à l’augmentation des prix, à la réduction du pouvoir d’achat et aux sécheresses récurrentes, ce qui conduit les ménages à réduire le nombre de repas pris par jour ainsi que la qualité et la quantité de nourriture consommée. Bien que l’étude ne portait pas sur les aspects nutritonnels, cela affectera à long terme la situation nutritionnelle dans cette zone. Aujourd’hui, 14,000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire dans cette zone.

4.4. Population affectée

La section suivante fournit des estimations sur la répartition, en mai 2008, des groupes de richesse pour chaque zone de mode de vie (dans le milieu rural). Les estimations sont tirées des discussions avec les groupes cibles et les groupes de niveau de richesse triangulées avec les résultats de l’enquête menée auprès des ménages. Il faut reconnaître que ces classements ne peuvent être qu’une approximation et ne sont pas statistiquement représentatifs. Cependant, ces données fournissent une tendance quantitative soutenue par la qualité des données collectées sur le terrain. La population rurale dans la zone rurale est estimée à 99,000 personnes30. A partir des résultats tirés des discussions et de l’enquête auprès des ménages, on peut affirmer que le nombre de personnes se trouvant actuellement dans les groupes de niveau de richesse pauvre et moyen est compris entre environ 37,000 et 86,000 personnes (voir tableau 14), ces personnes représentent la population la plus affectée par les chocs et étant dans une situation d’insécurité alimentaire voire d’insécurité alimentaire grave.

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Tableau 14: Répartition de groupe de niveau de richesse dans Djibouti rural Groupe de niveau de richesse Pauvre Moyen Plus riche Nombre total 16,000 -41,000 21,000 - 45,000 21,000 - 51,000

Des estimations similaires ont été tirées en utilisant le score de consommation alimentaire comme proxy. Les calculs ont permis d’évaluer à environ 50,000 le nombre de personnes ayant un régime alimentaire pauvre et à environ 20,000 celles avec un régime moyen (voir tableau 15 ci-dessous31). A partir de ces deux modes de calcul, on peut estimer qu’environ 70,000 personnes peuvent être considérées en situation d’insécurité alimentaire modérée ou sévère. Tableau 15: Groupes de consommation alimentaire en % et nombre total. Enquête 2008: Score de consommation alimentaire Unité Pauvre Moyen Pus riche Zone Nord-ouest 35 38 28 Zone Centre32 69 5 27 Zone Sud-est En % 30 36 34 Zone Nord-ouest 5,500 6,100 4,400 Zone Centre 34,100 2,300 12,900 Zone Sud-est 10,000 11,700 11,100 Total Nombre 49,600 20,100 28,400 Donc, comme le PAM fournit actuellement une assistance alimentaire à environ 53,000 bénéficiaires en situation d’insécurité alimentaire sévère, un total d’environ 15,000 – 20,000 personnes supplémentaires peuvent être considérées comme ayant besoin d’une assistance alimentaire entre la fin de la période de soudure (juin – août 2008) et janvier/février 2009 (fin de la saison Heys/dada). Cette assistance supplémentaire devrait fournir assez de support aux ménages pauvres/moyens pour leur permettre d’augmenter leur cheptel durant cette période. En se basant sur l’idée selon laquelle les ménages moyens possèdent environ 10 chèvres (7 femelles, 3 mâles), on peut affimer qu’à la fin février 2009, le nombre de chèvres aura doublé. Il est également important de souligner que les chèvres ont un cycle de reproduction saisonnier, l’approvisionnement en lait peut être de courte durée (2-3mois) et a lieu pendant les dernières pluies et les mois d’hivernage. Le soutien aux ménages est donc crucial durant cette période.

30 PAM, 2008. Zone nord-ouest (16,096), Zone centre (49,462), Zone sud-est (33,001), en excluant les “chefs-lieux” (villes, et gros villages - >5000 population) 31 Voir annexe pour le calcul du score alimentaire 32 Le pourcentage de groupes de consommation pauvre peut être expliqué par le fait que les ménages ont reçu depuis peu des légumineuses (haricots) lors des dernières distributions alimentaires.

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33

5. Conclusions En fonction des résultats de l’enquête menée auprès des ménages, des discussions avec les groupes cibles et les groupes de niveau de revenu, les conclusions suivantes peuvent être tirées :

Par rapport à 2006, l’effet combiné de l’augmentation des prix et de la sécheresse a généré une baisse générale des activités de subsistance dans les régions du nord-ouest et du centre en 2008 ;

Dans les régions du sud-est, les activités génératrices de revenus sont restées les mêmes, exception faite des activités liées au bétail qui ont diminuées.

Les donations en nature et en argent liquide à destination des zones rurales ont diminué à cause du déclin du pouvoir d’achat des membres de la famille qui travaillent dans les zones urbaines, déclin provoqué par la hausse des prix.

Il est également important de noter que les discussions menées auprès des groupes cibles ne soutenaient pas l’avis général qui considérait que les envois d’argent ne sont pas la source de revenus principale dans la zone pastorale centre33. Mais également que les envois d’argent ont joué un rôle général moins important dans la partie nord du pays comparé aux deux autres zones de mode de vie34.

Les mouvements migratoires (avec ou sans bétail) dans les zones de mode de vie centre et nord sont très limités du fait du manque de pâturages et d’eau.

La vente de bétail est la principale activité économique des groupes de consommation acceptable mais si l’on se réfère aux discussions de groupe et en tenant compte des différents chocs, cette activité a fortement baissé et cette baisse pourrait faire glisser cette catégorie de population vers une situation de détresse assez rapidement.

Les marchés montrent une baisse globale de la demande et une hausse des prix de toutes les marchandises. L’accès au crédit reste très difficile pour les commerçants comme pour les clients. Cette tendance est plus forte dans les zones nord et centre que dans la zone sud du pays.

La partie de la population la plus affectée est celle qui n’a pas ou alors qu’une seule activité de subsistance, avec très peu de bétail (moins de 12 têtes) et un faible support familial. Ces personnes sont le plus souvent des veufs et veuves, des orphelins ou encore des handicapés dont le score de consommation alimentaire est très bas. Par conséquent, les critères de ciblage suivants pourraient être considérés pour les interventions du PAM :

- Les femmes se retrouvant chefs de ménage suite au décès de leurs maris (ou bien si celui-ci est constamment malade, etc.) et qui dépendent du voisinage ou de parents pauvres pour survivre, et qui n’ont pas de bétail ou très peu (moins de 12 chèvres). - Les personnes âgées à la tête d’un ménage, et plus spécialement ceux supportant des enfants et qui reçoivent une aide limitée de la part des autres membres de la famille. - Les ménages où un adulte est constamment malade, qui n’ont pas de bétail ou très peu (mois de 12 chèvres), qui ne bénéficient pas d’envois d’argent et/ou n’ont qu’un soutien limité de leurs proches. - Les ménages qui ont perdu tout leur bétail ou qui n’en possèdent que très peu (nord-ouest, moins de 10 chèvres et pas de chameaux; centre, moins de 20 chèvres et moins de 10 chameaux ; sud-est, moins de 10 chèvres et moins de 5 chameaux).

Les groupes de population ayant un niveau de richesse moyen dans les zones centre et nord-ouest sont susceptibles de chuter vers un niveau de richesse pauvre si les prix continuent à augmenter, la sécheresse à persister et si de nouvelles activités économiques ne sont pas disponibles. Tout cela affectera aussi directement le régime alimentaire de ces ménages.

33 FEWSNET, 2004, page 10. 34 FEWSNET, 2004, page 10.

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34

Une très faible part de la population ayant un niveau et des habitudes de consommation acceptable ont pour activités économiques la vente d’artisanat principalement dans le nord) et la vente de charbon.

Une part importante des groupes de population ayant une consommation pauvre ont déclaré avoir d’autres activités (non précisées) comme principale source de revenu, ce qui pourrait être interprété comme un signe de détresse.

Il y a une part significative de ménages ayant une consommation pauvre dans la zone de mode de vie centre (69%) comparée aux 2 autres zones.

Il est important de noter que la zone de mode de vie sud-est développe des activités génératrices de revenus alternatives, ce qui n’est pas le cas dans les autres zones. De plus, dans la zone sud-est, des pluies ont été enregistrées en mai 2008.

Aujourd’hui, si l’on se réfère aux discussions menées avec les groupes de niveau de richesse et aux réponses données par les ménages aux questionnaires, on peut assurer qu’environ 37,000 – 80,000 personnes font partie des groupes dits pauvre et moyen.

L’analyse des données secondaires de ce rapport :

Montre un certain nombre d’incohérences dans les informations données par le FEWSNET dans ses alertes sécurité alimentaire entre 2004 et 2008 ;

Cela est du aux chiffres peu fiables donnés par la population, desquels il est délicat de tirer des estimations ; et,

Que la sécheresse est un événement récurent dans cette région et que de brèves périodes de pluies peuvent soulager la population et réduire les risques d’insécurité alimentaire35.

35 Voir le FEWSNET, alerte de décembre 2006,

Page 35: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

35

6. Recommendations et étapes suivantes Depuis le début de l’année 2007, le PAM et ses partenaires ont assisté plus de 50,000 bénéficiaires à travers les interventions prolongées de secours et de redressement (IPSR). Les résultats de l’enquête de sécurité alimentaire menée en 2008 ont montré que les mécanismes de subsistance et la situation sécurité alimentaire a changé ces 12 derniers mois. L’ensemble de la population de Djibouti a été affecté par la hausse des prix et les populations rurales doivent en plus endurer la sécheresse. Ces deux chocs ont eut un impact sur les activités de subsistance et la consommation alimentaire. A cause de la sécheresse et de l’augmentation des prix, on peut affirmer que le nombre de personnes appartenant aujourd’hui aux groupes de niveau de richesse pauvre et moyen se situe entre 37,000 et 80,000 personnes. Ces deux groupes sont hautement vulnérables comme l’ont démontré les habitudes alimentaires pauvres ou limites de ces groupes. En fonction des résultats de cette enquête, il est recommandé que 15,000 – 20,000 personnes supplémentaires soient assistées entre la fin de la saison de soudure (juin – août 2008) et janvier/février 2009 (fin de la saison Heys/Dada), et ce dans les 3 zones ce qui représente un nombre total de 70,000 bénéficiaires (voir tableau 16). En supposant que les conditions générales s’améliorent dans les 6-9 prochains mois, ce qui permettrait aux communautés rurales de se remettre de ces 2 chocs, le programme d’interventions suivant est recommandé :

Recommandation 1: Continuer les distributions générales de nourriture (ration complète dans les zones nord-ouest et centre et demi-ration dans la zone sud-est36) jusqu’à la fin janvier/février 2009 pour tous les ménages pauvres et ce dans les trois zones de mode de vie;

Recommandation 2: En plus de ces distributions aux groupe de niveau de richesse pauvre, effectuer une distribution générale entre la période de soudure 2008 (juin-août) et la fin janvier/février 2009 (fin de la saison Heys/dada) pour tous les groupes à niveau de richesse moyen dans les 3 zones de mode de vie (ration complète dans les zones nord-ouest et centre, demi-ration dans la zone sud-est37);

Recommandation 3: Continuer les programmes de Soutien alimentaire aux écoles dans les 3 zones; et

Recommandation 4: A la fin de la distribution générale, la programmation passera à d’autres options de réponses comme l’a recommandé la mission de revue des programmes en 2007.

Comme le montre le tableau 16 ci-dessous, la quantité totale de nourriture nécessaire pour assurer les distributions aux personnes ciblées entre juin 2008 et février 2009 et de 8,88’ m3. Tableau 16: Rations totales

Zone Population totale ayant une consommation

alimentaire pauvre ou moyenne

Ration journalière / personne / jour

Ration total juin 08 à février 09 pour les

distributions générale en M3

Zone nord-ouest 11,600 555 1,751 Zone centre 36,400 555 5,495 Zone sud-est 21,700 278 1,638 Total 69,700 8,884 Il convient de préciser que l’évaluation a été conduite quand les écoles étaient fermées mais plusieurs personnes interrogées ont déclaré qu’elles comptaient sur le programme de soutien alimentaire aux écoles, surtout pour les enfants. Ce programme continuera dans toutes les zones rurales comme prévu.

36 Voir détails en annexe 6. Ration totale distribuée aux bénéficiaires sélectionnés pour le Distribution Générale : 8,884 M3.

Page 36: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

36

Les critères de ciblage sont : • Les femmes à la tête du ménage suite au décès de leurs maris (ou bien si celui-ci est constamment

malade, etc.) et qui dépende du voisinage ou de parents pauvres pour survivre, et qui n’ont pas de bétail ou très peu (moins de 12 chèvres) ;

• Les personnes âgées à la tête d’un ménage, et plus spécialement ceux supportant des enfants et qui reçoivent une aide limitée de la part des autres membres de la famille ;

• Les ménages ou un adulte est constamment malade, qui n’ont pas de bétail ou très peu (mois de 12 chèvres), qui ne reçoivent pas de Envois d’argent et/ou n’ont qu’un support limité de leurs proches ; et

• Les ménages qui ont perdu tout leur bétail ou qui n’en possèdent que très peu (nord-ouest, moins de 10 chèvres et pas de chameaux; centre, moins de 20 chèvres et moins de 10 chameaux ; sud-est, moins de 10 chèvres et moins de 5 chameaux).

En outre il est recommandé de mener :

• Une évaluation conjointe en zone urbaine avec le FEWSNET (comme déjà envisagé) pour analyser l’impact de l’augmentation des prix sur la sécurité alimentaire. Cette évaluation devrait également aider à mieux cerner le profil des ménages en zone urbaine ainsi que leurs mécanismes de subsistance développés suite à ces chocs ; et

• Une évaluation de marché régionale pour évaluer le commerce transfrontalier entre Djibouti, l’Ethiopie et le Somaliland

37 Voir détails en annexe 6

Page 37: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

37

Annexe 1: Carte de Djibouti (incluant les zones visitées)

Page 38: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

38

Annexe 2: Comment Les niveaux de richesse sont déterminés Comme indiqué dans les directives ACV: «Lors de la création d’un système de score composite de diversité alimentaire (avec ou sans la dimension de fréquence alimentaire), le choix des indicateurs est a la fois obligatoire et subjectif. Les poids sont habituellement constants à travers l’analyse et ce afin d’assurer un meilleur niveau de standardisation de l’outil. Le principe guidant la détermination des poids se base sur la valeur nutritive des groupes d’aliments. Le poids le plus élevé est attribué aux aliments dont la valeur énergétique est élevée et qui contiennent des protéines de bonne qualité et une large gamme de micronutriments pouvant être facilement assimilés». Les poids suivants ont été utilisés lors des calculs:

Groupes d’aliment

Poids Justification

Principaux aliments de base 2

Très énergétiques/habituellement consommés en grande quantité, contiennent des protéines de basse et pauvre qualité (PER38 -) comparé aux légumes, micronutriments (lié aux phytates).

Légumineuse 3 Très énergétique, beaucoup de protéines mais de pauvre qualité (PER -) comparé à la viande, micronutriments (inhibés par les phytates), peu de lipides.

Légume 1 Peu énergétique, peu protéiné, peu gras, micronutriments

Fruit 1 Peu énergétique, peu protéiné, peu gras, micronutriments

Viande et poisson 4 Protéine de très bonne qualité, micronutriments facilement assimilable (pas de phytates), très énergétique, gras. Même si consommé en faible quantité, amène une nette amélioration du régime alimentaire.

Lait 4

Protéine de très bonne qualité, micronutriments, vitamine A, énergétique. Cependant, le lait ne peut-être consommé qu’en très faible quantité et doit-être considéré comme un condiment et par conséquent il est nécessaire de le re-classifier dans certains cas.

Sucre 0.5 Plein de calories. Habituellement consommé en faible quantité.

Huile 0.5 Très énergétique mais ne contient généralement pas de micronutriments. Habituellement consommé en faible quantité.

Condiments 0 Ces aliments sont par définition consommés en petite quantité et n’ont pas d’impact sur le régime alimentaire des ménages.

Les groupes de consommation alimentaire sont répartis de la façon suivante :

Score de consommation alimentaire Profiles

0-21 Pauvre

21.5-35 Moyen

> 35 Acceptable

Le score alimentaire est bas même dans le cas de populations où la consommation d’huile et de sucre est fréquente à travers la majorité de la population, alors que la consommation d’autres groupes d’aliments est insuffisante. Par ailleurs, la population Djiboutienne ne se caractérise pas par une consommation homogène d’huile et de sucre.

38 PER Protein Efficiency Ratio, mesure de la qualité des protéines contenues dans les aliments.

Page 39: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

39

Annex 3

Distribution des richesses par zone de mode de vie

Groupe en % Pauvre Moyen Plus riche

p Pauvre Moyen Plus riche Bétail Nombre et type de sources de revenue Bétail

Nombre et type de sources de revenue Bétail

Nombre et type de sources de

revenue

90 5 5 <5 Chèvres (1) artisanat données non disponibles données non disponibles >5 Chameaux ; >50 Chèvres (1) bétail 30 40 30 <5 Chèvres; <2 Anes (2) artisanat/ Envois d’argent <5 Chameaux; 5-10 Chèvres (2) Bétail/artisanat >10 Chèvres (2) - Envois d’argent

35 55 10 <5 Moutons (2) artisanat/vin de palme <5 Chèvres; <2 Anes; <2 Chameaux (2) artisanat/vin de palme données non disponibles données non disponibles Nor

thw

est

30 50 20 10 -20 moutons 0 données non disponibles données non disponibles données non disponibles données non disponibles 18 45 36 données non disponibles données non disponibles données non disponibles données non disponibles

10 30 60 <5 Chameaux; <20

Chèvres; <5Moutons 0 5-10 Chameaux; 10-20 Chèvres; 5-7

Vaches 0 > 10 Chameaux; >20 Chèvres; >

10 Vaches (2) pensions/ bétail/

Envois d’argent 30 20 50 0 données non disponibles données non disponibles Chameaux, Chèvres, Vaches (2) bétail/salaries

50 30 20 <5 Chèvres 0 Chèvres, chameaux (2) bétail/Envois d’argent > 12 Chameaux; > 50 Chèvres (3) bétail/ salaries/Envois

d’argent

Cen

tral

40 30 30 <5 Chèvres; <5 Vaches 0 5-10 Chèvres& Chameaux & moutons données non disponibles données non disponibles données non disponibles

<3 Anes (1) petit commerce données non disponibles données non disponibles 0

(4) commerce / salaires/ bois de chauffage /

construction <5 Chèvres (1) bois de chauffage 3-8 Chèvres (1) bois de chauffage données non disponibles données non disponibles

32 26 42 10 - 25 Chèvres (1) dons Moutons >7 Chèvres (2) pensions / bétail 38 63 0 <5 Chèvres (2) bétail/bois de chauffage 3-5 Chèvres (2) bétail/bois de chauffage données non disponibles données non disponibles

25 74 2 20-30 Chèvres (1) dons 30 - 40 Chèvres & Chameaux (3) bétail/bois de chauffage/charbon 30-50 Chèvres / 2 Chameaux (2) - pensions / bétail

1-5 Chèvres (1 support familial 7- 10 Chèvres (1) bétail >15 Chèvres (3) pensions /

bétail/bois de chauffage 29 43 29 < 10 Chèvres (2) bétail/bois de chauffage données non disponibles données non disponibles données non disponibles données non disponibles

33 17 50 0 (2) bois de chauffage/dons 5-10 Chèvres ; Chameaux (1) Envois d’argent > 30 Chameaux / > 600 Chèvres (3) bétail / bois de chauffage/ salaries

9 21 70

<15 Chameaux; <10 Vaches; <50 Chèvres;

<20 Moutons (2) bétail/Envois d’argent données non disponibles données non disponibles > 300 Chèvres/Moutons; >200

Chameaux (3) Envois d’argent/

bétail/charbon

Sud-

est

19 2 79 <20Chèvres (1) charbon 10-20Chèvres (2) bétail/charbon données non disponibles données non disponibles

Page 40: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

40

Annex 4 Saisons Année Zones de mode de

vie Heys/Dada Novembre – Février

Diraa/Sougoum Mars – Mai

Karan/Karma Juin – Octobre

Population affectée

Zone nord-ouest Insécurité alimentaire modérée • Pluies faibles • Augmentation possible du prix des

aliments de base

Zone sud-est Insécurité alimentaire modérée • Pluies faibles • Augmentation possible du prix des

aliments de base

Insécurité alimentaire modérée • Pluies faibles • Faible production de lait à cause des

pâturages pauvres

2004

Zone centre

11,350

Zone nord-ouest Insécurité alimentaire haute • Succession de pluies faibles • Pluies faibles • Pâturage pauvre • mouvements migratoires

précoces

Insécurité alimentaire modérée • Amélioration des pluies • Disponibilité des pâturages et de l’eau

toujours faible • Opportunités de travail plus faibles

Zone sud-est Insécurité alimentaire haute • Succession de pluies faibles • Pluies faibles • Pâturage pauvre • mouvements migratoires

précoces

Insécurité alimentaire modérée • Amélioration des pluies • Disponibilité des pâturages et de l’eau

toujours faible • Opportunités de travail plus faibles

2005

Zone centre Insécurité alimentaire • Amélioration des pluies • Disponibilité des pâturages et de l’eau

toujours faible • Opportunités de travail plus faibles • Mouvements migratoires vers les

zones de pâturage côtières.

47,500

Page 41: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

41

Zone nord-ouest Insécurité alimentaire modérée • Pas de pluies lors des principales

saisons des pluies et sécheresse prolongée dans les zones ou le bétail est le plus dépendant.

• Pénurie d’eau dans les zones de captage.

• Mouvements migratoires désespérés

Insécurité alim. modérée • Saison des pluies Karan retardées • Pâturages et eau limités pour les

éleveurs • Mauvaise condition physique du bétail

d’où de faibles ventes.

Zone sud-est Insécurité alimentaire modérée • Pas de pluies lors des principales

saisons des pluies et sécheresse prolongée dans les zones ou le bétail est le plus dépendant.

• Pénurie d’eau dans les zones de captage.

• Mouvements migratoires désespérés

Insécurité alim. modérée • Saison des pluies Karan retardées • Pâturages et eau limités pour les

éleveurs • Mauvaise condition physique du bétail

d’où de faibles ventes • Détérioration de la sécurité

alimentaire des les zones urbaines suite à l’augmentation des prix.

2006

Zone centre Insécurité alimentaire modérée • Pas de pluies lors des principales

saisons des pluies et sécheresse prolongée dans les zones ou le bétail est le plus dépendant.

• Pénurie d’eau dans les zones de captage.

• Mouvements migratoires désespérés

Insécurité alimentaire • Pâturages et eau limités pour les

éleveurs • Mauvaise condition physique du bétail

150,000 personnes

menacées dans les zones rurales et

70,000 dans les zones urbaines.

Page 42: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

42

Zone nord-ouest Insécurité alimentaire haute • Augmentation du prix des

céréales d’où une hausse du coût du panier alimentaire principalement dans les zones urbaines.

• Augmentation du coût du transport suite à l’augmentation du prix des carburants.

• Faibles pluies lors de la saison des pluies Karan en 2006

Insécurité alimentaire modérée • Peu de pâturage et d’eau • Saison des pluies Diraa commencée en

retard en 2007 • Prix élevés • Le gouvernement a lancé un appel à

l’aide suite à la sécheresse

Insécurité alimentaire haute • Pluies de la saison Diraa faibles et

saison des pluies Karan en retard. • Pâturages et eau limités pour les

éleveurs • Mauvaise condition physique du bétail • Faible production de lait • Prix des aliments de base en hausse • Saison des pluies Karan arrivées à

temps bien que leur intensité soit en-dessous du niveau normal

2007

Zone sud-est Insécurité alimentaire haute • Augmentation du prix des

céréales d’où une hausse du coût du panier alimentaire principalement dans les zones urbaines.

• Augmentation du coût du transport suite à l’augmentation du prix des carburants.

• Faibles pluies lors de la saison des pluies Karan en 2006

Insécurité alimentaire modérée • Peu de pâturage et d’eau • Saison des pluies Diraa commencées en

retard en 2007 • Prix élevés • Le gouvernement a lancé un appel à

l’aide suite à la sécheresse

Insécurité alimentaire modérée • Pâturages et eau limités pour les

éleveurs • Pluies faibles lors de la saison Diraa et

saison des pluies Karan en retard. • Saison des pluies Karan arrivées à

temps en 2007 bien que leur intensité soit en-dessous du niveau normal

Page 43: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

43

Zone centre Insécurité alimentaire haute • Augmentation du prix des

céréales d’où une hausse du coût du panier alimentaire principalement dans les zones urbaines.

• Augmentation du coût du transport suite à l’augmentation du prix des carburants.

• Faibles pluies Karan en 2006

Insécurité alimentaire modérée • Peu de pâturage et d’eau • Prix élevés • Le gouvernement a lancé un appel à

l’aide suite à la sécheresse

Insécurité alimentaire modérée • Peu de pâturage et d’eau • Saison des pluies Diraa faibles et

saison des pluies Karan en retard • Saison des pluies Karan arrivées à

temps en 2007 bien que leur intensité soit en-dessous du niveau normal

• Prix des aliments de base en hausse • Fin de la saison des pluies Karan

favorable d’où une amélioration de l’état des pâturages et de l’accès à l’eau.

2008 Zone nord-ouest Insécurité alimentaire extrême • Pas de pluies côtières • Taux de malnutrition au-dessus

du seuil d’urgence

Insécurité alimentaire extrême • Pluies en retard • Pâturages pauvres • Bétail en piteux état • Forte augmentation des prix des

aliments de base.

Zone sud-est Insécurité alimentaire extrême • Pas de pluies côtières • Taux de malnutrition au-dessus

du seuil d’urgence • Forte augmentation des prix des

aliments de base.

Insécurité alimentaire extrême • Pluies en retard • Pâturages pauvres • Bétail malade et faible • Forte augmentation des prix des

aliments de base

Zone centre Insécurité alimentaire modérée • Pas de pluies côtières • Taux de malnutrition en-dessus

du seuil d’urgence • Forte augmentation des prix des

aliments de base

Insécurité alimentaire modérée • Pluies en retard • Pâturages pauvres • Bétail en piteux état • Forte augmentation des prix des

aliments de base

55,000 – 80,000 (dans les zones

rurales)

Source: FEWSNET - Rapports et alertes

Page 44: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

44

Annexe 5: Collecte des données sur le terrain - Méthodologie Les données ont été collectées en utilisant 4 instruments différents : i) groupes cibles (focus groups), ii) groupes de niveau de richesses, iii) enquêtes auprès des ménages et, iv) auprès des commerçants. Des techniques de piles proportionnelles ont également été utilisées lors des discussions avec les différents groupes afin de définir la répartition des richesses au sein des communautés visitées. La partie suivante décrit en détails la façon dont ces instruments ont été appliqués. Général:

1. Les sites visités ont été sélectionnés en utilisant un échantillonnage à 2 degré. 30 sites furent au total sélectionnés.

2. équipes ont été constituées couvrant 1 ou 2 zones de mode de vie. Chaque équipe était

composée d’un chef d’équipe, de 3 enquêteurs et d’un chauffeur. La collecte des données était estimée à 7 jours, chaque équipe devant visiter jusqu’à 2 sites par jour.

3. Avant de commencer la collecte des données sur le terrain, chaque équipe se présentait au

gouverneur de district pour expliquer le but de l’évaluation et d’obtenir l’accord pour mener cette évaluation. Cette étape permettait également aux équipes de vérifier si les sites sélectionnes étaient accessibles ou pas.

4. Une fois l’équipe d’évaluation sur place, le chef d’équipe présentait toute l’équipe au chef de

village et expliquait à celui-ci le but de la visite.

5. Quand cela était logistiquement possible, l’équipe entière commençait par mener des discussions avec les groupes cibles. Dans certains cas, des équipes ont du attendre que la communauté entière soit rassemblée avant de commencer les discussions. Dans ces situations, une ou deux équipes commençaient les enquêtes auprès des ménages, ménages sélectionnés au hasard à des distances accessibles à pied (jusqu’à 500m) du lieu où étaient réalisées les discussions de groupe.

Discussions avec les groupes cibles/interviews des groupes de niveau de richesse: Les discussions menées avec les groupes cibles et avec les groupes de niveau de richesse représentent les indicateurs de cette évaluation. Elles ont aidé à identifier les différents groupes de niveau de richesse ainsi que leur proportion au sein des sites visités (en zones rurales et urbaines). Elles ont également permis de mieux comprendre les changements qui se sont déroulés ces 12 derniers mois.

1. Une fois l’ensemble de la communauté réunie, 2 membres de l’équipe ont mené les discussions avec les groupes cibles. L’un posait les questions tandis que l’autre prenait des notes et remplissait le questionnaire.

2. Ou cela était possible, un groupe de femmes puis un groupe d’hommes était interrogé séparément.

3. La méthode des piles proportionnelles était généralement appliquée à la fin de l’interview et permettait d’avoir une compréhension claire de la répartition des richesses (pauvre, moyen, plus riche) au sein de la communauté.

4. En fonction de ces informations, les équipes interviewaient chaque groupe de richesse séparément.

Page 45: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

45

Enquêtes auprès des ménages Le questionnaire remplit par les ménages comblait le manque d’informations en complétant les questionnaires des autres groupes. Ces manques étaient des informations détaillées sur la consommation alimentaire, les dépenses, les revenus, les sources d’approvisionnement en nourriture ainsi que les mécanismes de subsistance. Jusqu’à 10 ménages furent sélectionnés au hasard au sein de la communauté. Si la communauté était répartie sur une vaste zone, les interviews des ménages commençaient une fois les équipes sur place afin de gagner du temps. Dans ce cas, le chauffeur conduisait les enquêteurs vers les différents ménages. Quand les communautés étaient situées dans la même zone (périmètre de 200-300m), les interviews commençaient généralement par les discussions avec les groupes cibles.

Enquêtes auprès des commerçants Le questionnaire destiné aux commerçants a fournit des informations d’une part sur l’accès à la nourriture et la disponibilité de celle-ci sur les différents marchés et d’autre part sur l’accès aux crédits pour les commerçants ainsi que pour leurs clients. De plus, les discussions avec les commerçants ont aidé à mieux comprendre la façon dont fonctionnent actuellement les marchés et le comportement des clients dans les communautés rurales aussi bien qu’urbaines. Il est également important de préciser que seulement un petit nombre de commerçants ont été enquêté pendant cette évaluation. Il y a deux raisons à ça :

- les commerçants (petits boutiquiers) étaient rarement présents dans les zones enclavées du pays.

- A cause de l’arrêt soudain de l’évaluation, il n’a pas été possible d’interviewer les commerçants dans les capitales de district comme Djibouti ville.

Page 46: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

46

Annexe 6 - Les profiles de Consommation Alimentaire

Groupe de consommation alimentaire

N (échantillon) Pourcentage Brève description du profil

Consommation pauvre

57 44%

Les ménages composant ce groupe consomment des céréales 6 fois par semaine, de l’huile et du sucre 4 fois. La consommation de viande et de légumineuse est très faible. Ces ménages semblent avoir rencontré des difficultés pour couvrir leurs besoins alimentaires et ils sont très dépendants de l’assistance alimentaire (les denrées essentielles faisait partie du panier PAM). Ils prennent environ 2 repas par jour. Une forte proportion de ces ménages a vendu des produits artisanaux et du charbon et ces ventes constituaient leurs principales sources de revenus.

Consommation limite

34 26%

Ce profil consomme des céréales, de l’huile et du sucre environ 6 fois par semaine, des légumineuses et des légumes au moins une fois par semaine. Les ménages de cette catégorie prennent en moyenne 2,5 repas par jour. Une proportion significative de ces ménages compte sur les salaires et autres revenus du travail (qualifié ou non) comme sources de revenus.

Consommation acceptable

39 30%

En général les ménages constituant ce groupe ont consommé des céréales 7 fois lors de la semaine écoulée. Ils consomment également de l’huile et du sucre 5 fois par semaine et mangent des légumineuses au moins une fois par semaine. La source de revenu principale pour ces ménages est la vente de bétail.

Page 47: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

47

Annexe 7 La ration recommandée par personne et par jour pour les bénéficiaires de la distribution devrait être composée de 400 grammes de céréales, 50 grammes de CSB, 60 grammes de légumineuse, 25 gramme d’huile végétale et 20 grammes de sucre. Cette ration est de 2,100 Kcal par personne et par jour (voir le tableau ci-dessous). Ration et tonnage pour les interventions pour les 6-8 prochains mois est la suivante : Contenu exact de la ration pour les zones de mode de vie nord-ouest et centre de juin 2008 à février 2009.

Contenu Energie Protéine Graisse Calcium Fer Iode VIT.A Thiamine Riboflavine Niacine VIT. C

Ration Journalière g/pers./jour kcal g g mg mg µg µg RE mg mg mg NE mg

Maïs jaune en grains entiers 400 1,440 36.0 14.0 24 9.5 0 564 1.54 0.80 8.0 0 Haricots secs 60 201 12.0 0.7 86 4.9 0 0 0.30 0.13 3.7 0 Huile végétale 25 221 0.0 25.0 0 0.0 0 225 0.00 0.00 0.0 0 Maïs et soja mélanges (selon les Spécifications du PAM) 50 200 9.0 3.0 90 6.4 1 251 0.22 0.35 5.0 25 Sucre 20 80 0.0 0.0 0 0.0 0 0 0.00 0.00 0.0 0 Total 555 2,142 57.0 42.7 200 20.9 1 1,040 2.06 1.28 16.7 25

Source: NutVal 2006, PAM Contenu exact de la ration pour les zones de mode de vie sud-est de juin 2008 à février 2009

Contenu Energie Protéine Graisse Calcium Fer Iode VIT.A Thiamine Riboflavine Niacine VIT. C

Ration Journalière g/pers./jour kcal g g mg mg µg µg RE mg mg mg NE mg

Maïs jaune en grains entiers 200 720 18.0 7.0 12 4.8 0 282 0.77 0.40 4.0 0 Haricots secs 30 101 6.0 0.4 43 2.5 0 0 0.15 0.07 1.9 0 Huile végétale 13 111 0.0 12.5 0 0.0 0 113 0.00 0.00 0.0 0 Maïs et soja mélanges (selon les spécifications du PAM) 25 100 4.5 1.5 45 3.2 0 125 0.11 0.17 2.5 12 Sucre 10 40 0.0 0.0 0 0.0 0 0 0.00 0.00 0.0 0 Total 278 1,071 28.5 21.4 100 10.4 0 520 1.03 0.64 8.3 12

Source: NutVal 2006, PAM Total pour les 6-9 prochains mois : 8,884 M3

Page 48: DJIBOUTI EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN

48

Ration totale en M3 entre juin 2008 et février 2009

Zone Population ayant un régime alimentaire pauvre ou limite

Ration journalière/g/personne/jour Total Ration juin 08 – Fév. 2009 pour la Distribution Générale de Nourriture en M3

Nord-ouest 11,600 555 1,751 Centre 36,400 555 5,495 Sud-est 21,700 278 1,638 Total 69,700 8,884

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