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LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE N°3044 — NOVEMBRE 2015

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La France a été frappée en son cœur par des attentats meurtriers vendredi 13 novembre. Nos pensées et notre compassion vont en premier lieu vers les victimes de ces actes odieux et vers leurs proches. À la demande du président de la République, la Marine intensi�e aujourd’hui son engagement

opérationnel sur le territoire national et à l’extérieur. Elle agit de concert avec les autres armées et avec les forces de sécurité intérieures. Engagée depuis septembre 2014 dans l’opération Chammal, la Marine déploie son groupe aéronaval pour atteindre, avec les autres partenaires de la coalition, les objectifs dé�nis par le chef des armées. Depuis la terre et en mer, elle contribue à protéger le territoire national, notre

population et nos installations sensibles. Conscients que cet engagement s’inscrit dans la durée, les marins répondent avec réactivité et professionnalisme à ce nouveau degré de sollicitation de nos autorités politiques. Qu’ils fassent partie des forces, des états-majors ou des organismes de soutien, ils œuvrent avec dévouement au service de la sécurité des Français, sur mer, sur terre et dans les airs. Ils continueront à répondre à toutes les sollicitations, de la sécurité à la défense, de la basse à la haute intensité, partout où leur action sera rendue nécessaire.Dans de telles circonstances, plus que jamais, les marins doivent faire preuve d’exemplarité et montrer la plus grande détermination dans la conduite de leurs missions.Ils ont toute ma con�ance.

COLS BLEUS - N°3044 — 3

Éditorial

La Marine au service de la sécurité des Français

Rédaction : Ministère de la Défense, SIRPA Marine Balard parcelle Est Tour F, 60 bd du général Martial Valin CS 21623 – 75509 Paris cedex 15 Téléphone : 09 88 68 57 17 Contact internet : redaction.sirpa@ marine.defense.gouv.fr Site : www.colsbleus.fr Directeur de publication : CV Didier Piaton, directeur de la communication de la Marine Directrice de la rédaction : CC Sabine Rivayrol Rédacteur en chef : LV François Séchet Rédactrice en chef adjointe : EV1 Virginie Dumesnil Secrétaire : QM1 Jenny Belledant Rédacteurs et journalistes : EV1 Pauline Franco, LV Xavier Talbot, Stéphane Dugast, Laurence Ollino, ASP Paguiel Kohler Infographie : EV1 Paul Sénard Conception-réalisation : Idé Édition, 33 rue des Jeûneurs 75002 Paris Direction artistique : Gilles Romiguière Secrétaire de rédaction : Céline Le Coq Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Nathalie Pilant Photogravure : Média Grafik Couverture : Pascal Subtil/MN, Paul Sénard/MN 4e de couverture : Paul Sénard/MN Imprimerie : Roto France, rue de la Maison Rouge 77185 Lognes. Abonnements : 01 49 60 52 44 Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8 route du Fort 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Christelle Touzet – Tél : 01 49 60 58 56 Email : [email protected] –Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction. Commission paritaire : n° 0211 B 05692/28/02/2011 ISBN : 00 10 18 34 Dépôt légal : à parution

LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE

AmiralBernard Rogel,chef d’état-major de la Marine

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S i la Marine agit au quotidien pour la défense et la sécurité de ses concitoyens, elle prend également toute sa part dans la défense de l’environnement et singulièrement des

océans. À la veille de la COP 21(1) réunie à Paris, c’est un point qui doit être mis en valeur.Les marins détiennent une expertise reconnue sur l’environnement maritime : c’est une nécessité pour la conduite de nos opérations. Cette expertise fait d’eux des observateurs avertis du changement climatique et de ses impacts en mer.Deuxième axe de son action, la Marine se place en acteur éco-responsable, en réduisant son empreinte

environnementale. Le BPC, bâtiment « 0 déchet », devient ainsi la norme écologique des �ottes modernes.À travers ses missions, la Marine protège également l’environnement en luttant contre les pollutions marines et la pêche illégale.En�n, les capacités de la Marine en métropole et outre-mer lui permettent d’apporter réconfort et assistance aux populations après les catastrophes naturelles. Parmi les risques liés au changement climatique, les phénomènes météorologiques extrêmes sont susceptibles de devenir plus intenses et plus meurtriers. (1) Conférence internationale sur le climat.

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actus 6 32 planète merConférence de Paris sur le climat – Où est la mer ?

39 RH• Caisse nationale militaire de Sécurité sociale, focus sur les téléservices • Filière renseignement, des marins à part entière

34 vie des unités Opérations, missions, entraînements quotidiens Les unités de la Marine en action

42 portraitCC Patrice L’Hour, chef du groupement manœuvre à l’École navale

COLS BLEUS - N°3044 — 5

44 immersionSpartiate : le BPC Mistral mis à l’épreuve !

passion marine 16Développement durable – La Marine défend aussi les océans

rencontre 28• « L’expertise de la Marine dans la maîtrise des risques profite

à l’environnement », contre-amiral Pascal Wilz

48 loisirsToute l’actualité culturelle de la mer et des marins

• Louis Bodin, un monsieur météo tout-terrain

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6 — COLS BLEUS - N°3044

actusNOVEMBRE 2015

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COLS BLEUS - N°3044 — 7

instantané

MISSION ARROMANCHES 2DÉPLOIEMENT DU GAN« La véritable force du groupe aéronaval (GAN), ce sont les hommes et femmes, qui y servent. Ils se sont préparés à cet engagement depuis des mois. Ils sont prêts. Ils sont déterminés. »Contre-amiral René-Jean Crignola, commandant la Task Force 473.

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8 — COLS BLEUS - N°3044

instantané

BMPM : VISITE DU CHEF D’ÉTAT-MAJOR Le 4 novembre, en marge des Assises de la mer, l’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la Marine, s’est rendu au bataillon de marins-pompiers de Marseille. Lors du comité interministériel de la mer (CIMer), le Premier ministre Manuel Valls a décidé de créer une capacité nationale de renfort et d’intervention contre les sinistres à bord des navires, dont le bataillon de marins-pompiers de Marseille sera le pivot.

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actus

10 — COLS BLEUS - N°3044

Amers et azimutInstantané de l’actualité des bâtiments déployés

OCÉAN PACIFIQUE

Antilles

GuyaneClipperton

OCÉAN ATLANTIQUE

OCÉANARCTIQUE

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DONNÉESGÉOGRAPHIQUES

ANTILLESZEE : env. 138 000 km2

GUYANEZEE : env. 126 000 km2

TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUESFRANÇAISESZEE : env. 1 727 000 km2

CLIPPERTONZEE : env. 434 000 km2

MÉTROPOLEZEE : env. 349 000 km2

POLYNÉSIE FRANÇAISEZEE : env. 4 804 000 km2

SAINT-PIERRE-ET-MIQUELONZEE : env. 10 000 km2

NOUVELLE-CALÉDONIE – WALLIS ET FUTUNAZEE : env. 1 625 000 km2

LA RÉUNION – MAYOTTE – ÎLES ÉPARSESZEE : env. 1 058 000 km2

OCÉAN ATLANTIQUE

OPÉRATION CORYMBEBPC Mistral • Alouette III • PHM PM L’Her

OPÉRATIONS DE SURVEILLANCE MARITIME PSP Pluvier • BEGM Thétis • BE Tigre • Falcon 50M

OPÉRATION BARKHANEAtlantique 2

PRÉPARATION OPÉRATIONNELLE BRS Altaïr • BRS Antarès • CMT Cassiopée •BRS Aldébaran • FASM Jean de Vienne •Lynx • FREMM Provence • Caïman

Points d’appui Bases permanentes en métropole,

outre-mer et à l’étranger Zones économiques exclusives françaises

Source Ifremer A

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OCÉAN PACIFIQUE

MISSION ASIEFS Vendémiaire • Alouette III

PRÉPARATION OPÉRATIONELLE FS Prairial • Alouette III

OPÉRATIONS DE SURVEILLANCE MARITIMEPSP Arago

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actus

COLS BLEUS - N°3044 — 11

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Amers et azimutInstantané de l’actualité des bâtiments déployés

MISSIONS PERMANENTES

AÉRONEFS

BÂTIMENTS

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40Sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE)Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA)

Fusiliers marins (équipes de protection embarquées - EPE)Commandos (opérations dans la bande sahélo-saharienne opération Barkhane)

Équipes spécialisées connaissance et anticipation

OCÉAN PACIFIQUE

Polynésie française

Walliset Futuna

Nouvelle-Calédonie

Mayotte

La Réunion

Kerguelen

Saint-Paul

Crozet

OCÉAN INDIEN

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2015

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MER MÉDITERRANÉE

OPÉRATIONS DE SURVEILLANCE MARITIME PHM Commandant Bouan

OPÉRATION SOPHIAFLF Courbet • Panther

DÉPLOIEMENTFLF La Fayette • Panther • BEM Dupuy de Lôme

MISSION ARROMANCHES 2PA Charles de Gaulle • Groupe aérien embarqué (18 Rafale, 6 Super Étendard Modernisé, 2 Hawkeye, 2 Dauphin Pedro, 1 Alouette III) •FASM La Motte-Picquet • Lynx • FDA Chevalier Paul • Caïman • FDA Forbin • Caïman • BCR Marne • Alouette III

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OCÉAN INDIEN

OPÉRATION CHAMMALAtlantique 2 • FAA Cassard • Panther

PRÉPARATION OPÉRATIONNELLEFS Nivôse • Panther • Batral La Grandière

MISSION TAAFFS Floréal • Alouette III

OPÉRATION ATALANTEFalcon 50M

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12 — COLS BLEUS - N°3044

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1 21/10/2015TARPONAu large de Toulon, un détachement de commandos marine s’est entraîné au Tarpon, aérolargage et récupération en mer avec la frégate Surcouf. Le tarpon est l’une des exper-tises spécifiques des commandos marine qui leur permet d’être projetés au large avec leurs matériels et équipements, parfois même avec leurs em-barcations lourdes, pour conduire des opérations spéciales.

2 16/11/2015ATTENTATS DE PARISUne minute de silence en hommage aux vic-times des attentats de Paris du 13 novembre a été observée dans les unités et les états- majors opérationnels de la Marine. Ici à bord du porte-avions Charles de Gaulle, bâtiment dont Paris est la ville marraine.

3 30/09 AU 15/10/2015CHEBECLa frégate Aconit a participé à la 21e édi-tion de l’entraînement opérationnel franco- marocain Chebec 2015 avec la frégate marocaine Sultan Moulay Ismaïl. Dans les airs, un hélicop-tère de la flottille 22S rejoint l’Aconit.

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4 14/10/2015MANŒUVRESLa frégate anti-sous- marine Latouche-Tréville, en mission de surveillance des approches mari-times, a effectué des manœuvres avec deux frégates chinoises, le croiseur lance-missiles Jinan et la frégate Yiyan, en transit au large des côtes bretonnes.

5 15 AU 18/10/2015PÊCHES ILLÉGALESLes Forces armées en Guyane ont conduit une nouvelle opé-ration maritime de lutte contre la pêche illégale. Pour cette mission, les FAG ont déployé un dispositif complet, comprenant à la fois des bâtiments de la Marine – dont l’embarcation relève- filet Caouanne –, de la gendarmerie et des moyens aériens. Cette opération a per-mis de saisir 8 km de filet d’un seul tenant.

6 03/11 AU 17/11/2015L’ÉCOLE DE L’AVIATION EMBARQUÉE (EAE) À BORD DU CHARLES DE GAULLELes nouveaux pilotes de l’aviation embar-quée de la Marine ont participé à un en-traînement qualifiant de deux semaines à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Cette période à la mer au sein de l’école de l’aviation embar-quée (EAE) leur a permis de se qualifier à l’appontage.

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14 — COLS BLEUS - N°3044

actus

DU 21 OCTOBRE AU 6 NOVEMBRE, 30 nations et près de 36 000 militaires déployés aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne et au Portugal étaient engagés dans l’entraînement Trident Juncture 2015. Cet exercice annuel de certi�cation de la NATO Response Force (NRF)

de l’OTAN est le plus important entraînement interarmées et interallié organisé par l’Alliance atlantique depuis 2002 et le premier élaboré dans la perspective d’une rénovation de la capacité d’action rapide de l’OTAN. La Marine y a déployé le bâtiment de commandement et de ravitaillement Somme, la frégate Surcouf, le chasseur de mines Sagittaire, ainsi que deux avions de patrouille maritime Atlantique 2 déployés en Méditerranée et en Atlantique. Réalisé sur la base d’un scénario crédible de crise internationale nécessitant un déploiement rapide de forces, Trident Juncture visait à certi�er la capacité de réaction rapide de l’OTAN pour l’ensemble de ses composantes. Si l’engagement particulièrement soutenu des forces a conduit à limiter la participation de la France, Trident Juncture 2015 demeure incontournable. Faisant intervenir les composantes de surface, sous-marines, aériennes et amphibies, les deux phases de l’exercice en état-major comme en déploiement réel ont permis de tester l’articulation opérationnelle de l’OTAN aux niveaux stratégique, opératif et tactique. Au terme de l’entraînement, au niveau de di�culté croissant, le poste de commandement de Brunssum (Pays-Bas) a été déclaré apte à prendre l’alerte de l’OTAN et capable de conduire une opération d’ampleur sous faible préavis.

DU 26 AU 30 OCTOBRE, tous les acteurs de la commu-nauté maritime internationale se sont réunis à Brest pour la conférence Safer seas, l’événe-ment dédié aux problématiques de sécurité et de sûreté maritime. Cette 4e édition labellisée COP 21 était axée sur la croissance bleue et les enjeux sur le climat. La Marine était partie prenante de cet événement, notamment par l’intervention du vice-amiral d’escadre Emmanuel de Oliveira, préfet maritime de l’Atlantique, pendant la séance d’ouverture, et du vice-amiral Anne Cullerre, sous-chef d’état-major « opéra-tions aéronavales » et autorité de coordination cyberdéfense de la Marine, sur le thème de la cyber-sécurité appliqué au monde ma-ritime. Le vice-amiral d’escadre Emmanuel de Oliveira a rappelé à l’auditoire que « protéger en mer les hommes, leurs activités et la nature » était une des missions de la Marine nationale.

COP 21Safer Seas

Entraînement OTAN

La Marine au cœur de Trident Juncture

dixit

le chiffre

1 300C’est le nombre d’heures de vol effectuées sur simulateurs en zone Méditerranée depuis janvier 2015 pour réduire l’empreinte carbone.

« Face à la résurgence durable des menaces sur notre territoire national, ses appro-ches, les flux matériels et immatériels qui concourent à la vie de la Nation, et face aux risques naturels, nous devons redou-bler de vigilance pour la protection de nos espaces maritimes de souveraineté. » Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, lors de son interven-tion à l’occasion du comité interministériel de la mer. « La Marine assure en permanence la surveillance de nos approches maritimes et de nos ports. Elle se tient prête à intervenir en cas de nécessité : 3 000 marins sont concernés par cette mission. Elle participe aux opérations contre Daech au Levant. Elle assure ainsi la conti-nuité entre sécurité intérieure et sécurité extérieure. » Amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la Marine, à l’occasion de son allocution aux Assises de la mer.

« Commémorer signifie se remémorer ensemble. Car derrière chaque militaire, chaque marin, il y a un homme ou une femme qui accomplit une mission. Et nous le sa-vons tous, notre métier n’est pas sans risque, même si le domaine de la maîtrise des risques aéronautiques est aujourd’hui l’un des plus importants dans nos processus de fonctionnement. » Contre-amiral Bruno Thouvenin, commandant la Force de l’aéronautique navale lors de la cérémonie d’hom-mage aux marins de l’aéronautique navale morts au combat.

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COLS BLEUS - N°3044 — 15

actus

INTERVENTIONÉQUIPE ANTIPOLLUTION

Le 15 octobre, les équipes d’intervention antipollution de la Marine ont œuvré dans la rade de Cherbourg à la suite d’une fuite d’hydrocarbure. La barge Nijptangh a perdu 60 m3 de carbu-rant dans la rade. Les unités de la Marine ont été à pied d’œuvre toute la journée pour contenir cette pollution et revenir au plus vite à une situation saine.

COURBETEUNAVFOR MED SOPHIA

La frégate de type La Fayette (FLF) Courbet est toujours déployée dans le cadre de la deuxième phase de l’opération EUNAVFOR Med Sophia. Elle parti-cipe à l’interception et au déroutement éven-tuel en haute mer des navires et des embar-cations soupçonnées d’être utilisés pour la traite des êtres humains ou le trafic de migrants.

CORVETTE D’INSTRUCTIONCOMMISSAIRES ANCRAGE « MARINE »Du 19 au 23 octobre, les sept élèves com-missaires – ancrage « Marine » de la promotion 2015 ont embarqué à bord du bâtiment-école Tigre en vue de réaliser leur première corvette d’instruction.

P leinement mobilisés depuis janvier 2015 dans le renforcement de la sécurité des emprises militaires, les fusiliers marins avaient été engagés une première fois dans l’opération Sentinelle pour

protéger des sites civils à Brest et Toulon.Depuis le 14 septembre dernier, une trentaine de fusiliers marins, principalement des groupements de fusiliers marins de Toulon et Brest, sont engagés dans l’opération Sentinelle à Paris.Ces fusiliers marins sont présents sur des points névralgiques de la capitale. Ils e�ectuent également des patrouilles véhiculées de manière aléatoire dans Paris.Aujourd’hui, la Marine compte environ 1 500 fusiliers marins qui participent à la protection des sites sensibles de la Marine et de la Défense, des activités liées à la dissuasion nucléaire et des unités, en mer ou à terre, en opérations.

Attentats de Paris

Les fusiliers marins en Sentinelle

LE 26 OCTOBRE, le bâtiment hydrographique (BH) La Pérouse a appareillé de Brest pour une mission d’un mois dans la zone du Raz Blanchard au large du Cotentin. Cette mission s’inscrit dans le cadre du plan national d’hydrographie établi par le Service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM). Il s’agit de remettre à jour les données nautiques de la zone dont les dernières, e�ectuées au �l à plomb, datent des années 40. Cette zone, particulièrement dangereuse du fait de très forts courants pouvant aller jusqu’à 10 nœuds, est égale-ment un site où gisent de nom-breuses épaves dont la relocalisation est une nécessité pour des impératifs de sécurité nautique. Environ 600 navires empruntent chaque jour le détroit de séparation du tra�c entre la Manche et la mer du Nord.

BH La PérouseMission hydrographique

FREMM AQUITAINEAT SEA DEMONSTRATIONDu 18 au 25 octobre, la frégate multimission Aquitaine et une di-zaine d’autres frégates des pays membres du forum Maritime Theater Missile Defense (MTMD) ont démontré leur capacité à assurer la protection d’une force navale face à des menaces antinavires et balistiques dans le cadre de At Sea Demonstration 2015 (ASD 2015).

PRÉPARATION OPÉRATIONELLECYCLONEX

Le 12 au 16 octobre s’est déroulé l’exercice annuel de prépa-ration à la période cyclonique baptisé Cyclonex. Organisé par les Forces armées en Polynésie française, cet exercice a vocation à entraîner les militaires à mener une opération de secours d’urgence dans le cadre d’une catastrophe cyclo-nique nécessitant une intervention interminis-térielle.

PACIFIQUEENJEUX MARITIMES

La 5e édition du Western Pacific Naval Symposium s’est tenue du 14 au 22 octobre à Tokyo. Un représentant de la Marine était présent à cet événement organisé par la Marine japonaise au profit de jeunes officiers supérieurs de la Marine japonaise et de ses marines partenaires.

enbref

LE 16 OCTOBRE, le contre- amiral Frédéric Damlaimcourt, adjoint à Brest de l’amiral comman-dant la Force d’action navale, a fait reconnaître le capitaine de corvette Bariller comme commandant de l’équipage A du bâtiment multimis-sion (B2M) D’Entrecasteaux. Cette cérémonie marquait également la première levée des couleurs sur cette unité. Construit à Concar-neau par les chantiers Piriou, le D’Entrecasteaux ainsi que ses trois prochains sisterships ont vocation à assurer les missions de souveraineté outre-mer. Le bâtiment, armé par deux équipages composés chacun de 23 marins, doit rejoindre Brest d’ici la �n de l’année pour y e�ectuer une période d’essais. Le bâtiment ralliera, courant 2016, Nouméa, son port d’attache.

B2ML’équipage monte à bord !

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passion marine

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Développement durable

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COLS BLEUS - N°2983 — 17

passion marine

Parce qu’elle se déploie dans des espaces naturels, la Marine est, par nature, un acteur clé de l’environnement. Dans le cadre de ses missions régaliennes, la Marine protège les espaces maritimes via notamment des opérations de lutte contre les pollutions et de préservation des ressources halieutiques. En mer comme à terre, dans ses ports ou dans ses bases, la Marine s’impose une exigence forte en matière de protection de l’environnement grâce à des initiatives citoyennes et écologiques. Autant d’engagements faisant écho aux grands enjeux de la prochaine Conférence sur le climat à Paris (COP 21) qui se déroule en France du 30 novembre au 11 décembre.

DOSSIER RÉALISÉ PAR STÉPHANE DUGAST

COLS BLEUS - N°3044 — 17

La Marine défend aussi les océans

Développement durable

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passion marine

18 — COLS BLEUS - N°3044

Vigilance

Espaces sous tension

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rité alimentaire ». Autant de facteurs pouvant provoquer des migrations climatiques in-ternes, transfrontalières ou encore régionales. La mer est devenue un espace majeur de mi-grations, en attestent les récents �ux massifs en Médi terranée auxquels les États européens ont répondu par la mise en place de l’opéra-tion EUNAVFOR MED (cf. Cols Bleus 3043). Autre projection alarmiste des experts, celle de potentielles « émeutes de la faim » dues à des États fragiles politiquement et à la multi-plication des con�its régionaux. Les géopo-liticiens ont ainsi identi�é plusieurs États présentant un niveau de vulnérabilité extrême comme le Bangladesh, la Guinée-Bissau, le Sierra Leone, Haïti, le Nigeria, la République démocratique du Congo, le Cambodge, les

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NLes changements climatiques multiplient les risques et les menaces pouvant survenir dans les océans, en haute mer comme sur la bande littorale. Pour expliquer ces phénomènes, les causes sont multiples. Les stratèges sont toutefois formels : les espaces maritimes sont le siège de

fortes tensions et de forts enjeux, du fait notamment de l’intensi�cation des activités humaines. En termes de �ux et d’échanges commerciaux, 90 % des marchandises sont transportées par voie maritime, qui o�re la meilleure rentabilité. C’est d’ailleurs la course au gigantisme pour transporter toujours plus de marchandises sur un même navire, et ainsi optimiser les gains. Cet accroissement du tonnage de certains navires marchands induit de nouvelles exigences en matière de sécurité maritime. D’autres facteurs, liés à l’augmentation des acti vités humaines pour exploiter les ressour-ces marines ou encore la densi�cation des infrastructures autour des espaces littoraux, préoccupent les experts.

LES OCÉANS AU CŒUR DES DÉRÈGLEMENTSL’empreinte humaine sur l’environnement maritime est de plus en plus forte. L’inquié-tude naît du peu de scrupules de certains acteurs en matière de préservation de l’envi-ronnement maritime, privilégiant le gain et le pro�t au détriment du respect des ressources halieutiques. Ces tendances, dites « anthro-piques lourdes », pèsent sur les espaces maritimes, créant de facto des déséquilibres dans les écosystèmes marins. Concernant les océans, leur rôle de « régulateur de climat » de notre planète est amoindri. Ils sont les premiers fournisseurs d’oxygène de la planète et absorbent 25 % du CO2 . Quant aux phéno-mènes météorologiques extrêmes – cyclones ou tsunamis – ils s’accroissent et génèrent des catastrophes naturelles hors normes : séche-resses, inondations, glissements de terrain ou submergements(1).

DES FACTEURS D’INSTABILITÉLa compétition accrue des hommes autour des ressources naturelles (eau potable, nour-ritures ou énergies) inquiète les experts qui n’hésitent plus à évoquer de possibles « stress hydriques »(2) ou des phénomènes d’« insécu-

Philippines, l’Éthiopie ou encore le Soudan du Sud(3). À noter que la plupart de ces États sont très dépendants de l’activité maritime. Des e�ets du réchau�ement climatique sont d’ores et déjà palpables et préoccupants pour des États côtiers – Bangladesh – ou des États insulaires – Kiribati ou Vanuatu – aux pre-mières loges en cas d’augmentation du niveau de la mer.

UNE COURSE AUX RESSOURCES Exploitation des hydrocarbures, pêche, terres rares ou énergies marines renouvelables… Nos économies se tournent vers les espaces maritimes, concourant ainsi à augmenter la concentration humaine sur la bande litto-rale. En e�et, 80 % de la population mondiale

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COP 21: le saviez-vous ?Pour mobiliser les États et sensibiliser les populations sur le sujet de la lutte contre le réchauffement climatique et ses effets, la France accueille du 30 novembre au 11 décembre la XXIe Conférence des parties (COP 21) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Durant ce sommet international organisé au Parc des expositions de Paris- Le Bourget, les 40 000 participants, délégués représentants chaque pays vont tenter d’aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays. Premier objectif ? Stabiliser les concentrations de gaz à effets de serre (GES) dans l’atmosphère afin de prévenir toute perturbation du système climatique. Autre objectif de la COP 21, celui d’obtenir un accord contraignant et universel permettant de limiter la hausse des tempéra-tures à un maximum de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Enfin, il s’agira d’accélérer la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone.

vit à moins de 400 kilomètres des océans. La démographie mondiale va accentuer cette répartition. De 7 milliards d’humains au-jourd’hui, nous passerons à 11 mil liards à la �n XXIe siècle. Cette pression démographique va non seulement faire augmenter les activités à émission de gaz à e�ets de serre (GES) mais surtout elle va directement accroître la tension sur la disponibilité des ressources naturelles, si rien n’est fait. Le paradoxe est tel que les ressources fossiles s’épuisent tandis que les évolutions technolo-giques en sont toujours plus consommatrices. Les e�ets du réchau�ement climatique exacerbent également la compétition pour certains territoires, dont l’Arctique est un exemple emblématique (cf. p. 24).

contrôle et surveille sa pêche en Méditer-ranée en ne l’auto-risant que quelques semaines par an et en l’encadrant par des moyens de surveil-lance in situ. Depuis neuf ans, la Marine engage chaque année un navire dans cette campagne.

4 Surveillance Passerelle du centre régional opérationnel de surveillance et sauvetage maritimes (CROSS) Gris-nez. Partie MRCC (Maritime Rescue Coordination Centre) d’où les guetteurs sémaphoriques de quart gèrent les détresses maritimes au niveau national et international.

5 Pollution La Marine se mobilise pour la protection de l’environnement et les risques de pollution, comme ici lors de l’exercice antipol-lution Ramogepol. Elle mène également des opérations d’envergure comme lors de l’échouage en décembre 2011 du cargo maltais TK Bremen sur une plage du Morbihan.

1 Intervention La Marine intervient à la suite de catas-trophes naturelles. En janvier 2010, deux séismes d’une amplitude exception-nelle frappent Haïti (300 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abris). Grâce au TCD Siroco présent au mouillage dans la baie de Port-au-Prince, des opérations d’évacuations sani-taires ont pu ainsi être effectuées.

2 Assistance L’équipe d’évaluation et d’in-tervention (EEI) de la base navale de Brest effectue régulièrement des entraînements d’hélitreuillage sur l’Abeille Bourbon. L’EEI est habituellement déployée pour assis-ter l’équipage d’un navire en difficulté au large de nos côtes, pour faire cesser un danger à la naviga-tion ou pour un risque de pollution maritime.

3 Pêche Ci-contre le PHM Commandant Ducuing pendant la campagne Thon Rouge, en 2014. Face à la raréfaction de la ressource en thon rouge, l’Union euro-péenne réglemente,

En Arctique, l’augmentation des températures a été quatre fois plus rapide que sur le reste de la planète au cours des trente dernières années. Ce réchau�ement, entraînant la fonte des glaces et de la banquise, peut permettre l’accès à des ressources fossiles encore inex-ploitées, dont on estime la part mondiale à 15 % pour le pétrole et 30 % pour le gaz. Ces enjeux économiques provoquent des risques autant sécuritaires (augmentation du tra�c maritime) qu’environnementaux (pollutions) et militaires si surviennent des désaccords pour l’accès à ces ressources.

LA MARINE EN PREMIÈRE LIGNEAutant de facteurs déstabilisants pouvant entraîner des con�its « en cascade » de plus ou moins grande intensité, imposant à de nom-breux pays, dont la France, de disposer d’une capacité d’appréciation de situation grâce à un système de veille interconnecté, d’un suivi en

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temps réel des activités maritimes et de par-tage d’informations entre les administrations et les pays partenaires. Sur l’ensemble de son littoral, en métropole et en outre-mer (95 % des eaux sous sa souveraineté), la France dis-pose ainsi d’un maillage cohérent des moyens aussi bien nautiques et aéronautiques, réactifs et polyvalents, capables d’agir dans le milieu aéromaritime. Sans oublier une capacité mi-litaire crédible et dissuasive, indispensable à toute ambition maritime. À ce titre, la Marine est un acteur en première ligne de ces enjeux environnementaux.

(1) Étude de la NASA (26 août 2015) : le niveau d’eau sur terre a aug-menté en moyenne de 8 cm depuis 1992, en hausse de 25 cm dans certaines zones. Leur étude indique que le niveau va augmenter d’environ 1m avant �n 2100.(2) Les études actuelles démontrent que les ressources en eau potable restent le principal paramètre exposé au changement climatique susceptible de provoquer des tensions entre États.(3) Climate Change Vulnerability Index (ed. 2014).

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Protéger la mer fait partie des missions régaliennes et permanentes de la Marine. Sur tous les océans du monde, avec la lutte contre les pollu-tions maritimes ou la pêche illégale, dans le cadre de l’action de l’État en mer(1), la Ma-

rine contribue à la préservation de la bio-diversité et des écosystèmes marins. De la frégate au sémaphore, ses moyens terrestres, navals ou aériens sont polyvalents. Pour assurer ses missions de protection de l’environnement, la Marine s’appuie sur des unités dédiées à la prévention des accidents et à la lutte contre les pollutions en mer comme les navires a�rétés Abeille ou le Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution (CEPPOL). Elle peut également compter sur la polyvalence de ses moyens. Du patrouil-leur à la frégate, ses bâtiments sont capables d’intervenir dans des missions de protection de l’environnement en haute mer. Les chi�res sont d’ailleurs évocateurs : en 2014, 47 heures de vol pour la prévention, la surveillance, la lutte ou la répression concernant la lutte contre les pollutions, 1 017 heures de mer, 45 infractions consta-tées, 18 détections de pollution et 1 opéra-tion antipollution. Les actions de la Marine en la matière sont concrètes prouvant qu’elle contribue activement à protéger la biodiver-sité et les écosystèmes marins.

CEPPOL Créé en 1979 à la suite de la catastrophe de l’Amoco Cadiz(2), le Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution cumule près de quarante années d’expérience dans le domaine de la lutte contre les pollutions en mer. Cette unité de la Marine est basée à Brest. Ce pré-positionnement permet un entraînement régulier avec les bâtiments de soutien, d’assistance et de dépollution (BSAD). Le CEPPOL est un acteur clé dans la lutte en mer contre tous les types de pollutions : hydrocarbures, chimiques ou conteneurs. Pour couvrir les missions de lutte contre les pollutions marines acci-dentelles ou volontaires, le commandant de la zone maritime Atlantique et de la

Polyvalence

Un espace protégé par la Marine

région maritime Atlantique (CECLANT) a été désigné comme autorité d’expertise du domaine particulier « lutte antipollution ». En amont, le CEPPOL est chargé de la gestion de l’équipement et de la préparation des formations aux opérations de lutte en mer contre les pollutions, �xant les moyens minimaux nécessaires à la lutte et leur répartition sur les façades et dans les ports. La cellule technique du CEPPOL établit les conditions d’utilisation de ces matériels, �xe les politiques de maintenance et d’entretien,

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et rédige les guides techniques. Le CEPPOL assure également une veille technologique permanente, tout en étant responsable des formations et des entraînements à la mer en matière de lutte contre les pollutions. Un entraînement se concrétise notamment par la participation des marins du CEPPOL aux exercices POLMAR des façades et outre-mer. En aval, le CEPPOL intervient aussi auprès des autorités maritimes en charge de la conduite des opérations (le préfet maritime en métropole et le délégué du gouverne-

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ment en outre-mer) comme expert au sein des cellules de crise ou sur les bâtiments de lutte sur zone en tant que coordinateur des opérations (OSC, On Scene Comman-der) ou adjoint à celui-ci pour l’emploi des moyens, matériels et produits de lutte contre les pollutions. En�n, lorsque survient une pollution en mer, le CEPPOL est chargé d’analyser les circonstances du sinistre et les modes d’intervention, tirant ainsi de chaque opération un retour d’expérience essentiel pour faire évoluer les techniques de lutte antipollution.

UNE APPROCHE « ÉCO-SYSTÉMIQUE » Quelques chi�res clés en matière de contrôle et de police des pêches en 2014 : 167 heures de vol, 15 794 heures de mer, 1 756 navires contrôlés, 1 789 procès-verbaux dressés et 59 navires déroutés ou accompagnés. Au-delà de ces actions sur le terrain visant à préserver les ressources halieutiques, la Marine par-ticipe à un certain nombre d’instances liées à la protection de l’environnement marin et au développement durable. Elle siège notam-ment au conseil d’administration de l’agence

1 Dans le cadre du dispositif ORSEC maritime, les préfec-tures maritimes de l’Atlantique et de la Manche-mer du Nord ont organisé un exercice majeur d’assistance à navire en difficulté (ANED) et de lutte contre une pollution maritime par hydrocarbure (POLMAR) sur le plateau des Roches-Douvres les 27 et 28 mai 2015.

2 Les marins du CEPPOL et l’équipage du BSAD Alcyonmettent en place le barrage de confi-nement du polluant durant l’exercice de mai dernier.

3 et 4 Lundi 8 juin 2015 au large de Malte. Des marins du patrouilleur de haute mer Commandant Ducuing contrôlent le transfert de thons du senneur Saint Sophie François III. Du 29 mai au 24 juin dernier, la Marine a été engagée aux côtés d’autres administra-tions françaises et avec plusieurs pays européens pour pré-server une ressource halieutique qui a failli disparaître en Méditerranée.

Activité Antipol(CHIFFRES JANVIER-SEPTEMBRE 2015)

• ATLANTIQUE- 5 missions- 1 exercice majeur - 23 entraînements, exercices et mécanisations

• MANCHE-MER DU NORD - 12 mises en demeure « antipol » émise par la préfecture maritime(1)

- 1 exercice ORSEC maritime antipol- 31 exercices antipol sur base navale de Cherbourg

• MÉDITERRANÉE- 13 interventions - 1 exercice ORSEC POLMAR 34- 1 exercice d’expérimentation POLLPROOF conduit par le CEPPOL visant à améliorer les preuves de pollution maritime chimique par moyens aéroportés radars et optiques

- 36 exercices ANTIPOL conduits par la cellule ANTIPOL de la base navale de Toulon

(1) Actions menées par le Prémar à l’encontre d’usagers de la mer pour éviter ou faire stopper une pollution. Elles soulignent la capacité à agir de la Marine, par le biais des Prémar, au niveau légal, pour prévenir et faire cesser les pollutions.

des aires marines protégées et au conseil de gestion des parcs naturels marins. La Marine œuvre pour une approche dite « éco-systé-mique », soit une vision intégrant autant des données environnementales qu’économiques. C’est ce qu’on désigne sous le vocable de « croissance bleue ».

L’ACTION DÉTERMINANTE DES PRÉMARParce que la Marine n’agit pas seule, mais dans un cadre inter-administrations, elle coordonne souvent ou stimule le dialogue entre les di�érentes entités en matière de protection de l’environnement et de police des pêches. La Marine est également un acteur clé dans la gestion des contraintes des aires marines protégées, des énergies marines renouvelables ou encore celles liées à la pros-pection en ressources minérales. Soulignons en�n que l’action fondamentale des préfets maritimes en matière de protection de l’en-vironnement est unique en Europe. Depuis 2004, le préfet maritime (Prémar) ne coor-donne pas seulement, mais il anime l’action de l’État en mer, et ce dans tous les domaines et avec toutes les entités concernées. À ce titre, le Prémar est un acteur clé en matière de protection de l’environnement maritime, de prévention et de lutte contre les pollutions marines ou de pêche illégale. 

(1) Ainsi que des missions de police des espèces et habitats protégés (depuis 2013).(2) Le naufrage du pétrolier supertanker libérien Amoco Cadiz le 17 mars 1978 en bordure des côtes bretonnes, à Portsall (Finistère), provoqua une marée noire considérée, aujourd’hui encore, comme l’une des pires catastrophes écologiques de l’histoire. Le 18 mars 1978, l’équipage de l’Amoco Cadiz – excepté son capitaine et un o�cier – sera hélitreuillé par les équipages des hélicoptères Super Frelon de la 32e �ottille de la Marine basée à Lanvéoc-Poulmic.

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Au-delà du respect des réglementations internationales et locales, la Marine s’investit en haute mer, mais égale-ment à terre et le long du littoral pour réduire son empreinte envi-

ronnementale, en adaptant par exemple ses matériels et ses procédures. La gestion des déchets et la limitation des rejets, la diminu-tion des gaspillages énergétiques, la réduction de la consommation d’énergie fossile, la déconstruction de ses navires retirés du service actif… La Marine est un acteur éco-responsable. Elle utilise des matériaux respectueux de l’environnement et privilégie les énergies renouvelables.

LIMITER SON IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT Chaque année, elle organise des opérations « rade propre » à Toulon, Brest et Cherbourg. Elle s’est également engagée en signant des « contrats de baie » avec les collectivités locales.À terre, la Marine exploite des installations industrielles et des moyens potentiellement nocifs pour l’environnement. Aussi se �xe- t-elle une exigence, celle de limiter son impact environnemental en adaptant ses matériels et ses procédures, notamment la gestion des déchets à quai et en mer ou les limitations des puissances d’émissions sonar. La Marine respecte scrupuleusement les conventions internationales en matière d’environnement, notamment MARPOL(1)(exigences intégrées au référentiel de construction des bâtiments récents). La Marine a également mis en place, à Brest et à Toulon, les « contrats de baie » en concertation avec les collectivités territoriales. Dans ses bases, les initiatives de la Marine sont multiples. La Marine s’assure par exemple du

Exigence

La Marine éco-responsable

Des laboratoires de la Marine vérifient le niveau d’impact de l’activité.

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suivi du bon fonctionnement des installations contribuant à la préservation de l’environne-ment marin. Des campagnes de sensibilisation et des actions de formation (politique de « zéro rejet » à la mer) sont également menées pour les équipages. Des laboratoires de la Marine surveillent en permanence l’environnement a�n de véri�er le niveau d’impact de l’activité. D’importants e�orts �nanciers ont été menés a�n d’encourager les innovations techno-logiques « vertes », comme par exemple les futurs chalands multimissions qui équiperont les bases navales dotés d’une capacité de pro-pulsion électrique sur batteries, permettant un mode « zéro émission ». L’ÉCO-CONCEPTION Dans la conception navale, le développement durable est désormais un maître-mot. Gestion des déchets et limitation des rejets sur les FREMM, diminution des gaspillages énergétiques, optimisation de la propulsion (conception des moteurs, hélices et coques) dans le but de réduire la consommation d’énergie fossile, l’empreinte carbone et les rejets de gaz à e�et de serre. L’éco-conception(2) est appliquée à tous les nouveaux bâtiments de nouvelle génération comme les FDA ou les FREMM.

HQE, BBC… L’emploi de revêtements et de peintures destinés à améliorer l’e�cience énergétique des navires, tout en préservant la biodiver-sité, est désormais mis en œuvre. À l’instar des constructions civiles, les infrastructures à terre de la Marine sont construites aux normes Haute qualité environnementale (HQE) ou Bâtiment basse consommation (BBC). À terre, pour les rénovations des constructions anciennes, le souci environ-nemental est prégnant. Le renforcement de l’isolation thermique est dorénavant une priorité pour réaliser des économies d’énergie. Des systèmes destinés à limiter la consommation électrique ont été mis en place comme des détecteurs de présence pour l’éclairage des lieux communs ou des éclai-rages par panneaux photovoltaïques (à Brest).

1001 INITIATIVES La Marine limite ses impacts sur le milieu atmosphérique a�n de protéger l’environ-nement et réduire son empreinte carbone. Là encore, les initiatives sont nombreuses. Ainsi, 15 navires de la Marine sont déjà labélisés « PassePort Propre ». Au cours des interruptions pour entretien technique des navires, des dispositifs jugés trop polluants sont remplacés par de nouveaux équipements garantissant une meilleure protection de l’environnement. Les transports en commun dans les bases navales (Transrade de Brest),

Une filière propre et viableDepuis plusieurs années, la Marine a mis en place une politique de démantèlement des bâtiments retirés du service actif très précise. Cette politique s’inscrit pleinement dans une démarche de développement durable. Le démantèlement de chacun des bâtiments retirés du service actif s’effectue selon trois étapes distinctes : • le désarmement du bâtiment ; • sa mise en conservation et la réalisation,

ou la mise à jour de l’inventaire des matières potentiellement dangereuses ;

• la déconstruction, qui inclut la dépollution préalable, ainsi que la gestion et le traitement des déchets et des ferrailles dans les filières appropriées.

Sécurité des personnels sur les chantiers, protec-tion de l’environnement, maîtrise du processus technique à chaque étape, garantie de résul-tat, traçabilité des matières et des déchets… Menées dans le plein respect de la réglemen-tation, ces opérations intègrent également une notion de performance économique consi-dérée comme l’un des facteurs qui permet à l’industriel de pérenniser son activité. Ce dernier est ainsi incité à optimiser ses processus et à recycler au maximum, limitant l’envoi de déchets vers les décharges, favorisant le réem-ploi des matières premières et augmentant les recettes pour l’État comme pour lui.

Retrouvez l’entretien du pharmacien en chef Mullot du Laboratoire d’analyse, de surveillance et d’expertise de la Marine (LASEM) de Toulon. Le LASEM œuvre principalement pour la Marine afin de répondre

à ses obligations réglementaires strictes de surveillance de l’environnement et de protection de la santé du personnel, des populations en garantissant sa liberté d’action par une capacité d’analyse et d’expertise indépendante.

1 Opération «rade propre» à Toulon lors la Semaine du développement durable. Des mili-taires du 519e GTM, des volontaires civils, ainsi que des marins de plusieurs unités de marins-pompiers et du Service logis-tique de la Marine (SLM) ont nettoyé la base de défense.

2 Toulon à bord du BPC Mistral le mardi 29 septembre 2015. Le CF (R) Catherine Chabaud (à droite), navigatrice, et le CC (R) Patricia Ricard (à gauche) prési-dente de l’institut océanographique Paul Ricard, remet-tent le « pavillon climat » au CV Alain Gaubert, comman-dant de la base navale de Toulon et au CV Benoît de Guibert (3e en partant de la gauche), com-mandant du BPC.

3 Brest. Expérimenta-tion de vélos et trot-tinettes électriques dans la base navale lors de la Semaine du développement durable.

4 Dans la rade de Toulon, après avoir accosté à couple le long de l’ancienne Saône, le Castor évacue les marins équipés contre l’amiante. Leur mis-sion est de préparer la Saône pour son dernier voyage avant sa déconstruction.

5 En juin 2015, le « PassePort Propre » a été décerné aux équipages de la FASM Primauguet et du CMT Cassiopée. C’est une reconnais-sance de leurs efforts dans le domaine du tri des déchets et de la protection de l’environnement.

la mise à disposition des vélos ou le covoitu-rage sont favorisés. Pour les travaux por-tuaires, tout est mis en œuvre pour limiter l’impact sur le milieu marin. Le traitement des eaux de ballast est désormais contrôlé pour ne pas disséminer d’espèces invasives, tout comme la �ltration des eaux de bassin de carénage pour réduire la pollution aquatique. Des procédures de dispersion de la faune avant les pétardages de munitions historiques en mer ont été mises en place.

(1) Acronyme - de l’anglais maritime pollution : pollution marine, désignant la Convention internationale pour la prévention de la pollution marine par les navires, élaborée par l’OMI (Organisation maritime internationale) et qui porte sur tout type de pollution marine causée par les navires (le pétrole, les liquides et solides toxiques, les déchets, les gaz d’échappement…) qu’elle soit acciden-telle ou fonctionnelle, volontaire ou involontaire. (2) La DGA a rédigé en 2011 un guide d’éco-conception navale, mis en œuvre dans le cadre des programmes.

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Régulateur du climat des océans et de la planète, zone stratégique en devenir, sujet d’hypothèses parmi les plus extrêmes, l’océan glacial Arctique concentre au-jourd’hui toutes les attentions des stra-tèges qu’ils soient civils ou militaires. Les bâtiments de la Marine s’y rendent pour y acquérir une expertise et en apprivoiser les singularités comme récemment lors d’un déploiement de la frégate anti-sous-marine (FASM) Primauguet. Le CV Jean-Marin d’Hébrail, son comman-dant, témoigne de son passage au « royaume des icebergs ». « Il fait jour. La nuit et le jour, il fait jour en permanence. On ne s’y habitue pas. Sur l’horizon traversé par une lumière pure et claire, les ombres des nuages donnent l’illusion de formes glacées à la surface de l’eau. Fausse alerte : pas encore d’iceberg, en dépit d’une température de l’eau qui chute rapidement. Ils ne sont donc pas loin. À l’intérieur de la passerelle, le compas magnétique n’indique déjà plus le Nord, faussé à l’approche du pôle, par une déviation de plusieurs dizaines de degrés. Le GPS, quant à lui, a décroché, tout comme les liaisons haut débit, trop fortement contraintes par l’angle de visée des antennes

Compétence

La Marine experte de son environnement

vers les satellites en géostationnaire au-des-sus de l’Équateur, ramenant nos systèmes de communication à leur fonctionnement d’an-tan, par ondes haute fréquence (HF). Les cartes de courant sont approximatives, la cartographie des fonds n’est pas précisément connue, voire dans certaines zones totale-ment inconnue. Parfois, le brouillard appa-raît sans prévenir, compact, épais, empê-chant d’apercevoir, de la passerelle jusqu’aux écubiers. Inutile, pourtant, de compter sur le radar pour détecter les « growlers », ces icebergs qui émergent à peine de l’eau et voguent, imprévisibles, au gré des vents et des courants. Lorsque, en�n, l’iceberg se découvre, c’est toute la magie de la nature à l’état brut qui se révèle. Couleurs tranchées, éclatantes, pures, vives comme le froid qui transperce les blousons de mer des veilleurs.Ainsi va la navigation dans le Grand Nord, ô combien fascinante mais si di�érente de ce à quoi les marins sont confrontés aux latitudes habituelles. Il s’agit pourtant de l’apprivoiser. On le sait, les enjeux sont nombreux. Tous les climatologues s’accordent sur le caractère aujourd’hui inexorable de la fonte des glaces et de la pro-babilité quasi-certaine d’un pôle Nord entiè-

rement libre de glace avant la �n du siècle. Nombreux seront alors les appétits, entre les ressources minérales, les nouvelles routes maritimes, les intérêts stratégiques, sans compter le potentiel touristique. Quelques chi�res : le Grand Nord contiendrait 30 % des réserves de gaz et 13 % des réserves de pétrole de la planète ; les nouvelles routes permettraient de gagner de 30 à 40 % en distance. Nul doute que l’océan Arctique ne sera alors plus le désert maritime que nous connaissons aujourd’hui. Une véritable « nouvelle frontière » pour le XXIe siècle, qu’il s’agit de découvrir sans tarder. »

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MétéorologieLes stations terrestres et les sémaphores permettent des observations régulières et calibrées. Ces données sont utiles dans la prévention des tempêtes (côte atlantique) et les prévisions météorologiques à 48-72h. Les bases de l’aéronautique navale réalisent des observations toutes les 6 minutes. Elles sont intégrées aux données de Météo France, notamment pour la navigation aérienne.

La Marine participe à la compréhension de l’environnement maritime et apporte une contribution essentielle à l’observation du climat et des impacts du réchauffement. Elle recueille et exploite des données hydro-météo-océanographiques. La Marine réalise également des missions d’observation dans des zones stratégiques, en particulier dans le Grand Nord, et possède une expertise reconnue de l’intervention sous-marine.

LE GRAND NORD : NOUVELLE FRONTIÈRE DU XXIE SIÈCLE

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Le SHOM: les océans à la carteHéritier du premier service hydrographique officiel au monde (créé dès 1720), le Service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM) est un acteur central de la connaissance de l’environnement physique marin. Établissement public administratif sous tutelle du ministère de la Défense, le SHOM a pour mission de connaître et décrire l’environnement physique marin dans ses relations avec l’atmosphère, avec les fonds marins et les zones littorales, d’en prévoir l’évolution et d’assurer la diffusion des informations correspondantes. Son conseil d’administration est présidé par le chef d’état-major de la Marine. Chaque année, le SHOM édite plus de 430 cartes électroniques de navigation, 900 cartes format papier et une soixantaine d’ouvrages. La Marine met à sa disposition cinq bâtiments : le Beautemps- Beaupré, le Borda, le La Pérouse, le Laplace et le Pourquoi pas ?. Cette flotte hydro-océanographique permet ainsi d’effectuer de 75 à 80 levés hydrogra-phiques et campagnes océanographiques en moyenne par an, et ce aussi bien en Manche, en Atlantique, en Méditerranée, que dans les océans Pacifique et Indien. Le SHOM permet ainsi à la France de disposer de bases de données de référence caractérisant l’environnement géophysique, maritime et littoral. Un atout indéniable en matière de protection de l’environnement, et de préservation des océans pour des opérateurs publics comme privés.

1 & 2 La présence de bâtiments français dans cette zone dite du «Grand Nord», entre la mer Baltique, la mer de Norvège et la mer de Barents, s’inscrit dans la durée. Ainsi, des déploie-ments sont program-més régulièrement depuis le milieu des années 90.

3 Centre de recherchepluridisciplinaire orienté vers le do-maine maritime et son développement durable, l’Institut de recherche de l’École navale (IRENav) est le support essentiel de la formation scientifique au sein de l’École navale.

4 En mer, le 3 février 2015. Un météo-rologue-océano-graphe lance un ballon radio-sonde à bord du bâtiment d’essais et de mesures Monge.

5 Base navale de Brest, le 30 janvier 2015. Départ en mission du bâtiment hydrographique et océanographique Beautemps-Beaupré. Le BHO effectuera des études en océan Atlantique et mer Méditerranée.

Membre du groupement d’intérêt scienti�que Europôle Mer, l’Institut de recherche de l’École navale (IRENav) traite avant tout de l’environnement naval, et plus particulière-ment de la problématique du développement durable en milieu maritime. Ses recherches se développent principalement autour de l’hydrodynamique et la conversion d’éner-gie, à destination de la propulsion navale et des énergies marines renouvelables. Concrè-tement, il s’agit pour les élèves-ingénieurs et leur professeur de concevoir des systèmes de propulsion plus rapides, plus performants, plus sûrs, plus concurrentiels, mais aussi plus économiques et respectueux de l’envi-ronnement. Autre domaine d’excellence de l’IRENav : l’observation du milieu maritime à l’aide de techniques d’acoustique sous-ma-rine et de systèmes de modélisation de cet environnement, que les spécialistes dé-signent par l’acronyme MOTIM. Toutes ses recherches menées dans l’anse de Lanvéoc- Poulmic visent à permettre la mise sur le marché d’une palette de technologies liées aux énergies marines renouvelables au pro�t des industriels français. Le credo de l’IRENav est clair : répondre aux besoins d’un secteur en forte croissance et participer au dévelop-pement d’une �lière porteuse d’innovations et créatrice d’emplois.

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IRENav : LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET LE MARITIME

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COLS BLEUS: Amiral, vous êtes l’autorité de coordination pour les affaires nucléaires, mais également pour les questions environnemen-tales. Comment conjuguez-vous ces deux domaines ?CONTRE-AMIRAL PASCAL WILZ: L’expertise acquise par la Marine dans la maîtrise des risques pro�te durablement à l’environnement. Cette démarche vertueuse permet d’appliquer la même rigueur à la maîtrise de l’empreinte écologique laissée par la Marine. Le respect des normes de sécurité nucléaire a tiré vers le haut le domaine de la maîtrise des risques. La culture de sûreté développée pour les installations nucléaires de la Marine permet d’appréhender la protection de l’environnement de façon méthodique, ne laissant aucun pan sans évaluation systématique. La Marine a donc une approche globale du risque et met son expertise dans le domaine de la maîtrise des risques technologiques et nucléaires au service de la limitation de son empreinte environnementale.

COLS BLEUS: Est-ce à dire que les activités de la Marine sont polluantes ?CA P. W.: En termes de pollution, il faut toujours avoir à l’esprit que toute activité humaine et industrielle génère des déchets

Dans la Marine, l’autorité chargée de la protection de l’environnement est aussi l’autorité de coordination pour les affaires nucléaires. L’expertise acquise dans le second domaine sert le premier. La Marine est en effet un acteur incontournable de la protection de l’environnement marin et maritime. Alors que s’ouvre au mois de novembre la COP 21, la Marine est au premier rang pour rappeler que la mer est l’avenir de la Terre.

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« L’expertise de la Marine dans la maîtrise des risques profite à l’environnement » Contre-amiral Pascal Wilz, autorité de coordination pour les affaires nucléaires, la prévention et la protection de l’environnement

et des rejets. C’est pourquoi, quand on parle d’activités dites polluantes, il faut aussi regarder le traitement apporté pour limiter leur empreinte durable dans l’environnement. La Marine a adopté cette approche en étroite concertation avec ses opérateurs de main-tenance et de soutien. Il s’agit de limiter les déchets, soit leur volume soit leurs e�ets, avec le souci de recycler au maximum. La Marine traite en prévention, ou en conséquence, l’ensemble des rejets potentiels ou avérés. Ses marins adoptent également, au niveau individuel, un comportement responsable.

COLS BLEUS: Quelles sont les missions de la Marine pour préserver son milieu ?CA P. W.: La nature du métier de marin, qui évolue au milieu d’espaces naturels, place les problématiques environnementales au cœur de son action. En mer et sur ses bases navales, la Marine concilie plusieurs aspects : elle est un exploitant d’installations pouvant potentielle-ment avoir une incidence sur l’environnement et un contributeur essentiel aux opérations de protection dans le cadre de l’action de l’État en mer. La Marine est donc à la fois exploi-tant soumis à la réglementation et contrôleur. Naturellement, en tant qu’autorité de police en

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mer, elle se doit d’être exemplaire. Elle contribue à la protection de la biodiversité notamment en surveillant et en contrôlant les aires marines pro-tégées. Elle dispose des moyens lourds de lutte en mer et d’un centre d’expertises (CEPPOL(1)) pour assurer sa mission de lutte contre les pollutions. La Marine participe pleinement à la lutte contre les pêches illicites, qui appauvrissent les stocks de poissons, détruisent les habitats marins et les écosystèmes fragiles et a�aiblissent les pêcheurs légaux. Outre-mer, la police des pêches prend une dimension particulière car souvent, seuls les moyens de la Marine sont présents et capables d’intervenir. Au total, la Marine participe à 44 des 45 missions de l’action de l’État en mer, dont plus d’une dizaine lui incombent exclusivement. Elle en constitue la capacité de haute mer. Parallèlement à ces opérations, elle forme ses marins à une culture de la protection de l’envi-ronnement. Délivrés en formation initiale puis régulièrement tout au long de la carrière des marins, les modules de développement durable sont en tous points conformes aux réglemen-tations nationales et européennes et au code de l’environnement. La Marine a également créé un brevet de maîtrise « environnement », souvent cité en exemple, pour que cette dimension soit prise en compte par ses marins. COLS BLEUS: La Marine est un acteur respon-sable, quelles sont ses initiatives pour maîtriser son empreinte écologique ? CA P. W.: La Marine défend la mer et l’éco-système marin. Elle tend toujours plus à limiter

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Les préfectures maritimes de l’Atlantique et de la Manche-mer du Nord ont organisé l’exercice Roches Douvres 2015 d’assistance à navire en difficulté et de lutte contre une pollution maritime par hydrocar-bure dans le cadre du dispositif ORSEC. Les marins du CEPPOL et l’équipage du BSAD Alcyon ont apporté leur expertise.

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son empreinte environnementale. Je pourrais vous citer des dizaines de comportements écoresponsables, ou tout simplement citoyens, des marins. Par exemple, deux marins ont été récompensés au trophée 3D(2) pour leurs actions en faveur du développement durable. Leurs initiatives portaient sur le �ltrage des eaux polluées des bassins d’entretien des navires avant qu’elles ne soient rejetées à la mer, ainsi que sur la récupération des écailles de peinture lors des opérations de décapage mécanique des coques à �ot à Toulon. Au niveau institution-nel, la Marine applique de manière volontaire l’ensemble des conventions MARPOL(3). En application de la convention OSPAR(4), la Marine a entrepris depuis plusieurs années une politique de déconstruction de ses bâtiments retirés du service actif. Celle-ci est accompagnée d’une démarche de mise en place d’inventaires de matières potentiellement dangereuses, mise en place également pour les futurs bâtiments comme les frégates multimissions (FREMM). Cette politique constitue les prémices d’une économie circulaire, en permettant de préserver le milieu marin tout en valorisant les déchets et en recyclant ce qui peut l’être. L’opération « rade propre », menée chaque année dans les trois bases navales métropolitaines, mobilise les acteurs locaux civils et militaires pendant la Semaine du développement durable. COLS BLEUS: Pouvez-nous parler de l’éco-conception ? Comment sera le navire du futur ? CA P. W.: Le navire du futur sera propre, économe, sûr, opérationnel, intelligent et à pro-pulsion optimisée. L’éco-conception des futurs bâtiments est au cœur des enjeux environne-mentaux et sociaux permettant d’accroître la durabilité, de favoriser la réutilisation et de garantir un environnement adapté (ou ajusté) à la meilleure capacité de maintenance pos-sible, ainsi que le recyclage et la valorisation de l’ensemble des matériels et matériaux du futur bâtiment. L’éco-conception vise également à valoriser le bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie. Cela revient à lutter contre l’obsoles-cence programmée et à renforcer le caractère durable des installations. La Marine participe également, via des partenariats et des actions de recherche ou de formations, aux ré�exions sur le développement des énergies marines renouve-lables, et à la conception du port du futur.

PROPOS RECUEILLIS PAR L� EV1 PAULINE FRANCO

(1) Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution. (2) Trophée développement durable de la Défense. (3) Relatives à la prévention de la pollution marine par les navires, élaborée par l’organisation maritime internationale et portant sur tout type de pollution marine causée par les navires (le pétrole, les liquides et solides toxiques, les déchets, les gaz d’échappement…) qu’elle soit accidentelle ou fonctionnelle, volontaire ou involontaire.(4) Adoptée en 1992 et entrée en vigueur en 1998, la Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est remplace les conventions d’Oslo et de Paris, d’où son nom de Convention OSPAR (pour Oslo-Paris).

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Le Laboratoire de surveillance radiologique et d’expertise de la Marine (LASEM) basé à Brest effectue des prélèvements dans l’environnement autour du port de Brest et de l’île Longue pour connaître le niveau de radioactivité naturelle et détecter toute évolution résultant du fonctionne-ment des installations nucléaires.

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COLS BLEUS: À l’approche de la COP 21 à Paris, vous publiez un livre dans lequel vous reliez des grands événements météorologiques à des dates clés de l’histoire de France, pourquoi ?LOUIS BODIN: J’ai écrit ce livre pour mettre en perspective et surtout avoir du recul sur la façon d’aborder la météorologie. Vous savez,

« Monsieur Météo» sur TF1, chef du service météo et animateur de l’émission « Élément Terre » sur RTL, présentateur de la case «Grand Angle » sur Ushuaïa TV, Louis Bodin est avant tout un ingénieur prévisionniste reconnu, mais également un navigateur et un amoureux fou des océans. Entretien avec un homme passionné et engagé.

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Louis BodinUn monsieur météo tout-terrain

aujourd’hui on réagit, voire même on sur-réagit, à des phénomènes météorologiques de façon souvent très précipitée, et sans le moindre recul. C’est un manque de discernement évident ! Corréler des événements historiques à des faits météorologiques majeurs m’est paru non seulement pertinent mais surtout intéressant. La météorologie joue un rôle non négligeable dans nos sociétés, et ce depuis des siècles. Des faits météorologiques ont ainsi eu des impacts majeurs, notamment lors de guerres. Des pluies torrentielles ont fait basculer l’issue de grandes batailles, comme Waterloo en 1815. Des cani-cules, comme celles de 1976 ou 2003, ont fait vaciller les gouvernements alors en exercice. Ce sont des histoires passionnantes plus que jamais en résonance avec la COP 21.

COLS BLEUS: Évoquez-vous des histoires en lien avec la mer ou encore la Marine nationale ?L. B.: Non, parce que la mer est sûrement moins caricaturale que des batailles ou des événements terrestres. Il est vrai que j’aurais pu parler de Trafalgar ou de la guerre de Crimée durant laquelle la météorologie va jouer un rôle et même s’imposer comme une donnée à part entière pour les stratèges de l’art de la guerre. À l’intention des militaires justement, je raconte une bataille embléma-

Son embarquement sur le SNA Saphir a été l’occa-sion pour lui de rencontrer son commandant et son équipage ainsi que de goûter à la vie du bord.

tique : celle d’Azincourt survenue en octobre 1415 pendant la guerre de Cent Ans. C’est une bataille que les Français auraient cent fois ga-gné par temps sec, mais des pluies torrentielles vont transformer le terrain en de véritables champs de boues dans lesquels les chevaliers français harnachés sur leurs chevaux, avec leurs armures très lourdes, ne parviendront jamais à atteindre les lignes ennemies, tandis que les archers anglais, plus légers et plus mo-biles, vont faire leur œuvre. C’est un fait météo qui fait basculer l’issue de cette bataille.

COLS BLEUS: Racontez-nous finalement pourquoi la météorologie vous passionne autant ?L. B.: D’abord la mer et la voile me pas-sionnent depuis ma plus tendre enfance. Mon père était mécanicien sur Mirage IV dans l’armée de l’Air et nous avons ainsi voyagé le long du littoral, au gré de ses a�ectations, à Rochefort ou encore à Arcachon. J’ai pour ainsi dire vécu au bord de l’eau. J’ai pratiqué la voile très jeune. C’est pareil pour l’avion. Mon père était certes mécanicien mais il pratiquait du planeur. J’ai donc aussi été élevé sur les terrains d’aviation. La mer ou les airs, ce sont deux milieux que j’a�ectionne. Comme je ne suis pas parvenu à devenir

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pilote de chasse – à cause notamment de ma vue qui n’est pas bonne – j’ai voulu relier ces deux passions. Fort d’un cursus scienti�que, j’ai logiquement choisi la météorologie. De �l en aiguille, j’ai ensuite appliqué la météo à la course au large en devenant en 1990 le routeur du voilier de Florence Arthaud, soit l’année où elle bat le record de la traversée de l’Atlantique nord à la voile en solitaire et celle où elle remporte la Route du Rhum. J’ai aussi été le routeur des skippers Paul Vatine et Yves Parlier. Ça a été ma vie pendant quinze ans. Et puis, les médias se sont intéressés à moi. J’ai ainsi travaillé d’abord sur La Chaîne Mé-téo, puis à RTL et maintenant aussi sur TF1. COLS BLEUS: « Monsieur Météo » à la radio et à la TV, vous êtes également parvenu à embarquer sur des bâtiments de la Marine, dites-nous pourquoi et surtout comment ? L. B.: C’est grâce au 14 Juillet sur les Champs- Élysées que TF1 retransmet en direct. Ce direct est l’occasion de voir les fantassins, les chars ou les cavaliers. Il y a aussi l’armée de l’Air très visible avec le dé�lé aérien. C’est plus di�cile de voir évoluer des bâtiments de la Marine, d’où l’idée d’aller rencontrer in situ cette armée qui est une composante importante de la défense nationale. Certes, il y a le Charles de Gaulle, mais autour il y a des frégates et des sous-marins. D’où l’idée d’embarquer. La première année, j’ai ainsi été hélitreuillé sur un sous-marin nucléaire d’at-taque pour aller à la rencontre de son équipage. En 2015, j’ai embarqué sur le Forbin en pleine

opération en Méditerranée. La Marine, c’est pour moi un milieu complètement naturel. J’éprouve cependant une frustration, celle de ne pas avoir pu me dégager du temps pour vivre une patrouille sur SNA. COLS BLEUS: Évoquer le climat de notre planète, c’est de toute évidence parler de réchauffement climatique et de météorologie, non ? L. B.: Là encore, il faut prendre de la distance et du recul. N’oublions pas notre planète et

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Dans le cadre de la retransmission en direct du 14 Juillet 2014 sur TF1, Louis Bodin a embarqué sur le SNA Saphir afin d’illustrer l’action de la Marine en mer.

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ses caractéristiques. La Terre est très fragile, voire presque éphémère. Évidemment je ne parle pas à l’échelle humaine, mais à l’échelle de la nature. N’oublions pas que nous vivons sur une croute terrestre. Faisons une centaine de kilomètres vers le centre de la Terre, là sous nos pieds, la température est déjà supérieure à celle de la surface du soleil ! D’où les volcans, les plaques tectoniques, les tremble-ments de terre. Il y a donc déjà cette précarité sur la croute terrestre. Ensuite, nous vivons dans une atmosphère qui fait entre 10 et 15 kilomètres, dans ce qu’on appelle la « troposphère », ce qui n’est �nalement pas épais. D’où des équilibres di�ciles à conser-ver. Prenons conscience que la vie humaine ne tient pas à grand-chose, que la Terre dans sa con�guration date d’une centaine de mil-lions d’années, que la météorologie est une science toute jeune, qui n’existe que depuis bientôt 150 ans. Quant aux premières images satellites, elles datent de 45 ans. Tout cela doit remettre un peu d’humilité, de recul et de pré-caution dans ce que l’on a�rme. Il est cepen-dant clair que l’impact de l’homme sur les évolutions climatiques est important. À partir de là, comment doit-on évoluer ? C’est par la science et la connaissance que l’homme s’en sortira. Grâce au progrès de la technologie – je suis peut-être naïf – l’homme va moins polluer et surtout limiter son impact sur l’en-vironnement. Il faut cependant de la patience et surtout basculer d’une ré�exion locale à une ré�exion globale sur l’avenir de l’homme sur la planète. Cette COP 21 à Paris est pour moi une belle avancée, car elle permet aux chefs d’État de tous les pays de se rencontrer, de discuter et de penser collectivement. C’est déjà un grand pas en avant !

PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANE DUGAST

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Après le SNA Saphir en 2014, Louis Bodin a mené le direct du 14 Juillet 2015 sur le Forbin en pleine opération en Méditerranée. « Un moment fort ! » dixit l’intéressé.

Louis Bodin en 6 dates29 décembre 1957 : naît à Reims (Marne). 1983 : technicien météo en Corse. 1994 : démissionne de Météo-France pour participer à la création de La Chaîne Météo.Depuis 2002 : chef du service météo et prévisionniste-présentateur de la météo à la station de radio RTL. 2009 : rejoint la chaîne d’information en continu i>Télé pour y présenter les bulletins météos.Depuis 2010 : présente les bulletins météo sur TF1 le week-end en alternance avec Évelyne Dhéliat et Catherine Laborde.

À LIRE Quand la météo fait l’histoire, Louis Bodin, Albin Michel, 275 pages, 19 €.

À ÉCOUTER Chef du service météo de la station, Louis Bodin intervient tous les jours, du lundi au vendredi, dans « RTL Matin » (7h/9h30), « RTL Midi » (12h30/14h) et « RTL Soir » (18h/20h) pour des bulletins météo réactualisés en direct.

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Le 30 novembre, Paris accueille la 21e Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques(1), dite COP 21. L’objectif ? Aboutir au 11 décembre 2015 à l’adoption d’une nouvelle résolution sur le climat, contraignante et universellement applicable dès 2020 pour limiter le réchauffement de la planète à 2°C. Ambitieux quand on sait que les États y travaillent depuis plus de vingt ans.

Les principaux objectifs de la COP 21 sont la réduction des émissions de gaz à e�et de serre(2) et son mode de �nancement. Pour éviter que tout cela ne reste qu’au stade de la théorie ou des bonnes intentions, les États

devront présenter leur stratégie d’adaptation aux impacts des dérèglements climatiques selon leurs besoins et leurs capacités. En novembre 2014, les États-Unis s’étaient déjà engagés à réduire leurs émissions de 26 à 28 % d’ici 2025 par rapport aux niveaux de 2005 – les plus importants jamais atteints. La Chine est restée plus vague dans la dé�nition de ses objectifs, en �xant 2030 comme échéance. Certaines collectivités locales(3) chinoises et américaines sont toutefois allées plus loin à l’occasion d’un sommet organisé à Los Angeles en septembre dernier en signant une déclaration commune qui prévoit une réduction des émissions plus rapidement que prévu dans le cadre national. Si ces engagements sont nécessaires, ils sont loin d’être su�sants : seule une réduction dras-tique des émissions garantirait une limitation à 2 °C de l’augmentation de la température mondiale. Sans compter les États émergents qui doivent pouvoir béné�cier d’un « droit à la croissance ». Une solution serait de déve-

pays les moins avancés dans leurs e�orts pour lutter contre le réchau�ement climatique. Il reste à dé�nir les conditions de mobilisation de ces fonds publics ou privés. L’ensemble devra en�n être complété par « l’Agenda des solutions », traduction de la participation des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux aux e�orts climatiques.

Conférence de Paris sur le climat Où est la mer ?

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lopper les villes de ces pays selon un modèle écologique et durable. Mais ceci a un coût… di�cile à mettre en œuvre pour les États les moins riches. L’enjeu �nancier de cette COP 21 est donc réel. En 2005, lors de la conférence de Copenhague, les pays développés s’étaient engagés à réunir 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Objectif a�ché : soutenir les

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L’océan o�re pourtant un éventail de solutions énergétiques. C’est pourquoi la plate-forme « Océan et climat »(6) œuvre à intégrer la mer dans le champ des négociations, non plus comme un sujet transversal mais comme un thème à part entière.Heureusement, la question n’est pas totalement éludée au niveau international. Des négocia-tions pour l’élaboration d’un accord juridique-ment contraignant pour la protection de la biodiversité en haute mer sont actuellement en cours dans les instances onusiennes. Le 25 septembre 2015, les 193 États membres des Nations unies ont également adopté à l’unanimité un nouveau Programme de déve-loppement durable. Parmi les 17 objectifs qu’il comporte, le treizième est consacré de façon générale à la lutte contre le changement clima-tique et le quatorzième à la préservation des mers et des océans. Si ces objectifs ne �gurent pas parmi les premiers, ils illustrent au moins la prise de conscience au plus haut niveau du rôle majeur des océans pour la « bonne santé » de la planète.Le 4 décembre, se tiendra le « Oceans Day at COP21 ». Organisée par le Forum mondial des océans avec la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco et la Plate-

forme Ocean & Climat, cette conférence vise à élever l’ambition des actions et des engage-ments des États en faveur de l’océan dans les négociations climatiques.

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(1) Cette convention a été adoptée à l’occasion du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. Entrée en vigueur le 21 mars 1994, elle compte aujourd’hui 196 parties (195 États et l’Union européenne).(2) Ces gaz, dont la concentration augmente sans cesse dans l’atmosphère, seraient à l’origine du dérèglement climatique et du réchau�ement global de la planète.(3) Pékin et Canton ont été les plus ambitieux en s’engageant à ne plus augmenter leurs émissions à partir de 2020. Shenzhen et Wuhan ont reculé ce pic à 2022 tandis que Guiyang s’est �xé cet objectif à l’horizon 2025. Aux États-Unis, les États de Californie et du Connecticut, ainsi que les métropoles d’Atlanta, Boston, Houston, Los Angeles, Miami, Portland, Seattle et Washington ont pour leur part réa�rmé leurs engagements en faveur d’une diminution de leurs émissions et d’une plus grande transparence quant à leurs résultats.(4) Selon Françoise Gaill, directrice de recherches au CNRS, coordinatrice du conseil scienti�que de la plate-forme « Océan et climat ».(5) Le pH des eaux est passé de 8,2 à 8,1 depuis l’ère préindustrielle. Cette baisse peut sembler in�me, mais elle a déjà des conséquences importantes sur les organismes marins calcaires. Et elle pourrait atteindre 7,75 d’ici la �n du siècle… (Extrait du colloque « L’océan, bien commun de l’humanité : une utopie pour le XXIe siècle ? » du 1er octobre 2015, organisé par l’Institut français de la mer, en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine).(6) Née le 10 juin 2014 lors de la Journée mondiale des océans, la plate-forme regroupe acteurs non gouvernementaux et instituts de recherche avec le soutien de l’Unesco.

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Il doit permettre de proposer des solutions et des alternatives aux États pour qu’ils atteignent leurs objectifs et poursuivent leurs e�orts vers une croissance plus durable.

ET LA MER ?Une interrogation demeure toutefois : celle de la place des mers et des océans dans les négo-ciations. Ils jouent un rôle majeur dans la régu-lation du climat mondial. Ils sont le véritable « poumon » de la planète et absorbent près de 30 % du CO2 émis chaque année (4), soit plus que les forêts. Mais cet excédent de CO2 entraîne l’acidi�cation des eaux, dont la rapi-dité et l’ampleur sont alarmantes (5). Depuis le XIXe siècle, l’acidité des océans a en e�et augmenté de 30 %, menaçant directement les organismes calcaires et coralliens. L’océan absorbe aussi près de 90 % du surplus de chaleur terrestre, ce qui provoque, par dilatation, l’élévation du niveau des eaux. Di�cile alors d’imaginer qu’il n’occupe pas une place de choix au sein des négociations à venir. Or il n’apparaît ni dans les négociations de préparation de la conférence, ni parmi les huit domaines d’actions dans lesquels les États sont invités à agir – au nombre desquels les transports, l’énergie, l’industrie et les forêts.

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vie des unités

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Le groupe aérien embarqué Paré au décollage !Programme Barracuda Dans quelques mois le premier équipage Joint Warrior 2015.2 La FREMM Aquitaine au cœur de l’interopérabilité

Depuis début octobre, le porte-avions Charles de Gaulle avec son groupe aérien embar-

qué (GAé) était en phase d’entraîne-ment intensif avant son déploiement. Le GAé est constitué de �ottilles et de détachements des bases d’aéronau-tique navale (BAN) de Lann-Bihoué, Hyères ou Landivisiau. Il compte 450 marins.

UN ENTRAÎNEMENTDE CHAQUE INSTANTPour comprendre ce que représente un appontage sur le porte-avions Charles de Gaulle, il faut s’imaginer aux commandes d’un aéronef de 15 tonnes évoluant à 250 km/h prêt à apponter sur la surface d’un terrain de tennis en déplacement, soumise aux mouvements de la mer et aux conditions météo. Réaliser cet exploit nécessite une formation et un entraî-nement spéci�ques pour les pilotes de l’aéronautique navale. À l’issue de deux années de cours dans le Mississippi, les jeunes pilotes e�ec-tuent une série de 10 appontages sur un porte-avions américain. Ils se voient alors décerner le macaron de chasse embarquée de l’US Navy.Les pilotes rejoignent ensuite Lan-divisiau pour se former à terre et pratiquer les appontages simulés sur piste (ASSP). Ces entraînements permettent de reconstituer l’environ-nement spéci�que du bord, tout en diminuant les risques : circuit et

vitesse d’approche, procédures, miroir d’appontage… Les pilotes peuvent ainsi mécaniser les bons ré�exes et se quali�er, de jour comme de nuit, pour se poser sur le Charles de Gaulle. Au cours de leur carrière, les pilotes auront aussi l’occasion de s’entraîner sur simulateur. S’ils ne remplacent pas les vols, ces systèmes permettent de recréer de nombreuses situations en toute sécurité : panne, scénario tactique complexe, tir de munition, ou encore météo. Les pilotes savent qu’ils peuvent aussi compter sur leurs aînés. Les pilotes et les techniciens les plus expérimentés partagent leurs connaissances et accompagnent

Le groupe aérien embarqué

Paré au décollage !

Un avion de guet aérien E 2-C Hawkeye apponte sur le porte-avions Charles de Gaulle.

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À CHACUN SA MISSION DE PRÉDILECTION !Chacune des flot-tilles a un spectre de missions bien défini. La 4F, sur E 2-C Hawkeye, effectue des missions de guet et de coordination aérienne. La 17F, dotée du Super Étendard Moder-nisé (SEM), est experte en assaut conventionnel, soutien des troupes au sol et lutte antisurface. Enfin, la grande polyva-

lence que confère le Rafale Marine aux flottilles 11F et 12F leur permet de réaliser un large éventail de missions, allant de la défense aérienne à la dis-suasion nucléaire. Des hélicop-tères Dauphin et Alouette III sont également embarqués pour l’éventuelle récupé-ration de pilotes en détresse. Au total,

entre 25 et 30 aé-ronefs prennent la mer. Liban, Bosnie, Kosovo, Afgha-nistan, Libye... Le professionnalisme des marins du ciel ne s’est jamais démenti au cours des dernières opérations. Au printemps dernier, les marins du GAé l’ont une nouvelle fois montré lors de leur participa-tion à l’opération Chammal.

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toujours les plus jeunes. Cette trans-mission des savoirs est inscrite dans l’ADN des �ottilles.

L’ÉCOLE DE L’AVIATION EMBARQUÉEPour achever leur formation à l’appon tage sur porte-avions, les nou-veaux pilotes doivent une nouvelle fois se soumettre à une phase de tests : la traditionnelle période d’École de l’aviation embarquée (EAE). Cette phase est fondamentale dans leur cursus de formation. Sous les

regards critiques mais bienveillants des o�ciers d’appontage (OA), ils doivent réussir chacun 6 appontages et 2 Touch and Go pour être quali-�és pilote de porte-avions et devenir « marins du ciel », aptes à opérer de jour comme de nuit depuis le Charles de Gaulle. L’EAE permet également aux pilotes les plus expérimentés de maintenir leurs compétences opé-rationnelles depuis le porte-avions.

ASP MARIUS CHIUMINO

Prêt pour le catapultage, le pilote prévient le chien jaune qu’il est paré pour sa mission. Le porte-avions Charles de Gaulle a la capacité de projeter un Rafale toutes les 30 secondes.

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InterviewCV JeanCommandant du GAé

Commandant, quels sont les atouts du Gaé ?Le GAé est proje-table depuis la mer. Les espaces maritimes offrent une telle liberté d’action que nos avions peuvent intervenir partout dans le monde sous faible préa-vis. Ce qui fait la force du GAé c’est aussi sa polyva-lence. Pour cela nous utilisons une large panoplie d’armements et entretenons des expertises complexes afin de nous adapter. Mais l’atout ma-jeur du Gaé, c’est

la motivation et l’esprit d’équipage de ses marins et ceux du porte-avions.

Le déploiement du porte-avions est toujours un signal fort de l’enga-gement de la France. Pour quels déploiements vous préparez-vous ?La dynamique du GAé n’est pas de se préparer à un théâtre ou une période à la mer en particulier, mais bien de rester constamment dans un cycle opérationnel, paré à toute éventualité. Cette capacité à

se rendre toujours disponible passe par l’entretien de notre niveau opérationnel et donc par un entraînement quotidien dans tout le spectre des missions des aé-ronefs du GAé. La période actuelle est marquée par un effort important de formation des jeunes pilotes, mais aussi la transfor-mation des pilotes de SEM sur Rafale, cela en honorant en permanence notre contrat opé-rationnel.

À terre, le GAé est basé à Lann-Bihoué, Hyères et Landivisiau. Comment se conçoit la prépara-tion à l’embarque-ment sur le Charles de Gaulle?Le GAé est avant tout composé de marins. Qu’ils soient pilotes, techniciens, officiers du rensei-gnement… tous sont conscients qu’embarquer et effectuer les missions depuis la mer est notre finalité. D’ailleurs, aucune opération n’est conduite depuis nos bases à terre, qui ont pour unique voca-tion la formation et l’entraînement. L’exigence du milieu marin impose une grande rigueur dans notre préparation. Les campagnes d’ap-pontages simulés sur piste sont un bon exemple de l’excellence de notre entraînement avant de rejoindre le Charles de Gaulle.

« L’atout majeur du Gaé, c’est la motivation et l’esprit d’équipage de ses marins et ceux du porte-avions.L’exigence du milieu marin impose une grande rigueur dans notre préparation. »

Une bombe GBU 58 est fixée sous un Super Étendard Modernisé. Sur ordre du commande-ment, les pilotes sont capables de tirer en vol sur une cible identifiée.

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vie des unités

ÀCherbourg et dans les forces sous-marines, Barracuda, qui désigne le programme de

construction de six nouveaux sous- marins nucléaires d’attaque (SNA) par DCNS, est sur toutes les lèvres en ce début d’année scolaire. Le groupe des sous-marins de Cherbourg (GSM) a pour mission de prendre en main les sous-marins de type Su�ren en construction. Son e�ectif vient d’être éto�é d’une soixantaine de sous-ma-riniers. À terme, la majeure partie d’entre eux constituera l’équipage bleu du Su�ren, premier de la série bapti-sé ainsi en hommage à l’un des plus grands chefs militaires de l’histoire de la Marine.

CONNAISSANCE, MODE D’EMPLOI ET ENTRAÎNEMENTDepuis le début du mois de septembre, sous le commandement du capitaine de frégate Colonna d’Istria, les sous-mariniers du GSM sont intégrés aux équipes industrielles qui �na-lisent la construction du sous-marin. Leur mission pour l’année à venir se décline en trois volets : se former à la connaissance du bateau et de ses di�é-rentes installations (sécurité-plongée, système de combat, chau�erie, armes tactiques…) ; rédiger les consignes de conduite qui serviront de « mode d’emploi » aux futurs utilisateurs ; s’entraîner en vue des essais à la mer prévus en 2017. Les sous-marins de type Su�ren seront admis au service actif entre 2018 et 2029, pour rempla-cer les SNA de type Rubis qui opèrent dans la Marine depuis 1982. Pour approfondir leur connaissance de ce nouveau sous-marin, cours théoriques délivrés par les industriels et mise en route des installations attendent donc ces marins déjà expérimentés arrivant de sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Grâce à cette première étape, ils pourront mener à bien le deuxième aspect de leur mis-sion : produire le corpus documentaire

nécessaire aux futurs équipages pour prendre en main le sous-marin dans les meilleures conditions et atteindre ainsi sa pleine capacité opération-nelle. L’entraînement sur de nouveaux simulateurs constituera l’ultime étape. Installées à Toulon à l’École de navi-gation sous-marine et des bâtiments à propulsion nucléaire (ENSM-BPN), des plates-formes d’entraînement aux opérations, à la conduite du réacteur et à la conduite de la sécurité-plongée permettront aux sous-mariniers d’ap-prendre les gestes, les ré�exes et les procédures propres au Su�ren.« On réunit pour la première fois les marins et le bateau, ce qui signi�e que l’on se rapproche des essais à la mer », estime le nouveau commandant du GSM et futur pacha du Su�ren bleu. Fin 2016 en e�et, à l’issue de cette année de formation, le premier équi-page du Su�ren sera créé.

Programme Barracuda

Dans quelques mois le premier équipage

Dans les chantiers du SNA type Suffren, les futures équipes travaillent de concert avec les industriels.

Vue d’artiste d’un SNA type Suffren.

LE PORT DE CHERBOURGAssocié à l’action de l’État en mer, le port militaire de Cherbourg veille sur l’un des détroits les plus denses du monde avec un trafic de 80 000 na-vires par an. Lieu de construction et de démantèle-ment des sous- marins français, ce port à vocation nucléaire s’ap-prête à accueillir,

dans les prochains mois, le sous-marin d’attaque de type Suffren, premier des SNA Barracuda. Un défi humain et technologique qui mobilise l’ensemble des acteurs locaux, marins militaires et civils, ingénieurs et industriels, dans de nombreux domaines : sécurité nucléaire, travaux

d’infrastructures et d’aménage-ments, protection défense, maintien en conditions opérationnelles des équipes de la base navale et des installations… Un programme majeur qui ras-semble la Marine à Cherbourg autour d’un grand projet commun.

Le port de Cherbourg est le lieu de construction des sous-marins français.

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vie des unités

Joint Warrior 2015.2

La FREMM Aquitaine au cœur de l’interopérabilité

Du 5 au 15 octobre, la frégate multimission (FREMM) Aquitaine a participé en

mer d’Écosse à l’entraînement inter-allié Joint Warrior 2015.2, dont l’objectif était de renforcer l’intero-pérabilité entre les forces armées des États-membres de l’OTAN.

UN SCÉNARIO ÉVOLUTIFPendant une dizaine de jours, plus de 30 navires et près de 60 avions et hélicoptères des pays membres de l’OTAN ont participé à de grandes manœuvres militaires qui ont amené toutes les unités à agir et évoluer en un groupe aéromaritime mobile et rapidement déployable. Les di�é-rentes forces ont suivi un scénario très réaliste : plusieurs États entament une course aux armements qui risque de dégénérer en guerre ouverte ; les forces alliées ont alors pour mission de maintenir la paix dans cette zone de tensions diplomatiques et militaires et de restaurer la liberté de navigation dans des eaux territoriales menacées par des mouvements terroristes et sécessionnistes.

LA FREMM SUR TOUTES LES DIMENSIONSUne fois au large des Hébrides, l’Aquitaine a établi une liaison de données tactiques lui permettant de partager la même situation avec les navires et aéronefs sur zone. L’entraînement s’est poursuivi dans le domaine de la lutte anti-sous- marine où le couple FREMM/Caïman Marine a démontré une fois encore son e�cacité opérationnelle pour détecter et attaquer des sous-marins. Grâce au concours d’avions de chasse, l’Aquitaine et les autres unités de la force ont mené des entraînements de lutte antiaérienne en formation. Ils se sont ainsi exercés à la détection et à la neutralisation des aéronefs en mettant en œuvre radars et missiles antiaériens

Aster. La FREMM s’est également entraînée à l’action vers la terre avec la mise en œuvre du missile de croisière naval (MdCN) face à des batteries côtières. Elle a aussi mené une campagne de tir contre la terre avec sa tourelle de 76 mm. A�n d’aug-menter son niveau de di�culté et de réalisme, le scénario des derniers jours n’était plus communiqué en avance de phase. Les équipages devaient faire face à des situations non prévues et réagir sans préavis aux événements. Grâce à la détermination et au pro-fessionnalisme de l’équipage placé au poste de mise en garde et prêt à rejoindre son poste de combat à chaque instant, la FREMM Aquitaine con�rme son interopérabilité avec les forces de l’OTAN. Cet entraînement a�rme également les savoir-faire

multiluttes des unités françaises, notamment en matière de lutte anti- sous-marine avec la montée en puis-sance du tandem FREMM/Caïman et les capacités du sous-marin nucléaire d’attaque La Perle déployé.

Au central opérations de la FREMM, les capacités de détection accrues du sonar actif très basses fréquences permettent de déceler plus rapidement l’ennemi.

EN BREFJoint Warrior est un entraîne-ment de niveau supérieur organisé deux fois par an, au printemps et à l’automne, au Royaume-Uni par la Royal Navy et la Royal Air Force, auquel sont invitées les nations OTAN et nations partenaires. Comme chaque année et, pour la deuxième fois en 2015, la France a participé à cet en-traînement majeur interallié.Joint Warrior a pour objectif de fournir un entraî-nement tactique interarmées, sous de multi-ples menaces, dans lequel le Royaume-Uni, les unités alliées et leurs états-majors œuvrent conjoin-tement dans la perspective de leur potentiel emploi dans le cadre d’une force expédi-tionnaire interalliée et interarmées (Combined Joint Expeditionary Force).

Moyens français déployés :• 3 bâtiments de surface : frégate multimission (FREMM) Aquitaine, frégate anti-sous-marine (FASM) La Motte- Picquet, patrouil-leur de haute mer (PHM) CDT Blaison ;• 1 hélicoptère embarqué Caïman Marine, 1 hélicoptère embarqué Lynx ;• 2 avions de patrouille maritime ATL2 ;• 1 sous-marin nucléaire d’attaque (SNA).

L’officier de quart aviation prépare le décollage du Caïman Marine. Le dialogue entre les deux bâtiments est primordial pour réussir les missions.

Entre ces exercices de haute intensité, l’Aquitaine a mené trois ravitaillements en gazole à la mer avec un navire pétrolier- ravitailleur américain.

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Caisse nationale militaire de Sécurité sociale

Focus sur les téléservices La Caisse nationale militaire de Sécurité sociale (CNMSS) offre un panel de services en ligne (www.cnmss.fr) pour les assurés militaires et leur famille, qu’ils soient en métropole ou à l’étranger. Le marin peut ainsi effectuer ses démarches administratives sur Internet. Focus sur les téléservices proposés. DELPHINE ALBERT

MON COMPTE EN LIGNE Ce service permet la consultation des données médico-administratives, 24h/24 et 7 j/7. Le marin peut à tout moment et en toute sécurité effectuer ses démarches en ligne (édition d’at-testation de droit, commande de carte Vitale…) en consultant l’espace « mes services en ligne ».

TRAITEMENT DE DEMANDES DE REMBOURSEMENT EN LIGNE DES FRAIS DE SOINS HORS DE FRANCE Depuis décembre 2014, la CNMSS a mis en place, à titre expérimental, une procédure de demande de rembour-

sement en ligne des frais de soins pour les militaires d’active et leurs ayants droit affectés en Côte d’Ivoire, à Djibouti, aux Émirats arabes unis, au Gabon et au Sénégal. Ce service permet de transmettre par Internet ou par fax, les pièces justifi catives scannées de facturation des frais de soins souvent très onéreux à l’étranger. Les frais sont remboursés dans un délai moyen de 5 jours. Ce nouveau service donnant satisfaction, la CNMSS envisage de l’étendre à tous les pays étrangers (http://www.cnmss.fr/assure/en-1-clic/actualite-23/un-nouveau-teleser-vice-dedie-a-vos-remboursements).

Par le déve-loppement de ces services dématé-rialisés, la CNMSS s’inscrit pour renforcer la qualité du service au profi t des assurés.

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GUIDE DU DÉPART OUTRE-MER ET À L’ÉTRANGERCe guide recueille l’ensemble des infor-mations et des démarches à accomplir par le marin lors d’une affectation hors du territoire métropolitain. Il accompagne sa mobilité, ses démarches administratives et permet de préserver sa santé et celle de ses proches (http://guide-depart.cnmss.fr).

GUIDE DU MIEUX VIVRE LE DÉPLOIEMENT DU MILITAIRE ET SA FAMILLE Lancé en septembre dernier, il regroupe les informations médico-sociales et administratives utiles au bien-être du militaire et de sa famille dans le cadre d’un déploiement (http://deploiement.cnmss.fr). Il prend en compte la condi-tion du marin liée aux opérations et les actions se déroulant avant, pendant et après le déploiement, qu’il soit sur un théâtre d’opérations ou sur le territoire de stationnement habituel.

DOSSIER UNIQUE Le Dossier unique permet de solliciter les aides de la CNMSS, de l’Action sociale de la Défense (ASD) et des mutuelles militaires en ne constituant qu’une seule demande. En septembre 2012, il a été étendu au « dossier unique opérations extérieures » (DU OPEX), permettant d’améliorer le suivi médico-social du militaire blessé en opérations et d’offrir une prise en charge optimisée des blessés et de leur famille.Par le développement de ces services dématérialisés, la CNMSS s’inscrit durablement et signifi cativement dans les démarches de simplifi cation et de dématérialisation, pour renforcer la qualité du service au profi t des assurés. Elle contribue ainsi à une démarche plus globale du maintien en condition opérationnelle de ses ressortissants.

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, visite la plate-forme téléphonique de la Caisse nationale militaire de Sécurité sociale lors de sa venue à Toulon, le vendredi 10 octobre 2014. Cette plate-forme permet aux assurés d’avoir un contact privilégié avec la CNMSS.

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Filière renseignement

Plus-value et spécificité des marins

La Marine, présente sur toutes les mers du globe, participe en permanence au recueil d’informations et à la fonction stratégique « connaissance et anticipation ». Au-delà de cette mission qui incombe en permanence à tous les marins, la Marine permet à certains d’entre eux de se spécialiser dans le renseignement. Focus sur ceux qui œuvrent dans l’ombre. LV MICKAEL BASSET ET EV2 SARAH VIOLANTI

Les marins intégrant la filière ren-seignement s’engagent dans un domaine très spécialisé et interar-mées. Pour être parfaitement

efficaces, ils doivent conserver leur spécificité et apporter ainsi à la fonc-tion renseignement des armées leur expertise de milieu. Recrutés après une période de 3 à 10 ans de service dans la Marine, ils peuvent s’orienter dans différentes filières couvrant tous les domaines du renseignement : opéra-teur linguiste d’interception, opérateur d’écoute, détecteur et analyste des signaux électromagnétiques, analyste traitant et interprète d’images d’origine spatiale, analyste du renseignement d’origine électromagnétique. La Marine offre des postes dans chacune de ces filières au sein de ses unités spécialisées : CRMar, bâtiment d’essais et de mesures (BEM) Dupuy de Lôme, centres d’expertise (Centex), bureaux renseignement de CECLANT, CECMED, ©

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Une filière, de multiples métiers

COMAR Manche, ainsi qu’ALFAN/HRF…La formation aux métiers du renseigne-ment est dispensée dans des centres interarmées. Les marins ont ensuite vocation à servir indifféremment au sein d’unités de la Marine, de la Direction du renseignement militaire (DRM) ou d’autres services. Le besoin en renseignement est croissant et les marins qui choisissent cette filière sont fréquemment projetés sur les théâtres d’opérations à bord des unités de la Marine (frégate, sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), avion de patrouille maritime Atlantique 2).En résumé, rejoindre la filière renseigne-ment, c’est choisir un métier passion-nant et valorisant qui s’inscrit pleine-ment dans les missions de la Marine.

TÉMOIGNAGES

CF Emmanuel B., chef du Centre de renseignement de la Marine (CRMar) et expert métier renseignement

RO : renseignement d’origine

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Info Un insigne métallique de poitrine est en cours de réalisation au profit du personnel de la filière renseignement et sera dispo-nible au sein des salons d’habillement.

La passion de l’imagePM David B., formateur des interprètes image

Après 14 ans de carrière em-barquée à bord d’unités de la Force d’action navale en tant que mécanicien d’armes, j’ai

opté pour une seconde carrière dans le renseignement militaire d’origine « image ». À l’issue d’une formation de 28 semaines au Centre de formation et d’interprétation interarmées de l’image-rie (CF3I) de Creil, j’ai intégré la Direction du renseignement militaire (DRM) au sein la division opérations du CF3I.

Le travail d’interprète image est un métier passionnant qui demande de la curiosité et ne laisse pas de place à la routine. Chaque image est unique, nécessitant une analyse et l’utilisa-tion de nombreuses connaissances (matériels, installations). C’est un métier très enrichissant, tant au point de vue in-tellectuel que personnel, car on évolue particulièrement au sein d’une équipe dans un milieu interarmées, riche de différentes cultures. L’interprète image

peut traiter des demandes qui vont de la veille stratégique (surveillance de sites d’intérêt militaire) à l’appui aux opé-rations quasiment en temps réel avec l’utilisation des drones en opérations extérieures. Passionné par mon métier, depuis deux ans je suis formateur pour cette spécia-lité. Pour moi, les qualités d’un bon inter-prète sont la curiosité, l’esprit d’équipe, la capacité de remise en cause et de bonnes capacités d’analyse. Mes années de navigation m’ont apporté une expérience qui me sert régulière-ment dans mes nouvelles fonctions. C’est ce qui fait la force des interprètes images « Marine ».

« Les officiers de marine proviennent de tous les horizons. Leur connais-sance du monde maritime est une richesse pour la DRM. »

FOCUS SUR LES MARINS AFFECTÉS À LA DRM

Point de vue du GCA Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire

Mon général, quelle part les marins représentent-ils dans les effectifs de la DRM ? Les marins occupent une place impor-tante à la DRM. À ce jour, ils repré-sentent 18 % de son personnel et près de 23 % du personnel militaire d’ac-tive. Il faut ajouter à cela l’emploi de 25 personnels civils ex-marins et autant de réservistes. Les marins occupent des postes à responsabilités : la fonction de sous-directeur exploitation est au-jourd’hui assurée par un contre-amiral. Le Centre de formation et d’interpré-

tation interarmées de l’imagerie (CF3I) est également dirigé par un officier de marine qui, avant de prendre ce poste, a assuré la mise en place du Centre de renseignement géospatial interarmées (CRGI), notre centre d’excellence dans le domaine du GEOINT (renseignement d’origine spatiale) créé en janvier 2015. À cela s’ajoute un certain nombre de chefs de bureau et de chefs de détachement avancé de transmission (DAT) outre-mer venant de la Marine. Enfin, le gestionnaire des emplois de la filière renseignement de la Marine est en poste au sein de notre direction.

Quelles filières ou spécialités sont employées à la DRM ? Les officiers de marine, qui représentent 20 % des effectifs de marins de la DRM, proviennent de tous les horizons. Leur connaissance du monde maritime est une richesse pour la DRM. Quant aux officiers mariniers, ils sont majoritaire-ment issus de la filière renseignement, les autres se répartissant entre spécialistes des métiers des systèmes d’information et de communications (SIC), de l’admi-nistration (ADMIN), des opérations (OPS) et de l’aéronautique (AERO).

Quelle est la cartographie des postes de marins à la DRM ? Près de la moitié des marins travaille sur la base aérienne de Creil. L’autre moitié est en poste à Paris, au DAT de Giens ou dans les DAT outre-mer. Enfin, une dizaine de marins contribue à former aux métiers du renseignement au Centre de formation interarmées du renseignement (CFIAR) à Strasbourg.

Rencontrez-vous des difficultés d’attractivité pour le site de Creil ? Je comprends que Creil ne soit pas le port de prédilection des marins. Cepen-dant, je remarque que la plupart d’entre eux demandent à y prolonger leur affectation. Le cadre de travail sur la base est particulièrement apprécié. Entre Senlis et Chantilly où résident la plupart de nos militaires, l’environne-ment du site offre beaucoup d’atouts. Creil est en outre tout proche de Paris. L’attractivité de la base de Creil est une de mes priorités. C’est pourquoi je projette de faire de ce site un pôle d’at-tractivité renseignement qui soit un lieu privilégié de synergies entre les entre-prises et nos centres opérationnels.

Quel lien la DRM entretient-elle avec le BEM Dupuy de Lôme ? Le bâtiment d’essais et de mesures Dupuy de Lôme, basé à Brest, est mis à la disposition de la DRM par la Marine. Il a été conçu spécialement pour répondre au besoin du recueil de renseignement d’origine électroma-gnétique (ROEM) depuis la mer. La DRM définit ses missions et exploite sa production au profit des trois armées.

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42 — COLS BLEUS - N°3044

CC Patrice L’Hour Chef du groupement manœuvre à l’École navale

Son parcours1992 : chef passerelle sur le PHM LV Le Hénaff.1994 : sauvetage d’un timonier tombé en pleine mer à bord de la goélette Étoile.2003 : commandant adjoint équipage, commandant opérations, officier de manœuvre et chef du service pont du bâtiment hydrographique et océanographique Beautemps-Beaupré.2009 : élu Sail Trainer of the Year par l’association Sail Training International.Août 2015 : le CC L’Hour et son équipage sont parmi les premiers Français à remporter la Tall Ships Race entre la Norvège et le Danemark.

Meilleur souvenirCommandant de la goélette Étoile C’est une formidable école de la vie et de la mer ! Avec 1 924 élèves embarqués, 26 145 nautiques parcourus, 34 ports et 9 pays visités… Mais ces chiffres ne relatent pas toute la richesse d’une affectation sur l’Étoile. Sur goélette, il y a à la fois de l’instruction, de la représentation et des relations publiques à l’échelle internationale. La participation à deux Tall Ships Race, une course des grands voiliers emblématiques, reste des temps forts gravés dans ma mémoire. À cette occasion, j’ai accompagné l’ambassadeur de France aux États-Unis à la cérémonie de réouverture au public de la Statue de la Liberté à New York. Un moment inoubliable !

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COLS BLEUS - N°3044 — 43

À l’École navale, la pratique de la voile est un réel enjeu pédagogique. Pour tout

marin, pratiquer la voile c’est capter, saisir, analyser des éléments bien distincts : l’air, l’eau, les fonds marins et les courants. Faire de la voile, c’est savoir évoluer au gré des vagues, réguler son allure, optimiser le potentiel de son bateau par les réglages des voiles. Naviguer à la voile permet également de composer avec les forces hydrodynamiques et aérodynamiques, en analysant sans cesse l’évolution de la météorologie et les signaux affichés par la nature. La voile sportive renforce la capacité de décision du marin grâce à la stratégie et la tactique nécessaires en régate. Les voiliers de l’École navale naviguent toute l’année sur le plan d’eau du Poulmic, en mer d’Iroise et participent à plusieurs courses françaises. Forte de sa dynamique et de ses résultats, l’École navale participe à de nombreux grands rendez-vous

nationaux et internationaux, dont le Spi Ouest France, la course de l’EDHEC et bien évidemment le Grand Prix de l’École navale, dont elle est l’organisatrice.

L’École navale et la voile

D e l’eau salée coule dans ses veines ! Fils de patron pêcheur, Patrice vit sur

et pour la mer. À peine âgé de 8 ans, il participe à son premier sauvetage, celui d’un patron pêcheur tombé à la mer. À 14 ans, il navigue entre les ports du sud et du nord de sa « chère Bretagne ». Il devient aide- moniteur, puis directeur au club de voile de Carantec. Entre-temps, il est nommé marin pêcheur. Et la Marine ? Il s’y engage tout naturellement en 1985. Il débute comme manœuvrier sur le Mutin, puis est admis à suivre le brevet de navigateur en 1990. En décembre 2002, l’aspirant L’Hour rejoint l’École navale. Il rallie le Beautemps-Beau-pré durant son armement, « un moment très fort et très intense ! » En septembre 2007, le lieutenant

de vaisseau L’Hour devient com-mandant de la goélette Étoile : « Le rêve, une consécration mais finalement une étape ! » Deux ans plus tard, pour la première fois de sa carrière, il pose son « sac à terre » à l’École navale. Son expérience est un trésor pour les marins en apprentissage. Patrice L’Hour œuvre également pour le monde de la voile. Il a notamment accompagné pendant deux années l’association « Hermione La Fayette ». Aujourd’hui, il siège aux conseils d’administration de « La Touline » (association pour l’emploi maritime). Il est aussi le secrétaire général de l’Association du Grand voilier école et du Club de voile Ailée de l’École navale. « Vingt-cinq années passées en mer vous forgent d’intimes convictions… »

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Spartiate : le BPC Mistral mis à l’épreuve !Septembre 2015, le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral appareille pour l’entraînement opérationnel Spartiate au large des îles du Levant. Ce stage de préparation d’artillerie et d’action vers la terre, organisé par les entraîneurs de la Force d’action navale, va mettre à l’épreuve, 60 heures durant, l’ensemble de l’équipage du Mistral. Intensif et complet, cet exercice quali�ant de niveau supérieur doit permettre de valider les principales capacités opérationnelles du bâtiment et en particulier son aptitude amphibie. Point d’orgue de cet entraînement : plusieurs dizaines de ressortissants à évacuer d’un pays en proie à une guerre civile. Un scénario qui n’est pas sans rappeler l’opération conduite par le BPC Dixmude au large du Yémen en début d’année…

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1 Le Mistral vient d’appareiller. C’est désormais au tour des engins de la flot-tille amphibie de rejoindre le BPC. Grâce à son système de ballasts, le bâti-ment s’est légèrement incliné pour remplir le radier et ainsi accueillir un engin de débarquement

amphibie rapide (EDA-R) et deux chalands de transport de matériel (CTM). Ces éléments sont indispensables pour débarquer troupes et véhicules.

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2 Les entraîneurs de la Force d’action navale (FAN) calent les dernières étapes du scénario. Il est écrit jusque dans les moindres détails pour simuler les attaques et menaces aux-quelles le Mistral sera confronté avec le plus de réalisme possible.

3 À peine sorti de la rade de Toulon, le Mistral est déjà la cible d’attaques de petites embarcations hostiles. Les tireurs sont à poste derrière les affûts 12,7 mm pour riposter et défendre le bâtiment.

4 Au cœur du central opérations (CO), le commandant est concentré sur la situation tactique. Il analyse les der-nières informations relatives à la situation aérienne et à la situation surface, puis transmet les consignes à son équipage.

5 Un tir ennemi a touché le bâtiment et a provoqué un incendie. Une équipe de pompiers lourds intervient pour maîtriser le feu et empêcher une exten-sion du sinistre, ainsi que la propa-gation des fumées toxiques dans l’en-semble du bâtiment.

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1 Un aéronef non identifié est détecté par le radar puis par les veilleurs sur l’avant tribord. Malgré plu-sieurs avertissements, l’aéronef poursuit son approche vers le bâti-ment avec un profil de vol hostile. À moins de 2 nautiques, l’ordre de tirer est donné.

2 En pleine nuit, l’opération d’évacua-tion de ressortissants (Resevac) est ordon-née. Le 21e régiment d’infanterie de Marine (RIMa) de Fréjus, pré-sent à bord du Mistral, débarque alors ses blindés sur la plage reconnue au préa-lable par les équipes spécialisées.

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3 Après avoir mis en place un dispo-sitif d’évacuation, l’équipage du Mistral accueille chaque ressortissant. Ces der-niers sont contrôlés, leurs bagages vérifiés et leur identité enre-gistrée. Ces contrôles sont indispensables avant de procéder à l’évacuation en sécu-rité vers le bâtiment.

4 Tous les ressortis-sants, les marins et la brigade de protection (BP) ont embarqué à bord des CTM pour rejoindre le Mistral. La porte arrière est ouverte, le radier est prêt à accueillir les chalands. Une fois à bord, les équipes de santé évacuent en priorité les blessés pour les mener vers l’hôpital. Les autres personnes évacuées seront prises en charge par les équipes du bord qui leur apporteront soutien et réconfort.

5 Une personne évacuée est victime d’un malaise. Elle est immédiatement prise en charge par l’équipe médicale qui prodigue les premiers soins dans l’hôpital du bâtiment. L’équipe-ment sophistiqué du BPC permet de faire un diagnostic précis et de poursuivre la prise en charge à bord sans l’évacuer.

6 Fin de l’exercice. Les entraîneurs de la FAN font un dernier débrie-fing. Spartiate validé pour le BPC Mistral !

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loisirsMusique Livres Cinéma Expos Spectacle

D’HIER À AUJOURD’HUI, CET OUVRAGE RETRACE LES PLUS BELLES PAGES DE L’HISTOIRE DE LA MARINE, depuis l’impulsion donnée par Richelieu et Colbert, son expansion du XVIIe au XIXe siècle sans oublier son époque moderne. Toute l’histoire de l’institution est passée au crible sous la plume alerte d’Emmanuel Boulard, ancien capitaine de frégate, docteur en histoire, et Alain Popieul, capitaine de corvette de la réserve citoyenne. Quant à l’iconographie riche et inédite, elle est principalement issue des collections du Musée de la Marine. Préfacé par Didier Decoin �, prix Goncourt et écrivain de marine, ce beau-livre se destine au grand public tant son éditeur sait « fabriquer » des best-sellers depuis 35 ans. En témoignent les récents succès comme Métronome de Lorànt Deutsch ou Les Naufragés de l’île Tromelin signé Irène Frain. Le Grand Livre de la Marine – Histoire de la Marine française des origines à nos jours, Michel Lafon Publishing/ Musée national de la Marine, 256 pages, 39,95 €.

Grand pavois

Quand une guirlande de pavillons multicolores orne un bâtiment de la Marine, il s’agit d’une célébration ou d’une commémoration. Se composant généralement de pavillons alphabétiques du code international des signaux, cette guirlande est savamment disposée le long d’une drisse courant de l’avant à l’arrière, en pas-sant par le haut des mâts. L’ordre des pavillons fait l’objet d’une réglementation précise : l’agencement vise à éviter de former une signi-fi cation en français ou dans une langue étrangère. Mis en place traditionnellement pour le 14 Juillet ou la commémoration du 11 Novembre, le pavoise-ment peut être prescrit pour la visite du président de la République, d’un souverain ou chef d’État étranger. Pour d’évidentes raisons pratiques, le grand pavois ne peut être arboré en mer. Il peut cependant être remplacé par le petit pavois, plus modeste, consistant à arborer des pavillons tendus entre deux mâtures. C’est d’ailleurs sous petit pavois qu’un bâtiment engageait jadis le combat. Autres temps, autres mœurs…

le saviez-vous ?

Pilote de chasse, le contre-amiral (2S) Claude Gaucherand a été marqué dans sa carrière par un avion : le F-8 Crusader. Alors que le « Crouze » a fait son dernier vol il y a déjà plus de quinze ans, Claude Gaucherand revient sur ses vols marquants à bord de son aéronef de prédilection (il compte 2 400 heures à son actif entre février 1966 et septembre 1992). Avec concision, fougue et passion, il narre ses faits d’armes sur « Crouze », son métier, ses joies et ses peines. Un récit vivant, mais surtout un hommage au « Crouze » qui a marqué nombre d’anciens marins du ciel.

Pilote de Crusader, Claude Gaucheraud, JPO Éditions, 204 pages, 24,35 €.

Le Grand Livre de la Marine L’épopée de la Marine

Pilote de CrusaderL’âme du « Crouze »

L’épopée de la Marine

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loisirs

Précisément 599 émissions, 20 saisons… Programme phare de France 3 de 1993 à 2014, « C’est pas sorcier » est de retour sur le web avec un nouveau nom : « L’Esprit Sorcier ». Même ton, même esprit et une même mission : vulgariser le monde des sciences. Grâce à un partenariat avec l’Ifremer, Fred, Jamy, Sabine et leurs équipes s’attaquent d’emblée à une thématique symbolique : l’océan et le climat.

Rendez-vous sur http://www.lespritsorcier.org/

L’HERMIONE, C’EST LA REPRODUCTION D’UNE FRÉGATE EN SERVICE DANS LA MARINE DE 1779 À 1793. L’Hermione, c’est surtout le navire qui permit en 1780 à La Fayette de rejoindre l’Amérique et les « insurgés » en lutte pour leur indépendance. Ainsi 235 ans plus tard, sa réplique, a appareillé de l’île d’Aix pour e� ectuer le même périple, voyage long de 4 mois et de 13 000 kilomètres. Ce livre en est le récit illustré, narrant autant la vie du bord que les escales mémorables aux États-Unis ou encore les rencontres, dont celles avec la FASM Latouche-Tréville. Un beau-livre grâce au travail d’investigation de ses deux auteurs. Embarquement immédiat…L’Hermione – Dans le sillage de La Fayette,Francis Latreille et Yves Gaubert, Gallimard, 160 pages, 25 €.

L’HermioneC’est La Fayette et l’Amérique !

L’esprit sorcier Sciences au naturel !

Précisément 599 émissions, 20 saisons… Programme phare de France 3 de 1993 à 2014, « C’est pas sorcier » est de retour sur le web avec un nouveau nom : « L’Esprit Sorcier ». Même ton, même esprit et une même mission : vulgariser le monde des sciences. Grâce à un partenariat avec l’Ifremer, Fred, Jamy, Sabine et leurs équipes s’attaquent d’emblée à une thématique symbolique : l’océan et le climat.

Rendez-vous sur http://www.lespritsorcier.org/

Sciences au naturel !

Les auteurs sont formels : les océans sont la première « assurance vie » de la planète et un élément clé pour l’équilibre de notre climat. L’épuisement des ressources des « 30 % verts » et la réfl exion qui se met en place autour des « 70 % bleus » révèlent leur importance. Ce livre en est le manifeste, solutions à l’appui.

Mer et Marine. Enjeux stratégiques et culturels du XXIe siècle. Pour un monde plus fl uide, plus juste, plus durable, Éric Barrault et Siméon Montrose, postface de Dominique de La Rochefoucauld-Montbel, L’Harmattan, 170 pages, 21 €.

Mer et Marine La mer une assurance vie

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Le célèbre marin (créé par Hugo Pratt en 1967) fait son retour dans le monde de la BD… après 20 ans d’absence ! À nouvel album : nouvelle intrigue, nouveaux auteurs (un tandem ibérique) mais une même magie ! À la fois fi dèle mais différente, cette reprise en main réactive les ressorts « à la Pratt » faisant de cet album un grand récit d’aventures, réjouis-sant autant les afi cionados que les novices. Une réussite !

Corto Maltese (Tome 13) – Sous le soleil de Minuit, Juan Diaz Canales (scénariste) et Ruben Pellejera (dessins), Casterman, 96 pages, 16 €.

Sous le soleil de minuit Le retour de Corto Maltese

L’auteur Christophe Migeon s’est penché sur le monde des profondeurs d’un point de vue autant historique que littéraire et scientifi que. Ainsi décortiqués, les grands fonds mystérieux, envou-tants et fantasmés se révèlent autrement. Un livre très (sous) marin !

Abysses – Une histoire des grands fonds, Christophe Migeon, Paulsen éditions, 301 pages, 56 €.

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loisirs

Le jeu des silhouettesSaurez-vous reconnaître quels types d’unités se cachent derrière ces silhouettes ? Retrouvez prochainement la solution sur colsbleus.fr

Arrêt des ventes en k iosque de Cols Bleus La Marine nationale procède à l’arrêt des ventes en kiosque de son magazine Cols bleus à compter du numéro hors-série de décembre.

Le magazine ne disparaît pas pour autant ! Pour vous le procurer, il vous suffit simplement de vous-abonner en remplissant le bulletin Cols bleus que vous trouverez sur le site www.colsbleus.fr/pages/abonnez-vous

La Marine nationale procéde à la numérisation de la Revue Cols Bleus de 1945 à 1967.

Les fascicules numérisés en mode image et en mode texte seront rendus accessibles sur Internet, de façon libre et gratuite. En conséquence, il est demandé aux auteurs ayant collaboré à ce titre, ou à leurs ayants droit, de bien vouloir remplir le formulaire d’autorisation ci-joint et le retourner à :

Monsieur le capitaine de vaisseau, commandant le service d’information et de relations publiques de la Marine 60 boulevard du Général Martial Valin, CS 21623, 75509 Paris Cedex 9

NUMÉRISATION DE COLS BLEUS

À l’issue d’un délai de 6 mois, prenant effet à compter de la date de publication du premier encart dans la revue Cols Bleus et sauf avis contraire des auteurs ou de leurs ayants droit, nous procèderons à la mise en ligne des volumes numérisés.

Il est cependant précisé qu’après cette mise en ligne, nous nous engageons à retirer tout article ou illustration en cas de réclamation de son auteur ou des ayants droit de ce dernier.

Je, soussigné ..............................., auteur ou ayant droit de ................................, autorise gracieusement et à titre non exclusif à procéder à la numérisation en mode image et en mode texte et à diffuser à titre gratuit sur les sites dont elle assume la responsabilité :> L’ensemble de mes contributions à la revue Cols Bleus ;> L’ensemble de mes contributions à la revue Cols Bleus, à l’exception de celles mentionnées dans la liste jointe.Cette autorisation est valable pour toute la durée des droits d’auteur, n’a pas de limitation territoriale et est limitée strictement aux usages définis ci-dessus.Lieu : .................................................................................. Date : ....................................................Signature :

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