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Dossier de presse - Département du Doubs · La source de la Loue : un site valorisé et sécurisé Les sentiers de Courbet Pays de Courbet, pays d’artiste, label Ethnopôle

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Dossier de presse

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Sommaire

• Communiqué de presse - page 3

• Le mot de Christine Bouquin, Présidente du Département – page 4

• Présentation de l’exposition - pages 5 à 12

«Réaliser ses sensations» : Le mot d’ordre de Cézanne

Matiérisme, magnétisme, réalisme : Courbet et l’épaisseur du monde

Le triomphe de l’impression : Pissarro, Sisley, Monet, Signac…

L’ «équivalent passionné d’une sensation reçue» : Sérusier et Bonnard au seuil du paysage intérieur

Nicolas de Staël et le vertige des sens

L’«art d’abstraire» d’Anna-Eva Bergman

La nature pulvérisée d’Hans Hartung

Penone, de l’arbre au marbre

• Organisation de l’exposition – page 13

• Catalogue – page 13

• Conférences autour de l’exposition – pages 14

• Visuels disponibles pour la presse - pages 15 et 16

• Informations pratiques – page 17

• Pays de Courbet, Pays d’artiste - pages 18 à 22

Le musée Courbet

- Connaître Courbet grâce à la collection permanente - Des expositions temporaires pour comprendre l’influence de

Courbet dans le monde artistique

La ferme Courbet à Flagey

- Un lieu de vie et d’échange culturel pour tous

- Les chambres d’hôtes

Le dernier atelier de Gustave Courbet à Ornans

La source de la Loue : un site valorisé et sécurisé

Les sentiers de Courbet

Pays de Courbet, pays d’artiste, label Ethnopôle

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Communiqué de presse

Exposition Sensations de nature, de Courbet à Hartung

Du 4 juillet au 12 octobre 2015 au musée Courbet à Ornans De Courbet à Hartung en passant par Cézanne, Monet, Pissarro, Nicolas de Staël, Sérusier, Signac, Bonnard, Masson, Léger ou encore Bergman et puis Penone, une cinquantaine d’œuvres s’expose de juillet à octobre 2015 au musée Courbet à Ornans. À partir du milieu du XIXe siècle, la représentation artistique de la nature connaît l’une des plus grandes révolutions esthétiques. Alors que les codes établis privilégient une vision idéalisée ou une copie fidèle, des artistes vont choisir une approche plus sensitive et personnelle pour parvenir à faire ressentir la nature à travers la peinture et non simplement la montrer. Intuitive, subjective, émotive, la Sensation de nature devient alors un terrain d’étude plastique de première importance. De Courbet à Penone, cette exposition se propose de faire entrer en résonance figuration et abstraction… par le rapprochement de sensations artistiques propres à chaque artiste et à chaque époque.

La nature : une palette de sensations ! Bien que trop souvent et trop exclusivement qualifié de maître du réalisme, Gustave Courbet fut en fait un pionnier dans l’art de peindre la nature à partir de ses sensations. Par l’utilisation de pâte épaisse, voire de substance terreuse, il rend presque physique la matérialité de son sol natal. Inspirés par cet exemple, entre 1861 et 1885, Cézanne et Pissarro qui travaillent ensemble, poussent encore plus loin l’expérimentation du rendu sensoriel et ouvrent la voie à la modernité. Pierre Bonnard est une figure marquante de cette modernité. Sa personnalité s’est façonnée entre la fin de l’impressionnisme, si riche en impressions nouvelles, et le mouvement nabi pour

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qui la peinture doit être une transposition de la nature, « l’équivalent passionné d’une sensation reçue » (Maurice Denis). Plus tard, Nicolas de Staël pénètre le réel de la nature jusqu'à le réduire à une ébauche abstraite. Son travail n’est pas seulement pictural, mais aussi philosophique et imprégné d’existentialisme, et le conduit à des tableaux animés par un extraordinaire pouvoir de génération lumineuse. Figures incontournables de l’art moderne, Hans Hartung et Anna-Eva Bergman ont choisi l’abstraction comme expression sensorielle de la nature. Dans les années 1970, parmi ses innombrables expérimentations plastiques, Hans Hartung utilise d’immenses balais de genêts qui poussent auprès de son atelier pour produire des œuvres où la sensation physique est proche du sublime romantique. Anna-Eva Bergman confiait vouloir faire ressentir «derrière la frontière horizontale», «une expérience pure de la nature». En utilisant notamment la feuille de métal, elle parvient à traduire des sensations de transparence et d’infini. Aujourd’hui, l’italien Giuseppe Penone, sculpteur des veines de marbre mais aussi des odorantes feuilles de lauriers, dans une démarche très intime, offre au travers de son intuition créatrice, son individualité d’artiste et son universalité d’être humain pour rendre plus étroite la relation de l’homme avec la nature. Acteur éminent de l’Arte Povera, il développe une œuvre qui est un appel à l’ensemble des sensations humaines. Exposition organisée par le musée Courbet en partenariat avec la Fondation Hartung Bergman d’Antibes et avec le soutien du musée d’Orsay, partenaire du musée Courbet. Commissariat de l’exposition : Frédérique Thomas-Maurin, Conservateur en chef du musée Gustave Courbet Julie Delmas, Adjointe du conservateur Élise Boudon, chargée d’études Thomas Schlesser, Directeur de la Fondation Hartung-Bergman Contacts presse : Département du Doubs Marie Payer [email protected] 03 81 25 80 27 Agence aiRPur Pascal Margueron/Sophie Gilibert [email protected]

03 81 57 13 29

06 81 55 96 68

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Le mot de Christine Bouquin,

Présidente du Département du Doubs

Quatre ans après son ouverture, le musée Courbet poursuit sa politique de découverte du peintre, bien sûr, mais aussi de mise en perspective de son œuvre. Pour l’été 2015, c’est autour de la notion de perception de la nature, si chère à l’artiste, que le musée propose un cheminement au cœur des « sensations » des grandes figures de l’art du XIXe à aujourd’hui : Cézanne, Pissarro, Monet ,Sisley, Signac, Sérusier, Bonnard, Masson, Léger, Nicolas de Staël, Hartung, Bergman et enfin Penone. Chacun à sa manière, depuis les audaces de Courbet, a su créer une vision nouvelle et personnelle du monde et de la nature. Tous sont admirablement talentueux et inventifs. Pour pouvoir les admirer ici, il fallait les amitiés que le musée Courbet a nouées, en particulier avec la Fondation Hartung-Bergman d’Antibes qui a proposé cette belle réflexion artistique et mis à disposition ses prestigieuses collections. Que son Président Daniel Malingre et son Directeur Thomas Schlesser en soient vivement remerciés. Le partenariat avec le Musée d’Orsay prouve à cette occasion encore, sa richesse ; ainsi ce sont six toiles magnifiques qui nous sont prêtées pour cette exposition. Les grandes collections étrangères publiques et privées ont aussi répondu à nos demandes de Genève, Milan, Londres, Cambridge, Madrid. Mais je n’oublie pas non plus les nombreuses institutions muséales françaises, les musées d’Amiens, de Dijon, de Belfort, de Meudon, de Montpellier, de Toulouse, d’Albi, du Cannet, d’Antibes, et du Havre. À tous, je dis ma gratitude et adresse mes remerciements.

Christine Bouquin, Présidente du Département du Doubs

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Présentation de l’exposition

Sensations de nature, de Courbet à Hartung

Cette exposition regroupe un ensemble d’œuvres d’artistes historiques qui, de Gustave Courbet à Hans Hartung, cherchent à exprimer, avec des moyens plastiques singuliers et novateurs, le concert d’émotions qui traversent corps et esprit au contact de la nature. Alors que l’approche classique tend à la retranscription visuelle du spectacle du monde, il s’agit ici d’œuvres où se joue une perception multi-sensorielle plus intériorisée : d’où son titre de sensations emprunté au vocabulaire de Cézanne.

La notion de sensation désigne des bouleversements physiques et psychiques diffus perçus par les artistes. Comment ceux-ci parviennent-ils à dire, sur la toile, ce tumulte ? Comment traduire la profondeur de cette perception de l’environnement extérieur, depuis la minéralité des pierres jusqu’à l’immatérialité des ciels ?

On verra non seulement toute la diversité des réponses apportées à ce défi par les peintres des XIXe et XXe siècles mais aussi, en filigrane, la façon dont les beaux-arts ont accompagné le développement d’un nouveau rapport au monde durant la période contemporaine, rapport qui privilégie «le sentiment de soi» et où la nature s’apparente à un Eden perdu dans une société qui s’urbanise massivement.

«Réaliser ses sensations» : le mot d’ordre de Cézanne

C’est à Paul Cézanne que l’on doit avant tout l’expression obstinée de «sensation» ou de «petite sensation» pour dire son rapport à la nature. L’insistance de cette terminologie en fait donc la figure tutélaire qui introduit l’exposition, même si le peintre aixois, vient, chronologiquement, à la suite de Gustave Courbet, qu’il admirait d’ailleurs.

Excellent marcheur, homme de la terre, Paul Cézanne entretient avec l’univers qui l’entoure un lien d’une intensité qui dépasse la simple dimension visuelle : son contact est sans cesse excité par une somme de troubles et de ravissements. À charge pour l’artiste de « réaliser » cette agitation dans ses toiles, c’est-à-dire de lui donner consistance et beauté : «le torrent du monde dans un pouce de matière», clame-t-il.

Cézanne, après une première période, dite «couillarde», sombre et anxieuse, dans les années 1860, puis un virage vers l’impressionnisme sous l’égide de Camille Pissarro dans les années 1870, suit un cheminement esthétique très en marge jusque dans les années 1890. La force de son paysagisme, l’extraordinaire équilibre entre simplicité et densité de ses compositions finissent cependant par l’imposer comme un maître absolu à la fin du XIXe et tout au long du XXe siècle, parmi les Nabis, les Fauves, les Cubistes et les Abstraits. «Notre père à tous», dira Pablo Picasso. «Peindre d'après nature, ce n'est pas copier l'objectif, c'est réaliser ses sensations.» Paul Cézanne Œuvre présentée : Paul Cézanne (1839-1906), Baigneurs, 1899-1900, Huile sur toile, 22 x 33, 5 cm, Paris, musée d’Orsay

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Matiérisme, magnétisme, réalisme : Courbet et l’épaisseur du monde

Le rapport de Gustave Courbet à la nature – dont il affirmera qu’elle joue pour lui un rôle de maître, à l’exclusion de tout professeur – est fondamentalement physique. Chasseur accompli, nageur, l’homme est d’un tempérament sportif. Dès l’enfance, il expérimente ses terres natales du Jura en les arpentant de longues heures, en s’aventurant sur des sites spectaculaires et nécessitant une condition robuste pour y accéder et les affronter : forêts ombrageuses, étroits sentiers, falaises vertigineuses, grottes insondables, cours d’eau glacés… Ce qu’on appelle son réalisme traduit l’épaisseur, la densité des éléments et notamment leur aspect tactile. Sa peinture se voit, mais elle pourrait aussi bien se toucher, tant son aspect maçonné, parfois glaiseux voire sculptural appelle la main. Critiques et caricaturistes de l’époque ne se sont pas privés de la qualifier de lourde, de sale et même de malodorante. De façon plus pertinente, la capacité de Courbet à matérialiser la nature fit concéder à Joan Mirò, de passage au Louvre devant une Vague de 1869 un siècle plus tard : «C’est fatal. Même si ce tableau avait été dans notre dos, nous l’aurions senti.» Mieux qu’un peintre du réalisme, Courbet se montre un peintre du magnétisme et avec lui, davantage qu’un monde représenté, c’est la présence du monde qui surgit sur la toile.

Œuvres présentées : - Gustave Courbet (1819-1877) Bord de Charente à Port-Berteau, 1862, Huile sur toile, 54 x 65 cm, Cambridge, Fitzwilliam museum - Gustave Courbet, Le Chêne de Flagey dit aussi Chêne de Vercingétorix, camp de César près d’Alésia, 1864, huile sur toile, 89 x 111,5 cm, Ornans, Musée Gustave Courbet - Gustave Courbet (1819-1877), Solitude, 1866, Huile sur toile, 94,5 x 136,5 cm, Musée Fabre, Montpellier Méditerranée Métropole - Gustave Courbet (1819-1877), Le Ruisseau du Puits-Noir, Huile sur toile, 80 x 100 cm, Toulouse, musée des Augustins - Gustave Courbet (1819-1877), Vue de la caverne des géants près de Saillon, v.1873, Huile sur toile, 87 x 73 cm, Amiens, musée de Picardie - Gustave Courbet (1819-1877), La Trombe, Étretat, v.1869, Huile sur toile, 54 x 80 cm, Dijon, musée des Beaux-arts (Donation Granville) - Gustave Courbet (1819-1877), Marine par temps d’orage, v. 1875, Huile sur toile, 20 x 35 cm, Collection particulière - Gustave Courbet (1819-1877), Paysage d’hiver ou La gorge aux loups, forêt de Fontainebleau, vers 1872, Huile sur toile, 60 x 73 cm, Collection particulière, Suisse - Fasanino, Moulage de la main droite de Courbet, 1er janvier 1878, plâtre, 23 x 13 x 4,5 cm Ornans, musée Gustave Courbet

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Le triomphe de l’impression : Pissarro, Sisley, Monet, Signac…

Dans la génération baptisée impressionniste en 1874, le vocable de «sensation» n’est évidemment pas absent, chez Camille Pissarro par exemple, lequel fût en outre un vrai modèle pour Cézanne. Néanmoins, c’est bien le terme d’impressions, utilisé par Claude Monet, parodié par le critique Louis Leroy dans Le Charivari, puis érigé en maître-mot collectif (sauf aux yeux de Degas qui ne l’aimait pas) qui explose sur la scène de l’art et la domine insolemment. La perception des fluctuations de la nature, joue un rôle-clef dans l’élaboration de cette esthétique d’abord suggestive, énergique et atomisée, plus rigoureuse ensuite avec le divisionnisme très pensé des «néos», dont Paul Signac. Les artistes peignent volontiers en plein air, en contact intime avec les éléments mais il a pu leur être exagérément reproché (par Hartung par exemple), de ne s’intéresser qu’à l’appréciation oculaire des motifs, et d’éluder l’impact corporel et mental. Au comble de sa qualité, le génie de l’impressionnisme ne peut se réduire à un enregistrement mécanique de la réalité : il devient, par un usage hédoniste de la couleur, une sensation presque métaphysique des palpitations secrètes de la vie ou, comme le dit encore le philosophe Gaston Bachelard sur Monet, «un guide des forces de beauté qui mènent le monde.»

Œuvres présentées : - Camille Pissarro (1830-1903), Chemin sous-bois, en été, 1877, Huile sur toile, 81,5 x 65,8 cm, Paris, musée d’Orsay, legs de Gustave Caillebotte, 1894 - Camille Pissarro (1830-1903), Baigneuses s’essuyant au bord de l’eau, vers 1896, Gouache sur papier, 24,7 x 15,2 cm, Collection particulière, Suisse - Claude Monet (1840-1926), La Seine à Port-Villez, v. 1890, Huile sur toile, 65,5 x 92,5 cm, Paris, musée d’Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911 - Alfred Sisley (1839-1899), Printemps, paysanne sous les arbres fruitiers, v. 1865-1866, Huile sur toile, 46,5 x 56 cm, Collection particulière, Suisse - Paul Signac (1863-1935), Bords de rivière, la Seine à Herblay, 1889, Huile sur toile, 33 x 55 cm, Paris, musée d’Orsay, acquis avec la participation de Mme Ginette Signac, fille de l’artiste et d’un amateur anonyme, 1958

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L’ «équivalent passionné d’une sensation reçue» :

Sérusier et Bonnard au seuil du paysage intérieur

En octobre 1888 se produit un moment fondateur de l’art moderne : à Pont-Aven, le tout jeune Paul Sérusier, reçoit de Gauguin – à qui Cézanne reprocha d’ailleurs de lui avoir pris sa «petite sensation» – une leçon de peinture en pleine nature. L’aîné invite son disciple de circonstance à retranscrire ce qu’il perçoit des motifs en laissant s’exprimer les influx intuitifs et subjectifs de sa perception. Celui-ci signa Le Talisman (Musée d’Orsay). Le tableau fera dire à Maurice Denis que toute œuvre d’art

est «l’équivalent passionné d’une sensation reçue».

Aux limites de l’abstraction, Le Talisman voit se sceller autour de lui le groupe des Nabis – Les Prophètes en hébreu –, dont Pierre Bonnard est un membre éminent.

Quoiqu’il s’éloigne de l’esthétique mystique et énigmatique du mouvement à compter des années 1900, Bonnard conservera sa manière d’exalter l’univers environnant, notamment dans ses visions du Midi, où il s’installera.

Il demeure dans ses tableaux la marque d’une jeunesse fiévreuse et tout semble jaillir chez lui dans un faisceau éblouissant et palpitant de vitalité : «une sensation de globalité visuelle», dit l’historien de l’art Jean Clair. Sérusier reste quant à lui plus spiritualiste, et entretient avec la nature un rapport extrêmement sensible, où affleure sourdement une nappe de mélancolie.

Œuvres présentées : - Paul Sérusier (1864-1927), Le champ de blé d’or et de sarrasin, v.1900, Huile sur toile, 103 x 47 cm, Paris, musée d’Orsay

- Paul Sérusier (1864-1927), Pins et peupliers, Huile sur toile, 50 x 72,5 cm, Collection particulière, Londres - Paul Sérusier (1864-1927), Paysage, 1912, Huile sur toile, 56,5 x 72 cm, Paris, musée d’Orsay - Paul Sérusier (1864-1927), Le Huelgoat, sous-bois aux rocher, Huile sur carton, 38 x 26 cm, Meudon, musée d’Art et d’Histoire - Pierre Bonnard (1867-1947), Lumière du soleil, 1923, Huile sur toile, 63,2 x 62,2 cm, Madrid, Collection Carmen Thyssen-Bornemisza en dépôt au musée Thyssen-Bornemisza - Pierre Bonnard (1867-1947), Le Cannet, 1930, Huile sur toile, 54 x 64,8 cm, Toulouse, Fondation Bemberg - Pierre Bonnard (1867-1947), Le golfe de Saint-Tropez au couchant, 1937, Huile sur toile, 41,3 x 68 cm, Centre national des arts plastiques, en dépôt au musée Toulouse-Lautrec, Albi - Pierre Bonnard (1867-1947), Paysage du midi, 1942, Huile sur toile, 46,7 x 34,4 cm, Le Cannet, Musée Bonnard - André Masson, La Carrière de Bibémus, 1948, huile sur toile, 97 x 130 cm, Belfort, Donation Maurice Jardot - Fernand Léger, Les troncs d’arbre sur fond gris, 1952, huile sur toile, 73 x 92 cm, Belfort, Donation Maurice Jardot

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Nicolas de Staël et le vertige des sens Nicolas de Staël récuse l’opposition entre figuration et abstraction qui rythme les débats critiques après-guerre. Cependant, force est d’observer, dans la toute dernière phase – entre 1952 et 1955 – de sa fulgurante carrière, la prégnance de motifs qui vient succéder à une période dégagée de toute référence à la nature.

Imprégné des lumières méditerranéennes, et d’un désir de retour aux «sources concrètes de ses sensations», selon l’expression de l’historienne de l’art Herta Wescher, Nicolas de Staël développe un paysagisme tourmenté et

incertain. Il use d’aplats de couleurs qui condensent le monde en «vibrations» – mot qu’il affectionne.

Nicolas de Staël, passionné et fragile, tisse à la fin de son existence une profonde amitié avec René Char et commence à connaître le succès. Dans le Sud de la France où il s’installe, il répète son admiration pour les deux

géants qui l’y ont précédé, Cézanne et Bonnard, avec qui il souhaiterait rivaliser artistiquement et il clame aussi son amour de Gustave Courbet.

Il signe des œuvres où éclatent tous les «vertiges» qu’il ressent au contact du monde et, depuis sa maison d’Antibes, non loin du fort qu’il peint plusieurs fois, perturbé par sa sensibilité et les blessures amoureuses, finit par se jeter dans le vide, brisant sa vie le 16 mars 1955.

Œuvres présentées :

- Nicolas de Staël (1914-1955), Le Lavandou, 1952, Huile sur toile, 195 x 97 cm, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle - Nicolas de Staël (1914-1955), Marine à Dieppe, 1952, Huile sur toile, 65 x 81 cm, Collection particulière, U.K. Courtesy Galerie Applicat-Prazan, Paris - Nicolas de Staël (1914-1955), Mer et nuages, 1953, Huile sur toile, 100 x 73 cm, Collection particulière, Paris. Courtesy Galerie Jaeger Bucher/Jeanne Bucher, Paris - Nicolas de Staël (1914-1955), Paysage, Antibes, 1955, Huile sur toile, 116 x 89 cm, La Havre, musée Malraux, donation Senn-Foulds, collection Edouard Senn - Nicolas de Staël (1914-1955), Le Fort carré d’Antibes, 1955, Huile sur toile, 114 x 195 cm, Antibes, musée Picasso

L’« art d’abstraire » d’Anna-Eva Bergman

Anna-Eva Bergman, artiste norvégienne et française, qualifie sa peinture de «non figurative» et préfère définir son travail comme un «art d’abstraire» plutôt qu’un art abstrait.

Après une carrière d’illustratrice, elle élabore à partir des années 1950 un vocabulaire de formes simples, issu notamment de son sentiment de la nature. Elle les décline dans ses peintures jusqu’à la fin de sa vie. Chaque forme, similaire et différente à la fois, en entraîne une autre : pierres et univers deviennent lunes, astres, planètes ; tombeaux deviennent montagnes, rochers ; vallées deviennent horizons…

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Chaque peinture est construite à partir d’un long et complexe processus de fabrication, intégrant le nombre d’or qui sous-tend la composition, la couleur des fonds qui accueillent les feuilles de métal (or, argent, bronze…), une palette restreinte de couleurs travaillées en couches successives qui se juxtaposent ou se superposent, les glacis.

Son travail prend parfois des dimensions monumentales très impressionnantes, dirige le regard de l’intérieur à la surface du tableau, ou vice-versa, engage à chercher plusieurs points de vue et invite à en découvrir tous les possibles.

Œuvres présentées :

- Anna-Eva Bergman (1909-1987), N°20-1955 Der Hochschwebende, 1955, Huile et feuille de métal sur toile, 162 x 97 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman - Anna-Eva Bergman (1909-1987), N°11-1960 Grande vallée, 1960, Tempera et feuille de métal sur toile, 200 x 300 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman - Anna-Eva Bergman (1909-1987), N°2-1966 Finnmark Hiver, 1966, Vinylique et feuille de métal sur toile, 150 x 300 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman - Anna-Eva Bergman (1909-1987), N°2-1968 Fjord, 1968, Huile et feuille de métal sur toile, 130 x 162 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman

La nature pulvérisée d’Hans Hartung

Né allemand, Hans Hartung est naturalisé français après la seconde guerre mondiale qu’il passe dans la Légion étrangère et durant laquelle il perd une jambe. Il traverse l’ensemble du XXe siècle, renouvelant obstinément ses pratiques artistiques mais demeurant fidèle à l’abstraction, dont il est un acteur fondamental (Grand Prix de la Biennale de Venise en 1960), et à son obsession du geste juste.

Son œuvre, loin du simple souci formaliste, tend, dit-il, à réunir «les pôles majeurs de l’homme : l’univers et l’homme dans l’univers».

Très marqué par Cézanne et l’expressionnisme dans les années 1920, Hartung est en revanche plutôt indifférent à Courbet, et parfois sévère avec les impressionnistes, parce qu’ils sacrifient selon lui les sensations intérieures de la nature au profit d’une pure perception oculaire. Certainement excessive, cette opinion atteste du moins l’importance cruciale qu’Hartung prête au ressenti corporel dans sa propre œuvre.

Au début des années 1980, quoique diminué physiquement, il élabore des toiles exceptionnellement fortes, faites d’aplats, de pulvérisations et de masses d’acrylique noire posées violemment avec des balais de genêts – arbres qui poussent dans sa propriété d’Antibes.

La nature sert ici directement d’instrument pour manifester, par un biais abstrait, la sensation que l’artiste a du monde.

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Œuvres présentées :

- Hans Hartung (1904-1989), T1980-R37, 1980, Acrylique sur toile, 180 x 180 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman - Hans Hartung (1904-1989), T1980-K1, 1980, Acrylique sur toile, 180 x 180 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman - Hans Hartung (1904-1989), T1981-H24, 1981, Acrylique sur toile, 180 x 180 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman - Hans Hartung (1904-1989), T1980-R38, 1980, Acrylique sur toile, 180 x 180 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman - Hans Hartung (1904-1989), T1982-R11, 1982, Acrylique sur toile, 185 X 300 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman - Hans Hartung (1904-1989), T1982-H39, 1982, Acrylique sur toile, 185 x 300 cm, Antibes, Fondation Hartung-Bergman

Penone, de l’arbre au marbre

Artiste majeur de la création contemporaine, Giuseppe Penone, né en 1947, conclut cette exposition avec un groupe de sculptures qui campent des arbres dans la solidité et la beauté du marbre. Depuis 1968, l’artiste italien a fait du végétal l’élément dominant de son esthétique, qu’on rattache historiquement à l’Arte Povera.

Penone fait preuve, depuis un demi-siècle, d’une attention extraordinairement soutenue et sensible aux énergies, à la fluidité qui traversent la nature, laquelle a la capacité de se sculpter, de se modeler elle-même. Ainsi, plutôt que de la répéter (en lui conférant des formes nouvelles), il cherche à l’exalter en révélant ses mouvements, sa respiration et sa temporalité intrinsèques.

Les œuvres de Penone expriment non seulement le rapport de l’artiste aux forêts, à l’espace, à la minéralité – rapport où se mêlent sensualité et sacralité – mais elles finissent par suggérer poétiquement le ressenti interne de ces éléments, au-delà de ce que la conscience peut en connaître.

Ainsi, à travers ces arbres à la peau marmoréenne, se profile une question sans réponse qui renverse la perspective de ce parcours : quelle sensation les composantes de la nature éprouvent-elles avec le monde environnant et les humains qui s’y trouvent ?

Œuvres présentées : - Giuseppe Penone (né en 1947), Indistini confini, Aciris, 2012, Marbre blanc de Carrare et bronze, 170 x 50 cm de diamètre, Collection de l’artiste - Giuseppe Penone (né en 1947), Indistini confini, Idex, 2012, Marbre blanc de Carrare et bronze, 135 x 12 cm de diamètre, Collection de l’artiste - Giuseppe Penone (né en 1947), I colori dei temporali, 1985, Crayon et pastels sur papier, 49,5 x 35 cm, Collection de l’artiste - Giuseppe Penone (né en 1947), I colori dei temporali, 1985, Crayon et pastels sur papier, 49,5 x 35 cm, Collection de l’artiste - Giuseppe Penone (né en 1947), I colori dei temporali, 1985, Graphite, encre et pastels, 76 x 56,2 cm, Collection de l’artiste - Giuseppe Penone (né en 1947), I colori dei temporali d’agosto, 1987, Graphite et tempera sur papier, 48 x 33 cm, Collection de l’artiste

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Organisation de l’exposition

• Commissariat

Frédérique Thomas-Maurin, Conservateur en chef du musée Gustave Courbet Thomas Schlesser, Directeur de la Fondation Hartung Bergman Julie Delmas, Adjointe du conservateur du musée Gustave Courbet Elise Boudon, Chargée d’études au musée Gustave Courbet

Exposition organisée par le musée Gustave Courbet en partenariat avec la Fondation Hartung Bergman d’Antibes, avec le soutien exceptionnel du musée d’Orsay.

• Scénographie

Jean-Pierre Breuillot, architecte départemental

• Graphisme de l’exposition

Fabienne Coste, Département du Doubs

Catalogue de l’exposition

• Textes de Frédérique Thomas-Maurin, Georges Vigarello, Jean-Luc Marion, Colin Lemoine, Denis Coutagne, Judicaël Lavrador, Pierre Wat, Stéphane Guégan, Thomas Schlesser et Céline Flécheux

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Conférences autour de l’exposition

Pierre Bonnard, un monde de lumière et de couleurs

Vendredi 11 septembre à 18h Par Chantal DUVERGET, docteur en histoire de l’art, auteur d’un article du catalogue de l’exposition Pierre Bonnard. Peindre l'Arcadie présentée au Musée d’Orsay.

Pierre Bonnard (Fontenay-aux-Roses, 1867 - Le Cannet, 1947) est souvent classé comme un peintre impressionniste. S’il ouvre des yeux émerveillés au spectacle de la nature, il prend de plus en plus ses distances vis-à-vis du réel. Qu’il représente les berges de la Seine près de Giverny ou la Méditerranée depuis les hauteurs du Cannet, il nous entraîne dans un monde de lumière et de couleurs au gré de sa fantaisie poétique. Gratuit

Hans Hartung Vendredi 18 septembre à 18h

Par Pierre Wat, historien d’art, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est un des auteurs du catalogue de l’exposition Sensations de Nature.

Au début des années 1980, Hans Hartung se met à peindre en utilisant, pour déposer la couleur sur la toile, des balais de genêt qu’il confectionne à partir de rameaux collectés dans le jardin qui entoure son atelier d’Antibes. Ce qui aurait pu n’être qu’une variante d’une pratique déjà ancienne consistant, pour peindre, à faire appel à des instruments, s’avère une expérience de la vérité : « l’expérience véritable de la forêt vous l’avez quand vous êtes dans la forêt, quand vous vous heurtez aux arbres, quand vous êtes dans leur ombre, […]. Là, vous sentez l’arbre quand vous vous appuyez contre l’arbre. Là, vous connaissez la forêt. […] Plus que par la vue notre expérience se constitue grâce à nos autres sens. » Peindre, pour Hans Hartung, c’est être dans la forêt. Gratuit

Le paysage : un Eden retrouvé ? Vendredi 2 octobre à 18h

Par Thomas Schlesser, directeur de la Fondation Hartung-Bergman, commissaire associé de l’exposition Sensations de Nature.

Alors que l’urbanisation et l’industrialisation se développent massivement aux XIXe et XXe siècles, de nombreux artistes cherchent dans la nature un espace vierge et pur, une sorte de refuge qu’ils n’hésitent pas à investir de qualités utopiques. On verra, notamment à travers les exemples des peintures présentées dans l’exposition Sensations de nature, comment se joue chez Courbet, les impressionnistes, Pierre Bonnard ou Anna-Eva Bergman, à travers la création, une connexion physique et psychique avec l’idéal d’un Eden perdu, et comment l’art s’attèle à le ressusciter. Gratuit

Voir toutes les animations autour de l’exposition sur le site www.musee-courbet.fr

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Images disponibles pour la presse

Gustave Courbet (1819-1877) Marine par temps d’orage, v. 1875, huile sur toile, 20 x 35 cm Collection particulière ©studio Sebert

Claude Monet (1840-1926) La Seine à Port-Villez, v. 1890, huile sur toile, 65,5 x 92,5 cm Paris, musée d’Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911 ©RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Paul Sérusier (1864-1927) Pins et peupliers, huile sur toile, 50 x 72,5 cm Collection particulière, Londres ©Photographie François Fernandez

Pierre Bonnard (1867-1947) Lumière du soleil, 1923 huile sur toile, 63,2 x 62,2 cm Madrid, Collection Carmen Thyssen-Bornemisza en dépôt au musée Thyssen-Bornemisza ©Musée Thyssen-Bornemisza © Adagp, Paris 2015

Pierre Bonnard (1867-1947) Le Cannet, 1930, huile sur toile, 54 x 64,8 cm Toulouse, Fondation Bemberg © Fondation Bemberg © Adagp, Paris 2015

Nicolas de Staël (1914-1955) Le Lavandou, 1952 Huile sur toile marouflée sur bois, 195 x 97 cm ©Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Droits réservés © Adagp, Paris 2015

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Nicolas de Staël (1914-1955) Marine à Dieppe, 1952, huile sur toile, 65 x 81 cm Collection particulière, U.K. Courtesy Galerie Applicat-Prazan, Paris © Adagp, Paris 2015

Anna-Eva Bergman (1909-1987) N°2-1966 Finnmark Hiver, 1966 Vinylique et feuille de métal sur toile, 150 x 300 cm Antibes, Fondation Hartung-Bergman

Hans Hartung (1904-1989) T1980-R38, 1980, acrylique sur toile, 180 x 180 cm Antibes, Fondation Hartung-Bergman © Adagp, Paris 2015

Giuseppe Penone Indistinti confini - Aternus (Frontieres indistinctes - Aternus), (détail), 2012, marbre et bronze, 138 x 39 x 39 cm Collection particulière ©photo Ruggero Penone © Archivio Penone

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Informations pratiques

Exposition

Sensations de nature, de Courbet à Hartung

du 4 juillet au 12 octobre 2015

Musée Courbet, Place Robert Fernier à Ornans

Ouverture tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h

Tél. 03 81 86 22 88 - Site internet : www.musee-courbet.fr

• Tarifs du musée pendant l’exposition

Individuels : entrée au musée 8 € (exposition permanente et temporaire), Groupes : entrée au musée 4 €/pers, entrée et visite guidée 6 € Gratuité pour les enfants de – de 13 ans, les demandeurs d’emploi, les personnes handicapées, les bénéficiaires du RSA, les étudiants en histoire de l’art Gratuit le 1er dimanche de chaque mois

Billetterie en ligne sur le site du musée Courbet

• Visites guidées de l’exposition temporaire

Tous les jours à 10h30 et 16h du 4 juillet au 12 octobre Sauf les dimanche 5 juillet, 2 aout, et 6 septembre et pendant les Journées du Patrimoine (19 et 20

septembre) Tarifs : entrée + 4€ la visite commentée Visites guidées sur réservation pour les groupes à partir de 10 personnes au 03.81.86.59.55 - [email protected] Visites proposées en français, anglais, allemand et espagnol

• visite guidée de la collection permanente

Tous les jours à 14h du 4 juillet au 12 octobre Sauf les dimanche 5 juillet, 2 août et 6 septembre et pendant les Journées du Patrimoine (19 et 20

septembre)

• Visite guidée mensuelle traduite en langue des signes

Exposition temporaire Sensations de Nature, les dimanches 12 juillet, 9 août et 13 septembre à 14h Réservation par mail sur [email protected] Tarifs : entrée (gratuite sur présentation de la carte d’invalidité et pour un accompagnateur) + 4€ la visite commentée

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Pays de courbet, Pays d’artiste

Le Doubs est une destination où Courbet se découvre dans un dialogue entre ses œuvres et nos paysages. L’ambition du Département du Doubs est de valoriser ce patrimoine et de le faire partager par le plus grand nombre, grâce au projet Pays de Courbet, pays d’artiste.

Il s’agit d’un projet scientifique et culturel qui allie nature et culture autour du peintre et met en résonance les lieux symboliques de sa vie dans la vallée de la Loue et qui ont fortement inspiré son œuvre : le musée Courbet à Ornans, pôle phare du projet, le dernier atelier de l’artiste à Ornans, la ferme familiale de ses parents à Flagey, le site de la source de la Loue et les sentiers de Courbet, permettant à chacun d’admirer les paysages courbétiens.

Cette identité territoriale est évidente, tant la présence et l’œil de Gustave Courbet sont encore manifestes en ces lieux. Son œuvre ne se comprend pas sans référence à ses racines et les paysages qui l’ont inspiré. Ce sont ces paysages et les gens de son « pays » qui l’ont façonné. À tout moment, à Paris, au fait de sa notoriété, il revendiquait son appartenance à Ornans.

Le sens du projet « Pays de Courbet, pays d’artiste » est de faire rayonner l’artiste au-delà de son territoire, à partir de son pays.

• Le musée courbet

Le musée Courbet, propriété du Département du Doubs, est labellisé Musée de France et Maison des illustres. Entièrement rénové et agrandi sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte Christine Eideikins et de l’agence d’architecture Atelier 2/3/4, il s’ouvre aujourd’hui sur les paysages environnants et offre plus de 1 000 m² d’expositions permanente et temporaire. Empreinte d’une grande modernité, sa conception n’en respecte pas moins le caractère historique et intime des lieux.

Depuis le 2 juillet 2011, date de réouverture du musée, plus de 280 000 visiteurs sont venus le découvrir.

Sa configuration permet de réaliser des expositions temporaires en simultané avec l’exposition permanente. Le parcours muséographique entraîne le visiteur de l’une à l’autre, tout en lui offrant des vues inédites sur la Loue et Ornans. Le musée s’ouvre en effet en transparence sur les paysages environnants grâce à une galerie vitrée, une vigie, un sol vitré au rez-de-chaussée qui invite à marcher sur la Loue …

Gustave Courbet, le Chêne de Flagey, 1864, Musée départemental Courbet

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Connaître Courbet grâce à la collection permanente La collection permanente entièrement restaurée, est composée de 76 œuvres (peintures, dessins, sculptures, lettres, archives) dont 42 peintures et quatre sculptures de Courbet. Dans la forme, il s’agit d’un parcours à la fois chronologique et biographique. Cette présentation permet une réelle et vivante compréhension du milieu auquel appartenait Courbet et de l’influence que l’artiste lui-même eut sur l’art de son temps.

Trois étapes importantes structurent ce parcours croisé vie/œuvre :

- 1819-1848 : Courbet, d’Ornans à Paris : sa famille, sa formation, la tentation romantique,

- 1849-1851 : Rupture et affirmation d’une esthétique nouvelle autour de L’après-dinée à Ornans puis de la trilogie du salon de 1850, Les casseurs de pierres, Les paysans de Flagey et Un enterrement à Ornans,

- 1852-1877 : Courbet, chef de file de la modernité, du Réalisme à l’Impressionnisme.

La diversité des collections permet d’aborder toutes les périodes de la vie du peintre et de sa carrière artistique, depuis ses œuvres de jeunesse réalisées à Ornans auprès de son premier professeur Claude–Antoine Beau jusqu’au magistral autoportrait à Sainte Pélagie, peinture majeure du musée.

Des expositions temporaires pour comprendre l’influence de Courbet dans le monde artistique

Deux fois par an, le musée organise des expositions temporaires.

Les expositions réalisées :

- Courbet-Clésinger - Les graveurs de Courbet, - À l’épreuve du réel, Les peintres et la photographie au XIXe

siècle - Les chasses de Monsieur Courbet - Ronan Barrot - Courbet/Cézanne, la vérité en peinture - Hanoteau, un paysagiste ami de Courbet - Cet obscur objet de désirs. Autour de l’Origine du monde - Auguste Baud-Bovy, poète de la montagne

• La ferme Courbet à Flagey

La ferme de Flagey fut la propriété familiale de la famille paternelle de Gustave Courbet jusqu’en 1910. Elle est aujourd’hui propriété du Département du Doubs. Elle offre, au cœur du monde rural, un espace culturel de qualité.

Gustave Courbet, autoportrait à Sainte-Pélagie, Musée départemental Courbet, dépôt de la ville d’Ornans

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Un lieu de vie et d’échange culturel pour tous

Le Département a souhaité que la Ferme Courbet devienne un lieu de vie et d’échanges culturels pour un large public. Du potager au « Café de Juliette » où l’on peut consommer des produits locaux, en passant par l’espace librairie/bibliothèque et les animations, la culture sous toutes ses formes donne vie à la maison familiale des Courbet.

La grange est aménagée pour accueillir des expositions et diverses manifestations culturelles gratuites (concerts, conférences, théâtre, expositions…).

Les chambres d’hôtes

L’ouverture de chambres d’hôtes en juin 2010, dont l’une était la chambre de Gustave Courbet, contribue également à faire vivre l’artiste et à marcher dans ses pas. La Ferme de Flagey dispose de trois chambres labellisées quatre épis par les Gîtes de France. L’une d’elles permet d’accueillir les personnes à mobilité réduite. À cela s’ajoute la chambre de Courbet, qui n’étant pas équipée en sanitaire doit être louée avec une autre chambre.

• Le dernier atelier de Gustave Courbet à Ornans

C’est le dernier atelier où Gustave Courbet vécut et travailla de 1860 à son exil en 1873. Il est aujourd’hui propriété du Département du Doubs.

L’intérêt de cet atelier, au-delà de l’aspect historique, réside dans le fait qu’il contient encore des fresques réalisées par Gustave Courbet : la Seine à Bougival et l’Escault se jetant dans la mer, paysages chers au peintre.

Inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, il fait l’objet d’une réflexion conjointe des services de la DRAC et du Département sur les conditions de restauration et d’aménagement définitif. Dans l’attente de sa restauration, le site est actuellement fermé au public.

• La source de la Loue : un site valorisé et sécurisé

Ce site était tellement cher à Courbet qu’il l’a peint treize fois.

Classé Natura 2000, il a été réaménagé par le Département du Doubs, pour le rendre plus accessible, et en raconter l’histoire. Un film décrivant le site, son passé industriel et la perception qu’en avait Gustave Courbet est projeté dans la maison de la Source spécialement aménagée.

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• Les sentiers de Courbet

Afin de mieux connaître Courbet, le Département du Doubs propose d’explorer les paysages qui ont tant inspiré l’artiste, grâce à des parcours reliant différents sites qu’il a peints.

Huit sentiers ont été aménagés et permettent aux promeneurs de s’imprégner des ambiances qui ont marqué l’artiste et façonné son regard. Ils ont été choisis pour leur intérêt culturel, historique et environnemental, mais aussi pour leur facilité d’accès. Ils forment des boucles ponctuées de clins d’œil et de points de vue privilégiés : - le Parcours de vie (4,5 km) propose pas moins de 14 étapes dans Ornans, depuis le musée jusqu’au cimetière – où se trouve la tombe de Gustave Courbet–, en passant par son ancien atelier et la maison de ses grands-parents Oudot,

- le Parcours de la Cuderie (6,5 km) suit le chemin que les habitants de Flagey empruntaient pour se rendre à la messe à Chantrans, village voisin. Il entraîne aussi le promeneur vers le moulin de la Bonneille qui appartenait au père de Gustave,

- le Parcours des roches (6,5 km) passe par quelques-uns des paysages immortalisés par le peintre,

- le Parcours de la source de la Loue (13,5 km), où le randonneur se retrouve au cœur de l’œuvre et des sites emblématiques : les gorges de Nouailles, la grotte des faux monnayeurs, le belvédère de Renédale…

- le parcours de la source du Lison, rend hommage à Charles Beauquier, autre personnage illustre du département. Député du Doubs, contemporain de Courbet qui, à la suite du procès sur la source du Lison, celui-ci fit voter le 21 avril 1906 la première loi de protection de l'environnement, dite loi Beauquier.

- le parcours Eau-Chasse-Bataille d’Alésia de 65 km en vélo (5 heures) passe par le Creux-Billard, la grotte Sarrazine, le Mont Mahoux, la forêt de Levier et le pont du diable Migette.

- le parcours du ravin du puits noir (2, 5 km) nous fait découvrir la tuilerie des combes de Punay, le puits noir, le ruisseau de la Brême, la gouille à la chèvre… - le parcours du ravin du puits noir, Plaisirfontaine, Saules (28 km, cycliste et grande randonnée) pour découvrir le puits de la Brême, la gouille à la chèvre, la grotte de Plaisirfontaine et Saules. Au total, une dizaine de parcours constitueront une offre touristique nouvelle consacrée à Courbet.

Ce projet est conçu en partenariat avec les maires des communes concernées, l’office de tourisme d’Ornans, l’Union de la randonnée verte. L’Europe (FEDER), l’État (Commissariat de massif) et la Région Franche-Comté apportent leur soutien financier.

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• Pays de Courbet, pays d’artiste, label Ethnopôle

Le projet a reçu le label Ethnopôle en 2010, reconnaissance scientifique de la valeur du projet « Pays de Courbet, pays d’artiste ».

Il est attribué par le ministère de la Culture à une structure ou un projet :

- qui met en œuvre à la fois une politique d'action culturelle et de recherche en sciences sociales sur son territoire, - qui travaille sur une thématique de territoire dont l’intérêt porte au-delà de ce territoire et a pour vocation de devenir un pôle de référence sur le thème travaillé.

Le projet « Pays de Courbet, pays d’artiste » a obtenu cette reconnaissance car il constitue à la fois une politique d'action culturelle et de recherche sur les rapports entre arts et territoires, plus précisément sur le rapport du peintre avec la Franche-Comté.

Dans l’œuvre de Courbet la question des rapports entre une production artistique et un lieu, l’interrogation sur l’attachement de l’homme à un « territoire » sont omniprésentes.

C’est autour de cet axe que seront construits les programmes de recherche et d’animation scientifique et culturelle de l’Ethnopôle, en regroupant autour du projet chercheurs en science humaines et conservateurs, en partenariat avec le ministère de la Culture.

Seuls quatre projets nationaux sont détenteurs de ce label.