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Décembre 2012 Une installation muséographique Conversations interactives pour l'exposition : Un berger, des bergères... Nouveaux enjeux d'un métier en mutation Un Webdocumentaire Brêêêk ! Titre provisoire Chroniques vidéo HD Un documentaire transmédia de Maïna Waezi et Corinne Cartaillac & maquette www.brêêêk.fr Produit par Gilles Perez

dossier Déc 2012

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Décembre 2012

Une installation muséographiqueConversations interactives

pour l'exposition : Un berger, des bergères...Nouveaux enjeux d'un métier en mutation

Un Webdocumentaire

Brêêêk !Titre provisoire

Chroniques vidéo HD

Un documentaire transmédia de Maïna Waezi et Corinne Cartaillac

&

maquette www.brêêêk.fr

Produit par Gilles Perez

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Avant-propos

“Dans nos sociétés qui fonctionnent sur l’escalade du no limit, la responsabilité issue de la prise de conscience de la limite est devenue une utopie. Comment peut-on gérer une autolimitation quand le désir d’une vie sans limite est ancré dans notre structure sociale et psychique ?“Daniel Cohn-Bendit

S’échapper d’un modèle de société qui ne nous convient plus, chercher, expérimenter ; est-il question d’utopie ? Ou d’une quête de cohérence ?

Le choix de vie de nos personnages rencontrés sur les crêtes s’inscrit dans cette recherche-là. Leur utopie n’est pas politique au sens traditionnel du terme. Elle est de nature écologique et spirituelle.

Nous avons basculé dans une société de l’« avoir » au détriment de l’« être ». « Je consomme donc je suis ». Un postulat qui laisse penser que nous sommes devenus des plantes consommatrices, avides de marchandise ; que nous trouvons des dérivatifs à nos angoisses existentielles ; que nous sommes exposés à un stress artificiel et une peur de l’extérieur alimentés par les médias. La culture de la consommation nous a rendu dépendants des produits de l’agriculture industrielle, de l’industrie minière et des autres industries non-durables.

Certains n’ont plus envie de ça et commencent à réfléchir à la façon de transformer les choses, en commençant par changer leur mode de vie. Ainsi aux quatre coins du monde, les « nouveaux utopistes » émergent et s’unissent pour construire des alternatives positives, convaincus qu’une autre façon de vivre est possible. On parle alors d’utopistes du développement durable, ou de l'économie, qui défendent une idée de produire, consommer, fabriquer... différemment.

De l'écologie industrielle à l'économie solidaire en passant par le microcrédit, l'agriculture biodynamique, les réseaux d'échange de service, l'éthique d'entreprise et la décroissance soutenable, de nombreuses initiatives ciblées sont apparues depuis trente ans. Elles sont animées par le souci de remédier aux déséquilibres de la planète et aux injus-tices sociales, et visent à offrir une alternative aux maux du capitalisme industriel et marchand.

Nos jeunes bergers s’inscrivent dans cette veine lorsqu’ils choisissent de faire une pause et mettre un frein, quelques mois par an, au confort matériel et à la consommation. À l’image de jeunes héros d’un roman, qui ne trouvent pas de place dans ce monde, ils font le choix de vivre autrement, de travailler autrement et expérimentent une vie libre et différente.

Nous choisissons pour eux ces dénominatifs de “héros” ou d’”utopistes”, mais eux-mêmes ne se considèrent pas comme tels. Leur postulat est simple : composer avec la société et leurs envies profondes ; s’offrir une vie à leur image, sans peur et sans pression.

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Avant-propos

L’utopie se trouve précisément dans cette passion de la vie et de la liberté et dans cette aptitude profonde et sincère au bonheur.

Au delà de l’utopie, les expériences qui découlent de leurs choix sont concrètes : fuir la ville quelques mois par an pour être en contact direct avec la nature, mais aussi refuser le travail qui n'a pas de sens, et rechercher l'harmonie avec la terre. Mettre leurs valeurs en pratique est la première de leurs aspirations.

À l'image d'un miroir grossissant, les témoignages de ces jeunes adultes attirent imperceptiblement notre regard sur les dysfonctionnements et les incohérences de notre société. Inspirés et positifs, ils sculptent petit à petit un monde modelable, changeant, possible. Ils nous amènent ainsi à comprendre l’idée que la réalité est uniquement celle que l’on choisit de se créer.

Nos bergers incarnent l’utopie du mieux vivre, du bien être. Ils sont dans des expériences alternatives au modèle capitaliste classique, sans qu'elles soient nécessairement radicales ou révolutionnaires.

L’idée de ce webdocumentaire est de proposer un moment de réflexion et de rencontres, basé sur des témoignages, mais aussi des échanges, des partages et des retours d’expériences. Notre volonté derrière ces témoignages, est de pointer l’émergence de nouvelles alternatives qui sont des formes d’utopies concrètes, qui révèlent certainement une transformation de la société.

En outre, nous souhaitons donner une dimension internationale à ce documentaire transmédia. Avec en toile de fond, la volonté de montrer que la transition est un projet de société ouvert sur le monde, ce webdocumentaire permettra de tisser des liens avec des initiatives d’autres continents et de réfléchir à nos rapports avec tous les peuples.

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Note d'intention et de réalisation

Intention

Dès ma plus jeune enfance, s’est inscrit en moi le désir de faire des films racontant les autres dans une écriture docu-mentaire. Petite fille de paysan, mon envie était déjà de donner la parole à ceux qui la prennent si rarement ou jamais, alors qu’ils sont intimement liés à la vie de la terre, et à peu près les seuls à en connaître la rudesse, les finesses et les possibilités.

Je termine d’abord des études universitaires de Sociologie, avec en poche des connaissances théoriques sur le com-portement humain d’un point de vue social, et des techniques d’entretien propres à la discipline. Puis j’intègre une école d’audiovisuel où j’apprends les rouages de la production de films documentaires et le métier de réalisateur. Je réalise un premier film d’étude sur des portraits, qui me permet d’affirmer mon point de vue de réalisatrice et d’exprimer subtilement mon intérêt pour des esprits libres et généareux.

Mes expériences de travail se font sur des tournages de fiction. Ces dernières années, le métier d’assistante mise en scène me permet de connaître le dispositif cinématographique en même temps qu’une vie de nomade, où je ne pose jamais vraiment mes valises. D’une expérience à une autre, je voyage au gré du travail et des rencontres. Ainsi va ma vie : une balade sans refrain, des joies intenses, des pauses angoissantes, une étrange et palpitante instabilité, ... Imprégnée de ce mode de vie, je rencontre ces derniers étés, des jeunes hors du commun, nichés au milieu de montagnes immenses et entourés de brebis.

Mes chers bergers ...

Au cours de randonnées, ils étaient d’abord ces êtres un peu mystérieux que j’apercevais au loin. Je motivais la marche avec l’unique but d’atteindre ces silhouettes et leurs vastes troupeaux sur la crête. C’est comme ça que je les ai rencontré. Ils n’ont pas 30 ans, et sont berger(e)s cinq mois par an.

J’ai d’abord été étonnée par ces rencontres ; l’image que je me faisais d’un berger étant loin de ce que m’offrait la réalité. Et puis je me suis demandée ce qui pouvait les motiver à passer cinq mois isolés, loin de « tout ». Des constats et des questions d’une grande naïveté. Avec le temps, les sommets immenses et les longues marches à les accompagner, je m’imprègne de ce rythme de vie en alpage. Ces berger(e)s d’un temps nouveau trouvent à tra-vers ce métier, un moyen de se recentrer sur l’essentiel de leur existence et cherche un équilibre entre « en haut » - la montagne et les alpages - et « en bas » - la vallée et le monde moderne -.

Tout semble nous séparer, ma curiosité ne cesse de grandir, mais je me trouve en face d’un étrange miroir. Ces « nomades » ont, à leur manière, lâché prise avec un modèle de vie qu’on voudrait leur imposer. Ils réinventent des codes et des possibles pour faire place avant tout à leurs désirs et à leurs rêves.

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C’est cette démarche-là qui m’appelle et me réveille. Ils nous montrent comment composer avec la société et nos envies profondes, et comment s’offrir une vie à notre image, sans peur et sans pression. Cette passion de la vie et de la liberté m’inspire. Cette disposition pour changer, chercher, accueillir et profiter, m’im-pressionne. Sur cette prise de conscience, leur choix d’une existence si singulière me paraît contenir une matière riche pour nourrir l'écriture d'un webdocumentaire.

Au fur et à mesure des années, j’ai tissé des liens de plus en plus étroits avec ces berger(e)s. Une relation amicale s’est installée, à la fois complice de nos différences et de nos valeurs communes. J’ai pu assister aux premières expériences estivales en alpage de certains. Et je suis allée à leur rencontre l’hiver. Il m’était difficile d’imaginer mes bergers sur le plat, amputés de leur troupeau. Et pourtant j’ai découvert d’autres facettes de leur personnalité et de leur histoire, saisissant ainsi les contrastes des univers qu’ils se sont choisis.

En « haut, en « bas », deux rythmes, deux univers. Je m’interroge précisément sur cet équilibre et sur ce qu’il signifie dans leur vie : comment chacun le cherche, le construit, le trouve, le remet en question… Bien qu’ayant cet enjeu en commun, ces berger(e)s appréhendent différemment le métier, l’observation de la nature, le face à face avec soi-même, le voyage, le monde moderne, l’avenir...

J’ai rencontré ces dernières années de nombreux berger(e)s saisonniers des Hautes-Alpes. Ce travail exploratoire a mis en évidence des enjeux forts concernant des trajectoires individuelles et professionnelles, l’image d’un métier, la saisonnalité, la féminisation, mais aussi la notion de travail, de temps, de bonheur...En recueillant leurs témoignages sur ces thématiques, en dévoilant ainsi timidement quelques portraits, je décide de raconter, non pas chaque histoire personnelle, mais celle qu’ils ont en commun : le choix de s’accorder une pause, une respiration dans notre monde actuel, à travers l’expérience des alpages et du mode de vie qu’il engendre.

Il y a d’abord les confidences de Marie, Charlie, Guillaume et Julie, tous bergers et bergères le temps d’un été. D’autres personnages viendront ensuite raconter ce même choix, résultant d’expériences, d’envies, de projets et de parcours différents. Et chaque fois, ces témoignages racontent une seule et même histoire : l’expérience d’une pause en alpage, pour prendre conscience des excès de notre monde actuel, et mieux cerner nos besoins essentiels.

Transmédia

Très vite, mon intérêt pour ce sujet m’a amené à rencontrer Guillaume Lebaudy, ethnologue dans le domaine du terri-toire pastoral, et Directeur de la Maison du Berger (05). C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous avons croisé nos regards sur les berger(e)s. Il m’a parlé de son enquête de terrain, à la fois technique et ethnologique, sur ce métier en mutation. Et je lui ai fait part de mon désir de partager la vision du monde d’une génération qui préfère mener un troupeau, plutôt que de suivre la masse.

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Clin d’oeil, partage de points de vues ; nous nous sommes rencontrés dans cet échange riche et complémentaire, et avons décidé d’avancer ensemble autour d’un projet commun d’installation muséographique, à la Maison du Berger (Cf #2 Conversations interactives page 25). Ce rendez-vous avec le réel est un moyen de partager autrement nos paroles de bergers en rencontrant le public d’un musée, et d’inscrire le propos dans une étude ethnologique. Cette installation s’inscrit comme un support de diffusion supplémentaire et donne à notre projet une dimension trans-média.

De la même manière, je me suis rapprochée du travail de Marc Mallen au Centre de l’Oralité Alpine (CG 05). Sa démarche, basée sur le postulat que notre relation au monde se joue au travers du paysage, s’engage dans une réflexion sur celui de la montagne et sur la collecte des représentations des différents acteurs de ce territoire. Notre précieuse rencontre a également aboutit sur un solide partenariat entre le COA et notre projet transmédia.

Notre webdocumentaire n’est pas à vocation pédagogique et ne transmet pas de connaissance sur le métier de ber-ger et ses savoir-faire. Néanmoins, il accorde un espace de paroles à différents acteurs « experts » qui proposeront des informations complémentaires et approfondies sur différentes problématiques liées à notre sujet : les métiers du pastoralisme, la montagne, la jeunesse, la pluriactivité etc...

Réalisation

Des séquences vidéo, des ITW retranscrites et des photographies, classées par thématique, donneront à voir nos personnages dans l’univers de la montagne, au milieu du troupeau et dans les cabanes. Le passage de la saison sera marqué, en filigrane, par l’évolution du rythme circadien des brebis en fonction du soleil. En juillet par exemple, le berger se lève très tôt le matin. Plus on avance dans la saison, plus le troupeau part et revient tard. Nos personnages seront filmés au cœur de leur travail et de leur quotidien, en observant les conditions physiques rudes et continues. Je souhaite ainsi montrer comment le travail façonne le corps et l’esprit au fil du temps, avec l’influence permanente de la nature et du climat sur l’humeur. Charlie a-t-il réellement rêvé éveillé toute une journée par temps de brouillard ?Parfois nous retrouverons nos personnages réunis à l’occasion de «soirées de bergers», des rendez-vous amicaux organisés dans une cabane sur différents alpages. Durant ces soirées, ils deviennent bavards sur leur métier, chacun allant de son anecdote « brebiesque ». C’est l’occasion de saisir ce qui est de l’ordre du partage et de la complicité sur l’expérience unique et singulière qu’ils traversent tous.

Aussi ils seront filmés en interaction avec leurs amis ou familles venus leur rendre visite dans leurs pâturages. Ces retrouvailles révèleront le décalage qui existe entre ceux qui arrivent dans la montagne et ceux qui y vivent et qui en sont imprégnés. Elles dévoileront également leur vie d’ « en bas » par les liens et les discussions qu’ils auront avec leurs proches. Des énergies différentes et spontanées naîtront. Guillaume deviendra soudain très bavard et répon-dra à toutes les curiosités les plus naïves. Ténébreux et mystérieux, Charlie aura un accueil plus réservé. Comment Marie va-t-elle, de son côté, accueillir son amoureux argentin ? Pourquoi Julie est-elle soulagée de voir redescendre sa famille ?

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Pour avoir passé du temps en altitude l’été, je me suis rendue compte à quel point la montagne agit sur le corps et l’esprit, délie les langues, libère le stress, nettoie le mental, accentue les émotions, donne de l’espace aux pensées, et apporte des réponses éveillées. En outre, bien que le métier de berger ne soit pas le propos du film, il a un fort potentiel symbolique, par ses connotations bibliques et ancestrales, son aspect inconditionnel et peut-être éternel. C’est pourquoi les confidences et expériences de chacun de nos personnages seront saisies uniquement dans ce contexte estival. Je choisis précisément cette période d’alpage pour comprendre pourquoi leur choix, d’être loin du confort matériel et de la consommation, contribue à leur équilibre et à leur bien-être.

Tout ce que j’ai pu observer en alpage me semble avoir un fort potentiel cinématographique. Des montagnes immenses aux reliefs les plus fous et improbables; un dédale de petits chemins desservant sous bois, crêtes et lacs ; des petits ruisseaux dessinés ici et là ; une cabane en bois tirée d’un conte pour enfant ; des empreintes ou carcasses de brebis, des refuges de marmottes ; des espaces subtils et vertigineux à perte de vue... Le tout orchestré par l’harmonie du mouvement incessant et apaisant de la vie et de son mystérieux silence. Parfois, surgissent quelques visages sereins de randonneurs, venus de ces grands espaces, pour se laver de leur quotidien urbain, bruyant et souvent superficiel. Les jeunes bergers et bergères, eux, ont cette beauté farouche propre aux gens qui vivent au plus près de la nature. Leur silhouette se distingue de la masse blanche et emblématique du troupeau. Ils mènent, observent, marchent, soignent, tel un rituel initiatique durant lequel vont et viennent questions et réponses existentielles. Durant lequel s’enracinent les bases de la sagesse...

Plus ou moins bavards ou bons orateurs, ces jeunes berger(e)s d’un temps nouveau me touchent par leur clairvoyance, la justesse de leur analyse et leur maturité. Mettre en lumière leur choix, leur visage et leur propos, ne consiste pas à montrer des alternatives de vie ou des tempéraments marginaux. Ces jeunes adultes, bien qu’ayant choisi un métier ancestral, restent terriblement ancrés dans la réalité d’aujourd’hui.

Maïna Waezi.

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Une envie : Les récentes réalisations de web documentaires m'ont particulièrement intéressées. Cette rencontre entre un récit sous la forme de séquences filmiques et une mise en scène interactive a de quoi séduire la conceptrice multimédia que je suis.

Une rencontre : L'opportunité d'assister à des ateliers de réflexion autour du web documentaire, organisés par la société de production Pages & Images et l'ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme) a confirmé tout l'intérêt que représente cette forme d'écri-ture pour moi et m'a permis notamment d’en aborder une concrétisation avec la rencontre de Maïna Waezi.

Un point de vue partagé :Je partage ce regard que porte Maïna sur les personnalités de ces jeunes bergers « nouvelle génération », une sen-sibilité commune, une envie d'interroger les fondements de notre modèle de société, de remetre l’humain et la nature au coeur de nos préoccupations.

Riches et atypiques, ces personnages vont apporter une matière particulièrement intéressante à mettre en scène sous forme de séquences thématiques. Ce mode d’écriture modulaire, riche de potentiel, est particulièrement adapté à une balade interactive, nous permettant de découvrir ces parenthèses thématiques nourries de réflexions et de confidences.

Un vaste panoramique des alpages est l'univers incontournable dans lequel nous allons à la rencontre de ces bergers et bergères répartis dans cette immensité. Un paysage en opacité qui se dessine et se révèle au fur et à mesure que nous visionnons les séquences, que nous en apprenons un peu plus sur ces personnages et sur leurs choix. Cette approche interactive permet d’intégrer l’internaute dans la construction du récit, à la découverte des personnages, de leurs émotions, leurs réflexions. Au fil des thématiques proposées, l'internaute, guidé par sa curiosité, découvre des personnages atypiques. Un mini monde se dessine.

L'installation des conversations interactives est aussi une approche qui m'intéresse particulièrement. J'ai pu expéri-menter ce genre de simulation, qui procure une sensation de conversation, une proximité avec le personnage et une perception accrue des propos échangés.

C’est en tant que co-auteurs que nous vous présentons cette œuvre, fruit d’une réflexion commune. Appréhendée dans son ensemble, elle associe le contenu narratif et l’approche interactive. Le travail artistique sur la forme (cf charte graphique - page 24), pour être producteur de sens, est pensé et construit en adéquation avec le sujet.

Corinne Cartaillac

Note d'intention graphique

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Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Un Webdocumentaire Brêêêk !# 1

Une jeune génération et un métier ancestral.Des bergers et bergères le temps d’un été.Des histoires différentes mais une recherche commune.

Brêêêk !

Le choix de s’accorder une respiration dans notre monde actuel, une pause dans ce rythme effréné, à travers l’expérience des alpages et du mode de vie qu’il engendre.

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Plaisir“Être berger tu ne peux pas faire ça juste pour le travail. Il faut que ce soit un plaisir. Les gens, ils te disent souvent « bon courage » et tout, mais non c’est avec plaisir ! C’est un vrai plaisir d’être là-haut !...” Charlie

Identité“J’ai traversé une crise d’adolescence difficile, perdue dans un conflit existentiel. Ce travail avec les bêtes m’a reconnecté à la vie, à la terre, à moi-même. Ce sont des bêtes, elles ne te jugent pas !...” Julie

Temps“Si j’ai un projet qui me passe par la tête, je vais prendre une semaine ou plus pour y réfléchir, laisser mûrir. (…) Ou bien si je dois préparer un plat, je vais prendre le temps, une heure, deux heures s’il le faut… Tout prend le temps qui lui est nécessaire...” Guillaume

Instinct“Ce que j’aime par dessus tout chez les brebis, c’est qu’elles ressentent des choses que l’être humain ne peux plus ressentir aujourd’hui, car il a perdu cet instinct...” Marie

Isolement“Tu es loin de tout, le portable ne capte pas… Il faut aimer passer du temps seul...” Guillaume

Le loup“Avec le loup le travail devient intéressant. Il te met en face de tes responsabilités. C’est un animal qui a de la puissance et qui est intelli-gent...” Charlie

L’essentiel“En bas il y a beaucoup de superflux. Ici on n’a pas grand chose, et au final on est heureux, notre santé va bien et tout fonctionne. Donc tu t’aperçois que c’est possible de vivre avec très peu de choses...” Guillaume

Liberté“Tu t’occupes du troupeau mais en réalité, tout ce temps, c’est du temps pour toi...” Marie

Nature“Le loup est un prédateur bien sûr mais ça fait plaisir qu’il soit là car ça veut dire qu’il y a assez de gibiers pour qu’il s’installe. En terme d’éco-système, c’est plutôt rassurant. De croiser des aigles, des chamoix, des chevreuils, c’est toujours des moments grandioses. ça veut dire que la montagne va bien....” Charlie

Equilibre“C’est un équilibre à trouver. L’hiver, j’aime voir du monde et j’ai besoin de faire partager des choses, d’exister à travers les autres...” Julie

Présent“Chaque jour, on vit la journée comme elle arrive. On a quelques obli-gations par rapport au troupeau qui nous amènent parfois à penser à demain, mais sinon, on vit le présent de manière très concrète...” Marie

Sobriété“Quand on évoque le côté retour aux sources dans le mode vie de berger, les gens pensent à comment vivaient nos grands parents, au coté vieillot et peu confortable. Or pour moi ce retour-là, c’est retrouver un rythme naturel et ressentir davantage les choses. Ne pas passer à côté...” Julie

Emotions“Autant positives que negatives, les émotions sont plus intenses. Quand il y a un truc qui t’émeut ben t’es vraiment ému, quand il y a un truc qui te rend triste, tu vas pleurer… c’est vraiment puissance dix...” Charlie

Contemplation“Lorsque j’ouvre les fenêtres de ma cabane, je contemple le paysage, parcours l’espace et observe le levé du soleil… J’ai conscience que je suis privilégié. Il y a très peu d’endroit et de travail où l’on peut être en accord avec la nature à ce point..” Guillaume

Enjeux AmourNomadismeDécroissanceEnvie … etc

Thèmes abordés : exemples et extraits

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Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Marie la bergère, c’est comme ça qu’on l’appelle, qu’on la distingue. Une tornade. Un ptit bout de fille qui prend tout l’espace partout où elle va. Une énergie qu’elle a du mal parfois à canaliser.

Marie a 25 ans, elle est très belle, mince, brune aux yeux marron. Ces yeux présentent quelque chose en plus de la couleur : ils ont du pétillant, ils ont une lumière qui reflète son grand désir de vivre et de profiter du meilleur de ce que la vie lui offre. C’est peut-être parce qu’elle a failli de-venir paralysée suite à un accident qu’elle ne veut pas en perdre une miette. Marie est une charmeuse et une sentimentale. Depuis que je la connais, elle a des histoires incroyables et incroya-blement passionnelles avec les mecs. Elle aime les racon-ter, et surtout elle en a besoin. À la manière d’une grande adolescente à fleur de peau, l’amour est son essence, son credo, son moteur.

Il y a trois ans, Marie est partie en Argentine. Le récit de ce voyage est improbable. De quoi réveiller nos âmes re-foulées d’aventurier : elle circulait en stop, elle ne savait parfois pas où dormir le soir, elle trouvait du travail grâce à des rencontres hasardeuses, elle a vécu dans un vil-lage de montagne dont les habitants, qui ne mangeaient que de la viande, n’étaient encore jamais descendus à la ville et ne connaissaient, même pas de nom, la France, ni même l’Europe... et elle a finalement atterri dans le cam-ping de Hugo, son amour d’aujourd’hui.

Après chaque saison d’alpage, elle passe l’hiver en Argen-tine pour le retrouver et travailler. Au printemps, elle rentre remplie de nouvelles expériences, de nouveaux espoirs, de chagrin, de questions, d’angoisses, de bonheur...

Marie

il y en a dans tous les sens et à toutes les fréquences. Marie attend aussi la saison d’alpage pour ça : pour poser toutes ses idées et pensées, pour reposer son petit cœur.Marie vit comme ça: l’hiver en Argentine, l’été en France dans les Hautes-Alpes. Accompagnatrice et guide tourisme équestre une partie de l’année, et bergère l’autre moitié. Du voyage, de la diversité. Un choix de vie dans lequel elle s’est bien installée, et qui lui correspond pour satisfaire toutes ses facettes, toutes ses envies, tous ses rêves les plus fous ; pour la remplir de joies, d’émotions intenses, de projets inlassables et nouveaux ; pour la nourrir de vie et d’expériences ; pour que la lumière ne cesse de briller dans son regard.

Cette année, Marie arrive en France à la fin du mois de mai. Un retour qui, à chaque fois, lui demande quelques jours d’adaptation. Marie aura pris un peu de poids, car l’alimen-tation là-bas est différente de ce qu’elle aime manger ici. Après quelques jours de visite dans sa famille et chez des amies, elle se préparera à l’alpage.Cette année, Marie va garder seule. C’est la première fois. Elle est bergère depuis 5 ans maintenant. Dans sa mon-tagne, elle est impressionnante : elle soigne, elle marche, elle guide les chiens... elle déploie son énergie et effectue son travail avec beaucoup de conscience et d’exigence.Cette année, elle souhaite faire venir Hugo. Si tout va bien, que tout est accepté administrativement, il devrait venir un mois en France, la retrouver dans son alpage. Marie va tout faire pour que ça marche. Ce serait comme si ses deux mondes se réunissaient l’espace de quelques jours.

Personnages envisagés

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#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Charlie a 26 ans. Une allure d’adolescent : pas très grand, pas très musclé. Il a un tempérament calme et solitaire. Charlie est aussi un grand angoissé. Il n’a pas toujours su ce qu’il voulait vraiment faire dans la vie. D’abord la fac de sport, puis les travaux agricoles et saisonniers... Ce qu’il aime, c’est être dans la nature et avec les bêtes. Il trouve dans le métier de berger un rythme qui lui convient : le rythme des bêtes, plus proche du rythme naturel et biologique de l’homme. Charlie est comme ça : il reven-dique le retour aux sources et à la nature ; il fuit la ville, les patrons, les courriers administratifs et les obligations vides de sens. Mais Charlie n’est ni écolo ni anarchiste ni mar-ginal. Il n’a pas de case, il cherche simplement sa place et observe, avec le plus grand respect.

Quand on lui demande ce qu’il fait comme métier, il dit qu’il est berger. Même si il ne fait ce travail que cinq mois par an. Charlie raconte que c’est à peu près la seule période de l’année où il est bien. Quand le printemps arrive, il est impatient de « monter ». Il a besoin de ce bol d’air et de se retrouver dans la nature. Le bien-être qu’il ressent est d’ailleurs ce qui est le plus important dans ce métier. Bien plus que faire grossir des brebis et des agneaux destinés à fournir de la viande. D’ailleurs, élever de la viande ne fait pas vraiment partie de ses valeurs. Mais ça lui permet d’être là-haut avec une activité. Il ne pourrait pas passer cinq mois en vacances dans ces montagnes.Il y a beaucoup de choses qui lui plaisent là-haut. Le rap-port au temps par exemple : pour chaque tâche, il prend le temps qui est nécessaire sans jamais ressentir de stress. En bas, il regarde les gens pressés et constate que même si les moyens de déplacements ont été accélérés, le monde a l’air toujours aussi pressé. Là-haut, tout se fait en marchant, ça prend une autre allure. Une allure qui lui va bien. Et puis tout lui paraît plus juste, plus vrai.

Ses émotions sont plus intenses : il se surprend à être très ému devant un paysage, vraiment triste avec une mauvaise pensée ou très heureux à l’heure d’une bonne nouvelle. Il ressent, donc existe.Et il le lui rend bien, à la nature. Charlie a eu l’année dernière une relation passionnelle et compliquée avec le loup. C’était la première fois qu’il le voyait depuis qu’il garde. Le prédateur s’est approché du parc de nom-breuses nuits, à moins de 100 mètres de la cabane. Charlie raconte les épisodes du loup avec beaucoup d’affection. Il est d’avis qu’il faut laisser de la place pour tout le monde dans la montagne, et qu’il est important de retrouver une variété d’espèce animale.

Charlie est berger car c’est ce qu’il sait le mieux faire. Il le fait par plaisir, par passion. Il gère seul son troupeau, comme il le ressent, et aime cette liberté au travail. L’hi-ver, il pratique le métier de charpentier menuisier. Il s’est mis à son compte pour travailler à son rythme et par peur de ne pas tenir les horaires qu’un patron pourrait lui donner. Mais il n’est pas complètement satisfait et devient sombre et immature à cette période.Charlie ne souhaite pourtant pas être berger toute l’an-née. Il n’est pas fait pour vivre seul tout le temps, et ne veut pas se dégoûter du métier. Il cherche un meilleur équilibre, en devenant éleveur le reste de l’année peut-être ? Installé avec des bêtes, ça lui éviterait de sentir ce gros décalage quand il sort de la montagne. Il aime cependant ce changement et cette instabilité. Il ne pour-rait pas vivre autrement pour l’instant. Tout est dans l’équilibre... marchant, ça prend une autre allure. Une allure qui lui va bien. Il prend le temps avec les autres également, et ses rapports sont de bien meilleure qualité.

Charlie

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Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

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Julie a 24 ans. Une silhouette et une frimousse de toute jeune fille. On lui en donne facilement 17. Elle a de longs cheveux blonds et de grands yeux bleu clair, dissimulés derrière des lunettes.Julie rie tout le temps. Ces amis confirment. Elle aime raconter des « conneries ». C’est d’ailleurs son mode de communication : l’humour, la dérision, ou la moquerie sur fond de tendresse. Car Julie est très attentive aux autres. Derrière son air naïf, elle a une intuition et une intelligence d’esprit qui lui permettent de cerner la personne à qui elle s’adresse.

Julie est bergère depuis quatre ans. Elle garde seule et se régale. Elle aime les brebis et les chèvres et leur voue une sorte de passion. Avec un sourire grand comme ça, elle me raconte que ces bêtes l’ont aidée lorsqu’elle a arrêté l’école, en pleine crise d’adolescence, perdue dans un conflit existentiel. Le travail avec les bêtes l’a reconnecté à la vie, à la terre et à son être intérieur. Ce sont des bêtes, elles ne te jugent pas ! dit-elle.Il existe un vrai lien affectif entre Julie et ses brebis. Elle est leur gardienne, elle s’occupe d’elles. Ce sont des ani-maux justes, sains, et sans jugement. Sans aucun vice d’ailleurs. Les chèvres, quant à elles, sont parfois mali-cieuses.

Ce que Julie aime par-dessus tout chez les brebis, c’est qu’elles ressentent des choses que l’être humain ne peux plus ressentir aujourd’hui, car il a perdu cet instinct. Le mauvais temps qui arrive par exemple. Le troupeau est alors un guide et un repère. En comprenant les besoins des bêtes qui évoluent avec le temps et les saisons, elle accède au rythme de la nature. Les brebis comme reflet de soi aussi. Julie a remarqué cette manie qu’elles ont d’absorber son humeur et ses émotions.

Julie est heureuse, car là où elle garde, la nature est préservée. Préservée des traces de l’homme et des aménagements modernes. Elle y vit avec un minimum de choses, va chercher l’eau à la rivière, lave à la main ses vêtements... Bergère est un métier « au cœur de la vie » qui n’a pas beaucoup évolué. C’est précisément ce qui lui plaît. Elle a l’impression de vivre dans le « vrai ». Elle se lève avec le soleil et s’endort quand il se couche. Elle prend le temps de faire des choses qu’elle ne ferait pas « en bas » : lire, dessiner, observer, « digérer » ce qu’elle a vécu. Une lenteur qui n’est pas autorisée en société. Julie a une énergie différente en montagne. Son corps s’adapte à la douceur du contexte et aux cycles naturels.C’est peut-être pour toutes ces raisons que Julie inspire sagesse et clairvoyance. D’ailleurs elle n’évoque jamais de sentiments comme la solitude ou la tristesse. Elle préfère tirer le positif de chaque situation.Julie me parle toutefois d’un équilibre à trouver. Car l’hi-ver, elle aime voir du monde et a besoin de faire partager ses rires et ses histoires, d’exister à travers les autres. Alors elle voyage ou travaille. Durant deux hivers, elle a gardé un troupeau dans des champs dans le Var. Une autre année, elle est partie en Andalousie, suivre une formation dans l’agriculture locale. Elle a appris l’Espa-gnol, fait de belles rencontres, et découvert d’autres traditions. Elle prépare prochainement ces vacances en Roumanie. Un voyage de trois mois avec des amis.L’été prochain, elle repart en Alpage, mûrir cette fois le projet de partir en Mongolie, découvrir le pays à cheval et rencontrer les populations nomades.

Julie

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Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Guillaume à 27 ans. Il est blond, grand, avec un phy-sique qui pourrait correspondre à ce qu’on appelle un beau gosse. Il ne se sépare pas de son chien, Swal. Ils se ressemblent d’ailleurs: un grand chien à la fois maigre et imposant, qui n’obéit pas toujours bien. Un chien de caractère qui aime la liberté et qui n’hésite pas à dispa-raître plusieurs jours parfois.Il y a deux ans, Guillaume a décidé de partir pour vivre le voyage sur une longue durée et pour accomplir quelques rêves de toujours. Se construire une cabane dans la forêt, pour passer du temps dans la nature, en allant plus loin que la vie qu’il peut avoir en tant que berger ; apprendre l’Anglais pour avoir une prestation de qualité dans son tra-vail avec les touristes ; skier dans ce pays qui est « la Mecque du ski »…

Guillaume est un homme heureux, sûr de lui, et conscient de tous ces moments de bonheur qu’il a traversé dans cette aventure. Il parle de victoire, car encore une fois, il a atteint ses objectifs et réalisé ses rêves. Guillaume a toujours été comme ça. Il voit naître des désirs en lui, et se donne les moyens de concrétiser chaque projet.Ce voyage l’a amené à réaliser que son chez-lui se trou-vait dans les Hautes-Alpes. Il souhaite continuer ce qu’il y fait depuis des années : berger l’été et pisteur l’hiver, tout ça sur la même montagne des Orres.

Guillaume est le berger de l’alpage de Sainte Margue-rite. Lorsqu’il ouvre les fenêtres de sa cabane l’été, il contemple le paysage, parcourt l’espace et observe le levé du soleil. Alors il se sent chez lui, propriétaire de toute cette nature. Guillaume sait qu’il est privilégié. Selon lui, il y a très peu d’endroit et de travail où l’on peut être en accord avec la nature à ce point. Il renseigne volontiers un randonneur, il offre le café aux amis qui passent, il fait la police si un quad circule de manière illégale et dange-reuse... D’ailleurs, comme de nombreux bergers, il parle de « sa montagne ».

Guillaume n’aime pas la solitude. Il est convaincu que l’humain est fait pour vivre en groupe, que nous sommes des êtres sociaux et que l’on a besoin des autres. Il est alors très bavard lorsqu’il croise un ami dans la mon-tagne ou qu’il passe une soirée avec d’autres bergers dans la saison. Il relâche ce qu’il a pu ruminer seul et raconte tout ce qui lui est arrivé.

Pourtant, s’il descend dans la vallée pour ses congés, il ne reste jamais plus de deux jours. Il a besoin de retour-ner auprès des brebis, pour surveiller le rythme du trou-peau qui évolue chaque jour. Guillaume est avant tout très investi dans son travail, qu’il aime bien fait.Guillaume redescend de l’alpage en Octobre, travaille un mois sur l’exploitation familiale pour faire du jus de pomme, et enchaîne en décembre une saison de pisteur sur le même massif. La montagne est son élément. Il a besoin de relief et de froid et d’un cadre de travail l’hiver aussi. Encore une fois, ce métier lui va bien. Il se lève et chausse ses skis. Dans ce travail, il est libre et auto-nome dans ses déplacements et dans ses décisions. Un peu comme l’été en alpage finalement.

Guillaume est conscient que ces deux métiers pré-sentent des visions différentes de la montagne. La ques-tion est de savoir comment y accueillir du monde sans l’abîmer. Il apprécie la complémentarité de ces deux mé-tiers, car elle lui permet de connaître plusieurs facettes d’un même milieu.Ces deux rythmes lui conviennent. Il ne pourrait pas faire un seul et même travail. Il lui faut du changement, de la diversité, pour apprendre de sans cesse de nou-velles choses. Il reconnaît que ce sont des choix très individualistes, qui laissent peu de place à une femme pour l’accompagner par exemple...

Guillaume

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Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Format : chroniques vidéo - diaporamas photo / sonores - textes

Le webdocumentaire propose des courtes séquences vidéos, des diaporamas photo avec montage sonore et des textes (interviews, articles etc).

C'est une approche par thématique qui est proposée. Ainsi l’internaute peut découvrir le contenu de ces différents formats en choisissant un thème, mais il a aussi la possibilité de sélectionner uniquement les contenus relatifs à un personnage, en cliquant sur un des prénoms en bas de page. Certains thèmes peuvent aussi correspondre à des propos d’ « experts ».

Les séquences vidéos et diaporamas sonores ont une durée de 2 à 8 minutes. Sont également proposées, tels de petites échappées, de très courtes séquences vidéo de quelques secondes : par exemple, un focus sur une marmotte en train de siffler.

Principes

Ces chroniques vidéo documentaires suivent les personnages dans leurs alpages l’été. Elles correspondent à diffé-rentes situations et thématiques annoncées. Cet ensemble de thèmes vient raconter tout ce que représente ce choix d’une expérience en alpage, dans la vie de ces différents personnages.

Un même thème peut être évoqué par plusieurs personnages. Témoignages et confidences se font ainsi écho d’un personnage à l’autre.

Tous les contenus visités sont mémorisés avec cet effet de patchwork de carrés d’images colorées, donnant ainsi à l’internaute un feed-back de son parcours.

Cet ensemble de thématiques va raconter, au fur et à mesure de sa progression et de son contenu, l’histoire commune d’une génération qui fait le choix de cette pause en alpage. Il ne s’agit donc pas d’un récit linéaire mais de plusieurs témoignages proposés à travers cette diversité de formats.

Format et principes

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Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Pourquoi un webdocumentaire ?

Nous avons voulu privilégier une approche thématique, non linéaire. Ce sont des confidences glanées tout au long d'une saison en alpage. L'approche interactive que permet le support multimédia est particulièrement appropriée. Comme une métaphore, l'exploration du paysage permet à l'internaute d'aller à la rencontre de ces personnages atypiques, de mieux connaître leurs motivations pour ce choix de vie.

Le support web présente aussi l'avantage de pouvoir nourrir ce webdocumentaire de nouvelles thé-matiques, de nouveaux personnages, et donc d'enrichir le sujet. En effet, plusieurs tournages seront réalisés sur les périodes de juin à septembre 2013 et les séquences vidéos seront mises en ligne au fur et à mesure des tournages.Le lien vers une page Facebook nous permet de créer un lieu d'échanges entre les personnages et les internautes.

Le webdocumentaire permet de vivre une promenade virtuelle dans ces vastes espaces. Le lecteur dispose, comme il le souhaite, de son temps pour lire, regarder, fureter, faire son chemin. De plus, le webdoc est une expérience interactive qui implique l'internaute dans la narration qu'il construit par son parcours. Nous pensons que cette nouvelle façon de raconter et de percevoir des histoires est particulièrement appropriée à ce sujet.En effet, le principal axe de recherche de ce projet est d’expérimenter une nouvelle écriture audio-visuelle, qui laisse au spect-acteur la possibilité de choisir et de personnaliser son mode de lecture. La navigation proposée lui permet de privilégier les séquences qui l’intéressent et qui répondent au mieux à sa curiosité et à ses interrogations.

Le support webdocumentaire nous permet d’intégrer différentes “matières” telles que séquences vidéo HD, format webcam, photographies, diaporama sonore, textes... Ces différents formats sont complémentaires et enrichissent ainsi le propos.

Aujourd'hui, l'écran web est un écran aussi consulté, si ce n'est plus, que l'écran TV. Au delà de la facilité de consultation au moment opportun pour l'internaute, il y a aussi la possibilité d'y revenir, de partager avec son réseau, d'y trouver un contenu qui évolue, qui s'enrichit et qui propose des liens vers une exploration plus large du sujet.

Enfin, ce webdocumentaire s’inscrit dans un programme transmédia. En complémentarité, nous avons proposé une installation muséographique “conversations interactives” dans le cadre d’une exposition permanente à la Maison du Berger à Champoléon (05), sous la conduite de son directeur Guillaume Lebaudy, ethnologue. Ces deux approches se complètent : le webdocumentaire est axé sur un choix de vie et l'installation muséographique, elle, aborde les enjeux de métiers en mutation. (Cf #2 Conversations interactives page 25).

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Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Présentation du webdocumentaire

L’idée qui soutient ce projet est de témoigner du choix de vie singulier d’une jeune génération, articulé autour d’une saison d’alpage, et de le faire partager à travers la toile de manière expérimentale et sensible. Pour cela, le webdocumentaire « Brêêêk !», à l’image d’une plate-forme d’observation, propose l’expérience d’une narration documentaire utilisant divers formats et outils web, et intégrant l’inter naute dans la construction de l’histoire.

Un court film d’introduction accueille l’internaute (environ 30 sec). Ce film a pour but de plonger celui qui le regarde dans une agitation bruyante et oppressante, afin de provoquer chez lui une saturation puis une envie de calme et de sérénité. Les images représentent des scènes de vie quo-tidienne se rapportant aux symboles de notre société actuelle : personnes avec leur portable, embouteillages, gros plans de pots d’échappement, affichages de publicité, foule de gens pressés, zones commerciales et indus-trielles, rayons électro-ménager d'hypermachés, façades d’immeubles surpeuplés, décharges… Ces images sont ponctuées par de très gros plans de visages, crispés et soucieux, d’hommes et femmes de tout âge. Toutes ces images défilent de plus en plus rapidement, sans respiration, sur fond sonore de «brouhaha» citadins (klaxon, moteurs, foule, métro). La musique (à déterminer) donne le rythme et accompagne cet enchaînement d’images accélérées. L’effet de ce montage visuel et sonore procure un sentiment oppressant, telle une cocotte minute sous pression qui va bientôt exploser.

Puis, sur les dernières secondes de ce teaser, la musique s’arrête et le bruit de la ville s’estompe progressive-ment, devenant sourd et lointain. Ce changement donne au spectateur le sentiment que l’on passe du « dehors» au « dedans », du chaos « extérieur » à notre monde « intérieur ». Le « brouhaha » disparaît et laisse place à un souffle aérien, tel celui du vent dans la voile d’un parapente. En même temps, les images se font plus rurales, colorées et aériennes, et les plans de plus en plus larges. Le rythme ralenti avec des plans plus longs. On reste en plan fixe sur la dernière image qui est le panoramique de l’interface interactive du webdocumentaire. Le titre du film arrive et part en fondu au centre de l’écran.

Ecran d'accueil et de navigation :

Ce paysage panoramique de montagne nous plonge dans l’univers de la vie des bergers en transhumance, et nous propose de nombreuses thématiques à découvrir, réparties sur ce paysage présenté en opacité, sous forme de petits découpages en plusieurs carrés qui se révèlent au passage du curseur. Au survol de chaque carré “réactif”, apparaît le titre du thème proposé ainsi qu’un court extrait destiné à donner une idée du contenu de la séquence.

Chaque carré “thématique” visualisé va être remplacé sur l’interface de navigation par un changement visuel, un affichage à 100% de cette portion d’image, donnant ainsi un feed-back de son parcours à l’internaute.

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Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Deux autres façons de découvrir les thèmes évoqués, au bas de l’écran :

• Tous les thèmes : au clic sur ce lien, tous les thèmes s’affichent sous la forme d’un nuage de mots. L’internaute peut alors accéder directement à la séquence du thème qui l’intéresse.

• Les prénoms des personnages : Marie I Charlie I Julie I Guillaume l [ + ]

Au clic sur chaque prénom, les thématiques du personnage sélectionné s’affichent sous la même forme d’un nuage de mots, accompagné d'une courte bioraphie.Au clic sur [ + ], Brêêêk donne un espace de paroles à d'autres acteurs (ethnologues, éleveurs...). Leurs témoi-gnages seront également proposés par thématiques.

5 liens, en bas à droite de l’écran :

• À propos : un texte pour expliciter notre démarche• Un programme transmédia : une page de présentation de l’installation muséographique “Conversations inte-ractives” dans le cadre de l’exposition “Un berger, des bergères... Nouveaux enjeux d’un métier en mutation” à la Maison du Berger à Champoléon + lien vers le site de la Maison du Berger + google map + articles de presse sur l’évènement.• Carte : Ce lien proposera une carte pour géo-localiser les lieux, vallées et sommets, où évoluent les personnages.• Crédits et liens • Facebook : les internautes pourront laisser des commentaires et des questions auxquelles les personnages pourront répondre quand ils en auront la possibilité. Une page que nous alimenterons régulièrement : actualité des personnages et ajouts de nouvelles séquences sur le webdocumentaire.

Visualisation des séquences thématiques :

Une opacité masque en partie l’interface d’accueil, la séquence vidéo s’ouvre au dessus, en fenêtre “pop up”, structurée en 2 parties :

• Une partie centrée dans laquelle s’affiche la séquence vidéo, le diaporama ou l’interview textuelle. • Une colonne à droite rappelle le titre et le court extrait aperçu au survol sur l’interface d’accueil. Nous pourrons éventuellement, ajouter dans cette zone, quelques informations complémentaires, pour inciter à consulter une autre thématique ou consulter le point de vue de l’ethnologue sur ce même sujet.

Pour les séquences vidéo, un petit bandeau propose les fonction nalités habituelles à savoir : pause, play, curseur de progression, réglage du volume sonore, fermeture de la séquence etc. apportant ainsi toute souplesse à l’inter-naute lors du visionnage des séquences.

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Arborescence et navigation

Possibilité d'afficher les thèmes par personnage

Possibilité d'afficher tous les thémes sous forme de nuage de mots

Principe : L'image en opacitée est découpée en plusieurs carrés, chaque carré propose un thème. Au survol de chaque carré, affichage du titre et d'un court extrait textuelChaque "carré" thématique visionné reste ensuite en affichage à 100% afin de donner un feed back des thèmes vus.

Ces quatre liens sont traités en pop'up+ un lien vers la page Facebook

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Écran "Accueil" Exemple d'affichage au survol de chaque carré - Titre du thème- Une phrase extraite de la séquence proposée donne une première idée du contenu à l'internaute.Au clic, accès à la séquence (cf écran suivant)

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Écran "Thème"

Au bas de la fenêtre vidéo, une zone est prévue pour les fonc-tions habituelles de lecture de video, à savoir : lecture, pause, durée de la séquence, curseur de progression et réglage du volume sonore

Le thème s'ouvre dans une fenêtre pop'up. Il peut être proposé sous différentes formes : - Courte séquence vidéo accompagné d'un texte- Diaporama accompagné d'un texte- Interview en texte + visuel photoUne opacité est appliquée sur le fond afin de mettre en valeur le visuel du thème.

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Écran "Thème"

Exemple de thème traité sous forme d'interview retranscrit en texte.Défilement du texte en amenant le curseur vers le bas du texte.

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Écran "Accueil"Au clic sur " Les thèmes " lien au bas de l'écran, Au clic : Affichage de tous les thèmes sous forme de nuage de mots

Quand le nuage de mots est affiché, il suffit de recliquer sur "Les thèmes" pour les masquer.

Ou au clic sur le prénom d'un personnage, seul les thèmes abordés par le personnage choisi s'affichent

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Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Charte graphique et sonore

Charte graphique

Les principes graphiques ont été définis en priorité pour mettre en valeur le contenu et être au service de l'ergonomie globale de ce web documentaire. L'interface a été pensée dans l'épure, qui, par contraste, va faire ressortir les couleurs, la lumière, ces dominantes de verts, d'ocres et de bleus des chroniques vidéo, avec une mise en évidence des paysages et des personnages.

Le principe du panoramique ouvre le point de vue, comme nous l'avons en montagne et révèle l'étendue des paysages.Les éléments de navigation complémentaires sont regroupés au bas de l'écran :- à gauche, des options d'affichage des thématiques, - à droite, les options complémentaires (Intentions des auteurs, Un programme transmédia, Liens, Crédits, Partenaires & Contacts).

Les partis pris graphiques et typographiques, bien que contemporains, rejettent volontairement tout effet trop "mode" pouvant compromettre la pérennité de l'œuvre.

Une attention particulière à été portée à la fluidité de la navigation – le passage d'une thématique à une autre se fait très facilement - en évitant les clics inutiles. L'interface est proposée en opacité, découpée en carrés invisibles au départ et chaque carré correspond à une thématique. Chaque carré-théma cliqué ouvre la séquence de la thématique sélectionnée. Une fois vue, le carré s'affiche à 100% et apporte ainsi un feed-back de son parcours à l'internaute mais aussi révèle au fur et à mesure le paysage, comme les pièces d'un puzzle, l'image apparaît progressivement.

Les polices utilisées sont "Corbel" pour les titres et une typo classique baton pour le contenu textuel afin de faciliter la lecture sur écran.

Charte sonore

L'univers sonore nous propose une immersion dans l'univers de la montagne, en dévoilant le faux silence de la nature : bruits de cloche de moutons, sifflement des marmottes, ruissellement des torrents, mais aussi dans les divers lieux que nous découvrirons avec nos personnages.

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Une installation muséographique

Conversations interactives# 2

Les conversations interactives sont des conversations virtuelles avec des femmes bergères et éleveurs. Ce dispositif permet d’abord au public, de connaître deux métiers et de comprendre de quelle manière ils sont liés et complémentaires.

Mais aussi et surtout, ces conversations permettent de faire connaissance avec celles qui incarnent ces métiers d’alpage : des femmes de grand caractère, aux visions différentes ; des femmes universelles, proches de nos réalités.

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#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Note de l'ethnologue

Le projet de réalisation muséographique multimédia « Conversations interactives » s'inscrit dans la démarche scientifique d'une enquête anthropologique sur le monde de l'élevage ovin dans les Alpes. Lancée par la Fédération des Alpages de l'Isère (www.alpages38.org) sous la tutelle scientifique de la Maison du berger (Centre d'Interprétation des Cultures Pastorales Alpines, www.maisonduberger.fr), cette enquête s'intéresse aux mutations profondes qui touchent les professions de berger(e) salarié(e) et d'éleveur(se) de moutons alpins. Elle va déboucher sur deux expositions de longue durée à La Maison du Berger (ainsi que sur une exposition temporaire itinérante).

La première (installée en 2012) s'intitule : Un berger, des bergères. Nouveaux enjeux d'un métier en mutation. La seconde est en construction, elle concernera plus particulièrement la vie des éleveurs, leurs rapports avec leurs salariés, avec la montagne, avec leurs animaux, avec les normes technico-administratives, avec la gestion de la prédation, avec la société en général.Dans le cadre de la restitution au public de ces deux enquêtes scientifiques et techniques, il nous a semblé indispensable d'aller au-delà de la simple exposition composée classiquement de textes, de photographies, d'objets mis en scène dans un espace muséographique.Nous souhaitions que les visiteurs de la Maison du berger puissent, eux-aussi, partager les réflexions, les émo-tions, les questionnements que nous avons eus sur le « terrain » pendant l'enquête. Nous souhaitions qu'ils puissent rencontrer les bergers, bergères, éleveurs et éleveuses et qu'ils passent un moment à discuter avec eux.Le projet de web documentaire engagé par Maïna Waezi et Corinne Cartaillac sur les bergers et la transhu-mance rejoignait nos préoccupations. Qui plus est, nous étions intéressés par la possibilité technique de détour-ner le web doc pour en faire un outil muséographique novateur qui permettrait effectivement une rencontre et une conversation avec un(e) berger(e) et un(e) éleveur(se).

Le dispositif s'insèrera dans notre parcours semi-permanent, comme une séquence phare de notre exposition Un berger, des bergères. Son installation en 2013 viendra également en contrepoint de l'évolution de cette expo-sition enrichie par les conclusions de l'enquête actuellement en cours sur les éleveurs d'ovins dans les Alpes.

Du point de vue de l'ethnologue, cet équipement donne la possibilité au visiteur de se mettre dans la peau du scientifique qui va rencontrer et interroger des « informateurs » sur le terrain. Malgré la virtualité de la situation de rencontre, il nous semble qu'il permettra une empathie avec les personnages présentés dans l'exposition, une plus grandes proximité avec leur vie au quotidien.

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Les visiteurs auront le choix entre un panel de questions et pourront mener une conversation d'une durée variable entre 15' et 20'. Comme lors d'une rencontre en montagne. Cela permettra aussi à la Maison du ber-ger d'assurer ses missions essentielles d'interprétation des métiers du pastoralisme et d'information du public sur le rôle des acteurs de ces métiers.

Dans le contexte de l'évolution de notre équipement, il permettra aussi de présenter une technique muséogra-phique relativement nouvelle. Dans le secteur géographique du grand sud-est, peu de musées et structures assimilées montrent ce type d'équipement. Cela nous permettra de nous spécifier et d'acquérir une autre image. Il viendra par ailleurs compléter le dispositif de rencontres des acteurs de terrain que nous avons mis en place via ESTIVES, une série d'émissions de radio (réalisées par Anne-Laurence MAZENQ, journaliste, chargée de communication et bergère en Isère, émissions écoutables en téléchargement ou streaming) sur notre site internet (www.maisonduberger.fr).

Ce dispositif étant évolutif, il pourra à l'avenir intégrer d'autres « rencontres » générées par de nouveaux tournages au fil de nos prochaines enquêtes de terrain.

Guillaume Lebaudy

Portrait : http://www.youtube.com/watch?v=8TlLrpE0YGg

Ethnologue, Directeur de la Maison du Berger (Communauté de Communes du Haut-Champsaur)Centre d'Interprétation des Cultures Pastorales AlpinesLes Borels - 05260 Champoléon

Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

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Aujourd’hui, le multimédia a trouvé sa place dans l’espace d’exposition : celle d’un outil interactif au service du projet culturel.

Un peu partout dans le monde se multiplient les expériences touchant l’utilisation du multimédia dans les espaces muséographiques, la numérisation des fonds iconographiques accessibles par internet, ou la confrontation des audioguides classiques aux iPod et autres programmes podcastés. Il ne s’agit pas seulement d’une couche supplémentaire venant agrémenter les dispositifs de médiation mais bien une évolution radicale de l’expérience muséale – depuis la préparation de la visite jusqu’à la documentation complémentaire post-visite.

Les TIC dans l’espace d’exposition :

Pour qualifier un objet de multimédia, il faut préciser trois choses.• le contenu, qui est la base même d’une création numérique,• son support de diffusion (qui n’est ni analogique, ni mécanique, ni électronique) et• la dimension participative de l’œuvre ou du produit avec le publicUne création multimédia peut être définie comme l’assemblage d’une collection de contenus numé-riques dont la visualisation s’effectue de manière interactive.

Donner un nouveau à l’espace d’exposition, faire exister autrement ce qui est regardé mais aussi ceux qui regardent. La Maison du Berger est un espace de rencontre et d’échange, et c’est bien dans cette interaction sans cesse renouvelée, que ce projet peut s’inscrire. L’installation multimédia crée un nou-veau champ de perception visuel et sonore, propose au visiteur de vivre une expérience sensorielle qui le touche directement en le plaçant dans un rôle de spect_acteur.

Présentation de l'installation Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Une rencontre entre Guillaume Lebaudy, directeur de la Maison du Berger et deux auteurs :

L’exposition «Un berger, des bergères... nouveaux enjeux d'un métier en mutation» (Guillaume Lebaudy) Le projet de web documentaire « Brêêêk » (Maïna Waezi et Corinne Cartaillac)

Un projet de collaboration :

Quels liens pouvons-nous établir entre • le contenu du projet de web documentaire, • les activités de la Maison du Berger et • les travaux d’études de l’ethnologue ?

L’idée de «conversations interactives»

Les visiteurs de l’exposition auront la possibilité de converser avec de jeunes bergers / bergères / éleveurs par le biais de conversations interactives, de manière virtuelle. Le dispostif place le visiteur en face à face avec chaque personnage et lui apporte une impression de réelle conversation.

Scénographie

Nous arrivons dans un espace de la Maison du Berger dédié à ces conversations interactives. Un verre opale d’environ 1,90m de haut et 0,60m de large, est placé verticalement (accroché au mur, sus-pendu ou tenu par un pied selon la configuration du lieu). Il nous fait face. Un vidéoprojecteur, piloté par un ordinateur, projète l’image d’un personnage filmé sur ce verre opale. Le personnage «animé» donne l’impression de nous attendre, au moyen d’un court extrait vidéo en boucle.

Une tablette interactive est placée devant cet écran de verre. C’est grâce à ce dispositif que la conver-sation interactive va pouvoir s’engager. L’écran tactile nous propose plusieurs questions à poser au personnage projeté.Nous sélectionnons une question et le personnage nous répond. Dans une continuité, d’autres ques-tions nous sont proposées, appelant d’autres réponses, telle une réelle conversation.* Option : Le visiteur peut sélectionner grâce à la tablette interactive la langue et les sous-titres qui lui conviennent (italien ou anglais).

Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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Page 30: dossier Déc 2012

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Contenu de cette création numérique :

Le travail d’écriture développé dans cette oeuvre interactive et audiovisuelle sera le fruit d’une réflexion commune et d’une collaboration entre les auteurs, l’ethnologue et directeur de la Maison du Berger. Ensemble ils élaboreront une grille de questions pour les interviews, qui seront ensuite proposées aux visiteurs dans leur choix de “conversation”.

Ces interviews seront filmés entre avril et juillet 2013. Pour garantir les effets d’une conversation avec le visiteur du musée, les personnages s’exprimeront en «regard caméra».

Le contenu de ces extraits vidéo sera complémentaire au contenu du web doc : les interviews de ces conversations interactives étant réalisées dans le souci d’une mise en scène adaptée. Nous veillerons à ce que chaque extrait de réponse amène une envie de prolonger la conversation, et suscite une nouvelle question à poser. Cela implique que chaque conversation doit être pensée et écrite dans une globalité, relatant l’histoire de chaque berger / éleveur.

Présentation technique de l’installation multimédia :

• 1 écran verre opale 1,90m haut et 0,60m large • 1 vidéoprojecteur avec support• 1 tablette interactive avec support• 1 systèmes de hauts parleurs et/ou casques• 1 ordinateur, pilote de diffusion des extraits vidéo

Quelque soit le nombre de personnage proposé. Si plusieurs personnages, choix du personnage sur l’interface de la tablette interactive.

écran verre

tablette interactive+ son (casque)

Vidéoprojecteursur pied ou fixé au mur

Note d’intention et de réalisationNote d'intention graphique

#1Synopsis webdocumentaireThèmes abordés Personnages envisagésFormat et principes Pourquoi un webdocumentaire Présentation du webdocumentaireArborescence et navigationCharte graphique et sonore #2Synopsis installation multimédiaNote de l'ethnologuePrésentation de l’installation

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