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Dossier DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 NRP Avril 2018, n°41 [ Société « Des bulles dans la chorba » Mémoire Droit Economie Un climat des affaires exécrable Le talon d’Achille de l’économie algérienne Hassan Haddouche Loi sur la concurrence: nécessaire révision de la plupart des articles pour une adaptation à la réalité économique Epidémie de Rougeole Six morts et plus de 3600 cas enregistrés Mouloud Feraoun le double anniversaire Aomar Mohellebi

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DossierDOSSIER

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NRP Février 2015, n°25NRP Avril 2018, n°41

[

Société

« Des bulles dans la chorba »

Mémoire

Droit

EconomieUn climat des affaires exécrable

Le talon d’Achille de l’économie algérienneHassan Haddouche

Loi sur la concurrence: nécessaire révision de la plupart

des articles pour une adaptation à la réalité économique

Epidémie de Rougeole

Six morts et plus de 3600 cas enregistrés

Mouloud Feraoun le double anniversaireAomar Mohellebi

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Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB

Halima SOUSSI, Sid Ahmed ABED, Amine BAGHDADI, Laid Nasro OUENZAR, Sofiane BELKACEM

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

Un climat des affaires exécrable Le talon d’Achille de l’éco-nomie algérienne,Nordine Grim,P.13

Droit

Loi sur la concurrence: nécessaire révision de la plupart desarticles pour une adaptation à la réalité économique, P.14

Société

Crash d’un avion militaire près de Boufarik,Salim Bey, P.15

Le très populaire comédien Houari « Boudaw » est décédé,Salim Bey, P.15

Epidémie de Rougeole / Six morts et plus de 3600 casenregistrés,P.15

Nouvelle station métro de la Place des Martyrs : La station-musée,M. M.,P.15

Mémoire

Santé et pratique médicale en Algérie durant l’Antiquité :remarquable longévité !, Kamel Bouslama,P.16

Mouloud Feraoun le double anniversaire,Aomar Mohellebi,P.17

Bibliographie

Dossier

« Des bulles dans la chorba »

Humoriste, journaliste et artiste engagé Le métier de caricatu-riste en Algérie au prisme des œuvres de Hic et de Dilem consa-crées aux « bruleurs » de frontières , Farida Souiah, p.4-5

Le Hic, p.5

INTERNET, PREMIER SUPPORT DE LA BANDE DESSINÉE ENALGÉRIE Bande dessinée sur toile, p.6

Ali Dilem,p.7

« On va continuer à dessiner » répondent les caricaturistes algé-riens après l’attentat contre Charlie Hebdo,Samia Duclos, P.8

Ghilas AINOUCHE, p.9

Rencontre avec le caricaturiste et bédéiste Slim : Le succès enbulles,Kader Bentounès, P.10

El Mancha, le site algérien qui se moque de tout (ou presque),Charlotte Bozonnet, P.11

[email protected]

N° 41, Avril 2018

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NRP, Avril 2018, n°41

Economie

Le FMI critique sévèrement la politique économique dugouvernement, Hassan Haddouche,P.12

Economie algérienne : le FMI partage le même diagnostic établipar les pouvoirs publics, P.12

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Editorial

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NRP, Avril 2018, n°41

Omar AOUAB

Il n'y a pas qu'une seule Algérie, il y en a au moins deux, ou peut-être plus.Il y a notre Algérie où les gens sont tolérants, progressistes, ont l'esprit ouvertet admettent tous les styles de vie et les diverses opinions. C'est pour cetteAlgérie qu'on doit se battre.Il y en a une autre : celle où l’on pense que la liberté d'expression est bafouéepar les autorités et ceux qui détiennent le pouvoir. L’expression peut passer pardifférents supports. Là où certains communiquent l'information ou leurs idéesà travers un texte, d'autres le font à travers un dessin.Dans ce numéro nous voulons surtout mettre la lumière sur une dimension denotre Algérie à travers les caricaturistes qui traitent des sujets pointus tantôtdans le domaine socioéconomique et tantôt dans la politique : un métier sensiblequi rend la vie de ces jeunes progressistes et engagés dans l'art et l'expressionun peu compliquée.Nous sommes face à des humoristes qui réalisent généralement des portraitsde personnes connues ou non, des phénomènes, des événements d'actualité ense moquant de tout, franchissant des limites imposées par des valeurs sociétaleset un système pour maintenir l’ordre public. Ils n’ont aucune crainte de ce quiva se passer après, « un risque à courir » en s’exposant à des réactionsdivergentes.Toutefois, on ne peut pas rire de tout, il faut être responsable et respectueux.La liberté d'expression n'est pas une liberté d'insulte. Le dessin satirique nedoit quand même pas porter atteinte aux individus ou aux communautés. Lacaricature représente son auteur, son point de vue et sa personnalité, commen'importe quel autre moyen d'expression. Le fait d'insulter une personneverbalement est inacceptable dans la société, c'est pareil pour un article depresse ou une caricature.Une caricature est une information. On dit souvent qu’un beau dessin vaut mieuxqu'un long discours, « moins d’information et beaucoup de significations ». Unsimple dessin avec une petite phrase peut transmettre beaucoup de message.La caricature fait donc partie du monde médiatique et de l'univers de lacommunication.

« Des bulles dans la chorba »

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NRP, Avril 2018, n°41

DOSSIER

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Humoriste, journaliste et artiste engagéLe métier de caricaturiste en Algérie au prisme des œuvres de Hic

et de Dilem consacrées aux « bruleurs » de frontières

La presse est le média privilégié dediffusion des caricatures politiques.Au-delà des publications entièrementdédiées à la caricature, c’est la pré-sence de caricaturistes « en poste »dans des quotidiens et des hebdoma-daires généralistes nationaux ou lo-caux qui donne des accents journa-listiques au métier de caricaturiste.Ainsi, la possibilité même de la cari-cature ou du dessin de presse estdéterminée par la liberté des médiascomme l’illustre le cas algérien. Defaçon comparable aux éditorialistes,les caricaturistes proposent une vuesubjective assumée au sein d’un jour-nal (Tillier, 2005 ; plantureux, 2015).Auprès du lectorat, ils peuvent êtrel’une des personnalités les plus re-connues de la publication, le carica-turiste en poste dans un quotidienappartenant, voire incarnant une ré-daction. En Algérie, c’est le cas deDilem à Liberté, de Hic à El Watan etd’Ayoub à El Khabar…Cependant, il concède que certainesformes d’actes humoristiques, dontla caricature dans des contextes oùla censure existe, peuvent révélerdes contenus implicites sérieux.Dans cet article, l’analyse de corpusdes caricatures met en évidence lescontenus implicites des caricaturesen donnant des clés d’interprétationspossibles et en évitant d’être trop «sérieuse » en appréhendant ces ac-tes humoristiques. Il s’agit de saisirles enjeux critiques de la caricature.Enfin, un autre élément qui distin-gue la caricature de l’article de pressea trait à sa dimension artistique. Lecaricaturiste est un dessinateur et lecoup de crayon d’un caricaturistecélèbre se reconnait dès le premierregard. D’ailleurs en Algérie, l’histoirede la BD, le « neuvième art », et cellede la caricature, se confondent bien

souvent. La dimension ar-tistique du métier de cari-caturiste contribue à expli-quer le cycle de vie de lacaricature. Celui-ci ne se li-mite pas à sa publicationdans la version papier d’unquotidien. Le succès popu-laire des caricaturistes asuscité l’intérêt des mai-sons d’édition qui publientun nombre croissantd’ouvrages qui réunissentun corpus sélectionné etordonné de dessins…

La caricature en Algérie : un acte hu-moristique pris au « sérieux » par lesautoritésL’histoire de la caricature algérienneest étroitement liée à celle du « neu-vième art » : la bande dessinée. Beau-coup, notamment Ahmed Haroun,Mohamed Aram, Maz (MohamedMazar) ou encore Slim (MenouarMerabtène), portent la double cas-quette de bédéiste et de caricatu-

riste. Ils forment la première généra-tion de caricaturistes et bédéistes al-gériens, qui sont nés dans une Algé-rie colonisée et ont commencé àdessiner avant 1988…Le développe-ment de la cari-cature et leplein exercicedu métier de ca-ricaturiste sontrendus possi-bles par la libéra-tion de l’espacepolitique à la findes années1980. Après unedécennie dem o u ve m e n t s

sociaux, la contestation cul-mine avec les émeutes d’octo-bre 1988. Elles commencent lanuit du 4 octobre 1988 dans lequartier populaire d’Alger, BabEl Oued. Le lendemain, elless’étendent au reste de la villeet à ses banlieues avant de tou-cher des dizaines de villes dansle pays. Le 10 octobre, ChadliBendjedid prononce un dis-cours durant lequel il annonceune série de réformes politi-ques. La constitution de 1989introduit des réformes majeu-res en matière de libertés indi-viduelles, de liberté d’associa-tion et de syndicalisation…Malgré ces limitations, les an-nées 1989-1991 apparaissentcomme primordiales dans ledéveloppement de la carica-ture en Algérie. De nombreuxtitres de presse voient le jouren quelques mois. En 1989, lemagazine satirique El Macharest fondé par Sidi Ali Melouah.Beaucoup des caricaturistes dela première génération impli-qués dans M’quidèch y contri-buent. Slim évoque les annéesà El Manchar avec nostalgie?;c’était une époque où l’on pou-vait tout dessiner et où l’émer-gence des islamistes sur lascène politique inspirait les ca-ricaturistes et bédéistesHic, tout comme Dilem re-grette que le métier de carica-turiste soit associé au métier dejournaliste. Il précise : « La cari-cature en Algérie n’est pas unmétier à part entière. On esttoujours assimilé à des journa-listes, or, on ne l’est pas. Nousfaisons dans le commentaire,dans la parodie, nous avons uncôté artistique »…

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DOSSIERL’engagement des caricaturistes :l’exemple du traitement de la hargaAprès cette brève histoire de la cari-cature algérienne et des contraintespesant sur les caricaturistes, c’estl’étude du traitement d’un thème –la harga – par deux professionnels(Dilem et Hic) qui permet d’appré-hender le métier de caricaturiste. Sitoutes les caricatures analysées neseront bien évidemment pas évo-quées, il s’agit ici d’illustrer le con-tenu de ces caricatures à travers quel-ques exemples…

En consacrant des dessins à la harga,les deux caricaturistes participent àconstruire cette question commeproblème public et donc politique. Ilsmettent ainsi en avant l’issue funestede certaines tentatives de départ etconstruisent la question de la hargacomme un «?drame?». Par exemple,il est possible d’évoquer une carica-ture de Dilem qui s’intitule «?L’Algé-rie a perdu…?»19. À l’horizon setrouve l’Algérie représentée par ledrapeau, les paraboles qui ornent lesfenêtres et une mosquée. En pre-

mier plan, on voit une femmeen haïk20. Elle porte un drapeaualgérien et dit en pleurant :«?L’Algérie a perdu… 5 harragaau large de Mostaganem?».Cette caricature traite du deuildes mères des harraga dispa-rus en mer et par leur intermé-diaire du deuil de l’Algérie toutentière.

Farida SouiahL’Année du Maghreb n°15/ 2016-II

Hicham Baba Ahmed surnommé « Le Hic » est un caricaturiste algérien connu pour ses caricatures àla fois humoristiques, amères et toujours d’actualité. Le Hic commence sa carrière de dessinateur de

presse à L’Authentique en 1985. Il travaillera ensuite au Matin, au Jeune Indépendant et dessinedepuis 2006 pour Le Soir d’Algérie. Actuellement on retrouve ses dessins dans le quotidien d’infor-

mation algérien El Watan et dans Courrier International.

Le Hic

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INTERNET, PREMIER SUPPORT DE LA BANDE DESSINÉE EN ALGÉRIE

Bande dessinée sur toileIls ont décidé de ne plus attendre, ni fes-tivals ni éditeurs, ni journaux. Pour don-ner à voir leur talent d’illustrateur, d’ani-mateur et d’auteur de BD, ils ont optépour internet. Des Algériens de Jijel, Pa-ris, Alger ou d’ailleurs, on les retrouve touschez le même diffuseur virtuel. Et c’estgratuit.

En Algérie, comme dans beaucoup depays arabes où internet est devenu le seulpasseport viable, les forums de rencon-tre et les réseaux sociaux sont certaine-ment les “pays” virtuels les plus visités,toutefois, le dessin est en train de chan-ger la géographie du web. Le siteinternet, au sens classique du terme, tou-jours un peu compliqué à mettre en place,est abandonné au profit du meilleur sup-port graphique du web, le blog.

Pour les illustrations et les croquis, laforme du blog avec son défilement verti-cal sied presque naturellement au genre,mais pour la bande dessinée, cela peutsembler moins évident, et pourtant. LaBD sur la toile, apparue à la fin des an-nées 1980 aux États-Unis, a très vitetrouvé son format et l’a gardé jusqu’à nosjours. Paru en 1995, le web comics, ArgonZark, de Charley Parker, le plus ancien blogBD, toujours en ligne, avait dès le débutpublié des planches où la lecture se faitsur un strip vertical. En 2010,RymMokhtari, une des plus récentesblogueuses BD algériennes, suit les pasde Charley Parker.

“Aya y'en a marre! N'dirou l'courage!”,C’est la première phrase qu’on peut liresur le blog de Rym(rymantys.canalblog.com), illustratrice etauteure de BD fictionnelles, après demultiples tentatives d’ouverture de bloget des errances dans des forums (modé-ratrice dans dzart.com, forum de graphis-tes algériens, et accrotv.com, forumtourné manga), elle essaye encore,

“aujourd'hui, je postemes vieux travaux et jeréalise que j'ai une décen-nie de dessins stockés surmon PC…”, et n’hésiteplus à faire des promes-ses aux internautes : “Àpartir de demain, je pos-terai plus régulièrement,promis.” Son blog, trèsriche en l iens versd’autres blogueurs algé-riens, existe depuis quel-ques mois et lui a déjàpermis d’être remarquéepour un important travaild’illustration.

Avec son petit person-nage à lunettes, Ahmadsévit sur la blogosphèredepuis un moment(ahmadabad.blogspot.com),pour cette architecte quirode entre Djelfa, Paris etAlger, la BD qu’elle postegratuitement sur sonblog, est sa première pas-sion devant l‘architec-ture.

Dans un genre plus autobiographique, etc’est assez rare, voire inédit de la partd’un dessinateur de BD algérien, alors quele genre explose dans le reste du mondeoccidental, il y a Samir Toudji, dit Togui(toguiland.canalblog.com), il fait lui-même les présentations : “Togui, 28 ans,Algérien (pas la peine de préciser que jevis à Réghaïa ou bien il le faut ?), vis tou-jours chez papa et maman (oui, oui, luiaussi, il a free, il a tout compris u__u), etma grande passion c'est la BD et l'illustra-tion !” Le ton est donné, les planches en-tre autodérision et parodie d’universmanga et jeux vidéo sont hilarantes.

Puis, y a la catégorie qui blogue pour une

autre passion. Pour Idir(klash16art.blogspot.com), c’estl’univers hip hop ; le graffiti prendune autre dimension à l’écran.Dontkillmyvinyl.blogspot.com pré-fère parler de sa passion pour lesdisques vinyle, son blog est une pro-fusion d’illustration très stylisées.Youcefkoudil.over-blog.com estplus intéressé par la modélisation3D. Impressionnant.

Il y a aussi les inattendus, des uni-vers qu’on ne croise jamais dansl’édition classique, particulière-ment algérienne, encore plus clas-sique. AdlèneChader(furiousfish.blogspot.com) en faitpartie. Sa musique préférée, c’estle punk hardcore des années 1990,inspiré de Robert Crumb. Ses plan-ches et illustrations, très réussiesesthétiquement, racontent l’Algé-rie autrement. Passé le premierchoc, on ne peut qu’apprécier l’ori-ginalité, l’audace et l’humour aunième degré. NawelLouerrad(nawel-louerrad.blogspot.com), estdans un monde philosophique con-templatif, chaque planche est unemise en abîme de notre psyché.Dans Alger deliruim, elle s’aventureà faire la “monographie des postu-res d’un fou”…algérien. AmineCheriti de Jijel…

14 Octobre 2010

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DOSSIER

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Ali Dilem, né le 29 juin 1967 à El Harrach en Algérie, est un dessinateur de pressealgérien. Il publie ses caricatures dans le quotidien algérien Liberté et dans l’émis-

sion de télévision Kiosque de TV5Monde sur la chaîne francophone TV5.

Diplômé de l’Institut national des beaux-arts d’Alger, il démarre sa carrière en 1989à l’hebdomadaire communiste Alger Républicain. Ce sera ensuite Le Matin, quoti-

dien indépendant, qui publiera ses caricatures entre 1991 et 1996. Aujourd’hui ce foude travail (10 000 dessins en près de vingt ans de carrière) dessine pour le journal

indépendant Liberté (150 000 exemplaires quotidiens) et depuis 2001 pourTV5Monde, la chaîne de télévision francophone internationale.

Ali Dilem

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« On va continuer à dessiner » répondent les caricaturistes

algériens après l’attentat contre Charlie Hebdo

La plupart des dessinateurs algériensconnaissaient Cabu, Charb, Tignousou Wolinski. Le drame de leurs con-frères les renvoit à leur propre his-toire

Le dessin d'Ali Dilem dans le quoti-dien Liberté jeudi 8 janvier

Ebranlés par l’attentat terroriste quia frappé leurs confrères de CharlieHeddo, les caricaturistes algériensexpriment leur douleur et leur co-lère. En signe de deuil, Amine Labter,caricaturiste au quotidien Le Soird’Algérie, a publié un dessin tout noir,barré seulement du logo de CharlieHebdo. « J’étais bouleversé, je ne mesentais pas de dessiner. J’ai voulu leurrendre hommage et montrer ma so-lidarité envers les familles et les pro-ches des victimes. On ne peut pasrépondre à un coup de crayon par uncoup de balle.»

En dernière page du quotidien Li-berté, Ali Dilem montre un homme àterre, écrivant avec son sang sur lemur : « les cons m’ont tuer ». Dure-ment touchée par le terrorisme isla-miste dans les années 1990, l’Algériea perdu de nombreux journalistes quiont payé de leur vie leur liberté d’ex-pression. « Je croyais en avoir finiavec ces tragédies. Je viens d’un pays

qui a connu cette terreur pendantplus d’une décennie, pour que desgens comme moi puissent continuerà dessiner, à s’exprimer. » …

Le jeune GhilasAïnouche avait aussifait récemment connaissance deCharb, Cabu, Tignous et Wolinski,tous quatre assassinés hier. « Quandje suis venu à Paris pour la premièrefois, je me suis dit, il faut que je vois laTour Eiffel, le Canard Enchainé et …Charlie Hebdo », se souvient-il. Cari-caturiste au quotidien TSA (Tout Surl’Algérie), il avait rencontré ses ido-les en mars dernier au siège de l’heb-domadaire. « Ils ont regardé mes des-sins, m’ont encouragé et m’ont in-vité à participer à leurs conférencesde rédaction. Je les ai côtoyés pen-dant plusieurs mois.Ils sont devenusdes amis. » Bouleversé, Ghilas n’a pasde mot assez fort pour condamnerl’attaque dont ont été victimes sesconfrères: « Contrairement à ce quepeuvent penser certaines personnes,les dessinateurs de Charlie Hebdo nesont pas islamophobes, ils critiquenttoutes les religions. Et puis, il ne fautpas oublier que le dessin, c’est unesatyre, un moyen de s’amuser et enmême temps de faire réfléchir lesgens. »

« les musulmans vont payer la facture

des fanatiques »

Plusieurs dessinateurs s’inquiè-tent des répercussions dudrame sur la perception de l’Is-lam et des musulmans. SaadBenkhelif, caricutariste à ElWatan qui comme Ghilas a pu-blié ce matin sur son prof ilFacebook, une photo priseavec Charb redoute de voir serenforcer « le stéréotype dumusulman violent, pas ouvertau dialogue. » « Les musulmansvont payer la facture de ces fa-natiques », deplore-t-il . « Cedrame va encore donner unemauvaise image de nous. Maisil ne faut pas oublier les gensbien, ceux qui font leur travailavec amour, comme MustaphaOurad, le correcteur de CharlieHebdo, un algérien qui est dé-cédé lui-aussi dans la tueried’hier. Ceux-là restent malheu-reusement dans l’ombre »constate Ghilas.

Le caricaturiste d'El Watan,Saad Benkhelif a publié saphoto avec Charb sur soncompte Facebook

Contrairement à d’autres capi-tales étrangères comme Lon-dres, Berlin ou Amsterdam il n’ya pas eu de rassemblement desoutien hier soir à Alger. « Cen’est pas un automatisme pournous de nous rassembler dansla rue, explique Amine. Déjà, àAlger, tout rassemblement estinterdit. C’est l’héritage desannées noires, l’état d’urgencen’est pas levé ici. Alors les gensont exprimé leur soutien autre-ment, notamment sur les ré-seaux sociaux. »

Le message des caricaturistesalgériens est quoiqu’il en soitsans ambiguité. « On va dire àces gens qu’on va continuer àdessiner » conclut SaadBenkhelif.

08 Janvier 2015

Samia Duclos

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DOSSIER

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Ghilas AINOUCHE

Ghilas AINOUCHE est un caricaturiste et

bédéiste algérien de la nouvelle généra-

tion. Il est né le 10 octobre 1988 à Sidi-

Aïch, à Béjaïa. Il a su se frayer un chemin

dans ce domaine, difficile d'accès qui

reste la chasse gardée de certains grands

noms et ce, grâce à son style unique en

son genre où l'humour est omniprésent.

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DOSSIERRencontre avec le caricaturiste et bédéiste Slim :

Le succès en bullesIl est l’un des doyens de la carica-ture de presse et de la bande des-sinée en Algérie. MenouarMerabtène, connu sous le nomde Slim, était l’invité du café litté-raire organisé, mardi après-midi àla librairie Chaïb-Dzaïr de l’Entre-prise nationale de communica-tion, d’édition et de publicité.

Ils étaient nombreux à venir as-sister à l’allocution de celui quis’est longtemps adressé aux al-gériens à travers les bulles dansun langage simple et populaire,farci d’humour et de dérision.Slim, artiste et bohémien, à narréson parcours semé de succès etd’aventures rocambolesques.Donnant l’impression de vivreplusieurs vies, le conférencier com-mence par des événements l’ayantmarqué pendant son enfance à SidiBel-Abbès, sa ville natale. «Alorsbrillant étudiant au lycée, mon pèrequi était militant au FLN a disparupendant des mois, c’est un événe-ment qui m’a beaucoup marqué. Il ya aussi l’incendie de notre maison,nos nombreux déménagementsavant de s’installer à Tlemcen, l’hor-reur de l’OAS mais aussi, le jour del’indépendance, c’était un souvenirtrès marquant», s’est-il souvenu. Slimembrasse l’art après avoir postulé àune formation de cinéaste à Alger,et depuis, il dit être tombé amoureuxde la capitale, mais surtout, de la nais-sance de son égérie, son premierpersonnage qui le suit jusqu’à nosjours. «Ils sont privilégiés ceux qui ont

vécu leur jeunesse à Alger aux an-nées 60 et 70. Je travaillais au Centrenational du cinéma à Ben Aknoun etje passais beaucoup de temps à El Biaroù il y avait beaucoup de salles de ci-néma, des terrasses de café et degrands monoprix. Les femmes algé-roises étaient belles aussi, ça m’a ins-piré pour créer en 1964 le person-nage de Zina», a-t-il fait savoir. Uneautre expérience a enrichi le par-cours de Slim, son passage à la télé-vision algérienne dans la section des-sin animé avant de partir en forma-tion en Pologne. «Mon passage à laRTA m’a beaucoup plu, ça m’a per-mis d’exercer ma passion du dessinavant de partir en Pologne en forma-tion», a-t-il dit. De retour au pays, Slimfait son entrée dans l’univers de lapresse avec El Moudjahid où il dit

avoir passé de bons moments.«C’était une magnif ique op-portunité de pouvoir dessinerdans le plus grand journal fran-cophone en Algérie, et qui étaitdistribué dans tout le territoirenational. Pour l’anecdote, ungroupe de vieillards en Kabylieattendaient quotidiennementla venue du journal pour qu’unepersonne lettrée fasse une lec-ture collective. On m’a dit qu’illisait même mes dessins encroyant que c’était de l’off i-ciel». Le conférencier a relatéégalement la naissance de sondeuxième personnage Bouzid,qui était rien d’autre qu’un voi-sin à lui dont le nom est sonoreet mélodieux à toutes les lan-gues. Il évoque aussi le person-nage du «el guat el mdigouti»,(le chat dégoûté) par rapportaux nombreux chats qu’il avaitpendant son enfance. Rappe-lant la décennie noire qu’il avécue avec une grande tris-tesse, Slim avoue ne pas pou-voir vivre sereinement après lamort de Tahar Djaout, il quittéle pays pour le Maroc ensuitepour la France pour travaillercomme caricaturiste de presseentre autres à l’Humanité etCharlie Hebdo.

Kader Bentounès

09 Février 2017

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NRP, Avril 2018, n°41

DOSSIEREl Manchar,

le site algérien qui se moque de tout (ou presque)Depuis deux ans, ce site inspiré du « Gorafi » parodiel’actualité et rencontre un beau succès populairedans un pays où la liberté d’expression reste trèsencadrée.

Lesquelles choisir ? Il y a eu l’histoire de ce mari déçuqui décida de porter plainte contre sa femme aprèsl’avoir découverte sans maquillage au lendemain deleur nuit de noces. Ou encore cette déclaration del’émir du Qatar justifiant son refus d’accueillir desréfugiés syriens : « Nous avons assez d’esclavescomme ça ! » Des nouvelles qui ne sont pas passéesinaperçues et ont été reprises par les médias à tra-vers le monde. « Une sorte de consécration pour unsite comme le nôtre », reconnaît Nazim Baya, qui s’enamuse encore. A 31 ans, ce jeune pharmacien algé-rois est le fondateur du site parodique El Manchar.

Inspiré du Gorafi français, le site Web publie de faus-ses nouvelles, souvent hilarantes, sur l’actualité in-ternationale et algérienne. Avec sa liberté de ton et

son ironie mordante, il s’est assuré un beau succèspopulaire. Son slogan : « Avec des scies, on refait lemonde. »

Au départ, quelques blagues sur Facebook

L’aventure a commencé il y a deux ans par une pageFacebook sur laquelle Nazim Baya postait de sim-ples blagues. Peu à peu, l’envie lui vient de monterun journal satirique. Il lance un appel à contributionspour trouver des caricaturistes. Sans succès. Il dé-cide alors de s’en tenir à des textes et reprend lenom d’un titre qui avait existé dans les années 1990: El Manchar, un mot qui signifie à la fois « scie » et «médisance ».

« En Algérie, on aime beaucoup la satire, l’humour,mais il y a un vide dans ce domaine, c’est pour ça quele site a autant de succès », estime Nazim Baya. Enmoyenne, le site enregistre 20 000 à 30 000 visitespar jour, et jusqu’à 100 000 certains jours de buzzexceptionnel. L’équipe compte sept rédacteurs :trois en Algérie, deux au Canada et deux en France,tous algériens, avec une moyenne d’âge de 25 ans.Certains sont des amis, d’autres des connaissancesvirtuelles…

“ON EST TOUJOURS DU CÔTÉ DU PEUPLE, ONNE TAPE QUE SUR LES PUISSANTS, LES RI-CHES.” NAZIM BAYA, FONDATEUR DE EL

MANCHAR

Sur ses motivations, Nazim Baya reste discret.Pas de grand discours sur la liberté d’expres-sion pour ce jeune développeur Web. « Oui, j’aides choses à dire, comme tout citoyen. Notremessage, c’est qu’à travers l’humour on donneune certaine vision du monde et on a plus dechance d’être entendu. » Une ligne éditoriale ?« Un fil conducteur, répond Nazim Baya. On esttoujours du côté du peuple, on ne tape que surles puissants, les riches. »…

Pas touche à la religion

En mai, alors qu’une étudiante algérienne a étéempêchée de rentrer à l’université par un vi-gile au prétexte que sa jupe était trop courte,

le site titre : « L’Algérie interdit le port de la mi-nijupe. » La fausse information se répandracomme une traînée de poudre sur les réseauxsociaux. Une seule ligne rouge : la religion. «On ne peut pas en rire, c’est sacré. Je n’ai pasenvie de heurter les gens et ça ne fait pas avan-cer le débat », explique le fondateur du site,précisant qu’ils ne se privent pas d’attaquer lesreligieux.

Dans un pays où la liberté d’expression estétroitement encadrée, El Manchar n’a jamaisété inquiété pour son impertinence. « Nousn’avons jamais eu de souci, confirme NazimBaya. Ils n’ont peut-être pas pris conscience del’ampleur du phénomène. » Cumulées, les visi-tes se chiffrent à 700 000 par mois. Le jeunepharmacien n’a pas vraiment de projet d’agran-dissement. « On est des amuseurs », dit-il. Uti-les pour l’Algérie ? « Il me semble que oui. Lerire c’est important dans une société. Salutaire.»

13 Novembre 2015 Charlotte Bozonnet

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NRP, Avril 2018, n°41

[ECONOMIE]

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Le FMI critique sévèrement la politi-que économique du gouvernement

Mise en garde contre le recours à la planche àbillets

[….]Pour la mission du FMI les choses sont claires : « Il estpossible de renforcer lesfinances publiques graduellement. Laconsolidation budgétaire est nécessaire pourajuster le niveaudes dépenses au niveau réduit des recettes, mais elle peut sefaire àun rythme régulier sans recourir au financement moné-taire de la banque centrale ».Jean François Dauphin précise enconférence de presse : « Les expériencesinternationales mon-trent que le f inancement monétaire du déficit budgétaireentraîneun risque d’accélération de l’inflation ».Si l’État est forcéd’y recourir « il convient de limiter les montants empruntés etladurée de l’endettement ». Il ajoute que, dans une telle situa-tion, « la Banque centrale doit jouer son rôle de garant de lastabilité des prix en réabsorbant une partie de la

liquidité créée par le financement monétaire ».L’alternative àla planche à billets est également rappelée. « Il s’agit de recou-rir à unlarge éventail d’instruments de financement, notam-ment l’émission de titres de dettepublique au taux du marché,des partenariats publics-privés, des ventes d’actifset,idéalement, d’emprunts extérieurs pour financer des pro-jets d’investissements bienchoisis ».

Dinar et commerce extérieur : de mauvais choix

La mission du FMI n’est pas convaincue non plus par la politiquemenée depuis plusde 18 mois par les autorités monétaires algé-riennes [….] Elle rappelle sur ce chapitre la position classiquede l’institution qui préconise « unedépréciation progressive dutaux de change combinée à des efforts visant à éliminerle mar-ché parallèle des changes qui favoriserait aussi l’ajustement ».Lesexperts expriment également leur scepticisme à propos desrécentes décisionsconcernant le contrôle des importations : «La politique commerciale doit avoir pourobjectif principal d’en-courager les exportations plutôt que d’imposer desbarrièresnon tarifaires aux importations, barrières qui créentde distorsions ».Précisions de Jean François Dauphin : « Lesmesures de restriction des importationsprises de manière quan-titative et administrative sont souvent sources detensionsinflationnistes et se révèlent fréquemment ineffica-ces du fait qu’elles sontcontournées sur le marché intérieurd’une manière ou d’une autre ».

Economie algérienne : le FMI partagele même diagnostic établi par les

pouvoirs publicsLe FMI soutient la démarche de l'Algérie pour des subventions

ciblées

Il a, dans ce sens, affirmé que le FMI soutenait les efforts despouvoirs publics algériens pour la résorption de ces contraintesà travers l'amélioration de l'environnement des entreprises,notamment par la simplification des procédures administrati-ves, l'amélioration des conditions de gouvernance, pour plus detransparence, ainsi que l'encouragement de l'administrationnumérique. Le FMI soutient aussi l'Algérie dans sa démarchevisant la modernisation du secteur bancaire, pour un meilleuraccès aux finances, ainsi que le développement des marchés decapitaux et ceux obligataires, et aussi l'amélioration du marchédu travail en favorisant l'adéquation formation-emploi. [….],les efforts de l'Etat algérien pour la promotion de l'emploi desfemmes, affirmant qu'il s'agit là d'un "gisement de croissance"nécessaire à valoriser étant donné que "les femmes algérien-nes sont aujourd'hui très bien instruites dans la mesure où leurscolarité (dans les trois paliers) est équivalente à celle des hom-mes". [….]

Le FMI pour le maintien de la règle des "51/49%"

[….] Interrogé sur la règle régissant les investissements étran-gers dites "51/49%", mise en place depuis 2009, M. Dauphin arecommandé de "pas abolir cette règle mais de l'assouplir".

A une question sur les méthodes utilisées pour la rédaction descommuniqués du FMI, il a expliqué qu'il s'agit d'établir une ana-lyse sur la base de l'ensemble des données reçues par la mis-sion, qui sera discutée par la suite avec les pouvoirs publics encharge de la gestion de l'économie du pays (le ministère desFinances, la Banque centrale...).

Cela permet, a-t-il dit, de s'assurer que les membres de la délé-gation ont bien compris la situation telle qu'elle est, ainsi queles politiques menées par les autorités du pays.

13 Mars 2018

Hassan Haddouche12 Mars 2018

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NRP, Avril 2018, n°41

[ECONOMIE]

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Un climat des affaires exécrableLe talon d’Achille de l’économie algérienne

Le climat des affaires est le talon d’Achillede l’économie algérienne. Aucun des 18chefs de gouvernement qui ont eu lacharge de l’améliorer n’a réussi ce chal-lenge qui cristallise tous les problèmesd’une nation à laquelle on n’a jamais per-mis de prendre son destin en main.

Un destin forgé au gré de la qualité deses gouvernants, de l’importance de sesrecettes d’hydrocarbures, des rapportsde force à l’intérieur du pays et de sa placedans l’échiquier politique et économiquemondial.

N’ayant brillé ni par l’un ni par l’autre deces paramètres, l’Algérie a toujours fi-guré au plus bas des classements effec-tués par les institutions internationaleshabilitées, à l’instar du «Doingbusines» dela Banque mondiale qui ne l’a jamais clas-sée moins de 120e sur les 170 pays en com-pétition.

Les contestations quelquefois émises parles autorités algériennes à propos de lacrédibilité de ces classements «malinten-tionnés» sont malheureusement vitecontredits par les bilans bien maigres desIDE captés par l’Algérie, le sort peu en-viable des entreprises en activité, l’essordu secteur économique informel et l’in-suffisance de création d’entreprises.

Théorie et pratique

Le problème est si grave qu’il a fait l’ob-jet d’une attention toute particulière desplus hautes autorités algériennes qui l’ontérigé comme préoccupation fondamen-tale à la faveur d’une refonte de la Consti-tution, promulguée en mars 2016. Un ar-ticle lui a, en effet, été expressémentconsacré.

Il s’agit de l’article 43 qui stipule, on nepeut plus clairement, que «la liberté d’in-vestissement et de commerce est recon-nue par la loi et que l’Etat doit œuvrer àaméliorer le climat des affaires et à en-courager, sans discrimination, l’épanouis-sement des entreprises au service du dé-veloppement économique national».

[ ..] Les ordres et contre-ordres relatifsaux règles du commerce extérieur, auxdroits de montage automobiles accordésà certains concessionnaires, la révisioncontinuelle, l’interdiction de la liste desproduits interdits d’importation, l’arrêtdu processus de partenariat public-privéindiquent à quel point les préoccupationspoliticiennes priment sur la volonté derégler une bonne fois pour toutes cettequestion du climat des affaires qui causetant de tort à l’économie algérienne.

Les dispositions législatives qui déstabili-sent le climat des affaires sont générale-

ment introduites dans les lois de finan-ces annuelles et complémentaires, ce quia fait dire à ce patron d’un grand groupeagroalimentaire : «Je suis pris d’angoisse,voire même de panique, à la veille de lapublication de chaque loi de f inancesparce qu’elles nous réserve chaque foisdes mauvaises surprises.»

Les hommes d’affaires algériens qui ontbesoin de lois stables, de visibilité écono-mique, de fluidité administrative, maisaussi et surtout d’un Etat de droit hési-tent, en bonne partie pour cette raison,à investir en Algérie, à moins de bénéfi-cier d’une protection haut placée capa-ble de leur épargner les désagrémentsde ce climat peu propice au business.

[ ..] Le gouvernement algérien continueen effet aujourd’hui encore à soumettre,contrairement à ce que stipule la Consti-tution, les projets d’investissement à desautorisations administratives préalablesqui tardent à être accordées, lorsqu’ellesne sont pas carrément refusées, commes’est le cas de l’usine de trituration que legroupe Cevital devait réaliser à Béjaïa.

Il faut savoir que pour qu’un dossier d’in-vestissement atterrisse pour agrémentau Conseil national d’investissement(CNI) ou aux Calpi régionaux, les promo-teurs devront accomplir au minimum unevingtaine de formalités pour la plupartpayantes, engager de coûteuses étudestechniques et présenter de rigoureuxbusiness plans.[ ..]

Volonté politique

C’est à ces pratiques bureaucratiques quistructurent le climat des affaires passéet présent qu’il faut imputer ces échecsentrepreneuriaux et, non pas, aux inves-tisseurs qui ne demandent qu’à réussir.La preuve de la capacité des Algériens àentreprendre est donnée par de nom-breux compatriotes de l’émigration quiréussissent de belles affaires à l’étrangeret, notamment, dans les pays où l’envi-ronnement juridique et institutionnel estparticulièrement favorable.[ ..]

Uniquement pour la France, avec laquellel’Algérie entretient, pour des raisons his-toriques et de proximité géographique,d’intenses courants d’affaires, le très sé-rieux Institut français de statistiques éco-nomiques (Insee) aurait recensé au dé-but des années 2000 plus 100 000 unitéséconomiques créées par des émigrésd’origine algérienne, offrant un peu plusde 500 000 emplois aux Français.[ ..]

Les faillites et abandons de projets quiont sanctionné de fort nombreuses ini-tiatives de nos émigrés en Algérie appor-tent en effet la preuve de la nécessité de

s’atteler dès à présent à la mise place d’uncadre législatif et institutionnel plus fa-vorable que celui qui y prévautaujourd’hui.

Un cadre qui, du reste, n’arrête pas derégresser au point de figurer, comme l’at-teste le dernier «Doing Business» de laBanque mondiale, parmi les plus répul-sifs du monde.

Qu’ils soient algériens ou étrangers, lespromoteurs d’investissements sont, nousen sommes convaincus, pratiquementtous à l’écoute d’éventuelles d’initiativesgouvernementales susceptibles d’amé-liorer sensiblement l’environnement desaffaires, le but étant de rendre jouable lerisque d’investir en Algérie.[ ..]

Au bout de trente années d’ouvertureéconomique le privé algérien a, en effet,réussi la gageure de réaliser plus de 80%du PIB hors hydrocarbures. Qu’en aurait-il été si le climat des affaires était plusfavorable ? La configuration de l’écono-mie algérienne aurait été, nous en som-mes convaincus, toute autre aujourd’hui.

La conviction aujourd’hui ouvertementaffirmée par bon nombre d’hommes d’af-faires algériens et étrangers est que,comme nous l’a affirmé un chef d’entre-prise algérien installé en France, «les bon-nes affaires se trouvent en Algérie oùexiste une demande sociale à satisfaired’au minimum 50 milliards par an».

Autant de produits et services correspon-dant à cette demande sociale, qu’il serapossible de réaliser sur place si le gouver-nement algérien leur en donnait franche-ment les moyens.

«Les hommes d’affaires algériens, notam-ment ceux qui évoluent à l’étranger, onttous en tête un ou plusieurs projets à réa-liser en Algérie, si l’occasion venait à leurêtre offerte mais, ajout-il, la prudencerequiert de ne s’y engager que des si-gnaux forts de changement seront don-nés par les plus hauts dirigeants algé-riens.» Les principaux changements at-tendus portent, on l’a compris, sur la li-berté d’entreprendre, la stabilité juridi-que, la mise en place rapide des instru-ments basiques de l’économie de mar-ché (marché des changes, marché bour-sier, moyens de paiement modernes) et,plus important que tout, l’instaurationd’un authentique État de droit qui pro-tège les hommes d’affaires contre l’abusd’autorité et les interprétations tendan-cieuses de la législation en vigueur.

Nordine Grim

12 Mars 2018

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NRP, Février 2017, n°35

[DROIT]Loi sur la concurrence: nécessaire révision de la plupart des articles

pour une adaptation à la réalité économiqueALGER - Le président du Conseil de laconcurrence, Amara Zitouni a mis enavant la nécessité de revoir la plupartdes articles de l'ordonnance n° 03-03 sur la Concurrence afin d'actuali-ser ce texte de loi, l'adapter aux dé-veloppements de la conjoncture éco-nomique nationale et internationale,et le mettre en conformité avec lanouvelle Constitution qui a consacréles principes de la concurrence loyalesur le marché.

"Près de 70% des articles de l'ordon-nance 03-03 relative à la concurrencedoivent être amendés en vue de lesactualiser et de les adapter aux dé-veloppements de la conjoncture éco-nomique nationale et internationaleet de les mettre en adéquation avecle contenu de la nouvelle Constitu-tion consacrant les principes de laconcurrence loyale sur le marché", aprécisé à l'APS M. Zitouni en marged'une Journée d'études organiséepar Conseil sur "Le rôle de la concur-rence dans la protection du pouvoird'achat et la préservation et la créa-tion de l'emploi".

Le Conseil de la concurrence a in-formé, sur la base d'une étude réali-sée par des experts recommandantla nécessité de revoir le texte législa-tif en vigueur, les pouvoirs publics"des difficultés rencontrées et desinsuff isances de cette loi", a-t-ilajouté.

M. Zitouni a souligné également lanécessité de mettre en adéquationce texte avec le contenu de la nou-velle Constitution qui a consacré leprincipe de la liberté d'investisse-ment et de commerce à travers l'in-terdiction du monopole et de la con-currence déloyale, la non-discrimina-tion entre les entreprises publiqueset privées et la protection du droitdes consommateurs. La loi en vi-gueur "contient beaucoup de videsjuridiques et d'articles contradictoi-res, ce qui rend très difficile son ap-plication sur le terrain", a-t-il affirméproposant, dans ce sens, "laréactualisation de certains articles,la révision d'autres et l'introductionde nouveaux articles en vue de re-médier à ces failles".

Concernant la Journée d'études, M.Zitouni a indiqué que le choix duthème "a été imposé par le contexte

économique actuel et la crise engen-drée par le recul des cours du pé-trole", ajoutant qu'il vise à faire con-tribuer le Conseil dans le débat sur"les mécanismes de sortir le plus ra-pidement et le plus eff icacementpossibles de la crise, tout en limitantles effets néfastes".

"Le respect rigoureux des règles dela concurrence loyale constitue uncatalyser pour la relance de l'écono-mie nationale et l'entreprise en ter-mes de croissance, de création d'em-plois et de protection du pouvoird'achat du citoyen en garantissantune stabilité des prix, un approvision-nement suffisant et une qualité deproduits et de prestations", a-t-il sou-ligné.

Pour sa part, l'expert économique,Mohamed Chrif Belmihoub, a estiméque le climat économique en Algé-rie "n'est pas suffisamment compé-titif", citant le système des licencesd'importation qui, selon lui, "limite laconcurrence", en raison du mono-pole de l'importation par une shortliste d'opérateurs et la bureaucratieimposée pour l'obtention des licen-ces.

Pour lui, le système des appels d'of-fres était "meilleur et pluscompétitif".Intervenant sur la con-currence de l'économie parallèle, ledirecteur de recherche au Centre derecherche pour l’économie appli-quée et le développement (CREAD),Mohamed SaibMissat a estimé quel'économie parallèle est un phéno-mène qui existe dans toutes les éco-nomies du monde, y compris les plusdéveloppées, ajoutant qu'en dépitde ses inconvénients au plan de l'éva-sion fiscale, elle reste créatrice d'em-plois et contribue grandement au PIBdes grands pays.

Il a révélé que le CREAD se penche,depuis presque une année, sur l'éla-boration d'une étude sur l'économieparallèle en Algérie afin d'en définirle volume, la nature et les causes, cequi permettra, a-t-il dit, de mieux l'ap-préhender et proposer les mécanis-mes de sa maitrise. Les résultats decette étude seront publiés ultérieu-rement, a ajouté M. Missat.

Pour rappel, le Conseil de la concur-rence, fondé en 1995 et réactivé en2013 après 10 ans d'arrêt, est conside

son domaine de compétence no-tamment toute enquête, étude etexpertise. Il est consulté aussi surtout projet de texte législatif ou ré-glementaire touchant à la concur-rence.

En outre, le Conseil peut faire appelà tout expert ou entendre toute per-sonne susceptible de l'informer.

Il peut également saisir les serviceschargés des enquêtes économiquesnotamment ceux du ministèrechargé du commerce pour solliciterla réalisation de toute enquête ouexpertises portant sur des questionsrelatives aux affaires relevant de sacompétence.

Lorsque les enquêtes effectuéesconcernant les conditions d'applica-tion des textes législatifs et régle-mentaires ayant un lien avec la con-currence révèlent des restrictions àla concurrence, le Conseil engagetoute action adéquate pour mettrefin à ces restrictions.

Le Conseil de concurrence est com-posé de douze membres dont despersonnalités et experts ayant descompétences dans les domaines dela concurrence, de la distribution, dela consommation et de la propriétéintellectuelle (06), des profession-nels qualifiés dans les secteurs de laproduction, de la distribution, de l'ar-tisanat, des services et des profes-sions libérales (04) et deux (02) re-présentants des associations de pro-tection des consommateurs.

Les pratiques et actions concertées,les conventions et ententes expressou tacites sont considérées des pra-tiques restrictives à la concurrence,notamment lorsqu'elles tendent à li-miter l'accès au marché ou l'exercicede l'activité, à répartir les marchésou les sources d'approvisionnement,à faire obstacles à la fixation des prix,limiter ou contrôler la production età appliquer à l'égard des partenairescommerciaux des conditions inéga-les à des prestations équivalentes enleur infligeant de ce fait un désavan-tage dans la concurrence.

20 Décembre 2017

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NRP, Avril 2018, n°41

[SOCIETE]Epidémie de Rougeole / Six morts

et plus de 3600 cas enregistrésLa Rougeole continue sa progression. Jusqu’à présent, 22 wi-layas du pays sont touchées et 3699 cas avérés ont été enregis-trés. Cette affection a coûté la vie à six personnes.

Intervenant ce dimanche sur l’un des plateaux de la chaîne detélévision Ennahar TV, l’Inspecteur général du ministère de laSanté, Omar Beredjouane est revenu, en détail, sur la progres-sion de ce virus ainsi que les moyens mis en place pour l’endi-guer.

Le très populaire comédienHouari « Boudaw » est décédé

Le très populaire comédien algérien Mohamed Djedid, plusconnu sous le nom de « Houari, Boudaw « , est décédé aujourd’huià l’Etablissement hospitalier universitaire (EHU) 1er Novembred’Oran à l’âge de 52 ans, ont annoncé plusieurs sources dont leschaînes Echourouk Tv et Ennahar Tv.

Atteint d’une maladie incurable le comédien a été traité dansun hôpital en France, avant de revenir au pays pour mourir auprèsdes siens. Depuis quelques semaines les rumeurs de son décèsavaient bouleversé le monde de la culture et les réseaux so-ciaux.

Mohamed Djedid qui faisait partie de la célèbre troupe comique« Trio Amjad », dans laquelle il interprétait le rôle de « Houari »,s’est illustré depuis cinq ans dans une série , « Boudaw » enl’occurrence, qui avait fait le succès de Canal Algérie durant lemois sacré du ramadhan. Il a participé également à plusieursséries comiques toujours avec ses amis et le reste de l’équipede « Bila Houdoud »:Hazim, Hamid et Mustapha Ghir Hak.

Sa disparition a provoqué une grande peine dans le milieu artis-tique national et plus particulièrement à Oran où le comédienest très apprécié. Un hommage devait lui être rendu au pro-chain Festival du film arabe d’Oran.

Crash d’un avion militaire prèsde Boufarik

Un avion militaire s’est écrasé ce matin vers 08h00 peu aprèsson décollage près de l’aéroport de Boufarik a rapporté la chaîneEnnahar ce matin. Selon les images diffusées par la chaîne ,c’est un Iliouchine, avion de transport des troupes de l’arméequi s’est écrasé dans un vaste champ agricole loin du centre dela ville de Boufarik et près de l’autoroute.

Le crash a créé un énorme incendie, peut-on constater sur lesrares photos mises en ligne. Plusieurs unités de la protectioncivile, soutenues par les forces de l’Armée nationale populaire,ont été dépêchées sur les lieux. Une opération de sauvetage aété enclenchée, mais on déplore déjà plusieurs victimes. lachaîne Ennahar précise que 200 militaires étaient à bord del’avion. A l’heure de la diffusion de l’information aucun bilan ducrash n’a été communiqué. les axes routiers de l’autorouteBoufarik Blida ont été fermés.

130 agents de la protection civile 14 ambulances et 10 camionssont mobilisés pour extraire les blessés et les morts de ce dra-matique crash, le plus important dans l’histoire de l’aviationmilitaire algérienne.

Nouvelle station métro de la Placedes Martyrs : La station-musée

Unique en son genre, la station de la place des Martyrs dumétro d’Alger est très spéciale. En effet, son emplacement estsitué sur une zone à fort potentiel archéologique à proximitéimmédiate de la ville antique d’Icosium, ancien comptoir puni-que dont la localisation supposée se trouve sous le quartier dela Marine. Cité autonome de Mauré, la ville passera sous l’auto-rité du royaume de Juba II, avant son annexion par Rome versl’an 40 après J.-C., c’est ce qui fait la particularité de cette sta-tion qui devrait comprendre des espaces dédiés au transport,en sus d’un musée qui raconte 2.000 ans de l’histoire de la villed’Alger. Le métro se trouve à 34 mètres sous terre et ses fon-dements ont été érigés à la place de l'hôtel de la Régence. Sesconcepteurs ont pris en considération "les caractéristiques dela zone urbaine" en initiant "des mesures techniques contreles vibrations". Aussi, «la station métro de la place des Martyrsrevêt un intérêt particulier au regard des fouilles et des vesti-ges archéologiques ayant été trouvés dans cette zone, d’oùl’idée d’en faire une Station-Musée», avait déclaré le ministredes Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane. Etd’ajouter que ladite station «devrait susciter un engouementparticulier chez les voyageurs de par à son cachet culturel». Leministre a souligné que «l’exploitation de ce patrimoine sefera en coordination avec le ministère de la Culture».

18 Mars 2018

Salim Bey

15 Avril 2018

11 Avril 2018

Salim Bey

M. M.

09 Avril 2018

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NRP, Avril 2018, n°41

[MEMOIRE]

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Santé et pratique médicale en Algérie durant l’Antiquité :remarquable longévité!

À bien y regarder, nos ancêtres de la période antique nese portaient pas plus mal que nous aujourd'hui. Au plande la médecine, par exemple, et s'agissant de praticiensayant exercé à l'époque dans notre pays, toutes les lec-tures concernant ce sujet nous invitent à considérer qu'ily a lieu de distinguer entre deux étapes : la première,punique, reconstituée grâce aux recherches anthropo-logiques, mais où les vestiges témoignant d'une prati-que médicale sont extrêmement rares ; la deuxième,romaine, assez riche en informations quant à l'existencede médecins et d'activités médicales.A ce propos, il faut,d'une manière générale, retenir que durant toute pé-riode donnée, les informations relatives à l'existence demédecins autochtones, bien que réelles, restent excep-tionnelles. Dans notre contrée par exemple, ceux quiétaient appelés ici et là les Berbères «avaient une fortenatalité et une longévité exceptionnelle». Les témoigna-ges recueillis des auteurs anciens sont d'ailleurs unani-mes pour confirmer cet état de fait, pour ne pas direcette bonne santé: «On ne meurt en Afrique que devieillesse ou par aventure», écrit pour sa part Sénèque.«Les libyens sont les plus sains de tous les hommes quenous connaissons», confirme, quant à lui, Diodore de Si-cile. «Les habitants de l'Afrique du Nord sont sains etagiles, résistant à la fatigue, la plupart meurent devieillesse, sauf ceux qui sont tués par les fauves ou par lefer, car il est rare que la maladie les emporte», écrit en-core Salluste. «C'est indubitablement le peuple le plussain que nous connaissions», reprend Hérodote, demême qu'Appien après lui : «Les Numides sont les plusrobustes de tous les peuples africains et, entre tous cespeuples qui vivent longtemps, ce sont ceux qui ont laplus forte longévité».Des notices archéologiques datantde la période romaine attestent aussi de cette longévitéparticulière. Ainsi, à Bou Mezroug (Constantine) une ins-cription d'une personne décédée à l'âge de 120 ans a étéretrouvée, ainsi que trois autres inscriptions au pied deChettaba dans la même région, notant les âges de décèsde respectivement 120, 125 et 131 ans. L'historien fran-çais Charbonneau a, quant à lui, retrouvé dans la mêmerégion vingt-cinq centenaires, identifiés à partir de stè-les. Une épigraphie mentionnant un décès à l'àge de 103ans a également été découverte à Souk Ahras.Selon lestémoignages de l'époque, les habitants autochtonesn'étaient pas les seuls à avoir ce privilège; même les Ro-mains qui vivaient en Numidie et en Maurétanie bénéfi-ciaient de cette remarquable longévité. Les notices ro-maines relevées à Beni Ziad, au Djebel Ouahch du Khroubet à Chettaba font état de plus de 25 centenairesromains.Pour en revenir aux tout premiers débuts de lapratique médicale dans notre pays, les historiens et cher-cheurs font état du peu de documents ou de vestigesqui témoignent de l'existence d'un exercice médicalquelconque durant la période punique abordée, encoremoins du nom de médecins.Les informations sont ce-pendant moins rares pour la période romaine, notam-ment dans la région de Constantine. Ce qui nous amèneà parler des médecins durant la période en question: onnotera que la présence de ces médecins-là durant la pé-riode romaine en Numidie et en Maurétanie Césarienneest attestée par de nombreuses traces. Là, en l'occur-rence, deux monuments épigraphiques retrouvés àDiarMarni près de l'Azib ben Zamoum et datant de l'an264 ap. J.-C, sont identifiés comme étant une œuvre ber-bère. Tel que rapporté par le témoignage du médecin

chercheur Mostefa Khiati, «le défunt, du nomd'AumatsinImaillinMisisedin, était princeps du fort deTuleus (chef local exerçant le pouvoir au nom desRomains).Le premier monument montre Aumatsin surun cheval au milieu de ses serviteurs. Au-dessus de satète plane une aile déployée tenant une foudre dans sesserres. Sur le deuxième monument, situé en bas du pre-mier et divisé en trois parties contigües, était représentéle héros sur un lit avec un médecin qui lui tendait un breu-vage. Derrière cet Esculape un homme à la longue che-velure bouclée est debout, évoquant le tabellion tradi-tionnel tenant à la main ce qui pourrait être considérécomme un testament, un enfant est également devantle lit avec un chien aux oreilles droites et effilées, peut-être un sloughi, et enfin à gauche du lit se tenaient qua-tre personnages dans une attitude de méditation»Il existepeu d'informations sur les conditions de vie des popula-tions ou sur la vie sociale en général. Les données sontfragmentaires et éparses, notamment celles relatives àla médecine et aux médecins. On sait à priori qu'il exis-tait en Algérie antique, 19 colonies et villes romaines dont

13 sur la côte et 3 à l'intérieur du pays. Les médecins lesplus connus portent des noms romains. S'agit-il de prati-ciens venus avec les Légions romaines ou d'autochto-nes ayant pris des noms romains ? Le plus célèbre decette période antique est sans conteste Apulée deMadaurus, lequel est né à Madaure (actuellementM'Daourouch) en l'an 125 ap. J.-C. Apulée a beaucoupvoyagé, notamment dans les villes les plus célèbres deson temps : Athènes, Alexandrie ; il s'est arrèté à Oea(Tripoli) et s'est ensuite fixé à Carthage où il a notam-ment exercé le métier de médecin. Il a laissé de nom-breuses œuvres dont les plus célèbres en littérature sont«L'Ane d'or ou les métamorphoses», «L'Apologie»,«L'Hermagoras». En médecine, on lui connait des lettres,des cahiers intitulés «Recherches médicales», «Maladiesnerveuses». Dans les «Florides», il décrit la consultationen ces termes : «dès que le médecin s'est assis à côté dumalade, il lui prend la main, il la palpe longuement et entous sens, il s'efforce de saisir les battements du pouls etmesurer leurs intervalles». Dans un autre passage de celivre, il dénonce les praticiens ordinaires pour leur insen-sibilité.

Kamel Bouslama13 Mars 2018

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NRP, Avril 2018, n°41

[MEMOIRE]

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Le mois de mars a vu naître etmourir Mouloud Feraoun,auteur du mythique «Le fils dupauvre», un roman qui necesse d'être lu et relu par desgénérations entières sansqu'il ne prenne aucune ride.Néun 8 mars et assassiné un 15mars, Mouloud Feraoun alaissé une oeuvre que le tempsn'a pas réussi à éroder aprèsune vie entre deux printemps.Pourtant, ses détracteurs, quisont peu nombreux fort heu-reusement, n'ont pas cessé delancer des fléchettes à l'en-droit des livres comme «Le filsdu pauvre» et «La terre et lesang», leur déniant même legenre qui est le leur, à savoirle roman. Pourquoi? Parceque ces mêmes détracteursn'arrivent pas à comprendre com-ment, avec un style et un vocabu-laire aussi simples, MouloudFeraoun a réussi à écrire deschefs- d'oeuvre.Le secret dans cesuccès c'est qu'il ne faudrait sur-tout pas confondre «simplicité» et«simplisme». En lisant les romansde Mouloud Feraoun, on com-prend très vite que même si lesmots sont presque ceux de tousles jours, il n'est pas du tout évi-dent de réussir à échapper aucharme captivant de tous cestextes.D'ailleurs, à ce jour, on adu mal à trouver un autre écri-vain qui a raconté et décrit le vil-lage, la mentalité, la société et lespersonnages kabyles comme lefait si bien et avec une telle préci-sion et simplicité MouloudFeraoun.L'originalité de cetteoeuvre, constituée principale-ment de quatre romans dont unest posthume, d'un Journal et deplusieurs autres textes littérai-res et pédagogiques, est le faitque tout ce qui a été écrit parMouloud Feraoun est en réalitéla même oeuvre. Tous les romansdu père de Fouroulou sont liés deplusieurs manières. A commen-cer par ce style d'écriture uniqueet surtout magique comme c'estle cas, entre autres, de l'universdécrit dans les «Chemins qui

montent».Un roman où des per-sonnages si proches de la réalitécomme Amer, Dahbia et tous lesautres sont si bien racontés parla plume de MouloudFeraoun!«Les chemins qui mon-tent», un roman d'amour maispas seulement, puisque MouloudFeraoun s'adonne à une analyseet à une description psychologi-

Mouloud Feraoun le double anniversaire

ques et à des dissertations phi-losophiques qui font quel'oeuvre n'est point ce queveulent faire croire ceux quiont Mouloud Feraoun en lignede mire. Il en est de même dansle chef-d'oeuvre «La terre et lesang», où les conditions de vieet de travail de l'émigrationkabyle en France sont roman-cés avec génie par le fils de TiziHibel, devenu IghilNezmandans ses romans dont on de-vine la large part d'autobiogra-phie. Mouloud Feraounn'avait que cinquante ansquand il avait été lâchementassassiné par les hordes del'OAS, effrayés par l'indépen-dance de l'Algérie. MouloudFeraoun aurait pu, s'il avaitvécu plus, léguer encore à lapostérité d'autres chefs-

d'oeuvre. Mais, en dépit de cetterupture prématurée, l'oeuvre deMouloud Feraoun a une place dechoix, non seulement en Algériemais aussi au Maghreb et en Eu-rope. Plus loin encore, puisqueson roman «Le f ils du pauvre»vient d'être traduit au Japonpour la première fois.«Le fils du

pauvre», plus que ses autres ro-mans, est devenu un classiquede la littérature universelle. Ils'agit d'un roman qui peut fairedécouvrir et aimer la lecture àtoute personne n'ayant jamaisgoûté aux vertus de cette pas-sion de l'esprit et de l'âme. Cen'est sans doute pas un hasardsi, malgré l'émergence de nom-breux autres écrivains algériensau talent incontestable,Mouloud Feraoun reste l'écri-vain algérien et maghrébin leplus lu de tous les temps. N'endéplaise à ses détracteurs.

Aomar Mohellebi

12 Mars 2018

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[BIBLIOGRAPHIE]

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Voici une mine d’informations sur la bande dessinée al-gérienne. L’auteur commence son ouvrage par un histo-rique de la bande dessinée mondiale, aborde rapidementla production des autres pays du Maghreb avant d’arri-ver au vif du sujet, la bande dessinée algérienne.

Panorama de la bande dessinéealgérienne. 1969-2009

Lazhari Labter Éditions Lazhari Labter, Alger 2009

AU SECOURS MORPHEE!

Akram el Kebir, APIC EDITION , Alger 2018

Rêver sa vie ou la vivre pleinement est la plus grande ques-tion du troisième roman d’Akram El Kebir, «Au secoursMorphée !», paru le mois dernier aux éditions Apic. En-traîné par une écriture sensible et une fluidité de la langue,le lecteur assiste aux transformations dans la vie d’Ali qui,chaque soir, fait le même rêve.

Algérie la citoyenneté impossible ?

Mohamed Mebtoul, Koukou éditions,

Alger 2018

Dossier sur l'instrumentalisation politique dupassé et du patrimoine archéologique de Jérusa-lem, depuis le XIXe siècle et dans le cadre du con-flit israélo-palestinien.

[REVUE]

L'auteur dissèque, sans complaisance, le systèmepolitique qui a perverti l'action citoyenne par leclientélisme et l'allégeance, critères centraux pourarracher des statuts enviés dans la société.

Les Cahiers de l'Orient

130 – Jérusalem, du passé au présent

Jusqu’à la fin des temps

Yasmine Chouikh,2018

[FILM]