20
Le magazine d’information de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire N ° 10 août 2011 DOSSIER FAITS & PERSPECTIVES ENJEUX & STRATÉGIE La recherche de l’IRSN à l’écoute de la société civile Le réseau Téléray se modernise La recherche de l’IRSN à l’écoute de la société civile Le réseau Téléray se modernise DÉBAT Quelle transparence après Fukushima ? Quelle transparence après Fukushima ? Radioprotection pédiatrique La DOSE en ligne de mire Radioprotection pédiatrique La DOSE en ligne de mire

DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

Le magazine d’information de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire

N°10août 2011

DOSSIER

FAITS & PERSPECTIVES

ENJEUX & STRATÉGIE

La recherche de l’IRSN à l’écoute de la société civile

Le réseau Télérayse modernise

La recherche de l’IRSN à l’écoute de la société civile

Le réseau Télérayse modernise

DÉBAT

Quelletransparence aprèsFukushima ?

Quelletransparence aprèsFukushima ?

Radioprotection pédiatriqueLa DOSE en ligne de mire

Radioprotection pédiatriqueLa DOSE en ligne de mire

Page 2: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

2Repères N°10 I août 2011

SYNOPTIQUE

cLes recherches actuelles sur les accidents de perte de refroidissementsur des réacteurs à eau sous pression (REP): c’est la thématique uniquedu numéro spécial d’Aktis à paraître en septembre. Le trimestriel d’in-formation scientifique de l’IRSN présente des résultats récents surl’étude d’un accident sur un REP, dans des conditions semblables à cellesde Fukushima. Il est disponible par mail (en HTML), dans différents formats numériques, sur téléphone portable ou sur papier. Pour le recevoir, vous pouvez vous abonner gracieusement sur irsn.fr.

RENSEIGNEMENTS :www.irsn.fr, rubrique La recherche > Publications et documentation

Résultats de recherche récents sur les accidents

Suite de l’exposition itinérante Gafforisk

cL’exposition Gafforisk poursuit son tour de France. Au programmedu second semestre, Paluel en Seine-Maritime. Elle est destinée à infor-mer sur la radioactivité et à sensibiliser aux risques liés à un accidentnucléaire. Elle est proposée gracieusement aux établissements scolaireset aux mairies lors des exercices de crise. L’exposition est généralementanimée par un expert de l’Institut. En fin de visite, un support péda-gogique, sous forme d’éventail, est proposé.

RENSEIGNEMENTS :Tél. : 06 87 77 21 53Courriel : [email protected]

c Le premier site Internet dédié à la gestion des essais interlabora-toires de mesure de la radioactivité de l’environnement est accessibledepuis janvier. Bilingue, il est destiné aux laboratoires français commeétrangers qui souhaitent participer aux essais. Il présente de nombreuxavantages : aucune consommation de papier, informations accessiblesrapidement, meilleure traçabilité des actions dans la base de données,espace propre à chaque laboratoire pour les échanges en ligne entoute sécurité et confidentialité.

RENSEIGNEMENTS :https://cilei.irsn.fr

cQue s’est-il passé le 26 avril 1986 à Tchernobyl? Aurait-on pu évitercet accident? Un accident similaire peut-il se reproduire? C’est dansl’ouvrage Tchernobyl, 25 ans après… Fukushima que vous découvri-rez une information précise sur l’accident et ses conséquences, et desréponses sur l’utilisation de l’énergie nucléaire. Une lecture pédago-gique pour tout citoyen, et surtout pour les étudiants, enseignants,ingénieurs, médecins, élus et journalistes.

RENSEIGNEMENTS :Éditions Tec & Docwww.tec-et-doc.com

Quel avenir pour le nucléaire?

Un nouveau site web pour gérer les essais interlaboratoires

Page 3: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

3 Repères N°10 I août 2011

TEMPS FORTSNouveau dosimètre - Progrès du projet de centre de stockage de déchets entre Meuse et Haute-Marne - Rapport sur l’incident de gammagraphie de Flamanville - Calendrier serré pour l’audit desinstallations nucléaires - Bonne note de l’Aerespour l’IRSN - Montée en puissance du Camari 04

FAITS & PERSPECTIVESLe comité d’orientation de la recherchede l’Institut tient compte des attentes de la société civile 06

DÉBATQuelle transparence de l’informationaprès Fukushima ? 14

INTERNATIONALTrente-cinq ans de recherche commune avec les États-Unis 16

OUVERTURE À LA SOCIÉTÉL’atelier citoyen, un nouveaudispositif au banc d’essai 17

ENJEUX & STRATÉGIELe réseau de télésurveillance Télérayse modernise et se mobilise 18

GOUVERNANCEL’évaluation de la recherche de l’IRSN,une démarche de progrès 19

La radioprotection est l’affaire de tous. Celle des enfants est d’autant plus importante

qu’ils sont plus sensibles aux rayonnements ionisants que les adultes et plus exposés,notamment, aux risques de cancer.Chacun a son rôle à jouer dans la réduction des doses délivréesen radiologie pédiatrique : les pédiatres ; les parents ; lesprofessionnels de santé – radiologues,manipulateurs, techniciens… – qui prennent en charge les patients ;les constructeurs d’appareils

qui conçoivent des matérielsd’imagerie médicale. L’Institut, luiaussi, est impliqué, à travers larecherche, l’expertise et l’informationdu public.Si l’on peut se réjouir de l’améliorationde la surveillance médicale, elle a pour conséquence une hausse du nombre d’examens radiologiquesen France. D’où l’importance dejustifier l’acte et d’optimiser les dosesque l’enfant reçoit dans ses premièresannées de vie. Mais les habitudes sont tenaces et réclament, là encore, une vigilance de tous les instants…

Repères – Éditeur : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire – 31, avenue de la Division-Leclerc, 92260 Fontenay-aux-Roses – Tél. : 01 58 35 88 88 – Site Internet : www.irsn.fr – Courriel : [email protected]– Directeur de la publication : Jacques Repussard – Directrice de la rédaction : Marie-Pierre Bigot – Rédactrice en chef : Catherine Roulleau – Assistante de rédaction : Isabelle Cussinet – Comité de lecture : Michel Brière, Jean-Luc Pasquier – Assistance éditoriale, rédaction, secrétariat de rédaction, direction artistique, réalisation : Emapress – Iconographie : Nadia Bouda – Infographies : Hervé Bouilly – Impression : Galaxy (72) – Imprimé sur Cyclus print – ISSN : 2103-3811 – août 2011.

Ensemble,limitons

les doses

DOSSIER 08

Sommaire

Éditorial

RADIOPROTECTION PÉDIATRIQUE :LA DOSE EN LIGNE DE MIRE

06. Le vieillissement des centrales est un sujet traitéavec beaucoup d’attention par la recherche à l’IRSN.

14. Face à la crise du Japon, l’IRSN a fourni une informationrapide, notamment lors de conférences de presse.

17. La question du radon dans l’habitat privé a servi de thème au testgrandeur nature de l’atelier citoyen organisé à Nantes par l’Institut.

FAITS & PERSPECTIVES DÉBAT OUVERTURE À LA SOCIÉTÉ

Pour vous abonner au magazine, connectez-vous sur irsn.fr rubrique Publications

Agnès Buzyn, présidente du conseil d’administration de l’IRSN.

Oliv

ier S

eign

ette

/Mik

aël L

afon

tan/

IRSN

EDF/

Didi

er M

arc

Gré

goire

Mai

sonn

euve

/IRSN

Oliv

ier S

eign

ette

/Mik

aël L

afon

tan/

IRSN

Phili

ppe

Cas

tano

/IRSN

Page 4: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

Garonne), l’a testé auprès des médecinsvolontaires et a bénéficié de leur retourd’expérience. “Les améliorations dunouveau modèle ont porté sur la bague,non sur le détecteur, relève-t-il. Sa sur-face devait être le plus lisse possible,pour pouvoir être désinfectée correcte-ment. Ensuite, elle ne devait pas être tropgrande, pour ne pas gêner les gestes chi-rurgicaux, ni trop petite, au risque de laperdre. Enfin, il fallait l’associer à sonporteur, afin de faciliter les protocoleshospitaliers comme le suivi de la dosi-métrie.” Résultat : une bague fine etergonomique avec un anneau ajustableréalisé dans un plastique lisse àmémoire de forme qui contribue à laflexibilité comme au confort, et mar-quée au laser avec les données du por-teur. “Autrefois réfractaires à leur port,les membres des personnels concernésréclament désormais tous leur bague”,se félicite Sébastien Balduyck. ■

Nouveau dosimètre

La sécurité au bout des doigts

I Agendac 9 juin au 15 octobre 2011L’IRSN est coproducteur de l’exposi-tion “La robe et le nuage” qui se tientà Nantes (Loire-Atlantique). Elle relatel’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection.

c 15 et 16 septembre 2011À l’occasion de la Fête de la science,sur le site du CEA de Saclay (Essonne),l’Institut présentera au grand publicdes activités dans le domaine de lasûreté nucléaire et de la radioprotec-tion où la chimie tient une placeimportante.

c 27 au 29 septembre 2011L’Institut sera présent au salon Pré-ventica, parc des expositions de Lyon(Rhône). Il présentera ses prestationsdans les domaines de la radioprotec-tion des travailleurs et de la maîtrisedes risques industriels.

c 7 et 8 novembre 2011Le prochain forum Eurosafe se tien-dra à la Maison internationale, Citéuniversitaire (Paris 14e). Le thème sera“La sûreté nucléaire : nouveaux défis,expérience acquise et attentes dupublic”. L’objectif d’Eurosafe est decontribuer à favoriser la convergencedes pratiques de sûreté nucléairedans un large contexte européen.

I En chiffre…

86%des doctorants* ayantsoutenu leur thèse à l’IRSN depuis 2006 ont un emploi généralementdans le monde de larecherche. Fin 2009,98 doctorants préparaientune thèse au sein des équipes de recherchede l’Institut.(*chiffre à mars 2010)

4Repères N°10 I août 2011

L e laboratoire de dosimétrie del’IRSN a créé un nouveau dosi-mètre pour la mesure de l’expo-

sition aux rayonnements ionisants :une bague basée sur le principe de lathermoluminescence. Il est adapté àl’évaluation de la dose reçue au niveaudes doigts dans le domaine médical,industriel et de la recherche. S’il estadopté par les chirurgiens et radio-logues interventionnels, c’est en grandepartie parce qu’ils ont été associés à sonélaboration.Sébastien Balduyck, physicien nucléaireet personne compétente en radiopro-tection au CHU de Toulouse (Haute-

La bague permet une mesure de dose au niveau des doigts.

Par sa taille et sa souplesse, la bague ne gêne pas les gestes chirurgicaux.

Pour en savoir plus : dosimetre.irsn.fr, rubrique Nos produits

www

L ’expertise est à la hauteur de l’enjeu : un centre de stockage souterrainpour les déchets radioactifs de haute ou moyenne activité et à vie longue,à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne. La faisabilité du projet de

l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), du pointde vue de la sûreté, a été examinée par l’Institut en 2005. Alors que le calen-drier prévoit un débat public en 2012 et une demande d’autorisation de créa-tion en 2014 pour une mise en service en 2025, l’IRSN a présenté son avis augroupe permanent d’experts pour les déchets sur le dossier de sûreté d’étapefourni en novembre 2010 par l’Andra. Principales recommandations : préci-ser le système de confinement à mettre en œuvre pendant la phase d’exploi-tation et les dispositifs pour maîtriser les risques d’incendie ; démontrer lesperformances des scellements des grands ouvrages de stockage. À ce stade,la démarche de sûreté est apparue satisfaisante, mais l’Andra devra répondreaux recommandations lors des phases ultérieures. ■

Centre de stockage de déchets

Nouvelle étape pour le projetentre Meuse et Haute-Marne

TEMPS FORTS

Gré

goire

Mai

sonn

euve

/IRSN

Phot

othè

que

num

ériq

ue A

PHP

Page 5: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

L ’audit de la sûreté des installations françaises a été lancé par le Premier ministredans la semaine qui a suivi l’accident de Fukushima. Ses conclusions doiventêtre rendues avant la fin de l’année. Un cahier des charges élaboré par l’Au-

torité de sûreté nucléaire (ASN) avec l’appui de l’IRSN a été notifié aux exploitants,qui ont transmis le 1er juin la méthodologie qu’ils retiennent pour y répondre. Enun mois, l’IRSN l’a étudiée et a présenté son évaluation aux groupes permanents(GP) réacteurs et usines. Le 15 septembre, les installations auditées (les 58 réac-teurs EDF, les sites de Saclay, Cadarache, de La Hague…) remettront leurs rap-ports à l’IRSN, qui les évaluera et présentera son avis aux GP, autour du 8 novembre.À partir de ces avis l’ASN diffusera un rapport à la Commission européenne dansle cadre d’un processus d’évaluation croisée des installations nucléaires euro-péennes. ■

Pour en savoir plus : www.asn.fr, rubrique S’informer>Actualités>2011>Cahier des charges relatif aux évaluations de la sûreté des INB

www

Audit des installations nucléaires

Un calendrier serré

La pertinence et la qualité des recherches de l’IRSNont été reconnues par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres).Courant 2010, des experts indépendants, pilotéspar les délégués de l’Agence, ont évalué d’abordles unités de recherche, puis la gouvernance et la stratégie d’ensemble de l’établissement.Ils ont pour cela entendu la présidente, le directeurgénéral, les directeurs, des représentants dupersonnel, des doctorants, des représentants despartenaires et des tutelles, etc. Le rapport proposequatre recommandations: faire aboutir rapidementla mise en place de la gestion prévisionnelle des emplois et carrières (GPEC); améliorer la prospective stratégique, notamment à travers la concertation avec tous les acteurs concernés;mener à son terme la démarche de conduite par projet ; structurer la recherche de partenariatsstratégiques visant à améliorer la visionprospective et le potentiel scientifique.

Pour consulter les rapports :www.aeres-evaluation.fr, rubrique Établissements, IRSN

www

ÉvaluationNote positive pour larecherche de l’Institut

“N ous avons analysé en profon-deur l’incident de gammagra-phie survenu à la centrale de

Flamanville”, relate Catherine Monier,experte en radioprotection. “Sur place,nous avons entendu les personnes présentes, examiné les dispositions et les matériels et reconstitué l’incident.”Plusieurs facteurs sont en cause, essen-tiellement humains, liés à une baisse devigilance après une pause et un manqued’information sur l’utilisation des maté-riels. Le rapport de l’Institut recom-mande la vérification du bon usage desmatériels de détection associés aux tirsradio, le renforcement de la coordina-tion entre les opérateurs et une remo-bilisation des équipes avant les reprisesde tir. Ces recommandations sont aussiapplicables à toutes les industries. Cet incident de niveau 2 s’est produità Flamanville. En contrôlant une sou-

dure par gammagraphie, un travailleuravait reçu, en quelques secondes, unedose de 4,75 millisieverts (mSv), soit le quart de la dose maximale annuelleautorisée. Une exposition heureuse-ment sans conséquence sanitaire.Le nombre d’événements de gamma-graphie diminue : 21 dans les sitesEDF en 2007, 15 en 2008, 8 en 2009 et6 en 2010. ■

Pour améliorer la sécurité en radio-logie industrielle, l’obtention ducertificat d’aptitude à manipuler

les appareils de radiologie industrielle(Camari) repose sur des exigencesaccrues. C’est pourquoi la formationdoit prendre toute sa place pour accom-pagner les candidats. Ces derniersdoivent s’impliquer fortement et êtreencadrés par leur employeur… Ce sontles constats de l’Institut pour l’année2010. Rappelons que, depuis 2008,l’IRSN fait passer l’examen, autrefoisorganisé par les directions régionalesdu travail et de l’emploi. En trois ans,le nombre de candidats au Camari esten progression constante: 97 candidatsen 2008; 584 en 2009; 664 en 2010. ■

Pour plus d’information :www.irsn.fr, rubrique Prestations et formations>Missions de servicepublic>Le Camari

www

Incident lors d’une gammagraphie

Le rapport de l’IRSN relève de multiples facteurs

TEMPS FORTS

Camari

La montée en puissance

I Télex Le 46e congrès de la Société d’ergonomie de langue française (SELF)réunira des professionnels impliqués dans le traitement et la prévention des risquesprofessionnels et industriels. Sa thématique : comment l’ergonomie peut-elle contri-buer à une gestion intégrée des risques ? Coorganisé par l’IRSN et l’université Bordeaux I, il se déroulera à Paris, du 14 au 16 septembre 2011.

ERRATA Une erreur s’est glissée dans la légende parue en page 17 de “Repères” n° 9 (daté avril 2011).Il fallait lire : “Une manipulatrice radio prépare une injection pour une scintigraphie.”Une autre erreur a été publiée dans la légende en page 5 de “Repères” n° 8 (daté janvier 2011).Le bon texte est : “Un manipulateur radio prépare une patiente à une scintigraphie osseuse.”

5 Repères N°10 I août 2011

Un radiologue industriel contrôle unesoudure réalisée par gammagraphie.

Gae

l Ker

baol

/INRS

Cege

lec

Page 6: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

réponde aux attentes de la société. Lesavis du COR complètent ceux du conseilscientifique, composé d’experts. Le CORse réunit en séance plénière au moinsune fois par an et organise des groupesde travail sur des thématiques précises. La première réunion du comité a eulieu le 26 mars 2009. Depuis, le COR adéjà rendu deux avis. Le premier, pré-senté en mars 2011, précisait le posi-tionnement de l’IRSN en matière derecherche. Le second est celui du grou-pe de travail sur la thématique EDEX.Constitué en octobre 2009, ce groupes’est réuni à cinq reprises entre février2010 et janvier 2011.David Boilley, président de l’Associa-tion pour le contrôle de la radioactivi-té dans l’Ouest (Acro), une association

Comité d’orientation de la recherche

Les programmes de l’IRSN tienndes attentes de la société civile

L e 1er avril dernier, peu après l’acci-dent de Fukushima, le groupe detravail sur l’extension de durée

d’exploitation des centrales nucléaires(GT EDEX) remettait son avis au comi-té d’orientation de la recherche (COR).“Le contexte était particulier, se sou-vient Véronique Rouyer, en charge desactivités du COR à l’IRSN. La séance acommencé par un exposé sur la situationau Japon. Puis on a présenté l’avis duGT EDEX. Les recommandations émisessonnaient particulièrement juste, qu’ils’agisse des travaux de recherche visantà améliorer la gestion des situations decrise, sur les impacts climatiques ouencore sur l’urbanisme à proximité descentrales.” Transmis au conseil d’admi-nistration fin juin, cet avis servira à

Le comité d’orientation de la recherche de l’Institut réunit salariés, associations,exploitants, élus et chercheurs, dont les avis orientent les programmes d’activité.Comment fonctionne-t-il ? Quels sont ces avis ?

affiner les priorités de la recherche del’IRSN sur l’impact du vieillissementdes centrales sur le matériel et les com-posants, les moyens de maintenir unniveau élevé de sûreté et de radio-protection, et les progrès à accomplirdans ce domaine.

Réunir les différents acteursde la sûreté nucléaire Instance consultative, le COR a été sou-haité en 2007 par Jean-Louis Borloo 1 etValérie Pécresse 2. Il s’inspire directe-ment du Grenelle de l’environnement :réunir autour d’une table les différentsacteurs de la sûreté nucléaire et de laradioprotection, et faire émerger desavis de leur dialogue constructif. L’en-jeu : faire en sorte que la recherche

FAITS & PERSPECTIVES

2009 2010 201126 marsIl se réunit en première séance plénière. Cette réunion permet d’établir un règlement intérieur, stipulant que le COR organise, si besoin, des groupesde travail (GT).

14 octobreIl choisit une thématique de travail par consensus :les recherches sur l’extension de durée d’exploitation des centrales, dit EDEX.

17 févrierÉlaborationdu plande travail.

22 juin Questionnement relatif à l’EDEX. Présentation des enjeux de sûreté et de radioprotection par EDF, CEA, ASN et IRSN ; et des programmes R&D conduits par EDF, CEA et IRSN.

20 octobreExamen des réponses au questionnement du 22 juin.

7 décembreAudition d’experts internationaux sur la situation réglementaire et les programmes R&D.

24 janvierFinalisationde l’avis du GT EDEX.

1er avrilLe GT EDEX présenteson avis au COR. Il traite spécifiquement de l’évaluation des marges de sûreté, du vieillisse-ment des matériels et composants, du progrès en sûreté et en radiopro-tection et d’autres aspects complémentaires.

30 juinIl présenteson avisau conseil d’adminis-trationde l’IRSN.

Le groupe de travail EDEX

5 réunions étalées sur un an pour le GT EDEX

Le COR Le COR

Chronologie des actions du COR et du GT EDEX

EDF/Mario GuerraEDF/Didier Marc

Herv

é Bo

uilly

- So

urce

:IR

SN

1 2

Page 7: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

devoir de veiller à ce que cet avis nereste pas lettre morte et que ces recom-mandations soient déclinées au seinde l’IRSN”, déclare Bernard Chau-mont, coordonnateur de programmesà l’IRSN, qui a suivi les travaux duGT EDEX. Pour continuer à faire bénéficier l’éta-blissement et ses recherches d’unevision large et ouverte sur l’extérieur,le COR poursuit ses travaux, toujours

en résonance avec les préoccupationsdu plus grand nombre : la prochaineréunion plénière sera consacrée auxsuites de l’accident de Fukushima. ■

Repères N°10 I août 2011

ent compte

La société civile a-t-elle rencontré des difficultés pour participer au groupede travail EDEX?Toute la difficulté pour les représentants de la société civile était la technicité du sujet.Il était indispensable de trouver un langagecommun. Nous avons essayé de nous poser lesquestions qui sont celles de nos concitoyensquant aux conditions du prolongement de ladurée d’exploitation des centrales. Nous avonsdéfini les points qui nous paraissaient devoir faire l’objet de nouveaux programmes de recherche ou d’approfondissement.

La société civile a-t-elle eu un rôleà jouer sur un sujet aussi complexe?Très rapidement, j’ai pris conscience que notreposition de “profane” nous donnait un rôlefondamental : exprimer les interrogations de lasociété civile, qui ne sont pas forcément cellesdes scientifiques ou des industriels. Nous avonsparfois mis le doigt là où ça fait mal ! Je crois

que l’expertise scientifique ne peut se passerdes interrogations de nos concitoyens dans un domaine aussi sensible que le nucléaire.

Quels bénéfices avez-vous retirés de votre participation en tant qu’élu?Ma participation au GT EDEX a renforcé maconviction qu’une information exhaustive ettransparente est indispensable au nucléaire dansnotre pays. Elle m’a également convaincu quel’IRSN doit élargir ses champs d’interventiondans les domaines des scienceshumaines et de lacommunication. Il doit aussiintégrer de nouvellesméthodes d’évaluation.La société civile a besoin quel’Institut soit un référenten matière d’objectivitéet d’indépendancede l’information surle nucléaire.

7

de surveillance de la radioactivité, aparticipé aux débats du groupe de tra-vail : “Cette démarche participative nousapprend beaucoup sur les pratiquesdes industriels, sur la science pure ou lesquestions que se pose chacun. Celanous permet aussi de faire valoir notrepoint de vue de citoyen. Il nous paraîtcapital que l’IRSN puisse analyser lescâbles vieillissants ou les tronçons decanalisation in situ et ne se contentepas des données fournies par l’exploi-tant, de simulations en laboratoire ou demodèles mathématiques. Nous avonsappuyé sa demande d’accès à deséchantillons auprès d’EDF, et cela figu-re en toutes lettres dans l’avis…” Re-présentée au GT EDEX, EDF a égale-ment signé cet avis, obtenu à l’issued’un consensus. Une forme d’adhé-sion à l’intérêt de renforcer sa coopé-ration avec l’Institut.

Des avis concrets et suivis Si ces avis concrets n’ont pas un carac-tère contraignant, ils ne seront paspour autant sans effet. “Je me sens le

Pouvoirs publicsReprésentants des ministères de tutelle (Recherche, Écologie, Défense, Industrie, Travail). Représentant de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

ÉlusReprésentants de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, des commissions locales d’information, de communes accueillant une installation nucléaire, de l’Association des maires de France.

Personnalités qualifiéesPrésidents de l’Association nationale des commissions locales d’information (Ancli), du Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, du conseil d’administration de l’IRSN.

Personnalités étrangèresAVN (Belgique), NEA (OCDE), HPA (Grande-Bretagne), ETH (Suisse).

Personnalités présentes de droitLe haut commissaire à l’énergie atomique, le directeur général de la prévention des risques au ministère de l’Écologie, le président du conseil scientifique de l’IRSN, le directeur général de l’IRSN.

Organismes de rechercheCEA, Inserm, école de chimie ParisTech, Conférence des présidents d’université, CNRS.

AssociationsAcro, Robin des Bois, Manes, France nature environnement, Ligue nationale contre le cancer.

Entreprises et associations professionnellesAreva, EDF, Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), Société française de radioprotection (SFRP), Société française de radiothérapie oncologique (SFRO).

Salariés du secteur nucléaireReprésentants des organisations syndicales nationales représentatives (FCE-CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, CGT).

Le vieillissement de la cuve et de l’enceinte de confinement des installations nucléaires

sont des points observés attentivement.1. Vue d’un bâtiment réacteur d’une centrale.

2. Inspection de la cuve par un robot. 3. L’IRSNétudie les pathologies du béton de l’enceinte.

Pour en savoir plus : www.irsn.fr,rubrique L’IRSN>Gouvernance

www

Les membres du COR

Le COR permet de rendreplus accessibles les

résultats de nos recherchesauprès des citoyens,

grâce aux avisrendus publics” Bernard Chaumont,coordonnateur de programmesà l’IRSN, a suivi les

travaux du GT EDEX.

“ Herv

é Bo

uilly

- So

urce

:IR

SN/2

011

Député du Calvados et animateur du groupe de travail EDEX3 questions à… Claude Leteurtre

DR

1. Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire en 2007.

2. Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignementsupérieur et de la Recherche en 2007.

Olivier Seignette/Mikaël Lafontan/IRSN

IRSN3

Page 8: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

Dans les coulisses de la réduction de dose p.10

L’implication de tous lesacteurs… sinon rien p.

8Repères N°10 I août 2011

Parce que leur corps est plus petit, parce que leursorganes sont en croissance,les enfants sont particulièrementsensibles aux risques liés aux rayonnements ionisants.D’où la nécessité de réduire au minimum les doses reçues

lors d’examens en radiologiediagnostique et en scanographie.Au-delà des bonnes pratiquesmédicales et de la justification de l’acte, optimiser les examenssuppose de mieux connaître les doses délivrées et les risquesréellement encourus.

La dose en ligne de mire

Radioprotection pédiatrique

La dose en ligne de mire

Philippe Castano/IRSNOlivier Seignette/Mikaël Lafontan/IRSN

Page 9: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

Phili

ppe

Cas

tano

/IRSN

12

9 Repères N°10 I août 2011

ners, mettant en jeu des doses très supé-rieures, sont beaucoup plus rares.”

Quels risques ?Estimer les doses reçues annuellementvise à estimer le risque de cancer àlong terme, puisqu’il s’agit de dosesfaibles (< 100 mSv ), voire très faibles(< 1 mSv). L’enfant y est plus sensible,parce qu’il est en croissance et qu’il a lavie devant lui (il a donc plus de risqueà long terme). “Il faut néanmoins gar-der à l’esprit que ce risque n’est nidémontré ni infirmé, insiste-t-elle.

Quelles doses? Quels risques?État des lieux. Les enfants recevraient en moyenne, en radiologie médicale, moins de 0,35 1 millisievert 2

par an. Un chiffre rassurant qu’il faut cependant surveiller.

DOSSIER

Un examen du bassin à quatremois pour rechercher uneéventuelle malformation,une radiographie des pou-mons pour une bronchiolite,

des clichés pour une fracture, des pano-ramiques dentaires pour une prise encharge en orthodontie… Les premièresannées de leur vie, la prise en chargemédicale des enfants peut être jalonnéed’examens d’imagerie. D’où une inter-rogation: quelle est la dose de rayon-nements reçue ?

Surtout de la radiologieconventionnellePour répondre à cette question, etconformément à la directive Euratom97/43, l’IRSN et l’INVS (Institut natio-nal de veille sanitaire) ont mis en place,depuis 2003, un système d’informationsur l’exposition médicale des patientsaux rayonnements ionisants, dénomméExpri. “Un premier état des lieux a étéréalisé en 2005 sur les données de 2002de la Sécurité sociale, résume CécileÉtard, en charge, à l’Institut, du suivi del’exposition médicale de la populationliée aux actes diagnostiques. Mais lesenfants n’ont pas été étudiés spécifique-ment. Fin 2008, ce travail a été reproduitsur les données de 2007, plus détaillées,permettant cette fois d’observer lesenfants. On a ainsi pu montrer que lesexamens de radiologie conventionnelleétaient les plus fréquents, de l’ordre de300 par an pour 1000 enfants. Les scan-

En couverture: Dans le service de radiologie de l’hôpital Trousseau (Paris), un enfant de 6 ans s’apprête à passer un scanner du crâne. Il est accompagné par son père, dont la présence est acceptée par l’équipe médicale.

Crédit photo : Philippe Castano/IRSN.

1. Pour comparer, l’exposition aux rayonnementsnaturels est comprise entre 2 et 3 mSv.

2. Le millisievert (mSv) est une unité qui sertà quantifier le risque lié à une exposition à des rayonnements ionisants, en hommage au Suédois Rolf Sievert et à ses recherches sur les effets biologiques des radiations.

■ RAYONNEMENTS REÇUS SELON L’ÂGE■ ● C’est l’enfant de moins d’un an qui reçoit

en moyenne, chaque année, le plus de rayon-nements, avec 0,35 mSv/an en moyenne.De 1 à 10 ans, le nombre d’actes, et doncla dose reçue, diminue (0,2 mSv/an chez les1-4 ans, 0,15 mSv chez les 5-9 ans), pourréaugmenter à partir de 10 ans, du fait desexamens des membres, plus fréquents danscette tranche d’âge, et des panoramiquesdentaires (0,2 mSv chez les 10-14 ans et0,3 mSv chez les 15-17 ans).Source : rapport Expri/IRSN.

EN CHIFFRE

Une manipulatrice prépare un enfant à une radiographie du bassin.

Cécile Étard (IRSN), le Pr Hubert Ducou le Pointe

et Aurélien Bouëtté (de l’hôpitalTrousseau, Paris) discutent

des données stockées dans lesystème d’archivage (PACS)

mis en place au servicede radiologie de l’hôpital.

Phili

ppe

Cas

tano

/IRSN

Cécile Étard (IRSN), le Pr Hubert Ducou le Pointe

et Aurélien Bouëtté (de l’hôpitalTrousseau, Paris) discutent

des données stockées dans lesystème d’archivage (PACS)

mis en place au servicede radiologie de l’hôpital.

●●●

Page 10: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

10Repères N°10 I août 2011

Dans les coulisses de Toujours mieux. Optimiser au quotidien les protocoles de radiologqu’il s’agisse de traiter des données pour refléter la pratique réel

Par précaution, on considère qu’ilexiste et croît avec la dose, mais celareste hypothétique.”L’objectif est dès lors de réduire auminimum la dose, en ne pratiquant quedes examens justifiés. “Nous essayonsde limiter les radiographies : pas decomparaison d’un pied à l’autre, ni decliché pour des pieds plats non dou-loureux, illustre le Pr Raphaël Vialle, duservice d’orthopédie pédiatrique del’hôpital Trousseau (Paris). Je suis éga-lement très réservé sur le scanner, d’au-tant que l’échographie ou l’IRM sontsouvent de bonnes solutions de rempla-cement, sans rayonnement ionisant.”Pourtant, il reconnaît que certains géné-ralistes ou pédiatres de ville, croyantbien faire, multiplient les actes pourconstituer un dossier complet avantd’adresser un enfant à l’hôpital.Au total, les enfants recevraient de 0,15à 0,35 mSv/an. Des moyennes rassu-rantes, mais qui cachent sans doutedeux phénomènes plus inquiétants :une forte augmentation des dosesreçues (+ 57% chez l’adulte entre 2002et 2007), liée à une meilleure prise encharge, et l’impossibilité techniqued’identifier des populations à risque,comme les prématurés qui subissentbien plus d’examens que la moyenne.Une double interrogation à laquelle leprochain état des lieux, qui reposera surles données 2012, devrait répondre. ■

DOSSIER RADIOPROTECTION PÉDIATRIQUE: LA DOSE EN LIGN

La réduction de dose ne se limite pasaux services hospitaliers de radio-logie ou aux cabinets pratiquant

ces examens en ville. Dans les coulissesœuvrent d’autres acteurs comme lesexperts de l’IRSN. Leur travail delongue haleine permet l’optimisationdes protocoles, la rédaction de normesou encore la mise en place d’outilsvisant à réduire les doses délivrées lorsdes examens d’imagerie médicale.Démonstration par deux exemples.

Chaque année, les établissements deradiologie sont tenus d’envoyer lerelevé des doses reçues par vingtpatients pour deux examens courants1.Avec une nouveauté depuis mars 2011:fini les fax, mails et courriers, désor-mais la déclaration se fait en ligne surle site de l’IRSN. L’Institut en déduit unevaleur guide nationale (mathématique-ment, le 75e centile, dose au-dessous delaquelle se situent 75% des services) :les niveaux de référence diagnostiques(NRD). “Il ne s’agit en aucun cas d’unevaleur réglementaire, mais bien d’uncurseur qui reflète les pratiques enFrance et permet à chaque établissementde s’autoévaluer, insiste Patrice Roch,

expert en radioprotection chargé de lagestion des NRD à l’IRSN. D’ailleurs,chaque pays calcule ses propres NRD,reflet de ses propres pratiques.” Pouraider les radiologues dans leur décla-ration et le calcul des doses, l’Institut amis au point le logiciel Micado2.

Dans l’attente de NRD en scanographie pédiatriqueLe hic : si des NRD pédiatriques exis-tent en radiologie conventionnelledepuis 2004, rien de tel n’est disponibleen scanographie pédiatrique, examenpourtant reconnu comme plus irra-diant, car la dose est délivrée sur360 degrés. La problématique est mêmeplus complexe : “Les indications don-nées par le scanner quant à la dose reçuepar un enfant sont sous-estimées. Eneffet, la valeur résulte d’un calcul corres-pondant au volume corporel d’un adulte,développe Jean-Luc Rehel, expert enradioprotection médicale à l’Institut. Or,plus le volume du patient est petit, plusla dose délivrée lors d’un scanner estimportante, à paramètres identiques.”Une sous-estimation de la dose reçuequi peut atteindre un facteur 2,5 pourun nouveau-né, selon les calculs del’IRSN. La solution: que les industrielsétalonnent également leurs scannerssur des fantômes (mannequins) d’en-fants, et pas uniquement d’adultes.

Nombre d’actes pour 1 000 enfants en 2007, les deux sexes confondus

Thorax

Membre

BassinDentaire

exo-buccale

0

50

100

150

200

250

Moinsde 1 an

De 1à 4 ans

De 5à 9 ans

De 10à 14 ans

Les examens radiologiques sont fréquents chez les enfants, notamment pour le bassin. La Haute

Autorité de santé recommande depuis 2008 deremplacer cette radiographie par une échographie.

Côté expertise, des indicateurs nationaux

Quelques examens deradiologie conventionnelle

●●●

Pr Dominique Sirinelli, chef de service deradiopédiatrie au CHU de Tours (Indre-et-Loire).“Les NRD ont sensibilisé à la question des doses et évité des dérives. Mais il faut reconnaître qu’enradiologie conventionnelle, elles se sont heurtées à un problème d’unité [l’unité des NRD ne signifie pas grand-chosepour un radiologue habitué à un produit dose.surface], que devraitlever l’arrêté en cours de parution [voir encadré ci-contre].En scanographie, les NRD pédiatriques seront fondamentaux, maisinsuffisants si les radiologues réalisent, par exemple, plus d’hélices 3

que nécessaire [les NRD sont donnés par acquisition/hélice, chaque hélice supplémentaire multipliant d’autant la dose].” ■

“Nécessaires, mais non suffisants”

Herv

é Bo

uilly

- So

urce

rapp

ort E

xpri/

IRSN

DR

Page 11: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

11 Repères N°10 I août 2011

la réduction de dosegie pédiatrique repose sur un important travail en amont, e ou de mener des études épidémiologiques.

NE DE MIRE DOSSIER

les résultats soient statistiquement utili-sables”, résume Marie-Odile Bernier,chargée de mettre en place et de super-viser ces études sur l’exposition médi-cale, à l’IRSN. Exemple type : l’étude“Cohorte enfant scanner”, qui avait ini-tialement inclus 30000 enfants de 0 à5 ans ayant subi, entre 2000 et 2006, aumoins un scanner et qui, en prenantune envergure européenne (voir enca-dré), va inclure 60000 enfants supplé-mentaires de 0 à 10 ans ayant subi cetexamen entre 2006 et 2013. Cela per-mettra aux neuf pays participants d’at-teindre le million d’enfants suivis afinde savoir s’ils ont plus de risque dedévelopper un cancer comparative-ment à la population générale.

Étude Elfe lancée en avrilUne autre étude, dénommée Elfe, sui-vra jusqu’à leur majorité 20000 enfantsnés en 2011 en France. Le chapitre dé-dié aux rayonnements étudiera les exa-mens radiologiques et l’exposition auradon afin d’évaluer un risque, comptetenu de cette dose. “Cette étude per-mettra d’aller au-delà des moyennes etde mieux connaître la répartition del’exposition”, poursuit Marie-OdileBernier. Autrement dit, de connaîtreles doses reçues par les enfants les plus

exposés, et de les identifier (quelniveau socio-économique des parents?suivi par un pédiatre ou un médecinde ville?…).Des études spécifiques se limitent à despopulations plus restreintes. L’une, surles expositions radiologiques des pré-maturés nés en 2002 à l’hôpital Trous-seau (Paris), avait montré que la dosecumulée dépendait avant tout de ladurée du séjour (de quelques jours àplusieurs mois. Elle restait cependantrelativement faible. Une autre, Carise,sur le risque de cataracte radio-induite,se limite pour le moment à une étude“pilote” sur 30 enfants ayant subi plu-sieurs scanners du crâne. Elle nécessi-terait d’être étendue à “seulement”1500 enfants pour connaître les éven-tuels effets des rayonnements sur leurcristallin. Autant de résultats à venir. ■

Second axe de travail : étudier l’effet surles enfants des rayonnements ionisantspar des études épidémiologiques. “Ellessuivent une population avant que ne sedéclare une éventuelle maladie. Celasuppose des cohortes énormes pour que

L’année 2011 sera peut-être celle duchangement pour les niveaux de référencediagnostiques (NRD). Après un travailconjoint de l’Institut et de l’Autorité desûreté nucléaire (ASN), un arrêté pourraitintroduire des NRD pédiatriques à larentrée. Les établissements seraient tenusde communiquer 30 relevés pour les quatre classes suivantes : 0-10kg,10-20kg, 20-30kg et adulte. La révisionne s’arrête pas là. “Elle définit les NRDpar des grandeurs plus accessibles auxradiologues, mais le principe actuel reste celui d’examens simples, standards,limités à une seule acquisition, expliqueMarc Valero, chargé de mission sur la radioprotection à l’ASN. Demain,nous devrions évoluer vers des examens plus proches de la pratique radiologique,incluant plusieurs acquisitions.”

Réglementation

EPI-CT est une étude lancée en févrierauprès d’un million d’enfants européens.Elle mesure le risque de cancer après un scanner. Le projet pourrait dépasserles frontières de l’Union afin d’obtenirune puissance statistique qui permetted’étudier des cancers (cerveau,thyroïde, sein) moins fréquents que laleucémie. “L’IRSN participe à différentsniveaux, témoigne Ausra Kesminiene,coordinatrice de l’étude au Centreinternational de recherche sur le cancer (CIRC). En tant que membre du comité de dosimétrie, l’Institut travaille à affiner et individualiser lesméthodologies de calcul : Marie-OdileBernier est responsable de l’analysedescriptive de l’ensemble des cohortesinternationales et Dominique Laurier estmembre du comité de coordination.”

La contribution del’IRSN à un projetinternational

Côté recherche, des études

Parce que, tous les ans, un budget du CHU deBordeaux (Gironde) est dédié à l’innovation,

les chefs des trois services de radiologie ontacquis le premier EOS, système d’imagerie parrayons X offrant une vision du squelette entier par simulation 3D. Son atout : des doses divisées par 2 à 10 par rapport aux systèmes deradiologie classique. “Nous finalisons une étude comparative entre EOS et un capteur plan [système récent qui a permis une réduction importantede la dose], pour laquelle j’ai sollicité l’IRSN, explique Jean-FrançoisChateil, chef du service d’imagerie pédiatrique. L’Institut nous a fournides dosimètres, apporté son expertise pour savoir où les poser sur lepatient et transmis les valeurs de dose enregistrées.” Avant la publicationdes résultats, ce professionnel dévoile que la qualité des clichés d’EOS y apparaît au moins aussi bonne que le capteur plan, pour une dosepatient inférieure, surtout pour les zones corporelles les plus basses. ■

EOS: optimiser l’image et la dose

Patr

ick

Legu

enne

c/EO

S

1. En référence à l’arrêté du 12 février 2004 relatifaux NRD. Exemples d’examens de référence :en radiographie : thorax, rachis lombaire,abdomen sans préparation, mammographie;en scanographie : thorax, crâne, pelvis…

2. Micado (module internet de calcul de dose)évalue la dose entrée (De) que le praticien doit télédéclarer à partir du PDS (produitdose.surface) ou des paramètres d’examen.

3. Une hélice représente la zone anatomiqueexplorée par la rotation du faisceau derayons X autour du patient, combiné à undéplacement simultané de la table d’examen.

Page 12: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

12Repères N°10 I août 2011

L’implication de tous les acteurs. .

mations, et le service du Pr Ducou lePointe, en quête d’une personne apteà les traiter. “Je souhaitais savoir quelle

était la dose délivréeselon le type d’exa-men, et si cette doseavait tendance à êtrestable, à augmenterou à baisser”, résumece dernier. Avantd’avouer: “J’ai été dé-çu par les chiffres de2007. Nous avions misen place un protocolepour chaque examenen fonction du poidsde l’enfant et l’étude a

montré qu’il n’était pas suivi.”Problème soulevé par les résultats del’étude de l’IRSN : les radiologues etmanipulateurs conservent les para-

DOSSIER RADIOPROTECTION PÉDIATRIQUE: LA DOSE EN LIG

T ous les professionnels du servicede radiologie pédiatrique de l’hô-pital Trousseau (Paris) en sont

convaincus : le pointde départ aura été lavolonté d’un homme,le Pr Hubert Ducou lePointe, chef du ser-vice, de réduire lesdoses. D’où la mise enplace d’une organi-sation interne afinde transcrire la dosedélivrée en radiologieconventionnelle ou enscanographie, pourchacun des 45 000 à50000 enfants qui consultent le servicechaque année. Cette base de donnéesfut à l’origine d’une collaboration entrel’IRSN, à la recherche de telles infor-

mètres par défaut, valeurs standardsdécidées par le constructeur pour unpatient type, au lieu de les adapter àchaque patient. Difficile parfois debousculer les habitudes. “Quand nousavons commencé à réduire les doses,nous avons été confrontés à des radio-logues mécontents”, témoigne Lau-rence, manipulatrice sur le scanner del’hôpital Trousseau depuis 1986 ; ellesait néanmoins qu’elle peut comptersur le soutien de son chef de servicepour convaincre certains radiologuesencore trop focalisés sur la qualité del’image. Elle convient également de sapart de responsabilité : “Dans le stress,avec un enfant qui bouge ou qui pleure,on oubliait parfois de modifier les pa-ramètres.” Pour autant, la radiopro-tection ne se limite pas au seul para-métrage. Un énorme travail est

Témoignages. Dans la réduction des doses, chacun joue un rôle : le médecin, le radiologue, le manipulateur, le patient, le constructeur et, en toile de fond, les experts.

Année 2011. L’IRSN assure des sessions de formation sur la radioprotection des patients et du personnel exposé,

pour plus de 150 techniciens de maintenance, ingénieurs d’application(installation du matériel) et ingénieurs support technique (dépannage) de Siemens, fabricant de matériels d’imagerie médicale. “La dose dépend aussi de la machine et de ses réglages, rappelle Patrice Fraboulet,formateur. Ingénieurs et techniciens doivent comprendre que lamaintenance et le contrôle de qualité du matériel ont une conséquenceimportante sur la dose délivrée au patient.” ■

Des constructeurs formentleurs personnels■ POUR UNE DOSE À LA TAILLE DE L’ENFANT

■ Aux États-Unis, des organismes de santé mènentune campagne d’information et de sensibilisa-tion, Image Gently Campaign (www.image-gently.org), à destination des professionnels desanté et des patients. Son message : que lesdoses délivrées aux enfants soient adaptées àleur taille. En France, la Société francophoned’imagerie pédiatrique et prénatale (SFIPP)informe le public, patients et professionnels,sur son site, www.sfip-radiopediatrie.org.

AILLEURS

Mettreen place un

protocole ne suffit pas.Il est nécessaire de s’évaluer et desuivre ses résultatsdans le temps.”

“Pr Hubert Ducou le Pointe,chef du service de radiologiepédiatrique de l’hôpitalTrousseau (Paris).

Le père est protégé des rayons X par un tablier de plomb.

Une manipulatrice radio prépare un enfant à un scanner cérébral.

À la console de visualisation, la manipulatriceacquiert les images du cerveau de l’enfant.

Page 13: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

Repères N°10 I août 2011

. sinon rienégalement réalisé sur la justificationde l’examen. “En scanner, aucun ren-dez-vous n’est accordé sans l’accordpréalable du radiologue du service,explique Laurence. En radiologieconventionnelle, les clichés jugésinutiles ne sont pas réalisés.” Uneattention toute particulière est égale-ment portée à l’utilisation de protège-gonades ou à la position : pour uneradio de main, l’enfant doit avoir la têtetournée et les jambes sur le côté.Autant d’habitudes quotidiennes àmettre en œuvre et à transmettre auxjeunes manipulateurs, généralementdéjà très sensibilisés à la radioprotec-tion pendant leur formation.

Les résultats d’un investissement de tousLa déception de 2007 passée et lescauses identifiées, des actions correc-trices ont été mises en place. “Les pro-tocoles ont été retravaillés avec le fabri-cant pour chaque tranche de poids,poursuit le Pr Ducou le Pointe. Unscanner a été modifié de manière à ceque le manipulateur soit tenu de saisirnon seulement la zone anatomique,mais également le poids de l’enfant.”Un an plus tard, une bonne nouvelleest au rendez-vous : les données 2008montrent une nette baisse des dosesreçues par les jeunes patients. Dans lafoulée, un “physicien” est recruté, quicontinue aujourd’hui à faire vivre cetteétude : Aurélien Bouëtté. Personnespécialisée en radiophysique médicale,il partage son temps entre deux hôpi-taux parisiens (Trousseau et Saint-

Antoine) et plusieurs services (radiolo-gie, médecine nucléaire). Sa mission :assurer la radioprotection du patient.“Les trois premières années, je me suisconcentré sur le contrôle qualité desappareils, pour répondre à la régle-mentation récente. Aujourd’hui, je meconsacre davantage à l’optimisation”,explique-t-il, conforté par ses trois pre-mières années d’expérience. “Le traite-ment des données 2010 a souligné l’ab-sence de dégradation, voire, enradiologie conventionnelle, une réduc-tion des doses qui peut atteindre 50%”,se réjouit-il, avec la volonté de présen-ter désormais ces résultats tous les ans.Le personnel du service est demandeurde résultats concrets. Un important tra-vail interne a été réalisé pour mettre enplace un traitement automatique, quipermet aujourd’hui de compiler rapide-ment les données de toute une année.Ces chiffres permettront d’identifier lesexamens les plus irradiants et de fixerdes priorités, puis de modifier lesconstantes, en collaboration avec lesradiologues, les manipulateurs et lesconstructeurs. Une orientation confirmée par lePr Ducou le Pointe, convaincu de lanécessité de ces données : “Au-delà dusuivi continu des résultats pour éviterune éventuelle dérive des doses sur lescanner, nous devrions étendre le tra-vail réalisé à la radiologie convention-nelle et collecter également les donnéesdes examens au bloc opératoire.”Autrement dit, faire en sorte que la tra-dition de radioprotection “irradie” toutle service… ■

NE DE MIRE DOSSIER

“Une première évaluation du nombre deradiographies du thorax prescrites au sein de nosurgences, en février 2007, avait montré que25% des clichés n’étaient pas justifiés. Une touxfébrile depuis 24 ou 48 heures suffisait àprescrire, à tort, une radio du thorax par craintede passer à côté d’une pneumopathie.Nous avons rédigé une fiche rappelant les règlesde prescription, à destination des internes,

mais aussi des médecins seniors qui lesencadrent. Deux mois plus tard, le taux de clichésnon justifiés avait chuté à 10%. Mais lesmauvaises habitudes sont progressivementrevenues : 13% en octobre 2007, puis 24%en juin 2009. Des rappels réguliers s’avèrentaussi nécessaires qu’efficaces : en septembre2010, ils ont pu faire de nouveau baisser lenombre de radios du thorax injustifiées à 16%.”

“Le besoin de rappels réguliers”Dr Christelle NGuyen Bourgain, pédiatre aux urgences de l’hôpital Trousseau (Paris).

■ RAPPORTS •“Exposition de la population française aux rayon-nements ionisants liée aux actes de diagnostic médi-cal en 2007” : www.irsn.fr, rubrique Avis et rapports>Rapports d’expertise>Radioprotection de l’homme.•“Analyse des données relatives à la mise à jour desniveaux de référence diagnostiques en radiologie et enmédecine nucléaire : bilan 2007-2008”: www.irsn.fr,rubrique Avis et rapports> Rapports d’expertise>Radio-protection de l’homme.

■ PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES sur www.irsn.fr,rubrique La recherche> Publications et documenta-tion> Publications scientifiques. •“Niveaux d’expo-sition en tomodensitométrie multicoupes pédiatrique :résultats de l’enquête dosimétrique SFIPP/IRSN 2007-2008”. H. Brisse, B. Aubert. J Radiol 2009, n° 90.• “Optimisation en scanographie pédiatrique”.C.Étard,A. Bouëtté, J.-L. Rehel, B. Aubert, H. Ducou le Pointe,J. Dagou. Radioprotection, 2010, vol. 45, n°1, p. 31 à 42.

BIBLIOGRAPHIE

Pour contacter l’unité d’expertise médicale(UEM) à l’IRSN :01 58 35 92 86 ou [email protected]. Pour télétransmettre ses données :basenrd.irsn.fr; Micado : nrd.irsn.fr,rubrique Outil Micado. Information aux parents : www.sfip-radiopediatrie.org.

www

L’enquête de l’Association d’aide aux victimes d’accidents médicaux

(Aviam) sur l’information des patients et l’inquiétude des associations devant l’accumulation d’actesradiographiques a donné naissance en 2010 au groupe de travail pluraliste “Information patients et radiodiagnostic”. “Il réunit desassociations de patients, des praticienshospitaliers, des manipulateurs, des sociétés savantes, l’Institut Curie,l’Ordre des médecins…”, préciseAudrey Lebeau, qui pilote le dossier à l’IRSN. Après un an de travail, un document d’information est testéauprès des médecins et des patients.“Ce retour d’expérience devraitpermettre de rédiger desrecommandations pour l’informationdes patients exposés.” L’objectif était que l’outil soit prêt au premiertrimestre 2012. ■

Des patientsinquiets

13

Trois médecins, dont le Pr Hubert Ducou le Pointe, discutent des résultats de l’examen.

Phili

ppe

Cas

tano

/IRSN

Page 14: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

a bien joué son rôle et des expertscomme moi ont été sollicités, mais lepluralisme reste moins avancé sur cevolet.Thierry Charles : Dès le premier jour,le centre technique de crise de l’IRSNa été activé et est resté en fonction, enpermanence, jusqu’à fin avril. L’infor-mation a été diffusée en continu, quece soit par le site Internet, les deman-des de médias ou des points presse (cf. Repères n° 9, p. 4-5). Les Françaisont notamment pu suivre en tempsréel les mesures de radioactivité surle territoire national, issues de notreréseau de surveillance; elles ont validéles prévisions publiées par l’IRSN.L’Institut a, il me semble, montré sacapacité à apporter une informationfiable, rapide et accessible.

Concernant les questions de sûreténucléaire, il a fallu s’appuyer sur desdonnées brutes locales. Diriez-vousque l’information relayée sur ce sujeta, elle aussi, été fiable et accessible?Olivier Isnard : En tout cas, tout a étéfait dans ce sens. Quarante-huit heuresseulement après le début de la crise,l’IRSN m’a envoyé sur place. Je suisresté un mois à Tokyo. Comme danstout pays nucléarisé, l’ambassade deFrance y dispose d’un service dédié au nucléaire, avec une dizaine de perma-nents, dont la moitié sont des Japonais,

en lien direct avec les professionnelslocaux. Nous avons également fait desmesures de radioactivité sur le toit del’ambassade à Tokyo. Toute l’informa-tion dont nous disposions a été relayéeau quotidien : chaque matin et soir,nous faisions par exemple des pointsà l’ambassade, pour le personnel et lesressortissants français qui le souhai-taient. J’avais aussi l’AFP au téléphonerégulièrement.Y.M. : La vraie question est de savoir siles données primaires, notammentcelles transmises par l’exploitant,Tepco, sont fiables. Par les réseaux noninstitutionnels, nous avions accès àd’autres informations qui paraissaientparfois contradictoires.T.C. : La difficulté a été de “digérer” levolume d’informations provenant desources diverses, officielles ou non,s’agissant de réacteurs pour lesquelsl’IRSN n’avait pas d’éléments détaillés(plans, conception…). Une informationbrute prise isolément n’est pas perti-nente : il faut savoir la comparer aureste pour l’interpréter au mieux afind’aboutir à une compréhension suffi-sante de la situation.Y. M. : Il m’aurait semblé intéressantqu’un regard croisé entre l’IRSN et desexperts indépendants extérieurs soitporté sur cette “digestion” de l’infor-mation, qui aura finalement été confi-née à la cellule de crise de l’IRSN.

Japon: agir e

À RETENIR ■ L’IRSN a joué son rôle en apportant

une information rapide et accessible.

■ En situation de crise, il faut savoir rester prudent dans l’interprétation de tout nouvel élément.

■ L’enjeu est de savoir placer le curseur entre le temps dévolu à l’action et celui consacré à la communication.

Face à la crise de Fukushima, l’IRSN a déployé un vaste dispositifLes Français ont notamment pu suivre en temps réel les mesures

� Yves Marignac Après des études de mathématiques puis un DEA sur l’information scientifique, il s’intéresse au nucléaire,avec un stage au CEA. Il rejoint en 1997 Wise-Paris,

agence associative d’information, d’étude et de conseil en nucléaire et énergie, qu’il dirige aujourd’hui.

Olivier Isnard �Un doctorat de mécanique des fluides en poche,

il entre au service de crise de l’IRSN en 2000.Lors de la crise du Japon, il est envoyé

au Japon 48 heures après l’accident.Il restera un mois à l’ambassade

de France à Tokyo.

DÉBAT QUELLE TRANSPARENCE DE L’INFORMATION APRÈS

Repères : Le manque de transparenceaprès la catastrophe de Tchernobyl a longtemps marqué les esprits. Quid de l’information autour de l’accident de Fukushima?Yves Marignac : On voit combien lasituation a changé à la suite de ce trau-matisme du “nuage”. Un acteurcomme l’IRSN s’est incontestablementouvert à la société. D’autre part, deuxassociations indépendantes créées en1986 (la Criirad 1 et l’Acro 2) communi-quent leurs propres mesures. Il existedonc aujourd’hui un vrai dispositifd’information du grand public, qui abien fonctionné, en tout cas sur laquestion des conséquences en Francedes rejets de Fukushima. Sur l’acci-dent lui-même et ses causes, l’Institut

Trois experts, un indépendant et deux del’IRSN, reviennent sur les messages délivrés.

Page 15: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

ficilement appréhender de manièreprécise, à distance et en temps réel, lesrisques liés à l’alimentation, en l’ab-sence de connaissance des mesuresprises par les autorités sur le terrain. O.I. : Il faut en effet connaître la météolocale avec certitude car, selon que letemps est sec ou humide, le marquageau sol est très différent. Et nous igno-rons également les habitudes deconsommation. T.C.: Notre volonté n’est pas de cacherde l’information, mais nous ne voulonspas faire d’erreurs! En situation d’ur-gence, et face à un volume de donnéesparfois contradictoires, il faut savoirrester humble et prudent.■

1. Commission de recherche et d’informationindépendantes sur la radioactivité.

2. Association pour le contrôle de laradioactivité dans l’Ouest.

t communiquerd’information du grand public.de radioactivité sur le territoire.

� Thierry Charles Ingénieur en bâtiment et travaux publics, option

environnement, il travaille quatre ans au Servicecentral de sûreté des installations

nucléaires (ancêtre de l’Autorité desûreté nucléaire). Il rejoint en 1985le service d’évaluation de sûretédes laboratoires et usines de l’IPSN(ex-IRSN) et devient directeur de la sûreté des usines en 2003.

Didier Champion et Thierry Charles, porte-parole de l’IRSN, répondent aux

journalistes lors d’une conférence de presseorganisée par l’Institut après Fukushima.

FUKUSHIMA ? DÉBATReportage photo : Grégoire Maisonneuve/IRSN

Repères N°10 I août 2011

Je reste encore avec des interrogationssur l’analyse de l’IRSN, par exemple surl’état des piscines d’entreposage ducombustible.

Doit-on suspecter que tout n’a pas été dit ?T.C.: Cette crainte est sous-jacente, quoiqu’on dise ou fasse. Il faut bien com-prendre que les informations dont nousdisposions étaient parfois très parcel-laires. Il nous fallait donc rester pru-dents. Ce fut le cas pour les piscinesd’entreposage de combustibles usés,que nous avons dès le début identifiéescomme étant un enjeu majeur entermes d’impact possible de l’accident.Nous l’avons suivi de près mais, fauted’informations, nous avons eu des dif-ficultés à établir un diagnostic d’état deleur inventaire en eau, nécessaire pourréaliser un pronostic fiable d’évolutiondu comportement des combustiblescontenus. Par ailleurs, en situation decrise, les forces vives sont avant toutconsacrées à la compréhension de l’ac-cident et à l’évaluation de son évolu-tion. Il n’est pas toujours facile de com-muniquer rapidement, d’autant plusque, par essence, un accident est unesituation très évolutive !O.I. : Nous avons étudié toute une sériede scénarios, notamment au regard desrejets liés aux piscines. Mais ce travaild’anticipation n’a pas vocation à êtrepublié : il soutient la conduite opération-nelle du centre technique de crise del’IRSN, pour anticiper les conséquencesen France et aussi au Japon. Tout direen temps réel, même ce qui est incer-tain, n’aide pas à la gestion de crise, etpeut au contraire la desservir.Y. M.: J’aurais, pour ma part, appréciéavoir accès à toutes ces données, afinde mieux jouer mon propre rôle d’ex-pert, ou de les relayer aux associatifsjaponais, pour qui certaines analysesde l’IRSN ont été très utiles.

Le devoir d’information de l’IRSNdépasse-t-il le territoire français?Y.M.: Face à un accident comme celui-là, il y a, selon moi, une responsabilitéinternationale. Les experts ont le devoirde transmettre l’ensemble des informa-tions entre leurs mains et de pointer dudoigt ce qui leur semble poser pro-blème; comme, pour moi, l’insuffisancedes mesures prises pour les territoirescontaminés.T.C. : Je serais moins catégorique. Si lerôle franco-français de l’Institut est trèsclair, l’IRSN me semble bien moinslégitime au Japon! Pour deux raisons :d’abord, le Japon est un pays nucléa-risé compétent, qui n’a pas de leçonsà recevoir de nous; et surtout, il est trèsdifficile de se faire une idée précisequand près de 10000km nous séparentdu lieu de l’accident! Pour en reveniraux territoires contaminés, on peut dif-

Page 16: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

financière. “Ils sont très intéressés parle programme concernant l’EPR, carnous sommes en avance sur eux dansce domaine”, déclare Ahmad Cheikh-Ali, coordinateur des affaires interna-tionales pour l’Amérique du Nord et leMoyen-Orient à l’IRSN.Côté français, on souligne la qualité del’expertise de la NRC, dont l’autoritéest mondialement reconnue : “Ilscontrôlent 104 réacteurs de différentstypes, alors qu’en France nous en avons58 de même technologie [REP].”Cette coopération repose sur deséchanges réguliers. Cela a été le casen mars 2011, lors de la RegulatoryInformation Conference. “Cette ré-union annuelle rassemble les acteursmondiaux du nucléaire pour échangersur les programmes de recherche encours, confronter nos points de vue,voir les progrès des autres en matièrede sûreté, de sécurité et de radiopro-tection”, décrit Ahmad Cheikh-Ali. Autotal, 3000 participants d’une trentainede pays étaient réunis. ■

16

sables pour évaluer les conséquencesd’un tel accident et les moyens mis enœuvre pour les prévenir.L’ISTP n’est qu’un des exemples parmitant d’autres de la coopérationfranco-américaine. Celle-ci remonteà 1974 et repose essentiellement surdes programmes de recherche ensûreté nucléaire. L’IRSN vient égale-ment d’envoyer un de ses ingénieursau Sandia National Laboratory, l’undes laboratoires financés par la NRC,qui ne dispose pas elle-mêmed’équipes de recherche propres. “Là-bas, il va travailler sur la chimie del’iode, et notamment étudier l’évolu-tion dans le temps des comportementsdes peintures en matière d’absorptionde cette matière radioactive”, expliqueRichard Gonzalez.

Des échanges réguliersPour la NRC, l’intérêt de cette collabo-ration est évidente : participer aux pro-grammes menés en France permet de bénéficier des laboratoires, du maté-riel et de l’expertise humaine en yapportant son importante contribution

“L es experts de la NRC ont été trèsprésents avant et après les expé-rimentations. Ils nous ont aidés

à définir les objectifs généraux avant delancer les essais. Ils ont participé à l’analyse des résultats et nous ont per-mis d’en tirer le meilleur pour bâtirnotre outil de simulation.” AinsiRichard Gonzalez, spécialiste de la pré-vention des accidents majeurs à l’Ins-titut, définit-il l’apport de la NuclearRegulatory Commission (NRC), parte-naire américain de l’IRSN, au pro-gramme de recherche internationalTerme source. Celui-ci, intitulé ISTP 1,est conduit par l’Institut. Il cherche àréduire les incertitudes sur l’évaluationdes rejets dans l’environnement de produits radioactifs comme l’iode,en cas d’accident de fusion du cœurd’un réacteur à eau sous pression(REP). Les données expérimentalesrecueillies lors de ce programme ser-vent à développer des outils de simu-lation. Ces modèles sont indispen-

Repères N°10 I août 2011

États-Unis

35 années de recherche transatlantiqueLa Nuclear Regulatory Commission, autorité de sûretéaméricaine, et l’IRSN partagent des programmes de recherche en sûreté nucléaire. Principale thématiqueétudiée : les accidents graves.

Les missions de la NRCCréée en 1975, la Nuclear RegulatoryCommission est l’autorité de sûreténucléaire et de radioprotection américaine.Elle supervise trois grands domaines :■ les réacteurs civils, de recherche

et expérimentaux;■ l’utilisation de matériel nucléaire dans

des applications médicales, industrielles et universitaires, et les équipements qui produisent du combustible;

■ la gestion des déchets : transport,stockage et traitement;démantèlement des sites.

Autres accords en cours■ Programme de recherche Phebus qui a pour objectif de réduire l’incertitude

liée à l’évaluation des rejets en cas de fusion de cœur d’un réacteur à eau sous pression.■ Programme avec le réacteur de recherche Cabri, pour étudier le comportement

de combustible en situation accidentelle.■ Accord d’inspection sur la tuyauterie en inox dans les installations nucléaires

(circuit de refroidissement, par exemple).■ Participation d’un expert de l’IRSN à l’analyse critique de la révision du Terme source

de référence de la NRC.

1. International Source Term Program.

INTERNATIONAL

IRSN

Deux chercheurs de l’IRSN étudient la chimie de l’iode dans un programme avec la NRC.

Page 17: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

L e radon, est-ce grave ? Faut-ilmettre la pression pour agir? Quelaccompagnement pour les habi-

tants? Sur qui s’appuyer pour réussir?Quatre questions auxquelles quinzehabitants de Loire-Atlantique, aux pro-fils variés, ont accepté de répondre lorsd’un atelier citoyen. Mise en place parl’IRSN en 2010, cette nouvelle approchea été testée : quatre jours d’informa-tion sur le thème du radon, avec l’in-tervention de plusieurs experts de dis-ciplines et d’horizons divers (IRSN,ministères, associations, élus...), puisdeux autres journées dédiées à l’élabo-ration par les citoyens d’un avis com-mun remis à l’Institut.

De la curiosité à la séductionLes habitants qui ont parti-cipé à cet atelier citoyenl’admettent sans détour :ils ne connaissaient pas lesujet. “J’avais entendu par-ler de la radioactivité dugranit en Bretagne ou dansle Massif central, mais le radon

ration ont été formulées, tant au niveaude l’organisation que de la méthode:espace de travail moins confiné, tempsd’information moins long pour éviterla saturation et les redites, etc.

De l’avis des citoyens à celui des expertsHumblement, Guillaume reconnaîtque l’avis émis par leur groupe ne pro-pose pas d’idée nouvelle. “Mais il amontré qu’un groupe de citoyens pou-vait rendre un avis intéressant, validantla démarche même de cet atelier.”Aline et lui sont venus en décembreprésenter leurs conclusions au groupede travail interne de l’IRSN, qui tra-vaille depuis mai 2010 à définirles priorités stratégiques de l’Institutsur le thème du radon. “Notre avistranché a dû les étonner”, ajouteGuillaume, faisant allusion à l’opposi-tion des quinze citoyens à une hyper-réglementation, à leur propositiond’une stratégie d’action mêlant sensi-bilisation et information, et à leur sou-hait de disposer de relais régionaux et locaux (mairies, communautés de communes, médecins, etc.). Inutilede dire que les quinze sont impatientsde connaître la suite.■

en lui-même ne m’évoquait rien, si cen’est de vagues souvenirs de chimie”,témoigne Guillaume, 50 ans, consul-tant informatique. C’est davantagel’expérience d’un atelier citoyen quele sujet en lui-même qui a interpelléles participants. “J’étais curieuse deconnaître l’avis des autres, de voircomment allait s’organiser la prise deparole et comment un consensus pou-vait émerger”, admet de son côtéAline, 36 ans, mère de deux enfants,en recherche d’emploi.Aujourd’hui, les deux “citoyens” sedisent séduits par la méthodologie :“débat honnête”, “information acces-sible” sont autant de qualités qu’ilsreconnaissent à l’atelier. Autre point

apprécié : la qualité de l’animationdu groupe qui a permis à cha-

cun de s’exprimer sans sesentir jugé, qui a su “guidersans orienter”. Pour autant,quelques pistes d’amélio-

17 Repères N°10 I août 2011

Guillaume, consultantinformatique, a participé à unatelier citoyen sur le radon.

Une “conférence” devenue “atelier”La mission chargée de réfléchir auxinitiatives à prendre en vue de renforcer la transparence de l’Institut et son ouvertureà la société avait proposé différents typesd’action, dont des “conférences decitoyens”, à tester. “En pratique, l’IRSNa choisi une méthodologie plus simple,à savoir un atelier citoyen. C’est un dispositif moins coûteux et qui prend moinsde temps, qui permettait au groupe detravail interne de l’IRSN de disposer de cetavis citoyen avant d’avoir lui-même à rendreses conclusions sur le radon”, expliqueSylvie Charron, qui a piloté cet atelier. Ainsi,la définition du projet et sa méthodologieont été rédigées en juillet. L’atelier a été mis en œuvre et un comité de pilotageconstitué en septembre pour orienter et valider le choix des questions, du lieu,des profils des participants et desintervenants... Ce qui a permis d’organisercet atelier avant la fin 2010. “Les résultatsobtenus confirment qu’il est possibled’impliquer des citoyens ‘ordinaires’ dansdes débats complexes”, ajoute-t-elle.

Oliv

ier S

eign

ette

/Mik

aël L

afon

tan/

IRSN

Des experts de l’IRSN mesurent le radon chez un particulier

dans le Finistère.

OUVERTURE À LA SOCIÉTÉ

Atelier citoyen

Un nouveau dispositif à l’essaiL’atelier citoyen mis en place par l’IRSN est-il une bonne idée pour connaître les attentes des Français? Est-il réalisable et efficace sur le terrain? Réponses avec un premier test, sur le thème du radon dans l’habitatprivé, organisé à Nantes fin 2010.

DR

Des experts de l’IRSN mesurent le radon chez un particulier

dans le Finistère.

Page 18: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

Repères N°10 I août 2011

chaque département. La premièregénération de balises sentinelles avaitété installée après l’accident de Tcher-nobyl. Aujourd’hui, place au redéploie-ment et à la modernisation. Notre payscomptera à terme près d’un millier depoints de télésurveillance, en incluantles sondes installées par les exploitantsautour des centrales nucléaires.Ce maillage à la fois mieux réparti etplus serré s’accompagne d’un sauttechnologique. Un nouveau type desonde est adopté, des compteurs pro-portionnels se substituant aux comp-teurs Geiger Müller pour une plusgrande précision des mesures. Le sys-tème de transmission reliant chaquesonde à la salle de télésurveillance duVésinet (Yvelines) est modernisé, avecune ligne ADSL privatisée. Enfin, lesystème de supervision des sondes,couplé au système d’astreinte 24 heuressur 24, est lui aussi rénové. Il sera plusévolutif et permettra d’accueillir d’au-tres types d’équipements.

Suivre la radioactivitéambiante en quasi temps réelL’accident de la centrale de Fukushimaa d’ores et déjà permis de tester ce nou-veau système et d’accélérer son dé-ploiement outre-mer. “À l’annonce del’accident, nous avons bousculé notreplanning d’installation des nouvellessondes dans les Drom-Com1, où il étaitprévu de remplacer l’ancien matériel”,se souvient Nathalie Chaptal-Gradoz,spécialiste de la surveillance radio-logique de l’environnement à l’IRSN.Valise diplomatique, recours à la gen-

Téléray

Le réseau de télésurveillance se modernise

L ’Institut a lancé un vaste pro-gramme de rénovation de sonréseau Téléray, dispositif de télé-

surveillance du rayonnement gammaambiant en France. Il consiste à renou-veler le parc de balises vieillissant pardes équipements de nouvelle généra-tion et à fiabiliser la transmission desdonnées.D’ici à 2015, 420 nouvelles balisesseront installées par l’Institut, dans unrayon de 10 à 30 km autour des instal-lations nucléaires ainsi que dans

Plus de 400 sondes couvriront bientôt le territoirefrançais pour surveiller les élévations inhabituelles de rayonnement gamma dans l’air. Fukushima a conduità accélérer le déploiement des sondes outre-mer.

18

Un ingénieur et deux techniciens de l’IRSNinstallent une balise nouvelle génération.

ENJEUX & STRATÉGIE

darmerie nationale, coopération inter-ministérielle: les sondes ont été misesen place dans un temps record. L’am-bassade de France à Tokyo a été équi-pée d’une balise nouvelle génération,dès le 18 mars, à peine une semaineaprès la catastrophe.Ces sondes étaient en mesure de détec-ter toute élévation anormale de radio-activité dans l’air, à raison d’une me-sure toutes les cinq minutes, envoyéeau poste de supervision du Vésinet. Entemps normal, seule la moyenne quo-tidienne des mesures de chaque sondeest publiée sur le portail de surveillancede l’environnement du site Internet del’IRSN. “À l’approche des masses d’aircontaminées en France, notre site a étésaturé, raconte Nathalie Chaptal-Gra-doz. Nous avons dû ouvrir un site dédiéau suivi de Fukushima. Nous en avonsprofité pour donner des mesures misesà jour environ toutes les quatre heures,publiées à une fréquence non plus quo-tidienne mais horaire. Cela a permis auxinternautes de suivre en quasi temps réelle niveau de rayonnement sur tout le territoire.” Finalement, les sondes deTéléray n’ont rien détecté d’anormal,les niveaux de rayonnement émis parles masses d’air contaminées étant tropfaibles. Mais elles ont offert à tous uneinformation transparente.■

Herv

é Bo

uilly

- So

urce

:IR

SN

Mag

ali D

elpo

rte/IR

SN

1. Départements et régions d’outre-mer, collectivités d’outre-mer.

Balises existantes remplacées d'ici à 2015 par des sondes nouvelle générationBalises à installer d'ici à 2015

Couverture en métropole actuelle et prévisionnelle pour le futur.

Le réseau Téléray en 2015

Un ingénieur et deux techniciens de l’IRSNinstallent une balise nouvelle génération.

Page 19: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

L’évaluation de la recherche de l’IRSN

Une démarche de progrèsPour la première fois en 2010, l’Institut a été évalué par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres). Préparé pendant un an et demi, cet audit a porté sur quatre unités de recherche de l’IRSN —environnement, radioprotection de l’homme, neutroniqueet confinement, sûreté des réacteurs—, puis sur l’établissement. Cette démarche permet des’autoévaluer et de progresser. Zoom sur les grandes étapes et les pistes d’amélioration retenues.

Herv

é Bo

uilly

- So

urce

:IR

SN

• Anticiper sur les besoins en compétence humaine, recruter par anticipation.• Clarifier une stratégie de recherche à long terme en renforçant, par exemple, l’implication du conseil scientifique.• Structurer et hiérarchiser les partenariats avec le monde académique – dont une dizaine d’universités – et international.

Constitution du dossier par l’IRSN• Identifier l’existant, repérer les améliorations possibles (missions), expliquer comment garantir la qualité des activités (autonomie/responsabilité), mesurer les résultats (indicateurs). Bilan de l’activité des 4 années précédentes et projet des 4 années à venir.• Envoi du dossier à l’Aeres.

Instruction du dossier par l’Aeres• À réception du dossier, constitution d’un comité de visite composé d’experts désignés en fonction de l’activité évaluée.• Analyse du dossier par le comité de visite et préparation des entretiens.

Rédaction du rapport• Rédaction d’une première version du rapport par le comité de visite, validé par l’Aeres.• Envoi du rapport aux structures évaluées pour apporter des corrections factuelles et exprimer, le cas échéant, un droit de réponse.

Notation des unités de recherche• Attribution de notes par l’Aeres, allant de A+ à C. Les unités de recherche de l’IRSN ont obtenu : A+ pour la radioprotection de l’homme, A pour l’environnement et la sûreté des réacteurs, B pour la neutronique et le confinement.

Diffusion du rapport• Mise en ligne du rapport définitif avec les recommandations sur le site Internet de l’Aeres.

Qui sont ces experts du comité de visite ? Des chercheurs, des enseignants-chercheurs, des ingénieurs et techniciens du monde de la recherche académique ou industrielle, française ou étrangère.

Visite des salariés de l’IRSNPar les membres du comité de visite et par un délégué scientifique de l’Aeres. Entretiens avec :

Pour les unités de recherche• Le directeur d’unité sur les faits scientifiques les plus marquants et/ou les évolutions.• Les chefs de service, chefs de laboratoire, chercheurs, doctorants, thésards, salariés de l’unité que l’Aeres juge utile de rencontrer.

Pour l’établissement• Le directeur général, qui présente la stratégie et la politique de l’Institut.• Les membres de l’équipe de direction exerçant des responsabilités, la présidente du conseil d’administration et le président du conseil scientifique.

L’Aeres est une autorité administrative indépendante (AAI). Elle est chargée de l’évaluation des établissements d'enseignement supérieur et de recherche, des organismes

de recherche, des unités de recherche, des formations et diplômes d’enseignement supérieur, ainsi que de la validation des procédures d’évaluation de leur personnel. Son activité s’appuie sur un personnel administratif et scientifique, et mobilise chaque année quelque 4 500 experts.

1 =PRÉPARATION Autoévaluation

3 =RESTITUTION Feuille de route

4 =RECOMMANDATIONS

Axes d’amélioration retenus par l’IRSN

2 =VISITE Esprit d’écoute et respect des hommes

=ÉPARATION Au

out3 de ro

Repères N°10 I août 201119

GOUVERNANCE

Page 20: DOSSIER Radioprotection pédiatrique - IRSN - Institut de ... · l’histoire des rayons X, de la radioac-tivité et de la radioprotection. c 15 et 16 septembre 2011 À l’occasion

Renseignez-vous dès maintenant

Tél. : 01 58 35 71 00

E-mail : [email protected] : www.irsn.fr, rubrique Prestations et formations

*Fa

ire

avan

cer

la s

ûret

é nu

cléa

ire

© Dario Sabljak/Fotolia.com

Les photos d’imagerie médicale sont extraites de la banque d’image de l’INSERM www.serimedis.inserm.frCrâne : Inserm/Depardieu Michel – Thyroïde : Inserm/U335 – Vertèbres lombaires : Inserm/Alpha Pict/Caro Daniel

Jean

-Pie

rre

Copi

tet/I

RSN

Enhancing Nuclear Safety*

Radioprotection des patients : participez à une formation adaptée à votre disciplineVous êtes un professionnel de santé qui délivre des rayonnements ionisantsà vos patients à des fins diagnostiques ou thérapeutiques; vous êtes ingénieur ou technicien de maintenance en charge du suivi d’installations médicales radiologiques… Comment protéger les patients lors d’examens? Comment se conformer à la réglementation?L’IRSN vous propose une formation intitulée « Radioprotection des patients exposés aux rayon-nements ionisants ». Elle se décline, à partir d’un tronc commun, en différents modules en fonc-tion de la spécialité des participants : imagerie radiologique; radiologie interventionnelle;bloc opératoire ; radiologie dentaire ; médecine nucléaire ; radiothérapie ; maintenance etcontrôle de qualité. Des experts en radioprotection médicale de l’Institut animent ces forma-tions, en transmettant leurs connaissances. Les stages sont organisés soit au sein de votreétablissement, soit au cours de sessions programmées au siège de l’IRSN à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Consultez le programme des formations sur le site de l’IRSN.