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Visite d’opérations à Rennes – 5 et 6 juin 2009 CO 2D COllectif Démarche Durable Association loi 1901 ℅ ENSAPLV 144 avenue de Flandre 75019 Paris 12h : ZAC Beauregard à Rennes : Urbaniste / Paysagiste de la ZAC : Agence Ellipse / Cabinet Osty

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12h : ZAC Beauregard à Rennes : Urbaniste / Paysagiste de la ZAC : Agence Ellipse / Cabinet Osty

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SOMMAIRE

Des résultats encourageants pour le cahier de prescriptions................................................15

I. Des acquis faciles à reproduire .........................................................................................15

1. Des résultats indépendants de Beauregard. .................................................................15 2. Des automatismes pour la plupart sur lesquels certains hésitent encore. .....................15 3. Des découvertes sur Beauregard..................................................................................15

II. Des efforts concluants mais aussi plus contraignants.......................................................16

1. Sur les produits non polluants.......................................................................................16 2. Sur le thermique ...........................................................................................................16 3. Sur la conception intérieure ..........................................................................................16

III. Des cibles optionnelles peu convaincantes .....................................................................17

1. Des problèmes de coût par rapport à l’utilité .................................................................17 2. Des problèmes de maîtrise technique...........................................................................17 3. Des problèmes de maintenance....................................................................................17

Des pistes pour poursuivre… ...............................................................................................18

I. Consolider les acquis ........................................................................................................18

1. Au niveau des cibles minimales ....................................................................................18 2. Au niveau des cibles prioritaires....................................................................................19

II. Faire un pas en avant.......................................................................................................19

1. Le solaire écarté ...........................................................................................................19 2. On mise sur l’eau..........................................................................................................20

III. Un travail de communication ...........................................................................................20

1. Auprès des promoteurs.................................................................................................20 2. Auprès des habitants ....................................................................................................21

IV. D’autres pistes à explorer................................................................................................21

1. Sur le problème du stationnement ................................................................................21 2. Sur l’organisation des cœurs d’îlots ..............................................................................22

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Des résultats encourageants pour le cahier de prescriptions

I. Des acquis faciles à reproduire

1. Des résultats indépendants de Beauregard.

On peut tout d’abord noter que certaines cibles étaient déjà respectées par tous les promoteurs sur l’ensemble de leurs programmes et ne sont pas particulières à Beauregard. Il s’agit en premier lieu des normes réglementaires, toutes respectées par les promoteurs rencontrés : niveau réglementaire de 30dB

1 pour l’acoustique, respect de la RT 2000

2, isolation phonique

des descentes d’eaux usées et d’eaux pluviales ou dimensionnement des locaux techniques pour le tri sélectif. Il est à noter que ce dernier était indispensable pour obtenir le permis de construire.

On trouve aussi dans cette catégorie de cibles respectées systématiquement des mesures environnementales faciles à mettre en place et qui ne coûtent pas plus cher : les systèmes de régulation et de contrôle haute performance pour le chauffage, les limiteurs de pression, les chasses d’eau 3/6 L.

2. Des automatismes pour la plupart sur lesquels certains hésitent encore.

Certaines mesures sont systématiques chez la plupart des promoteurs mais un ou deux promoteurs les refusent encore. C’est le cas des mitigeurs à double débit, mis en place par 71% des promoteurs. Seuls deux sont encore réticents : car le mitigeur consomme toujours un peu d’eau chaude même quand on ne veut que de l’eau froide pour l’un, car cela n’est pas adapté pour remplir des volumes pour l’autre.

3. Des découvertes sur Beauregard.

Certaines cibles étaient déjà respectées par une partie des promoteurs sur l’ensemble de leurs programmes et ont été testées sur Beauregard avec succès par d’autres. On trouvera dans cette catégorie les lampes basse consommation, qui ont été utilisées par 79% des promoteurs dans les parties communes. Le principal reproche qui leur est fait est leur temps de chauffe qui rend ces lampes peu intéressantes sur minuterie. Mais on pourrait résoudre ce problème par une meilleure information des promoteurs sur les divers types de lampes basse consommation existant, en effet d’autres les utilisent systématiquement sur minuterie sur l’ensemble de leurs programmes, cela dépend donc du modèle utilisé. Les deux autres problèmes soulevés sur les lampes basse consommation sont le manque de choix de modèles qui limite la décoration et la peur du vol.

On trouve aussi les douchettes à turbulence, que les promoteurs sont 86 % à avoir utilisées. Certains n’y pensaient pas et sont près à maintenant en mettre sur tous leurs programmes, seul un organisme de logements sociaux locatifs refuse d’en poser par peur que leurs locataires les enlèvent.

On peut aussi noter que le suivi des consommations et de la maintenance a convaincu l’ensemble des promoteurs alors que peu y pensent habituellement. Ce sera mis en place avec le syndic, donc ce n’est vraiment organisé sur aucun programme actuellement. Ce suivi semble facilement reproductible et près à être mis en place sur l’ensemble des programmes. Il reste à savoir ce qu’en pensent les syndics…

Le tri sélectif a été mis en place sur tous les chantiers mais avec différents niveaux d’implication : de l’organisation totale à la simple sensibilisation des entreprises qui restent alors seules responsables du tri sélectif. Une partie des promoteurs a habituellement une démarche très volontariste sur l’organisation d’un chantier propre alors que d’autres ont fait un effort particulier sur Beauregard pour rentrer dans la démarche environnementale.

On peut enfin rajouter à ces cibles minimales une des cibles prioritaires : la limitation de l’utilisation des désherbants qui a été préconisée par 86% des promoteurs. Encore une chose à

1 Décibels 2 Réglementation Thermique 2000

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laquelle « on ne pense pas d’habitude », mais qui est facile à respecter, il s’agit en effet uniquement de préconisation.

La moitié des cibles demandées par le cahier de prescription est donc automatique ou en passe de le devenir pour une grande majorité des promoteurs. Ces cibles ne posent pas de problème financier, dans la majorité des cas il suffit d’y penser. Ainsi même si certains trouvent ça un peu ridicule de leur préciser ces mesures automatiques, il est toujours intéressant de les leur rappeler dans un cahier de prescriptions. Mais à côté de ces cibles sur lesquelles le cahier de prescription n’a eu qu’une faible influence car elles étaient déjà acquises pour la plupart, le cahier de prescription a aussi eu un effet plus marquant.

II. Des efforts concluants mais aussi plus contraignants

1. Sur les produits non polluants

La plupart des promoteurs ont fait un effort important dans le choix des matériaux et des produits utilisés dans la construction de leur programme pour limiter l’utilisation de produits polluants. Mais il est assez difficile, notamment au niveau de la peinture, de garantir qu’aucun produit polluant n’a été utilisé. Les principaux problèmes soulevés par les promoteurs viennent de certains fabricants qui vendent tous leurs produits comme non polluants, et des entreprises qui facturent beaucoup plus cher ce qu’ils ne sont pas habitués à faire avec les promoteurs avec qui ils travaillent souvent. La plupart sont d’accord pour tenter de généraliser ce travail aux programmes non estampillés « environnement », mais seulement dans la mesure où ce n’est pas plus cher. L’effort des promoteurs sur Beauregard aura donc été plus important que ce qu’ils font habituellement ou prévoient de systématiser.

2. Sur le thermique

C’est sur ce point que la majorité des efforts ont porté, tous sont allés au-delà de la RT 2000, et 86% des promoteurs ont dépassé les 10% au-dessus de la RT 2000 demandés par le cahier de prescriptions. Le gain sur la RT 2000 varie de 6.6% à 17.6%. On trouve une moyenne sur la ZAC pondérée avec les surfaces de 13% au-dessus de la RT 2000.

Les efforts ont porté sur la ventilation, avec des VMC hygroréglables chez 86% des promoteurs, et surtout sur les matériaux afin notamment de limiter voire d’éliminer complètement les ponts thermiques. Ce travail sur les matériaux sains, durables et performants intéresse beaucoup les promoteurs car il entre dans une démarche globale de qualité qu’ils peuvent vendre, alors que la ventilation hygroréglable soulève des réserves : un promoteur avance des problèmes de maintenance.

3. Sur la conception intérieure

Le travail sur la conception intérieure avait deux objectifs : l’éclairement naturel général et les pièces de « rangement ». Pour les pièces de « rangement » (celliers, arrières cuisines), la plupart des promoteurs en ont installé dans leurs plus grands logements. Ces pièces pourront notamment servir pour le pré-tri des déchets. Les promoteurs travaillent beaucoup sur ce sujet car c’est une attente des clients. Par ailleurs, le problème du pré-tri est un peu difficile à aborder car ce ne sont pas les promoteurs qui aménagent les cuisines, c’est donc surtout des habitants que dépend le problème. Il n’est pas possible à ce stade de l’étude de déterminer l’impact qu’a eu cette cible puisque aucun logement n’a encore été livré.

Pour ce qui est de l’éclairage naturel, il y a eu un effort très important pour les parties communes qui sont éclairées naturellement sur 79% des programmes. Par contre, cela a été nettement plus difficile pour les salles de bains puisque seules 31% des salles de bains sont en éclairage naturel. Ce score s’explique par le fait que ce sont les programmes sur lesquels il y a le plus d’appartement qui ont le plus de difficultés pour mettre des salles de bain en façade ou en pignon. Les efforts sur les immeubles plus petits sont donc un peu noyés par les programmes plus importants. Pourtant le travail a été réel, l’OPAC a même réussi à éclairer naturellement l’ensemble des salles de bain du programme « Le jardin d’Emeraude ». Enfin, 43% des promoteurs ont pu assurer un éclairage naturel partiel des parkings. Il y a d’ailleurs une sensibilisation à faire sur ce

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point car certains considèrent l’éclairage naturel des parkings impossible ou presque. L’effet de site est effectivement là très important mais des solutions existent pour assurer un éclairage naturel ne serait-ce que partiel sur la plupart des parkings souterrains.

Le cahier de prescriptions a donc permis des avancées assez notables sur le plan de l’utilisation des produits non polluants, de l’éclairage naturel et surtout de la performance thermique, objectif principal et prioritaire de ce cahier. La question se pose maintenant : faut-il exiger toujours plus dans ce domaine, notamment en prévision de la future réglementation thermique qui devrait encore demander un gain de 15% par rapport à l’actuelle réglementation ? Ou vaut-il mieux consolider ces acquis et s’attaquer à d’autres problèmes ? En effet, toutes les cibles n’ont pas été atteintes et certaines n’ont convaincu aucun promoteur.

III. Des cibles optionnelles peu convaincantes

Aucune cible optionnelle n’a été retenue, sauf peut-être la récupération des eaux pluviales qui est encore à l’étude chez un des promoteurs rencontrés. Il s’agit maintenant de comprendre pourquoi aucune de ces cibles n’a convaincu les promoteurs.

1. Des problèmes de coût par rapport à l’utilité

Le premier problème avancé est celui du coût. Certaines cibles ont ainsi été étudiées, puis abandonnées an raison de leur coût. De plus, avec le chauffage urbain qui apporte déjà des contraintes et des économies sur la facture d’énergie, le solaire faisait plutôt double emploi et paraissait inutile. Les solutions solaires n’étaient donc pas rentables par rapport au surcoût qu’elles impliquaient. Certains se disent ainsi près à faire du solaire s’ils recevaient des subventions pour faire du solaire. Les subventions de l’ADEME leur sont donc soit insuffisantes, soit inconnues.

La récupération des eaux pluviales engendre le même problème, c’est cher et si la récupération n’est que pour le lavage des parties communes et l’arrosage, ce serait inutile d’après certains promoteurs. En effet, selon leurs dires, les gens arrosent peu et le nettoyage des parties communes n’est pas fait à grande eau. L’intérêt d’un tel système de récupération leur semble donc limité.

2. Des problèmes de maîtrise technique

Un autre inconvénient de ces solutions « technologiques », c’est qu’ « on ne les maîtrise pas encore très bien ni au niveau installation, ni au niveau impact à long terme ». Ce qui est donc en contradiction avec la logique de qualité et de durabilité qu’ont les promoteurs qui entrent dans une démarche environnementale. Pour les systèmes de récupération des eaux pluviales, ce sont ainsi les problèmes sanitaires et de traitement de l’eau qui sont mis en avant. Les promoteurs ont peur de jouer les « apprentis sorciers » et d’investir sur quelque chose qui dans 10 ans sera considéré comme une aberration écologique.

La récupération de la chaleur latente de l’air semble complètement inconnue aux promoteurs qui soit n’en parlent pas, soit disent ne pas maîtriser du tout les techniques permettant cette récupération.

Le second problème lié à cette maîtrise technique est l’image du promoteur. En effet « les clients ont aussi peur de ces innovations » et si une de ces installations pose un problème il va immédiatement se tourner vers le promoteur. On peut comprendre qu’un promoteur ne veuille pas tellement investir dans des installations qui risquent de faire fuir certains de ses clients.

3. Des problèmes de maintenance

Enfin, on ne peut pas écarter les problèmes de maintenance. En effet comme pour toute technique nouvelle, les gens capables d’entretenir une installation solaire par exemple ne sont pas encore très répandus.

La difficulté liée à la maintenance crée des problèmes de deux ordres : d’une part le risque d’usure plus rapide dû à une mauvaise maintenance, qui va à l’encontre de l’objectif de durabilité et

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d’autre part le coût de la maintenance pour les futurs occupants. Si cela coûte plus cher à l’habitant que ce que ça lui rapporte, il va être très difficile de le convaincre, et si le client n’est pas convaincu le promoteur sera plus réticent.

Ces problèmes de maintenance sont en fait particulièrement importants dans le logement collectif privé et ont une influence bien moindre sur les équipements publics sur lesquels on peut mettre en place les mesures présentées en cibles optionnelles. Par exemple le double réseau d’eau indispensable à la réutilisation des eaux pluviales dans des toilettes sera plus facilement gérable s’il circule dans la même propriété sur toute sa longueur. Si ces cibles sont encore trop éloignées dans le logement collectif privé, elles deviennent tout à fait réalisables dans des équipements publics.

On constate donc que ce qu’on proposait comme cibles optionnelles, c’est à dire l’énergie solaire et la récupération des eaux pluviales sont encore très loin pour les promoteurs. A tel point que l’ADEME fait même encore peur à certains. Si on veut continuer dans cette voie, il faudrait donc tout d’abord dédramatiser les installations solaires auprès des promoteurs. Une ZAC en chauffage urbain n’est peut-être pas la meilleure opération pour la sensibilisation au solaire puisque le chauffage urbain est déjà contraignant et très performant. Il serait plus adapté de mettre en place une telle sensibilisation sur une opération avec électricité ou gaz en appoint. On pourrait ainsi mettre en avant les économies sur la facture apportées par le solaire de façon plus démonstrative.

A l’issue de cette étude, on voit donc que le développement durable est de plus en plus (et de mieux en mieux) pris en compte par les promoteurs qui tendent à reproduire les mesures environnementales sur tous leurs programmes et plus uniquement ceux estampillés «environnemental » ou « HQE ». Nombreux sont en effet ceux qui ont une démarche environnementale en interne et la proposent aux aménageurs qui n’ont pas de cahier de prescriptions spécifique. Par contre c’est encore peu mis en avant dans les plaquettes commerciales des promoteurs, car autant c’est bien vu auprès des aménageurs et des collectivités, autant le client hésite. Il veut bien de l’environnement mais pas plus cher. Les promoteurs sont tous près à continuer dans ce sens, mais posent le problème du coût et de la maîtrise des nouveaux procédés. Le cahier de prescriptions leur a paru plutôt réaliste et adapté. Ils ont notamment apprécié la souplesse laissée par la SEMAEB et le dialogue toujours possible qui leur a permis d’avancer dans la limite de leurs moyens. Seules deux cibles leur ont paru incongrues : la VMC pour les parkings, tous ont en effet une ventilation naturelle pour ces espaces, et l’installation de lampes basse consommation dans les logements alors que ce ne sont pas eux qui installent les lampes mais leurs occupants (sauf geste commercial et commun avec ADAME ou Clé ????). Ils souhaitent pour la plupart un retour sur cette démarche, notamment pour voir ce qu’ont fait les autres (pourquoi mettre des guillemets ???). L’autre attente forte est celle d’un catalogue leur donnant par thème tout ce qu’ils pourraient mettre en place pour répondre aux cibles demandées. Enfin, un promoteur propose qu’on organise une réunion de concertation avec les promoteurs, la SEMAEB et la Ville de Rennes auxquels on pourrait rajouter l’ADEME et le Clé pour déterminer ensemble ce que chacun peut faire pour améliorer la démarche environnementale.

Nous allons maintenant voir ce qu’on peut déjà proposer à l’issue de cette étude pour améliorer la démarche, notamment pour la ZAC de Beauregard-Quincé.

Des pistes pour poursuivre…

I. Consolider les acquis

La hiérarchisation des cibles a été globalement appréciée, même si un promoteur a critiqué le côté un peu « fouillis » du cahier de prescriptions. Il s’agit donc de conserver cette hiérarchisation en lui apportant quelques modifications.

1. Au niveau des cibles minimales

Nous allons mettre dans les cibles minimales obligatoires, les cibles respectées par la majorité des promoteurs sur l’ensemble de leur programme. Nous avons donc ici les mesures de bases que chaque promoteur peut prendre, même sur un programme ne se prétendant pas

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environnemental. Nous trouverons donc ici toutes les cibles minimales obligatoires du précédent cahier de prescriptions sauf la VMC dans les parkings qui n’a été mise en place par aucun promoteur ainsi que l’utilisation de produits non polluants. En effet cette cible est capitale mais ressemble plus à un objectif dont il faut se rapprocher le plus possible qu’à une mesure facile à mettre en place ou à installer. On rajoutera aussi dans ces cibles les cibles prioritaires du cahier de prescriptions précédent qui ont été respectées par une large majorité sans générer de contraintes particulières : isolation phonique des descentes d’eaux pluviales et d’eaux usées, mitigeurs à double débit et préconisation de la limitation de l’utilisation des désherbants. Enfin, on pourra rajouter à ces préconisations la remise d’un livret de préconisations (lampes basse consommations, électroménager de classe A, …).

On peut encore s’interroger sur la pertinence de deux cibles : la VMC hygroréglable et le tri sélectif dans les logements. Pour la première, doit-on préconiser ce type de ventilation ou cela rentre-t-il dans les économies d’énergie ? Pour la seconde, les promoteurs peuvent-ils vraiment jouer un rôle dans le pré-tri ou est-ce uniquement de la responsabilité des habitants ?

Pour éviter le côté trop « fouillis », on pourra de plus classer les cibles par thème à l’intérieur de cette partie.

2. Au niveau des cibles prioritaires

On mettra dans cette catégorie les cibles répondant à un objectif de performance plutôt qu’à des mesures particulières à mettre en place. Ce sont des cibles qui peuvent n’être que partiellement remplies même si le but est d’atteindre la performance fixée. Elles sont plus contraignantes et marqueront donc la volonté des promoteurs de faire un programme environnemental.

La performance thermique sera l’objectif principal. La future réglementation thermique prévue pour 2005, qui devrait demander une amélioration de 15% du coefficient de référence par rapport à la RT 2000, sera vraisemblablement applicable au moment des dépôts de permis de construire ou du moins au moment de la construction. Il serait donc inintéressant de prescrire une économie d’énergie de moins de 15% par rapport à la RT 2000. On pourrait tenter de demander encore une amélioration de 5% par rapport à cette nouvelle réglementation, soit 20% par rapport à la RT 2000. C’est une cible contraignante, mais qui attire les clients car une meilleure isolation thermique assure un meilleur confort tout en faisant des économies sur la facture d’énergie. De plus, on peut considérer qu’on devance les évolutions de la réglementation thermique et qu’à demander toujours plus que la réglementation en vigueur on ne fait que permettre aux promoteurs d’être prêts à l’arrivée des nouvelles contraintes. Reste que si on est trop exigeant dans ce domaine, cela risque de geler les autres innovations, la question reste donc encore en suspend.

Le second objectif de ces cibles prioritaires sera la non-utilisation de produits polluants. L’étude auprès des promoteurs a en effet montré que la majorité avait fait des efforts sur ce point sans pour autant réussir à atteindre l’objectif demandé. Il sera de plus intéressant de les informer des différents produits existants répondant aux qualités environnementales.

Enfin, le dernier objectif sera l’éclairement naturel de toutes les pièces des logements, ainsi que des parties communes et des parkings. Il paraît en effet difficile d’imposer d’éclairer naturellement toutes les pièces sur des bâtiments de taille importante. Par contre, on pourrait proposer un travail en second jour qui n’a été que très peu utilisé par les promoteurs. Pour les parkings, une information sur les différents moyens de les éclairer naturellement serait bienvenue, en effet pour certains c’est absolument impossible d’éclairer naturellement un parking souterrain.

Après avoir retravaillé les cibles minimales et prioritaires qui avaient déjà eu un impact certain,

il reste à trouver comment travailler sur les cibles optionnelles. En effet comment avancer si on ne fait que ce que l’on fait depuis toujours ?

II. Faire un pas en avant

1. Le solaire écarté

Nous avons vu dans l’étude des résultats que les promoteurs étaient encore très réticents sur l’énergie solaire. Si la ZAC de Beauregard-Quincé est aussi en chauffage urbain, la prescription de solaire thermique semble vouée à l’échec. On pourra tout de même proposer du solaire photovoltaïque au moins sur les équipements publics. En effet, d’une part la maintenance pose moins

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de problèmes puisqu’il n’y a qu’un seul propriétaire et d’autre part cela pourra servir de vitrine du solaire pour faire de la communication auprès des promoteurs et des habitants du nouveau quartier.

Mais si on écarte le solaire, il faut trouver un autre domaine où proposer des solutions innovantes dans le domaine de l’environnement.

2. On mise sur l’eau

La ZAC de Beauregard-Quincé accordant une place importante au traitement alternatif des eaux pluviales, il serait intéressant d’aller dans le même sens et d’essayer d’avancer dans ce domaine. On pourra proposer plusieurs mesures à mettre en place, de la plus simple à la plus contraignante.

On pourrait ainsi demander comme effort minimal, celui de recueillir les eaux des toitures et des terrasses et de les rejeter sur les espaces verts plutôt que dans le réseau ou alors de les utiliser pour l’aménagement et l’animation des îlots dans des rigoles et des bassins.

La seconde mesure pourrait être de faire des toitures végétalisées sur les immeubles. Cela permet d’absorber une partie des eaux de pluie et de les restituer plus tard par évapotranspiration, ce qui limite le rejet des eaux pluviales dans le réseau au moment où celui-ci est le plus chargé et qui assainit le climat autour de l’immeuble concerné.

Enfin, on pourrait proposer à nouveau la récupération des eaux de pluie pour l’arrosage, le lavage des communs, voire les chasses d’eau à tous les promoteurs, et l’imposer sur les équipements publics.

L’idée générale est donc d’une part de donner aux promoteurs des prescriptions abordables,

tout en leur permettant d’aller plus loin s’ils le souhaitent et d’autre part de leur montrer des équipements publics exemplaires, si possible avec un label Habitat & Environnement ou respectant les cibles HQE. Le but étant de dédramatiser les mesures innovantes auprès des promoteurs et des riverains, l’autre chantier important pour faire avancer la démarche environnementale étant la communication.

III. Un travail de communication

1. Auprès des promoteurs

Ce qui est ressorti des entretiens avec les promoteurs, c’est qu’ils sont d’abord réticents sur ce qu’ils ne connaissent pas et attendent de l’information sur les techniques et les prix pratiqués. En effet en l’absence de maîtrise des prix par le promoteur, les artisans et les vendeurs de produits « écologiques » risquent de leur vendre n’importe quoi à n’importe quel prix. Plusieurs promoteurs souhaitent donc qu’on leur donne un catalogue répertoriant par thème les différents produits et procédés existant pour répondre aux exigences environnementales. Ce catalogue pourra utilement donner des ordres de grandeur des prix des produits présentés, pour permettre aux promoteurs d’évaluer au mieux ce que leur coûtera la démarche environnementale et de négocier les prix avec les entreprises.

Toujours dans ce domaine de la communication, il est aussi important de dédramatiser les solutions innovantes. Les entretiens avec les promoteurs ont montré que l’exemple de l’Allemagne était loin d’être un argument convaincant : « en Allemagne ils sont peut-être performants, mais qu’est-ce que c’est moche ! ». Le côté esthétique est un aspect important qu’on ne peut négliger et les exemples à soumettre aux promoteurs doivent donc en tenir compte. Il faut donc montrer au promoteur non seulement l’intérêt de la récupération d’eau pluviale et des façades végétalisées et que le surcoût est supportable, mais aussi qu’ils ont la possibilité de faire un bâtiment joli. En effet, même si ce critère est éminemment subjectif il joue un rôle non négligeable dans les choix des promoteurs.

Enfin, un promoteur ne peut pas produire de logements si les clients ne les achètent pas et les craintes des clients sont souvent un obstacle à l’innovation des promoteurs. Ainsi certains ont perdu des clients car ils avaient construit l’attique d’un immeuble en ossature bois. Il faut donc continuer le travail de communication et de sensibilisation auprès des habitants.

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2. Auprès des habitants

L’information et la sensibilisation auprès des habitants devront porter sur plusieurs points. Le premier sont les spécificités environnementales de leur programme. Une réunion d’information autour d’un pot de bienvenue pourra expliquer les spécificités des programmes et surtout la manière de les optimiser pour faire baisser la facture énergétique de chaque logement tout en améliorant le confort. On pourra aussi à cette occasion insister sur l’importance du tri sélectif.

Il serait aussi intéressant d’organiser une exposition donnant les particularités environnementales de l’ensemble de la ZAC de Beauregard, notamment sur les coulées vertes et le chauffage urbain, souvent mal perçus par les habitants comme l’a montré l’étude sociologique menée par Cerur pour la Ville de Rennes sur les tranches 1 et 2. Les coulées vertes suscitent des réactions mitigées : le côté « nature » est positif mais les coulées vertes semblent aussi négligées et l’absence d’éclairage inquiète. L’usine d’incinération est, elle, perçue comme anti-développement durable par les habitants, alors que les élus et les professionnels considèrent le chauffage urbain comme un élément fort du développement durable. Il y a donc un fort problème d’image à considérer. Le dernier point à expliquer concernera les prairies qui ne devront pas être considérées comme des pelouses mal entretenues.

A propos des prairies, il serait intéressant de mettre en place une signalisation du type : « Ceci n’est pas un WC pour chiens ». En effet le côté « nature » pourrait laisser croire que les chiens peuvent faire leurs besoins n’importe où, comme en pleine campagne. Par ailleurs si on veut que les enfants ou les plus grands puissent profiter de la prairie, il faut qu’ils puissent marcher et courir dedans sans surveiller sans cesse où ils mettent les pieds. Cela ne suffira évidemment pas à éduquer les maîtres puisqu’on trouve des crottes de chiens sur les trottoirs, mais cela sensibilisera peut-être les plus civiques d’entre eux.

Le problème de la communication est donc bien présent et pourra aider à résoudre une partie des problèmes rencontrés lors de la prise en compte du cahier de prescriptions et de ceux soulevés par l’étude sociologique. Mais ces derniers ne peuvent être résolus par la seule communication, il faut donc essayer de trouver d’autres réponses.

IV. D’autres pistes à explorer

1. Sur le problème du stationnement

Le premier problème mis en avant par l’étude sociologique a été le stationnement, en effet les parkings souterrains sont sous-utilisés tandis que les gens craignent que le stationnement de surface arrive trop vite à saturation. Un des arguments avancé pour expliquer la non-utilisation des parkings souterrains est la difficulté de manœuvre pour rentrer dans ces parkings. La solution pourrait être d’être plus exigeant que les normes actuelles pour l’accessibilité des parkings, notamment en abaissant la pente maximale autorisée et en travaillant sur la visibilité à la sortie des parkings.

Ensuite, il y a la difficulté de décharger les courses quand il n’y a pas d’ascenseur ou que les accès sous-sol sont éloignés des cages d’escalier. La réponse à apporter pourrait être d’avoir autant que possible des accès directs du sous-sol aux paliers et d’aménager des « arrêt-minute » devant l’entrée des immeubles. Ces arrêts permettraient le chargement et déchargement des voitures ainsi que les livraisons.

Mais ces solutions n’ont aucun effet sur ceux qui utilisent leur boxe pour entreposer des affaires : cela aurait même plutôt tendance à les encourager. C’est ici le manque de place dans les boxes et dans les appartements qui est en cause. L’aménagement de celliers ou autres espaces de rangement dans les appartements ou sur les paliers pourrait améliorer la situation, ainsi qu’un bon dimensionnement des garages à vélo. Ce dernier point étant dans l’ensemble bien pris en compte par les promoteurs rencontrés. Dans les immeubles sans ascenseur, un espace pour les poussettes serait aussi le bienvenu si on ne souhaite pas qu’elles encombrent les halls d’entrée ou occupent la place prévue pour les vélos.

Enfin il semble que la manœuvre étant de toute façon toujours plus compliquée pour rentrer la voiture en sous-sol que pour la garder en surface, la méthode la plus efficace soit d’avoir une tension du stationnement de surface. En effet s’il est plus long de trouver une place en surface que de se garer dans le sous-sol, les gens iront se garer dans le sous-sol. Le problème est que les gens se plaignent du manque de stationnement de surface, notamment pour leurs invités ou pour la seconde voiture. Il serait donc intéressant de réfléchir à un système pour pouvoir les garer en sous-sol. On

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pourrait donc rajouter ½ place non fermée par ménage en sous-sol, avec par exemple un système d’interphone à l’entrée du sous-sol ou deux clés (ou cartes d’accès) du parking souterrain par ménage. L’autre solution serait de faire comme à Amsterdam ou en Allemagne sur des quartiers sans voitures et de repousser le stationnement sur un parking en périphérie du quartier, en limitant le stationnement de surface des zones d’habitation aux « arrêt-minute » et au stationnement handicapé. Le problème de ces deux mesures est que ce type de fonctionnement n’est pas dans les mentalités et que réduire l’offre de stationnement de surface risque de déplaire. Ainsi autant les mesures pour faciliter l’accès au sous-sol seront perçues positivement, autant le travail de communication sur la limitation de la place de la voiture sera indispensable si on cherche à diminuer l’offre de stationnement en surface.

2. Sur l’organisation des cœurs d’îlots

L’autre piste que l’étude sociologique nous amène à explorer est celle de l’organisation des cœurs d’îlots, et plus particulièrement des jeux pour enfants. La première mesure, la plus simple, est de veiller à faire installer au moins un banc par cœur d’îlot accessible. Cela permet en effet aux adultes, au moins aux parents, de rester dans le cœur d’îlot avec les enfants. Cela favorise donc la convivialité beaucoup attendue des cœurs d’îlot.

Pour la question des jeux, il semble intéressant de continuer à en installer pour les petits, en effet le cœur d’îlot est un espace encore à leur taille et ils ne dérangent pas trop les voisins. Par contre pour les plus grands (notamment à partir de 8 ans), l’intérêt est plus discutable. Tout d’abord, ils ont besoin de plus d’espace, les prairies peuvent d’ailleurs être un bon moyen de leur en donner. Ensuite, ils risquent nettement plus de déranger les voisins, par exemple par des jeux de ballon. Leurs jeux sont aussi beaucoup plus encombrants que des jeux pour les plus jeunes et ils souhaitent jouer à plusieurs. C’est en effet beaucoup plus attirant de jouer avec d’autres enfants sur une grande aire de jeux que de rester chacun dans son cœur d’îlot sous les yeux des parents. Il serait donc beaucoup plus intéressant de créer une grande aire de jeux sur le parc de Beauregard que d’en créer plusieurs trop petites dans les cœurs d’îlots. Enfin, plusieurs copropriétés n’ont pas installé les jeux (pour petits enfants) prévus pour des problèmes de coût, notamment au niveau de la maintenance, et de responsabilité. Les jeux pour les plus grands risquent de coûter plus cher et les risques d’accident sont aussi plus importants, il y a donc peu de chance que les copropriétaires acceptent de les installer.

Si installer des jeux pour les grands coûte trop cher à la ville, il sera plus intéressant d’aménager un grand espace vert pour courir et jouer au ballon et quelques arbres où grimper ou faire des cabanes plutôt que de faire supporter le coût des jeux aux copropriétés.

Des pistes de réflexion pour améliorer les dysfonctionnements mis en lumière par l’étude

sociologique existent donc. Même s’il est évident qu’on ne peut pas tout résoudre d’un seul coup, les améliorations sont possibles.

Finalement comment faire de Beauregard-Quincé une ZAC exemplaire de développement

durable ? Tout d’abord en acceptant que le résultat ne sera jamais parfait, mais en s’efforçant de le rendre le meilleur possible. Une fois ce constat réalisé, on doit s’appuyer sur ce que les promoteurs savent faire, en leur demandant ensuite des efforts sur d’autres points pour les tirer vers le haut. Ensuite, on insistera sur la communication, outil indispensable du développement durable, car c’est la mobilisation de tous qui fera avancer les choses. Enfin, la réflexion à l’échelle de la ZAC doit se poursuivre pour offrir un ensemble cohérent, de bâtiments et d’espaces extérieurs tous conçus dans la même démarche environnementale.