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Aurélien, c est papa, je t aime Récit Et si la bienveillance sauvait des vies Dr PHILIPPE RODET

Dr PHILIPPE RODET PHILIPPE RODET Aurélien, c’est papa,

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Et si la bienveillance sauvait des vies

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Studio Eyrolles © Éditions Eyrolles d’après : © John Fedele / Getty Images et © lukas_zb / Shutterstock

Portrait de l’auteur : Félicien Delorme © Eyrolles

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À 43 ans, Hervé Treil, dirigeant stressé d’une entreprise, malmène ses collaborateurs : les arrêts de travail et les burn-out se multiplient. Père égaré, Hervé ne sait plus exprimer son amour à Aurélien, son

fils unique. Et quand soudain un drame familial arrive, tout bascule… C’est grâce à la rencontre avec Pascal Leblanc, un médecin urgentiste,

que Hervé découvre la force des comportements bienveillants. C’est alors que sa vie va être bouleversée au point de lui laisser entrevoir ce qu’il n’osait pas espérer : la réussite et le bonheur !

À travers ce récit palpitant, l’auteur nous invite à suivre la transformation d’un homme au bord de la rupture sociale et familiale. Cet ouvrage est avant tout un plaidoyer pour la bienveillance : renouer avec la santé, trouver la voie du succès, découvrir des relations humaines apaisées, tendre vers le bonheur.

Homme engagé, Philippe Rodet a parcouru le monde entier pour sauver des vies dans des pays parfois en guerre. Ancien urgentiste, il a dû apprendre à maîtriser le stress dans les situations les plus désespérées. Depuis plus de vingt-cinq ans, il œuvre à la promotion des comportements bienveillants, éléments clés de la réalisation de soi et du bien-être.Aujourd’hui, à la tête du Cabinet Bien-être et Entreprise, il fait figure d’expert incontournable dans la mise en œuvre de la bienveillance en entreprise. À l’heure d’un mal-être au travail sans précédent, ce médecin d’un genre nouveau prodigue ses bons soins aux entreprises comme à leurs collaborateurs pour les voir rayonner à nouveau.

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Studio Eyrolles © Éditions Eyrolles d’après : © John Fedele / Getty Images et © lukas_zb / Shutterstock

Portrait de l’auteur : Félicien Delorme © Eyrolles

À 43 ans, Hervé Treil, dirigeant stressé d’une entreprise, malmène ses collaborateurs : les arrêts de travail et les burn-out se multiplient. Père égaré, Hervé ne sait plus exprimer son amour à Aurélien, son

fils unique. Et quand soudain un drame familial arrive, tout bascule… C’est grâce à la rencontre avec Pascal Leblanc, un médecin urgentiste,

que Hervé découvre la force des comportements bienveillants. C’est alors que sa vie va être bouleversée au point de lui laisser entrevoir ce qu’il n’osait pas espérer : la réussite et le bonheur !

À travers ce récit palpitant, l’auteur nous invite à suivre la transformation d’un homme au bord de la rupture sociale et familiale. Cet ouvrage est avant tout un plaidoyer pour la bienveillance : renouer avec la santé, trouver la voie du succès, découvrir des relations humaines apaisées, tendre vers le bonheur.

Homme engagé, Philippe Rodet a parcouru le monde entier pour sauver des vies dans des pays parfois en guerre. Ancien urgentiste, il a dû apprendre à maîtriser le stress dans les situations les plus désespérées. Depuis plus de vingt-cinq ans, il œuvre à la promotion des comportements bienveillants, éléments clés de la réalisation de soi et du bien-être.Aujourd’hui, à la tête du Cabinet Bien-être et Entreprise, il fait figure d’expert incontournable dans la mise en œuvre de la bienveillance en entreprise. À l’heure d’un mal-être au travail sans précédent, ce médecin d’un genre nouveau prodigue ses bons soins aux entreprises comme à leurs collaborateurs pour les voir rayonner à nouveau.

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Groupe Eyrolles 61, bd Saint-Germain 75240 Paris Cedex 05

www.editions-eyrolles.com

Mes remerciements vont à Corinne et à Muriel pour leur aide.

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans l’autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploi-tation du droit de copie, 20, rue des Grands Augustins, 75006 Paris.

© Groupe Eyrolles, 2018ISBN : 978-2-212-56983-4

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Docteur Philippe Rodet

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À Marielle, ma fille, qui m’aide à comprendre le présent et à oser penser l’avenir, un avenir que chacun de nous

peut rendre meilleur en osant relever les « défis possibles ».

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Sommaire

1. 2 juillet 2007, 12 heures .................................... 112. 2 juillet 2007, 14 h 15 ........................................ 173. 2 juillet 2007 ..................................................... 23

I Pascal Leblanc Dix ans plus tôt

4. 9 septembre 1997, 8 h 30 ................................... 315. 15 septembre 1997 et les jours suivants ............. 376. 5 février 2002 .................................................... 437. 9 mai 2002 ........................................................ 478. 13 juin 2007 ...................................................... 539. 18 juin 2007 ...................................................... 6110. 2 juillet 2007, 14 h 30 ........................................ 6311. 2 juillet 2007, 21 heures .................................... 69

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II Hervé Treil

Neuf ans plus tôt

12. 1er février 1998 .................................................. 7713. 28 août 1998 ..................................................... 8114. 3 février 2000 .................................................... 8715. 4 février 2000 .................................................... 9316. 10 juillet 2005 ................................................... 9917. 20 juillet 2005 ................................................... 10318. 1er août 2006 ..................................................... 111

III Aurélien

19. 1er septembre 2006 ............................................ 11920. 18 décembre 2006 ............................................. 12321. 13 avril 2007, 8 h 30 .......................................... 13322. 1er mai 2007 ...................................................... 13923. 2 juillet 2007, 8 heures ...................................... 145

IV Quand le vent tourne

24. 5 juillet 2007, 18 h 50 ........................................ 15325. 5 juillet 2007, 19 h 30 ........................................ 15726. 6 août 2007, 17 heures ...................................... 16327. 6 août 2007, 18 heures ...................................... 169

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28. 6 août 2007, 19 heures ...................................... 17329. 6 août 2007, 20 heures ...................................... 17730. 7 août 2007, 18 heures ...................................... 18731. 17 septembre 2007, 17 heures ........................... 19332. 17 septembre 2007, 18 h30 ............................... 19933. 18 septembre 2007, 9 heures ............................. 20734. 20 septembre 2007, 11 heures ........................... 21535. 20 septembre 2007, 20 heures ........................... 22136. 3 juillet 2017 ..................................................... 225

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2 juillet 2007, 12 heures

« Quelle chaleur ! », enragea Hervé Treil, en sueur, tout en desserrant le nœud de sa cravate. En enfilant ce matin- là son costume trois pièces en tweed gris, le quadragénaire ne s’était pas méfié. Il pensait que cette journée ressemblerait en tout point aux précédentes, qu’elle serait grise et pluvieuse. À moins de garder un œil vigilant sur la météo, il était devenu de plus en plus difficile de se repérer ! « Foutu changement climatique ! », grogna- t-il !Ce midi de juillet 2007, le mercure était subitement monté à 40 degrés. Du jamais vu à Oyonnax !« Comment font ces Africains tout au long de l’année ? », réalisa- t-il soudain.Mais cette soudaine compassion pour les peuples du Sud s’arrêta dans la seconde qui suivit. Hervé n’était pas du genre à s’atten-drir, et s’il l’avait été un jour, ce n’était plus le cas. Son cœur s’était vidé de toute trace d’empathie. Il n’y avait que lui qui comptait. Ou pour être plus exact : son travail. Du matin au soir, il n’avait qu’un mot à la bouche : boulot, boulot, boulot !

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Dossiers, chiffre d’affaires, rentabilité de l’usine… qu’il dirigeait à présent depuis deux ans ! Le reste passait au second plan.Néanmoins, en cette matinée accablante, un détail l’intriguait. Pour la dixième fois consécutive, il regarda dubitatif le portrait de son fils posé sur son bureau. En temps normal, il n’y prêtait jamais attention. Était- ce la fatigue qui le minait ou bien un début d’Alzheimer qui le menaçait, il n’arrivait pas à se souvenir de l’âge d’Aurélien sur le cliché. Avait- il 10 ou 11 ans dessus ? Hervé n’avait qu’une certitude : l’image datait d’environ dix ans en arrière. 1997-1998 ! Une époque pleine de promesses, mais hélas révolue ! Était- il d’ailleurs présent le jour où cette photo avait été prise ? Impossible de se souvenir ni de son auteur, ni du lieu. « Il faudra sans doute quand même aller consulter », s’inquiéta- t-il. Dessus, Aurélien fixait l’objectif. Il avait ce regard interrogateur et un brin moqueur qu’Hervé avait tant de mal à supporter chez son fils.« Petit vaurien ! Quand vas- tu enfin comprendre ? La vie n’est pas faite pour se tourner les pouces ! »En reposant le cadre, Hervé le renversa.« Ce machin ne tient plus ! », marmonna- t-il et agacé, il le rangea dans un tiroir. Pour la énième fois, il s’essuya le front avec son mouchoir défraîchi tout en continuant à maugréer des mots que lui seul entendait.« Mais regardez- moi ça ! Quelle bande de nases ! Comment ont- ils pu arriver à ce résultat ? » En buvant d’une traite son verre d’eau, il attrapa fébrilement la télécommande du ventila-teur pour le mettre en marche. Soudain, la machine expulsa du moteur une grosse mouche. Le diptère s’écrasa brutalement sur un dossier. À bout de nerfs, Hervé le pulvérisa d’un coup- de-poing. Réduit en bouillie, l’insecte (ou plutôt ses restes) ornait à présent la pochette plastique du document. Hervé l’essuya d’un revers de Kleenex. À la guerre comme à la guerre !« De toute façon, ce torchon ne tient pas la route, se rassura- t-il tout seul. Stéphane devra le refaire. Ah Bernard, si au moins,

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tu étais là ! », se plaignit- il en fixant un portrait accroché sur le mur au fond de la pièce.L’image de Bernard Entier, son ancien patron, s’avérait tout aussi défraîchie par le temps que celle d’Aurélien. Mais elle était plus grande. À la mort de Bernard, Hervé s’était juré d’ho-norer dignement sa mémoire. Il avait insisté pour placarder ce gigantesque tableau face à son bureau. Pour ne pas l’oublier. Bernard représentait son mentor. Bien plus encore : un vrai père ! On n’effaçait pas ainsi les traces de ceux qui vous avaient tout donné ! « Hors de question de le décevoir » représentait la devise que cet homme de 43 ans se répétait mentalement comme un mantra, du matin au soir.« Gisèle ! », cria- t-il à travers les parois de la cloison. À 60 ans, sa secrétaire comptait à présent sur les doigts de la main les mois qui la séparaient de la retraite. Depuis qu’Hervé avait pris la succes-sion de Bernard, elle ne supportait plus l’ambiance au travail ! « Et dire que Bernard avait une si grande confiance en son poulain ! En le voyant, il doit se retourner dans sa tombe. » Cette réflexion, elle la gardait sous silence, mais elle n’en pensait pas moins.Sous prétexte de modernité, Hervé avait instauré des méthodes de travail complètement absurdes. Et depuis qu’il avait signé ce gros contrat avec UberwallPlastik en Allemagne, la situation s’était dégradée encore davantage. Avec l’introduction de la technologie 2.0 sur les presses, les deux cent cinquante ouvriers de l’entreprise devaient désormais chacun consigner par e- mail leurs objectifs atteints dans la journée. Et devinez qui devait contrôler toute cette littérature ? Gisèle, qui venait tout juste de se former au Web 2.0 ! Les petits gars avaient déjà du mal à se servir d’un ordinateur et n’avaient certainement pas les moyens de s’offrir un smartphone. L’usine ne comptait que dix ordinateurs, occupés par l’équipe administrative. « Ajoutez à ce tableau ou plutôt enlevez- lui les dix salariés récemment licenciés ! Une pure folie, rumina Gisèle. Qu’il ne compte pas sur moi pour former les gars en informatique, ni pour leur prêter mon ordinateur sur mon temps de travail ! »

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Plasticar et Bernaval n’avaient décidément plus rien à voir avec l’esprit des deux entreprises que Bernard Entier avait bâties à la sueur de son front, il y avait près de quarante- cinq ans. Gisèle et Bernard s’étaient connus enfant. À l’époque, le papa de Bernard, Gabriel, avait embauché le père de Gisèle, Jean, à la ferme. Elle les revoyait encore tous les deux sur le tracteur au milieu des champs. Au décès de Gabriel, Bernard, qui avait alors 24 ans, avait décidé de vendre l’exploitation agricole pour racheter une usine de plasturgie. Il avait promis au père de Gisèle de le réembaucher. Ce n’était plus qu’une question de temps. Malheureusement, un cancer foudroyant avait emporté Jean en l’espace de dix mois. Atteinte de polyarthrite rhuma-toïde, sa femme se sentait incapable de reprendre un travail. Un double choc pour Gisèle ! En plus de la perte subite de son papa, elle avait dû également abandonner ses études et son projet de devenir secrétaire, qui lui tenait tant à cœur pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses deux frères cadets alors âgés de 8 et 12 ans. De sept ans son aîné, Bernard lui avait alors offert un poste à Bernaval. Il était comme cela Bernard : généreux et solidaire !« Travaille bien et tu iras loin », lui avait- il promis au moment de son embauche à 18 ans comme ouvrière sur cette rutilante ligne de presse. Il lui avait même promis, qu’ils prendraient ensemble leur retraite ! L’industrie de la plasturgie était à cette époque en plein boom. Et Bernard n’avait pas menti, sauf sur un détail, mais ce n’était pas de sa faute : il était parti avant elle ! Pour le reste, il avait dit vrai. Les quatre premières années, elle avait réussi à devenir responsable d’une équipe. Voyant qu’elle était intelligente, il lui avait offert une formation de dactylo en cours du soir. Elle se revoyait encore ce jour- là en larmes, quand il l’avait promue secrétaire de direction ! La vie lui avait fait prendre un chemin de traverse pour la mener exactement à son aspiration première ! Un miracle en soi ! À 24 ans, elle avait fina-lement réalisé son rêve. C’est ainsi qu’elle et son mari avaient pu s’acheter par la suite leur pavillon à Vaux- Saint-Sulpice

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dans le Haut- Bugey et payer les études supérieures de leurs deux enfants. Si seulement son père pouvait la voir, il serait tellement fier !« Gisèle, vous m’entendez ? », hurla de nouveau Hervé.Au même moment, le téléphone de la secrétaire de direction sonna. À l’autre bout du fil, Alain, un proche collaborateur, insista pour parler urgemment à Hervé. Gisèle hésita cinq secondes. Finalement, elle lui transmit l’appel. Sans savoir de quoi il retournait, elle entendit son patron vociférer comme un fou dans l’appareil.« Ne le retenez pas ! Voilà une bonne leçon pour ce vaurien ! Qu’il se sorte les doigts du cul ! Une bonne fois pour toutes ! Et cela vaut pour tous les salariés de cette entreprise ! Je vous repasse Gisèle ! Rapportez- lui les faits ! »En raccrochant, Hervé sortit du tiroir la photo d’Aurélien. Furieux, il la jeta à la poubelle.Quand Gisèle entendit les explications d’Alain, son visage se décomposa. Cette fois- ci, elle craignait le pire.

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2 juillet 2007, 14 h 15

« Tu connais la dernière ? », questionna Jean- Pierre, le regard malicieux.Au ton de sa voix, Pascal Leblanc, médecin urgentiste, saisit immédiatement que derrière l’empressement de son collègue à lui raconter les derniers ragots se cachait une irrésistible envie de rire. Oui, cela sentait la blague. Pascal en aurait donné sa main à couper ! Depuis deux ans qu’il travaillait aux urgences, plus rien ne l’étonnait. Ce service qui accueillait un concentré des aléas les plus durs de la vie, nécessitait bien quelques blagues pour surmonter l’inacceptable : notamment cette mort injuste et scandaleuse qui fauchait régulièrement les jeunes âmes sans crier gare. Pour surmonter ce stress inhumain, les équipes se blindaient derrière un rire acerbe et parfois très cru. Au fil du temps, Pascal avait adopté l’humour de cette profession, qu’elle possédait en secret, bien à l’abri des patients et ceci dans un souci de crédibilité absolu !« Non, écoute- moi, Pascal, je suis sérieux, insista Jean- Pierre. Une visiteuse médicale avait rendez- vous ce matin avec le chef de service. Imagine, imagine. En entrant dans le bureau, la

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dame balaie du regard la pièce, surprise et surtout gênée. “Vos collègues sont des petits drôles !”, lui a- t-elle fait remarquer. Sur le bureau, trônait un dossier, et entre les feuilles, pendaient des préservatifs.— Ah les cons, se bidonna Pascal. Vous avez vraiment osé ! »Pascal avait eu vent de la plaisanterie, mais, sur le moment, il n’y avait pas cru. Au regard de Jean- Pierre, nul doute que la farce avait bien eu lieu. Sans doute, le collègue avait- il mini-misé les détails. Après tout, seul comptait le résultat : tout le monde avait ri et Pascal avait ainsi pu décompresser un peu d’une garde interminable commencée trois jours plus tôt.Ce matin encore, il était 5 heures, lorsque son bip avait sonné la première fois. Heureusement, Pascal n’était pas un gros dormeur : cinq ou six heures de sommeil lui suffisaient en général pour se sentir en forme et surtout opérationnel. À peine le temps de se rafraîchir le visage sous un filet d’eau fraîche qu’il avait déjà enfilé sa tenue blanche pour dévaler aussitôt les escaliers de l’hôpital, en direction du SAMU. Trois minutes plus tard, il était assis à l’intérieur du véhicule aux côtés de Marie, l’infirmière- anesthésiste, et de Gaspard, l’ambulancier, un vieux de la vieille dans le métier.Cela faisait deux ans que cette équipe avait l’habitude de travailler ensemble, soudée comme les cinq doigts d’une main autour d’une même cause : sauver des vies, coûte que coûte ! Juste après avoir démarré, Gaspard mit en marche les gyro-phares. Jamais, il ne les aurait oubliés. Et il les gardait toujours allumés jusqu’à la fin de la mission.Gaspard avait une qualité, et non des moindres : il souriait et gardait son calme dans n’importe quelle situation, même les plus dramatiques. Face aux cas les plus durs, impertur-bable, il continuait à afficher de la bonne humeur. Que se cachait- il derrière ce masque d’une rare stabilité ? Ce mystère lui appartenait !

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Marie, célibataire endurcie, possédait, elle, un caractère un brin revêche. Pour lui arracher une émotion, il fallait s’y prendre de bonne heure. D’un genre légèrement différent de celui de Gaspard, mais de la même étoffe, elle ne laissait rien paraître non plus. « Mademoiselle, je contrôle tout et en toutes circons-tances » était aussi parfaite que Gaspard dans son rôle. À côté de ces deux personnages à l’allure insensible, Pascal avait bien des fois dû étouffer ses émotions. À force, il s’y était habitué, comme au reste.Les yeux rivés sur la fenêtre, le médecin adorait ce moment de la journée. Pour lui, rien n’était plus beau que les reflets pastel et dorés de l’aurore sur l’asphalte. Par- dessus tout, il aimait entendre le silence planer sur la ville et le balbutiement de l’activité naissante. Gaspard connaissait les moindres recoins d’Oyonnax. Il pouvait prévoir à l’avance et avec une préci-sion incroyable le tout petit défaut que présentait le bitume dans chaque rue. Quinze ans au même poste, cela ne pouvait s’inventer.Arrivé place du 11 novembre 1943, Gaspard gara le véhicule face au numéro 6. Et aussitôt, Pascal et Marie s’élancèrent pour franchir les escaliers de l’immeuble. Au troisième étage, ils trouvèrent la voisine de la victime qui leur indiqua la bonne porte. En entrant dans l’appartement, ils sentirent une odeur de renfermé. Un chat se frotta aux jambes de Pascal et le suivit jusqu’à l’endroit où se trouvait sa maîtresse. La victime, une vieille femme de 90 ans, gisait au sol sans bouger. Cela faisait plus d’une heure qu’elle se trouvait coincée entre son canapé et la table du salon, dans l’incapacité de se relever. En voulant changer une ampoule électrique, elle était tombée sur la table basse en verre, qui s’était cassée sous son poids. La vieille dame présentait une plaie béante au niveau du tibia. Sans sa montre alarme, qui sait combien de temps elle aurait dû rester encore toute seule, au milieu de son sang ? Heureusement que sa fille avait tant insisté pour lui installer ce dispositif… Elle avait

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oublié de la mettre bien des fois, mais, ce matin, en se réveillant, comme elle n’y voyait rien, elle n’avait pas voulu s’aventurer trop loin sans elle. Grand bien lui en avait pris !En un temps record, Pascal avait repéré cette fracture au tibia. Le temps de conditionner la patiente pour lui éviter une infec-tion, il lui avait dans la foulée administré un traitement pour diminuer la douleur. Pour finir, il avait immobilisé sa jambe grâce à un système spécifique. Et l’équipe l’avait conduite sur- le-champ au CHU de Bourg- en-Bresse.Pascal avait ensuite enchaîné avec une deuxième intervention, bien plus complexe : un arrêt cardiaque. Un homme avait perdu connaissance dans les escaliers de son immeuble. Un voisin l’avait retrouvé inanimé. Les pompiers avaient déjà effectué un premier massage cardiaque. Il fallait agir vite. À leur arrivée, Gaspard, Marie et Pascal avaient échangé un bref regard. Avec le temps, ils n’avaient plus besoin de se parler. Chacun savait en de telles circonstances ce qu’il devait faire. Gaspard avait posé les électrodes sur le patient. Pascal l’avait intubé. Et Marie lui avait injecté de l’adrénaline. Assez rapidement, le cœur était reparti… mais sur un rythme anormal. Heureusement, après un choc électrique externe, ce dernier était redevenu normal, malgré une tension basse, mais stabilisée. Le temps de le trans-porter dans l’ambulance, comble de l’horreur, le patient avait fait un autre arrêt cardiaque. Gaspard avait effectué un nouveau massage et à la demande de Pascal, Marie lui avait injecté une seconde dose d’adrénaline.« Son état se stabilise, allons- y !, avait lancé Pascal à Gaspard.— D’accord Pascal, c’est parti ! »Marie, elle, n’avait pas décroché un mot. Sans doute pour conjurer le sort !Finalement, tout s’était bien terminé. Le patient avait pu être transféré en réanimation. Mais la journée pour Pascal, Marie et

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Gaspard, était loin d’être achevée. Ils avaient à peine fini cette mission que déjà, ils étaient appelés auprès d’un adolescent, retrouvé inconscient sur la voie publique. Le coma était super-ficiel et, après stimulation, l’enfant arrivait à prononcer son prénom et à donner son âge. Impossible de savoir ce qu’il avait avalé, mais une chose était certaine, il y avait de l’alcool ! Marie avait prélevé un bilan et perfusé le jeune. Finalement, ils l’avaient transporté à l’hôpital pour qu’il soit placé sous surveil-lance afin d’éviter notamment qu’il vomisse dans ses bronches. La journée de garde allait durer encore des heures. Pascal ne se faisait aucune illusion, elle risquait encore d’être très agitée. Mais après tout, n’était- ce pas cela qu’il aimait particulièrement dans son travail ?Depuis qu’il avait goûté à l’imprévu, il ne pouvait plus s’en passer. Lorsque les vacances approchaient, hors de question de décrocher, il s’inventait de nouvelles missions à l’étranger. Secourir, se sentir utile pour les victimes, c’était tout pour lui : une vocation avant tout qui le replongeait l’année de ses 11 ans. Un dimanche soir, sur le bord de l’autoroute, Pascal s’était bien juré de ne plus jamais se sentir impuissant face à la mort ! Et il avait tenu sa promesse.

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