42
Prise en charge masso-kinésithérapique d’une artiste équestre à 3 mois d’une rupture du ligament croisé antérieur gauche opérée par ligamentoplastie artificielle Institut Régional de Formation aux Métiers de Rééducation et Réadaptation 54, Rue de la Baugerie 44230 St Sébastien sur Loire AUTRET Emma Travail Écrit de Fin d'Études En vue de l'obtention du Diplôme d'État de Masseur-Kinésithérapeute Région des Pays de la Loire Année Scolaire 2014 - 2015

du ligament croisé antérieur gauche opérée par ... · Pour Boris Dolto1 (2), l’aticulation du genou se pésente comme « un valet soumis à deux maîtres », véritable intermédiaire

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Prise en charge masso-kinésithérapique

d’une artiste équestre à 3 mois d’une rupture

du ligament croisé antérieur gauche

opérée par ligamentoplastie artificielle

Institut Régional de Formation

aux Métiers de Rééducation et Réadaptation

54, Rue de la Baugerie

44230 St Sébastien sur Loire

AUTRET Emma

Travail Écrit de Fin d'Études

En vue de l'obtention du Diplôme d'État de Masseur-Kinésithérapeute

Région des Pays de la Loire

Année Scolaire 2014 - 2015

Résumé / Abstract

Ce travail écrit porte sur la prise en charge de Mlle C., une artiste équestre de 22 ans, opérée

de son genou gauche par la technique de ligamentoplastie synthétique de reconstruction du

ligament croisé antérieur. Cette intervention a fait suite à une rupture du ligament lors d’une

mauvaise réception sur voltige.

L’objectif de la patiente est de reprendre son activité professionnelle le plus rapidement

possible de façon à participer aux diverses représentations nationales et internationales à

venir. L’objectif thérapeutique est, quant à lui, d’obtenir les bénéfices attendus de cette

ligamentoplastie et de répondre ainsi aux exigences de la patiente.

La prise en charge débute à trois mois postopératoire. Le fil conducteur de cette rééducation

s’oriente sur la phase de réhabilitation, à savoir, le renforcement des muscles péri-

articulaires du genou, la proprioception, la réathlétisation générale et la reprise d’activités

sportives.

The presentation regards the management of Miss C., a 22 year-old equestrian circus

performer, who had a knee operation through a synthetic ligament procedure for the

reconstruction of the anterior cruciate ligament. This surgery was a result of a rupture of the

ligament after a bad reception in an acrobatics performance.

The patient’s aim is to rapidly return to her professional activity as soon as possible so as to

participate in the coming national or international performances. The therapeutic objective is

to obtain the expected benefits of this ligament surgery and to meet the patient’s hopes.

The management starts 3 months post-surgery. The goal to this rehabilitation follows the

instructions of rehabilitation section, that is to say the knee peri-articular muscles

strengthening, proprioception, overall rehabilitation and returning to sports activity.

Mots Clés / Keywords

Ligament croisé antérieur synthétique

Proprioception

Prévention

Réhabilitation

Stabilité active

Synthetic anterior cruciate ligament

Proprioception

Prevention

Rehabilitation

Active stability

Sommaire

1. Introduction ........................................................................................................................ 1

2. Rappels anatomo-pathologiques ....................................................................................... 2

2.1 L’articulation du genou ................................................................................................ 2

2.2 Le ligament croisé antérieur ........................................................................................ 3

2.3 La ligamentoplastie synthétique ................................................................................. 5

3. Présentation de l’activité d’artiste équestre ..................................................................... 6

4. Présentation de la patiente et anamnèse .......................................................................... 7

4.1 Histoire de la patiente ................................................................................................. 7

4.2 Anamnèse .................................................................................................................... 7

5. Elaboration du bilan initial – J84 ........................................................................................ 8

5.1 Déficits de structure et de fonction ............................................................................. 8

Evaluation de la douleur .......................................................................................... 8

Evaluation cutané-trophique et circulatoire ............................................................ 8

Evaluation des amplitudes articulaires .................................................................... 9

Evaluation de la sensibilité ....................................................................................... 9

Evaluation musculaire .............................................................................................. 9

Evaluation fonctionnelle ........................................................................................ 11

5.2 Limitations d’activité et restrictions de participation ............................................... 11

6. Bilan diagnostic masso-kinésithérapique ........................................................................ 11

6.1 Diagnostic masso-kinésithérapique ........................................................................... 11

6.2 Objectifs de la prise en charge .................................................................................. 12

6.3 Moyens ...................................................................................................................... 13

7. Traitement masso-kinésithérapique ................................................................................ 13

7.1 Organisation de la rééducation ................................................................................. 13

7.2 Principes et précautions ............................................................................................ 14

7.3 Phase de réhabilitation : reprise d’activité sportive ................................................. 14

Renforcement musculaire ...................................................................................... 14

Reprogrammation sensori-motrice ....................................................................... 19

Temps de récupération musculaire ....................................................................... 20

Retour terrain......................................................................................................... 22

8. Bilan de fin de prise en charge – J.105 ............................................................................. 23

9. Éléments de discussion ..................................................................................................... 24

9.1 Critères de bonne conduite de la pratique professionnelle ...................................... 24

9.2 Analyse de la littérature : critiques et perspective ................................................... 25

Prédispositions féminines ...................................................................................... 25

Programme de prévention ..................................................................................... 27

10. Conclusion ......................................................................................................................... 30

Références bibliographiques & Annexes 1 à 5.

1

Travail Écrit de Fin d’Étude

1. Introduction

Dans le cadre de la formation en kinésithérapie, j’ai réalisé un stage au Centre Européen de

Rééducation du Sportif (CERS) de Saint Raphaël (Var) en septembre 2015. J’ai eu

l’opportunité de prendre en charge la rééducation de différents patients. Mlle C., une jeune

artiste équestre de 22 ans opérée d’une ligamentoplastie synthétique de reconstruction du

ligament croisé antérieur gauche (LCA), en faisait partie.

La particularité de sa profession mais surtout la rareté du type d’intervention chirurgicale

réalisée sont les deux principaux éléments qui m’ont spontanément motivée à approfondir

l’étude de ce cas clinique. A ce stade de mon cursus d’apprentissage, je n’avais encore

jamais été confrontée à la prise en charge, pourtant fréquente, de patients dans les suites de

reconstruction du LCA. Je n’avais, de plus, jusque là jamais entendu parler de ce type

d’intervention, et n’en connaissais pas les principes de suites opératoires.

Une liste de questions s’est alors imposée : Quelles sont les spécificités d’une telle

ligamentoplastie ? Que présente-t-elle comme avantages comparativement à une

ligamentoplastie dite « classique » ? Quelle prise en charge kinésithérapique proposer pour

optimiser la récupération de cette artiste ? Et ce, sous quel délai ? Sous couvert de quelles

contre-indications ? Dans quelle mesure la reprise d’acrobaties et voltiges dans le cadre

d’une représentation circassienne de haut niveau est-elle envisageable, à court comme à

long terme ? La pratique professionnelle, et de ce fait la sur-sollicitation des articulations du

membre inférieur notamment, constitue l’origine de la rupture ligamentaire, un retour au

niveau d’activité initial de Mlle C. ne présenterait-il pas un risque pour la plastie ? Et dans ce

cas, comment préserver au mieux son intégrité ? Les bénéfices de cette ligamentoplastie

valent-ils la prise de risque d’une éventuelle rupture itérative du ligament synthétique, sous

contrainte d’une activité circassienne intense ?

Une telle intervention chirurgicale rend incertaine l’évolution à long terme de l’activité

professionnelle de Mlle C., pour autant l’objectif premier de la patiente est de reprendre sa

formation et de participer aux représentations de l’année future. La problématique suivante

peut alors être formulée : Comment orienter et optimiser une prise en charge masso-

kinésithérapique après rupture du LCA afin d’obtenir les bénéfices attendus d’une

ligamentoplastie artificielle de première intention chez une jeune patiente artiste équestre

dont l’objectif est de reprendre le plus rapidement sa formation professionnelle ?

2

2. Rappels anatomo-pathologiques

2.1 L’articulation du genou

Le genou est composé de deux articulations: l’articulation fémoro-patellaire et l’articulation

fémoro-tibiale, unissant fémur, tibia et patella au sein d’une même poche articulaire. Ces

deux articulations, anatomiquement et fonctionnellement indissociables, ont pour but

d’allier parfaite stabilité et grande mobilité (1).

Pour Boris Dolto1 (2), l’articulation du genou se présente comme « un valet soumis à deux

maîtres », véritable intermédiaire entre hanche et cheville. Tout dysfonctionnement sus- ou

sous-jacent se répercute inévitablement sur le genou. La sollicitation importante qu’il subit

et les contraintes qui y sont associées, autant lors des activités de la vie quotidienne que

sportives, expliquent la fréquence de traumatismes divers ainsi que celle des interventions

chirurgicales qui en découlent (3).

Ainsi, l’objectif principal de la rééducation post-ligamentoplastie s’oriente vers la

récupération de cette mobilité ainsi que celle du contrôle musculaire actif de l’articulation.

Stabilité passive du genou :

Le genou présente une faible stabilité osseuse, il est donc indispensable pour cette

articulation de posséder une stabilité passive et active palliant cette faiblesse.

La stabilité passive repose principalement sur un double complexe ligamentaire, composé

d’un système collatéral associé à un système de pivot central auxquels s’ajoute la présence

des coques condyliennes en postérieur afin d’assurer la rectitude de l’articulation (2).

Le système collatéral se compose de deux ligaments que sont le collatéral tibial et le

collatéral fibulaire. Ces derniers ont pour rôle respectif de limiter les mouvements de valgus

et de varus du genou.

Les ligaments croisés constituent le pivot central de l’articulation, ils sont essentiels à sa

stabilité. Comme leur nom l’indique, ils s’entrecroisent et viennent en contact lors de la

rotation médiale qu’ils vont alors limiter.

Une insuffisance de ces structures passives se traduit cliniquement par une laxité latérale de

l’articulation pour le système collatéral et pour un mouvement de tiroir antérieur ou

postérieur pour les ligaments croisés.

1 Boris Dolto ; pionnier de la kinésithérapie en France, ancien directeur de l’Ecole Française d’Orthopédie et de

Masso-kinésithérapie (EFOM).

3

Stabilité active du genou :

La stabilité active a pour objectif de venir compléter efficacement le système capsulo-

ligamentaire passif. De par leur contraction, les muscles permettent la mobilité de cette

articulation mais constituent également les acteurs primordiaux de sa stabilité active. Ils se

distinguent en trois groupes, permettant un contrôle dans les trois plans de l’espace (2) :

· le secteur antérieur comprend essentiellement les fibres directes et croisées du

quadriceps, il s’étend de la patte d’oie au tractus ilio-tibial

· le secteur postéro-médial se compose du semi-membraneux, du gastrocnémien

médial et des muscles de la patte d’oie (sartorius, gracile et semi-tendineux)

· le secteur postéro-latéral est constitué du poplité, du biceps fémoral ainsi que du

gastrocnémien latéral, associés au tractus ilio-tibial

La notion de stabilité active repose sur les réflexes proprioceptifs. L’ensemble des éléments

cités possèdent des récepteurs dont la sensibilité à l’étirement permet de renseigner le

cerveau sur la position dans laquelle se trouve l’articulation concernée et ainsi de s’adapter

aux contraintes ou aux mouvements excessifs.

2.2 Le ligament croisé antérieur

Le LCA présente une insertion distale en avant des épines tibiales et en arrière de la corne

antérieure du ménisque médial, ainsi qu’une insertion proximale située en arrière de la face

médiale du condyle latéral du fémur. Son orientation est oblique vers le haut, l’arrière et le

dehors et s’oppose ainsi en tant que frein primaire à la translation tibiale antérieure.

On distingue deux faisceaux, antéro-médial et postéro-latéral, composés

de fibres de collagène qui s’élargissent du fémur vers le tibia et

effectuent une torsion sur elles-mêmes. Le mouvement de flexion du

genou a pour conséquence l’horizontalisation du LCA, qui vient alors se

coucher progressivement sur le tibia. La tension de ses faisceaux varie en

fonction de l’angle de flexion et de l’amplitude du mouvement. En effet,

les fibres fémorales les plus postérieures du faisceau antéro-médial

s’antériorisent vers le tibia. Ce faisceau se tend alors au cours de la

flexion de genou, avec une tension maximale entre 60 et 90° de flexion,

et participe principalement au contrôle de la translation tibiale

antérieure. Le faisceau postéro-latéral est plus court et plus vertical que

son homologue. Ce dernier subit une contrainte maximale entre 0 et 30° de flexion, qui

s’amoindrit au-delà. Les deux faisceaux présentent une tension maximale en extension

Figure 1: orientation du LCA (4)

4

complète. Un transfert de charge s’effectue d’un faisceau à l’autre au cours de la flexion de

genou. Par l’alternance de tensions entre ces deux faisceaux, le LCA présente pour sa part

une tension quasi-constante lors du mouvement de flexion-extension du genou.

Outre la participation à la stabilité antéropostérieure, le pivot central contribue également à

la stabilité rotatoire de l’articulation. De part la tension qu’il supporte en position

d’extension complète, le LCA, via le faisceau postéro-latéral notamment, constitue un frein

secondaire à la rotation médiale automatique du tibia sous le fémur.

D’autre part, le LCA joue un rôle important dans la réponse proprioceptive de l’articulation

du genou. Ce ligament présente en effet des mécanorécepteurs tels que les corpuscules de

Ruffini et de Pacini. Ils permettent de jauger les contraintes articulaires subies par le genou,

notamment les modifications de vitesse ou d’accélération mais également les changements

de direction et du degré de tension ligamentaire. De plus, ces récepteurs envoient des

afférences aux différents muscles entourant l’articulation, permettant respectivement une

adaptation posturale ou une inhibition musculaire, en cas de déséquilibre ou de douleur (5).

Rupture du ligament croisé antérieur :

Les différents rôles que présente un tel ligament expliquent les lourdes conséquences de sa

rupture sur la cinématique du genou (6). On distingue trois principaux mécanismes de

rupture : le mouvement combiné de flexion-valgus-rotation interne, le mouvement combiné

de flexion-varus-rotation externe ainsi que le mouvement d’hyperextension de genou.

Les ruptures complètes et isolées sont les plus fréquentes. Elles se traduisent cliniquement

par une augmentation du tiroir antérieur en extension, associée à un arrêt mou au test de

Lachman. Cette rupture ligamentaire vient rompre l’harmonie des mouvements de

roulement-glissement des condyles fémoraux sur les plateaux tibiaux lors des mouvements

de flexion-rotation. Un ressaut en rotation médiale peut alors être ressenti lors du passage

de l’extension à la flexion. Ce dernier provoque une sensation d’instabilité ou de type

dérobement du genou à l’occasion de pivot ou de réception de saut notamment.

Une rupture du LCA provoque diverses perturbations anatomo-physiologiques telles qu’une

laxité clinique ou une dégradation progressive des surfaces articulaires entrainant par la

suite une instabilité fonctionnelle à l’origine d’une modification cinématique de l’articulation

de genou, mais également une perturbation de la sensibilité proprioceptive (7).

Dans le cadre d’une reprise d’activité sportive ou professionnelle intense, il est de ce fait

impératif de palier ces déficits et de prévenir les dommages pouvant être causés à

l’articulation à long terme.

5

2.3 La ligamentoplastie synthétique

Controversée à une époque, la ligamentoplastie par utilisation de ligament artificiel type

LARS® (Ligament Advanced Reinforcement System) a fait l’objet de nombreuses critiques de

par l’importance des ruptures itératives ou l’apparition de complications propres aux

ligaments artificiels, telles que les synovites notamment. Elle a de ce fait longtemps été

laissée de côté au profit de la technique de Kenneth-Jones ou celle du prélèvement du droit

interne et demi-tendineux (DIDT). Cependant de récentes études, publiées en 2010, ont

montré d’excellents résultats suite à ce type d’intervention, pour un suivi entre 3 et 5 ans

pour Kai et al. (8) et entre 1 à 4 ans pour Huang et al. (9).

Ce type de ligamentoplastie est indiqué dans le cadre d’une reprise de reconstruction du

pivot central du genou lorsque les transplants autologues ont déjà été prélevés ou pour une

chirurgie de reconstruction avec multiples lésions ligamentaires et en l’absence de

transplants autologues en nombre suffisants. Une extension d’indication de chirurgie de

première intention est également possible. Elle est procédée dans le cadre d’une

reconstruction du LCA chez des patients dont l’objectif est de reprendre le plus rapidement

possible leurs activités, notamment pour les sportifs professionnels ou ayant une activité de

haut niveau, à condition qu’ils acceptent l’éventualité d’une reprise chirurgicale en cas de

rupture itérative pouvant survenir par sur-sollicitation du néo-ligament (10).

La procédure opératoire s’effectue par arthroscopie sous anesthésie générale. Le chirurgien

crée les voies arthroscopiques antéro-latérale et antéro-médiale, optique et instrumentale,

puis réalise l’incision antéro-médiale permettant l’accès articulaire. Après inspection et

établissement du bilan lésionnel in situ, s’effectue la mise en place d’une broche guide puis

le forage autour de celle-ci en vue de la création du tunnel fémoral. Le tunnel tibial est créé

de façon similaire, juste en avant du ligament croisé postérieur. Enfin, le ligament LARS® est

monté de bas en haut avec fixation au niveau fémoral par mécanisme de bascule de

l’endobouton, puis le chirurgien procède au cyclage du transplant. L’extrémité du transplant

est fixée sur le tibia par l’intermédiaire d’une vis (Figure 2 - Annexe 1). Un test en flexion et

extension de genou est réalisé avant drainage articulaire et fermeture des voies d’abord.

Figure 2: étapes de reconstruction chirurgicale du LCA

6

L’absence de greffon autologue dans la réalisation de cette ligamentoplastie permet de

passer outre la phase de fragilisation des tissus mous suite à leur prélèvement. Ceci

constitue un avantage important puisqu’il permet d’accéder à une rééducation directement

plus intensive sur le versant musculaire, en tenant compte toutefois des délais de fixation

des points d’ancrage du ligament prothétique. De plus, la période de fragilité de la plastie

lors de la phase de ligamentisation est évitée, car contrairement à un greffon autologue qui,

à partir d’un tendon, prend progressivement les caractéristiques d’un ligament, le ligament

synthétique possède d’emblée les critères désirés nécessaires à la stabilisation articulaire.

L’ancrage osseux n’est pas encore totalement réalisé au 2ème mois postopératoire, la fixation

est donc à ce stade assurée par le matériel chirurgical. Généralement, l’ancrage est

considéré comme satisfaisant entre le 3ème et le 4ème mois (11). Dans le cadre particulier

d’une ligamentoplastie artificielle, les consignes chirurgicales prennent une place essentielle

puisque seul le délai de consolidation des points d’ancrage constitue un réel frein à la

rééducation et notamment à la phase de réathlétisation. Dans le cas présent, le protocole de

rééducation postopératoire proposé par le chirurgien (Annexe 2) indique une reprise de

course possible après J60, ce qui suppose une consolidation plus que satisfaisante à ce stade

de prise en charge.

3. Présentation de l’activité d’artiste équestre

La profession d’artiste équestre constitue une activité multidisciplinaire comprenant deux

versants distincts, gymnique et équestre, qui fusionnent dans une démarche artistique à

l’occasion de représentations circassiennes.

Les fonctions de l’artiste équestre sont diverses. D’une part, il contribue à la création et à la

mise en place de nouveaux numéros et spectacles, durant lesquels il peut se produire aussi

bien à cheval qu’à coté de son compagnon équidé. De plus, l’artiste équestre participe à

l’entretien et aux soins prodigués aux chevaux, et se doit de présenter des qualités de

dresseur. En effet, ce dernier « forme son cheval, qui devient un artiste à ses cotés » (12).

D’autre part, les représentations reposent sur un grand nombre de voltiges, qui explique la

nécessité pour l’artiste de présenter de grandes compétences acrobatiques ainsi qu’une

maitrise de diverses disciplines artistiques.

Contraintes sur l’articulation du genou :

Lorsqu’un cheval se déplace, son dos ondule en fonction de sa vitesse de locomotion. Le

cavalier est alors soumis à des déstabilisations verticales plus ou moins importantes.

7

L’amortissement de ces poussées est généralement réalisé au niveau des articulations du

bassin d’un cavalier assis, qui vient alors accompagner les mouvements de son cheval et

ainsi minimiser les contraintes subies.

Au cours de sa pratique professionnelle, l’artiste équestre est régulièrement en position

debout sur le dos de sa monture. Les contraintes au niveau du genou sont alors décuplées,

rendant indispensable la mise en place de stratégies

d’équilibre optimales par le cavalier. De plus, la multitude

d’acrobaties réalisées, toutes plus variées les unes que les

autres, est également source d’innombrables contraintes

articulaires et ligamentaires, en valgus forcé par exemple

comme l’illustre la photo ci-contre.

4. Présentation de la patiente et anamnèse

4.1 Histoire de la patiente

Mlle C. est une jeune femme de 22 ans. Elle mesure 1,52m, pèse 46Kg et présente ainsi un

indice de masse corporelle (IMC) de 19,91 Kg/m². Célibataire, elle a récemment quitté le

domicile parental afin de suivre une formation artiste équestre à Tarbes au sein d’un cirque

de renommée internationale. En lien avec cette orientation de carrière, ses loisirs sont la

gymnastique, avec notamment voltige et acrobaties, ainsi que toute activité en rapport avec

le domaine équestre telle que l’équitation ou le dressage.

4.2 Anamnèse

Courant décembre 2013, la patiente décrit un premier épisode d’instabilité lors d’un

entrainement acrobatique au sol. Une mauvaise réception sur voltige lui provoque une

torsion du genou gauche en flexion-valgus-rotation interne, associée à une douleur aigüe et

un craquement. Après un arrêt temporaire de sa formation, Mlle C. reprend entrainements et

acrobaties jusqu’en février 2014 quand un nouvel accident d’instabilité survient, sur un

mode similaire au précédent. Une rupture du LCA gauche, sans lésion associée, est alors

objectivée par IRM (Imagerie par Résonnance Magnétique).

Suite à ce pronostic, une ligamentoplastie utilisant un ligament type LARS® est proposée à la

jeune femme. Le rapport bénéfice/risque est préalablement exposé par le chirurgien, avec

acceptation d’une éventuelle reprise chirurgicale en cas de rupture itérative. Le gage de

rapidité de reprise professionnelle par absence de fragilisation musculaire et la solidité du

transplant constitue un facteur primordial dans le choix de Mlle C. concernant le type

8

d’intervention. L’aspect physique n’étant pas négligeable dans ce type de métier,

l’esthétisme représente également un facteur décisionnel décisif. En effet, cette intervention

ne nécessite aucun prélèvement autologue, d’où la présence minime de cicatrices.

L’intervention est réalisée le 12 juin 2014, selon le protocole chirurgical précédemment

explicité. Une rééducation masso-kinésithérapique en cabinet libéral est prescrite en

première intention dès la sortie de l’hôpital, suivie d’une prise en charge au sein du CERS à

partir du 03 juillet 2014 du fait de la particularité de l’activité professionnelle de la patiente

mais également afin de lui permettre d’accéder à une rééducation plus intensive et de

réaliser une reprise sportive progressive et sécuritaire.

5. Elaboration du bilan initial – J84

5.1 Déficits de structure et de fonction

Evaluation de la douleur

L’interrogatoire de Mlle C. ne met en évidence aucune douleur spontanée au niveau de son

genou. Elle décrit cependant une sensation douloureuse à la base de la patella au cours ou à

la suite d’un effort prolongé, de cotation variable sur l’échelle numérique selon l’effort

réalisé. Cette douleur disparait rapidement avec la mise au repos du membre inférieur.

Evaluation cutané-trophique et circulatoire

Au niveau cutané, trois cicatrices sont présentes (Figure 3), dont deux

liées à l’arthroscopie et une coïncidant à la voie d’entrée antéro-

médiale. Cette dernière est plus importante et présente un léger

manque de mobilité des plans cutanés, sans conséquence

fonctionnelle. Aucune cicatrice n’est inflammatoire.

Au niveau trophique, une différence périmétrique de 3 cm du volume

de la cuisse (à +15cm de la base de la patella) par rapport au coté sain est retrouvée. Elle est

majoritairement due à une amyotrophie du quadriceps, au vu de la fonte musculaire visible

à la face antérieure de cuisse. A cette périmétrie s’ajoute une différence de 2 cm du segment

jambier (à -10cm).

Au niveau circulatoire, la patiente présente un genou sec et froid, c’est-à-dire sans

hydarthrose ni inflammation articulaire. L’œdème initial s’est résorbé, confirmé par une

périmétrie comparative des deux genoux. De plus, aucun signe de phlébœdème n’apparaît.

Figure 3: cicatrices et zone d'hypoesthésie

9

Evaluation des amplitudes articulaires

A ce stade de sa prise en charge, Mlle C. a récupéré l’ensemble des amplitudes articulaires

initialement déficitaires. D’une part, la mobilité patellaire est satisfaisante. D’autre part, la

flexion active de genou est comparable au coté sain, tandis que la flexion passive est

essentiellement limitée par une hypoextensibilité musculaire du droit fémoral. Enfin,

l’extension passive complète est obtenue sans difficulté.

Evaluation de la sensibilité

L’évaluation superficielle indique des sensibilités thermo-algique et tactile intactes, à

l’exception d’une zone d’hypoesthésie située à proximité de l’apex de la patella, d’environ 2

cm de largeur sur 3 cm de longueur, due à l’intervention chirurgicale (Figure 3).

Aucun déficit de sensibilité profonde, kinesthésique et statesthésique, n’est à noter.

Cependant, le remplacement chirurgical du ligament physiologique par un ligament

prothétique entraine une carence d’informations proprioceptives en raison de la privation

des récepteurs ligamentaires (5). Un déficit proprioceptif en charge est alors mis en évidence

lors du test de flexion unipodale. Un contrôle articulaire peu satisfaisant est remarqué,

traduit par une tendance du genou à s’orienter vers le dedans, c’est-à-dire vers le

mécanisme lésionnel initial.

Evaluation musculaire

Outre l’amyotrophie précédemment citée, une hypoextensibilité du droit fémoral est

observée. Elle est objectivée par mesure de la distance talon-fesse lors d’une flexion passive

du genou. La patiente est alors installée en décubitus ventral, puisque cette position permet

d’empêcher le décollement de l’hémi-bassin homolatéral, conséquence de la limitation

d’extensibilité. La distance talon-fesse mesurée est de 7cm, comparativement au coté sain

pour lequel le talon est aisément amené jusqu’à la fesse et où les masses musculaires des

ischio-jambiers et du triceps sural constituent la limite du mouvement passif.

L’évaluation de la force musculaire s’effectue dans un premier temps selon le testing de

Daniels et Worthingham (13). Le quadriceps, les ischio-jambiers et le triceps sural présentent

une cotation de 4, c’est-à-dire que leur contraction tolère une forte résistance mais plus

faible que celle admise par le coté sain. L’ensemble des muscles de la hanche est coté à 5,

similaire au membre inférieur non opéré.

Afin de compléter le bilan initial et d’objectiver la différence de force musculaire entre le

genou gauche, coté à 4, et le genou droit sain, un bilan isocinétique est réalisé les jours

suivants à l’aide d’un appareil isocinétique de type Biodex®.

10

Le test, bilatéral et comparatif, est réalisé en

contraction concentrique et chaine cinétique ouverte.

La patiente est installée en position assise avec la

cuisse et le segment jambier sanglés du coté testé

tandis que le membre inférieur controlatéral est libre

(Figure 4). Après échauffement, le test débute. Il

consiste en une répétition de 10 mouvements de

flexion-extension à vitesse rapide (180°/seconde) suivis

de 5 mouvements à vitesse lente (60°/seconde), afin

d’évaluer respectivement l’explosivité et la force

maximale déployée par le muscle.

Les mesures apportées permettent de déterminer le pourcentage déficitaire d’un membre

inférieur par rapport à l’autre. Ainsi, l’évaluation isocinétique de Mlle C. indique un déficit

d’explosivité de près de 35% et de force proche de 40% concernant le quadriceps (Figure 5 –

Annexe 3). Or un déficit supérieur à 25% traduit un dommage fonctionnel significatif.

Si le pourcentage est compris entre 0 et 10%, alors il n’existe pas de différence significative

entre les deux cotés. Avec un déficit de puissance de 7,2% et un déficit de force de 11,3%, les

ischio-jambiers gauches ne sont pas considérés comme déficients si l’on prend en compte la

marge d’erreur associée à la réalisation de telles mesures.

Ce type de bilan permet également la mise en évidence du rapport agonistes/antagonistes

en travail concentrique. Ce dernier est considéré comme constant, puisqu’indépendant de

l’âge, du sexe ou du côté testé. Seule la vitesse présente un réel impact sur ce ratio, avec des

valeurs moyennes respectives de 50-60% et de 60-70% à vitesse lente et rapide (14).

Dans le cas présent, la patiente présente un ratio ischio-jambiers/quadriceps au membre

inférieur gauche d’environ 74% à vitesse lente et 87% à vitesse élevée, contre 50 et 62% du

coté sain. Or ce ratio IJ/Q est un des paramètres reflétant la capacité d’un sujet à protéger

cette articulation et le déséquilibre musculaire en découlant constitue un facteur de risque

important dans la survenue de pathologies du sportif, notamment des lésions ligamentaires.

Figure 4: évaluation isocinétique au 3

ème mois

Figure 5:

résultats du test

isocinétique

11

Evaluation fonctionnelle

Mlle C. est autonome dans l’ensemble de ses activités de la vie quotidienne (AVQ). Elle se

déplace sans aide technique et ne décrit aucune gêne lors de ses déplacements. Un

sentiment d’appréhension est cependant décrit, notamment à la descente des escaliers ainsi

que lors de sauts unipodaux, qu’elle réalise néanmoins sans difficulté. Cette crainte est

essentiellement due à la faiblesse musculaire persistante.

5.2 Limitations d’activité et restrictions de participation

L’ensemble de ces déficits de structure et de fonction sont à l’origine de limitations

d’activité. En effet, la patiente n’a pas encore repris la course et les sauts ne font office que

de test à ce stade de la prise en charge. Ces derniers sont donc réalisés sur une ou deux

répétitions maximum.

Ces limitations entrainent des restrictions de participation telles que l’incapacité de

reprendre les acrobaties ou l’équitation pour cause de force musculaire inadéquate et donc

de risque de contraintes trop importantes au sein de l’articulation du genou de M lle C. ainsi

que sur le transplant synthétique. La reprise de sa formation professionnelle d’artiste

équestre est à ce jour impossible.

6. Bilan diagnostic masso-kinésithérapique

6.1 Diagnostic masso-kinésithérapique

Mlle C., une jeune femme de 22 ans, qui a entrepris une formation d’artiste équestre, alliant

sa passion pour l’équitation ainsi que son intérêt pour la gymnastique et le domaine

circassien, est victime, sur une mauvaise réception au cours d’un entrainement, d’une

rupture du ligament croisé antérieur, traitée chirurgicalement par une ligamentoplastie

utilisant un ligament artificiel type LARS®.

Le bilan, réalisé à 11 semaines de l’opération, indique un genou sec, froid, indolore et dont

les amplitudes articulaires permettent l’ensemble des activités de la vie quotidienne.

Le versant musculaire, tant quantitatif que qualitatif, ainsi que le versant proprioceptif

constituent les deux principaux déficits recueillis. En effet, la privation d’entrée sensorielle

articulaire n’est à ce jour pas compensée par la rapidité de réponse neuromusculaire,

provoquant ainsi une insuffisance dans la stabilité du genou associée à une persistance de

manque de force musculaire et à un déséquilibre de force musculaire entre fléchisseurs et

extenseurs de genou. Ce sont essentiellement ces éléments qui sont à l’origine de la mise en

attente de la reprise d’activité physique.

12

Une légère adhérence cicatricielle ainsi qu’une zone d’hypoesthésie cutanée sont notées.

Ces dernières ne conditionnent cependant pas la reprise d’activité professionnelle de Mlle C.

L’évaluation du profil psychologique de la patiente indique qu’elle est « impatiente de

reprendre sa formation ». Elle est de ce fait motivée et assidue lors des séances.

Les différents déficits décrits peuvent être classés selon leur degré de récupération et de la

gêne qu’ils occasionnent. Le tableau ci-dessous présente les déficits ayant été récupérés à ce

stade de la prise en charge, les déficits secondaires ne présentant pas d’impact sur la vie

quotidienne de Mlle C. et enfin les déficits conditionnant sa reprise d’activité professionnelle.

Tableau 1: Récapitulatif des déficits hiérarchisés

6.2 Objectifs de la prise en charge

Le classement des différents déficits et limitations présenté au sein du tableau précédent

permet de faire ressortir les objectifs hiérarchisés de la prise en charge.

L’objectif personnel de la patiente est clairement exprimé comme étant la reprise d’activité

physique et ainsi de sa formation d’artiste équestre, et ce, le plus rapidement possible afin

de manquer le minimum de représentations nationales voire internationales.

Des objectifs principaux sont mis en place afin de répondre au mieux aux attentes de Mlle C. :

· lutter contre la douleur résiduelle

· récupérer des qualités musculaires adéquates du membre inférieur gauche

· renforcer l’ensemble des muscles des membres inférieurs et du tronc

· améliorer le contrôle proprioceptif du genou opéré et augmenter la vigilance des

muscles péri-articulaires du genou opéré

· reprendre la course en ligne droite et sur terrain stable, puis amorcer la reprise de

course avec changements de direction et sur terrain accidenté

Des objectifs secondaires sont également à noter, tels que :

· l’acquisition d’une cicatrice souple et non adhérente

· la récupération de la sensibilité superficielle de la face antérieure du genou

13

D’autres objectifs prendront places avec l’évolution de la prise en charge :

· reprendre la pratique sportive et les entrainements acrobatiques sur sol

· réintégrer la troupe circassienne par la reprise complète de ses activités antérieures

A plus long terme, les objectifs s’orientent essentiellement vers l’entretien des acquis

musculaires ainsi que la mise en place d’une prévention de rupture itérative du ligament

prothétique par sur-sollicitation articulaire au cours de la pratique professionnelle de Mlle C.

6.3 Moyens

Du matériel divers et varié est mis à disposition du masseur-kinésithérapeute (MK),

notamment au sein d’une structure telle que le CERS de Saint Raphaël spécialisée dans la

prise en charge de patients sportifs.

Sont utilisés, entre autres : du matériel d’électrostimulation de type Compex®, un vélo, une

chaise à ischio-jambiers et quadriceps, une presse horizontale, des élastiques, un ballon de

rééducation, divers plans instables (mousses, galettes), l’appareil isocinétique Biodex®.

La rééducation se passe également en balnéothérapie, avec l’utilisation notamment des

frites flottantes ou autres flotteurs associées à la résistance de l’eau. Chaque séance de

balnéothérapie est suivie d’un passage en bain froid.

De plus, la patiente peut également bénéficier de l’ensemble des appareils à disposition en

salle de préparation physique : haltères, banc de musculation, rameur, etc.

7. Traitement masso-kinésithérapique

7.1 Organisation de la rééducation

Une prise en charge au sein

d’une structure comme le

CERS permet de bénéficier

d’une rééducation intensive,

comme indiqué sur l’emploi

du temps hebdomadaire type

de Mlle C. ci-contre. Cette

rééducation associe des temps

de rééducation à sec à une rééducation en piscine de balnéothérapie ainsi qu’à des séances

de renforcement musculaire global avec un préparateur physique. Plus tard dans la prise

charge, un temps de rééducation est dédié au « retour sur terrain » qui correspond à une

reprise d’activité sportive en extérieur et réalisé avec une MK spécialisée dans ce domaine.

14

7.2 Principes et précautions

Tout contexte de prise en charge nécessite un respect de principes masso-kinésithérapiques:

· indolence de la prise en charge

· respect d’une progression adéquate des exercices, adaptés à l’instant « t »

· respect des consignes et des délais imposés par le chirurgien (Annexe 2)

· modérer éventuellement la motivation de Mlle C., dont l’impatience peut s’avérer être

délétère pour la rééducation

7.3 Phase de réhabilitation : reprise d’activité sportive

A ce stade de la prise en charge, la rééducation se situe sur le versant de la réhabilitation,

avec toutes les spécificités en lien avec l’activité professionnelle de Mlle C. La majeure partie

de cette rééducation s’oriente vers le travail de renforcement musculaire et

neuromusculaire. La mise en place des différentes techniques et exercices rééducatifs

doivent alors nécessairement tenir compte de ces particularités, dans le but de se

rapprocher au maximum des futures contraintes que son genou aura à subir et ainsi de le

préparer au mieux à lutter et réagir face à elles.

Dans le cadre de ce travail écrit, ciblé sur la reprise sportivo-professionnelle, seuls les

exercices de renforcement musculaire et le travail proprioceptif seront clairement expliqués.

Les techniques de massages cicatriciels et de stimulation sensitive, figurant au second plan,

ne seront volontairement pas développées. Ces dernières s’intercalent entre les exercices et

sont ainsi réalisées sur les temps de repos accordés à la patiente.

Renforcement musculaire

La ligamentoplastie de type LARS® n’utilise aucun greffon biologique, elle ne provoque de ce

fait ni fragilité de l’appareil extenseur ni fragilité de l’appareil fléchisseur. Un renforcement

relativement intensif peut alors être proposé à la patiente afin d’atteindre le plus

rapidement les objectifs fixés. Cependant, il est impératif de tenir compte du délai de

solidification de l’ancrage ligamentaire, lequel est satisfaisant mais pas encore totalement

acquis à 11 semaines de l’intervention chirurgicale. Le MK se doit de rester vigilant quant à la

survenue de fatigue musculaire ou de douleur pouvant notamment être à l’origine de

complications de type tendinite ou synovite.

Le renforcement musculaire occupe une place primordiale au sein de la rééducation. Son but

est d’apporter à l’articulation du genou le gainage indispensable à sa stabilisation active. La

majorité des exercices est réalisée en chaine cinétique fermée (CCF), en charge avec

15

l’extrémité distale du membre inférieur constituant le point fixe. Ce type de modalité de

travail respecte la biomécanique du genou et se rapproche d’avantage des mouvements

physiologiques comparativement à la chaine cinétique ouverte (CCO). Toutefois, les

exercices en CCO s’avèrent également être utiles, voire indispensables, dans le cadre de la

récupération de force musculaire, concernant le quadriceps notamment (15).

Chaque séance est précédée d’un échauffement cardio-respiratoire de 15 minutes sur vélo.

De plus, concernant l’ensemble des exercices qui vont être décrits, chaque temps de repos

accordé entre les séries correspond au temps de travail demandé et un temps de

récupération de 5 à 10 minutes entrecoupe les différents exercices.

Renforcement du quadriceps.

▪ Le premier exercice proposé est l’exercice de la chaise. La patiente se positionne dos à un

mur, les pieds à distance de celui-ci. L’objectif est de descendre progressivement vers une

flexion de genou de 80° maximum, ceci afin de ne pas apporter de contraintes trop

importantes au transplant et ses points d’ancrage. La consigne est de maintenir la position

durant 1 minute, répétée à 5 reprises. Cette durée est augmentée au fil des séances. Dès lors

que l’équilibre est suffisant, l’exercice s’effectue avec un transfert progressif du poids sur le

membre inférieur gauche, pour atteindre progressivement une position unipodale.

L’exercice peut également être réalisé en position d’haltérophilie, en ôtant l’appui que

présente le mur. Ce type d’activité permet d’améliorer l’endurance musculaire.

Comme variante, un exercice de demi-squats est effectué. Les génuflexions sont réalisées de

façon rythmée, à vitesse plus ou moins élevée, permettant ainsi de stimuler la rapidité

contractile et l’explosivité du quadriceps. De plus, cet exercice présente l’intérêt de simuler,

bien qu’à minima, les mouvements de l’équitation et d’optimaliser la préparation physique

en regard de l’activité professionnelle de Mlle C.

▪ Le travail en CCO sur une chaise à quadriceps est également utilisé. Cette modalité de

travail peut être pratiquée à partir de la 6ème semaine postopératoire, sous couvert d’une

progression sécurisée, tant dans les amplitudes articulaires ciblées que sur les résistances

opposées (16) ainsi que par l’utilisation d’une « barre anti-tiroir » permettant de minorer le

phénomène de translation tibiale antérieure, délétère pour les points d’ancrage. Etant de

type synthétique, la plastie ne risque cependant pas de subir une élongation et ainsi de

perdre ses qualités de protection anti-tiroir antérieur contrairement à celle d’une

ligamentoplastie plus classique en phase de ligamentisation. Des auteurs préconisent un

travail en CCO du quadriceps, qu’ils qualifient de « chaine cinétique ouverte intelligente »

16

(17), et dans des secteurs angulaires supérieurs à 60° de flexion pour lesquelles la translation

antérieure du tibia est faible. D’autres précautions sont également à prendre, telles que

l’apposition d’une résistance préférentiellement proximale.

Tout comme lors du premier exercice présenté, différents modes de contraction sont

demandés : concentrique, statique et excentrique. Pour ce faire, la patiente a pour consigne

d’amener le genou jusqu’à atteindre 60° de flexion via une contraction de type concentrique

qu’elle réalise avec les deux membres inférieurs, puis de maintenir cette position

uniquement avec la jambe opérée durant 6 secondes, et enfin de freiner la descente des

segments jambiers. Elle doit ainsi réaliser 5 séries de 10 répétitions.

▪ La prise en charge masso-kinésithérapique comprend également une partie en piscine de

balnéothérapie, proposée par le chirurgien. Un exercice de renforcement du quadriceps, en

chaine cinétique qualifiée de semi-fermée, est proposé à Mlle C. Le MK positionne une frite

flottante sous son pied gauche et lui demande de réaliser un mouvement de triple extension

à vitesse lente afin de contrôler la descente jusqu’au sol contre résistance de l’eau. La

poussée d’Archimède se charge de ramener le membre inférieur, la patiente stoppe ce

phénomène à une position de 90° de flexion de hanche et de genou. La réalisation de cet

exercice est décomposée en 5 séries de 10 mouvements. La patiente a la possibilité de

prendre appui sur la bordure de la piscine afin de faciliter sa stabilisation. Une seconde frite

peut être ajoutée si la résistance n’est pas suffisante. De plus, la force résistive exercée par

l’eau croît avec l’augmentation de vitesse d’exécution du mouvement. Ce paramètre

constitue ainsi l’élément de progression.

▪ Régulièrement, les exercices de renforcement quadricipital sont couplés à l’utilisation d’un

appareil d’électrostimulation. Ce dernier tend à favoriser la récupération des performances

musculaires lorsqu’il est utilisé comme adjuvant au renforcement et à l’entrainement du

sportif (18). Selon l’objectif de la séance, les électrodes peuvent être placées différemment.

Si l’ensemble du quadriceps est ciblé, alors le MK positionne une électrode au niveau du

point moteur de chacun des vastes, médial et latéral, ainsi que deux électrodes proximale

sur le droit fémoral. Si le travail vise majoritairement le renforcement du vaste médial alors

les deux premières électrodes sont placées sur celui-ci (Figure 7). La patiente règle l’intensité

de la contraction selon son ressenti. Lors de la stimulation, elle a pour consigne

d’accompagner la contraction engendrée par une contraction volontaire du quadriceps.

Dans ce cas, les exercices sont rythmés par l’alternance de contraction et de repos

qu’impose l’électrostimulation durant 20 minutes.

17

Renforcement des ischio-jambiers.

▪ Le renforcement des ischio-jambiers sur chaise spécifique se base sur le même principe

que celui de la chaise à quadriceps. La patiente doit ainsi réaliser 5 séries de 10 mouvements

contre résistance lors de la flexion de genou, avec comme précédemment, une

décomposition en trois phases : concentrique, statique, excentrique. La progression se fait

par augmentation de la charge résistive.

▪ Le travail en excentrique des ischio-jambiers est primordial dans la rééducation de Mlle C.

En effet, c’est sur ce mode de contraction que va s’effectuer la réception des sauts au cours

des acrobaties qui lui seront demandées lors de sa pratique professionnelle. L’utilisation

d’un ballon de rééducation va permettre ce type de travail sur les ischio-jambiers.

Pour se faire, la patiente est installée en décubitus dorsal sur un tapis de sol. Le matériel

type ballon de Klein® est initialement placé à la face postéro-inférieure du segment jambier.

L’objectif de ce travail consiste tout d’abord en un rapprochement du ballon par les deux

membres inférieurs, après que la patiente a décollé les fessiers et la partie lombaire basse

du sol. Elle doit ensuite le repousser lentement à l’aide uniquement de la jambe

pathologique, en contrôlant le retour par

contraction excentrique des ischio-jambiers

(Figure 6). Généralement, 3 séries de 10 allers-

retours sont proposées. Ce type d’exercice

allie renforcement en mode excentrique et

stabilisation active du membre inférieur

portant dans sa globalité ainsi que du tronc.

▪ En balnéothérapie, la patiente travaille en position assise contre le bord de la piscine, avec

un niveau d’immersion aux épaules. L’exercice correspond à un travail de flexion de genou

contre résistance d’un flotteur circulaire placé autour de la cheville. Mlle C. doit réaliser 5

séries de 10 contractions. De même que cité précédemment, la progression s’effectue par

augmentation du nombre ou de la densité du flotteur ainsi que par l’augmentation de la

vitesse de réalisation du mouvement.

Travail de co-contraction ischio-jambiers/quadriceps.

▪ Cet exercice, réalisé sur presse, tend à renforcer les muscles antigravitaires par co-

contraction du quadriceps et des ischio-jambiers notamment lors de mouvements de triple

flexion et triple extension du membre inférieur. Deux types d’exercices sont demandés de

poussée ainsi que le retour en position initial s’effectuent avec les deux pieds en simultané ;

Figure 6: Renforcement des ischio-jambiers en contraction excentrique

18

soit les deux membres inférieurs exécutent la poussée mais seule la jambe pathologique

procède à son retour. Le travail excentrique est ainsi mis en avant, avec une charge imposée

réduite et un nombre de répétitions abaissé à 10 contractions. L’amplitude articulaire du

genou est comprise entre 30 et 90°, afin de respecter les consignes chirurgicales (Annexe 2).

▪ Le second exercice de co-contraction présenté est exécuté lors des séances de

balnéothérapie. Le MK vient placer une planche de natation sous le pied de la patiente. Le

but est de la déplacer en marchant, sans la laisser remonter à la surface. Pour se faire, une

co-contraction des ischio-jambiers et du quadriceps est nécessaire, à laquelle s’ajoute un

travail global des muscles stabilisateurs de la cheville, du genou et de la hanche.

Renforcement global des membres inférieurs et du tronc.

Au cours des séances, le renforcement corporel global est également abordé

puisqu’indispensable à la reprise d’activités physiques et professionnelles. Cependant, le

temps de prise en charge masso-kinésithérapique est accordé en priorité à la récupération

des muscles s’articulant autour du genou. C’est donc principalement lors des séances de

préparation physique qu’est réalisé ce versant rééducatif. De plus, cela permet la mise au

repos de l’articulation, essentielle à la prévention de lésion musculaire par sur-sollicitation,

mais également de compléter la rééducation en y apportant un renforcement des membres

supérieurs, du membre inférieur droit et du tronc. Cet apport est non négligeable, il est

même décisif quant à la reprise de toutes acrobaties, voltiges, ou reprise d’équitation.

Un des exercices proposés consiste en un renforcement global par irradiation à partir des

membres supérieurs. La patiente se trouve en position debout, pieds et épaules alignés. Elle

a pour consigne de mettre en tension un élastique, de façon perpendiculaire à ses membres

supérieurs tendus en avant (Annexe 4A). L’objectif est de tirer progressivement sur cet

élastique, maintenir la position et enfin relâcher lentement la tension. Durant cet exercice, la

patiente doit rester intégralement gainée : co-contraction des abdominaux et des spinaux,

contraction des fessiers et équilibration réaction des membres inférieurs par co-contraction

des stabilisateurs médiaux et latéraux de genou notamment.

D’autre part, les séances de balnéothérapie contribuent à améliorer la condition physique de

Mlle C. dans sa globalité. En ce sens, elle réalise un renforcement complet par l’utilisation de

divers flotteurs et peut exécuter sauts, battements de jambes à différentes vitesses et

travailler tout type de marche ainsi que de pratiquer du crawl par exemple.

19

Reprogrammation sensori-motrice

Une dissociation totale du travail de renforcement de celui de proprioception est impossible.

En effet, les exercices utilisant le ballon de rééducation aussi bien que les flotteurs ou la

planche présentent un versant proprioceptif puisque la patiente se retrouve dans

l’obligation de contrer les déstabilisations extrinsèques apportées par le matériel. De même

que les exercices de reprogrammation neuro-motrice présentent un intérêt certain dans la

récupération de force musculaire, puisque « l’intérêt d’avoir des muscles puissants ne se

justifie qu’à condition que ces derniers sachent réagir aux sollicitations des déséquilibres

provoqués par le sport pratiqué » (19). L’objectif est d’obtenir une réponse posturale

correctrice optimale, par contraction musculaire réflexe de plus en plus rapide face à des

déstabilisations à difficulté croissante.

▪ Un premier exercice d’équilibre est proposé par le MK. Il s’effectue en appui unipodal sur

une galette à air. Il s’agit de placer le genou en légère flexion afin de déverrouiller

l’articulation et de maintenir à tout instant un gainage complet des membres inférieurs et du

tronc, facilité par un travail d’auto-grandissement. A partir de cette posture, des

mouvements aléatoires des membres supérieurs sont demandés afin d’apporter des

déstabilisations intrinsèques auxquelles la patiente doit réagir pour maintenir son équilibre.

Par la suite, le MK exerce des poussées plus ou moins importantes selon la capacité de

réaction de la patiente.

▪ Afin de travailler les réactions d’équilibration de Mlle C., est utilisé un

plateau oscillant appelé escarpolette de Dotte (Figure 7). Cette

dernière apporte des déstabilisations horizontales antéropostérieures,

latéro-médiales et obliques, de façon aléatoire. La rapidité de

contraction des muscles stabilisateurs du membre inférieur est

indispensable au maintien de l’équilibre sur ce type de matériel. Cet

exercice stimule la reprogrammation neuromusculaire afin d’atteindre

un contrôle proprioceptif optimal. Généralement, un programme

d’électrostimulation est associé. Celui-ci permet, outre l’excitation

quadricipitale, de rythmer l’exercice sur 20 minutes durant lesquelles la

patiente se positionne sur l’escarpolette lors des phases de stimulation

et reprend appui sur un marchepied au cours des temps de repos.

▪ En association avec le travail musculaire du quadriceps, le MK propose une activité en

fente avant. La patiente se place en fente avec le pied gauche en avant et l’ensemble du

Figure 7: Equilibration sur escarpolette et électrostimulation

20

poids du corps transféré sur ce membre inférieur. Pour commencer, l’exercice se fait à

même le sol afin de ne pas perturber les afférences somesthésiques. Suivant le même ordre

de progression que pour l’exercice précédent, diverses déstabilisations intrinsèques sont

apportées. En progression, s’ajoutent à ces premiers déséquilibres d’autres facteurs

extrinsèques tels que les poussées manuelles du MK ou la modification du plan d’appui via

l’utilisation de coussin d’air. Afin de le rendre plus distrayant et ludique, l’exercice est

également réalisé en binôme. Le rôle de la seconde participante est d’apporter les

déséquilibres extérieurs, tout en travaillant elle-même son gainage proprioceptif. De plus,

cela permet de véhiculer une sorte d’émulation compétitive entre deux sportives au sein de

leur rééducation respective (Annexe 4B).

▪ Dans la lignée du gainage global décrit précédemment, un exercice de reprogrammation

sensori-motrice est imaginé et illustré ci-contre. La patiente se positionne de la même façon,

cependant, des galettes déstabilisatrices sont placées sous ses

pieds. Ces dernières, associées aux déséquilibres engendrés par

la force musculaire nécessaire à la mise en tension de

l’élastique, ont pour objectifs de contraindre Mlle C. à réaliser

d’incessantes corrections posturales pour maintenir son

équilibre. Cet exercice a notamment pour intérêt de reproduire,

à minima, les contraintes que la patiente sera amenée à subir

dans son cadre professionnel, en simulant les déstabilisations

dues au mouvement d’un cheval en déplacement.

Temps de récupération musculaire

Comme précisé sur l’emploi du temps type de Mlle C., un temps est accordé en fin de journée

au massage décontracturant et étirements musculaires des structures ayant été sollicitées.

Massage à visée décontracturante.

Le massage concerne essentiellement les muscles quadriceps et ischio-jambiers. Toutefois, la

zone ciblée est modulable en fonction des douleurs ou gênes spécifiées par la patiente au fil

des séances. Le but est de favoriser une détente immédiate et d’améliorer la récupération

musculaire. Le massage, réalisé sur l’ensemble du corps musculaire visé, consiste en une

répétition de manœuvres de type effleurages et pressions glissées superficielles pour

commencer, puis pressions glissées profondes et pétrissages par la suite. Les premières

permettent de prendre contact avec la patiente ainsi que de déceler d’éventuelles zones

Figure 8: Renforcement général et proprioception associée

21

douloureuses ou sous tension. Les secondes sont à visée de décontraction, elles sont pour

cela réalisées de façon plus appuyée afin d’atteindre une mobilisation des plans profonds.

Toutes ces manœuvres sont accomplies à vitesse lente dans le sens disto-proximal afin de

faciliter le retour veineux par drainage et, par conséquent, la récupération musculaire.

Crème de massage neutre ou arnica sont utilisés comme adjuvant, avec néanmoins une

préférence pour ce dernier puisqu’il présente des propriétés antalgiques et anti-

inflammatoires notamment.

Etirements musculaires passifs.

Réalisé après l’effort, ce type d’étirement consiste en un allongement global ou spécifique

du muscle ciblé durant 15 à 20 secondes. L’objectif est de récupérer l’amplitude perdue lors

de l’activité physique, de rééquilibrer les tensions entre les différents groupes musculaires,

de lutter contre les douleurs musculaires ainsi que d’obtenir une détente physique et

psychique de la patiente. Afin d’optimiser son efficacité, l’étirement passif est effectuer à

vitesse minime, dans une position adaptée et confortable et sur le temps expiratoire (20).

L’ensemble des étirements musculaires a été enseigné à Mlle C. en début de prise en charge

afin qu’elle puisse les réaliser seule de façon sécurisée, chaque matinée après la séance de

préparation physique notamment. Néanmoins, la réalisation complémentaire d’étirements

passifs par le MK lui permet de contrôler l’évolution des déficits d’extensibilité. Dans le cas

de cette patiente, le manque d’extensibilité musculaire n’est présent qu’au quadriceps, seul

son étirement sera de ce fait approfondi le présent travail.

Etirement quadriceps :

Une hypoextensibilité du droit fémoral ayant été mise en évidence par le bilan initial,

l’étirement de ce muscle semble impératif. La patiente est installée en décubitus dorsal,

sacrum positionné au bord de la table. Le pied droit est placé sur l’épaule du MK, qui amène

alors le membre inférieur homolatéral en triple flexion par antériorisation de son propre

tronc. A partir de cette position, le MK entraine une extension de hanche gauche par légère

poussée au niveau de la cuisse, à laquelle il joint une flexion de genou réalisée par

l’intermédiaire du membre inférieur. L’extension de hanche associée à la flexion de genou

permet d’étirer simultanément les deux extrémités musculaires du quadriceps, notamment

le chef droit fémoral poly-articulaire, et donc d’optimiser la manœuvre.

De plus, selon le degré d’extension apporté à l’articulation de la hanche, le MK est en

capacité d’étirer en doublon le muscle psoas.

22

Retour terrain

Le 12 septembre 2014, soit à tout juste 3 mois de l’intervention, Mlle C. procède à son

premier « retour terrain ». Ce dernier correspond à un entrainement sur une piste

d’athlétisme, avec généralement 6 autres patients sportifs, et débute par la réalisation de 2

à 3 tours de pistes à vitesse minime et sous surveillance accrue du MK afin de noter toute

apparition éventuelle de douleur ou tout mauvais positionnement. Outre le caractère à type

d’échauffement, cet exercice permet à la patiente de redécouvrir ses sensations sur course.

Diverses activités sont alors proposées au cours de ces séances de groupe spécialisées.

▪ Plusieurs exercices de course sont présentés en utilisant une rangée de plots installés par le

MK en ligne droite (Annexe 4C). Le premier consiste en la réalisation de montées de genoux,

rythmées par un intervalle des plots plus ou moins important : réduit pour travailler la

rapidité d’exécution et augmenté pour contraindre la patiente à allonger sa foulée.

Un exercice de vitesse s’ajoute. La patiente a pour consigne d’accélérer progressivement sur

cette ligne droite, en plaçant un pied entre chaque plot. Sur le même principe que

précédemment, une variation de l’espacement des plots est effectuée selon la finalité

souhaitée. En progression, cet exercice est réalisé avec des plots positionnés en quinconce,

ce qui a pour intérêt de travailler les changements de direction, sans pivot cependant sur la

jambe opérée.

▪ Un travail de stabilisation active est également accompli. L’un des exercices est réalisé en

appui unipodal. La patiente doit effectuer des montées de genou, associées à un

déroulement complet et simulé du pas, ce qui provoque des déséquilibres intrinsèques et

augmente le travail stabilisateur du membre inférieur portant. En progression, un harnais est

placé autour de la taille de la patiente (Figure 9). Ce dernier est rattaché à une sangle

élastique mise en tension de façon aléatoire, tant sur la

fréquence que sur l’intensité, par un autre patient ou par le

MK. Cet ajout de difficulté permet de stimuler l’ensemble

des muscles stabilisateurs des membres inférieurs et ainsi

d’augmenter leur vigilance et leur rapidité de correction

posturale face aux multiples déstabilisations apportées.

Chaque jambe est alternativement travaillée afin de ne pas

engendrer de déséquilibres musculaires entre les deux

membres inférieurs.

Figure 9: Exercice de stabilisation active

23

▪ En lien avec son activité professionnelle, l’amorti du genou est travaillé. Des montées des

marches à pieds joints tout d’abord, par soucis de sécurisation, puis en unipodal sont

demandées sur 3 séries comprenant deux paliers de 10 marches. La vitesse d’exécution

constitue le principal paramètre de progression. Suivant le même objectif, des séries de

sauts unipodaux en ligne droite sont effectuées. En progression, le MK modifie

progressivement l’intervalle entre chaque saut, le rythme de réalisation, ou encore, y associe

des changements de direction.

Les séances sont programmées et adaptées en fonction de la fatigue ressentie par M lle C. ou

à l’apparition de douleur articulaire.

8. Bilan de fin de prise en charge – J.105

Après ces trois semaines de prise en charge, un bilan relativement positif peut être établi.

Concernant les objectifs principaux de récupération musculaire et d’optimisation de la

proprioception, une nette amélioration est à noter.

Le versant musculaire est objectivé par l’élaboration d’un bilan isocinétique le 26 septembre

2014 (Annexe 5), couplé à une analyse comparative avec le bilan initial du 12 septembre.

Celui-ci indique un déficit de force et de puissance quadricipitale, respectivement, de 18% et

de 31,4%, soit une récupération de 16,5% et de 8,3% en deux semaines à laquelle s’ajoute

une amélioration de 4,4% en force

explosive des ischio-jambiers. Toutefois,

une régression de 3,9% concernant la force

pure de ces derniers est à noter malgré le

renforcement réalisé. Par ailleurs, la

périmétrie des corps musculaires met en

évidence une persistance de l’amyotrophie

avec cependant une minoration des

mesures, de 2 cm pour le de cuisse et de 0,5

cm pour le segment jambier.

Sur le point proprioceptif, des progrès sont avérés sur la capacité à maintenir l’appui

unipodal, avec ou sans déséquilibres, mais également sur la rapidité de réalisation des

corrections posturales et donc sur la vigilance musculaire. Cela est mis en évidence par

l’augmentation significative de la durée de maintien unipodal au fil des séances, ainsi que

par l’observation subjective de « l’équilibration réaction » mis en place par la patiente face

aux diverses déstabilisations qui lui sont imposées.

Figure 10: Tableau récapitulatif de l'évolution des déficits musculaires

24

Concernant les épisodes algiques, le réentrainement à l’effort a permis d’améliorer la

stabilité active du genou et ainsi de diminuer les contraintes exercées sur le pivot central, à

l’origine d’une minoration de la fréquence d’apparition de douleurs. Cependant, une

constance de survenue d’une douleur antérieure de genou est observée dans les suites d’un

effort intensif et prolongé.

De plus, l’adhérence cicatricielle a été réduite et est désormais accessoire. L’hypoesthésie

antérieure demeure toujours présente malgré une légère amélioration perceptive au

toucher. Elle n’a néanmoins aucune incidence sur les activités de Mlle C.

Par le biais du retour sur le terrain, la jeune femme a pu reprendre progressivement la

course à pied et autres exercices dérivés. Au niveau fonctionnel, ces entrainements ont

permis de montrer un genou stable et réactif lors des différentes activités. Ils sont

bénéfiques au versant psychologique de la patiente, puisqu’ils lui permettent de reprendre

confiance en elle et de diminuer les appréhensions concernant son genou.

Dans la continuité de la prise en charge, des séances de kinésithérapie en libéral sont

prescrits à Mlle C. dès sa sortie du CERS. Elle peut reprendre sa formation sur le plan

théorique, cependant la reprise progressive des entrainements ne peut avoir lieu avant le

4ème mois postopératoire. D’ici là, la patiente a pour consigne de reprendre ses activités

quotidiennes en veillant à ne pas sur-solliciter l’articulation.

9. Éléments de discussion

9.1 Critères de bonne conduite de la pratique professionnelle

Au regard des recommandations de la HAS concernant le suivi masso-kinésithérapique post-

ligamentoplastie du LCA (21), il est intéressant de préciser que toute technique ou

manœuvre réalisée au cours de la rééducation de Mlle C. est validée à ce stade de prise en

charge. Parmi ces techniques sont retrouvées : massages, cryothérapie pluriquotidienne,

électrostimulation, balnéothérapie, renforcement musculaire spécifique ou en co-

contraction du quadriceps et des ischio-jambiers, renforcement musculaire également du

tronc et du membre inférieur controlatéral, reprogrammation neuromusculaire par travail

proprioceptif notamment, ainsi que réentrainement cardio-respiratoire.

A ceci, s’ajoute le respect des consignes du protocole de rééducation postopératoire

proposé par le chirurgien (Annexe 2). La reprise de course précoce, possible à partir de J60

d’après ce document, complète la liste des moyens utilisés dans cette prise en charge, et ce,

suivant les diverses indications imposées.

25

9.2 Analyse de la littérature : critiques et perspective

A ce jour, Mlle C. exprime avoir recouvré une totale confiance en son genou, elle a repris

l’ensemble des entrainements et se prépare à participer à une représentation internationale.

Les objectifs initiaux de prise en charge ont par conséquent été atteints. Il serait cependant

intéressant de se pencher sur la mise en place d’un protocole préventif, tant pour la

prévention du risque connu de rupture itérative du ligament prothétique que pour celle

d’éventuelles lésions musculaires pouvant être engendrées par une sur-sollicitation au cours

de l’activité professionnelle de la jeune femme.

Il a été montré qu’à niveau équivalent de pratique sportive, le risque de lésion du LCA dans

la population féminine est de 4 à 7 fois plus important que chez les hommes (22), d’où

l’intérêt, voire la nécessité, de la mise en place d’un programme préventif de cette lésion.

Le nombre d’accidents, avec une prédominance des ruptures du LCA, a considérablement

augmenté au cours des dernières décennies ; de même que le nombre de femmes

pratiquant régulièrement des activités sportives. Or, une prédisposition féminine à ce type

de lésions ligamentaires a été démontrée pour diverses raisons anatomo-physiologiques,

avec notamment une influence de facteurs anatomiques, neuromusculaires et hormonaux.

L’ensemble des prédispositions féminines spécifiques exposées, ci-après, ainsi que la

description de programmes de prévention sont élaborés essentiellement à partir de la revue

de littérature de Lefèvre et al. (22) et de celle de Pairot de Fontenay et al. (23), publiées

respectivement en 2011 et 2009. Ces études s’appuient grandement sur l’analyse du geste

sportif d’athlètes féminines lors d’une réception unipodale sur un membre inférieur, geste

correspondant particulièrement avec l’activité professionnelle de Mlle C.

Suite à la lecture de ces deux articles, voilà ce qui aurait pu être mis en place autour de la

prise en charge de cette patiente, en tenant compte des différents critères hormonaux,

anatomiques et neuromusculaires.

Prédispositions féminines

Prédispositions hormonales.

Une revue de littérature a démontré que l’incidence des ruptures du LCA varie au cours du

cycle menstruel de la femme, avec notamment une fréquence augmentée durant la phase

pré-ovulatoire. La prise de contraceptif de type oral pourrait avoir un rôle protecteur, du fait

de la diminution de la variation hormonale qui en découle. Cet effet n’est cependant pas

validé à ce jour.

26

Prédispositions anatomiques.

S’il est bien connu que l’hyperlaxité est plus répandue dans la population féminine que

masculine, des études ont constaté une corrélation entre lésions du LCA et laxité articulaire.

Associée à une extensibilité des ischio-jambiers plus importante (limitant leur rôle d’anti-

tiroir antérieur du tibia sous le fémur), l’hyperlaxité constitue un premier facteur de risque

de rupture du LCA chez l’athlète féminine.

D’autre part, une différence anatomique de l’échancrure intercondylienne entre l’homme et

la femme est à noter. Celle-ci n’est pas tant fonction du genre mais plutôt de la taille de

l’individu concerné, avec une étroitesse intercondylienne proportionnelle à la taille du sujet.

A cela s’ajoute, en relation avec l’indice de masse corporelle (IMC), l’observation d’un LCA

plus fin et moins résistant chez les femmes.

Il est intéressant de rappeler que Mlle C. présente un IMC proche de 20Kg/m²,

mesure 1,52m et est dotée d’une relative souplesse physiologique.

Facteurs neuromusculaires.

La tension du LCA est principalement influencée par les forces antérieures appliquées sur le

segment jambier. Ces dernières peuvent être la conséquence de sollicitations extrinsèques

(chute ou réception d’un saut en unipodal) ou bien encore de sollicitations intrinsèques

(contraction du quadriceps sur un genou en extension quasi-complète par exemple). Or, il

s’avère que les femmes sembleraient être plus « quadriceps dominant » que les hommes

qui, pour leur part, recrutent majoritairement les muscles ischio-jambiers lors de la

réception d’un saut. Cela est confirmé par l’objectivation d’un déficit du ratio ischio-

jambiers/quadriceps (IJ/Q), alors que celui-ci constitue un critère d’indication de la capacité

de protection du genou d’un sujet, ainsi que d’un déséquilibre musculaire plus important

entre le membre inférieur dominant et non dominant chez la femme.

Un second facteur de risque est à noter chez Mlle C., puisqu’elle présente un ratio

IJ/Q gauche déficitaire de 25% par rapport au membre inférieur sain.

A partir de l’analyse des divers mécanismes lésionnels à l’origine d’une rupture du LCA,

apparait la notion de « valgus dynamique », que les auteurs traduisent comme la

combinaison d’un mouvement de flexion-rotation médiale de hanche, associé à un

mouvement de flexion-valgus-rotation de genou et à une éversion du pied. La limitation de

ce valgus dynamique est décrite comme moins efficace dans la population féminine, de par

27

l’insuffisance du contrôle musculaire due notamment au déficit du ratio IJ/Q précédemment

cité ainsi qu’à un déséquilibre d’activation musculaire à la réception de saut.

En effet, un défaut de pré-activation des ischio-jambiers préalable à la réception d’un saut

ainsi qu’une sous-activation de ces derniers durant l’amortissement du saut sont observés

chez les femmes. Les hommes, au contraire, mettent en place par ce biais, une stabilisation

active et ainsi une protection de leur genou au moment de l’impact.

Outre cette différence de stratégie de stabilisation antéropostérieure, un déséquilibre

musculaire latéro-médial est également décrit par différentes études. Il est causé par une

activation préférentielle du compartiment latéral de genou, et notamment du biceps

fémoral, qui tend alors à majorer le valgus dynamique délétère pour le pivot central.

Aucune analyse véritable de dynamique posturale n’a été appliquée à Mlle C.

Cependant, le bilan initial a mis en évidence une tendance à l’orientation du genou

en valgus, la plaçant de nouveau dans un contexte de prédisposition lésionnelle.

Programme de prévention

L’incidence des déficits neuromusculaires chez les athlètes féminines a conduit à la mise en

place de programmes de prévention afin de limiter le risque de rupture du LCA. Une

prévention des blessures ligamentaires du pivot central pourrait permettre à des dizaines de

milliers de jeunes femmes de poursuivre leur pratique sportive. Plusieurs protocoles ont, de

ce fait, été élaborés et soumis à validation scientifique.

Education.

La prévention commence tout d’abord par l’éducation et la prise de conscience par les sujets

dits « à risque ». Différentes techniques sont utilisées selon les études. Une sensibilisation

aux conduites à risque est mise en place. Celle-ci peut se faire par analyse vidéo de postures

ou gestuelles à l’origine d’une rupture du LCA afin que les athlètes puissent elles-mêmes

réduire leur propre risque, les encourageant ainsi à modifier leurs techniques sportives. Une

autre étude note que « le seul fait d’expliquer ce qu’est le LCA, son rôle, les conséquences

d’une rupture et de présenter les positions à risques à éviter, permet de modifier le

comportement des athlètes ». C’est donc par ce biais que débute la prévention.

Outre l’éducation thérapeutique dispensée par le MK, il est également intéressant de

sensibiliser le staff technique (notamment les entraineurs) qui pourra ainsi vérifier la bonne

réalisation des exercices ou apporter une correction posturale en temps réel.

28

Prévention.

La création de nouveaux schémas moteurs visant à limiter le valgus dynamique lors de la

pratique sportive constitue l’objectif principal des programmes de prévention étudiés. Il est

alors essentiel de se rapprocher au maximum de l’activité pratiquée, en termes de

sollicitation et d’intensité, afin de parvenir à une intégration optimale de la part de l’athlète.

La majorité des programmes se base sur la modification de la dynamique de mise en charge

par l’amélioration du contrôle neuromusculaire et un travail proprioceptif associé.

Cependant, la gamme d’exercices proposés est variable en fonction des études.

▪ La mise en place des exercices, sécurisés et sans risque pour le pivot central, nécessite des

corrections techniques, consécutivement à l’éducation préalablement réalisée. De ce fait, les

athlètes sont encouragées à modifier leurs postures considérées comme à risque.

La majoration de flexion de hanche et de genou est alors conseillée aux athlètes féminines,

notamment à la décélération et à la réception de saut. Elle a pour but de réduire le

phénomène de translation antérieure du tibia par le quadriceps et de favoriser la contraction

des ischio-jambiers, diminuant ainsi la mise en tension du LCA.

Un alignement correct du membre inférieur est également recherché. Ceci engendre une

posture plus adaptée en minimisant les contraintes au niveau du genou, en améliorant

l’amortissement la répartition de l’impact sur l’ensemble des articulations et en réduisant

l’effet néfaste du valgus dynamique. Par conséquent, la qualité technique va primer sur la

quantité lors de réalisation de tout exercice.

▪ Compte tenu des déséquilibres musculaires précédemment cités, un renforcement semble

indispensable à l’amélioration du contrôle du valgus dynamique et de la stabilité active du

genou. Ce renforcement tend à réharmoniser les différentes contractions musculaires et

ainsi palier le déficit d’activation musculaire. La réalisation d’un travail spécifique des

muscles déficitaires, en complément de la préparation physique de l’athlète, parait

appropriée. Il porte principalement sur un renforcement des ischio-jambiers ainsi que des

abducteurs et rotateurs latéraux de hanche, associé à des exercices de gainage général.

▪ Des études indiquent que les exercices d’équilibre dynamique et de stimulation

proprioceptive améliorent le contrôle postural et diminuent le déséquilibre noté entre

membre inférieur dominant et non dominant. Leur intégration aux programmes de

prévention est donc essentielle à la réduction optimale des risques de lésions ligamentaires.

29

▪ La pliométrie repose sur la sollicitation neuromusculaire et la mise en jeu de la capacité

proprioceptive d’un sujet. Les exercices pliométriques ont pour objectif de stimuler la

puissance et l’explosivité musculaires, de diminuer l’impact à la réception ainsi que de

favoriser la coordination musculaire, toujours à visée de minoration du valgus dynamique. Il

a été démontré que, plus ce type d’exercices est réalisé de façon intense, plus les effets

préventifs sont significatifs. De par son caractère fonctionnel et son efficacité, la pliométrie

intègre de façon évidente tout programme de prévention.

▪ Associé à une préparation proprioceptive et neuromusculaire spécifique, des études ont

montré que le conditionnement physique constitue, lui aussi, un acteur important dans la

prévention de blessures ligamentaires du pivot central.

▪ Les athlètes féminines présentent généralement une souplesse et une laxité supérieures à

leurs homologues masculins, constituant d’ailleurs l’un des facteurs prédisposants de

rupture ligamentaire. La réalisation d’étirements et l’assouplissement articulaire, à visée de

prévention de ces lésions uniquement, n’ont alors pas lieu d’être.

Résultats.

Malgré quelques échecs, il ressort de cette littérature un effet bénéfique généralisé de la

mise en place d’un programme de prévention des blessures de genou ou de cheville, avec

une diminution notable, voire significative, des ruptures du LCA.

L’efficacité de ces protocoles de prévention repose sur un certain nombre d’éléments. Les

principaux critères communs retrouvés sont : une préparation et une correction technique,

une préparation neuromusculaire et un renforcement musculaire spécifique, l’intégration

d’un programme proprioceptif et d’un entrainement à l’équilibre, la mise en place

d’exercices de pliométrie, le conditionnement physique général.

Tous ces éléments permettent d’optimiser le contrôle actif de l’articulation du genou,

notamment par la limitation du valgus dynamique associée à une posture appropriée, mais

également par une diminution des déficits neuromusculaires via un renforcement

musculaire et une stimulation proprioceptive adaptés.

Il est à noter qu’une telle prévention est d’autant plus efficace que l’athlète y adhère et en

comprend l’objectif. L’éducation et la prise de conscience personnelle est donc primordiale à

l’optimisation du programme.

30

10. Conclusion

Au regard de ces revues de la littérature, un bilan global assez partagé concernant la prise en

charge de Mlle C. se dégage. Bien que l’efficacité de celle-ci soit prouvée par le retour à ses

activités antérieures, un entrainement complémentaire, en regard des divers programmes

de prévention, aurait pu optimaliser de façon considérable la rééducation.

Outre l’objectif de minoration du risque de récidive de rupture ligamentaire, une prise en

charge majoritairement focalisée sur un versant préventif aurait en effet pu contribuer à

placer la jeune femme dans des conditions optimales de reprise de sa profession d’artiste

équestre. Par une majoration de la prise de conscience des conduites à risque et

l’intégration d’un protocole de prévention adaptée au sein de la rééducation, Mlle C. se

serait révélée plus à même de protéger son articulation et ainsi diminuer significativement

les contraintes engendrées sur la plastie. Tous ces éléments, en faveur de la protection du

ligament synthétique, aurait éventuellement permis d’offrir à cette patiente un avenir moins

incertain concernant la longévité de ce dernier face aux multiples sollicitations

professionnelles auxquelles il est de nouveau soumis.

D’autre part, le choix du type de ligamentoplastie repose principalement sur une

rééducation plus brève et, de là, une reprise sportive et professionnelle plus précoce. Cet

objectif temporel n’a pas été atteint puisque Mlle C. a repris le footing à J90 par exemple,

alors que le protocole de rééducation du chirurgien indique une reprise de course possible à

partir de J60. De plus la patiente n’a réellement repris son activité physique qu’après un

délai similaire à celui d’une ligamentoplastie plus classique. Il aurait été intéressant de

proposer un programme accéléré pour atteindre cet objectif.

Références bibliographiques

1. Kamina, P. Anatomie clinique. Editions Maloine. 2006. pp. 409-420.

2. Dufour M., Samper J-M., Devaux S. Biomécanique du membre inférieur. Elsevier Masson

SAS. 2012. pp. 5-7.

3. Dufour, M. Anatomie de l'appareil locomoteur - Membre inférieur. Elsevier Masson SAS.

2007. pp. 137-147. Vol. 1.

4. Kapandji, A. Anatomie fonctionnelle - Membre inférieur. Maloine. 2006. p. 123. Vol. II.

5. Kerkour, K. Reconstruction du ligament croisé antérieur (LCA): répercussions du choix du

greffon sur la sensibilité proprioceptive du genou. Kinésithérapie, la revue. Kinésithérapie

raisonnée après ligamentoplasties du LCA. Elsevier Masson SAS, 2003, Vol. 3, pp. 19-24.

6. Hulet C., Lebel B., Colombet P., Pineau V., Locker B. Traitement chirurgical des lésions du

ligament croisé antérieur. Elsevier Masson SAS - Techniques chirurgicales - Orthopédie -

Traumatologie. 2011.

7. Quelard B., Rachet O., Sonnery-Cottet B., Chambat P. Rééducation postopératoire des

greffes du ligament croisé antérieur. Elsevier Masson SAS - Kinésithérapie - Médecine

physique - Réadaptation. 2010.

8. Kai G., Shiyi C., Lide W., Weiguo Z., Yifan K., Qirong D., Haibin Z., Linan L. Anterior

cruciate ligament reconstruction with LARS artificial ligament: a multicenter study with 3 to 5

years follow-up. 2010, Vol. 26, pp. 515-523. In: the Journal of arthroscoic and related

surgery.

9. Huang J., Wang Q., Shen F., Wang Z., Kang Y. Cruciate ligament reconstruction using LARS

artificial ligament under arthroscopy: 81 cases report. 2010, pp. 160-164. In: Chinese

Medical Journal.

10. (HAS), Haute Autorité de Santé. Commission Nationale d'Evaluation des Dispositifs

Médicaux et des Technologies de Santé - LARS ligament artificiel pour le genou. 2012.

11. Consensus sur la rééducation du genou après ligamentoplastie du croisé antérieur,

obtenu à partir de plus de 30 protocoles de rééducation. 2005. Dans le cadre des 23ème

Entretiens de Médecine Physique et de Réadaptation (Montpellier, le 02 mars 2005).

12. Haras Nationaux. [En ligne] Consulté le 15 mars 2015. http://www.haras-

nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/formations-et-metiers/les-autres-

metiers/cavalier-de-spectacle-equestre.html?type=98.

13. Montgomery J., Hislop H. Le bilan musculaire de Daniels & Worthingham - Techniques de

testing manuel. Elsevier Masson SAS. 2009. pp. 216-231. Vol. 8.

14. Pocholle, M. L'isocinétisme aujourd'hui: les tests. Annales de Kinésithérapie. Masson,

2001, pp. 208-221. Evolution des pratiques professionnelles.

15. Piret, Q. Comparaison du renforcement du quadriceps fémoral en chaines cinétiques

ouverte et fermée après ligamentoplastie du LCA. Kinésithérapie Scientifique. 2011, 517, pp.

23-32.

16. Chatrenet, Y. Chaine cinétique ouverte versus chaine cinétique fermée: état des lieux en

2013. Kinésithérapie Scientifique. 2013, 547, pp. 29-34.

17. Fabri S., Lacaze F., Marc T., Roussenque A., Constantinides A. Rééducation des entorses

du genou: traitement fonctionnel. Elsevier Masson SAS. Kinésithérapie - Médecine physique

- Réadaptation, 2008.

18. Bellaud, E. Les effets de l'électrostimulation sur le muscle sain. Kinésithérapie, les

cahiers. 2005, Vol. 38-39, pp. 75-80.

19. Rachet, O. Prévention des entorses du genou par insertion d'un programme de

proprioception dans la préparation physique des athlètes. Kinésithérapie Scientifique. 2004,

440, pp. 15-18.

20. Geoffroy, C. Guide pratique des étirements - 150 exercices pour être en forme. C.

Geoffroy. 2008.

21. (HAS), Haute Autorité de Santé. Critères de suivi en rééducation et d'orientation en

ambulatoire ou en SSR après ligamentoplastie du croisé antérieur du genou.

Recommandations professionnelles. 2008, pp. 26-37.

22. Lefèvre N., Bohu Y., Cascua S., Herman S. Revue de littérature. La rupture du ligament

croisé antérieur: particularités féminines. Journal de Traumatologie du Sport. Elsevier

Masson SAS, 2011, pp. 24-30.

23. Pairot de Fontenay B., Argaud S., Monteil K. Rupture du LCA: cas de l'athlète féminine.

Journal de Traumatologie du Sport. Elsevier Masson SAS, 2009, Vol. 26, pp. 155-162.

Annexe 1.

Compte rendu opératoire.

Radiographies postopératoires (J8).

Annexe 2.

Protocole de rééducation postopératoire de J45 à J90.

Annexe 3.

Evaluation isocinétique initiale – 12/09/2014.

Annexe 4.

Illustrations des exercices rééducatifs.

A. Exercices de renforcement musculaire :

B. Exercices de reprogrammation sensori-motrice :

Figure 11: Progression d'exercices de proprioception

C. Exercices de « retour terrain » :

Annexe 5.

Evaluation isocinétique finale – 26/09/2014.