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Du Malheur d’avoir de l’esprit DOSSIER PÉDAGOGIQUE Du Malheur d’avoir de l’esprit d’Alexandre Griboïedov mise en scène Jean-Louis Benoit CRÉATION DOSSIER PÉDAGOGIQUE

Du Malheur d’avoir de l’esprit - Le réseau de ... · ... et la comparaison du ... de l’espritest un avatar du drame romantique de l’homme incompris de la ... du Théâtre

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Du Malheur d’avoir de l’esprit

DOSSIER

PÉDAGOGIQUE

Du Malheur d’avoir de l’esprit

d’Alexandre Griboïedov

mise en scène Jean-Louis Benoit

CRÉATION

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE Du Malheur d’avoir de l’esprit - 26/04/2007 page 2

Du Malheur d’avoir de l’espritmise en scène Jean-Louis Benoit

traduction André Markowiczdécors Alain Chambon

costumes Marie Sartoux et Alain Chambonlumières Joël Hourbeigt

son Jérémie Tisonperruques et maquillages Cécile Kretschmar

assistante à la mise en scène Raphaëlle Spencerstagiaire à la mise en scène Kéti Irubetagoyena

Avec

REPRÉSENTATIONS

du 10 mai au 10 juin 2007Grand Théâtremardi, mercredi à 19Hjeudi, vendredi, samedi à 20Hdimanche à 15HATTENTION : pas de représentation le dimanche 27 mai

Durée du spectacle : 2H30

PHOTOS

Des photos libres de droits pour la presse régionale sont disponibles sur notre site www.theatre-lacriee.com

AUDIO-DESCRIPTION

Pour les déficients visuelssamedi 2 juin 20hdimanche 3 juin 15h

RENSEIGNEMENTS

RÉSERVATIONS

04 91 54 70 54 par téléphone, au Théâtre, du mardi au samedi de 12H à 18H Tarifs de 9 à 21€

CONTACT

Rébecca Piednoir Tel : 04 96 17 80 [email protected] Pironebilletterie groupesTel : 04 96 17 80 [email protected]

Philippe Torreton TchatskiRoland Bertin FamoussovJean-Paul Farré RépétilovNinon Brétécher SofiaChloé Réjon LizaLouis-Do de Lencquesaing MoltchalineFrançois Cottrelle SkalozoubJean-Marc Roulot Platon MikhaïlovitchEmilie Lafarge Natalia DmitrievnaMartine Bertrand La vieille KhliostovaSuzy Rambaud La PrincesseJean-Marie Frin ZagoretskiLouis Merino Un domestique

Catherine Herold La Comtesse KhriouminaJézabel d'Alexis La petite fille de la ComtesseVéronique Dossetto Une domestiqueDominique Pacitti Une domestiqueStéphane Bientz Un domestiqueJacques Dupont Le Prince TougooukhovskiMarie Albe Une invitéeMarius Cavallini Un invitéJean Duvert Un invitéLouis Franco Un invitéDenise Giullo Une invitéeCatherine Manent Une invitée

Production › Théâtre National de Marseille La Criée en coproduction avec le Théâtre National de Chaillot

Spectacle créé au Théâtre National de Chaillot du 9 mars au 7 avril 2007

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Autour du spectacle

LECTURE

Pouchkine, poèmes en russe et en françaiscommentés par André Markowicz, traducteur Entrée libre sur réservation 04 96 17 80 31 ou [email protected]

JEUDI 24 MAI 20H - PETIT THÉÂTRE

• Rencontre avec Jean-Louis Benoit et les comédiens SAMEDI 12 MAI 17H - CENTRE BOURSE / FORUM FNAC

• Rencontre avec les comédiens tous les mercredis à l’issue de la représentation

• Exposition photo au restaurant Le Pain quotidien Place aux Huiles - MarseilleVERNISSAGE MARDI 15 MAI 18H - EXPOSITION JUSQU’AU DIMANCHE 3 JUIN

• Sur www.theatre-lacriee.commise en place d’un forum, espace de dialogue et d’échange autour du spectacle, photos et extraits vidéo à télécharger

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En quelques mots

Un matin, Tchatski revient à Moscouaprès une absence de trois ans, brû-lant de retrouver une amie d’enfance,Sophie, fille d’un haut fonctionnaire,Famoussov. On l’accueille froide-ment. Avec l’impatience - et la naï-veté - des amoureux, il doute encorede son malheur et veut aussitôtsavoir la vérité : Sophie aime-t-elleun rival ? Serait-ce Skalozoub, cetofficier bête et avantageux ? Ce ne

peut être Moltchaline, ce petit intri-gant silencieux et servile ! Pourtant,le spectateur le sait, c’est Moltcha-line qui est aimé : Sophie, blesséepar le départ de Tchatski, l’a paré devertus imaginaires, et il joue docile-ment son rôle d’amoureux respec-tueux, tout en lutinant la servanteLise. Le soir, lors d’un bal chezFamoussov, Tchatski retrouve leTout-Moscou : vieilles dames tyran-niques, parasites, tricheurs, filles àmarier stupides, maris abrutis. Plai-santant Moltchaline, il provoque lacontre-attaque de Sophie qui nedément pas un bruit absurde :

Tchatski serait devenu fou ! Après laréception, voulant à tout prix résou-dre l’énigme, il se cache derrière unpilier et entend des propos sur sa« folie » qui mettent le comble à sonexaspération. Mais voici le coup degrâce : une déclaration à Lise deMoltchaline, que surprend aussiSophie. Tchatski laisse là Sophie enlarmes, et avec elle Moscou, allant« chercher par le monde un refugepour le sentiment offensé ». « Mavoiture ! Ma voiture ! » seront les der-niers mots du voyageur condamnéà l’errance.

››› Dominique Pacitti, Philippe Torreton, Monique Murawsky, Suzy Rambaud, Guy Faucher, Ninon Brétécher

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A propos du Malheur d’avoir de l’esprit

Nous ne connaissons pas Griboïedov. Pouchkine, Lermontov, ses contemporains, Gogol un peu plus tard, ontété et sont encore représentés – rarement - sur nos scènes. Autant que je le sache, Du Malheur d’avoir del’esprit n’a jamais été joué en France. Pourtant, dans la dramaturgie russe, cette œuvre est un « classique »d’une importance capitale : achevée en 1823 (elle sera représentée pour la première fois en 1831, deux ansaprès la mort de Griboïedov), elle est la première pièce moderne du théâtre russe : pour la première fois,dans une langue « parlée », en vers libres, un auteur dédaigne les types traditionnels conçus a priori, pourcréer des types universels observés dans la vie et l’actualité même de son temps. Griboïedov « lance » lethéâtre réaliste russe sans lequel Le Revizor de Gogol n’aurait jamais vu le jour.

Je ne sais pas exactement pourquoicette pièce n’a jamais été jouée enFrance. Certainement que ses réfé-rences à l’actualité du temps, auMoscou « d’avant l’incendie » (de1812), « prédécembriste », gonflédes aspirations de la jeune généra-tion en révolte contre les conserva-tismes, peuvent créer pour nous uncertain éloignement, mais au-delàdes allusions et des références auMoscou d’avant 1825, le problèmeque pose Griboïedov dans sa pièceest somme toute le suivant : quellepeut être la place d’un homme intel-ligent dans une société d’imbéciles ?La question ne mérite-t-elle pasd’être posée dans la France d’au-jourd’hui ? Le vrai intérêt de cettepièce est psychologique et tourneautour du personnage central qu’estTchatski (ce nom connote en russeles fumées du rêve) homme pas-sionné, railleur, qui, vaincu au seind’une société de médiocres, passevraiment pour un fou et se voitcontraint de se retirer dans un« désert » où personne n’ira le cher-cher. Nous pensons à Alceste évi-

demment, et la comparaison du Mal-heur d’avoir de l’esprit avec LeMisanthrope fut faite à l’origine parles russes qui venaient enfin de trou-ver là leur Molière. L’étude de cethomme seul et buté, qui se heurte àune société qui le refuse, qui lancehaut et fort ses certitudes et sesconvictions, cet homme blessé,empêché, amoureux trahi et délaissé,emporté, agressif et moqueur, insup-portable parfois, est d’une portéeévidemment universelle et dépassede loin le seul cadre moscovite desannées 1810. Comédie, tragédie,pamphlet, Du Malheur d’avoir del’esprit est tout cela, et plus encore,un poème « scénique ».

Œuvre lyrique, Du Malheur d’avoirde l’esprit est un avatar du drameromantique de l’homme incomprisde la société, une tentative de har-diesse insurpassée pour montrer ledrame à sa naissance même, sonsurgissement et sa fatalité.Il faut entendre ici « esprit », noncomme la simple pose à se montrer« spirituel », mais comme la facultéd’être « intelligent », homme desavoir faire, compétent, maniant laraison et le bon sens appliqué au réel.Tchatski serait ainsi un « homme desLumières » selon le XVIIIème siècle. Unhomme éclairé.

Nous nous proposons de produireavec Le Théâtre National de ChaillotDu Malheur d’avoir de l’esprit. Il esttemps que le public françaisconnaisse Griboïedov et son uniquecomédie. Cette pièce est écrite envers libres rimés, vers qui à l’épo-que ne faisaient pas très sérieux etn’existaient que dans l’opérette oules genres mineurs. André Marko-wicz a retraduit pour nous la pièce,souhaitant « rendre » le langagefamilier tout en restituant la versifi-cation d’origine.

JEAN-LOUIS BENOIT (2005)

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L’intelligence, cet enfer

Du Malheur d’avoir de l’esprit, clas-sique capital du théâtre russe pré-senté pour la première fois enFrance, réunit notamment PhilippeTorreton et Jean-Louis Benoit, prèsde dix ans après le triomphe desFourberies de Scapin à la Comédie-Française. Pour le metteur en scèneet directeur du Théâtre de La Criée,à Marseille, l’acteur et le héros deGriboïedov ont en commun « cet aird’être toujours en colère… Torreton,comme son personnage, est unhomme entier, habité, plein d’éner-gie. Même dans ses silences, on lesent toujours au bord de l’explo-sion ». Publiée par fragments, inter-dite par la censure, l’œuvre dénoncele népotisme et le conservatisme.

Farce tragique et comédie politique,la pièce unique de Griboïedov (1823)dépeint un monde d’ambitieux et demagouilleurs dans lequel s’égareTchatski, homme clairvoyant etrévolté, l’espace d’une seule journée.L’homme rappelle l’Alceste du Misan-thrope de Molière. « Il est doté del’intelligence que décrit le Siècle deslumières, explique Jean-LouisBenoit : c’est un homme éclairé, ouun honnête homme. » Progressiste,Tchatski se réfère aux idées libéralesde son temps. Il veut reconstruire laRussie, mais se heurte aux traditio-nalistes.

Amoureux passionné, il retrouveSophie après trois ans d’absence àMoscou. Mais la jeune femme, pardépit, s’est tournée entre temps versun autre, un vaniteux servile. Le soirmême, un bal rassemble la hautesociété moscovite, où défilent lesridicules parasites, les hargneusescacochymes, les belles idiotes àmarier, les mères tyranniques etleurs coureurs abrutis de maris.Tchatski provoque la haine et sedéfend mal. Il surprend les conver-sations, entend les rumeurs qui leconcernent, et observe avec une luci-dité impitoyable la communauté deshommes, ces barbares mondains. Ilpart en quête d’un « refuge pour lesentiment offensé », comme Alcestefuit le monde et rejoint le désert.

PIERRE NOTTE

BROCHURE DE SAISON 06-07THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT

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Une comédie russe

ALEXANDRE GRIBOÏEDOV, ÉCRIVAIN BRILLANT ET À CONTRE-COURANT

Alexandre Griboïedov est né à Mos-cou, dans une famille de noblesseancienne, cela, c’est sûr, mais dès sadate de naissance, les difficultés sur-gissent. Lui-même indiquait le 4 jan-vier 1795 ; cela le faisait entrer àl’Université de Moscou à treize ans(1808), et en sortir avec un diplômedonnant droit d’enseigner à quinzeans... Des recherches récentes éta-blissent que si ses parents se sontbien mariés en 1791, il est né en1790, hors mariage, et s’était trouvéobligé de mentir pour ne pas êtredéclaré bâtard.

Après des études très brillantes, ilse lance dans la vie mondaine de lajeunesse dorée de son époque, pia-niste brillant et mauvais garçon ; tou-tefois, quand Napoléon envahit laRussie en 1812, il se porte volontaire,mais ne se retrouve pas dans l’ar-mée combattante, contrairement à laplupart de ses amis pour lesquelsl’expérience de la guerre, puis del’invasion de la France, sont fondatri-ces. La guerre terminée, Griboïedovse tourne vers le théâtre, et écrit avecle poète Pavel Katénine une premièrecomédie en prose, L’Étudiant, en1817, qui se présente comme uneattaque contre le sentimentalisme.Car Griboïedov, contrairement à laplupart des jeunes gens rassemblésen sociétés littéraires comme LaLampe verte ou L’Arzamas (auxquel-les appartient le jeune Pouchkine,

qu’il côtoie mais ne fréquente pas),se range parmi les « archaïstes »,hostiles à l’influence des nouveauxauteurs français ou anglais. En celaencore, il est à contre-courant.Une querelle mondaine va changersa vie. En novembre 1817, il parti-cipe à un duel à quatre, qui l’oppose,aux côtés du prince Chérémétiev, aucomte A. Zavadovski et à A. Iakou-bovitch, pour les beaux yeux d’uneactrice. Le comte Chérémétiev esttué et Griboïedov, qui venait justed’entrer dans la carrière diplomati-que, est envoyé servir de secrétaireauprès du général Iérmolov, com-mandant de l’armée russe qui étaiten train d’envahir le Caucase — ils’agissait là du début d’une guerresanglante qui devait durer jusqu’auxannées 1860 et a repris après l’écrou-lement de l’URSS. >

››› Roland Bertin, Philippe Torreton

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Griboïedov y écrit ses Lettres du Cau-case, non destinées à la publication,où il dépeint la réalité de la guerre,débarrassée de ses oripeaux« patriotiques ». Après l’écrasement des décembris-tes (14 décembre 1825) qui avaienttenté d’imposer par la force unemonarchie constitutionnelle, il passesix mois en prison et ressort libre,mais sous surveillance constante dela police : même s’il n’avait pas par-ticipé au complot proprement dit, ilconnaissait personnellement la plu-part des insurgés. Renvoyé au Cau-case, il suit souvent les combats etfait de fréquents séjours en Perse,pays contre lequel la Russie mèneune guerre qui s’achèvera par untraité victorieux en février 1828, traitéauquel sa contribution est décisive.

Reçu par le tsar Nicolas Ier qui sou-haite le remercier de ses services, illui demande la grâce de ses amis,et la réponse est immédiate : c’est luiqui, en disgrâce, est nommé ambas-sadeur à Téhéran. Là, en janvier1829, l’ambassade russe est prised’assaut par une foule de fanatiqueschiites qui massacrent tous les Rus-ses présents dans le bâtiment. Lecorps de Griboïedov ne sera reconnuque par sa main difforme : Iakoubo-vitch et lui s’étaient retrouvés auCaucase et ce dernier avait, inten-tionnellement, visé sa main, pourqu’il ne puisse plus jamais jouer dupiano.

En 1829, Pouchkine s’était échappéde Saint-Pétersbourg pour rejoin-dre l’armée du Caucase. Il écrit, dansson magnifique Voyage à Erzeroum,décrivant la traversée d’une routemontagneuse : Deux bœufs, attelésà une arba(1), gravissaient un cheminescarpé. Quelques Géorgiensaccompagnaient l’arba. « D’oùvenez-vous ? » leur demandai-je. —De Téhéran. « Qu’est-ce que voustransportez ? » — « Griboïed(2) ». —C’était le corps de Griboïedov, assas-siné, qu’ils convoyaient jusqu’à Tiflis.Je ne pensais plus revoir notre Gri-boïedov ! Je l’avais quitté l’année der-nière, à Saint-Pétersbourg, avant sondépart pour la Perse. Il était tristeet avait d’étranges pressentiments :« Vous ne connaissez pas ces gens-là ; vous verrez qu’il faudra jouer descouteaux. » (3) [...] Il est mort sous lespoignards des Persans, victime del’ignorance et de la perfidie. >

››› Philippe Torreton, Ninon Brétécher

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Son cadavre défiguré, jouet depuistrois jours de la canaille perse, neput être reconnu que par sa main,jadis trouée d’une balle de pistolet.J’ai connu Griboïedov en 1817. Soncaractère mélancolique, son espritaigri, sa bonhomie, ses faiblesses etses vices mêmes, inévitables compa-gnons de l’humanité — tout en luiirradiait un charme extraordinaire.Né avec un amour-propre qui égalaitses dons, il fut longtemps pris dansles rets des misères mesquines et del’anonymat. Ses capacités d’hommed’Etat restaient inutilisées ; sontalent de poète non reconnu ; mêmesa bravoure froide et étincelante futun temps soumise au doute. Quel-ques amis connaissaient sa valeuret se voyaient opposer un sourire deméfiance, ce sourire imbécile etinsupportable, quand il leur arrivaitde parler de lui comme d’un hommeextraordinaire. [...]

La vie de Griboïedov fut assombriede nuages : conséquences de pas-sions fougueuses et de circonstan-ces puissantes. Il avait senti lanécessité de régler ses comptes unefois pour toutes avec sa jeunesse etde faire prendre à sa vie un tournantbrutal. Il fit ses adieux à Saint-Pétersbourg et à la distraction oisive,partit en Géorgie et y passa huit ansde travail solitaire et constant. Sonretour à Moscou en 1824 fut le tour-nant de son destin et le début de suc-cès ininterrompus. Sa comédiemanuscrite Du malheur d’avoir del’esprit eut un effet indescriptible etle plaça d’un coup au premier rangde nos poètes. [...] Je ne connais riende plus enviable que les dernièresannées de sa vie. Sa mort elle-même,qui le frappa au milieu d’un combatcourageux et inégal, n’eut pour Gri-boïedov rien de terrifiant, rien d’an-goissant. Elle fut instantanée,splendide...

LES DÉBOIRES DE TCHATSKI, JEUNE HOMME

CAUSTIQUE ET PLEIN D’ESPRIT

L’intrigue du Malheur d’avoir de l’es-prit est simple et pourrait se résumeren un vers : « Où sommes-nous lemieux ? Où nous ne sommes pas. »Après un voyage de trois ans à traversle monde, Alexandre Tchatski, un jeunehomme caustique et « plein d’esprit »,porteur de généreuses idées deréforme, revient à Moscou, chezFamoussov, un notable corrompu, dontla fille unique, Sofia, est demeurée songrand amour. Mais « qui va à lachasse perd sa place » : alors queFamoussov voudrait lui faire épou-ser le colonel Skalozoub, un militaireriche et stupide, Sofia est amoureusede Moltchaline, le veule secrétaire deson père. Tchatski refuse d’y croire, etfinit par blesser celle qu’il aime. >

››› Louis-Do de Lenquesaing, Ninon Brétécher, Chloé Réjon

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Une soirée réunit une assemblée d’in-vités tous plus monstrueux les unsque les autres, et Sofia fait courir lebruit que Tchatski est fou. Le jeunehomme voit chacun se détourner delui. La nuit, sans savoir que Tchatskiest involontairement témoin de lascène, Sofia surprend Moltchalinefaisant la cour à sa suivante, Liza. Lapièce finit par un quiproquo général :Famoussov prend Tchatski pourl’amant de Sofia et le chasse, tandisque Sofia et Liza sont envoyées aufin fond de la Russie, et Moltchaline,qui a réussi à s’éclipser dans lacohue, échappe à toute poursuite.

RETENTISSEMENT DU TEXTE

ET REPRÉSENTATIONS CONTRARIÉES

Du Malheur d’avoir de l’esprit,achevé en 1824, fut interdit dès lemois de mai 1825, au moment où ungroupe d’étudiants voulut le repré-senter sur scène, et l’on voit malcomment il aurait pu en être autre-ment : les attaques de Tchatskicontre les courtisans, en particulier,sont d’une violence telle qu’on sedemande comment, dans le contextede l’époque, elles ont pu même êtresimplement écrites. Mais le texte deGriboïedov fut diffusé par centaines

de copies manuscrites, qui circulè-rent, dès 1824-25, à travers toute laRussie. Du coup, si la pièce elle-même ne fut autorisée à la repré-sentation qu’en 1861, il n’existait pasune seule personne lisant le russequi ne fût pas en état d’en citer desphrases isolées, sinon répliquesentières. Il s’agit là d’un phénomèneunique : des poèmes révolutionnai-res de Pouchkine avaient déjà cir-culé à des centaines d’exemplairesmanuscrits, mais ce n’étaient quedes poèmes isolés, jamais des livres.Ici, il s’agit bien d’exemplaires com-plets, de copies du texte de toute lapièce(4).

TCHATSKI ET SES AVATARS

DANS LA LITTÉRATURE RUSSE

Depuis 1825, le nom de Tchatski ouson influence apparaissent dans laplupart des romans, d’Eugène Oné-guine de Pouchkine au Bal masquéet au Héros de notre temps de Ler-montov, des romans de Tourguénievà ceux de Dostoïevski, comme si Gri-boïedov, peignant le premier « hommeétrange », le premier « homme detrop » du romantisme russe, avaitlancé un débat fondateur : quelleplace pour l’individu dans une sociétécorsetée et construite sur la peur ?Le dernier avatar de Tchatski estsans doute le Platonov de Tchekhov(le fils Vénguérovitch ne lui dira-t-il

pas : J’étudie d’après vous lesTchatski de notre temps.) Rien n’étaitplus gratifiant que de s’identifier àce personnage flamboyant, aux tira-des assassines, dans un monde où lemoindre écart, la moindre parolepouvaient avoir des conséquencestragiques. Rien n’était plus noble,bien sûr, que de lancer sa révolte àla face du monde.

ANDRÉ MARKOWICZ

TRADUCTEUR

(1) L’arba est un genre de charrette.(2) Il y a là un jeu de mots terrible :

« Griboïed » signifie « mangeur dechampignons ».

(3) En français dans le texte. On notera queles deux plus importants poètes russesde l’époque se parlent naturellement enfrançais.

(4) La « Maison Pouchkine » à Saint-Pétersbourg, bibliothèque où sontregroupées la plupart des archives duromantisme russe, possède à elle seuleune centaine de ces copies.

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Interview Jean-Louis Benoit, propos recueillis par Christophe Roque et Eric Rostand

Vous dites à propos Du Malheurd’avoir de l’esprit, qu’il s’agit de la1ère pièce moderne du théâtre russe.Pouvez-vous nous parler du moder-nisme de Griboïedov ?On dit que le théâtre de Griboïedov estun théâtre fondateur de la dramatur-gie réaliste russe. Pour la premièrefois en effet, en 1820, les spectateursreconnaissaient leurs semblablessur scène et notamment des hom-mes politiques. C’est d’ailleurs parcequ’elle dénonçait de façon directecertains vices, en nommant quasi-ment des personnalités, que la piècea fait scandale.Ce théâtre-là a eu une importanceconsidérable : Gogol va suivre peude temps après avec Le Revizor, puisTchekhov.C’est donc parce qu’il a été fonda-teur que le théâtre de Griboïedov estmoderne.On peut le dire moderne, aussi, parceque, à l’exception d’allusions au tsa-risme et à l’administration de l’épo-que, qui ne nous parlent plusaujourd’hui, je crois qu’on peut êtresensible au personnage de Tchatski,un homme d’esprit, intelligent,éclairé, qui se sent inutile parce qu’ilest entouré d’imbéciles. On peuttrouver des échos aujourd’hui, la cul-ture étant souvent considéréecomme ne faisant pas partie desvrais enjeux.

Ce sentiment d’inutilité que ressentTchatski se double d’un refus amou-reux. Ainsi, même en amour, il sesent inutile. C’est donc un engage-ment de monter cette pièce, unefaçon pour vous de dire qu’il estimportant de parler des choses del’esprit ?Oui, très certainement.

On peut lire parfois que Griboïedovest un Molière russe. Qu’en pensez-vous ?Griboïedov admirait Molière, il enparle d’ailleurs dans un texte.Il y a en effet une similitude avec LeMisanthrope : Tchatski est un per-sonnage qui aime dire la vérité, quiparle franc, qui ne veut pas dissimu-ler la vérité, ce qui le condamne àl’exclusion. Combien de fois d’ail-leurs lui conseille-t-on de courberl’échine, de flatter les puissants,comme à Alceste ! La critique socialeest présente chez Griboïedov commechez Molière.La relation amoureuse en revanchen’est pas comparable : Célimènen’est amoureuse de personne, tan-dis que Sofia aime un autre homme.

Est-ce que, comme chez Molière, lasociété de Tchatski est encore trèspuissante mais déjà en train demourir ?

Certainement. La Russie a desvaleurs qui déclinent. Griboïedovappartient à une noblesse cultivée,très influencée par ce qui vient d’Eu-rope et notamment de France (celas’explique par les guerres napoléo-niennes et la circulation des idéesqu’elles ont engendrées). Ainsi, tou-tes les valeurs des Lumières sont entrain de se diffuser en Russie,notamment au sein d’une généra-tion éprise de liberté, qui veut sedébarrasser de l’administration enplace. Ces idées, déjà en germe,mèneront à la révolution de 1905.Tchatski reproche à la Russie d’em-prunter à l’étranger, d’être un peu-ple servile qui copie. >

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C’est en cela que Tchatski est com-plexe : d’un côté il étale ses convic-tions républicaines, de l’autre il s’at-tache aux références du passé (ilinvoque Pierre Ier par exemple). Sansêtre pour autant réactionnaire, il sou-haite que la Russie retrouve sonâme, tout comme le philosophe del’époque, Tchaadaev, qui a sansdoute inspiré le personnage deTchatski, et qui a été emprisonné parla police tsariste car considérécomme fou.

La scène du bal constitue indénia-blement un moment de rupturedans la pièce…En effet. La pièce est étrange d’ail-leurs dans sa construction et n’apas d’équivalent chez nous : elle estconstituée de quatre actes, les deuxpremiers sont des conversationsdans des salons avec quatre per-sonnages et puis, à la moitié del’acte III, le tout Moscou arrive, et onse retrouve avec vingt comédienssur scène. J’ai voulu que cette scènesoit en décalage avec le reste de lapièce : c’est là que la rumeur se crée(celle disant que Tchatski seraitdevenu fou).

Je n’ai pas voulu en faire une scèneréaliste. C’est un univers étrangeavec un côté morbide, dans lequeltout le monde a peur : l’un des per-sonnages d’ailleurs qualifie lesconvives de chez Famoussov commedes monstres. On y trouve une fillelaide qui cherche un époux, unhomme malade, des gens qui semoquent les uns des autres, quin’ont pas envie d’être là mais quisouhaitent respecter les convenan-ces ou marier leur fille. C’est unevision cauchemardesque.Mais il y a aussi des moments drô-les, car c’est une comédie noire. Je précise qu’il s’agit plutôt d’unesoirée de deuil, d’une réunion defamille, et non d’un bal, il est d’ail-leurs mentionné qu’on a le droit dene danser qu’au son du piano.

Un élément du décor est intéres-sant dans son refus du natura-lisme : la toile peinte représentantune ville vue en hauteur, à la fin duspectacle…Le texte indique que l’acte IV se passedans le hall d’entrée de Famoussov,avec un grand escalier. On comprendà ce moment seulement que tout cequi précède se passait à un premierétage. Pour signifier un point de vueen hauteur sur l’extérieur, AlainChambon, le décorateur, a imaginéune vue sur une grande métropole,

que l’on ne peut pas reconnaîtrecomme étant Moscou, qui pourraitêtre autant une évocation de Bue-nos Aires ou de Berlin par exemple.C’est par une porte aménagée danscette toile de fond que repartent lesconvives, ce qui contribue à l’étran-geté de la pièce.Ce qui est très beau dans cette scèned’ailleurs, c’est que tout se passedans la nuit noire, tous feux éteints(à un moment, les domestiques fonttomber leurs bougies), et c’est dansl’obscurité qu’ont lieu les monolo-gues de Tchatski et qu’il se rendcompte de la vérité. Il y a là une bellesymbolique.

Qu’est ce qui vous a motivé pourmonter cette pièce ?Sans hésiter, les personnages, trèscomplexes car on ne peut les réduireà un seul comportement. Tchatskipar exemple : comment se fait-il qu’ilne se rende pas compte que Sofiaaime Moltchaline (ce que nous, spec-tateurs, savons depuis le début),alors qu’il est si lucide sur les ques-tions sociales ou politiques ? A monavis, parce qu’il est trop intelligent,justement, et se fait une idée telle-ment haute de Sofia qu’il la jugeincapable d’aimer un être aussi veuleet opportuniste que Moltchaline. >

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L’idée qu’il se fait de Sofia l’empê-che de la voir telle qu’elle est. Lepersonnage de Sofia également estdifficile à cerner : elle aime Moltcha-line d’une drôle de façon, on a plutôtl’impression qu’elle aime plutôtl’amour que Moltchaline lui-même.De même, elle est ambiguë dans safaçon de repousser Tchatski, ellesemble tout de même attirée verslui. Les metteurs en scène russesla présentent d’ailleurs généralementcomme un personnage manipula-teur, ce que je ne pense pas qu’ellesoit. Quant au rêve qu’elle raconte(acte I), il peut être l’objet de diver-ses interprétations (qui est l’hommedont elle parle ? Tchatski ? Moltcha-line ? ). Autre flou : pourquoi Tchatskiest-il là? Il ne semble pas avoir encorel’idée de demander la main de Sofia.Est-ce simplement une visite de cour-toisie ? On n’en sait rien.

La pièce, une fois créée, corres-pond-elle à ce que vous aviez l’inten-tion de monter ?C’est une pièce très difficile à mon-ter, qui n’a pas les références aux-quelles nous sommes habitués : iln’y a pas de didascalies, on ne saitpas quand les personnages entrentet sortent, la longueur des scènesest très déséquilibrée etc. Mais, aufinal, le spectacle est très proche dece que j’avais imaginé initialement.Par exemple, j’ai toujours imaginé lebal avec une ambiance un peu mor-bide, des visages cauchemardesquesqui font penser à certains tableauxde Goya, comme « La vieille ». Le manteau de Tchatski est aussi unélément que j’imaginais dès le début.Le fait qu’il le garde sur lui duranttout le spectacle insiste sur son trou-ble : il est trop préoccupé pour allerse changer, durant la scène du bal iln’enlève pas même son chapeau, cequi l’exclut physiquement des autres.

Qu’est-ce qui peut intéresser unadolescent dans Du Malheur d’avoirde l’esprit ?Le fait de voir la colère d’un homme !Un homme qui se bat pour être aiméde la femme qu’il aime et qui se batpour que les choses changent.J’aime beaucoup le personnage deTchatski parce que c’est un hommetonique, qui donne envie de vivre, unpeu comme les personnages de Cor-neille qui ne sont jamais suicidairesou fuyants mais au contraire ontenvie de se battre.

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Alexandre Griboïedov

Griboïedov est né à Moscou, en 1794.Ses parents appartenaient à cettenoblesse ancienne qui compte sesaïeux, pratique assidûment l’arri-visme à grand renfort de relationsmondaines et s’enferme dans sacaste. Rien n’est négligé pour l’édu-cation d’Alexandre : précepteurs, uni-versités de Moscou, il apprend lelatin, les langues étrangères, le droit,les mathématiques. Griboïedov futl’un des hommes les plus cultivésde son temps.La guerre de 1812 lui donna l’occa-sion de s’échapper du joug familial.Il s’engagea dans un régiment dehussards, fut attaché à l’état-majord’un général. La chute de Napoléon,l’occupation de Paris par les trou-pes russes contribuèrent à l’éman-cipation intellectuelle et moraled’une jeunesse « éclairée » oùdevaient se recruter les futurs conju-rés de décembre 1825 (les « décem-bristes »). Griboïedov ressentit vive-ment ce bouillonnement des esprits. En 1815, il remit sa démission, puispassa au service civil, comme tra-ducteur aux Affaires étrangères où ilrencontra Pouchkine. Dandy, il mènealors une vie de dissipation tapa-geuse : il participe activement à la vielittéraire de la capitale, fréquente lessalons, les mécènes, les clubs aris-tocratiques. Les discussions sontvives dans ces milieux à la foisconservateurs et libéraux où l’on pro-fesse toujours un vif patriotisme lit-téraire.

D’un sérieux précoce, sous desdehors amusés, nerveux et domina-teur, Griboïedov menait une viebruyante dont il percevait toute lavanité : raillerie agressive, timidité

jointe à la causticité, mécontente-ment des autres et de soi-même,bref tous les traits que nous retrou-verons chez Tchatski. Pouchkine (quisemble l’avoir peu aimé) le trouve« déjà aigri » à 23 ans.

En 1817, à la suite d’un duel à qua-tre où l’un des partenaires trouva lamort, Griboïedov fut contraint de« s’éloigner » : il dut accepter l’offreque lui fit un chargé d’affaires enPerse de le prendre comme secré-taire de mission diplomatique. Ainsicommença une carrière qu’il n’avaitni recherchée, ni désirée, et quidevait être brillante. La Russiemenait alors à la fois une guerred’usure contre les tribus insoumi-ses du Caucase et une lutte d’in-fluence en Perse, où la France puisl’Angleterre s’efforçaient de provo-quer la résistance au Tsar. Griboïe-dov s’acquitta avec bonheur de mis-sions difficiles, s’initia au turc et aupersan, partageant une vie fatiganteentre Tiflis, Erivan, Tabriz…L’exil enPerse lui pèse et dès qu’il le peut, ils’échappe : il séjourne alors à Tiflisoù il travaille à sa comédie.

En 1825, sa carrière faillit être briséepar la mutinerie des décembristes.Sa participation au complot était peuprobable, mais il connaissait nombrede conjurés : il fut ramené sousescorte à Saint-Pétersbourg aux finsd’enquête. Les appuis ne lui man-quèrent pas. Un non-lieu définitif futrendu en 1826 et il repartit pour Tiflis.Désormais, Griboïedov joue un rôlede premier plan dans les relationsentre la Russie et la Perse. Il estnommé ministre plénipotentiaire. Ilavait pourtant perdu l’enthousiasme,

agité, dit-on, de sombres pressenti-ments, tant il avait conscience de lahaine des Persans ulcérés. Quelquesmois après son mariage à Tiflis avecla jeune princesse géorgienne NinaTchavtchavadzé, il s’achemina versTéhéran où il avait la mission ingratede réclamer l’indemnité de guerreet d’exiger le rapatriement des pri-sonniers. On ne lui pardonnera passon intransigeance : le 30 janvier1829 une foule surexcitée se rua surl’ambassade, massacra les russes,s’acharna sur les cadavres. Griboïe-dov fut décapité. On ne put recon-naître son corps qu’à une mutilationqu’il avait à la main à la suite d’unduel.

Griboïedov reste l’homme d’uneseule œuvre. Il a donné diverses lec-tures de sa comédie, au moins huit,peut-être plus, presque toujoursavec un immense succès. Il est trèsdécontenancé par le refus de la cen-sure que son assurance maladroitea indisposée. La première éditionofficielle russe date de 1833 : ellecomporte d’importantes mutilationset coupures. La deuxième éditionsuivit en 1839. La première éditionintégrale parut en Allemagne en1858. La première représentationofficielle, montée sur scène publi-que par des professionnels eut lieuà Saint-Pétersbourg en 1831, puis,quelques mois plus tard, à Moscou.

En 1927, Meyerhold créa la piècesous le titre Malheur à l’esprit !. Il lareprendra sous le titre Le Malheurd’avoir trop d’esprit en 1935.Stanislavski interpréta longtemps lepersonnage de Famoussov.

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Jean-Louis Benoit

Auteur, metteur en scène, scéna-riste et réalisateur

Directeur du Théâtre National deMarseille La Criée depuis 2001, il ya mis en scène La Trilogie de la vil-légiature de Carlo Goldoni en 2002,Paul Schippel ou le prolétaire bour-geois de Carl Sternheim en 2003,Retour de guerre suivi de Bilora deAngelo Beolco dit Ruzante en 2004,(reprise et tournée en 2005), LesCaprices de Marianne d’Alfred deMusset en 2006.Le 9 mars 2007, il crée, au ThéâtreNational de Chaillot, Du Malheurd’avoir de l’esprit d’Alexandre Gri-boïedov, spectacle présenté auThéâtre de La Criée du 10 mai au10 juin 2007.

Il a participé à la création du Théâ-tre de l’Aquarium à la Cartoucheriede Vincennes (dont il a été le direc-teur de 1996 à décembre 2001). Il ya écrit et mis en scène de nombreuxspectacles :Conversation en Sicile de Elio Vitto-rini (2001) ; Henry V de William Sha-kespeare (1999) ; Une Nuit à l’Ely-sée de Jean-Louis Benoit (1998) ;

Les Ratés de Henri-René Lenor-mand (1995) ; La Nuit, la télévision etla guerre du golfe de Jean-LouisBenoit (1992) ; La Peau et les os deGeorges Hyvernaud (1991) ; LesVœux du président de Jean-LouisBenoit (1990) ; Louis de Jean-LouisBenoit (1989) ; Le Procès de Jeanned’Arc, veuve de Mao Tsé Toung deJean-Louis Benoit (1987) ; Les Incu-rables de Jean-Louis Benoit (1985) ;Histoires de famille d’après AntonTchekhov (1983) ; Un Conseil declasse très ordinaire de Patrick Bou-mard (1981) ; Pépé de Jean-LouisBenoit et Didier Bezace (1979).

A la Comédie-Française :Le Menteur de Pierre Corneille(2004) ; Le Bourgeois gentilhommede Molière (2000) ; Le Revizor deGogol (1999) - Molière 1999 de la«meilleure pièce du répertoire» ; LesFourberies de Scapin de Molière (1997)- Molières 1998 de la «meilleure miseen scène» et du «meilleur spectacle durépertoire» ; Moi de Eugène Labiche(1996) ; Mr Bob’le de Georges Shé-hadé (1994) ; L’Étau de Luigi Piran-dello (1992).Au Théâtre de l’Atelier :La Parisienne de Henri Becque(1995).Au Théâtre du Rideau Vert, MontréalLes Fourberies de Scapin de Molière,(2001).

Pour le cinéma et la télévision :Il travaille régulièrement commescénariste et réalisateur, notammentpour La Mort du chinois, Dédé et LesPoings fermés, au cinéma ; et à latélévision, pour La Fidèle infidèle,Les Disparus de Saint-Agil, LaParenthèse, La Sans-gêne de Phi-lippe de Broca, La Voleuse de Saint-Lubin, Le Crime de Monsieur Stil etLe Pendu de Claire Devers, LesJours heureux de Luc Béraud,L’Homme aux semelles de ventArthur Rimbaud de Marc Rivière, Quela lumière soit ! et Alberto Expressd’Arthur Joffé, Un Divan à New-Yorkde Chantal Akerman.

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Les comédiens

PHILIPPE TORRETON [ Tchatski ]Au théâtre :Dom Juan de Molière, mise en scènePhilippe Torreton 2006 ; Richard III deWilliam Shakespeare, mise en scènePhilippe Calvario 2005 ; Le Limierd’Anthony Shaffer, adaptation Jac-ques Collard, mise en scène DidierLong 2003 ; On ne refait pas l’avenird’Anne-Marie Etienne, mise enscène Anne-Marie Etienne 2001-2002 ; Henri V de William Shakes-peare, mise en scène Jean-LouisBenoit 1999-2000 ; Les Fourberiesde Scapin de Molière, mise en scèneJean-Louis Benoit 1998 ; Le Barbierde Séville de Beaumarchais, miseen scène Jean-Luc Boutté 1995 ;

Hamlet de William Shakespeare,mise en scène Georges Lavaudant1994 ; Le Faiseur d’Honoré de Bal-zac, mise en scène Jean-Paul Rous-sillon ; Aujourd’hui les Coréens deMichel Vinaver, mise en scène Chris-tian Schiaretti 1993 ; George Dandinde Molière, mise en scène JacquesLassalle ; Antigone de Sophocle, miseen scène Otomar Krejca ; La Servaamorosa de Carlo Goldoni, mise enscène Jacques Lassalle 1992 ; LeMalade imaginaire de Molière, miseen scène Gildas Bourdet ; Père d’Au-gust Strindberg, mise en scènePatrice Kerbrat 1991 ; La Mère cou-pable de Beaumarchais, mise enscène Jean-Pierre Vincent ; Loren-zaccio d’Alfred de Musset, mise enscène Georges Lavaudant ; La Vie deGalilée de Bertolt Brecht, mise enscène Antoine Vitez ; Huis clos deJean-Paul Sartre, mise en scèneClaude Régy ; Le Médecin malgré lui,Le Médecin volant de Molière, miseen scène Dario Fo ; L'Antiphon deDjuna Barnes, mise en scène DanielMesguich 1990 ; La Femme deMolière à la Révolution… Classe deCatherine Hiegel au Conservatoire.Le Médecin volant, Le Médecin mal-gré lui, Les Fourberies de Scapin,Tartuffe de Molière, CollectionMolière Comédie-Française 1988.

Au cinéma :Jean de la Fontaine de Daniel Vigne ;Le Grand Meaulnes de Jean-DanielVerhaeghe ; Ulzhan de Volker Schlön-dorff 2006 ; Les Chevaliers du cielde Gérard Pires 2005 ; L'Équipier dePhilippe Lioret (Nomination Césarmeilleur comédien) 2004 ; Corps àcorps de François Hanss et ArthurE. Pierre ; Monsieur N d’Antoine deCaunes 2002 ; Vertiges de l’amourde Laurent Chouchan 2001 ; Félix etLola de Patrice Leconte 2000 ; Tôtou tard d’Anne-Marie Etienne 1999 ;Ça commence aujourd’hui de Ber-trand Tavernier (Nomination Césarmeilleur comédien) 1998 ; Le Bel Eté1914 de Christian de Chalonge ;Capitaine Conan de Bertrand Taver-nier (César du meilleur acteur) 1995 ;L'Appât de Bertrand Tavernier 1994 ;La Servante aimante de Jean Dou-chet ; L'Ange noir de Jean-ClaudeBrisseau ; Oublie-moi de NoémieLvovsky 1993 ; L 627 de BertrandTavernier ; Une Nouvelle Vie d’Oli-vier Assayas 1992 ; La Neige et lefeu de Claude Pinoteau 1991.

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ROLAND BERTIN [ Famoussov ]Sociétaire honoraire de la Comédie-Française depuis 2002 ; Sociétairede la Comédie-Française de 1982 à2001 ; Prix du Syndicat de la Criti-que 1990 pour Galilée dans La Viede Galilée de Bertolt Brecht, miseen scène d’Antoine Vitez ; Chevalierdans l'Ordre national de la Légiond'honneur ; Chevalier dans l'Ordrenational du Mérite ; Commandeurdans l'Ordre des Arts et Lettres.

Au théâtre (hors Comédie-Française) :Corolian de William Shakespearemise en scène Christian Schiaretti2006 ; La Tempête de William Sha-kespeare, mise en scène DominiquePitoiset 2005/06 ; La Conférence deCintegabelle de Lydie Salvayre, miseen scène Jean-Yves Lazenec ; LeLibéria de Robert Pinget, mise enscène Joël Jouanneau 2005 ; LesTrois Mousquetaires d'AlexandreDumas, mise en scène Roger Plan-chon ; L’Alchimiste de Ben Jonson,mise en scène André Steiger ; TitusAndronicus de William Shakespeare,mise en scène Lukas Hemleb 2004 ;Oncle Vania d'Anton Tchekhov, miseen scène Yves Beaunesne ; Madameon meurt ici de Louis-Charles Sirjacq2002/03 ; Les Violettes de GeorgesSchéhadé, mise en scène AndréSteiger 2001 ; La Princesse Maleine

de Maurice Maeterlinck, mise enscène Yves Beaunesne 2000 ; Ellede Jean Genet, mise en scène GiIlesChavassieux 1997/98 ; Elle de JeanGenet, mise en scène Jorge Lavelli1996/98 ; Slaves de Toni Kushner,mise en scène Jorge Lavelli 1996 ;Puis une soirée d’automne de Frie-drich Dürenmatt, mise en scèneWerner Duggelin ; Agonia confutansde Juan Benet, mise en scène DenisZerki 1995 ; avant 1995 : Par-des-sus bord, mise en scène Roger Plan-chon ; Grand-peur et misère du IIIème

Reich de Brecht, mise en scèneAndré Steiger ; Les Créanciers deStrindberg, mise en scène AndréSteiger ; Les Rustres de Goldoni,mise en scène André Steiger ; LeConte d’hiver de William Shakes-peare, mise en scène Jorge Lavelli ;Yvonne, princesse de Bourgogne deWitold Gombrowicz, mise en scèneJorge Lavelli ; Le Cosmonaute agri-cole de René de Obaldia, mise enscène Jorge Lavelli ; Il est arrivé deBulatovic, mise en scène JorgeLavelli ; La Journée d’une rêveusede Copi, mise en scène Jorge Lavelli ;Le Triomphe de la sensibilité de Goe-the, mise en scène Jorge Lavelli ;Orden de Bourgeade et Arrigo, miseen scène Jorge Lavelli ; La Veilléede Lars Noren, mise en scène JorgeLavelli ; C.3.3 de Robert Badinter,mise en scène Jorge Lavelli ; Le Prix

de la révolte du marché noir de Dimi-tri Dimitriatis, mise en scène PatriceChéreau ; Le Massacre à Paris deChristopher Marlowe, mise en scènePatrice Chéreau ; Toller de TankredDorst, mise en scène Patrice Ché-reau ; La Dispute de Marivaux, miseen scène Patrice Chéreau ; Lulu deFranck Wedekind, mise en scènePatrice Chéreau ; Peer Gynt d’Hen-rik Ibsen, mise en scène Patrice Ché-reau ; Quartet d’Heiner Muller, miseen scène Patrice Chéreau ; Opérettede Witold Gombrowicz, mise en scèneJacques Rosner ; XX de Wilcock, miseen scène Luca Ronconi ; Les Mandi-bules de Louis Calaferte, mise enscène Hortense Guillemard ; LaMouette d'Anton Tchekhov, mise enscène Lucian Pintille ; Les TroisSœurs d’Anton Tchekhov, mise enscène Lucian Pintille ; Le Canardsauvage d’Henrik Ibsen, mise enscène Lucian Pintille ; Avec ou sansarbres de Jeannie Worms, mise enscène Yves Bureau ; Apparencesd’après Henry James, mise en scèneSimone Bensmussa ; Elle est là deNathalie Sarraute, mise en scèneClaude Régy ; De l’autre côté d’Aliced'après Lewis Caroll, mise en scèneDominique Borg ; Michelet ou le dondes larmes, textes de Michelet, miseen scène d’Elisabeth De Fontenay.>

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A la Comédie-Française :Sociétaire de la Comédie-Française,il interprète de nombreux rôles prin-cipaux et participe aux spectaclessuivants : Le Balcon, Les Corbeaux,Intermezzo, Les Estivants, L’Avare,La vie est un songe, Ivanov, Béré-nice, Le Bourgeois Gentilhomme,Turcaret, Les Femmes savantes, LaPoudre aux yeux… ; Lectures de tex-tes de Hermine Karagheuz parRoland Bertin 2003 ; Amorphe d'Ot-tenburg de Jean-Claude Grumberg,mise en scène Jean-Michel Ribes ;Le Mariage de Gombrowicz, mise enscène Jacques Rosner 2001 ; LeRetour d’Harold Pinter, mise enscène Catherine Hiegel ; L'Avare deMolière, mise en scène Andrei Ser-ban 2000 ; Le Revizor de Gogol, miseen scène Jean-Louis Benoit 1999 ;

Mère courage et ses enfants de Ber-tolt Brecht, mise en scène JorgeLavelli 1998/99 ; Ping Pong d'ArthurAdamov, mise en scène Gilles Cha-vassieux 1998 ; Intrigue et amour deFriedrich Von Schiller, mise en scèneMarcel Bluwal 1995 ; La Glycine deRezvani, mise en scène Jean Lacor-nerie ; Maman reviens, pauvre orphe-lin de Jean-Claude Grunberg, miseen scène Philippe Adrien 1994 ; DomJuan de Molière, mise en scène Jac-ques Lassalle 1993/95 ; Elle est là /Le Silence de Nathalie Sarraute,mise en scène Jacques Lassalle1993 ; Le roi s’amuse de Victor Hugo,mise en scène Jean-Luc Boutté1992 ; La Tragédie du roi Christophed'Aimé Césaire, mise en scèneIdrissa Ouedraogo 1991 ; Le Barbierde Séville de Beaumarchais, miseen scène Jean-Luc Boutté 1990/91 ;La Vie de Galilée de Bertolt Brecht,mise en scène Antoine Vitez 1990 ;Comme il vous plaira de WilliamShakespeare, mise en scène LluisPasquale 1989 ; Fin de partie deSamuel Beckett, mise en scène Gil-das Bourdet 1988.

Au cinéma : Enfermé dehors d’Albert Dupontel2005 ; Olé de Florence Quentin ; Ber-nie d’Albert Dupontel 1997 ; Sous lespieds des femmes de Rachida Krim1995 ; Pas très catholique de ToniMarshall 1994 ; L’Ombre du douted’Aline Isserman ; La Fille de l’air deMaroum Bagdadi 1992 ; Anthracited’Édouard Niermans 1991 ; Le Maride la coiffeuse de Patrice Leconte1990 ; Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau 1989 ; La Salle debain de John Lvoff 1988 ; avant 1988 :Ville étrangère de Didier Gold-schmidt ; Les six ans de Pierrot lefou de Jacques Deray ; Jenath deDaniel Schmidt ; Le Cœur à l’enversde Franck Apprederis ; L’Indiscrétionde Pierre Larry ; La Truite de JosephLosey ; La Scarlatine de GabrielAghion ; L’Homme blessé, de PatriceChéreau ; Charlotte for ever de SergeGainsbourg ; Corps à corps de BenoîtJacquot ; Diva, de Jean-Jacques Bei-nex ; Monsieur Klein, de JosephLosey ; Les Sœurs Brontë, d’AndréTéchiné ; Le Journal d’un suicidé,de Stanislas Stanojevic.

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JEAN-PAUL FARRÉ [ Répétilov ]Né le 3 Mars 1948 à Paris, rue duThéâtre. Cette rue prédestinée, où iln’y a plus de théâtre depuis long-temps, l’a incité à en inventer un : LeSien. Avec tous les risques et foliesque cela comporte, surtout lorsquel’on veut être un comédien pas commetout le monde, un créateur atypique,qui dérange parfois, mais dont la forceet l’engagement comique sont lesarmes favorites, pour cette grandeaventure qu’est la découverte de sapersonnalité artistique.Bref, à dix-sept ans et demi en 1965,le voilà entrant au Cours « Jean Péri-mony », rêvant de brûler les plan-ches, très vite.Depuis, il partage son temps entreses propres créations artistiques àtendance burlesque musicale, et sonmétier de comédien, où sous la direc-tion de metteurs en scène, il inter-prète différents personnages duthéâtre classique et contemporain.Il s’est rendu célèbre dans ses « oneman show » pardon !… spectaclesen solitaire… !

La Traversée de la musique en soli-taire 2001 ; Le Retour à la case piano1999 ; Les Animaux malades de lapiste 1994 ; Vingt ans de pianos for-cés 1986 ; Mystère et boule degamme 1984 ; Le Dernier Soliste1983 ; Les Contes pour piano 1981 ;Le Farré sifflera trois fois 1979 ; Troispianos et un cactus 1978 ; Un Farrépeut en cacher un autre 1975 ; Jean-Paul Farré avec un accent aigu 1974.

Comme auteur de pièces, il a écrit etinterprété : Secret Défense – Musi-que de Thierry Boulanger ; L’IllusionChronique 2005 ; Cinquante-cinqdialogues au carré… 2002 ; Blanche-Scène et les sept papes 1996 ; LesIdiots du théâtre 1992 ; Casting donJuan 1991 ; Au quatrième tome ilsera exactement 17 heures 89 minu-tes 1989 ; D’Azincourt à Verdun oules avatars de la boucherie française1984 ; Le Faisceau fantôme deRichard Laser 1981.

En 1982, il a créé sa propre compa-gnie : La Compagnie des claviers.

Au théâtre comme comédien, il a étédirigé par : Daniel Benoin, MireilleLarroche, Steven Berkoff, SusanaLastreto, Jean-Pierre Bisson, Ghis-laine Lenoir, Antoine Bourseiller,Denis Llorca, Anne Bourgeois, Jean-Pierre Miquel, Nicolas Briançon,Jean-Luc Moreau, Vincent Colin,Jean-François Prévand, PierreDebauche, Alain Sachs, MichelDubois, Jérôme Savary, André Engel,Christian Schiaretti, Gabriel Garran,Jean-Luc Tardieu, Gérard Gelas,Jean-Louis Thamin, Jean-ChristianGrinevald, José Valverde, Jean-Claude Grumberg, Jean-Pierre Vin-cent, Pierre Henry, Gilles Zaepffel.

Au cinéma, il a tourné sous la direc-tion de : Eric Barbier, Philippe Lioret,Bertrand Blier, Jean-Pierre Mocky,Nina Companeez, Charles Numès,Claude Confortès, Francis Perrin,Gérard Corbiau, Marc Rivière, Jac-ques Doillon, Michel Sibra, MichelDrach, Bertrand Tavernier, Christo-phe Gans, Daniel Vigne, Aline Isser-man, Claude Zidi, Georges Lautner,Andrzej Zulawski…

Un livre lui a été consacré : Clownet comédien de Colette Derigny, Edi-tions Pierre Lherminier, 1986.

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NINON BRÉTÉCHER [ Sofia ]Formation :Stage au Théâtre du Soleil avecAriane Mnouchkine 1996 ; StudioThéâtre d’Asnières compagnie Jean-Louis Martin-Barbaz 1997 ; Stageavec Pierre Pradinas, Compagnie duchapeau Rouge 1998.

Au Théâtre : Les Caprices de Marianne d’Alfredde Musset, mise en scène Jean-Louis Benoit 2006 ; Les Brigands deFriedrich von Schiller, mise en scènePaul Desveaux 2005 ; La ConcessionPilgrim d’Yves Ravey, mise en scèneAlain Chambon 2004 ; Nos premiè-res fois, mise en scène Didier Long2003 ; La Trilogie de la villégiature deCarlo Goldoni, mise en scène Jean-Louis Benoit 2002/03 ; Conversationen Sicile d’Elio Vittorini, mise enscène Jean-Louis Benoit 2001/02 ;Biographie : Un jeu de Max Frisch,mise en scène Frédéric Bélier-Gar-cia 2000/01 ; Grand Ménage, miseen scène Fadhel Jaïbi 1998/99 ; LaFausse Suivante de Marivaux, miseen scène Paul Desveaux 1998.

Au cinéma :Dans les cordes de Magali Richard-Serrano ; Beluga de Jean-MarcFabre 2006 ; Lady Chatterley dePascale Ferran ; Paolo et Paolo deDavid Macé 2005 ; La Paresse deCéline Nieszawer 2004 ; Les Idéesnoires, Clip d’Alain Chamfort 1999.

CHLOÉ RÉJON [ Liza ]Formée au Conservatoire NationalSupérieur d’Art Dramatique de Paris.

Au théâtre :Don, mécènes et adorateursd’Alexandre Ostrovski, mise en scèneBernard Sobel 2006 ; Troilus et Cres-sida de William Shakespeare, miseen scène Bernard Sobel 2005 ;Roberto Zucco de Bernard-MarieKoltès, mise en scène Philippe Cal-vario 2004 ; Solness le constructeurd’Henrik Ibsen, mise en scène San-drine Anglade 2003 ; Les Hommessans aveu de Yann Apperry, mise enscène Bélisa Jaoul 2003 ; La Mouetted’Anton Tchekhov, mise en scènePhilippe Calvario 2002 ; Fragmentsde Bernard-Marie Koltès, mise enscène Catherine Marnas 1999 /2000 ; Travaux d’acteurs à Mexico :

Huellas de pies, huellas de sold’après le journal de Frida Kahlo,Tiro al blanco d’Elena Poniatowska,Alors, Entonces atelier franco-mexi-cain dirigé par Catherine Marnas1999.Les Ratés de Henri-René Lenor-mand, mise en scène Jean-LouisBenoit 1995.1992 à 1995 : Elle est engagée à laComédie de Reims et joue sous ladirection de Christian Schiarrettidans : Ahmed le subtil d’AlainBadiou ; Les Coréens de Michel Vina-ver ; La Poule d’eau de StanislasIgnacy Witkiewicz ; Les Mystères del’amour de Roger Vitrac ; La Nocechez les petits bourgeois de BertoltBrecht ; L’Homme, la bête et la vertude Luigi Pirandello ; Le Grand Théâ-tre du monde de Calderon de laBarca.

Au cinéma elle a joué en 2007 dans Les Yeux bandés de Thomas Lilti.

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LOUIS-DO DE LENCQUESAING

[ Moltchaline ]Formé au cours Périmony, il estcomédien, metteur en scène et réa-lisateur.Au théâtre, il a joué dans Les Névro-ses sexuelles de nos parents, miseen scène Bruno Bayen 2005 ; LaCampagne de Martin Crimp, miseen scène Louis-Do de Lencquesaing2004 ; Woyzeck de Georg Büchner,mise en scène André Engel 1999 ;Page 207 et suivante, mise en scèneDidier Goldschmidt 1998 ; Plusqu'une tranche de pain, mise enscène Bruno Bayen 1997 ; Le Chan-teur d'opéra, mise en scène Louis-Do de Lencquesaing 1996 ; Espionset célibataires, mise en scène BrunoBayen 1995 ; Vous qui habitez letemps, mise en scène Valère Nova-rina 1989.

Ses mises en scène…La Campagne de Martin Crimp 2004Anéantis de Sarah Kane ; La Comé-die de Saint-Etienne de NoëlleRenaude 2000 ; Scènes étrangèresde T. Crémieux 1999 ; Après la répé-tition d’Ingmar Bergman 1997 ; LeChanteur d’opéra de Franck Wede-kind 1996 ; Anatole d’Arthur Schnitz-ler 1995 ; L'Ombre dans la vallée deJohn Millington Synge ; Il faut qu'uneporte soit ouverte ou fermée d’Al-fred de Musset 1994 ; Les Avariesd’E. Brieux 1993.

Au cinéma il a joué dans L'Intoucha-ble de Benoît Jacquot ; Out to SeduceDifficult Woman de Richard Temt-chine ; A l’est de moi de BodjenaHorakova ; La Jungle de MatthieuDelaporte 2006 ; Un couple parfaitde Nobuhiro Suwa ; Caché deMichael Haneke ; Au suivant deJeanne Biras 2005 ; Les Invisiblesde Thierry Jousse 2004 ; Petites Cou-pures de Pascal Bonitzer ; La Viepromise de Olivier Dahan 2003 ; UneAffaire privée de Guillaume Nicloux ;

Le Loup de la côte ouest de HugoSantiago 2002 ; Cet amour-là deJosée Dayan 2001 ; Les Destinéessentimentales de Olivier Assayas2000 ; Les Infortunes de la beautéde John Lvoff 1999 ; avant 1999 : Avendre de Laetitia Masson ; Alissade Didier Goldschmidt ; Encore dePascal Bonitzer ; Ainsi soit-elle dePatrick Alessandrin ; L'Absence dePeter Handke ; Hélas pour moi deJean-Luc Godard ; Mensonge deFrançois Margolin ; La Sentinelled’Arnaud Desplechin ; MadameBovary de Claude Chabrol ; La Viedes morts d’Arnaud Desplechin.

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FRANÇOIS COTTRELLE [ Skalozoub ]Au théâtre :Pour le Théâtre National de Mar-seille - La Criée, dans une mise enscène de Jean-Louis Benoit :Les Caprices de Marianne d’Alfredde Musset 2006 ; Retour de guerre etBilora d’Angelo Beolco, dit Ruzante2005 ; Paul Schippel ou le Prolétairebourgeois de Carl Sternheim 2003.

Pour diverses compagnies :Et voilà le travail de Jean-Paul Cur-nier, d’après Chacun son idée dePirandello, mise en scène Yves Fra-vega 2005 ; La Clinique des mouet-tes d’Edmonde Franchi, mise enscène Yves Fravega 2003 ; Le Contratde Tonino Benacquista, mise enscène Akel Akian 2000 ; La Locan-diera de Carlo Goldoni, mise enscène Akel Akian ; Le Cirque pandorde Marie Redonnet, mise en scènePierre Beziers 1999 ; Angelo, tyran depadoue de Victor Hugo, mise enscène Akel Akian ; C'est-à-dire deChristian Rullier, mise en scèneFrançois Cottrelle 1998 ; Topaze deMarcel Pagnol, mise en scène PierreBeziers 1996 ; Zoo Story d’EdwardAlbe, mise en scène François Cot-trelle 1995 ; Le Maître nageur de Jac-ques-Pierre Amette, mise en scèneJean-Marc Vidal 1994 ; A themiscyranoch de Von Kleist / Shakespeare,mise en scène A.M Pleis 1993 ; Hautesurveillance de Jean Genet, mise enscène Antoine Tullin 1992.

Ses mises en scène : Les DerniersDevoirs de Louis Calaferte ; C’est-à-dire de Christian Rullier 1998 ;L’Invitation au château de JeanAnouilh 1997 ; Zoo Story de EdwardAlbee 1995.

Au cinéma :Dent pour dent, court métrage deAngelo Cianci 2004 ; Gomez et Tava-res de Gilles Paquet-Brenner 2002 ;Taxi 2 de Gérard Krawczyk 1999.

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Dans la presse

Commencé sur le mode réaliste, […]le spectacle [vire] au grotesque et àl’onirisme, au gré de lumières irréel-les et blafardes, notamment lors dela séquence magnifique du bal, habi-tée de personnages aux maquilla-ges outrés, semblables à des morts-vivants. C’est paradoxalement dansces moments que l’humanité tragi-que transpire le mieux, portée parune distribution de très haut vol :Roland Bertin, Jean-Paul Farré,Chloé Réjon, Ninon Brétécher, Jean-Marc Roulot… et, bien sûr, PhilippeTorreton. Acteur en pleine force,solide et fragile, il s’agite, égaré dansce dîner de têtes, ponctué du balletrécurrent des valets serviles etmuets. Leur silence en dit plus quetous les discours sur la comédie dumonde et l’état d’une société qui nepropose aucun futur.

Didier Mereuze LA CROIX

Quelle peut être la place d’unhomme intelligent dans une société d’imbéciles ?, demandait [Griboïe-dov en 1824] d’un ton cassant. Tell’incarne avec mordant et superbePhilippe Torreton, qui domine unefantasmagorique distribution, d’oùse détachent la séduisante, rêveuseet trouble Ninon Brétécher. Ce n’estpas un portrait très flatteur que noustrace le romantique auteur, contem-porain de Pouchkine et de Lermon-tov, de la Russie des tsars : un zoohumain où bavent le fiel, la petitesse,la médisance, l’avilissement. Et l’oncomprend que ce tableau de la capi-tale vue par un Alceste slave ait étéinterdit par la censure impériale.Mais distribué longtemps sous lapelisse à des millions d’exemplai-res. « Il n’existait pas une seule per-sonne ne lisant le russe qui ne fûtpas en état d’en citer des phrasesisolées sinon des répliques entiè-res » dit André Markowicz, qui a faitde la pièce une superbe adaptationen vers libres. Grâces soient ren-dues à Jean-Louis Benoit d’avoir oséle pari de peupler d’images neuvesun pan de nos ignorances. Bravo àTorreton pour une présence à la foisintense, distanciée et brutale.

Bernard ThomasLE CANARD ENCHAÎNÉ

Jean-Louis Benoit sait comme per-sonne diriger Philippe Torreton.Après un Scapin d’heureusemémoire, il réussit une fois encoreà lui confier un rôle, celui deTchatski, l’insolent, où la flamme del’acteur, son tempérament teigneuxet généreux joint à une sensibilitévive pèse tout son poids sur le spec-tacle. Il est heureusement là et bienlà, tout comme sa camarade NinonBrétécher, qui impose, rôle aprèsrôle, sa grâce acidulée, jolie libel-lule qui vole sur le vaste plateau,idéale princesse au petit pois dans sarobe de fée de Marie Sartoux et AlainChambon.

Marion Thébaud LE FIGARO

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Les mœurs de la société moscovite,corrompue, cancanière, sans princi-pes, sans idéaux, sont décrites avecdrôlerie, d’abord à travers le per-sonnage du père de Sofia, Famous-sov (Roland Bertin), riche bourgeoislibidineux qui s’en prend à sa bonne,Liza (Chloé Réjon), puis au coursd’un bal où défilent différents per-sonnages plus lamentables, pathé-tiques, déglingués, envieux ou stupi-des les uns que les autres. C’est undes grands moments du spectacle,en particulier avec l’apparition d’unJean-Paul Farré époustouflant.

Martine Silber LE MONDE

Philippe Torreton en impose dans lamise en scène de Jean-Louis Benoit.

Odile Quirot LE NOUVEL OBSERVATEUR

Un beau rôle, lourd, complexe pourPhilippe Torreton qui campe avecune grande justesse un homme deconviction.

Arlette FrazierPARISCOPE

La surprise vient du texte, qui saisitles spectateurs, riant de bon cœurquand tout à coup la familiarité sur-git. Comédie sarcastique, Du Malheurd’avoir de l’esprit est une réussite.

DIRECT SOIR

Le décor est superbement utilisédans les dernières scènes, notam-ment lors d’une scène de bal dérou-lée en plan panoramique.

Annie Chenieux LE JOURNAL DU DIMANCHE

La création en France par Jean-Louis Benoit de la pièce embléma-tique de Griboïedov […] mérite sesapplaudissements.

Véronique Hotte LA TERRASSE

Traduction pertinente et bien frappéed’André Markowicz.

Jean-Pierre LéonardiniL’HUMANITÉ