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Comprendre les deux concepts
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Bonjour.
Dans cette session, nous souhaitons vous présenter, d’une façon globale,
les différents rôles du métier de manager. Par la suite, nous irons de
façon beaucoup plus détaillée dans les pratiques et les questionnements.
L’idée ici est vraiment, à la fois de partir de constats, et en même temps
de vous présenter une histoire. Quatre constats sont communément admis.
Le premier constat, c’est de se dire que quelque soit le métier que l’on
fait, que l’on soit spécialiste financier, que l’on soit pharmacien ou
autre, un jour, on vous demande d’encadrer un stagiaire. On vous demande de
participer à un projet et, quelque part, vous devenez un manager sans y
avoir été préparé.
Donc, est-ce qu’être manager est un métier ? Ou est-ce un comportement, une
compétence qui est offerte et qui doit être endossée quel que soit le
métier que vous avez ?
Cela c’est la première interrogation qu’on peut se poser.
Ensuite, très souvent, on fait un deuxième constat. Ce deuxième constat,
c’est que l’on est diplômé d’une école, d’une université. On entre dans un
métier et, au bout de quelques années, si l’on souhaite vraiment acquérir
des méthodes, on peut faire un MBA qui est le diplôme de management. Mais
on a déjà pratiqué le management avant d’être formé au management. Qu’est-
ce que cela veut dire ?
Ça veut dire que, on a l’impression qu’il faut avoir touché du doigt les
différents domaines du management pour comprendre et pour pouvoir ensuite
se former et être meilleur. Il n’y a pas de formation, en un mot, du métier
de manager.
Le troisième constat que l’on fait c’est qu’en fait on peut toujours
s’améliorer, qu’il y a des recettes, il y a des basiques, il y a des
méthodologies, il y a des modes en management qui font que c’est un
perpétuel apprentissage et qu’être manager, c’est aussi le métier d’une vie
Quatrième et dernier constat que l’on pourrait faire, c’est qu’il y a une
question insoluble. Qu’est-ce qu’un bon manager ?
En fait, cette question est insoluble parce que c’est un peu comme le
talent. On peut être un bon manager dans un contexte particulier qui
dépendra de la culture, qui dépendra des personnalités des collaborateurs
de son équipe, qui dépendra des missions et des objectifs à réaliser. Etre
un bon manager est très contextuel.
Ces différents constats nous amènent à dire qu’il y a des situations
complètement différentes et, pour les illustrer, nous vous proposons de
vous emmener dans une histoire.
Imaginez-vous que vous êtes dans une agence d’intérim. Et voici l’histoire
de trois directeurs d’agences qui ont des vécus complètement différents et,
en même temps, avec des points de similitude.
D'abord il y a Robert. Robert est un manager extrêmement engagé. Il a été
chargé d’affaires dans cette entreprise d’intérim et il a été nommé il y a
5 ans, directeur d’agence. Il est au four et au moulin. Lever : 7h,
coucher : 11h. Il travaille à l’agence du matin au soir. Il développe bien
le business de l’agence mais il a un problème de turn-over. Tous les
chargés d’affaires qu’il recrute partent au bout de quelques années, et il
a un deuxième problème aujourd’hui : dans son agence qui était dans le BTP
et qui était quand même très bien réputée sur la région, il a une faiblesse
et une diminution de sa marge. Alors, que faire ?
Robert peut s’appuyer sur Louise, Louise qui est son assistante, qui essaie
de l’épauler dans les charges administratives, mais il veut tout faire.
Alors, il va chercher des contrats commerciaux, il essaie de trouver de
nouveaux candidats pour les postes de chargés d’affaires qu’il doit
absolument avoir dans son agence, mais voilà, il n’y arrive pas. Demain, il
doit faire passer les entretiens de recrutement, un nouveau chargé
d’affaires, mais en même temps, il lit une note de sa hiérarchie qui lui
propose de faire une formation sur comment recruter les jeunes chargés
d’affaires. L’histoire s’arrête là.
Qu’est-ce qu’on peut en déduire ?
On peut en déduire que ce manager a deux problèmes : un problème RH et un
problème business. Et ce manager, peut-être, a des problèmes qui auraient
pu être résolus par de la formation.
Est-ce qu’il sait bien recruter ? Peut-être parce qu’il ne sait pas bien
recruter, ces chargés d’affaires partent et quittent l’agence.
Est-ce qu’il sait comprendre leurs motivations et est-ce qu’il sait les
faire évoluer ?
Deuxième questionnement : est-ce qu’en fait Robert cible les bons clients ?
Dans sa démarche commerciale, ne serait-ce pas mieux qu’il aille chercher
des clients avec des gros contrats plutôt, qu’une multitude de petits
clients avec des petits contrats ?
Donc, nous avons là un vrai questionnement de manager. Robert est vraiment
très très impliqué mais peut-être ne prend-il pas assez de temps pour se
former et pour réfléchir sur ses pratiques. Apprend-il de ses erreurs ?
Deuxième histoire. Alors là, nous sommes dans l’histoire de Martine.
Martine a gravi tous les échelons du métier de chef d’agence. Elle a
commencé comme assistante. Ensuite, elle est devenue chargée d’affaires, et
au bout de 15 ans, elle a été nommée chef d’agence dans une ville d’Île-de-
France qui a une belle activité. Son agence marche très bien. Elle est même
parmi les meilleures de l’Ile-de-France et Martine a une très bonne
réputation. Elle est considérée comme une experte. Très souvent, on la
demande au siège pour faire des animations dans des groupes de projets. Et
elle est réputée comme étant bien notée commercialement, avec de très bons
résultats et extrêmement engagée.
Alors voilà que Martine vient de recruter une jeune chargée d’affaires.
C’est Isabelle. Alors, Isabelle a 27 ans. Elle sort d’une prestigieuse
école de commerce et Isabelle travaille très bien. Elle est très bien
admise dans l’équipe et elle a obtenu de très gros contrats, donc vraiment
elle a toutes les compétences que l’on peut espérer quand on est chargé
d’affaires.
C’est l’heure de l’entretien d’évaluation d’Isabelle, et Isabelle dit à
Martine : « voilà, je souhaiterais évoluer et devenir chef d’agence ».
Martine ne comprend pas. Elle a mis 15 ans pour devenir chef d’agence.
Isabelle, en un an et demi, parce qu’elle a un diplôme, veut exactement le
même poste qu’elle. Il y a une incompréhension. L’histoire s’arrête là..
Qu’est-ce qu’on peut en retenir ?
On peut en retenir qu’on est manager avec son expérience, avec son
histoire, avec bien sûr ses convictions et que parfois on peut avoir des
filtres qui nous permettent de moins bien comprendre les motivations de ses
collaborateurs. Peut-être que Martine aurait dû faire des formations pour
comprendre quelles sont les caractéristiques d’une personne de la
génération Y ? Peut-être qu’elle aurait pu essayer de se faire accompagner
dans l’entretien annuel avec quelqu’un des Ressources Humaines pour qu’elle
ne soit pas seule à décider du destin d’Isabelle. Donc, elle est face ici à
une incompréhension, et peut-être, à un cas qui va aller en échec où
Isabelle va devoir partir de l’entreprise parce qu’elle a l’impression
d’être bloquée. Donc on a une deuxième situation de management qui est à la
fois un parallèle entre des ressources RH mal maîtrisées, des ressources,
peut-être d’encadrement, d’animation qui sont peut-être trop éloignées de
ce que devrait être le management de proximité, et puis, surtout une
compréhension des besoins de ses collaborateurs.
Pour terminer, si vous le voulez bien, j’ai une troisième histoire à vous
proposer.
Alors, c’est celle de Paul. Paul est dans une région de France où il a
grandi et où il a fait ses études. Il est toujours resté dans cette région
et il est extrêmement connu. Il est connu de ses clients, il a très bonne
réputation aussi avec ses intérimaires, et surtout il veut que rien ne
bouge.
Voilà qu’il travaille en tandem avec son assistante, et cette assistante
est excellente parce que c’est elle qui règle tous les problèmes. Mais
voilà, sa rémunération ne lui convient plus et elle a l’impression de
stagner. Donc, cette assistante, qui s’appelle Marie, souhaite absolument
trouver une solution : soit évoluer, soit changer de région, mais elle ne
veut plus rester à ce niveau de rémunération. Alors, Paul est paniqué. Que
va-t-il faire sans Marie ? C’est vraiment son tandem. Donc, il cherche
toutes les solutions et il est prêt même à la nommer tout de suite chargée
d’affaires alors que Marie n’a aucune expérience. Fin de l’histoire.
Qu’est-ce qu’on en retire ?
On en retire là que parfois l’émotionnel, dans le management, nous fait
faire des choix qui peuvent être irrationnels et contre-productifs. Est-ce
que Marie sera une bonne chargée d’affaires alors que c’était une
assistante ? Peut-être, mais faut-il le vérifier en situation réelle, ou
par des tests, ou par des avis convergents.
Dans ces trois histoires, notre objectif est de vous montrer que le
management, c’est très complexe, que cela aborde des sujets d’encadrement,
de business, de relations humaines et de gestion des talents.
En résumé, il y a différents domaines que l’on pourrait structurer en trois
grandes étapes, trois grands pipelines de management.
Tout d’abord, on a toutes les questions liées à l’animation d’une équipe.
Animer des personnes avec des caractères, des motivations, du vécu et des
ambitions différentes, c’est complexe. Donc, dans ces différentes
possibilités, on doit avoir des compétences en ressources humaines. On doit
être capable de gérer des situations de conflit deux à deux, ou des
conflits en groupe, et on pourra être capable également d’insuffler le
changement, de proposer quelquefois de sortir de certains cadres pour aller
plus loin, pour créer des situations qui amèneront l’action et permettront,
à la fois aux personnes d’aller au-delà de leur zone de confort, et à
l’entreprise de trouver de nouvelles ressources.
Dans le deuxième pipeline de domaines d’intervention d’un manager, on a le
business. Un manager est responsable d’une business unit. Il est
responsable d’un budget. Il doit avoir des résultats mais il doit les
dépasser, au minimum les atteindre, et dans cette compétence business, il
doit aussi savoir et bien comprendre comment répartir les ressources pour
que ses collaborateurs réussissent leurs propres résultats, aillent vers de
la performance quantitative et qualitative. Pour cela, on demande au
manager d’animer des projets, d’être celui qui va imaginer le projet qui
correspond à l’objectif proposé et celui qui va animer pour que le projet
devienne un succès partagé collectivement.
Le troisième domaine d’intervention, le troisième pipeline, c’est
l’ensemble des rôles politiques et des interactions verticales que peut
avoir le manager. Le manager doit faire du reporting. Il doit aller loin
dans sa compréhension de la stratégie, de la politique interne. Il doit
également parfois répondre à des sollicitations d’audit, que ce soit des
audits de performance, des audits de conformité, des audits de personnes,
et souvent, il doit également proposer des idées avec son équipe, partager
des convictions-terrain pour les transformer en innovations qui pourront
être déclinées au sein de l’entreprise.
Donc, pour conclure, le manager est un homme d’orchestre avec différents
domaines d’intervention, et c’est ces domaines que nous allons essayer
d’explorer.
Bonjour.
Comment définir le métier de manager ?
C’est une question presque insoluble parce qu’en fait, il y a autant de
managers que de secteurs d’activités. On peut être manager dans la grande
distribution, manager sur une plate-forme pétrolière, manager dans
l’industrie pharmaceutique. Tout dépend de sa culture initiale, également
de l’équipe et de la culture de l’entreprise.
Il est très difficile de répondre à cette question, mais il y a quand même
un point qu’il ne faut pas oublier. Comme le dit le dicton : « on entre
dans une entreprise et on la quitte pour son manager ». C’est donc quand
même important de comprendre l’ABC du métier de manager.
Nous allons répondre à cette question à partir de plusieurs angles
d’attaque. On essaiera de réfléchir sur les rôles des managers, pour bien
comprendre quelles sont les compétences managériales et qu’est-ce qu’il y a
derrière ce terme qui est parfois un petit peu utilisé de façon abusive.
On essaiera de voir les périmètres d’action pour ensuite aborder les
opportunités, les risques et les perspectives de ce métier. D’ailleurs,
est-ce un métier en lui-même, ou est-ce simplement une compétence ?
Le premier à avoir pris ce thème à bras le corps est MINTZBERG. MINTZBERG a
étudié pendant de longues années les pratiques des cadres, des managers et
en a tiré un certain nombre de conclusions, dans les années 80-90.
Tout d’abord, il s’est aperçu que le manager avait un nombre de travail et
de tâches extrêmement variés qui étaient sans cesse coupées par des
interventions de collègues, de la hiérarchie, des coups de fils, donc un
travail vraiment fragmenté. Il s’est aperçu également que le manager
n’arrêtait pas, qu’il avait un rythme extrêmement soutenu car il était
sollicité quelles que soient les situations humaines, commerciales, des
situations liées au développement des produits, des situations financières,
etc.
MINTZBERG a également montré dans ses travaux que manager c’était bien sûr
contrôler, planifier, organiser, mais c’était un nombre de tâches très
souvent beaucoup plus nombreuses et qui étaient sans cesse nouvelles,
répétitives et innombrables.
Enfin, il a montré que le manager avait des droits et des devoirs.
Son travail de chercheur a été extrêmement positif pour la fonction de
management car il a mis le manager au cœur de la recherche, au cœur de
l’intérêt des différents sociologues, psychologues et gestionnaires et il a
montré que ce métier valait la peine d’être approfondi et étudié.
Ses conclusions, au fil des années, ont été que le manager a trois grands
domaines d’activités.
Tout d’abord, c’est lui qui est au cœur de l’information. Alors, qu’est-ce
que ça veut dire ? Ça veut dire qu’il doit faire remonter les informations
qu’il récolte des différents collaborateurs, et c’est lui qui doit décider
de donner des informations à la hiérarchie, ou de ne pas les donner. Il a
un rôle de filtre. De même, il a un rôle de filtre dans l’autre sens de la
hiérarchie, de la stratégie vers l’opérationnel. Qu’est-ce qu’il doit dire
et ne doit pas dire ?
De même, dans ce rôle d’information, il doit diffuser de l’information qui
provient des clients, qui provient d’autres services, de collègues, qui
provient d’autres équipes.
Donc, son rôle, au niveau de l’information, est capital. C’est un rôle de
relais. C’est un rôle de diffusion, et en même temps, c’est un rôle de
filtre.
La deuxième grande partie de son activité est liée à la décision et à
l’action. Le manager est celui qui va traduire l’ensemble de la stratégie
en différents objectifs qui seront attribués aux collaborateurs de façon
individuelle et collective. Il a donc un rôle, à la fois de découpage, mais
en même temps de compréhension et de pédagogie pour que chaque individu
comprenne ce qu’il a à faire, comprenne quelles sont ses responsabilités
et, en même temps, comprenne comment il doit interagir avec les autres.
C’est donc au manager de répartir les hommes de pouvoir dans son équipe, de
répartir les différents rôles de chacun pour que les objectifs globaux qui
sont attribués par la hiérarchie puissent être réalisés.
Son troisième rôle est lié aux ressources. Bien sûr, il y a des ressources
financières, mais des ressources beaucoup plus simples qui peuvent être le
partage d’un bureau, qui peuvent être de travailler avec tel ou tel projet,
telle ou telle personne. L’ensemble des ressources matérielles et
immatérielles sont allouées au manager pour qu’il les donne et qu’il les
répartisse au sein de son équipe.
Nous avons là également un rôle très important car certaines personnes vont
donner vraiment de la valeur à des ressources qui peuvent être
immatérielles, et vont peut-être sentir qu’elles sont reconnues à travers
le fait qu’elles ont ces ressources ou pas.
Donc, le manager selon MINTZBERG a à la fois un nombre important de tâches
et trois rôles essentiels. Celui du diffuseur d’informations, celui du
partage des responsabilités et celui de répartiteur des ressources.
Plus tard, deux chercheurs, HART et QUINN, ont remis un petit peu en cause
les travaux de MINTZBERG et sont partis de l’hypothèse qu’un manager
pouvait avoir différents rôles en même temps et qu’il n’était pas possible
de les réduire de façon statique à un ensemble de tâches à effectuer. Pour
ces chercheurs, le manager doit être un acteur qui va changer de rôle en
fonction des différents décors dans lequel il se situe. Ils décident de
créer une typologie dynamique, une typologie animée autour de deux axes.
Le premier axe en ordonnée est l’axe du type d’organisation dans laquelle
on se trouve. Est-ce qu’on est plutôt dans une organisation qui va
privilégier la stabilité, le contrôle, ou est-ce qu’au contraire on est
dans une start-up, dans une organisation qui va se nourrir de changements,
de flexibilité ?
Le deuxième axe de leur recherche, c’est l’abscisse, c’est la focalisation
entreprise. Est-ce que l’entreprise souhaite privilégier beaucoup plus
l’externe ou beaucoup plus l’interne ? Ils ont donc créé quatre types de
management en fonction de ces deux axes.
Le premier type de management, c’est par exemple le modèle de processus.
Alors là, nous allons avoir quelqu’un, un manager, qui a vraiment pour
caractéristique d’être dans le contrôle, qui va planifier les actions de
chacun de ses collaborateurs et qui va vraiment essayer de contrôler ce que
chacun fait pour aider à l’allocation des ressources, aider à faire mieux
chacune des tâches avec de la formation, avec des conseils, du feed-back de
l’encouragement.
Dans le deuxième type de profil, dans le profil modèle des relations
humaines, là on est dans un profil managérial motivant. Là, on est dans
l’idée que le manager est là pour diffuser de l’information. Il est là pour
être un agent de liaison, et il va laisser chacun répartir, utiliser les
ressources à sa guise.
On va être sur des modèles beaucoup plus d’autonomie où le manager sera un
guide qui donnera quelques conseils, quelques directions et qu’il
encouragera.
Enfin, dans le troisième modèle, le modèle de l’innovation, on est sur des
profils beaucoup plus visionnaires où on va alimenter le rôle managérial de
benchmarks, qui seront pris par l’extérieur, de comparaison avec d’autres
entreprises. On va essayer d’être dans une logique d’entreprenariat, de
vraiment leadership où le manager est là pour donner le cap, mais il
laissera les collaborateurs décider, prendre des initiatives, faire des
propositions pour être dans l’innovation. On est complètement sur les
modèles des entreprises telles que Google, Apple, sur des entreprises
innovantes où il est demandé aux salariés d’être dans des logiques de
proposition, de proactivités.
Enfin, dans le dernier modèle, le modèle dit des buts rationnels, l’idée
est vraiment d’être à la fois dans du contrôle, mais à la fois dans de la
relation externe où le manager va favoriser le contact des collaborateurs
avec les clients, avec des consultants, avec des partenaires externes pour
que chacun puisse réaliser des tâches ensemble suivant les objectifs en
essayant au mieux de répartir les ressources.
Donc, ce modèle dynamique est basé sur deux présupposés. Tout d’abord
premier présupposé, c’est qu’en fait un manager doit jouer plusieurs rôles
suivant les personnes qu’il a en face, et deuxième présupposé, c’est que le
manager doit toujours être en phase avec ses valeurs et assumer ses
contradictions. Il est important que le manager puisse être différent mais
intègre.
Donc, dans ce modèle, on a à peu près dans la même logique R-C BLANCHARD
avec le management situationnel, et on est dans cette logique contextuelle.
Voilà.
Nous passons maintenant à un autre point de vue pour appréhender le métier
de manager qui est un point de vue sur les rôles dits opérationnels. Alors,
c’est intéressant de voir que dans le management de proximité, on a
énormément de contraintes. Et aujourd’hui, des chercheurs, des consultants
s’élèvent pour dire : « Il faut voir ce que le manager fait et qu’on ne lui
dit pas de faire ». En fait, il faut voir l’ensemble des actions
improvisées par le manager. Alors, c’est le cas de ce chercheur Thierry
NADISIC qui dit : le manager est un Robin des bois. Le manager, c’est celui
qui va essayer de façon autonome de rétablir l’équité dans l’entreprise.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire que les collaborateurs ont tellement de pression que
parfois, le manager est là pour corriger les injustices. C’est-à-dire qu’il
va détourner les règles et qu’il va adapter la stratégie de l’entreprise,
utiliser des ressources pour que les personnes puissent rester motivées et
confiantes dans leur organisation.
Prenons un exemple. NADISIC raconte l’histoire de ce manager qui, face à
une collaboratrice qui n’a pas obtenu d’augmentation alors qu’elle avait
fourni un travail conséquent, a essayé de réparer cette injustice en
essayant de lui octroyer une formation reconnue, valorisante pour pouvoir
gérer en fait les dichotomies. Cela va beaucoup plus loin, vous avez des
managers qui, lors de plans sociaux, sont prêts à ouvrir leurs carnets
personnels pour pouvoir justement aider des collaborateurs à rencontrer de
futurs employeurs. Donc, ce rôle de Robin des bois est très intéressant
dans des contextes de crise, dans des contextes où le manager doit faire le
pont entre ce que l’entreprise lui demande et ses convictions personnelles
tout en restant bien sûr fidèle à la culture et aux missions qui lui
incombent.
Un deuxième rôle de management est un rôle de révélateur de talent. Qu’est-
ce que ça veut dire ?
Ça veut dire que c’est au manager de repérer les personnes qui peuvent
exercer des métiers différents au sein de l’entreprise ou ailleurs et qui
peuvent justement aller vers des chemins de carrière qu’il n’aurait pas
imaginés au départ. Ce rôle de révélateur de talent est important parce que
ça permettra à la fois d’avoir des collaborateurs qui pourront progresser,
mais en même temps d’avoir des équipes encore plus performantes, et en même
temps d’avoir une organisation qui bouge et qui fera donc jouer la mobilité
de façon positive.
Autre rôle intéressant, c’est celui de chef d’orchestre. Un manager se bat
avec des domaines complètement différents : des performances financières à
atteindre, des objectifs relationnels à défendre, des problématiques
personnelles dues à ses collaborateurs à essayer d’accompagner. Et donc,
dans l’ensemble des outils qu’il a, que ce soit des outils administratifs,
des outils d’animation, des outils liés aux tableaux de bord sociaux, des
outils liés aux ressources humaines, des outils liés à la gestion de
projet, au marketing, il doit tout gérer. Il doit apprendre à voir l’urgent
et l’important et il doit apprendre aussi la pédagogie pour faire
comprendre à ses collaborateurs l’importance de leur implication, de leurs
actions. Donc, dans ce rôle de chef d’orchestre, on a à la fois un rôle de
maîtrise de son instrument fétiche, donc de sa spécialité, mais aussi un
rôle d’harmonisation des différents concertos de chacun.
Autre rôle intéressant, c’est un rôle de mercenaire. Qu’est-ce que ça veut
dire ?
Ça veut dire que c’est au manager à remonter des actions qui pourront se
transformer dans les innovations de demain. C’est l’histoire de l’erreur du
post-it qui, parce que le collaborateur s’était trompé de colle, eh bien en
fait, a créé le post-it et le manager a dit : « mais c’est une innovation
géniale, il faut absolument qu’on fasse remonter l’idée ». Donc, ce rôle de
mercenaire, c’est savoir dire que le cadre n’est pas le bon ou savoir
sortir du cadre out of the box pour pouvoir être innovant et faire en sorte
que des opportunités qui sont là, qui existent, puissent être transformées
en produits, en méthodologie, en axes d’amélioration.
Enfin, dernier rôle important c’est le rôle de relais. Dans un groupe, il y
aura toujours des conflits. Il y aura toujours du non-dit. Il y aura
toujours un besoin de motivation et le manager est à la fois un relais au
sein de son équipe, un relais avec la hiérarchie, un relais avec les
clients, un relais avec les autres services qui, sans cesse, vont lui
demander de faire du reporting, d’être la courroie de transition. Donc, ce
rôle de relais, il doit savoir le réaliser, mais aussi prendre du recul
pour ne pas être surchargé dans un stress émotionnel qui ferait qu’à terme,
il pourrait avoir des risques psychosociaux.
Donc, les rôles opérationnels sont très souvent oubliés, et pourtant ils
sont essentiels dans la bonne réalisation du métier de manager.
Maurice THEVENET est un grand chercheur en management et un des premiers
des plus reconnus à avoir travaillé sur les basiques du métier de
management. Maurice THEVENET a deux convictions.
La première conviction, c’est de dire que le management, c’est important,
mais il y a encore plus important. Et le plus important, c’est le manager
et que le manager, avec sa personnalité, est celui qui fera l’unicité de
l’équipe et des résultats.
Sa deuxième conviction, c’est de se poser la question : « mais pourquoi
devient-on manager ? » Et en fait, il y a de multiples raisons. Ce n’est
pas simplement pour avoir du pouvoir. Ce n’est pas simplement pour avoir de
la reconnaissance. Ce n’est pas simplement pour être le petit chef. C’est
aussi parce qu’on a des valeurs personnelles qui font qu’on on veut aller
au-delà d’un objectif purement matérialiste, on veut aller dans la création
d’une cohésion de groupe.
Dans les basiques du management, Maurice THEVENET reprend un certain nombre
d’idées : comme, par exemple, l’importance de prendre et de faire une
action collective, l’ensemble des missions à accomplir d’un manager, l’idée
que le management cela s’apprend et que, même si on a la fibre managériale,
il faut toujours aller au-delà de sa zone de confort pour apprendre de
nouvelles façons de s’organiser, de nouvelles façons de communiquer, de
nouvelles façons de faire jouer les équipes pour qu’elles aient des idées,
etc. etc.
Il fait une comparaison intéressante entre le management et un art martial.
Il identifie trois points de conformité, trois points de comparaison qu’on
pourrait faire entre le management et l’art martial.
Tout d’abord, le management c’est comme un art martial, c’est fait de
répétitions. C’est fait sans cesse de volonté, d’amélioration. On fait des
katas en art martial.
La deuxième chose, c’est que c’est une philosophie. Ça va beaucoup plus
loin que la pratique, la répétition. On est dans une logique philosophique
avec des convictions que l’on veut faire passer.
Et enfin, c’est un art qui peut être guerrier et quelque part, on est dans
une logique de combat. Alors, bien sûr, rappelez-vous, le livre de TSU sur
l’art de la guerre qui est un des basiques quand on entre dans une
formation de management. Lire comment on apprend à faire la guerre, c’est
lire aussi comment on apprend à faire du management. Bien sûr, il faudra
traduire l’ensemble de ce livre parce que ce sont des principes à
repositionner dans les contextes.
Alors, il fait un autre parallèle avec le paradigme de la bière. Il dit :
« le management c’est comme quand on boit une bonne bière ». Il y a tout
d’abord la mousse, c’est ce qu’on boit en premier, c’est ce qui nous paraît
le beaucoup plus physique : c’est des histoires de mode, on a très souvent
des articles sur les modes de management. Ok. C’est la paillette. Ensuite,
il y a le liquide, la bière elle-même. Le goût est là, c’est l’intérêt de
partager parce que le management, cela se partage avec d’autres. On ne peut
pas faire du management tout seul. Et ensuite, il y a ce qui reste de la
bière. Il y a le souvenir. Et cela, c’est très intéressant parce qu’un
manager laissera toujours une trace à ses équipes, toujours un souvenir, et
même si on a oublié concrètement ce qu’on a fait, on peut ne pas oublier un
manager.
Il propose également un autre paradigme qui est la théorie des béquilles en
disant que « Le management, c’est comme une béquille. Dès qu’on en a, il
faut savoir apprendre à marcher sans la béquille ». Un manager, c’est bien
sûr des astuces, c’est bien sûr des pratiques, mais il faut aussi savoir
travailler sans le manager parce qu’il ne sera pas toujours là. Et puis
l’idée qu’en fait, c’est fait pour réapprendre quelque chose et qu’un
manager a un rôle de pédagogie et un rôle aussi de transmission de coach,
de mentor. Et on ne peut pas marcher avec deux jambes et une béquille. Au
bout d’un moment, il faut se séparer de sa béquille. Donc il est très
important également de faire en sorte que le management soit une aide, soit
un support, mais qu’on puisse devenir soi-même sans son manager et savoir
dépasser son propre manager pour devenir soi-même un manager et un leader.
Donc, Maurice THÉVENET conclut avec cette formule sympathique à retenir :
« Le management, c’est de l’expertise, un coach, et en même temps, un petit
peu un rôle de clown ».
Point de vue intéressant qui est complété par onze « tributs », dixit
l’auteur. Je vous laisse les regarder et les voir dans leur exhaustivité
comme l’impératif du résultat, comme le fait qu’on est toujours dans de la
gestion du personnel et que le management peut induire de la créativité.
Dans ces tributs, nous avons aussi l’idée que les managers vont utiliser
leur comportement pour pouvoir manager et qu’on est vraiment dans de la
relation. L’idée qu’en fait, c’est quand même un métier qu’il faut prendre
au sérieux, et qu’en fait c’est aussi un problème de direction générale en
fonction de la latitude, en fonction de la zone d’influence qui est laissée
au manager. Parce que vous avez parfois des directions générales qui sont
tellement autocratiques qu’en fait le manager n’a plus la puissance
d’exercer du pouvoir.
Enfin, et surtout le manager c’est de l’exemplarité. Cela veut dire qu’on
veut être un bon manager, cela veut être déjà soi-même dans un comportement
exemplaire. Ce qu’on pourrait dire, c’est que ces différentes approches :
MINTZBERG, HART et QUINN, Maurice THEVENET, peuvent être toutes des aides
pour mieux comprendre comment manager et comment progresser. Mais que très
souvent, il est important de voir ce que l’entreprise dit du métier de
manager. Et là je vous invite à regarder les référentiels entreprises sur
cette fonction. Quand vous rentrez dans un poste de manager, regardez dans
le ROM, le référentiel officiel de l’ANPE, ce qu’il est dit sur les
compétences à avoir quand on est manager, et sur les référentiels de
l’entreprise parce que vous comprendrez, vous pourrez décoder toutes les
subtilités de la façon dont l’entreprise voit ce rôle de manager.
Donc là, vous avez un exemple, un exemple de référentiel qui reprend
quelques compétences à effectuées. Un manager, c’est quelqu’un qui va
définir les fonctions, les compétences des collaborateurs. Cela veut dire
qu’il va aller du recrutement jusqu’à l’attribution des responsabilités et
des tâches, leur évaluation, et ensuite leur reconnaissance. Le manager est
celui qui va faire passer les entretiens annuels, mais aussi les entretiens
de performance ou de compétence. Il a un rôle important au sujet de la
formation. C’est lui qui peut attribuer des formations obligatoires ou
facultatives et en même temps, former in situ, en situation de travail, le
collaborateur. Le manager est là comme on l’a vu dans le point de vue de
MINTZBERG pour diffuser l’information, la répandre et la filtrer, mais il a
surtout, en fonction de sa personnalité bien sûr, des circonstances, un
rôle de délégation.
Qu’est-ce qu’il supervise ? Qu’est-ce qu’il fait ? Qu’est-ce qu’il fait
faire ?
Enfin, le manager est là pour endosser les résultats de l’équipe.
Normalement, les succès sont attribués à chacun, et les échecs sont de la
responsabilité du manager. Donc, il y a là une prise de recul, un rôle à
prendre en considération pour pouvoir vraiment valoriser le plus importants
qui sont les autres.
Enfin, le manager va avoir un rôle essentiel dans toutes les obligations
légales liées aux élections de personnel, à l’hygiène et la sécurité, aux
risques psychosociaux, etc. etc. Donc, il doit absolument être le garant de
ces obligations pour pouvoir défendre un point de vue légal.
Enfin, il gère une équipe et il aura ses atouts et ses défauts, il faudra
faire avec.
Donc, si on synthétise avec les compétences du manager, on peut dire qu’un
manager peut être décrit à partir des compétences spécifiques du métier et
c’est là où un manager sur une centrale nucléaire ou un manager dans une
entreprise de fleuristes sera bien sûr différent puisque ses compétences
métiers seront spécifiques.
Ensuite, il aura toujours des obligations financières à endosser avec du
reporting, avec, en même temps, des connaissances de comptabilité,
d’analyse et des compétences en même temps de compréhension des ratios à
pouvoir utiliser et exercer. Il peut avoir des compétences commerciales qui
sont complètement complémentaires aux compétences financières, humaines et
métier. Il aura des compétences politiques à développer : politique vis-à-
vis de sa hiérarchie, politique vis-à-vis des acteurs externes, politiques
vis-à-vis de sa façon de gérer ses collaborateurs et, en même temps,
politique pour décoder ce qu’on lui demande de faire. A quoi ça
correspond ? Dans quel sens ça va ? Et comment est-ce que cela peut
impacter son équipe.
Enfin, il est de plus en plus aujourd’hui important de comprendre que
l’émotionnel joue un rôle décisif. On parle de compétences émotionnelles.
Alors, on pourra y revenir un peu plus en détail. Les compétences
émotionnelles sont un sujet essentiel pour arriver à comprendre soi-même
comment on fonctionne, comment on gère ses émotions et comment les autres
gèrent leurs propres émotions pour pouvoir interagir et être vraiment dans
de la co-compréhension et donc du co-résultat, de la co-prise de
participation et prise de décision et non pas être simplement sur des modes
hiérarchiques.
Donc, les compétences émotionnelles sont un sujet vraiment assez nouveau,
qui existe depuis une dizaine d’années avec les écrits de GOLDMAN, MAYER et
SALOVEY, et qu’il faut absolument intégrer dans la panoplie du manager.
Enfin, on aura les compétences comportementales. Bien sûr, traverser la
cafétéria sans dire bonjour, c’est déjà du management, du mauvais
management, mais c’est du management. Donc, le comportement au quotidien
fait partie du rôle du manager. Comme on le voit ici, un manager a
multiples compétences. Il doit être conscient de la disparité de ses
compétences pour pouvoir jouer sur certaines d’entre elles.
Au niveau du périmètre d’action, il est possible d’établir deux axes. Un
premier axe, ici, un axe qu’on pourrait appeler l’axe des relations, les
relations que doit entretenir le manager à la fois avec sa hiérarchie et
ses collaborateurs, et un deuxième axe sur ses actions. Est-ce qu’il est
dans la réalisation des tâches ou est-ce qu’il est dans l’innovation et
dans la proposition de nouvelles actions, donc à réaliser. Ici est la
question du pouvoir.
Où se situe le périmètre de pouvoir du manager ? Qu’est-ce qu’il a le droit
de faire ou de ne pas faire ? Quel est son niveau de délégation ? Quel est
son niveau de proposition ? Et quelle est la part de ce qu’il va traduire
de ses collaborateurs vers la hiérarchie d’organisation et le collectif, et
la part de ce qu’il descend et ce qu’il dit ou ne dit pas de l’entreprise,
de la hiérarchie vers ses collaborateurs ?
Donc, par rapport à ces deux axes, on a différentes postures qui peuvent
aider le manager à se situer.
Pour conclure, que peut-on retenir de cette session ?
La première idée, c’est qu’être manager, c’est accessible à tout le monde
et, qu’on peut être manager dans des situations ponctuelles ou dans un
métier. Ce qui est important, c’est de savoir qu’on peut toujours apprendre
à améliorer ses pratiques et qu’il est important d’avoir du feed-back, et
de ses collaborateurs, et de sa hiérarchie, et de ses collègues car, on a
toujours à progresser.
La deuxième conviction, c’est qu’un manager est quelqu’un qui doit être
dans une posture ouverte en essayant de toujours comprendre qu’il y a des
points de vue culturels différents, qu’on peut avoir des personnes qui
viennent d’horizons internationaux différents. Il y a des personnes que
l’on peut manager mais que l’on ne verra jamais physiquement et on aura un
management virtuel, et là il faudra aussi exercer les mêmes objectifs, les
objectifs de résultat, de contrôle, les objectifs d’adhésion, et qu’en
fait, toutes ces facettes du management d’aujourd’hui, qui sont à la fois
des personnes qui sont de générations différentes, avec des objectifs
différents, de cultures différentes, et également de métiers différents,
font que c’est un métier extraordinaire, unique et qu’il faut sans cesse
perfectionner pour toujours aller plus loin dans la propre connaissance de
soi-même.
A bientôt pour une première prochaine session.
Bienvenue dans cette nouvelle session.
Nous allons nous projeter dans le futur et nous demander quelles sont les
perspectives du métier de manager demain, comment ce métier va évoluer et
comment l’ensemble des nouveautés qui impactent l’économie et nos modes de
fonctionnement peuvent avoir une influence sur le manager de demain.
Ce métier est face à différentes opportunités. Le manager est celui, tout
d’abord, qui va intégrer des nouveaux modes de travail. C’est lui qui va,
le premier, être impacté par les réseaux sociaux, par l’ensemble des
systèmes d’informations mis en place dans l’entreprise. Il va être impacté
par des modes, mais aussi par des nouvelles façons comportementales
adoptées par ses différents collaborateurs. On est dans une logique
d’évolution des modes de travail et de nomadisation. Pourquoi ? Parce que
le manager est de plus en plus au cœur d’équipes multiculturelles. Il va
avoir à gérer en physique et en virtuel des personnes dans les quatre coins
du monde qui auront des missions ponctuelles, à moyen ou long terme, et qui
seront à gérer à distance. On est dans une logique à la fois de
nomadisation, de multiculturalité, mais aussi d’économie collaborative.
Alors, qu’est-ce ça veut dire IKWIWAIWIN C’est une expression de Joël de
ROSNAY qui veut dire « I Know What I Want, And I Want What I Know ! ».
C’est la nouvelle façon de se comporter des nouvelles générations qui
savent exactement ce qu’elles veulent et qui le veulent maintenant, en
temps synchrone, avec tous les outils de communication modernes, les smart
force, les face to face etc. Et qui, dans cette société dite fluide où on
est à plusieurs endroits en même temps, où le don d’ubiquité est donné à
tout le monde, l’idée est vraiment de travailler ensemble et d’essayer
d’avoir un travail à la fois collaboratif et à la fois collectif pour que
chacun puisse apporter des idées à une production collective et commune.
Donc, ce manager va être face à de nouveaux comportements, à des nouveaux
outils, à des nouvelles cultures avec des nouveaux modes de fonctionnement
qu’il va découvrir. Il sera complètement dans de l’émergent. Il sera face à
des nouvelles choses où la meilleure solution et le meilleur conseil qu’on
puisse lui donner, c’est d’utiliser la sérendipité. Cela veut dire aller
chercher l’information, aller chercher la bonne solution parce qu’en fait,
la hiérarchie, l’entreprise ne pourra pas la lui donner, cela sera à lui à
la construire. Et nous sommes là dans toute la problématique des nouvelles
compétences managériales qui sont en pleine construction en fonction des
situations, des problèmes et des personnes et le manager doit créer son
style de management en fonction des situations qu’il vit. Donc
l’opportunité et les opportunités qu’il aura à vivre sont très ouvertes,
sont tout à fait envisageables sur quelques angles et certaines sont
complètement inimaginables, et son job sera de s’adapter en fonction des
nouvelles technologies, des nouveaux comportements générationnels, des
nouveaux besoins des collaborateurs et des clients et, en même temps,
d’être toujours dans une logique positive et bienveillante.
Il aura également à être confronté à des risques. Les risques, il vaut
mieux les connaître pour essayer de les éviter avant de les vivre.
Le premier, très classique du métier de manager, c’est l’épuisement. A
force de travailler intensément, de façon fragmentée, parcellaire avec sans
cesse des conflits, des problèmes, des changements à organiser, on peut
très vite s’épuiser. Donc là, la stratégie est de toujours avoir, quelque
part, une activité qui ressource, qui soit en dehors de l’entreprise et qui
permette d’être efficace dans l’entreprise.
L’idée est vraiment que le manager ne soit pas au pied du mur, en train de
vivre un burn-out ou d’être dans une logique de risque psychosocial parce
qu’il n’aura pas su gérer l’ensemble des contraintes et des obligations
qu’il doit vivre et auxquelles il est confronté. Donc, ce risque
d’épuisement, il existe. Il concerne tout le monde, du plus sportif au
moins sportif et la solution est d’avoir des activités en dehors du travail
qui permettent de se recharger et de prendre le temps, donc de donner à son
esprit et à son corps des moments de recharge.
L’autre risque important, c’est la dévalorisation. Alors vous avez des
entreprises où être manager est essentiel pour pouvoir évoluer dans la
carrière. Pour pouvoir atteindre certains postes de direction, certains
postes à responsabilité, il faut avoir été manager. Il faut avoir encadré
des personnes, avoir géré une business unit, avec l’ensemble des
composantes parce qu’on sait que c’est formateur. Et puis, vous avez
d’autres entreprises où le rôle de manager n’est pas si bien reconnu que
cela et on donnera la primauté à un rôle d’expert, un rôle de financier, un
rôle fonctionnel. Donc attention, savoir dans quel type d’organisation,
vous êtes, le mieux adapté.
Autre risque intéressant, c’est le risque de l’évolution de carrière. Quel
est, après avoir exercé un rôle de manager, l’évolution qui est donnée à ce
métier dans votre entreprise ? Alors parfois, l’idée c’est justement, parce
qu’on a été manager, est de changer d’entreprise. C’est beaucoup plus
facile parce qu’on a les réflexes que l’on peut adapter à d’autres métiers.
D’autre part, c’est très intéressant parce que, quand on a été manager, on
peut prendre facilement un métier plus expert ou fonctionnel où on peut
évoluer de façon horizontale et transversale. Donc la problématique liée à
l’évolution est importante et attention au risque d’être étiqueté manager
et de ne plus sortir du cadre de manager.
Dernier risque important : attention au manager qui veut tout faire. Le
manager qui veut tout faire est celui qui ne pourra pas développer son sens
du leadership parce qu’il va être trop sur le contrôle, pas assez sur la
délégation et ne pourra pas développer les autres et se développer lui-
même.
Donc dans les risques managériaux, prendre conscience qu’ils existent,
prendre conscience de leurs différentes formes et essayer de se protéger
pour pouvoir évoluer de la fonction de manager à celle de leader.
Dans les perspectives que nous voyons, on aimerait se référer à différentes
publications. Alors, vous avez des publications classiques de tous les
journaux d’économie qui vont parler du travail de demain. On pense par
exemple à la revue Capital qui a créé un dossier intéressant sur la France
en 2020. Mais vous avez d’autres revues qui parlent Harvard Business
Review, la revue Liaisons Sociales, la revue Entreprise & Carrières qui
parlent de ces différentes possibilités d’évolution. Très intéressant de
s’intéresser donc justement à ces différents points de vue.
Autre point de vue qui nous intéresse est celui de Joël de ROSNAY qui est
un prospectiviste et qui a écrit un livre qui s’appelle Surfer La Vie dans
lequel il explique que, selon lui, le monde l’économie va évoluer dans
trois dimensions. Elle sera encore plus collaborative, encore plus
connectée et encore plus, ce qu’il appelle collectiviste, c’est-à-dire
qu’on fera appel à différentes sciences, à différents domaines et, en même
temps, on pourra lier le médical avec la technologie, etc. Et donc la thèse
de Joël de ROSNAY est de dire que le manager est celui qui doit apprendre à
surfer, quelles que soient les situations, pour prendre la vague et prendre
l’évolution et les différents modes et contraintes qui arrivent, en
fonction des époques, et prendre cette vague de façon positive et
suffisamment l’accompagner pour pouvoir aller toujours plus loin, toujours
plus vite, et surfer de mieux en mieux. L’intérêt de sa perspective est
d’avoir cette idée prospectiviste d’accompagnement.
Au sein du Cnam, nous avons une chaire d’innovation gérée par Gilles GARREL
et il est intéressant de voir aussi leur fameux point de vue sur
l’innovation, les temps qui vont changer demain en fonction des objets, en
fonction des différents points de vue et comportements.
Il est intéressant de se référer à un Américain essayiste, Jérémie RIFKIN,
qui écrit un livre également sur la troisième révolution industrielle et
qui met en pratique dans le territoire de Lille ses convictions sur les
modes de travail de demain en testant différentes attitudes du manager.
Enfin, on peut faire référence au livre A Quoi Ressemblera Le Travail De
Demain de Sandra ENLART et Olivier CHARBONNIER qui dressent des cas
particuliers de manager qui seront encore plus connectés, encore plus
importants pour créer de la cohésion, de l’influence et rassurer des
personnes, membres de son équipe qui seront à tous les coins du monde et
dans des situations extrêmement à risques.
Tout ceci pour dire qu’en fait, plus le monde évolue, plus le monde est
dématérialisé, plus le monde est technologique, plus il est important
d’avoir un manager qui redonne du sens à ce travail, du sens à ce que font
les personnes et du sens à l’organisation, et pourquoi l’organisation est
un lieu où on peut s’épanouir.
Donc, pour terminer sur cette session, j’aimerais vous présenter les
prochaines sessions avec l’orientation que je souhaiterais leur donner.
Tout d’abord, nous allons travailler sur les outils d’aide à la décision.
Dans toute une thématique sur le terme « décider », nous allons essayer de
voir comment le manager décide, quels sont les modèles qui sont à sa
disposition et comment décider est souvent difficile mais peut être
outillé.
La deuxième grande thématique que nous aborderons sera liée à la motivation
en essayant de comprendre les facteurs déclencheurs de motivation et
comment un manager peut arriver à interpréter les leviers de motivation de
chacun des membres donc de son équipe.
Enfin, dans une troisième thématique, nous parlerons de la mission
essentielle du manager qui est de développer les membres de son équipe, de
valoriser les talents et donc de faire en sorte que ceux-ci se développent
afin de les retenir.
L’idée sur la dernière thématique de la session sera de voir comment le
manager peut lui-même évoluer vers une compétence critique très recherchée
aujourd’hui en entreprise, celle du leadership et également aider ses
collaborateurs à développer leurs compétences de leadership.
Voilà le programme et le menu des prochaines sessions, en espérant donc que
cela vous intéresse et vous convienne. A bientôt.
Cécile DEJOUX
Aujourd’hui nous avons la chance d’accueillir Clément GONON qui est
directeur adjoint du cinéma UGC Cinécity qui est à Paris Bercy. Merci
beaucoup Clément d’être aujourd’hui avec nous pour parler de management.
Clément GONON
Avec Plaisir
Cécile DEJOUX
Alors, peut-être on pourrait commencer par votre présentation
Clément GONON
Alors moi je suis directeur-adjoint, vous l’avez dit, du cinéma Cinécity de
Paris-Bercy. C’est un gros cinéma, un gros complexe de 110 employés, 5
points de vente alimentaire, donc restauration, cinéma traditionnel. Dans
ces 110 employés on compte une vingtaine de managers, 5 chefs d’équipes, un
directeur-adjoint, un directeur.
Cécile DEJOUX
D’accord, une belle équipe…
Clément GONON
Une grosse équipe
Cécile DEJOUX
… c’est ça. Plusieurs niveaux hiérarchiques, donc j’imagine une équipe avec
tous les âges, tous les profils et beaucoup de métiers.
Clément GONON
Beaucoup de métiers. On a tout ce qui est agents, ce sont des gens âgés
entre 20 et 30 ans maximum, c’est la majorité des employés, 80 à peu près.
Ensuite on a des managers, qui sont généralement un petit peu plus âgés,
des agents qui ont évolué managers, par opportunité. Et puis des chefs
d’équipe. On a des chefs d’équipes âgés de 35, 40 ans. Un directeur-
adjoint, un jeune directeur-adjoint de 29 ans et un directeur d’environ une
quarantaine d’années.
Cécile DEJOUX
Alors, comment on devient manager, et manager de managers ?
Clément GONON
Par évolution. J’ai travaillé dans la distribution, dans des magasins
petits formats, entre 15 et 20 salariés. Je suis devenu directeur de ces
magasins, et à la suite de ça, on m’a proposé, on est venu me chercher pour
me proposer un poste de directeur-adjoint. Donc en fait j’ai évolué : j’ai
commencé employé, on m’a proposé parce qu’on a considéré que j’avais le
profil, que j’avais un potentiel. On m’a formé et puis petit à petit je
suis devenu manager puis directeur-adjoint de magasin, directeur de petits
formats, et là donc aujourd’hui, directeur-adjoint d’un plus gros format,
d’une grosse entreprise.
Cécile DEJOUX
Donc, il y a vraiment des métiers dans le management où on peut évoluer et
suivre une filière.
Alors, ma première question ce serait en fait : « on dit souvent que dans
les fonctions du manager, c’était important qu’il sache décider ». Comment
vous pourriez nous donner vos trucs pour arriver à décider au quotidien.
Clément GONON
Alors décider… décider ça peut être difficile et ça peut être naturel.
L’idée c’est de s’entourer d’un maximum d’objectivité. Il n’y a pas de
décision difficile à prendre, les décisions difficiles, elles s’imposent
d’elles-mêmes. C’est ce qu’il faut se dire. On s’entoure d’un maximum
d’objectivité, de faits - référentiels de compétence, procédures - et on ne
laisse rien au hasard. Pas de subjectivité. On laisse au maximum le côté
humain de côté, même si des fois c’est très compliqué. Donc il faut que ce
soit, il faut que ce soit naturel. Les décisions difficiles, elles
existent, certes, il y a des fois où l’on ne peut pas y échapper, quand il
faut mettre fin à une période d’essai, là on a beau expliquer les raisons -
c’est déjà délicat d’expliquer les raisons parce qu’on s’expose à des
restrictions légales - mais en plus, quand on explique les raisons, ce
n’est pas toujours compris, on n’a pas toujours suivre le collaborateur de
la bonne façon. Donc là, la personne qui est en face, a l’impression que lé
décision vient de nous, qu’elle pourrait être autrement. Alors que ce n’est
souvent pas le cas ; Donc là c’est difficile de s’extraire, c’est de
l’habitude je dirais, il faut oser, il faut se poser toujours la question
de ce qui est bon pour le business, ce qui est bon pour l’entreprise. Et de
faire ce qui est bon pour l’entreprise. Si on ne le fait pas c’est une
faute professionnelle.
Donc, après j’aime toujours expliquer dans le quotidien, la différence
entre l’erreur et la faute. Sanctionner une erreur c’est quelque chose de
difficile. C’est quelque chose de terrible même parce que c’est injuste. En
revanche, sanctionner une faute, c’est quelque chose de naturel. Tout le
monde a le droit à l’erreur - on est humain, on fait des erreurs - une fois
qu’on a donné aux collaborateurs les moyens de ne plus reproduire ses
erreurs, de s’améliorer, de développer ses compétences, qu’il en a
conscience, alors l’erreur reproduite devient une faute et c’est
naturellement qu’elle est sanctionnée.
Donc c’est ça, encore une fois, s’entourer d’un maximum d’objectivité et ne
rien laissé… mettre au maximum le facteur humain de côté on va dire. Mais
il joue beaucoup, mais il ne doit pas jouer dans la décision.
Cécile DEJOUX
Donc pour vous la décision est rationnelle, elle s’impose par les
objectifs, les process, et c’est au manager de décider, en enlevant son
côté émotionnel et subjectif.
Clément GONON
Tout à fait, même si des fois c’est difficile, c’est vrai.
Cécile DEJOUX
Alors par contre, on dit aussi que au-delà de la décision, le manager a une
deuxième fonction qui est celle de la motivation. Alors, comment motiver
des personnes qui sont différentes, sur des métiers différents et peut-être
des attentes différentes.
Clément GONON
Tout à fait… alors pour moi il y a trois niveaux dans la motivation.
D’abord il faut s’attacher à éliminer tout ce qui est source de
démotivation. Ça c’est un premier volet. Notre rôle, moi je le répète
souvent à mes collaborateurs, c’est de faire en sorte que le salarié arrive
avec le sourire et reparte chez lui avec le sourire. C’est très important,
il faut qu’il se sente bien. Créer un cadre agréable. Ça passe par un tas
de choses : d’abord le respect. Moi, ce qui m’a beaucoup frappé quand je
suis arrivé à UGC, c’est le nombre de collaborateurs. Si on ne serre pas la
main à quelqu’un le matin, c’est une catastrophe pour la personne. On ne
serre pas deux, trois fois la main, on a trente employés contre soi et ça
devient une sorte de petite catastrophe nucléaire. Du coup, il faut faire
attention à tout le monde, avoir une intention pour tout le monde et puis
répondre à la demande. Être très à l’écoute, laisser sa porte de bureau
ouverte. Ça déjà pour éliminer tout ce qui est source de désagrément au
quotidien. Créer un cadre agréable, ça c’est la première chose. Qui évite
la motivation, mais ça ne suffit pas.
Ensuite, il faut valoriser la personne. Je dirais moi de créer une espèce
de pathos positif. C’est-à-dire qu’on valorise, on écoute, on demande
conseil. Moi souvent je vais voir mes chefs d’équipes et je leur demande
d’abord, je ne leur impose jamais une solution. Je les écoute, j’essaye de
savoir ce qu’ils ont à proposer, je les mets en avant, beaucoup en avant.
Quand quelque chose vient d’eux, il faut le dire, il faut le répéter, à la
direction, etc… Tout ça pour créer, voilà, un sentiment de bien-être, de
pathos positif envers son supérieur.
Et enfin, le troisième volet de la motivation, c’est les aspirations
profondes de chacun. Et c’est là que ça devient compliqué. Parce que chacun
a des motivations différentes. Alors là, encore une fois pas de secret,
l’écoute, la petite technique c’est instaurer des rituels managériaux : par
exemple nous, ce qu’on fait nous à UGC, c’est les entretiens de suivi
mensuels, c’est-à-dire qu’une fois par mois, chaque salarié, chaque
collaborateur a le droit à un entretien privilégié avec son n+1 ou son n+2
dans lequel il échange sur ce qu’il a vécu ce mois-ci, sur ses attentes,
sur… voilà, ses volontés d’évolution, etc… Être beaucoup à l’écoute,
essayer de savoir ce qu’il veut, savoir ce qu’il veut, et une fois qu’on
sait ce qu’il veut lui donner les moyens. Et c’est très important, les
moyens, parce qu’il n’y a pas d’obligation de résultats. Chez nous, une
obligation de moyens, lorsqu’on a donné les moyens à cette personne d’y
arriver, de développer ses compétences, alors qu’il y arrive ou pas, on le
respectera, il se sentira bien. En tout cas lui donner les moyens.
Donc un : créer un cadre agréable, très important. Deux : mettre en avant
la personne… voilà, mettre en avant sa valeur ajoutée. Et enfin : lui
donner les moyens pour qu’il développe ses compétences ; pour qu’il puisse
arriver à ses fins. Tout ça, si on respecte cette idée-là, peu importe les
profils, ça marche. C’est comme ça que j’envisage la motivation qui est
indispensable.
Cécile DEJOUX
Par exemple est-ce que vous auriez une anecdote sur quelqu’un qui était
démotivé, et vous avez réussi à trouver le levier pour remettre sur les
rails cette personne ?
Clément GONON
Oui, il y a énormément d’anecdotes, il y a énormément de cas différents.
Mais je pense à un manager qui a toujours voulu évoluer, à qui on a à un
moment donné laissé l’opportunité d’évoluer, mais on ne l’a pas suivie,
donc, on ne lui a pas dit les choses. Elle, ce qu’elle attendait en fait,
c’est qu’on lui dise clairement les choses. C’est d’avoir une figure
d’autorité en face d’elle qui puisse lui dire : « là ça va, là, ça ne va
pas, tu es dans la bonne direction, tu n’es pas dans la bonne direction ».
Chose qu’on n’avait jamais réussi à faire. Peut-être par peur, par manque
de courage managérial, je n’en sais rien, par manque de suivi tout
simplement. Et très vite, quand je suis arrivé, donc, dans l’entreprise,
j’ai rencontré cette personne, elle m’a expliqué ses difficultés, et voilà…
J’ai su qu’en étant franc avec elle, en lui donnant des objectifs précis,
en la recadrant et en lui disant si oui ou non elle pourrait évoluer, elle
réussirait et comment j’allai réussir à la motiver. Donc je l’ai mise en
avant, je l’ai plus écoutée, j’ai travaillé… je l’ai beaucoup suivie,
c’était un manque de suivi.
Cécile DEJOUX
D’accord, vous avez vraiment capté les freins qui faisaient en fait qu’elle
n’arrivait pas à exprimer sa valeur par rapport au groupe, et vous avez mis
en place un plan d’action individuel qui lui a permis ensuite de démontrer
ses savoir-faire.
Clément GONON
Tout à fait. Il y a un aspect, dans la gestion des profils différents, très
important, c’est la communication. Le management, c’est une histoire, pour
moi, de communication. Il faut, bon… il y a un émetteur, un récepteur et si
on n’est pas sur la même longueur d’onde, ça ne marche pas. On a beau
donner toutes les directives qu’on veut, si elles ne sont pas comprises, si
elles sont mal interprétées, ça ne marche pas. Et c’est ce que j’ai fait
par exemple avec cette personne ; c’est-à-dire qu’il faut vraiment
s’adapter à la personne qu’on a en face de soi. Alors il y a différents
moyens de s’adapter, il y a des techniques très connues, il y a des
techniques de décodage, de décryptage de la personnalité - prenez par
exemple tout ce qui est Process communication, Kappa communication,
ennéagrammes, tout ça - ça c’est de la technique managérial, qu’on peut
apprendre. Maintenant, sur le terrain, l’expérience nous apprend une chose
qui marche à tous les coups, c’est l’assertivité, l’assertivité,
l’assertivité… c’est pour moi l’art de s’affirmer tout en affirmant
l’autre. Être très précautionneux d’affirmer ses positions tout en
permettant à l’autre, aussi, de s’épanouir. Donc ça passe, je ne sais pas…
Une problématique, on explique une problématique à ses collaborateurs, un
fait simple, objectif toujours, on l’écoute. On essaye de trouver dans ce
qu’il va nous dire, nos points de convergence, le positif, il y en a
toujours, même si on n’est pas d’accord sur une discussion il y a toujours
un terrain sur lequel on va être d’accord, on met l’accent sur ça. Ensuite
on propose, sa proposition différente, en s’entourant de toutes les
précautions, je, je, je pense que… à mon avis… d’après moi… c’est une bonne
idée (ce n’est pas). Moi j’ai toujours dans la tête l’idée d’un film que
j’ai vu avec Robert DE NIRO, Casino, où on voit Robert DE NIRO reprocher à
l’un de ses employés d’avoir fait une bêtise, et il le lui explique de
manière autoritaire : « écoutez ici il y a trois manières de faire les
choses : la bonne manière, la mauvaise manière et ma manière à moi, ici
c’est ma manière à moi ». Typiquement, c’est le discours anti-assertivité.
Il faut réussir à imposer, des solutions, parce que des fois il faut les
imposer, mais tout en restant à l’écoute, s’entourer de précautions, et
essayer d’observer, toujours, le point de rupture chez l’autre. Le moment
où il rentre sous stress. Quand on dit je… toutes les précautions qu’on
s’entoure, dès qu’il y a un moment où on voit que la personne - ça peut
être une mimique, une attitude, voilà… une réflexion - que la personne
rentre sous stress, sous un stress négatif, alors là on reprend, on le
réécoute, on essaye de retrouver des points d’accord et on essaye… on
reprend tout à zéro. C’est ça l’assertivité. Ça, ça permet, sans technique
de management pointue comme la Process communication - c’est-à-dire des
grilles, des codages, de décodage du profil et de la personnalité de
l’individu, ça permet de s’adapter à chacun, à chaque personnalité.
Cécile DEJOUX
Alors, on parle souvent de la différence entre manager et leader. Est-ce
que vous pensez que pour être manager il faut être leader ? Pour être
manager il faut être leader ? Que ce sont deux rôles qu’on peut acquérir ?
Est-ce qu’un manager peut être très heureux en restant manager, sans
aspirer à devenir leader ? Quel est votre point de vue sur ces deux
termes ?
Clément GONON
Pour moi, le manager ou le management et le leader ou le leadership c’est
deux choses différentes mais qui doivent marcher ensemble.
Pour prendre une image assez simple, pour moi le management c’est la
capacité à organiser l’échiquier de façon à ce que chaque pièce prenne sa
place de manière harmonieuse dans une direction donnée.
Le leadership ; c’est la capacité à mener ces pièces dans cette direction,
à faire bouger ces pièces dans cette direction.
Le manager organise. Dans manager, la racine latine c’est manus, c’est la
main. C’est quelque chose pour moi d’un un peu artisanal. C’est
l’organisation, la planification : direction, contrôle, ça c’est le
management, il montre la direction. Le leadership c’est celui qui va
réussir à emmener ses équipes dans cette direction.
Donc on peut être un manager sans être un leader, mais pour être un bon
manager, il faut être un bon leader. Il y a une petite blague connue qui
dit, en gros, le manager c’est celui, quand il part l’entreprise, ses
salariés vont à son pot de départ, et le leadership, quand il part de
l’entreprise les salariés le suivent dans la prochaine entreprise. Ça c’est
cette petite différence. Moi je pense, en réalité, que pour que les
employés le suivent dans une autre entreprise, il faut aussi que ce soit un
bon manager. Parce que le bon manager c’est aussi l’organisation au
quotidien, le cadre de vie, le sourire de l’employeur en arrivant et en
partant. Ça c’est le manager, un travail de pure… d’organisation, de
résolution des problèmes, et ça c’est très important. S’il n’a pas de
leadership, il montrera la direction mais il ne sera pas suivi. Donc ça ne
fonctionnera pas. Il faut les deux : management, leadership. Même si c’est
deux définitions différentes, mais qui doivent marcher ensemble.
Cécile DEJOUX
Très bien. Donc si on reprend un peu vos grandes idées, l’idée c’est : pour
décider il faut s’entourer d’objectivité. Pour pouvoir motiver les
personnes : il faut être à la fois capable de les comprendre, de les
écouter, mais en même temps avoir un cadre professionnel positif. Et
surtout d’essayer de les développer avec différents outils, tout en
s’adaptant à chaque individu. Et le manager et le leader, c’est bien
important de comprendre leur différence, mais quelque part il y a des
interactions très fortes parce que si on est un bon manager on peut devenir
un bon leader ; et pour être un bon leader, il faut avoir été un bon
manager.
Clément GONON
Tout à fait
Cécile DEJOUX
Merci beaucoup pour cette interview. Et puis alors, bon vent, et bonne
réussite dans l’avenir, pour vous, qui va peut-être être de devenir un
leader.
Donc dans cette vidéo vous avez bien vu qu’en fait, pour Clément, décider
c’est s’entourer d’objectivité, c’est essayer de reprendre des process, des
faits pour pouvoir avoir une décision rationnelle. Pour motiver, il est
intéressant de voir que selon lui il y a trois dimensions, trois points
importants. On doit écouter, prendre des avis, essayer de mettre en
contexte. Deuxième chose : créer un environnement de travail positif. Et
troisième idée : essayer aussi de trouver quels sont les facteurs de
démotivation ou de l’un des facteurs de démotivation. Alors, Clément nous a
bien expliqué que pour développer les personnes il fallait imaginer, bien
sûr quelles étaient leurs attentes et imaginer des plans d’individualité
pour pouvoir les faire progresser.
Son point de vue sur le leadership et le management est intéressant. Parce
qu’en fait, il les lie de façon très proche en disant qu’un bon manager
peut rester un bon manager sans obligatoirement devenir un leader, mais