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UNIVERSITE PARIS DIDEROT (Paris 7) ECOLE DOCTORALE 132 « Sciences du langage » UMR CNRS 7597 - HTL « Histoire des Théories Linguistiques » Thèse pour l'obtention du titre de Docteur d'Université Sciences du langage Discipline : Linguistique théorique, descriptive et automatique Présentée et soutenue publiquement par Marie CALBERG-CHALLOT DYNAMIQUE DE LA LANGUE ET DE LA TERMINOLOGIE DANS LE DOMAINE DE L'ENERGIE NUCLEAIRE Thèse dirigée par : M me Danielle CANDEL Pr. John HUMBLEY Responsable industriel de la thèse : M. Xavier DUMONT Soutenue le : Le 24 janvier 2012 Jury Pr. Maria Teresa CABRÉ Professeur d’Université Rapporteur M me Danielle CANDEL Chargé de recherche CNRS Co-encadrante M. Xavier DUMONT Ingénieur Responsable industriel Pr. John HUMBLEY Professeur des Universités Directeur de thèse Pr. Christophe ROCHE Professeur des Universités Rapporteur

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UNIVERSITE PARIS DIDEROT (Paris 7)

ECOLE DOCTORALE 132 « Sciences du langage »

UMR CNRS 7597 - HTL « Histoire des Théories Linguistiques »

Thèse pour l'obtention du titre de Docteur d'Université Sciences du langage

Discipline : Linguistique théorique, descriptive et automatique

Présentée et soutenue publiquement par

Marie CALBERG-CHALLOT

DYNAMIQUE DE LA LANGUE ET DE LA TERMINOLOGIE

DANS LE DOMAINE DE L'ENERGIE NUCLEAIRE

Thèse dirigée par : Mme Danielle CANDEL Pr. John HUMBLEY

Responsable industriel de la thèse :

M. Xavier DUMONT

Soutenue le : Le 24 janvier 2012

Jury Pr. Maria Teresa CABRÉ Professeur d’Université Rapporteur Mme Danielle CANDEL Chargé de recherche CNRS Co-encadrante M. Xavier DUMONT Ingénieur Responsable industriel Pr. John HUMBLEY Professeur des Universités Directeur de thèse Pr. Christophe ROCHE Professeur des Universités Rapporteur

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A Boussy A Adèle

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Remerciements

Nous remercions en premier lieu Danielle Candel et John Humbley, nos directeurs de thèse, qui ont accepté de suivre et de guider cette recherche tout en nous laissant une grande liberté pour explorer des approches diverses. Leur constant soutien fut un élément déterminant pour la réalisation, la rédaction et la conclusion de ces travaux. Nous voudrions ensuite remercier les membres du jury et, particulièrement, nos rapporteurs, Maria Teresa Cabré et Christophe Roche, qui ont accepté de consacrer du temps à évaluer ce travail et nous ont prodigué de précieux conseils. Nos remerciements vont ensuite à l’Université Paris Diderot (Paris 7) et, en particulier, au Laboratoire UMR CNRS 7597 - HTL « Histoire des Théories Linguistiques » et à son équipe qui a accueilli nos travaux de recherche. La richesse de la recherche dans ce laboratoire, par la force de l’exemplarité, fut une véritable source de motivation. Nous tenons également à remercier Xavier Dumont, responsable de ces travaux au sein d'AREVA NP, pour son conseil attentif et pour ses précieux avis ainsi que la société AREVA NP qui a accepté d’accueillir ces travaux au travers d’une convention CIFRE permettant ainsi un accès de l’intérieur à la langue de spécialité du nucléaire. Nous tenons également à exprimer notre gratitude envers les experts consultés pour ce travail ainsi que toutes les personnes ayant contribué à ce projet par l'apport de documents ou d'informations, et tout particulièrement, Marcel Lebadezet, Christian L’Huillier, Jean Mouget, Georges Vendryes mais également le « groupe dictionnaire » composé de Claude Cauquelin, Alain De Tonnac, Gérard Ellia, Jacques Joseph, Yves Meyzaud, Jean Oullion, Emilio Raimondo, Philippe Revel, Philippe Rouiller et Francis Tétreau. Nous remercions encore tous les experts qui nous ont donné des témoignages tout au long de cette recherche. Enfin, une dernière pensée va à notre famille et à nos parents qui, nous accompagnant dans la vie, ont également vécu et supporté ce travail de thèse.

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On fait, défait, refait ce beau dictionnaire

Qui, toujours très bien fait, sera toujours à faire

Ponce Denis Ecouchard-Le brun (1729-1807) surnommé Lebrun-Pindare

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Mots-clefs

Ingénierie nucléaire, Dictionnaire, Vocabulaire, Langue de spécialité, Terminologie.

Résumé

Le but de ce travail est d’aider à une meilleure diffusion des résultats de la recherche scientifique et technologique dans le domaine de l'énergie nucléaire, à un meilleur échange, à une information scientifique et technique de qualité. Un rappel des grandes étapes de l'histoire de l'énergie nucléaire permettra d'en dégager quelques faits marquants. Ces étapes sont aussi l'occasion de voir émerger de premières créations et innovations terminologiques, dans le choix de termes, dans l'art de les définir ou dans la manière de les employer en contexte. Tout au long de l'étude, une attention toute particulière sera accordée par ailleurs aux premiers témoignages ou réactions de linguistes, tels qu'ils peuvent être recueillis dans les dictionnaires de langue. En effet, l'enregistrement ou l'absence de termes dans le dictionnaire peuvent eux-mêmes être significatifs du jugement porté sur le vocable, tout comme peut l'être son traitement lexicographique. C'est aussi le problème de la diffusion et de la vulgarisation des connaissances qui est ainsi abordé. Après avoir exposé quelques modèles de l'histoire, on décrira surtout l'état de la terminologie contemporaine, les modes de création terminologique en ingénierie nucléaire et les besoins actuels dans ce domaine. Le corpus d'étude, essentiel pour la recherche présentée, sera constitué de trois ensembles : des textes disponibles dans le domaine du nucléaire, notamment dans les sociétés et organismes de recherche, des dictionnaires collectés dans ces mêmes sources, et enfin des témoignages d'experts. La constitution d'un réseau d'experts du domaine est déjà en cours, ce qui représente un atout certain pour une telle recherche. Chacun de ces trois ensembles s'appuie sur des ressources originales et complémentaires à la fois, qui seront exploitées pour l'étude de la création terminologique aussi bien que pour la méthodologie de formalisation des termes du nucléaire. Des recherches et des solutions de formalisation préexistantes seront réutilisées, et nous nous proposons de contribuer à l'amélioration d'outils disponibles en ingénierie des langues, en améliorant leur réutilisation et leur exploitation. On comprendra alors que c'est la création d'un nouveau Dictionnaire de l'ingénierie nucléaire qui sera l'aboutissement souhaité de cette thèse.

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Keywords

Nuclear ingineering, Dictionary, Vocabulary, Langue de spécialité, Terminology.

Abstract

The history of nuclear engineering is punctuated by a number of major events which often required the creation of new terms or the reworking of existing ones. The terms to be used were selected with great care, defining them was an art form and they had to be used in their proper context. Throughout this study, special emphasis will be placed on the early reactions of linguists, as deduced from the first dictionaries. The fact that some terms were included in dictionaries while others were left out illustrates the extent to which terminology was considered important; this was also reflected in the way they were dealt with from a lexicographical point of view. This provides an introduction to the problems encountered with distributing and popularizing knowledge. We describe a number of examples from the history of nuclear engineering, with particular emphasis on contemporary terminology, how nuclear engineering terms are created and current terminology requirements. Three kinds of documents have been used for the study: texts available in the nuclear field, particularly in companies and research organizations, dictionaries provided by these same companies and research organizations and lastly, interviews with experts. We are currently building up a network of nuclear experts, which is an undoubted advantage for this type of research. In each case, the resources selected are both original and complementary; they will be used to study the processes by which terms are created and the methodology implemented to validate nuclear terms. Existing research work and formalization methods will be re-employed, and we propose to improve the existing language engineering tools by putting them to better use. This will result in a number of legitimate needs being met: the need to improve the dissemination of the results of scientific and technological research, the need for more fruitful dialogue and the need for top quality scientific and technical information. Consequently, the ultimate aim is that this thesis should pave the way for the creation of a new Dictionary of Nuclear Engineering.

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Sommaire

Introduction 21  1. Histoire de l'énergie nucléaire : premiers jalons d’une terminologie 29  

1.1 Les origines de l'énergie nucléaire et les premières découvertes.......................................30  1.2 L'énergie nucléaire .............................................................................................................49  1.3 L’ère industrielle : présentation des filières des centrales nucléaires ................................56  1.4 Les réacteurs à eau sous pression.......................................................................................67  1.5 Le programme électronucléaire français............................................................................71  1.6 Les centrales nucléaires et l'environnement.......................................................................76  1.7 Termes étudiés dans l’histoire et aujourd’hui : gestion de la langue du nucléaire ............84  1.8 Bilan.................................................................................................................................102  

2. Une enquête linguistique en milieu spécialisé professionnel : enquêteurs et enquêtés 107  

2.1 Présentation d'une entreprise, évolutions de ses dénominations......................................108  2.2 Présentation d'une expérience et acquisition de connaissances .......................................112  2.3 Le terrain de l'enquêteur, observateur de pratiques langagières ......................................114  2.4 Pratiques terminologiques : un exemple dans le domaine du nucléaire (résultat d’enquête)................................................................................................................................................115  2.5 Bilan.................................................................................................................................125  

3. Dénommer le domaine de l'ingénierie nucléaire : études de cas 129  3.1 Quelles sont les dénominations des divers secteurs de l'énergie nucléaire et leurs usages ?................................................................................................................................................129  3.2 Etudes de cas....................................................................................................................138  3.3 Comment un vocabulaire de spécialité emprunte au langage courant ? ..........................156  3.4 Comment les linguistes, experts, historiens, hommes de sciences ont-ils réagi ou réagissent-ils à la naissance d'un terme du nucléaire ? ..........................................................166  3.5 Bilan.................................................................................................................................169  

4. L'actualité terminologique en ingénierie nucléaire : une néologie en marche 173  

4.1 Vers les premiers jalons terminologiques ........................................................................173  4.2 Variations des définitions en terminologie ......................................................................177  4.3 Bilan.................................................................................................................................181  

5. Un besoin de réorganiser les données disponibles sur le vocabulaire de l'ingénierie nucléaire : construction d’une ressource terminologique 185  

5.1 L'existant n'est pas suffisant.............................................................................................186  5.2 Un réel besoin de dictionnaire .........................................................................................217  5.3 Un besoin de transmission des connaissances .................................................................218  

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5.4 La construction du dictionnaire : mise en place du travail lexicographique....................218  5.5 Bilan.................................................................................................................................239  

6. De l’analyse du vocabulaire à la conceptualisation du domaine de l’ingénierie nucléaire 243  

6.1 « Nucléaire » et « Atomique », deux formes concurrentielles dans le domaine du nucléaire ? ..............................................................................................................................244  6.2 Une analyse méthodique pour l'extraction terminologique dans le domaine du nucléaire : retour d’expérience dans le domaine du Combustible ...........................................................258  6.3 De la variation des usages au consensus terminologique : vers une représentation conceptuelle du domaine de l'ingénierie nucléaire ................................................................288  6.4 Apports de l’ontologie à la lexicographie de spécialité : garantir la cohérence des ressources lexicales ? .............................................................................................................307  6.5 Bilan.................................................................................................................................322  

Conclusion 323  Index des concepts 327  Index des termes 333  Index des noms propres 339  Index des auteurs 341  Table des illustrations 343  

Figures....................................................................................................................................343  Tableaux.................................................................................................................................345  

Références bibliographiques 349  

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Table des matières

Introduction 21  1. Histoire de l'énergie nucléaire : premiers jalons d’une terminologie 29  

1.1 Les origines de l'énergie nucléaire et les premières découvertes.......................................30  1.1.1  L'atome  dans  l'Antiquité...................................................................................................................30  1.1.2  XIXe  siècle  :  l'hypothèse  atomique  confirmée...........................................................................31  1.1.3  1895  :  la  découverte  des  rayons  X.................................................................................................33  1.1.4  1896-­1930  :  les  pionniers  du  nucléaire ......................................................................................34  1.1.5  Les  années  30  :  la  découverte  du  neutron  et  la  théorie  de  la  fission .............................41  1.1.6  1940  :  les  applications  militaires ..................................................................................................45  1.1.7  1942  :  la  pile  CP1  de  Fermi ..............................................................................................................46  1.1.8  Les  premières  applications  civiles ................................................................................................46  1.1.9  L'âge  industriel .....................................................................................................................................48  

1.2 L'énergie nucléaire .............................................................................................................49  1.2.1  La  structure  de  la  matière ...............................................................................................................49  1.2.2  Du  plus  simple  au  plus  complexe...................................................................................................49  1.2.3  L'énergie  nucléaire..............................................................................................................................50  1.2.4  De  la  fission  du  noyau  à  la  production  d'électricité..............................................................50  1.2.5  La  réaction  en  chaîne.........................................................................................................................54  1.2.6  La  radioactivité.....................................................................................................................................54  

1.3 L’ère industrielle : présentation des filières des centrales nucléaires ................................56  1.3.1  La  notion  de  filière...............................................................................................................................56  1.3.2  Les  constituants  de  la  filière............................................................................................................57  1.3.3  Les  filières  uranium  naturel  graphite-­gaz  et  Advanced  gaz-­cooled  reactors ...........58  1.3.4  Les  réacteurs  à  eau  lourde...............................................................................................................59  1.3.5  Les  réacteurs  à  eau  bouillante .......................................................................................................60  1.3.6  Les  réacteurs  à  haute  température..............................................................................................61  1.3.7  Les  réacteurs  Reaktor  Bolshoi  Moshchnosti  Kanalnye........................................................61  1.3.8  Les  réacteurs  envisagés  pour  l'avenir  ou  réacteurs  de  génération  IV ..........................62  

1.3.8.1 Les réacteurs à neutrons rapides ...........................................................................63  1.3.8.2 Les réacteurs à sels fondus....................................................................................65  1.3.8.3 Les réacteurs à très haute température ..................................................................66  1.3.8.4 Les réacteurs à eau super-critique.........................................................................67  

1.4 Les réacteurs à eau sous pression.......................................................................................67  1.4.1  Les  origines .............................................................................................................................................67  1.4.2  Le  principe...............................................................................................................................................68  1.4.3  Le  mécanisme ........................................................................................................................................68  1.4.4  Le  circuit  primaire...............................................................................................................................68  1.4.5  Le  circuit  secondaire...........................................................................................................................70  1.4.6  Le  circuit  de  refroidissement ..........................................................................................................70  1.4.7  La  filière  des  réacteurs  à  eau  sous  pression  dans  le  monde ..............................................71  

1.5 Le programme électronucléaire français............................................................................71  

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1.5.1  Les  premiers  pas...................................................................................................................................71  1.5.2  1956  :  le  stade  industriel...................................................................................................................72  1.5.3  Le  tournant  de  1973 ...........................................................................................................................72  1.5.4  Le  deuxième  pays  producteur  d'électricité  nucléaire  dans  le  monde ...........................74  1.5.5  La  standardisation ..............................................................................................................................74  1.5.6  La  maîtrise  du  cycle  du  combustible ...........................................................................................75  1.5.7  Bilan  et  perspectives  d'avenir.........................................................................................................75  

1.6 Les centrales nucléaires et l'environnement.......................................................................76  1.6.1  La  notion  d'impact  sur  l’environnement ...................................................................................76  1.6.2  Sûreté  nucléaire....................................................................................................................................77  1.6.3  Les  déchets  nucléaires........................................................................................................................78  

1.6.3.1 Définition et origine des déchets nucléaires .........................................................78  1.6.3.2 Classification des déchets nucléaires ....................................................................79  1.6.3.3 Les volumes des déchets nucléaires......................................................................79  1.6.3.4 La gestion des déchets nucléaires à vie courte......................................................80  1.6.3.5 La gestion des déchets nucléaires à vie longue.....................................................81  1.6.3.6 La vitrification ......................................................................................................82  1.6.3.7 Le transport des déchets nucléaires.......................................................................82  1.6.3.8 L'organisation de la gestion des déchets nucléaires..............................................83  1.6.3.9 Le coût de la gestion des déchets nucléaires.........................................................83  

1.7 Termes étudiés dans l’histoire et aujourd’hui : gestion de la langue du nucléaire ............84  1.7.1  Description  des  termes  retenus......................................................................................................85  

1.7.1.1 « retraitement » .....................................................................................................85  1.7.1.2 « caléfaction » .......................................................................................................89  1.7.1.3 « crise d'ébullition » ..............................................................................................91  1.7.1.4 « chaud » et « laboratoire chaud » ........................................................................93  1.7.1.5 « richesse isotopique » ..........................................................................................95  

1.7.2  Synthèse  et  analyse  des  faits  et  évolutions  ainsi  constatés................................................97  1.7.2.1 Variation de termes, de définitions, de domaines .................................................97  1.7.2.2 Raisons et processus de l'évolution.......................................................................99  1.7.2.3 L'intervention des Pouvoirs publics ....................................................................100  

1.8 Bilan.................................................................................................................................102  2. Une enquête linguistique en milieu spécialisé professionnel : enquêteurs et enquêtés 107  

2.1 Présentation d'une entreprise, évolutions de ses dénominations......................................108  2.2 Présentation d'une expérience et acquisition de connaissances .......................................112  2.3 Le terrain de l'enquêteur, observateur de pratiques langagières ......................................114  2.4 Pratiques terminologiques : un exemple dans le domaine du nucléaire (résultat d’enquête)................................................................................................................................................115  2.4.1  Cadre  théorique  et  objectifs  de  l’enquête ...............................................................................115  2.4.2  Corpus  analysés .................................................................................................................................116  2.4.3  Première  enquête ..............................................................................................................................116  

2.4.3.1 Comment l’expert est-il incité à l’expertise terminologique ?............................121  2.4.3.2 Trois niveaux de refus.........................................................................................121  2.4.3.3 Un constat : une certaine évolution terminologique au cours des interactions...122  

2.4.4  Deuxième  enquête.............................................................................................................................122  2.4.4.1 Comment l’expert sélectionne-t-il les données ? ................................................122  

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2.4.4.2 Comment s’expliquer les choix des experts ?.....................................................122  2.4.4.3 Comment l’expert réagit-il lors de l’expertise terminologique ?........................123  2.4.4.4 Au sujet des termes non retenus .........................................................................123  2.4.4.5 Une étape de contrôle..........................................................................................124  2.4.4.6 Etude sémantique ................................................................................................124  

2.5 Bilan.................................................................................................................................125  3. Dénommer le domaine de l'ingénierie nucléaire : études de cas 129  

3.1 Quelles sont les dénominations des divers secteurs de l'énergie nucléaire et leurs usages ?................................................................................................................................................129  3.1.1  Variations  des  dénominations  des  sous-­domaines  dans  le  Dictionnaire  des  Sciences  et  techniques  nucléaires  du  CEA.......................................................................................130  3.1.2  Variations  des  dénominations  des  sous-­domaines  dans  le  Vocabulaire  de  l’ingénierie  nucléaire.................................................................................................................................131  

3.2 Etudes de cas....................................................................................................................138  3.2.1  «  Réacteur  à  eau  pressurisée  »  ou  «  réacteur  à  eau  sous  pression  »  :  anglicisme,  forme  concurrente .......................................................................................................................................138  3.2.2  «  Nuclide  »  et  «  nucléide  »  :  anglicisme,  forme  suppléante .............................................142  3.2.3  «  surrégénérateur  »  et  «  surgénérateur  »  :  hypercorrection  délaissée......................146  3.2.4  «  cendrier  »  et  «  récupérateur  de  corium  »  :  glissement  de  sens ..................................150  3.2.5  Termes  devenus  obsolètes .............................................................................................................154  

3.3 Comment un vocabulaire de spécialité emprunte au langage courant ? ..........................156  3.3.1  Présentation  du  cadre  de  travail................................................................................................157  

3.3.1.1 Présentation du domaine de travail .....................................................................157  3.3.1.2 Langue générale et langue de spécialité..............................................................157  3.3.1.3 Langue spécialisée ou langue de spécialité ? ......................................................158  

3.3.2  Les  corpus  de  travail........................................................................................................................160  3.3.2.1 Le Corpus de la CSTNIN....................................................................................160  3.3.2.2 Le Corpus du sous-domaine du Combustible .....................................................160  3.3.2.3 Comparaison des deux corpus retenus................................................................161  

3.3.3  Etude  de  cas  :  quatre  termes  issus  de  la  langue  générale  dans  le  domaine  de  l'ingénierie  nucléaire  et  du  combustible............................................................................................162  3.3.4  Motivations  et  moteurs  de  la  spécialisation  d'un  terme..................................................165  3.3.5  Quelques  spécificités  de  la  terminologie  de  l’ingénierie  nucléaire..............................165  

3.4 Comment les linguistes, experts, historiens, hommes de sciences ont-ils réagi ou réagissent-ils à la naissance d'un terme du nucléaire ? ..........................................................166  3.5 Bilan.................................................................................................................................169  

4. L'actualité terminologique en ingénierie nucléaire : une néologie en marche 173  

4.1 Vers les premiers jalons terminologiques ........................................................................173  4.1.1  Néologie  en  marche,  motivations  et  réactions  :  comment  la  terminologie  du  nucléaire  évolue............................................................................................................................................174  4.1.2  Créativité  et  figement......................................................................................................................174  4.1.3  Créativité  et  diachronie..................................................................................................................175  4.1.4  Le  corpus...............................................................................................................................................175  

4.1.4.1 « Créativité officielle » et variation ....................................................................175  

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4.1.4.2 Le corpus de néologie terminologique de l'ingénierie nucléaire et ses variantes........................................................................................................................................175  

4.1.5  Etudes  de  cas.......................................................................................................................................176  4.1.6  Moteurs  et  motivations  du  changement  terminologique ................................................177  

4.2 Variations des définitions en terminologie ......................................................................177  4.2.1  Cadre  de  l’étude .................................................................................................................................177  4.2.2  Règles  d’écriture  des  définitions.................................................................................................178  4.2.3  Besoins  et  caractéristiques  de  l’écriture  et  de  la  réécriture  des  définitions............179  

4.3 Bilan.................................................................................................................................181  5. Un besoin de réorganiser les données disponibles sur le vocabulaire de l'ingénierie nucléaire : construction d’une ressource terminologique 185  

5.1 L'existant n'est pas suffisant.............................................................................................186  5.1.1  Le  paysage  dictionnairique  du  nucléaire  en  2004  :  analyse  métalexicographique  des  dictionnaires  de  l'AIEA,  du  CEA,  de  la  CEI  et  de  l'ISO ........................................................188  

5.1.1.1 Fiche synthétique - informations métadictionnairiques......................................190  5.1.1.2. Analyse métalexicographique des données de niveau documentaire ................192  

5.1.1.2.1  Rôle  de  l'histoire ........................................................................................................................ 192  5.1.1.2.2  Nombre  d'entrées...................................................................................................................... 193  5.1.1.2.3  Macrostructure  du  dictionnaire .......................................................................................... 193  5.1.1.2.4  Index................................................................................................................................................ 194  5.1.1.2.5  Introduction ................................................................................................................................. 194  5.1.1.2.6  Annexes.......................................................................................................................................... 196  

5.1.1.3 Analyse métadictionnairique des données de niveau notionnel .........................197  5.1.1.3.1  Illustrations.................................................................................................................................. 197  5.1.1.3.2  Langues .......................................................................................................................................... 197  5.1.1.3.3  Domaines....................................................................................................................................... 197  

5.1.1.4 Analyse métadictionnairique des données de niveau linguistique......................199  5.1.1.4.1  Renvois........................................................................................................................................... 199  5.1.1.4.2  Synonymes.................................................................................................................................... 205  

5.1.2  Un  paysage  dictionnairique  mis  à  jour....................................................................................211  5.2 Un réel besoin de dictionnaire .........................................................................................217  5.3 Un besoin de transmission des connaissances .................................................................218  5.4 La construction du dictionnaire : mise en place du travail lexicographique....................218  5.4.1  Une  méthode  au  service  des  experts .........................................................................................220  

5.4.1.1 Corpus des ressources existantes ........................................................................220  5.4.1.2 Le rôle des experts et le « groupe dictionnaire » ................................................224  5.4.1.3 La délimitation des domaines .............................................................................225  

5.4.2  Le  contenu  du  dictionnaire...........................................................................................................228  5.4.2.1 Structure des termes définis : nature et longueur................................................230  5.4.2.2 Structure des articles ...........................................................................................233  5.4.2.3 Informations sur le vocabulaire défini à travers quelques exemples ..................236  

5.4.3  La  méthodologie  de  mise  en  place  du  dictionnaire  :  une  base  de  données  au  format  XML ....................................................................................................................................................................238  

5.5 Bilan.................................................................................................................................239  6. De l’analyse du vocabulaire à la conceptualisation du domaine de l’ingénierie nucléaire 243  

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6.1 « Nucléaire » et « Atomique », deux formes concurrentielles dans le domaine du nucléaire ? ..............................................................................................................................244  6.1.1  Les  éléments  du  corpus...................................................................................................................245  

6.1.1.1 Le « corpus chronologique » du journal Le Monde ............................................245  6.1.1.2 Le corpus de Veille-Info......................................................................................245  6.1.1.3 L'ensemble du corpus..........................................................................................246  

6.1.2  Note  historique  sur  les  deux  formes  retenues.......................................................................248  6.1.2.1 A propos d' « atomique » ....................................................................................248  6.1.2.2 A propos de « nucléaire » ...................................................................................248  6.1.2.3 Deux termes en concurrence...............................................................................249  

6.1.3  Un  déplacement  de  la  connotation  négative  d'un  terme  à  l'autre ..............................250  6.1.3.1 Des idées et impressions générales exprimées sur ces deux termes ...................250  6.1.3.2 Le recours à Lexico3...........................................................................................251  6.1.3.3 Deux formes aux fréquences d'usages distinctes en fonction du sous-corpus ....252  6.1.3.4 Coïncidences chronologique d'usage entre les deux termes ...............................253  

6.1.4  Fluctuation  terminologique .........................................................................................................257  6.2 Une analyse méthodique pour l'extraction terminologique dans le domaine du nucléaire : retour d’expérience dans le domaine du Combustible ...........................................................258  6.2.1  Un  projet  de  construction  d'une  ressource  terminologique  et  lexicale  dans  le  sous-­domaine  du  Combustible ..........................................................................................................................259  

6.2.1.1 La présentation du secteur d'activité et du domaine de spécialité ......................259  6.2.1.2 Une liste de termes problématiques en usage .....................................................259  6.2.1.3 Une expertise multiple originale.........................................................................260  6.2.1.4 La constitution du corpus....................................................................................260  

6.2.2  La  préparation  et  l'analyse  du  corpus  Vercors  avec  l'outil  Syntex .............................261  6.2.2.1 Sélection et résultats, données de référence........................................................267  

6.2.2.1.1  Unités  non  retenues.................................................................................................................. 271  6.2.2.1.2  Unités  retenues........................................................................................................................... 272  

6.2.2.2 Organisation des unités retenues.........................................................................272  6.2.3  Le  rôle  de  l'expert  :  vers  le  gain  terminologique .................................................................274  

6.2.3.1 Les variations de termes......................................................................................274  6.2.3.1.1  Lemmatisation ............................................................................................................................ 274  6.2.3.1.2  Changement  partiel  du  terme .............................................................................................. 277  6.2.3.1.3  Changement  de  partie  du  discours .................................................................................... 277  6.2.3.1.4  Changement  total  du  terme................................................................................................... 277  

6.2.3.2 Un contrôle de la variation..................................................................................278  6.2.3.3 Des sources de variations....................................................................................280  

6.2.3.3.1  Variation  en  fonction  des  experts....................................................................................... 280  6.2.3.3.2  Variation  chez  un  même  expert........................................................................................... 280  6.2.3.3.3  Variation  du  domaine  de  spécialité  et  variation  du  degré  de  spécialité............ 280  6.2.3.3.4  Variation  entre  le  vocabulaire  extrait  par  Syntex  et  les  usages  des  experts ... 281  6.2.3.3.5  Exemple  de  variation  dans  un  champ  sémantique  privilégié ................................ 281  

6.2.4  Une  validation  des  résultats .........................................................................................................282  6.2.5  Une  analyse  interdisciplinaire.....................................................................................................283  

6.2.5.1 Apport de l'expert................................................................................................283  6.2.5.2 Apport de Syntex ................................................................................................284  6.2.5.3 Apport du terminologue......................................................................................285  

6.2.7  Retour  d'expérience .........................................................................................................................287  6.3 De la variation des usages au consensus terminologique : vers une représentation conceptuelle du domaine de l'ingénierie nucléaire ................................................................288  

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6.3.1  Présentation  de  la  ressource  terminologique  dans  le  domaine  de  l'ingénierie  nucléaire ..........................................................................................................................................................289  

6.3.1.1 Présentation du secteur d'activité et du sous-domaine de spécialité ...................289  6.3.1.2 Les motivations d'un tel projet............................................................................293  6.3.1.3 Les corpus de travail ...........................................................................................294  

6.3.2.  Travail  sur  la  ressource  terminologique ...............................................................................295  6.3.2.1 Premières interventions des experts Gérard Ellia et Jean Oullion......................295  6.3.2.2 Intervention du « groupe dictionnaire »..............................................................295  6.3.2.3 Deuxième intervention de l'expert Gérard Ellia .................................................296  6.3.2.4 Vers un consensus terminologique .....................................................................297  

6.3.3  Apports  mutuels  de  la  terminologie  et  de  l'ingénierie  des  connaissances ...............297  6.3.3.1 Analyse des résultats du « groupe dictionnaire »................................................297  6.3.3.2 De la définition du mot à la représentation du concept de « système »..............299  

6.3.3.2.1  Réseau  conceptuel..................................................................................................................... 300  6.3.3.2.2  «  Ensemble  »  et  «  concept  »................................................................................................... 300  6.3.3.2.3  «  Concept  simple  »  et  «  concept  composé  ».................................................................... 303  

6.3.4  Nécessaire  interdisciplinarité......................................................................................................306  6.4 Apports de l’ontologie à la lexicographie de spécialité : garantir la cohérence des ressources lexicales ? .............................................................................................................307  6.4.1  Quelle  place  accorder  aux  corpus  dans  la  construction  d'une  terminologie  ? .......308  6.4.2  A  propos  des  notions  de  «  terme  »  et  de  «  concept  » ..........................................................309  

6.4.2.1 Détour historique ................................................................................................309  6.4.2.2 Qu'en est-il aujourd'hui ? ....................................................................................311  

6.4.3  Qu'est  ce  que  la  terminologie  ? ...................................................................................................312  6.4.3.1 Différences entre terminologie et ontologie .......................................................313  6.4.3.2 Les tâches de la terminologie..............................................................................313  6.4.3.3 Vers l’ontoterminologie ......................................................................................314  

6.4.4  Dire  n'est  pas  concevoir .................................................................................................................314  6.4.5  Vers  une  nouvelle  construction  des  terminologies  ? ..........................................................316  

6.4.5.1 Objectif et principes............................................................................................316  6.4.5.2 Démarche ............................................................................................................316  

6.4.6  Une  démarche  éprouvée.................................................................................................................318  6.4.6.1 Le rôle des experts ..............................................................................................318  6.4.6.2 L'intérêt d'un recours aux schémas .....................................................................320  

6.4.7  Une  nouvelle  place  pour  les  corpus ...........................................................................................321  6.5 Bilan.................................................................................................................................322  

Conclusion 323  Index des concepts 327  Index des termes 333  Index des noms propres 339  Index des auteurs 341  Table des illustrations 343  

Figures....................................................................................................................................343  Tableaux.................................................................................................................................345  

Références bibliographiques 349  

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Introduction

Le travail présenté concerne l'étude de la dynamique de la langue et de la terminologie dans le domaine de l'énergie nucléaire. Son but est de proposer des éléments de méthode pour aider à une meilleure diffusion des résultats de la recherche dans le domaine scientifique et technologique, en particulier au sein de la société Areva Np. Ce sujet, très vaste, mérite sans aucun doute d'être précisé. Il s’agit, au sein du domaine de l'énergie nucléaire, du vocabulaire de l'ingénierie nucléaire pour les métiers et les compétences de l'entreprise Areva NP en France, qui a accueilli ce travail de recherche et lui a accordé son soutien pendant trois années. Outre une analyse terminologique dans le domaine des sciences et techniques nucléaires, peu étudié jusqu'à présent dans les travaux de recherche universitaire en linguistique, cette étude du vocabulaire technique bien circonscrit dans l'ensemble du lexique du nucléaire et bien délimité dans le développement historique de la langue, espère présenter une originalité certaine. En effet, le nucléaire étant une science ou une technique moderne et qui peut être étudiée en tant que réalisation technique dans des limites historiques précises, nombre de ses acteurs, jouant un rôle majeur pour son développement, nous sont contemporains ou ont travaillé avec des personnes pouvant témoigner aujourd'hui de son histoire. On notera que l'apport de ces témoignages constitue une ressource importante pour l'étude de l'émergence de cette terminologie, qui malheureusement ne sera pas pérenne indéfiniment. Dans ce contexte, l'accueil de ce travail de recherche au sein d'Areva NP, ayant permis l'accès à un important réseau de personnes, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'entreprise, en activité ou en retraite, a été primordial. On notera aussi que la jeunesse de l'énergie nucléaire laisse la possibilité au linguiste terminologue lexicologue, en sus d'un travail diachronique, de mener une étude de l'évolution contemporaine des termes de ce domaine. Pour cette étude de la terminologie et de son évolution, deux approches principales seront été adoptées. La première approche consiste en une étude méthodique de la langue et de la terminologie de l'ingénierie nucléaire et de son évolution dans le temps en se plaçant en position d'analyste extérieur. La seconde approche consiste à étudier les processus régissant la création et l'évolution terminologique dans le domaine de l'ingénierie nucléaire en se plaçant en position d'acteur au sein d'une démarche d'élaboration d'une ressource terminologique dans l'entreprise, que l'on souhaitera voir aboutir en Dictionnaire de l'ingénierie nucléaire.

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Sans nier l'importance de leurs apports spécifiques, nous verrons que ces deux approches présentent une certaine complémentarité. La première fournira les éléments de réflexion préalable à une construction terminologique rigoureuse. La seconde, par la confrontation aux problèmes pratiques liés à l'élaboration même de la ressource, mettra en lumière les voies à approfondir ou les nouvelles pistes à suivre pour l'analyse de l'évolution de la langue et de la terminologie dans l'ingénierie nucléaire. La première approche d'analyse méthodique, du point de vue de l'analyste extérieur, de la création et de l'évolution de la terminologie dans le domaine de l'ingénierie nucléaire, sera l'objet des quatre premiers chapitres du présent travail. Dans le premier chapitre, c'est un historique des grandes étapes de l'évolution de l'énergie nucléaire qui est proposé. Il permettra au lecteur non spécialiste du domaine d'avoir un aperçu du contexte dans lequel se situe ce travail. La naissance de la physique nucléaire, la description de ce qu'est l'énergie nucléaire, les différents types de réacteurs, les phases de pré-industrialisation puis d'industrialisation à grande échelle et l'impact environnemental du nucléaire seront abordés dans ce chapitre. A cet historique, les premiers jalons terminologiques et linguistiques seront introduits à travers des témoignages d'experts du nucléaire, d'historiens ou de linguistes, afin de donner une première esquisse du contexte terminologique dans le domaine de l'énergie nucléaire et plus particulièrement de l'ingénierie nucléaire, et de mettre en avant l'histoire des idées linguistiques. Nous verrons alors comment la terminologie a dû accompagner le déploiement de la science qu'est la physique nucléaire vers ses applications que sont les sciences et techniques de l'ingénierie nucléaire. Nous sommes donc au centre de l'expression d'une réalité nouvelle. Dans ce premier chapitre, nous examinerons enfin comment, pour répondre au besoin terminologique, les pouvoirs publics sont intervenus afin de mettre en place des processus d'élaboration et de maintien d'une ressource terminologique de l'ingénierie nucléaire. Dans le deuxième chapitre de ce travail, nous nous attacherons à mettre à profit la ressource que constituent l'expérience et le témoignage des personnes ayant vécu l'essor de l'énergie nucléaire en France, qui en ont été les acteurs et que l'on considère par conséquent comme experts du domaine de l'ingénierie nucléaire pour cette recherche terminologique. Aussi, ce chapitre décrira-t-il la mise en place, la réalisation et les résultats d'enquêtes linguistiques « de terrain » menées dans un milieu spécialisé chez des personnes « expertes » du domaine. Les méthodologies mises en jeu ainsi que les différentes étapes de ces enquêtes seront également décrites dans ce chapitre. Les résultats de ces enquêtes nous indiqueront des axes de création, d'évolution, de variation et d'instabilité de la terminologie dans le domaine de l'ingénierie nucléaire. Après l'étude historique du premier chapitre et l'étude linguistique « de terrain » du deuxième chapitre, le troisième chapitre de notre étude se placera dans une logique d'analyse plus approfondie des axes décrivant la terminologie de l'ingénierie nucléaire décelés dans les chapitres précédents. Les témoignages des experts laissent la place à l'analyse terminologique. On se posera la question de la position défendue jusqu'alors par les linguistes devant la création terminologique dans le domaine de l'ingénierie nucléaire.

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Les trois premiers chapitres ayant présenté des analyses a posteriori de la dynamique de la terminologie de l'ingénierie nucléaire et mis en évidence un certain nombre de conclusions, le quatrième chapitre traitera de l'actualité terminologique de l'ingénierie nucléaire. Qu'en est-il de la création et de l'évolution des termes dans l'ingénierie nucléaire au XXIe siècle ? Quels en sont les faits remarquables ? Voilà les questions auxquelles le quatrième chapitre de notre travail se propose de répondre. Ce chapitre contribuera de manière importante à tirer les grandes lignes de la dynamique contemporaine de la terminologie dans l'ingénierie nucléaire. Des exemples de traitement terminologique de certains sujets d'actualité seront également présentés. A l'issue de ces quatre chapitres, un certain nombre d'éléments caractérisant la création et l'évolution terminologique dans le domaine de l'ingénierie nucléaire pourront être dégagés par le lecteur. Nous verrons, en particulier, le rôle de la néologie dans la création terminologique, l'influence des possibilités de dérivation pour les choix terminologiques, l'influence et l'envergure de la personne qui est à l'origine du terme pour son adoption finale, le contexte de création du terme et enfin l'importance de l'usage dans le choix et le figement des termes, qui l'emporte souvent sur la normalisation ou le cadre institutionnel. Suite à ces analyses où nous nous serons placée en tant qu'analyste extérieur de la terminologie de l'ingénierie nucléaire, dans notre deuxième approche, nous adopterons une démarche d'acteur dans l'élaboration d'une ressource terminologique. Les grandes lignes de constitution et d'évolution des termes dégagées jusqu'ici seront autant de repères nous guidant dans notre travail comme le montrent les cinquième et sixième chapitres. Dans un premier temps, nous examinerons la pertinence des répertoires terminologiques disponibles au sein d'Areva NP et plus généralement dans le domaine de l'ingénierie nucléaire, afin de pouvoir statuer sur le besoin de constitution d'une nouvelle ressource et, le cas échéant, sur les caractéristiques et les contraintes que devra vérifier la nouvelle ressource élaborée. C'est ainsi que nous examinerons les répertoires terminologiques existants, leurs apports mais aussi leurs limites. Nous soulignerons également, dans ce chapitre, l'importance de mettre à disposition du personnel de l'entreprise une ressource terminologique rigoureuse, la constitution de cette ressource s'inscrivant dans une logique de transmission et de gestion des connaissances. Nous verrons qu'au sein de l'entreprise, seules des applications pratiques et qui servent de support au succès global de l'entreprise, comme la performance des systèmes d'information et la diffusion du savoir pour le personnel, peuvent être le moteur de la mise en place des données nécessaires à la constitution d'un référentiel terminologique fiable. Nous mettrons aussi en exergue les signes et les témoignages en faveur d'une telle ressource. Ainsi le renouveau de l'énergie nucléaire entamé en 2004, le départ massif en retraite de salariés de grande expérience nés juste après la seconde guerre mondiale remplacés par de jeunes ingénieurs non directement formés à la discipline de l'ingénierie nucléaire, une évolution de la nature des projets vers le « clé en main » avec une gestion de plus en plus internationale, nécessitent plus que jamais de stabiliser et de maintenir la ressource documentaire et plus généralement la connaissance. Un projet de réacteur tel que l'EPR, depuis les premiers contrats de développement jusqu'à son démantèlement complet, devra en effet être géré sur un siècle environ. Ce temps est très long à l'échelle

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industrielle et colossal à l'échelle de la gestion documentaire. Peut-on aujourd'hui retrouver dans des documents les bases de conception d'un outil industriel datant de 1907 et toujours en fonctionnement aujourd'hui ? Il semble évident que la réponse est négative. Toutefois, pour Areva NP comme pour la plupart des entreprises de l'industrie nucléaire, la maîtrise des installations industrielles sur cent ans impose une gestion sans faille de la connaissance, de l'expertise technique et de la documentation associée, qui est tout aussi importante que l'installation physique. Cette documentation, preuve que le problème a été examiné, offre un état de l'art de l'époque pouvant lui-même servir de d’explication pour l’installation et permettre les modifications des installations dans le futur, une des clés nécessaires pour obtenir le droit de faire fonctionner l'installation. Dans ce contexte industriel de gestion documentaire sur le long terme, on comprendra l'importance, pour les connaissances qu’on appelle « à longue durée de vie », d'investir dans la constitution d'une ressource terminologique de qualité. Celle-ci sert de support à de nombreux outils de l’ingénierie des connaissances et améliore durablement la performance opérationnelle de l'entreprise. Après avoir démontré un besoin de ressource terminologique et lexicale au sein de l'entreprise Areva NP, on s'intéressera également dans ce cinquième chapitre à la constitution de la ressource dans le domaine de l'ingénierie nucléaire au sein d'Areva NP en France. Le cadre du projet mérite, dès le départ, que l'on identifie et que l'on confronte les besoins inhérents à la construction d'une telle ressource et les moyens qu'il est raisonnable de déployer pour atteindre cet objectif. On comprendra aisément que l'ampleur du travail à réaliser dépasse de loin la quantité et la qualité de travail que peut fournir le seul linguiste terminologue lexicologue. Celui-ci aura alors la tâche complexe de faire appel à l'ensemble des moyens disponibles afin de gérer, dans les meilleurs délais et les meilleurs coûts, le projet. Nous nous intéresserons ensuite à la question du choix des termes devant faire l'objet d'une analyse terminologique dans le domaine ciblé. Plusieurs voies seront examinées afin de permettre un choix aussi pertinent que possible. Les outils informatiques disponibles seront mis à contribution pour la construction de la ressource terminologique et lexicale. Puis nous traiterons de la méthodologie de mise en place de la terminologie tant dans le travail d'élaboration des définitions que dans la mise en place pratique de la ressource en fonction du public visé. Pour répondre aux contraintes de la gestion documentaire de l'entreprise mais aussi à des objectifs de flexibilité de construction, de maintenance et d'usage, nous verrons quel format peut être choisi pour la mise en place de cette ressource terminologique. Quant à la méthodologie d'élaboration des définitions, comme nous le verrons, elle fera principalement appel au travail en groupe au sein du « groupe dictionnaire » d’Areva NP. Les variations d'usage, mises en évidence chez les experts dans le deuxième chapitre, nous inciteront à diversifier les appels aux experts participant au projet, en fonction de leurs compétences. Mais ces variations nous rappelleront également à la plus grande modestie, et à la nécessité de valider ou d'invalider les définitions établies par le recours à d'autres moyens.

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Étant donné la taille importante du domaine à traiter, un intérêt particulier sera porté dans le sixième chapitre aux outils de Traitement automatique des langues (TAL) et de l'ingénierie des connaissances afin d'orienter, de stimuler et d'accélérer les réflexions des personnes contributrices du projet. Néanmoins, nous veillerons à garder le recul nécessaire à un usage critique de ces outils afin d'identifier au mieux les gains et les éléments d'analyse terminologique qu'ils amènent, mais aussi leurs limites. Nous examinerons ensuite comment la représentation conceptuelle et la représentation terminologique d'une même réalité peuvent être confrontées afin d'arriver à de meilleurs résultats. Nous mettrons à profit les deux approches possibles pour construire le dictionnaire, avant d'itérer la démarche terminologique. Nous apercevrons alors un des champs d'application possible de la ressource terminologique, ce qui permettra de réaliser des indexations de documents les plus intuitives possibles et donc plus pratiques pour la population visée. Bien plus que la description des différentes tâches réalisées dans le but de construire une terminologie dans le domaine de l'ingénierie nucléaire avec la sélection des termes à définir, la mise en place des définitions et la validation du travail terminologique, ce dernier chapitre mettra en évidence une nécessaire approche pluridisciplinaire afin d’aboutir à une ressource terminologique et lexicale fiable et légitime au sein de l’entreprise. Comme nous l'avons précédemment évoqué, les études et analyses réalisées dans les quatre premiers chapitres ont constitué une base et une aide précieuse au moment d’initier le processus de construction d'une ressource terminologique. Evidemment, la réalisation de cette ressource apporte à son tour son lot d'éléments caractérisant la dynamique de la terminologie de l'ingénierie nucléaire, confirmant ou remettant en question les éléments soulignés auparavent. A partir de cette étude de la terminologie de l'ingénierie nucléaire et de la construction d'une ressource de ce domaine, nous verrons que nous pourrons finalement caractériser la dynamique de la langue et de la terminologie du domaine de l'ingénierie nucléaire. Mais la construction d’une terminologie montre également, en sus du travail des experts, l'apport comme les limites des outils informatiques de Traitement automatique de langues et d'ingénierie des connaissances pour l'élaboration d'une ressource fiable. Sans se substituer au travail des hommes, ces outils constituent néanmoins une aide précieuse pour le linguiste terminologue lexicologue. Sans succomber à la tentation du « tout automatique » ni au déni du gain apporté par ces méthodes, leur utilisation par le linguiste terminologue lexicologue averti, et à même de réaliser les études nécessaires permettant de juger de la pertinence des résultats obtenus, apparaît comme une voie d'efficacité pour la construction d'une telle ressource terminologique. Enfin, ce travail montre, de manière récurrente, l'importance de croiser les démarches. Les études présentées sont tour à tour synchroniques ou diachroniques, adoptent tantôt le point de vue de l'analyste extérieur, tantôt celui de l'acteur de la construction d'une ressource terminologique, font appel à la fois à la linguistique et au Traitement automatique des langues et enfin confrontent onomasiologie et sémasiologie lorsque la

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terminologie rencontre la lexicologie. Notre travail met ainsi en évidence la nécessité et les apports mutuels d'une recherche interdisciplinaire. Nous espérons que ce travail saura susciter chez le lecteur l'intérêt qui nous anima lors de cette recherche.

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- Premier chapitre - Histoire de l'énergie nucléaire

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1. Histoire de l'énergie nucléaire : premiers jalons d’une terminologie1

Afin de situer le domaine de l'énergie nucléaire (Bonche 2002), nous allons décrire succinctement son histoire au travers de quelques faits marquants. En cohérence avec le cadre général de cette recherche, nous nous intéresserons principalement à l'énergie nucléaire dans le contexte de l'industrie électronucléaire en France. Profitant de la jeunesse de l'énergie nucléaire et de la terminologie associée nécessairement récente, et dès cet historique, nous mènerons de premières analyses terminologiques afin de cerner les premiers axes caractéristiques de la langue et de la terminologie dans le domaine de l'énergie nucléaire. Face aux événements terminologiques qui jalonnent différentes étapes de l'histoire de l'énergie nucléaire, nous tâcherons d'analyser les processus influençant la naissance du vocabulaire ainsi que son évolution jusqu'à son figement. Nous nous plaçons dès lors dans un cadre d'étude diachronique de la terminologie mais dont la durée sera variable car dépendante de l'histoire du terme avant son adoption ou son éviction. Avant de pouvoir étudier l'énergie nucléaire dans le cadre de l'ingénierie nucléaire, il aura fallu qu'au fil de l'histoire, le contexte de cette énergie évolue. En effet, comme nous le verrons, les origines de l'énergie nucléaire s'attachent tout d'abord à un questionnement de l'homme sur la structure de la matière. Au fil du développement des sciences, ce questionnement trouvera ses premiers échos au sein de travaux de recherche fondamentale en chimie puis en sciences physiques avant que naisse la physique nucléaire. Nous trouverons pour la terminologie le temps de la désignation de nouvelles réalités. Nous étudierons, en rapport avec les témoignages d'experts du domaine, d'historiens ou de linguistes, la naissance ou la création de quelques termes inhérente aux découvertes alors faites. Nous verrons, à cet endroit déjà, que cette terminologie comporte sa part d'affectif lors de sa création mais aussi que pour subsister, les termes créés ou choisis devront présenter, pour les personnes initiées, un usage facile et pratique que l'on verra être associé à la productivité des termes retenus ou à les utiliser comme calque. Suivant le développement de cette nouvelle science, nous décrirons également l'historique du déploiement des applications de l'énergie nucléaire jusqu'à son ère industrielle. Nous verrons alors comment le développement de l'énergie nucléaire dans un contexte de recherche fondamentale vers un environnement où les sciences et techniques de l'ingénierie nucléaire occupent une large place a engendré la naissance d'une nouvelle terminologie. 1 Ce chapitre a fait l’objet de la présentation suivante : Calberg-Challot, Marie (2005). « Quelques points marquants dans le développement de la terminologie du nucléaire » au séminaire scientifique du laboratoire HTL, UMR 7597, CNRS, le 15 octobre 2005.

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Le déploiement de l'industrie nucléaire s'est alors accompagné du besoin rapide et important d'un vocabulaire permettant de désigner les spécificités de l'exploitation de l'énergie nucléaire par rapport à d'autres énergies. Aussi des termes nouveaux ont-ils dû apparaître afin de désigner les systèmes, les équipements ou le fonctionnement mis en jeu par les centrales électronucléaires. Au cours de la description de l'histoire, nous verrons également l'importance de la place des Etats-Unis dans le développement de l'énergie nucléaire et de sa terminologie, y compris en France. Malgré les importantes découvertes réalisées en France sur le sujet, l’exil de scientifiques spécialistes de la physique nucléaire vers les Etats-Unis lors de la seconde guerre mondiale ainsi que le colossal effort scientifique et industriel mis en jeu par la conception et la fabrication des premières bombes atomiques positionnèrent les Etats-Unis en référence du domaine. Plus tard, avec l'adoption par la France d’une technologie américaine (licence PWR de Westinghouse) pour son programme électronucléaire, l'influence de la terminologie américaine sur la terminologie de l'ingénierie nucléaire en France fut encore renforcée. Enfin, nous nous intéresserons dans ce chapitre à la terminologie institutionnelle mise en place en France à partir des années soixante dix avec les Commissions de terminologie parallèlement au développement du programme électronucléaire. Nous examinerons alors les apports mais aussi les limites de cette approche formaliste d'une terminologie jusque là empirique. Si ce rappel de l'histoire de l'énergie nucléaire aura, pour le lecteur non spécialiste du domaine, permis de mieux comprendre le contexte dans lequel se situe notre travail, il montrera avant tout les liens étroits entre l'histoire de cette énergie et l'histoire des idées linguistiques qui lui sont attachées.

1.1 Les origines de l'énergie nucléaire et les premières découvertes

1.1.1 L'atome dans l'Antiquité

La réflexion sur la constitution de la matière occupe une grande place chez les philosophes de la Grèce antique. Au VIe siècle avant J.C., Thalès de Milet suppose que la matière s'est formée à partir d'un élément primitif unique : l'eau. Héraclite, au Ve siècle avant J.C., voit dans le feu « l'élément primordial », tandis que pour Empédocle, la matière est constituée des quatre éléments : eau, feu, terre et air, dans des proportions variables. La notion d'atome est formulée pour la première fois vers 450 avant J.C. Le philosophe Leucippe développe une théorie selon laquelle la matière n'est pas indéfiniment divisible, et prononce le mot « atomos » : « qui ne peut être coupé ». Quelques années plus tard, Démocrite, disciple de Leucippe, décrit la matière comme un assemblage de particules invisibles, indivisibles et éternelles : les atomes.

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Cette conception nouvelle ne relève ni d'observations ni d'expériences, mais plutôt d'intuitions. Elle sera développée par Epicure (341-270 avant J.C.), puis par le poète latin Lucrèce, au 1er siècle avant J.C. Il faudra ensuite attendre 2000 ans pour que la « théorie atomique » soit reprise et scientifiquement formulée. En ce qui concerne les neuf éditions du Dictionnaire de l’Académie française, voici la définition du terme « atome » que nous trouvons dans la première édition de 1694 :

ATOME. s.m. Corps indivisible à cause de la petitesse. Epicure disait que le monde était composé d’atomes, que les corps se formaient par la rencontre des atomes. Il se dit aussi de cette petite poussière que l’on voit voler en l’air aux rayons du soleil.

Nous sommes bien loin de la conception que nous avons du terme « atome » à partir du XXe siècle. De la deuxième (1718) à la cinquième édition (1798), seuls des éléments de stylistique interviendront dans les définitions, mais on ne constate aucune évolution sémantique du terme. La sixième édition (1835) est argumentée par des exemples. La septième (1878) et la huitième édition (1932-1935) sont précisées par un domaine d'emploi dans le domaine de la chimie et les définitions montrent ainsi les progrès de la recherche. Mais il faudra attendre la neuvième et dernière édition qui date de 1992 pour avoir la définition du terme « atome » tel que nous le concevons aujourd'hui.

ATOME n. m. XIVe siècle, athomes. Emprunté, par l’intermédiaire du latin, du grec atomos, « qu’on ne peut couper, indivisible ». 1. Anciennt. Corpuscule infiniment petit considéré comme indivisible ; élément constitutif de l’Univers. Démocrite, Épicure, Lucrèce pensaient que les corps étaient formés par la rencontre fortuite des atomes se liant par leurs crochets. Expr. Fig. Avoir des atomes crochus avec une personne, se sentir des affinités avec elle. Il n’y a pas d’atomes crochus entre eux. 2. Auj. Particule composée d’un noyau formé de protons chargés positivement et de neutrons, entouré d’un nuage d’électrons à charges négatives. L’atome est la plus petite partie d’un corps simple susceptible d’entrer dans une combinaison chimique. Les molécules sont constituées par des associations d’atomes. L’atome est électriquement neutre. * Expr. La civilisation de l’atome, l’ère de l’atome, caractérisée par l’utilisation de l’énergie atomique. 3. Fig. Parcelle infime. L’homme n’est qu’un atome dans l’Univers. Il n’a pas d’atome de bon sens.

Ainsi la lecture de l'article « atome » dans les neuf éditions du Dictionnaire de l'Académie française met en lumière l'évolution sémantique du terme.

1.1.2 XIXe siècle : l'hypothèse atomique confirmée

La théorie atomique moderne est née des travaux du physicien et chimiste anglais John Dalton. En 1803, il présente un mémoire sur l'absorption des gaz par les liquides, et

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utilise l'hypothèse selon laquelle la matière est composée de particules ultimes, identiques et indivisibles qui sont toujours en mouvement : les atomes. En 1811, l'Italien Amadeo Avogadro établit une distinction entre les atomes et les molécules. C'est en étudiant les lois régissant la compression et la dilatation des gaz qu'Amadeo Avogadro énonce en 1811 l'hypothèse restée célèbre sous le nom de « loi d'Avogadro ». Reposant sur la théorie atomique de John Dalton et la loi de Louis-Joseph Gay-Lussac sur les rapports volumiques, la théorie d'Avogadro indique que deux volumes égaux de gaz différents, dans les mêmes conditions de température et de pression, contiennent le même nombre de molécules. Sous son apparente simplicité, cette loi comporte des implications importantes. Grâce à elle, il devient possible de déterminer la masse molaire d'un gaz à partir de celle d'un autre. Un premier système de poids atomiques et de symboles des atomes est élaboré en 1818 par le suédois Jöns Jakob Berzélius. En 1833, le chimiste anglais Michael Faraday introduit la notion d'ion et étudie l'électrolyse. Il admet implicitement dans ses travaux « l'hypothèse atomique », qui commence alors à s'imposer en chimie. En 1869, le savant russe Dimitri Ivanovitch Mendeleïev met au point un système de classification de tous les éléments chimiques connus par masse atomique croissante dont voici le tableau (v. Tableau 1).

Tableau 1. Classification périodique des éléments

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L'« Uranium » (élément 92) découvert en 1789 avait été nommé en référence à la planète Uranus découverte en 1781. L'élément 93 devint le « Neptunium » d'après la planète suivante de notre système solaire et, à la suite, ce fut le nom « Plutonium », dérivé de Pluton qui fut retenu pour l'élément 94, dieu grec, dieu des puissances souterraines, « dispensateur de ses richesses ». Le « Gallium », l’élément 31, découvert par Paul-Emile Lecoq De Boisbaudran lui donna son nom à partir du latin gallus, coq. Le « Curium » est nommé en l'honneur des Curie. Notons, dès à présent, la variation terminologique du concept « atome » dans les premiers paragraphes. Nous relevons ainsi les termes « élément primordial », « atomos », « théorie atomique », « hypothèse atomique » pour enfin arriver à la dénomination « atome », qui restera l'usage. En 1896 enfin, la découverte de la radioactivité par Henri Becquerel (Becquerel 1967) marque la naissance de la physique nucléaire proprement dite.

1.1.3 1895 : la découverte des rayons X

En 1895, le physicien allemand Wilhelm Conrad Röntgen découvre un rayonnement invisible, de même nature que la lumière mais beaucoup plus pénétrant puisqu'il peut traverser la matière et impressionner ensuite une plaque photographique. Il appelle « X » ce rayonnement inconnu. Comme le souligne Valérie Delavigne dans son article intitulé « La formation du vocabulaire de la physique nucléaire : quelques jalons » :

« En décembre 1895, Roentgen découvre un type de rayons inconnu. Il les dénomme rayons X en référence à la variable algébrique x = inconnu. Cette première dénomination, qui aurait pu n'être que provisoire, sera longtemps en alternance synonymique avec rayons Roentgen. Rayons X finit par s'imposer, rayons Roentgen tombant peu à peu en désuétude. » (Delavigne 2006 : 91)

Le premier cliché radiographique (v. Figure 1) est réalisé le 22 décembre 1895 et ce n'est autre que la femme de Wilhelm Conrad Röntgen, Anna Bertha Röntgen, qui participe à cette expérience, en laissant radiographier sa main droite.

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Figure 1. Premier cliché radiographique réalisé le 22 décembre 1895

Les médecins comprennent immédiatement son intérêt et l'utilisent pour leurs recherches médicales et ceci marque le début de la radiologie.

1.1.4 1896-1930 : les pionniers du nucléaire

En 1896, le savant français Henri Becquerel découvre au Muséum d'histoire naturelle, l'émission, par l'élément « uranium », d'un rayonnement pénétrant, soit la radioactivité naturelle. Informé par Henri Poincaré de la découverte des rayons X par Röntgen, il cherche si les corps fluorescents émettent un tel rayonnement. Il utilise pour ses expériences des sels d'uranium qu'il expose au soleil pour les rendre fluorescents. Au début du mois de mars 1896, interrompu par le mauvais temps dans une de ses expériences, il range sa plaque photographique au-dessus de sels d'uranium qu'il n'avait pas eu le temps d'exposer au soleil. Il constate par la suite que la plaque a quand même été impressionnée : il en conclut que l'uranium émet des rayonnements particuliers et les appelle « rayons uraniques ». Dès lors, tous les physiciens se passionnent pour ce nouveau rayonnement. Dans les comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences du 23 novembre 1896, Henri Becquerel écrit :

« Ces radiations présentent des propriétés communes avec le phénomène appelé ‘rayons X’ par M. Röntgen, mais en différent parce qu'elles se réfléchissent et se réfractent comme la lumière. Parmi les propriétés que j'ai observées en poursuivant l'étude de l'émission de ces radiations que, pour abréger, j'appellerai ‘radiations uraniques’. » (Note de Henri Becquerel C.R. T.123 (1896) 855-858)

Comme en témoigne Xavier Dumont le 21 juillet 2005, « les ‘rayons’ ou les ‘radiations’ ne sont pas seulement une caractéristique de l'uranium. » Le fait que les rayons soient un thème d'étude très prisé à cette époque (Delavigne 2006 : 91) a très certainement influencé le vocabulaire de l'ingénierie nucléaire mais

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« [c]ette première dénomination, (rayons X)2, qui aurait pu n'être que provisoire, sera longtemps en alternance synonymique avec rayons Roentgen3. Rayons X finit par s'imposer, rayons Roentgen tombant peu à peu en désuétude. » (Delavigne 2006 : 91)

« Après la découverte des rayons X par Roentgen, Henri Poincaré avait eu l'idée de rechercher si des rayons semblables aux rayons X n'étaient pas émis par les corps « fluorescents », sous l'action de la lumière. Attiré par le même problème, Henri Becquerel avait examiné les sels d'un « métal rare », l'urane. Mais au lieu de trouver le phénomène prévu, il en avait conservé un autre, tout différent incompréhensible : les sels d'urane émettaient spontanément, sans action préalable de la lumière, des rayons d'une nature inconnue. Un composé d'urane, placé sur une plaque photographique entourée de papier noir, impressionnée celle-ci à travers le papier. Et, comme les rayons X, ces étonnants rayons « uraniques » déchargeaient un électroscope en rendant conducteur l'air ambiant. » (Curie 1994 : 216-217)

Il est intéressant de noter, à travers les découvertes et les avancées scientifiques, le cheminement d'un terme. En effet, la première dénomination « rayons Roentgen » en hommage à la personne qui fit la découverte fut remplacée par « rayons X » puis par « rayons uraniques » car on pensait que ces rayons provenaient de l'uranium. Mais les recherches ont montré que l'uranium n'était pas le seul élément à produire des rayons et la dénomination est redevenue « rayons X ». Le cheminement du terme met aussi en lumière une variation entre les termes « rayons », « rayonnement » et « radiations ». « A cause de l'évolution de la science, les termes sont tombés en désuétude et ont été remplacés par le terme ‘rayonnement’ » comme en témoigne Xavier Dumont le 21 juillet 2005. En 1897, l'anglais George Paget Thomson confirme la présence de particules négatives dans les rayons cathodiques (rayonnements émis par la cathode d'un tube de gaz raréfié où une décharge électrique est produite). Ces particules avaient été mises en évidence dès 1895 par Jean Perrin. George Paget Thomson les appelle électrons. Il mesure leur vitesse et le rapport e/m de leur charge à leur masse et montre que les électrons sont également les constituants de tous les atomes. De 1898 à 1900, Pierre et Marie Curie (v. Figure 2) (Barbo 1999, Curie 1995, Hurvic 1995, Les cahiers de sciences et vie 1994, Quinn 1996, Zak 2001) étudient le phénomène découvert par Henri Becquerel en utilisant différents minerais d'uranium dans les locaux de l'Ecole de physique et de chimie industrielles de Paris (EPCI) .

2 C'est nous qui précisons. 3 « Röntgenstrahlung » en allemand.

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Figure 2. Pierre et Marie Curie dans le « hangar de la découverte » à l'EPCI ©ACJC

Ils constatent que certains minerais émettent plus de rayonnements que d'autres, alors que leur teneur en uranium est plus faible. Dans le but de déterminer la masse atomique du radium, le couple entreprend le traitement de plusieurs tonnes d'un minerai naturel d'uranium, la pechblende, et cherchent alors à éliminer les « impuretés » du minerai et, après deux années d'un travail considérable, découvrent deux éléments nouveaux très radioactifs qu'ils appellent « polonium » et « radium ». C'est bien Pierre et Marie Curie qui proposeront ces deux nouveaux termes comme le confirment plusieurs sources. Dans l'étude sur les carnets de laboratoire de la découverte du polonium et du radium faite par Irène Joliot-Curie, on peut lire, de l'écriture de Pierre Curie, la phrase suivant :

« Sublimation acide, distillation de sulfures valant 12 f. Ur. Sulf Bi, Pb et Po, 0,94 gr. Pierre et Marie Curie étaient donc arrivés à la conclusion que le corps actif était un élément nouveau, et lui avaient donné le nom de Polonium, qui apparaît pour la première fois, par son symbole ‘Po’. » (Curie 1996) Dans l'ouvrage de Robert Reid, on peut lire :

« 27 juin 1898 (…) Marie Curie, alors au creux de la vague et en proie au mal du pays, avait un nom tout prêt à proposer. Pierre et elle écrivirent dans l'article qu'ils voulaient publier au plus tôt : ‘Si l'existence de ce nouveau métal se confirme, nous proposons de l'appeler polonium, du nom d'origine de l'un de nous.’ » (Reid 1979 : 89)

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Les écrits de Robert Reid sont confirmés et complétés dans les Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences de juillet 1898 où l'on peut lire :

« Nous croyons que la substance que nous avons retirée de la penchblende contient un métal non encore signalé, voisin du bismuth par ses propriétés analytiques. Si l'existence de ce nouveau métal se confirme, nous proposons de l'appeler polonium, du nom du pays d'origine de l'un de nous. »

La consultation du Trésor de la langue française informatisé4 vient aussi confirmer les attestations précédemment citées. Sur les carnets de laboratoire de la découverte du polonium et du radium, le 17 novembre 1898,

« [o]n voit pour la première fois le nom du radium dans une note de Pierre Curie, écrite au milieu d'une page vide, avec un point d'interrogation. » (Curie 1996 : 156)

Toujours dans les carnets du laboratoire (Reid 1979 : 91), au milieu d'une page non datée, vers le début du mois de décembre 1898, Pierre Curie inscrivit :

« donc sulfate de radium ? plus soluble dans H2SO4 que sulfate de baryum Ils avaient trouvé un nom pour leur nouvel élément : le radium ».

Le 26 décembre 1898, voici ce que nous trouvons dans les carnets du laboratoire :

« Pierre Curie, Marie Curie et G. Bémont, C.R., t. 127 (1898), 1215 : « Sur une nouvelle substance fortement radioactive contenue dans la pechblende. » « Découverte d'une substance fortement radioactive accompagnant le baryum. Une raie nouvelle a été trouvée par Demarçay, raie dont l'intensité augmente avec l'activité du produit. On propose le nom de ‘radium’ pour cette substance. » (Curie 1996 : 157)

Dans la biographie qu'Eve Curie (Pflaum 1992) a écrite sur sa mère, elle donne un extrait de la communication de Pierre et Marie Curie destinée à l'Académie des sciences et publiée dans les comptes rendus des séances de l'Académie des sciences de la séance du 26 décembre 1898 (tome 127 : 1217) :

« Il a été rédigé par Marie et Pierre Curie, et par un collaborateur appelé G. Bémont. Destiné à l'Académie de Sciences, et publié dans les comptes-rendus de la séance du 26 décembre 1898, elle annonce l'existence dans la pechblende d'un deuxième élément chimique radioactif. Voici quelques lignes de cette communication : …Les diverses raisons que nous venons d'énumérer nous portent à croire que la nouvelle substance radioactive renferme un élément nouveau, auquel nous proposons de donner le nom de RADIUM …

4 Consultation du 19-07-2005.

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La nouvelle substance radioactive renferme certainement une très grande quantité de baryum : malgré cela la radioactivité est considérable. La radioactivité du radium doit donc être énorme. » (Curie 1994 : 231-232)

Ce que le Trésor de la langue française informatisé5 confirme de nouveau. C'est ainsi que Marie Curie, comme elle l'écrit dans son ouvrage, propose le terme de « radioactivité » :

« Il devint dès lors nécessaire de trouver un terme nouveau pour définir la propriété nouvelle de la matière manifestée par les éléments uranium et thorium. Je proposai le nom radioactivité qui a été depuis généralement adopté ; les éléments radioactifs ont été nommés radioéléments. » (Curie 1996 : 78)

Juste après le 27 juin 1898,

« dans leur communication, les Curie utilisaient pour la première fois le mot radioactif pour décrire le comportement des substances comme l'uranium. Par bonheur, le terme d'hyperphosphorescence imaginé par Silvanus Thompson n'entra jamais dans la langue anglaise ni dans aucune autre. Celui de radioactivité, par contre, s'imposa de façon durable. » (Reid 1979 : 89)

Marie Curie énoncera clairement, lors de la remise de son deuxième prix Nobel en 1911 (Curie 1912, 1966) que c'est elle qui avait proposé les termes « radioactivité » et « radioactif » :

« Elle exposa son sujet : ‘des corps [qui] ont été nommés par moi radioactifs, précisait-elle, et parla de l'hypothèse faite par moi que la radioactivité est une propriété atomique de la matière’. » (Reid 1979 : 215-216)

« La ‘radioactivité’, pour Marie Curie qui invente le nom, désigne le rayonnement naturel émis spontanément par certains éléments dits « radioactifs ». Cette propriété de l'uranium a été découverte en France par Henri Becquerel en 1896. En 1897 Marie Curie étudie le phénomène pour le thorium. Pierre et Marie Curie, installés à l'ECPI, découvrent le polonium en 1898. Ces travaux valent aux trois chercheurs le prix Nobel de physique en 1903. En 1911, Marie Curie, dont le mari est mort accidentellement en avril 1906, obtient le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le radium. La « radioactivité » est devenue entre temps une branche de la chimie, ou de la chimie, axée sur l'étude des propriétés chimiques et physiques des éléments radioactifs et de leurs différents rayonnements. » (Boudia6 1997)

Dans les années qui suivent, plusieurs scientifiques montrent l'existence de deux types de rayonnements émis par l'uranium. C'est le physicien anglais Ernest Rutherford qui identifie en 1899 les rayonnements émis et met en évidence les propriétés des corps radioactifs. Il remarque que certains rayonnements sont arrêtés par une feuille d'aluminium et les nomme alpha. D'autres rayonnements traversent la feuille et il les nomme bêta. Le 6 novembre de la même année, Pierre et Marie Curie publient un article 5 Consultation du 19-08-2005. 6 v. aussi Boudia 1998 et 2001.

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où ils présentent une propriété singulière du radium : la « radioactivité induite ». C'est un an plus tard que Paul Villard identifiera le rayonnement gamma. Voici comment Pierre et Marie Curie expliquèrent le phénomène de radioactivité induite :

« Les Curie découvrirent un autre phénomène remarquable : quand ils prenaient une de leurs puissantes sources de rayonnement, des sels de radium ou de polonium en poudre, et la plaçaient près d'une feuille de métal, la plaque devenait elle-même radioactive, bien qu'il n'y eût apparemment aucun contact entre la poudre et la feuille. Au bout de plusieurs heures, l'électromètre montrait que la plaque de métal gardait toujours une partie de sa radioactivité. Ils donnèrent à ce phénomène le nom de radioactivité induite. C'est lui qui avait tellement étonné et gêné Demarçay dans les recherches spectroscopiques qu'il avait réalisées pour les Curie. » (Reid 1979 : 117)

Ce phénomène fut présenté par Marie Curie en 1910 dans le tome 1, page 134 des comptes rendus des séances de l'Académie des sciences : « Toute substance qui est mise au contact de l'émanation acquiert une radioactivité temporaire, dite induite ». En ce qui concerne les rayonnements alpha, béta et gamma, voici les attestations que nous avons trouvées :

« Déjà au début de 1899, il (Ernest Rutherford) avait publié un brillant article sur les rayons émis par l'uranium, montrant qu'il existait divers types de rayons très reconnaissables et décrivant les effets que l'on obtenait en interposant de minces feuilles de métal sur leur parcours. Un type de rayons, qu'il appelait alpha, était stoppé par la feuille et même par une mince épaisseur de carton. « Mes rayons alpha » disait-il. Il s'amusait même à demander à ses étudiants de tester la sensibilité de leurs doigts au-dessus de sources radioactives pour voir s'ils « sentaient » ses rayons alpha ! Le second groupe, qu'il nommait bêta, traversait des épaisseurs considérables de certains métaux et ressemblait beaucoup à certains rayons X. » (Reid 1979 : 116)

Il est possible, lorsqu'Ernest Rutherford mit en évidence en 1899 ces deux types de rayonnements émis par les corps radioactifs, que le terme « rayons X » l'influença pour dénommer les rayonnements alpha et les rayonnements bêta (Delavigne 2006 : 91). La même remarque pourra de nouveau être donnée concernant, cette fois, le terme de « rayonnement gamma ».

« Plus tard, un autre français, Paul Villard, montra que les substances radioactives émettaient un troisième type de radiations pénétrantes, baptisées par la suite rayons gamma. (…) Peut-être existerait-il une radiation encore inconnue présente dans tout l'espace, que son radium absorberait, puis relâcherait ? (Lord Kelvin alla même jusqu'à émettre l'hypothèse que le radium tirait son énergie de l'absorption de mystérieuses ‘ondes éthérées’ !). » (Reid 1979 : 117)

De 1901 à 1904, Jean Perrin, et indépendamment de Hantaro Nagaoka, imagine une représentation des atomes comme des systèmes solaires en miniatures.

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En 1903, Ernest Rutherford avec Frederick Soddy mettent en évidence la « période » d'après la loi de décroissance radioactive, caractéristique de chaque radioélément. Ils décrivent la radioactivité comme le résultat de la transmutation spontanée d'un atome en un nouvel atome.

« Rutherford reconnaissait le brillant de l'hypothèse et percevait déjà certaines conséquences éventuelles, lorsqu'il écrivit en 1903 : ‘Rien ne permet de déclarer que seuls les radioéléments possèdent cette énorme réserve d'énergie’. C'était plus qu'un ensemble de prophéties. Dans le même article, rédigé en collaboration avec Soddy, il parlait d'« énergie atomique. » (Goldschmidt7 1962)

« Vers 1899 ‘[j]e fus submergé par quelque chose de plus grand que la joie, je ne sais comment dire, une sorte d'exaltation mêlée d'un certain sentiment d'orgueil à l'idée que j'avais été choisi parmi tous les chimistes de tous les temps pour découvrir la transmutation naturelle’. Levant la tête vers Rutherford qui se tenait de l'autre côté de la table de laboratoire, il laissa échapper : ‘Rutherford, c'est la transmutation, le thorium est en train de se désintégrer ! … - Pour l'amour du ciel Soddy, explosa Rutherford, ne parle pas de transmutation ! Ils auront notre peau en nous traitant d'alchimistes, tu les connais !’ Mais Soddy, se moquant éperdument qu'on le prît ou non pour un hérétique de la science, traversa le laboratoire sur un pas de valse en hurlant : ‘En avant, s-o-oldats du Christ ... » maltraitant de cantique comme à l'ordinaire, c'est-à-dire, comme tous ses amis le soulignèrent plus tard, qu'on reconnaissait les paroles mais jamais l'air’. » (Reid 1979 : 118-119)

Le terme « transmutation » n'est attesté qu'en 1909 d'après le Trésor de la langue française informatisé8, dans le domaine de la physique, dans la revue Radium, page 10 :

« Si l'on appelle transmutation une transformation produite à volonté, par un changement de conditions expérimentales. »

En 1906, Ernest Rutherford identifie le rayonnement alpha comme particule d'hélium. Marie Curie en collaboration avec André Debierne isole, en 1910, le radium métallique et détermine sa masse atomique. En 1908, Hans Geiger met au point la première version de son détecteur de particules alpha, le « compteur Geiger ». En 1911, Frédéric Soddy établit l'existence d'isotopes. La même année, Ernest Rutherford démontre la présence d'un noyau au centre de l'atome. En faisant traverser une très fine feuille d'or par un faisceau de particules, il remarque que certaines d'entre elles sont déviées ou rejetées en arrière. Il en déduit qu'il existe dans la feuille d'or des charges électriques douées de fortes masses, capables de dévier les particules : ce sont les noyaux des atomes.

7 v. aussi Goldschmidt 1967, 1980 et 1987. 8 Consultation du 20-07-2005.

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En 1912, Ernest Rutherford et le physicien danois Niels Bohr mettent au point le modèle de l'atome « planétaire » : l'atome est constitué d'un noyau de charge positive, entouré d'un cortège d'électrons de charge négative, et il est électriquement neutre. En 1913, Ernest Rutherford appelle « proton » la particule constituant le noyau de l'hydrogène. Il mesure sa masse, qui est environ 1800 fois plus importante que celle de l'électron. Le proton apparaît comme la particule fondamentale de la matière avec l'électron. En 1919 enfin, Ernest Rutherford réussit la première transmutation artificielle en projetant des particules alpha sur des noyaux d'azote qui se transforment en oxygène. Il constate que les protons sont éjectés au cours de l'expérience : il en déduit que les particules alpha peuvent entrer en collision avec les noyaux et que les protons qui les composent sont éjectés au cours de cette collision. En 1928, Hans Geiger et Karl Müller mettent au point un nouveau « compteur Geiger-Müller ». A travers les attestations de ce paragraphe, nous notons l'influence du découvreur sur le terme avec, par exemple, les termes « compteur Geiger » et « compteur Geiger-Müller » ou encore la part « d'affectif » intervenant dans la création d'un terme avec « polonium » proposés par Marie Curie. Un autre élément important relevé dans la création d'un terme est la productivité. D'une part, nous relevons les éléments composés à partir de « ray- » avec par exemple « rayon X », « rayon alpha », « rayon béta », « rayon gamma » et les éléments composés à partir de « radio- » avec par exemple « radioactif » ou « radioactivité », ce terme ayant été préféré à son concurrent « hyperphosphorescence ».

1.1.5 Les années 30 : la découverte du neutron et la théorie de la fission

En 1930, Ernest Lawrence invente et construit le premier « cyclotron » à Berkeley et ceci lui valut le prix Nobel de physique en 1939 (Reuss 2007 : 34).

« Le développement le plus spectaculaire, en matière d'accélérateurs, fut réalisé à Berkeley, à l'université de Californie, par E. O. Lawrence et ses collaborateurs, notamment M. S. Livingston, à partir de 1930. » (Radvanyi & Bordry 1984 : 51)

« Et ainsi de suite, l'ion parcourait un grand nombre de cercles, de rayons croissants, recevant, à chaque demi-tour, un supplément d'énergie. Lawrence avait trouvé, propriété remarquable, que l'ion accomplissait toujours un tour pendant le même intervalle de temps, quelle que fut sa vitesse, ou le rayon de son orbite. Cette propriété de résonance permettait d'utiliser l'oscillateur haute tension à une fréquence fixe, ajustée par la valeur du champ magnétique employé. Pour cette raison, il appela ce nouvel accélérateur ‘cyclotron’. » (…) « Un 1er essai eut lieu en 1930. » (Radvanyi & Bordry 1984 : 51-52).

« En 1929, Ernest Orlando Lawrence (nldr) prit connaissance de la communication de Wideröe sur l'utilisation de la haute fréquence pour accélérer à grande énergie les particules chargées, ce qui lui donna l'idée du cyclotron. C'est à Noël de l'année 1930 que le premier

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cyclotron fournit ses premiers protons accélérés à une énergie de 80 000 eV… Le mot cyclotron n'apparut pas dans la littérature scientifique avant 1935. » (Radvanyi & Bordry 1984 : 76-77)

Ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale que l'on parlera de « synchrocyclotron ».

« L'électro-aimant destiné au dernier né des cyclotrons de Lawrence fut transformé pendant la guerre pour devenir un séparateur d'isotopes, afin de séparer l'uranium 235 ; il fut ensuite utilisé pour le premier synchrocyclotron, une fois la paix revenue. » (Radvanyi & Bordry 1984 : 78)

En 1932, en reproduisant l'expérience de Ernest Rutherford, Irène Curie, fille de Pierre et Marie Curie, et Frédéric Joliot observent un rayonnement de particules non chargées. L'anglais James Chadwick détermine la nature de cette nouvelle particule : sa masse est proche de celle du proton, et elle est électriquement neutre, d'où son nom de « neutron ». Les noyaux atomiques sont désormais présentés comme un assemblage de protons et de neutrons. En 1934, Frédéric et Irène Joliot-Curie (v. Figure 3) créent pour la première fois un élément radioactif en bombardant une feuille d'aluminium avec des particules alpha émises par du polonium et qu'ils baptisent « radiophosphore ».

Figure 3. Irène et Frédéric Joliot-Curie en 1935 ©ACJC

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En 1934, Frédéric et Irène Joliot-Curie font des expériences pour voir si, au dessus d'un certain seuil d'énergie, lors d'une transmutation, un neutron et un « positron » sont émis simultanément. Pour ce faire, ils soumettent de l'aluminium à une irradiation alpha en projetant des neutrons sur une feuille d'aluminium et créent un nouveau corps radioactif, le « phosphore 30 ». Ils pensent, au départ, obtenir :

Mais en fait, ils se rendent compte que lorsqu'ils arrêtent l'irradiation de l'aluminium, instantanément, il n'y a plus de neutrons émis mais il reste des émissions de positrons. Il est déduit que la réaction se passe en deux étapes (Radvanyi & Bordry 1984 : 109) :

La conclusion de cette expérience est qu'en irradiant l'aluminium avec des rayons alpha (bombardement de ), on fabrique par transmutation un nouvel élément instable et susceptible de suivre une chaîne de désintégration (appelée aussi « transmutation ») et émettant de la radioactivité. Ce sont des radioéléments. C'est ainsi que Frédéric et Irène Joliot-Curie dénommeront deux nouveaux radioéléments, le « radiophosphore » et le « radioazote ». Cet élément morphologique, le préfixe, déjà très en usage, deviendra extrêmement productif (Delavigne 2006 : 92). Ils sont dits « artificiels » car ils ont été créés à l'aide d'une irradiation ou autrement dit, à partir de la radioactivité d'un autre corps. Même si elle est artificielle, ces éléments ne sont pas trouvés dans la nature, la radioactivité a les mêmes propriétés physiques que la radioactivité naturelle. Le radioazote et le radiophosphore sont respectivement des isotopes instables de l'azote et du phosphore obtenus par exposition par irradiation d'autres matériaux (aluminium pour le phosphore) et susceptibles de se transmuter en engendrant de la radioactivité. Frédéric et Irène Joliot-Curie viennent ainsi de créer un élément artificiel, et de découvrir la « radioactivité artificielle ». Le 15 janvier 1934, les comptes rendus des séances de l'Académie des sciences publient leur travail sur la découverte de la radioactivité artificielle (Les échos du CEA 1984).

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L'adjectif « artificiel » ne plaisait pas aux Joliot qui insistaient toujours pour dire que la radioactivité qu'ils avaient obtenue était identique à la radioactivité naturelle et que, seule, la production des isotopes radioactifs était artificielle (Radvanyi & Bordry 1984 : 123). Après la découverte de la radioactivité naturelle en 1898, les termes « radioactivité provoquée » et « radioactivité artificielle » se sont trouvés en concurrence avant que ce dernier ne s'impose définitivement, l'adjectif « artificiel » s'opposant à l'adjectif « naturel ». Cette concurrence pourrait s'expliquer du fait que la radioactivité artificielle est un « résultat », « est produite », « est obtenue » … (GDT9) d'où la concurrence avec le terme « radioactivité provoquée ». En fait les termes de « radioactivité naturelle » et de « radioactivité artificielle » que l'usage consacrera sont moins exacts que les termes « radioactivité spontanée » et « radioactivité provoquée » qui auraient été plus adéquats (Pinault 1999 : 88) Cette même année, le physicien italien Enrico Fermi projette des neutrons sur tous les corps connus afin d'étudier leurs réactions. En projetant des neutrons sur de l'uranium, il constate la formation de corps nouveaux mais les résultats de son expérience sont si complexes que leur interprétation va demander près de cinq ans. En 1937, Frédéric Joliot-Curie est nommé professeur au Collège de France et il faudra attendre cette année pour voir la construction des premiers cyclotrons ou « accélérateurs de particules » en Europe. En 1938, Irène Curie et Pavlé Savitch mettent en évidence, dans les produits formés par l'expérience de Enrico Fermi, l'existence d'un corps ayant les propriétés du lanthane. Otto Hahn et Friedrich Wilhelm Strassman y découvrent la présence d'un corps de masse inférieure à celle de l'uranium : le « Baryum ». C'est finalement avec l'aide de Lise Meitner, réfugiée à Stockholm, et de son neveu Otto Frisch, que l'équipe allemande dirigée par Otto Hahn tire les conclusions de l'expérience de Enrico Fermi. Sous le choc d'un neutron, un noyau d'uranium peut se casser en deux et donner naissance à des fragments plus légers : c'est la découverte de la « théorie de la fission ». C'est en 1939 que Frédéric Joliot, Hans Von Halban, Lew Kowarski et Francis Perrin montre la possibilité de la « réaction en chaîne » et donc les applications énergétiques. Ils démontrent que le phénomène de fission s'accompagne d'un fort dégagement d'énergie et de l'émission de neutrons qui peuvent briser d'autres noyaux d'uranium et ainsi de suite. Le terme « fission » fait l'objet d'une analyse au paragraphe 1.2.4 auquel nous renvoyons. Les termes « cyclotron », « radioactivité artificielle » et « fission » ont fait l'objet d'une étude comparative au paragraphe 1.9 de notre thèse. 9 Consultation du 19-07-2005.

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Aussi, pour plus de précisions, nous vous renvoyons vers ces deux paragraphes.

1.1.6 1940 : les applications militaires

La deuxième guerre mondiale, en encourageant les recherches à des fins militaires, a joué un rôle capital dans le développement de l'énergie nucléaire. En 1939, Joliot-Curie et son équipe (Lew Kowarski et Hans Von Halban) poursuivent leurs recherches au Collège de France. Ils découvrent que la fission des noyaux d'uranium s'accompagne de l'émission de deux ou trois neutrons, et imaginent le principe de la réaction en chaîne. Ils découvrent également que l'« eau lourde » peut servir de « modérateur ». L'eau lourde est de l'hémioxyde de deutérium (formule : D2O ou ²H2O). Chimiquement, elle est la même que l'eau normale (H2O) mais les atomes d'hydrogène dont elle est composée sont des isotopes lourds ; du deutérium, dont le noyau contient un neutron, en plus du proton présent dans chaque atome d'hydrogène. Il existe aussi de l'eau semi-lourde (HDO)). Entre temps, l'Allemagne a mis au point un réacteur, constitué de blocs d'uranium plongés dans un bac d'eau lourde. Pour éviter qu'Hitler ne développe les applications militaires de l'énergie nucléaire, l'équipe française fait acheter en Norvège tout le stock d'eau lourde disponible et le met à l'abri en Grande-Bretagne. C'est ce qu'on appelle la « bataille de l'eau lourde ».

Le 18 juin 1940, le jour de l'appel du Général de Gaulle, Halban et Kowarski, en service commandé, emportent avec eux en Angleterre le précieux stock d'eau lourde - 185 kilogrammes – récupéré auprès de la société norvégienne Norsk Hydro par la mission Allier (l'histoire de cette mission deviendra célèbre grâce au film « La bataille de l'eau lourde », tourné après la guerre, où les physiciens jouent leur propre rôle) (Reuss 2007 : 29).

En 1940, l'avance des troupes allemandes disperse l'équipe française et les recherches continuent alors aux Etats-Unis. Dés 1941, par crainte de voir l'Allemagne mettre au point une nouvelle arme qui lui assurerait la domination du monde, plusieurs physiciens émigrés dont Albert Einstein, interviennent auprès du président Franklin Delano Roosevelt et évoquent la possibilité de doter les Etats-Unis d'une arme nucléaire. Le programme « Manhattan » est ainsi lancé. On étudie alors les différentes voies possibles pour obtenir une réaction en chaîne explosive. Les meilleurs savants américains se mettent au travail dans deux directions. Le premier travail concerne la séparation de l'isotope 235 de l'uranium pour obtenir des matières fissiles très pures et la construction d'usines de séparation isotopique. La deuxième orientation concerne la production d'un corps fissile nouveau à partir de l'isotope 238 de l'uranium, le plutonium 239, dans des réacteurs nucléaires spéciaux. Le programme Manhattan aboutit aux explosions des bombes d'Hiroshima (uranium) et de Nagasaki (plutonium) en août 1945 qui mettent fin à la seconde guerre mondiale. Même si, dans l'opinion générale, les bombes atomiques sont perçues comme des applications négatives de l'énergie nucléaire, il faut savoir que pour les populations de

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cette époque, c'était une délivrance et on mettait fin à d'atroces combats (Témoignage de Georges Vendryes le 9 mars 2007).

1.1.7 1942 : la pile CP1 de Fermi

Le physicien Enrico Fermi démontre le premier la possibilité d'entretenir une réaction en chaîne. Il construit dans un court de squash sous les gradins du stade de football de Chicago la première « pile atomique » constituée d'un empilement de cubes de graphite et de barres d'uranium. La « pile de Fermi » diverge le 2 décembre 1942 : la réaction en chaîne est entretenue pendant quelques minutes. Plusieurs collaborateurs aident Enrico Fermi dans cette expérience où il coordonne l'ensemble des opérations. Un premier collaborateur mesure le flux neutronique, un deuxième manipule la barre de cadmium, un absorbant neutronique, qui permet de contrôler la réactivité et un troisième opérateur doit ôter la source à l'instant décisif. En cas d'erreurs de manipulation, l'expérience peut être arrêtée grâce à un autre opérateur pouvant introduire une barre absorbante dans l'empilement. Et malgré toutes ces précautions, si un incident survenait, trois autres opérateurs sont prêts à inonder l'installation d'une solution de sel de cadmium (Reuss 2007 : 30). Déjà à cette époque, le principe de redondance dans les systèmes de sûreté est en application.

« La ‘divergence’, c'est-à-dire le démarrage de la réaction en chaîne au-entretenue, est observée le 2 décembre 1942 à 15 heures 25 dans cette ‘pile de Chicago n°1 (CP1)’. Ce jour-là, prudemment, Fermi arrête l'expérience lorsque la puissance atteint… 0,5 watt. Les jours suivants, il montera à 200 watts… ». (Reuss 2007 : 30-31) « Le physicien Arthur Compton l'annonce au responsable du programme américain sur la fission de l'atome, James Conant, par ce message énigmatique : ‘The italian navigator has just landed in the new world’ (le navigateur italien vient de débarquer dans le nouveau monde). ‘How were the natives ? (comment étaient les indigènes ?), demanda Conant. Very friendly’ (très amicaux), lui fut-il répondu. » (Reuss 2007 : 31)

Plusieurs piles de grande taille, conçues sur le même principe, sont ensuite construites dans l'état de Washington, puis en Géorgie, pour fournir aux Etats-Unis le plutonium nécessaire à leurs besoins militaires.

1.1.8 Les premières applications civiles

Le 20 décembre 1951 est produite aux Etats-Unis la première électricité d'origine nucléaire. Les américains mettent au point le premier réacteur expérimental du monde à la station d'essai d'ARCO dans l'Idaho. L'Experimental Breeder Reactor-1 (EBR-1), dont la construction a commencé en 1949, est un réacteur à neutrons rapides et il entraîne un alternateur d'une puissance de 100 kilowatts électriques. Ainsi, en 1954, le Congrès américain approuve la construction de cinq réacteurs prototypes, mettant en œuvre des « filières10 » différentes : eau bouillante, modération

10 La notion de "filière" est expliquée au paragraphe 1.3.

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au graphite et refroidissement au sodium, surgénérateur... Cette année marque le début du développement industriel de l'énergie nucléaire aux Etats-Unis. Ce sont les soviétiques qui, en 1954, mettent en service à Obninsk la première centrale nucléaire de puissance significative. Elle produit cinq mégawatts, utilise comme combustible de l'uranium enrichi à cinq pourcents en isotope 235 et comme modérateur du graphite. Ce réacteur est le précurseur de la filière RBMK11, construite en Russie et dans certains pays de l'union soviétique. En France, le nucléaire connaît une évolution similaire. Le 18 octobre 1945, le général De Gaulle créé le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) (CEA 1997, Pinault 1997) dont Frédéric Joliot sera nommé Haut Commissaire pour la direction scientifique et où l'on entreprend aussitôt la construction de plusieurs réacteurs d'essai. Le premier d'entre eux, la « pile ZOE » (ou « EL1 »), dont le nom est proposé par Lew Kowarski (Z = énergie zéro, O = oxyde d'uranium, E = eau lourde) (v. Figure 4), diverge en région parisienne à Fontenay-aux-Roses au Fort de Chatillon, le 15 décembre 1948. Une année plus tard, en 1949, le CEA créera un nouveau centre d'études nucléaires à Saclay où seront mises au point les piles de recherche et de production de radioéléments « EL2 » et « EL3 » (« Eau Lourde 2 » et « Eau Lourde 3 ») et des réacteurs d'enseignement.

Figure 4. Couverture du journal Atomes ©ACJC

11 RBMK : réacteur russe modéré au graphite et refroidi à l'eau bouillante.

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Avec la construction d’un « synchrocyclotron à protons », la création du Laboratoire de physique nucléaire d'Orsay, extension de l'Institut du radium de Paris pour lequel Frédéric Joliot-Curie se chargera du suivi du chantier, marque l'entrée des grands accélérateurs dans la recherche française (Bimbot : 200712). Après la disparition de sa femme en 1956, Frédéric Joliot consacrera les dernières années de sa vie au chantier du nouveau laboratoire du musée d'Orsay où fut transférer le cyclotron du collège de France. Il assistera à la mise en route du synchrocyclotron de 156 MeV mais ne verra pas l'extraction de son faisceau. Les débuts du premier laboratoire de la future université d'Orsay vont être endeuillés par la disparition de ses deux fondateurs, Irène Joliot-Curie le 17 mars 1956, et Frédéric Joliot le 14 août 1958. Dans les années qui suivirent, le laboratoire allait commencer ses recherches aux énergies importantes auxquelles lui permettait désormais d’accéder cette toute nouvelle machine. En parallèle, il allait lancer la construction d'un deuxième grand accélérateur, un « cyclotron à ions lourds », qui n'entrerait en fonctionnement qu'en 1966. Les années 1958-1966 sont donc dominées par les expériences effectuées sur le faisceau de protons de 156 MeV du synchrocyclotron. (Bimbot : 2007) En parallèle, en 1956 est mis en service à Marcoule un premier prototype des réacteurs électronucléaires, la pile G1, premier réacteur français à produire de l'électricité. Deux autres piles, G2 et G3, fonctionneront respectivement en 1959 et 1960. Ces piles conduisent à la mise au point de la filière Uranium Naturel-Graphite-Gaz (UNGG), première filière choisie par la France pour son équipement en centrales nucléaires. Les britanniques développeront une filière similaire qu'ils dénommeront « MAGNOX » « qui rappellent le magnésium servant à gainer les barreaux d'uranium métallique » (Reuss 2007 : 49). Les britanniques sont restés fidèles à cette filière et ont développé la filière Advanced gaz-cooled reactors (AGR).

1.1.9 L'âge industriel

Au milieu des années 1960, l'énergie nucléaire aborde une ère d'industrialisation rapide, notamment aux Etats-Unis et en Europe. La crise de 1973 et la hausse brutale du prix du pétrole viennent encore renforcer la tendance. Pour préserver leur indépendance économique, la plupart des pays industrialisés accélèrent alors leurs études et réalisations. Dans le même temps, les craintes liées à l'exploitation de l'énergie nucléaire font naître dans une fraction de l'opinion publique des pays concernés une opposition plus ou moins vive. Certains d'entre eux stoppent alors leur programme comme la Suède ou l'Autriche, ou le ralentissent comme aux Etats-Unis. D'autres, comme la France, l'Union soviétique ou la Japon, au contraire, poursuivent un équipement rapide. 12 v. également Bimbot et al. 1999.

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En 2010, les 440 réacteurs nucléaires en fonctionnement dans 30 pays du monde ont fourni 13% de l'électricité mondiale. Sans permettre de palier elle seule les risques liés à l'utilisation des seules sources fossiles (le pétrole, le gaz ou le charbon), l'énergie nucléaire apporte néanmoins une contribution appréciable à la nécessaire diversification des approvisionnements mondiaux en énergie. La génération actuelle qui exploite la filière nucléaire poursuit des recherches en vue d'assurer la gestion des déchets et leur confinement durable. Il faut donc préserver puis protéger l'environnement des dégâts que les rejets des combustibles fossiles peuvent durablement engendrer sur le climat et la santé. Le développement est dit « durable »13 s'il répond « aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Le développement durable implique qu'on accorde la même importance aux dimensions quantitatives et qualitatives de la croissance et, de ce fait, tient compte des préoccupations des défenseurs du développement économique, du bien-être social et de la protection de l'environnement, sans exclusive. Il faut par ailleurs procéder à une évaluation comparative des risques et avantages des diverses activités humaines de manière à parvenir à une répartition optimale des ressources dans la perspective d'un développement durable.

1.2 L'énergie nucléaire

1.2.1 La structure de la matière

La matière solide, liquide ou gazeuse, vivante ou inanimée, est universellement constituée d'atomes. Les atomes sont eux-mêmes constitués de particules élémentaires, les protons et les neutrons, qui forment ensemble le noyau de l'atome, et les électrons, qui gravitent autour du noyau. L'énergie nucléaire est produite à partir des particules composant le noyau des atomes.

1.2.2 Du plus simple au plus complexe

Neutrons et protons existent en nombre variable dans les noyaux des atomes. Le noyau le plus simple, l'atome d'hydrogène, est constitué d'un seul proton. Le noyau de l'atome d'oxygène est plus complexe car il comprend huit protons et huit neutrons. Le noyau de l'atome d'uranium est celui qui contient, à l'état naturel, le plus grand nombre de particules, à savoir 92 protons et 143 ou 146 neutrons.

13 Définition officielle du Rapport Brundtland (2000), p. 19.

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1.2.3 L'énergie nucléaire

Une énergie prodigieuse, appelée « énergie de liaison », assure la cohésion des particules du noyau. Une partie de cette énergie peut être libérée quand certains noyaux subissent une « fission », c'est-à-dire quand on projette sur eux un neutron qui les fait éclater en deux. On obtient alors deux noyaux plus petits, qui ont une énergie de liaison supérieure à celle du noyau initial. L'énergie mise en jeu au cours de la réaction nucléaire n'est autre que la différence entre les énergies de liaison des noyaux avant et après la réaction.

1.2.4 De la fission du noyau à la production d'électricité

Lors du choc d'un neutron sur un noyau, trois phénomènes peuvent se produire. Soit il se produit un choc élastique où les particules rebondissent l'une sur l'autre sans produire de réaction nucléaire, soit le noyau capture un neutron mais ce phénomène n'a pas d'utilité pour la production d'énergie, soit, enfin, il y a une fission du noyau qui est accompagnée d'un important dégagement de chaleur. Tous les noyaux ne sont pas susceptibles de subir la fission. Dans la nature, un seul noyau est ainsi capable de se casser en deux en libérant de l'énergie. C'est le noyau d'uranium 235 (Bonin et al. 2001) et on dit de ce noyau qu'il est « fissile ». Un neutron rencontre un noyau d'uranium 235 fissile. Sous l'impact du neutron, le noyau se trouve déséquilibré et se coupe en deux morceaux appelés « produits de fission ». Au moment du choc avec le neutron, ces produits de fission sont éjectés à grande vitesse. Leur ralentissement progressif dégage une chaleur intense. C'est cette chaleur qui est récupérée par le fluide caloporteur dans une centrale nucléaire. Enrico Fermi et ses collègues avaient déjà étudié les résultats des bombardements de noyaux d'uranium par des neutrons en 1934. Les résultats avaient déjà paru intéressants et tout à fait intrigants mais il faudra attendre plusieurs années pour que les résultats soient correctement interprétés.

« Il est intéressant de noter que l'hypothèse de la fission fut émise dès 1934 par une chimiste allemande, Ida Noddack, dans une publication analysant les expériences de Fermi. Mais, à ce moment-là, l'idée - révolutionnaire – ne retint pas l'attention de la communauté scientifique. » (Reuss 2007 : 13) « L'hypothèse inattendue fondée sur l'intuition est émise par une chimiste allemande de talent, Ida Noddack, auteur de la découverte, dix ans auparavant, du rhénium, un des derniers éléments de la classification restant à trouver. Elle publie à la fin de 1934 une critique des conclusions du groupe italien et suggère que l'action des neutrons sur les éléments les plus lourds pourrait bien aboutir à « leur division en plusieurs fractions assez grandes », isotopes radioactifs d'éléments connus au milieu de la classification, mais non d'éléments voisins de l'élément bombardé. C'est exactement ce qui ce passe. Mais l'idée est si révolutionnaire que Fermi et les chercheurs qui reprendront l'affaire par la suite, la rejettent sommairement. Pour

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sa part Ida Noddack ne cherche ni ne peut vérifier son hypothèse, elle n'est pas équipée pour faire de la chimie radioactive. » (Goldschmidt 1987 : 38-39)

Il est intéressant de noter que le terme « fission » fut en concurrence avec plusieurs termes comme « cassure », « désintégration », « bipartition », « tripartition », ou encore « rupture » qui est par ailleurs encore proposé en synonyme dans le Trésor de la langue française informatisé14 pour l'article « fission ».

« Dans l'uranium naturel, seul l'isotope rare, l'uranium 235, subit facilement la fission. Par contre, l'uranium 238 est beaucoup plus difficilement accessible à la réaction de fission propagée par les neutrons. » (Goldschmidt 1962 : 26) « Certains noyaux très lourds peuvent se désintégrer par fission spontanée en l'absence de toute action extérieure. » (Taton 1964 : 353)

La découverte de la fission c'est-à-dire l'absorption d'un neutron par un noyau d'uranium qui provoque parfois la scission de celui-ci en deux parties approximativement égales, ainsi que la libération d'une énorme quantité d'énergie et la démonstration de la découverte du phénomène a eu lieu fin décembre 1938 à Berlin et a été faite par le professeur Otto Hahn, chimiste de formation avec Friedrich Wilhelm Strassman. Cette hypothèse donna lieu à une publication un peu plus tard dans la revue Naturwissenschaften au début du mois de janvier et démontrait alors que le bombardement de l'uranium par des neutrons produisait un isotope du baryum. Otto Hahn informa alors par courrier au début du mois de janvier 1939 Lise Meitner, physicienne de formation, qui était réfugiée en Suède et qui avait travaillé avec lui. Il prévient ensuite son neveu Robert Otto Frisch et alors élève de Niels Bohr qui était au Danemark. Robert Otto Frisch a tout de suite trouvé l'explication du phénomène et c'est lui qui proposa alors le terme de « fission » (Témoignage de Georges Vendryes le 9 mars 2007). Cet homme s'intéressait beaucoup à la biologie et a trouvé le terme de « fission » très à propos pour la nouvelle découverte (l'observation de la séparation d'une cellule en deux était déjà faite en biologie). Niels Bohr arriva aux Etats-Unis le 16 janvier 1939 pour passer plusieurs mois à l'université de Princeton. Dès son arrivée, la nouvelle se répandit très vite. Niels Bohr, alors professeur de Robert Otto Frisch, a répandu la nouvelle et l'explication du phénomène en janvier 1939. La possibilité d'une réaction en chaîne fut immédiatement comprise et de nombreux chercheurs, dont Enrico Fermi se mirent tout de suite à réaliser des expériences. Lors d'une conférence de physique théorique à Washington DC (District of Columbia), organisée conjointement par l'Université George Washington et la Carnegie Institution de Washington pendant la deuxième quinzaine de janvier 1939 (26 janvier), Niels Borh fit une communication et le terme s'est alors imposé dès cette intervention.

14 Consultation du 5-10-2005.

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Le 15 février 1939, dans la Physical Review, quatre laboratoires confirmaient les résultats du phénomène de la fission (l'Université de Columbia, la Carnegie Institution de Washington, l'Université Johns-Hopkins et l'Université de Californie). À ce moment, Bohr savait que des expériences similaires avait été entreprises dans le laboratoire de Copenhague au Danemark car Robert Otto Frisch avait envoyé une lettre à Nature datée du 16 janvier 1939 et qui paraîtra dans le numéro du 18 février de la même année. Par ailleurs, à Paris, Frédéric Joliot-Curie avait aussi publié ses premiers résultats dans les Comptes Rendus des séances de l’Académie des sciences du 30 janvier 1939. Mais lui et sa femme Irène Joliot-Curie étaient alors passés juste à côté de la découverte du phénomène. Un plus tard, au début du mois de mai 1939 (30 avril, 1er mai, 2 mai et 4 mai 1939), Frédéric Joliot-Curie déposera secrètement, avec ses collaborateurs Lew Kowarski, Hans Halban et Francis Perrin, une série de brevets d'invention sur un « dispositif de production d'énergie ». Tour à tour, l'équipe emploiera les termes de « rupture », « rupture nucléaire », « réaction explosive », « réaction nucléaire », « partition nucléaire » sans jamais employer le terme de « fission ».

Au cours de la description qu'ils donnent du phénomène dans cette publication, les auteurs utilisent une nouvelle expression, « la partition (de l'uranium) en seulement deux particules », qui les conduit, dans leur note du 27 mars, dans Nature, à adopter la formule de « partition nucléaire » tandis que « rupture explosive » et ses dérivés disparaissent de leur vocabulaire. « Dans cette nouvelle publication en anglais, le 7 avril, les auteurs adoptent ‘nuclear fission’ qui donne ce dérivé : ‘chain fission’. Mais le 19 septembre 1939, pour leur dernière publication légale, en français, Joliot et ses collaborateurs reviennent à l'expression de ‘rupture nucléaire’ (Journal de Physique et le Radium, 1939, T.10, p. 428). On est donc passé d'une expression insistant sur l'explosion à une autre soulignant la cassure, mais le terme anglais ‘fission’ ne passe toujours pas en français. Dans le dictionnaire Larousse, édition de 1940, le terme fission n'apparaît pas. Il y a cependant l'adjectif fissile : ‘Qui se divise facilement en feuillets ou en lames minces’, ce qui est différent. Les brevets de 1940 seront rédigés selon la même formule. ‘Fission’ n'apparaît donc, dans les publications de l'équipe du collège de France, en 1939, que dans les textes édités en anglais. Pour être complet, ajoutons que Joliot, comme nous le verrons, publiera plusieurs notes durant l'occupation dans lesquelles il utilisera le terme nouveau de ‘bipartition’ voire de ‘bipartition explosive’ des atomes d'uranium, de thorium et d'ionium. » (Compte rendu, 1944, T. 19, p. 107) « En 1945, dans des conférences publiques, Joliot choisira de parler de ‘désintégration atomique’ et continuera de parler de ‘bipartition’ ou de ‘cassure en deux fragments’, sans jamais recourir au terme de fission. » (F. Joliot, « La désintégration atomique, conférence de l'Union rationaliste, le 13 novembre 1945, Cahiers rationalistes, n°86, décembre 1945) « En 1946, une équipe du collège de France mettra en évidence ‘de nouveaux modes de fission de l'uranium sous l'action des neutrons lents : Tripartition et Quadripartition. Ils ont pu déterminer la fréquence de ces phénomènes par rapport, à la fission ordinaire en deux morceaux’. Il n'est désormais plus possible d'éviter le néologisme ‘fission’ pour désigner l'ensemble de formes d'éclatements du noyau en deux, trois, quatre morceaux. » (Annuaire du Collège de France, 47e année, 1946-1947, p. 45) ». (Pinault 1999, p. 146) H. v. Halban

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jun., F. Joliot et L. Kowarski, « Liberation of neutrons in the nuclear explosion of uranium », Nature, 1939, vol. 143, p. 470.

Frédéric Joliot-Curie proposera aussi les termes de « bipartition », « tripartition » et « quadripartition ». Un des élèves de Joliot a alors découvert le phénomène de la « tripartition », mais cette découverte était mineure par rapport au phénomène de la fission (Témoignage de Georges Vendryes le 9 mars 2007). On note alors cette course sans fin dans la découverte de la fission. Ce retard par rapport à la communauté internationale, aussi infime soit-il, ne leur permettra jamais d'imposer leurs termes. Ils n'avaient alors pas la paternité de la découverte et l'on comprend alors pourquoi les Joliot-Curie et leurs collaborateurs eurent du mal à employer le terme « fission » et l'on comprend tout à la fois que ce terme se soit alors imposé. Cet historique du terme « fission » met alors en avant des éléments de création d'un terme et de son acceptation par la communauté de pratique. Deux raisons pourraient alors être données. D'une part, un terme peut être accepté et utilisé par une communauté de pratique si la personne qui propose le terme à l'aura suffisante et nécessaire pour émettre le terme et l'imposer ; ce qui est le cas de Otto Hahn à l'époque. D'autre part, il semble que le terme « fission » est assez productif, bien plus que les termes proposés par la suite par Frédéric Joliot-Curie. Ceci met encore en avant les raisons du refus du terme par Frédéric Joliot-Curie. En effet, un certain affectif intervient dans le refus du terme. Tout n'était pas encore découvert en janvier 1939, et malgré le fait d'être passé à côté d'un phénomène qu'eux-mêmes étaient sur le point de découvrir, Frédéric Joliot-Curie espérait peut-être, à travers des découvertes ultérieures, pouvoir imposer ses termes. Seulement les termes proposés par Frédéric Joliot-Curie poseraient des problèmes que n'avait pas le terme « fission », à savoir la productivité. Ce refus met en avant la valeur affective à accepter un terme ou à le refuser. Il y a bien quelque chose d'inconscient et de sensible dans la naissance et la création d'un terme. Comme montré dans l'extrait de la thèse de Michel Pinault ou dans le Trésor de la langue française informatisé15, l'adjectif « fissile » s'est imposé rapidement en français (1566) avant le terme « fission ». Notons également que les adjectifs « fissible », « fissionnable » ainsi que le verbe « fissionner » sont des formes attestées dans le Trésor de la langue française informatisé16. En effet, en consultant l'article « fission » dans le Trésor de la langue française informatisé17, on lit que l'adjectif « fissible » est attesté dans le domaine de la physique dans le dictionnaire le Larousse dans le 20e supplément de 1953. L'adjectif « fissionnable », dont on précise qu'il est le synonyme usuel de « fissile », est attesté en

15 Consultation du 5-10-2005. 16 Consultation du 5-10-2005. 17 Consultation du 14-09-2007.

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1964 dans l'ouvrage Histoire générale des sciences, tome 3, volume 2, page 426. Enfin le verbe « fissionner » est attesté en 1965 d'après le Larousse. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles les termes proposés par Frédéric Joliot-Curie et collaborateurs ne furent jamais utilisés par la communauté de pratique dans le domaine du nucléaire et qu'ils furent obligés d'employer le terme « fission » pour continuer à travailler avec cette communauté scientifique. Bien qu'utilisé et admis par toute une communauté, le terme « fission » ainsi que l'adjectif « fissile » nous poursuivaient encore jusqu'en 2004 dans les Commissions spécialisés de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire peut-être à cause du possible emprunt à l'anglais qui n'était jusqu'alors pas élucidé mais qui l'est depuis le témoignage de Georges Vendryes. Notons enfin que « lorsqu’un terme existe déjà dans une langue donnée, sa traduction relève de l’adaptation de terminologie » (Humbley 2000 : 76) et est appelé « création terminologique par Sager (Sager 1990 : 83 dans Humbley 2000). C’est bien ce type de formation terminologique qui préoccupe les Commissions de terminologie et de néologie en France (ibid.).

1.2.5 La réaction en chaîne

La production d'électricité dans la centrale nucléaire suppose que la réaction de fission puisse s'entretenir et produire un dégagement permanent d'énergie. Il faut que les neutrons libérés lors de la fission puissent aller frapper à leur tour d'autres noyaux fissiles suivant le processus de la réaction en chaîne. Or, la probabilité pour que les neutrons libérés rencontrent d'autres atomes fissiles est très faible. Tout d'abord, la proportion de noyaux fissiles dans l'uranium naturel n'est que de 0,7% et ensuite, la vitesse des neutrons libérés par la fission est de 20 000 km/s, et à cette vitesse, leur chance de provoquer la fission d'un noyau est très faible. Deux procédés sont utilisés pour augmenter les chances de rencontre des noyaux fissiles par les neutrons, soit par l'enrichissement de l'uranium naturel en uranium 235 fissile en augmentant la proportion d'uranium 235 fissile, soit par le ralentissement des neutrons grâce à une substance qui a la propriété de réduire leur vitesse sans les absorber, le modérateur. Dans les centrales qui utilisent l'uranium naturel comme combustible, le modérateur est du graphite (Chinon, Saint-Laurent-des-Eaux, Bugey). Dans les centrales à eau sous pression, le modérateur est de l'eau ordinaire (Chooz, Fessenheim, Dampierre).

1.2.6 La radioactivité

Les éléments combustibles usagés sont très radioactifs. A la sortie du réacteur, ils sont isolés et conservés dans une « piscine » pendant un an. Ils sont ensuite transportés vers l'usine de retraitement de La Hague où l'on récupère l'uranium et le plutonium. Les produits de fission proprement dits (trois pourcents du combustible irradié) sont dissous dans l'acide nitrique, puis stockés sous forme liquide dans des cuves en acier.

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Après la décroissance de la radioactivité, on les vitrifie, leur volume étant ainsi réduit de dix à un, et on les stocke en sous-sol. La radioactivité se manifeste sous la forme de trois types de rayonnements, à savoir les rayonnements alpha, les rayonnements bêta et les rayonnements gamma. Le rayonnement alpha est formé de noyaux d'hélium, composés de deux protons et de deux neutrons et c'est un rayonnement peu pénétrant car il est arrêté par une simple feuille de papier. Le rayonnement bêta est une émission d'électrons. Sa pénétration est faible et elle est arrêtée par une feuille d'aluminium de quelques millimètres d'épaisseur. Le rayonnement gamma est une onde électromagnétique de même nature que la lumière ou les rayons X. Sa pénétration est très grande car il faut une forte épaisseur de plomb ou de béton pour l'atténuer. Le réacteur nucléaire est protégé par trois « barrières » successives (v. Figure 5) afin de prévenir et de gérer au mieux les situations d'accidents graves. La première barrière est la gaine métallique étanche des crayons de combustible. La deuxième barrière est l'enveloppe du circuit de refroidissement primaire. La troisième barrière est le bâtiment en béton de l'enceinte de confinement, d'une épaisseur de l'ordre du mètre et qui est doublé pour les centrales les plus récentes, capable de résister à une élévation de pression et à des agressions extérieures (Barré 2003 : 40-41).

Figure 5. Les « trois barrières » (Source : AREVA)

Les trois paragraphes suivants, essentiellement techniques, portent moins sur la langue et la terminologie du nucléaire mais elles nous semblent essentielles dans ce travail de recherche, en ce sens qu'elles nous permettent de mieux comprendre les différentes filières de réacteurs et de mieux situer la filière essentiellement développée en France,

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la filière des réacteurs à eau sous pression (REP) et donc le vocabulaire qui lui est attaché.

1.3 L’ère industrielle : présentation des filières des centrales nucléaires

Après avoir présenté la notion de filière et de ses constituants, ce paragraphe, plus technique, a pour objectif de présenter l’ensemble des filières des centrales nucléaires en fonctionnement ou au satde de recherche dans le monde.

1.3.1 La notion de filière

On pourrait définir une centrale comme un ensemble de plusieurs unités de production groupées sur un même site. Ce terme vient d'une époque antérieure à celle du transport d'électricité sur longue distance où l'unité de production se trouvait au centre du réseau de distribution en courant continu sur courte distance (Bertel & Naudet 2004 : 32). Les éléments les plus caractéristiques d'une centrale nucléaire sont :

• le « combustible » qui subit la fission ;

• le « modérateur » qui permet de ralentir la vitesse des neutrons et d'entretenir ainsi la réaction en chaîne ;

• le « fluide caloporteur » qui transmet la chaleur produite dans le réacteur et

assure en même temps le refroidissement de ce réacteur. La nature du combustible, du modérateur et du fluide caloporteur varient selon les types de réacteurs. C'est la combinaison de ces trois éléments qui définit la filière à laquelle appartient une centrale nucléaire. Comme nous l'indique l'édition de 2004 du dictionnaire Le petit Robert, la « filière » est « une technique utilisée pour produire de l'énergie électrique dans un réacteur nucléaire ». Le terme « filière » est donc à prendre dans le sens de « succession d'intermédiaires, d'étapes ». Ainsi, à la lecture du chapitre « De l'atome militaire aux débuts de l'atome civil » écrit par Jean Bussac et Pierre Bacher, les auteurs rappellent les différents types de réacteurs développés au début par les américains, les anglais, les russes et les français : uranium naturel versus uranium enrichi, fluides caloporteurs et modérateurs variés, ayant abouti à « [l]a guerre des filières. » (La Gorse 1992 : 172, volume 2)

« Une filière de réacteur est une succession de réacteurs fondés sur les mêmes options fondamentales, chacun d'entre eux apportant un progrès par rapport au précédent en profitant du développement des études et de l'expérience passée. » (La Gorse 1992 : 174, volume 2)

Les principales filières électronucléaires sont décrites dans le tableau ci-dessous (v. Tableau 2) :

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Filière Modérateur Caloporteur Combustible Gaine REP et VVER REB

eau eau

eau sous pression eau bouillante

oxyde d'uranium à 3-4% ou oxyde mixte U+Pu (MOX) oxyde d'uranium à 2-3% ou oxyde mixte U+Pu (MOX)

Zr Zr

CANDU eau lourde eau lourde (tubes de force)

oxyde d'uranium naturel ou très légèrement enrichi

Zr

UNGG et Magnox AGR HTR RBMK

graphite graphite graphite graphite

gaz carbonique gaz carbonique hélium eau bouillante (tubes de force)

uranium naturel métallique oxyde d'uranium à 2% oxyde d'uranium à 5-10% oxyde d'uranium à 1,8-2,4%

Mg acier inox graphite Zr-Nb

RNR (néant) sodium oxyde mixte U+Pu (MOX) à 15-20% de Pu

acier inox

Tableau 2. Principales filières électronucléaires (Source : Reuss 2003)

1.3.2 Les constituants de la filière

Le combustible le plus couramment utilisé est l'uranium naturel ou l'uranium enrichi en matière fissile. Dans les surgénérateurs cependant, le combustible est du plutonium. Le combustible nucléaire, sous forme métallique ou sous forme de composé céramique, est placé dans une gaine étanche qui doit empêcher la dissémination des produits de fission et permettre, par conduction, l'évacuation de la chaleur. Les modérateurs usuels sont le graphite, l'eau ordinaire et l'eau lourde. L'eau lourde a les meilleures qualités recherchées dans un modérateur. Elle ralentit bien les neutrons et les absorbe peu mais sa fabrication coûte cher. L'eau ordinaire est aussi un bon ralentisseur mais elle absorbe trop les neutrons pour pouvoir être utilisée avec de l'uranium naturel. Ainsi les réacteurs à eau ordinaire emploient de l'uranium enrichi. Le graphite absorbe peu les neutrons mais son pouvoir de ralentissement est plus faible que celui de l'eau lourde et de l'eau ordinaire. Le fluide caloporteur est un liquide ou un gaz qui circule à grande vitesse au contact des éléments du combustible. Il doit posséder une capacité calorifique importante, une bonne conduction thermique et un faible pouvoir d'absorption des neutrons. Les seuls gaz utilisés sont le gaz carbonique et l'hélium sous pression. Parmi les liquides, l'eau ordinaire et l'eau lourde sont utilisées dans les réacteurs à neutrons lents ; les réacteurs à neutrons rapides utilisent, quant à eux, le sodium comme caloporteur.

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1.3.3 Les filières uranium naturel graphite-gaz et Advanced gaz-cooled reactors

La filière Advanced gaz-cooled reactors (AGR) (v. Figure 6) est peu différente de la filière Uranium naturel graphite-gaz (UNGG) (v. Figure 7). L'uranium, au lieu d'être naturel et métallique, est enrichi à 2,2 % et utilisé sous forme d'oxyde dans les réacteurs Advanced gaz-cooled reactors (AGR). Cette filière a surtout été développée en Grande-Bretagne où l'on compte actuellement 14 réacteurs de ce type. D'abord développée en Angleterre, puis en France, la filière Uranium naturel graphite-gaz (UNGG) a l'avantage d'utiliser comme combustible l'uranium naturel, moins onéreux que l'uranium enrichi. Mais elle présente aussi des inconvénients qui ont conduit à la décision de ne plus en construire à partir de 1969. La puissance spécifique est relativement faible (environ trois-cinq mégawatts/m3 de cœur contre 100 mégawatts/m3 de cœur pour les réacteurs à eau sous pression) et le coût de construction est élevé. En raison de la faible proportion d'uranium fissile dans le combustible (0,7 %), le volume du cœur est important et le réacteur doit être de grande taille. En France, plusieurs réacteurs de la filière Uranium naturel graphite-gaz (UNGG) ont été construits entre 1956 et 1969. Ce sont les piles G1, G2, G3 à Marcoule ainsi que trois réacteurs à Chinon (Chinon A-1, Chinon A-2 et Chinon A-3), deux à Saint-Laurent-des-Eaux (St Laurent A-1 et St Laurent A-2) et un au Bugey (Bugey-1). Tous ces réacteurs sont aujourd'hui arrêtés pour des raisons économiques et de sûreté, ces réacteurs ne possédant pas d'enceinte de confinement (Reuss 2007 : 51).

Figure 6. Schéma d'un réacteur Advanced gaz-cooled reactors (AGR)

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Figure 7. Schéma d'un réacteur Uranium naturel graphite-gaz (UNGG)

1.3.4 Les réacteurs à eau lourde

Une molécule d'eau lourde est constituée d'un atome d'oxygène et de deux atomes de deutérium. Le deutérium est un isotope de l'hydrogène dont le noyau comporte, en plus d'un proton, un neutron. L'eau lourde est un excellent modérateur. Plusieurs variantes de la filière ont été mises au point. A Brennilis en Bretagne, le réacteur français déclassé en 1985, le combustible était de l'oxyde d'uranium enrichi et le caloporteur du gaz carbonique. Dans les réacteurs CANDU (Canadian deuterium uranium) (v. Figure 8), le combustible est de l'uranium naturel et le caloporteur de l'eau lourde. Actuellement, ce sont surtout les Canadiens qui développent les réacteurs à eau lourde. Un certain nombre de pays en voie de développement (Inde, Pakistan, Argentine, Roumanie) s'intéressent aussi à la filière eau lourde parce qu'elle permet l'utilisation d'uranium naturel et les affranchit ainsi de la tutelle des grandes puissances qui tiennent le marché de l'uranium enrichi. Ils ont néanmoins l'astreinte de devoir se procurer l'eau lourde.

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Figure 8. Schéma d'un réacteur à eau lourde de type CANDU

1.3.5 Les réacteurs à eau bouillante

Contrairement aux réacteurs à eau sous pression où l'eau est mise sous pression pour ne pas bouillir, l'eau bout au contact des crayons de combustible dans les réacteurs à eau bouillante (REB) (v. Figure 9) et se présente donc sous forme d'un mélange eau-vapeur. Le mélange d'eau et de vapeur est entraîné dans des séparateurs de vapeur situés dans la partie supérieure de la cuve du réacteur, et, tandis que la phase liquide est introduite à l'entrée du cœur, la vapeur est envoyée directement à la turbine. Comme dans les réacteurs à eau sous pression, l'uranium se présente sous forme de pastilles d'oxyde d'uranium empilées dans des tubes de zircaloy. Les tubes sont groupés en assemblages de 8 x 8 crayons combustibles. Il n'existe plus de réacteurs à eau bouillante en France. La plupart sont situés aux Etats-Unis, en Suède, en Allemagne, au Japon et à Taiwan.

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Figure 9. Schéma d'un réacteur à eau bouillante (REB)

1.3.6 Les réacteurs à haute température

La filière des réacteurs à haute température (HTR), qui est encore au stade de recherche, présente une particularité. Le cœur du réacteur est entièrement réfractaire et peut donc être soumis aux températures très élevées autour de 850 degrés. Le combustible se présente sous la forme de particules sphériques enrobées de pyrocarbone, qui résiste à des températures beaucoup plus élevées que les combustibles des autres filières. La haute température de fonctionnement permet un rendement thermique très élevé. La filière des réacteurs à haute température a été lancée aux Etats-Unis et en Allemagne. Le schéma de principe du réacteur à haute température est identique à celui du réacteur à très haute température fonctionnant, quant à lui, autour de 1 000 degrés.

1.3.7 Les réacteurs Reaktor Bolshoi Moshchnosti Kanalnye

Les réacteurs Reaktor bolshoi moshchnosti kanalnye (RBMK) (v. Figure 10) représentent 45% de la puissance nucléaire installée en ex-URSS. Dans cette filière de réacteurs, le combustible est de l'oxyde d'uranium faiblement enrichi (1,8%), installé dans des assemblages de crayons eux-mêmes protégés par des gaines en zircaloy. Le modérateur est du graphite présent sous forme d'un empilement de briques entourant les crayons d'uranium.

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Le fluide caloporteur est de l'eau bouillante. Elle circule dans quelque 1 700 tubes de force qui traversent l'empilement de graphite et passent le long du combustible. L'eau se transforme en vapeur et celle-ci est recueillie par des collecteurs et envoyée directement vers les turbines. Comme pour les réacteurs à eau bouillante, il n'existe donc pas de circuit intermédiaire entre le réacteur et la turbine. On compte actuellement 16 réacteurs de ce type dans les pays de l'ex-URSS. Les deux réacteurs d'Ignalina en Lituanie sont les plus puissants du monde (1 500 mégawatts bruts). C'est dans un réacteur de la filière Reaktor Bolshoi Moshchnosti Kanalnye (RBMK) qu'a eu lieu le plus grave accident nucléaire civil jamais survenu (sept sur l'échelle INES18), le 26 avril 1986, à Tchernobyl, en Ukraine. Cette tranche était entrée en service deux ans plus tôt.

Figure 10. Schéma d'un réacteur Reaktor Bolshoi Moshchnosti Kanalnye (RBMK)

1.3.8 Les réacteurs envisagés pour l'avenir ou réacteurs de génération IV

Le Forum international Génération IV a été lancé en 2000 par le département de l’énergie américain (DOE) afin de créer un cadre de R&D international dans le but de regrouper les éfforts de recherche menés dans les différents pays afin de progresser plus rapidement vers le choix des technologies jugées les plus performantes et méritant plus

18 INES : Echelle internationale des évènements nucléaires (de l'anglais « International nuclear event scale »). Cette échelle, qui compte huit niveaux (de 0 à 7), a été mise en application au niveau international en 1991.

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de développement. L’union Européenne ainsi que douze pays, parmi lesquels la France, ont adhéré à ce forum qui a fixé comme objectif aux futurs d’être, durables, économiques, sûrs et fiables et résistant à la prolifération. En 2002, dans le cadre du Forum international Génération IV, six technologies répondant aux objectifs fixés ont été sélectionnées. Ils sont présentés ci-après.

1.3.8.1 Les réacteurs à neutrons rapides

Parmi les six technologies sélectionnées dans le cadre du Forum international Génération IV, trois sont des réacteurs à neutrons rapides (RNR) ou Fast breeder reactor (FBR) en anglais. Les réacteurs à neutrons rapides, aussi appelés « surgénérateurs » peuvent utiliser la quasi-totalité de l'énergie contenue dans l'uranium, c'est-à-dire cent fois plus qu'un réacteur à eau sous pression ordinaire. Mieux encore, ils fonctionnent en recyclant l'uranium appauvri laissé inutilisé lors de l'enrichissement isotopique. Ils ont enfin des capacités particulières à la transmutation des radionucléides à longue durée de vie. Les seuls réacteurs à neutrons rapides sur lesquels on ait un retour d'expérience significatif sont ou étaient refroidis par du sodium liquide. Le sodium est en effet un excellent caloporteur très peu corrosif des aciers inoxydables quand il est pur mais il s'enflamme spontanément à l'air et réagit vivement avec l'eau. Les réacteurs Rapsodie, Phénix et Superphénix construits en France utilisaient cette technologie dont une version avancée a été retenue dans le cadre du forum international génération IV sous l’appellation SFR Sodium-cooled fast reactor (v. Figure 11).

Figure 11. Schéma d'un réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium (SFR)

Les Russes étudient, quant à eux, les modèles de réacteurs à neutrons rapides refroidis par plomb en phase liquide tandis que les Français ont réouvert, après l'arrêt de

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Superphénix, le dossier des réacteurs à neutrons rapides refroidis à l'hélium. Ces technologies ont également été sélectionnées par le forum international génération IV sous les appellations respectives de LFR Lead-cooled fast reactor (v. Figure 12) et GFR Gaz-cooled fast reactor (v. Figure 13).

Figure 12. Schéma d'un réacteur à neutrons rapides refroidi au plomb (LFR)

Figure 13. Schéma d'un réacteur à neutrons rapides refroidi à l'hélium (GFR)

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Le coût d'investissement des réacteurs à neutrons rapides étant plus important que celui des réacteurs à eau sous pression de même capacité, les RNR n'ont donc de chance d’être développés que si leur qualité spécifique, l'économie de matière fissile, devient un facteur-clé de succès (Barré 2003 : 34). Le premier réacteur nucléaire expérimental de la filière à neutrons rapides et à caloporteur sodium est Rapsodie. Conçu à la fin 1957, il fut baptisé ainsi en raison des vertus musicales de ce nom, qui associe les neutrons rapides au sodium (Vendryes 1997). La construction de ce réacteur d'une puissance de 20 mégawatts thermiques est lancée en 1959, le réacteur diverge en 1967 et est arrêté le 15 avril 1983. Construit en 1968, ayant divergé pour la première fois le 31 août 1073 et raccordé au réseau en 1974, Phénix est le deuxième réacteur nucléaire de recherche de la filière à neutrons rapides et à caloporteur sodium. Il est situé sur le site nucléaire de Marcoule. D’une puissance électrique de 250 mégawatts, Phénix a été découplé du réseau le 12 mars 2009 et arrêté le 12 septembre 2009 jusqu'à l'épuisement du combustible. Superphénix est un prototype français de réacteur à neutrons rapides et à caloporteur sodium faisant suite aux réacteurs nucléaires expérimentaux Phénix et Rapsodie. Mis en service en 1985, il sera définitivement arrêté le 30 décembre 1998 malgré de nombreuses controverses (Vendryes 1997).

1.3.8.2 Les réacteurs à sels fondus

Contrairement à toutes les filières existantes, la filière des réacteurs à sels fondus (MSR) (v. Figure 14) utilise un combustible liquide, constitué d'un mélange de sels de lithium, de béryllium, de thorium et d'uranium enrichi à 30 % en Uranium 235. Ce combustible circule dans des canaux aménagés à l'intérieur d'un empilement de graphite (le modérateur), et cède ses calories à un autre sel par l'intermédiaire d'un échange de chaleur. Ce deuxième sel cède à son tour ses calories à un circuit de vapeur par l'intermédiaire d'un générateur de vapeur. Cette filière permet l'obtention de hautes températures, et donc un rendement thermique plus élevé. Elle serait aussi surgénératrice. La France et les Etats-Unis ont travaillé sans beaucoup de succès à son développement. La technologie de réacteur à sel fondu a néanmoins été sélectionnée par la Forum international génération IV sous l’appellation MSR Molten salt reactor.

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Figure 14. Schéma d'un réacteur à sel fondu (MSR)

1.3.8.3 Les réacteurs à très haute température

Le réacteur à très haute température (VHTR) (v. Figure 15) est un réacteur à neutrons thermiques et à caloporteur gaz. Sa particularité est de fonctionner à très haute température (environ 1000°C) afin de fournir la chaleur nécessaire à la production d’hydrogène par décomposition de l’eau. La technologie de réacteur à très haute température a été sélectionnée par la Forum international génération IV sous l’appellation VHTR Very high temperature reactor.

Figure 15. Schéma d'un réacteur à très haute température (VHTR)

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1.3.8.4 Les réacteurs à eau super-critique

La particularité du réacteur à eau super-critique (SCWR) (v. Figure 16) est d’utiliser de l’eau à l’état super-critique (température de 550 degrés à une pression de 25 mégapascal) permettant d’atteindre un rendement thermohydraulique élevé. Ce réacteur peut être utilisé aussi bien avec des neutrons thermiques qu’avec des neutrons rapides. La technologie de réacteur à eau super-critique a été sélectionnée par la Forum international génération IV sous l’appellation SCWR Super-critical water reactor.

Figure 16. Schéma d'un réacteur à eau super-critique (SCWR)

1.4 Les réacteurs à eau sous pression

Ce paragraphe présente les origines, principes et mécanismes de la filière des réacteurs à eau sous pression et termine sur la représentation de cette filière dans le monde.

1.4.1 Les origines

La première filière choisie pour l'équipement de la France en centrales nucléaires fut, en 1952, la filière Uranium naturel graphite-gaz (UNGG). Le gouvernement français opta pour la filière Uranium naturel graphite-gaz (UNGG) parce que la France ne possédait pas à l'époque d'usines d'enrichissement de l'uranium. Elle ne pouvait donc utiliser l'uranium que sous sa forme « naturelle ». Sur les neuf tranches construites de 1954 à 1971, toutes ont été arrêtées. En 1969, la France a décidé de remplacer la filière UNGG trop coûteuse et d'un rendement médiocre par la filière des réacteurs à eau sous pression (REP) (v. Figure 17) ainsi appelée parce que l'on y soumet l'eau à de très fortes pressions. Plus économique et

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plus performante, la filière des Réacteurs à eau sous pression (REP) utilise l'uranium enrichi comme combustible et l'eau ordinaire comme modérateur et caloporteur. Sur les 58 tranches en service que la France compte, 54 sont des réacteurs à eau sous pression (REP). Cela représente au total 62 840 mégawatts électriques de puissance nette.

1.4.2 Le principe

Dans un réacteur nucléaire comme dans toute centrale thermique, on transforme l'énergie libérée par un combustible sous forme de chaleur en énergie mécanique, puis électrique. Dans une centrale thermique classique, la chaleur provient de la combustion du charbon ou du fuel. Dans une centrale nucléaire, elle provient de la fission des noyaux d'uranium.

1.4.3 Le mécanisme

Le combustible nucléaire se trouve dans le cœur du réacteur où la fission de l'atome s'accompagne d'un grand dégagement de chaleur. Cette chaleur est récupérée par le fluide caloporteur, l'eau primaire, qui circule autour du combustible. L'eau sort du réacteur à haute température et passe dans un générateur de vapeur qui transfère la chaleur à un circuit eau-vapeur appelé « circuit secondaire ». La vapeur produite fait tourner le groupe turbo-alternateur, producteur d'électricité. Elle passe ensuite dans un condenseur où elle se refroidit au contact des tubes dans lesquels passe l'eau froide prélevée de l'extérieur (rivière, mer, tour de refroidissement).

1.4.4 Le circuit primaire

Il extrait la chaleur produite par la réaction nucléaire à l'intérieur des éléments combustibles et la transfère à un autre circuit complètement séparé : le circuit secondaire ou circuit eau-vapeur. Ce circuit comprend la cuve du réacteur, les générateurs de vapeur, le pressuriseur, les pompes primaires et les tuyauteries qui retiennent l'ensemble. Les données ci-dessous correspondent à un réacteur à eau sous pression de 900 mégawatts électriques.

• La cuve Elle est constituée d'un fût cylindrique en acier inoxydable, de quatre mètres de diamètre intérieur, de 13 mètres de hauteur, et de plus de 20 centimètres d'épaisseur. Elle est fermée à sa partie inférieure par un fond hémisphérique et à sa partie supérieure par un couvercle amovible. L'ensemble pèse de 330 à 450 tonnes selon la puissance du réacteur. L'eau entre dans la cuve à 286 degrés, elle descend le long de la paroi, puis remonte au centre, entre les crayons combustibles, et sort à 323 degrés. Autour de la cuve sont disposées plusieurs « boucles » identiques (trois dans les centrales de 900 mégawatts électriques, quatre dans les centrales de 1 300 mégawatts électriques et de 1 500 mégawatts électriques). Chaque boucle comprend un générateur de vapeur et une

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pompe et est reliée à la cuve par une branche d'entrée d'eau froide et une branche de sortie d'eau chaude.

• Le cœur du réacteur C'est la source de chaleur de la centrale.nucléaire L'uranium s'y trouve sous forme de pastilles cylindriques de huit millimètres de diamètre empilées dans des tubes de zircaloy (alliage à base de zirconium) appelés « crayons de combustible », qui sont bouchés à leurs extrémités et rendus parfaitement étanches. Les crayons sont regroupés par 264 en « assemblages » carrés de 17 crayons sur 17 et 25 emplacements pour les grappes de commande. On compte 157 assemblages dans une centrale de 900 mégawatts électriques, soit au total plus de 40 000 crayons et environ 82 tonnes d'uranium (193 assemblages dans une centrale de 1 300 mégawatts électriques, 205 dans une centrale de 1 500 mégawatts électriques).

• Les barres de commande Le contrôle de la réaction nucléaire se fait par l'intermédiaire de barres de commandes suspendues au-dessus du cœur du réacteur. Ces barres contiennent un corps qui a la propriété d'absorber les neutrons. La descente de ces barres dans le réacteur provoque l'absorption des neutrons et le ralentissement, voire l'arrêt de la réaction en chaîne. En revanche, la réaction se poursuit quand les barres sont retirées du cœur.

• Le combustible L'uranium utilisé est enrichi à environ trois % (de trois % à cinq % d'uranium 235). Le combustible reste de trois à cinq ans dans le réacteur. Il est renouvelé par tiers ou par quart tous les 12 ou 18 mois lors de l'arrêt programmé de la centrale. On ouvre alors la cuve du réacteur et les assemblages usés sont sortis pour être transportés vers l'usine de retraitement. Les assemblages restants sont placés au centre du cœur et les assemblages neufs à la périphérie.

• Les générateurs de vapeur Ils transfèrent l'énergie du circuit primaire au circuit secondaire en vaporisant l'eau du circuit secondaire. Chaque générateur de vapeur, haut de 20 mètres, contient de 3 300 à 6 000 tubes en forme de U avec une surface d'échange de 4 800 à 7 500 m2. C'est au contact de ces tubes parcourus par l'eau chaude du circuit primaire que l'eau du circuit secondaire se vaporise. En transmettant sa chaleur, l'eau du circuit primaire se refroidit à son tour. A la sortie du générateur de vapeur, l'eau du circuit primaire est renvoyée vers la cuve par une pompe puissante, au débit de cinq à sept m3 par seconde.

• Le pressuriseur Il est chargé de maintenir l'eau du circuit primaire sous forte pression pour l'empêcher de bouillir, alors qu'elle est portée à plus de 300°. Le pressuriseur maintient l'eau à 155 bars (155 fois la pression atmosphérique).

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• Le bâtiment réacteur Tous les éléments du circuit primaire sont enfermés dans une enceinte de confinement en béton, conçue pour résister aux tremblements de terre et aux chutes d'avion. L'ensemble constitue le bâtiment réacteur (BR). L'enceinte peut être simple, en béton précontraint avec peu d'étanchéité métallique, ou en double, l'enceinte interne étant doublée d'une enceinte externe en béton armé.

1.4.5 Le circuit secondaire

A côté du bâtiment réacteur, la salle des machines abrite le groupe turbo-alternateur, producteur d'électricité. A la sortie des générateurs de vapeur, la vapeur est collectée par des tuyauteries qui sortent du bâtiment réacteur et viennent alimenter la turbine. Après sa poussée sur les ailettes de la turbine, la vapeur est alors condensée puis renvoyée aux générateurs de vapeur pour effectuer un nouveau cycle de refroidissement.

1.4.6 Le circuit de refroidissement

La condensation de la vapeur se fait grâce à l'eau d'un troisième circuit ou circuit de refroidissement. Cette eau passe par un faisceau de tubes (plus de 50 000) au contact desquels la vapeur se condense. On la fait circuler à grand débit pour limiter son échauffement à une dizaine de degrés ; on la rejette ensuite dans le fleuve d'où elle provient (ou dans la mer). Si le débit du fleuve est trop faible, on utilise des tours de refroidissement. L'eau chaude est répartie à la base de la tour sur des grilles d'où elle ruisselle. Elle est alors refroidie au contact d'un courant d'air qui monte dans la tour. Les tours de refroidissement permettent de prélever dans le fleuve une quantité d'eau de 20 à 30 fois moins importante.

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Figure 17. Schéma d'un réacteur à eau sous pression (REP)

1.4.7 La filière des réacteurs à eau sous pression dans le monde

La filière des réacteurs à eau sous pression (REP) est de très loin la plus utilisée dans le monde. A la fin de 2010, sur un total de 440 réacteurs représentant 374 632 mégawatts électriques, on comptait 269 réacteurs à eau sous pression, représentant une puissance installée de 248 637 mégawatts électriques. Les réacteurs à eau sous pression produisent plus de la moitié de l'électricité mondiale d'origine nucléaire.

1.5 Le programme électronucléaire français

Ce paragraphe retrace l’histoire du programme électronucléaire français, des premiers pas à 1973, tournant où, suite au premier choc pétrolier, la France engage un programme important de construction de centrales nucléaires.

1.5.1 Les premiers pas

La tradition nucléaire française est ancienne. C'est le physicien Henri Becquerel qui, le premier, mit en évidence le phénomène de la radioactivité naturelle en 1896. Poursuivant les travaux de Becquerel (Badash 1996, Barbo 2003), Pierre et Marie Curie isolent pour la première fois en 1898 deux corps nouveaux à partir du minerai

Figure 17 Schéma d'un réacteur à eau sous pression (REP)

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d'uranium : le polonium et le radium. Trente ans plus tard, Frédéric et Irène Joliot-Curie découvrent la radioactivité artificielle (v. paragraphes 1.1.5 et 1.9). En 1945, le nucléaire prend une nouvelle dimension, avec la création du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) (CEA 1997) dont la mission est de promouvoir l'utilisation de l'énergie nucléaire dans les sciences, l'industrie et la défense nationale. Dès 1948, Zoé, première pile expérimentale française, diverge. Quelques années plus tard, le CEA met en service à Marcoule les premières unités productrices d'électricité : les réacteurs G1 en 1956 (deux mégawatts), G2 en 1959 et G3 en 1960 (40 mégawatts chacun).

1.5.2 1956 : le stade industriel

Le passage à la production industrielle de l'électricité nucléaire s'effectue en 1958 lorsqu'EDF lance la construction à Chinon de trois réacteurs de la filière Uranium naturel graphite-gaz (UNGG) d'une puissance respective de 70, 200 et 480 mégawatts. De 1963 à 1966, trois nouvelles unités sont mises en place à Saint-Laurent-des-Eaux et au Bugey. Parallèlement, EDF et le CEA expérimentent d'autres filières : la filière à eau lourde, la filière à neutrons rapides et refroidissement au sodium (RNR ou « surgénérateur »), la filière à uranium enrichi et à eau sous pression (REP). Ces recherches aboutissent en octobre 1969 à l'abandon du développement de la filière Uranium naturel graphite-gaz (UNGG) estimée trop coûteuse. La filière des réacteurs à eau sous pression (REP), moins coûteuse et mieux adaptée aux besoins de la France qui maîtrise désormais la technique de l'enrichissement de l'uranium, est alors adoptée. EDF reçoit en 1970 un accord pour la construction de deux tranches d'un réacteur à eau sous pression de 900 mégawatts sur le site de Fessenheim puis quelques années plus tard de quatre tranches au Bugey. Cette série de construction correspond au programme dit CP0 (contrat programme zéro) (Reuss 2007 : 67).

1.5.3 Le tournant de 1973

En 1973, date du premier choc pétrolier, la France dépend à 75% de l'étranger pour son approvisionnement en énergie. L'augmentation brutale du prix du pétrole impose de réduire la charge des importations de combustibles. La France engage alors un programme nucléaire important, étalé sur 25 ans, avec pour double objectif, un taux d'indépendance énergétique de 50% et la couverture par la production nucléaire des trois quarts de la production nationale d'électricité (soit le tiers des besoins du pays en énergie). Ainsi le contrat CP0 sera suivi des contrats CP1 (18 unités de 900 mégawatts électriques), CP2 (10 unités de 900 mégawatts électriques) puis P4 (8 unités de 1300 mégawatts électriques), P'4 (12 unités de 1300 mégawatts électriques) et finalement N4 (4 unités de 1450 mégawatts électriques). Tous ces contrats concernent uniquement la technologie des réacteurs à eau sous pression. Voici le tableau récapitulatif (v. Tableau 3) des réacteurs à eau sous pression (REP) en fonctionnement en France.

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Unité

Puissance (mégawatt électrique)

Type

Connexion au réseau

Belleville-1 1310 REP (P'4) 14-10-1987 Belleville-2 1310 REP (P'4) 06-07-1988 Blayais-1 910 REP (CP1) 12-06-1981 Blayais-2 910 REP (CP1) 17-07-1982 Blayais-3 910 REP (CP1) 17-08-1983 Blayais-4 910 REP (CP1) 16-05-1983 Bygey-2 910 REP (CP0) 10-05-1978 Bugey-3 880 REP (CP0) 21-09-1978 Bugey-4 880 REP (CP0) 08-03-1979 Bugey-5 900 REP (CP0) 31-07-1979 Cattenom-1 1300 REP (P4) 13-11-1986 Cattenom-2 1300 REP (P4) 17-09-1987 Cattenom-3 1300 REP (P4) 06-07-1990 Cattenom-4 1300 REP (P4) 27-05-1991 Chinon B-1 920 REP (CP2) 30-11-1982 Chinon B-2 920 REP (CP2) 29-11-1983 Chinon B-3 920 REP (CP2) 20-10-1986 Chinon B-4 920 REP (CP2) 14-11-1987 Chooz B-1 1455 REP (N4) 30-08-1996 Chooz B-2 1455 REP (N4) 10-04-1997 Civaux-1 1450 REP (N4) 24-12-1997 Civaux-2 1450 REP (N4) 24-12-1999 Cruas Meysse-1 915 REP (CP2) 29-04-1983 Cruas Meysse-2 915 REP (CP2) 06-09-1984 Cruas Meysse-3 915 REP (CP2) 14-05-1984 Cruas Meysse-4 915 REP (CP2) 27-10-1984 Dampierre-1 890 REP (CP1) 23-03-1980 Dampierre-2 890 REP (CP1) 10-12-1980 Dampierre-3 890 REP (CP1) 30-01-1981 Dampierre-4 890 REP (CP1) 18-08-1981 Fessenheim-1 880 REP (CP0) 06-04-1977 Fessenheim-2 880 REP (CP0) 07-10-1977 Flammanville-1 1330 REP (P4) 04-12-1985 Flammanville-2 1330 REP (P4) 18-07-1986 Golfech-1 1310 REP (P'4) 07-06-1990 Golfesh-2 1310 REP (P'4) 18-06-1993 Gravelines-1 915 REP (CP1) 13-03-1980 Gravelines-2 915 REP (CP1) 26-08-1980 Gravelines-3 915 REP (CP1) 12-12-1980 Gravelines-4 915 REP (CP1) 14-06-1981 Gravelines-5 915 REP (CP1) 28-08-1984 Gravelines-6 915 REP (CP1) 01-08-1985

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Nogent-1 1310 REP (P'4) 21-10-1987 Nogent-2 1310 REP (P'4) 14-12-1988 Paluel-1 1330 REP (P4) 22-06-1984 Paluel-2 1330 REP (P4) 14-09-1984 Paluel-3 1330 REP (P4) 30-09-1985 Paluel-4 1330 REP (P4) 11-04-1986 Penly-1 1330 REP (P'4) 04-05-1990 Penly-2 1330 REP (P'4) 04-02-1992 Saint-Alban-1 1335 REP (P'4) 30-08-1985 Saint-Alban-2 1335 REP (P'4) 03-07-1986 Saint Laurent B-1 890 REP (CP2) 21-01-1981 Saint Laurent B-2 890 REP (CP2) 01-06-1981 Tricastin-1 880 REP (CP1) 31-05-1980 Tricastin-2 880 REP (CP1) 07-08-1980 Tricastin-3 880 REP (CP1) 10-02-1981 Tricastin-4 880 REP (CP1) 12-06-1981 Phénix 233 RNR 13-12-1973

Tableau 3. Centrales électronucléaires françaises en fonctionnement (Source : CEA, informations sur l'énergie dans Reuss 2007 : 71)

1.5.4 Le deuxième pays producteur d'électricité nucléaire dans le monde

Les équipements nucléaires en exploitation en France en 2010 représentaient une puissance globale nette d'environ 63 130 mégawatts électriques répartie sur 58 réacteurs à eau sous pression. Pour la puissance installée, la France est au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis. Elle est au premier rang en ce qui concerne la part du nucléaire dans la production totale d'électricité : les réacteurs ont produits 410,09 terawattsheure en 2010, soit 74,12% de la production totale d'électricité. La France est aussi au premier rang de la recherche et des réalisations en matière de surgénérateurs.

1.5.5 La standardisation

Le programme électronucléaire français est fondé sur la standardisation des tranches. Celle-ci permet de réaliser un compromis entre, d'une part la fabrication des réacteurs en série plus rapide et moins coûteuse, et d'autre part la prise en compte des progrès et des évolutions techniques qui interviennent nécessairement pendant la réalisation d'un programme étalé sur quinze ans. Dans la filière des réacteurs à eau sous pression, on compte 34 réacteurs de 900 mégawatts électriques. Le groupe de réacteurs de 1 300 Mégawatt électrique compte 20 unités et les réacteurs de 1 500 mégawatts électriques comptent quatre unités sur les sites de Chooz et de Civaux.

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1.5.6 La maîtrise du cycle du combustible

La France n'est pas seulement la deuxième puissance productrice d'électricité nucléaire. Elle est aussi, avec les Etats-Unis, l'ex-URSS et la Grande-Bretagne, l'un des quatre pays au monde à maîtriser sur son territoire l'ensemble du cycle de l'uranium (Patarin 2002). La production de l'uranium est assurée par Areva NC qui contrôle les deux tiers des réserves françaises et produit 80% de l'uranium extrait du sol français. La conversion du minerai sous forme de métal et d'hexafluorure d'uranium est réalisée par la société COMURHEX. L'enrichissement de l'uranium est effectué par l'usine EURODIF. Celle-ci peut fournir du combustible pour 90 réacteurs. A l'usine Georges Besse 1 (GB1) à diffusion gazeuse a succédé l'usine actuelle en voie de démarrage Georges Besse (GB2) utilisant un procédé de centrifugation de moindre consommation électrique. Le combustible des réacteurs à eau sous pression est fabriqué par les usines d'Areva NP en France, en Belgique et en Allemagne. Le traitement des combustibles irradiés est assuré dans les usines Areva NC de Marcoule et de La Hague. Enfin, le stockage réversible des déchets est effectué par l'Agence Nationale pour le traitement des Déchets Radioactifs (ANDRA).

1.5.7 Bilan et perspectives d'avenir

Le but du programme nucléaire lancé en 1974 était de diminuer considérablement la part du pétrole dans la production d'électricité. Ce but est désormais atteint car de 39% en 1973, cette part est tombée à moins de 3% en 2002. La construction de nouvelles tranches n'est donc plus justifiée que par l'augmentation de la consommation d'électricité, telle qu'on peut la prévoir pour les prochaines années. Ainsi, après un rythme d'engagement de cinq à six tranches par an de 1974 à 1981, l'équipement nucléaire de la France s'est poursuivi jusqu'en 1987 sur la base d'une ou deux tranches par an. Le rythme s'est encore plus ralenti ensuite puisque depuis, les années 90, seules deux tranches ont été construites. Mais l'industrie nucléaire est prête à répondre à une éventuelle accélération des besoins en électricité et a commencé à se préparer aux réacteurs de l'avenir. Pour cela, dès 1989, Areva NP et Siemens-KWU ont créé une filiale commune, Nuclear Power International (NPI) qui a développé l'EPR. Il s'agit d'un réacteur « évolutionnaire », dont la conception se fonde sur les réacteurs les plus modernes de France et d'Allemagne et qui apporte des progrès substantiels en matière de sûreté et de compétitivité. Ce réacteur a été commandé par la Finlande le 18 décembre 2004. Les travaux préparatoires du deuxième EPR ont commencé en France à Flamanville en août 2006 et le coulage du premier béton de l'îlot nucléaire, le 3 décembre 2007, a marqué le début de la construction de l'unité de production. L'EPR Flamanville 3 est considéré comme une « tête de série » pour préparer le

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renouvellement du parc. Le Débat public pour un second réacteur sur le site de Penly en Haute-Normandie vient de se terminer et EDF à confirmer sa réalisation.

1.6 Les centrales nucléaires et l'environnement

Il est essentiel, lorsqu’on s’intéresse au domaine de l’ingénierie nucléaire, de revenir sur la notion d’impact sur l’environnement, la sûreté nucléaire et enfin la gestion et de traitements des déchets nucléaires. L’ensemble de ces points sont abordés dans le présent paragraphe.

1.6.1 La notion d'impact sur l’environnement

L'implantation d'une centrale nucléaire, comme celle de n'importe quel ouvrage industriel, influence nécessairement l'environnement. Plusieurs années avant le début de la construction d'une centrale nucléaire, une « étude d'impact » précise, à partir de « l'état initial » du site, les différents types d'influences à prévoir, et indique comment limiter les nuisances éventuelles. Toutes les dispositions nécessaires sont alors prises lors de la conception, de la réalisation et de l'exploitation pour que la centrale nucléaire puisse fonctionner en toute sécurité et en totale compatibilité avec le milieu dans lequel elle s'insère. Cette influence se manifeste dans différents domaines. Tout d'abord, les centrales nucléaires ont besoin d'une importante source froide pour fonctionner. Soit l'eau de mer ou celle d'un fleuve dans le cas de la réfrigération, soit l'atmosphère dans le cas de la réfrigération en circuit fermé. Lorsque le débit d'eau est important, comme c'est le cas pour les installations situées près de la mer, la réfrigération est assurée en circuit ouvert. Pour pouvoir être utilisée dans les circuits de la centrale, l'eau du fleuve doit subir différents traitements, destinés notamment à empêcher l'entartrage des circuits et la fixation dans les canalisations d'organismes parasites. L'eau est de nouveau traitée avant son rejet. Tous ces traitements font l'objet d'une étroite surveillance et plusieurs types de dispositions sont pris pour limiter l'impact de ces rejets sur l'environnement aquatique. Lorsque le débit est faible, la réfrigération s'effectue en circuit fermé. L'eau qui a servi à refroidir l'installation est envoyée vers les tours de réfrigération ou aéroréfrigérant, où elle se refroidit à son tour au contact de l'air, avant d'être réutilisée par la centrale. Lorsque la centrale est équipée d'aéroréfrigérants, l'eau de refroidissement perd sa chaleur pour 20 % par convection au contact du courant d'air froid qui circule dans la cheminée, et pour 80 % par évaporation. C'est cette évaporation qui donne lieu à la formation d'un panache de vapeur. Les effluents hydrogénés de la centrale nucléaire sont filtrés puis stockés pour diminuer leur radioactivité et contrôlés avant d'être rejetés dans l'atmosphère. Dans le domaine de l'air, la surveillance de l'environnement de la centrale nucléaire est assurée en permanence.

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Ensuite, les émissions sonores constatées au voisinage des centrales nucléaires ont des origines diverses. Certaines sont permanentes et proviennent du fonctionnement des aéroréfrigérants, des transformateurs et des groupes turbo-alternateurs, de la ventilation de certains équipements, ou encore des pompes de circulation de l'eau de réfrigération. D'autres sont intermittentes et ont pour origine, par exemple, la mise en œuvre des diesels de secours ou des soupapes de sûreté des circuits de vapeur. Différents moyens sont mis en œuvre au moment de la construction de l'installation, puis en période d'exploitation pour lutter contre ces nuisances acoustiques. Enfin, une centrale nucléaire occupe, suivant les sites et le mode de réfrigération utilisé, entre 50 et 250 hectares de terrain. L'aménagement d'un site est soumis à une double contrainte. D'une part, le respect des impératifs liés à la standardisation des installations et, d'autre part, la réduction de l'atteinte portée à l'environnement paysager.

1.6.2 Sûreté nucléaire

La sûreté nucléaire imprègne profondément l'ensemble des activités de conception, de construction et d'exploitation des centrales nucléaires. Une très large gamme d'incidents et d'accidents sont systématiquement évalués et des systèmes de sûreté mis en place pour y parer. Toutes les hypothèses ont été envisagées comme une défaillance matérielle, une erreur humaine, un séisme, une chute d'avion... Dans tous les cas, des dispositions sont prévues pour limiter les effets sur l'environnement à un niveau très faible, sans conséquence pour la population. L'échec complet de toutes les mesures de sécurité et le percement de la cuve par la fusion du cœur sont prises en compte. L'enceinte de confinement est prévue pour supporter la pression de la vapeur qui s'échapperait alors du circuit primaire et la radioactivité resterait ainsi confinée dans l'enceinte. Dans le cas hautement improbable où un accident se produirait, deux plans d'intervention peuvent être mis en œuvre :

• le « plan d'urgence interne » (PUI), propre à EDF, est déclenché dans la centrale elle-même. Il définit toutes les dispositions à prendre pour remettre les installations en état de sûreté et pour limiter les conséquences de l'accident,

• le « plan particulier d'intervention » (PPI) est un volet spécifique du plan

ORSEC-RAD, destiné à limiter l'exposition des populations aux rayonnements. Il règle l'organisation des secours, les contrôles à faire dans l'environnement, l'information du public... Il est mis en œuvre par les pouvoirs publics.

Enfin, un outil de communication vers le public, qui n'est pas un moyen d'évaluation de la sûreté ou de comparaison international, est l'échelle INES (v. Figure 18). Cette échelle dite « de gravité » est destinée à faciliter la perception de l'importance des événements, incidents et accidents nucléaires survenant dans toutes les installations nucléaires et les transports de matières radioactives (Barré 2003 : 112).

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Figure 18. Echelle INES (International nuclear event scale) - (Barré 2003 : 113)19

Notons que les termes « événement nucléaire », « incident nucléaire » et « accident nucléaire » ont une signification consacrée comme le montre la terminologie de l’échelle INES et relève bien de la terminologie du nucléaire et non du vocabulaire (Guespin & Delavigne 1993). Aussi nous ne nous accordons pas avec Pierre Lerat (Lerat 2000 : 22) quand il écrit que « le mot-clé accident nucléaire n’a pas de définition technique, ce qui favorise un discours sur les formes, les causes et les conséquences imaginables ».

1.6.3 Les déchets nucléaires

1.6.3.1 Définition et origine des déchets nucléaires

Toute activité humaine produit des résidus. L'utilisation des propriétés radioactives de certains éléments, que ce soit pour la production d'électricité ou dans les domaines de la santé, de l'industrie ou de la recherche, ne fait pas exception à cette règle. On appelle déchets radioactifs (ou « déchets nucléaires »), toute matière dont on ne prévoit pas d'utilisation ultérieure et dont le niveau d'activité ne permet pas un rejet direct dans l'environnement. Les déchets radioactifs proviennent pour 90% des centrales nucléaires et des usines du cycle du combustible. On distingue ainsi les déchets dits « de procédé », liés à l'exploitation des installations

19 Nous avons ajouté l’accident de 2011.

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(filtres et résines servant à épurer l'eau de refroidissement, concentrats, produits issus du retraitement des combustibles...) et les déchets « technologiques », liés aux travaux d'entretien (gants, tenues de protection, outils, vannes usées...). Les installations nucléaires ne sont pas les seules productrices de déchets radioactifs. C'est aussi le cas des hôpitaux (radiothérapie et radiodiagnostic en médecine), de certaines industries (contrôle et détections radiographiques), de centres de recherche et d’universités (analyses radiochimiques). Les déchets produits par l'ensemble de ces activités représentent environ 10% du volume total des déchets radioactifs.

1.6.3.2 Classification des déchets nucléaires

On distingue trois catégories de déchets en fonction de la période radioactive, du niveau d'activité et du type de rayonnement émis (alpha, bêta, gamma) (Jorda & Dumont 2005). Les « déchets de catégorie A » sont des déchets à vie courte et d'activité faible ou moyenne. Ils contiennent essentiellement des radioéléments émetteurs de rayons bêta et gamma dont la période est inférieure à 30 ans, et dont la radioactivité devient négligeable au bout de 300 ans. Les déchets de catégorie B et C sont des déchets à vie longue. Les « déchets B », aussi appelés « déchets alpha » en raison du rayonnement qu'ils émettent, présentent une activité faible ou moyenne mais qui peut durer des dizaines de milliers d'années. Les « déchets C », aussi appelés « déchets vitrifiés » parce qu'on les coule dans du verre, sont des déchets de très haute activité. Pendant quelques centaines d'années, ils émettent surtout des rayonnements bêta et gamma et émettent ensuite des rayonnements alpha.

1.6.3.3 Les volumes des déchets nucléaires

Les déchets A représentent environ 95% du volume total des déchets et moins de 1% de la radioactivité. Ils proviennent des centrales nucléaires et des autres utilisateurs de radioéléments : hôpitaux (ampoules, seringues...), industries (vêtements, gants, outils...), laboratoires de recherche (équipements de protection...). Leur volume (conditionnement compris) représente en France 30 000 m3 par an en moyenne dont 70 à 80% proviennent des centrales nucléaires. Les déchets B proviennent surtout des installations de retraitement du combustible. Ils représentent un volume de 2 000 m3 par an, soit environ 6% du total des déchets.

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Les déchets C sont constitués pour l'essentiel par les produits de fission extraits des combustibles irradiés et solidifiés sous forme de blocs de verre, leur volume n'est que de 100 m3 par an (moins de 1% du volume total). L'ensemble des déchets radioactifs produits chaque année représente des quantités relativement faibles en volume : un kilogramme par habitant en France, contre 2 500 kilogrammes pour les déchets industriels et domestiques, dont environ 90 grammes de déchets de type B et moins de 10 grammes de déchets de type C. La production cumulée des déchets radioactifs jusqu'à l'an 2000 était d'environ :

• 800 000 m3 pour les déchets A • 60000 m3 pour les déchets B • 3 000 m3 pour les déchets C

1.6.3.4 La gestion des déchets nucléaires à vie courte

Les déchets à vie courte (déchets A) nécessitent une technique de stockage relativement simple, qui s'effectue en deux phases. Ils sont d'abord conditionnés. Après avoir été soigneusement identifiés et triés, les déchets subissent différents traitements (évaporation, incinération, découpage, compactage) destinés à les solidifier et à réduire leur volume. Lorsque l'activité est très faible, le conditionnement consiste en un simple compactage suivi d'une mise en fût métallique. Si elle est plus importante, les déchets sont rendus inertes par immobilisation dans du ciment, du bitume ou des résines et sont placés dans des conteneurs en béton. Les colis ainsi obtenus sont contrôlés au cours de leur fabrication et identifiés par un numéro. Ils sont ensuite stockés dans un centre de regroupement. Les fûts sont placés sur une plate-forme en béton drainée par des caniveaux et empilés les uns sur les autres sur une hauteur d'environ six mètres. L'empilement réalisé est ensuite recouvert de gravier, qui bouche les interstices entre les fûts et assure la stabilité de l'ensemble. L'ouvrage est recouvert d'une épaisse couche d'argile imperméable puis de terre végétale qui donne au stockage l'aspect d'un tumulus. Les colis dont le conditionnement ne suffit pas à lui seul à assurer la protection contre la radioactivité sont stockés dans des tranchées bétonnées appelées monolithes. La structure en béton apporte le complément de protection nécessaire. Les colis sont rangés par couches successives puis à nouveau recouverts de béton. La dalle supérieure du monolithe peut servir de base à un tumulus. Ces ouvrages de stockage sont étanches aux eaux pluviales et souterraines : monolithes et tumulus sont équipés d'un réseau de canalisations de contrôle accessible par des puits permettant de vérifier leur étanchéité.

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Depuis 1969, le stockage des déchets à vie courte se fait près de l'usine de retraitement de La Hague, dans le département de la Manche. Le volume total des déchets qu'on envisage de stocker sur ce site est de 400 000 m3 et le site est aujourd'hui saturé. Un second site sur 100 hectares, à Soulaisne, dans l'Aube, accueillera tous les déchets de faible activité produits en France, non seulement électronucléaires, mais aussi médicaux et industriels. Prévu jusqu'en 2040, la réduction continuelle du volume produit permet d'envisager de porter la durée d'accueil jusqu'en 2070 ou 2080.

1.6.3.5 La gestion des déchets nucléaires à vie longue

Les déchets à vie longue (déchets B et C) font l'objet de mesures spécifiques qui garantissent la protection des populations contre une radioactivité importante et sur des milliers d'années. Les déchets de catégorie B sont conditionnés dans du béton et entreposés en attente de stockage ; les déchets de catégorie C (produits de fission) sont concentrés et stockés sous forme liquide pendant environ cinq ans dans des cuves en acier inoxydable où ils perdent une partie de leur chaleur et de leur radioactivité. Ils sont ensuite vitrifiés puis entreposés sur les lieux mêmes de leur production dans des puits bétonnés sur le site de La Hague, en attente de stockage. En 1991, la « loi Bataille » a mis en place trois voies de recherche pour l'élimination définitive de ces déchets radioactifs à haute activité et à vie longue :

• la réduction de leur durée de vie et de leur radioactivité (retraitement poussé et transmutation) ;

• les procédés de conditionnement des déchets (réduction des volumes, amélioration du confinement) ;

• le stockage des déchets ultimes en couches géologiques profondes. Cette loi prévoit, qu'en 2006, ces recherches fourniront les éléments indispensables au choix d'un mode définitif de gestion de ces déchets. L'étude de la faisabilité d'un éventuel stockage des déchets ultimes en couches géologiques profondes a commencé par un inventaire complet des structures géologiques favorables du sous-sol français. La France a la chance de disposer, à cet égard, de plusieurs types de formations géologiques imperméables et stables depuis des millions d'années. Il était envisagé que deux sites fassent l'objet d'investigation. En fait, seul le site de Bures dans la Marne a été étudié. Les principales expériences menées dans ce laboratoire porteront sur des études de migrations d'éléments radioactifs injectés dans la roche, des mesures sismiques et des tests radar pour repérer les fissures par lesquelles pourrait s'écouler de l'eau contaminée et des tests thermiques et mécaniques afin d'étudier les qualités de résistance de la roche (Dumont 2005).

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1.6.3.6 La vitrification

Les produits de fission (déchets C) sont fortement radioactifs. Ils représentent 99% de la radioactivité des combustibles irradiés pour 3% seulement de leur masse. Avant leur stockage définitif à grande profondeur, il faut donc procéder à un conditionnement fiable. Celui-ci est obtenu grâce à la vitrification mise au point par le Commissariat à l'Energie Atomique et réalisée en continu depuis 1978 à l'Atelier de Vitrification de Marcoule. La vitrification consiste à élaborer un verre dont les produits de fission sont l'un des constituants. Elle s'effectue en plusieurs étapes. Après les cinq années de désactivation en cuve de stockage intermédiaire, les solutions de produits de fission sont soumises à évaporation. Les résidus obtenus sont calcinés et prennent l'apparence d'une poudre. Celle-ci s'écoule dans un four de fusion alimenté en même temps par des granulés de verre. Le mélange est fondu à 1 150 degrés. Le verre radioactif en fusion est ensuite coulé dans des conteneurs en acier inoxydable, fermés par un couvercle soudé. Les conteneurs sont placés dans des puits métalliques verticaux, eux-mêmes disposés dans des fosses bétonnées. Du fait de leur forte radioactivité, les déchets vitrifiés dégagent une chaleur importante. Les conteneurs sont refroidis pendant plusieurs années par circulation d'air puis par convection naturelle. Au bout d'environ 30 ans, ils pourront faire l'objet d'un stockage en formation géologique.

1.6.3.7 Le transport des déchets nucléaires

Le transport des matières radioactives fait l'objet d'une réglementation précise. Si les matériels de transport utilisés sont des véhicules ordinaires (semi-remorques, wagons SNCF), les matériels de conditionnement, en revanche, sont choisis en fonction de la nature, de la quantité et du risque potentiel de la matière à transporter. Les matières peu radioactives sont transportées dans des colis industriels classiques. Les colis de type A sont prévus pour le transport de quantités plus importantes de matières peu radioactives. Ils doivent résister à des accidents mineurs et subissent pour cela des tests réglementaires. Les colis de type B sont utilisés pour le transport des matières les plus radioactives. Ils doivent résister à l'ensemble des accidents susceptibles de se produire et subissent des tests sévères pour être agréés :

• Chute de 9 m sur un sol indéformable ; • Chute de 1 m sur poinçon métallique ;

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• Incendie d'une demi-heure à 800° ; • Immersion pendant 8 heures sous 15 m d'eau.

A l'issue de ces tests successifs, le colis doit conserver ses fonctions de confinement et de protection radiologique.

1.6.3.8 L'organisation de la gestion des déchets nucléaires

L'objectif de la gestion des déchets radioactifs est d'assurer, pendant toute la durée nécessaire et en toutes circonstances, la protection des populations contre les risques radiologiques. Il est aussi de préserver l'environnement et ne pas laisser aux générations futures le soin de trouver une solution pour les résidus produits par notre époque. La gestion des déchets radioactifs est assurée par un service public, l'ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs), créé en 1979, qui a pour mission de vérifier la qualité des déchets, concevoir, implanter, construire et gérer des centres de stockage où sont placés les déchets en fonction de leurs caractéristiques. L'ANDRA travaille sous le contrôle de la Direction Générale de la Sûreté Nucléaire et de la radioprotection (DGSNR) qui dépend du ministère de l'Industrie et du ministre chargé de l'environnement élabore la réglementation et en vérifie l'application.

1.6.3.9 Le coût de la gestion des déchets nucléaires

Pour le programme électronucléaire français, le coût de la gestion des déchets, toutes opérations comprises, est de l'ordre de 0,01 équivalent franc par kWh. Ce coût représente quelques pourcents du coût de production de l'électricité d'origine nucléaire qui est lui-même de plusieurs dizaines de centimes plus faible que le coût de production à partir des combustibles fossiles. Le tableau suivant (v. Tableau 4) donne un récapitulatif des déchets en fonction de leur durée de vie et de leur activité.

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Tableau 4. Tableau récapitulatif des déchets en fonction de leur durée de vie et de leur activité

(Source : Dumont 2005)

1.7 Termes étudiés dans l’histoire et aujourd’hui : gestion de la langue du nucléaire

Après avoir présenté les premiers jalons de la terminologie du nucléaire et de l’ingénierie nucléaire depuis les premières découvertes faites dans le domaine, nous allons nous intéresser à une période plus récente de cette histoire au travers des travaux de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire20. Des témoignages ont été mis à notre disposition couvrant la période du 25 septembre 1985 au 4 novembre 1986. Ce corpus a été complété par les éditions 2000, 2006 et 2007 du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire21 et la consultation de la base de données FranceTerme22. Cinq termes ont été retenus dans le lot des travaux des commissions ministérielles entre septembre 1985 et novembre 1986. Ce sont les termes « retraitement », « caléfaction », « crise d'ébullition », « chaud » (et « laboratoire chaud ») et « richesse isotopique ». Ces termes ont retenu plus particulièrement notre attention parce que le corpus est riche en informations produites pendant les années 1985 et 1986. C’est ce que montre un

20 Nous aurons l’occasion d’évoquer l’histoire et le fonctionnement des Commissions de terminologie et de néologie au paragraphe 1.7.2.3. 21 Ces vocabulaires sont le reflet des travaux de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire (CSTNIN) pour les éditions de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN) de 2000 et 2007 et des travaux de la Commission générale de terminologie et de néologie (DGLF) pour l’édition de 2006. 22 Ensemble de termes publiés au Journal Officiel par la Commission générale de terminologie et de néologie (DGLF).

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ensemble de comptes rendus et d’échanges de courriers de réunions. Enfin ces termes ont fait l'objet d'une publication au Journal officiel.

1.7.1 Description des termes retenus

1.7.1.1 « retraitement »

Lors d’une réunion, le 25 septembre 1985, les termes « retraitement » ou « traitement du combustible irradié » (Arrêté du 12 janvier 1973, n° 27) ont été traités. La définition de « retraitement » proposée par M. Sousselier fut :

« Traitement du combustible nucléaire après son utilisation dans un réacteur, en vue de séparer les matériaux fissiles et fertiles résiduels, les matériaux de structure, les produits de fission et les actinides inutilisables ».

Cette définition s'inspire directement de celle proposée par M. Jeanpierre pour l'entrée « retraitement (du combustible) » :

« Traitement du combustible nucléaire après son utilisation dans un réacteur, en vue de séparer les matériaux fissiles et fertiles résiduels qui seront remis dans le cycle du combustible nucléaire, les matériaux de structure, les produits de fission et les actinides inutilisables qui seront conditionnés en vue de leur envoi au stockage de déchets. »

Ce qui diffère entre ces deux définitions est que l'on ne mentionne pas le stockage des déchets. Pour M. Sousselier, « retraitement » est un terme consacré par l'usage. Il est souvent utilisé seul et il semble inutile de préciser « du combustible irradié ». M. Gaussens, quant à lui, préfère au terme « retraitement » celui de « traitement du combustible irradié ». Ainsi, M. Mongredien précise t-il que le terme « traitement » serait tout aussi exact que le terme « retraitement » mais que ce dernier est consacré par trente années d'usage courant. Mme Menessier préfèrera également le terme « retraitement » pour la même raison. Enfin, M. Bussac, Président de la commission, propose de modifier cette définition du terme « retraitement » comme suit :

« Traitement du combustible nucléaire après son utilisation dans un réacteur, en vue de séparer les matériaux fissiles et fertiles résiduels susceptibles d'être réintroduits et réutilisés dans le cycle du combustible nucléaire, des matières inutilisables généralement radioactives qui constituent les déchets de retraitement ».

Il apparaît un certain « flottement » sur les termes « traitement » et « retraitement » dans les années 70 et 80. Dans le lexique Framatome de 1982 apparaissent conjointement les termes « retraitement (combustible) » et « traitement du combustible irradié ». Dans le

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dictionnaire multilingue INIS, AIEA de 1983, on utilise le terme « traitement ». Dans le rapport SERMA-242 S du CEA de 1979, on utilise le terme « traitement » et il est mentionné pour l'entrée « retraitement du combustible » que c'est une expression utilisé pour « traitement du combustible irradié ». Dans la norme CEI-50(26) de 1968, on utilise aussi le terme « traitement du combustible irradié ». Enfin dans le Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA de 1975, on trouve les deux termes en concurrence dont voici les deux extraits (v. Tableau 5 et Tableau 6) :

TRAITEMENT DU COMBUSTIBLE IRRADIÉ - Reprocessing. Synonyme de: Retraitement du combustible. Le traitement du combustible irradié peut être effectué par voie aqueuse (comportant en général le traitement initial, l'extraction par solvant et le traitement final) ou par voie sèche (volatilisation, pyro-chimie, pyrométallurgie, etc...).

Tableau 5. Article « traitement du combustible irradié », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

RETRAITEMENT (du combustible) - Reprocessing. Traitement du combustible nucléaire après son utilisation dans un réacteur en vue de restaurer les matières *fîssiles ou fertiles et de les séparer des produits de fission. Voir: Traitement du combustible irradié. Tableau 6. Article « retraitement (du combustible) », extrait du Dictionnaire des Sciences et

techniques nucléaires du CEA (1975)

Il faut noter dans le premier article que « retraitement du combustible » est pris comme un synonyme alors que dans le second, « traitement du combustible irradié » est utilisé comme un renvoi. Ceci pourrait sous-entendre que ces deux termes n'ont pas la même valeur d'usage et certainement pas la même connotation. Seuls le glossaire des mots-clés utilisés en sécurité nucléaire du CEA-ISPN de 1983 et le lexique de la Commission des Communautés Européennes de 1970 utilisent respectivement les termes « retraitement des combustibles irradiés » et « retraitement des combustibles ». Face aux définitions données le 25 septembre 1985, des membres de la Commission ont réagi lors d’une réunion, le 18 novembre 1985. MM. Gaussens, Jeanpierre et Sousselier sont d'accord avec la définition du retraitement telle qu'elle a été proposée par M. Bussac. M. Devron est, lui aussi, d'accord avec cette définition. Toutefois, il s'interroge. Le résultat du retraitement ne comprend-il effectivement que des matériaux fissiles et fertiles et des matières inutilisables ? La réponse de M. Bussac est la suivante : « On ne peut exclure en effet que certains produits de fission seront un jour utilisés : ce n'est pas le cas dans un avenir prévisible et je ne vois pas comment en tenir compte sans alourdir de manière excessive la définition proposée ».

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Lors d’une réunion, le 2 décembre 1985, c'est Mme Menessier qui approuve la proposition du Président mais elle suggère de supprimer l'adjectif « inutilisables », car les déchets de retraitement pourraient un jour devenir « utilisables ». Dans un courrier en date du 4 juillet 1986, on trouve de nouveaux commentaires à propos du terme « retraitement ». Le 2 décembre 1985, le terme est accepté car consacré par l'usage. La définition sera à réviser en fonction des remarques faites : Faut-il dire « matières inutilisables » ? Faut-il remplacer « traitement » par « ensemble des opérations » ? La définition pourrait ainsi être la suivante :

« Ensemble d'opérations portant sur le combustible nucléaire, après son utilisation dans un réacteur, et destinées à séparer les matériaux fissiles et fertiles réutilisables des matières généralement radioactives qui constituent les déchets de retraitement. »

De là, M. Sousselier propose la définition suivante, qui combine celle proposée lors de la réunion de la Commission du 2 décembre 1985 et celle donnée, dans un article récent, par M. Jean Sauteron du DERDCA :

« Ensemble des opérations par lesquelles les matières fissiles et fertiles contenues dans les combustibles irradiés sont extraites, purifiées, converties en produits propres à la fabrication de nouveaux combustibles et séparés des autres matières contenues dans les combustibles irradiés qui constituent les déchets de retraitement, généralement radioactifs ».

M. Sousselier ne juge pas utile de mentionner la possibilité de récupération de certains éléments dans les produits de fission, car une telle opération se ferait dans une installation distincte de l'usine de retraitement proprement dite et n'entrerait pas réellement dans le retraitement. Dans un courrier du 12 septembre 1986, MM. Voin et Lebouleux sont d'accord avec la proposition et le Président approuve lui aussi cette définition avec l'équivalent anglo-américain reprocessing. Dans le compte rendu de la réunion du 29 septembre 1986, la définition proposée par M. Sousselier a été adoptée après quelques modifications :

« addition d'une virgule en fin de définition après le terme ‘combustibles irradiés’, suppression des derniers mots de la phrase ‘généralement radioactifs’ ».

Il est important de noter que, à l'origine du choix du terme, des hésitations étaient déjà bien présentes entre « traitement » et « retraitement ». Aujourd'hui et après avoir longuement utilisé le terme « retraitement », on souligne l'usage du terme « traitement » car il a une connotation moins négative aux yeux du grand public. Un article de B. Freiman intitulé « déchets radioactifs : l'ambiguïté des mots » de la Revue Générale Nucléaire (RGN) de octobre-novembre 2004 en atteste.

« Il s'agit d'une terminologie plus récente liée à la technologie. Par exemple « (re)traitement des combustibles », « recyclage ». Ces termes sont liés à une modernité et à un processus technique. En ce sens ils sont relativement positifs. Cependant, certains termes sont opaques

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pour le grand public et ne communiquent pas la nature de l'opération. En ce sens, le préfixe « re » du terme retraitement apparaît difficilement compréhensible pour un public non averti et évoque une double opération, un « second » traitement particulièrement flou. »

A la fin de notre séjour dans l’entreprise Areva, le groupe ne parle même plus de « traitement » ou encore de « retraitement » ; on parle de « gestion des déchets », le terme « gestion » ayant une connotation plus positive. Le 30 juin 2006, M. Dumont nous a aussi fait remarquer que le terme « traitement » a été introduit par Areva NC pour renommer au mieux une opération. En effet, le combustible usé n'a pas encore été traité, c'est son premier « traitement » et non un « retraitement ». Dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire publié en 2000 (SFEN), voici la définition (v. Tableau 7) qui est donnée pour le terme « retraitement » :

retraitement, n.m. Domaine : Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible Définition : Traitement des combustibles usés pour en extraire les matières fissiles et fertiles de façon à permettre leur réutilisation, et pour conditionner les différents déchets sous une forme apte au stockage. Voir aussi : cycle du combustible, déchet radioactif, fertile, fissile Équivalent étranger : reprocessing (en) Publié au Journal officiel du 27/12/1989

Tableau 7. Article « retraitement », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

On trouve également une entrée pour le terme « traitements des déchets radioactifs » proposé pour être défini par le groupe de travail 3 (GT3) en date du 8-06-1993. Les groupes de travail 3 et 5 (GT3/5) proposent ultérieurement, en date du 7-10-1999, de rejeter le terme, le considérant trop général, et de définir à la place « traitements des effluents radioactifs ». Ce terme sera, à son tour, rejeté puis transféré en liste 423 en date du 21-01-2000. Ce terne n'apparaît plus dans les versions ultérieures du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire. La seule différence dans les versions du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire de 2006 (DGLF) et de 2007 (SFEN) est la suppression du terme « déchet radioactif » dans les renvois (v. Tableau 8).

23 Les termes de la liste 4 sont des termes initialement placés en liste 1, 2 ou 3 pour lesquels la CSTNIN s'est donné un temps de réflexion supplémentaire (SFEN 2000 : 6).

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retraitement, n.m. Domaine : Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible Définition : Traitement des combustibles usés pour en extraire les matières fissiles et fertiles de façon à permettre leur réutilisation, et pour conditionner les différents déchets sous une forme apte au stockage. Voir aussi : cycle du combustible, fertile, fissile Équivalent étranger : reprocessing (en) Publié au Journal officiel du 27/12/1989

Tableau 8. Article « retraitement », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006) (DGLF) et (2007) (SFEN)

Dans la définition parue dans la base de données FranceTerme24, le renvoi vers le terme « fertile » a été supprimé (v. Tableau 9).

retraitement, n.m. Domaine : Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible Définition : Traitement des combustibles usés pour en extraire les matières fissiles et fertiles de façon à permettre leur réutilisation, et pour conditionner les différents déchets sous une forme apte au stockage. Voir aussi : cycle du combustible, fissile Équivalent étranger : reprocessing (en) Source : Arrêté du 30 novembre 1989 Publié au Journal officiel du 22/09/2000

Tableau 9. Article « retraitement », extrait de la base de données FranceTerme

1.7.1.2 « caléfaction »

Dans un courrier du 4 juillet 1986, plusieurs nouvelles fiches furent proposées dont « caléfaction » et « crise d'ébullition ». Mme Menessier propose la définition suivante pour le terme « caléfaction » (en anglais : burn-out) :

« régime de transfert de chaleur entre une paroi chauffante et un fluide en ébullition, dans lequel un film stable de vapeur sépare la paroi chauffante du cœur de l'écoulement, qui est soit liquide, soit diphasique (liquide-vapeur). Notes : Cette notion de thermique s'applique aux réacteurs nucléaires à fluide caloporteur (eau ou sodium). Le mot ‘brûlage’ (autre traduction de ‘burn-out’) est plus couramment utilisé par les chaudiéristes que par les spécialistes de thermohydraulique ».

Le Président proposera de supprimer la mention « (eau ou sodium) » dans la note 1. De plus, cette définition ne mentionne pas la dégradation du transfert de chaleur qui est une idée importante dans le concept de caléfaction (le mot « régime » ne paraît pas adapté). Enfin, il faudrait remplacer « fluide en ébullition » par « liquide en ébullition ». Dans un courrier du 12 septembre 1986, M. Voin fait plusieurs commentaires :

Le mot « caléfaction » est préférable au mot « brûlage », qui implique une idée de destruction.

24 Consultation du 1-03-2008.

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La définition d'un mot ne peut couvrir toutes ses propriétés : il ne semble donc pas nécessaire de compliquer la définition par la notion de dégradation du transfert de chaleur. Par quel mot remplacer « régime » ? : état, situation ? Accord avec la proposition du Président de remplacer « fluide en ébullition » par « liquide en ébullition ».

M. Lebouleux est aussi d'accord avec le commentaire du président. M. Depecker estime que la parenthèse incluse dans la définition devrait, si possible, être supprimée. Le Président s'étonne de la différence de sens entre la définition française proposée (« régime de transfert de chaleur … ») et la définition anglaise de burnout figurant dans le document AFNOR NF-M-60-001. Dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire de 2006 (DGLF) et de 2007 (SFEN), voici la définition qui est donnée pour le terme « caléfaction » (v. Tableau 10) :

caléfaction, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Thermohydraulique Définition : Processus thermique caractérisé par un mauvais transfert de chaleur entre une paroi et un fluide, et qui résulte de la présence de vapeur. Équivalent étranger : film boiling Source : Arrêté du 30 novembre 1989 Publié au Journal officiel du 22/09/2000

Tableau 10. Article « caléfaction », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006) (DGLF) et (2007) (SFEN)

Cet article se substitue à l'ancien texte publié dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire publié en 2000 (SFEN) dont la définition était fixée par arrêté du 30 novembre 1989 et publiée au Journal officiel du 27 décembre 1989 (v. Tableau 11) :

caléfaction, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Thermohydraulique Définition : Présence d'un film de vapeur, engendré par ébullition nucléée importante, entre une paroi chaude et un fluide qui est soit un liquide, soit un mélange diphasique de liquide et de vapeur, cette présence se traduisant par un mauvais transfert de chaleur entre la paroi et le fluide. Note : L'équivalent anglais est film boiling. Le terme burnout est aussi utilisé, mais il désigne plutôt la conséquence destructrice de la caléfaction. Voir aussi : crise d'ébullition, ébullition nucléée Équivalent étranger : film boiling Source : Arrêté du 30 novembre 1989 Publié au Journal officiel du 27/12/1989

Tableau 11. Article « caléfaction », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

Dans la définition parue dans la base de données FranceTerme25, les renvois vers les termes « assèchement » et « densité de flux thermique critique » ont été ajoutés, en remplacement des termes « crise d'ébullition » et « ébullition nucléée » (v. Tableau 12).

25 Consultation du 1-03-2008.

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caléfaction, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs Définition : Processus thermique caractérisé par un mauvais transfert de chaleur entre une paroi et un fluide, et qui résulte de la présence de vapeur. Voir aussi : assèchement, densité de flux thermique critique Équivalent étranger : film boiling (en) Source : Arrêté du 30 novembre 1989 Publié au Journal officiel du 22/09/2000

Tableau 12. Article « caléfaction », extrait de la base de données FranceTerme

1.7.1.3 « crise d'ébullition »

Dans un courrier du 4 juillet 1986, plusieurs nouvelles fiches furent proposées dont « crise d'ébullition (DNB) » avec la définition suivante proposée par Mme Menessier :

« Dans le transfert de chaleur entre une paroi chauffante et un fluide, modification du régime d'ébullition entraînant une éduction rapide et importante de l'échange thermique à la paroi par assèchement de celle-ci. La crise d'ébullition peut apparaître de diverses façons, suivant le régime d'écoulement. 1° Dans un écoulement à bulles, le passage de l'ébullition par bulles à l'ébullition par film (en anglais : Departure from Nucleate Boiling ou DNB), qui aboutit à la caléfaction. 2° Dans un écoulement annulaire, la disparition du film liquide, qui aboutit à l'assèchement de la paroi. Dans un réacteur nucléaire à fluide caloporteur liquide, ce phénomène se traduit : Dans le cœur, par un échauffement pouvant entraîner un endommagement des gaines des éléments combustibles. Dans le générateur de vapeur, par une dégradation des performances et la possibilité d'avoir formation de dépôts sur les parties asséchées et corrosion. Echauffement critique : échauffement d'une paroi, provoquée par la crise d'ébullition. Note : Ces notions de thermique s'appliquent aux réacteurs nucléaires à fluide caloporteur liquide (eau ou sodium). »

Le Président de la commission propose de supprimer l'expression « (eau et sodium) » dans la note et se demande en quoi les deux cas cités sont extrêmes. Ne vaudrait-il pas mieux mettre : « ainsi, deux cas caractéristiques sont les suivants : … » ? Dans un autre courrier du 12 septembre 1986, de nouveaux commentaires de M. Voin sont faits sur le terme « crise d'ébullition (DNB) ». Il suggère de remplacer « fluide » par « liquide » à la deuxième ligne de la définition. Il est, par ailleurs, d'accord avec les commentaires du Président. Dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire de 2000 (SFEN), voici la définition qui est donnée pour le terme « crise d'ébullition » (v. Tableau 13) :

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crise d'ébullition, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Thermohydraulique. Définition : Dans le transfert de chaleur entre une paroi chauffante et un fluide, modification du régime de vaporisation entraînant une réduction rapide et importante de l'échange thermique à la paroi par le passage de l'ébullition nucléée à la caléfaction. Note : 1. Dans un réacteur nucléaire à fluide caloporteur liquide, ce phénomne se traduit : - dans le coeur, par une élévation de température pouvant entraîner un endommagement des gaines des éléments combustibles ; - dans le générateur de vapeur, par une dégradation des performances et la possibilité d'avoir formation de dépôts sur les parties asséchées et corrosion. 2. L'équivalent anglais est departure from nucleate boiling. Par extension, le terme burnout est parfois utilisé dans ce sens (voir caléfaction). Voir aussi : caléfaction, caloporteur, coeur, ébullition nucléée, réacteur nucléaire. Anglais : departure from nucleate boiling (DNB). Publié au J.O. du 27/12/1989. Transfert en Liste 1 - Voir terme suivant.

Tableau 13. Article « crise d'ébullition », premier extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

Voici ci-après la deuxième définition qui est donnée (v. Tableau 14) :

crise d'ébullition, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire /Thermohydraulique. Synonyme : ébullition critique, échauffement critique. Définition : Phénomène thermohydraulique local complexe, dû au flux thermique, qui se produit dans un espace constitué par une surface chauffante et un milieu caloporteur et qui englobe la caléfaction et l'assèchement. Note : La crise d'ébullition induit, entre la surface chauffante et le liquide caloporteur, une dégradation de l'échange thermique susceptible d'endommager cette surface. Voir aussi : rapport de flux thermique critique. Anglais : departure from nucleate boiling (DNB), burn out (BO), critical heat flux (CHF). Liste 1 - Adoption CSTNIN du 15/04/1998.

Tableau 14. Article « crise d'ébullition », deuxième extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

Cet article devient, dans l'édition 2007 (SFEN) du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (v. Tableau 15) :

crise d'ébullition, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs. Synonyme : ébullition critique, échauffement critique. Définition : Phénomène thermohydraulique local complexe, dû au flux thermique, qui se produit dans un espace constitué par une surface chauffante et un milieu caloporteur et qui englobe la caléfaction et l'assèchement. Note : La crise d'ébullition induit, entre la surface chauffante et le liquide caloporteur, une dégradation de l'échange thermique susceptible d'endommager cette surface. Voir aussi : rapport de flux thermique critique. Equivalent étranger : departure from nucleate boiling (DNB), burn out (BO), critical heat flux (CHF). Adoption CSTNIN.

Tableau 15. Article « crise d'ébullition », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2007) (SFEN)

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Ce terme est par ailleurs absent de la base de données FranceTerme malgré une publication au J.O. du 27 décembre 1989.

1.7.1.4 « chaud » et « laboratoire chaud »

Lors d’une réunion, le 25 septembre 1985, M. Sousselier propose pour l'adjectif « chaud » de garder la définition proposée dans le Dictionnaire des Sciences et Techniques nucléaires du CEA de 1975 (v. Tableau 16) et de la norme AFNOR NF M 60-001.

CHAUD - Hot. Qualificatif communément employé avec la signification de: fortement radioactif. Voir également: Atome chaud — Laboratoire chaud.

Tableau 16. Article « chaud », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

A noter que le renvoi « Voir également » a été supprimé par rapport à l'article « chaud » du Dictionnaire des sciences et techniques du CEA de 1975. L'article « chaud » a fait l'objet d'une publication au Journal officiel du 27 décembre 1989 et du 22 septembre 2000. L'article n'a par ailleurs pas été modifié entre ces deux publications. Les trois éditions du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000 (SFEN), 2006 (DGLF) et 2007 (SFEN) donnent cette même définition (v. Tableau 17).

chaud, adj. Domaine : Ingénierie nucléaire/Radioprotection Définition : Se dit d'un local ou d'une installation contenant ou pouvant contenir des matières fortement radioactives. Équivalent étranger : hot Source : Arrêté du 30 novembre 1989 Publié au Journal officiel du 22/09/2000

Tableau 17. Article « chaud », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN), (2006) (DGLF), (2007) (SFEN) et de la base de données FranceTerme

Pour le terme « laboratoire chaud », seule la définition du Dictionnaire des Sciences et Techniques du CEA de 1975 a été gardée (v. Tableau 18) :

LABORATOIRE CHAUD Hot laboratory LABORATOIRE DE HAUTE ACTIVITE Laboratoire équipé pour la manipulation de substances fortement radioactives.

Tableau 18. Article « laboratoire chaud », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques du CEA (1975)

M. Sousselier déconseille l'emploi de « laboratoire d'activité élevée » jugeant cette expression inadaptée pour un laboratoire : ce n'est pas l'activité du laboratoire qui est élevée, mais celle des produits qu'on y manipule. M. Gaussens approuve le terme « laboratoires chauds ».

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Ainsi M. Bussac propose t-il de modifier la définition de « laboratoire chaud » comme suit :

« laboratoire équipé pour la manipulation ou le traitement de substances fortement radioactives ».

Dans un courrier du 12 septembre 1986, M. Bussac propose de modifier la définition de « laboratoire chaud » comme suit :

« Laboratoire équipé pour la manipulation ou le traitement de substances fortement radioactives. »

MM. Gaussens, Mongredien et Sousselier approuvent la définition de « laboratoire chaud » telle qu'elle a été modifiée par le Président. M. Drevon partage l'avis de M. Bussac. M. Maillet fait remarquer que les substances manipulées dans un laboratoire chaud ne sont pas nécessairement « fortement radioactives » (ce qui n'est pas très précis) et propose donc la définition suivante :

« Laboratoire équipé pour la manipulation de substances radioactives dont l'activité, essentiellement variable, peut-être élevée ».

M. Fossoul est d'accord avec les propositions de M. Sousselier modifiées suivant la proposition du Président. Le Président propose alors de remplacer « fortement radioactives » par « radioactives » dans les définitions précédentes. Dans un compte rendu de la réunion du 29 septembre 1986, la définition proposée par M. Sousselier pour le terme « chaud » a été adoptée. La définition adoptée pour le terme « laboratoire chaud » est la suivante :

« Laboratoire équipé pour la manipulation ou le traitement de substances fortement radioactives ».

Comme pour l'article « chaud », l'article « laboratoire chaud » a fait l'objet d'une publication au Journal officiel du 27 décembre 1989 et du 22 septembre 2000. L'article n'a par ailleurs pas été modifié entre ces deux publications. Les trois éditions du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000 (SFEN), 2006 (DGLF) et 2007 (SFEN)) donnent cette même définition (v. Tableau 19).

laboratoire chaud Domaine : Ingénierie nucléaire/Radioprotection Définition : Laboratoire équipé pour la manipulation ou le traitement de substances fortement radioactives. Équivalent étranger : hot laboratory (en) Source : Arrêté du 30 novembre 1989 Publié au Journal officiel du 22/09/2000

Tableau 19. Article « laboratoire chaud », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN), (2006) (DGLF), (2007) (SFEN) et de la base de données FranceTerme

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1.7.1.5 « richesse isotopique »

C’est encore dans le courrier 4 juillet 1986 que quelques nouveaux termes ont été ajoutés, comme « richesse isotopique ». Le 2 décembre 1985, il fut dit que le terme « richesse isotopique » est un terme utilisé mais voisin de « teneur isotopique ». M. Vincienne proposera la définition suivante :

« Rapport du nombre des atomes d'un isotope donné d'un élément au nombre des atomes le plus lourd ».

Le Président suggère de compléter la définition de M. Vincienne par la phrase suivante : « terme déconseillé (avec le sens précité) : enrichissement ». Il s'interroge aussi sur la nécessité de prévoir une définition alternative en termes de masse. Dans un courrier du 12 septembre 1986, le Président propose la définition suivante :

« Rapport du nombre des atomes d'un isotope donné d'un élément au nombre total des atomes de cet élément contenu dans une matière donnée. Synonyme : teneur isotopique Terme déconseillé (avec le sens précité) : enrichissement »

Dans le compte rendu de la réunion du 29 septembre 1986, il est noté que le terme « richesse isotopique » a été introduit comme synonyme de « teneur isotopique ». Le terme « teneur isotopique pondérale » a été ajouté en complément de cette liste avec la définition suivante :

« rapport de la masse des atomes d'un isotope donné d'un élément à la masse totale des atomes de cet élément contenus dans une matière »

Et il est noté que ce terme doit être désigné comme un synonyme du terme « teneur isotopique », sans rappel de la définition. Il a été convenu de lui adjoindre une note : « Terme déconseillé : enrichissement ». De même, l'expression « richesse isotopique pondérale » a été introduite comme synonyme de l'expression « teneur isotopique pondérale » (v. Tableau 20).

richesse isotopique, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible. Voir : teneur isotopique. Publié au J.O. du 27/12/1989.

Tableau 20 : Article « richesse isotopique », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

Le terme « richesse isotopique » n'est pas présent dans l'édition 2006 (DGLF) du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire mais voici la définition proposée dans l'édition 2007 (SFEN) (v. Tableau 21):

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richesse isotopique, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible. Voir : teneur isotopique. Publié au J.O. du 22/09/2000.

Tableau 21. Article « richesse isotopique », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2007) (SFEN)

Malgré deux publications au Journal Officiel, le terme est absent de la base de données FranceTerme. M. Dumont nous avait fait remarquer que le terme « teneur » dans « teneur isotopique » ne faisait pas très « scientifique ». Ce témoignage vient confirmer la position de la Commission de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire qui a préféré définir le terme « teneur isotopique » plutôt que « richesse isotopique » (v. les renvois dans les définitions du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire des éditions 2000 (SFEN) et 2007 (SFEN). Pour compléter les articles du terme « richesse isotopique », voici ci-après les articles pour le terme « teneur isotopique » dont le premier article est extrait de l'édition 2000 (SFEN) du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (v. Tableau 22).

teneur isotopique Domaine : Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible Synonyme : richesse isotopique, n.f. Définition : Rapport du nombre des atomes d'un isotope donné d'un élément au nombre total des atomes de cet élément contenus dans une matière. Note : La teneur isotopique est exprimée en pourcentage. Équivalent étranger : isotopic abundance Publié au Journal Officiel du 27/12/1989

Tableau 22. Article « teneur isotopique », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

Dans les éditions 2006 (DGLF) et 2007 (SFEN) du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire, l'article pour le terme « teneur isotopique » (v. Tableau 23) est identique en dehors de la référence au Journal Officiel.

teneur isotopique Domaine : ingénierie nucléaire/Cycle du combustible Synonyme : richesse isotopique Définition : Rapport du nombre des atomes d'un isotope donné d'un élément au nombre total des atomes de cet élément contenus dans une matière. Note : La teneur isotopique est exprimée en pourcentage. Équivalent étranger : isotopic abundance Source : Arrêté du 30 novembre 1989 Publié au Journal officiel du 22/09/2000

Tableau 23. Article « teneur isotopique », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006 (DGLF), 2007 (SFEN))

L'article extrait de la base de données FranceTerme a, quant à lui, été enrichi de renvois vers les termes « unité de travail de séparation » et « travail de séparation » (v. Tableau 24). En dehors de ces renvois, l'article reste le même.

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teneur isotopique Synonyme : richesse isotopique Domaine : ingénierie nucléaire/Cycle du combustible Définition : Rapport du nombre des atomes d'un isotope donné d'un élément au nombre total des atomes de cet élément contenus dans une matière. Note : La teneur isotopique est exprimée en pourcentage. Voir aussi : unité de travail de séparation, travail de séparation Équivalent étranger : isotopic abundance (en) Source : Arrêté du 30 novembre 1989 Publié au Journal officiel du 22/09/2000

Tableau 24. Article « teneur isotopique », extrait de la base de données FranceTerme

1.7.2 Synthèse et analyse des faits et évolutions ainsi constatés

La rigueur et la précision scientifiques jalonnent l'ensemble des travaux de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire. Toutes les ressources nous montrent également que les travaux de la commission sont longs et minutieux. Le recours à de nombreux experts, d'horizon et de formations divers, semble indispensable à la validité des travaux de la commission et ceci est très clairement montré au travers des nombreux échanges entre les experts. De nombreuses ressources sont à la disposition des experts pour leur permettre de prendre en compte l'existant et de mettre en avant les avancées et les connaissances scientifiques et techniques. Malgré tous ces éléments, quelques points nous interpellent en ce qui concerne la variation des termes, la variation des définitions associées à ces termes et la variation du domaine d'appartenance des termes.

1.7.2.1 Variation de termes, de définitions, de domaines

Tout d'abord, intéressons-nous à la variation du terme en revenant au terme « retraitement ». On constate l'importante variation du terme « retraitement » tout au long de notre corpus. La variation porte sur les termes « retraitement » ou « traitement ». Le terme « retraitement (du combustible) » est ensuite introduit. Puis les termes « retraitement », « retraitement du combustible irradié » et « traitement du combustible irradié »sont introduits. Dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000), c'est le terme « retraitement » qui est retenu. Malgré tout, on trouve également le terme « traitements des déchets radioactifs » et « traitements des effluents radioactifs » dans l'édition 2000 du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire. Dans les éditions 2006 et 2007 du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire et la base de données FranceTerme, seul le terme « retraitement » est présent. Alors comment expliquer une telle variation pour un même terme qui dénote un seul et unique concept ? Nous pointons du doigt le tabou et l'euphémisme relatifs à la notion de déchets, connoté négativement dans le domaine du nucléaire. Ensuite, concernant la variation de la définition, revenons au terme « caléfaction ». Nous avons rappelé en 1.7.1.2 cette définition, donnée dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire de 2006 et de 2007 pour le terme « caléfaction » publié au Journal officiel du 27 décembre 1989 (v. Tableau 25) :

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caléfaction, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Thermohydraulique Définition : Présence d'un film de vapeur, engendré par ébullition nucléée importante, entre une paroi chaude et un fluide qui est soit un liquide, soit un mélange diphasique de liquide et de vapeur, cette présence se traduisant par un mauvais transfert de chaleur entre la paroi et le fluide. (….) Publié au Journal officiel du 27/12/1989

Tableau 25. Article « caléfaction », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

Elle était suivie de celle-ci (Journal Officiel du 22 septembre 2000) (v. Tableau 26) :

caléfaction, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Thermohydraulique Définition : Processus thermique caractérisé par un mauvais transfert de chaleur entre une paroi et un fluide, et qui résulte de la présence de vapeur. (…) Publié au Journal officiel du 22/09/2000

Tableau 26. Article « caléfaction », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006) (DGLF), (2007) (SFEN)

Dans le premier article cité, c'est la description du phénomène qui prime. Dans le deuxième article cité, c'est le processus lui-même qui est mis en avant. Nous voyons ici qu'un même terme peut renvoyer à deux définitions différentes alors que la réalité physique n'a pas changé. Enfin, en ce qui concerne la variation du domaine, reprenons l'exemple du terme « crise d'ébullition ». Dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire de 2000, rappelons le début de la fiche, donnée pour le terme « crise d'ébullition » (v. Tableau 27) :

crise d'ébullition, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire /Thermohydraulique. Synonyme : ébullition critique, échauffement critique. Définition : Phénomène thermohydraulique local complexe, dû au flux thermique, qui se produit dans un espace constitué par une surface chauffante et un milieu caloporteur et qui englobe la caléfaction et l'ass chement. (…) Liste 1 - Adoption CSTNIN du 15/04/1998.

Tableau 27. Article « crise d'ébullition », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

Cet article devient, dans l'édition 2007 du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire le suivant (v. Tableau 28) :

: Ingénierie nucléaire /Thermohydraulique. : ébullition critique, échauffement critique.

: Ingénierie nucléaire/ThermohydrauliqueDéfinition : Présence d'un film de vapeur, engendré par ébullition nucléée importante, entre une paroi chaude et un fluide qui est soit un liquide, soit un mélange diphasique de liquide et de vapeur, cette présence se traduisant par un mauvais transfert de chaleur entre la paroi et le fluide.

/ThermohydrauliqueDéfinition : Processus thermique caractérisé par un mauvais transfert de chaleur entre une paroi et un fluide, et qui résulte de la présence de vapeur.

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crise d'ébullition, n.f. Domaine : Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs. Synonyme : ébullition critique, échauffement critique. Définition : Phénomène thermohydraulique local complexe, dû au flux thermique, qui se produit dans un espace constitué par une surface chauffante et un milieu caloporteur et qui englobe la caléfaction et l'ass chement. (…) Adoption CSTNIN.

Tableau 28. Article « crise d'ébullition », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2007) (SFEN)

Aucun changement n'est à relever entre ces deux articles. Tout est identique. Malgré tout, nous relevons qu'un même terme peut renvoyer à deux concepts différents par le simple changement du sous-domaine de spécialité.

1.7.2.2 Raisons et processus de l'évolution

A partir de la synthèse et de l'analyse des faits et évolutions constatés pour les termes que nous avons sélectionnés, plusieurs raisons peuvent expliquer le processus de l'évolution des termes et leur variation terminologique dans le domaine de l'ingénierie nucléaire. Tout d'abord, l'usage d'un terme par une communauté de pratique est très important dans le choix et le figement du terme. Par exemple, pour le terme « retraitement », et ce malgré les recommandations, les experts préfèrent conserver ce terme plutôt que celui de « traitement », même s’il est impropre du fait que le combustible usé subit là un premier traitement. Dans ce cas, c'est l'usage « de plus de 30 années de pratique » qui conduira les experts à conserver le terme « retraitement ». A l'inverse, pour le terme « richesse isotopique », c'est la volonté de précision scientifique qui dominera sur l'usage. En effet, les experts préfèreront parler de « teneur isotopique » qui est plus technique et scientifique malgré les pratiques. De la volonté de précision scientifique et technique découle naturellement une autre raison importante dans l'évolution et la variation terminologique d'un terme, qui est l'économie de la langue. Ceci est très clairement illustré avec le terme « retraitement » qui est le terme validé par la Commission de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire, préféré aux termes « retraitement (du combustible) » et « retraitement du combustible irradié ». Nous pouvons enfin relever ici un dernier élément dans la variation terminologique d'un terme. La notoriété de la personne qui entérine le terme ou la définition à l'ensemble de la communauté est non négligeable. Les éléments de réponse que nous venons de présenter dissimulent aussi, dans une certaine mesure, les tabous et euphémismes liés à la terminologie du nucléaire. Ce point sera ultérieurement abordé dans notre thèse.

: Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs. : ébullition critique, échauffement critique.

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1.7.2.3 L'intervention des Pouvoirs publics

Parallèlement à l'ensemble de ces découvertes scientifiques et techniques et du développement industriel, les Pouvoirs publics interviennent dans la terminologie de l'énergie nucléaire dès 1966. C'est Georges Pompidou qui est à l'initiative des Commissions Spécialisées de Terminologie et de Néologie (Témoignage de Jean Mouget du 08-06-2004). En 1966, alors qu'il est premier ministre, il crée le Haut comité pour la défense et l'expansion de la langue française qui deviendra plus tard le Haut comité pour la langue française. Un peu plus tard, le décret du 7 janvier 1972 décide de créer des commissions de terminologie installées dans différents ministères qui publient leurs termes au Journal Officiel pour « trouver les termes nécessaires pour désigner des réalités nouvelles et pour remplacer des emprunts indésirables aux langues étrangères » (http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/26). Un arrêté du 18 septembre 1972 institue une Commission du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire et un arrêté du 12 janvier 1973 fixait légalement, après accord de l'Académie française, la forme d'une cinquantaine de fiches concernant les termes retenus par cette commission. La loi de 1975, dite loi Bas-Lauriol, prévoit que les termes publiés au Journal officiel dans le cadre du décret de 1972 sur l’enrichissement de la langue française doivent être obligatoirement utilisés chaque fois que l’emploi du français est rendu obligatoire par cette même loi ainsi que par les organismes de télévision et de radiodiffusion. En 1994, les dispositions analogues du texte initial de la loi du 4 août 1994, dite loi Toubon, relative à l’emploi de la langue française, sont annulées par le Conseil constitutionnel, étant jugées contraires à la liberté d’expression. Enfin le décret du 3 juillet 1996 impose la création d'une commission spécialisée dans chacun des grands domaines des ministères. Ce décret est toujours en usage en décembre 2011. C'est bien plus tard, en 1989, que le Haut comité deviendra d'abord la Délégation générale à la langue française (DGLF) puis la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF). La Délégation générale à la langue française est désormais rattachée au ministère de la culture et de la communication et joue un rôle de réflexion, d’impulsion et de coordination, assure le suivi des dispositifs législatifs et réglementaires et s'appuie sur un réseau d'organismes partenaires. Sans exagérer la portée de ces arrêtés, ils ont eu le mérite d'avoir momentanément alerté l'opinion sur les problèmes de langue et d'avoir peut-être incité les spécialistes à plus de vigilance dans le choix des termes. Les commissions spécialisées de terminologie et de néologie fonctionnement de la manière suivante (v. aussi Candel 1999, 2002, 2005, 2008, 2010a et 2010b) et ont pour mission, comme il est expliqué dans le décret N° 96-602 du 3 juillet 1996, de travailler à l’enrichissement de la langue française. 26 Consultation du 10-11-2007.

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Tout d'abord, il y a les Commissions spécialisées de terminologie et de néologie, dont l’une est dédiée à l'ingénierie nucléaire (CSTNIN), composées de vingt à trente membres représentant divers services du ministère ainsi que des professionnels du secteur et des spécialistes de la langue. Ces commissions doivent, dans leur domaine de spécialité, sélectionner les termes et expressions et les définir. Les termes et expressions sélectionnés et définis sont ensuite soumis à la Commission générale de terminologie et de néologie. La DGLF coordonne l'ensemble du réseau et assure la liaison avec l'Académie française et les autres partenaires du dispositif (Académie des sciences, partenaires francophones, laboratoire Histoire des théories linguistiques du CNRS-Université Paris Diderot). La Commission générale étudie l'ensemble des travaux proposés par la Commission spécialisée de terminologie et de néologie et valide ou non les propositions. Les articles validés sont ensuite soumis à l'Académie française, les autres sont retournés aux Commissions spécialisées pour être retravaillés. Si les termes posent problème, l'ensemble de ce circuit peut être renouvelé et les termes sont ré-analysés. Les termes ayant reçu l'accord de l'Académie française sont ensuite soumis au ministre pour signature puis transmis au Journal Officiel pour publication au JO. L'emploi des termes et expressions devient alors obligatoire pour l’administration. Instance de référence pour les questions d’usage de la langue française qui accompagne depuis plus de trois siècles les évolutions du vocabulaire français, l'Académie française est étroitement associée au dispositif d'enrichissement de la langue française. Toutes les listes publiées par la Commission générale de terminologie et de néologie sont disponibles sur le site de la délégation générale à la langue française et aux langues de France (www.dglf.culture.gouv.fr) qui les diffuse également sous forme de brochures thématiques. La base de données FranceTerme (Corpus du réseau interministériel de terminologie) regroupe l'ensemble des termes publiés au Journal officiel avec environ 4000 termes ou expressions en français accompagnés de leur définition et de leurs équivalents étrangers. On compte, en octobre 2007, 204 termes ou expressions relevant du sous-domaine de l'ingénierie nucléaire, et 283 le 18 novembre 2011. De tout temps, les progrès de la science ont entraîné la création de vocables nouveaux ou l'extension du sens de vocables existants. De nos jours, l'allure exponentielle prise par les découvertes scientifiques et techniques, ainsi que la diffusion quasi-instantanée de celles-ci dans les divers pays entraînent un foisonnement de termes nouveaux qu'il est de plus en plus difficile d'assimiler. Dès qu'un chercheur découvre un phénomène, il lui donne une appellation dans sa langue (le plus souvent en anglais) et cette appellation, plus ou moins heureuse, se trouve aussitôt propulsée dans le monde entier. Dans d'autres pays, d'autres chercheurs la traduisent dans leur langue, parfois de façon différente, et même très souvent, sans doute par manque de temps, ils adoptent le mot étranger. Ils justifient ce choix en parant ce mot, selon leur gré, de toutes sortes de précisions que l'équivalent dans leur langue ne saurait exprimer, mais que le concept étranger ne convient généralement pas non plus à exprimer dans la langue de son créateur. Il en résulte une terminologie que chacun doit comprendre mais qui nécessite bien souvent des précisions complémentaires dès qu'on cherche à l'approfondir.

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1.8 Bilan

Si le premier chapitre de ce travail permet aux personnes ne connaissant pas le domaine de l'énergie nucléaire de mieux cerner son contexte, son histoire et ses enjeux, elle nous a surtout servi à découvrir les premiers jalons caractéristiques de la terminologie de l'énergie nucléaire et plus particulièrement de l'ingénierie nucléaire, science et technique relativement récente. Nous avons pu, au cours de nos études, de nos examens de la terminologie en marche depuis la naissance de termes jusqu'à leur figement ou leur éviction, apercevoir des caractéristiques très diverses de la terminologie de l'énergie nucléaire. Nous avons vu qu'au cours du développement de l'énergie nucléaire, des premières découvertes de la recherche fondamentale jusqu'à son déploiement industriel et le développement de l'ingénierie nucléaire, la part de l'affectif mais également la notoriété des personnes devant nommer de nouvelles réalités a occupé une place importante dans le processus de naissance des termes. A ce titre, l'exemple du choix du terme « fission » proposé par Robert Otto Frisch en lien avec sa passion pour la biologie, puis diffusé par l'éminent Niels Bohr, illustre parfaitement cette double influence dans le choix d'un terme. De même le terme « polonium » proposé par Pierre et Marie Curie pour nommer un nouvel élément est frappant si l'on pense au pays d'origine de Marie Curie, la Pologne. A l'inverse, pour revenir au terme breeder, et selon le témoignage de Georges Vendryes du 9-03-2007, le terme de « pile couveuse » proposé par Lew Kowarski pour traduire le terme de breeder ne s'est jamais implanté. Deux raisons peuvent expliquer facilement ce fait. Tout d'abord, le terme était préconisé par quelqu'un qui était mis à l'écart. De plus, ce terme n'était pas productif et il était difficile de créer, à partir de « pile couveuse » un verbe ou un adjectif ; « couver » aurait pu paraître bizarre alors que le terme américain breeder permettait l’utilisation d’une famille de termes avec to breed et breeding ration. Nos études ont également montré que la productivité des termes initialement choisis ou la possibilité de les utiliser comme calques jouent des rôles importants afin de permettre l'adoption de ces termes et donc leur figement. De manière plus générale, ces caractéristiques relèvent surtout, pour l'adoption des termes, de la confrontation avec la pratique. D'un point de vue plus historique, si la France a, au cours du développement de l'énergie nucléaire, tenu un rôle important, nous avons également pu constater la place particulière qu'ont eue les Etats-Unis dans son histoire et en particulier en France. En effet, comme nous l'avons vu, lors des débuts de l'énergie nucléaire, la seconde guerre mondiale aura poussé de nombreux scientifiques à l'expatriation et en particulier vers les Etats-Unis où la recherche sur le sujet, faisant suite aux découvertes de la fission et de la possibilité d'une réaction en chaîne, fut fortement soutenue et a abouti à la conception et à la fabrication des premières bombes atomiques.

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D'autre part, lors du développement industriel de l'énergie nucléaire, l'adoption en France de la technologie PWR de Westinghouse fut un nouveau point de départ de l'influence des Etats-Unis sur le contexte nucléaire français et plus particulièrement sur la terminologie associée de l'ingénierie nucléaire en France. A ce titre, un exemple frappant de l'influence de la terminologie américaine est le terme « réacteur à eau pressurisée » improprement utilisé à la place de « réacteur à eau sous pression » mais dont l'usage est très répondu en raison de sa similitude avec le terme américain PWR : Pressurized water reactor. Nous avons également vu, au fil de ce premier chapitre, que le domaine de l'énergie nucléaire est un domaine complexe et sensible. Ajoutons que le projet de la présente étude n’a d’ailleurs pas toujours recueilli l’aval de tous. Par certaines remarques il a pu arriver que l’on cherche à nous dissuader de poursuivre dans une voie qui, selon certains, devrait rester d’accès réservé. Cela nous a en tout cas obligée à un devoir de réserve d’autant plus grand. En effet, l'énergie nucléaire est une énergie que la complexité scientifique rend peu accessible et qui possède en conséquence une terminologie spécifique. En outre, même si les premières applications de l'énergie nucléaire furent médicales, l'histoire de l'énergie nucléaire au cours de la seconde guerre mondiale et dans les décennies qui suivirent fut surtout marquée par le nucléaire militaire créant au sein de l'industrie nucléaire, et même dans le secteur électronucléaire, une culture du secret et donc peu d'effort de vulgarisation rendant accessible au grand public ce domaine. On comprend d’ailleurs mieux, dès lors, que pour décrire de manière pratique et sans souci de vulgarisation des réalités complexes, l'usage d'acronymes se soit énormément répandu dans l'ingénierie nucléaire. Cette forme de terminologie apporte la concision qui la rend pratique mais elle est moins accessible pour un public non initié. L'ensemble des caractéristiques de la terminologie de l'énergie nucléaire nous a montré que la naissance des termes, leur évolution, leur figement ou leur éviction étaient fortement dépendants d'aspects pratiques ou historiques. Dès lors, nous pouvons nous demander si une terminologie institutionnelle théorique et formaliste peut être efficace pour encadrer l'empirisme de la terminologie de l'ingénierie nucléaire.

On peut aussi penser à l'entreprise des physiciens ioniens, partis depuis la fin du VIIe siècle, à la recherche des éléments premiers de l'Univers, et tentant de concevoir les modes de relation d'un ensemble et de ses parties constitutives. Rien de plus frappant, à cet égard, que l'idée d'un élément dont proviennent toutes choses et en quoi toutes choses se résolvent, idée qui est attribuée, sous des formes diverses, aux divers physiciens, mais idée qui correspond aussi à ce qui sera plus tard la définition de l'élément linguistique – si bien que l'élément linguistique est l'exemple favori de Platon et d'Aristote lorsqu'ils discutent de la notion générale d'élément.

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Cependant, quels que soient les modèles éventuels, l'analyse de la parole n'a pas été produite gratuitement, par pure curiosité scientifique, mais parce qu'elle répondait à certains besoins pratiques. De ce point de vue, on pourrait dire qu'il y a bien une analyse de la parole depuis qu'il y a un alphabet (créé vers la fin du VIIIe siècle à partir d'une écriture phénicienne). C'est même une analyse remarquable, qui a su aller au-delà de l'unité concrète qu'est la syllabe pour mettre en évidence les éléments irréductibles dont les variations sont liées aux variations de sens (Havelock 1981 : pp. 51-64). Cette analyse est si forte qu'on peut se demander, au fond, si ce n'est pas plutôt la considération de l'écriture qui a influencé les recherches des physiciens – question sans réponse, certes ; mais ce qui est sûr, en tout cas, c'est que Leucippe et Démocrite (Ve siècle) utilisent explicitement le modèle des lettres pour leurs atomes, et que l'écriture sera ensuite une référence fréquente en tout domaine, dès lors qu'il sera question d'éléments et de combinaison (Desbordes in Auroux 1989, pp. 154-155)

En effet, ce sont bien les découvertes et la pratique qui engendrent de nouveaux termes et ce n'est certainement pas le schéma inverse. Vouloir travailler et donner de nouveaux termes qui n'ont pas forcément une histoire est difficile. Et c'est donc l'empirisme qui l'emporte sur le formalisme. La terminologie institutionnelle apporte une cadre officiel au développement de la terminologie de l'ingénierie nucléaire qui recouvre une certaine importance pour la diffusion et/ou la vulgarisation du savoir. C’est par exemple le cas de la recommandation de l'emploi du terme « réacteur à eau sous pression » plutôt que le terme « réacteur à eau pressurisée » ou encore la recommandation d’emploi de « surgénérateur » pour « surrégénérateur ». Mais la terminologie institutionnelle ne pourra être jugée représentative de la terminologie de l'ingénierie nucléaire dans sa diversité et des idées linguistiques qui lui sont attachées. La diversité des caractéristiques de la terminologie de l'ingénierie nucléaire met en avant la diversité de la terminologie et la difficulté à trouver des régularités. Tantôt c'est la pratique qui l'emporte comme pour « grappe » ou « crayon », tantôt, c'est le côté institutionnel qui émet le dernier avis.

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- Deuxième chapitre - Une enquête linguistique en milieu spécialisé

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2. Une enquête linguistique en milieu spécialisé professionnel : enquêteurs et enquêtés

Ce deuxième chapitre présente par rapport au précédent une vision plus contemporaine de la terminologie de l’ingénierie nucléaire. En effet, nous nous attachons ici à mettre à profit la ressource considérable que constituent l'expérience et le témoignage des personnes ayant vécu l'essor de l'énergie nucléaire en France et que nous avons pu côtoyer pendant quatre ans. Nous décrivons la mise en place, la réalisation et les résultats d'enquêtes linguistiques « de terrain » menées dans un milieu spécialisé chez les experts du domaine. Les méthodologies mises en jeu ainsi que les différentes étapes de ces enquêtes seront détaillées. Nous présenterons dans un premier temps l'entreprise pour laquelle nous avons travaillé puis une expérience de linguiste terminologue dans cette entreprise. Nous aurons alors l’occasion d’examiner l’évolution du statut du linguiste dans le regard des experts tout au long de quatre années d'expérience. Nous décrirons ensuite la mise en place, la réalisation et les résultats des différentes enquêtes linguistiques « de terrain » menées pendant ces quatre ans dans le milieu spécialisé de l’ingénierie nucléaire de l’entreprise Areva NP, auprès des personnes que nous avons qualifiées d'« experts » du domaine. Nous entendons sous le terme « expert », comme dans l'ensemble de ce travail, toute personne ayant eu une expérience importante dans le domaine du nucléaire et sans qu’un rapprochement puisse être fait avec le titre d'« expert » au sein de l’entreprise Areva NP. Nous considérons que l'expérience et le témoignage des experts et personnes ayant vécu l'essor du nucléaire sont une ressource considérable dans ce travail de recherche. Des enquêtes de différents types ont été menées et de nombreux témoignages d'experts du nucléaire ayant vécu l'essor de cette science et technique qu'est l'ingénierie nucléaire viendront illustrer et argumenter le développement de ce chapitre. Les résultats de ces enquêtes et leurs analyses fourniront des axes de recherche dans la création, l'évolution, la variation, la stabilité ou l'instabilité d'un terme et d'une terminologie, dans un passé plus contemporain que dans le premier chapitre de ce travail, dans le présent et dans des prédictions d'un futur tout proche. On se rapproche dans ce deuxième chapitre de la sociolinguistique et de la socioterminologie, même si l’on adopte des points de vue différents – comme le fait de se situer nécessairement à l’intérieur du cadre des domaines27. Nous nous expliquons sur la notion de domaine dans la cinquième chapitre au paragraphe 5.1.1.3.3. Nous nous

27 Contrairement à l’école de Rouen qui se méfie d’un pré-découpage par domaines indépendamment des spécificités individuelles.

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rapprochons également de certains cheminements de nature psycholinguistique, ou encore de linguistique cognitive et pourrions nous demander avec Danièle Dubois (Dubois et al. 1997 : 38) : « Pourquoi tous les humains dans toutes les cultures auraient-ils les mêmes systèmes de construction et d’interprétation sémantiques des environnements dans lesquels ils vivent et agissent ? »

2.1 Présentation d'une entreprise, évolutions de ses dénominations

Une terminologie, telle que nous l’abordons dans cette recherche, se caractérise par la culture d'une entreprise et par les caractéristiques culturelles des membres qui la composent, avec des valeurs idéologiques et interrelationnelles, au travers de diverses formes d'organisation politiques et sociales.

« Toute terminologie devrait être soucieuse de la société, du tissu même où naissent et où s'échangent concepts et termes » (Gaudin 1993 : 9).

En effet,

« ce sont souvent des terminologues, lexicologues ou autres linguistes qui étudient les aspects sociaux des vocabulaires techniques et scientifiques » (Hermans 2000 : 79).

Ainsi nous consacrons ce paragraphe à la présentation de l’entreprise dans laquelle s’est déroulée une partie importante de ce travail. Largement inspiré de présentations officielles d’Areva NP, ce paragraphe permettra au lecteur de mieux connaître l’environnement professionnel de l’ingénierie nucléaire. L'ingénierie nucléaire, qui est une pratique relativement récente, a connu et connaît un développement sans précédent. Voici l’histoire de la création d’une entreprise. Framatome ANP28 est née d'une intuition et d'un pari industriel. Prendre en 1959 la licence d'un procédé qui n'existait alors qu'au stade d'un modeste prototype extrapolé des réacteurs sous-marins nucléaires américains était un acte typiquement industriel, celui qui consiste à adopter une position sans aucune certitude de succès. Si le pari se révèle bon, il faut avoir le courage et les moyens de « suivre ». Ceci est relativement facile sur des durées courtes, mais devient particulièrement méritoire lorsqu'il est avéré que la réussite ne peut, au mieux, intervenir que dix ans plus tard. Framatome ANP (Advanced nuclear power) n'a sorti ses premiers résultats positifs qu'en 1980 : il a fallu attendre vingt ans pour voir la graine germer et l'arbre porter ses fruits. Le processus industriel s'inscrit dans la durée. Il nécessite beaucoup d'anticipation, de suite dans les idées et une vue sur le long terme. Il est rare qu'un industriel récolte lui-même le fruit de ses idées, mais il doit être heureux et fier que ses successeurs en bénéficient. Misant tout sur un choix technologique, pourtant fort éloigné des doctrines qui inspirent alors les décideurs français, Framatome ANP obtient ses premières commandes face à

28 Franco-américaine de constructions atomiques jusqu’au 1er mars 2006.

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d'autres sociétés françaises, à l'époque bien plus puissantes et prestigieuses. Grâce à sa politique de standardisation, Framatome ANP réalise ensuite l'important programme électronucléaire français dans des conditions que les industriels étrangers jugeaient intenables, et décroche même durant cette époque presque tous les contrats à l'exportation. Cette entreprise a fait fructifier sa dot industrielle : au départ, dans le domaine des chaudières, puis des services et du combustible nucléaire ; d'abord en France puis à l'étranger. Plus tard, le groupe Framatome ANP a évolué vers une implantation internationale qui le rend présent aussi bien aux Etats-Unis qu'en Extrême-Orient. Ces développements n'ont cependant jamais occulté le fait que le programme français n'était pas indéfiniment extensible. Dès 1982, Framatome ANP anticipait son ralentissement et faisait ce qu'il convenait pour que la société ne subisse pas « l'effet de falaise » que d'aucuns prédisaient. Sa politique exportatrice a permis de vendre des centrales en Belgique, en Afrique du Sud, en Corée, en Chine… Le contexte s'est détérioré avec l'accident de Tchernobyl en avril 1986, qui a paralysé la plupart des programmes nucléaires mondiaux. Tout en s'accrochant aux rares marchés subsistants comme celui de la Chine, Framatome ANP s'est lancé dans une nouvelle aventure industrielle, celle de la diversification. D'abord, avec les activités mécaniques héritées de Creusot-Loire, puis dans la connectique (Framatome – Du bureau d’ingénierie nucléaire au groupe international 1995 : quatrième de couverture). Simple bureau d'études à ses débuts, Framatome ANP est devenue en une trentaine d'années un groupe international et diversifié, leader du nucléaire à la fois comme concepteur-constructeur, comme fournisseur de combustible et comme prestataire de services. Il s'impose également dans les équipements industriels et la connectique. Cette entreprise a pu devenir une référence incontestée de son secteur. Le groupe équilibre ses activités entre plusieurs secteurs. Au cours de l'année 1999, suite aux développements communs sur un nouveau type de réacteur, l'EPR European pressurised reactor, une fusion est décidée entre la branche nucléaire de Siemens KWU (Allemagne) et Framatome ANP (France). Pour harmoniser les statuts juridiques des sociétés, il est décidé que Framatome dirige deux filiales créées pour l'occasion : la filiale française, Framatome ANP de statut SAS (société à structure simplifiée), et Framatome ANP GmbH (entité allemande avec un statut propre). La fusion a eu lieu en Janvier 2000 et Siemens détient alors 34% du capital, les 66% restant détenus par Framatome. En Octobre 2000 est décidée la création d'une holding qui réunit l'ensemble des activités nucléaires françaises, à savoir Framatome ANP France (100%), Cogema (100%), FCI (100%), STMicroelectronics (11%) et d'autres participations. La présidente de Cogema, Anne Lauvergeon, est nommée à la tête de cette holding en octobre 2001 avec la création d’Areva29. 29 Anne Lauvergeon quitte la présidence du directoire le 30 juin 2011 et est remplacée par Luc Oursel.

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Areva est en 2007 constitué autour d'un pôle énergie, cœur de son métier (Cogema, Framatome ANP, Technicatome et de la division T&D d'Alstom acquise en juillet 2003, intégrée au groupe début 2004 et revendue le 7 juin 2010) et d'une entité Connectique/Electronique (FCI, STMicroélectronics). Framatome ANP est en 2001 filiale de Areva, après avoir été filiale de Framatome SA. Areva est né en 2001. Lorsque le projet de regroupement des sociétés CEA-industrie, Cogema, Framatome ANP et FCI a été annoncé, le 30 novembre 2000, un quotidien économique français a comparé la future architecture de la société à celle « d'une abbaye cistercienne alliant une symétrie parfaite à une grande sobriété ». Cela ne fut pas sans influencer la dénomination elle-même de la société. En effet, cherchant une nouvelle identité, les dirigeants du groupe ont considéré une liste des édifices de ce type pour voir si le nom de l'un d'entre eux correspondait à l'objectif que s'était fixé le groupe, c’est-à-dire de porter un nom « simple », « phonétiquement équilibré » et « « fluide », « chaleureux », « suggérant l'imagination et la modernité » sans être « à la mode ». C'est de la région d'Avila, au nord de l'Espagne, que l'inspiration est venue. C'est dans cette région que se situe l'abbaye d'Arevalo dont le nom, abrégé d'une syllabe, a donné naissance au nom « Areva ». Ajoutons que le changement de nom de l'entreprise pour laquelle nous avons travaillé pendant quatre ans n'est pas sans répercussion. Lorsque des personnes nous demandaient où nous travaillions, leur réaction n'était pas la même lorsque nous disions « Framatome ANP » ou « Areva NP ». En effet, Framatome ANP parle mieux aux personnes d'un certain âge, Areva, aux jeunes. Pour certaines personnes, Areva semblait être « une agence de voyage, de pub ou de communication » tandis que pour d'autres, entendre parler de Framatome ANP n'évoquait rien. Voici des données issues de la présentation officielle du groupe en 2007. Avec une présence industrielle dans 41 pays et un réseau commercial couvrant plus de 100 pays, Areva propose à ses clients des solutions technologiques pour produire l'énergie sans CO2 et acheminer l'électricité en toute fiabilité. Leader mondial de l'énergie nucléaire, le groupe est le seul acteur présent dans l'ensemble des activités industrielles du secteur (v. Figure 19). Ses 61 000 collaborateurs s'engagent quotidiennement dans une démarche de progrès continu, mettant ainsi le développement durable au cœur de la stratégie industrielle du groupe. Les activités d'Areva contribuent à répondre aux enjeux du XXIe siècle : accès à l'énergie pour le plus grand nombre, préservation de la planète, responsabilité vis-à-vis des générations futures.

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Figure 19. L'énergie, cœur de métier d'Areva (Source : Areva)

Le pôle « Amont » (v. Tableau 19) regroupe l'ensemble des activités préalables à la production d'électricité d'origine nucléaire : extraction du minerai d'uranium, concentration, services de conversion et d'enrichissement, fabrication du combustible nucléaire. Dans cette chaîne d'activités, les clients sont propriétaires des matières. Ils achètent à Areva les concentrés d'uranium qui font ensuite l'objet de transformations industrielles jusqu'au stade de l'assemblage combustible. Le pôle « Réacteurs et Services » conçoit et fabrique des réacteurs REP (réacteurs à eau sous pression), REB (réacteurs à eau bouillante) et des réacteurs de recherche. Il déploie également les produits et services nécessaires à l'entretien et au fonctionnement quotidien de tous types de centrales nucléaires. Le pôle « Aval » couvre les activités de traitement et de recyclage des combustibles après utilisation dans les centrales nucléaires. Le groupe fournit également à ses clients qui en font le choix des solutions d'entreposage intérimaire de leurs combustibles nucléaires usés. Le pôle « Transmission et Distribution » fournit des produits, des systèmes et des services pour les marchés de la moyenne et haute tension. Ils sont utilisés pour permettre de distribuer l'électricité de la centrale à l'utilisateur final. Ils permettent également de garantir la fiabilité, la qualité et la sécurité de la distribution et d'exploiter efficacement les réseaux grâce à la gestion d'information. Son offre s'adresse aux compagnies d'électricité mais aussi aux industriels du pétrole, des mines et métaux, de l'énergie éolienne, du papier et du verre, des transports et de l'ingénierie de puissance. Enfin, le pôle « Connectique », industrie de haute précision, conçoit et fabrique des connecteurs électriques, électroniques ou optiques, des microcircuits souples et des

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systèmes de connexion. Les connecteurs permettent le raccordement de câbles ou d'équipements et composants électriques et électroniques.

Energie

Pôle Amont

Pôle Réacteurs &

Services

Pôle Aval

Pôle Transmission &

Distribution Mines Chimie Enrichissement Combustible

Réacteurs Equipements Services nucléaires Mesures nucléaires Conseil et Systèmes d’information Areva Ta

Traitement Recyclage Logistique Assainissement Ingénierie

Produits Services Systèmes Automation

Tableau 29. Organisation du groupe Areva (Source : Areva)

Les métiers d’Areva s'organisent en 2011 en cinq « Business Groups » :

• Mines, exploration et exploitation des mines ; • Amont, conversion et enrichissement de l’uranium, conception et fabrication du

combustible nucléaire ; • Réacteurs et Services, conception et construction de réacteurs nucléaires,

activités de services aux bases installées ; • Aval, recyclage des combustibles usés, services de transport, d’assainissement et

de démantèlement ; • Énergies Renouvelables, solutions dans l'éolien, les bioénergies, le solaire et

l'hydrogène. Le « Business Group » « Réacteurs » et « Services » assure la conception et la construction de réacteurs nucléaires destinés à la production d’électricité et de réacteurs à propulsion navale. Il propose également des produits et services nécessaires à la maintenance, au fonctionnement, à la modernisation et à l’amélioration des centrales. Areva est le numéro un mondial des constructeurs de réacteurs nucléaires en puissance installée et le leader du marché des remplacements d'équipements lourds pour les centrales.

2.2 Présentation d'une expérience et acquisition de connaissances

Toute personne travaillant sur une terminologie doit être soucieuse du cadre et du contexte dans lesquels celle-ci est produite. Il est essentiel, avant de réaliser un travail terminologique, de déterminer et de connaître le contexte, les usages et les usagers de la terminologie (Hermans 1991, 1995, 1997 ; Gambier 1987, 1991, 1993, 1994/1995, 2000). Nous présentons cette expérience ci-dessous.

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Nous sommes arrivée dans l'entreprise Framatome ANP en juin 2003, pour effectuer un stage de DESS30. Ce stage s’est prolongé par une thèse en convention CIFRE31 pendant trois ans32. Pendant ces quatre ans, nous avons été successivement attachée à plusieurs départements de l’entreprise : le département de « Recherche & Développement », le département « Communication interne » et, pour terminer, le département « Marketing ». Parfaitement novice dans le domaine du nucléaire ou de l’ingénierie nucléaire, nous avons pu profiter pendant ces quatre ans de plusieurs formations et de visites de sites du groupe. Voici la liste des formations que nous avons suivies par ordre chronologique :

• Formation « Découverte des réacteurs à eau sous pression » en 2004 ; • Formation « Technique sur les réacteurs à eau sous pression » en 2004 ; • Formation « Sûreté nucléaire » en 2005 ; • Formation « Spécificités de l’EPR » en 2006 ; • Formation « Porte-parole du nucléaire » en 2006 ; • Formation « Mieux connaître l’activité du nucléaire » en 2007.

Nous avons, en plus de ces formations, reçu le support des formations « Formation au RCC-M33 » et « Interactions Combustible-Chaudière ». Ces formations nous ont apporté une base de connaissances dans le domaine du nucléaire et de l’ingénierie nucléaire et la confirmation de ce que nous avions pu comprendre et apprendre au cours de nos lectures et de nombreux échanges avec les experts. Ces formations nous ont également permis de comprendre au mieux les experts et notre domaine de travail, et d’augmenter ainsi nos compétences tout au long de la recherche. En plus des nombreux ouvrages à notre disposition dans le domaine du nucléaire et de la présence des experts, nous avons eu l'occasion de visiter plusieurs sites techniques du groupe. Nous avons ainsi visité :

• l’usine de Chalon/Saint-Marcel (usine de fabrication des cuves et des internes de cuve, des générateurs de vapeur, des pressuriseurs ainsi que des composants connexes comme les accumulateurs, les échangeurs auxiliaires, les supportages…) ;

• le CETIC (Centre d’expérimentation et de validation des techniques d’intervention sur chaudières nucléaires à eau sous pression) ;

• le CEDEM (Centre de développement pour la maintenance) ;

30 De juin 2003 à janvier 2004. 31 Conventions industrielles de formation par la recherche, financée par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche dont la mise en œuvre est confiée à l’Association nationale recherche technologie (ANRT). 32 De février 2004 à juillet 2007. 33 Règles de conception et de construction des matériels mécaniques des îlots nucléaires REP.

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• l’usine FBFC et CERCA de Romans sur Isère (usine de fabrication des éléments de combustible) ;

• l’usine de retraitement de La Hague (traitement du combustible usé).

2.3 Le terrain de l'enquêteur, observateur de pratiques langagières

Le meilleur moyen de capter une terminologie et ses pratiques langagières est, bien sûr, d'être sur le terrain, immergé dans la pratique mais sans se laisser submerger pour garder l'attention nécessaire du linguiste-terminologue sur cette pratique et sur la terminologie à l’étude. Nous témoignons dans ce paragraphe d’une double expérience : celle du linguiste qui observe les experts du nucléaire et celle du linguiste qui s'observe lui-même au travers du discours des experts, expérience qui a évolué au cours de notre présence au sein du groupe, le linguiste se spécialisant au fur et à mesure de cette immersion dans le domaine d’étude d’autrui. Il est à noter, dans ce cas particulier, que nos remarques sont seulement l'objet d'enquêtes supplémentaires mais sont seulement l'objet d'impressions que nous avons eues tout au long de cette expérience et dont nous témoignons. Cette double position n'a pas toujours été aisée à maintenir. Nous nous sommes trouvée, à plusieurs reprises, à devoir reprendre ou revoir nos propos car nous n'étions plus toujours compréhensible par des personnes extérieures au domaine d'expertise étudié. Nous avions mis de côté un certain nombre d'explications qui nous semblaient être évidentes alors que ce n’était pas le cas pour les interlocuteurs de l’extérieur. Ces remarques nous ont permis de rester vigilante tout au long de cette recherche. C'est ainsi que nous avons pu voir le regard des experts du nucléaire évoluer à notre encontre. Si, au début de cette expérience, les réponses des experts à nos questions étaient essentiellement de la vulgarisation du domaine, il s'avère qu'au fur et à mesure des années, les réponses ont changé, réponses de plus en plus scientifiques et techniques, et les experts se sont parfois montrés du niveau technique de nos questions. C'est ainsi que nous avons écrit des articles de plus en plus techniques (naturellement toujours largement en deçà du niveau technique d'un ingénieur) et les experts étaient ravis de découvrir que leurs enseignements avaient porté leurs fruits. Le travail que nous avons mené au travers de ces expériences se réclame descriptif et non pas prescriptif. A aucun moment nous n'avons voulu recommander un emploi ou un usage plutôt qu’un autre. Nous voulions observer une pratique dans un milieu spécialisé. Nous nous sommes placée en observateur de pratiques langagières et c'est en observant cette pratique que nous avons tenté d'en dégager les grandes lignes, les motivations, les intentions, les pratiques et les usages dans le domaine de l’ingénierie nucléaire. Nous aborderons plus loin l'instabilité terminologique mais dans le cas présent, nous avons affaire à l'instabilité langagière. Cette instabilité a été perceptible dans nos échanges avec les experts lorsqu'ils ont modifié eux-mêmes leur parler avec nous au fur et à mesure de nos rencontres, au fur et à mesure de notre adaptation à leur domaine de

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travail et d'expertise. Nos questions, de nature différentes et évoluant avec notre expérience, ont modifié le discours et les réponses des experts.

2.4 Pratiques terminologiques : un exemple dans le domaine du nucléaire (résultat d’enquête)34

2.4.1 Cadre théorique et objectifs de l’enquête

L'enquête sociolinguistique peut présenter différentes facettes : l'entretien, l'enquête par questionnaire dirigé ou semi dirigé, et l'observation sont autant de moyens de cerner une pratique sociale et linguistique qu'il convient ensuite d'analyser (Hug 2002, Calvet & Dumont 1999, Bergounioux 1992). « Une étude de linguistique descriptive quelle qu’elle soit doit prendre en compte les facteurs sociaux, les paramètres socioculturels caractérisant des locuteurs et des auteurs » (Candel 1993 : 262). Il nous a précisément été permis, grâce à notre entrée au sein du groupe Areva, de côtoyer les experts et de menées plusieurs types d'enquêtes auprès d’eux. Quoiqu'il en soit, le but de ces divers enquêtes que nous avons menées est de comprendre, d'expliquer et de décrire les relations que l'on peut établir entre, d'une part, un sous-domaine, qui est celui de l'ingénierie nucléaire de l'entreprise Areva NP et, d'autre part, la structure, la fonction et l'évolution de la langue de spécialité. Nous devions donc collecter des données, par des moyens donnant des résultats, si possible objectifs et stables, auprès d'un échantillon représentatif de la communauté linguistique étudiée. A travers l’analyse de corpus du nucléaire, nous cherchions plus particulièrement à répondre à deux questions principales :

• Comment les spécialistes s’expriment-ils ? Plus précisément, avec quel vocabulaire s’expriment-ils ?

• Pourquoi les spécialistes utilisent-ils tel terme plutôt que tel autre ?

Cette deuxième question nous incite à collecter des indices de « conscience terminologique » des spécialistes. Pour répondre à ces questions, deux enquêtes ont été menées auprès des spécialistes du domaine à partir de corpus préexistants et dont nous allons présenter les résultats. La première enquête a eu pour support un ensemble de termes de l’ingénierie nucléaire officialisés ou en cours d’officialisation (terminologie institutionnelle, enquête d’implantation) tandis que la deuxième enquête a été réalisée à partir d’un ensemble de 34 Cette étude a aussi fait l’objet d’une présentation : Marie Calberg-Challot & Danielle Candel (2005). « Pratiques terminologiques : un exemple dans le domaine du nucléaire (résultat d’enquête) », EA 1483, Séminaire de l’Ecole doctorale, Marie-Annick Morel, Université Paris 3, le 14 mars 2005.

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textes représentatifs du domaine de l’ingénierie nucléaire (enquête semi-orale auprès de spécialistes : vérification des résultats d’extraction automatique de termes). Rappelons que l’on considère généralement que « [l]’étude du fonctionnement des termes en contexte intéresse davantage le lexicographe-dictionnairiste que le terminologue, qui décrit plutôt le concept » (Candel 1993 : 262) et précisons que cette étude relève plus de la lexicologie et de la lexicographie que de la terminologie. On se situe en tout cas en terminologie descriptive bien plus que prescriptive même si une partie du corpus a trait au circuit de la terminologie officielle.

2.4.2 Corpus analysés

Deux corpus ont servi de support pour les enquêtes menées. Le premier, « corpus CSTNIN », que nous désignerons par la suite sans recourir aux guillemets, est issu de l’édition 2000 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (SFEN). Ce vocabulaire reflète les travaux de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire avec des définitions officielles (« vocabulaires officiels »). Nous avons retenu de ce vocabulaire la liste des termes en entrée, soit 536 termes hors contexte. Le premier corpus couvre le domaine de l’ingénierie nucléaire dans son ensemble et traite de la néologie et des anglicismes dans le domaine de l’ingénierie nucléaire. Ce corpus est le reflet d’une pratique terminologique toutes entreprises confondues. Le deuxième corpus a trait au sous-domaine « Combustible » de l’ingénierie nucléaire d’Areva NP. Corpus de référence pour les ingénieurs et composé par les spécialistes eux-mêmes, il regroupe des textes techniques écrits par des ingénieurs pour des ingénieurs et est reconnu comme étant représentatif du sous-domaine Combustible. Le corpus correspond à un ensemble de documents relatifs au programme industriel de conception des assemblages de combustible. Ce corpus est récent et donc important pour l’étude de la néologie. Il est constitué d’un ensemble de 20 textes avec 199 222 occurrences dont 18 202 syntagmes nominaux et 5 117 noms. De cet ensemble de syntagmes nominaux et noms, 921 termes ont été retenus. Ce corpus nous a également servi d’étude dans le cadre de l’analyse méthodique pour l’extraction terminologique. Nous y reviendrons dans le sixième chapitre au paragraphe 6.2.1.4.

2.4.3 Première enquête

Cette première enquête a été menée auprès de cinq experts qui sont Marcel Lebadet, Gérard Ellia, Jean Mouget, Christian L’Huillier et Philippe Rouiller. Ils ont été interrogés le 8 juin 2004 et les 27 et 28 octobre 2004 (Marcel Lebadezet), le 9 juin 2004 (Gérard Ellia), les 8 et 10 juin 2004 (Jean Mouget et Christian L’Huillier) et le 16 juillet 2004 (Philippe Rouiller). De manière semi-ouverte et séance tenante, nous avons demandé aux experts d’évaluer de degré de pertinence des termes du corpus que nous avons constitué. Nous avons choisi une liste de mots dont nous connaissions bien la signification. Nous avons supprimé tout passage textuel. Nous sommes allée à la rencontre d’un ensemble

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d’ingénieurs et d’experts du nucléaire de l’entreprise. La liste que nous avions choisie est celle du Vocabulaire de l'Ingénierie nucléaire. Ce Vocabulaire35 expose, dans le domaine de l'ingénierie nucléaire, l'ensemble des termes et expressions étudiés par les groupes de travail de la Commission spécialisée de terminologie et néologie de l'ingénierie nucléaire (CSTNIN). Les membres travaillant pour la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire (CSTNIN) sont des personnalités qualifiées désignées conformément à l’arrêté du 23 mai 1997 ou des experts travaillant ou ayant travaillé dans différents organismes, sociétés ou établissements : l'ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), l'ASPEA (Association suisse pour l'énergie atomique), la BELGONUCLEAIRE, le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et, depuis le 10 mars 2010, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), Areva NC (AREVA Nuclear Cycle), le bureau de la traduction, la Direction de la terminologie et de la normalisation du Canada, EDF (Electricité de France), Areva NP (Areva Nuclear Power), l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), la RGN (Revue générale nucléaire), la SFEN (Société française d'énergie nucléaire), SGN et SUEZ-TRACTEBEL (Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire 2000 (SFEN), avant-propos). Des experts extérieurs au domaine d’application, tels les linguistes, terminologues et experts de la langue à plusieurs titres, participent au travail. L'action des linguistes et terminologues au sein des commissions de terminologie et de néologie est à souligner (Candel 1999 : 44-53, Candel 2010a, Candel 2010b, Candel 2010c ; Chevallier & Candel 2008 ; Depecker & Mamavi 1997 ; Depecker 2001). Nous pouvons noter, au travers de tous les établissements, organismes ou sociétés mentionnés ci-dessus, que cette liste couvre le domaine de l'ingénierie nucléaire et les métiers des différentes entités ou entreprises. Les experts que nous avons rencontrés ne connaissaient pas la provenance de la liste de termes sur laquelle ils ont travaillé. Certains ont voulu travailler séance tenante ; à d'autres, la liste a été distribuée à l’avance et nous sommes repassée quelques jours plus tard pour discuter avec eux des résultats. La première enquête a été réalisée au sein d’Areva NP. Cinq experts et ingénieurs ont été interrogés. La liste de 536 termes extraits de l’édition 2000 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (SFEN) leur a été présentée sous la forme de treize pages en double colonne sur treize pages. Les attentes de cette première enquête étaient surtout d’obtenir des renseignements sur l'orientation à donner aux futures enquêtes. L'enquête était semi-ouverte dans la mesure où nous avions mentionné nos attentes. Nos correspondants devaient évaluer le degré de pertinence des termes de la liste. Nous leur avons donné la liste de mots sur laquelle ils pouvaient s'appuyer et nous les avons laissé parler sur le nucléaire, sur leur carrière, sur les mots, en leur ayant préalablement posé les questions suivantes :

35 Ressource qui est largement exploitée sous d’autres angles dans l’ensemble du travail.

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• Dites-moi les mots qui vous marquent, qui sont importants pour vous d'une façon ou d'une autre ?

• Pourquoi vous marquent-ils ? • Correspondent-ils à votre langage ? • Sauriez-vous quelle est leur date d'apparition ?

Malgré le flou volontaire laissé sur la provenance de la liste, plusieurs témoins nous ont fait les remarques suivantes : « ce terme ne relève pas de notre métier », « chez Framatome ANP, on ne dira pas ‘étude probabiliste de la sûreté’ ou ‘réacteur à n boucles’ ; on parlera ‘d'étude probabiliste de sûreté’ et de ‘réacteur à boucles’ », « ‘enrichissement par laser’ ou ‘cartouche’ sortent du vocabulaire de Framatome ANP », « ce terme ne relève pas d'un domaine de Framatome ANP ». Certains termes sont perçus comme « trop spécifiques » et d'autres n'ont « aucun sens ». Par exemple, le terme « ajustement isotopique » est un terme très spécifique pour Marcel Lebadezet et les termes « air de migration » et « CDA » n'ont respectivement aucun sens pour Marcel Lebadezet et Gérard Ellia. Les experts que nous avons rencontrés ont donc remarqué que la liste ne contenait pas uniquement des termes du métier de Framatome ANP mais couvrait tout le cycle du combustible. En regardant les résultats des cinq experts, il est clairement apparu que les termes en amont et en aval du cycle du nucléaire n'étaient pas retenus par eux ; c'est-à-dire les termes qui correspondent au métier de la Cogema. Dans cette enquête, Gérard Ellia est allé jusqu'à barrer certains termes. Les réponses des quatre autres enquêtés sont venues confirmer la position de Gérard Ellia et aucun des termes éliminés par Gérard Ellia n'a été retenu par nos enquêtés. Cette remarque est illustrée par les avis émis sur les termes « agrément de colis de déchets », « agrément multilatéral d'emballage » et « agrément unilatéral d'emballage ». Certains termes, ne relevant pas du domaine de travail de Framatome ANP, ont pourtant été relevés. Il y a eu, au moment où l'enquête a été réalisée (juin 2004), de nombreux articles sur le nucléaire qui ont propulsé en avant certains mots et qui auraient influencé le choix de certains mots. L'actualité aborde régulièrement le thème du transport de matières radioactives et des « colis » qui contiennent ces déchets par l'intermédiaire de « Greenpeace » et de « Sortir du nucléaire ». C'est ainsi que des termes comme « élimination de déchets radioactifs », « emballage (de matières radioactives) » ou « emballage de transport et d'entreposage » ont été marqués comme des termes « importants ». Christian L'Huillier nous dira aussi, lors de notre entretien, que le terme « conteneur de transports » est un terme important. Il faut aussi prendre en compte, dans les résultats de cette enquête, que les quatre personnes interrogées ont des passés différents. Ainsi n'ont-elles pas suivi les mêmes études scolaires et universitaires, ni même occupé les mêmes postes au sein de l'entreprise Framatome ANP. Ce facteur, non négligeable, influence très certainement le choix des termes retenus. Ceci a été mentionné clairement par Jean Mouget, quand il nous a dit qu'il ferait un « relevé des mots importants à usage interne et trouvés dans ses lectures, des termes couramment utilisés dans le domaine du nucléaire et de tous les termes du nucléaire se raccrochent à

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un domaine » ou comme Christian L'Huillier qui a relevé les termes « importants et familiers ». Cette démarche a peut-être été suivie par les autres enquêtés mais de façon inconsciente. Notons que les termes relevant de la sûreté ont été relevés par tous les experts. C'est une part importante du travail des ingénieurs et experts de Framatome ANP et ces termes sont mis en avant : il s’agit de « analyse de sûreté nucléaire », « analyse probabiliste de la sûreté nucléaire », « défaillance de cause commune » ou encore « défaillance de mode commun ». En voici un exemple avec la phrase de Christian L'Huillier qui vient confirmer nos propos quand il parle de « doigt de gant » et met en avant son utilisation dans le système de contrôle : « le doigt de gant serait un tube dans lequel on met le détecteur ». Et voici ce que le Vocabulaire de l'Ingénierie nucléaire (2000) nous propose comme définition pour « doigt de gant » : « tube de petit diamètre fermé à une extrémité et permettant d'effectuer certains échanges entre des milieux physiques séparés ». Gérard Ellia nous parle du critère d'un « accident de dimensionnement » et donne comme exemple la pression de l'enceinte. Il met également l'accent sur le concept des trois barrières. Il parle aussi de l’« analyse déterministe » et de l’« analyse probabiliste » réalisées dans le département de sûreté de Framatome ANP. La première étant une hypothèse et la seconde étant une affection ou un accident comme tout ce qui pourrait se passer et conduire à la défaillance ultime. Il souligne aussi que des agressions externes comme un séisme, un incendie ou encore une inondation sont prises en compte dans la conception des centrales nucléaires et dans le choix des matériaux. Enfin, Gérard Ellia parle du « mode commun de défaillance » en prenant l'exemple du diesel et du gel. Imaginons que le fuel gèle et, dans le cas où le moteur de secours ne se déclencherait pas, on serait en mode commun de défaillance. A noter que le terme de la liste de la CSTNIN est « défaillance de mode commun ». Dans les années 1970, on faisait des études d'accident (DBA en anglais). Les ingénieurs et experts considéraient l'accident le plus grave et dimensionnaient en fonction de ces accidents. Marcel Lebadezet nous a indiqué que la notion d'accident est « liée directement aux réacteurs » et c'est à partir de là que se développent un certain nombre d'études. Par exemple, quand on parle de « défaillance unique », on prend en compte les défaillances actives (pompes, vannes…) mais on ne prend pas en compte des défaillances passives. Il faut aussi noter que certains termes naissent par l'emploi d'un spécialiste. Les propos de Marcel Lebadezet illustrent bien ce point.

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Il nous a donné un exemple dans le domaine de la neutronique avec le terme « flyspeck ». Ce terme a été employé par un expert américain du nucléaire qui en regardant son graphique a dit que cela ressemblait à un « flyspeck » et ce terme reste reste en usage en français. Comme le souligne Marcel Lebadezet, « les américains ont une façon de parler très imagée ». Cet exemple met également en avant que la naissance d’un terme peut tenir à peu de chose. Un spécialiste qui a suffisamment de reconnaissance dans l'entreprise permet l’implantation d’un terme et sa diffusion par les membres de son équipe se prolonge ensuite au reste de l'entreprise. Il nous a enfin semblé important de noter le constat suivant. Certains termes du langage courant, et que le nucléaire s'est appropriés dans des sens particuliers, ne sont par toujours compris ou acceptés par les ingénieurs. Ceci est peut-être dû au support de l'enquête (liste de mots hors contexte). Les ingénieurs se demandent si le mot entrerait dans la terminologie des ingénieurs ou au contraire n'en ferait pas partie. Ceci est mis en avant dans les propos de Gérard Ellia quand il nous dit que « le terme a un sens trop général ». Christian L'Huiller fait une remarque qui va dans le même sens quand il réfléchit sur le terme « commande » et nous demande « si ce terme a un sens spécifique comme commande d'un réacteur ou bien le sens qu'il pourrait avoir pour un acheteur ». Tous les ingénieurs interrogés sont d'accord pour dire que le langage de Framatome ANP est un « héritage » ; Jean Mouget parlera même de « transposition de l'américain ». Framatome ANP est un industriel qui a acheté des licences à Westinghouse (fabricant américain). L'entreprise Framatome a été créée en 1958 et le vocabulaire français du nucléaire est né dans les années 60 avec la technologie des réacteurs à eau légère. Le langage s'est donc construit dans les années 70-80 à partir de celui de Westinghouse. Marcel Lebadezet nous a indiqué que le nucléaire s'est développé dans un premier temps aux Etats-Unis et que le vocabulaire a ensuite été traduit en français à partir de l'américain. Il est à noter que les ingénieurs du nucléaire distinguent l'anglais américain et l'anglais du Royaume-Uni. Pour la construction de la centrale de Fessenheim, Marcel Lebadezet et d'autres ingénieurs ont dû traduire les rapports de sûreté américains en français. Le rapport de sûreté décrit un objet, un réacteur ; c'est un document qui démontre que l'objet respecte les règles de sûreté. Il ne faut pas confondre les « règles de conception » et les « règles de sûreté ». Les ingénieurs ont vraiment un langage qui est propre à leur entreprise, à leur travail. Ceci est apparu d'une façon ou d'une autre avec chaque enquêté. Après, chacun parle des mots en fonction de son parcours professionnel, en fonction de sa spécialité. De plus, EDF étant un exécutant de Framatome ANP, Jean Mouget insiste sur le fait qu’« EDF a injecté son vocabulaire au niveau de l'ingénierie ». L'utilisation importante de sigles se justifie par le fait que Framatome ANP a hérité des sigles de Westinghouse et des sigles d'EDF (Candel & Humbley 1994). A certains moments, EDF est intervenu dans la formation du vocabulaire. Par exemple, « corps migrants » est un terme banni d'EDF et « plaque supérieure de cœur » est devenu « plaque support de cœur ».

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Nous avons aussi remarqué dans l'enquête de Jean Mouget qu'il avait sélectionné le sigle comme terme important et non le terme lui-même. Il faut savoir que dans les documents internes à Framatome, l'utilisation de sigles est constante. A l'inverse, il se peut que le sigle seul et hors contexte n’évoque rien en particulier, du fait que cette liste de termes n’est pas spécifique aux activités d’Areva NP. L'utilisation des sigles chez Framatome ANP concerne la désignation administrative des personnels, celle des réacteurs, ou des parties du circuit primaire (recours à des trigrammes).

2.4.3.1 Comment l’expert est-il incité à l’expertise terminologique ?

A partir, donc, des questions :

• Dites-moi les mots qui vous marquent, qui sont importants pour vous d’une façon ou d’une autre ?

• Pourquoi vous marquent-ils ? • Correspondent-ils à votre langage ? • Sauriez-vous quelle est leur date d’apparition ?

nous avons pu classer les réponses selon trois critères :

• réponses de niveau « affectif » pour la première et la deuxième question avec une influence de la presse et du parcours professionnel de chaque expert ;

• réponse précisant le domaine, l’entreprise pour la troisième question ; • point de vue historique pour la quatrième question.

2.4.3.2 Trois niveaux de refus

Les enquêtés réagissent par un refus du terme qui, selon les cas :

• ne relève pas du domaine de l’ingénierie nucléaire ; • ne relève pas du métier Areva NP ; • est trop spécialisé.

Par exemple, les experts ont relevé :

• des termes qui leur semblent trop généraux comme « conservatif », « différence d’inventaire » ou « coefficient de vide » ;

• des termes ne relevant pas du métier comme « suremballage », « zonage déchets » ou « blocage de déchets radioactifs » ;

• des termes trop spécialisés comme « chouquage », « facteur de fission rapide », « heliotron » ou « longueur de migration ».

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2.4.3.3 Un constat : une certaine évolution terminologique au cours des interactions

On est en mesure de percevoir des variantes d’expression, chez les experts, en fonction des conditions d’interactions suivantes :

• Communication linguiste vs. expert : comment les interroger de manière à obtenir les informations effectivement recherchées ?

• Communication exeprt vs. linguiste : comment me répondent-ils ? Comment les comprendre ?

• Communication linguiste-expert vs. expert : Comment me répondent-ils ? Comment les comprendre ?

Ces trois grands cas de figures différents ont engrendré des types de réponses différentes.

2.4.4 Deuxième enquête

La deuxième enquête a porté sur des résultats d’extraction de termes candidats avec une relecture et une sélection des termes menée auprès de quatre experts, en travail individuel puis en relecture en groupe. Les résultats ont fait l’objet de comparaisons des nouvelles listes de termes obtenues.

2.4.4.1 Comment l’expert sélectionne-t-il les données ?

Le spécialiste a éliminé parmi les termes de structures « SN » et « N » (Rouget 2000) les types de termes suivants : les termes généraux, les termes techniques mais sans rapport direct avec le combustible (dans la mesure où ils ne sont pas utilisés dans les activités d’interface) et les termes de disciplines scientifiques faisant l’objet d’une définition dans « Le » dictionnaire (de langue générale) et rendant compte du sens utilisé dans leur métiers. Par exemple, les experts ont relevé :

• des termes généraux non retenus comme « fabrication », « support », « accident » ou « bouchon » ;

• des termes techniques non retenus comme « générateur de vapeur », « pollution radioactive » ou « pompe primaire » ;

• des termes non retenus relevant de diverses disciplines scientifiques comme « matage », « filage », « plastification », « élasticité » ou « contraintes de Von Mises ».

2.4.4.2 Comment s’expliquer les choix des experts ?

L’expert refuse un terme pour l’une des raisons suivantes :

• le terme ne relève pas du domaine du « nucléaire » ;

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• le terme ne relève pas du sous-domaine étudié « Combustible » ou « Chaudière » ;

• le terme ne répond pas à l’usage ; • le terme n’est pas pertinent face à l’objectif (application visée par l’entreprise).

2.4.4.3 Comment l’expert réagit-il lors de l’expertise terminologique ?

Le spécialiste réagit à l’expertise terminologique de deux manières différentes. Soit il procède à une analyse objective en donnant une réponse objective en fonction du travail demandé ou en fonction de l’application ; soit il procède à une analyse subjective avec des préférences pour certains termes comme « grappe » plutôt que « barre », ou « système » plutôt que « circuit », ou encore « crayon » plutôt que « barreau » ou en indiquant un « sentiment terminologique » avec, par exemple, « accident de dimensionnement » qui est un terme vieillot ou « campagne de combustible en réacteur » qui est un terme dépassé ou « déconstruction » qui est un néologisme EDF ou encore « gouvernance » est un néologisme Areva.

2.4.4.4 Au sujet des termes non retenus

Quelques catégories grammaticales comme les verbes et les adjectifs ont été écartées d’emblée par les experts. Ces derniers se justifient en disant que

• « le verbe c’est du langage courant » à quelques exceptions près ou encore que

• « l’adjectif en lui-même ne signifie pas grand chose. Il trouve son sens associé à un nom ».

Malgré tout, ces listes ont été étudiées, comme on le verra au sixième chapitre (au paragraphe 6.2.2.1). Parmi les unités non retenues, certains termes ont fait l’objet d’un changement complet dont voici la liste (v. Tableau 30) :

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Tableau 30. Changement complet du terme par l'expert

2.4.4.5 Une étape de contrôle

La liste de termes a été présentée une nouvelle fois au spécialiste, sous une nouvelle forme ainsi qu’à second spécialiste qui n’était pas informé de la reformulation faite par le premier. Les résultats de cette enquête montrent une certaine constance chez les deux spécialistes dans sept cas sur 23. Ainsi « épuisement du combustible » qui devient « taux de combustion », ou « puissance dissipée dans l’eau » qui devient « chauffage gamma », ou encore « taux de relâchement des gaz de fission » qui devient « fraction de gaz relâché ». Mais ils montrent aussi une claire instabilité des usages, qui ressort de la variation entre les domaines de spécialité : on relève « diagramme de fonctionnement » pour « trapèze » ou « épuisement du combustible » pour « taux de combustion » ; et on note une variation entre les résultats de l’extraction de termes candidats et chez les experts avec « pressurisation du crayon » pour « hélium », une variation entre les experts avec « épuisement du combustible » et « milieu REP » et enfin, une variation chez un même expert avec « chauffage gamma » et « déséquilibre axial de flux » pour « axial offset ». D’où une certaine difficulté à trouver un consensus, même au cœur d’un groupe d’experts bien défini.

2.4.4.6 Etude sémantique

Ce qui caractérise les interventions des spécialistes est un classement des couples formés par les termes et leurs reformulations. Un tel classement montre que, dans un sous-ensemble du corpus, les termes du groupe expriment d’une part un résultat et, d’autre part, le processus qui mène à ce résultat où l’importance accordée par les spécialités aux processus et aux transformations est particulièrement mis en valeur. Cette évocation du processus en cours est deux fois plus fréquente que celle du résultat avec, par exemple, « assemblage restauré » qui devient « restauration d’assemblage », « combustible déchargé » qui devient « déchargement du

Terme candidat proposé par Syntex Terme modifié par l'expert pastille B4C absorbant neutronique puissance dissipée dans l'eau chauffage gamma milieu REP chimie du circuit primaire Trapèze diagramme de fonctionnement taux de relâchement des gaz de fission fraction de gaz relâché plan de repositionnement gestion du combustible plan de chargement gestion du combustible tige de commande grappe de contrôle Immersion mesure de densité de la pastille Hélium pressurisation du crayon Structure squelette de l'assemblage taux de combustion épuisement du combustible

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combustible », « grappe éjectée » qui devient « éjection de grappe », « pastille rectifiée » qui devient « rectification de pastille » ou encore « uranium enrichi » qui devient « enrichissement du combustible ». L’évocation du processus plutôt que celle de son résultat lors de ces reformulations oriente tout naturellement l’analyse du terme vers le sujet lui-même. Le processus implique une action, et donc l’acteur de ce processus, c’est-à-dire le sujet lui-même. L’évaluation des termes et leur reformulation dénotent donc un point de vue subjectif dans l’appréciation du vocabulaire (Dubois 1997). L’expert interrogé a spontanément offert, outre les termes proposés en remplacement à ceux fournis par l’extraction de termes candidats, des synonymes, et ce dans 36 cas sur 921. La liste obtenue a été validée par un second expert avec seulement deux cas de discordance. D’une part, dans le passage du terme à son synonyme, on note le plus souvent une forme développée par rapport à la forme initialement proposée avec, par exemple, « MOX » qui devient « combustible mixte », « grandissement » qui devient « grandissement sous irradiation », « TIG » qui devient « soudage TIG » ou encore « TSBI » qui devient « soudure TSBI ». D’autre part, on note, dans un ensemble de cas, soit une « objectivation » de la formulation, soit, comme dans l’exemple où « configuration du cœur » devient « gestion du combustible », une subjectivation. Nous n’avons pas pu déterminer, dans cette enquête, si la « balance » penche plus d’un côté ou de l’autre.

2.5 Bilan

Nous avons montré dans ce chapitre pourquoi, comment et dans quelles conditions nous rassemblons des données terminologiques et néologiques. Nous le faisons afin de connaître l’état de la langue et son évolution dans le domaine de l’ingénierie nucléaire. Il faut malgré tout garder à l’esprit que le domaine du nucléaire est et reste un domaine sensible avec ses euphémismes et tabous. Ce contexte industriel, politique et parfois secret reste l’arrière fond de la recherche et de tout contact avec le domaine étudié. D’où, plus ici que dans d’autres domaines encore, le fait que l’importance à accorder aux différents acteurs de ce domaine est primordiale. Ce sont les interlocuteurs de la langue, les auteurs de la néologie et de la terminologie. Et ce sont nos interlocuteurs, nos témoins et les garants de la précision scientifique de la terminologie. Concernant l’étude complète du corpus au niveau morphologique, morphosyntaxique et sémantique, nous renvoyons vers le cinquième chapitre. Nous avons néanmoins pu mettre en valeur, à travers ces enquêtes, l’importance, en terminologie, de la prise en compte des points de vue, des interactions entre locuteurs, du « sentiment terminologique » de chacun avec les niveaux d’ « acceptabilité » ou de « non acceptabilité » d’un « terme » par ses usagers et du consensus.

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- Troisième chapitre - Aux sources de la terminologie de l'ingénierie nucléaire

(études de cas)

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3. Dénommer le domaine de l'ingénierie nucléaire : études de cas

Après avoir présenté la naissance et la formation d’une langue de spécialité dans le premier chapitre de ce travail puis une vision plus contemporaine de cette même terminologie au travers d’enquêtes dans les discours des spécialistes ayant vécu l’essor de la terminologie, nous allons présenter sous un nouvel angle une analyse plus approfondie au travers des analyses décrites et des phénomènes relevés dans ces deux premiers chapitres. Tour à tour, nous étudierons les éléments de variation et de stabilité dans les dénominations des domaines et sous-domaines, puis des termes eux-mêmes, dans des ressources lexicographiques officielles. Nous nous appuierons pour cela sur les travaux de la commission de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire et les ressources du CEA pour expliquer et comprendre les mécanismes et les régularités émanant de nos observations. Nous aborderons dans le dernier paragraphe la façon dont une langue de spécialité emprunte au langage courant et montrerons comment les termes issus de la langue générale se spécialisent. Nous verrons qu’au travers des mécanismes de spécialisation d’un terme, il faut toujours observer une grande vigilance quant à la signification de ces termes généraux qui se sont introduits dans la langue de spécialité. Ce chapitre s’appuie sur des données qui ont fait l’objet d’une communication et d’une publication dont voici les références : Calberg-Challot Marie (2007) : « Quand une langue de spécialité emprunte au langage courant : le nucléaire, étude de cas », John Humbley éd., Cahier du CIEL 2007-2008 « Aspects de la recherche en langues de spécialité », Université Paris VII, UFR EILA, pp. 71-85.

3.1 Quelles sont les dénominations des divers secteurs de l'énergie nucléaire et leurs usages ?

L’étude des dénominations des divers secteurs de l’énergie nucléaire prend appui sur les ressources du CEA et sur les travaux des Commissions ministérielles de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire (CSTNIN et DGLF). Ces ressources ont fait l’objet d’éditions successives qui permettent une étude diachronique de la variation des dénominations des domaines et sous-domaines choisis dans chacune d’elles. Le corpus utilisé ici couvre la période de 1966 à 2008, qui correspond à la période des données du CEA, celle retenue pour les travaux des commissions de terminologie allant de 2000 à 2007. On étudiera l'intitulé des domaines et sous-domaines de l'ingénierie nucléaire : ces sous-domaines ont-ils évolué ? Ont-ils été renommés ? Comment ont-ils été choisis ?

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Quant à l’étude plus précise des intitulés des sous-domaines du dictionnaire d’Areva NP, on la retrouvera au cinquième chapitre. En effet, des passages de termes ont eu lieu d’un sous-domaine à un autre mais aucun changement de dénomination de sous-domaine n’a été noté durant l’entreprise du « projet dictionnaire » que nous avons mené chez Areva.

3.1.1 Variations des dénominations des sous-domaines dans le Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA

Trois ressources ont été retenues pour ce sous-corpus. Ce sont les suivantes :

• Dictionnaire des sciences et techniques Nucléaires (1964), Commissariat à l’énergie atomique (CEA), première éd., Presse Universitaire de France, Paris ;

• Dictionnaire des sciences et techniques Nucléaires (1975), Commissariat à l’énergie atomique (CEA), troisième éd., Eyrolles, Paris ;

• Dictionnaire des sciences et techniques Nucléaires (2008), Commissariat à l’énergie atomique (CEA), quatrième éd., Omnisciences, Paris.

Concernant ces trois éditions, aucune mention des domaines n’est faite dans les articles. Nous pouvons néanmoins tracer l’évolution des domaines au travers des différentes introductions. L’édition de 1964 annonce que le dictionnaire abordera les « branches de l’énergie atomique et ses applications ». Dans l’édition de 1975, le dictionnaire a trait aux « diverses branches des sciences et techniques nucléaires (physique, chimie, biologie, technologie des réacteurs, électronique, séparation des isotopes, plamas, radioprotection, etc…) ». Il faudra attendre l’édition de 2008 pour connaître les domaines traités au travers du découpage des groupes de travail, comme suit :

• GT1 « bases scientifiques du champ couvert par le dictionnaire » ; • GT2 « Réacteurs (fission et fusion, recherche) » ; • GT3 « Cycle des matières nucléaires » ; • GT4 « Maîtrise des risques » ; • GT5 « Radiobiologie, radioprotection et interactions avec le vivant » ; • GT6 « Applications à la Défense » ; • GT7 « Plamas » ;

et avec la précision, dans la préface, que les

« sciences et technologies nucléaires forment désormais un vaste ensemble de connaissances et de savoir-faire qui irriguent de nombreux secteurs d’activités : la radioprotection, la cancérologie, la neurologie et la pharmacologie dans le domaine médical, la production électrique et plus généralement la production d’énergie, la dissuasion, la propulsion navale et

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plus généralement la prévention des menaces dans le cadre des politiques de défense et de sécurité, la microélectronique, le contrôle qualité et l’analyse en continu dans de nombreux secteurs industriels, la conservation du patrimoine, la sécurité alimentaire, les relations internationales et la non-prolifération, de multiples champs de recherche dont des études sur l’environnement et les paléoclimats en relation avec la prospective climatique, etc. »

Notons qu’il était précisé dans le titre du dictionnaire « Sciences et techniques » et non « Sciences et technologies » comme l’indique le texte de la préface. Ainsi le dictionnaire s’est considérablement enrichi en 40 ans et prend plus une « nature semi-encyclopédique » (Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires 2008 : Préface). « En 30 ans, le nucléaire est devenu moins atomique » (ibid.). Finalement, en un peu plus de 40 ans, la variation des dénominations des domaines pour le Dictionnaire de sciences et techniques nucléaires est essentiellement due à l’élargissement du champ de couverture du dictionnaire plus qu’à une reformulation des dénominations proprement dites.

3.1.2 Variations des dénominations des sous-domaines dans le Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire

Trois ressources ont été retenues pour ce deuxième sous-corpus :

• Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire suivi d’un index anglais-français (2000), Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire (CSTNIN), Coordonné par Xavier Dumont avec la collaboration de Catherine Andrieux, Société française d’énergie nucléaire (SFEN), Paris ;

• Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire - Enrichissement de la langue française (2006), Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire (DGLF), Paris ;

• Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire - Nouvelle édition actualisée et enrichie

avec lexique anglais-français (2007), Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire (CSTNIN), Société française d’énergie nucléaire (SFEN), Paris.

Concernant les éditions 2000 et 2007 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire, la liste des domaines et sous-domaines est mentionnée à la fin des ouvrages (v. Tableau 31) :

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Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire édition 2000 (SFEN)

Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire édition 2007 (SFEN)

Domaines Sous-domaines Domaines Sous-domaine Physique et technologie des recteurs

Physique et technologie des recteurs

Physique des réacteurs Physique des réacteurs (incluant neutronique, thermohydraulique…)

Technologie des réacteurs

Technologie des réacteurs (incluant les matériaux, matériels et équipements constituant les réacteurs…)

Thermohydraulique Fusion thermonucléaire Sûreté, Protection et Qualité

Sécurité nucléaire, Protection et Qualité

Radiobiologie Sécurité nucléaire (incluant la sûreté nucléaire et les garanties)

Radioprotection Radioprotection Réglementation

nucléaire Réglementation

nucléaire Sécurité nucléaire Cycle du combustible et Transport

Cycle du combustible et déconstruction

Cycle du combustible Cycle du combustible (de l’extraction minière à la gestion des déchets radioactifs, en incluant le transport des matières radioactives)

Transport de matières radioactives

Déconstruction (en incluant l’assainissement et le démantèlement)

Gestion des déchets nucléaires

Exploitation des réacteurs

Exploitation des réacteurs

Exploitation des réacteurs

Assainissement - Démantèlement

Tableau 31. Liste des domaines et sous-domaines dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (éditions 2000 (SFEN) et 2007 (SFEN))

A l’inverse du Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires du CEA, le nombre de domaines et de sous-domaines du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire s’est réduit. Ainsi nous relevons cinq domaines et dix sous-domaines dans l’édition de 2000 quand nous ne notons que quatre domaines et neuf sous-domaines dans l’édition de 2007.

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Cette réduction s’accompagne de compléments d’information entre parenthèses, ce qui n’est pas pour simplifier la lecture et la compréhension (v. Tableau 31). Entre les deux éditions, seul le domaine « Exploitation des réacteurs » n’a pas été modifié. Ainsi nous notons que le sous-domaine « Thermohydraulique » de l’édition de 2000 a disparu au profit du sous-domaine « Fusion thermonucléaire » dans l’édition de 2007. De même, concernant le domaine « Sûreté, Protection et Qualité36 », le sous-domaine « Radiobiologie » a simplement disparu. Enfin, nous relevons plusieurs changements concernant le domaine « Cycle du combustible et Transport ». Renommé dans l’édition de 2007 en « Cycle du combustible et Déconstruction », il est composé des sous-domaines « Cycle du combustible » et « Déconstruction » qui étaient dans l’édition de 2000. Notons enfin que le domaine « Transport » se réduit à une mention entre parenthèses, comme étant intégrée dans le sous-domaine « Cycle du combustible ». Ces changements de domaines et sous-domaines donnent des indications sur les évolutions de la langue mais ne sont pas sans troubler le lecteur qui peut éprouver des difficultés à faire le lien, par exemple, entre les domaines « Transport » et « Déconstruction » dans les éditions 2000 et 2007 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire. Concernant l’édition 2006 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (DGLF), les domaines ne sont pas listés dans l’ouvrage mais nous en avons fait un relevé dont voici la liste exhaustive (v. Tableau 32) :

36 Devenu « Sûreté nucléaire, Protection et Qualité » dans l’édition de 2007.

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Liste des domaines Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire

édition 2006 (DGLF) Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs Ingénierie nucléaire/Radioprotection Ingénierie nucléaire/Réglementation nucléaire Ingénierie nucléaire/Sécurité nucléaire Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible Ingénierie nucléaire/Déconstruction Ingénierie nucléaire/Exploitation des réacteurs Ingénierie nucléaire Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs-Cycle du combustible Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible-Exploitation des réacteurs Ingénierie nucléaire-Physique Défense/Nucléaire Marine-Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs Transports Chimie-Défense/Nucléaire Santé et médecine-Ingénierie nucléaire/Radioprotection Tous domaines

Tableau 32. Liste des domaines et sous-domaines dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006) (DGLF)

Nous retrouvons dans les huit premières lignes de ce tableau (v. Tableau 32) les domaines et sous-domaines qui seront utilisés dans l’édition 2007 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire avec « Physique des réacteurs », Technologie des réacteurs », « Radioprotection », « Réglementation nucléaire », « Sécurité nucléaire », « Cycle du combustible », « Déconstruction » et « Exploitation des réacteurs ». Les dénominations suivantes deviennent plus floues pour le lecteur car elles ne sont pas le reflet des domaines traités et annoncés, ni dans l’édition 2000, ni dans celle de 2007 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire. En effet, dix de ces intitulés de domaines n’entrent pas dans les périmètres de travail de la Commission de l’ingénierie nucléaire. Nous pouvons les classer en quatre catégories :

• Pas de spécifications en sous-domaines : o Ingénierie nucléaire (dix termes : « ajustement isotopique »,

« enrichissement », « excursion de puissance », « filière de réacteurs », « fusion thermonucléaire », « gestion de déchets radioactifs », « neutronographie », « piscine », « transfert linéique d’énergie », « zone contrôlée »)

o Tous domaines (un terme : « écran de protection »)

• Mention de deux sous-domaines pour un même terme

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o Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs-Cycle du combustible (un terme avec « combustible nucléaire »)

o Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible-Exploitation des réacteurs (un terme : « taux de combustion »)

• Hors du domaine de l’ingénierie nucléaire

o Défense/Nucléaire (sept termes : « activité nucléaire », « courbe isodébit », « dose limite », « dose maximale admissible », « facteur d’atténuation », « facteur de transmission de dose », « taux de dilution »)

o Transports (un terme : « conteneur de transport ») o Chimie-Défense/Nucléaire (deux termes : « dose létale », « dose létale

moyenne »)

• Appartenance à deux domaines dont l’ingénierie nucléaire o Ingénierie nucléaire-Physique (un terme : « section efficace ») o Marine-Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs (un

terme : « chaufferie nucléaire embarquée ») o Santé et médecine-Ingénierie nucléaire/Radioproctection (un terme :

« radioprotection ») Certains termes ne relèvent pas des travaux de la Commission. Par ailleurs pourquoi les termes qui appartiennent à deux domaines n’ont-ils pas deux définitions ? De même, pourquoi trouvons-vous la mention « Tous domaines » pour un seul terme (« écran ») quand la mention « Ingénierie nucléaire » a été utilisée pour dix autres termes apparemment tout aussi généraux, tels que « ajustement isotopique », « enrichissement », « excursion de puissance », « filière de réacteurs », « fusion thermonucléaire », « gestion de déchets radioactifs », « neutronographie », « piscine », « transfert linéique d’énergie » et « zone contrôlée » ? L’ensemble des quatre catégories concerne 26 termes. Voyons quel était le domaine d’appartenance de ces termes dans l’édition de 2000 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire. Les domaines ont-ils varié dans l’édition de 2007 ? Voici un tableau (v. Tableau 33) permettant de récapituler les réponses à nos questions :

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Termes

Domaine (Vocabulaire de

l’ingénierie nucléaire édition 2000) (SFEN)

Domaine (Vocabulaire de

l’ingénierie nucléaire édition 2006) (DGLF)

Domaine (Vocabulaire de

l’ingénierie nucléaire édition 2007) (SFEN)

activité nucléaire

terme absent Défense/Nucléaire Ingénierie nucléaire/Radioprotection37

ajustement isotopique

Ingénierie nucléaire

chaufferie nucléaire embarquée

Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs

Marine-Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs

Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs

combustible nucléaire

Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible

Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs-Cycle du combustible

1. Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs-Cycle du combustible 2. Ingénierie nucléaire

conteneur de transport

Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible

Transports terme absent

courbe isodébit Ingénierie nucléaire/Transport de matières radioactives

Défense/Nucléaire terme absent

dose létale terme absent Chimie-Défense/Nucléaire

terme absent

dose létale moyenne

terme absent Chimie-Défense/Nucléaire

terme absent

dose limite terme absent Défense/Nucléaire terme absent dose maximale admissible

terme absent Défense/Nucléaire terme absent

écran Ingénierie nucléaire/Radioprotection

Tous domaines38

enrichissement Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible

Ingénierie nucléaire

excussion de puissance

Ingénierie nucléaire/Exploitation des réacteurs

Ingénierie nucléaire

facteur d’atténuation

terme absent Défense/Nucléaire terme absent

facteur de transmission de dose

terme absent Défense/Nucléaire terme absent

filière de réacteurs

Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs

Ingénierie nucléaire

fusion thermonucléaire

terme absent Ingénierie nucléaire

gestion de Ingénierie nucléaire/Cycle Ingénierie nucléaire Ingénierie nucléaire

37 Le terme « activité nucléaire » est devenu « activité », donc nous avons affaire à une généralisation. 38 Le terme « écran » est devenu « écran de protection », donc nous avons affaire à une spécification.

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déchets radioactifs

du combustible

neutronographie Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs

Ingénierie nucléaire Ingénierie nucléaire/Neutronique

piscine Ingénierie nucléaire/Exploitation des réacteurs

Ingénierie nucléaire Ingénierie nucléaire

radioprotection Ingénierie nucléaire/Radioprotection

Santé et médecine- Ingénierie nucléaire/Radioprotection

Ingénierie nucléaire-Santé-Médecine

section efficace Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs

Ingénierie nucléaire-Physique

Ingénierie nucléaire/Physique

taux de combustion

Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible Ingénierie nucléaire/Exploitation des réacteurs

Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible-Exploitation des réacteurs

Ingénierie nucléaire/Cycle du combustible-Exploitation des réacteurs

taux de dilution terme absent Défense/Nucléaire terme absent transfert linéique d ‘énergie

Ingénierie nucléaire/Radioprotection

Ingénierie nucléaire Ingénierie nucléaire

zone contrôlée Ingénierie nucléaire/Radioprotection

Ingénierie nucléaire Ingénierie nucléaire

Tableau 33. Synthèse des intitulés de domaines dans le Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (éditions 2000 (SFEN), 2006 (DGLF) et 2007 (SFEN))

Neuf de ces 26 termes39 listés sont absents de l’édition de 2006 où ils correspondraient essentiellement au domaine de la « Défense » et de la « Chimie ». En dehors du terme « ajustement isotopique » régulièrement identifié comme appartenant au domaine de l’« ingénierie nucléaire » sans autre précision, tous, soit 16 termes, sont marqués comme appartenant à un sous-domaine de l’ingénierie nucléaire identifié dans les périmètres de travail de la Commission. Concernant l’édition 2007 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire, neuf termes sont également absents de cette dernière édition. Parmi eux, sept sont communs aux éditions de 2000 et 2007 (« dose létale », « dose létale moyenne », « dose limite », « dose maximale admissible », « facteur d’atténuation », « facteur de transmission de dose » et « taux de dilution »). Deux termes (« activité nucléaire » et « fusion thermonucléaire »), absents de l’édition 2000, apparaissent dès l’édition de 2006 et sont maintenus dans l’édition 2007. Le troisième, « courbe isodébit », présent dans les deux premières éditions, disparaît de l’édition de 2007. Nous ne trouvons également pas de termes, dans l’édition de 2007, qui appartiennent à d’autres domaines que ceux couverts par le périmètre de travail de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire, comme cela était le cas dans l’édition précédente.

39 Soit près de 35%.

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Nous ne trouverons pas, dans les définitions, d’explications supplémentaires sur la variation des domaines : en effet, les termes « activité nucléaire », « chaufferie nucléaire embarquée » et « radioprotection » ont des définitions identiques alors que les domaines ont changé.

3.2 Etudes de cas

Après avoir traité de la variabilité des dénominations concernant les domaines et sous-domaines de données existantes dans le domaine de l’ingénierie nucléaire, nous allons nous tourner vers la variation de quelques termes, tels « réacteur à eau pressurisée », « réacteur à eau sous pression », « nuclide », « nucléide », « surrégénérateur », « surgénérateur », « cendrier » et récupérateur de corium » et tenter d’identifier les raisons de ces variations au travers de phénomènes comme l’anglicisme, l’hypercorrection et le glissement de sens.

3.2.1 « Réacteur à eau pressurisée » ou « réacteur à eau sous pression » : anglicisme, forme concurrente

Comme on peut le lire dans le premier chapitre de ce travail, intitulé « Histoire de l’énergie nucléaire : premiers jalons d’une terminologie », il semblerait que l'utilisation du terme « réacteur à eau pressurisée » soit préférée à celle de « réacteur à eau sous pression ». Pour désigner ce type de réacteur, les ingénieurs ont à leur disposition plusieurs dénominations, qui semblent pouvoir être utilisées indistinctement. Ils emploient très facilement les abréviations « REP » ou PWR (de l'anglais Pressurised water reactor). Ils peuvent aussi désigner ces réacteurs par leur puissance comme un « 900 mégawatts électriques », un « 1 300 mégawatts électriques » ou un « 1 450 mégawatts électriques ». On voit aussi apparaître le terme « N4 » pour désigner un « réacteur à eau sous pression de 1 450 mégawatts électriques ». Pour comprendre ce sigle « N4 », nous avons directement contacté son auteur Jacques Panossian, ingénieur honoraire chez Areva NP et délégué général de la Société française d'énergie nucléaire (SFEN). Après un entretien téléphonique en date du 30 juin 2004, nous avons eu l'explication de la naissance du sigle « N4 ». Areva NP a développé des modèles de réacteurs dont les dénominations étaient « M 310 » pour un « réacteur trois boucles, modèle n° 1 » et « M 320 » pour un « réacteur trois boucles, modèle n°2 ». Jacques Panossian nous a expliqué qu'il y a peu de logique dans le passage de la lettre « M » à la lettre « P ». Il y a eu, parallèlement à ces modèles, le développement de séries de réacteurs en France appelés « paliers », avec les types « P4 » d’une puissance de « 1 300 mégawatts électriques palier quatre boucles » et « P'4 » d’une puissance de « 1 300 mégawatts électriques palier quatre boucles modifié par rapport au précédent ». La nécessité de développer un réacteur de 1 500 mégawatts électriques s'affirmant, il fallait lui trouver une nouvelle dénomination. Jacques Panossian a remarqué qu'entre les lettres « M » et « P », les lettres « O » et « N » n'avaient pas été utilisées. La lettre « O » étant ambiguë, dans la mesure où ce signe pouvait être aussi bien une lettre qu'un nombre. Jacques Panossian a tranché pour la lettre « N », qui pourrait signifier en plus « Nouveau ». Le nom final a

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donc été « N4 », le « 4 » faisant référence au nombre de boucles du réacteur dans un « réacteur à quatre boucles ». La lecture du chapitre intitulé « Les réacteurs à eau sous pression » dans l'ouvrage de Pierre Morvan (Morvan 2004 : 62-74) intitulé Nucléaire. Les chemins de l'uranium, renseigne sur l'évolution de ce terme tout au long du chapitre. En dehors du titre et de l'en-tête de l'ouvrage, la première mention du terme apparaît de la façon suivante : « la filière dite ‘à eau sous pression’ ». Le terme est doublement mis en exergue par l'intermédiaire du participe « dite » et des guillemets. Au paragraphe suivant, on peut lire aussi « cette technologie de ‘réacteurs à eau sous pression’ ». Ensuite, ce type de réacteur est désigné à plusieurs reprises par sa puissance : « 900 mégawatts électriques », « 1 300 mégawatts électriques » et « 1 450 mégawatts électriques », ou encore « réacteurs 900 mégawatts électriques », « réacteurs 1 300 mégawatts électriques » et « réacteurs 1 450 mégawatts électriques ». D’autre part le terme apparaît deux fois sans guillemets et suivi de son abréviation « REP ». L'abréviation « REP » est mentionnée seule, puis le terme « réacteur à eau sous pression » apparaît sans guillemets et fait partie intégrante du texte. Une seule fois dans le chapitre apparaît le terme « réacteur à eau pressurisée », comme légende d'un document dont la source est Areva NP. Dans la revue Areva intitulée Le cycle du nucléaire publiée en mars 2004, seul le terme « réacteur à eau pressurisée » est utilisé. A l’issue d’un entretien avec Gérard Ellia, ingénieur chez Areva NP, il semblerait que ce dernier favorise l'utilisation du terme « réacteur à eau pressurisée ». Notre expert nous a indiqué qu'il le préférait à l’autre. Il l'utilise de la même façon qu'il emploie « réacteurs à eau lourde », comme une sorte de calque. Mais l'emploi de « réacteur à eau sous pression » ne lui pose nul problème. Un interlocuteur peut donc employer l'un ou l'autre terme et il en a la même compréhension. Comment expliquer ces deux emplois ? Il faut savoir que la technologie des « réacteurs à eau sous pression » a été mise au point aux Etats-Unis par Westinghouse qui a vendu la licence concernant les réacteurs à eau sous pression à Areva NP en 1974. Reprenons les propos de Marcel Lebadezet. Il nous a expliqué que le nucléaire est né aux Etats-Unis. Les premiers travaux ont donc tous été écrits en américain puis traduits en français. Le vocabulaire qui va avec la technologie REP n'était pas disponible, il n’existait pas encore en français et a été entièrement traduit de l’anglais. Et comme le disait Marcel Lebadezet, les ingénieurs de l'époque ont dû traduire tous les brevets américains en français en formant de nombreux néologismes. En effet, le plus simple pour traduire pressurised water reactor était « réacteur à eau pressurisée ». Dans les éditions de 1981 et 1982 du Petit Larousse illustré, des planches sur le nucléaire indiquent « chaudière nucléaire à eau pressurisée PWR (Pressurised Water Reactor) », l'abréviation française n'étant pas mentionnée. « Pressuriser » et ses dérivés sont bien attestés en français, comme le dit le Dictionnaire historique de la langue française Le Robert (v. Tableau 34):

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« PRESSURISER, v.tr., emprunt à l'anglais to pressurize, signifie 'mettre à la pression d'air normal' l'intérieur d'un avion, puis d'un véhicule spatial ; il est usuel au participe passé adjectivé PRESSURISÉ, ÉE et, comme PRESSURISATION n.f. emprunt au dérivé anglais pressurization, il est attesté dans les dictionnaires en 1949. Ces anglicismes, bien que critiqués, n'ont pas été remplacés. » Tableau 34. Article « pressuriser », extrait du Dictionnaire historique de la langue française

Ce terme, que ce soit dans Le Petit Robert 2003 ou Le petit Larousse illustré Grand format 2004, apparaît toujours comme un emprunt à l'anglais, et comme un terme spécialisé de l'aviation et du domaine aérospatial. Il apparaît comme terme spécialisé du nucléaire seulement dans le Trésor de la langue française informatisé40, avec la citation de Bertrand Goldschmidt (v. Tableau 35) :

PRESSURISER, verbe trans. Maintenir à une pression normale. (Dict. XXes.). REM. 1. Pressurisé, -ée, part. passé en empl. adj. [En parlant d'un élément ou d'un lieu sujet à des variations de pression] Qui est maintenu à une pression normale, égale à la pression atmosphérique au niveau du sol. Les sociétés d'électricité européennes étaient rebutées par la complexité des clauses à exécuter, et se rendaient compte alors que les réacteurs américains à eau bouillante et eau pressurisée n'étaient pas encore des «réacteurs éprouvés» (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p.161). (…) Prononc.: (…), (…(, (il) pressurise (…). Étymol. et Hist. 1949 (Nouv. Lar. univ.). Empr. à l'angl. to pressurize, dér. de pressure, «pression» (1938 pressurized cabin ds NED Suppl.2). Bbg. CHANSOU (M.). Rech. sur la planification ling. en fr. contemp. thèse, Paris, 1981, pp.121-125. DUB. Dér. 1962, p.57. Tableau 35. Article « pressuriser », extrait du Trésor de la langue française informatisé (TLFi)

Après la consultation41 du Grand Dictionnaire Terminologique élaboré par l'Office québécois de la langue française, nous avons pu compléter nos précédentes remarques. Nous avons relevé cinq définitions pour les requêtes « réacteur à eau sous pression » ou « réacteur à eau pressurisé ». Quatre d’entre elles appartiennent au domaine « physique/réacteur nucléaire » et une au domaine « génie mécanique/moteur » dont voici les extraits (v. Tableau 36 à Tableau 40) :

Tableau 36. Article « réacteur à eau pressurisée », extrait 1 du Grand dictionnaire terminologique

(GDT)

40 Source : http://atilf.atilf.fr/tlfv3.htm, consultation du 01-07-2004. 41 Source : http://www.oqlf.gouv.qc.ca/ressources/gdt_bdl2.html, consultation du 28-06-2004.

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Tableau 37. Article « réacteur à eau pressurisé », extrait 2 du Grand dictionnaire terminologique

(GDT)

Tableau 38. Article « réacteur à eau sous pression », extrait 3 du Grand dictionnaire terminologique

(GDT)

Tableau 39. Article « réacteur à eau sous pression », extrait 4 du Grand dictionnaire terminologique

(GDT)

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Tableau 40. Article « réacteur à eau sous pression », extrait 5 du Grand dictionnaire terminologique

(GDT)

Même si les références ne sont pas très récentes (1978, 1980, 1889, 1992 et 2000), il apparaît clairement que le terme « réacteur à eau pressurisée » est déconseillé à deux reprises (v. Tableau 37 et Tableau 39). De même, dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000, 2006 et 2007), fruit des travaux des Groupes de travail de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire (CSTNIN) et de la Commission générale de terminologie et de néologie (DGLF), le terme « réacteur à eau sous pression » est le seul à posséder une entrée, « réacteur à eau pressurisé » n’étant pas indiqué dans l’article comme déconseillé. On soulignera que ce terme est paru dès les publications des listes du Journal Officiel J.O. du 27-12-1989 et du 22-09-2000. Le sigle REP, quant à lui, possède sa propre entrée uniquement dans les éditions 2000 et 2007 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire. Pour conclure, on retiendra que le terme « réacteur à eau sous pression » est préférable à son synonyme « réacteur à eau pressurisée ». Même si les organismes officiels recommandent le premier terme, les deux peuvent être utilisés indistinctement et nous pouvons dire, dans ce cas précis, que nous avons affaire à de la synonymie totale.

3.2.2 « Nuclide » et « nucléide » : anglicisme, forme suppléante

Ce deuxième exemple a les mêmes caractéristiques que l’exemple portant sur les synonymes « réacteur à eau sous pression » et « réacteur à eau pressurisé », à savoir que le terme « nuclide » est un anglicisme qui s’est introduit dans la langue de spécialité de l’ingénierie nucléaire avant d’être remplacé par le terme français « nucléide ». La consultation du Grand dictionnaire terminologique42 propose les neuf articles suivants avec la requête « nucléide » (v. Tableau 41 à Tableau 48) :

42 Consultation du 18-09-2004.

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Tableau 41. Article « nucléide », extrait 1 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

Tableau 42. Article « nucléide », extrait 2 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

Tableau 43. Article « nucléide », extrait 3 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

Tableau 44. Article « nucléide », extrait 4 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

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Tableau 45. Article « nucléide », extrait 5 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

Tableau 46. Article « nucléide », extrait 6 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

Tableau 47. Article « nucléide », extrait 7 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

Tableau 48. Article « nucléide », extrait 8 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

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Aucun « emploi déconseillé » n’est relevé dans l’ensemble des neuf articles et la forme « nuclide » n’est relevée que dans l’acception en anglais. Notons toutefois qu’une nouvelle consultation43 des articles attestant « nucléide » dans le Grand dictionnaire terminologique permet de relever cette forme comme « variante graphique » ou comme « quasi-synonyme » pour les domaines « médecine » et « photographie ». Les usages du terme « nuclide » ne semblent pas aussi tranchés si l’on s’intéresse aux données des trois éditions (2000, 2006 et 2007) du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (v. Tableau 49 à Tableau 52). Doublement déconseillé dans l’édition de 2000, le terme « nuclide » reste systématiquement « à proscrire » dans les trois éditions comme le montrent trois des quatre extraits suivants :

nucléide, n.m. Domaine : Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs. Définition : Matière constituée d’atomes dont les noyaux sont identiques, ayant donc même numéro atomique et même nombre de masse. Note : L'emploi de l'anglicisme « nuclide » est à proscrire. Anglais : nuclide. Liste 3 – Adoption CSTNIN du 18/11/1999.

Tableau 49. Article « nucléide », extrait du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

nuclide, n.m. Domaine : Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs. Note : Anglicisme dont l'emploi est à proscrire. Voir : nucléide. Liste 3 - Position CSTNIN du 06/11/199844.

Tableau 50. Article « nuclide », extrait du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (2000, 200745) (SFEN)

nucléide, n.m. Domaine : Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs. Définition : Espèce nucléaire caractérisée par son nombre de masse et son numéro atomique. Note : 1. Un nucléide peut aussi être caractérisé par son état d'énergie nucléaire, sous réserve que la vie moyenne dans cet état soit assez longue pour pouvoir être observée. 2. L'emploi de l'anglicisme « nuclide » est à proscrire. Equivalent étranger : nuclide. Liste 4 - Transmis à l'Académie française le 29/11/2003.

Tableau 51. Extrait des travaux de la Commission ministérielle de l’ingénierie nucléaire

43 En date du 4-07-2011. 44 Terme rejeté. 45 Article absent dans l’édition de 2006 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (DGLF).

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nucléide, n.m. Domaine : Ingénierie nucléaire/Physique des réacteurs. Définition : Espèce nucléaire caractérisée par son nombre de masse, son numéro atomique et son état d’énergie nucléaire. Equivalent étranger : nuclide. Source : Journal officiel du 21 septembre 2005.

Tableau 52. Article « nucléide », extrait du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (2006 (DGLF), 2007 (SFEN))

Comme pour l’exemple précédent, le terme « nuclide » est déconseillé car il reprend tout simplement le terme anglais. Mais à la différence du terme « réacteur à eau pressurisé » qui reste encore largement en usage, le terme « nuclide » tend à « s’effacer » plus rapidement des usages.

3.2.3 « surrégénérateur » et « surgénérateur » : hypercorrection délaissée

Le troisième exemple concerne la technologie des réacteurs à neutrons rapides (déjà évoqué au paragraphe 1.3.8.1). Issu de l’anglais breeder, le terme « pile couveuse » proposé par Lew Kowarski ne s’est jamais implanté (v. paragraphe 1.8). La consultation46 du Trésor de la langue française informatisé nous donne de précieuses informations quant à l’emploi de ces deux termes qui apparaissent sous une seule entrée (v. Tableau 53) :

46 Consultation du 9-08-2004.

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SURGÉNÉRATEUR, SURRÉGÉNÉRATEUR, -TRICE, adj. et subst. masc. ÉN. NUCL. A. Adj. et subst. masc. Réacteur surgénérateur, surrégénérateur; pile surgénératrice, surrégénératrice et, p. ell. de réacteur, surgénérateur, surrégénérateur, subst. masc. ,,Réacteur produisant plus de matière fissile qu'il n'en consomme`` (MUSSET-LLORET 1964); p. méton. (surtout en empl. subst.), centrale équipée de ce type de réacteur. La France envisage (...) de lancer un programme de réacteurs surgénérateurs vers 1970 (Le Monde, 29 mai 1966, p. 16, col. 6). Les hommes disposeront d'énergie en quantité illimitée quand les piles surgénératrices seront au point (P. SUDREAU, L'Enchaînement, 1967, p. 50). [La grande marche] qui conduira les écologistes, cet été, de Malville, où se construit le surrégénérateur Superphénix, au Larzac (L'Express, 11 juill. 1977, p. 49, col. 1). B. Adjectif 1. [En parlant d'une centrale] Qui fonctionne avec ce type de réacteur. Pour fournir aux centrales surgénératrices leur première charge de combustible, il faudra disposer de plutonium (L'Express, 28 oct. 1968, p. 50). 2. Rare. Relatif à ce type de réacteur, de centrale. [La France] seul pays occidental en proie à la fièvre surrégénératrice (Le Sauvage, 1er juill. 1977, p. 62, col. 3). Rem. Le terme surgénérateur tend actuellement à être préféré à surrégénérateur. REM. Surgénération, surrégénération, subst. fém., én. nucl. Processus selon lequel un réacteur dit surrégénérateur produit plus de matière fissile qu'il n'en consomme (d'apr. Nucl. 1964). Si la technique de la surrégénération est au point (...), elle est dangereuse (Le Point, 22 août 1977, p. 5, col. 2). Reste 6 pour cent de Pu [plutonium] issu de la surgénération (Le Sauvage, mars 1980, p. 74, col. 1). Prononc. et Orth.: (…), [syRR(…)-], fém. (…). Étymol. et Hist. 1. 1960 pile surrégénératrice (Lar. encyclop., s.v. Breeder); 1966 subst. masc. (Le Figaro, 2 déc. ds GILB. 1980); 1967 réacteur surrégénérateur (Science et vie, no 593, p. 50 ds ROB. Suppl. 1970); 2. 1966 surgénérateurs subst. (Le Monde, 10 mai ds GILB. 1980); 1967 adj. fém. plur. (P. SUDREAU, loc. cit.). Formé de sur-* et (ré)générateur*. Bbg. BLOCHW.-RUNK. 1971, p. 104 (s.v. surgénérateur). Dossiers de mots. Néol. Marche. 1976, no 1, p. 88.

Tableau 53. Article « surgénérateur », extrait du Trésor de la langue française informatisé (TLFi)

Le relevé des termes en fonction des dates d’attestation47 dans l’article extrait du Trésor de la langue française (TLFi) (v. Tableau 53) procure les résultats suivants (v. Tableau 54) :

47 v. aussi Musset & Lloret (1964) et Charles (1960).

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Date Terme 1960 « pile surrégénératrice » 1964 ou antérieur

« surgénérateur », « réacteur surgénérateur » « surrégénérateur », « réacteur surrégénérateur »

1966 « surrégénérateurs » « réacteurs surgénérateurs »

1967 « réacteur surrégénérateur » « surgénérateurs » « piles surgénératrices »

1968 ou antérieur

« centrales surgénératrices »

1970 ou antérieur

« réacteur surrégénérateur »

1977 ou antérieur

« surrégénérateur » « fièvre surrégénératrice » « surrégénération »

1980 ou antérieur

« surgénération »

Tableau 54. Synthèse attestation emploi des termes « surrégénérateur » et « surgénérateur (TLFi)

Les fréquences d’attestation pour les deux termes sont presque identiques avec neuf emplois pour le terme « surrégénérateur » et ses dérivés et sept emplois pour le terme « surgénérateur » et ses dérivés. Nous notons tout de même une préférence d’emploi pour le terme « surgénérateur » par rapport à « surrégénérateur ». La consultation48 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT) renseigne sur les deux termes de la même façon que le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) dont voici les extraits (v. Tableau 55 à Tableau 58) :

Tableau 55. Article « surgénérateur », extrait 1 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT)

48 Source : http://www.oqlf.gouv.qc.ca/ressources/gdt_bdl2.html, consultation du 9-08-2004.

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Tableau 56. Article « surrégénérateur », extrait 2 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT)

Tableau 57. Article « surgénérateur », extrait 3 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT)

Tableau 58. Article « réacteur surrégénérateur », extrait 4 du Grand Dictionnaire Terminologique

(GDT)

Faisant l’objet d’une entrée dans l’édition 2000 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (SFEN), le terme « surrégénérateur » n’apparaît plus qu’en note dans les éditions 2006 (DGLF) et 2007 (SFEN) du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire.

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Partout il est indiqué comme étant déconseillé : « terme déconseillé » en 2000 puis « terme à déconseiller ». Le terme « surrégénérateur » tend à disparaître des usages mais les raisons n’en sont données à aucun moment. Nous voyons deux raisons pour le refus de ce terme. La première relève de raisons phonétiques dans la difficulté de prononciation. La deuxième raison est d’ordre morphologique ; les deux préfixes « sur- » et « re- » du substantif « surrégénérateur » jouent un rôle identique dans la signification du nouveau terme à travers l’expression de la répétition comme en atteste le Trésor de la langue française (TLFi)49 avec « « exprime la répétition » pour le préfixe « re- » et « opération répétée » pour le préfixe « sur- ».

3.2.4 « cendrier » et « récupérateur de corium » : glissement de sens

Dans ce dernier exemple, nous avons affaire à la création d’un néologisme. Le terme « cendrier », initialement utilisé pour les réacteurs à neutrons rapides (v. premier chapitre, paragraphe 1.3.8.1), est né avec le retour d'expérience suite aux deux accidents les plus graves du nucléaire : Three Mile Island le 28 mars 1979 et Tchernobyl le 26 avril 1986. Notons que l’accident de Fukushima50, troisième accident le plus grave de l’histoire du nucléaire, survenu le 11 mars 2011, marquera une nouvelle étape dans l’évolution de la terminologie de l’ingénierie nucléaire. Cet accident est encore trop récent pour permettre de relever des éléments d’évolutions terminologiques à l’heure de la rédaction de ce travail. Lors de l’accident de Three Miles Island (Maillard 2000), le réacteur n°2 de type REP d'une puissance de 900 mégawatts électriques est le siège d'une fusion partielle du cœur et d'une contamination importante à l'intérieur de l'enceinte de confinement. Cet accident est le résultat d'une accumulation de défaillances matérielles et d'erreurs d'interprétation. En premier lieu, ce sont la fermeture incomplète de la vanne de décharge du pressuriseur puis l'arrêt prématuré, par les trois opérateurs, de l'injection de secours et des pompes primaires destinées à refroidir le cœur, en raison des difficultés d'interprétation des données dont ils disposaient, qui sont à l’origine de l’accident. Les rejets radioactifs n'ont pas affecté les populations ni l'environnement. Ils ont été limités par la bonne tenue de l'enceinte de confinement, qui a montré ici toute son importance en termes de sûreté nucléaire. L'accident est classé au niveau 5 de l'échelle INES. C’est le fond de l’enceinte de confinement qui, en ayant joué le rôle de réceptacle et retenu le cœur en fusion, donnera naissance au nouveau concept de « récupérateur de corium » avec la définition suivante (v. Tableau 59) pour le terme « corium » :

49 Consultation du 9-08-2004. 50 Accident classé de niveau 7 sur l’échelle INES, comme l’accident de Tchernobyl.

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corium, n.m. Domaine : Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs. Définition : Amas de combustibles et d'éléments de structure du cœur d'un réacteur nucléaire, fondus et mélangés, pouvant se former en cas d'accident grave. Voir aussi : accident grave. Equivalent étranger : corium. Liste 4 - Transmis à l'Académie française le 29/11/2003.

Tableau 59. Article « corium », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire mis à jour en 2004

C’est suite à cet accident que les termes « cendrier » et « récupérateur de corium » sont ainsi entrés en concurrence. D’après la lecture de l'article dans le Dictionnaire historique de la langue française (Le Robert), le « cendrier » « désigne la partie du fourneau où tombent les cendres (1611), au XIXe siècle dans une locomotive à vapeur et, couramment, le récipient où les fumeurs font tomber la cendre de tabac (d'abord cendrier de fumeur, 1890) ». Dans le Trésor de la Langue Française (TLFi)51, le « cendrier » est défini comme un « tiroir, placé sous le foyer, où tombe la cendre ». Le terme de « cendrier » a fait l’objet de quelques échanges au sein de la commission de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire (v. Tableau 60).

cendrier, n.m. Domaine : Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs. Synonyme : récupérateur de corium. Définition : Dispositif se trouvant sous le cœur d'un réacteur nucléaire, destiné en cas d'accident à récupérer le corium et à en faciliter le refroidissement. Equivalent étranger : core catcher. Liste 4 – Avis réservé Académie française 01/03/2004

Tableau 60. Article « cendrier », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire mis à jour en 2004

Il s’est ensuite, et très sérieusement posé la question d’introduire le terme « récupérateur de corium » qui semblait mieux adapté, avec, comme forme abrégée, « récupérateur », et comme synonyme « cendrier ». Le Dictionnaire historique de la langue française donne, pour « récupérateur » cette définition : « De nos jours, le mot s'emploie techniquement comme nom (masculin) d'une machine destinée à utiliser des résidus de matières ou d'énergie (1888) ». La consultation du Grand dictionnaire terminologique (GDT)52 propose les résultats suivants (v. Tableau 61 et Tableau 62) :

51 Consultation du 18-09-2004. 52 Consultation du 18-09-2004.

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Tableau 61. Article « récupérateur », extrait 1 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT)

Tableau 62. Article « récupérateur », extrait 2 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT)

Malgré les premières attestations dans le Grand dictionnaire terminologique (GDT), l'usage de « récupérateur » n'est pas complètement fixé dans le domaine de l'ingénierie nucléaire. Cependant, des emplois divers sont relevés dans plusieurs textes portant sur le nucléaire, le terme « cendrier » étant, quant à lui, complètement absent des usages relevés. Le « Programme international majeur de recherche en sûreté nucléaire : Phébus PF (Produits de Fission) » (Phébus PF 2003, 2004), mené à Cadarache par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) en juin 2003, est un important programme de recherche en sûreté des centrales électronucléaires dans le monde, et a fait l’objet d’un dossier de presse. Ce programme fait état d'une vaste collaboration internationale réunissant la plupart des pays utilisant l'énergie nucléaire pour produire l'électricité. Après la lecture du rapport, on constate qu’aucune mention des termes « cendrier » ou « récupérateur de corium » n’est faite si ce n’est au travers de périphrases ou de reformulations désignant soit le contenu, soit le contenant, avec « bain de corium », « bain de quelques kilogrammes de combustible », « lit de débris » et « un tiers s’écoule vers le fond de cuve ». Voici les quatre extraits :

« Cet essai a conduit à un état de dégradation du combustible d'essai qui n'avait jamais encore été atteint expérimentalement (liquéfaction de près de la moitié du combustible et formation d'un bain de corium, situation comparable à celle observée lors de l'accident de la centrale de Three Mile Island aux Etats-Unis en 1979). »

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« La puissance du réacteur Phébus est progressivement augmentée jusqu'à atteindre l'état de dégradation de l'assemblage recherché (formation d'un bain de quelques kilogrammes de combustible). » « L'expérience FPT-4 s'est attachée à étudier plus particulièrement les relâchements de produits de fission peu volatils (baryum, molybdène, ruthénium) et d'actinides (uranium, neptunium, américium) à partir d'un ‘lit de débris’ de combustible irradié, chauffé jusqu'à la formation d'un bain de combustible fondu. La formation d'un tel lit de débris, observée lors de l'accident de Three Mile Island, pourrait résulter d'une tentative de renoyage du cœur. » « La moitié du cœur fond, formant un bain de 60 tonnes de corium (mélange provenant de la fusion des composants du cœur : oxyde d'uranium, acier, zircoloy, etc…) dont un tiers s'écoule vers le fond de cuve où il se resolidifie. »

Dans l'ouvrage de Bertrand Barré53, nous avons relevé les termes « réservoir interne à l'enceinte » ou encore « zone dédiée à l'étalement et au refroidissement du corium avec dispositif passif de noyage et protection réfractaire du béton de structure. » (Barré 2003) Dans la brochure d’Areva de mars 2003 intitulée EPR, un choix stratégique, on trouve le terme « zone protégée dans un revêtement réfractaire » dans la phrase suivante :

« A l'intérieur de l'enceinte est aménagée une zone protégée par un revêtement réfractaire. C'est là qu'en cas de fusion du cœur, la partie du cœur fondu qui pourrait s'échapper de la cuve serait recueillie et refroidie ».

Dans une deuxième édition de la même brochure près d’un an plus tard (février 2004), on trouve cette fois le terme « compartiment spécifique », dans l’extrait suivant :

« toute portion du cœur fondu s'échappant de la cuve serait recueillie et contenue (dispositions passives), puis refroidie, dans un compartiment spécifique situé à l'intérieur de l'enceinte de confinement ».

Enfin, sur les Cd-roms de présentation de l'EPR d’Areva, on trouve deux termes pour la même notion : « réceptacle réfractaire de corium », en légende d’un schéma, et « compartiment spécifique », dans l’extrait suivant :

« La protection accrue contre les accidents graves est l'un des points forts de l'EPR. Ainsi, en cas de fusion du cœur, de probabilité extrêmement faible, le bâtiment réacteur est équipé d'un compartiment spécifique destiné à recueillir et à refroidir la partie du cœur fondu qui pourrait s'échapper de la cuve ».

Dans la version en anglais de cette même présentation, le terme utilisé est corium retention area. Le terme « cendrier », utilisée au départ pour les réacteurs rapides, a été remplacée par le terme « récupérateur de corium ». 53 Tout sur l’énergie nucléaire, d’atome à zirconium, éd. Areva, 2003.

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Si dans l’édition 2000 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire, l’article « récupérateur de corium » a renvoyé vers l’article « cendrier » (v. Tableau 63), la tendance s’est complètement inversée dans l’édition 2007 de ce vocabulaire (v. Tableau 64 et Tableau 65) :

récupérateur de corium Domaine : Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs. Voir : cendrier. Liste 4 - Transmis à l'Académie française le 29/11/2003.

Tableau 63. Article « récupérateur de corium », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire mis à jour en 2004

cendrier Domaine : Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs. Voir : récupérateur de corium. J.O. du 21 septembre 2005. Tableau 64. Article « cendrier », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire édition 2007

(SFEN)

récupérateur de corium Domaine : Ingénierie nucléaire/Technologie des réacteurs. Synonyme : cendrier, n. m. Définition : Dispositif se trouvant sous le cœur d’un réacteur nucléaire et destiné, en cas d’accident, à récupérer le corium et à en faciliter le refroidissement. Equivalent étranger : core catcher J.O. du 21 septembre 2005.

Tableau 65. Article « récupérateur de corium », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire édition 2007 (SFEN)

Le terme « cendrier », initialement utilisé pour une autre technologie que celle des réacteurs à eau sous pression, ne se maintiendra pas dans les usages. Devant ce besoin de nommer un nouveau concept, nous sommes donc face à un grand nombre de variantes terminologiques (« cendrier », « récupérateur », « récupérateur du cœur », « récupérateur de corium », « réservoir interne à l’enceinte », « zone protégée par un revêtement réfractaire », « compartiment spécifique » et « réceptacle réfractaire de corium ») qui sont un très bon indicateur de la création d’un néologisme.

3.2.5 Termes devenus obsolètes

Nous entendons par « obsolète » tout terme « qui n’est plus en usage ; tombé en désuétude »54 quelle qu’en soit la raison, et appelons « marque d’obsolescence » par extension, ce qui incite à rendre un terme obsolète, soit ce qui cherche à en réduire l’usage. Au travers d’un corpus de termes sélectionnés dans l’édition 2006 du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (DGLF), nous voudrions comprendre les raisons d’obsolescence d’un terme.

54 Consultation du TLFi en date du 4-06-2011.

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Sur un total de 213 termes, on relève dans les notes des articles des termes marqués comme étant obsolètes. Ils sont au nombre de 23, en voici la liste (v. Tableau 66) :

Termes obsolètes Termes recommandés Marque d’obsolescence barre de contrôle barre de commande « est déconseillé » couverture interne couverture fertile « est déconseillée » Criticalité criticité « ne doit pas être utilisé » dose effective dose efficace « est impropre » dose équivalente équivalent de dose « est obsolète » coque de transport emballage extérieur de matières

radioactives « est à éviter »

stockage intérimaire entreposage de déchets radioactifs

« est déconseillé »

stockage provisoire entreposage de déchets radioactifs

« est déconseillé »

stockage temporaire de déchets radioactifs

entreposage de déchets radioactifs

« est déconseillé »

groupe critique groupe de référence « est obsolète » îlot conventionnel îlot classique « est déconseillé » demi-vie période d’un nucléide radioactif « est impropre » poison nucléaire poison neutronique « à déconseiller » marge de sécurité par rapport à l’ébullition critique

rapport de flux thermique critique

« est déconseillé »

marge de sécurité par rapport à la crise d’ébullition

rapport de flux thermique critique

« est déconseillé »

marge de sécurité par rapport au flux de caléfaction

rapport de flux thermique critique

« est déconseillé »

réacteur thermique réacteur à neutrons thermiques « est déconseillé » surrégénérateur surgénérateur « à déconseiller » sur-génération surgénération « à déconseiller » régénération surgénération « à déconseiller » surrégénération surgénération « à déconseiller » coefficient de disponibilité en énergie

taux de disponibilité en énergie « à éviter »

qualité de la vapeur titre en vapeur « est déconseillé » Tableau 66. Liste des termes « obsolètes » relevés dans le Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire

(édition 2006) (DGLF)

La première lecture du tableau ci-dessus (v. Tableau 66) fait tout de suite ressortir la diversité des marques d’obsolescence. Elles sont au nombre de sept, avec : « est déconseillé », « ne doit pas être utilisé », « est impropre », « est obsolète », « est à éviter », « à déconseiller » et « à éviter ». Malgré une certaine difficulté de lecture devant la variété de ces marques, on pourrait penser que cette diversité introduit une gradation d’obsolescence des termes. En effet, l’obsolescence des termes, effective ou recherchée, marque deux catégories d’unités :

• les anglicismes avec des termes qui sont des calques de l’anglais

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Exemple : Le terme « criticalité », qui est un calque du terme anglais criticality qui ne doit pas être utilisé, et auquel on préfère l’usage de « criticité » qui respecte la morphologie du français

• la précision scientifique Exemple : Le terme « poison neutronique » est plus précis que le terme « poison nucléaire » car la « substance qui, introduite ou produite dans un réacteur nucléaire, contrarie la réaction de fission en chaîne », concerne les neutrons et non le noyau comme l’exprime l’adjectif « nucléaire ». Malgré ces précisions très intéressantes mentionnées dans l’ensemble du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire, les différentes marques d’obsolescence ne sont pas le reflet des différentes catégories. Concernant les anglicismes, ils sont mentionnés de différentes matières, sans la possibilité de les retracer, avec des mentions éparses qui reflètent différents niveaux de recommandations comme « ne doit pas être utilisé » ou « impropre ». On aimerait une catégorisation plus précise. Il est dommage de perdre ces informations. Ce sont, en effet, ces explications précieuses qui peuvent permettre au linguiste désireux de tracer l’évolution d’une langue de spécialité de mieux comprendre le domaine. Sans l’aide des experts du domaine, toujours désireux de faire comprendre l’ingénierie nucléaire - et le nucléaire plus largement - et généreux en explications, c’est presque une quête perdue d’avance. Notons enfin que ces variations marquent une forte volonté de la part des experts du domaine, une grande rigueur scientifique plutôt qu’un désir de « cacher » des informations.

3.3 Comment un vocabulaire de spécialité emprunte au langage courant55 ?

Nous présenterons les corpus de travail de l'étude puis nous nous situerons par rapport aux notions de langue générale et de langue de spécialité afin de situer l'analyse. Ensuite, nous analyserons quelques termes issus de la langue commune dont la signification s’est spécialisée. Nous nous attacherons à comprendre comment les termes issus de la langue générale se spécialisent au travers d'un contexte spécialisé, et à déterminer le niveau de spécialisation d'un domaine. Ceci nous conduira à expliquer les moteurs et les motivations de la spécialisation d'un terme dans un domaine de spécialité et enfin, à mettre en exergue la nécessaire vigilance qu'il faut garder vis-à-vis de termes issus de la langue générale qui peuvent, par ailleurs, se spécialiser et faire partie d'un vocabulaire de spécialité.

55 Cette étude a fait l’objet de la publication suivante : Calberg-Challot Marie (2007) : « Quand une langue de spécialité emprunte au langage courant : le nucléaire, étude de cas », John Humbley éd., Cahier du CIEL 2007-2008 « Aspects de la recherche en langues de spécialité », Université Paris VII, UFR EILA, pp. 71-85.

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3.3.1 Présentation du cadre de travail

3.3.1.1 Présentation du domaine de travail

Ce travail a porté sur deux corpus. Le premier, nommé par la suite « Corpus de la CSTNIN », a trait au vocabulaire du domaine de l'ingénierie nucléaire au sens le plus large alors que le second, « Corpus du sous-domaine du Combustible », est représentatif du vocabulaire d'un sous-domaine, celui du Combustible de l'ingénierie nucléaire d'Areva NP (Coppolani et al. 2004 : 43-75). En effet, le Corpus de la CSTNIN touche au vocabulaire du domaine de l'ingénierie nucléaire en général et représente un ensemble de termes et expressions étudiés par les groupes de travail de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire (CSTNIN). Le second corpus est consacré au sous-domaine du Combustible pour l'ingénierie nucléaire d'Areva NP. Il constitue un sous-ensemble d'un domaine plus vaste, le domaine technique de l'ingénierie nucléaire. Ce corpus est constitué de textes techniques relatifs à la conception des assemblages de combustible dans le sous-domaine du Combustible. Il recueille des documents ayant trait à la reconfiguration du processus de conception des assemblages de combustible destiné à réduire les coûts de conception et de fabrication, ainsi que le délai de mise sur le marché d'un produit nouveau ou d'une solution innovante (Calberg-Challot et al. 2008 ; v. aussi paragraphe 6.2). Constitué en vue d'un projet d'extraction de termes candidats, il a été mené à la Direction « Conception et Ventes du Combustible » d'Areva NP. La conception, la fabrication et le développement d'assemblages du combustible et des éléments qui lui sont associés sont réalisés de façon coordonnée en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Le corpus porte uniquement sur les documents techniques émis en français. La conception, première opération dans le cycle de vie d'un assemblage de combustible, fait intervenir des techniques avancées dans des domaines comme la mécanique, la thermohydraulique, la physique des réacteurs, la chimie, la science des matériaux. L'amélioration des performances et l'adaptation permanente aux usages spécifiques sont soutenues par le département de la R&D56 relative à un parc important de réacteurs (Calberg-Challot et al. 2008). Après avoir exposé le domaine de travail et le vocabulaire sur lequel porte cette étude, nous abordons les notions de langue générale et de langue de spécialité.

3.3.1.2 Langue générale et langue de spécialité

En ce qui concerne la langue générale, prise dans le sens de langue commune, Maria Teresa Cabré la décrit de la façon suivante :

« Une langue donnée est donc constituée par un ensemble diversifié de sous-codes que le locuteur emploie en fonction de ses modalités dialectales et qu'il sélectionne en fonction de ses besoins d'expression et selon les caractéristiques de chaque situation de communication.

56 R&D : Recherche et développement.

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Cependant, au-delà de cette diversité foisonnante, toute langue possède un ensemble d'unités et de règles que tous ses locuteurs connaissent. Cet ensemble de règles, d'unités et de restrictions qui font partie des connaissances de la majorité des locuteurs d'une langue constitue ce qu'on appelle la langue commune ou générale. » (Cabré 1998 : 115).

Nous pouvons aussi préciser cette définition en ajoutant que la langue générale est un :

General reservoir on which the LSP's of various special areas draw [un réservoir général où puisent les différentes langues de spécialité] (Pitch et Draskau 1985 : 3).

En effet, les langues de spécialités ne sont pas à dissocier de la langue générale car elles en font partie intégrante. Elles utilisent le même système de règles en syntaxe et en grammaire et ne font qu'une en ce sens. C'est au niveau sémantique que se note la distinction et c'est au niveau du vocabulaire que l'analyse doit être menée.

« Une langue spécialisée ne se réduit pas à une terminologie : elle utilise des dénominations spécialisées (les termes), y compris des symboles non linguistiques, dans des énoncés mobilisant les ressources ordinaires d'une langue donnée. On peut donc la définir comme l'usage d'une langue naturelle pour rendre compte techniquement de connaissances spécialisées. » (Lerat 1995 : 21)

Nous envisageons ainsi la langue de spécialité comme un sous-ensemble de la langue générale et donc le vocabulaire de spécialité comme le continuum du vocabulaire de la langue générale. En effet, les

« cellules, à la fois professionnelles et langagières, ne sont pas entourés d’une membrane rigoureusement perméable » (Cottez 1994 : 14).

3.3.1.3 Langue spécialisée ou langue de spécialité ?

Nous préférons la dénomination de « langue de spécialité » à celle de « langue spécialisée ». Pierre Lerat dit dans son ouvrage intitulé « Les langues spécialisées » que :

« La dénomination de langue de spécialité souffre d'induire une fragmentation et une marginalisation qui sont contre-intuitives. » (Lerat 1995 : 19)

La langue spécialisée serait en effet la langue générale qui se spécialise mais la dénomination reste très vague. La langue de spécialité mobilise, pour l'usage, les connaissances de la langue générale et en ce sens, il existe bien un continuum entre la langue générale et la langue de spécialité. Malgré tout il subsiste une zone d'ombre pour toute personne extérieure à la communauté d'experts utilisant cette langue de spécialité, à savoir la connaissance et le savoir. Même si les experts parlent la même langue que les autres, les connaissances que véhiculent leurs discours n'en sont pas pour autant plus accessibles. C'est pour cette raison, à cause de cette séparation des connaissances et des savoirs, que nous préférons parler de la notion de « langue de spécialité ».

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Et, de même que nous préférons parler de langue « de spécialité », nous dirons que le présent paragraphe traite plus précisément d'un « vocabulaire de spécialité ». Aussi retiendrons-nous la définition du dictionnare de Dubois et al. donnée à l’article « spécialité » :

« On appelle langue de spécialité un sous-système linguistique tel qu'il rassemble les spécificités linguistiques d'un domaine particulier. En fait, la terminologie, à l'origine de ce concept, se satisfait très généralement de relever les notions et les termes considérés comme propres à ce domaine. Sous cet angle, il y a donc abus à parler de langue de spécialité, et vocabulaire spécialisé convient mieux. » (Dubois 1994 : 440)

Bernard Quemada argumente aussi en ce sens lorsqu'il écrit :

« La linguistique descriptive (…) condamne les désignations de ‘langue’ technique et scientifique qui sont également impropres. Il convient plutôt de parler de ‘vocabulaires’, s'agissant d'emplois particuliers du français et de ses variétés qui font appel, pour la prononciation, la morphologie et la syntaxe, au fonds de la langue commune, caractère à partir duquel notre analyse établit des rapports fonctionnels mais non hiérarchisés. » (Quemada 1978 : 1153)

Parlant dans une autre citation de la « langue de spécialité », nous ne sommes pas moins d'accord avec Georges Mounin qui qualifie ainsi la langue de spécialité :

« Au sens propre il n'existe pas de langue du droit en soi mais seulement, à l'intérieur de la langue française, un vocabulaire du droit, et sans doute quelques tours syntaxiques spécifiques. » (Mounin 1995 : 13)

et avec Ad Hermans qui définit les vocabulaires techniques et scientifiques comme :

« des vocabulaires associés à des domaines de la vie sociale, in casu les sciences et techniques qui fonctionnent avec une certaine indépendance par rapport à d’autres domaines » (Hermans 2000 : 79).

Après avoir introduit les notions de « langue générale » et de « langue de spécialité », nous pourrons donc clairement centrer cette étude sur un « vocabulaire de spécialité » et ici relatif à l'ingénierie nucléaire. Comment passe-t-on de la langue générale à une langue de spécialité et plus particulièrement au vocabulaire de spécialité ? Que se passe-t-il entre les différents sous-domaines dans une même langue de spécialité ? Plusieurs éléments font que l’on distingue le vocabulaire de la langue commune et celui de la langue de spécialité. Toutefois, nous nous intéressons plus particulièrement aux termes du vocabulaire de la langue générale qui se sont spécialisés.

• Comment le relève t-on ? • Par quelles caractéristiques se rattache-t-il à la langue générale • Comment est-il accueilli par les spécialistes et par les non-spécialistes ?

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C'est à ces questions que nous tenterons de répondre au travers de l'étude de divers exemples du domaine de l'ingénierie nucléaire, après avoir présenté nos corpus de travail.

3.3.2 Les corpus de travail

Comme nous l'avons précédemment évoqué, deux corpus de travail ont servi à la présente étude. Le premier est issu de travaux de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire (CSTNIN) et le deuxième corpus est une liste de termes issus de textes du sous-domaine Combustible de l’ingénierie nucléaire d’Areva NP.

3.3.2.1 Le Corpus de la CSTNIN

Le Corpus de la CSTNIN représente une liste de 535 termes. Ces termes sont issus des « vocabulaires officiels » avec des définitions. Nous avons uniquement conservé pour ce travail les termes et expressions et n'avons pas tenu compte du statut, de l'état d'avancement ni de la définition de chaque terme. Ce corpus est le reflet de travaux de certains groupes de travail de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire (CSTNIN). Bien qu'une nouvelle édition actualisée et enrichie d’un lexique anglais-français soit parue en 2007, l'étude s'appuie sur une liste de termes issue de l'édition papier du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire publiée en 200057. Tous les termes de ce vocabulaire ne sont pas nécessairement validés par l'Académie française, mais chaque terme est suivi de son statut précisant l'état d'avancement de l'article au sein de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire (Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire 2000 (SFEN) : 6). Ces termes couvrent le domaine de l'ingénierie nucléaire dans son ensemble et sont étudiés dans le cadre du traitement de la néologie et des anglicismes dans le domaine de l'ingénierie nucléaire, les commissions officielles de terminologie se chargeant volontiers de lutter contre les mots anglais, comme nous avons déjà pu le donner à entendre plus haut. Ce travail est donc le reflet d'une pratique terminologique.

3.3.2.2 Le Corpus du sous-domaine du Combustible

Le Corpus du sous-domaine du Combustible est, quant à lui, un corpus de référence, une collection d’écrits dus aux ingénieurs pour les ingénieurs de ce même sous-domaine.

57 Ce vocabulaire a été coordonné par Xavier Dumont avec la collaboration de Catherine Andrieux.

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Choisi par les experts comme représentatif de leur activité et de leur pratique, sans recours à des critères systématiques quant à ces choix (Branca-Rosoff 1999 : 5 et 17), ce corpus est, par ailleurs, récent et donc important pour l’observation de la néologie. Composé de vingt textes, le Corpus du sous-domaine du Combustible comporte 199 222 occurrences-mots. Cet ensemble a d'abord été traité en vue d'une compatibilité avec le logiciel Syntex (Bourigault et al. 2005 ; Bourigault 2007). De cet ensemble, 18 202 syntagmes nominaux ont été extraits et 5 117 noms. Seuls 922 termes ont été retenus à l'issue d'une première sélection réalisée par un expert. D’autres travaux ont été menés à la suite de cette étude et de nouvelles sélections plus fines ont été réalisées (Calberg-Challot M., D. Candel et C. Roche 2007, Calberg-Challot et al. 2008). Cette démarche de validation par divers experts est importante pour les ingénieurs et experts du sous-domaine du Combustible comme pour les chercheurs en linguistique.

3.3.2.3 Comparaison des deux corpus retenus

Les deux corpus que nous avons retenus pour cette étude n'ont pas le même niveau de spécialisation. Nous avons pris en compte, pour comparer les niveaux de spécialisation des corpus, les notions de « lexie simple » et de « lexie usuelle ». Nous entendons par « lexie simple » les vocables à un élément et appelons « lexie usuelle » des lexies simples, non suffixées, non composées, et ayant fait l'objet d'une attestation dans le dictionnaire Le Robert ainsi que dans le Trésor de la langue informatisé (TLFi). Ces notions fournissent des données complémentaires sur le niveau de spécialisation du corpus. Voici quelques-unes des caractéristiques des corpus (v. Tableau 67).

Corpus

Nombre de

termes

Proportion des lexies simples par

rapport à l'ensemble du

corpus

Proportion des « termes usuels »

par rapport à l'ensemble du

corpus

Proportion de « termes usuels » par rapport aux

lexies simples

FranceTerme 535 25% 19% 77% Combustible 922 20% 11% 55%

Tableau 67. Comparaison du niveau de spécialisation des deux corpus

On trouve pour le Corpus CSTNIN que les lexies simples représentent 25% des termes du corpus et que les termes usuels, qui représentent 19% des termes du corpus, couvrent donc 77% des lexies simples. Pour le corpus du sous-domaine du Combustible, les lexies simples ne représentent que 20% des termes du corpus et les termes usuels ne représentent plus que 11% des termes du corpus et 55% des lexies simples. Nous avons déjà expliqué précédemment que le corpus du sous-domaine du Combustible était, par essence, plus spécialisé que le corpus CSTNIN. Aussi, après l'analyse concernant les termes de ces deux corpus, il ressort sans surprise des rapports ci-dessus que, plus le corpus est spécialisé, plus la proportion de lexies simples et de termes usuels au sein du corpus et de termes usuels parmi les lexies simples est faible. La spécialisation d'un domaine conduisant à la formation de termes nouveaux, dont

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souvent des termes composés, pour exprimer avec plus de précision une réalité, on comprend aisément les tendances dégagées.

3.3.3 Etude de cas : quatre termes issus de la langue générale dans le domaine de l'ingénierie nucléaire et du combustible

Quatre termes, issus de la langue commune et qui se sont spécialisés sémantiquement, ont été retenus pour la présente étude de cas. Ce sont les termes « aiguille », « chaussette », « crayon » et « doigt de gant ». Les ressources lexicales retenues pour l'étude sont le répertoire FranceTerme et les dictionnaires le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) et le Grand dictionnaire terminologique (GDT). Ces termes pourraient être représentés de la façon suivante (v. Figure 20), en fonction de leur taille (forme) avec pour hyperonyme le terme « tube ».

Figure 20. Représentation lexicale de l'hyperonyme « tube »

En ce qui concerne le terme « aiguille », FranceTerme indique, pour le domaine « ingénierie nucléaire », que c'est un « crayon de très faible diamètre ». Le Grand dictionnaire terminologique (GDT) le décrit, pour le domaine « énergie nucléaire », comme un « barreau de combustible de très faible diamètre ». Le Trésor de la langue française informatisé (TFLi) indique, pour le domaine « physique nucléaire », et « par analogie », que c'est un objet pointu d'usage ou de forme analogues aux précédents. De nombreux domaines sont par ailleurs mentionnés (19 domaines en tout). Pour ce qui est de « chaussette », FranceTerme décrit la forme de l'objet, pour le domaine « ingénierie nucléaire », comme étant un « tube étanche fermé à une extrémité » dont la fonction permet « d'introduire un objet dans un milieu, sans contact direct ». Le Grand dictionnaire terminologique (GDT) indique, pour le domaine « réacteur nucléaire », que c'est un « tube fermé à une extrémité » dont la fonction est de permettre « de constituer une pénétration d'un milieu dans un autre en maintenant ces

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milieux séparés ». Le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) atteste ce terme, quant à lui, dans le domaine « science nucléaire », qui est le seul domaine de spécialité pour cette entrée, et décrit l'objet comme un « tube fermé à une extrémité (…) » et qui est « destiné à renfermer les barres de commande (…) à introduire dans un réacteur nucléaire ». A propos de « crayon », FranceTerme définit l'objet, pour le domaine « ingénierie nucléaire », comme un « tube de faible diamètre, fermé à ses deux extrémités », puis renseigne sur la fonction en disant qu'il joue un rôle dans le fonctionnement neutronique. Dans le Grand dictionnaire terminologique (GDT), on trouve à l'entrée « crayon », dans le domaine « énergie nucléaire », un schéma illustrant la forme du terme en entrée. Il faut ensuite aller recueillir des précisions à l'entrée « crayon de combustible » du domaine « réacteur nucléaire » pour être renseigné sur la forme comme étant « barreau de combustible de faible diamètre ». Dans le Trésor de la langue française informatisé (TLFi), par analogie de forme (et parfois d'emploi) avec le crayon, il est décrit comme un « instrument en forme de crayon ». En 1833, c'est un « bâtonnet de matière médicamenteuse ». Enfin, pour le terme « doigt de gant », FranceTerme le définit, pour le domaine « ingénierie nucléaire », comme un « tube de petit diamètre fermé à une extrémité » et indique ses fonctions en précisant « permettant d'effectuer certains échanges entre des milieux physiques séparés ». Le Grand dictionnaire terminologique (GDT) recommande, dans le domaine « réacteur nucléaire », l'emploi de « doigt de gant » plutôt que « chaussette » en précisant que cette remarque d'usage s'applique quand « le tube est de petit diamètre ». Le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) ne reconnaît pas le terme comme tel dans la langue générale mais il l'atteste dans plusieurs domaines notamment avec « forme » dans les expressions « en forme de », « qui a la forme de », « par sa forme », dans les domaines des sciences naturelles, de l'anatomie humaine et animale, de la botanique, de la pathologie, de la médecine, de la biologie, de la chirurgie, de la physiologie, de la zoologie… La synthèse des quatre paragraphes précédents est présentée au Tableau 68 :

Terme aiguille chaussette crayon doigt de gant

Forme Fct. Forme Fct. Forme Fct. Forme Fct.

FranceTerme X X X X X X X GDT X X X X X TLFi X X X

Tableau 68. Synthèse des différentes ressources consultées

Ces trois ressources s'attachent en priorité à décrire l'objet plus que la fonction et c'est la ressource FranceTerme qui semble, au regard des exemples retenus pour l'étude, être la ressource la plus spécialisée.

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Au travers des définisseurs, nous notons une certaine stabilité des définitions malgré une variation dans la dénomination des domaines comme le montre le tableau ci-dessous (v. Tableau 69) :

Terme aiguille chaussette crayon doigt de gant

Domaine

FranceTerme Ing. nucléaire Ing. nucléaire Ing. nucléaire Ing. nucléaire GDT Energ. nucléaire Réact. nucléaire Energ. Nucléaire

Réacr. nucléaire Réact. nuc.

TLFi Phys. nucléaire Sc. nucléaire Tableau 69. Dénomination de domaine au travers des ressources lexicales

Cette variation nous est d'ailleurs apparue comme un phénomène inévitable concernant le vocabulaire de spécialité de l'ingénierie nucléaire. En effet, malgré un travail très important et nécessaire de délimitation des termes par sous-domaines, pour la constitution du Corpus du sous-domaine du Combustible, un problème de délimitation entre les sous-domaines Combustible et Chaudière persiste (v. Figure 21). Ainsi, 89 termes (soit 9,7%) du sous-domaine du Combustible appartiennent également au sous-domaine Chaudière (v. la paragraphe 5.4.1.3).

Figure 21. Interaction Combustible-Chaudière

Les résultats d'une étude de ce type peuvent servir de paramètres pour la mesure des degrés de spécialisation dans un domaine. Ainsi la hiérarchie analysée à travers les dictionnaires le Grand dictionnaire terminologique, le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) et le répertoire FranceTerme montre que le terme « chaussette » est sans doute, parmi les quatre termes retenus pour l'étude, le plus spécialisé du nucléaire. Avec quelques termes du même champ sémantique étudiés dans une relation paradigmatique, le vocabulaire de la langue générale se spécialise et la langue générale se re-spécialise sans qu'il n'y paraisse, pour un non-spécialiste. En effet, à partir du corpus du sous-domaine du Combustible et parmi les termes que nous venons de présenter, nous notons que le terme « crayon » ne renverra pas à la même réalité pour un spécialiste du combustible et pour un neutronicien. Dans le sous-domaine du combustible, il sera décrit en termes de fabrication alors que pour le neutronicien, il sera décrit en termes de composition. Ce que nous avions précédemment montré entre la langue générale et un vocabulaire de spécialité semble se reproduire à une autre échelle, à l'intérieur même du domaine de spécialité (v. chapitres 5 et 6).

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3.3.4 Motivations et moteurs de la spécialisation d'un terme

Nous élargissons cette étude pour mettre en valeur, dans le passage du vocabulaire général au vocabulaire de spécialité, les caractéristiques spécifiques au domaine du nucléaire par rapport aux autres domaines de spécialité et montrer les raisons d'un recours aux termes issus de la langue générale. On note tout d’abord le principe de politique industrielle ou « secret défense ». C'est, en effet, la réserve, la correction politique du fait d'une sensibilité aux éventuelles connotations du vocabulaire, le secteur du nucléaire étant un secteur particulièrement « chaud ». Nous nous en expliquerons, notamment au sujet du terme « stockage » qui a été remplacé par le terme « entreposage ». La culture d'entreprise et les usages marquent aussi le vocabulaire du nucléaire. Un effort de vulgarisation et d'ouverture vers les médias et le grand public caractérise par ailleurs le vocabulaire comme le montre notamment le terme « gestion des combustibles nucléaires usés ». Une volonté de précision « scientifique » s'exprime à travers l'exemple « crayon » qui devient « crayon de combustible » ou « crayon combustible ». A l'inverse, on note une tendance à l'économie de la langue avec « crayon de combustible » qui redevient « crayon ». Des avancées scientifiques et techniques avec les technologies des réacteurs à neutrons rapides qui employaient le terme « aiguille », on est passé avec les réacteurs à eau sous pression, au terme « crayon ». Enfin rappelons la politique linguistique tendant à faire éviter l'anglais dans la morphologie et la syntaxe du terme comme reprocessing qui est devenu « retraitement » puis « traitement » (Candel & Calberg-Challot 2007 : 45-49 ; v. aussi paragraphe 4.2.5).

3.3.5 Quelques spécificités de la terminologie de l’ingénierie nucléaire

On a vérifié, à travers l'analyse des corpus rassemblés et des expertises collectées, quelques exemples de passage de la langue générale à un vocabulaire de spécialité. Il semble que ce que nous venons de montrer n'est pas spécifique aux langues de spécialité de l'ingénierie nucléaire et du sous-domaine du Combustible mais semble être commun aux langues de spécialité et aux vocabulaires de spécialité. Néanmoins, il apparaît que les paramètres « correction politique » et « devoir de réserve » sont particulièrement marqués dans le domaine du nucléaire. La langue générale, souvent floue, permet d'ajouter à l'expression des valeurs liées à des domaines « sensibles ». Le passage de la langue générale au vocabulaire de spécialité s'accompagne d'une expertise scientifique, politique, d'une culture d'entreprise et de forces vulgarisatrices, linguistiques ou interventionnistes. Nous avons déjà abordé le passage inverse – de la langue de spécialité vers la langue générale, mais nous développerons cet aspect plus avant dans notre thèse. Ainsi donc, le terme, la définition du terme, rappellent effectivement le mot de la langue générale et le sens commun qu'on lui reconnaît, ainsi que sa définition. C'est le cas de

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« crayon » mais aussi de termes comme « piscine » ou « cendrier » qui font partie de ceux que nous avons précédemment qualifiés « d'usuels » au sein du Corpus CSTNIN ou du Corpus du sous-domaine du Combustible et ayant un sens spécifique dans le domaine du nucléaire. Comme le souligne Christine Durieux, il peut aussi être une difficulté pour les traducteurs ou un public élargi

« de ne pas reconnaître dans les unités lexicales appartenant à la langue usuelle l'emploi de véritables termes relevant d'une langue de spécialité » (Durieux 1996-1997 : 100).

Une telle motivation, par le recours à une forme déjà présente dans la langue générale, permet une bonne compréhension (même si elle reste relative) du terme et de sa bonne utilisation par un public élargi. Le terme, au sein du processus officiel d'enrichissement de la langue française, est bien accueilli par les décideurs, dans les commissions, car il ne risque pas vraiment de « choquer ». Surtout, il reste bien intégré au système de la langue. Il est moins inconnu, en principe, du grand public, mais une certaine opacité sur le sens du terme demeure. C'est l'usage qui fait que, comme dans la langue générale, un terme se stabilise, se fige et prend son sens. On peut donc parler d’emprunt au niveau du vocabulaire, mais il existe bien un fossé au niveau des connaissances qui sont véhiculées par les termes.

3.4 Comment les linguistes, experts, historiens, hommes de sciences ont-ils réagi ou réagissent-ils à la naissance d'un terme du nucléaire ?

Vient maintenant le moment de mettre en avant quelques points particulièrement marquants dans le développement de la terminologie du nucléaire. Pourquoi trouve-t-on si peu de commentaires sur le nucléaire, sur les termes du nucléaire ? La controverse sur le nucléaire est depuis le début de la découverte ressentie à travers les textes et les discours. Lors de la remise du prix Nobel à Pierre Curie, le 6 juin 1905, devant l’Académie des sciences de Stockholm, le récipiendaire s’exprimait ainsi :

« On peut concevoir, disait-il, que dans des mains criminelles le radium puisse devenir très dangereux, et ici on peut se demander si l'humanité a avantage à connaître les secrets de la nature, si elle est mûre pour en profiter ou si cette connaissance ne lui sera pas nuisible. L'exemple des découvertes de Nobel est caractéristique, les explosifs puissants ont permis aux hommes de faire des travaux admirables. Ils sont aussi un moyen terrible de destruction entre les mains des grands criminels qui entraînent les peuples vers la guerre. Je suis de ceux qui pensent avec Nobel que l'humanité tirera plus de bien que de mal des découvertes nouvelles » (Curie 1977, 1996, Pinault 2000).

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Malgré tout, Pierre et Marie Curie n'ont jamais voulu considérer les problèmes relatifs à la manipulation d'éléments radioactifs. Ils ont toujours voulu ignorer leurs soucis de santé et mettre ces tourments sur le compte de la charge de travail qui était la leur. Plus tard, Marie Curie apprendra peu à peu que bon nombre de ses collaborateurs ou collègues manipulant des éléments radioactifs sont décédés de ces causes (Ried 1979). Quelques années plus tard, devant l'assemblée de Stockholm qui resta perplexe devant l'audace du discours de Frédéric Joliot-Curie (Pinault 2000 : 13-14), le couple Joliot-Curie soulignera de nouveau le problème lors de la remise du prix Nobel en 1935. En voici un extrait :

« Si, tournés vers le passé, nous jetons un regard sur les progrès accomplis par la science à une allure toujours croissante, nous sommes en droit de penser que les chercheurs construisant ou brisant les éléments à volonté sauront réaliser des transmutations à caractère explosif, véritables réactions chimiques à chaînes, une transmutation en entraînant plusieurs autres. Si de telles transformations arrivent à se propager dans la matière, on peut concevoir l'énorme libération d'énergie utilisable qui aura lieu. Mais hélas, si la contagion a lieu pour tous les éléments de notre planète, nous devons prévoir avec appréhension les conséquences du déclenchement d'un pareil cataclysme. Les astronomes observent parfois qu'une étoile d'un éclat médiocre augmente parfois brusquement de grandeur, une étoile invisible à l'œil nu peut devenir très brillante et visible sans instrument, c'est l'apparition d'une nova. Ce brusque embrasement d'une étoile est peut-être provoqué par ces transmutations à caractère explosif, envisagées par notre imagination vagabonde, processus que les chercheurs s'efforceront sans doute de réaliser, en prenant, nous l'espérons, les précautions nécessaires. » (Curie & Joliot-Curie 1935) « On constate très vite que pour la plupart des individus le mot nucléaire est associé non pas à des notions élémentaires relevant de la physique, mais plutôt à des images diverses très éloignées du sens premier, comme énergie, chaleur, progrès, puissance, et depuis quelques temps, destruction, danger, violence, oppression, contestation … » (Stemmelen 1980)

On a d'abord occulté des dangers liés au nucléaire puis on constate une prise de conscience. Ceci entraîne donc le recours à l’euphémisme et des tabous sur les termes. Si nous trouvons peu de commentaires sur les sources de la terminologie du nucléaire en français, sur les termes du nucléaire, un premier constat pourrait être donné. Nous avons affaire à une science récente, dont peu de données sont dans le domaine public et donc peu d'informations dans les dictionnaires généraux de même que dans les dictionnaires du domaine. Comme le souligne Danielle Candel (Candel & Tombeux 2008 : 108), « la quête est maigre apparemment ». Et pourtant, on est au cœur des enjeux économiques, socio-économiques, et socio-politiques : c'est un « domaine au cœur des enjeux de société » (Delavigne 2006). Pour en parler, on constate qu'il y a deux catégories de locuteurs ou d'acteurs, ceux qui ne veulent pas en parler et les autres (experts, ingénieurs…) qui, en voulant être précis, opacifient leurs discours. En empruntant au vocabulaire courant, on pense rendre plus accessible son vocabulaire. Malgré tout,

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« les règles utilisées pour construire les vocabulaires dits 'techniques' ne paraissent pas différentes de celles utilisées pour construire les autres mots ; il n'en reste en tout cas à prouver qu'elles le sont. » (Corbin 1987)

« Une étude de la langue de spécialité comprendra donc non seulement l'étude de son agencement sur tous les plans linguistiques, mais aussi l'examen de diverses correspondances entre les composantes de la spécialité et la langue de la spécialité. » (Kocourek 1991)

Voici en particulier l'étude de quelques termes qui ont plus particulièrement retenu notre attention lors de notre étude historique. En ce qui concerne le terme « cyclotron » qui est une installation technique (v. Tableau 70) :

Datation Terme 1928-1929 « accélérateur de particules » 1929 « accélérateur circulaire de particules » 1930 1935 (littérature scientifique)

« cyclotron »

1950 « synchrocyclotron » et « synchrotron » Tableau 70. Evolution (synthèse historique) du terme « cyclotron »

l'évolution du terme met en avant l'influence des avancées scientifiques et techniques entraînant le changement terminologique. En ce qui concerne le terme « radioactivité artificielle » (v. Tableau 71) :

Datation Terme 1898 « radioactivité naturelle »

« radioactivité provoquée » 1934 « radioactivité artificielle »

Tableau 71. Evolution (synthèse historique) du terme « radioactivité artificielle »

« artificiel », notamment, s'oppose à « naturel ». Mais la radioactivité artificielle est un « résultat », elle « est produite », elle « est obtenue » (Grand dictionnaire terminologique58). Ceci montre la concurrence avec le terme « radioactivité provoquée ». 58 Consultation du 28-6-2004.

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En ce qui concerne le terme « fission » (v. Tableau 72) :

Datation Terme avant 1939 « rupture explosive » et ses dérivés 27 mars 1939 « partition nucléaire » 19 septembre 1939 « rupture nucléaire » 1944 « bipartition »

« bipartition explosive » 13 novembre 1945 « désintégration atomique » décembre 1945 « bipartition »

« cassure en deux fragments » 1946 « tripartition »

« quadripartition » Tableau 72. Evolution (synthèse historique) du terme « fission »

Il est à noter que le terme « fission » est absent de l'édition du dictionnaire Larousse de 1940 bien que le terme « fissile » soit déjà attesté. L'anglicisme « fission » apparaît en 1946-1947 (Oxford English Dictionary). Certains le présentent comme un simple emprunt à la biologie, peut-être pour amoindrir l'« effet nucléaire ». Il nous aura fallu rencontrer un expert (Témoignage de Georges Vendryes du 9-03-2007) pour que nos constats trouvent une explication.

3.5 Bilan

Science d’un peu plus d’un siècle qui a vu ses recherches mises en application et industrialisées en quelques décennies, nous avons affaire à une science très récente, que l’on peut d’ailleurs rapprocher, de ce fait, du domaine du spatial (Picton 2009). Ainsi, comme le montre le dernier paragraphe de ce chapitre 3.4, nous avons très peu de témoignages de linguistes. Cette absence due aussi au fait que le domaine est « sensible », difficilement accessible et peu étudié sous l’angle de la linguistique en dehors de travaux de recherche de Danielle Candel, Valérie Delavigne, Hélène Stemmelen et Roger Goffin59. Notons également que peu de thèses ont été consacrées à des terminologies scientifiques et techniques au cours du dernier siècle avec, pour le domaine du nucléaire (Delavigne 2001 et Stemmelen 1980), pour le domaine de la sidérurgie (Eluerd 1993), pour le domaine de l’aviation et de l’astraonautique (Guilbert 1965), pour le domaine du spatial (Picton 2009), pour le domaine du médical (Quemada 1955), pour le domaine des chemins de fer (Wexler 1995) et pour le domaine de la mode (Greimas 2000). La terminologie du nucléaire reste marquée par une forte culture d’entreprise (v. également cinquième chapitre) où les experts éprouvent le besoin de définir leur

59 v. références bibliographiques Goffin 1970, 1989 ; Stemmelen 1980 ; Delavigne 1995, 2001, 2006 et Candel & Tombeux 2008.

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terminologie et en ce sens, nous avons bien affaire, au vu de nos ressources, à des terminologies d’entreprises. Devant l’opacité du vocabulaire de l’ingénierie nucléaire se dégage surtout une grande rigueur dans la dénomination des domaines et sous-domaines ou des termes eux-mêmes. Cette rigueur entraîne une certaine variation liée à une volonté de précision scientifique ou de la « mise à jour » des lexies de spécialité qui suivent l’évolution des technologies. C’est cette volonté de « clarté » des experts qui donne, aux personnes extérieures au domaine, une certaine impression d’« opacité ». Passées les premières découvertes et la désignation de termes largement inspirée des noms des découvreurs, c’est une langue qui s’ouvre sur l’extérieur, sur la langue générale et sur les sciences et techniques voisines. C’est donc une langue qui évolue au fil des découvertes scientifiques et techniques de manière continue comme les autres langues de spécialité, tout en tentant de s’affranchir de certains anglicismes introduits dans la langue.

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Quatrième chapitre - L'actualité terminologique en ingénierie nucléaire : la

néologie en marche

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4. L'actualité terminologique en ingénierie nucléaire : une néologie en marche

Après les trois premiers chapitres qui ont présenté des analyses a posteriori de la dynamique de la terminologie de l'ingénierie nucléaire et permis d’identifier un certain nombre de conclusions, ce quatrième chapitre traite de l'actualité terminologique de l'ingénierie nucléaire. Comment caractériser la création et l'évolution récente des termes dans l'ingénierie nucléaire au cours de notre étude ? Quels en sont les faits remarquables ? C’est à ces questions que nous proposons d’apporter des éléments de réponses dans ce chapitre. Ce chapitre contribuera, au travers d’exemples, à mettre en évidence quelques caractéristiques de la dynamique contemporaine de la terminologie dans l'ingénierie nucléaire. Ce chapitre a également fait l’objet de la publication suivante avec Danielle Candel : Candel, Danielle et Marie Calberg-Challot (2007), « Néologie en marche, motivations et réactions. Comment la terminologie du nucléaire évolue », in Juhani Härmä, Eva Havu, Mervi Helkkula, Meri Larjavaara, Mari Lehtinen et Ulla Tuomarla (éd.), Actes du XXIXe Colloque international de Linguistique Fonctionnelle, Helsinki 2005 (21-24 septembre 2005), Publications du Département des langues romanes de l’Université de Helsinki, 18, pp. 45-49.

4.1 Vers les premiers jalons terminologiques

L’étude descriptive du lexique fait intervenir, tôt ou tard, une dimension historique. C’est le cas pour l’analyse d’un état antérieur du lexique mais aussi pour celle de l’actualité la plus récente. Or, si les termes relèvent d’une période différente, la dynamique temporelle peut être explicitement démontrée et le terme est analysé en fonction de ses nouveaux emplois, de ses nouvelles valeurs (Candel 1995). C’est dans le cadre d’une recherche sur les spécificités du vocabulaire de l’ingénierie nucléaire que nous explorerons certains aspects d’une telle dynamique lexicale. La recherche se situe dans le cadre officiel du processus d’enrichissement de la langue française, de l’aménagement officiel de termes relatifs à des secteurs de communication spécialisée. Le corpus est composé en partie de termes ayant fait l’objet d’une étude en terminologie institutionnelle (Depecker 2001) et en partie de résultats d’enquêtes portant sur l’émergence de termes nouveaux. Il s’agit bien de la terminologie en marche, et tout en nous situant dans une synchronie très récente, nous envisageons, de fait, le recul diachronique.

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4.1.1 Néologie en marche, motivations et réactions : comment la terminologie du nucléaire évolue60

Quelle que soit l'époque étudiée, les termes gagnent à être mis en lumière par comparaison avec d'autres termes ou ensembles de termes. Mais que dire de termes analysés dans l'actualité même du linguiste observateur, de termes ou d'emplois émergeants, de valeurs naissantes ? Leur étude fait intervenir un passé très récent et c'est alors dans une très brève diachronie que l'on observe cette dynamique lexicale, qu'il est permis, dans quelques cas privilégiés, de suivre pas à pas (Candel & Tolédano 2001). C'est une recherche sur les spécificités d'un vocabulaire de spécialité, ici le nucléaire, qui motive l'exploration d'une telle dynamique lexicale (Candel & Tombeux 2008 ; Calberg-Challot, Candel & Fleury 2006 ; Delavigne 2001). Analyser un nouveau terme, c'est aussi analyser les conditions de sa naissance, les raisons de sa création, les conséquences de cette innovation. Nous cherchons à montrer comment certaines innovations interviennent dans le vocabulaire du nucléaire, comment elles sont ressenties, réutilisées, abandonnées ou modulées par les locuteurs, processus participant du fait « que toute langue est, à tout instant, en cours d'évolution » (Martinet61 1967 : 173).

4.1.2 Créativité et figement

C'est une activité de néologie et de terminologie, qui relève aussi bien du besoin de dénommer de nouveaux concepts, et de les définir, que de la volonté institutionnelle de créer de nouveaux termes français afin de remédier à l'emploi de termes anglais. Les membres des commissions de terminologie et de néologie, en tant que locuteurs, experts ou juges, innovent, soit en proposant une forme, un sens ou une définition, soit en officialisant un usage - autre forme de création. Leur cadre est institutionnel et ils agissent d'une certaine manière sur commande. Il y a bien volonté d'innovation, mais, en même temps, besoin d'officialisation, de recommandation et de réglementation, et donc, action de figement, dans un certain dirigisme et prescriptivisme. Parmi les consignes du système d'enrichissement de la langue française, on doit reconnaître aux termes recommandables des caractéristiques de « nécessité », de motivation (« transparence »), et de stabilité morphologique (« la bonne formation : le terme respecte-t-il le système morphologique et syntaxique du français ? ») (DGLF 2001). Le mot spécialisé, le terme tel qu'il est ainsi produit et recommandé, appartient à la catégorie des unités « stables »,

60 Cette étude a fait l’objet de la publication suivante avec Danielle Candel : Danielle Candel,

Danielle et Marie Calberg-Challot (2007), « Néologie en marche, motivations et réactions. Comment la terminologie du nucléaire évolue », in Juhani Härmä, Eva Havu, Mervi Helkkula, Meri Larjavaara, Mari Lehtinen et Ulla Tuomarla (éd.), Actes du XXIXe Colloque international de Linguistique Fonctionnelle, Helsinki 2005 (21-24 septembre 2005), Publications du Département des langues romanes de l’Université de Helsinki, 18, pp. 45-49.

61 v. aussi Martinet 1960.

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dont on peut dire qu'elles expriment en principe des concepts complexes « tendant vers l'universalité » (Picoche 1977, 1979, 1986).

4.1.3 Créativité et diachronie

Les domaines et sous-domaines, tout comme les spécialisations des experts eux-mêmes, sont variés, ce qui ajoute aux difficultés d'intercompréhension, qui elles-mêmes entraînent nombre de discussions et d'argumentaires. Le processus est complexe et souvent long. Les termes sont traités, suspendus, repris, et pourtant il s'agit toujours d'une activité officielle de « néologie ». C'est une néologie très relative – de quelques mois (« flashball »), de quelques années (« chat »), ou de vingt ou trente ans… Que devient la créativité synchronique en diachronie ? Les formes nouvelles, restent-elles actuelles, vivantes, en usage ? Sont-elles remises en cause, remplacées ? La question qui se pose est celle du degré de stabilité des termes proposés, de leur(s) forme(s) et/ ou de leur(s) définition(s). Les unités synthématiques, le restent-elles ?

4.1.4 Le corpus

Le corpus est composé de termes issus d'une étude en terminologie institutionnelle (Journal Officiel 2000 ; Depecker 2001) et d'enquêtes portant sur l'émergence de termes nouveaux. Le cadre et les résultats de ces enquêtes menées ont par ailleurs été donnés au deuxième chapitre.

4.1.4.1 « Créativité officielle » et variation

Le corpus officiel de néologie terminologique est composé, en 2000, de 2259 articles, attestant 49 marques de domaine distinctes (avec, en tout, 3324 occurrences de marques). Parmi eux, 15% des articles proposent une variation de forme de la vedette (tels que : NA / N, N à N / NA, N de N / NA, N de NA / NA, N en N / NA). La variation met en valeur l'usage de formes nominales apposées, pourtant typiques d'une syntaxe angloaméricaine et que, par souci de précision, on cherche à éviter en français : NA / NN, N à N / NN, N de N / N – N, NA, N par N / NN. Les formes doubles, voire triples, attestent de la souplesse relative à l'aménagement terminologique et néologique au sein des commissions (Rouget 2000).

4.1.4.2 Le corpus de néologie terminologique de l'ingénierie nucléaire et ses variantes

En 2000 comme en 2005, 4,5 % environ des entrées principales des articles relèvent du domaine du nucléaire. Mais qu'en est-il, plus précisément, des variantes attestées ? En 2000, le tableau des équivalents entre formes « fautives » et formes « admises » offre 18% de termes proposant des variantes (16 vedettes) ; en 2005, on en compte 27 %

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(47 vedettes). La variabilité du vocabulaire officiel de la physique, plus grande que celle de la chimie, avait déjà été étudiée (Candel, Marchaudon & Tolédano 2001). On note ici que, dans le domaine du nucléaire, variabilité et souplesse ont augmenté en l'espace de cinq années. Parmi les termes de ce corpus de reformulation, se distinguent les modèles représentatifs N de N, NA et N de NA. Le terme « entreposage de déchets radioactifs » est reformulé trois fois : « stockage intérimaire », « stockage provisoire », « stockage provisoire de déchets ». Une telle « instabilité » doit s'expliquer, elle est sans doute révélatrice d'un malaise, celui qui concerne le terme « stockage ».

4.1.5 Etudes de cas

Le parcours d'un autre couple de termes a pu être retracé, s'étalant sur un demi-siècle : celui de « traitement » / « retraitement ». Les corpus institutionnels étudiés attestent, aux dates indiquées au Tableau 73, un ensemble de douze formes (dix formes plus deux entre parenthèses) et présentations :

1955 1968 1970 1975 1979 1982 1983 1985 2004 2005

traitement du combustible irradié

X X X X

retraitement des combustibles

X

retraitement du combustible

X X

retraitement X X X X

traitement X X X

traitement du combustible

X

retraitement (combustible)

X

retraitement des combustibles

X

retraitement (du combustible)

X

gestion des combustibles nucléaires usés

X

Tableau 73. Termes « traitement » et « retraitement », 1955-2005 (corpus institutionnels)

On note une certaine stabilité dans le succès récurrent de « traitement du combustible irradié » (utilisé en 1968, 1975, 1982 et 1985) ou de « retraitement » (en usage en 1955, 1975, 1985, 2005), toujours est-il qu'au fil des années et des évènements, les formes de termes dénotant en principe la même réalité fluctuent. Un mouvement cyclique caractérise les phénomènes de spécialisation (de « traitement du combustible irradié » à « traitement » et à « retraitement des combustibles irradiés »). Malgré des volontés

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clairement affichées d'interventionnisme, ce sont les usages qui, dans la durée, fixent, lexicalisent, figent les termes (« retraitement » perdure ainsi).

4.1.6 Moteurs et motivations du changement terminologique

Les analyses de données et enquêtes de terrain permettent de dégager trois groupes d'explications pour de tels changements lexicaux. Le principe d'économie de la langue mène de « conduite d'un réacteur » à « conduite » ou de « retraitement » à « traitement ». La politique linguistique, la volonté de remplacer des termes anglais par des équivalents français, incite, quant à elle, à préférer « traitement » ou « retraitement » à reprocessing. Par volonté de précision scientifique on préfère « teneur isotopique pondérale » à « richesse isotopique pondérale », et « taux d'épuisement » à « taux de combustion de fission ». Les avancées scientifiques font remplacer « barre de commande » par « barre de contrôle » ou « grappe de commande ». D'autres paramètres entrent en jeu dans la création terminologique du nucléaire, secteur particulièrement sensible : la politique industrielle, la réserve, la correction politique (de « stockage » on est passé à « entreposage »), mais aussi la culture d'entreprise, et enfin les efforts de vulgarisation, d'ouverture et de transparence, auxquels on doit vraisemblablement « gestion des combustibles nucléaires usés ». Pour des objets et processus scientifiques et techniques testés, démontrés et dénommés, des termes sont recommandés, dans un figement relatif. Mais ils se figent et se défigent, dans une dynamique où se rencontrent expertise scientifique, politique, culture d'entreprise et force vulgarisatrice.

4.2 Variations des définitions en terminologie

L'activité d’écriture et de réécriture des définitions, tel qu'il est couramment entrepris par les acteurs de la terminologie, mérite une analyse en soi. C'est une analyse du fonctionnement sur la sémantique lexicale d'une part, sur les modes de désignation (désignation/dénomination) de l'autre, et a trait à la sémantique discursive : synonymie et coréférence, reformulation discursive (anaphore lexicale), paradigmes désignationnels (Mortureux 1997), autant de phénomènes rencontrés dans la reformulation définitoires dont quelques exemples seront analysés plus précisément.

4.2.1 Cadre de l’étude

Le corpus pour cette étude sur l’écriture et la réécriture des définitions en terminologie a été constitué à partir des trois ressources suivantes :

• Dictionnaire des sciences et techniques Nucléaires (2008), Commissariat à l’énergie atomique (CEA), quatrième éd., Omnisciences, Paris.

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• « Projet dictionnaire » Areva

• Franceterme : http://franceterme.culture.fr/FranceTerme/ Ces trois ressources ont été sélectionnées dans l’objectif de comprendre pourquoi et comment l’entreprise Areva NP a éprouvé le besoin de réaliser son propre dictionnaire. La base de données terminologique FranceTerme sert de référence en ce sens où les termes et définitions sont le fruit du travail long et minutieux de la commission de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire qui regroupe des membres du ministère, des professionnels du secteur et des spécialistes de la langue et dont le circuit de validation avant une publication au Journal Officiel donne une caution scientifique et une validité des travaux (v. paragraphe 1.7.2.3). Le Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires du CEA a également été retenu car il représente la ressource dictionnairique française la plus récente dans le domaine. La sélection des définitions issues des trois ressources précédemment citées s’est faite sur des articles ayant des termes en entrée strictement identiques. Cette sélection offre un corpus composé de 29 termes et définitions avec les termes suivants : « accident de criticité », « activité », « antiréactivité », « arrêt à chaud », « arrêt à froid », « arrêt d’urgence », « barrière de confinement », « cellule chaude », « centrale nucléaire », « château de transport », « chaudière nucléaire », « combustible nucléaire », « contrôle-commande », « crayon », « défaillance unique », « criticité », « cycle du combustible », « défense en profondeur », « doigt de gant », « enrichissement », « épuisement spécifique », « facteur antitrappe », « fluence », « neutronographie », « pressuriseur », « puissance résiduelle », « réacteur à eau bouillante », « section efficace » et « tranche nucléaire ».

4.2.2 Règles d’écriture des définitions

Il ressort de l’examem des définitions parues au Journal Officiel, un formalisme précis et une pratique lexicographique tout à fait comparables aux caractéristiques que nous avons également jugé nécessaires pour l’élaboration du « projet dictionnaire » d’Areva Np. Ces pratiques et caractéristiques, qui seront largement décrites au paragraphe 5.4, sont les suivantes :

• constitution et compilation des ressources existantes du domaine en un corpus de référence ;

• documents support aux « réunions dictionnaire » ; • extraction de termes candidats ; • choix des domaines ; • support d’une fiche terminologique type (v. Figure 22)

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Figure 22. Fiche terminologique type

avec un cadre de structuration pour les rubriques suivantes : entrée, abréviation, domaine, définisseurs, définition, exemple, note, équivalent étranger, synonymes, renvoi et source.

4.2.3 Besoins et caractéristiques de l’écriture et de la réécriture des définitions

On se propose ci-après d’examiner les points communs et les différences entre les 29 définitions ayant un terme en entrée strictement identique et figurant systématiquement dans les trois ressources. L’accent sera mis, en particulier, sur la différence entre les définitions de la base FranceTerme et du Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires du CEA d’une part et les définitions du « groupe dictionnaire » d’Areva NP d’autre part. Ce parti pris se justifie par le fait que les définitions entre les deux premières resources sont très proches voire, d’une façon générale, quasiment identiques et que l’étude de l’écriture et de la réécriture des définitions ne peut se faire qu’en partant de la variation entre les définitions officielles et les définitions validées ou en cours de validation du « projet dictionnaire » Areva Np. En dehors du terme « défense en profondeur » pour lequel les définitions n’ont pas la même signification, trois grandes catégories de comparaison des définitions ont pu être dégagées. Nous relevons ainsi :

• des définitions identiques pour 10 termes avec « château de transport », « chaudière nucléaire », « combustible nucléaire », « crayon », « défaillance unique », « facteur antitrappe », « fluence », « neutrographie », « réacteur à eau bouillante » et « tranche nucléaire.

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• des définitions de type scientifique vs. des définitions de type technique pour 13 termes avec « accident de criticité », « activité », « antiréactivité », « arrêt d’urgence », « barrière de confinement », « cellule chaude », « centrale nucléaire », « contrôle-commande », « criticité », « cycle du combustible », « doigt de gant », « enrichissement » et « pressuriseur ».

• des définitions identiques d’un point de vue sémantique avec une reformulation

discursive et définitoire différente pour cinq termes avec « arrêt à chaud», « arrêt à froid », « épuisement spécifique », « puissance résiduelle » et « section efficace ».

On note tout d’abord que les similitudes relevées pour cinq termes ne nous surprennent peu eu égard aux experts présents dans les trois commissions de travail des ressources citées. En effet, deux experts du « groupe dictionnaire » d’Areva NP ont également participé aux groupes de travail pour l’élaboration du Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires du CEA et un des deux experts précédemment cités est également membre de la Commission ministérielle de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire. Concernant l’opposition relevée entre les définitions de type scientifique et les définitions de type technique, voici les caractéristiques que nous avons relevées pour les 13 définitions concernées. Nous notons une variation du mode de désignation du définisseur avec une refomulation synonymique pour trois termes avec « accident de criticité », « activité » et « antiréactivité ». En effet, quand le Journal Officiel emploie des définisseurs comme « déclenchement » pour le terme « accident de criticité », « nombre de transitions » pour le terme « activité » ou « baisse de réactivité » pour le terme « antiréactivité », le « projet dictionnaire » d’Areva NP privilégie des termes plus techniques et moins scientifiques comme « emballement », « nombre de désintégrations » ou « capacité d’un dispositif ». Le deuxième type de variation relevée concerne la définition proprement dite pour six termes avec « arrêt d’urgence », « criticité », « cycle du combustible », « doigt de gant », « enrichissement » et « épuisement spécifique ». En effet, pour le terme « arrêt d’urgence », alors que le Journal Officiel et le « projet dictionnaire » d’Areva NP décrivent le processus, la définition d’Areva NP donne des précisions sur le processus lui-même en décrivant les procédures d’arrêt d’urgence qui sont le cœur de métier de l’entreprise. Concernant les cinq autres termes, les définitions du « projet dictionnaire » d’Areva NP seront plus concrètes, plus spécifiques, plus techniques et nous illustrons nos propos avec la définition du terme « pressuriseur ». Quand le Journal Officiel emploie le syntagme verbal « empêcher l’ébullition » qui a une connotation physique et scientifique, le « projet dictionnaire » d’Areva NP emploie le syntagme verbal « stabiliser la pression » qui est la réalisation technique du phénomène physique décrite dans la définition du Journal Officiel. Le troisième type de variation relevée concerne le point de vue adopté dans la description du terme défini. Quand le Journal Officiel insiste sur une description

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fonctionnelle, les définitions du « groupe dictionnaire » d’Areva NP insistent sur les matériels. Cette dernière remarque concerne quatre termes avec « barrière de confinement », « cellule chaude », « centrale nucléaire » et « contrôle-commande ». Même si nous relevons de grandes similitudes entre les définitions des trois ressources sélectionnées pour cette analyse, quelques singulatrités des définitions du « projet dictionnaire » d’Areva NP peuvent être identifiées. Le « projet dictionnaire » Areva répond à un besoin différent. Il partage nécessairement des concepts avec le Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires du CEA et la liste des termes de la base FranceTerme parus au Journal Officiel. Mais il est en même temps représentatif du contexte particulier de l’ingénierie nucléaire d’Areva NP qui est plus industriel, plus technique et moins « recherche » ou « scientifique ». Le « projet dictionnaire » d’Areva NP a une vision « concepteur » et « constructeur » de la centrale nucléaire et non de phycisiens ou d’exploitants. Ce contexte industriel et technique lié au métier de constructeur de centrales nucléaires est une particularité par rapport à l’approche plus généraliste et scientifique des deux autres ressources. Rien de bien surprenant car les applications de la terminologie se justifient « en fonction de leur adéquation à une tâche spécifique (elles sont conçues, rappelons-le, dans un contexte précis et ont pour fonction de remplir des exigences déterminées » (Cabré 2007 : 99).

4.3 Bilan

A l'issue de ces quatre chapitres, un certain nombre d'éléments caractérisant la création et l'évolution terminologique dans le domaine de l'ingénierie nucléaire ont pu être dégagés. Après avoir identifié dans les trois premiers chapitres l'influence des possibilités de dérivation pour les choix terminologiques, l'influence et l'envergure de la personne qui est à l'origine du terme pour son adoption finale comme caractéristiques importantes de l’évolution de la terminologie, nous pouvons désormais ajouter de nouvelles. Ainsi, l’importance du contexte de création et de définition du terme, et de la portée de l'usage dans le choix et le figement des termes, l'emportent souvent sur la normalisation ou le cadre institutionnel, a été mise en évidence au cours de ce chapitre. En effet, des spécificités de cette terminologie et de son évolution, comme le recours à l’économie de la langue, le besoin de précision et de rigueur scientifique ou technique suivant le contexte, ou enfin la necéssité d’une certaine réserve et correction du langage associées à la culture d’entreprise, viennent appuyer cette appréciation. Fort de ces éléments, nous allons désormais, dans la suite de ce travil, envisager une position d’acteur dans la construction d’une ressource terminologique du domaine de l’ingénierie nucléaire dans la suite de ce travail.

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- Cinquième chapitre - Construction d'une ressource terminologique face au besoin de réorganiser les données disponibles sur le vocabulaire de

l'ingénierie nucléaire

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5. Un besoin de réorganiser les données disponibles sur le vocabulaire de l'ingénierie nucléaire : construction d’une ressource terminologique

Suite aux précédents chapitres de notre recherche, où nous nous placions dans la position de l’analyste, nous adoptons désormais la démarche, annoncée plus haut, du linguiste désireux d’entreprendre l’élaboration d’une ressource terminologique dans le domaine de l’ingénierie nucléaire. Nous avons souligné précédemment que les travaux concernant le vocabulaire ou la terminologie de l’ingénierie nucléaire ont été réalisés soit au sein de sociétés et d’organismes de la filière nucléaire française (CEA, EDF, Areva), soit dans un cadre institutionnel (normes ISO 921 (ISO 921 1972, 1997), normes AFNOR CEI 61508 (AFNOR CEI 61508 2011 [2002, 2010]), Commissions ministérielles de terminologie et de néologie). Nous verrons tout d’abord l’apport de ces travaux dans notre réflexion, un état de l’art des données existantes dans l’entreprise Areva NP et plus généralement au sein de la filière nucléaire française, mais aussi la possibilité d’analyser les éléments positifs ou les limites des projets élaborés jusqu’à présent afin d’identifier le besoin d’une nouvelle ressource. Ces analyses constituent une base précieuse pouvant nous guider dans notre entreprise de construction d’une ressource terminologique. Parmi les éléments qui se dégagent en faveur du besoin d’une telle ressource, nous examinerons l’intérêt des métiers de la communication et du marketing de l’industrie nucléaire et nous verrons qu’une terminologie peut être un élément important dans l’optique de la formation en interne aux métiers de l’ingénierie nucléaire ou de l’intégration efficace des jeunes ingénieurs. Dans le contexte d’internationalisation croissante de l’ingénierie nucléaire, ce dictionnaire peut également être placé comme base française d’une ressource terminologique multilingue. Si de nombreux témoignages attestent d’un besoin d’une ressource terminologique de l’ingénierie nucléaire largement exprimé au sein d’Areva NP, il nous apparaitra qu’il est principalement attaché à des objectifs de gestion des connaissances visant à favoriser la performance globale de l’entreprise. En effet, à une période charnière mettant en jeu simultanément le départ massif en retraite de personnes nées dans l’après guerre, la renaissance du nucléaire et l’internationalisation des projets, la transmission ou la capitalisation des connaissances métiers sont devenues des enjeux majeurs. Dans ce cadre, le secteur du nucléaire voit ce besoin accentué par le fait que ses produits nécessitent une gestion sur une longue voire une très longue durée impliquant la pérennisation de connaissances bien au-delà de la durée moyenne en poste des salariés ou même d’une carrière. En effet, les connaissances liées au nucléaire peuvent s’étendre sur la durée de vie d’une centrale nucléaire, soit 60 ans ; mais elle peuvent aller bien au delà, couvrir des siècles. Après avoir évalué les ressources terminologiques de l’ingénierie nucléaire disponibles et conclu à la nécessité d’en établir une nouvelle, nous nous intéresserons au processus d’élaboration de notre nouvelle ressource. Nous expliquerons les différentes étapes de

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notre travail lexicographique. Nous décrirons les méthodes et l’organisation adoptées, les différentes tâches de chacune des parties prenantes et le déroulement de notre projet. La sélection des termes à définir, l’élaboration des définitions et/ou leur validation seront autant de tâches à aborder. Bien sûr, ces différents aspects du projet nécessitant une expertise ou des compétences spécifiques, il nous aura alors fallu trouver les personnes adéquates et répartir les rôles de chacun de manière pertinente. Nous montrerons également l’importance des échanges entre les différentes parties lors de réunions appelées « réunions dictionnaire ». La description de ces processus de construction d’une ressource dictionnairique nous donnera enfin l’occasion de mettre en avant quelques éléments d’analyse de termes glanés au cours de ces réunions mettant particulièrement en lumière une terminologie en marche et constamment renouvelée (v. quatrième chapitre). Cela nous rappellera à la plus grande humilité quant à nos travaux qui, bien que se situant dans un domaine bien défini, nécessiteront une activité continue de mise à jour et ne pourront jamais s’affranchir complètement d’un certain niveau de subjectivité. Enfin, nous nous consacrerons à l’examen des résultats du travail lexicographique décrit précédemment. Nous verrons que notre activité a permis un enrichissement de la terminologie de l’ingénierie nucléaire mais également la confrontation de l’analyse linguistique théorique avec l’existence pratique d’une terminologie qui vit et évolue. Nous évoquerons aussi les processus de validation mis en place afin de limiter la part du ressenti personnel dans la construction de notre ressource dictionnairique (v. deuxième et quatrième chapitres).

5.1 L'existant n'est pas suffisant

A ce jour, il existe bien évidemment différents dictionnaires, lexiques, vocabulaires, répertoires ou même listes de termes dans le domaine du nucléaire. Il convient donc de s'interroger sur l'intérêt d’ajouter un nouveau dictionnaire à toutes ces publications qui ont déjà le mérite d'exister, d'être bien faites et de donner le plus souvent une réponse satisfaisante au lecteur. Il est vrai qu'il n'est pas facile d’accéder à l'ensemble de ces publications qui permettraient après une recherche plus ou moins longue de disposer d'une réponse satisfaisante. Consulter successivement l'ensemble des publications peut s'avérer fastidieux. Les trouver incomplètes, obsolètes, dépassées peut ajouter à l'insatisfaction. En plus de quelques éditions des résultats de la Commission Spécialisée de Terminologie et de Néologie de l’Ingénierie nucléaire (Candel 1999, 2002, 2005, 2008, 2010a et 2010b), le Vocabulaire de l'Ingénierie nucléaire, constitué des termes et expressions les plus utilisés, a été édité à partir des travaux de cette même commission par la Société française d’énergie nucléaire (SFEN) en septembre 2000 et en 2006 et 2007 par la Commission générale de terminologie et de néologie (DGLF). Il avait pour but de mettre à disposition de ses lecteurs des définitions « ciselées » puisque revues par la Commission Générale de Terminologie et par l'Académie française. Ce Vocabulaire, bien accueilli par le monde nucléaire puisque plus de 3 000 exemplaires en ont été

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distribués et qu'il a fallu aussitôt réaliser des tirages supplémentaires, n'a cependant pas répondu à toutes les attentes. En effet, son indéniable succès s'est accompagné de critiques. Ce document ne rassemblait, d'ailleurs d'une manière délibérée et en conformité avec la mission confiée à la Commission spécialisée, que 300 à 400 termes et expressions. Nombre de lecteurs n'ont, de ce fait, pas trouvé les mots qu'ils pouvaient être amenés à chercher et le plus souvent, il n'était pas facile de les renvoyer vers d'autres publications. Les publications du domaine du nucléaire sont nombreuses, souvent partielles, souvent limitées à un sous-domaine de l'ingénierie nucléaire. En outre, le monde nucléaire, comme toute autre activité humaine, évolue et il s'est développé très rapidement ces dernières années. Les dictionnaires du passé définissent des termes et expressions inutilisés aujourd'hui et n'incluent pas les termes des nouvelles technologies (les données relatives à « GEN IV », à la fusion, aux réacteurs hybrides…). Beaucoup de ces publications sont de simples lexiques, ne présentent pas de définitions, sont rédigées en langue étrangère. Il est vraiment apparu nécessaire de disposer d'un autre type de document. L'idée s'est fait jour de ce qui ne pouvait plus être un « vocabulaire sélectif » mais un dictionnaire plus complet, qui devrait constituer l'essentiel de la terminologie actuelle des principales branches de l'ingénierie nucléaire et de ses applications et qui intégrerait l'ensemble des termes et expressions les plus importants employés par les ingénieurs du nucléaire avec des définitions suffisamment explicites pour que toute personne en relation avec cette discipline, tout lecteur un tant soit peu intéressé par ces questions qui touchent le grand public puisse disposer d'un service complet, fiable et à sa portée (Calberg 2003). Mais ce dictionnaire, dont la plupart des définitions proviendraient des travaux des spécialistes français et étrangers reconnus pour leurs compétences, ne doit pas être considéré comme un ouvrage de vulgarisation. Ce dictionnaire devrait être, pour les chercheurs et ingénieurs, un précieux outil de travail censé les aider à préciser et à améliorer leur vocabulaire, trop souvent encombré de mots anglais adoptés sans nécessité ou mal francisés, ce qui est d'autant plus regrettable que ces mots anglais ont souvent été eux-mêmes choisis avec négligence. Le principe d’un Dictionnaire de l'ingénierie nucléaire s'impose donc aujourd'hui naturellement. Ce dictionnaire devrait également rendre service à ceux qui, dans ce vaste domaine, travaillent dans les diverses spécialités de l'ingénierie nucléaire et qui ont souvent besoin de s'informer sur les grands développements des connaissances et des réalisations dans d'autres branches que les leurs propres.

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5.1.1 Le paysage dictionnairique du nucléaire en 2004 : analyse métalexicographique des dictionnaires de l'AIEA, du CEA, de la CEI et de l'ISO62

« L’évaluation de termes et l’analyse de terminologies font partie intégrante du travail du lexicographe rédacteur de dictionnaire » (Candel 1993 : 259).

Aussi nous nous proposons de réaliser une étude métalexicographique de quatre dictionnaires reconnus comme ressources importantes dans le domaine du nucléaire63 et à notre disposition au sein de l'entreprise Areva NP. Nous avons étudié ces différentes ressources pour comprendre comment elles avaient été réalisées, dans quel contexte, pour quel public et à quelle époque, et pour voir si les préfaces respectives des différents dictionnaires étaient en adéquation avec le contenu même du dictionnaire. Nous nous sommes uniquement intéressée pour ce chapitre aux ressources papier car il était indispensable de savoir ce qu'on pouvait trouver « autour » du dictionnaire ou paratexte c'est-à-dire les préfaces, les introductions ou les avant-propos et les annexes. La classification de ces quatre ressources papier se base sur des normes et des standards internationaux, en particulier les normes éditées par l'ISO et les travaux de l'Office de la langue française du Québec en matière de terminologie, aujourd’hui appelé Office québécois de la langue française (OQLF depuis 2002). Cependant, les dénominations retenues comme « dictionnaire », « lexique », « glossaire », « vocabulaire », « thesaurus », « répertoire », « index », « terminologie », etc. sont dans la pratique utilisées de façon peu systématique. Un ouvrage peut être appelé « glossaire » même s'il comporte des définitions et qu'on ne trouve pas d’équivalent dans d'autres langues. Nous devons donc lire attentivement le contenu des ressources pour pouvoir juger du type ressource lexicale et terminologique que nous avons à notre disposition. Après avoir étudié le contenu des ressources terminologiques et lexicales à notre disposition, nous avons uniquement retenu celles correspondant à la notion de « dictionnaire » et entrant dans le cadre de la définition suivante (v. Tableau 74) :

« Recueil des mots d'une langue ou d'un domaine de l'activité humaine, réunis selon une nomenclature d'importance variable et présentés généralement par ordre alphabétique, fournissant sur chaque mot un certain nombre d'informations relatives à son sens et à son emploi et destiné à un public défini. »

Tableau 74. Article « dictionnaire », extrait du Trésor de la langue française informatisé64

Les quatre ressources sélectionnées sont les suivantes :

62 Cette étude a fait l’objet d’une présentation : Calberg, Marie (2004). « Paysage dictionnairique du nucléaire en 2004 » au séminaire de l’Ecole doctorale, John Humbley, UFR EILA, Université Paris 7, le 10 mai 2004. 63 v. aussi Safety glossary (2000), Glossary of terme in nuclear science and technology (1986), Musset & Lloret (1964) et Charles (1960). 64 Consultation du 5-01-2004.

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• Dictionnaire de la sûreté nucléaire (2000), Terminologie utilisée dans le nucléaire, radiation, déchets radioactifs et transport de sécurité, Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ;

• Dictionnaire des sciences et techniques Nucléaires (1975), Commissariat à l’énergie atomique (CEA), troisième éd. Eyrolles, Paris ;

• Dictionnaire Commission électrotechnique internationale (CEI) (1990),

Vocabulaire Electrotechnique International, partie Instrumentation nucléaire ;

• Dictionnaire ISO 921 (Organisation internationale de normalisation) (1997), Energie nucléaire, vocabulaire, norme internationale.

Dans une ressource terminologique, un ensemble d'informations accompagne la présentation d’un terme. Ce sont les informations réparties dans une mesure plus ou moins importante entre les niveaux documentaire, notionnel et linguistique. Le niveau documentaire regroupe les informations ayant trait à la date de parution de l'ouvrage, au nombre d'entrées, à l’ordre de présentation alphabétique ou thématique des données, à la présence d’un index, d’une introduction, d’une préface ou d’une note explicative, à la typographie, aux annexes et à la bibliographie. Le niveau notionnel rassemble les illustrations que sont les exemples ou les schémas, les informations concernant la langue (langue source et langue cible), le domaine, la définition et les notes. Le niveau linguistique est plus particulièrement représenté par les informations sur la catégorie grammaticale, les abréviations, les variantes (comme, aussi, les symboles et les formules) et les relations sémantiques (telles que la synonymie ou l’analogie). Nous nous sommes appuyée sur ces trois niveaux d'informations pour décrire les ressources terminologiques citées ci-dessus et renseigner sur la qualité de ces ressources.

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5.1.1.1 Fiche synthétique - informations métadictionnairiques

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Dictionnaire AIEA

2000 960 word/ papier

alphabétique non

oui non

oui oui

Dictionnaire CEA

1975 3400 word/ papier

alphabétique65

non66 oui oui67 oui non

Dictionnaire CEI

95/96 988 pdf/ papier

thématique oui oui non

non

non

Dictionnaire ISO

1997 1331 word/ papier

alphabétique non

non

non

non

non

Tableau 75. Informations de niveau documentaire

Au sujet des informations de niveau documentaire (v. Tableau 75), le dictionnaire du CEA est la ressource terminologique la plus complète puisqu’on trouve dans l’ouvrage des informations sur la date d’édition, le nombre d’entrées, le classement, l’index, l’introduction, la typographie et l’annexe.

65 Le dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA comporte des sous-entrées qui ne sont pas classées par ordre alphabétique mais thématiquement c'est-à-dire au mot clé de l'expression complexe. 66 Il y a uniquement un index anglais-français. 67 Les conventions typographiques sont données dans la note explicative en introduction.

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Illustrations Langue

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Dictionnaire AIEA

oui non oui non anglais anglais non oui oui

Dictionnaire CEA

oui oui oui non français anglais oui68 oui oui

Dictionnaire CEI

oui oui oui non français anglais69 oui oui oui

Dictionnaire ISO

non non oui non anglais français oui oui oui

Tableau 76. Informations de niveau notionnel

Quant aux informations de niveau notionnel (v. Tableau 76), le dictionnaire de la CEI constitue la ressource terminologique la plus complète en précisant dans les articles, l’exemple, le symbole, la formule, la langue source et la langue cible, le domaine, la définition et les note.

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Syno

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Dictionnaire AIEA

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Dictionnaire CEA Voir également Voir à Voir italique *

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Dictionnaire CEI non oui non

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Dictionnaire ISO Cf. (anglais) Voir aussi

non

non

non

Tableau 77. Informations de niveau linguistique

Enfin, pour les informations de niveau linguistique (v. Tableau 77), les dictionnaires de l'AIEA et du CEA sont les ressources les plus complètes : elles indiquent, dans les

68 Les domaines sont traités dans l'avant-propos du dictionnaire mais ne sont pas mentionnés dans les articles. 69 Equivalence des termes en allemand, en espagnol, en italien, en japonais, en polonais et en portugais. 70 Dans le dictionnaire de l'AIEA, les synonymes sont mentionnés dans les renvois.

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articles, les renvois, les abréviations et les synonymes. Le dictionnaire de l’ISO est la moins informative des quatre ressources.

5.1.1.2. Analyse métalexicographique des données de niveau documentaire

Tous les dictionnaires sont soucieux de transmettre de l'information. Mais quel type d'information transmettent-ils ? Quelle est l'importance donnée à chaque information ? Comment ces informations sont-elles organisées ? Existe-t-il une logique dans l'ordre d'apparition des données ? Quels sont les différents facteurs qui ont poussé les lexicographes à donner de l'importance à une information plutôt qu'à une autre ? Le dictionnaire offre deux aspects. Tout d'abord un aspect culturel qui permet de maîtriser les moyens d'expression et d'accroître les savoirs du lecteur. Ensuite, un aspect linguistique qui permet de maîtriser les moyens d'expression, et de traduire d'une langue vers une autre. Notre étude a porté sur les dictionnaires précédemment cités, à savoir ceux de l'AIEA, du CEA, de la CEI et de l'ISO.

5.1.1.2.1 Rôle de l'histoire

Le dictionnaire est un outil qui enregistre les richesses de la langue. Quand on ouvre un dictionnaire, on est frappé par le nombre de données que l'on peut trouver, notamment dans l’histoire. La langue est dynamique et les mots évoluent avec la société qui les utilise. Ces quatre dictionnaires ne sont pas de la même époque. Le plus ancien, le dictionnaire du CEA, date de 1975 et le plus récent, le dictionnaire de l’AIEA, date de 2000. On peut dire qu'ils sont d'une époque différente car les connaissances du domaine du nucléaire s’enrichissent très rapidement et, tout comme les vocabulaires des sciences et techniques en général (Candel 1994, 1995, 2000, 2006 ; Candel & Humbley 1997 ; Kocourek 1991). En effet, les vocabulaires des techniques et des métiers ainsi que les terminologies scientifiques constituent de nos jours la partie la plus importante du lexique français, et surtout la plus productive (Quemada 1955, 1959, 1962, 1997, 1998). Parallèlement aux progrès, aux développements permanents des techniques et à une diffusion quasi-instantanée des données, une des caractéristiques majeures des vocabulaires des sciences et techniques est sa rapidité d'évolution. Une spécificité des sciences et techniques nucléaires est qu’elles forment un vaste domaine qui ne s'est développé qu’au cours du 20e siècle mais qui continue de se développer rapidement. C'est ainsi qu'en 1975, le CEA en est à la troisième édition de son dictionnaire. La première version de ce dictionnaire date de 1964 et contient quelque 2200 mots. La deuxième édition date de 1964 avec 3000 entrées et la troisième, datant de 1975, contient 3400 entrées. Les 3000 termes de l'édition de 1964 ont été revus, des termes devenus obsolètes ont été supprimés, d'autres ont été rajoutés, tout ceci en fonction des derniers progrès et des travaux les plus récents des organismes de normalisation.

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5.1.1.2.2 Nombre d'entrées

Le nombre d'entrées varie beaucoup d'un dictionnaire à l'autre. Si celui du CEA en compte 3400, le dictionnaire de l'AIEA et celui de la CEI comptent environ 1000 entrées, et celui de l'ISO compte plus de 1300 entrées. Ceci s'explique du fait que les dictionnaires de l'AIEA et de la CEI s’intéressent seulement à un domaine et que les dictionnaires du CEA et de l'ISO ont une couverture plus large. Le dictionnaire du CEA, intitulé Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires, touche un domaine plus vaste que celui de l'ingénierie nucléaire. Le dictionnaire de l'AIEA couvre, quant à lui, le seul domaine de la sûreté nucléaire, celui de la CEI couvre les domaines de l'instrumentation nucléaire, les phénomènes physiques, les notions fondamentales et instruments.

5.1.1.2.3 Macrostructure du dictionnaire

Tous les dictionnaires ont un classement alphabétique sauf le dictionnaire de la CEI qui est classé thématiquement. Dans ce dernier dictionnaire, les termes sont ordonnés par domaines et sous-domaines à l'intérieur du thème en général. A l'intérieur de chaque domaine ou sous-domaine, le classement est de nouveau alphabétique. En ce qui concerne le dictionnaire du CEA, les termes sont classés par ordre alphabétique. Toutefois la terminologie du nucléaire fait appel à de nombreuses expressions composées de plusieurs éléments (unités linguistiques complexes). Un certain nombre de celles-ci sont classées à l’ordre alphabétique de leur premier mot. Pour un grand nombre d'autres, elles sont classées à un mot différent du premier mais plus caractéristique de l'expression. Cela a permis de rassembler sous un mot « vedette » un certain nombre d'expressions qui s'y rattachent et dont la définition nécessite le plus souvent la connaissance de celle du mot vedette. De cette façon, le dictionnaire du CEA est composé de deux catégories de termes et les auteurs ont tenu à expliquer en introduction la typographie du dictionnaire. La première catégorie concerne les unités linguistiques simples et les expressions qui sont classées par ordre alphabétique. Les termes de cette première catégorie sont imprimés en caractères gras et sont décalés vers la gauche par rapport aux autres termes, ce qui permet de les trouver facilement. La deuxième catégorie concerne les autres expressions qui figurent à la suite d'un mot ou d'une expression appartenant à la première catégorie. Ces termes sont également imprimés en gras et sont décalés vers la droite par rapport aux termes de première catégorie tout en restant dégagés du texte des définitions. Voici une illustration (v. Tableau 78) du classement des termes dans le dictionnaire du CEA. Elle concerne le terme « collision » :

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Tableau 78. Article « collision », extrait du Dictionnaire des Sciences et Techniques nucléaires du

CEA (1975)

5.1.1.2.4 Index

En ce qui concerne les index, seuls deux ouvrages en contiennent un. On peut consulter celui de la CEI à partir de toutes les langues présentes dans l'ouvrage. Ces index nous garantissent l'accès à l'information. La présence de plusieurs index dans le dictionnaire de la CEI se justifie car le classement est thématique. Grâce à ces index, il peut être plus facile de retrouver un terme donné. Pour le dictionnaire du CEA, qui est un dictionnaire bilingue, on a seulement un index anglais-français.

5.1.1.2.5 Introduction

Nous pouvons nous référer à l'introduction du dictionnaire du CEA, seul ouvrage à contenir une introduction parmi les quatre ressources sélectionnées. Pour permettre une étude comparative, nous avons ajouté à notre corpus les préfaces des deux précédentes éditions du dictionnaire du CEA. Les deux premières éditions datent respectivement de 1964 et 1974. L’ensemble de ces préfaces à notre disposition est intéressant car on peut comparer l'évolution et donc des objectifs du dictionnaire sur la période de 1964 à 1975. Les préfaces précisent pourquoi un dictionnaire des sciences et techniques nucléaires a été réalisé et pourquoi une troisième édition a été entreprise. Dans l’introduction, les auteurs ont également voulu expliquer à qui est destiné le

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dictionnaire, par qui et comment il a été réalisé et quelles sont les raisons de son élaboration. Le dictionnaire du CEA, à trois périodes différentes, garde par ailleurs les mêmes objectifs. Le premier objectif est de valoriser la langue française. Ce dictionnaire est à considérer comme « un précieux outil de travail qui doit aider les ingénieurs et les chercheurs atomistes de langue française à préciser et à améliorer leur vocabulaire, trop souvent encombré de mots anglais adoptés sans discrimination et sans nécessité ou mal francisés ». Le deuxième objectif est d’apporter un ouvrage de référence aux « ingénieurs et chercheurs atomistes, à ceux qui travaillent dans les diverses spécialités de l'énergie atomique et qui ont besoin de s'informer des grandes lignes du développement des connaissances et des réalisations dans d'autres branches que la leur de ce vaste domaine ». Le dictionnaire du CEA n'est en aucun cas à prendre pour « un simple ouvrage de vulgarisation » (Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires du CEA 1975 : Préface). Au regard des trois éditions, les auteurs du dictionnaire du CEA sont soucieux de tenir compte l'évolution permanente des sciences et techniques et donc de la langue. Voici quelques informations sur le contenu de l’introduction (v. Tableau 79) : Introduction du Dictionnaire des sciences et techniques nucléaire du CEA 1964 1964 1975 Nombre d’entrées 2200 3000 3400 Domaine oui --- non Utilisateur oui --- oui Auteur oui --- oui Lexique oui oui oui

Tableau 79. Introduction du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaire du CEA (1975)

Le nombre d’entrées s’est enrichi de 1200 termes entre la première et la dernière éditions. Les domaines, qui étaient mentionnés dans la première édition, ont été supprimés dans les versions ultérieures. A la suite de l’introduction du dictionnaire des sciences et techniques nucléaire de 1975 se trouve une note explicative indiquant comment se servir du dictionnaire et ce qu'on peut y trouver. Cette note, dont on présente un récapitulatif (v. Tableau 80), est en adéquation avec le contenu du dictionnaire.

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Note explicative du dictionnaire des sciences et techniques nucléaire du CEA (1975)

Définition oui Lexique oui Classement oui Entrée oui Typographie oui Renvois oui Equivalent étranger oui Lexique oui Annexes oui

Tableau 80. Note explicative du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaire du CEA (1975)

La note a pour but d'expliquer au lecteur comment se utiliser le dictionnaire. Les explications sont très claires et sont une aide véritable pour le lecteur. Notons une absence de transcriptions phonétiques alors qu’elles pourraient être une aide pour le lecteur au vu du grand nombre de sigles et acronymes utilisés dans le domaine.

5.1.1.2.6 Annexes

Des annexes sont présentes dans le dictionnaire du CEA et dans celui de l'AIEA. Ces annexes contiennent des renseignements d’ordre divers. Les annexes du CEA contiennent les éléments suivants :

• tableau des particules élémentaires ; • tableau des constantes ; • schéma représentant les relations entre les sections efficaces ; • tableau de répartition des électrons entre les différentes couches électroniques ; • tableau des familles radioactives (famille du thorium, famille de l'uranium,

famille de l'actinium) ; • tableau des grandeurs et des unités radiologiques ; • classification périodique des éléments.

Les annexes de l'AIEA contiennent d'autres types de données :

• références ; • bibliographie ; • abréviations et acronymes.

Le dictionnaire du CEA est riche d’informations en annexe. Ces éléments tendent à le classer comme un ouvrage de formation tandis que le dictionnaire de l’AIEA se contente de tracer les sources ayant servi à son élaboration.

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5.1.1.3 Analyse métadictionnairique des données de niveau notionnel

5.1.1.3.1 Illustrations

L'illustration permet de comprendre une définition, de la rendre plus explicite. Nous pourrons distinguer l’illustration par l’exemple, ou par le schéma. Tous les dictionnaires auxquels nous nous sommes intéressée contiennent un type d'illustration, que ce soit un exemple, un symbole ou une formule. Les deux dictionnaires les plus complets au niveau des illustrations sont les dictionnaires de la CEI et celui du CEA (v. Tableau 76) référant aux informations de niveau notionnel). Même si nous nous situons déjà dans un domaine de spécialité, nous savons bien que la synonymie et la polysémie existent. Aucun de ces dictionnaires ne comporte de schémas, ni de figures. Ce genre d'informations apparaît dans les lexiques que l'on trouve sur l'internet mais n'est pas présent sur des supports papier. On trouve, en revanche, des formules mathématiques. Dans chaque branche, le CEA a travaillé avec des membres spécialisés du domaine.

5.1.1.3.2 Langues

A coté de chaque entrée française figure une équivalence en anglais. L'équivalent indiqué n'est pas toujours la traduction littérale du terme français, mais l'expression couramment utilisée pour remplacer le concept français défini dans le dictionnaire. Les mentions « U.S.A » et « U.K » peuvent être indiquées à côté des équivalences en anglais dans le dictionnaire du CEA. Le dictionnaire du CEA est en français et un glossaire anglais-français se trouve à la fin de l’ouvrage. Concernant le dictionnaire de la CEI, chaque article en français est immédiatement suivi de l’article en anglais puis de traductions du terme dans d’autres langues. Concernant le dictionnaire de l'ISO, le terme en anglais se trouve à la fin de l’article en français. Le dictionnaire de l'AIEA est monolingue (anglais). Ce n'est pas le cas des autres dictionnaires. Le dictionnaire de la CEI est bilingue tandis que celui du CEA et de l’ISO sont de « faux » multilingues. En effet, les entrées et définitions existent uniquement en français mais on trouve les équivalences des entrées en anglais pour le dictionnaire du CEA et des équivalences en allemand, espagnol, italien, japonais, polonais et portugais pour le dictionnaire de la CEI.

5.1.1.3.3 Domaines

Il est important de mentionner le domaine ou le sous-domaine sur lequel on travaille. Cela donne un renseignement supplémentaire sur le terme lui-même et les problèmes de polysémie sont ainsi levés. Un même terme peut changer de sens en fonction de son domaine d'appartenance. Tous les dictionnaires sur lesquels nous avons travaillé mentionnent le domaine qu'ils couvrent. Même si le domaine n'est indiqué dans l’article que dans le dictionnaire de la CEI, les simples indications contenues dans les titres ou

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sous-titres des dictionnaires de la CEA (sciences et techniques nucléaires) et de l'AIEA (terminologie utilisée dans le nucléaire, radiation, déchets radioactifs et transport de sécurité) nous renseignent sur la couverture du dictionnaire. Les domaines ne sont pas explicitement mentionnés dans le dictionnaire sauf pour le CEA qui présente les domaines traités dans l'introduction. Par son titre – Dictionnaire des Sciences et Technique nucléaires – le dictionnaire du CEA indique déjà le langage de spécialité dont il va traiter. En introduction, il est précisé que ce dictionnaire couvre diverses branches telles « physique, chimie, biologie, technologie des réacteurs, électronique, séparation des isotopes, plasmas, radioprotection…etc… ». Malgré tout, la précision du domaine n’a pas été conservée dans le dictionnaire. Il en est de même pour le dictionnaire de l'AIEA qui traite uniquement du domaine de la sûreté. En ce qui concerne la CEI, c'est un peu différent car chaque dictionnaire traite déjà un sous-domaine. Chaque sous-domaine est encore divisé en sous-parties et en chapitres. On peut penser que lorsque les domaines ne sont pas mentionnés car nous avons affaire à des dictionnaires spécialisés. Mais, des sous-domaines existent dans un domaine de spécialité aussi large que les sciences et techniques nucléaires. Il est dommage que ce type d’informations n’ait pas été conservé. Les dictionnaires sur lesquels nous travaillons peuvent être caractérisés comme étant des « dictionnaires de spécialités ». Ils ont pour vocation d'expliquer les termes du nucléaire. Le domaine du nucléaire s'adresse à un public averti. C'est un domaine complexe qui ne peut pas être abordé sans connaissance préalable. Nous notons toutefois que le dictionnaire de la CEI (v. Tableau 81 et Tableau 82) mentionne parfois le sous-domaine entre parenthèses après le terme en entrée. Mais cette indication n'est pas systématique. D’autre part le terme entre parenthèses correspond parfois à l’expansion du terme en l'entrée. Cette remarque est aussi valable pour le dictionnaire du CEA (v. Tableau 83 et Tableau 84). Ce mélange d’informations, qui ne sont pas de même niveau, peut prêter à confusion et induire le lecteur non averti en erreur.

(atomic) nucleus Central part of an atom, composed of protons and neutrons, having a positive electric charge and nearly a11 the mass of the atom. de (Atom-)Kern noyau (atomique) Partie centrale d'un atome composée de protons et de neutrons, ayant une charge électrique positive et presque toute la masse de l'atome.

Tableau 81. Premier extrait du Dictionnaire CEI (1990)

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linear ionization (in nuclear instrumentation) Quotient of the average number of pairs each of oppositely charged ions or of a positive ion and an electron that a particle with a given kinetic energy produces along a path, by the length of the path, under specified conditions. Note. - The ion pairs may be created by secondary ionizing processes. de lineares Ionisierungsvermijgen (in der nuklearen Instrumentierung) ionisation linéique (en instrumentation nucléaire) Quotient du nombre moyen de paires, composées chacune de deux ions de charges opposées ou d'un ion positif et d'un électron, qu'une particule d'énergie cinétique donnée produit en moyenne sur un parcours donné, par la longueur du parcours, dans des conditions spécifiées. Note. - Les paires d'ions peuvent provenir de processus d'ionisation secondaire.

Tableau 82. Deuxième extrait du Dictionnaire CEI (1990)

ÉNERGIE POTENTIELLE ALPHA (Radioprotection) - Alpha potential energy. Grandeur utilisée en radioprotection pour évaluer la nuisance que constitue la présence des descendants à vie courte du radon dans l'air, notamment dans les mines d'uranium. Pour un volume d'air déterminé, c'est la somme des énergies des particules alpha du polonium 218 (radium A) et du polonium 214 (radium C') émises lors de la désintégration totale de tous les descendants à vie courte du radon 222 contenu à un instant donné dans ce volume d'air. Voir également: Niveau opérationnel.

Tableau 83. Premier extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

ÉNERGIE PROPRE (d'une particule) - Self-energy. Contribution à l'énergie d'une particule, dans un modèle théorique donné, qui provient de l'interaction de cette particule avec son propre champ. C'est l'énergie de la particule à vitesse nulle valant mc2 où m est la masse de la particule et c la vitesse de la lumière. Synonyme: Energie au repos,

Tableau 84. Deuxième extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

5.1.1.4 Analyse métadictionnairique des données de niveau linguistique

Ce sont ici les relations d’analogie et de synonymie qui seront présentées.

5.1.1.4.1 Renvois

Dictionnaire du CEA Il existe de nombreux types de renvois dans le dictionnaire du CEA (indiqués par le signe *, des italiques, ou encore les marques « voir », « voir à », « voir également ») et c'est pour cela qu'il nous a semblé intéressant de faire une étude plus approfondie de ces types de renvois, afin de comprendre les différences d'informations vers lesquelles nous pouvions être renvoyés. En effet, deux types de renvoi sont mentionnés en introduction du dictionnaire :

• Italique parfois précédé d’un * • Renvoi en fin de définition sans autre information

Le premier type de renvoi relevé est un astérisque. Cela signifie que le terme précédé d'un astérisque est défini dans le dictionnaire. Ce renvoi permet de bénéficier d’une

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définition complémentaire. Voici des renvois dans le dictionnaire du CEA au moyen de l'* et l'italique dont voici quatre illustrations (v. Tableau 85) :

ABSORPTION COMPTON - Compton absorption. Absorption d'énergie dans un rayonnement X ou gamma, par effet *Compton.

COMPTON - Compton. DÉPLACEMENT COMPTON - Compton shift. Différence entre les longueurs d'onde des photons diffusés et des photons incidents dans l'effet *Compton.

EFFET COMPTON - Compton effect. Diffusion élastique d'un photon par un électron, dans le cas où l'électron peut être considéré comme libre et stationnaire. Une partie de l'énergie et de l'impulsion du photon, [sic] incident est communiquée à l'électron, le reste étant emporté par le photon diffusé.

ÉLECTRON COMPTON - Compton electron. Electron projeté par effet *Compton. Parfois appelé également: Electron Compton de recul.

Tableau 85. Extrait des renvois « * » et « italique » dans le Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Le deuxième type de renvoi est indiqué avec « voir également » (v. Tableau 86). On peut considérer que les renvois en « voir également » orientent vers d’autres termes qui sont en entrée autonome.

DISCONTINUITÉS D'ABSORPTION - Absorption edges. Discontinuités de la courbe représentant, pour une matière donnée, le coefficient d'*absorption d'un rayonnement X ou gamma en fonction de l'énergie de ce rayonnement. Chaque discontinuité apparaît à un niveau énergétique bien déterminé correspondant à chacune des différentes couches électroniques de l'absorbant. Voir également: Analyse par absorption — Auto-absorption - Commande par absorption — Longueur d'absorption — Pic d'absorption totale.

Tableau 86. Article « discontinuités d'absorption », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Les renvois en « voir également », pendant des renvois en « Voir » (v. Tableau 87 et Tableau 88), renseigne sur des termes précis, et on pourra parler d’« hyponymes ». En effet, le « cyclotron » est un type d'« accélérateur ».

ACCÉLÉRATEUR VAN DE GRAAFF - Van de Graaff accelerator. Accélérateur électrostatique à transporteur isolant dans lequel le transfert des charges s'effectue au moyen d'une courroie isolante. Remarque: Les charges sont déposées et collectées par l'intermédiaire de séries de pointes constituant des peignes. Dans sa forme actuelle l'ensemble de la machine est logé dans une cloche sous pression. Voir également: Cyclotron - Synchrocyclotron — Synchrotron.

Tableau 87. Article « accélérateur Van de Graaff », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

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ACCEPTEUR - Acceptor. IMPURETÉ DE TYPE ACCEPTEUR - Acceptor type impurity. Voir à: Impureté. Voir également: Niveau accepteur.

Tableau 88. Article « accepteur », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Un troisième type de renvoi est indiqué par « voir » (v. Tableau 89). Quand on trouve ce type de renvoi, le terme en entrée n'est généralement pas défini et l’attention est renvoyée vers le terme indiqué.

ANAPHORESE - Anaphoresis. Voir: Electrophorèse.

Tableau 89. Article « anaphorère », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Mais dans les quelques exemples de renvois dans le dictionnaire du CEA, nous pouvons trouver des contre exemples. A l'entrée « brûlage » (v. Tableau 90), une définition précède le renvoi ; ce qui n'était pas le cas pour les autres entrées où l'on trouve « voir ».

BRULAGE - Fuel burn-out. Importante dégradation locale d'un élément combustible résultant d'un échauffement excessif. Voir: Caléfaction.

Tableau 90. Article « brûlage », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Les renvois avec « voir » sont de type hyperonymique : le renvoi se fait vers un terme de sens plus général. Quant à l'article « électrophorèse » (v. Tableau 91), il introduit les termes « anaphorèse » et « cataphorèse ».

ÉLECTROPHORÈSE - Electrophoresis. Migration des micelles contenues dans une solution ou une suspension colloïdale conductrice, sous l'action d'un champ électrique. Suivant le signe de la charge électrique des micelles, la migration se fait vers l'anode (anaphorèse) ou vers la cathode (cataphorèse). Ce phénomène est utilisé notamment pour effectuer des séparations en analyse chimique.

Tableau 91. Article « électrophorèse », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

D'autre part, on pouvait s’attendre qu’une entrée avec un nom propre et « Voir », n’annonce pas de définition. En effet, il n'y a pas de définition de nom propre dans le dictionnaire du CEA (v. Tableau 92). Il est donc normal d'avoir des renvois vers des termes désignant les découvertes de la personne en question.

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BOHR - Bohr. Voir: Atome de Bohr — Magnéton de Bohr — Rayon de Bohr.

BOSE-EINSTEIN - Bose-Einstein. Voir: Statistique de Bose-Einstein

BUCKY - Bucky. Voir: Rayons de Bucky.

Tableau 92. Extrait des entrées de noms propres dans le Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Pourtant, sous « Burgers » (v. Tableau 93), la procédure suivie est différente et la sous-entrée « vecteur de Burgers » est définie. Il n'y a pas de renvoi.

Tableau 93. Article « Burgers », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du

CEA (1975)

On peut justifier ce choix en feuilletant le dictionnaire du CEA. Il n'existe qu'un seul type de vecteur et il semble donc plus pertinent de classer « vecteur de Burger » à « Burger » qu'à « vecteur ». En ce qui concerne les entrées « Bohr », « Bose-Einstein » et « Bucky », il semble logique que les entrées « atome de Bohr », « magnéton de Bohr », « rayon de Bohr » ou encore « rayon de Bucky » soient classées alphabétiquement car il existe, par exemple, plusieurs types de « rayons », plusieurs types « d'atome ». Il peut donc être intéressant de comparer les différents types de « rayons » pour voir les similitudes et les différences. Le quatrième et dernier type de renvoi se fait avec « voir à » (v. Tableau 94). On trouvera ci-après le corpus complet des données présentes dans le dictionnaire du CEA correspondant à ce dernier type de renvoi.

IMPURETÉ DE TYPE ACCEPTEUR - Acceptor type impurity. Voir à: Impureté. Voir également: Niveau accepteur.

COMPTAGE DES RAYONS DELTA - Delta ray counting. Voir à: Rayon delta.

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COUCHE s, p, d, f, g - s, p, d, f, g shell. 1. Dans le modèle des couches (Voir à: Modèle du noyau) nom donné aux différents niveaux énergétiques suivant lesquels sont répartis les nucléons. 2. Voir: Couche électronique.

IMPURETÉ DE TYPE DONNEUR - Donor type impurity. Voir à: Impureté. Voir également: Niveau donneur.

DOPPLER - Doppler. COEFFICIENT DOPPLER (de réactivité) - Doppler coefficient. Part du coefficient de température (voir à coefficient de réactivité) liée à l'élargissement * Doppler.

ÉNERGIE THERMONUCLÉAIRE - Thermonuclear energy. Voir à: Thermonucléaire.

FRAGMENTS DE FISSION - Fission fragments. Voir à: Fission.

FRÉQUENCE DE PLASMA - Plasma frequency. Voir à: Plasma.

NEUTRONS s - s neutrons. Dans le modèle des couches (voir à: modèle nucléaire), neutrons appartenant à la couche s. Par définition, les neutrons s ont un moment angulaire orbital l nul.

PRODUITS DE FISSION - Fission products. Voir à: Fission.

Q. M. A. Abréviation de: Quantité maximale admissible (dans l'organisme). Voir à: Charge corporelle maximale admissible.

COURBE DE SCHMIDT - Schmidt curve. Ensemble des deux courbes théoriques, obtenu lorsque l'on représente le moment magnétique du noyau en fonction de son spin en utilisant le modèle à particules indépendantes (voir à: modèle nucléaire). L'une de ces courbes correspond au cas où le spin et le moment cinétique du nucléon célibataire sont parallèles, l'autre au cas où ils sont antiparallèles. Les points correspondant aux nucléides réels sont situés entre ces deux courbes.

PARAMÈTRE DE STABILITÉ - Stability parameter.

Paramètre égal au rapport où Z est le numéro atomique et A le nombre de masse

relatifs à un élément donné. D'après les calculs de Bohr et Wheeler, basés sur le modèle de la goutte liquide (voir à modèle nucléaire) tous les noyaux pour lesquels le paramètre de stabilité est supérieur à 45 peuvent donner lieu à la fission spontanée. Pour les autres, la fission ne peut se produire qu'avec apport d'énergie. Cependant, par suite de l'effet tunnel certains noyaux lourds dont le paramètre de stabilité est inférieur

où Z est le

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à 45 mais supérieur à 35 peuvent subir la fission spontanée, avec une probabilité d'autant plus grande iy°* que — est plus voisin de 45. A

SUREMPOISONNEMENT XÉNON - Xenon build-up after shutdown. Voir à : Xénon.

Tableau 94. Corpus complet renvoi « voir à », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Annoncé dans la note explicative du dictionnaire, ce dernier type de renvoi doit apparaître dans la définition et non, comme dans les autres cas de renvoi, en entrée. Malheureusement ce propos n'est pas toujours vrai, ce qui se vérifie facilement dans notre corpus. Les indications de la note explicative ne sont donc pas toujours appliquées strictement et aucune logique n’a pu être identifiée dans la pratique de ce changement. Au regard de tous ces renvois, on pourrait se demander si les différences entre les types de renvoi sont nécessaires. Les renvois en « italique » et introduits par « Voir » étaient peut-être suffisants et la lecture du dictionnaire du CEA en aurait ainsi été simplifiée.

Dictionnaire de l'AIEA Dans le dictionnaire de l'AIEA, les renvois sont simplement indiqués au moyen de see (v. Tableau 95).

ALARA (as low as reasonably achievable) See optimization (of protection). alert See emergency class. ambient dose equivalent See dose equivalent quantities.

Tableau 95. Exemple de renvoi dans le Dictionnaire de la sûreté nucléaire de l'AIEA (2000)

En revanche, ce dictionnaire a recours à des signes typographiques (! et •) (v. Tableau 96) pour mentionner, avec le premier signe typographique, des remarques ou des notes, et avec le second, d'autres contextes d'utilisation du terme en entrée. Voici l’illustration de deux types de renvois.

activation The process of inducing radioactivity.

• Most commonly used to refer to the induction of radioactivity in moderators, coolants, structural and shielding materials, caused by irradiation with neutrons.

• The BSS definition — « The production of radionuclides by irradiation. » [1] - is technically adequate, but the term « production » gives a connotation that this is being done intentionally rather than, as is normally the case, incidentally.

! Care may be needed to avoid confusion when using the term activation in its every day sense of bringing into action (e.g. of safety systems).

Tableau 96. Exemples de signes typographiques dans le Dictionnaire de la sûreté nucléaire de l'AIEA (2000)

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Dictionnaire de l'ISO Pour le dictionnaire de l'ISO, les renvois sont signalés dans les passages en français par « voir aussi » et par « cf. » dans le cadre des passages rédigés en anglais (v. Tableau 97).

stock en œuvre Quantité de matière existant à un instant donné dans les différentes enceintes et parties d'un processus. Voir aussi charge en œuvre Angl. : in-process inventory Quantity of material existing in the various vessels and parts of a process at a specific point in time cf. hold-up

Tableau 97. Exemple de renvoi dans le Dictionnaire ISO 921 (1997)

La synonymie exprime une égalité de sens entre deux unités linguistiques ou terminologiques. Il faut distinguer la synonymie totale et la synonymie partielle. La synonymie totale veut que tous les sens (voire, idéalement, les connotations sociales, expressives, descriptives) soient identiques. Ce type de synonymie est rare. De l'autre côté, la synonymie partielle veut qu'au moins certains éléments de sens soient identiques dans les deux unités.

5.1.1.4.2 Synonymes

Dans le dictionnaire du CEA, les synonymes sont mentionnés ou annoncés de deux façons : « synonyme » ou « synonyme de » et « synonyme déconseillé » ou « synonyme déconseillé de ». Nous traiterons en parallèle les cas respectifs de « synonyme » et « synonyme de », et, de « synonyme déconseillé » et « synonyme déconseillé de ». Nous tenterons de discuter la logique de ces dénominations. Prenons des articles contenant des renvois synonymiques (v. Tableau 98 et Tableau 99) :

ABONDANCE ISOTOPIQUE - Isotopic abundance. Synonyme de: Teneur isotopique.

Tableau 98. Article « abondance isotopique », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

TENEUR ISOTOPIQUE - Isotopic abundance. Rapport du nombre des atomes d'un isotope donné d'un élément au nombre total des atonies de cet élément contenus dans une matière. On l'exprime généralement en pourcentage. Synonyme: Abondance isotopique.

Tableau 99. Article « teneur isotopique », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Dans le premier exemple ci-dessus, l'entrée « abondance isotopique » est synonyme de « teneur isotopique ». De même, à l'entrée « teneur isotopique », on trouve comme

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synonyme « abondance isotopique » qui tient lieu de renvoi. On peut donc employer indifféremment « abondance isotopique » et « teneur isotopique », en prenant les précautions d'usage nécessaires comme pour les synonymes de langue générale. Si l’on regarde de plus près les articles, on voit que seule l'entrée « teneur isotopique » a une définition. Il y a une explication implicite. Après un entretien avec Xavier Dumont, personne qualifiée du nucléaire et responsable industriel de notre thèse, nous pouvons dire qu'il est plus courant d'employer « teneur isotopique » que « abondance isotopique ». Il s’agit d’un renvoi classique en lexicographie vers l’entrée qui comporte une définition, vers un article complet. Seulement, la lecture de ce dictionnaire n'est pas aussi simple pour toutes les entrées contenant un synonyme. Dans certains cas, un synonyme est mentionné mais on ne trouve pas d'entrée du terme dans le dictionnaire. On peut alors penser que la définition est en « quasi-identique » et qu'il n'était pas nécessaire de donner deux entrées équivalentes. Mais surtout, il n'y a pas toujours de correspondance entre les synonymes. Regardons les exemples ci-après pour les termes « chambre à détente », « chambre de Wilson », « chambre à nuage » et « chambre à brouillard » (v. Tableau 100 à Tableau 103) :

CHAMBRE A DÉTENTE - Expansion cloud chamber. Synonyme de: Chambre de Wilson. Tableau 100. Article « chambre à détente », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975)

CHAMBRE DE WILSON - Wilson cloud chamber. Chambre à nuage dans laquelle la sursaturation de la vapeur est obtenue pendant un court intervalle de temps par une détente rapide. Tableau 101. Article « chambre de Wilson », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975)

CHAMBRE A NUAGE - Cloud chamber. Chambre à trace contenant de la vapeur sursaturée dans laquelle les ions produits le long des trajectoires constituent des centres de condensation. Synonyme: Chambre à brouillard. Voir également: Champ d'effacement. Tableau 102. Article « chambre à nuage », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975)

CHAMBRE A BROUILLARD - Cloud chamber. Synonyme de: Chambre à nuage.

Tableau 103. Article « chambre à brouillard », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Il n’y a pas, sous « chambre de Wilson », de renvoi synonymique à « chambre à détente. Si nous examinons avec attention ces quatre entrées, nous pouvons faire plusieurs remarques. Si on lit l'entrée « chambre à détente », on note que l'expression est synonyme de « chambre de Wilson ». Mais à l'article de « chambre de Wilson », la définition commence par « chambre à nuage ». Il est donc intéressant, après la lecture de l'article, d'aller voir la définition de « chambre à nuage ». On trouve que « chambre à

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nuage » est synonyme de « chambre à brouillard ». Après un entretien avec M. Jean-Claude Levain en date du 16-04-2004, ingénieur honoraire du CEA et qui fut président de la commission de terminologie, confirmation est faite que ces quatre termes sont synonymes, « on peut les employer les uns à la place des autres ». Reste à savoir, comme le dit M. Levain, s'il n'existe pas « différentes natures, différentes sortes de chambre de Wilson … mais à priori, non ». La chambre de Wilson est donc « une chambre à détente rapide où des gouttelettes se forment sur les particules, ce qui permet de les voir ». Le dictionnaire du CEA est le plus complet au niveau de la définition de « chambre » et de ses hyponymes. En complément des commentaires de M. Levain et en guise de synthèse pour ce cas de synonymie, voici la représentation lexicale (v. Figure 23) que nous pourrions donner du terme « chambre » :

Figure 23. Réseau lexical construit à partir d’articles extrait du Dictionnaire des Sciences et

techniques nucléaires édition 1975

Voici un deuxième exemple, avec les termes « chambre étalon » et « chambre d’ionisation étalon » (v. Tableau 104 et Tableau 105) auquel nous nous sommes intéressée avec M. Levain et où la symétrie synonymique n’est pas respectée :

CHAMBRE ÉTALON - Standard chamber. Synonyme de: Chambre d'ionisation étalon.

Tableau 104. Article « chambre étalon », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

CHAMBRE D'IONISATION ÉTALON - Standard ionization chamber. Chambre d'ionisation destinée à la mesure absolue des expositions.] Tableau 105. Article « chambre d'ionisation étalon », extrait du Dictionnaire des Sciences et

techniques nucléaires du CEA (1975)

Les renvois synonymiques ne sont pas respectés. Nous voulions savoir si une « chambre étalon » est bien une « chambre d'ionisation étalon ». En effet, les deux termes sont

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indiqués comme synonymes. Le terme « ionisation » a été « supprimé » de l'expression « chambre d'ionisation » pour « condenser le terme ; pour aller plus vite ». Dans certains cas, la marque « synonyme » tient de simple renvoi. En effet, il y a des renvois synonymiques et des renvois analogiques. Ainsi, dans les trois exemples qui suivent (v. Tableau 106 àTableau 108) :

COLLISION - Collision. Processus dans lequel deux systèmes proches l'un de l'autre entrent en interaction sans qu'il y ait modification physique des particules constituant ces systèmes. Synonyme: Choc.

Tableau 106. Article « collision », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

COLLISION LOINTAINE - Distant collision. Dans l'étude des collisions binaires entre particules chargées, collision au cours de laquelle la vitesse relative ne subit qu'une faible déviation, la valeur du paramètre d'*impact étant beaucoup plus grande que le paramètre d'*impact critique. Synonyme: Choc lointain. Tableau 107. Article « collision lointaine », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975)

COLLISION PROCHE - Close collision. Dans l'étude des collisions binaires entre particules chargées, collision pour laquelle la vitesse relative des deux particules subit une déflexion d'un angle de l'ordre de 90° ou supérieur. La valeur du paramètre d'*impact est de l'ordre du paramètre d'*impact critique ou inférieure à celui-ci. Synonyme: Choc proche.

Tableau 108. Article « collision proche », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

Dans ce premier cas, on pourra dire que « choc » et « collision » sont des synonymes comme ce serait le cas en langue générale. Le Trésor de la langue française informatisé71 précise que « collision » est « emprunté au latin classique collosio ‘choc’, ‘heurt’ ». Dans le second cas :

COMBUSTION MASSIQUE - Specific burn-up. Energie totale libérée par la combustion nucléaire et rapportée à l'unité de masse du combustible. Elle est habituellement exprimée en « méga-wattjours par tonne », Synonymes: Niveau d'irradiation du combustible; Taux de combustion.

Tableau 109. Article « combustion massique », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

71 Consultation du 20-06-2011.

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NIVEAU D'IRRADIATION (d'un combustible nucléaire) - Fuel irradiation level. Synonyme de: Combustion massique.

Tableau 110. Article « niveau d'irradiation (d'un combustible nucléaire) », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

TAUX DE COMBUSTION - Specific burn-up. Synonyme de : Combustion massique. Tableau 111. Article « taux de combustion », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975)

nous pourrons faire la même remarque que précédemment (v. Tableau 109 à Tableau 111), à propos de « teneur isotopique » et « abondance isotopique », dans le sens où une importance certaine est donnée à l'entrée « combustion massique », emploi « préféré » aux autres (« niveau d’irradiation » et « taux de combustion ») comme cela a été confirmé par Xavier Dumont. De manière générale, la nécessaire circularité des synonymes dans le dictionnaire du CEA est bien faite. Mais, comme nous l’annoncions pour compléter l’étude de la synonymie, il est intéressant de se tourner vers les cas des « synonymes déconseillés » (v. Tableau 112) dans le dictionnaire du CEA dont voici le corpus complet :

CALIBRATION D'UNE BARRE DE COMMANDE - Control rod weighing. Détermination de l'efficacité d'une barre de commande. Synonyme déconseillé: Pesée d'une barre de commande.

DENSITÉ DE FLUX (de particules) - Flux density. Synonyme déconseillé de: Débit de *fluence.

DENSITÉ DE FLUX ÉNERGÉTIQUE - Energy flux density. Synonyme déconseillé de: Débit de *fluence énergétique.

DEUTON - Deuton. Synonyme déconseillé de: Deutéron.

PROBABILITÉ DE FISSION ITÉRÉE - Iterated fission probability. Synonyme déconseillé de: Espérance de fission itérée.

INSTABILITÉ CONVECTIVE - Interchange Instability. Synonyme déconseillé de: Instabilité d'échange.

INTENSITÉ (d'un rayonnement) - Intensity. Synonyme déconseillé de: Débit de *fluence énergétique.

IONISATION SPÉCIFIQUE - Spécific ionization. Synonyme déconseillé de: Ionisation linéique.

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KNUDSEN - Knudsen. MANOMÈTRE DE KNUDSEN - Knudsen gauge. Appareil destiné à la mesure de très basses pressions et basé sur le principe du radiomètre: on utilise le couple exercé par l'agitation thermique des molécules du gaz sur les deux faces des pales d'un moulinet lorsque les deux faces sont maintenues à des températures différentes; le moulinet est suspendu à un fil de torsion et sa déviation donne la valeur de la pression cherchée. Synonyme déconseillé: Jauge de Knudsen.

NEUTRONS IMMÉDIATS - Prompt neutrons. Synonyme déconseillé de: Neutrons instantanés.

NEUTRONS PROMPTS - Prompt neutrons. Synonyme déconseillé de: Neutrons instantanés.

NOMBRE ATOMIQUE - Atomic number. Synonyme déconseillé de: Numéro atomique.

PALIER (d'un tube compteur de Geiger-Müller) - Plateau. Portion de la caractéristique de *palier d'un tube compteur de Geiger-Müller pour laquelle le taux de comptage varie relativement peu en fonction de la tension appliquée. Synonyme déconseillé: Plateau.

PESÉE D'UNE BARRE DE COMMANDE - Control rod weighing. Synonyme déconseillé de: Calibration d'une barre de commande.

PICOCURIE PAR GRAMME DE CALCIUM - Strontium unit. Unité utilisée pour indiquer la proportion relative de strontium 90 (exprimée par son activité en picocuries) présente dans un milieu organique contenant du calcium (sol, lait, os par exemple). Synonyme déconseillé: Unité de strontium.

PIRANI - Pirani. MANOMÈTRE DE PIRANI - Pirani gauge. Appareil destiné à la mesure de basses pressions (de l'ordre de quelques centièmes de millimètre de mercure) dans lequel des variations de pression provoquent des variations de la conductibilité thermique du milieu, donc de la température et par suite de la résistance d'un filament chauffé placé dans un bras d'un pont de Wheatstone. Synonyme déconseillé: Jauge de Pirani.

PLATEAU (d'un tube compteur) - Plateau. Synonyme déconseillé de: Palier. Tableau 112. Corpus complet des synonymes déconseillés Article extrait du Dictionnaire des

Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

L’ensemble des synonymes déconseillés révèle un aspect prescriptiviste du dictionnaire du CEA. A la fin des définitions relatives à des sous-entrées d’un terme en entrée principale (v. aussi cinquième chapitre, paragraphe 5.1.1.2.3, tableau 78, concernant le terme « collision » et six sous-entrées attestant des syntagmes comportant « collision »), un

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renvoi est également effectué vers les autres expressions contenant ce terme. Par exemple, l’article « comptage » (terme de première catégorie) contient les sous-entrées « perte de comptage », « taux de comptage », « taux de comptage maximal » et « taux de perte de comptage ». Dans le texte des définitions, un certain nombre de termes ou expressions sont en italique. Ils correspondent à des termes définis dans l'ouvrage et dont les définitions sont utiles pour la bonne compréhension des termes considérés. Lorsqu'une expression en italique n'est pas présentée à l'ordre alphabétique de son premier terme, un astérisque est placé devant le mot où on trouvera cette expression. Lorsque le mot caractéristique d'une expression ne semble pas aisément compréhensible, des renvois sont effectués vers d’autres mots possibles de façon à retrouver la définition. Pourquoi les catégories grammaticales ne sont-elles indiquées dans aucun des dictionnaires du nucléaire sur lesquels nous avons travaillé ? C’est un usage auquel il serait utile de remédier. Enfin, concernant les abréviations, quand cette dernière existe, le dictionnaire du CEA ou celui de la CEI la mentionne juste après le terme en entrée mais il n'existe pas une liste des abréviations comme celle du dictionnaire de l'AIEA. Le dictionnaire de l'ISO, quant à lui, ne mentionne aucune abréviation.

5.1.2 Un paysage dictionnairique mis à jour

Hormis une homogénéisation, c’est une mise à jour qui s’impose. Notons tout d’abord que le 14 décembre 2009, suite à la présentation des priorités financées par l’Emprunt national et afin de respecter l’engagement du gouvernement d’une parité des efforts de recherche entre le nucléaire et les énergies renouvelables, le CEA est devenu le « Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives ». En 2008, le CEA publie, sous l’autorité de Bernard Bigot, Haut commissaire à l’énergie atomique et sous la direction de Gérard Santarini, Directeur de recherche au CEA, la quatrième édition du Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires. Plus de 40 ans sépare cette quatrième édition du dictionnaire de l’édition précédente. La rédaction du dictionnaire a duré trois ans et cet ouvrage devait être « actualisé, voire repensé, pour tenir compte des nombreuses innovations et obsolescences intervenues dans ce secteur d’activité » (Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires 2008 : Préface). La publication de ce nouveau dictionnaire est l’occasion de mettre à jour le paysage dictionnairique que nous avions établi en 2004 et de comparer plus particulièrement les éditions du dictionnaire des Sciences et Techniques nucléaires du CEA de 1975 et de 2008.

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Concernant les informations de niveau documentaire, notionnel et linguistique, nous avons repris les données concernant le dictionnaire du CEA de 1975 (v. cinquième chapitre, paragraphe 5.1.1) et les avons complétées avec celles de l’édition de 2008. Voici la comparaison des données de niveau documentaire (v. Tableau 113) entre les éditions 1975 et 2008 du Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires du CEA :

Dat

e

Taill

e (n

ombr

e d’

entr

ées)

Form

at

Cla

ssem

ent

Inde

x

Intr

oduc

tion

Préf

ace

Not

e ex

plic

ativ

e

Typo

grap

hie

Ann

exe

Bibl

iogr

aphi

e

Dictionnaire CEA 1975

1975 3400 word/ papier

alphabétique72 non oui oui73 oui ---

Dictionnaire CEA 2008

2008 4800 papier alphabétique non oui oui oui oui

Tableau 113. Informations de niveau documentaire pour les éditions de 1975 et de 2008 du dictionnaire du CEA

Concernant les informations de niveau documentaire, l’édition de 2008 a été enrichie de 1400 entrées supplémentaires et de références bibliographiques qui ont servi lors de l’élaboration des définitions du dictionnaire proprement dit. En ce qui concerne les informations de niveau notionnel (v. Tableau 114),

Illustrations Langue

Exem

ple

Sym

bole

Form

ule

Sché

ma

Lang

ue

Sour

ce

Lang

ue

Cib

le

Dom

aine

Déf

initi

on

Not

es

Dictionnaire CEA 1975

oui oui oui --- français anglais non74 oui oui

Dictionnaire CEA 2008

oui oui oui oui français anglais non oui oui

Tableau 114. Informations de niveau notionnel pour les éditions de 1975 et de 2008 du dictionnaire du CEA

la seule différence à noter, à partir de cette synthèse, entre les éditions de 1975 et de 2008 du Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires du CEA est l’introduction, dans la dernière édition, de schémas et de photos. 72 Le dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA comporte des sous-entrées qui ne sont pas classées par ordre alphabétique mais thématiquement c'est-à-dire au mot-clé de l'expression complexe. 73 Les conventions typographiques sont données dans la note explicative de l’introduction. 74 Mention des domaines traités dans l'avant-propos du dictionnaire.

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Enfin, pour les informations de niveau linguistique (v. Tableau 115),

Ren

voi

Sigl

e

Syno

nym

e

Cat

égor

ie

gram

mat

ical

e

Dictionnaire CEA 1975

voir également voir à voir italique *

oui oui ---

Dictionnaire CEA 2008

italique voir Voir voir aussi gras

oui oui oui

Tableau 115. Informations de niveau linguistique pour les éditions de 1975 et de 2008 du dictionnaire du CEA

l’édition de 2008 s’est enrichie systématiquement de la catégorie grammaticale pour chaque entrée du dictionnaire. Concernant les types de renvois dans le dictionnaire, ils sont au nombre de cinq dans les deux éditions mais leurs présentations graphiques et leurs significations respectives diffèrent. Notons que dans les deux introductions, les renvois ne sont pas tous clairement mentionnés. Le premier type de renvoi est indiqué en italique. Il est introduit dans le corps de la définition et le terme en italique qui est défini dans le dictionnaire, tout comme la connaissance de la définition, « est utile pour la bonne compréhension de la définition considérée ». L’« italique » a conservé le même rôle que dans l’édition de 1975. Voici un extrait du dictionnaire (v. Tableau 116) :

CHAMBRE A BROUILLARD n.f. • cloud chamber. Chambre à traces contenant de la vapeur sursaturée dans laquelle les ions produits le long des trajectoires des particules ionisantes constituent des points de condensation. Tableau 116. Renvoi italique extrait du dictionnaire des sciences et techniques nucléaires, CEA

(2008)

Le deuxième type de renvoi est en « Voir ». Ce type de renvoi est utilisé quand le terme en entrée n’est pas défini et qu’il se trouve dans un autre article plus général. L’édition de 2008 du dictionnaire de CEA ayant une visée plus encyclopédique que les éditions précédentes, le terme initialement recherché apparaîtra en caractères gras dans la nouvelle définition « qui se trouve alors, en quelque sorte, sous la forme d’une sous-définition » (Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires 2008).

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Voici un extrait du dictionnaire pour l’article « trace » et les articles de termes commençant par « trace » avec les termes « trace de fission » et « trace latente » (v. Tableau 117) :

TRACE n.f. • track. Manifestation de la trajectoire d’une particule dans un détecteur ou un ensemble de détecteurs destinés à la déterminer comme, par exemple, une chambre à projection temporelle, un ensemble de chambres proportionnelles multifils ou dans certains minéraux ou matériaux. ◊ Note 1.- Dans les détecteurs plus anciens (chambre à brouillard, chambre à bulles, émulsion nucléaire), la trace était visible. ◊ Note 2.- On parle de trace latente dans un matériau quand une révélation, par exemple par attaque chimique, est nécessaire à sa manifestation. ◊ Note 3.- Les traces de fission sont produites dans certains minéraux contenant de l’uranium par les fragments de fission résultant de la fission spontanée de l’uranium 238. Comme le nombre de ces traces dans un échantillon est directement corrélé à sa teneur en uranium et à son âge, leur étude est à la base d’une méthose de datation des minéraux uranifères.

TRACE DE FISSION n.f. • fission track. l> Voir trace.

TRACE LATENTE n.f. • latent track. l> Voir trace.

Tableau 117. Renvoi « Voir », extrait du dictionnaire des sciences et techniques nucléaires, CEA (2008)

Il est aussi indiqué que « voir » sans majuscule et sans caractères gras peut être utilisé et confère le rôle d’un terme en italique. On peut se poser la question de l’utilité de ce nouveau renvoi, exemplifié dans l’extrait ci-dessous (v. Tableau 118) :

THEORIE QUANTIQUE DES CHAMPS n.f. • quantum field theory. Généralisation de la mécanique quantique au cas relativiste où la notion de fonction d’onde est remplacée par celle de champ, un champ étant attaché à chacune des particules considérées comme élémentaires, et les interactions représentées par des couplages locaux entre les différents champs. Le caractère relativiste d’une théorie quantique des champs est notamment manifesté par sa capacité à décrire les processus où l’équivalence masse-énergie rend possible la création de particules (voir création de paire). Le modèle standard des interactions fondamentales hors gravitation est une théorie quantique des champs particulière, dite théorie de jauge (voir boson de jauge). Tableau 118. Renvoi « voir » extrait du dictionnaire des sciences et techniques nucléaires, CEA

(2008)

Le dernier type de renvoi est celui en « Voir aussi ». Il est placé à la fin de la définition et renvoie vers des termes qui peuvent apporter un complément utile au lecteur et concerne des « notions connexes ou contraires à celle qui fait l’objet de la définition » (Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires, édition 2008). Concernant l’introduction du dictionnaire du CEA, si ce n’est le nombre d’entrées, aucune différence n’est à noter comme le montre la synthèse ci-après (v. Tableau 119), deux dernières colonnes).

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215

Introduction du Dictionnaire des sciences et techniques nucléaire du CEA

1964 1964 1975 2008

nombre d’entrées 2200 3000 3400 4800 domaine oui --- non non utilisateur oui --- oui oui auteur oui --- oui oui lexique oui oui oui oui

Tableau 119. Introduction du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaire du CEA (2008)

Comme dans la précédente édition du dictionnaire du CEA, le travail a été réparti en groupes de travail et donc par domaines. L’ensemble des domaines traités est listé en introduction du dictionnaire mais il n’y a malheureusement aucune trace de ces domaines dans le dictionnaire. C’est une perte importante d’informations et ceci ne facilite pas la compréhension du domaine. Voici la liste des groupes de travail qui ont été supervisés par un comité éditorial pour l’édition 2008 du dictionnaire :

• GT 1 « Bases scientifiques du champ couvert par le dictionnaire » • GT 2 « Réacteurs (fission et fusion, recherche) » • GT 3 « Cycle des matières nucléaire » • GT 4 « Maîtrise des risques » • GT 5 « Radiobiologie, radioprotection et interaction avec le vivant » • GT 6 « Applications à la défense » • GT 7 « Plamas »

Concernant la note explicative (v. Tableau 120), le seul changement à noter est la suppression des annexes dans l’édition de 2008. Par contre, cette édition s’est enrichie au fil des pages de schémas et d’images à l’intérieur des articles.

Note explicative du dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA

édition de 1975

édition de 2008

définition oui oui lexique oui oui classement oui oui entrée oui oui typographie oui oui renvois oui oui équivalent étranger oui oui lexique oui oui annexes oui non

Tableau 120. Note explicative du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaire du CEA (2008)

Pour terminer cette comparaison, nous souhaitons revenir sur l’exemple des « chambres » (v. cinquième chapitre, paragraphe 5.1.1.4.2) pour lequel nous avions construit un réseau lexical (v. Figure 24) et que nous reproduisons ci-après :

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Figure 24. Réseau lexical construit à partir d’articles extrait du Dictionnaire des Sciences et

techniques nucléaires édition 1975

Nous avons fait le même exercice à partir de l’édition de 2008 du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA. Voici le réseau lexical que nous avons construit (v. Figure 25) :

Figure 25. Réseau lexical construit à partir d’articles extrait du Dictionnaire des Sciences et

techniques nucléaires édition 2008

En comparant les deux réseaux lexicaux, il apparaît que le terme « chambre à sillages lumineux » a disparu et que le terme « chambre à réaction » a été introduit. Nous notons également la perte des relations entre les termes « chambre à nuage » et « chambre à trace » et entre les termes « chambre à diffusion » et « chambre à bulles ». Ceci peut montrer que les termes « chambre à nuage » et « chambre à diffusion » tendent à disparaître de la terminologie. Les relations synonymiques ont été précisées car elles sont à double sens entre les termes « chambre de Wilson » et « chambre de détente » ainsi qu’entre les termes « chambre à diffusion » et « chambre à réaction ».

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La dernière remarque que nous voulons faire porte sur les définitions. Sur six termes définis, deux ont pour définisseur « détecteur ». Ce terme n’apparaissait pas dans l’édition de 1975. Ceci marque une évolution intéressante de la langue. Cette comparaison sur une dizaine de termes (v. Figure 24 et Figure 25) montre l’évolution de la langue sur un peu plus de 30 ans dans le domaine des sciences et techniques nucléaires. D’une part le besoin se fait sentir d’une meilleure organisation des ouvrages disponibles ; d’autre part l’étude comparative de rééditions permet de mettre en lumière, outre l’évolution de la terminologie, des moyens de la souligner. C’est bien ce qui est suggéré par notre projet.

5.2 Un réel besoin de dictionnaire

« Le fonctionnement des entreprises exige une grande rigueur de la terminologie de gestion et de fabrication, gage d'une communication efficace et sécuritaire » (Corbeil p. 16 dans Cabré 1992).

L’insuffisance de l’existant et les insatisfactions face aux divers ouvrages passés et actuels ont déjà été identifiés (Calberg 2003 : p. 8). Rappelons que cette forte demande d’un dictionnaire de l’ingénierie nucléaire existe et provient de différents acteurs comme :

• les ingénieurs du domaine nucléaire, de l'ingénierie nucléaire,

• les acteurs du nucléaire, et plus spécialement le personnel des bureaux d'étude, des centres de recherche, des usines, des laboratoires de recherche appliquée,

• le milieu nucléaire universitaire (universités, grandes écoles, INSTN…),

étudiants et enseignants, professeurs,

• le milieu nucléaire médical,

• le milieu de la traduction (interprètes, traducteurs, traduction automatique),

• les terminologues,

• la Presse générale et spécialisée,

• le grand Public,

• les organismes nationaux ou internationaux, organisme de normalisation (AFNOR, AIEA, CEI, ISO, OCDE…),

• les instances gouvernementales impliquées dans le processus officiel

d'enrichissement de la langue (DGLFLF, Ministères, Académie française…),

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• le nucléaire des pays francophones (Belgique, Canada, Suisse, Maroc, …),

• les sociétés savantes (SFEN, SFRP, BNEN, SFANS, …),

• la Bibliothèque de France, … Notons que cette demande est hétérogène et qu’une seule ressource ne répondra pas à l’ensemble des besoins.

5.3 Un besoin de transmission des connaissances

Nous avions également identifié lors de notre recherche méthodologique pour l’élaboration d’un dictionnaire de l’ingénierie nucléaire (Calberg 2003) l’importance d’assurer la transmission des connaissances entre les générations du nucléaire. En effet, la génération qui a participé à la réalisation du parc actuel des centrales nucléaires va se retirer dans les toutes prochaines années et il convient donc de profiter des volontés encore présentes et disponibles pour mener à bien cette tâche. L’énergie nucléaire est un domaine jeune et la terminologie ne va cesser de s’enrichir. En effet, les développements ont lieu dans différentes branches de l'ingénierie nucléaire. Il est donc essentiel d'en tenir compte et de mettre en place une communauté « dictionnaire » pour tenir compte de l’évolution de la terminologie. Enfin il est essentiel de mettre à disposition de ceux travaillant dans ce domaine, au quotidien ou occasionnellement, un Dictionnaire de référence validé par les acteurs du nucléaire et apportant aux lecteurs une qualité certaine. A un niveau et dans une période très différents, le très long cours de l’histoire est à prendre en compte de manière indispensable pour le domaine qui nous occupe. Un message concernant le risque nucléaire est présent dans tous les esprits au moment où nus revenons sur la présente recherche en cette fin de premier trimestre 2011, après l’accident survenu à la centrale japonaise de Fukushima. Risque aujourd’hui, risque aussi pour les générations, voire les civilisations à venir, notamment lorsque l’on pense aux déchets enfouis et à leur avenir à l’issue des siècles de pérennité du danger enfoui ?

5.4 La construction du dictionnaire : mise en place du travail lexicographique

« L’élaboration d’un dictionnaire est un procès en diverses phases pour chacune desquelles l’auteur effectue une série de choix qui le conduise en fin de compte à des types de dictionnaires différents » (Cabré 1994 : 594).

Le projet du dictionnaire de l’ingénierie nucléaire a été initié en juin 2004 lors de notre stage de DESS qui portait sur la « Recherche méthodologique pour l’élaboration d’un dictionnaire de l’ingénierie nucléaire ». Le contexte de travail ainsi qu’un état de l’art de la terminologie et des données disponibles dans le domaine de l’ingénierie nucléaire ont été effectués pour ce travail de recherche (Calberg 2003).

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Initialement prévu pour répondre aux besoins de la Commission de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire (CSTNIN) ainsi que pour répondre indirectement aux investissements pour ces commissions de terminologie d’Areva, les objectifs de ce dictionnaire ont évolués pour satisfaire aux besoins internes du groupe Areva dès février 2005. Ainsi les domaines initialement prévus se sont recentrés sur l’ingénierie nucléaire d’Areva NP, anciennement Framatome (v. deuxième chapitre). Nous traitons donc de la terminologie en entreprise, et plus particulièrement de certains domaines au sein de cette entreprise. Le travail mené chez Areva, moins normatif que celui réalisé dans les commissions spécialisées de terminologie et de néologie, nous intéressait et nous permettait de comprendre et de tenter de regrouper par catégories les différentes variations terminologiques et les éléments de stabilité de la terminologie étudiée afin d’améliorer la communication au sein du groupe. Notons également que le contexte « original » de notre recherche nous a permis de travailler quotidiennement avec les salariés et les experts du groupe, ce qui place l’expert au cœur de notre démarche. Malgré tout, le projet de dictionnaire et la mise en œuvre de la méthode proposée lors de notre recherche de DESS se sont précisés progressivement. Les « réunions dictionnaire » n'ont pas commencé dès le début de la thèse. Nous avons donc constitué un « groupe dictionnaire » avec des experts nouvellement retraités, sans avoir de budget pour notre projet et sans pouvoir solliciter les salariés. Nous allons donc présenter dans les paragraphes suivants, sans revenir sur les besoins de la construction d’une ressource terminologique ni sur l’élaboration du cahier des charges qui ont déjà été présentés (Calberg 2003), la méthode de travail avec les corpus existants, le rôle des experts et le « groupe dictionnaire », ainsi que la délimitation des domaines. Nous nous pencherons davantage sur les détails du contenu du dictionnaire dans le dernier paragraphe. Cette collaboration unique montre l’importance des experts dans toute démarche lexicographique et souligne la richesse d’un travail en collaboration où ingénieurs et spécialistes (du domaine étudié et de la linguistique) se sont côtoyés au service d’un projet commun (Candel 1999 : 47). Dans ce travail sur la terminologie et le vocabulaire de l'ingénierie nucléaire, les problèmes liés à la traduction d'une langue vers une autre ne sont pas abordés. Il est tout de même à noter que les langues pratiquées au sein d'Areva NP sont le français, l’anglais et l'allemand. La pratique de ces trois langues au sein du groupe entraîne bien évidemment des problèmes de compréhension entre les interlocuteurs des différentes langues par le fait de la culture attachée à chacune d’elles mais aussi par les usages et les héritages professionnels. Divers experts nous ont témoigné de leurs difficultés à communiquer lors de réunions avec des collègues américains ou allemands. Ces problèmes

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d'intercompréhension ont parfois obligé les experts à passer plusieurs heures de travail en commun afin de s’accorder sur la terminologie.

5.4.1 Une méthode au service des experts

Concernant le déroulé du « projet dictionnaire », nous avons mis en place une méthode pour répondre au besoin du projet. Après avoir défini la finalité du projet, il était nécessaire de donner un cadre méthodologique au « groupe dictionnaire » pour pouvoir organiser les réunions, coordonner le groupe d’experts et proposer le contenu du dictionnaire. Dix-neuf réunions ont eu lieu dans la période allant de novembre 2005 à juillet 2007, soit une réunion par mois. Bien que certaines étapes soient décrites plus précisément dans d’autres chapitres de notre recherche (v. quatrième et sixième chapitres), voici les grandes étapes qui ont été suivies par le « groupe dictionnaire ».

5.4.1.1 Corpus des ressources existantes

L’ensemble des ressources terminologiques à notre disposition dans le domaine de l’ingénierie nucléaire a été recensé dans notre mémoire de DESS (Calberg 2003 : 34). Devant les nouveaux objectifs du « projet dictionnaire », seules quelques-unes de ces ressources initialement sélectionnées ont été retenues par les experts du « groupe dictionnaire » pour la suite du travail. Les ressources conservées sont les suivantes :

• Dictionnaire de la sûreté nucléaire (2000), Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ;

• Dictionnaire des sciences et techniques Nucléaires (1975), Commissariat à

l’énergie atomique (CEA), troisième éd. Eyrolles, Paris ;

• Dictionnaire Commission électrotechnique internationale (CEI) (1990), Vocabulaire Electrotechnique International, partie Instrumentation nucléaire ;

• Dictionnaire ISO 921 (Organisation internationale de normalisation) (1997),

Energie nucléaire, vocabulaire, norme internationale ;

• Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire suivi d’un index anglais-français (2000) : Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire (CSTNIN), Coordonné par Xavier Dumont avec la collaboration de Catherine Andrieux, Société française d’énergie nucléaire (SFEN), Paris

• Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire – Nouvelle édition actualisée et enrichie

avec lexique anglais-français (2007) : Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire (CSTNIN), Société française d’énergie nucléaire (SFEN), Paris

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• Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire – Enrichissement de la langue française

(2006) : Commission générale de terminologie et de néologie (DGLF), Paris

• Glossaire Katerm (ressource interne au groupe). L’ensemble des données a été compilé et a été mis à la disposition du « groupe dictionnaire » pour que ces derniers puissent travailler d’une « réunion dictionnaire » à l’autre. L’ensemble de ces ressources ainsi compilées a pu être complété par des « recherches ponctuelles » (Candel 2000) lorsque les experts estimaient les données incomplètes ou obsolètes. Voici les principales ressources consultées :

• Grand dictionnaire terminologique : http://www.oqlf.gouv.qc.ca/ressources/gdt.html

• Termium : http://www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2alpha/alpha-fra.html?lang=fra • Franceterme : http://franceterme.culture.fr/FranceTerme/

Il s’avère qu’aucune définition d’origine n’a été conservée dans l’ensemble du dictionnaire. Toutes les définitions ont fait l’objet d’une réécriture. Cette compilation des données a servi de support aussi bien au choix des termes qu’à la complémentation des définitions écrites par les experts. Ce besoin des experts de réécrire les définitions a été confirmé dans d’autres expériences, postérieures à ce projet, dans d’autres domaines scientifiques et techniques. Nous avons rassemblé l'ensemble des données lexicales existantes du domaine (dictionnaires, glossaires, lexiques, répertoires, vocabulaires…). Il est nécessaire de ne retenir que les ressources pertinentes pour le projet. Il résulte de ce travail un « corpus lexical » où toutes les définitions retenues sont regroupées sous une entrée et où l’ensemble des sources a été conservé. Les données ainsi regroupées permettent aux experts de visualiser toutes les définitions pour un terme et de faire des propositions de définitions et des commentaires. Toutes les sources sont précisées et les prénoms et noms des experts indiqués (v. Figure 26). A chaque fois que cela est nécessaire, le fichier est renommé et mis à jour avec la date de la dernière intervention.

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Figure 26. Document support aux « réunions dictionnaire »

Les résultats d'extraction de termes candidats ont été fournis à Areva sous la forme d'un tableau Excel qui laisse la possibilité aux experts d’extraire des termes selon leurs besoins (v. Figure 27). Cette étape permet de compléter la liste des termes à définir dans le dictionnaire. Cette extraction de termes candidats est issue du corpus de référence fourni par Areva. Nous entendons par « corpus de référence » un corpus qui reflète l'ensemble des usages pour la terminologie à définir dans le cadre du projet (v. sixième chapitre).

Figure 27. Résultats extraction de termes candidats

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Chaque « réunion dictionnaire » permet aux experts de se mettre d'accord sur le terme à définir et sur la définition. A chaque fin de réunion, nous avons fourni au « groupe dictionnaire » une synthèse de la réunion (v. Figure 28). Ce document est renommé à la suite de chaque réunion du « groupe dictionnaire ». Notons que devant le court délai restant avant notre départ de l’entreprise, les experts ont dû élaborer les définitions en dehors du cadre des « réunions dictionnaire » qui se voulaient essentiellement un cadre de validation. Ces réunions ont représenté, pour nous linguiste, « un atout exceptionnel, inégalable et (…) une étape indispensable dans la réflexion sur les termes » (Candel 1999 : p. 48) et sur l’écriture et la réécriture des définitions (v. quatrième chapitre).

Figure 28. Récapitulatif général du dictionnaire

Pour chaque terme, les informations suivantes étaient consignées :

• le domaine, à savoir Combustible (C), Finance (F), Electricité / Contrôle-Commande (L), Mécanique (M) et Procédé (P) ;

• le terme ; • son équivalent anglais ; • l’origine de la définition (source existante), ou expert à l’origine de la définition

(trigramme de l’expert) ; • le type d’examen : groupe plénier (GP) ou groupe restreint (GR) ; • l’état de validation : validé par le groupe plénier (GPA) ou validé par le groupe

restreint (GRA) ; • la date de dernière modification ;

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• la définition ; • d’éventuels commentaires.

Un code couleur a également été utilisé :

• le bleu pour les termes et les définitions approuvés ; • le rouge pour les définitions à valider ; • le vert pour les termes à définir ; • le noir pour les termes supprimés.

Les experts avaient également à leur disposition une fiche terminologique (v. Figure 29) comme support dans l’élaboration des définitions. Nous irons plus en détail sur la fiche terminologique au paragraphe 5.3.5.3 du présent chapitre.

Figure 29. Fiche terminologique type

Avant chaque « réunion dictionnaire », un ordre du jour était envoyé aux experts pour baliser au mieux l’avancement des définitions et du « projet dictionnaire ».

5.4.1.2 Le rôle des experts et le « groupe dictionnaire »

Une pratique terminologique d'entreprise se caractérise par des pratiques historiques, économiques, sociales, des valeurs idéologiques, des relations entre personnes. Une terminologie contient et véhicule donc en partie toutes ces informations. La mise en place du « groupe dictionnaire » était donc indispensable et n’a pas été une étape aisée de notre travail. Les « réunions dictionnaire » ont débuté vingt et un mois après le début de notre recherche. Sans budget spécifique disponible, nous n’avons pas pu solliciter les ingénieurs et experts pour des réunions mensuelles d’une journée.

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Avec l’aide d’experts en interne, nous avons donc contacté un par un de « jeunes retraités » en leur présentant le projet et la démarche que nous souhaitions mettre en œuvre. Nous sommes ainsi arrivée à un « groupe dictionnaire » de douze experts qui ont soutenu le projet pendant dix-huit mois. Nous entendons par le terme « expert » toute personne ayant eu une expérience de plusieurs dizaines d'années dans le domaine de l'énergie nucléaire. Nous complétons notre définition avec celle donnée dans le Trésor de la langue française informatisé consulté en date du 11 mars 2011 : « qui a acquis (…) un grand savoir-faire dans une profession, une discipline, grâce à une longue expérience ». Ainsi, parmi les douze experts caractérisés par des parcours et des spécialisations différentes, certains avaient déjà le statut d’ « experts » dans le groupe Areva mais pas tous. Notons également que le fruit de ce travail a été largement paramétré par les experts, par le « groupe dictionnaire » et par les personnes prises individuellement, indépendamment du groupe (leur histoire, leur parcours universitaires et professionnels, leur reconnaissance dans l'entreprise) et du délai qu’il nous restait pour arriver à la fin du projet. L'expert est essentiel et indispensable dans notre démarche. Sans la participation active des experts, notre projet de dictionnaire n’aurait pu voir le jour. Leur expertise et expérience étaient un guide dans la validité de notre démarche, dans l'élaboration des définitions et dans la recherche des nouveaux termes à définir. Au delà du travail lexicologique et lexicographique, ce dictionnaire trace une expérience industrielle unique pour la linguiste que nous sommes. Malgré la sensibilité du domaine, les acteurs nous ont prouvé, en nous accompagnant et en participant au projet et en le validant, l’importance de capitaliser leurs connaissances. Depuis notre départ de l’entreprise en juillet 2007, l’activité dictionnaire se prolonge encore en 2011. Cette recherche a donc mis le dictionnaire « sur les rails » et prouve l’importance de ce travail, qui est toujours d’actualité.

5.4.1.3 La délimitation des domaines

Dans la mise en œuvre du dictionnaire, il nous semble essentiel de délimiter le domaine de travail et les sous-domaines, si nécessaire, qui le constituent. Bien évidemment, une ressource lexicale et terminologique pour l'entreprise Areva NP ne pourra être utile pour d’autres sociétés. De même, le destinataire de cette terminologie est clairement défini puisque que le dictionnaire aura un usage interne pour les ingénieurs du groupe. Cette délimitation voulue sera un point de référence essentiel tout au long de la construction de la ressource. Pour nos experts, il est vraisemblable qu’un terme qu'ils retiennent pour la ressource lexicale est une unité qui permettra de transmettre le savoir propre à une unité d'expertise. Ce travail préalable permet donc au linguiste de bien délimiter son périmètre de travail. Cette délimitation, comme nous le verrons plus tard, n'est pas parfaite et n'empêchera pas qu'un même terme puisse appartenir à deux domaines différents. En effet,

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« cette division est un enchevêtrement quasi inextricable de facteurs thématiques, qui prédominent, mais aussi sociaux (groupe de spécialistes), intentionnels (objectif de l’activité), historiques (connaissances accumulées, méthodes établies, questions admises), un enchevêtrement qu’il faut néanmoins accepter tel quel ». (Kocourek 1991 : 34).

Comme le dit également Bruno de Bessé,

« de nombreux domaines se recoupent. Il est souvent difficile de délimiter un domaine par rapport à un autre domaine et d’installer des barrières infranchissables entre les domaines. (…) Un certain nombre de domaines sont interdisciplinaires ou pluridisciplinaires » (De Bessé 2000 : 186).

Au moment de la recherche des termes à définir, il est évident que certains termes pouvaient effectivement entrer dans un domaine ou dans un autre. Nous pensons en particulier à l’interaction entre les sous-domaines « Réacteurs » et « Combustible ». Des discussions ont eu lieu entre les experts des deux sous-domaines sur la manière de définir les termes. En effet, lors de la rédaction de dossiers techniques, de fiches d’anomalies ou lors d’études de service, la frontière et les interfaces techniques entre les deux sous-domaines est fine en particulier lorsqu’on étudie des paramètres de fonctionnement avec les transitoires, avec les efforts hydrauliques, avec les interactions des équipements, avec les équipements mécaniques. Il semble, malgré tout, dans les termes définis dans le dictionnaire, qu’un consensus soit trouvé entre les experts, et qu'un terme n'appartient qu'à un seul domaine. Le choix pour un sous-domaine ou pour un autre s’est déterminé lors de la rédaction des définitions. En effet,

« la lexicographie recourt fréquemment aux indications de domaine (…) soit pour présenter les conditions d’emploi monosémique d’une unité polysémique, soit pour fournir, sur une entrée donnée, des informations de nature encyclopédique » (Dubois et al. 1994).

Les socioterminologues n’aiment pas ce recours au « domaine ».

« L’usage même de la notion de domaine, ou plutôt du terme et de ce qu’il véhicule, paraît donc de nature à fausser la réflexion dans la mesure où il conduit à tenir pour réalité des constructions commodes et provisoires. (…) C’est pourquoi à l’idée d’appartenance à un domaine, nous préférons celle de fonctionnement dans le cadre d’une activité » (Gaudin 2003 : 82-83).

Pour eux, ce sont bien plus les conditions d’échange, les situations langagières, les caractéristiques des groupes, l'individu, la réception du discours de l'autre, qui sont à prendre en compte. Certes, c’est bien la pluralité des points de vue qu’il faut envisager. Mais dans le cadre d’une entreprise comme Areva, il est clair qu’il faut savoir ce que tel terme signifie – dans tel domaine ou sous-domaine précisément. Ce recours au domaine peut paraître une solution de facilité, c’est vrai – mais on est obligé de recourir à de tels garde-fous. Et les spécialistes réclament ces précisions, dans le cadre des échanges d’informations. Il leur est nécessaire de délimiter le contexte d’expérience des concepts évoqués et ils doivent pouvoir inscrire le sens des termes dans un contexte précis. Nous

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verrons plus loin dans le choix des termes du dictionnaire que nous nous situons à l’intérieur d’un domaine de connaissance et d’expérience clairement délimité par l’entreprise. Force est de constater que le choix des domaines pour notre dictionnaire est le fruit de nombreuses conditions dans lesquelles nous n’avions pas forcément pleine liberté : une entreprise, une culture, une langue - le français -, un domaine d’application, les experts et leur expertise. Ainsi les domaines sélectionnés pour ce dictionnaire sont le reflet de l’organisation « France » du groupe75. Les unités fonctionnelles s’organisent ainsi :

• Réacteurs • Combustible • Services • Equipements • Démantèlement

C’est ensuite par les compétences des experts que les domaines ont été choisis. En dehors des sous-domaines « Finance » et « Stratégie » qui se rattachent au « Corporate », les unités fonctionnelles « Combustible » et « Réacteurs ». L’unité « Réacteurs » a été couverte avec les domaines « Contrôle-commande », « Mécanique » et « Procédé ». Six domaines ont été traités en reflet des spécialités des experts :

• Corporate : o Finance o Stratégie

• Unité Combustible :

o Combustible

• Unité Réacteurs : o Contrôle-commande o Mécanique o Procédé

Nous avons affaire à une terminologie d’entreprise et les domaines au delà de l’entreprise sont le reflet de l’organisation du groupe. Cette réflexion sur la délimitation des domaines n'est pas simple et les domaines ne sont pas étanches. Le domaine est un moyen de catégoriser les termes mais les experts de divers domaines se parlent entre eux et se comprennent. Tous les sous-domaines du nucléaire sont plus ou moins liés les uns aux autres et les experts travaillent ensemble. Il 75 Entre 2004 et 2007.

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semble donc évident que les domaines se chevauchent et par de là même, la signification des termes. Nous situant au cœur du projet, nous avons donc pu participer au voyage de certains termes d’un domaine à un autre.

5.4.2 Le contenu du dictionnaire

L'approche contextuelle, dans l'étude terminologique et lexicale d'un vocabulaire, est indispensable dans la compréhension globale du fonctionnement réel du vocabulaire, dans l'évolution des significations et la dénomination des concepts. Toutes ces étapes viennent valider la conception d'un dictionnaire métier. Il est important de mettre en rapport l'histoire des hommes et de la société dont ils font partie. C'est eux qui la font évoluer et qui, par là même, font évoluer le vocabulaire de par leur pratiques. Comprendre les contextes linguistique, terminologique, lexicographique ou théorique est indispensable. L'étude historique d'un vocabulaire, en passant par l'étude de l'histoire des mots et de leurs sens, l'évolution de la conception des dictionnaires, la formation des vocabulaires spécialisés, permet, après l'étude de son évolution dans le passé, de mieux comprendre son évolution actuelle. Par le travail présenté dans les chapitres précédents, nous tenons à montrer toute l'importance du travail en amont. En effet, l'histoire d'un vocabulaire, depuis sa naissance, est un point important dans toutes les études lexicales. Il est important de distinguer un terme d'un non terme dans une terminologie. Cette recherche des termes pour une terminologie passe par les textes écrits, garants de la pratique d'une communauté. Mais il est aussi à noter que certains termes nous sont donnés par les experts en passant par l'oral. Les réunions du « groupe dictionnaire » sont bien évidemment le lieu idéal pour capter ces termes. Plusieurs raisons ont pu amener nos experts à proposer des termes. Tout d'abord, le fait d'être dans le processus de définition des termes ou de discussion entre les experts a pu inciter ces derniers à proposer un nouveau terme. Ce terme est généralement manquant. Se situant au cœur même du projet, le temps donné pour le projet fixe lui-même le projet et donc le niveau de spécialisation de la ressource lexicale et, partant, les termes nouveaux à intégrer ou non dans la ressource. De plus, le terme initialement proposé peut aussi ne pas convenir, ne pas correspondre à une pratique et dans ce cas précis, c'est la pratique d'une communauté et l'usage du terme qui l'emporte sur tous les autres critères de maintien d’un terme. Enfin, les avancées scientifiques et techniques font introduire des termes nouveaux et nous nous trouvons alors face à une néologie toute récente et à une néologie en train de se mettre en place. La néologie toute récente correspondrait à des termes en usage mais suffisamment récents pour qu'ils ne soient pas encore définis. La néologie en train de se mettre en place correspondrait à des termes dont l'usage n'est pas encore fixé mais dont le besoin de dénomination est bien réel et une nouvelle réalité est face à nos experts.

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La synthèse des données couvre la période du 24 novembre 2005 au 7 juin 2007. Les réunions avec le « groupe dictionnaire » ont eu lieu mensuellement, soit 19 réunions au total. Voici la synthèse des données du dictionnaire en date du 7 juin 2007 (v. Tableau 121) :

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Tota

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Terme approuvé et définition approuvée

62 96 32 88 15 35 328 (= 29,5%)

Terme approuvé et définition à valider

286 10 22 71 0 73 462 (= 41,6%)

Terme approuvé et à définir

0 7 36 161 0 0 204 (= 18,4%)

Terme et définition supprimés

61 17 12 27 0 0 117 (= 10,5%)

Total 409 131 99 347 15 108 1111 Tableau 121. Synthèse des données du dictionnaire le 7 juin 2007

La catégorie la plus représentée dans le dictionnaire correspond à « Terme approuvé et définition à valider » avec plus de 40% des termes. Notons également qu’en 18 mois, presque 30% des termes et définitions retenus ont été validés par les experts et que 10% des leurs propositions initiales ont été supprimées. Voici la répartition (v. Tableau 122) des termes et définitions moyennée par réunion76 :

76 La journée de travail type durait environ six heures.

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Tota

l des

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Tota

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term

es p

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réun

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Terme approuvé et définition approuvé

328 17,3

Terme approuvé et définition à valider

462 24,3

Terme approuvé et à définir

204 10,7

Terme et définition supprimés

117 6,2

Total 1111 58,5 Tableau 122. Synthèse des données par réunion du dictionnaire au 7 juin 2007

Sur un total de 58 termes relus en réunion, 17 termes et définitions étaient validés par le « groupe dictionnaire ». Six domaines ont été couverts par le dictionnaire et nous n’en retiendrons pour la suite des analyses que quatre. Nous pensons que les domaines « Stratégie » et « Finances » s’éloignent un peu de nos préoccupations sur la terminologie du nucléaire. Sur un total de 1 111 termes, 118 termes ont donc été écartés. De plus, environ 10% des termes initialement sélectionnés ont été supprimés. Tout au long de cette étude, un aller-retour permanent entre les termes et les domaines, et inversement, est appliqué comme une vérification et une validation permanente du travail effectué, un va-et-vient permanent entre onomasiologie et sémasiologie. Ce travail finalisé par le « groupe dictionnaire » a été parallèlement relu par des experts en activité au sein d'Areva NP. L'aboutissement de ce travail est l'édition d'un dictionnaire papier et d'un support informatique au format XML et compatible avec de nombreuses applications au sein du groupe Areva. Quels types d'unités ont retenu nos experts pour leur ressource terminologique et lexicale ?

5.4.2.1 Structure des termes définis : nature et longueur

On voit bien qu'aucun des critères formels ne permet à lui seul de distinguer le syntagme de discours (résultat d'un assemblage accidentel, d'une concaténation de mots

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gardant pleinement leur sémantique originelle) d'un syntagme terminologique (référant à une notion bien identifiée). Afin de choisir les syntagmes qu'on considérera comme étant des termes d'un domaine, nous sommes donc amenés à tenir compte à la fois des critères formels et d'autres critères, à savoir le critère sémantique, le critère quantitatif, le critère taxinomique, le critère synonymique, le critère néologique et le critère typographique (Calberg 2003 : 57-58, Candel et al. 2001). Il faut noter que la formation d'unités linguistiques nouvelles peut se faire par la combinaison de termes déjà existants ou par dérivation ou composition, ou encore en reflétant diverses relations (fonctionnelles, matérielle, de lieu…). Mais la limitation sur la longueur et la complexité du terme composé est un facteur de lexicalisation (Corbin 1987). Identifié chez Benveniste sous le terme de « synapsie » (Benveniste 1974 : 172), ce type de composition particulier « consiste en un groupe entier de lexèmes, reliés par divers procédés, et formant une désignation constante et spécifique ». Ce type de composition « est appelé à une productivité indéfinie : il est et sera la formation de base dans les nomenclatures techniques ». Les unités complexes lexicalisables retenues par les experts suivent principalement les structures « N de N » et « NA » (Rouget 2000) comme le montre le tableau ci-après (v. Tableau 123) :

Stru

ctur

e m

orph

o-sy

ntax

ique

Com

bust

ible

(6

2 te

rmes

)

Méc

aniq

ue

(32

term

es)

Con

trôl

e-C

omm

ande

(9

6 te

rmes

)

Proc

édé

(88

term

es)

N de N 25 termes (= 40,3%)

15 termes (= 46,9%)

31 termes (= 32,3%)

21 termes (= 23,9%)

NA 22 termes (= 35,5%)

8 termes (= 25%)

15 termes (= 15,6%)

18 termes (= 20,5%)

Total 47 termes (= 76%)

23 termes (= 72%)

46 termes (= 48%)

39 termes (= 44%)

Tableau 123. Synthèse des structures « NA » et « N de N » pour les quatre sous-domaines

En effet, les structure « NA » et « N de N » couvrent 76% des termes pour le sous-domaine « Combustible », 72% des termes pour le sous-domaine « Mécanique », 48% des termes pour le sous-domaine « Contrôle-Commande » et 44% des termes pour le sous-domaine « Procédé ». Mais on trouve aussi les structures du type « N », « N de NA », « N de N de N », « NA de N » et un certain nombre d'autres structures apparaissent mais à des fréquences bien moindres… (« NA de NN », « N de N de N », « NA de N de N » …) (v. Tableau 124).

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Stru

ctur

e m

orph

o-sy

ntax

ique

Com

bust

ible

Méc

aniq

ue

Con

trôl

e-C

omm

ande

Proc

édé

NA 22 15 15 21 N de N 25 8 31 18 N 9 4 6 6 N de NA hapax 4 3 5 S 2 0 9 4 N de N de N 2 0 9 5 NA de N 0 0 3 6 N de N de N de N 0 0 2 2 N de N de N de N de N 0 0 2 2 NAA 0 0 4 hapax NA de NN 0 0 4 0 A 0 0 3 hapax N de NAA 0 0 hapax 2 NAN 0 0 0 3 N de NS 0 0 0 2 NAA de N 0 0 0 2 N de AN 0 0 0 3 NA de N de N 0 hapax hapax 0 NNN hapax 0 0 hapax N de NN 0 0 hapax 0 NN 0 0 hapax 0 N de N de NA 0 0 0 hapax NS 0 0 0 hapax N de NA de NN 0 0 0 hapax

Tableau 124. Synthèse de l’ensemble des structures morpho-syntaxiques pour les quatre sous-domaines

On relève sept structures morpho-syntaxiques distinctes pour le sous-domaine « Combustible », cinq pour le sous-domaine « Mécanique », 17 pour le sous-domaine « Contrôle-commande » et 22 pour le sous-domaine « Procédé ». Sur les 24 structures morpho-syntaxiques, tous sous-domaines confondus, quatre (« NA », N de N », « N » et « N de NA ») sont présentes dans les quatre sous-domaines. Les sous-domaines « Combustible » et « Mécanique » n’ont aucune structure qui leur soit propre. Par contre, cinq types de formations (« NA de NA de N », « N de NN », « NN », « NA de NN » et « N de N de NA ») sont spécifiques au sous-domaine

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« Contrôle-commande » quand sept autres (« NAN », « N de NS », « NS », « NAA de N », N de AN », « N de NA de NN » et « N de N de NA ») sont spécifiques du sous-domaine « Procédé ». Concernant la structure morpho-syntaxique des hapax, onze ont été relevés sur l’ensemble des quatre sous-domaines. Deux hapax de structure morpho-syntaxique identique (« NA de N de N ») ont été relevés pour les sous-domaines « Mécanique » et « Contrôle-commande ». Concernant le premier sous-domaine, il s’agit d’un terme qui a subit une hypercorrection de la part des experts et qui n’est jamais utilisé comme tel dans le domaine. Le deuxième hapax pour le sous-domaine « Contrôle-commande » est un néologisme lié aux nouveaux réacteurs de type EPR. Deux autres hapax de structure morpho-syntaxique identique (« NNN ») ont également été relevés pour le sous-domaine « Combustible » (« alliage base zirconium ») et « Procédé » (« circuit eau-vapeur »). Cinq hapax n’apparaissent qu’une seule fois dans un seul sous-domaine : deux pour le « Contrôle-commande » avec « architecture du contrôle-commande » (« N de NN ») et « contrôle-commande » (« NN ») qui sont des génériques tout comme les trois hapax concernant le sous-domaine « Procédé ». Sur cet échantillon restreint, nous voyons que les hapax concernent deux catégories de termes : soit des termes hypercorrigés, soit des néologismes.

5.4.2.2 Structure des articles

Concernant la structure des articles, les experts avaient à leur disposition un modèle de fiche terminologique type qui a été réalisée en amont du projet (v. Figure 22). Voici l’ensemble des rubriques :

• L’entrée Les entrées peuvent être des lexies simples ou complexes. Les entrées couvrent les catégories grammaticales substantif, adjectif et verbe. L’entrée est en caractères gras et en minuscules. A l’exception des lexies complexes, le terme est suivi de sa catégorie grammaticale, en caractères non gras et en minuscules. Exemple : « carquois, n.m. », « chambre d’expansion », « évolutionnaire, adj. »…

• L’abréviation L’abréviation est mentionnée à la suite du terme en entrée et elle est introduite par « abrév.. ». Exemple : alimentation de secours des bobines de commande de grappes abrév. : RAM

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• Le domaine

Le domaine implicite étant celui de l’ingénierie nucléaire, quatre sous-domaines ont été retenus : « Combustible », « Mécanique », « Contrôle-commande » et « Procédé ». La lettre en initiale est majuscule.

• Les définisseurs Les experts ont pour consigne d’utiliser un définisseur de la même catégorie grammaticale que le terme en entrée. Quatre pourcents des définisseurs font l’objet d’une définition dans le dictionnaire et se répartissent ainsi :

• pour le sous-domaine « Combustible » : trois définisseurs sont par ailleurs définis dans le dictionnaire

• pour le sous-domaine « Mécanique » : un seul définisseur défini par ailleurs dans le dictionnaire

• pour le sous-domaine « Contrôle-commande » : deux définisseurs sont définis dans le dictionnaire.

• pour le sous-domaine « Procédé » : huit définisseurs sont définis par ailleurs dans le dictionnaire.

Exemples : pressuriseur Enceinte biphasique eau-vapeur du circuit primaire qui stabilise la pression de celui-ci et permet de la réguler dans le domaine de valeurs prescrites. atelier chaud Atelier industriel conçu pour permettre la maintenance et la réparation des équipements électromagnétiques contaminés ou activés.

• La définition La définition doit être en une seule phrase et elle doit en principe, pouvoir se substituer au terme à l’intérieur d’un texte. Chaque terme ne possède qu’une seule définition. Notons que toute définition scientifique en langue comporte « des informations sur ce qu’est la chose - sa nature - , la perception que l’on en a - sa description - et l’usage que l’on peut en faire - sa fonction ». (Calberg et al. 2010 et paragraphe 6.4). Nous renvoyons également au paragraphe 4.4 sur l’écriture et la réécriture des définitions en terminologie. Exemple : casemate, n.f. Compartiment en béton armé entourant certains composants à des fins de séparation physique.

• Les exemples Les exemples se trouvent à la suite de la définition et sont introduits par « Exemple : » en italique. Exemple :

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casemate, n.m. Exemple : La casemate de générateur de vapeur, la casemate de pressuriseur, la casemate des vannes vapeur.

• La note Les notes sont introduites par « Note : ». Quand il y a plusieurs notes, celles-ci doivent être numérotées de la façon suivante : 1., 2., 3. … et il n’y a pas de retour à la ligne entre chaque note. Les contraintes de rédaction sont moins fortes que pour la définition en ce sens qu’il n’y a pas de contrainte sur la rédaction en une phrase ou sur le définisseur. Exemple : boucle primaire (…) Note : 1. Selon leur puissance, les chaudières nucléaires comportent deux, trois ou quatre boucles. 2. En France, les chaudières du palier 900 MWe comportent trois boucles, celles des paliers 1300 MWE, N4 et l’EPR comportent quatre boucles.

• Equivalent étranger Concernant les équivalents étrangers, l’anglais, l’allemand et le chinois devaient être considérés. Dans la pratique et au regard de la durée du projet, seuls les équivalents en anglais ont été fournis et introduits par « angl. ». Dans un cadre idéal, il aurait été nécessaire de travailler avec des anglophones, des germanophones et des sinophones. Ainsi nous pouvons reprendre à notre compte les propos de Pierre Lerat qui écrit dans l’introduction du dictionnaire juridique que « la présente terminologie est partiellement » bilingue « en ce sens qu’elle s’efforce de fournir des solutions de traduction (des ‘traduisants’, comme le dit si prudemment Z. Kalonji, des équivalents conditionnels). Ce risque est assumé sereinement » (Lerat & Sourioux 1994 : 4). Exemple : boucle primaire (…) angl.. : primary coolant loop

• Les synonymes Le synonyme est introduit après la note par « syn. ». Cette mention est très peu représentée dans le dictionnaire. Exemple : centrale complète syn. : centrale clé en main

• Les renvois Deux types de renvois ont été retenus pour le dictionnaire. Le premier est introduit par « Voir : » et renvoie vers un terme associé défini dans le dictionnaire. Le deuxième type de renvoi concerne les termes en italiques à l’intérieur de la définition ou des notes.

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Exemple : corps migrant Objet indésirable entrainé par le fluide caloporteur dans le circuit primaire risquant d’en endommager les composants. Notes : 1. Cet objet peut être un corps étranger ou provenir du détachement intempestif d’un composant. 2. Le dispositif anti débris soudé sur l’embout inférieur des assemblages de combustible a pour fonction d’empêcher les corps de petite taille d’endommager les gaines des crayons. Voir : débris

• Les sources Les sources ont été conservées tout au long du travail dictionnairique. Comme nous l’avons déjà mentionné, aucune définition provenant d’une source issue de la compilation des données n’a été conservée. Si tel avait été le cas, la source pouvait être mentionnée à la suite de la définition, de la note ou de l’exemple. Les experts avaient également souhaité mentionner les publications au Journal Officiel émanant des commissions de terminologie et de néologie. Quand un terme est défini dans l’arrêté du 30-11-1989, J.O. du 27-12-1989 ou dans l’arrêté du 08-00, J.O. du 22-09-00, l’information était mentionnée à la suite du terme en entrée.

5.4.2.3 Informations sur le vocabulaire défini à travers quelques exemples

Comme nous l’avons vu précédemment, les termes sont essentiellement des substantifs de forme simple ou complexe. Aucun verbe n'apparaît dans le dictionnaire, un seul nom propre a été relevé mais il a finalement été proposé de le supprimer. Les adjectifs, quant à eux, représentent moins d’un pourcent des termes du dictionnaire, sept adjectifs avec « banalisé », « évolutionnaire », « hybride », « permissif », « redondant », « secouru » et « tout-ou-rien » (v. Tableau 125 à Tableau 131), tout état77 et tout domaine confondus, ont été relevés :

« banalisé » Contrôle-commande Terme proposé pour suppression.

Tableau 125. Article « banalisé », extrait du dictionnaire Areva NP

« évolutionnaire » Procédé Se dit d'un réacteur nucléaire dont la conception prend en compte les résultats de la R&D, les avancées technologiques, les enseignements tirés des tranches nucléaires en exploitation, les exigences des autorités de sûreté et les spécifications des producteurs d'électricité. angl. : evolutionary

Tableau 126. Article « évolutionnaire », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007)

77 Nous renvoyons aux quatre statuts des données dans les tableaux 121 et 122.

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« hybride » Combustible Gestion des cœurs mixtes contenant des assemblages UO2 et MOX. Voir : gestion hybride.

Tableau 127. Article « hybride », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007)

« permissif » Contrôle-commande Signal autorisant, dans un traitement, la réalisation d'une action prédéfinie. syn. : signal permissif

Tableau 128. Article « permissif », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007)

« redondant » Procédé Terme à définir

Tableau 129. Article « redondant », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007)

« secouru » Contrôle-commande Pourvu d'une source d'alimentation électrique de secours. angl.. : emergency-supplied

Tableau 130. Article « secouru », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007)

« tout-ou-rien » Contrôle-commande abréviation : TOR Abréviation courante du terme tout-ou-rien utilisée essentiellement dans les équipements de contrôle-commande en technologie à relais. angl.. : on-off

Tableau 131. Article « tout-ou-rien », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007)

Sur les sept adjectifs, quatre relèvent du sous-domaine « Contrôle-commande », deux concernent le sous-domaine « Procédé » et un seul le sous-domaine « Combustible ». L’ensemble des adjectifs est attesté dans un dictionnaire de langue générale comme le Trésor de la langue française informatisé. En dehors des adjectifs « banalisé » et « redondant » qui ont respectivement été proposés pour suppression et pour définition, nous pouvons classer les adjectifs en deux catégories. La première catégorie concerne les adjectifs qui n’ont de signification qu’avec un seul substantif ; c’est le cas des adjectifs « évolutionnaire », « hybride » et « permissif » qui donneront les lexies complexes suivantes : « réacteur nucléaire évolutionnaire », « gestion hybride » et « signal permissif ». La deuxième catégorie correspond à des adjectifs qui pourront s’accoler à différents types de substantifs avec « secouru » et « tout-ou-rien ». Notons que l’introduction de l’adjectif « évolutionnaire » relève d’un besoin des experts. Sans réalisation antérieure et avec un sentiment spécifique d’une nouveauté, nous avons semble-t-il affaire à un néologisme dont il faudra suivre l’évolution pour voir si l’adjectif viendra qualifier de nouveaux substantifs et s’il fera l’objet d’une nouvelle productivité dans le domaine de l’ingénierie nucléaire.

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5.4.3 La méthodologie de mise en place du dictionnaire : une base de données au format XML

Le choix du format XML et sa justification pour la base de données du dictionnaire remonte à notre mémoire de recherche de DESS vers lequel nous renvoyons (Calberg 2003 : 43-49) Concernant ce chapitre sur la méthodologie, nous avons été largement épaulée par un des experts du « groupe dictionnaire ». Nous avons travaillé ensemble et il a pris à sa charge l’essentiel de la maîtrise d’ouvrage de la base de données. Co-auteur de l’ouvrage La chaudière des réacteurs à eau sous pression et plus particulièrement de la deuxième partie sur le combustible nucléaire des REP, membre du comité de rédaction pour les groupes GT2 « Réacteurs (fission et fusion, recherche) et GT3 « Cycle des matières nucléaires » pour la réédition du Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires du CEA en 2008, Jacques Joseph a présenté ses retours sur les travaux du dictionnaire lors de la conférence TOTh (Terminologie & Ontologie : Théories et Applications) en 2009. Cette présentation a fait l’objet d’une publication dans les actes de la conférence : « Le projet NucSTML – Structuration d’un dictionnaire de spécialité en vue de sa publication sur internet – Bénéfices du langage XML », Actes de la troisième conférence TOTh 2009, Terminologie & Ontologie : Théories et applications, ed. Christophe Roche, Annecy, Institut Porphyre, pp. 181-195, (2010). L’auteur expose son retour d’expérience industrielle. Après avoir présenté la genèse du projet, l’historique et la justification du choix du langage XML, il insiste sur son développement dans « de nombreux secteurs industriels ou de recherche » et mentionne d’autres projets ayant eu recours à ce langage pour le « balisage de dictionnaires anciens (Rey & Zaouy 2004) » ou pour « l’élaboration de dictionnaires multilingues » (Mangeot & Bilac 2004) (Joseph 2010 : 183-184). Il présente ensuite la construction du document XML et sa structuration à partir des fiches terminologiques que nous avons réalisées pour le projet, le balisage et les requêtes. En dehors des avantages du langage XML évoqué par l’auteur comme les développements informatiques légers et autonomes, la portabilité, la flexibilité et l’évolutivité, la pérennité des supports ou la mise en commun de divers dictionnaires (Joseph 2010 : 192-193), l’auteur insiste essentiellement sur l’exploitation de ce format pour la recherche de termes explicitement ou implicitement associés grâce à une feuille de style. Il illustre ses propos à travers l’exemple de « système de sauvegarde » et des termes qui lui sont associés. Cette méthode permet « de clarifier a posteriori la cohérence du contenu du dictionnaire » (Joseph 2010 : 191) et les résultats sont identiques à ceux présentés dans le paragraphe 6.3 où nous exposons des analyses sur la variation terminologique et les apports d’une représentation conceptuelle pour trouver un consensus entre les experts. Nous nous expliquons plus longuement sur ce point en 6.4 en présentant les apports de l’ontologie à la lexicographie de spécialité pour garantir la cohérence des ressources lexicales.

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5.5 Bilan

Dans ce chapitre de notre recherche, nous avons adopté la démarche du linguiste entreprenant l’élaboration d’une ressource terminologique dans le domaine de l’ingénierie nucléaire. Nous avons vu que, malgré les nombreux travaux lexicologiques réalisés dans le domaine de l’ingénierie nucléaire, les ressources terminologiques de ce domaine ne semblent pas satisfaisantes. Leurs lacunes ont principalement trait à leur caractère souvent trop général, à leur imprécision ou au nombre faible de leurs entrées peu représentatif de la terminologie pratiquée au sein des équipes d’ingénierie nucléaire d'Areva NP. D’autres insuffisances constatées correspondent plus particulièrement au souhait de l’industriel de décrire la terminologie de manière pérenne et objective. Bien entendu, si notre travail a tenté de répondre aux lacunes de précédentes analyses, il n’en reste pas moins que notre expérience d’une terminologie en marche et constamment renouvelée nous incite à l’humilité quant à la possibilité d’atteindre ces objectifs. En effet, la langue de spécialité, comme la langue générale, vit et évolue sans cesse. Des mots disparaissent alors que d’autres naissent ou réapparaissent. L’objectif de fixer une terminologie pérenne, que l’on considérera comme un figement de l’usage d’un terme et de la définition associée au cours du temps, ne peut donc être que très relatif, pour ne pas dire impossible. Quant à l’objectivité de la ressource construite, il est certain que la définition précise du domaine de travail à l’ingénierie nucléaire pour les métiers d’Areva NP détermine un contexte commun aux personnes ayant contribué au projet qui est alors favorable à un certain figement. Toutefois, les personnes ayant apporté leur expérience de l’ingénierie à notre projet ont des parcours et des perceptions différentes et il serait vain d’imaginer pouvoir s’affranchir complètement de toute subjectivité. Néanmoins, nous avons vu que, malgré les limites inhérentes à sa construction, le besoin d’une nouvelle ressource terminologique de l’ingénierie nucléaire était largement exprimé et répondait à de nombreux objectifs de l’entreprise en tête desquels figurent la gestion et la transmission des connaissances. En cohérence avec ces besoins et riche des expériences lexicographiques déjà menées dans le domaine de l’ingénierie nucléaire, il nous est possible d’exposer les méthodes de travail et le processus retenus pour la construction de notre projet. Nous en avons expliqué les grandes étapes que sont la sélection des termes à définir, l’élaboration des définitions ou leur validation, montrant les liens étroits que se doivent d’entretenir l’expert du domaine et le linguiste terminologue lors de la réalisation d’un tel projet. Nous avons pu à cette occasion mesurer de manière palpable l’évolution d’une terminologie en marche ainsi que l’inévitable part de subjectivité ou d’affectivité liée aux parcours des personnes participant au projet et aux relations humaines au sein de l’équipe. Ainsi les caractéristiques de la terminologie du nucléaire constatées dans les quatre premiers chapitres, comme l’importance de la notoriété des experts, de l’historique de l’entreprise ou de la productivité d’un terme ont-elles pu être expérimentées dans ce travail d’élaboration du dictionnaire.

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Malgré la nature non définitive du dictionnaire de l’ingénierie nucléaire et l’impossibilité d’affranchir son contenu de toute influence affective, ce travail lexicographique original constitue un enrichissement de la terminologie de l’ingénierie nucléaire dans un contexte précis et à un moment donné. Face à ce constat, il est nécessaire de s’interroger sur l’usage et la mise en valeur pratique de cette ressource terminologique, fruit d’un long et laborieux travail, en réponse aux besoins industriels. A n’en pas douter, la motivation des moyens indispensables à la mise à jour du dictionnaire de l’ingénierie nucléaire au fil du temps se trouve liée à cette réponse. Le lexicologue terminologue, devant les limites inhérentes à son analyse et l’ampleur importante des corpus mis en jeu, peut s’interroger sur l’intérêt de considérer les apports des méthodes de traitement automatique des langues afin d’améliorer, de conforter ou de corriger son propre travail. C’est à ces interrogations que nous tenterons de répondre dans le sixième et dernière chapitre de cette recherche.

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- Sixième chapitre - De l’analyse du vocabulaire à la conceptualisation du

domaine de l’ingénierie nucléaire

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6. De l’analyse du vocabulaire à la conceptualisation du domaine de l’ingénierie nucléaire

Après avoir expliqué le besoin d’une ressource terminologique dans le domaine de l’ingénierie nucléaire et présenté le travail nécessaire pour construire une telle ressource, ce dernier chapitre place notre recherche en terminologie face aux apports des outils informatiques de traitement automatique des langues et d’ingénierie des connaissances. Au fil des expériences que nous mènerons, nous mettrons particulièrement en évidence l’importance d’adopter une approche pluridisciplinaire dans un processus de construction d’une ressource terminologique telle que celle envisagée dans ce travail de thèse. Ce chapitre, qui reflète des travaux menés en traitement automatique de langues et en ingénierie des connaissances, constitue un retour d’expériences sur l’usage de ces outils et de ces méthodes et permet dès lors d’en identifier les apports mais aussi les limites. Ces travaux ont fait l’objet de communications et d’articles co-écrits avec différents auteurs de diverses spécialités (nucléaire, linguistique, terminologie, ingénierie des langues et des connaissances). Voici les quatre références sur lesquelles nous nous appuyons dans ce chapitre : Calberg-Challot, Marie, Danielle Candel & Serge Fleury (2006) : « 'Nucléaire' et 'Atomique' », deux formes concurrentielles dans le domaine du nucléaire », JADT 2006 : 8e journées internationales d'Analyse statistique des données textuelles, pp. 223-234. http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/jadt/jadt2006/tocJADT2006.htm ; Calberg-Challot Marie, Danielle Candel, Didier Bourigault, Xavier Dumont, John Humbley, Jacques Joseph (2008) : « Une analyse méthodique pour l'extraction terminologique dans le domaine du nucléaire », Terminology 14:2, pp. 183-203 ; Calberg-Challot Marie, Danielle Candel, Christophe Roche (2008) : « De la variation des usages au consensus terminologique : vers un dictionnaire de l'ingénierie nucléaire », Actes de la première conférence TOTh 2007, Terminologie & Ontologie : Théories et applications, Christophe Roche éd., Annecy, Institut Porphyre, pp. 199-141. Calberg-Challot Marie, Pierre Lerat, Christophe Roche (2010) : « Quelle place accorder aux corpus dans la construction d’une terminologie », Actes de la troisième conférence TOTh 20200907, Terminologie & Ontologie : Théories et applications, Christophe Roche éd., Annecy, Institut Porphyre, pp. 33-52. Suite aux variations d’usages de la terminologie de l’ingénierie nucléaire soulignées précédemment, une première étude lexicographique et lexicométrique traitant de ces

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variations sera présentée dans ce chapitre. Elle attirera l’attention du terminologue quant aux apports envisageables des outils de traitement automatique des langues afin de compléter ses analyses. Enfin elle nous confortera dans le bien fondé d’une démarche confrontant le travail terminologique et l’utilisation de ces nouvelles méthodes. Après ce premier volet, nous examinerons la place que peut tenir l’extraction automatique de termes candidats dans le choix des termes à retenir afin de les implémenter dans la ressource terminologique visée. Enfin, face aux variations d’usage entre experts et aux difficultés rencontrées lors du processus de validation des définitions de termes de la ressource envisagée, nous nous orienterons vers la confrontation de nos résultats avec ceux de l’utilisation du langage formel et la modélisation conceptuelle ou ontologique du savoir utilisée en ingénierie des connaissances. Par ces quatre études, notre but sera, pour les différentes étapes de la construction d’une ressource terminologique (choix des termes à intégrer dans la ressource, définition des termes et validation de la ressource terminologique ainsi constituée), d’examiner et d’améliorer la pertinence et la validité des travaux terminologiques déjà réalisés, au regard des possibilités offertes mais aussi des questions ouvertes par l’utilisation des ces nouveaux outils. Ces outils, sans se substituer au travail des hommes, peuvent néanmoins constituer une aide précieuse pour le linguiste terminologue lexicologue. Nous montrerons que leur utilisation par le linguiste terminologue lexicologue averti, et à même de réaliser les études nécessaires permettant de juger de la pertinence des résultats obtenus, apparaît comme une voie d'efficacité pour la construction d'une ressource terminologique telle que nous l’envisageons dans ce travail de thèse. Nous verrons à cet égard l’importance des analyses du linguiste terminologue, en amont de l’utilisation de ces outils, qui permettent de mieux cerner les attentes, la langue et ainsi de mieux cibler leur usage.

6.1 « Nucléaire » et « Atomique », deux formes concurrentielles dans le domaine du nucléaire78 ?

Au moyen d'une étude lexicographique des termes « nucléaire » et « atomique », et de leurs usages respectifs à travers l'histoire, nous proposons tout d'abord une caractérisation de ces deux termes et de leurs usages. Le recours à des témoignages contemporains et notamment l'interrogation d'experts permettent d'évaluer les variations dans les usages. Nous chercherons à vérifier si les variations d'usages et d'emplois ainsi

78 Cette étude a fait l’objet de la publication suivante : Calberg-Challot, Marie, Danielle Candel & Serge Fleury, 2006. « ‘Nucléaire’ et ‘Atomique’ deux formes concurrentielles dans le domaine du nucléaire », éd. André Salem & Serge Fleury, JADT 2006 : 8e journées internationales d'Analyse statistique des données textuelles, Université de Franche-Comté, Besançon, 19-21 avril 2006, p. 223-234 (http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica /jadt/jadt2006/tocJADT2006.htm).

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relevés sont caractéristiques de divers types de corpus et de divers types de locuteurs. Nous aurons recours, à cette fin, à une exploration lexicométrique de corpus textuels ; nous voudrions contribuer à évaluer l'apport d'une telle méthode d'exploration de corpus textuels.

6.1.1 Les éléments du corpus

Nous nous proposons d'analyser l'évolution des termes « nucléaire » et « atomique » dans une « série textuelle chronologique », constituée « d'un type de corpus réalisé par échantillonnage au cours du temps d'une même source textuelle sur une période plus ou moins longue » (Lebart & Salem 1994).

6.1.1.1 Le « corpus chronologique » du journal Le Monde

Le « corpus chronologique » du Monde résulte d'un traitement quotidien de ce journal. Le texte est prélevé chaque jour sur le site internet du journal, en versions HTML79 et PDF. Le texte en HTML est traité de façon à obtenir une version des contenus textuels normalisée au format XML80 ainsi qu'une version compatible avec le logiciel Lexico381. Ces versions quotidiennes des contenus textuels sont ensuite nettoyées et concaténées pour produire des corpus chronologiques complets couvrant l'ensemble des dates de récupération. Ce processus a commencé le 12 avril 2003 (Fleury 2005). Les corpus retenus, résultant de ce processus, couvrent une période allant de cette date à octobre 2005. Lexico3 permet des analyses à travers des expressions régulières, les corpus ne nécessitent donc pas de traitement spécifique (tel que reformatage, lemmatisation, étiquetage ou passage en minuscule). Le Monde en ligne présente de nombreuses rubriques telles « Entreprise », « Finances », « Médias », « Sciences », « Environnement », « Culture »82. Pour l'analyse qui suit, nous nous intéresserons aux rubriques « Société », « France », et « International », qui, dans 99% des cas, traitent des aspects du nucléaire propres à l'énergétique et à l'armement. Un autre sous-corpus du Monde correspond à l'ensemble des articles contenant les formes « nucléaire » et « atomique » extraites du corpus complet, c'est-à-dire contenant toutes les rubriques du journal.

6.1.1.2 Le corpus de Veille-Info

Ce corpus est un dossier de la revue Veille-Info intitulé « Le Nucléaire Aujourd'hui » (Dumont 2005). Il a été traité de la même façon que celui du Monde, en vue d'une compatibilité de traitement avec le logiciel Lexico3. Il est composé de 46 textes écrits par un expert du nucléaire pour mettre à la disposition des ingénieurs et autres professionnels d'Areva des informations de synthèse dans le domaine du nucléaire. Ce 79 HTML : HyperText Markup Language. 80 XML : Extensible Markup Language. 81 Lexico3 : Ensemble d'outils de statistique textuelle réalisés par l'équipe universitaire CLA2T (SYLED), Université Paris 3. Les figures qui suivent sont obtenues à l'aide de ce logiciel. 82 L'ampleur des corpus peut d'ailleurs occasionner de réelles difficultés de traitement.

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dossier, interne au groupe Areva, est constitué d'un ensemble d'articles publiés environ tous les deux mois, qui traite de divers sujets d'actualité du nucléaire tels la politique nucléaire, les données énergétiques, la sûreté et la radioprotection, les effets des faibles doses, les énergies renouvelables et d'autres questions techniques.

6.1.1.3 L'ensemble du corpus

Nous distinguons donc deux types de corpus : dans le cas du corpus du Monde, le groupe des destinataires visé est le grand public alors que dans le corpus de Veille-Info, le groupe des destinataires est un public averti d'ingénieurs et autres professionnels d'une entreprise. Le Tableau 132 présente les références des corpus. Les corpus couvrent les années 1999 à 2005 :

Le Monde Corpus 1. Rubrique

International 2. Rubrique

France 3. Rubrique

Société 4. Textes attestant nucléaire/atomique

Veille-Info

Période 04/2003 - 09/2005 04/99 - 02/05

Occurrences 8 908 625 5 745 522 2 640 412 2 167 668 106 713 Formes 117 117 87 835 67 882 75 780 13 471 Fréquence maximale

461 031 302 020 141 875 113 490 6 422

Hapax 44 590 33 084 26 351 32 992 6 842 Tableau 132. Présentation des corpus

Les corpus étant de tailles inégales, les grandeurs exploitées sont rapportées à la taille des corpus correspondants. Le Tableau 133 ci-dessous indique les fréquences relatives des termes « atomique » et « nucléaire » dans les différents corpus. Les deux dernières lignes présentent le rapport entre les fréquences réduites des termes « nucléaire » et « atomique ».

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Le Monde

Corpus

1. R

ubri

que

Inte

rnat

iona

l

2. R

ubri

que

Fran

ce

3. R

ubri

que

Soci

été

4. T

exte

s atte

stan

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ire/

atom

ique

Veille-Info

Occurrences 8 908 625

5 745 522

2 640 412

2 167 668 106 713

atomique total : 1 719

498 occ. 0,006 %

18 occ. 0,0003 %

9 occ. 0,0003 %

1 182 occ. 0,05 %

12 occ. 0,01 %

Fréquence relative nucléaire

total : 9 128 2 503 occ. 0,03 %

252 occ. 0,004 %

86 occ. 0,003 %

5 779 occ. 0,3 %

525 occ. 0,5 %

Rapport83 « nucléaire/atomique »

5 13,3 10 6 50

Moyenne pondérée 8,5 6 50 Tableau 133. Fréquence relative de « nucléaire » et « atomique »

D'une façon générale, le terme « nucléaire » est sur-représenté par rapport à « atomique » dans l'ensemble des corpus. Les données par sous-corpus sont éclairantes. Dans les sous-corpus 2 et 3 (« France » et « Société ») du Monde, « nucléaire » est le terme le plus présent (la France a massivement recours à l'énergie nucléaire et possède une industrie nucléaire puissante). Dans le sous-corpus 1 (« International »), on constate, pour le rapport nucléaire/atomique concernant l'ensemble des corpus, une sous-représentation de « nucléaire » par rapport à « atomique » (cette rubrique traite des relations internationales et des rapports de forces entre les différentes nations dont la « bombe atomique » est un vecteur fondamental). Le sous-corpus 4 (« Textes attestant nucléaire/atomique ») est celui qui, en fréquence relative, est le plus riche des sous-corpus du Monde. Le rapport « nucléaire/atomique », qui représente la sélection des articles contenant les termes étudiés dans toutes les rubriques, caractérise ici l'ensemble du journal. Or on constate que ce corpus se distingue par une forte sur-représentation de « atomique » par rapport à l'ensemble du corpus. Le terme « atomique » est cinq fois plus représenté dans le sous-corpus 4 du Monde que dans Veille-Info. Dans ce sous-corpus, il est associé aux termes « bombe » ou « arme » dans 56% des cas (hormis les attestations du terme dans le développement de sigles représentant notamment des organismes tels l'AIEA ou le CEA). La fréquence relative du terme « nucléaire », d'autre part, y est, par rapport au corpus Veille-Info, inférieure à 40%. « Nucléaire », qui

83 Rapport entre les fréquences réduites des termes « nucléaire » et « atomique ».

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est fréquemment attesté avec des termes comme « non-prolifération », « dissuasion », ou, plus neutre, « programme », est adjectif dans plus de 85% des cas. Trouve-t-on dans l'histoire de ces deux formes des éléments de réponse à ce sur-emploi de « nucléaire » par rapport à « atomique »?

6.1.2 Note historique sur les deux formes retenues

6.1.2.1 A propos d' « atomique »

Comme cela a été présenté au premier chapitre, la réflexion sur la constitution de la matière occupe une grande place chez les philosophes de la Grèce antique. Thalès de Milet suppose, au VIe siècle avant J.C. siècle que la matière s'est formée à partir d'un élément primitif unique, l'eau. Héraclite, au Ve siècle avant J.C., voit dans le feu « l'élément primordial », tandis que pour Empédocle, la matière est constituée des quatre éléments : eau, feu, terre et air. C'est pour la première fois vers 450 avant J.C. qu'est formulée la notion d'atome. Le philosophe Leucippe développe une théorie selon laquelle la matière n'est pas indéfiniment divisible, et prononce le mot « atomos » : « qui ne peut être coupé ». Démocrite décrit quelques années après la matière comme un assemblage de particules invisibles, indivisibles et éternelles : les atomes. Cette conception nouvelle ne relève ni d'observations ni d'expériences, mais plutôt d'intuitions. Développée entre 341-270 avant J.C., puis au 1er siècle avant J.C, il faudra attendre 2000 ans pour que la « théorie atomique » soit reprise et scientifiquement formulée (v. premier chapitre, paragraphe 1.1.1). L'adjectif « atomique », dérivé du terme « atome » + suffixe « -ique », est attesté en philosophie84 en 1585 (TLF). En 1858, le terme est employé dans le domaine de la chimie, dans les expressions « masse atomique » et « poids atomique », « nombre atomique » ou « numéro atomique » (tableau périodique de Mendeleïev), « notation atomique ». C'est au XXe siècle que le terme « atomique » passe dans le domaine de la physique avec notamment les expressions structure, désintégration atomique, physique atomique, énergie atomique (ce dernier est attesté dès 193885). Le corpus du nucléaire (1922-1935) attesté dans la base FRANTEXT de l'ex-INaLF en 1995 permet de compter de 50 à 100 occurrences de « atomique » et de une à dix occurrences seulement de « nucléaire ».

6.1.2.2 A propos de « nucléaire »

L'adjectif « nucléaire » est plus récent dans l'histoire, attesté en 1834 (d'après DHLF). Il est issu du latin nucleus, diminutif de nux (noix) qui désigne le noyau, la partie dure d'un corps, la partie interne d'une chose. Le terme est ensuite utilisé par les botanistes en

84 Et n'est attesté en anglais, d'après le Dictionnaire d'Oxford, qu'en 1692. 85 Candel 1995.

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1840 puis entre dans le domaine de la physique en 1857. C'est en 1919 seulement qu'il est employé dans le domaine de la physique avec le sens de « relatif au noyau de l'atome », l'anglais nuclear86 étant attesté en engineering dès 1914, à propos de Rutherford (Oxford English Dictionary 1999). Si l'adjectif « atomique » a été utilisé pour tout ce qui avait un rapport avec l'énergie atomique, c'était le cas aussi pour tout ce qui était « infiniment grand », ou « infiniment puissant », et on lui a préféré « nucléaire » (Candel 2000).

6.1.2.3 Deux termes en concurrence

Au travers des définitions87 de « atome » et « noyau », on note l'imbrication étroite des deux termes ; l'atome représente la « partie la plus petite d'un corps simple susceptible d'entrer dans les combinaisons chimiques », le noyau étant la « partie centrale de l'atome chargée positivement ». Une terminologie ne se construit pas instantanément. Elle évolue. La physique nucléaire, par exemple, s'est appelée, en 1928, « physique intra-atomique » (Candel 1995). Les termes « atomique » et « nucléaire » s'emploient sans connotation particulière jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale et l'explosion des deux « bombes atomiques ». C'est ensuite que les adjectifs se distinguent davantage ; « atomique » se spécialise dans le domaine de l'armement alors que « nucléaire » qualifie le domaine de l'énergie (Témoignage de l'expert 1). Cette distinction est nette dans les dictionnaires de langue générale - les termes « atomique » et « nucléaire » n'étant pas définis dans les dictionnaires de spécialité88. Les expressions « arme atomique », « armement atomique », « bombe atomique », « guerre atomique » sont largement attestées dans Larousse, Robert, Le Trésor de la langue française, et « centrale nucléaire », « électricité nucléaire », « énergie nucléaire », « fission nucléaire » et enfin « industrie nucléaire », dans Robert et TLF. Le corpus atteste le terme « atomique » dans la composition d'organismes officiels tel l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) et le CEA (Commissariat à l'énergie atomique), mais rappelons que la création de ces organismes date des années cinquante, alors même que le terme « nucléaire » était à peine implanté. Plus tard, le CEA crée des Centres d'études nucléaires (CEN). Et aux Etats-Unis, l'AEC (Atomic Energy Commission) n'existe plus mais a été remplacé par la NRC (Nuclear Regulatory Commission). Le domaine du nucléaire est un sujet « sensible » en politique, et qui fait peur (Goffin 1989 ; Candel 2000), marqué par la politique, le « secret défense », l'économie et l'influence internationale d'un pays. « Cette volonté d'usage politique se lit dans l'usage 86 Repéré dans d'autres domaines dès 1846 (Oxford English Dictionary 1999). Dans le domaine qui nous intéresse, rappelons une date importante : 1929 (Physical review, id.). 87 Issues du dictionnaire du CEA, 1975. 88 Voir les références bibliographiques (dictionnaires CEA, ISO, CEI et AIEA) et le chapitre 5 pour l’étude métalexicographique des quatre dictionnaires.

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différencié qui s'est imposé dans l'emploi de deux adjectifs : atomique et nucléaire » (Delavigne 2006).

« On constate très vite que pour la plupart des individus le mot nucléaire est associé non pas à des notions élémentaires relevant de la physique, mais plutôt à des images diverses très éloignées du sens premier, comme énergie, chaleur, progrès, puissance, et depuis quelques temps, destruction, danger, violence, oppression, contestation … » (Stemmelen 1980).

Lors de leurs remises de prix Nobel, Pierre Curie, tout comme Frédéric Joliot-Curie, pensait que l'on pourrait tirer de leur découverte des bénéfices et, tout à la fois, en conclure des menaces terribles pour la société. C'est bien la preuve que cette controverse, ou cette hésitation89, est présente depuis toujours dans le nucléaire. Qu'en est-il dans les contextes d'aujourd'hui ?

6.1.3 Un déplacement de la connotation négative d'un terme à l'autre

6.1.3.1 Des idées et impressions générales exprimées sur ces deux termes

Dans une interview sur « France Inter » du 14 septembre 2004, Alain Rey tient les propos suivants : « J'ai pensé au mot 'nucléaire' parce que c'est tout de même un mot qu'on entend beaucoup prononcer autour de la montée des périls en ce moment » … Pourtant « dans la langue commune, il faut remarquer que le mot 'nucléaire' a progressivement évincé l'adjectif 'atomique' » … « on a dit 'bombe atomique' mais 'centrale nucléaire'. Le Commissariat à l'énergie atomique a été nommé avant que cet adjectif nucléaire se soit diffusé »… « Dans l'inconscient collectif, 'nucléaire' était le gentil, 'atomique' le méchant, mais tout a encore changé sans que la physique nucléaire y soit pour rien … »90. Quelques précisions peuvent être apportées aux propos d'Alain Rey : « Au début, 'atomique' est lancé 'par la mode' avec l'américain 'Atomic Energy Commission' (AEC) puis il est repris par De Gaulle en 1945 avec la création du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) » (Témoignage de l'expert 2). « A l'époque de la découverte de la fission, le plus petit élément connu constituant la matière et dont la découverte avait été communiquée au grand public était l'atome, et c'est naturellement que la fission fut dénommée 'réaction atomique' » (Témoignage de l'expert 3). « Mais le terme 'atomique' n'est pas correct, on ne parle pas de l'énergie du noyau. Le terme 'nucléaire' est né pour rectifier une erreur de terminologie (Chelet 1961). La tendance de rectification est initiée par le milieu scientifique, les experts. Le terme 'atomique' est donc une survivance car la notion est compliquée » (Témoignage de l'expert 2). Certains experts diront que « atomique » est « bizarre », « erroné » (Témoignages des experts 1 et 4).

89 Un témoignage nous apprend que dans les années 1960, des cours étaient dispensés en « physique atomique » et en « physique nucléaire », deux cours et deux diplômes distincts (Témoignage de l'expert 3). 90 Extrait de la Revue de Presse quotidienne du 15-09-2004 (journaux internationaux, scripts radio et télévision), interne au groupe Areva.

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6.1.3.2 Le recours à Lexico3

Les logiciels d'analyse textuelle de Lexico3 font repérer des hypothèses, des phénomènes, des évolutions du vocabulaire qui ne se révèleraient peut-être pas au moyen d'une analyse manuelle. Ils permettent de souligner des spécificités de périodes définies et de types de corpus. Les recherches confirment-elles les descriptions émanant de dictionnaires, les impressions et propos rapportés ? Permettent-elles de détecter quelles sont les influences économiques, socio-économiques ou socio-politiques qui modifient et influencent le vocabulaire ? L'emploi du terme « atomique » reste largement associé à ceux de « bombe », « poubelle », « arme(s) », « bombardement » comme le montre l'extrait suivant du Monde, rubrique « International » (v. Tableau 134) :

… l'Irak d'y préparer une bombe atomique ; un réacteur de fabrication russe a été … … refuse de devenir la « poubelle » atomique de l'Italie Scanzano jonico (basilicate … … formelles, posséder déjà l'arme atomique. M. Powell n'a cependant pas réitéré … … notre époque. Unique, le bombardement atomique présente des similarités avec d'autres …

Tableau 134. « atomique », extrait des concordances du Monde, rubrique « International »

De façon plus générale, les termes de la famille de « atomique » présentent d'ailleurs peu de dérivés (v. Tableau 135) en dehors de quelques exemples à connotation négative, comme :

… de populations civiles. Sur les 541 800 atomisés d'Hiroshima et de Nagasaki, 266 000 étaient … … victimes. Jusqu ' en 1957, les atomisés ne bénéficièrent d'aucune assistance spéciale … … INHUMANITÉ Longtemps, la première ville atomisée du monde s'est perçue uniquement comme … … en souvenir de Sadako, la petite fille atomisée qui mourut , à 12 ans, de leucémie , en …

Tableau 135. « atomisé », extrait des concordances du Monde, rubrique « International »

La productivité dérivationnelle et compositionnelle est bien plus importante pour le terme « nucléaire »91. Les formes en « nuclé(aire) » trouvés du corpus du Monde, rubrique « Société » sont : « thermonucléaire(s) », « antinucléaire(s) » et « électronucléaire »92. On trouve dans le sous-corpus du Monde, rubrique « International », un grand nombre d'occurrences de « thermonucléaire », soit 75 citations (du fait de l'actualité du réacteur à fusion ITER). Les opposants au nucléaire viennent ensuite, avec 70 occurrences de « antinucléaire ». En effet, « on parle des 'antinucléaires' mais non des 'antiatomistes' car les premières oppositions ou réserves quant au nucléaire sont nées dans les années soixante - soixante-dix et le terme ‘nucléaire' était déjà implanté dans la langue » (Témoignage de l'expert 2).

91 On connaît les dérivés dénucléariser (vers 1957), dénucléarisation (vers 1957), nucléarisation (1959), thermonucléaire (1950), réaction nucléaire (1946)" (Candel 2000 : 351), ou encore nucléocrate (adjectif ou substantif). 92 Groupe de formes rassemblant tous les termes couverts par l'expression régulière : \b.*nucl.*\b

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Qu'est-ce qui caractérise les périodes où les termes « nucléaire » et « atomique » sont employés ensemble ? Que se passe t-il dans les périodes de pics d'emploi de « nucléaire », lorsque que le terme « atomique » n'est pas du tout employé ?

6.1.3.3 Deux formes aux fréquences d'usages distinctes en fonction du sous-corpus

En ce qui concerne le corpus Veille-Info, les emplois de « atomique » et « nucléaire », observés article par article93, ne sont pas corrélés dans le temps. C'est ce que montrent les figures Figure 30 et Figure 31.

Figure 30. « atomique », Veille-Info, fréquence absolue par sous-corpus

93 « En partition ».

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Figure 31. « nucléaire », Veille-Info, fréquence absolue par sous-corpus

On note une divergence des usages. Ainsi on voit en Figure 30 un pic plus important pour « atomique » dans le n° 43 de Veille-Info (Dumont 2004) (ce dernier aborde la question de l'impact médiatique engendré par le transport de matières radioactives). Quant à « nucléaire » (v. Figure 31), il est plus employé dans les articles 26, 31 et 36 (qui traitent des programmes nucléaires, de la place du nucléaire parmi les autres types d'énergie et du lancement d'un nouveau type de réacteur (l'EPR)). Que se passe t-il dans le cas des autres textes étudiés ? Y détecte-t-on également des fréquences d'emplois nettement différentes pour les deux formes ou, au contraire, des coïncidences d'usage ?

6.1.3.4 Coïncidences chronologique d'usage entre les deux termes

L'examen des graphiques et des spécificités de « nucléaire » et « atomique » dans les différents corpus du journal Le Monde montre en vérité que les pics d'emplois de « atomique » sont en corrélation chronologique avec ceux de « nucléaire ». Naturellement, étant donné le suremploi, dans des rapports allant de 5 à 13, de « nucléaire » par rapport à « atomique », des pics d'emplois de « nucléaire » existent hors de la zone d'emploi de « atomique » (v. Figure 32, élément encerclé en rouge, mars 2004).

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Figure 32. « nucléaire » et « atomique », Le Monde (sous-corpus 4), spécificités par mois

Le graphique de la Figure 32 illustre bien les emplois concomitants des formes « atomique » et « nucléaire » (v. les éléments encerclés en bleu, mai-juin 2004 et août-septembre 2005). Ce phénomène est aussi relevé dans la rubrique « France » du Monde. Mais les pics d'emplois de « nucléaire » ne coïncident pas tous avec ceux de « atomique », comme on peut le voir pour le mois de mars 2004. Les emplois de « nucléaire » et « atomique » se présentent en superposition dans le corpus du Monde, rubriques « France » et « Société ». Les Figure 33 et Figure 34 illustrent un pic d'emploi commun pour « nucléaire » et « atomique » en septembre 2004.

Figure 33. « nucléaire », Le Monde « Société », fréquence absolue par mois

Figure nucléaire atomique , Le Monde (sous 4), spécificités par mois

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Figure 34. « atomique », Le Monde « Société », fréquence absolue par mois

On note aussi dans ces graphiques relatifs aux formes « nucléaire » et « atomique » deux pics d'emploi pour « nucléaire » (v. les éléments encerclés 1 et 2, Figure 33) alors qu'on ne trouve aucun emploi de « atomique » pendant cette même période. Les deux pics d'emplois de « nucléaire » sont illustrés par les segments répétés « matières nucléaires », « déchets nucléaires » et « antinucléaires » (v. les éléments encerclés, Figure 35). Un indice de stabilité de ces expressions semble être le fait qu'on ne retrouve dans aucun des corpus *« matières atomiques », *« déchets atomiques » ni *« antiatomiques ». Ces remarques sont aussi illustrées dans le corpus du Monde, rubrique « France ».

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Figure 35. segments répétés « matière94 » et « déchet95 », Le Monde, « Société », fréquence

absolue par mois

D'après l'un des experts consultés, l'AFP et Le Monde font des « erreurs » dans leurs écrits ; dans la mesure où les auteurs ne feraient pas bien la différence entre les termes « nucléaire » et « atomique » (Témoignage de l'expert 2). Ce fait semble mis en valeur par Lexico3 et les emplois des deux adjectifs peuvent se superposer sans différence de sens nettement perceptible pour les lecteurs du journal Le Monde. De plus, les termes « atomique » et « nucléaire » sont majoritairement employés dans la rubrique « International ». Il n'est pas étonnant que les termes apparaissent plus fréquemment dans la rubrique « International » du fait d'évènements marquants dans l'actualité de ces dernières années (Iran, déchets, débats publics sur les déchets et l'implantation de l'EPR à Flamanville, Greenpeace…), le nucléaire étant au cœur de nombreux enjeux. Une expérience avec un corpus plus important dans le temps pourrait être intéressante. Un sondage a été réalisé dans le corpus Le Monde, rubrique « Sciences », pour lequel les résultats diffèrent de ceux obtenus pour les autres rubriques. Au regard de la composition du corpus, cette différence s'explique par l'étendue des domaines abordés. Ceci montre précisément l'importance des domaines abordés par chacune des rubriques pour la comparaison des corpus attestant ces termes. Ainsi l'enquête gagnerait à être menée dans les rubriques « Sciences » de différents journaux.

94 Occurrence couverte par l'expression régulière : \b[Mm][Aa][Tt][Ii][EÈeè][Rr][Ee][Ss]?\b 95 Occurrence couverte par l'expression régulière : \b[Dd][EÉeé][Cc][Hh][EÉeé][Tt][Ss]?\b

94 95

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6.1.4 Fluctuation terminologique

Le cheminement des termes, anciens ou actuels, est complexe. Les termes fluctuent dans une dynamique où se rencontrent expertise scientifique, politique, culture d'entreprise et force vulgarisatrice, forces linguistiques ou interventionnistes. L'analyse au moyen de Lexico3 a permis de vérifier cette hypothèse grâce à un découpage de corpus par périodes et par types de corpus. Après l'analyse des termes « nucléaire » et « atomique » en corpus, il apparaît, au travers du corpus Veille-Info, que les experts et auteurs de ce corpus s'attachent tout particulièrement à la précision scientifique et terminologique de leurs discours et que leur vocabulaire évolue en adéquation avec les avancées scientifiques et techniques. Plus le ratio est grand, plus le degré de précision dans les emplois respectifs de « nucléaire » et « atomique » l'est aussi. Dans le corpus des experts, « nucléaire » est cinquante fois plus représenté que « atomique », alors que ce rapport n'est que 6 ou 8,5 dans les autres corpus. On peut avancer deux hypothèses pour s'expliquer ce constat : soit on est, dans les corpus issus du Monde et destinés au grand public, face à une plus grande imprécision quant à l'emploi des termes « atomique » et « nucléaire » que dans le corpus Veille-Info, soit Le Monde aborde plus de domaines d'emploi du terme « atomique » que le corpus Veille-Info ou les aborde plus fréquemment. Même sans vouloir minimiser l'influence de la deuxième hypothèse, en analysant les emplois en contexte, on constate rapidement que la première hypothèse est vérifiée lorsqu'on relève les segments répétés « réacteur atomique », « centre atomique », « potentiel atomique », « centrale atomique » et « programme atomique ». Les emplois erronés ou du moins imprécis du terme « atomique » que nous avons pu relever n'apparaissent pas dans le corpus Veille-Info, où « atomique » est régulièrement employé à bon escient pour des désignations relevant véritablement de l'atome. Malgré les fréquences d'emploi très faibles de « atomique » et « nucléaire » dans les corpus étudiés, Lexico3 a permis de faire des analyses fines et précises sur l'emploi de ces termes. Sans grande surprise, on note que le corpus où l'on trouve proportionnellement le plus grand nombre d'occurrences des termes « nucléaire » et « atomique » est le corpus écrit par un spécialiste du domaine, et majoritairement pour des spécialistes. Cette étude montre que le rapport d'emploi entre les termes « nucléaire » et « atomique » peut, par extrapolation, être considéré comme un indice de la précision lexicale d'un texte du domaine du nucléaire. Au delà des conclusions présentées dans ce paragraphe quant aux variations d’usage des termes « nucléaire » et « atomique », cette étude nous aura permis d’envisager pleinement les possibilités ouvertes par l’utilisation d’outils de traitement automatique des langues. Nous avons également vu que, pour être pertinente, l’utilisation de ces outils doit être nécessairement accompagnée de travaux d’analyse. Ceci nous conforte dans notre

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démarche alliant réflexion terminologique et utilisation des outils de traitement automatique des langues. Nous poursuivrons cette voie en nous intéressant dans les paragraphes suivants à la problématique de l’extraction terminologique puis à la confrontation d’une terminologie avec la représentation conceptuelle associée.

6.2 Une analyse méthodique pour l'extraction terminologique dans le domaine du nucléaire : retour d’expérience dans le domaine du Combustible96

Nous proposons une réflexion méthodologique interdisciplinaire sur le statut accordé aux termes (termes candidats ou non) lors du processus d'extraction de termes candidats97 (Calberg 2003). La collecte de termes candidats marque une étape intéressante dans la construction d'une ressource terminologique et lexicale (Bourigault et al. 2004 : 10). Deux objectifs sont liés à cette recherche. D'une part, une contribution à l'amélioration des méthodologies d'extraction de termes candidats à partir d'un corpus textuel. D'autre part, l'enrichissement de la ressource terminologique et lexicale d'un domaine de spécialité, l'ingénierie nucléaire, en vue, notamment, de la confection d'un dictionnaire. Rappelons que « le français scientifique et technique » est trop peu analysé, ce qui s'explique notamment par les problèmes de confidentialité liés aux textes (Habert 2001). Or les textes constituent une source privilégiée pour l'analyse de l'évolution quotidienne de la terminologie d'un domaine, l'observation de la néologie, le marquage des usages particuliers à ce domaine et la variation terminologique (Cabré 1996, 2000). La présente étude s'appuie sur un ensemble de textes techniques des sous-domaines du « Combustible » et des « Réacteurs »98, et l'on sait que le domaine du nucléaire est au cœur de bien des enjeux de société (Delavigne 2006 ; Candel & Tombeux 2008). Après la présentation du projet mené chez Areva NP, nous soulignerons le rôle de l'extraction de termes candidats et la contribution de cette technique dans la constitution d'une ressource terminologique et lexicale de termes techniques spécifiques du Combustible. Nous montrerons comment nous avons utilisé le logiciel Syntex pour l'extraction de termes candidats à partir de trois corpus, expérimentés par étapes, de septembre 2003 pour le premier à mai 2005 pour les deux autres. Au cours des trois étapes proposées, on détaillera d'abord les éléments méthodologiques, en exposant les données et leur traitement ; puis on abordera la question de la validation des données terminologiques obtenues ; enfin, comme annoncé dans l’introduction de ce chapitre, l'accent sera mis sur ce que l'on considère comme un retour d'expérience, les résultats donnant lieu à des propositions pour la réutilisabilité d'éléments méthodologiques ainsi qu’à des recommandations. 96 Cette étude a fait l’objet de la publication suivante : Calberg-Challot, Marie, Danielle Candel, Didier Bourigault, Xavier Dumont, John Humbley & Jacques Joseph (2008), « Une analyse méthodique pour l'extraction terminologique dans le domaine du nucléaire », Terminology, 14, 2, pp. 183-202. 97 Nous nommons « terme candidat » un terme sélectionné et extrait par le logiciel Syntex. Après validation par l'expert, il devient « terme ». 98 Dénommés dorénavant Combustible et Réacteurs, sans guillemets.

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Trois experts, Jacques Joseph, Xavier Dumont et Alain De Tonnac, ont participé à diverses étapes du projet et trois corpus distincts ont été utilisés, le corpus Combustible « Vercors99 », le corpus RCC-C100 et le corpus RCC-P101, qui sont nommés respectivement C1, C2 et C3.

6.2.1 Un projet de construction d'une ressource terminologique et lexicale dans le sous-domaine du Combustible

6.2.1.1 La présentation du secteur d'activité et du domaine de spécialité

Le sous-domaine du Combustible constitue un sous-ensemble d'un domaine plus vaste, le domaine technique de l'ingénierie nucléaire (Coppolani et al. 2004 : 43-75). Le projet d'extraction de termes candidats a été mené à la Direction « Conception et Ventes du Combustible » d'Areva NP. La conception, la fabrication et le développement d'assemblages de combustible et des éléments qui lui sont associés sont réalisés de façon coordonnée en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. L'objet de la présente étude porte sur les documents techniques émis en français. La conception, première opération dans le cycle de vie d'un assemblage de combustible, fait intervenir des techniques avancées dans des domaines tels que la mécanique, la thermohydraulique, la physique des réacteurs, la chimie, la science des matériaux. L'amélioration des performances et l'adaptation permanente aux usages spécifiques sont soutenues par la direction de la R&D102 relative à un parc important de réacteurs variés et portant sur plusieurs dizaines de milliers d'assemblages irradiés (v. deuxième chapitre pour la présentation de l’entreprise).

6.2.1.2 Une liste de termes problématiques en usage

Les documents qu'écrivent les experts dans le cadre de leurs études techniques sont indexés, selon les cas, à partir de mots-clés, de glossaires bilingues ou de lexiques, puis enregistrés dans des bases de données ; ces mots-clés, glossaires ou lexiques ont été rassemblés dans ce que nous appelons la ressource terminologique et lexicale du sous-domaine du Combustible, qui est donc composée de termes utilisés dans les différents systèmes de la Gestion Electronique de Documents (GED).

99 Dénomination présentée dorénavant sans guillemets. 100 Règles de conception et de construction des assemblages de combustibles des centrales nucléaires. 101 Règles de conception et de construction applicables aux procédés. Ce document, édité par l'AFCEN (Association française pour les règles de conception de l'énergie nucléaire), a pour objectif de définir les règles de conception et de construction des systèmes des centrales nucléaires à eau sous pression construites en France. 102 Recherche et développement.

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Il s'agit de termes simples ou complexes, d'abréviations, d'acronymes ou de divers éléments concaténés, de noms propres ou de termes génériques103. De tels mots-clés ont été créés au fil du temps dans des contextes spécifiques et leur sens n'est plus forcément connu de tous les usagers potentiels. Cela montre les difficultés que peuvent rencontrer les utilisateurs pour indexer ou rechercher les documents techniques qu'ils ont créés ou qu'ils désirent consulter. La cohérence et la clarification des données sont indispensables pour la bonne conduite du projet, et c'est un tel objectif qui a conduit à utiliser Syntex pour la construction d'une ressource adaptée aux besoins d'Areva NP.

6.2.1.3 Une expertise multiple originale

Il a bien été souligné que « la personne chargée de construire la ressource terminologique ou ontologique (RTO), ou 'analyste', devrait être spécialiste du domaine étudié, compétente à la fois en modélisation des connaissances, en linguistique et en informatique. En somme, un oiseau rare » (Action spécifique STIC « Corpus et terminologie » 2003 : 56). Dans le projet décrit ci-dessous, l'analyse a été effectuée conjointement et principalement par un physicien expert du Combustible et par nous-même doctorante en terminologie et Traitement Automatique des Langues (analyste linguiste et terminologue) ; un ingénieur expert, une documentaliste et un traducteur ont, par ailleurs, participé au projet, et plusieurs autres experts ont apporté leur concours. On considèrera que cette convergence de spécialistes d'horizons différents, mais ayant acquis des compétences dans les spécialités des partenaires, constitue un gage de garantie pour l'opération de validité du corpus et pour celle de l'application visée.

6.2.1.4 La constitution du corpus

La constitution du corpus, cette « collection de données langagières qui sont sélectionnées et organisées selon des critères linguistiques explicites pour servir d'échantillon du langage » (Sinclair 1996 : 4)104, est une étape importante dans la construction d'une ressource terminologique et lexicale. Le corpus doit permettre de valider les références déjà existantes et servir de référence pour l'analyse en rendant compte des termes manquants, des termes nouveaux et des termes déjà présents. Choisi par les experts comme représentatif de leur activité et de leur pratique, sans recours à des critères systématiques quant à ces choix (Branca-Rosoff 1999 : 5 et 17, Cabré 2008), le corpus Vercors, appelé C1, est constitué de textes techniques relatifs à la conception des assemblages de combustible dans le sous-domaine du Combustible. Il rassemble des documents ayant trait à la reconfiguration du processus de conception des assemblages de combustible destiné à réduire les coûts de conception et de fabrication, ainsi que le délai de mise sur le marché d'un produit nouveau ou d'une solution 103 Nous entendons par « termes génériques » des termes spécifiques au nucléaire et non spécifiques à la terminologie de l’entreprise Areva NP. Ces termes ont une couverture plus large que la terminologie en construction mais ils sont néanmoins importants pour la compréhension globale du domaine. 104 « collection of pieces of language that are selected and ordered according to explicit linguistic criteria in order to be used as a sample of language. » Trad. Française de Habert, Nazarenko & Salem 1997 : 144.

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innovante. Il est écrit par des ingénieurs du Combustible pour les ingénieurs de ce même sous-domaine. Composé de vingt textes précédés de résumés, le corpus C1 comporte 199 222 occurrences-mots. Cet ensemble a d'abord été traité en vue d'une compatibilité avec le logiciel Syntex. Le corpus a donc été nettoyé, balisé et étiqueté avec l'outil Treetagger105. Syntex a ensuite effectué une analyse syntaxique en dépendance, sous la forme d'un enchaînement de modules de reconnaissance de relations syntaxiques, et a exploité de façon combinée des procédures d'apprentissage endogène et des ressources lexico-syntaxiques de sous-catégorisation (Bourigault et al. 2005 ; Bourigault 2007).

6.2.2 La préparation et l'analyse du corpus Vercors avec l'outil Syntex

L'utilisation de Syntex permet l'ensemble des opérations suivantes. Ce logiciel invite :

• à sélectionner les termes candidats par catégories (« syntagmes nominaux », « noms », « noms propres », « verbes », « syntagmes verbaux », « adjectifs », « syntagmes adjectivaux »), comme le montre la Figure 36 :

105 Système d'étiquetage automatique des catégories grammaticales des mots avec lemmatisation et possible tokenisation disponible à l'adresse suivante : http://www.ims.uni-stuggart.de/projekte/corplex/TreeTagger.

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Figure 36. Sélection de la catégorie grammaticale

• à filtrer une liste de termes candidats par critères de fréquence et de couverture, comme le montre la Figure 37 :

Figure 36 Sélection de la catégorie grammaticale

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Figure 37. Sélection termes candidats par fréquence et couverture

Figure 37 Sélection termes candidats par fréquence et couverture

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• à hiérarchiser la pertinence des termes candidats sur six niveaux, comme le

montre la Figure 38 :

Figure 38. Hiérarchisation des termes candidats sur six niveaux

• à trouver des relations sémantiques entre termes candidats, comme le montre la Figure 39 :

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Figure 39. Relations sémantiques entre termes candidats

• et enfin à consulter le contexte d'utilisation des termes candidats, comme le montre la Figure 40 :

Figure 40. Contexte d'emploi du terme candidat

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L'analyse du corpus C1 au moyen de l'outil Syntex a été matérialisée dans un fichier Access et la présentation en mode « feuille de données » a été choisie pour l'exploitation des résultats (v. Figure 41 et Figure 42).

Figure 41. Choix du mode de travail

Figure 42. Interface en mode « feuille de données »

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6.2.2.1 Sélection et résultats, données de référence

La ressource terminologique et lexicale du Combustible se compose en 2006 de 4 251 termes recensés et sélectionnés à partir de la mise en commun ordonnée, ou « rationalisation », des mots-clés, lexiques ou glossaires pré-existants. Mieux valait prendre en compte ces listes déjà en usage chez Areva NP : la source ayant servi de support à leur création, elles sont connues ainsi que leur origine et leur date de création. Ce passé, que l'on peut suivre à la trace, permet d'identifier les termes nouveaux et la néologie, les termes disparus et le renouvellement terminologique, les termes communs à ces listes et les résultats de l'extraction de termes candidats. Cette démarche est un nouveau moyen d’évaluer les performances de l'outil Syntex et de valider des résultats obtenus, et compléter la ressource terminologique et lexicale du Combustible existant. Cet outil a permis d'extraire du corpus C1 un ensemble de termes candidats, composé de 23 319 syntagmes nominaux et noms correspondant à environ un dixième du corpus total ; 629 termes ont été retenus dans la ressource terminologique et lexicale soit près de 3%. Un ensemble de catégories grammaticales ont été écartées par l’expert Jacques Joseph. Les catégories grammaticales « Verbe », « Syntagme verbal », « Adjectif », « Syntagme adjectival » et « Nom propre » n'ont pas été analysées par Jacques Joseph. L'ensemble des termes candidats extraits pour les catégories grammaticales citées précédemment représente une proportion d’un tiers sur l'ensemble des termes candidats, toutes catégories grammaticales confondues, fournis par Syntex. Syntex retient ainsi 813 termes candidats pour la catégorie grammaticale « Verbe », 7709 termes candidats pour la catégorie grammaticale « Syntagme verbal », 948 termes candidats pour la catégorie grammaticale « Adjectif », 818 termes candidats pour la catégorie grammaticale « Syntagme adjectival » et 50 termes candidats pour la catégorie grammaticale « Nom Propre ». Les termes candidats extraits pour ces catégories grammaticales pourraient être intéressants à analyser pour l'expert terminologue lexicologue mais les résultats fournis par le logiciel Syntex sont difficilement exploitables. Concernant la catégorie grammaticale « Verbe », 813 verbes lemmatisés (c'est-à-dire à l'infinitif) ont été extraits par Syntex comme, par exemple, « être », « avoir », « coder », « annexer », « conclure », « compiler », « copier », « créer », « dater », « dormir », « éditer », « emprunter », « gommer ». Mais ces verbes n'ont rien de spécifique du vocabulaire de l'ingénierie nucléaire. Voici la liste de termes candidats de la catégorie grammaticale « Verbe » extraits par Syntex et ayant une fréquence d'apparition supérieure à 100 (v. Tableau 136).

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Candidats termes Fréquence Etre 1491 permettre 317 Vérifier 300 Voir 230 Calculer 204 Réaliser 200 Définir 175 Avoir 150 Déterminer 136 Utiliser 134 Fournir 124 Présenter 123 Assurer 122 Générer 114 Evaluer 102 Décrire 100

Tableau 136. Termes candidats de la catégorie grammaticale « Verbe » ayant une fréquence supérieure à 100

Il aurait été intéressant de trouver parmi les termes candidats de cette catégorie des verbes comme « brûler », « diverger », « modérer », « charger », « chuter », « conduire » ou « confiner », qui ont un sens particulier dans le vocabulaire de l'ingénierie nucléaire. Mais, comment Syntex pourrait-il distinguer ces verbes qui sont par ailleurs courant dans la langue générale ? Dans son Veille-info n°37 (Dumont 2003), l'expert Xavier Dumont expose l'origine du verbe « brûler » dans son acception nucléaire.

« Un réacteur nucléaire est d'abord une machine à vapeur. Contrairement à ces ancêtres qui brûlaient un combustible fossile : bois ou charbon, voire pétrole ou gaz, pour obtenir, par combustion du carbone et de l'hydrogène, la chaleur nécessaire au chauffage puis à la vaporisation de l'eau, le réacteur nucléaire d'aujourd'hui est une machine à vapeur qui tire sa chaleur de l'uranium. La réaction que subit l'uranium pour délivrer son énergie est appelée combustion par analogie avec la transformation que subit un combustible fossile pour libérer la sienne. Et l'uranium est alors tout naturellement appelé le combustible nucléaire. Pourtant, la réaction que subit l'uranium n'a rien à voir avec le rêve ancien de l'alchimiste : la transmutation ».

Dans Veille-info n°43 (Dumont 2004), consacré au transport de plutonium, Xavier Dumont utilise de nouveau le verbe « brûler » en soulignant le premier emploi par des guillemets.

« Une fois transformé en combustible MOX, le plutonium sera 'brûlé' dans l'un des réacteurs de l'électricien américain Duke Power.[…] Ainsi, les premiers assemblages MOX fabriqués aux Etats-Unis devraient être brûlés en centrale à l'horizon 2010. »

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Concernant la catégorie grammaticale « Syntagme verbal », 7709 syntagmes verbaux ont été extraits pas Syntex. Les expressions sont de la forme « verbe + expression », « expression + verbe » ou « verbe + verbe ». Une liste par ordre de fréquence pourrait peut-être donner quelques indications (v. Tableau 137).

Candidats termes Fréquence L' objectif ÊTRE 82 DEVOIR ÊTRE 70 POUVOIR ÊTRE 40 VÉRIFIER le critère 40 VOIR la fiche 39 L' objectif de cette activité ÊTRE 35 VOIR règle 35 GÉNÉRER les données 32 FICHER CAL-TM-CC 29 FICHER DSNQ 29 AVOIR pas 28 VÉRIFIER la tenue 27 VOIR la fiche de règle 27 Ce document PRÉSENTER 23 L' objectif de cette étape ÊTRE 22 RÉALISER les calculs 21 RÉALISER les essais 21 EFFECTUER Ce calcul 20

Tableau 137. Termes candidats « Syntagme Verbal » ayant une fréquence supérieure à 20

Quelques erreurs telles « 0103 PRESENTER », « 4g SOLLICITER en flexion la plaque adaptatrice », « 2 ETABLIR », « 4 ETRE de bar pour l'UO2 », « 31 ANALYSER MIR », « à partir de la position d'insertion minimale le groupe DEVENIR » ont été relevées, mais aussi des erreurs d'analyse de Syntex telles que : « positionnement » [finale verbale -ent, 3e pers. du plur.] ou « puissances » [ id. : -es, flexion de 2e pers. du sing.]. Un certain nombre de concordances du type « syntagme nominal + verbe + syntagme nominal » ou « syntagme nominal + verbe » serait à supprimer et ne devraient pas être extraites par Syntex. Cette structure n'est pas intéressante pour la catégorie « Syntagme verbal ». L'extraction de termes candidats pour la catégorie grammaticale « Adjectif » a sélectionné 948 formes. Parmi ces résultats, 227 formes sont des données chiffrées et ne peuvent donc pas être retenues comme termes candidats. Sur les 721 formes d'adjectifs lemmatisées (c'est-à-dire au masculin singulier) restantes, quelques rares erreurs (9 cas)

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telles « l », « v », « x » ont été trouvées et l'on peut facilement les éliminer et ramener la liste à 712 formes. Notre attention s'est aussi portée sur les participes passés relevés comme adjectifs, comme « mouillé », « nucléé ». Cette remarque est aussi valable pour les participes présents. Le logiciel devrait distinguer les participes présents et les participes passés des adjectifs. Voici la liste de termes candidats de la catégorie grammaticale « Adjectif » extraits par Syntex et ayant une fréquence d'apparition supérieure à 100 (v. Tableau 138).

Candidats termes Fréquence neutronique 501 combustible 451 supérieur 400 mécanique 375 inférieur 348 axial 296 maximal 245 thermomécanique 234 initial 224 différent 220 historique 185 nécessaire 160 transitoire 159 nominal 152 moyen 151 chaud 145 suivant 145 deux 144 minimal 130 objectif 129 fissile 123 technique 115 géométrique 109 nouveau 109 thermique 109 radial 105 relatif 101

Tableau 138. Termes candidats « Adjectif » ayant une fréquence supérieure à 100

De manière générale, des adjectifs comme « gris » ou « noir » sont refusés par les experts, qui considèrent que ces adjectifs relèvent du langage courant. En revanche, les syntagmes « barre grise » ou « barre noire » relèvent bien du nucléaire et les experts considèrent que les adjectifs prennent tout leur sens dans ces expressions.

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818 syntagmes adjectivaux ont été relevés par Syntex. Nous avons fait une liste par ordre alphabétique puis une liste par fréquence. Il apparaît immédiatement que les fréquences sont moins importantes par rapport à la liste des adjectifs. On se retrouve très rapidement dans des fréquences de l'ordre de trois, deux et un et les candidats termes dans ces fréquences sont très nombreux. Voici un extrait par ordre de fréquence (v. Tableau 139) :

Termes candidats Fréquence inférieur à % 20 supérieur et inférieur 19 interne de crayon 13 normal et accidentel 11 moyen de recharge 10

Tableau 139. Termes candidats « Syntagme Adjectival » ayant une fréquence supérieure à 10

Diverses aberrations sont relevées pour cette catégorie grammaticale et la liste est inexploitable en l'état. Enfin, en ce qui est de la catégorie grammaticale « Nom propre », l'essentiel des termes candidats sont des noms de pays, des noms de villes, des noms d'industries ou des noms de logiciels. Il n'est évidemment pas intéressant de retenir ces termes pour notre ressource terminologique que nous voulons construire. Même si les noms de chercheurs ou les lieux de centrales nucléaires pourraient être retenus dans le dictionnaire, le corpus n'est pas adapté pour relever ces données.

6.2.2.1.1 Unités non retenues

Dans une première étape nous avons éliminé des termes candidats en leur affectant le niveau de pertinence le plus bas (« val = 6 »)106, conformément aux possibilités de Syntex. Ils constituent une proportion importante des termes candidats et locutions des listes produites par Syntex. Les noms et les syntagmes nominaux ainsi sélectionnés intègrent, outre des termes sémantiquement pleins, des regroupements de termes qui, en l'état, ne présentent pas d'intérêt sémantique transparent. Ainsi en va-t-il de nombres ou de chiffres isolés tels que numéros de page ou de paragraphe, titres de chapitre ou de paragraphe, dates, termes précédés d'un nombre quelconque (« 8 assemblages MOX », « 10 crayons », « 1020 fissions »), d'expressions algébriques (« + /-10% »...), de valeurs numériques comme par exemple une valeur d'enrichissement (« 4.52% »), de symboles divers représentant des unités ou des symboles chimiques (« 235U », pour « U235 » ou pour « uranium 235 », ou « Zr90 » pour « zirconium 90 »), enfin d'abréviations et d'acronymes qui, pris isolément, tels qu'ils sont présentés par le logiciel, apparaissent

106 La valeur « 1 » sélectionne le terme candidat, la valeur « 6 » l'élimine. Les modifications induites par cette sélection sont immédiatement prises en compte dans la base de données.

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dénués de sens (« x PF B »). Un classement de base permet d'éliminer d'emblée une grande partie de ces caractères spéciaux, de ces nombres ou de ces articles relevés par Syntex. Ont en outre été éliminés des ensembles de termes candidats ou des locutions ressentis comme « trop généraux », c'est-à-dire non spécifiques au sous-domaine Combustible. Ainsi se dégagent trois catégories de termes « généraux ». La première comporte les termes candidats relevant apparemment du langage courant, comme « fabrication », « support », « accident » ou « bouchon ». La deuxième comporte des termes candidats « techniques » sans rapport direct avec les activités du Combustible dans la mesure où ils sont utilisés dans des activités d'interface entre des sous-domaines (par exemple le Combustible et les Réacteurs), comme « générateur de vapeur », « pollution radioactive » ou « pompe primaire ». Enfin la troisième catégorie regroupe des termes candidats relevant de disciplines « scientifiques » d'une manière plus générale et transdisciplinaire, et rendant compte du sens utilisé dans les métiers auxquels réfère la présente analyse, comme « matage », « filage », « plastification », « élasticité » ou « contraintes de Von Mises ». Il faut noter que ces termes candidats dits généraux peuvent aussi bien apparaître aux non-spécialistes comme au contraire « trop spécialisés » – d'où l'importance du recours à des critères systématiquement posés et réutilisables.

6.2.2.1.2 Unités retenues

Deux catégories de termes candidats et de locutions ont été conservées. D'une part les termes généraux mais qui possèdent un sens particulier dans les activités spécifiques au sous-domaine du Combustible et où ils sont couramment utilisés. Relèvent de cette catégorie des termes comme « albédo », « gadolinium », « allongement »107 ou « assèchement »108. On a retenu d'autre part des termes candidats ayant un sens spécialisé précis dans le contexte spécifique du Combustible ou renvoyant à un objet concret, tel « bouchon de crayon ».

6.2.2.2 Organisation des unités retenues

Les résultats, à cette phase de l'analyse, sont répertoriés dans le fichier « SyntexTravail »109. Pour des raisons pratiques et pour la suite de l'analyse, un fichier « SyntexSynthes » a été créé, qui contient plusieurs tables extraites du fichier précédent. Les résultats bruts de l'analyse sont consignés dans des tables :

• NomRef = termes candidats de la catégorie « nom » issus du corpus ; 107 Mis pour « allongement du crayon (de combustible) ». 108 Qui, en Ingénierie nucléaire, sous-domaine Thermohydraulique, a le sens spécifique de : « Disparition, par vaporisation, du film liquide, au contact d'une paroi chauffante refroidie par ce liquide » (Arrêté du 30 novembre 1989, repris au JO du 22 septembre 2000). 109 Par la suite il est proposé que les modifications successives soient faites en créant une nouvelle version de ce fichier (en le « versionnant ») et en prenant soin de renseigner la fenêtre « Description » lors de la consignation de la nouvelle version.

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• SNomRef = locutions candidates de la catégorie « syntagme nominal » issus du corpus ;

• NomJJ = termes candidats de la catégorie « nom » retenus ; • SnomJJ = termes candidats locutions de la catégorie « syntagme nominal »

retenus. Les tables de termes candidats retenus ont été nettoyées des divers termes considérés comme inutiles dans le contexte de la ressource terminologique et lexicale, notamment les articles définis ou indéfinis. Des lectures successives permettent de déceler les termes candidats sélectionnés ayant un sens identique. Ils ont été regroupés suivant une forme unique dans la table « SyntheseV2 » qui prend en compte l'ensemble des contenus des tables « NomJJ » et « SnomJJ ». La forme antérieure (issue de Syntex) et la forme retenue sont toutes deux indiquées. Les commentaires, les cas de synonymie, de proximité sémantique et le statut possible des termes sont indiqués dans les colonnes prévues à cet effet : elles sont partiellement remplies, puis complétées au fur et à mesure du déroulement du projet. Le paramètre « statut » a pour rôle de définir la destination finale du terme, par exemple dans un sous-domaine spécifique. Afin de préparer l'intégration des termes candidats dans la ressource terminologique et lexicale, nous leur avons affecté un niveau d'importance suivant la classification adoptée pour les termes de cette base de données terminologiques du Combustible, à savoir « F » pour « Fondamental », « P » pour « Principal » et « C » pour « Complémentaire ». Les termes « fondamentaux » indiquent un matériel (« grappe » par exemple) ou un composant de base du Combustible (comme « grille »), ce sont des mots-clés. Ces termes seront définis et une fiche encyclopédique leur sera attribuée. Les termes « principaux », qui seront aussi définis, sont utilisés en conception (« IPG » par exemple). Ce sont aussi des mots-clés dont la fréquence de citation comme mots-clés dans les fonds documentaires est importante et actuelle (ils sont utilisés après 2000). Les termes « complémentaires » sont moins courants et servent de complément pour comprendre le sous-domaine du Combustible et ne seront pas nécessairement définis (comme « hauteur du cœur »). Dans ce cas nous avons choisi d'utiliser les paramètres donnés par l'analyse Syntex pour filtrer les termes candidats : la fréquence des termes et leur couverture. Les différents essais réalisés montrent que pour conserver une cohérence avec la classification de la ressource terminologique et lexicale, le couple (fréquence = 5, nombre de volume = 2) pourrait constituer un compromis raisonnable si on établit une comparaison avec les affectations antérieures mais, par souci de précision, tous les termes candidats ont été considérés. Le résultat de la classification est introduit dans une table contenant la forme retenue et la fréquence des termes candidats obtenus, ainsi que le nombre de documents d'où ils émanent et leur importance. En résumé, 629 termes ont donc été retenus par Jacques Joseph, dont 139 termes principaux, propres à l'extraction par Syntex. Ces termes ont été provisoirement ajoutés à la ressource terminologique et lexicale après examen des redondances. En cas de doublons nous avons choisi de maintenir la forme et l'importance antérieures figurant

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dans la liste de référence. Une colonne supplémentaire a été ajoutée de façon à marquer l'appartenance du terme à la liste Syntex. Syntex a ainsi contribué à fournir 264 termes ou expressions originaux. Notons que les variations entre les listes existantes chez Areva NP Lyon et les résultats de l'extraction de termes candidats par Syntex sont un bon révélateur de néologie.

6.2.3 Le rôle de l'expert : vers le gain terminologique

6.2.3.1 Les variations de termes

6.2.3.1.1 Lemmatisation

L'analyse, par Jacques Joseph, des 629 termes issus de Syntex, montre une forte tendance, chez lui, à lemmatiser (92 termes, soit 15% de l'ensemble). Les termes lemmatisés peuvent être répartis en cinq catégories :

• Première catégorie (v. Tableau 140) : passage du terme au singulier (pour 74 termes, soit 12%) ;

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Actinides (actinide)110 ailettes (ailette) ailettes de guidage (ailette de guidage) ailettes de mélange (ailette de mélange) Assemblages non-étanches (assemblage non étanche) barres anti réactives (barre anti réactive) barres mobiles (barre mobile) cartes de flux (carte de flux) cœurs mixtes (cœur mixte) corps migrants (corps migrant) crayons absorbants (crayon absorbant) crayons amovibles (crayon amovible) crayons de grappes (crayon de grappe) crayons excédentaires (crayon excédentaire) crayons expérimentaux (crayon expérimental) crayons gadoliniés (crayon gadolinié) crayons inertes (crayon inerte) crayons limitants (crayon limitant) crayons périphériques (crayon périphérique) crayons rompus (crayon rompu) croisillons (croisillon) dislocations (dislocation) facteurs technologiques (facteur technologique) fines porosités (fine porosité) forts épuisements (fort épuisement) gestions à l'équilibre (gestion à l'équilibre) gestions longues (gestion longue) gestions mixtes (gestion mixte) granulés (granulé) grappes (grappe) grappes annexes (grappe annexe) grappes de commande (grappe de commande) grappes de contrôle (grappe de contrôle) grappes de réglage (grappe de réglage) grappes extraites (grappe extraite) grappes fixes (grappe fixe) grappes G1 (grappe G1) grappes grises (grappe grise) grappes mobiles (grappe mobile) grappes noires (grappe noire) grappins de manutention (grappin de manutention) grilles de mélange (grille de mélange) grilles d'extrémité (grille d'extrémité) Grilles Inconel (grille Inconel) grilles intermédiaires (grille intermédiaire) groupes d'arrêt (groupe d'arrêt) groupes de compensation (groupe de compensation) groupes de contrôle (groupe de contrôle) groupes de pilotage (groupe de pilotage) impuretés (impureté) intergranulaires (intergranulaire) internes supérieurs (interne supérieur)

110 Les capitales à l’initiale de certaines de ces formes sont conformes aux sorties de Syntex.

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inter-pastilles (inter-pastille) lames imperdables (lame imperdable) liaisons démontrables (liaison démontrable) limites de sûreté (limite de sûreté) limiteurs de débattement (limiteur de débattement) manchons de grille (manchon de grille) manchons de la grille supérieure (manchon de la grille supérieure) microstructures (microstructure) pions de centrage (pion de centrage) plaquettes de grille (plaquette de grille) profilométries (profilométrie) puissances résiduelles (puissance résiduelle) râteliers de stockage (ratelier de stockage) réacteurs expérimentaux (réacteur expérimental) réparations d'assemblages (réparation d'assemblages) résines (résine) transitoires enveloppes (transitoire enveloppe) transitoires normaux d'exploitation (transitoire normal d'exploitation) troncatures (troncature) trous de passage d'eau (trou de passage d'eau) trous du tube d'instrumentation (trou du tube d'instrumentation) ressorts de grille (ressort de grille)

Tableau 140. Passage du terme au singulier

• Deuxième catégorie (v. Tableau 141) : passage au singulier avec modification majeure (pour neuf termes, soit 1,4%) ;

bossettes des cellules de grilles d'extrémité (bosette de grille) bossettes des cellules de grilles (bosette de grille) bossettes (bosette de grille) bouchons de crayons de grappe (bouchon de crayon) chanfreins de la pastille (chanfrein de pastille) CONTRE-REACTIONS (contre réaction) crayons excédentaires des campagne URE (crayon excédentaire) éclats (éclat de pastille) insertion de crayons dans les rétreints (insertion de crayon de grappe)

Tableau 141. Passage au singulier avec modification majeure

• Troisième catégorie (v. Tableau 142) : mise au singulier de tous les substantifs du syntagme ;

languettes des cellules de grilles (languette de cellule de grille) trous des tubes-guides (trou de tube-guide)

Tableau 142. Mise au singulier de tous les substantifs du syntagme.

• Quatrième catégorie (v. Tableau 143) : passage au singulier de l'élément d'expansion du syntagme ;

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araignée des grappes de commande (araignée de grappe de commande) insertion des crayons de grappes (insertion de crayon de grappe) relâchement des gaz de fission (relâchement de gaz de fission) système d'arrêt des grappes mobiles (système d'arrêt de grappe mobile) système de maintien des grappes (système de maintien de grappe)

Tableau 143. Passage au singulier de l'élément d'expansion du syntagme.

• Cinquième catégorie (v. Tableau 144) : ajout d'expansion, le terme devenant tête de syntagme.

pions (pion de centrage) plaquettes (plaquette de grille) porosités (porosité des pastilles)

Tableau 144. Ajout d'expansion, le terme devenant tête de syntagme.

6.2.3.1.2 Changement partiel du terme

On note par ailleurs, pour cinq termes, un changement partiel de leur forme : « plaquettes externes » (pour « plaquette de grille »), « languette des grilles d'extrémités » (pour « languette de cellule de grille »), « loi de relaxation des ressorts de maintien » (pour « relaxation du ressort de maintien »), « ressorts des cellules de grille » (pour « ressort de grille ») et « vis de fixation des tubes guides » (pour « vis de fixation du tube-guide »). Il est à noter qu'aucune de ces propositions de Jacques Joseph n'est attestée dans l'ensemble des résultats de Syntex.

6.2.3.1.3 Changement de partie du discours

Un changement de partie du discours concerne 31 termes (3,4%) et 67,7% des propositions de Jacques Joseph ne se trouvent pas dans la liste d'extraction de termes candidats (v. Tableau 145).

pastiller -> pastillage repositionner -> repositionnement des assemblages sous-enrichi -> sous-enrichissement

Tableau 145. Changement de partie du discours

6.2.3.1.4 Changement total du terme

Enfin, 12 termes proposés par Jacques Joseph ont des formes totalement différentes des formes initialement proposées par Syntex (v. Tableau 146).

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Tableau 146. Changement complet du terme

Quelles explications proposer à ces changements de termes par l'expert ? Il est difficile de relever des indices permettant d'avancer des motivations ayant pu entraîner ces propositions de Jacques Joseph, tout particulièrement pour ce qui concerne les termes entièrement modifiés (v. Tableau 146). Et un contrôle de la variation s'impose, pour tester la validité de ces transformations, ainsi qu'une analyse des sources de la variation chez l'expert.

6.2.3.2 Un contrôle de la variation

Afin de vérifier l'ampleur de cette variation, une nouvelle liste a été soumise à Jacques Joseph, ainsi qu'à un deuxième expert, Xavier Dumont : c'est cette fois l'ensemble des 23 termes du tableau 138 qui leur a été présenté (un même terme apparaissant deux fois dans ce tableau), par ordre alphabétique. Le même protocole a été proposé aux deux experts, invités à donner leur avis à la fois sur les termes initialement proposés par Syntex et sur ceux que Jacques Joseph avait proposés pour leur remplacement. Leurs réponses ont été consignées dans un tableau en trois colonnes : « oui », « non », « commentaires » (v. Tableau 147).

111 Comme précédemment, les majuscules à l'initiale de certains termes sont conformes aux données extraites de Syntex.

Terme candidat proposé par Syntex111 Terme modifié par l'expert E1 pastille B4C absorbant neutronique puissance dissipée dans l'eau chauffage gamma milieu REP chimie du circuit primaire Trapèze diagramme de fonctionnement taux de relâchement des gaz de fission fraction de gaz relâché plan de repositionnement gestion du combustible plan de chargement gestion du combustible tige de commande grappe de contrôle Immersion mesure de densité de la pastille Hélium pressurisation du crayon Structure squelette de l'assemblage taux de combustion épuisement du combustible

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Terme Oui Non Commentaires

Jacq

ues

Jose

ph

Xav

ier

Dum

ont

Jacq

ues

Jose

ph

Xav

ier

Dum

ont

Jacq

ues

Jose

ph

Xav

ier

Dum

ont

absorbant neutronique X X OK mais souvent on parle tout simplement d'absorbant

chauffage gamma X X de peu d'intérêt, trop spécialisé

chimie du circuit primaire

X X

diagramme de fonctionnement

X X oui mais pas spécifique au nucléaire

Terme chaudière

épuisement du combustible

X X c'est le « burnup » Préférer : Taux de combustion

fraction de gaz relachée(s)

X X courant dans d'autres domaines

gestion du combustible

X X oui, plus spécifique du nucléaire

grappe de contrôle X X Barre de commande hélium X X oui mais un gaz comme les

autres Trop général : gaz de remplissage du crayon

immersion X X Trop général : mesure de densité par immersion.

mesure de densité de la pastille

X X

milieu REP X X pastille B4C X X rejoint l'absorbant

neutronique

plan de chargement X X oui mais d'autres domaines utilisent

plan de repositionnement

X X oui mais d'autres domaines utilisent

pressurisation du crayon

X X utilisé dans le nucléaire mais pas caractéristique

puissance dissipée dans l'eau

X X utilisé dans le nucléaire mais pas caractéristique

Voir chauffage gamma

squelette de l'assemblage

X X

structure X X oui sans être spécifique Préciser : structure de l'assemblage (autrement = terme de construction métallique, aéronautique etc….)

taux de combustion X X idem épuisement taux de relâchement des gaz de fission

X X idem fraction de gaz relâché

Préférer fraction de gaz relâchée

tige de commande X X non plutôt barre de commande

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trapèze

X X au diagramme de fonctionnement, non caractéristique du nucléaire

Terme chaudière à rapprocher de diagramme de fonctionnement

Tableau 147. Commentaires de l’expert E1 et de l’expert E2 sur le tableau 99

La constance des experts dans leurs avis et réactions s'exprime clairement. Il suffit d'étudier les colonnes « commentaires » : les experts reviennent à leurs propositions initiales ou à celles de leurs collègues, en rapprochant les termes par couples (terme initialement proposé et terme avancé par Jacques Joseph). Cela arrive à sept reprises (comme dans le cas de « taux de combustion » pour « épuisement du combustible », « chauffage gamma » pour « puissance dissipée dans l'eau », « fraction de gaz relâchée » pour « taux de relâchement des gaz de fission », « diagramme de fonctionnement » pour « trapèze », « absorbant neutronique » pour « pastille B4C »). Mais cette enquête révèle par ailleurs un nombre important de variations dans les usages. On distingue plusieurs « couches » d'usages et, en corollaire, plusieurs sources de variations.

6.2.3.3 Des sources de variations

Les réactions des experts face aux résultats, parfois même les réactions d'un même expert face à ses propres résultats, sont de nature diverse.

6.2.3.3.1 Variation en fonction des experts

Si les experts sont généralement en accord l'un avec l'autre, cinq fois sur 23 un conflit les oppose, comme pour : « diagramme de fonctionnement », « épuisement du combustible », « fraction de gaz relâchée », « mesure de densité de la pastille » et « milieu REP ».

6.2.3.3.2 Variation chez un même expert

Jacques Joseph confirme généralement l'avis émis lors de la première enquête. Mais lors de la présente expérience, il se rétracte pour deux de ses propositions initiales (« chauffage gamma » et « diagramme de fonctionnement »).

6.2.3.3.3 Variation du domaine de spécialité et variation du degré de spécialité

Des remarques concernant la spécialisation et ses domaines sont exprimées à 19 reprises dans les colonnes de « commentaires » : « trop général », « trop spécialisé », « pas » ou « plus spécifique », « non » ou « pas caractéristique »; « autres domaines », « nucléaire », et « chaudière ». Cet ensemble montre la difficulté de consensus, même au cœur d'un groupe bien défini d'usagers de la langue, dès qu'il s'agit de déterminer le domaine de spécialité des termes ou leur degré de spécialité.

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Il semble que l'un des principaux éléments de variation chez les experts consultés soit la différence de réaction qu'ils affichent selon qu'ils considèrent le terme en contexte, dans son corpus, ou bien pris isolément. Les représentations qu'ils en ont sont alors divergentes. On avait déjà noté deux niveaux de subjectivité dans de précédentes enquêtes (Calberg & Candel, 2005).

6.2.3.3.4 Variation entre le vocabulaire extrait par Syntex et les usages des experts

Les deux experts sont généralement en accord avec les résultats de Syntex. Ils s'entendent à six reprises pour rejeter les termes candidats (« chauffage gamma », « hélium », « immersion », « puissance dissipée dans l'eau », « structure » et « trapèze »). Mais les variations suggérées sont démultipliées, comme le montre la colonne « commentaires » proposée aux experts, car ces commentaires sont pour eux l'occasion de proposer des reformulations synonymiques. C'est le cas pour 12 termes, qui engendrent 14 propositions consignées dans la colonne des commentaires. Outre les sept exemples cités plus haut, par lesquels les experts confirment leurs commentaires initiaux, on relève « absorbant » pour « absorbant neutronique », « burnup » pour « épuisement du combustible », « épuisement » pour « taux de combustion », « barre de commande » pour « tige de commande » ainsi que pour « grappe de contrôle », « gaz de remplissage du crayon » pour « hélium », « mesure de densité par immersion » pour « immersion » et enfin « structure de l'assemblage » pour « structure ». Les experts du nucléaire recourent à une synonymie active.

6.2.3.3.5 Exemple de variation dans un champ sémantique privilégié

On analyse ici les interventions des deux experts sur les noms ou syntagmes nominaux : la première colonne du Tableau 148 atteste le terme candidat proposé par Syntex, la deuxième colonne, le terme reformulé par les experts.

Terme candidat proposé par Syntex Terme modifié par les deux experts assemblage restauré restauration d'assemblage

Combustible déchargé112 déchargement du combustible

Combustible sous-enrichi sous-enrichissement du combustible Gaz de fission relâché(s) relâchement de gaz de fission grappe éjectée éjection de grappe grappes insérées insertion de grappe pastilles rectifiées rectification de pastille pastilles vertes ou frittées frittage des pastilles uranium enrichi enrichissement du combustible

(a) : Résultat -> processus.

112 Comme précédemment, les majuscules à l'initiale de certains termes sont conformes aux données extraites de Syntex.

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Fragmentation fragment de pastille gainage tube de gaine gainage de crayon de grappe gaine de crayon mise en diabolo diabolo pastille Nitruration grappe nitrurée sous-enrichissement du support support sous-enrichi tubes instrumentés tube d'instrumentation Ovalisation Ovalité

(b) : Processus -> résultat.

recharge des assemblages UO2 rechargement du combustible tests vibratoires vibration de l'assemblage

(c) : Processus -> processus.

cinétique de densification densification du combustible modèle de corrosion corrosion de la gaine

(d) : Spécification concernant un processus.

réparabilité réparation d'assemblage réparabilité de l'assemblage de combustible réparation d'assemblage

(e) : Qualité d'un processus -> processus.

tubes épais tube épaissi (f): Objet -> objet ayant subi un processus.

Tableau 148. Variation touchant à l'expression d'un processus.

Un classement des couples formés par les termes et leurs reformulations met en valeur l'importance accordée aux processus et aux transformations. Dans ces 21 cas, il s'agit de l'expression d'un processus ou de son résultat. A quoi tiennent les modifications proposées ? Qu'est-ce qui caractérise l'intervention des experts E1 et E2 ? Le principal groupe de reformulations est constitué de termes répondant au schéma « Substantif + Adjectif », qui devient « Substantif + de + Substantif » (NA > N de N). Les termes de ce groupe expriment, sous leur version initiale, un résultat, puis, sous leur version reformulée, le processus qui mène à ce résultat. D'autres groupes de termes expriment d'autres types de reformulations, qui précisent, pour la plupart, ce processus. L'insistance sur le processus lui-même, sur le processus en cours, est marquée deux fois plus que celle du résultat obtenu.

6.2.4 Une validation des résultats

Une deuxième expérience a été menée dans le sous-domaine du Combustible, avec le corpus RCC-C (C2), et nous constatons que ces premiers résultats ont été largement validés par Jacques Joseph : à partir d'un ensemble de 1 426 termes candidats proposés par Syntex, nous avons retrouvé les mêmes 139 termes que ceux signalés précédemment, et sans ajout par rapport à ceux issus du corpus C1. Le fait qu'aucun

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nouveau terme candidat issu du corpus C2 n'a été proposé est un gage de pertinence du corpus C1. Le corpus principal, le corpus Vercors (C1), est donc bien représentatif des termes du sous-domaine du Combustible.

6.2.5 Une analyse interdisciplinaire

Dans ce dernier pan de l'étude, nous distinguerons les termes candidats proposés par le logiciel Syntex des termes reconnus par les spécialistes du nucléaire et les terminologues ou linguistes, afin de montrer l'apport de l'un ou des autres dans la construction d'une ressource terminologique ou ontologique. Un travail interdisciplinaire est essentiel : le traitement informatique d'une quantité importante de données, l'expertise ainsi que l'analyse de ces résultats sont indissociables et complémentaires. La combinaison de ces compétences permet d'identifier les lacunes auxquelles mèneraient des travaux isolés, et d'y remédier (Bourigault & Jacquemin 2000 : 219).

6.2.5.1 Apport de l'expert

Comme nous l'avons déjà mentionné, le rôle de l'expert (expert du domaine ou expert terminologue) dans la construction d'une ressource terminologique et lexicale est essentiel. L'expert est le garant de la terminologie et c'est à lui de confirmer ou d'infirmer les résultats de Syntex. L'extraction manuelle mène à des résultats similaires à ceux de Syntex, mais avec moins de bruit. Ainsi, une extraction automatique de termes candidats a été effectuée à partir du corpus RCC-P (C3), pour la recherche des termes candidats du sous-domaine Réacteurs. En parallèle, il a été demandé à un troisième expert, Alain De Tonnac, de lire le corpus préalablement soumis à Syntex et de relever les termes qui lui semblaient importants. Alors que 13 929 termes candidats (noms et syntagmes nominaux confondus) sont retenus par le logiciel Syntex, Alain De Tonnac en relève quant à lui 406113. L'écart noté entre les résultats du logiciel Syntex et ceux de l'expert s'explique notamment par un défaut de lemmatisation (« filtre absolu » et « filtres absolus ») et des erreurs orthographiques (« anti-f ouettement » [sic] et « anti-fouettement ») : il serait intéressant que Syntex puisse regrouper ces formes sous une seule et même entrée ; l’écart est dû aussi à des problèmes de regroupement de catégories grammaticales ou encore à une comptabilisation redondante d'occurrences identiques apparaissant dans des contextes d'emplois différents. Près de 80% des termes d’Alain De Tonnac (soit 318 sur 406) sont retrouvés par Syntex : pourquoi les 20% restants ne le sont-ils pas ? 113 Deux items, à l'analyse problématique, ont par ailleurs été laissés de côté.

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L'expert synthétise là où l'automate analyse de façon trop détaillée. De l'ensemble de termes candidats ayant une fréquence supérieure à 50, un certain nombre renvoie selon l'expert à un seul concept, comme, d'une part, « circuit primaire », « circuit primaire principal » et « circuit principal » ou comme « critère de défaillance », « critère de défaillance unique » et « défaillance unique », ou encore, comme « perte de réfrigérant » et « perte de réfrigérant primaire ». De même, pour le terme « barrière thermique (des pompes primaires) » retenu par Alain De Tonnac, Syntex retient les quatre formes suivantes comme quatre termes candidats distincts : « barrière thermique », « barrière thermique de la pompe », « barrière thermique des pompes primaires » et « barrières thermiques des joints de pompes primaires ». Enfin, il en est de même pour le terme « circuit primaire (principal) » que propose l'expert quand Syntex relève « circuit primaire », « circuit primaire principal » et « circuit principal » : ces trois termes devraient être proposés par Syntex sous une seule et même entrée. Ainsi serait-il intéressant que Syntex puisse regrouper les différentes variantes d'un même terme – ce que propose spontanément l'expert. Mais « une des difficultés à ce stade est que font partie de la situation de communication non seulement les données objectives sur le destinateur et le destinataire mais également les représentations que possède le destinateur de lui-même et de son 'public' » (Kerbrat-Orecchioni 1980 : 22-26).

6.2.5.2 Apport de Syntex

L'outil automatique est nécessaire là où l'extraction manuelle ne permet pas de mettre en valeur la diversité des usages que l'on peut trouver dans différents corpus de grande taille et la variation terminologique qui y est perceptible. La sélection opérée par Syntex114 est plus fine que celle des experts du nucléaire. De nombreux spécialistes d'Areva NP estiment, lors de leur démarche de construction d'une ressource terminologique et lexicale de l'ingénierie nucléaire, qu'il n'est généralement pas nécessaire de retenir les adjectifs, les noms propres ni les verbes. Certains ont par exemple déclaré : « le verbe, c'est du langage courant à quelques exceptions près », ou encore : « l'adjectif en lui-même ne signifie pas grand chose ; il trouve son sens associé à un nom ». Si ces catégories n'ont pas été retenues dans la présente analyse, il est clair qu'elles n'en sont pas moins intéressantes et des verbes comme « modérer », « chuter » et « confiner » ou des adjectifs comme « chaud », « fissile », « gris » et « noir », notés par Syntex, mériteraient une étude. Parmi les 406 termes proposés par Alain De Tonnac, 34 ne figurent pas parmi les termes candidats de la catégorie « syntagmes nominaux » proposés par Syntex mais possèdent un hyperonyme115 présent dans la liste des termes candidats de la catégorie « nom ». A l'inverse, le terme candidat « classe de sûreté » qui, dans le relevé de 114 v. Bourigault 2007. 115 Le terme « d'hyperonyme » a ici la valeur de « forme privilégiée du terme », valeur proche de celle du « mot-type » ou de la « variante vedette » de Kocourek 1991 (1982) : 92 et 201.

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Syntex, a une fréquence de 73, est pour l'expert un hyperonyme des termes « classe (de sûreté) IPS-NC », « classe (de sûreté) non-IPS », « classe de sûreté (1 ou 2) », « classe de sûreté LS » et « classe de sûreté SH ». Une remarque similaire concernerait les termes « conditions de fonctionnement », « critère de défaillance », « perte de réfrigérant », « système de refroidissement », « système de traitement » et « système d'injection ». Enfin, pour quatre termes candidats relevés parmi ceux ayant une fréquence supérieure à 50, à savoir « classe de sûreté », « conditions de fonctionnement », « système de traitement » et « système d'injection », il s'agit d'hyperonymes des termes proposés par Alain De Tonnac. Les hapax sont souvent mis de côté voire rejetés car leur utilisation unique n'est pas considérée comme une preuve valable de l'emploi effectif du terme et de sa forme dans une langue donnée. Or, parmi les 318 termes communs aux résultats de Syntex et d’Alain De Tonnac, 73 termes candidats, soit 23%, ont une fréquence égale à un. Les dix termes communs à Syntex et à Alain De Tonnac ayant au contraire une fréquence supérieure à 50, forment 30% des termes de cette classe de fréquence proposés par Syntex (ce sont les termes « bâtiment réacteur », « circuit primaire », « circuit primaire principal », « contrôle commande », « critère de défaillance unique », « enceinte de confinement », « fonction de sûreté », « générateurs de vapeur », « perte de réfrigérant primaire » et « système de protection »). Des hapax, tout comme des termes ayant une fréquence élevée, composent la terminologie. La fréquence seule n'est donc pas un critère de pertinence, ou, du moins, n’est pas un critère suffisant, pour notre étude. Syntex met donc en valeur la variation terminologique avec objectivité. L'analyse par l'outil Syntex reste stable : les résultats de l'extraction de termes candidats sur un même corpus seront toujours les mêmes quel que soit le moment où l'on lance l'extraction. Mais on note que le critère de fréquence n'est alors plus un critère de pertinence pour l'acceptation d'un terme candidat en terme.

6.2.5.3 Apport du terminologue

Cette série d'expériences et d'analyses a permis d'exploiter au mieux les résultats de l'extraction de termes candidats donnée par Syntex et tente de proposer quelques améliorations qui pourraient être apportées à l'outil. L'analyse de la structure syntaxique116 des termes donnés par l'expert montre qu'elle est généralement assez simple. Les termes candidats « arrêt froid depuis le panneau de repli depuis les commandes locales en cas d'indisponibilité de la salle de commande » pour « arrêt à froid », ou « arrêt sûr atteint et maintenu par des systèmes et par équipements importants pour la sûreté » pour « arrêt sûr », ont été refusés par Alain De Tonnac. Ce sont des structures très complexes, qui ne correspondent pas à la structure syntaxique des termes donnés en général par cet expert. En effet, dans 28% des cas, on trouve chez Alain De Tonnac des termes de structure « NA » et dans 20% des cas, la structure « N 116 Nous nous intéressons à la structure morphologique des termes, et plus exactement, ici, à la structure syntaxique des syntagmes terminologiques.

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de N ». Ces deux types de structures couvrent à eux seuls quasiment 50% des termes. Il ne serait donc pas nécessaire que Syntex considère des structures morphologiques trop complexes dans le relevé de termes candidats. Par ailleurs, des termes candidats comme « plan médian des tuyauteries primaires », « points de consigne de l'instrumentation » ou « poste d'examen du combustible irradié » sont aussi proposés par l'expert. Même en considérant les structures les plus complexes rencontrées chez les experts, comme les suivantes : « système d'alimentation de secours des générateurs de vapeur (ASG) » ([N de N de N de N de N(S)])117, « système de contrôle de la teneur en hydrogène et de surveillance atmosphérique de l'enceinte (ETY) » ([N de N de N en N et NA de N(S)]), « système de mise en dépression de l'espace entre enceintes (EDE) » ([N de N en N de N entre N(S)]), « système de traitement et de refroidissement de l'eau des piscines (PTR) » ([N de N et de N de N de N(S)]), « règles de conception et de construction applicables aux assemblages combustibles (RCC-C) » ([N de N et de NA à NA(S)]), Le terminologue constate que l'usage des experts n'atteste pas un degré de complexité aussi grand que celui qui caractérise les termes candidats proposés par le logiciel Syntex. Ainsi s'entremêlent les phénomènes d'hyperonymie et d'économie de la langue. Derrière ces deux phénomènes se cache pourtant un phénomène spécifique au domaine du nucléaire. Une certaine réserve et une correction politique marquent fortement le vocabulaire du nucléaire (Candel & Calberg-Challot 2007). Les hypothèses données pour les sous-domaines techniques Combustible et Réacteurs de l'ingénierie nucléaire sont applicables à d'autres sous-domaines de l'ingénierie nucléaire. Les analyses très précises données ci-dessus montrent à quel point il est difficile de construire une terminologie et de trouver un consensus entre les experts du domaine. Mais c'est là que l'expert terminologue-linguiste, l'analyste, intervient pour les choix à retenir, en fonction de l'accueil des termes et de leur classement, et en vertu de la place centrale qu'il occupe, pivot entre spécialistes du domaine et informaticiens (Humbley 2000 : 332).

117 Les sigles sont notés « S ».

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6.2.7 Retour d'expérience

Ce paragraphe rapporte une expérience innovante en ce qu’elle présente conjointement les caractéristiques suivantes : elle prend en compte des données préexistantes ; elle est interdisciplinaire ; elle porte sur un domaine technique peu étudié ; et nous avons noté qu’elle accorde une importance peu usuelle aux hapax et aux fréquences de termes qui ne sont pas nécessairement le reflet d’une terminologie en usage. L'accent est mis sur les difficultés et les questionnements générés au cours de cette expérience. On procède en parallèle à l'évaluation d'un outil performant, incontournable dans toute construction de ressource terminologique et lexicale. Cette étude sur la variation des usages et des emplois de termes dans deux sous-domaines de spécialité met en avant la difficulté de construire une telle ressource. Les résultats proposés par le logiciel Syntex et les analyses des experts, experts du nucléaire ou experts terminologues concordent, sont parfois même imbriqués les uns dans les autres. Le terminologue est l'analyste de l'extraction terminologique d'un point de vue méthodologique, et il en est le garant, validant ainsi les résultats obtenus par l'expert du domaine. Syntex est un outil qui remplit bien la fonction que ces auteurs lui ont assignée. Les résultats obtenus sont conformes à l'expertise des ingénieurs. Ils permettent la classification des termes candidats par fréquence d'emploi - critère de l'usage effectif d'un terme, une classification par catégorie grammaticale et un retour possible sur le contexte d'emploi de ces termes. La constitution automatique de terminologie a permis d'affiner la méthodologie de traitement des données existantes, ses règles d'extraction pouvant être revues et corrigées après chaque étape, et le résultat final, la représentation cible des données existantes, d'être conforme aux demandes. Des pré-traitements informatiques sont donc indispensables et le traitement manuel d'une telle quantité de données n'est pas une solution. Mais l'expert a un rôle essentiel, qu'un outil ne saurait remplacer. Il est un des agents de l'évolution de la terminologie, et le plus à même de la maîtriser. Mais, même s'il tente d'avoir la vision la plus objective possible d'un terme, une part de subjectivité, d'origine culturelle, sociale et historique, mais aussi personnelle et affective, peut intervenir de façon implicite dans ses choix. La diversité des usages et des emplois dans le choix des termes, les diverses facettes de la variation en terminologie sont vérifiées au cours de l'expérience relatée, que ce soit chez un même locuteur ou chez plusieurs locuteurs. La terminologie est en évolution permanente et vouloir fixer une terminologie à un moment donné de son histoire est possible ; vouloir la rendre valide et utilisable au cours des années semble moins aisé. D'où l'importance de mener un travail associant à l'étude des termes celle des concepts inhérents à ces termes et des idées et réactions portant sur ces termes, dans le but de s'affranchir au mieux des lacunes émergentes. L'on comprendra mieux, notamment, pourquoi une ressource terminologique et lexicale ne peut pas servir à la fois à l'indexation, à la recherche de document et à la traduction automatique.

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Ces constats faits, il semble essentiel de diversifier les apports et les méthodes dans la construction de ressources lexicales. Les aptitudes conjointes de l'expert du domaine, de l'outil informatique et du terminologue sont les éléments clés de la méthodologie d'extraction terminologique dans le domaine du nucléaire. D'autres retours d'expériences permettraient d'élargir les recherches de spécificités par sous-domaine du nucléaire. Nous avons travaillé sur des corpus fermés mais il serait intéressant de disposer de corpus ouverts, mis à jour quotidiennement, enrichis de nouveaux textes écrits par les spécialistes et qui apporteraient ainsi les nouveaux termes liés aux avancées scientifiques et techniques du nucléaire. Cela permettrait une mise à jour systématique du système lié à l'évolution des termes et une meilleure analyse de la néologie, des emplois privilégiés pour une période donnée, de la variation d'un locuteur à l'autre. Le paragraphe suivant revient sur la méthode pour l’élaboration d’un dictionnaire de l’ingénierie nucléaire au sein de l'entreprise Areva NP au regard des outils en ingénierie des connaissances et de la construction d’ontologies. Dans cette expérience, nous nous intéressons plus particulièrement au sous-domaine « Réacteurs ».

6.3 De la variation des usages au consensus terminologique : vers une représentation conceptuelle du domaine de l'ingénierie nucléaire118

Après un rappel du secteur de travail et les raisons de l'élaboration de notre projet, nous décrivons les étapes suivies pour l’élaboration d’un dictionnaire. Tout en évaluant l’importance de la variation terminologique dans le choix des termes et des domaines, nous exposons le travail conjoint et complémentaire des experts du domaine, des experts terminologues et lexicologues, et des experts en ingénierie des connaissances. Le but de l’étude étant un consensus terminologique, nous mettons en avant l’importance de croiser les démarches et la nécessité d’une approche pluridisciplinaire dans la construction d’une ressource terminologique et dictionnairique telle que le dictionnaire en construction. Nous voudrions relater une expérience lexicographique menée dans le domaine de l'ingénierie nucléaire, et nous nous intéressons plus particulièrement aux vocabulaires scientifiques et techniques du sous-domaine « Réacteurs119 ». Cette expérience se place au cœur de l'élaboration du dictionnaire de l'ingénierie nucléaire d'Areva NP (v. cinquième chapitre). Ce travail sur l'enrichissement du vocabulaire d'un domaine de spécialité met en lumière la variation terminologique, que ce soit chez un seul expert ou chez plusieurs, et montre 118 Cette étude a fait l’objet de la publication suivante : Calberg-Challot, Marie, Danielle Candel & Christophe Roche, 2007, « De la variation des usages au consensus terminologique: vers un dictionnaire de l'ingénierie nucléaire », Actes de la première Conférence TOTh 2007, Terminologie & Ontologie : Théories et Applications, éd. Christophe Roche, Annecy, Institut Porphyre, p. 119-141. 119 Dénommé dorénavant Réacteurs, sans guillemets.

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les difficultés à trouver un consensus terminologique. Ce consensus est tout aussi difficile à trouver en ce qui concerne la couverture des domaines d'application. Pour illustrer la façon dont on approche d'un consensus lors de la sélection de termes dans le cadre plus large de la pratique terminologique définitoire, retracer le travail réalisé en amont par les experts et le linguiste terminologue lexicologue est essentiel dans la construction d'une telle ressource. Trois experts ont participé à diverses étapes du projet qui sont Alain De Tonnac, Gérard Ellia et Jean Oullion. Deux autres experts nous ont également apporté des témoignages. Cette étude s'appuie sur deux types de corpus : d'une part, un ensemble de textes techniques, le corpus RCC-P et d'autre part, une liste de termes relevant du sous-domaine « Réacteurs » élaborée par l'expert E1. Ce travail relate l'état du « projet dictionnaire » en février 2007. La liste de termes élaborée par Alain De Tonnac a été soumise à deux autres experts pour plusieurs lectures successives, avant d'être proposée à un comité participant à l'élaboration du dictionnaire (le « groupe dictionnaire »), et d'être enrichie de définitions. Que sont alors devenus les termes de la liste initiale avec les relectures successives de nos experts ? Ont-ils été acceptés ou refusés ? Quelles sont les raisons qui poussent les experts à garder ou refuser un terme ? Après avoir donné lieu à une deuxième liste, on se demandera ce que sont devenus les termes au sein du « groupe dictionnaire », s'ils ont été définis, si l'élaboration des définitions a mis en avant différents niveaux de spécialisation des termes qui entraîneraient à leur tour un changement dans la dénomination des domaines. Finalement, le travail sur le vocabulaire d'un domaine de spécialité et les réflexions qui y sont associées nous amèneront à tester une démarche de nature plus nettement conceptuelle.

6.3.1 Présentation de la ressource terminologique dans le domaine de l'ingénierie nucléaire

6.3.1.1 Présentation du secteur d'activité et du sous-domaine de spécialité

Le sous-domaine Réacteurs (aussi dénommé Plants) constitue un sous-ensemble du domaine scientifique et technique de l'ingénierie nucléaire. Il couvre l'ensemble des activités allant de la conception à la mise en service des îlots nucléaires et des chaudières nucléaires. Les équipes d'Areva NP interviennent également sur l'amélioration des performances et de l'extension de la durée de vie des réacteurs à eau sous pression (REP) en service. Nous pourrions définir une centrale nucléaire comme l'ensemble des bâtiments et des équipements d'un site dédié à la production d'électricité comportant une ou plusieurs unités ou tranches, équipée chacune d'un réacteur nucléaire (v. Figure 43).

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Figure 43. Schéma d'une tranche nucléaire (Source : Areva NP)

Pour expliquer le schéma d'une tranche nucléaire telle que représentée à la Figure 43, nous pourrions partir du « circuit primaire principal (CPP) » qui est composé de trois ou quatre « boucles » connectées à la « cuve » abritant le « combustible nucléaire », chaque boucle étant composée d'un « générateur de vapeur », d'un « groupe motopompe primaire (GMPP) » et de « tuyauteries primaires » assurant la liaison de ces équipements. A une des boucles est connecté un « pressuriseur », permettant le contrôle de la pression de l'ensemble du circuit. L'« îlot nucléaire » est, pour l'essentiel, composé du « circuit primaire principal », des « systèmes auxiliaires », des « systèmes de sauvegarde » et des bâtiments qui les abritent, c'est-à-dire le « bâtiment réacteur (BR) », le « bâtiment combustible (BK) » et les autres bâtiments associés. Les « systèmes auxiliaires » sont le « système de contrôle volumétrique et chimique (RCV) », le « système d'appoint en eau et bore (REA) », le « système de refroidissement du réacteur à l'arrêt (RRA) », le « système de traitement des effluents primaires (TEP) », le « système de traitement des effluents liquides (TEU) », le « système de traitement des effluents gazeux (TEG) » et le « système de traitement des effluents solides (TES) ». Les « systèmes de sauvegarde » regroupent quant à eux le « système d'alimentation de secours des générateurs de vapeur (ASG) », le « système d'injection de sécurité (RIS) », le « système d'aspersion de l'enceinte (EAS) », le « système de refroidissement intermédiaire (RRI) » et le « système d'eau brute secourue (SEC) ».

Figure 43 Schéma d'une tranche nucléaire (Source : Areva )

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Au sein de l'« îlot nucléaire », l'ensemble, livré en kit, constitué du « circuit primaire principal », des principaux équipements, de quelques « systèmes auxiliaires » (« RRA » et « RCV ») et du « système de sauvegarde (RIS) », ainsi que des quelques systèmes de contrôle-commande essentiels au pilotage et à la sûreté du réacteur, forme le Nuclear steam supply system (NSSS). La traduction stricte de ce terme d'origine américaine est « chaudière nucléaire ». Une distinction entre les deux termes est à rappeler. Elle porte sur les limites de fourniture. Le NSSS, selon la pratique contractuelle américaine du passé, est un ensemble d'équipements non montés, non essayés, non testés, sans tuyauteries, ni câbles électriques de liaison ; dans la pratique contractuelle française, la « chaudière nucléaire » est ce même ensemble d'équipements complété de quelques autres, notamment ceux portant sur la manutention du combustible, mais avec, en plus, les tuyauteries et les câbles de liaison, le tout monté, essayé et testé. Le schéma proposé en Figure 44 constitue une représentation de la notion de « système » de l'îlot nucléaire au sein d'Areva NP, en cohérence avec les témoignages des experts et la littérature du groupe à notre disposition (Coppolani et al., 2004).

Figure 44. Représentation de la notion de « système » de l'îlot nucléaire

Les « systèmes auxiliaires » sont des systèmes utilisés lors du fonctionnement normal de la tranche nucléaire, c'est-à-dire ceux requis pour la production d'électricité alors que les « systèmes de sauvegarde » sont ceux requis pour ramener ou maintenir le réacteur nucléaire dans un état sûr après un incident ou un accident ou pour en limiter les conséquences. Quand le réacteur nucléaire est en fonctionnement normal, les « systèmes de sauvegarde » sont en veille ou à l'arrêt. On pourrait aussi dire que les « systèmes auxiliaires » sont des systèmes n'ayant pas d'impact sur la sûreté alors que les « systèmes de sauvegarde » sont des systèmes ayant un impact sur la sûreté (témoignage des deux experts). Les trois schémas ci-après (v. Figure 45 à Figure 47) viennent préciser la notion de « système » dans l'îlot nucléaire.

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Figure 45. Représentation de la notion de « systèmes de sauvegarde » de l'îlot nucléaire

Figure 46. Représentation de la notion de « systèmes auxiliaires » de l'îlot nucléaire

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Figure 47. Représentation de la notion de « systèmes de traitement des effluents primaires » des

« systèmes auxiliaires » de l'îlot nucléaire

L'ensemble des schémas présentés dans ce paragraphe constitue une représentation de l'îlot nucléaire au sein d'Areva NP, en cohérence avec les témoignages des experts et la littérature du groupe à notre disposition.

6.3.1.2 Les motivations d'un tel projet

A ce jour, il existe bien évidemment différents dictionnaires, lexiques, vocabulaires, répertoires ou même listes de termes dans le domaine du nucléaire120 et il convenait donc de s'interroger sur l'intérêt d'ajouter un nouveau dictionnaire aux publications déjà à notre disposition. Il est vrai qu'il n'est pas facile de disposer de l'ensemble de ces publications qui permettraient après une recherche plus ou moins longue de recueillir une réponse satisfaisante. Consulter successivement l'ensemble des publications peut s'avérer fastidieux. Beaucoup de ces publications sont de simples lexiques, sans définitions, et rédigés en langue étrangère. Les trouver incomplètes, obsolètes, dépassées peut ajouter à l'insatisfaction. Ces publications sont nombreuses, souvent partielles, limitées à un sous-domaine de l'ingénierie nucléaire. En outre, le domaine du nucléaire, comme toute autre activité humaine, évolue. Les dictionnaires du passé définissent des termes et expressions inutilisés aujourd'hui, et n'incluent pas les termes des nouvelles technologies. Il est vraiment apparu nécessaire de disposer d'une autre sorte de document. L'idée s'est fait jour d'un dictionnaire complet, qui intégrerait l'ensemble des termes et expressions employés par les professionnels du domaine de l'ingénierie nucléaire d'Areva NP, avec des définitions suffisamment explicites pour que toute personne en 120 Voir aussi Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (SFEN), 2007.

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relation avec cette discipline, même non spécialiste, ou d'une spécialité connexe, puisse disposer d'un service complet et fiable. Ce domaine est lui-même composé des sous-domaines que sont le « Combustible », les « Réacteurs », les « Equipements » et les « Services ». En raison des lacunes que présentent les divers ouvrages anciens ou actuels, il existe de la part des ingénieurs du domaine, et plus spécialement du personnel des bureaux d'étude, une demande forte pour un dictionnaire de l'ingénierie nucléaire. Il semble également essentiel d'assurer la transmission des connaissances entre les générations du nucléaire : la génération qui a participé à la réalisation du parc actuel des centrales nucléaires va se retirer dans les toutes prochaines années, il convient donc de profiter des volontés encore présentes et disponibles pour mener à bien cette tâche. Il est judicieux d'enrichir la terminologie de ce domaine, puisque des développements ont lieu dans différentes branches de l'ingénierie nucléaire. Il est donc essentiel d'en tenir compte dans le dictionnaire. Enfin il est essentiel de mettre à disposition de ceux travaillant dans ce domaine, au quotidien ou occasionnellement, un dictionnaire de référence validé par les acteurs du nucléaire et apportant aux lecteurs une information validée (v. également paragraphes 5.1 et 5.2).

6.3.1.3 Les corpus de travail

Etablir le paysage dictionnairique des données existantes était le point de départ pour mener à bien notre projet. Après avoir évalué les répertoires existants (dictionnaires, lexiques, glossaires, vocabulaires), leurs formats et leurs contenus, après les avoir répertoriés, rassemblés et nettoyés (Calberg 2003), nous avons constitué le support permettant d'élaborer le dictionnaire de l'ingénierie nucléaire pour Areva NP. La deuxième étape de ce travail fut de valider l'existant et de mettre à jour les données grâce à l'extraction de termes candidats à partir de corpus (Calberg-Challot et al. 2008121 et paragraphe 6 .2). Nous voyons ce travail comme une étape intéressante dans la construction d'une ressource terminologique avec la validation de l'existant, l'enrichissement de la nomenclature d'un domaine de spécialité et la mise en avant de la néologie du domaine d'étude. Enfin et en parallèle à ce travail, nous avons demandé à Alain De Tonnac de lire le corpus RCC-P et de relever les termes méritant une définition dans le dictionnaire de l'ingénierie nucléaire122 et appartenant au sous-domaine « Réacteurs ». C'est plus particulièrement à ce dernier volet du corpus que nous nous intéresserons.

121 Voir aussi, pour des éléments de méthode, Delavigne 2001. 122 Dorénavant « projet dictionnaire ».

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6.3.2. Travail sur la ressource terminologique

6.3.2.1 Premières interventions des experts Gérard Ellia et Jean Oullion

Il a été demandé à l’expert Alain De Tonnac de lire les Règles de conception et de construction applicables aux procédés (RCC-P) et de relever les termes du domaine Réacteurs qui lui semblaient mériter une définition dans le cadre du Dictionnaire de l'ingénierie nucléaire d'Areva NP en construction. Ce travail réalisé, l'expert a proposé une liste de 408 termes, qui a ensuite été elle-même soumise à deux autres experts. L'expert Gérard Ellia l'a relue en juin 2005 et l'expert Jean Oullion est intervenu en décembre 2005. Les lectures par Gérard Ellia et Jean Oullion ont été successives et indépendantes l'une de l'autre. Après l'intervention des deux experts, la liste a été soumise au « groupe dictionnaire ». Les 408 termes proposés par Alain De Tonnac ont suscité 138 interventions de la part de Gérard Ellia : 75 termes ont été proposés pour être supprimés, sans explication, 13 termes ont reçu une marque de domaine (12 fois « Contrôle-commande » et une fois « Combustible ») et huit termes apparaissent inconnus de Gérard Ellia. Certains termes sont donc pour lui trop spécialisés, d'autres au contraire appellent une spécialisation avec l'ajout d'une marque de domaine. Enfin il propose de regrouper plusieurs termes sous une même entrée, et « déspécialiserait » ou « déterminologiserait » alors les termes en leur attribuant une définition commune et non spécifique (Calberg & Candel 2005). Jean Oullion quant à lui, a effectué 66 interventions sur les 408 termes proposés par Alain De Tonnac. En dehors de neuf termes supprimés sans explication, Jean Oullion a effectué trois types d'interventions, portant respectivement, et en nombre égal, sur la trop grande généralité de termes, sur la grande spécialisation d'autres termes, et enfin, sur le fait qu'il s'agit de termes extérieurs aux secteurs des métiers d'Areva NP. Les remarques ou interventions de Gérard Ellia et Jean Oullion ne concernent pas les mêmes termes mais pour chacun d'entre eux, c'est 50% des termes qui restent non commentés. Ce silence peut être considéré comme une mise en valeur des termes retenus pour définition et ceci constitue un point commun entre nos experts. On notera que depuis ces interventions, cet ensemble de termes est effectivement entré dans le « projet dictionnaire » en construction. Mais cette expérience souligne surtout la variation terminologique chez trois experts et met en exergue, à ce point du développement du projet, la difficulté de trouver un consensus terminologique.

6.3.2.2 Intervention du « groupe dictionnaire »

La liste élaborée par Alain De Tonnac (liste des 408 termes) a été soumise au « groupe dictionnaire » : ces termes sont-ils alors maintenus et définis par le « groupe dictionnaire » ou bien, au contraire, supprimés ?

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Le « groupe dictionnaire » est composé de douze experts123 et d'une linguiste terminologue lexicologue. Les experts travaillant sur ce projet couvrent par leurs compétences divers domaines. Les réunions mensuelles sont consacrées au travail sur les définitions proposées par les experts sur des termes préalablement sélectionnés en commun. Ces « réunions dictionnaire » sont le lieu idéal pour observer la mise en place d'une terminologie, son évolution et la néologie (Sablayrolles 2000, 2003 ; Candel & Tombeux 2008) - même si ce pan du travail n'est pas abordé dans la présente étude. Ainsi relevons-nous quatre statuts distincts pour les termes présents dans le Dictionnaire. Le premier statut représente les termes validés et définis dans le « projet dictionnaire », le deuxième, les termes présents mais non définis, le troisième, les termes non présents dans le « projet dictionnaire », et le quatrième, les termes proposés pour suppression. Par besoin de précision et pour définir le plus justement les termes sélectionnés et par là-même leur conférer un niveau de spécialisation supplémentaire, le sous-domaine Réacteurs a été décomposé en nouveaux sous-domaines : « Procédés », « Mécanique », « Contrôle-Commande ». Ces nouveaux sous-domaines ne sont pas exhaustifs et se sont créés en fonction des compétences des experts. D'autres sous-domaines, comme « Thermohydraulique », « Neutronique », « Science des matériaux », appellent d'autres experts et donc de nouveaux termes à définir. Un sous-domaine transverse, « Sûreté », couvrant les différents secteurs d'Areva NP, serait également à mettre en place (v. cinquième chapitre). Sur les 408 termes proposés par Alain De Tonnac, 128 termes ne se trouvent pas dans les entrées du « projet dictionnaire » de l'ingénierie nucléaire en février 2007. Ce fait, à cette date, montre que 31% des termes d’Alain De Tonnac n'ont pas été retenus. Sur ces 128 termes non présents dans le « projet dictionnaire », on note que pour plus de la moitié, Gérard Ellia ou Jean Oullion avaient proposé les termes pour suppression. Malgré tout, rien n'est définitif puisque le Dictionnaire se construit en même temps que nous en parlons. Sur les 280 termes d’Alain De Tonnac restants et présents dans le « projet dictionnaire », 22 changent complètement de domaine en allant au « Combustible », soit environ 9%. Cette expérience met encore en lumière la variation terminologique d'un expert à l'autre.

6.3.2.3 Deuxième intervention de l'expert Gérard Ellia

Une deuxième intervention par Gérard Ellia a été effectuée en septembre 2006. Cette liste comportait alors les remarques de Jean Oullion un retour sur les termes qui étaient déjà passés en « groupe dictionnaire ». Les commentaires de Gérard Ellia lors de sa première intervention n'étaient pas présents. Gérard Ellia est intervenu autant de fois que lors de sa première intervention. Pour 44% des interventions, les commentaires

123 Nous entendons par « expert » toute personne ayant une expérience importante dans le domaine du nucléaire et ne possédant pas forcément le titre d'expert au sein du groupe Areva.

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concernent les 75 termes qui avaient été supprimés sans motivation en première relecture et nous trouvons alors les motifs de la suppression. Le reste des interventions peut être regroupé en trois sous-ensembles. L'expert considère les termes comme trop généraux pour 21% de ces interventions, comme ne correspondant pas au domaine d'Areva NP pour 17% de ses interventions et comme trop spécialisés pour 11% des termes commentés. Ces trois ensembles d'interventions montrent la complexité de positionner le niveau de spécialisation adéquat à la réalisation de notre travail. Enfin l'expert, qui avait initialement supprimé certains termes, revient sur sa décision dans 7% des cas et propose de les définir ultérieurement. Cette dernière expérience met cette fois en lumière la variation terminologique chez un même expert et démontre une nouvelle fois la difficulté pour arriver au consensus terminologique.

6.3.2.4 Vers un consensus terminologique

Un projet, si bien défini soit-il au départ, évolue avec l'activité des experts. Les différentes étapes de ce travail montrent que l'aboutissement au consensus terminologique est un travail long et qui demande l'intervention de nombreux experts dans le choix des termes, dans leur classification par domaines et dans l'élaboration même des définitions. Par ailleurs, ce consensus est toujours relatif à un moment donné car la variation est toujours possible. Les éléments donnant une légitimité à notre travail sont principalement le travail en équipe et l'expertise des membres du « groupe dictionnaire », l'expertise terminologique (Humbley 2000) et lexicologique offrant, quant à elle, les supports méthodologiques et l'analyse critique des résultats.

6.3.3 Apports mutuels de la terminologie et de l'ingénierie des connaissances

6.3.3.1 Analyse des résultats du « groupe dictionnaire »

Nous allons maintenant analyser quelques articles du « projet dictionnaire » et voir si les termes sont en adéquation avec la représentation de la tranche nucléaire telle que nous l'avons proposé jusqu'à ce point du développement. De la liste de départ contenant les 408 termes proposés par Alain De Tonnac, nous avons retenus 34 termes relatifs à la notion de « système ». Les articles retenus, dont certains sont en cours d'élaboration et requièrent encore des définitions, inspirent plusieurs remarques. En ce qui concerne les « systèmes de sauvegarde », tous les systèmes de sauvegarde de la figure 63 (« RIS », « EAS », « ASG », « SEC », « RRI ») sont représentés dans le Dictionnaire en cours et ont pour définisseur « système de sauvegarde », sauf le « système d'alimentation de secours des générateurs de vapeur (ASG) », terme non encore défini mais qui est déjà entré dans le Dictionnaire.

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Le cas des « systèmes auxiliaires » demeure, quant à lui, plus complexe. Il est aussi à noter que le terme de « système auxiliaire » n'est pas forcément un terme bien choisi du fait que ces systèmes sont en fait des systèmes utilisés en fonctionnement normal (témoignage expert « groupe dictionnaire »). Les termes « système de traitement des effluents » et « RCV » ont pour définisseur « système » et « RRA », « système de sûreté ». Voici donc le schéma (v. Figure 48) que nous pourrions tracer de la notion de « système » à partir des définitions du dictionnaire.

Figure 48. Représentation de la notion de « système » (Etat du Dictionnaire Areva NP en février

2007)

Enfin, lorsqu'on s'intéresse à l'ensemble des articles traitant des effluents, sept entrées y sont consacrées : « système de recueil d'effluents (RPE) », « système de traitement des effluents », « système de traitement des effluents gazeux (TEG) », « système de traitement des effluents liquides (TEU) », « système de traitement des effluents primaires (TEP) », « système de traitement des effluents solides » et « système de rejet des effluents liquides (TER, KER, SEK) ». Si l'on considère l'article « système de traitement des effluents » qui est en cours d'élaboration et qui renvoie vers l'ensemble des six autres entrées, on note que l'on distingue cinq types de systèmes : « systèmes de recueil d'effluents (RPE) », « systèmes de traitement des effluents liquides primaires et usés (TEP, TEU) », « systèmes de traitement et rejet des effluents gazeux (TEG) », « système de traitement des effluents solides (TES) », et les « systèmes de rejet des effluents liquides (TER, KER, SEK) ». Or, le corps de la définition explique que le système « a pour rôle de recueillir, de traiter puis de recycler ou de rejeter les effluents… ». Deux représentations sont alors possibles, l'une en fonction du type de système (« systèmes de recueil », « systèmes de traitement », « systèmes de rejet »), l'autre en fonction de l'action (« recueillir », « traiter », « recycler », « rejeter »), toutes deux également utilisables. Voici donc les représentations que nous pourrions donner de la notion de « système de traitement des effluents » (v. Figure 49 et Figure 50).

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Figure 49. Représentation de la définition de « système de traitement des effluents » : types (Etat du

Dictionnaire en février 2007)

Figure 50. Représentation de la définition de « système de traitement des effluents » : actions (Etat

du Dictionnaire en février 2007)

Des représentations sont utiles pour mettre en avant le manque de clarté des définitions et les lacunes dues aux termes manquants dans le dictionnaire (témoignage de Jacques Joseph). Ces représentations constituent un apport méthodologique et gagnent à être poursuivies afin de progresser dans l'élaboration du dictionnaire.

6.3.3.2 De la définition du mot à la représentation du concept de « système »

Etudier, pour un dictionnaire de langue générale construit à partir d'un grand corpus textuel, une unité lexicale telle que « système »124, donne naturellement lieu à la rencontre d'une vaste gamme de sens et emplois généraux et spécialisés, d'emplois concrets et abstraits. La lecture de l'article du TLF permet de distinguer deux catégories de sens et emplois : abstraits comme « Construction de l'esprit, ensemble de propositions (…) qui forment un corps de doctrine », « méthode… », ou concrets et physiques comme « systèmes mécaniques » ou « système cristallin ». 124 Témoignage de Danielle Candel, co-auteur du Trésor de la langue française et notamment de cet article.

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Comment, parmi l'ensemble des expressions langagières liées à une pratique, distinguer ce qui relève du terme par rapport à ce qui relève de la variation terminologique, du trope ou du mot d'usage ? Se référer à la conceptualisation du domaine peut être une autre manière d'apporter des éléments de réponse (Roche 2007).

6.3.3.2.1 Réseau conceptuel

La modélisation d'un domaine consiste à identifier les concepts décrivant les objets du « monde réel » (ici les types de systèmes) et à les structurer selon différentes relations, qu'elles soient générales comme celles de généralisation-spécialisation (« est-un »), d'instance (« est un exemple »), de composition (« est composé de ») ou spécifiques au domaine d'application (« sur », « pour »). Le résultat est un réseau de concepts125 (v. Figure 51).

6.3.3.2.2 « Ensemble » et « concept »

Si une telle modélisation est une aide précieuse à la structuration des significations, elle reste imprécise et porteuse d'ambiguïtés. Ainsi, quels rapports existe-t-il entre les « systèmes de refroidissement » ? Les liens qu'entretiennent entre eux les différents types de « systèmes de sauvegarde » et ceux qui lient les différents « systèmes auxiliaires » sont-ils de même nature ? Est-il possible de définir plus précisément les « systèmes de traitement des effluents primaires », « TEC », « TEU », etc.? Autant de questions qui requièrent des principes épistémologiques plus structurants.

125 Réseau conceptuel réalisé à l’aide des outils de l’équipe Condillac de l’Université de Savoie.

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Figure 51. Réseau conceptuel de « système »

La notion de système, au sens de sustêma (assemblage, composition), permet de regrouper sous une même appellation des entités qui ont en commun le fait d'être structurées, d'être composées d'éléments. Cela ne signifie pas nécessairement que ces entités soient de même nature et donc comparables entre elles. Prise dans ce sens, la notion de système correspond davantage à un « ensemble » (v. Figure 52) – si l'on considère qu'un « ensemble » regroupe des entités pouvant être de nature différente –.

Figure 52. Réseau conceptuel des « systèmes auxiliaires »

C'est le cas de « système auxiliaire » alors que « système de sauvegarde » correspond davantage à un « concept » – si l'on considère qu'un « concept » regroupe des objets de même nature – qui se spécialise en différents types. La définition par « différenciation

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spécifique126 » permet à la fois de distinguer ce qui relève de la notion d'ensemble ou de concept et de définir, tout en les différenciant, les différents concepts (v. Figure 53).

Figure 53. Représentation conceptuelle de « système de sauvegarde »

Notons que cette figure, comme les trois suivantes, propose des cases vides, signalées au moyen des étiquettes « anonymous » : ces dernières révèlent des cases terminologiques elles-mêmes virtuelles. Les résultats des pratiques de dénomination, de néonymie et de définition analysées chez nos experts, une fois traités, permettraient donc de repérer des étapes de la représentation conceptuelle auxquelles pourrait correspondre une vacance voire un besoin de dénomination.

126 Définition en genre-espèce. Les exemples sont construits à l'aide d'OCW (Ontology Craft Workbench) éditeur d'ontologies par différenciation spécifique (Christophe Roche).

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6.3.3.2.3 « Concept simple » et « concept composé »

Figure 54. « Concept simple » et « concept composé »

Il existe différents types de « systèmes de traitement des effluents primaires » qui se différencient, pour les uns, selon l'action effectuée (traitement, stockage, rejet) et, pour les autres, selon l'état des effluents (gazeux, liquide, solide). Il est alors possible de les définir par différenciation spécifique au sein d'une même catégorie – ensemble de concepts sémantiquement liés – (v. Figure 54). Mais il est également possible, dans la mesure où l'action à effectuer et l'état des effluents sont indépendants, de définir les différents systèmes de traitement comme autant de « concepts composés » définis à partir de la catégorie des actions (v. Figure 56) et de la catégorie des états (v. Figure 57).

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Figure 55. Catégorie des systèmes de traitement des effluents primaires

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Figure 56. Catégorie des actions

Figure 57. Catégorie des états

Ainsi, un « système de traitement des effluents gazeux » (v. Figure 55) est le résultat de la composition du concept <Traitement> de la catégorie « Action », et du concept <Gazeux> de la catégorie « Etat » (v. Figure 56 etFigure 57) ; l'opérateur de composition permet de définir un nouveau concept à partir de la définition, c'est-à-dire la liste des « différences » entre plusieurs concepts préalablement définis. Les définitions obtenues grâce à une somme d'expertises – collaboration entre experts des domaines de l'ingénierie nucléaire, de la terminologie et de la lexicographie – ont donné lieu à une réappropriation des résultats et à leur transformation par une expertise en ingénierie des connaissances (Desprès 2001). Les résultats tendent à donner une image de ce que les experts cherchent à exprimer et de tels résultats pourraient être réutilisés pour l'accès aux connaissances dans les bases documentaires. Sans doute l'expérience a-t-elle aussi permis de révéler des cases conceptuelles (encore) vacantes en étiquettes terminologiques (figures 48 à 52). Nous avons suivi un ensemble de démarches de nature onomasiologique (de quels domaines se compose le secteur des réacteurs, quels sont les concepts qui composent le sous-domaine des Réacteurs ?) puis sémasiologique (quelles sont les définitions de tels termes dans tels contextes ?) pour

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revenir confronter un ensemble de résultats avec une construction de nature plus conceptuelle.

6.3.4 Nécessaire interdisciplinarité

Le choix des termes, leurs figements, les définitions qui leur sont associées et leur affectation dans leurs domaines n'aboutissent qu'après l'obtention du consensus par plusieurs experts (Candel & Calberg-Challot 2007). Mais, se situant au cœur de l'élaboration du projet, on se rend compte du caractère temporaire du consensus trouvé. La variation continuera de fluctuer au cours du projet en fonction de divers paramètres et le consensus est donc tout relatif. Il faudra ainsi réfléchir à la mise en place d'un processus permettant une validation plus définitive. Cette étude montre l'importance de croiser les méthodes et les approches pour être au plus près des experts et de leurs attentes. Il nous semble nécessaire de montrer l'apport de la terminologie en tant que travail préliminaire et indispensable pour l'élaboration de représentations conceptuelles des réalités étudiées. Cela, en vue de réutilisations transdisciplinaires, et par des usagers plus ou moins spécialistes des notions étudiées et de leurs dénominations. En contrepartie, la représentation conceptuelle d'une réalité permet, au travers d'une approche différente, un retour sur le travail terminologique en le validant ou en mettant en avant les incohérences ou imprécisions dans les définitions. En effet, toute représentation conceptuelle impose de découper le champ de travail en questions élémentaires et de formaliser des savoirs jusqu'ici non explicites. Deux démarches se superposent et se croisent tout au long de cet article, une démarche sémasiologique et une démarche onomasiologique. Pourquoi n'a-t-on pas la même représentation d'une même réalité dans les deux approches ? Quelle est la bonne représentation ? A ces questions, seule une réponse pluridisciplinaire, confrontant les approches de manière itérative tendant vers un consensus, peut être jugée satisfaisante. Il nous importait enfin de comprendre, au-delà des besoins terminologiques déjà décrits, quelles sont les applications exploitant les terminologies d'un point de vue industriel. Celles-ci, à n'en pas douter, sont tournées vers la gestion des connaissances, pour laquelle l'élaboration, grâce à un travail préliminaire de terminologie, d'une représentation conceptuelle satisfaisante pour un grand nombre, permet une représentation intuitive de la réalité pour le public concerné et une meilleure valorisation des savoirs de l'entreprise ainsi que du travail terminologique réalisé.

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6.4 Apports de l’ontologie à la lexicographie de spécialité : garantir la cohérence des ressources lexicales ?

« S’il y a tout lieu de distinguer la lexicographie générale de la lexicographie de spécialité, et la lexicographie de spécialité de la terminologie, il convient aussi d’étudier certaines caractéristiques et problématiques communes à ces différentes activités et qui les rapprochent » (Candel 2000).

Nous rédigeons ce dernier paragraphe quelques années après la fin de notre recherche sur la dynamique de la langue et de la terminologie dans le domaine de l’énergie nucléaire. Nous souhaitons ici revenir sur l’avancée de nos recherches pendant ces trois années et montrer que nos réflexions se situent dans le prolongement de ce travail. Nous plaçons nos travaux de construction d’ontologies, et plus particulièrement d’ontoterminologies (Roche 2008), au service de la linguistique et des langues de spécialités et non contre notre discipline. En effet,

« science-carrefour, multidisciplinaire, la terminologie se situe à la croisée d'un grand nombre de sous-disciplines de la linguistique (sémantique, lexicologie différentielle), mais n'est pas chasse gardée de celle-ci ».

Comme l'écrit Louis Guilbert,

« la visée essentielle du lexique terminologique n'est pas la langue par elle-même. La terminologie est, en effet, étroitement liée à une activité du domaine de connaissance » (Guilbert dans Goffin 1985 : 11).

Après notre départ de l’entreprise Areva NP en juillet 2007, nous avons continué notre recherche sur les langues de spécialité au travers de collaborations avec des chercheurs d’autres disciplines que la nôtre, en particulier en logique et en ingénierie des connaissances. Loin de renier notre disciple, nous voyons dans cette approche un socle stable et consensuel qui permet l’étude de la diversité langagière telle que nous l’avons présentée jusqu’ici. Le « projet dictionnaire », que nous avons présenté au chapitre précédent, relève bien de la lexicographie de spécialité et a porté sur le vocabulaire de spécialité. Nous pensons également qu’un dictionnaire de spécialité relève plus de l’encyclopédie et de la capitalisation des connaissances que d’un dictionnaire reflétant les usages d’une langue. Cette frontière a été très mince tout au long notre recherche. Après avoir mis en avant les points de stabilité et de variation d’une langue de spécialité, nous pensons qu’il peut être utile de passer par la construction d’une ontologie pour prendre en compte, dans un second temps, la diversité langagière qui découle des communautés, domaines, langues, éléments tous étroitement imbriqués les uns aux autres. Nous verrons dans les paragraphes suivants l’importance de la méthode de construction d’ontoterminologies qui se divise en 2 sous-méthodes : l’une dédiée à la

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conceptualisation, l’autre à la terminologie. Comme nous le verrons, l’expert est plus que jamais au cœur de la démarche, comme cela a été le cas pendant toutes nos années de recherche et il est difficile de pourvoir construire ou valider une terminologie sans les experts (Djambian, à paraître). Cette méthode a été expérimentée dans plusieurs domaines de l’énergie et a fait l’objet de plusieurs publications :

• Roche Christophe, Marie Calberg-Challot (à paraître) : « Synonymy in Terminology : the Contribution of Ontoterminology », Actes du Colloque Re-thinking synonymy : semantic sameness and similarity in languages and their description, Helsinki, 28-30 octobre 2010.

• Calberg-Challot Marie, Christophe Tricot (2011) : « Ontoterminologie :

méthode et mises-en-oeuvre », Actes de la quatrième conférence TOTh 2010, Terminologie & Ontologie : Théories et applications, Christophe Roche éd., Institut Porphyre, Annecy, 2, 3 & 4 juin 2010.

• Calberg-Challot Marie, Christophe Roche, Luc Damas (2011) : « Définition du

terme vs. définition du concept », Actes des 8e Journées scientifiques du réseau LTT 2009, « Passeurs de mots, passeurs d’espoir : lexicologie, terminologie et traduction face au défi de la diversité » Lisbonne, 15-17 octobre 2009.

• Roche Christophe, Marie Calberg-Challot, Luc Damas, Philippe Rouard (2009) :

« Ontoterminology: A new paradigm for terminology », Actes du colloque International Conference on Knowledge Engineering and Ontology Development KEOD 2009, Madeira, 6-8 octobre 2009, Jan Dietz éd.

• Dourgnon-Hanoune Anne, Philippe Rouard, Marie Calberg-Challot (2009) :

« Une terminologie normée pour la maintenance des moyens de productions hydrauliques », Actes de la deuxième conférence TOTh 2008, Terminologie & Ontologie : Théories et applications, Christophe Roche éd., Annecy, Institut Porphyre, pp. 197-211.

Nous reviendrons essentiellement sur une réflexion que nous avons menée au travers d’une démarche pluridisciplinaire sur la place des corpus en terminologie.

6.4.1 Quelle place accorder aux corpus dans la construction d'une terminologie127 ?

Convient-il encore de s'interroger sur la place à accorder aux corpus dans la construction d'une terminologie ?

127 Cette étude a fait l’objet de la publication suivante : Calberg-Challot Marie, Pierre Lerat et Christophe Roche (2010), « Quelle place accorder aux corpus dans la construction d’une terminologie ? », Actes de la troisième conférence TOTh 2009, Terminologie et Ontologie : Théories et applications, Christophe Roche éd., Annecy, Institut Porphyre.

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Dans un contexte où l’utilité des corpus semble pourtant acquise, force est de constater que les terminologies ainsi construites restent prisonnières des contingences du discours, loin des propriétés attendues de la terminologie classique telles que le consensus, le partage ou la cohérence. Faut-il pour autant rejeter ou nier des propriétés qu’on ne peut démontrer ? Ne faut-il pas davantage s’interroger sur la méthode suivie et, ici, se pencher à nouveau sur le rôle exact des corpus pour la terminologie ? Pour répondre à ces questions, nous suivrons une démarche scientifique pluridisciplinaire puisant à la linguistique, la terminologie et la logique. Après un détour historique et un survol des acceptions dans la littérature contemporaine, nous préciserons les définitions que nous adopterons pour les notions de « terme » et de « concept » pour ensuite formuler ce qu'est une terminologie et quel est son rôle. Ceci nous conduira à nous interroger sur le statut des mots qui composent tout texte spécialisé. En effet, ces mots relèvent-ils du lexique d'une langue de spécialité ou appartiennent-ils à la terminologie du domaine ? Comment un mot accède-t-il au statut de terme ? Comment distinguer un mot d'un terme ? De même, le concept appartient-il au texte ou la connaissance du domaine se trouve-t-elle hors du texte ? Nous soulignerons l'importance de séparer les deux dimensions de la terminologie, à savoir la dimension conceptuelle d'une part, et la dimension linguistique d'autre part. Ceci nous conduira à différencier définitions formelles et définitions en langue comportant chacune, comme toute définition scientifique, des informations sur ce qu'est la chose - sa nature - , la perception que l'on en a - sa description - et l'usage que l'on peut en faire - sa fonction. L'ensemble de ces données nous permettra alors d'introduire la notion d'ontoterminologie. Le dernier paragraphe sera consacré à notre méthode de travail illustrée au travers d'exemples pour la construction de terminologies. Les terminologies réalisées et validées par des experts dans diverses communautés de travail et dans divers domaines mettront alors en lumière la place que nous accordons aux corpus dans notre méthode.

6.4.2 A propos des notions de « terme » et de « concept »

6.4.2.1 Détour historique

Avant d'aller plus avant dans cet exposé, traçons brièvement un historique des notions de « terme » et de « concept » qui nous permettra de comprendre les diverses acceptions qui se rencontrent aujourd'hui. Rappelons auparavant que la terminologie est liée à une communauté de travail qui partage un domaine de connaissances et une même langue de spécialité. Elle traduit l’idée que

« le meilleur moyen pour éviter la confusion des mots qui se rencontrent dans les langues ordinaires, est de faire une nouvelle langue et de nouveaux mots, qui ne soient attachés qu'aux idées que nous voulons qu'ils représentent » (Arnault & Nicole 1992 [1962] : 78).

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La notion de « terme », du latin « terminus » dans le vocabulaire de l'Organon scolastique, désigne ce qui dé-limite une proposition, comme le point limite de la ligne (Cassin 2004 : 1284). La notion de « terme » a ensuite évolué pour désigner « ce qui limite le sens » d'un mot et le terme devient l'équivalent d'un « mot spécifique » (Pruvost 2008 : 10). En effet,

« étant des noms de notions, les termes suscitent des attentes doubles : il faut que ce soient des unités terminologiques intégrables dans des énoncés et pouvant y remplir des fonctions syntaxiques, même si leur morphologie n'est pas conforme aux règles de bonne formation lexicale, et il faut en même temps que ce soient des unités de connaissance à contenu stable, donc plus indépendantes du contexte que les mots ordinaires. La première exigence engage la cohérence de l'analyse linguistique, la seconde applique le principe scientifique de réflexivité, c'est-à-dire de l'identité constante des unités prises en compte. (…) Les dénominations techniques sont dans la langue puisqu'elles sont susceptibles d'être traduites en langue étrangère, mais ce sont des dénominations de connaissances spécialisées, et c'est ce qui les rend pertinentes terminologiquement » (Lerat 1995 : 45).

La notion de concept, quant à elle, du latin « conceptus », prend une place significative avec la terminologie philosophique occidentale dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Elle est utilisée dans une acception dérivée au sens de « représentation intellectuelle se développant dans l'esprit » et prend une grande importance avec les théoriciens de la connaissance. Cette notion prend son essor pour se démarquer de la notion d' « intellectus » désignant à la fois la « faculté intellectuelle et ses unités de représentation - et parfois même le sens des mots ». La notion de « conceptus » dénote au sens littéral une représentation mentale et par son étymologie « le rassemblement d'une pluralité d'éléments dans une appréhension unique » (Cassin 2004 : 248). Production intérieure de la pensée d'une part, et généralité de l'autre, telles sont bien les deux composantes clés du « conceptus ». L'usage ultérieur de concept varie entre l'évocation d'un objet abstrait entièrement dépsychologisé (Frege 1971) et celle d'une représentation mentale. Le concept est donc tantôt défini comme « la représentation mentale abstraite d'un objet, distincte des idées particulières », tantôt comme « une représentation symbolique associée à un signe linguistique » (Neveu 2004 : 76). Le concept correspondrait à une

« représentation intellectuelle permettant de viser le réel suivant des déterminations abstraite et générale et non dans sa singularité concrète ». (Baraquin et al. 1995)

Pour la terminologie, le concept est un

« contenu de connaissances normé et nommé de façon consensuelle » (Lerat 2009b : 76). On comprend alors les deux types d'activités qui découlent naturellement de la terminologie. La première activité centre son travail sur les mots et le vocabulaire de spécialité et opterait pour une démarche plutôt sémasiologique tandis que la seconde se concentre davantage, au travers d'une démarche onomasiologique, sur les concepts et

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les termes les dénotant. Ces deux activités complémentaires et indissociables gagneraient à se distinguer pour mieux restituer l'ensemble des travaux du domaine de la terminologie.

6.4.2.2 Qu'en est-il aujourd'hui ?

Un terme est une « unité définie dans les textes de spécialité » (Kocourek 1991 : 180). La définition de Kocourek fait du terme un mot « presque » comme les autres. Partant de cette vue uniquement linguistique de la terminologie est apparue une terminologie qui se confond avec une lexicographie de spécialité. Combien d’unités terminologiques découpent de façon stable la réalité – car c’est bien là que se trouve le terme – dans des résultats d’extraction de termes candidats quand ne seront retenus in fine que quelques centaines de termes sur plusieurs milliers produits (Calberg-Challot et al. 2008) ? Quel est le sens des termes retenus ? Beaucoup d'expressions dénominatives (mettant en jeu la polysémie, la synonymie, la reformulation) sont une aide dans la construction d'une terminologie mais ne sont pas des termes. C'est le cas, par exemple, d'un définisseur lexicographique de verbe tel que le fait de. Tout ce qui désigne n'est pas forcément un terme ; à plus forte raison, tout ce qui ne désigne pas mais qui peut faire partie d'une langue spécialisée. Par exemple, dans les jugements des tribunaux, les expressions telles que « vu » ou « considérant » au début des attendus. La notion de « désignation » renvoie à l'énonciation, qui n'est pas forcément textuelle. Le mot en texte (ou vocable) est un mot situé, parmi d'autres ; ce qui en fait un terme, c'est un savoir spécialisé rarement défini dans le texte, toujours présupposé dans la culture partagée par les professionnels du domaine. Les mots en situation textuelle ou discursive ne peuvent avoir que de façon aléatoire un statut de termes au sens de l'ISO 1087-1. Souvent le concept est confondu avec le mot qui en parle. Soyons plus précis : le terme est « le nom donné dans une langue à une entité conceptualisée par une communauté de travail » (Lerat 2009a : 217) où l'on a besoin de dénommer cette conceptualisation. Ou encore, le terme a pour « fonction de désigner des concepts clairement identifiés à l'intérieur d'un domaine donné. » (Sager 2000 : 55)

« Il reste que les points de vue divers posent des problèmes de compatibilité. Ainsi, des syntagmes descriptifs comme véhicules non motorisés ou moyens de transports dépourvus de moteur, qui rendent service en documentation, ne sont pas des unités lexicales comparables à véhicule, moteur, bras ou transport. Chaque option a ses avantages et ses inconvénients. L'option lexicale impose de désambiguïser tout ce qui est susceptible de polysémie (le bras du robot ne va avec le bras du fauteuil que dans les dictionnaires de langues). L'option en faveur des expressions descriptives impose l'acceptation prévue d'une liste de paraphrases reconnues comme équivalentes (véhicule sans moteur devra être reconnu comme synonyme de véhicule non motorisé). » (Lerat 1995 : 153)

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Le problème est de savoir dans quelle mesure une unité de discours est un terme ou non. Il ne suffit pas qu'elle ait une sémantique référentielle. Il faut qu'elle dénote un découpage stable du réel. Les unités du discours relèvent-elles du lexique de la langue spécialisée ou de la terminologie ? On constate que les corpus sont riches en informations variées et que ces dernières y sont mélangées. Les corpus spécialisés sont composés d'expressions qui ne sont pas toutes des termes mais qui peuvent donner des indices quant à la structure du modèle conceptuel. C'est le cas, en immunologie, des formulations équivalentes en termes « d'information » « appears » et « is found » dans les énoncés « Antibody appears in plasma cells » et « Antiboby is found in plasma cells » (Harris 1988 : 39) alors que « to appear » et « to be found » ne sont pas synonymes. Ceci sous-entend que ces expressions linguistiques dépendent du modèle épistémologique. Par exemple, dans la description de l'usinage (fraisage, alésage, tournage…), l'expression « enlèvement de matière » n'est pas un terme mais nous permet de structurer le modèle conceptuel. Qu'est-ce qui relève alors de la terminologie ? Le sens de « matière ». « Enlèvement » est une nominalisation d'un verbe de sens très général, mais le couple « enlèvement de matière » est porteur d'une information précise en tant qu'interprétation experte de l'énoncé descriptif. La terminologie doit être un vocabulaire normalisé le moins ambigu possible et pour cela doit s’ancrer dans la conceptualisation du domaine.

6.4.3 Qu'est ce que la terminologie ?

« Le terme terminologie est aujourd'hui une forme banalisée tant par le manque de précision dans son emploi que par la confusion sur ses limites d'utilisation. Il convient d'emblée de préciser que le mot terminologie est polysémique. » (Cabré 1994 : 590, Cabré 2007)

En effet, « la terminologie désigne aussi bien (par une métonymie au demeurant banale) les systèmes de termes que leur étude. » (Rey 1979 dans Mortureux 2000 : 27) Le besoin d'une description normée de la signification des termes scientifiques et techniques se développe au XVIIIe siècle dans le contexte des projets encyclopédiques et de la pensée qu'une science est avant tout une langue bien faite (Condillac ; Roche 2005 : 51). L'acception moderne de la terminologie naît avec les travaux d'Eugen Wüster, ingénieur et chef d'entreprise, reconnu comme le père fondateur de la terminologie moderne, en posant les principes méthodologiques du travail terminologique (Candel 2004, 2007 ; Humbley 2004, 2007, à paraître). La terminologie, science des termes, est une pratique et une discipline scientifique et autonome dont le principal objet est de comprendre le monde et de trouver les mots justes pour en parler. Elle requiert pour son étude de puiser à l'épistémologie, la logique et la linguistique.

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La terminologie est la dénomination en langue naturelle d'objets scientifiques et techniques et doit être comprise au sens d' « ensembles cohérents de termes » qui reposent sur une « conceptualisation des objets du monde que partage une communauté de pratiques » (Depecker & Roche 2007 : 112).

6.4.3.1 Différences entre terminologie et ontologie

La terminologie et l'ontologie ne relèvent pas des mêmes activités même si leur visée est commune (Roche 2005). « Il faut d'abord distinguer clairement concepts et termes, ce à quoi invite la terminologie classique. » (Lerat 2009b : 74) Alors que la terminologie, qui s'intéresse à la langue de spécialité, donnera des « explications linguistiques » (Kocourek 1991 : 180) du terme (au sens de Lerat 2009a : 217 précédemment cité), l'ontologie s'intéressera, dans des langages formels, à la « définition des concepts et de leurs relations (spécifications logiques). » (Roche 2008 : 64-65) Dans ces conditions,

« l'élaboration de réseaux notionnels suppose donc idéalement la collaboration de linguistes, d'informaticiens et d'experts des domaines de connaissances considérés. Les premiers sont indispensables pour rappeler constamment les contraintes résultant de la combinatoire et de la polyvalence des mots. Les deuxièmes peuvent résoudre des problèmes comme celui des polyhiérarchies ; ainsi, une base de données terminologiques 'intelligente' permet de sélectionner à la demande des sous-ensembles d'informations (…). Les troisièmes sont seuls en mesure de récupérer les attributs cruciaux ; ces derniers sont en petit nombre dans un univers très restreint (…). » (Lerat 1995 : 152-153)

6.4.3.2 Les tâches de la terminologie

Le rôle du concept est primordial en terminologie. Il exprime ce qu'est la chose, c'est « un ensemble unique de caractères » (ISO 1087-1), constitutif de la connaissance des choses. Ainsi,

« les questions que peut soulever la réception des termes sont intimement liées aux concepts et relèvent plus de la démarche scientifique que de la compréhension strictement linguistique. » (Mortureux 1995 : 22-23)

La terminologie n'est pas une lexicologie des discours plus ou moins spécialisés telle qu'elle peut être réalisée dans des études lexicométriques à l'aide de « patrons linguistiques ». Elle n'est pas non plus purement textuelle car on a besoin de « ressources externes » à cause du « caractère elliptique de la formulation en langues naturelles » (Daladier 1990 : 59) pour comprendre le texte et parce que « les corpus textuels de spécialité vieillissent rapidement. » (Lino 2006 : 510) et que le statut du terme « dépend donc du

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statut ‘technique ou scientifique’ du texte ou du discours, qui, à son tour, dépend du statut du rédacteur du texte, du statut des récepteurs et de celui de la situation interdiscurssive » (Hermans 2000 : 80). Il est nécessaire de valider des définitions par le genre et la différence en les reliant à des définitions encyclopédiques qui donnent des descriptions du terme (Lerat 2009a) et de valider les dénominations en délimitant ce qui relève du lexique et ce qui relève de la terminologie Il conviendra enfin de donner des définitions scientifiques. On notera que divers points de vue peuvent porter sur l'objet : un point de vue fonctionnel et un point de vue structurel. Dans les deux cas, il faudra dire ce qu'est la chose – sa nature – et la perception que l'on en a – sa description. Dans la partie formelle de la terminologie, la nature de la chose se traduit en genre prochain et la perception que l'on en a est rendue à travers les propriétés et les attributs valués.

6.4.3.3 Vers l’ontoterminologie

L'ontoterminologie,

« terminologie dont le système notionnel est une ontologie formelle, insiste sur l'importance des principes épistémologiques qui président à la conceptualisation du modèle – c'est l'ontologie dans sa définition première. Elle insiste également sur la nécessité d'une approche scientifique de la terminologie où l'expert joue un rôle fondamental – c'est l'ontologie dans ses définitions plus récentes où la logique et les langages de représentation des connaissances tiennent une place prépondérante. Enfin, elle met en relation le modèle conceptuel et les termes (d'usage ou normés) qui en parlent, tout en distinguant les définitions formelles des concepts (spécifications logiques) des définitions en langue naturelle des termes (explications linguistiques) » (Roche 2008 : 70).

Il s'agira de définir par le générique immédiatement supérieur « Nächstoberbegriff » (Wüster, 1985 : 30) et éventuellement d'élaborer des « controlled vocabularies (…) which consist of well-defined or standard concepts corresponding to words and phrases in the domain » (Friedman et al. 2002 : 226) en leur associant dans la mesure du possible base de données terminologiques, base de données textuelles et base de données iconiques.

6.4.4 Dire n'est pas concevoir

On a pu penser, au vu des résultats et des premiers succès de l'informatique linguistique, qu'il serait possible de construire des ontologies à partir des textes. Certains ont cru pouvoir affirmer que « (…) le travail scientifique est considéré comme en grande partie constitué par du langage, plus spécialement par des textes et la connaissance scientifique est elle-même considérée comme une information conceptuelle obtenue à partir de textes » (Slodzian 1995 : 14, Bourigault & Slodzian 2000), réduisant par là-même, lorsqu'ils ne les confondent pas, les concepts à des mots. Or « on ne voit jamais personne devenir médecin par la simple étude des recueils d'ordonnances » (Aristote 1997 : X, 10, 1181b). En effet, aucun corpus ne comporte en lui-même toutes les

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connaissances nécessaires à sa compréhension. Et comme le précise Marie-Claude l'Homme (2004 : 223 ; 2008), le traitement des textes spécialisés requiert des ressources externes. Non seulement « aucun corpus textuel n'explicite toutes les connaissances que sa lecture présuppose » (Lerat 2009b : 80) mais tout texte de spécialité nécessite une connaissance minimum du domaine. Même si la terminologie est mobilisée au sein des discours et des pratiques langagières, ces démarches s'intéressent en premier lieu aux unités linguistiques qui dénotent les choses plus qu'aux choses elles-mêmes. Il a été montré à plusieurs reprises que la structure lexicale ne se superpose pas à la structure conceptuelle (Rastier 1995, 2004 ; Roche 2007 ; Calberg et al. 2008 ; Desprès et Szulman 2009). Parler de la chose et définir ce qu'elle est ne relèvent pas des mêmes activités (v. Figure 58). Il faut donc décrire les deux activités distinctes et complémentaires dans la construction d'une terminologie

Figure 58. Dire n'est pas concevoir (Roche 2007)

Par exemple, « c'est […] bien à partir de l'expertise et de la réalité de la parole quotidienne de l'expert et non à partir des textes que les listes sur lesquelles nous avons travaillé ont pu être obtenues » (de Vecchi & Estachy 2009 : 42). Ces auteurs précisent dans le même article que « Ces deux disciplines (ndlr terminologie et ontologie) ne s'excluent pas l'une de l'autre, elles se complémentent dans deux volets distincts du traitement de ce que les acteurs activent dans l'univers de la pensée : le concept. » (de Vecchi & Estachy 2009 : 42) Ainsi le concept, élément de pensée, est une connaissance portant sur une pluralité de choses distinctes répondant à une même loi. Il reste à le définir de manière formelle, ce qui pourra s’effectuer en deux étapes. La modélisation semi-formelle d’un domaine a pour objectif d’identifier, avec les experts, les concepts du domaine et les différentes relations qui les lient pour obtenir un réseau conceptuel. Les concepts ayant été identifiés, nous pouvons les organiser sous la forme d’une ontologie formelle.

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Il reste aux experts à identifier ensuite les termes d’usage et les termes normés qui seront associés dans une dernière étape aux concepts de l’ontologie correspondants.

6.4.5 Vers une nouvelle construction des terminologies ?

6.4.5.1 Objectif et principes

« Il convient de se rappeler que tout travail terminologique devrait être fondé sur les notions et non sur les termes. » (Felber 1984)

et

« on l’aurait basé sur les idées, non sur les mots » (Candolle 1987 : 296). Notre objectif est de réaliser des terminologies qui soient consensuelles, partageables, réutilisables, cohérentes et computationnelles (exploitables par des programmes informatiques). Ces propriétés dépendent directement des propriétés du système notionnel, c’est-à-dire de la modélisation du domaine sur laquelle repose la signification des termes. Une représentation formelle de cette modélisation permet de garantir ces propriétés. La notion d’ontoterminologie128 (Roche 2008, 2009), introduite à de telles fins, apporte un regard nouveau sur la terminologie en insistant sur la nécessité de distinguer, pour mieux en clarifier les rapports, les deux dimensions de la terminologie, à savoir la dimension conceptuelle et la dimension linguistique. Une « adéquation est nécessaire entre la connaissance et la langue, l'une ne devant jamais précéder l'autre, et inversement » (Cottez 1994 : 688). Les termes (dénominations du concept) doivent être motivés lexicalement et sémantiquement pour permettre aux experts du domaine d'identifier ou de classer les objets de leur domaine de connaissance, voire d'identifier un nouvel objet sur lequel travailler. L'ontologie permet de comprendre immédiatement la place du concept, et les choses ont alors un rapport « à nous et entre elles » (Condillac 1780). Lavoisier avait déjà écrit qu'une « nomenclature nouvelle, pourvu qu'elle ait été entreprise sur de bons principes ; pourvu que ce soit une méthode de nommer plutôt qu'une nomenclature, elle s'adaptera naturellement aux travaux qui seront faits dans la suite ; elle marquera d'avance la place et le nom des nouvelles substances qui pourront être découvertes et elle n'exigera que quelques réformes locales et particulières » (Lavoisier III, 17 et I, 186).

6.4.5.2 Démarche

La modélisation d’un domaine et la rédaction de discours à laquelle elle peut donner lieu sont deux activités différentes. La modélisation construite directement par les experts à l’aide d’un langage formel et la modélisation construite à partir de textes ne sont pas isomorphes (Roche 2007). De plus, une modélisation construite à partir de documents est dépendante du corpus et ne vérifie pas l’ensemble des propriétés recherchées. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur la conceptualisation du domaine

128 Dans une approche sociologique et socioterminologique, v. Temmerman 2000.

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(démarche onomasiologique) et sur les principes épistémologiques qui la guident. Dans ce cadre, la présence des experts est indispensable. La modélisation semi-formelle d’un domaine a pour objectif d’identifier, avec l’aide des experts, les concepts du domaine et les différentes relations qui les lient : relation de généralisation-spécialisation, relation partitive, relation fonctionnelle, etc. Le résultat est un réseau conceptuel. Les concepts ayant été identifiés, nous pouvons les organiser sous la forme d’une ontologie formelle, c’est-à-dire sous la forme d’un arbre de concepts liés par la relation de généralisation-spécialisation. Afin d’aider les experts dans le choix des termes d’usage, c’est-à-dire des « termes métier » utilisés en discours oraux ou dans la rédaction de documents scientifiques et techniques, des termes candidats peuvent être générés automatiquement à partir d’un corpus de référence. Les experts identifient alors les termes d’usage (pour cela, on pourra se servir des termes candidats générés lors de la phase précédente) et les termes normés. Les termes d’usage sont les termes utilisés en discours (oraux ou écrits). Ils permettent de prendre en compte la diversité langagière. Ils peuvent être polysémiques. Les termes normés sont des termes univoques qui sont soit en usage, soit prescriptifs et qui sont retenus comme dénominations aux fins de l'ontologie. La dernière étape consiste à mettre en regard, c’est-à-dire à associer, les termes d’usage et les termes normés avec les concepts de l’ontologie correspondants (v. Figure 59).

Figure 59. Les étapes de la méthode issue des travaux de recherche de l’équipe Condillac (Laboratoire Listic - Université de Savoie) et mise en œuvre dans les applications Onomia

Entre l'ontologie et la terminologie, une étape nécessaire est le choix de termes normés qui doivent être justifiés autant d’un point de vue lexicale, syntaxique que sémantique (c’est-à-dire au regard du système conceptuel). Par exemple, un « amortisseur arrière de moto » se dit dans telle usine italienne aussi bien « ammortizzatore posteriore » que « monoammortizzatore » (Bertaccini et al. 2006 : 324), mais c'est le second qui a le

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statut de « terme technique spécifique-standardisé ». De façon générale, un terme est nécessairement validé par son usage dans une « communauté de pratiques » (Depecker & Roche, 2007 : 112). Cela vaut pour un « jargon d'entreprise » comme pour l'ISO.

6.4.6 Une démarche éprouvée

6.4.6.1 Le rôle des experts

On ne peut pas se passer des connaissances et du savoir des experts dans la construction d'une terminologie. Leur rôle est fondamental dans la conceptualisation et la représentation des objets de leur domaine. Pour ce faire, un échange en langue est nécessaire pour partager les connaissances et le savoir des experts. Mais il est important de ne pas tomber dans les pièges de la langue. En effet, les variations d'usage et de pratiques entre les différents acteurs, qu’ils soient ingénieurs, exploitants ou techniciens étant inhérentes à tout discours, il faudra arriver à ce que les experts témoignent de la conceptualisation et de la représentation des objets de leur domaine et non de la dimension linguistique de leur activité pour tenter de trouver un consensus entre les experts.

« La compréhension de figures de rhétorique, telles que l'ellipse ou la métonymie fréquentes dans les documents scientifiques et techniques, nécessite que les locuteurs s'accordent sur ce même extralinguistique qui par définition n'appartient pas à la langue » (Roche 2008 : 3)

et

« se référer à la conceptualisation du domaine peut être une autre manière d'apporter des éléments de réponse » (Calberg et al. 2008 : 133).

De façon générale,

« l'interrogation des spécialistes du domaine peut remplacer l'introspection du lexicographe » (Thoiron et al. 1996 : 513).

Pour illustrer ces propos, prenons en exemple dans le domaine de l’hydraulique, le cas des jantes où la langue peut induire en erreur. De prime abord, les experts semblent distinguer à travers leurs discours trois types de jantes désignées par les expressions « jantes feuilletées », « jantes massives » et « jantes soudées ». En s'appuyant sur des relations linguistiques comme l'hyperonymie ou l'hyponymie entre ces expressions, on peut être amené à structurer les différents concepts de <Jante> sous la forme du réseau suivant (v. Figure 60) :

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Figure 60. Réseau conceptuel d'une jante

Ce réseau conceptuel présenté aux experts n'a pas été validé dans la mesure où il ne traduit pas le fait qu’une <Jante soudée> est « une sorte de » <Jante massive>. L’expression « jante massive soudée » n'existe pas, ils parlent, par économie de la langue (ellipse), de « jante soudée » dans la mesure où une jante soudée est nécessairement massive. Ceci a donné lieu à la construction d'une nouvelle conceptualisation du domaine (v. Figure 61) qui, tout en entrainant le consensus des experts, a permis d'introduire un terme normé calqué sur l’identifiant du concept pour parler de <Jante massive soudée>. « Ces termes normés, s'ils n'ont pas à être imposés, sont indispensables à la désignation du système notionnel. Ils participent également à l'identification et à la définition des termes d'usage » (Roche 2008 : 18).

Figure 61. Représentation conceptuelle d'une jante

Cet exemple illustre parfaitement les deux dimensions de la terminologie et insiste une fois encore sur l'importance de conceptualiser le domaine de travail avant de relever les diverses pratiques langagières. Prenons une autre illustration (v. Figure 62). Le terme « dispositif d'accrochage par clés d'aronde », normé parce que par sa simple lecture on comprend la position du concept dénoté dans le système notionnel, ne sera pas utilisé pas les experts car trop long. Lorsqu'ils parlent d'un <Dispositif d'accrochage par clés>, on a soit un <Dispositif

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d'accrochage par clés en T> soit un <Dispositif d'accrochage par clés d'aronde>. Dans ce dernier cas, ils parleront de « queue d'aronde », de « clé d'ironde » ou de « queue d'ironde » (sachant que ce terme résulte d'une analogie avec la queue d'une hirondelle).

Figure 62. Représentation conceptuelle d'un dispositif d'accrochage

Dans un

« système conceptuel structuré, il s'agit surtout d'observer si la forme du terme est différente de celle des autres termes du système, si elle indique des oppositions pertinentes, et rien qu'elles, si elle reflète le degré de différence entre les concepts désignés » (Kocourek 1991 : 226).

6.4.6.2 L'intérêt d'un recours aux schémas

« Il y a (…) quelque chose d'éternel dans un schème technique (…) et c'est cette qualité qui reste toujours présente et peut être conservée dans une chose. » (Simondon 1989)

Lorsque les experts sont invités à conceptualiser leur domaine, ils ne viennent pas avec des textes. Les documents servant de supports sont avant tout des schémas ou des figures. Et s'ils ont besoin d'expliciter et de clarifier leurs connaissances, ils auront de nouveau recours à des schémas sur le tableau. Dans le cas de la modélisation d'un groupe hydraulique (v. Figure 63), on a proposé le terme normé « Organe de protection amont », terme normé et motivé lexicalement et syntaxiquement, car le terme « Organe de protection aval » existe déjà et il manquait un terme pour désigner l'ensemble des organes de protection amont des différents types de turbines hydrauliques. Dans ce cas présent, il s'avère que ce terme normé dénomme également le concept mais ce n'est pas toujours le cas.

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Figure 63. Réseau conceptuel d'une Turbine hydraulique

Comme l'a écrit Pierre Lerat,

« la représentation graphique d'un objet est souvent irremplaçable. Pour faire comprendre ce qu'est un outil (…), un dessin fera gagner du temps. A plus forte raison, là où une description en langue naturelle aura bien du mal à rendre compte de ce qu'est un vérin, un dessin industriel correct, assisté ou non, fera voir de quoi il s'agit » (Lerat 1995 : 149).

6.4.7 Une nouvelle place pour les corpus

Le recours à des corpus est nécessaire, mais seulement dans la seconde étape de la construction d'une terminologie ou ontoterminologie. Nous avons montré l'importance d'une terminologie formelle, base d'un système notionnel ou ontologique, et distincte de la terminologie. En effet, de notre point de vue, la démarche ontoterminologique que nous avons présentée naît de la recherche pluridisciplinaire d'une représentation commune d'une réalité face aux variations d'usage des différentes communautés de travail en interaction avec cette réalité. Il n'est pas question ici d'imposer un langage contrôlé mais de travailler en équipe avec un partage des méthodes. Il importe de prendre appui sur une conceptualisation commune et consensuelle pour introduire les variations d'usage. Cette conceptualisation permet une meilleure

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compréhension entre les communautés de travail tout en préservant et valorisant la diversité linguistique.

6.5 Bilan

Les études présentées dans ce chapitre sont tour à tour synchroniques ou diachroniques, adoptent tantôt le point de vue de l'analyste extérieur, tantôt celui de l'acteur de la construction d'une ressource terminologique, font appel à la fois à la linguistique et au Traitement automatique des langues (TAL) et mettent enfin face à face onomasiologie et sémasiologie lorsque la terminologie rencontre la lexicologie. Notre travail met ainsi en évidence, de manière récurrente, l’importance de croiser les démarches et les points de vue dans une approche pluridisciplinaire afin d’améliorer les capacités des outils comme les travaux du terminologue. Cette confrontation permet de détecter les points forts et les lacunes de chacun mais également d’obtenir une validation du travail lorsque ces méthodes délivrent des résultats cohérents et apparait en conséquence comme une voie d'efficacité pour la construction de notre ressource terminologique. Nous avons aussi pu constater que les outils de traitement automatique des langues ne fonctionnent de manière pertinente qu’aux conditions que l’application, l’entreprise, le contexte, la langue de spécialité soient bien déterminés par des analyses préalables. Ceci nous conduit à ne pas croire à la réutilisabilité d’une terminologie. La dernière étape de ce chapitre nous a éclairée sur les notions de concept et de terme. Si notre travail s’attache à travailler sur les termes, vouloir obtenir l’accord d’une communauté de pratique sur un terme plus que sur un autre semble délicat. Chaque personne possède en effet ses mots suivant son parcours et sa propre sensibilité. Malgré cela, des hommes se comprennent lorsqu’ils se parlent, dialoguent, du fait qu’ils partagent une même représentation de la réalité qui se trouve attachée au concept. Bien sûr, même si les concepts nous sont apparus comme plus aisément partagés que les termes, il est illusoire d’espérer que tous les hommes aient la même représentation du monde qui les entoure et ce partage n’est possible qu’à l’intérieur d’une communauté et d’une pratique restreinte, dans un milieu donné que l’on aura pris soin de délimiter précisément. Toucher au langage c’est toucher à l’infini. Face à cela, délimiter avec précision un périmètre de travail donnant un cadre aux analyses à mener et aux résultats escomptés apparaît dès lors comme la seule solution.

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Conclusion

Nous avons traité de la terminologie de l’ingénierie nucléaire pour les métiers de l’entreprise Areva NP en France en vue de contribuer à la diffusion de la recherche chez Areva NP qui a accueilli et soutenu ce travail pendant trois années. Le domaine de l’ingénierie nucléaire restant peu étudié et pouvant être considéré comme une science ou une technique moderne présente l’avantage de permettre le recours à des experts ou des acteurs témoignant de son historique et suscite donc un intérêt d’étude particulier. Comme le présentent les différents chapitres de nos travaux pour cette étude de la terminologie de l’ingénierie nucléaire et de son évolution, deux approches principales ont été adoptées. La première approche développée dans les quatre premiers chapitres a consisté en une étude méthodique de la langue et de la terminologie de l'ingénierie nucléaire et de son évolution dans le temps en se plaçant en position d'analyste extérieur, rôle que nous avons pu tenir comme nous l’espérions en commençant ce travail. Ces études sont successivement menées au travers :

• d’une approche historique ; • d’enquêtes et d’études auprès des acteurs pouvant témoigner du domaine ; • d’études de cas approfondies ; • de l’actualité terminologique de l’ingénierie nucléaire et de ses évolutions

récentes ou en cours. Suite à ces travaux, un certain nombre d'éléments caractérisant la création et l'évolution terminologique dans le domaine de l'ingénierie nucléaire ont pu être dégagés. Nous avons, pu en particulier, constater le rôle de la néologie dans la création terminologique, l'influence des possibilités de dérivation dans les choix terminologiques, l'influence et la notoriété de la personne qui est à l'origine du terme pour son adoption finale, le contexte de création du terme et enfin l'importance de l'usage dans le choix et le figement des termes, qui l'emporte souvent sur la normalisation ou le cadre institutionnel. La seconde approche, présentée dans les deux derniers chapitres, a consisté à étudier les processus régissant la création et l'évolution terminologique dans le domaine de l'ingénierie nucléaire en se plaçant en position d'acteur au sein d'une démarche d'élaboration d'une ressource terminologique dans l'entreprise. Elle a abouti en l’initiation d’un dictionnaire de l'ingénierie nucléaire. Au chapitre cinq, dans un premier temps, nous avons examiné la pertinence des répertoires terminologiques disponibles au sein d'Areva NP et en particulier dans le domaine de l'ingénierie nucléaire. Nous avons statué quant au besoin de constitution d'une nouvelle ressource et aux caractéristiques et contraintes que devra observer la

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nouvelle ressource. Nous avons pu souligner l’importance de mettre à disposition du personnel de l'entreprise une ressource terminologique rigoureuse dans l’optique d’une transmission et d’une gestion des connaissances sur des temps extrêmement longs ainsi que les conditions de cette mise en place qui se devra alors d’être pratique et au service des besoins de l’entreprise. Nous nous sommes ensuite intéressée, dans ce cinquième chapitre, à la constitution proprement dite de la ressource dans le domaine de l'ingénierie nucléaire au sein d'Areva NP en France. Le cadre, les moyens, les objectifs et besoins du projet ont été définis. Nous avons proposé la définition et la mise en place d’une méthodologie complète afin de répondre à ces contraintes traitant de la sélection des termes, de l’élaboration des définitions ou encore des canaux de mise à disposition de la ressource. Nous avons également rendu compte des travaux d’élaboration de la ressource, principalement au travers de la tenue des réunions du « groupe dictionnaire ». Enfin, un intérêt particulier a été porté dans le sixième chapitre aux outils de Traitement automatique des langues (TAL) et de l'ingénierie des connaissances. Cela a permis d'orienter, de stimuler et d'accélérer les réflexions des personnes contributrices du projet. Un usage critique de ces outils, les gains et limites de ces méthodes vis-à-vis de nos travaux ont été abordés. Représentation conceptuelle et représentation lexicale ont également été confrontées au profit de l’amélioration de la ressource terminologique et de son utilisation à travers des indexations fondées sur les ontologies. Ces deux approches, d’analyste extérieur ou d’acteur de la construction de la terminologie, permettent des apports spécifiques mais également une certaine complémentarité : la première fournit des éléments de réflexion préalable à la construction d’une terminologie rigoureuse, la seconde permet d’expérimenter les caractéristiques préalablement identifiées et met en lumière de nouvelles pistes à suivre pour l'analyse de l'évolution de la langue et de la terminologie dans l'ingénierie nucléaire. Il ressort, au final, de nos travaux l’identification de caractéristiques de la terminologie de l’ingénierie nucléaire telles que :

• le rôle de la néologie dans la création terminologique ; • l'influence des possibilités de dérivation dans les choix terminologiques ; • l'influence et l'envergure de la personne qui est à l'origine du terme pour son

adoption finale ; • la place de l’histoire ou du contexte de création du terme ; • l'importance de l'usage dans le choix et le figement des termes, qui l'emporte

souvent sur la normalisation ou le cadre institutionnel ; • le souci de « clarté » ou de précision scientifique (vu de l’intérieur) qui conduit

d’ailleurs, paradoxalement, à l’impression d’opacité, voire d’euphémismes et tabous, pour les personnes extérieures au domaine.

Ces caractéristiques ont pu être expérimentées et confirmées par notre expérience de construction d’une ressource terminologique et sont autant d’éléments expliquant et alimentant le besoin ressenti par les experts du domaine pour le développement de telles

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ressources. Mais elles conduisent également à des difficultés importantes afin d’élaborer une ressource terminologique satisfaisante. Ainsi, sur ces bases de nos travaux, nous proposons une approche pour la construction d’une telle ressource. Cette approche tente de s’affranchir autant que possible des dérives envisageables au regard des caractéristiques identifiées de la terminologie de l’ingénierie nucléaire en proposant :

• de définir un cadre strict ou une délimitation du projet aussi précis que possible afin que les personnes impliquées puissent partager une certaine communauté historique et culturelle dans le domaine ;

• de définir une méthodologie rigoureuse partagée et acceptée de tous. Le terminologue intervenant sous forme de rappel à la règle vis-à-vis des experts dont il « canalisera » les travaux sans formuler de remarques positives ou négatives quant aux pratiques discutées ;

• de diversifier les méthodes de validations des résultats en croisant le plus possible les approches et en mettant à contribution les études lexicométriques et textométriques, les outils de traitement automatique de la langue et d’extraction de termes candidats et enfin les outils d’ingénierie des connaissances dans la construction d’ontologies et d’ontoterminologies.

Au-delà des différentes tâches nécessaires à la construction d’une terminologie dans le domaine de l'ingénierie nucléaire (sélection des termes à définir, mise en place des définitions, validation du travail terminologique), il est en effet ressorti avec force de nos travaux la nécessité d’une approche pluridisciplinaire afin de déboucher vers une ressource terminologique et lexicale fiable, utile, exploitable et légitime au sein de l'organisation industrielle. Comme nous l'avons évoqué plus haut, l’analyse de la terminologie constitue une base et une aide précieuse au moment de lancer le processus de construction d'une ressource terminologique et la réalisation de cette ressource apporte à son tour son lot d'éléments caractérisant la dynamique de la terminologie de l'ingénierie nucléaire, confirmant ou remettant en question les éléments préalablement soulignés ; notre travail de construction d'une terminologie a également mis en évidence, en sus du travail des experts, l'apport mais aussi les limites des outils informatiques de Traitement automatique de langues et l'ingénierie des connaissances pour l'élaboration d'une ressource fiable. Ces outils ont constitué une aide précieuse pour le linguiste terminologue lexicologue et sont apparus, avec leurs apports et leurs limites comme une voie d'efficacité pour la construction d'une telle ressource terminologique. Enfin, pour conclure, nous rappellerons, comme nous l’avancions dans l’introduction, l'importance de croiser les démarches. En effet, les études présentées sont tour à tour synchroniques ou diachroniques, adoptent tantôt le point de vue de l'analyste extérieur, tantôt celui de l'acteur de la construction d'une ressource terminologique, font appel à la fois à la linguistique et au Traitement automatique des langues et mettent enfin face à face onomasiologie et sémasiologie lorsque la terminologie rencontre la lexicologie.

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Notre travail a mis en évidence la nécessité et les apports mutuels d'une recherche interdisciplinaire. Cette dynamique de la langue et de la terminologie dans le domaine de l’ingénierie, qui a donné son titre à cette thèse, est finalement une double dynamique. Elle réunit l’action objective du linguiste qui observe et analyse le parler des spécialistes du nucléaire, et celle, plus subjective, du même linguiste devenu lui-même acteur de cette dynamique en s’initiant peu à peu à la spécialité étudiée.

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Index des concepts

abréviation, 139, 179, 211, 233, 237 abréviations, 138, 189, 192, 196, 211, 260, 271 acceptabilité, 125 acceptation, 53, 285, 311 adaptation de terminologie, 54 affectif, 29, 41, 53, 102, 121 anaphore lexicale, 177 anglicisme, 17, 138, 142, 145, 169 anglicismes, 116, 140, 156, 160, 170 annexes, 188, 189, 196, 215, 275 appellation, 63, 65, 66, 67, 101, 301 approche pluridisciplinaire, 25, 243, 288, 322, 325 article, 31, 33, 36, 38, 39, 40, 51, 53, 86, 87, 90, 92,

93, 94, 96, 98, 142, 147, 151, 154, 159, 160, 197, 201, 206, 211, 213, 214, 252, 298, 299, 306, 315

articles, 18, 96, 99, 101, 114, 118, 130, 142, 145, 155, 175, 178, 191, 192, 205, 206, 207, 214, 215, 216, 233, 243, 245, 246, 247, 253, 272, 273, 297, 298, 379

attestations, 37, 39, 41, 152, 247 bilingue, 194, 197, 235, 391 calque, 29, 139, 156 calques, 102, 156 catégorie grammaticale, 189, 213, 233, 234, 262, 267,

268, 269, 270, 271, 287, 379, 384 cheminement d'un terme, 35 Commission spécialisée de terminologie et de

néologie, 97, 101, 117 Commissions de terminologie et de néologie, 54 communauté, 50, 53, 54, 99, 115, 158, 218, 228, 309,

311, 313, 318, 322, 325 communauté de pratique, 53, 54, 99, 322 concept, 20, 33, 89, 97, 101, 116, 119, 150, 154, 159,

197, 284, 299, 300, 301, 302, 305, 308, 309, 310, 311, 313, 315, 316, 319, 320, 322, 380, 387, 389, 396

concept composé, 303 concepts, 14, 20, 99, 108, 174, 175, 181, 226, 228,

287, 300, 302, 303, 305, 310, 311, 313, 314, 315, 316, 317, 318, 320, 322, 340, 386, 389

concurrence, 19, 44, 51, 86, 151, 168, 249 connaissance, 23, 24, 41, 158, 166, 193, 198, 213,

227, 307, 309, 310, 313, 314, 315, 316 connaissances, 9, 13, 16, 18, 20, 23, 24, 25, 97, 112,

113, 130, 158, 166, 185, 187, 192, 195, 218, 225, 226, 239, 243, 244, 260, 288, 294, 297, 305, 306, 307, 309, 310, 313, 314, 315, 318, 320, 324, 325, 394

connotation, 19, 86, 87, 88, 180, 204, 249, 250, 251 conscience terminologique, 115

consensus, 14, 19, 20, 124, 125, 226, 238, 243, 280, 286, 288, 289, 295, 297, 306, 309, 318, 319, 387

contexte, 9, 21, 22, 23, 24, 29, 30, 102, 103, 109, 112, 116, 120, 121, 125, 156, 181, 185, 188, 218, 219, 226, 239, 240, 257, 265, 272, 273, 281, 287, 309, 310, 312, 322, 323, 324

coréférence, 177 corpus, 9, 17, 18, 19, 20, 84, 97, 115, 116, 124, 125,

129, 131, 154, 156, 157, 160, 161, 164, 165, 173, 175, 176, 177, 178, 194, 202, 204, 209, 219, 221, 222, 240, 243, 245, 246, 247, 248, 249, 251, 252, 253, 254, 255, 256, 257, 258, 259, 260, 261, 266, 267, 271, 272, 273, 281, 282, 283, 284, 285, 288, 289, 294, 299, 308, 309, 312, 313, 314, 316, 317, 321, 379, 382, 384, 385, 386, 387, 391, 394, 395

corpus de référence, 178, 222 création, 9, 21, 22, 23, 29, 41, 48, 53, 54, 72, 100,

101, 107, 108, 109, 150, 154, 173, 174, 177, 181, 214, 249, 250, 267, 323, 324

création terminologique, 23, 323 de terrain, 22, 107 définisseurs, 164, 179, 180, 234 définition, 20, 31, 78, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92,

93, 94, 95, 97, 99, 101, 103, 119, 122, 150, 151, 158, 159, 160, 165, 174, 175, 179, 180, 181, 188, 189, 191, 193, 197, 199, 200, 201, 203, 204, 206, 207, 211, 213, 214, 215, 221, 223, 224, 225, 228, 229, 230, 234, 235, 236, 237, 239, 244, 294, 295, 298, 299, 301, 302, 305, 308, 309, 311, 313, 314, 318, 319, 324, 380, 387

définitions, 13, 16, 18, 24, 25, 31, 85, 86, 94, 96, 97, 98, 116, 135, 138, 140, 160, 164, 177, 178, 179, 180, 181, 186, 187, 188, 193, 197, 210, 211, 212, 217, 221, 223, 224, 225, 226, 229, 230, 234, 239, 244, 249, 289, 293, 296, 297, 298, 299, 305, 306, 309, 314, 324, 325

Délégation générale à la langue française, 100 Délégation générale à la langue française et aux

langues de France, 100 dénomination, 33, 35, 130, 138, 158, 164, 170, 177,

228, 289, 302, 313, 386, 392, 396 dénominations, 13, 16, 17, 108, 129, 130, 131, 134,

138, 158, 188, 205, 306, 310, 314, 316, 317 dérivation, 23, 181, 231, 323, 324 dérivés, 52, 139, 148, 169, 251 descriptif, 114, 312 description, 22, 25, 30, 52, 98, 180, 186, 234, 308,

309, 312, 314, 321, 391, 394, 396 désignation, 29, 121, 170, 177, 180, 231, 311, 319 diachronie, 175

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diachronique, 21, 29, 129, 173, 391 diachroniques, 25, 322, 325, 388, 389 dictionnaire, 5, 7, 9, 13, 14, 18, 20, 24, 25, 52, 53, 56,

86, 122, 130, 131, 140, 141, 142, 143, 144, 145, 151, 152, 161, 162, 163, 164, 168, 169, 178, 179, 180, 181, 185, 186, 187, 188, 190, 191, 192, 193, 194, 195, 196, 197, 198, 199, 201, 202, 204, 205, 206, 207, 209, 210, 211, 212, 213, 214, 215, 217, 218, 219, 220, 221, 222, 223, 224, 225, 226, 227, 228, 229, 230, 234, 235, 236, 237, 238, 239, 240, 243, 249, 258, 271, 288, 289, 293, 294, 295, 296, 297, 298, 299, 307, 323, 324, 379, 382, 383, 384, 386, 387, 388, 389, 392, 393

dictionnaires, 9, 18, 140, 162, 164, 167, 186, 187, 188, 191, 192, 193, 197, 198, 211, 218, 221, 228, 238, 249, 251, 293, 294, 311, 388, 394, 395, 396

dictionnairiste, 116 différenciation spécifique, 302, 303 diffusion, 9, 21, 23, 75, 101, 104, 120, 192, 216, 323,

390 diffusion du savoir, 23 discours, 19, 78, 114, 115, 129, 158, 166, 167, 226,

230, 257, 277, 309, 312, 313, 314, 315, 316, 317, 318, 384, 386, 389, 390, 392, 393

diversité langagière, 307, 317 domaine, 9, 13, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24,

25, 29, 30, 31, 40, 53, 54, 76, 84, 97, 98, 99, 101, 102, 103, 104, 107, 109, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 120, 121, 122, 123, 125, 129, 130, 132, 133, 135, 137, 138, 140, 152, 156, 157, 159, 160, 161, 162, 163, 164, 165, 166, 167, 169, 170, 175, 176, 178, 179, 181, 185, 186, 187, 188, 189, 191, 192, 193, 195, 196, 197, 198, 215, 217, 218, 219, 220, 221, 223, 225, 226, 227, 231, 232, 233, 234, 236, 237, 239, 241, 243, 244, 245, 248, 249, 257, 258, 259, 260, 272, 273, 280, 282, 283, 286, 287, 288, 289, 293, 294, 295, 296, 297, 300, 305, 307, 309, 311, 312, 315, 316, 317, 318, 319, 320, 323, 324, 325, 326, 382, 385, 387, 393, 394

domaines, 16, 17, 18, 76, 78, 97, 100, 107, 124, 125, 129, 130, 131, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 138, 145, 157, 159, 162, 163, 164, 165, 170, 175, 178, 191, 193, 195, 198, 212, 215, 219, 221, 225, 226, 227, 230, 231, 232, 233, 234, 249, 256, 257, 258, 259, 272, 279, 280, 286, 287, 288, 289, 294, 296, 297, 305, 306, 307, 308, 309, 313, 381, 382, 384

dynamique de la langue, 21, 25, 307, 326 dynamique lexicale, 173, 174 emprunt, 54, 140, 166, 169, 392 emprunts, 100 enquête, 13, 16, 105, 107, 115, 116, 117, 118, 120,

121, 122, 124, 125, 256, 280, 387, 392 enquêtes, 22, 107, 114, 115, 116, 117, 125, 129, 173,

175, 177, 281, 323 enrichissement de la langue, 100, 101

entrée, 48, 60, 62, 69, 85, 86, 88, 115, 116, 142, 146, 149, 163, 178, 179, 197, 198, 200, 201, 202, 204, 205, 206, 209, 210, 211, 213, 215, 221, 226, 233, 234, 236, 283, 284, 295

équivalent, 83, 87, 90, 92, 101, 155, 179, 188, 197, 215, 223, 310

équivalents étrangers, 101, 235 euphémisme, 97, 167 euphémismes, 99, 125, 324 évolution, 16, 21, 22, 23, 29, 31, 35, 47, 99, 103, 107,

115, 122, 125, 130, 139, 150, 156, 168, 170, 173, 174, 181, 192, 194, 195, 217, 218, 228, 237, 239, 245, 258, 287, 288, 296, 323, 324, 386, 388, 394

évolution sémantique, 31 exemple, 13, 16, 41, 77, 87, 98, 99, 102, 103, 104,

115, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 133, 142, 146, 150, 165, 166, 179, 191, 197, 202, 205, 207, 210, 211, 214, 215, 236, 238, 249, 267, 271, 272, 273, 284, 300, 311, 312, 315, 317, 318, 319, 387, 394

expert, 107, 121, 225, 278, 296 experts, 5, 9, 11, 13, 17, 18, 19, 20, 22, 24, 25, 29,

97, 99, 107, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 119, 121, 122, 123, 124, 156, 158, 161, 166, 167, 169, 170, 174, 175, 180, 219, 220, 221, 222, 223, 224, 225, 226, 227, 228, 229, 230, 231, 233, 234, 236, 237, 238, 239, 244, 250, 256, 257, 259, 260, 270, 278, 280, 281, 282, 284, 286, 287, 288, 289, 291, 293, 295, 296, 297, 302, 305, 306, 308, 309, 313, 315, 316, 317, 318, 319, 320, 323, 324, 325

expression, 22, 52, 86, 91, 93, 95, 100, 122, 150, 157, 165, 190, 192, 193, 197, 206, 207, 211, 212, 251, 256, 269, 282, 312, 319, 384

extraction de termes candidats, 122, 125, 222, 258, 267, 274, 277

extraction terminologique, 116, 258 fiche terminologique, 178, 224 figement, 17, 23, 29, 99, 102, 103, 174, 177, 181,

239, 323, 324 formation du vocabulaire, 120 formation terminologique, 54 formule, 45, 52, 191, 197 formules, 189, 197 gestion documentaire, 24 glissement de sens, 17, 138, 150 hapax, 232, 233, 285, 287 hésitations, 87 histoire, 9, 13, 16, 18, 21, 22, 29, 30, 34, 45, 71, 84,

102, 103, 104, 108, 150, 192, 218, 225, 228, 244, 248, 287, 324, 385, 388, 391, 394, 395, 396

histoire des idées linguistiques, 22, 30 hypercorrection, 17, 138, 146, 233 hyperonyme, 162, 284, 379 hyponymes, 200, 207 illustrations, 14, 20, 189, 197, 200, 379

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implantation, 76, 109, 115, 120, 256, 389 impropre, 155, 156 index, 131, 188, 189, 190, 194, 220, 397 influence, 23, 30, 41, 76, 102, 103, 118, 121, 168,

181, 239, 249, 257, 323, 324 ingénierie des connaissances, 24, 25 ingénierie des langues, 9, 243 instabilité, 22, 107, 114, 124, 176 instabilité langagière, 114 intentions, 114 interactions, 16, 122, 125, 130, 214, 226 introductions, 130, 188, 213, 395 langage, 1, 121, 260, 394, 395 langage courant, 13, 17, 120, 123, 129, 156, 270,

272, 284, 387 langue, 5, 9, 13, 16, 17, 21, 22, 29, 37, 38, 40, 51, 53,

54, 55, 84, 99, 100, 101, 117, 122, 125, 129, 131, 133, 139, 140, 142, 146, 147, 148, 150, 151, 156, 157, 158, 159, 161, 162, 163, 164, 165, 166, 168, 170, 173, 174, 177, 178, 181, 187, 188, 189, 192, 195, 206, 208, 217, 219, 221, 225, 227, 234, 237, 239, 244, 249, 250, 251, 268, 280, 285, 286, 293, 299, 307, 309, 310, 311, 312, 313, 314, 316, 318, 319, 321, 322, 323, 324, 325, 382, 383, 385, 386, 387, 388, 389, 390, 392, 393, 394, 395, 397

langue cible, 189, 191 langue de spécialité, 115, 129, 156, 157, 158, 159,

165, 166, 307 langue générale, 129, 156, 158, 159, 163, 164, 165,

170, 239 langue source, 189, 191 langue spécialisée, 158 lexicographe, 116, 188, 318 lexicographie, 14, 20, 116, 206, 226, 238, 305, 307,

311, 388, 395 lexicologie, 26, 116, 307, 308, 313, 322, 325, 387,

393, 394, 395 lexie simple, 161 lexie usuelle, 161 lexique, 21, 85, 86, 131, 160, 173, 188, 192, 215,

220, 307, 309, 312, 314, 389, 392, 394, 397 lexiques, 186, 187, 197, 221, 259, 267, 293, 294 linguiste, 21, 24, 25, 107, 114, 122, 156, 174, 185,

223, 225, 239, 244, 260, 286, 289, 296, 325, 326 marque d’obsolescence, 154 métalexicographique, 18, 188, 192, 249 méthode, 18, 21, 219, 220, 238, 245, 288, 294, 299,

307, 308, 309, 316, 317, 380, 387, 394 méthodologie, 9, 18, 24, 238, 287, 288, 324, 325 monolingue, 197 morphologique, 43, 125, 150, 174, 285 morpho-syntaxique, 231, 232, 233 morphosyntaxique, 125 motivations, 17, 18, 20, 114, 156, 173, 174, 177, 278,

293, 388

néologie, 13, 17, 18, 23, 54, 84, 96, 99, 100, 101, 116, 117, 125, 129, 131, 137, 142, 151, 157, 160, 161, 171, 173, 174, 175, 178, 180, 185, 186, 219, 220, 221, 228, 236, 258, 267, 274, 288, 294, 296, 323, 324, 387, 388, 392, 393, 396, 397

néologisme, 52, 123, 150, 154, 233, 237 niveau documentaire, 18, 189, 190, 192, 212, 383,

384 niveau linguistique, 18, 189, 191, 199, 213, 383, 384 niveau notionnel, 18, 189, 191, 197, 212, 383, 384 normalisation, 23, 117, 181, 189, 192, 217, 220, 323,

324 note, 37, 52, 53, 89, 91, 95, 124, 125, 149, 158, 165,

176, 179, 180, 189, 190, 191, 195, 196, 204, 206, 212, 215, 235, 236, 249, 253, 255, 257, 277, 285, 296, 298, 389

objectivation, 125 obsolescence, 154, 155, 156 obsolète, 154, 155 onomasiologie, 25, 230, 322, 325 onomasiologique, 305, 306, 310, 317 ontologie, 14, 20, 238, 307, 313, 314, 315, 316, 317,

389, 395 ontoterminologie, 20, 309, 314, 316, 321, 396 opacité, 166, 170, 324 paradigmes désignationnels, 177 pérennisation de connaissances, 185 périphrases, 152 polysémie, 197, 311 pratique terminologique, 116, 289 pratiques, 13, 16, 22, 23, 25, 99, 103, 104, 114, 178,

224, 228, 272, 302, 313, 315, 318, 325, 387, 391 pratiques langagières, 13, 16, 114, 315, 319 précision lexicale, 257 précision scientifique, 97, 99, 125, 156, 170, 177,

257, 324 préface, 130, 131, 189, 388, 391 prescriptif, 114 processus, 16, 21, 22, 25, 29, 54, 87, 98, 99, 102,

108, 124, 125, 157, 166, 167, 173, 174, 175, 177, 180, 185, 186, 199, 205, 214, 217, 228, 239, 243, 244, 245, 258, 260, 281, 282, 306, 323, 325, 384

productif, 43, 53, 102 productive, 192 productivité, 29, 41, 53, 102, 231, 237, 239, 251 projet dictionnaire, 130, 178, 179, 180, 181, 224, 296 psycholinguistique, 108 quasi-synonyme, 145 recommandations, 99, 156, 258 référentiel terminologique, 23 refomulation synonymique, 180 reformulation, 124, 125, 131, 176, 180, 311, 388 reformulation discursive, 177 reformulations, 124, 125, 152, 281, 282 renommer, 88

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renvoi, 86, 89, 93, 179, 199, 200, 201, 202, 204, 205, 206, 208, 211, 213, 214, 235, 383

renvois, 88, 90, 96, 191, 192, 199, 200, 201, 204, 205, 207, 208, 211, 213, 215, 235, 383

répertoires, 23, 186, 221, 293, 294, 323 répertoires terminologiques, 23 représentation conceptuelle, 14, 19, 25, 238, 258,

288, 302, 306 représentation lexicale, 207, 324 représentation terminologique, 25 réseau conceptuel, 315, 317, 319, 393 ressource dictionnairique, 178, 186 ressource terminologique, 21, 22, 23, 24, 25, 185,

244, 258, 267, 288, 323, 325 ressources terminologiques, 185, 188, 189, 220, 239,

386 réunions dictionnaire, 178, 219, 224, 296 rigueur, 97, 156, 170, 181, 217 schémas, 20, 189, 197, 212, 215, 291, 293, 320 scientifique, 96, 165, 181 secret, 103, 125, 165, 249 sémantique, 17, 19, 124, 125, 158, 164, 177, 180,

231, 271, 273, 281, 307, 317, 387, 389, 396 sémantique discursive, 177 sémantique référentielle, 312 sémasiologie, 25, 230, 322, 325 sémasiologique, 305, 306, 310 sensible, 53, 103, 125, 169, 177, 249 sentiment terminologique, 123, 125 sigles, 120, 121, 196, 247, 286, 388 signification, 78, 93, 116, 129, 150, 156, 179, 228,

237, 312, 316 sociolinguistique, 107, 115, 387, 391 socioterminologie, 107, 316, 391 sous-corpus, 130, 245, 247, 251 sous-domaine, 99, 116, 130, 133, 137, 157, 160, 161,

164, 187, 193, 197, 198, 226, 231, 232, 233, 237, 261, 288, 296

spécialisation, 17, 129, 156, 161, 164, 165, 176, 228, 280, 289, 295, 296, 297, 300, 317, 382

spécialistes, 30, 89, 100, 101, 115, 116, 124, 129, 159, 178, 187, 219, 226, 257, 260, 272, 283, 284, 286, 288, 306, 318, 326

stabilité, 80, 107, 129, 164, 174, 175, 176, 203, 219, 255, 307

structure conceptuelle, 315 structure lexicale, 315 stylistique, 31 subjectivation, 125 subjective, 123, 326 subjectivité, 186, 239, 281, 287, 392 symbole, 36, 191, 197 symboles, 32, 158, 189, 271 symétrie synonymique, 207 synchronique, 175

synchroniques, 25, 322, 325 synonyme, 51, 53, 86, 95, 125, 142, 151, 205, 206,

208, 235, 311 synonymes, 125, 142, 179, 191, 192, 205, 206, 207,

208, 209, 210, 235, 312, 384, 390 système notionnel, 314, 316, 319, 321 tabou, 97 tabous, 99, 125, 167, 324 témoignages, 5, 9, 21, 22, 23, 29, 84, 107, 169, 185,

244, 289, 291, 293 terme, 13, 17, 19, 20, 23, 24, 29, 31, 35, 38, 39, 40,

41, 44, 51, 52, 53, 54, 56, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99, 102, 103, 104, 107, 108, 115, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 129, 134, 135, 136, 137, 138, 139, 140, 142, 145, 146, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153, 154, 156, 160, 162, 163, 164, 165, 166, 168, 169, 173, 174, 176, 179, 180, 181, 188, 189, 193, 194, 197, 198, 199, 201, 204, 206, 207, 210, 211, 213, 214, 216, 217, 221, 223, 225, 226, 228, 231, 233, 234, 235, 236, 237, 239, 247, 248, 249, 250, 251, 252, 257, 258, 265, 271, 273, 274, 276, 277, 278, 279, 280, 281, 283, 284, 285, 287, 289, 291, 297, 298, 300, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 314, 318, 319, 320, 322, 323, 324, 379, 381, 382, 384, 387, 395, 396

terme à déconseiller, 150 terme déconseillé, 95, 150 termes, 9, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 23, 24, 25, 29,

30, 33, 35, 36, 38, 41, 44, 51, 52, 53, 54, 78, 84, 85, 86, 87, 88, 90, 95, 96, 97, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 108, 115, 116, 117, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 129, 130, 134, 135, 137, 138, 146, 147, 148, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 157, 158, 159, 160, 161, 162, 164, 165, 166, 167, 168, 170, 173, 174, 175, 176, 177, 178, 179, 180, 181, 186, 187, 188, 191, 192, 193, 195, 198, 200, 201, 206, 207, 211, 214, 216, 217, 221, 222, 223, 224, 225, 226, 227, 228, 229, 230, 231, 233, 235, 236, 238, 239, 244, 245, 246, 247, 249, 250, 251, 252, 253, 256, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 267, 268, 269, 270, 271, 272, 273, 274, 276, 277, 278, 280, 281, 282, 283, 284, 285, 286, 287, 288, 289, 291, 293, 294, 295, 296, 297, 298, 299, 305, 306, 310, 311, 312, 313, 314, 316, 317, 319, 320, 322, 323, 324, 325, 341, 379, 382, 385, 389, 392, 393

termes candidats, 178 termes d’usage, 317 termes normés, 316, 317 terminologie, 9, 13, 15, 17, 18, 20, 21, 22, 23, 24, 25,

26, 29, 30, 54, 55, 78, 84, 87, 96, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 107, 108, 112, 114, 115, 116, 117, 120, 125, 126, 129, 131, 137, 138, 142, 150, 151, 157, 158, 159, 160, 165, 166, 167, 169, 173, 174,

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175, 177, 178, 180, 181, 185, 186, 187, 188, 193, 198, 207, 216, 217, 218, 219, 220, 221, 222, 224, 225, 227, 228, 230, 234, 235, 236, 239, 240, 243, 249, 250, 258, 260, 283, 285, 286, 287, 294, 296, 297, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 314, 315, 316, 317, 318, 319, 321, 322, 323, 324, 325, 326, 385, 386, 387, 388, 389, 390, 391, 392, 393, 394, 395, 396, 397

terminologie descriptive, 116 terminologies d’entreprises, 170 terminologique, 9, 13, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22,

23, 24, 25, 33, 54, 112, 114, 121, 122, 123, 140, 141, 142, 143, 144, 145, 151, 152, 160, 162, 163, 164, 168, 171, 173, 175, 177, 178, 179, 181, 183, 185, 188, 189, 190, 191, 219, 221, 224, 225, 228, 230, 231, 233, 238, 239, 240, 243, 244, 257, 258, 259, 260, 267, 271, 273, 274, 283, 284, 285, 287, 288, 289, 294, 295, 296, 297, 300, 306, 307, 312, 316, 322, 323, 324, 325, 379, 382, 387, 388, 389, 390, 391, 392, 393, 396

terminologue, 19, 21, 24, 25, 107, 114, 116, 239, 240, 244, 260, 267, 283, 285, 286, 287, 288, 289, 296, 322, 325, 389, 391, 392, 393, 394

typographie, 189, 190, 193, 215 usage, 19, 23, 24, 25, 29, 33, 43, 44, 85, 86, 87, 99,

100, 101, 103, 114, 118, 120, 123, 146, 152, 154, 156, 158, 162, 163, 166, 174, 175, 176, 181, 206, 211, 225, 226, 228, 234, 239, 240, 243, 244, 249, 253, 259, 267, 286, 287, 300, 309, 310, 314, 316, 317, 318, 323, 324, 385, 392

usages, 13, 14, 17, 19, 112, 114, 124, 129, 145, 146, 150, 152, 154, 157, 165, 177, 219, 222, 243, 244, 252, 253, 258, 259, 280, 281, 284, 287, 288, 307, 387

valeur affective, 53 variabilité, 138, 176 variante graphique, 145 variantes, 18, 59, 122, 154, 175, 189, 284 variation, 14, 17, 19, 22, 33, 35, 97, 98, 99, 107, 124,

129, 131, 138, 164, 170, 175, 179, 180, 238, 243, 258, 278, 280, 281, 284, 285, 287, 288, 295, 296, 297, 300, 306, 307, 387

variation des définitions, 97 variation du domaine, 97 variation terminologique, 99 variations d'usage, 24, 244, 257, 318, 321 vocable, 9, 311 vocables, 101, 161 vocabulaire, 13, 14, 17, 18, 19, 21, 29, 30, 33, 34, 52,

56, 78, 101, 115, 116, 118, 120, 125, 139, 154, 156, 157, 158, 159, 160, 164, 165, 166, 167, 170, 173, 174, 176, 183, 185, 187, 188, 189, 195, 219, 220, 228, 236, 241, 243, 251, 257, 267, 268, 281, 286, 288, 289, 307, 310, 312, 385, 387, 388, 389, 390, 391, 392, 394, 397

vocabulaires, 84, 108, 116, 159, 160, 165, 168, 186, 192, 221, 228, 288, 293, 294, 385, 392, 393

vulgarisation, 9, 103, 104, 114, 165, 177, 187, 195, 389

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Index des termes

1 300 mégawatts électriques, 138, 139 1 300 mégawatts électriques palier quatre boucles,

138 1 450 mégawatts électriques, 138, 139 1300 mégawatts électriques, 72 1450 mégawatts électriques, 72 900 mégawatts électriques, 68, 69, 72, 74, 138, 139,

150 abondance isotopique, 205, 206, 209 absorbant, 46, 124, 200, 275, 278, 279, 281 absorbant neutronique, 280, 281 accélérateur, 41, 48, 200 accélérateur circulaire de particules, 168 accélérateur de particules, 168 accélérateurs, 41, 44, 48 accident, 62, 77, 78, 109, 119, 122, 150, 151, 152,

153, 154, 218, 272, 291 accident de criticité, 178, 180 accident de dimensionnement, 119, 123 accident nucléaire, 62, 78 activité nucléaire, 135, 136, 137, 138 agrément de colis de déchets, 118 agrément multilatéral d'emballage, 118 agrément unilatéral d'emballage, 118 aiguille, 162, 163, 164, 165 air de migration, 118 ajustement isotopique, 118, 134, 135, 136, 137 albédo, 272 alliage base zirconium, 233 allongement, 272 allongement du crayon (de combustible), 272 analyse de sûreté nucléaire, 119 analyse déterministe, 119 analyse probabiliste, 119 analyse probabiliste de la sûreté nucléaire, 119 antinucléaire, 251 antinucléaires, 251, 255 antiréactivité, 178, 180 architecture du contrôle-commande, 233 arme, 247 arme atomique, 249 armement atomique, 249 arrêt à chaud, 178, 180 arrêt à froid, 178, 180, 285 arrêt d’urgence, 178, 180 arrêt sûr, 285 artificiels, 43 ASG, 286, 290, 297 assèchement, 90, 272 assemblage restauré, 124

atome, 15, 30, 31, 33, 40, 41, 45, 46, 49, 56, 59, 68, 153, 198, 202, 248, 249, 250, 257, 372, 373, 378, 380, 381

atomique, 19, 31, 33, 46, 131, 169, 244, 245, 246, 247, 248, 249, 250, 251, 252, 253, 254, 255, 256, 257, 376, 381, 382

atomos, 30, 31, 33, 248 axial offset, 124 bain de corium, 152 bain de quelques kilogrammes de combustible, 152,

153 baisse de réactivité, 180 banalisé, 236, 237 barre, 123 barre de commande, 177, 281 barre de contrôle, 177 barre grise, 270 barre noire, 270 barreau, 123 barrière, 55, 178, 180, 181, 284 barrière de confinement, 178, 180, 181 barrière thermique, 284 barrière thermique (des pompes primaires), 284 barrière thermique de la pompe, 284 barrière thermique des pompes primaires, 284 barrières thermiques des joints de pompes primaires,

284 Baryum, 44 bataille de l'eau lourde, 45 bâtiment combustible, 290 bâtiment réacteur, 70, 153, 285, 290 bipartition, 51, 52, 53, 169 BK, 290 blocage de déchets radioactifs, 121 bombe, 247, 251 bombe atomique, 249 bombes atomiques, 30, 45, 102, 249 bouchon, 122, 272 bouchon de crayon, 272 boucles, 68, 138, 235, 290 BR, 70, 290 brûlage, 89, 201 brûler, 268 burnup, 279, 281 caléfaction, 16, 84, 89, 90, 91, 97, 98 campagne de combustible en réacteur, 123 capacité d’un dispositif, 180 cartouche, 118 cassure, 51, 52, 169 cassure en deux fragments, 52, 169 CDA, 118 cellule chaude, 178, 180, 181

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cendrier, 17, 138, 150, 151, 152, 153, 154, 166 centrale nucléaire, 178, 180, 181, 249 chambre à brouillard, 206, 214 chambre à bulles, 214, 216 chambre à détente, 206 chambre à diffusion, 216 chambre à nuage, 206, 216 chambre à réaction, 216 chambre à trace, 216 chambre d’ionisation étalon, 207 chambre de Wilson, 206, 216 chambre étalon, 207 charger, 268 château de transport, 178, 179 chaud, 16, 84, 93, 94, 165, 284 Chaudière, 113, 123 chaudière nucléaire, 178, 179, 291 chaudière nucléaire à eau pressurisée, 139 chauffage gamma, 124, 280, 281 chaufferie nucléaire embarquée, 135, 138 chaussette, 162, 163, 164 cheminement d'un terme, 35 chimie, 137 choc, 44, 50, 71, 72, 208 chouquage, 121 chuter, 268, 284 circuit, 123 circuit eau-vapeur, 233 circuit primaire, 15, 68, 69, 70, 77, 121, 124, 234,

236, 278, 279, 284, 285, 291 circuit primaire (principal), 284 circuit primaire principal, 284, 285, 290 circuit principal, 284 circuit secondaire, 15, 68, 69, 70 circularité, 209 classe (de sûreté) IPS-NC, 285 classe (de sûreté) non-IPS, 285 classe de sûreté, 284 classe de sûreté (1 ou 2), 285 classe de sûreté LS, 285 classe de sûreté SH, 285 coefficient de vide, 121 colis, 80, 82, 83, 118 collision, 41, 193, 194, 208, 210, 370 combustible, 56, 69, 116, 123, 133, 134, 157, 165,

226, 227, 231, 232, 233, 234, 237, 258, 259, 294, 295, 296

combustible déchargé, 124 combustible irradié, 54, 85, 86, 153, 176, 286, 368 combustible mixte, 125 combustible nucléaire, 109, 112, 135, 178, 179, 290 combustion massique, 208, 209, 371 commande, 120, 178, 181, 227, 232, 233, 234, 237,

285 compartiment spécifique, 153, 154

comptage, 211 compteur Geiger, 40, 41 compteur Geiger-Müller, 41 Compton, 46, 200 conditions de fonctionnement, 285 conduire, 268 conduite, 177 conduite d'un réacteur, 177 configuration du cœur, 125 confiner, 268, 284 conservatif, 121 conteneur de transport, 135 conteneur de transports, 118 contraintes de Von Mises, 122, 272 contrôle-commande, 180, 227, 229, 232, 233, 234,

236, 237, 295 corps migrants, 120, 275 courbe isodébit, 135, 137 crayon, 104, 123, 162, 163, 164, 165, 166, 178, 179 crayon de combustible, 163, 165 crise d'ébullition, 16, 84, 89, 90, 91, 92, 98, 99 crise d'ébullition (DNB), 91 critère de défaillance, 284, 285 critère de défaillance unique, 284 criticalité, 156 criticité, 156, 178, 180 cycle du combustible, 16, 75, 78, 85, 88, 89, 118,

178, 180, 381, 382 cyclotron, 41, 44, 48, 168, 200 déchargement du combustible, 125, 281 déchet radioactif, 88 déchets A, 79, 80 déchets alpha, 79 déchets B, 79, 80, 81 déchets C, 79, 80, 82 déchets de catégorie A, 79 déchets nucléaires, 16, 76, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 132,

255 déchets vitrifiés, 79, 82 déclenchement, 180 déconstruction, 123 défaillance de cause commune, 119 défaillance de mode commun, 119 défaillance unique, 119, 178, 179, 284, 285 défense, 130, 137 défense en profondeur, 178, 179 densité de flux thermique critique, 90 déséquilibre axial de flux, 124 désintégration, 43, 51, 52, 169, 199, 248 détecteur, 40, 119, 214, 217 diagramme de fonctionnement, 124, 280 dispositif de production d'énergie, 52 dissuasion, 130, 248 divergence, 46, 253 diverger, 268

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doigt de gant, 119, 162, 163, 178, 180 dose létale, 135, 137 dose létale moyenne, 135, 137 dose limite, 135, 136, 137 dose maximale admissible, 135, 137 EAS, 290, 297 ébullition nucléée, 90 écran, 135, 136 éjection de grappe, 125 EL1, 47 EL2, 47 EL3, 47 élasticité, 122, 272 électricité nucléaire, 249 électron, 41, 199, 200 élément primordial, 30, 33, 248 élimination de déchets radioactifs, 118 emballage de transport et d'entreposage, 118 emballement, 180 enceinte de confinement, 55, 58, 70, 77, 150, 153,

285 énergie atomique, 31, 40, 117, 130, 177, 189, 195,

211, 220, 248, 249, 250, 377, 383 énergie de liaison, 50 énergie nucléaire, 9, 13, 15, 17, 21, 22, 23, 27, 29,

30, 45, 47, 48, 49, 50, 72, 84, 100, 102, 103, 107, 110, 117, 129, 131, 138, 145, 146, 152, 153, 162, 163, 186, 218, 220, 225, 247, 249, 259, 307, 372, 375, 379, 380, 381, 382, 383, 384

enrichissement, 95, 134, 135, 178, 180 enrichissement de la langue, 100, 101 enrichissement du combustible, 125 enrichissement par laser, 118 entreposage, 165, 177 entreposage de déchets radioactifs, 176 épuisement du combustible, 124, 280, 281 épuisement spécifique, 178, 180 étude probabiliste de la sûreté, 118 étude probabiliste de sûreté’, 118 événement nucléaire, 78 évolutionnaire, 75, 236, 237 excursion de puissance, 134, 135 fabrication, 122, 272 facteur antitrappe, 178, 179 facteur d’atténuation, 135, 137 facteur de fission rapide, 121 facteur de transmission de dose, 135, 137 fertile, 88, 89, 155 filage, 122, 272 filière de réacteur, 134, 135 filières, 13, 15, 46, 55, 56, 57, 58, 61, 65, 72, 368 fissible, 53 fissile, 45, 50, 52, 53, 54, 57, 58, 65, 88, 89, 147,

169, 270, 284

fission, 15, 41, 44, 45, 46, 50, 51, 52, 53, 54, 56, 57, 68, 80, 81, 82, 85, 86, 87, 102, 121, 130, 153, 156, 169, 203, 209, 214, 215, 238, 249, 250, 277, 281

fission nucléaire, 249 fissionnable, 53 fissionner, 53, 54 fluence, 178, 179 fluide, 91, 110 fluide caloporteur, 56 fluide en ébullition, 89, 90 flyspeck, 120 fonction de sûreté, 285 fraction de gaz relâché, 124 fraction de gaz relâchée, 280 fusion thermonucléaire, 134, 135, 137 gadolinium, 272 gaz de remplissage du crayon, 281 générateur de vapeur, 122, 272, 290 générateurs de vapeur, 68, 69, 70, 113, 285 gestion de déchets radioactifs, 134, 135 gestion des combustibles nucléaires usés, 165, 176,

177 gestion du combustible, 125 gouvernance, 123 grandissement, 125 grandissement sous irradiation, 125 grappe, 104, 123, 273 grappe de commande, 177 grappe de contrôle, 281 grappe éjectée, 125 grille, 273 gris, 270, 284 groupe motopompe primaire, 290 guerre atomique, 249 heliotron, 121 hélium, 124, 281 hybride, 236, 237 hyperphosphorescence, 38, 41 hypothèse atomique, 15, 31, 32, 33 îlot nucléaire, 75, 290, 291, 367 impuretés, 36 incident nucléaire, 78 industrie nucléaire, 249 ionisation, 199, 207 IPG, 273 isotopes, 40, 42, 43, 44, 45, 50, 130, 198 laboratoire chaud, 84 laboratoires chauds, 93 languette de cellule de grille, 277 languette des grilles d'extrémités, 277 liquide, 91, 272 liquide en ébullition, 89, 90 lit de débris, 152 loi Bataille, 81 loi de relaxation des ressorts de maintien, 277

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longueur de migration, 121 M 310, 138 M 320, 138 masse atomique, 32, 36, 40, 248 matage, 122, 272 matières nucléaires, 130, 238, 255 mesure de densité par immersion, 281 milieu REP, 124, 280 mode commun de défaillance, 119 modérateur, 45, 47, 54, 56, 57, 59, 61, 65, 68 modérer, 268, 284 N4, 138, 139 neutrographie, 179 neutron, 42 neutronographie, 134, 135, 178 neutrons, 15, 31, 42, 43, 44, 45, 46, 49, 50, 51, 52,

54, 55, 56, 57, 63, 64, 65, 66, 67, 69, 72, 146, 150, 155, 156, 165, 198, 203, 204, 210, 366

noir, 270, 284 nombre atomique, 248 nombre de désintégrations, 180 nombre de transitions, 180 non acceptabilité, 125 non-prolifération, 131, 248 notation atomique, 248 noyaux, 40, 41, 42, 44, 45, 49, 50, 51, 54, 55, 68,

145, 203 nucléide, 17, 138, 142, 143, 144, 145, 146 nuclide, 138, 142, 145, 146 numéro atomique, 145, 146, 203, 248 P'4, 138 P4, 138 palier, 138 particules, 40, 44, 52 partition nucléaire, 52 pastille B4C, 280 pastille rectifiée, 125 permissif, 236, 237 perte de comptage, 211 perte de réfrigérant, 284, 285 perte de réfrigérant primaire, 284, 285 physique nucléaire, 22, 29, 30, 33, 48, 162, 249, 250,

376, 381 pile couveuse, 102, 146 pile de Chicago, 46 pile de Fermi, 46 pile G1, 48 pile ZOE, 47 piscine, 54, 134, 135, 166 plan d'urgence interne, 77 plan particulier d'intervention, 77 plaque supérieure de cœur, 120 plaque support de cœur, 120 plaquette de grille, 277 plaquettes externes, 277

plastification, 122, 272 poids atomique, 248 poison neutronique, 155, 156 poison nucléaire, 156 pollution radioactive, 122, 272 polonium, 36, 37, 38, 39, 41, 42, 72, 102, 199 pompe primaire, 122, 272 pressurisation du crayon, 124, 278, 279 pressuriseur, 68, 69, 150, 178, 180, 234, 235, 290 proton, 41 protons, 31, 41, 42, 48, 49, 55, 198 puissance dissipée dans l'eau, 280, 281 puissance dissipée dans l’eau, 124 puissance résiduelle, 178, 180 quadripartition, 53, 169 radiations uraniques, 34 radioactif, 38, 41 radioactifs, 36, 38, 39, 44, 50, 54, 78, 79, 80, 81, 82,

83, 87, 88, 97, 117, 118, 121, 132, 134, 135, 136, 150, 155, 167, 176, 189, 198, 377, 379, 381, 382

radioactives, 94 radioactivité, 15, 33, 34, 38, 39, 40, 41, 43, 44, 54,

55, 71, 76, 77, 79, 80, 81, 82, 168, 369, 372, 380, 381, 382, 383

radioactivité artificielle, 43, 44, 72, 168, 369, 380, 382

radioactivité induite, 39 radioactivité naturelle, 34, 43, 44, 71, 168 radioactivité provoquée, 44, 168 radioactivité spontanée, 44 radioazote, 43 radioélément, 40 radiophosphore, 42, 43 radioprotection, 135, 138 radium, 36, 37, 38, 39, 40, 48, 72, 166, 199, 373, 376 rayon alpha, 41 rayon béta, 41 rayon gamma, 41 rayonnement, 33, 34, 35, 38, 39, 40, 42, 55, 79, 200,

209, 372 rayonnement gamma, 39 rayonnements, 34, 35, 36, 38, 39, 55, 77, 79, 382 rayons uraniques, 34, 35 RCV, 290, 291, 298 réacteur à boucles, 118 réacteur à eau bouillante, 178, 179 réacteur à eau lourde, 139 réacteur à eau pressurisée, 103, 104, 138, 139, 140,

142 réacteur à eau sous pression, 13, 15, 17, 56, 58, 60,

65, 67, 68, 71, 72, 74, 75, 103, 104, 111, 113, 138, 139, 140, 141, 142, 154, 165, 238, 289, 376, 378

réacteur à eau sous pression de 1 450 mégawatts électriques, 138

réacteur à n boucles, 118

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réacteur nucléaire, 55, 56, 65, 68, 91, 92, 140, 151, 154, 156, 162, 163, 236, 237, 268, 289, 291

réacteur trois boucles, modèle n° 1, 138 réacteur trois boucles, modèle n°2, 138 réaction atomique, 250 réaction en chaîne, 15, 44, 45, 46, 51, 54, 56, 69, 102 réaction explosive, 52 réaction nucléaire, 52 réceptacle réfractaire de corium, 153, 154 rectification de pastille, 125 recueillir, 298 récupérateur, 151, 152, 154 récupérateur de corium, 17, 138, 150, 151, 152, 153,

154 récupérateur du cœur, 154 recycler, 298 redondant, 236, 237 règles de conception, 120 règles de sûreté, 120 rejeter, 298 relaxation du ressort de maintien, 277 REP, 138, 139 réservoir interne à l'enceinte, 153, 154 ressort de grille, 277 ressorts des cellules de grille, 277 retraitement, 16, 54, 69, 79, 81, 84, 85, 86, 87, 88, 89,

97, 99, 114, 165, 176, 177, 368, 369 retraitement (combustible), 85, 176 retraitement des combustibles, 86 retraitement des combustibles irradiés, 86, 176 retraitement du combustible, 79, 86, 97, 99, 176 richesse isotopique, 16, 84, 95, 96, 99 richesse isotopique pondérale, 95, 177 RRA, 290, 291, 298 RRI, 290, 297 rupture explosive, 52, 169 rupture nucléaire, 52, 169 SEC, 290, 297 secouru, 236, 237 section efficace, 135, 178, 180 sécurité nucléaire, 86 soudage TIG, 125 soudure TSBI, 125 stockage, 81, 165, 176, 177 stockage intérimaire, 155, 176 stockage provisoire, 176 stockage provisoire de déchets, 176 structure de l'assemblage, 281 support, 122, 272 suremballage, 121 sûreté nucléaire, 76, 77, 117, 132, 152, 370 surgénérateur, 17, 72, 104, 138, 146, 147, 148, 149 surrégénérateur, 17, 104, 138, 146, 148, 149, 150 synchrocyclotron, 42, 48, 168 synchrotron, 168

système, 20, 123, 291, 297, 298, 299, 301 système auxiliaire, 298, 301 système d'alimentation de secours des générateurs de

vapeur, 286, 290, 297 système d'appoint en eau et bore, 290 système d'aspersion de l'enceinte, 290 système d'eau brute secourue, 290 système d'injection de sécurité, 290 système de contrôle volumétrique et chimique, 290 système de protection, 285 système de recueil d'effluents, 298 système de refroidissement du réacteur à l'arrêt, 290 système de refroidissement intermédiaire, 290 système de rejet des effluents liquides, 298 système de sauvegarde, 238, 291, 297, 301, 302, 367 système de traitement, 298, 367 système de traitement des effluents, 290, 298, 299,

305, 367 système de traitement des effluents gazeux, 290, 298,

305 système de traitement des effluents liquides, 290, 298 système de traitement des effluents primaires, 290,

298 système de traitement des effluents solides, 290, 298 systèmes auxiliaires, 290, 291, 292, 293, 298, 300,

301, 367 systèmes de recueil, 298 systèmes de recueil d'effluents, 298 systèmes de rejet, 298 systèmes de rejet des effluents liquides, 298 systèmes de sauvegarde, 290, 291, 292, 297, 300, 367 systèmes de traitement, 293, 300, 303, 304 systèmes de traitement des effluents liquides

primaires et usés, 298 systèmes de traitement des effluents primaires, 303 systèmes de traitement et rejet des effluents gazeux,

298 taux d'épuisement, 177 taux de combustion, 124, 135, 209, 280, 281 taux de combustion de fission, 177 taux de comptage, 210, 211 taux de comptage maximal, 211 taux de dilution, 135, 137 taux de perte de comptage, 211 taux de relâchement des gaz de fission, 124, 278,

279, 280 TEC, 300 teneur, 96 teneur isotopique, 95, 96, 97, 99, 177, 205, 209, 368,

370 teneur isotopique pondérale, 95, 177 TEU, 290, 298, 300 théorie atomique, 31, 32, 33, 248 théorie de la fission, 44 TIG, 125

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tige de commande, 281 tout-ou-rien, 236, 237 trace de fission, 214 trace latente, 214 traitement, 85, 86, 87, 88, 97, 99, 165, 176, 177, 258,

285 traitement du combustible irradié, 85, 86, 97, 176,

368 traitements des effluents radioactifs, 88, 97 traiter, 298 tranche nucléaire, 178, 179, 290, 291, 297 transfert linéique d’énergie, 134, 135 transmutation, 40, 41, 43, 63, 81, 167, 268 transmutation artificielle, 41 transmutation naturelle, 40 transmutation spontanée, 40 trapèze, 124, 280, 281

tripartition, 51, 53, 169 TSBI, 125 tube, 162 uranium, 15, 33, 34, 35, 36, 38, 39, 42, 44, 45, 46, 47,

48, 49, 50, 51, 52, 54, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 63, 65, 67, 68, 69, 72, 75, 111, 112, 125, 139, 153, 196, 199, 214, 268, 271, 281, 366, 381

uranium enrichi, 47, 56, 57, 58, 59, 65, 68, 72, 125, 281

vis de fixation des tubes guides, 277 vis de fixation du tube-guide, 277 vitrification, 16, 82 zonage déchets, 121 zone contrôlée, 134, 135 zone protégée dans un revêtement réfractaire, 153 zone protégée par un revêtement réfractaire, 153, 154

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Index des noms propres

Avogadro, 32 Becquerel, 33, 34, 35, 38, 71, 361, 365 Berzélius, 32 Bohr, 41, 51, 52, 102, 202, 203 Chadwick, 42 Compton, 46, 200 Curie, 33, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45,

48, 52, 53, 54, 71, 102, 166, 167, 250, 361, 362, 365, 368, 370, 371, 372, 373

Curie Marie, 362, 371 Curie Pierre, 37, 361, 373 d'Avogadro, 32 Dalton, 31, 32 Debierne, 40 Démocrite, 30, 31, 104, 248 Empédocle, 30, 248 Gallium, 33 Gay-Lussac, 32 Geiger, 40, 41, 210 Hahn, 44, 51, 53 Halban, 45, 52 Héraclite, 30, 248 Kowarski, 44, 45, 47, 52, 53, 102, 146 Lawrence, 41, 42

Lecoq De Boisbaudran, 33 Leucippe, 30, 104, 248 Livingston, 41 Lucrèce, 31 Meitner, 44, 51 Mendeleïev, 32, 248 Müller, 41, 210 Noddack, 50 Otto Frisch, 44, 51, 52, 102 Perrin, 35, 39, 44, 52 Poincaré, 34, 35 Quinn, 35, 371 Röntgen, 33, 34 Rutherford, 38, 39, 40, 41, 42, 249 Savitch, 44 Soddy, 40 Thalès de Milet, 30, 248 Thomson, 35 Villard, 39 Von Halban, 44, 45 Wideröe, 41 Wilhelm Strassman, 44, 51

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Index des auteurs

Aristote, 103, 314 Arnault, 309 Auroux, 104, 349 Badash, 71, 349 Baraquin, 310, 349 Barbo, 35, 71, 349 Barré, 55, 65, 77, 78, 153, 349 Becquerel, 33, 34, 35, 38, 71, 349, 353 Bergounioux, 115, 349 Bertaccini, 317, 349 Bertel, 56, 349 Berzélius, 32 Bessé, 226, 349 Bilac, 238, 357 Bimbot, 48 Bonche, 29, 350 Bonin, 50, 350 Bordry, 41, 42, 43, 44, 350, 359 Boudia, 38, 350 Bourigault, 161, 243, 258, 261, 283, 284, 314, 350,

351 Branca-Rosoff, 161, 260, 350 Cabré, 5, 157, 158, 181, 217, 218, 258, 260, 312,

350, 352 Calberg, 29, 115, 156, 174, 187, 188, 217, 218, 219,

220, 231, 234, 238, 244, 258, 281, 288, 294, 295, 308, 315, 318, 350, 351, 352

Calberg-Challot, 29, 115, 129, 156, 157, 161, 165, 173, 174, 243, 244, 258, 286, 288, 294, 306, 308, 311, 351, 352, 354, 360

Calvet, 115, 351 Candel, 5, 100, 115, 116, 117, 120, 161, 165, 167,

169, 173, 174, 176, 186, 188, 192, 219, 221, 223, 231, 243, 244, 248, 249, 251, 258, 281, 286, 288, 295, 296, 299, 306, 307, 312, 351, 352, 353, 360

Candolle, 316, 352 Cassin, 310, 352 Chadwick, 42 Charles, 147, 188, 349, 352 Chelet, 250, 352 Chevallier, 117, 352 Condillac, 300, 312, 316, 317, 353 Coppolani, 157, 259, 291, 353 Corbin, 168, 231, 353 Cottez, 158, 316, 353 Curie, 33, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45,

48, 52, 53, 54, 71, 102, 166, 167, 250, 349, 350, 353, 356, 358, 359, 360, 361

Curie Marie, 350, 359 Curie Pierre, 37, 349, 361

Daladier, 313, 353 de Vecchi, 315 Delavigne, 33, 34, 35, 39, 43, 78, 167, 169, 174, 250,

258, 294, 353, 355, 356, 357, 358 Délégation générale à la langue française, 100 Depecker, 90, 117, 173, 175, 313, 318, 351, 353 Desbordes, 104 Desprès, 305, 315 Djambian, 308, 354 Draskau, 158, 358 Dubois, 108, 125, 159, 226, 354 Dumont, 5, 34, 35, 79, 81, 84, 88, 96, 115, 131, 160,

206, 209, 220, 243, 245, 253, 258, 259, 268, 278, 279, 351, 354, 356, 361

Durieux, 166, 354 Eluerd, 169, 354 Estachy, 315, 361 Felber, 316, 354 Fleury, 174, 243, 244, 245, 351, 354 Frege, 310, 355 Freiman, 87 Friedman, 314, 355 Gambier, 112, 351, 355 Gaudin, 108, 226, 351, 352, 353, 355, 356, 357, 358 Goffin, 169, 249, 307, 355 Goldschmidt, 40, 51, 140, 355, 357 Greimas, 169, 355 Guespin, 78, 353, 355, 356, 357, 358 Guilbert, 169, 307, 355 Habert, 258, 260, 355 Harris, 312, 353, 355, 356 Hermans, 108, 112, 159, 314, 356 Hug, 115, 356 Humbley, 5, 54, 120, 129, 156, 188, 192, 243, 258,

286, 297, 312, 350, 351, 352, 356, 358 Hurvic, 35 Joliot, 36, 42, 43, 44, 45, 47, 48, 52, 53, 54, 72, 167,

250, 349, 353, 358, 361 Jorda, 79, 356 Joseph, 5, 238, 243, 258, 259, 267, 273, 274, 277,

278, 279, 280, 282, 299, 351, 353, 356 Kerbrat-Orecchioni, 284, 356 Kocourek, 168, 192, 226, 284, 311, 313, 320, 352,

356 l'Homme, 315 La Gorse, 56, 357 Lavoisier, 316, 357 Lebart, 245, 357 Lerat, 78, 158, 235, 243, 308, 310, 311, 313, 314,

315, 321, 351, 357

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Lino, 313, 357 Lloret, 147, 188, 358 Mamavi, 117, 353 Mangeot, 238, 357 Marchaudon, 176, 352 Martinet, 174, 357 Morel, 115, 351 Mortureux, 177, 312, 313, 357, 358 Morvan, 139, 358 motivations, 17, 18, 20, 114, 156, 173, 174, 177, 278,

293, 352 Mounin, 159, 358 Musset, 147, 188, 358 Naudet, 56, 349 Neveu, 310, 358 Nicole, 309 Perrin, 35, 39, 44, 52 Pflaum, 37, 358 Picoche, 175, 358 Picton, 169, 358 Pinault, 44, 47, 52, 53, 166, 167, 358 Pitch, 158 Pruvost, 310, 358, 359 Quemada, 159, 169, 192, 352, 358, 359 Quinn, 35, 359 Radvanyi, 41, 42, 43, 44, 359 Rastier, 315, 359 Reid, 36, 37, 38, 39, 40, 359

Reuss, 41, 45, 46, 48, 50, 57, 58, 72, 74, 359 Rey, 238, 250, 312, 359 Roche, 5, 161, 238, 243, 288, 300, 302, 307, 308,

312, 313, 314, 315, 316, 318, 319, 351, 353, 354, 356, 357, 359, 360, 361

Rouget, 122, 175, 231, 360 Sablayrolles, 296, 352, 360 Sager, 54, 311, 350, 360 Salem, 244, 245, 260, 355, 357 Savitch, 44 Simondon, 320, 360 Sinclair, 260, 360 Slodzian, 314, 350, 360 Stemmelen, 167, 169, 250, 360 Szulman, 315, 354 Taton, 51, 360 Temmerman, 316, 360 Thoiron, 318, 349, 350, 356, 357, 360 Tolédano, 174, 176, 352 Tombeux, 167, 169, 174, 258, 296, 352 Villard, 39 Wexler, 169, 361 Wüster, 312, 314, 351, 352, 356, 361 X, 15, 33, 34, 35, 39, 41, 55, 163, 176, 200, 279, 280,

314, 351, 352, 354, 356, 360 Zak, 35, 361 Zaouy, 238, 359

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Table des illustrations

Figures

Figure 1. Premier cliché radiographique réalisé le 22 décembre 1895 ................................................... 34  Figure 2. Pierre et Marie Curie dans le « hangar de la découverte » à l'EPCI ©ACJC ........................ 36  Figure 3. Irène et Frédéric Joliot-Curie en 1935 ©ACJC......................................................................... 42  Figure 4. Couverture du journal Atomes ©ACJC....................................................................................... 47  Figure 5. Les « trois barrières » (Source : AREVA)................................................................................... 55  Figure 6. Schéma d'un réacteur Advanced gaz-cooled reactors (AGR)................................................. 58  Figure 7. Schéma d'un réacteur Uranium naturel graphite-gaz (UNGG).............................................. 59  Figure 8. Schéma d'un réacteur à eau lourde de type CANDU .............................................................. 60  Figure 9. Schéma d'un réacteur à eau bouillante (REB) ........................................................................... 61  Figure 10. Schéma d'un réacteur Reaktor Bolshoi Moshchnosti Kanalnye (RBMK).......................... 62  Figure 11. Schéma d'un réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium (SFR) ................................... 63  Figure 12. Schéma d'un réacteur à neutrons rapides refroidi au plomb (LFR) .................................... 64  Figure 13. Schéma d'un réacteur à neutrons rapides refroidi à l'hélium (GFR) ................................... 64  Figure 14. Schéma d'un réacteur à sel fondu (MSR)................................................................................. 66  Figure 15. Schéma d'un réacteur à très haute température (VHTR) ...................................................... 66  Figure 16. Schéma d'un réacteur à eau super-critique (SCWR)............................................................... 67  Figure 17. Schéma d'un réacteur à eau sous pression (REP)................................................................... 71  Figure 18. Echelle INES (International nuclear event scale) - (Barré 2003 : 113) ............................... 78  Figure 19. L'énergie, cœur de métier d'Areva (Source : Areva)............................................................. 111  Figure 20. Représentation lexicale de l'hyperonyme « tube » ................................................................ 162  Figure 21. Interaction Combustible-Chaudière ....................................................................................... 164  Figure 22. Fiche terminologique type........................................................................................................ 179  Figure 23. Réseau lexical construit à partir d’articles extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires édition 1975 ........................................................................................................................... 207  Figure 24. Réseau lexical construit à partir d’articles extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires édition 1975 ........................................................................................................................... 216  Figure 25. Réseau lexical construit à partir d’articles extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires édition 2008 ........................................................................................................................... 216  Figure 26. Document support aux « réunions dictionnaire » ................................................................ 222  Figure 27. Résultats extraction de termes candidats ............................................................................... 222  Figure 28. Récapitulatif général du dictionnaire ...................................................................................... 223  Figure 29. Fiche terminologique type........................................................................................................ 224  Figure 30. « atomique », Veille-Info, fréquence absolue par sous-corpus.............................................. 252  Figure 31. « nucléaire », Veille-Info, fréquence absolue par sous-corpus .............................................. 253  Figure 32. « nucléaire » et « atomique », Le Monde (sous-corpus 4), spécificités par mois ............. 254  Figure 33. « nucléaire », Le Monde « Société », fréquence absolue par mois ..................................... 254  Figure 34. « atomique », Le Monde « Société », fréquence absolue par mois .................................... 255  Figure 35. segments répétés « matière » et « déchet », Le Monde, « Société », fréquence absolue par

mois ........................................................................................................................................................ 256  Figure 36. Sélection de la catégorie grammaticale ................................................................................... 262  Figure 37. Sélection termes candidats par fréquence et couverture ..................................................... 263  Figure 38. Hiérarchisation des termes candidats sur six niveaux.......................................................... 264  Figure 39. Relations sémantiques entre termes candidats ...................................................................... 265  Figure 40. Contexte d'emploi du terme candidat .................................................................................... 265  Figure 41. Choix du mode de travail ......................................................................................................... 266  Figure 42. Interface en mode « feuille de données » ............................................................................... 266  

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Figure 43. Schéma d'une tranche nucléaire (Source : Areva NP) ......................................................... 290  Figure 44. Représentation de la notion de « système » de l'îlot nucléaire ............................................ 291  Figure 45. Représentation de la notion de « systèmes de sauvegarde » de l'îlot nucléaire................. 292  Figure 46. Représentation de la notion de « systèmes auxiliaires » de l'îlot nucléaire ........................ 292  Figure 47. Représentation de la notion de « systèmes de traitement des effluents primaires » des

« systèmes auxiliaires » de l'îlot nucléaire .......................................................................................... 293  Figure 48. Représentation de la notion de « système » (Etat du Dictionnaire Areva NP en février

2007)....................................................................................................................................................... 298  Figure 49. Représentation de la définition de « système de traitement des effluents » : types (Etat du

Dictionnaire en février 2007) ............................................................................................................. 299  Figure 50. Représentation de la définition de « système de traitement des effluents » : actions (Etat

du Dictionnaire en février 2007)........................................................................................................ 299  Figure 51. Réseau conceptuel de « système » ........................................................................................... 301  Figure 52. Réseau conceptuel des « systèmes auxiliaires » ..................................................................... 301  Figure 53. Représentation conceptuelle de « système de sauvegarde » ................................................ 302  Figure 54. « Concept simple » et « concept composé » .......................................................................... 303  Figure 55. Catégorie des systèmes de traitement des effluents primaires............................................ 304  Figure 56. Catégorie des actions................................................................................................................. 305  Figure 57. Catégorie des états ..................................................................................................................... 305  Figure 58. Dire n'est pas concevoir (Roche 2007) .................................................................................. 315  Figure 59. Les étapes de la méthode issue des travaux de recherche de l’équipe Condillac

(Laboratoire Listic - Université de Savoie) et mise en œuvre dans les applications Onomia .. 317  Figure 60. Réseau conceptuel d'une jante................................................................................................. 319  Figure 61. Représentation conceptuelle d'une jante................................................................................ 319  Figure 62. Représentation conceptuelle d'un dispositif d'accrochage .................................................. 320  Figure 63. Réseau conceptuel d'une Turbine hydraulique ..................................................................... 321  

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Tableaux

Tableau 1. Classification périodique des éléments .................................................................................... 32  Tableau 2. Principales filières électronucléaires (Source : Reuss 2003).................................................. 57  Tableau 3. Centrales électronucléaires françaises en fonctionnement (Source : CEA, informations

sur l'énergie dans Reuss 2007 : 71) ...................................................................................................... 74  Tableau 4. Tableau récapitulatif des déchets en fonction de leur durée de vie et de leur activité

(Source : Dumont 2005)........................................................................................................................ 84  Tableau 5. Article « traitement du combustible irradié », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975) ........................................................................................................................ 86  Tableau 6. Article « retraitement (du combustible) », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975) ........................................................................................................................ 86  Tableau 7. Article « retraitement », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN) ......... 88  Tableau 8. Article « retraitement », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006) (DGLF) et

(2007) (SFEN) ........................................................................................................................................ 89  Tableau 9. Article « retraitement », extrait de la base de données FranceTerme.................................. 89  Tableau 10. Article « caléfaction », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006) (DGLF) et

(2007) (SFEN) ........................................................................................................................................ 90  Tableau 11. Article « caléfaction », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN).......... 90  Tableau 12. Article « caléfaction », extrait de la base de données FranceTerme .................................. 91  Tableau 13. Article « crise d'ébullition », premier extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000)

(SFEN)..................................................................................................................................................... 92  Tableau 14. Article « crise d'ébullition », deuxième extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000)

(SFEN)..................................................................................................................................................... 92  Tableau 15. Article « crise d'ébullition », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2007) (SFEN) 92  Tableau 16. Article « chaud », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)93  Tableau 17. Article « chaud », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN), (2006)

(DGLF), (2007) (SFEN) et de la base de données FranceTerme .................................................. 93  Tableau 18. Article « laboratoire chaud », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques du CEA

(1975) ....................................................................................................................................................... 93  Tableau 19. Article « laboratoire chaud », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN),

(2006) (DGLF), (2007) (SFEN) et de la base de données FranceTerme ...................................... 94  Tableau 20 : Article « richesse isotopique », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000)

(SFEN)..................................................................................................................................................... 95  Tableau 21. Article « richesse isotopique », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2007) (SFEN)

................................................................................................................................................................... 96  Tableau 22. Article « teneur isotopique », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN)

................................................................................................................................................................... 96  Tableau 23. Article « teneur isotopique », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006 (DGLF),

2007 (SFEN)).......................................................................................................................................... 96  Tableau 24. Article « teneur isotopique », extrait de la base de données FranceTerme ...................... 97  Tableau 25. Article « caléfaction », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN).......... 98  Tableau 26. Article « caléfaction », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006) (DGLF), (2007)

(SFEN)..................................................................................................................................................... 98  Tableau 27. Article « crise d'ébullition », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2000) (SFEN) 98  Tableau 28. Article « crise d'ébullition », extrait du Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2007) (SFEN) 99  Tableau 29. Organisation du groupe Areva (Source : Areva)................................................................ 112  Tableau 30. Changement complet du terme par l'expert ....................................................................... 124  Tableau 31. Liste des domaines et sous-domaines dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (éditions

2000 (SFEN) et 2007 (SFEN)) .......................................................................................................... 132  Tableau 32. Liste des domaines et sous-domaines dans le Vocabulaire de l'ingénierie nucléaire (2006)

(DGLF).................................................................................................................................................. 134  

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Tableau 33. Synthèse des intitulés de domaines dans le Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (éditions 2000 (SFEN), 2006 (DGLF) et 2007 (SFEN))................................................................................ 137  

Tableau 34. Article « pressuriser », extrait du Dictionnaire historique de la langue française...................... 140  Tableau 35. Article « pressuriser », extrait du Trésor de la langue française informatisé (TLFi) ................ 140  Tableau 36. Article « réacteur à eau pressurisée », extrait 1 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

................................................................................................................................................................. 140  Tableau 37. Article « réacteur à eau pressurisé », extrait 2 du Grand dictionnaire terminologique (GDT)

................................................................................................................................................................. 141  Tableau 38. Article « réacteur à eau sous pression », extrait 3 du Grand dictionnaire terminologique

(GDT)..................................................................................................................................................... 141  Tableau 39. Article « réacteur à eau sous pression », extrait 4 du Grand dictionnaire terminologique

(GDT)..................................................................................................................................................... 141  Tableau 40. Article « réacteur à eau sous pression », extrait 5 du Grand dictionnaire terminologique

(GDT)..................................................................................................................................................... 142  Tableau 41. Article « nucléide », extrait 1 du Grand dictionnaire terminologique (GDT) .......................... 143  Tableau 42. Article « nucléide », extrait 2 du Grand dictionnaire terminologique (GDT) .......................... 143  Tableau 43. Article « nucléide », extrait 3 du Grand dictionnaire terminologique (GDT) .......................... 143  Tableau 44. Article « nucléide », extrait 4 du Grand dictionnaire terminologique (GDT) .......................... 143  Tableau 45. Article « nucléide », extrait 5 du Grand dictionnaire terminologique (GDT) .......................... 144  Tableau 46. Article « nucléide », extrait 6 du Grand dictionnaire terminologique (GDT) .......................... 144  Tableau 47. Article « nucléide », extrait 7 du Grand dictionnaire terminologique (GDT) .......................... 144  Tableau 48. Article « nucléide », extrait 8 du Grand dictionnaire terminologique (GDT) .......................... 144  Tableau 49. Article « nucléide », extrait du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (2000) (SFEN) ............ 145  Tableau 50. Article « nuclide », extrait du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (2000, 2007) (SFEN) ... 145  Tableau 51. Extrait des travaux de la Commission ministérielle de l’ingénierie nucléaire ................ 145  Tableau 52. Article « nucléide », extrait du Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (2006 (DGLF), 2007

(SFEN)) ................................................................................................................................................. 146  Tableau 53. Article « surgénérateur », extrait du Trésor de la langue française informatisé (TLFi) ........... 147  Tableau 54. Synthèse attestation emploi des termes « surrégénérateur » et « surgénérateur (TLFi)148  Tableau 55. Article « surgénérateur », extrait 1 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT).............. 148  Tableau 56. Article « surrégénérateur », extrait 2 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT) .......... 149  Tableau 57. Article « surgénérateur », extrait 3 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT).............. 149  Tableau 58. Article « réacteur surrégénérateur », extrait 4 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT)

................................................................................................................................................................. 149  Tableau 59. Article « corium », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire mis à jour en 2004...... 151  Tableau 60. Article « cendrier », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire mis à jour en 2004 .... 151  Tableau 61. Article « récupérateur », extrait 1 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT) ............... 152  Tableau 62. Article « récupérateur », extrait 2 du Grand Dictionnaire Terminologique (GDT) ............... 152  Tableau 63. Article « récupérateur de corium », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire mis à

jour en 2004 .......................................................................................................................................... 154  Tableau 64. Article « cendrier », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire édition 2007 (SFEN) 154  Tableau 65. Article « récupérateur de corium », extrait du Vocabulaire de l'Ingénierie Nucléaire édition

2007 (SFEN)......................................................................................................................................... 154  Tableau 66. Liste des termes « obsolètes » relevés dans le Vocabulaire de l’ingénierie nucléaire (édition

2006) (DGLF)....................................................................................................................................... 155  Tableau 67. Comparaison du niveau de spécialisation des deux corpus.............................................. 161  Tableau 68. Synthèse des différentes ressources consultées.................................................................. 163  Tableau 69. Dénomination de domaine au travers des ressources lexicales ....................................... 164  Tableau 70. Evolution (synthèse historique) du terme « cyclotron » .................................................. 168  Tableau 71. Evolution (synthèse historique) du terme « radioactivité artificielle » ............................ 168  Tableau 72. Evolution (synthèse historique) du terme « fission » ........................................................ 169  Tableau 73. Termes « traitement » et « retraitement », 1955-2005 (corpus institutionnels).............. 176  Tableau 74. Article « dictionnaire », extrait du Trésor de la langue française informatisé ........................... 188  Tableau 75. Informations de niveau documentaire................................................................................. 190  

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Tableau 76. Informations de niveau notionnel........................................................................................ 191  Tableau 77. Informations de niveau linguistique..................................................................................... 191  Tableau 78. Article « collision », extrait du Dictionnaire des Sciences et Techniques nucléaires du CEA

(1975) ..................................................................................................................................................... 194  Tableau 79. Introduction du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaire du CEA (1975) .................. 195  Tableau 80. Note explicative du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaire du CEA (1975)............ 196  Tableau 81. Premier extrait du Dictionnaire CEI (1990) .......................................................................... 198  Tableau 82. Deuxième extrait du Dictionnaire CEI (1990) ...................................................................... 199  Tableau 83. Premier extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975) ............. 199  Tableau 84. Deuxième extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)......... 199  Tableau 85. Extrait des renvois « * » et « italique » dans le Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires

du CEA (1975)...................................................................................................................................... 200  Tableau 86. Article « discontinuités d'absorption », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975) ...................................................................................................................... 200  Tableau 87. Article « accélérateur Van de Graaff », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975) ...................................................................................................................... 200  Tableau 88. Article « accepteur », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA

(1975) ..................................................................................................................................................... 201  Tableau 89. Article « anaphorère », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA

(1975) ..................................................................................................................................................... 201  Tableau 90. Article « brûlage », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

................................................................................................................................................................. 201  Tableau 91. Article « électrophorèse », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA

(1975) ..................................................................................................................................................... 201  Tableau 92. Extrait des entrées de noms propres dans le Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires

du CEA (1975)...................................................................................................................................... 202  Tableau 93. Article « Burgers », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)

................................................................................................................................................................. 202  Tableau 94. Corpus complet renvoi « voir à », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975) ................................................................................................................... 204  Tableau 95. Exemple de renvoi dans le Dictionnaire de la sûreté nucléaire de l'AIEA (2000)................. 204  Tableau 96. Exemples de signes typographiques dans le Dictionnaire de la sûreté nucléaire de l'AIEA

(2000) ..................................................................................................................................................... 204  Tableau 97. Exemple de renvoi dans le Dictionnaire ISO 921 (1997) .................................................... 205  Tableau 98. Article « abondance isotopique », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires

du CEA (1975)...................................................................................................................................... 205  Tableau 99. Article « teneur isotopique », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du

CEA (1975) ........................................................................................................................................... 205  Tableau 100. Article « chambre à détente », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975) ................................................................................................................... 206  Tableau 101. Article « chambre de Wilson », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du

CEA (1975) ........................................................................................................................................... 206  Tableau 102. Article « chambre à nuage », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du

CEA (1975) ........................................................................................................................................... 206  Tableau 103. Article « chambre à brouillard », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975) ................................................................................................................... 206  Tableau 104. Article « chambre étalon », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du

CEA (1975) ........................................................................................................................................... 207  Tableau 105. Article « chambre d'ionisation étalon », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques

nucléaires du CEA (1975) ...................................................................................................................... 207  Tableau 106. Article « collision », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA

(1975) ..................................................................................................................................................... 208  Tableau 107. Article « collision lointaine », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du

CEA (1975) ........................................................................................................................................... 208  

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Tableau 108. Article « collision proche », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975) ........................................................................................................................................... 208  

Tableau 109. Article « combustion massique », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)...................................................................................................................................... 208  

Tableau 110. Article « niveau d'irradiation (d'un combustible nucléaire) », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975) ..................................................................................... 209  

Tableau 111. Article « taux de combustion », extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975) ........................................................................................................................................... 209  

Tableau 112. Corpus complet des synonymes déconseillés Article extrait du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaires du CEA (1975)...................................................................................................... 210  

Tableau 113. Informations de niveau documentaire pour les éditions de 1975 et de 2008 du dictionnaire du CEA............................................................................................................................ 212  

Tableau 114. Informations de niveau notionnel pour les éditions de 1975 et de 2008 du dictionnaire du CEA.................................................................................................................................................. 212  

Tableau 115. Informations de niveau linguistique pour les éditions de 1975 et de 2008 du dictionnaire du CEA............................................................................................................................ 213  

Tableau 116. Renvoi italique extrait du dictionnaire des sciences et techniques nucléaires, CEA (2008) ..... 213  Tableau 117. Renvoi « Voir », extrait du dictionnaire des sciences et techniques nucléaires, CEA (2008).... 214  Tableau 118. Renvoi « voir » extrait du dictionnaire des sciences et techniques nucléaires, CEA (2008)...... 214  Tableau 119. Introduction du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaire du CEA (2008)................ 215  Tableau 120. Note explicative du Dictionnaire des Sciences et techniques nucléaire du CEA (2008).......... 215  Tableau 121. Synthèse des données du dictionnaire le 7 juin 2007 ...................................................... 229  Tableau 122. Synthèse des données par réunion du dictionnaire au 7 juin 2007 ............................... 230  Tableau 123. Synthèse des structures « NA » et « N de N » pour les quatre sous-domaines ........... 231  Tableau 124. Synthèse de l’ensemble des structures morpho-syntaxiques pour les quatre sous-

domaines................................................................................................................................................ 232  Tableau 125. Article « banalisé », extrait du dictionnaire Areva NP..................................................... 236  Tableau 126. Article « évolutionnaire », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007) ..................... 236  Tableau 127. Article « hybride », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007) ................................. 237  Tableau 128. Article « permissif », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007) .............................. 237  Tableau 129. Article « redondant », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007) ............................ 237  Tableau 130. Article « secouru », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007)................................. 237  Tableau 131. Article « tout-ou-rien », extrait du dictionnaire Areva NP (juin 2007) ......................... 237  Tableau 132. Présentation des corpus....................................................................................................... 246  Tableau 133. Fréquence relative de « nucléaire » et « atomique » ......................................................... 247  Tableau 134. « atomique », extrait des concordances du Monde, rubrique « International » ........... 251  Tableau 135. « atomisé », extrait des concordances du Monde, rubrique « International » .............. 251  Tableau 136. Termes candidats de la catégorie grammaticale « Verbe » ayant une fréquence

supérieure à 100.................................................................................................................................... 268  Tableau 137. Termes candidats « Syntagme Verbal » ayant une fréquence supérieure à 20............. 269  Tableau 138. Termes candidats « Adjectif » ayant une fréquence supérieure à 100........................... 270  Tableau 139. Termes candidats « Syntagme Adjectival » ayant une fréquence supérieure à 10 ....... 271  Tableau 140. Passage du terme au singulier ............................................................................................. 276  Tableau 141. Passage au singulier avec modification majeure............................................................... 276  Tableau 142. Mise au singulier de tous les substantifs du syntagme. ................................................... 276  Tableau 143. Passage au singulier de l'élément d'expansion du syntagme........................................... 277  Tableau 144. Ajout d'expansion, le terme devenant tête de syntagme................................................. 277  Tableau 145. Changement de partie du discours..................................................................................... 277  Tableau 146. Changement complet du terme .......................................................................................... 278  Tableau 147. Commentaires de l’expert E1 et de l’expert E2 sur le tableau 99 ................................. 280  Tableau 148. Variation touchant à l'expression d'un processus. ........................................................... 282  

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