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www.lemonde.fr 57 e ANNÉE – Nº 17604 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI SAMEDI 1 er SEPTEMBRE 2001 Jacques Chirac et les trois photographes indiscrets de Brégançon International................ 2 France............................ 6 Société........................... 8 Régions ......................... 10 Carnet............................ 11 Abonnements .............. 11 Horizons ....................... 12 Entreprises ................... 14 Tableau de bord .......... 15 Aujourd’hui .................. 18 Météorologie-Jeux...... 21 Culture .......................... 22 Guide culturel .............. 24 Radio-Télévision ......... 25 LE PRÉSIDENT de la République, Jacques Chirac, en vacances cet été au fort de Brégan- çon, est-il vraiment apparu entièrement nu sur la terrasse qui domine la mer, dans la matinée du 4 juillet ? La question est posée depuis un article non signé, paru en première page du Canard enchaîné du 29 août, et intitulé « Le roi est nu ! Panique au château ». L’hebdomadaire affirme en effet que des photographes, installés sur la plage proche et munis de téléobjectifs, ont saisi le président « en slip » puis « dans le plus simple appareil », observant aux jumelles « un beau yacht, celui des frères Schumacher », les pilotes allemands de formule 1. Le Canard enchaîné ajoute que des photos ont été propo- sées à Alain Genestar, patron de Paris-Match, qui les aurait refusées. Toujours selon Le Canard, la présidence de la République se serait efforcée d’« empêcher toute diffusion », quelques journaux étant « discrètement mis en garde ». Interrogé par Le Monde, Alain Genestar préci- se : « Il y a une rumeur qui circule comme quoi nous aurions acheté ces photos de Jacques Chirac pour les “bloquer”, afin qu’aucun journal ne puis- se les publier. C’est archi-faux. Je n’ai pas acheté ces photos parce qu’elles n’ont aucun intérêt com- me information, comme document, comme photo- graphie. » Il ajoute : « J’ai dû voir six ou huit tira- ges couleur. Le chef de l’Etat n’était pas nu mais en tenue légère. De plus, je ne confirme pas que c’est une agence qui nous a apporté ces docu- ments. Enfin, il est absurde de dire que nous avons reçu des pressions de l’Elysée. Je n’ai pas reçu un coup de fil, rien ! » Chez Voici, hebdomadaire du groupe Prisma qui a bâti sa réputation sur le dévoilement de la vie privée, Véronique Elbaze, chargée de la communication, affirme que ces photos « ne nous ont jamais été présentées » et que l’Elysée « ne s’est en rien manifesté » auprès du journal. Selon nos informations, trois photographes étaient sur la plage de Brégançon, à 200 ou 300 mètres de la terrasse du fort, observés par des policiers chargés de la protection de la rési- dence présidentielle. Un photographe de Var Matin, « actuellement en vacances », dit-on au service photo du quotidien, « a fait des photos mais il n’avait pas un objectif assez puissant. Elles sont donc inutilisables ». Un photographe d’une agence de paparazzi a saisi la scène, mais, dans son entourage, on fait savoir que « les images sont moins spectaculaires que ce qui a été dit ». Un troisième photographe, de l’agence Corbis- Sygma, était présent. Chez ces derniers, on reconnaît « avoir eu les photos entre les mains », tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : « Nous n’avons montré ou proposé aucune photo de Chirac nu dans aucune rédaction parce que ce serait contraire à notre vocation, à notre métier. Nous n’avons non plus reçu aucun coup de fil de l’Elysée. » Le hasard fait que Paris-Match présente, au festival Visa pour l’image de Perpignan, qui com- mence samedi 1 er septembre, une exposition tirée de ses archives sur la vie privée des prési- dents de la V e République. « La coïncidence nous a fait rire, quand on nous a apporté ces photos de Chirac ! », confie Alain Genestar. La photo de François Mitterrand sur son lit de mort, dont on ne connaît toujours pas l’auteur et dont la publi- cation avait valu à Match une condamnation, n’y sera pas exposée. Michel Guerrin ENQUÊTE La folie du K2 STYLES Shopping en appartement a EN 2000, quelque 20 000 télé- phones mobiles ont été volés à Paris. Durant le premier semestre 2001, l’augmentation de ces vols atteint 12 %. La possibilité pour les opérateurs de bloquer à distance le fonctionnement de ces portables dissuaderait les voleurs. Une base de données mondiale, l’EIR (Equip- ment Identity Register), compor- tant les informations permettant d’empêcher la connexion d’un por- table volé au réseau GSM existe déjà. Les Pays-Bas, qui l’utilisent, ont enregistré une chute des vols de 50 %. La Grande-Bretagne envi- sage d’y faire appel. Les opérateurs français n’y recourent pas encore et se contentent d’offrir une police d’assurance à leurs clients. Lire page 18 AVEC 39 600 CHÔMEURS supplé- mentaires en juillet (+ 1,9 %), le gou- vernement enregistre son plus mau- vais résultat sur le front de l’emploi depuis l’arrivée de Lionel Jospin à Matignon en juin 1997. Cette haus- se, la troisième consécutive, porte le nombre de demandeurs d’emploi à 2 116 700, selon les données publiées vendredi 31 août. Entre mai et juillet, 53 600 personnes sont venues grossir les rangs des chô- meurs. Les plans sociaux annoncés risquent d’accentuer cette tendance, alors que les licenciements économi- ques ont augmenté de 7,4 % en juillet. Les hommes de moins de 25 ans sont les plus touchés. Toute- fois, sur un an, le chômage reste à la baisse, en recul de 9,3 %. Elisabeth Guigou a annoncé la création d’envi- ron 40 000 emplois sur trois ans dans les hôpitaux pour accompa- gner le passage aux 35 heures. La dégradation de la conjoncture a été prise en compte par la Banque centrale européenne (BCE). Très cri- tiqué, ces dernières semaines, pour sa timidité, l’institut de Francfort a abaissé, jeudi, d’un quart de point son principal taux directeur, à 4,25 %. Son président, Wim Duisen- berg, a admis une erreur de diagnos- tic : « Nous avons été trop optimistes sur la durée et l’ampleur » des diffi- cultés américaines. Alors que la Réserve fédérale américaine a déjà abaissé ses taux à sept reprises depuis le début de l’année, le geste timide de la BCE, le deuxième depuis janvier, laisse sceptiques les économistes interrogés par Le Mon- de, qui prônent tous des mesures complémentaires. Les marchés finan- ciers restent pessimistes. Lire pages 6 et 14 LA NOUVELLE MONNAIE L’euro arrive Quatre mois avant l’entrée en vigueur de l’euro, la Banque centrale européenne a dévoilé, jeudi 30 août, les détails des nou- veaux billets qui commencent à être ache- minés dans les banques à partir de same- di 1 er septembre. De multiples précau- tions ont été prises pour tenter d’éviter les risques de fabrication massive de fausse monnaie à l’occasion du changement de devise. En France, les convoyeurs de fonds craignent une recrudescence des attaques. Notre dossier p. 8 et 9 Proche-Orient : en Israël, l’idée d’une partition unilatérale progresse Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoi- re, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 250 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3,30 FL ; Portugal CON., 300 PTE ; Réunion, 10 F ; Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. IL Y A DES POLÉMIQUES qui s’enflamment à une vitesse surpre- nante, un peu comme les incen- dies de l’été qui démarrent et se propagent sur un terrain favora- ble. En octobre de l’année derniè- re, l’évêque de Clermont-Ferrand, qui est aussi délégué à la Commis- sion des évêques de la Communau- té européenne (Comece), s’alar- mait dans ces colonnes de la sup- pression d’une référence à « l’héri- tage religieux » de l’Europe dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, alors en cours de rédaction. Le gouverne- ment de Lionel Jospin – rapportait Mgr Hippolyte Simon avait expressément demandé la modifi- cation de cette formule, en invo- quant la laïcité de la République française. « A vouloir rayer d’un trait de plume toute la dimension religieuse de notre héritage euro- péen, on s’interdit de penser non seu- lement le passé, mais aussi le pré- sent et l’avenir de l’Europe », aver- tissait le représentant de l’Eglise catholique. L’affaire de « l’héritage reli- gieux » prit des proportions consi- dérables. La Fédération protestan- te de France déplora, à son tour, la « rigidité » du gouvernement fran- çais. Le président de la Conférence épiscopale, Louis-Marie Billé, évo- qua devant les évêques réunis à Lourdes le spectre d’un nouvel anticléricalisme, d’une « sorte d’an- tichristianisme ». L’écrivain Jean- Claude Guillebaud dénonça « la bourde » de Lionel Jospin. Enfin, l’hebdomadaire Témoignage chré- tien partit en croisade contre la ver- sion « jospinisée » de la Charte des droits fondamentaux. Une pétition lancée par ce journal, emblème du catholicisme de gauche, devait recueillir soixante-dix signatures, et non des moindres : Jacques Delors, Michel Barnier, Marie- Noëlle Lienemann, Catherine Trautmann, Roselyne Bachelot, Claude Cheysson, Jean Boisson- nat, René Rémond, Paul Ricœur, et bien d’autres personnalités signèrent un texte déplorant un « climat de crispation et de méfian- ce ». Bref, l’aile progressiste du christianisme s’en prenait ouverte- ment à un gouvernement socialis- te soupçonné d’être « a-reli- gieux », voire « anticlérical »On connaît mieux aujourd’hui les circonstances dans lesquelles a été négociée la fameuse Charte. Xavier Ternisien Lire la suite page 13 La classe punk des Strokes Ce n’est plus seulement dans les gale- ries et dans les boutiques que les créa- teurs exposent. Loin des vitrines anony- mes, couturiers, bijoutiers, artistes contemporains… choisissent de plus en plus souvent d’exposer dans des appartements privés. Outre qu’elle crée avec le public un rapport plus intime, cette approche a aussi l’avantage de fai- re baisser les prix. p. 20 f www.lemonde.fr/euro DIX NOUVELLES POUR L’ÉTÉ a « Cavale », un texte inédit de Philippe Sollers 6. Rencontre sur la voie des fantômes L’escalade réussie cet été par deux indivi- dualistes, le Français Jean-Christophe Lafaille et l’Italien Hans Kammerlander, est la dernière en date sur l’effrayant K2. Partis chacun pour une course en solo, ils se sont découvert, dans l’épreu- ve, une étonnante complicité. p. 12 HANS KAMMERLANDER JULIAN CASABLANCAS FRANCESCA MANTOVANI Vols de portables : la parade existe f www.lemonde.fr/israel-palestiniens Inquiétante hausse du chômage cet été b L’ANPE a enregistré 39 600 demandeurs d’emploi supplémentaires au mois de juillet b Le chômage augmente pour le troisième mois consécutif b Mais, sur un an, la baisse reste de 9,3 % b La BCE a réduit ses taux de 0,25 % b Les marchés financiers demeurent pessimistes 3:HJKLOH=UU\ZUV:?k@t@a@b@a ; M 0147 - 901 - 7,50 F - 1,14 E LES PARTISANS d’une « sépara- tion unilatérale » qui isolerait les Palestiniens sont de plus en plus nombreux en Israël, onze mois après le début de l’Intifada. Une partie de l’opinion publique israélienne y voit la seule issue au conflit qui soit sus- ceptible de garantir sa sécurité. Les tenants de cette solution penchent pour une décision abrupte, qui se passerait de l’accord des Palesti- niens ou de quiconque. Il s’agirait d’ériger une barrière physique ratta- chant à Israël ses plus grosses colo- nies et de rapatrier derrière elle les populations des implantations dis- persées de Cisjordanie et de Gaza. Le long de la « ligne verte », frontiè- re informelle entre Israël et Cisjorda- nie occupée, murs et clôtures préfi- gurent déjà cette partition. Lire pages 2 et 3 et notre éditorial page 13 La polémique sur l’héritage religieux de l’Europe ANNONCÉS comme « sauveurs du rock », les Strokes, quintette new-yor- kais emmené par le chanteur Julian Casablancas, publient leur premier album, Is This It ?. Un look savam- ment négligé et un son en filiation directe avec le punk-rock des années 1970. Notre page « Disques ». Lire page 23

e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

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Page 1: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

www.lemonde.fr57e ANNÉE – Nº 17604 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANISAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

LA NOUVELLE MONNAIE

L’euroarrive

Proche-Orient :en Israël, l’idéed’une partitionunilatéraleprogresse

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoi-re, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 250 PTA ;Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ;Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc,10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3,30 FL ; PortugalCON., 300 PTE ; Réunion, 10 F ; Sénégal, 900 F CFA ;Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Tunisie, 1,4 Din ; USA(NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

La classe punkdes Strokes

DIX NOUVELLES POUR L’ÉTÉ

a « Cavale »,un texte inéditde PhilippeSollers

Vols de portables :la parade existe

f www.lemonde.fr/israel-palestiniens

Inquiétante hausse du chômage cet étéb L’ANPE a enregistré 39 600 demandeurs d’emploi supplémentaires au mois de juillet

b Le chômage augmente pour le troisième mois consécutif b Mais, sur un an, la baisse reste de 9,3 %b La BCE a réduit ses taux de 0,25 % b Les marchés financiers demeurent pessimistes

3:HJKLOH=UU\ZUV:?k@t@a@b@a;M 0147 - 901 - 7,50 F - 1,14 E

AVEC 39 600 CHÔMEURS supplé-mentaires en juillet (+ 1,9 %), le gou-vernement enregistre son plus mau-vais résultat sur le front de l’emploidepuis l’arrivée de Lionel Jospin àMatignon en juin 1997. Cette haus-

Jacques Ch

se, la troisième consécutive, porte lenombre de demandeurs d’emploi à2 116 700, selon les donnéespubliées vendredi 31 août. Entre maiet juillet, 53 600 personnes sontvenues grossir les rangs des chô-

irac et les trois photo

meurs. Les plans sociaux annoncésrisquent d’accentuer cette tendance,alors que les licenciements économi-ques ont augmenté de 7,4 % enjuillet. Les hommes de moins de25 ans sont les plus touchés. Toute-

graphes indiscrets de

La polémiquereligieux d

fois, sur un an, le chômage reste à labaisse, en recul de 9,3 %. ElisabethGuigou a annoncé la création d’envi-ron 40 000 emplois sur trois ansdans les hôpitaux pour accompa-gner le passage aux 35 heures.

La dégradation de la conjoncturea été prise en compte par la Banquecentrale européenne (BCE). Très cri-tiqué, ces dernières semaines, poursa timidité, l’institut de Francfort aabaissé, jeudi, d’un quart de pointson principal taux directeur, à4,25 %. Son président, Wim Duisen-berg, a admis une erreur de diagnos-tic : « Nous avons été trop optimistessur la durée et l’ampleur » des diffi-cultés américaines. Alors que laRéserve fédérale américaine a déjàabaissé ses taux à sept reprisesdepuis le début de l’année, le gestetimide de la BCE, le deuxièmedepuis janvier, laisse sceptiques leséconomistes interrogés par Le Mon-de, qui prônent tous des mesurescomplémentaires. Les marchés finan-ciers restent pessimistes.

Lire pages 6 et 14

LES PARTISANS d’une « sépara-tion unilatérale » qui isolerait lesPalestiniens sont de plus en plusnombreux en Israël, onze mois aprèsle début de l’Intifada. Une partie del’opinion publique israélienne y voitla seule issue au conflit qui soit sus-ceptible de garantir sa sécurité. Lestenants de cette solution penchentpour une décision abrupte, qui sepasserait de l’accord des Palesti-niens ou de quiconque. Il s’agiraitd’ériger une barrière physique ratta-chant à Israël ses plus grosses colo-nies et de rapatrier derrière elle lespopulations des implantations dis-persées de Cisjordanie et de Gaza.Le long de la « ligne verte », frontiè-re informelle entre Israël et Cisjorda-nie occupée, murs et clôtures préfi-gurent déjà cette partition.

Lire pages 2 et 3et notre éditorial page 13

Brégançon

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LE PRÉSIDENT de la République, JacquesChirac, en vacances cet été au fort de Brégan-çon, est-il vraiment apparu entièrement nu surla terrasse qui domine la mer, dans la matinéedu 4 juillet ? La question est posée depuis unarticle non signé, paru en première page duCanard enchaîné du 29 août, et intitulé « Le roiest nu ! Panique au château ». L’hebdomadaireaffirme en effet que des photographes, installéssur la plage proche et munis de téléobjectifs,ont saisi le président « en slip » puis « dans leplus simple appareil », observant aux jumelles« un beau yacht, celui des frères Schumacher »,les pilotes allemands de formule 1. Le Canardenchaîné ajoute que des photos ont été propo-sées à Alain Genestar, patron de Paris-Match,qui les aurait refusées. Toujours selon LeCanard, la présidence de la République se seraitefforcée d’« empêcher toute diffusion »,quelques journaux étant « discrètement mis engarde ».

Interrogé par Le Monde, Alain Genestar préci-se : « Il y a une rumeur qui circule comme quoinous aurions acheté ces photos de Jacques Chiracpour les “bloquer”, afin qu’aucun journal ne puis-

se les publier. C’est archi-faux. Je n’ai pas achetéces photos parce qu’elles n’ont aucun intérêt com-me information, comme document, comme photo-graphie. » Il ajoute : « J’ai dû voir six ou huit tira-ges couleur. Le chef de l’Etat n’était pas nu maisen tenue légère. De plus, je ne confirme pas quec’est une agence qui nous a apporté ces docu-ments. Enfin, il est absurde de dire que nous avonsreçu des pressions de l’Elysée. Je n’ai pas reçu uncoup de fil, rien ! » Chez Voici, hebdomadaire dugroupe Prisma qui a bâti sa réputation sur ledévoilement de la vie privée, Véronique Elbaze,chargée de la communication, affirme que cesphotos « ne nous ont jamais été présentées » etque l’Elysée « ne s’est en rien manifesté » auprèsdu journal.

Selon nos informations, trois photographesétaient sur la plage de Brégançon, à 200 ou300 mètres de la terrasse du fort, observés pardes policiers chargés de la protection de la rési-dence présidentielle. Un photographe de VarMatin, « actuellement en vacances », dit-on auservice photo du quotidien, « a fait des photosmais il n’avait pas un objectif assez puissant. Ellessont donc inutilisables ». Un photographe d’une

agence de paparazzi a saisi la scène, mais, dansson entourage, on fait savoir que « les imagessont moins spectaculaires que ce qui a été dit ».Un troisième photographe, de l’agence Corbis-Sygma, était présent. Chez ces derniers, onreconnaît « avoir eu les photos entre les mains »,tout en ayant refusé de les diffuser. Un membrede la direction ajoute : « Nous n’avons montré ouproposé aucune photo de Chirac nu dans aucunerédaction parce que ce serait contraire à notrevocation, à notre métier. Nous n’avons non plusreçu aucun coup de fil de l’Elysée. »

Le hasard fait que Paris-Match présente, aufestival Visa pour l’image de Perpignan, qui com-mence samedi 1er septembre, une expositiontirée de ses archives sur la vie privée des prési-dents de la Ve République. « La coïncidence nousa fait rire, quand on nous a apporté ces photos deChirac ! », confie Alain Genestar. La photo deFrançois Mitterrand sur son lit de mort, dont onne connaît toujours pas l’auteur et dont la publi-cation avait valu à Match une condamnation,n’y sera pas exposée.

Michel Guerrin

a EN 2000, quelque 20 000 télé-phones mobiles ont été volés

à Paris. Durant le premier semestre2001, l’augmentation de ces volsatteint 12 %. La possibilité pour lesopérateurs de bloquer à distance lefonctionnement de ces portablesdissuaderait les voleurs. Une basede données mondiale, l’EIR (Equip-ment Identity Register), compor-tant les informations permettantd’empêcher la connexion d’un por-table volé au réseau GSM existedéjà. Les Pays-Bas, qui l’utilisent,ont enregistré une chute des volsde 50 %. La Grande-Bretagne envi-sage d’y faire appel. Les opérateursfrançais n’y recourent pas encoreet se contentent d’offrir une policed’assurance à leurs clients.

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International................ 2France............................ 6Société ........................... 8Régions ......................... 10Carnet............................ 11Abonnements .............. 11Horizons ....................... 12

Entreprises ................... 14Tableau de bord .......... 15Aujourd’hui .................. 18Météorologie-Jeux...... 21Culture .......................... 22Guide culturel .............. 24Radio-Télévision ......... 25

ENQUÊTE

La foliedu K26. Rencontre surla voie des fantômes

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sur l’héritagee l’Europe

IL Y A DES POLÉMIQUES quis’enflamment à une vitesse surpre-nante, un peu comme les incen-dies de l’été qui démarrent et sepropagent sur un terrain favora-ble. En octobre de l’année derniè-re, l’évêque de Clermont-Ferrand,qui est aussi délégué à la Commis-sion des évêques de la Communau-té européenne (Comece), s’alar-mait dans ces colonnes de la sup-pression d’une référence à « l’héri-tage religieux » de l’Europe dans laCharte des droits fondamentauxde l’Union européenne, alors encours de rédaction. Le gouverne-ment de Lionel Jospin – rapportaitMgr Hippolyte Simon – avaitexpressément demandé la modifi-cation de cette formule, en invo-quant la laïcité de la Républiquefrançaise. « A vouloir rayer d’untrait de plume toute la dimensionreligieuse de notre héritage euro-péen, on s’interdit de penser non seu-lement le passé, mais aussi le pré-sent et l’avenir de l’Europe », aver-tissait le représentant de l’Eglisecatholique.

L’affaire de « l’héritage reli-gieux » prit des proportions consi-dérables. La Fédération protestan-te de France déplora, à son tour, la« rigidité » du gouvernement fran-çais. Le président de la Conférence

épiscopale, Louis-Marie Billé, évo-qua devant les évêques réunis àLourdes le spectre d’un nouvelanticléricalisme, d’une « sorte d’an-tichristianisme ». L’écrivain Jean-Claude Guillebaud dénonça « labourde » de Lionel Jospin. Enfin,l’hebdomadaire Témoignage chré-tien partit en croisade contre la ver-sion « jospinisée » de la Charte desdroits fondamentaux. Une pétitionlancée par ce journal, emblème ducatholicisme de gauche, devaitrecueillir soixante-dix signatures,et non des moindres : JacquesDelors, Michel Barnier, Marie-Noëlle Lienemann, CatherineTrautmann, Roselyne Bachelot,Claude Cheysson, Jean Boisson-nat, René Rémond, Paul Ricœur,et bien d’autres personnalitéssignèrent un texte déplorant un« climat de crispation et de méfian-ce ». Bref, l’aile progressiste duchristianisme s’en prenait ouverte-ment à un gouvernement socialis-te soupçonné d’être « a-reli-gieux », voire « anticlérical »…

On connaît mieux aujourd’huiles circonstances dans lesquelles aété négociée la fameuse Charte.

Xavier Ternisien

Lire la suite page 13

JULIAN CASABLANCAS

ANNONCÉS comme « sauveurs durock », les Strokes, quintette new-yor-kais emmené par le chanteur JulianCasablancas, publient leur premieralbum, Is This It ?. Un look savam-ment négligé et un son en filiationdirecte avec le punk-rock des années1970. Notre page « Disques ».

Lire page 23

Quatre mois avant l’entrée en vigueur del’euro, la Banque centrale européenne adévoilé, jeudi 30 août, les détails des nou-veaux billets qui commencent à être ache-minés dans les banques à partir de same-di 1er septembre. De multiples précau-tions ont été prises pour tenter d’éviter lesrisques de fabrication massive de faussemonnaie à l’occasion du changement dedevise. En France, les convoyeurs defonds craignent une recrudescence desattaques. Notre dossier p. 8 et 9

f www.lemonde.fr/euro

Ce n’est plus seulement dans les gale-ries et dans les boutiques que les créa-teurs exposent. Loin des vitrines anony-mes, couturiers, bijoutiers, artistescontemporains… choisissent de plusen plus souvent d’exposer dans desappartements privés. Outre qu’elle créeavec le public un rapport plus intime,cette approche a aussi l’avantage de fai-re baisser les prix. p. 20

L’escalade réussie cet été par deux indivi-dualistes, le Français Jean-ChristopheLafaille et l’Italien Hans Kammerlander,est la dernière en date sur l’effrayantK2. Partis chacun pour une course ensolo, ils se sont découvert, dans l’épreu-ve, une étonnante complicité. p. 12

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DAN MÉRIDOR, ministre sansportefeuille chargé des questionsstratégiques, souhaite susciter undébat sur la séparation unilatérale.Conscient des difficultés de sa miseen œuvre, il ne propose pas de planprécis. A défaut d’accord avec lesPalestiniens, la séparation serait,selon lui, la moins mauvaise solu-tion et permettrait de lutter contreune évolution démographique défa-vorable à la population juive.

« Depuis quand êtes-vous unpartisan de la “séparation unila-térale” ? Et pourquoi ?

– Avant tout, je voudrais direque, pour moi, la priorité rested’obtenir un accord final ou même– à défaut – un accord temporaire.Ces deux solutions seraient préféra-bles à la séparation unilatéralemais, s’il n’y a pas d’accord, alors laséparation peut être une solutionde rechange. Ma perception de laréalité a changé après Camp David.M. Arafat ne veut pas d’une paixqui mette fin au conflit. Il veut ledroit au retour des réfugiés enIsraël, et ça c’est impossible. Celamodifierait l’équilibre démographi-que du pays et remettrait en causel’existence d’un Etat juif. L’échecde Camp David nous oblige donc àrepenser le conflit. Je ne sais pascomment il faudrait mettre enœuvre la séparation unilatérale,mais il faut en parler pour changerla mentalité de la population israé-lienne. Nous devons nous deman-der si l’idée qui nous a guidésdepuis une dizaine d’années, selonlaquelle la réalité ne peut être modi-fiée sans accord, reste valable. Jene le crois pas. Quelle sera la réalitédans dix ou vingt ans si nous ne fai-

sons rien ? Les juifs représententaujourd’hui une solide majorité de80 % en Israël. Mais si l’on conti-nue comme cela, sans frontière,sans partition, sans division, sansligne claire, c’est dangereux à longterme sur le plan démographique.

» Si nous nous séparons, il yaura un Etat palestinien et un Etatjuif et un conflit de frontières entreles deux pays. Je crois que celaserait préférable au maintien del’occupation qui dure depuis troplongtemps. Mais la mise en œuvrede la séparation est difficile. Faut-il

se retirer sur une frontière que l’onconsidère comme finale, annexerles territoires dont on ne se retirepas ou les garder comme monnaied’échange pour de futures négocia-tions ? Et qu’en serait-il de la fron-tière avec la Jordanie ?

– Les colonies, et notammentles petites, seraient-elles éva-cuées ?

– C’est l’une des questions lesplus graves à discuter. Si on arrivaità une situation où les frontièresd’Israël englobaient les grandsblocs de colonies, qui représentent80 % de cette population, ce seraitune grande victoire.

– Certains, à gauche, parlentde retrait unilatéral, comme auLiban, sur la base des frontièresde 1967. Qu’en pensez-vous ?

– Au Liban, il y a un Etat libanais.Ici, cela aboutirait à la créationd’un Etat nouveau qui n’a jamaisexisté dans l’histoire de cetterégion. Moi, je crois que ce territoi-re est ma patrie ; eux croient quec’est la leur, d’où le conflit. La fron-tière ne sera pas celle de 1967 ; cel-

le-ci n’est pas valable pour Israël :on en a fait l’expérience en 1967. Etpuis, j’ai compris à Camp Davidque le problème des implantationsn’était pas le vrai problème. Lemonde entier pense que les implan-tations constituent le principal obs-tacle à la paix, mais ce n’est pas

vrai. Sur la question des frontières,on était très proches d’un accord.Le principe était que les grandsblocs d’implantations israéliennesqui représentent la majorité de cet-te population restent sous souverai-neté israélienne. Quant à la ques-tion de Jérusalem, elle ne peut biensûr pas être résolue dans le cadred’une séparation unilatérale.

– Comment les choses se passe-raient-elles ? Y aurait-il une clôtu-re ? Les Palestiniens pourraient-ils venir travailler en Israël ?

– On ne peut pas avoir des fron-tières ouvertes en temps de guerre.Si la violence s’arrête, alors on peutouvrir des points de passage. Nous

n’avons rien contre les travailleurspalestiniens (...) . Si les attaques ces-sent, les Palestiniens pourrontavoir un permis de travail.

– Les Palestiniens pourraient-ils déclarer leur Etat ?

– Cela pourrait être le résultat.Tout Israël, M. Sharon commeM. Pérès, est prêt à accepter unEtat palestinien.

– Que deviendraient les Palesti-niens de Jérusalem ?

– Ils sont comme les Palestiniensde Jaffa ou de Haïfa. D’ores et déjà,ils peuvent devenir citoyens israé-liens s’ils le demandent. En tantque résidents de Jérusalem, ils ontautomatiquement le droit de voteaux élections municipales. Avec lacitoyenneté israélienne, ils peuventvoter pour les députés à la Knesset.

– La séparation unilatéraleétant justifiée par des considéra-tions démographiques, les Ara-bes israéliens pourraient-ils res-ter Israéliens ?

– Ils restent totalement israé-liens. Israël n’est pas un Etat seule-ment pour les juifs. Lorsqu’il existeune majorité juive de 80 %, il fautrésoudre le problème des minori-tés ; l’égalité formelle existe, mais ilfaut parvenir à l’égalité réelle. Maiss’il y avait 50 % ou 60 % d’Arabes,ce ne serait plus un Etat juif : ceserait un Etat binational. »

Propos recueillis parCatherine Dupeyron

Dan Méridor, ministre israélien chargé des questions stratégiques

« Si l’on continue sans partition, c’est dangereux à long terme sur le plan démographique »

Murs de béton et clôtures électrifiées fleurissent le long de la « ligne verte »

En Israël, l’idée d’une « séparation » d’avec les territoires palestiniens progresseOnze mois après le début de l’Intifada, de nombreux Israéliens voient dans la partition le moyen d’en finir avec le conflit et de garantir leur sécurité.

Mais cet isolement des zones palestiniennes, décidé unilatéralement par l’Etat juif, se heurterait à des difficultés considérablesCELA pourrait s’appeler la

« théorie du mur ». Elle est défen-due par un nombre croissant d’Is-raéliens. Ils veulent un mur entreeux et les Palestiniens. Pas parvague nostalgie des temps deguerre froide, mais par réalismepolitique. Ils appellent Israël à seséparer unilatéralement des Pales-tiniens, à quitter les territoires deCisjordanie et de Gaza sans accordavec Yasser Arafat, sans riendemander à personne : une maniè-re de fermer la porte, de fixer lafrontière autoritairement, une foispour toutes, puis de la manifesterconcrètement, et de la défendre,par des kilomètres de barrières.

Chez les travaillistes, l’idéen’est pas tout à fait nouvelle. L’an-cien premier ministre ItzhakRabin l’avait caressée ou, tout aumoins, se faisait volontiers l’avo-cat d’une séparation nette d’avecles Palestiniens. Dans une versiondouce de la théorie du mur, le tra-vailliste Shimon Pérès propose-rait aujourd’hui – selon le quoti-dien israélien Maariv – un retraitunilatéral de la bande de Gaza enéchange d’un cessez-le-feu. Pourle ministre des affaires étrangè-res, ce ne serait qu’une étapeavant la reprise d’une négocia-tion avec les Palestiniens.

L’un des poids lourds du Labour,Haïm Ramon, souhaite, lui, créerun parti dont le seul programmesera de réaliser ce retrait unilatéraldes territoires. Le chef du derniergouvernement travailliste, EhoudBarak, flirte avec la même idée. Il

évoque régulièrement l’option« unilatérale ». Dans cette hypo-thèse, que faire des colonies de Cis-jordanie et de Gaza ? Ehoud Barakexhorte les autorités israéliennes àannoncer une évacuation entemps voulu des colonies les plusisolées. Les autres, les grosses con-centrations urbaines, devant êtrerattachées à Israël.

CYCLE SANS FINEt à Jérusalem ? Ehoud Barak

suggère d’ériger des barrières pourséparer les quartiers arabes desautres et des couloirs intérieurspour relier les secteurs juifs de l’està ceux de l’ouest de la ville. Ainsiserait réalisée la séparation decorps, avec ou sans le consente-ment de la partie palestinienne.Certains des hommes les plus éclai-rés du Likoud, ou venant de cettemouvance, défendent le même pro-jet. C’est le cas d’un Dan Meridor,l’un des princes de la droite passéau centre (lire ci-dessous), ou deRoni Milo, l’ancien maire de Tel-Aviv. Ils ont renoncé au GrandIsraël. Ils n’entendent pas – ouplus – « contrôler » la vie de deuxmillions de Palestiniens. Ils veulentle départ des territoires.

Peu ou prou, tous avancent lesmêmes raisons. Il y a l’actuelledésespérance. Personne n’aperçoitde porte de sortie à l’affrontementen cours depuis onze mois. Colonset militaires – les seconds chargésde défendre les premiers – ne vontpas cesser de fournir des cibles auxdifférents groupes armés palesti-

niens ; répliques et représaillesvont continuer à nourrir le terroris-me, celui qui vient frapper aucœur d’Israël. Chacun des protago-nistes prétend épuiser l’autre.Cycle sans fin. Il radicalise les unset les autres : de plus en plus, leHamas est le mouvement domi-

nant chez les Palestiniens de Gaza,forçant le camp de Yasser Arafat àla surenchère pour rester « compé-titif » ; chez les Israéliens, une écra-sante majorité de la populationsoutient la politique d’Ariel Sha-ron et est hostile à l’idée d’un ces-sez-le-feu ou à une reprise desnégociations.

Vient ensuite l’argument politi-

que. Il n’y aurait plus, aujourd’hui,d’interlocuteur palestinien. Si Yas-ser Arafat – disent les mêmes – ajugé bon de refuser l’Etat palesti-nien que lui proposait EhoudBarak sur plus de 90 % des territoi-res, alors on ne signera pas la paixavec lui. L’ancien premier ministre

défend cette position avec le plusde véhémence. Il est convaincuque le chef de l’Autorité palesti-nienne ne veut rien signer quiserait une reconnaissance définiti-ve – devant l’Histoire – du droitd’Israël à être l’Etat du peuple juif.Pas de règlement pour solde detout compte. Yasser Arafat, ditencore Barak, compte sur le

temps : il veut un Etat binationaloù les juifs seront, à moyen terme,minoritaires.

A l’opposé d’Ariel Sharon, lespartisans du retrait unilatéral pen-sent, eux aussi, que le temps et ladémographie travaillent contreIsraël. C’est leur troisième argu-ment. Ils ont en tête les chiffresdu démographe Arnon Sofer, del’université de Haïfa. De 1990 à2000, l’Etat hébreu a, certes,accueilli quelque 900 000 immi-grants venus de l’ex-URSS ; cetteannée encore, en pleine Intifada,ils ont été plus de 45 000 à pren-dre le même chemin. Mais cela nedoit pas faire illusion.

LA « DERNIÈRE OPTION »D’ici à 2020, si Israël contrôle

toujours la bande de Gaza et la Cis-jordanie, les juifs, dans cet espace-là, seront minoritaires, assure leprofesseur Sofer : Arabes israé-liens et Palestiniens des territoirescomposeront 58 % de la popula-tion. Le rêve d’Itzhak Rabin de fai-re d’Israël, durablement, un Etatjuif et démocratique sera de plusen plus difficile à réaliser. Le rêvede ceux des Palestiniens qui refu-sent un micro-Etat dans les territoi-res et penchent pour un Etat bina-tional perdra un peu de son carac-tère utopique.

La thèse du retrait unilatéral, sielle gagne du terrain, n’en est pasmoins vivement contestée, à droi-te et à gauche. Selon la plupartdes commentateurs israéliens,elle supposerait de déplacer près

de 30 000 colons, c’est-à-dire dedémanteler nombre d’implanta-tions disséminées ici et là en Cis-jordanie et dans la bande deGaza. Est-ce possible sans unegrave crise politique en Israël ?fait-on valoir à droite. L’entoura-ge d’Ariel Sharon répète qu’iln’est pas question d’abandonnerune seule colonie.

La gauche interroge : peut-onimaginer d’isoler ainsi un Etatpalestinien inévitablement dépen-dant d’Israël pour l’eau, pour sasurvie économique, pour le passa-ge de Gaza en Cisjordanie, etc. ?Dans un livre à paraître (Quel ave-nir pour Israël ?, PUF), Shlomo BenAmi, qui fut le ministre des affairesétrangères d’Ehoud Barak, expli-que que le retrait unilatéral « serala dernière option » (…) « en casd’échec de toutes les autres solu-tions ». Il ajoute : « Je ne m’y résou-drai pas facilement, car cette optionne règle ni la légitimité de nos fron-tières ni la question de Jérusalem ; ilen résulte donc un état de guerrelatent. » Enfin, le retrait unilatéralreviendrait, comme avec le départde Tsahal du Liban, à céder devantla violence.

Une partie de la droite croit quel’Etat hébreu sortira vainqueur del’épreuve de force en cours. Sansdire comment. Une partie de lagauche reste convaincue qu’Israëlest condamné à s’entendre avecles Palestiniens. Sans dire com-ment non plus.

Alain Frachon

La violence a repris, jeudi 30 août, dans les territoires palestiniens,faisant quatre morts en Cisjordanie et à Gaza. Le retour à un calmeprécaire dans le secteur de Beit Jala, d’où Tsahal s’était retirée àl’aube, mettant ainsi fin à sa plus longue incursion dans une zoneautonome palestinienne depuis le début de l’Intifada, a été salué lemême jour par les Etats-Unis. Le numéro deux du Front démocratiquede libération de la Palestine (FDLP), Qaïs Abou Leila, a par ailleurséchappé à une tentative d’assassinat par Israël, dans la nuit de jeudi àvendredi. Des missiles ont été tirés sur son bureau de Ramallah, d’oùce responsable d’une composante de l’OLP était absent.

Dans la bande de Gaza, un membre de la sécurité palestinienne aété tué par des tirs de chars israéliens, jeudi soir, sur la position où ilse trouvait. En Cisjordanie, un Palestinien a été abattu lors d’uneincursion israélienne à Hébron. Un troisième Palestinien a été tuélors de heurts avec des soldats près de Tulkarem, tandis qu’un retrai-té israélien âgé d’une soixantaine d’années a été assassiné dans unrestaurant du village palestinien de Nahalin, près de Ramallah, enCisjordanie. – (AFP.)

Regain de violence à Gaza et en Cisjordanie

DAN MÉRIDOR

BAT HEFERde notre envoyée spéciale

Au pied de la ville palestiniennede Tulkarem, il n’y a longtempsrien eu, pas même un simple fil bar-

belé, pour matérialiser la « ligneverte », cette frontière informellequi sépare Israël de la Cisjordanie(occupée depuis 1967). Puis unmur en béton, haut de 2,50 m, a étéérigé sur près de 2 kilomètres.C’était en 1996, alors que le lotisse-ment israélien de Bat Hefer sortaitde terre et s’apprêtait à accueillirses premiers habitants. En juillet,après huit mois d’Intifada et unetentative d’intrusion dans le lotisse-ment, la muraille a été doubléed’une clôture électrifiée longée par

un chemin de ronde. D’ici fin octo-bre, celle-ci devrait se prolonger aunord et au sud, constituant ainsiune séparation formelle entre Israé-liens et Palestiniens sur 5 kilomè-tres.

Bat Hefer, à 500 mètres de la vil-le palestinienne de Tulkarem et à14 kilomètres de la cité balnéairede Natanya, est littéralement acco-lée à la ligne de démarcation. Cettepetite ville proprette et dénuée decharme, qui compte aujourd’huiplus de 5 000 habitants, est la der-nière du projet « Sept étoiles » éla-boré dans les années 1980 et conçunotamment par Ariel Sharon.

BARRIÈRE HUMAINEConstruits le long de la « ligne

verte », sur une cinquantaine dekilomètres du nord au sud, les septlotissements formeraient ainsi unebarrière humaine entre les Palesti-niens de l’ouest de la Cisjordanie etles Israéliens qui vivent dans la plai-ne côtière méditerranéenne. Enson point le plus étroit, cette bande

de terre bordée, à l’ouest par lamer, à l’est par les territoires, fait12 kilomètres de large.

En 1994, avant même que ne soitbâtie la première maison de BatHefer, Nahoum Itzkovitch, prési-dent du conseil régional et membredu Parti travailliste, avait demandéau gouvernement l’autorisationd’élever un mur qui marque la fron-tière. « Entre particuliers, un mur estla garantie d’un bon voisinage ;entre les peuples, il est celle de lapaix », avait alors expliqué M. Itzko-vitch à Itzhak Rabin, premier minis-tre.

Ce dernier, d’abord réticent –M. Rabin venait de signer lesaccords d’Oslo –, avait fini par selaisser convaincre et donné sonaccord. « Maintenant, le mur n’estplus celui de la paix, mais celui de lasécurité », remarque Beni Yacobi,directeur du lotissement.

Rue de la Galilée, les pavillonssont à vingt mètres de la muraillede béton. « Dès le début de l’Intifa-da, des Palestiniens nous ont tiré des-

sus depuis Tulkarem. Grâce au mur,personne n’a été blessé », expli-que-t-il. Beni et son épouse Yaël,sympathisants du parti de gaucheMeretz, ont voté pour Ehoud Barakaux dernières élections. Ils ne consi-dèrent pas cette séparation commeune solution définitive mais, enattendant, elle les rassure. « Je pen-se qu’il faudrait reprendre les négo-ciations malgré la violence car, pluson attendra, plus ce sera dur et plusla haine aura grandi de leur côtécomme du nôtre », précise Yaël.

PAS DE LITIGEIl y a moins d’un an, Yaël allait fai-

re ses courses à Tulkarem presquetous les samedis. « C’est la ville laplus proche et c’était moins cher qu’àNatanya. J’y allais sans la moindreappréhension avec ma fille d’un an.Maintenant, c’est impossible, et euxnon plus ne viennent plus. » Au moisde janvier, deux habitants de Tel-Aviv ont été tués à Tulkarem alorsqu’ils étaient venus acheter despots de fleurs avec un ami arabe.

Gaby, un autre électeur d’EhoudBarak dans la région, a perdu toutespoir. « Toute ma vie, j’ai penséque, si on rendait les territoires, onaurait la paix, mais aujourd’hui, jen’en suis plus très sûr. Les Palesti-niens ne veulent pas qu’on reste ici,en Israël. Alors, faisons la séparationunilatérale, traçons une frontièrepour cinquante ans et, après, on ver-ra… », conclut-il d’un ton désabu-sé. « Dans tous les pays du monde, ily a des frontières », explique HaïmAltman, porte-parole du conseilrégional d’Emek Hefer.

Ici, il n’y a pas de raison de nepas tracer formellement la lignede séparation, puisqu’il n’y a pasde litige : Tulkarem restera palesti-nienne et Bat Hefer restera israé-lienne. La gauche ne voulait pasde mur parce qu’elle souhaitaitnouer des liens avec les Palesti-niens, la droite n’en voulait pasnon plus parce qu’elle refusait defixer la frontière. Mais aujour-d’hui, tout le monde est d’accordpour le faire.

PROCHE-ORIENT Un nombrecroissant d’Israéliens se prononcentdésormais pour une « séparation uni-latérale » de l’Etat juif d’avec les ter-ritoires palestiniens. Onze mois

après le début de l’Intifada, l’opi-nion publique voit dans cette idéeune garantie pour la sécurité dupays. b SANS PARTITION, les Palesti-niens finiront par l’emporter sur le

plan démographique, remarque DanMéridor, ministre israélien chargédes questions stratégiques. Ce res-ponsable politique de centre droitest conscient des difficultés de mise

en œuvre d’un tel concept et ajouteque la frontière ne recouperait pasforcément celle de 1967. b LE LONGde la « ligne verte », cette frontièrenon matérialisée séparant Israël des

territoires occupés depuis 1967,murs et clôtures se multiplient, préfi-gurant ce que pourrait être un jourla réalité d’une séparation tangibleentre l’Etat juif et la Cisjordanie.

« M. Arafat ne veut pas d’une paix qui mettefin au conflit. Il veut le droit au retour desréfugiés en Israël, et ça c’est impossible. Celaremettrait en cause l’existence d’un Etat juif »

REPORTAGE« Faisons la séparation,traçons une frontièrepour cinquante ans,et après on verra... »

I N T E R N A T I O N A L2

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

Page 3: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 3

DES DÉLÉGUÉS de quelque150 pays, dont une quinzaine dechefs d’Etat, se sont retrouvés, ven-dredi 31 août, à Durban, en Afri-que du Sud, pour assister à la troi-sième Conférence des Nationsunies contre le racisme, la discrimi-nation raciale, la xénophobie etl’intolérance, dominée par la polé-mique sur Israël et la question desréparations de la traite esclavagis-te. Egalement sujets de controver-ses : le problème des castes –notamment en Inde –, l’annula-tion de la dette du tiers-monde oula situation des peuples indigènes.

Le président de l’Autorité palesti-nienne, Yasser Arafat, est arrivéjeudi soir à Durban, où il a immé-diatement eu une brève rencontreavec le secrétaire général del’ONU, Kofi Annan. Les Palesti-niens et certains participants ara-bes souhaitaient voir le sionismeassimilé à du racisme ou, à défaut,obtenir une condamnation des pra-tiques israéliennes en Israël etdans les territoires palestiniensoccupés ou autonomes.

COLIN POWELL ABSENTLe secrétaire d’Etat américain

Colin Powell avait, en conséquen-ce, décidé de boycotter la confé-rence, et Washington a envoyéune délégation de rang intermé-diaire pour tenter d’obtenir leretrait de passages jugés anti-israé-liens figurant dans les documentspréparatoires. En cas de succès, ladélégation pourrait alors partici-per à la conférence et éviter unboycott américain complet.

Se faisant l’écho des préoccupa-tions américaines, le ministre cana-dien des affaires étrangères, John

Manley, a fait savoir qu’il ne serendrait pas à Durban car « nousn’avons jamais cru et nous conti-nuons à ne pas croire que cette con-férence est un lieu approprié poursingulariser un pays ou pour traiterde sujets spécifiques à unerégion ». La France est représen-tée par Charles Josselin, ministredélégué à la coopération et à lafrancophonie.

Le président cubain Fidel Cas-

tro, pour sa part, est arrivé jeudisoir à Durban pour assister àl’ouverture de la conférence. Par-mi les autres chefs d’Etat étran-gers annoncés ou déjà arrivés figu-rent notamment AbdelazizBouteflika (Algérie), Joso Krizano-vic (Bosnie-Herzégovine), DenisSassou Nguesso (Congo), YoweriMuseveni (Ouganda), Paul Kaga-me (Rwanda) et Gnassingbe Eyade-ma (Togo). Le président JosephKabila (République démocratique

du Congo) est quant à lui arrivéjeudi à Johannesburg et était atten-du à Durban.

En revanche, les pays richesn’ont envoyé à Durban aucun chefd’Etat et la plupart des pays occi-dentaux n’ont pas envoyé de délé-gations de haut niveau.

Les travaux ont débuté à 10 heu-res (heure française) par les inter-ventions de M. Annan et du prési-dent sud-africain, Thabo Mbeki.

Dans l’après-midi, une table ron-de, ouverte par M. Annan, devaitréunir tous les chefs d’Etat pré-sents, ainsi que M. Arafat.

DISPOSITIF DE SÉCURITÉPlusieurs milliers de manifes-

tants étaient également attenduspour un défilé à l’appel de la Coali-tion sud-africaine des organisa-tions non-gouvernementales (San-goco).

La police a déployé un dispositif

de sécurité fort de 3 000 hommes.Les manifestants entendaientdénoncer la politique israélienneet réclamer que l’esclavagisme soitdéclaré « crime contre l’humani-té » et fasse l’objet de réparations.Les organisateurs espéraient initia-lement rassembler 20 000 person-nes, dont la plupart des 7 000 délé-gués présents au Forum des ONGcontre le racisme qui a précédé laconférence, mais un responsablede la Sangoco, Mark Weinberg, arévisé jeudi cet objectif à10 000 manifestants.

« PAS DE HOOLIGANS »Depuis plusieurs jours, les poli-

ciers multiplient les patrouillespédestres, à cheval, à moto, à véloou encore en véhicules blindésdans les rues de la ville. « Nous nevoulons pas un autre Gênes. Lesmanifestations sont planifiées pourpouvoir maintenir la discipline »,assure Nazeem Jeenah, du Conseilnational consultatif d’Afrique duSud sur la Palestine, évoquant lesincidents au sommet du G8 enjuillet 2001. « Tout le monde est lebienvenu, mais nous ne voulons pasde hooligans », a déclaré récem-ment le ministre de la Sécurité, Ste-ve Tshwete.

« Les gens vont bien se tenir, par-ce que personne ne veut aller en pri-son en Afrique », a de son côtédéclaré le porte-parole de la poli-ce, Bala Naidoo, assurant que lesforces de l’ordre était prêtes à fai-re face à « n’importe quoi » pen-dant toute la durée de la conféren-ce, qui se poursuivra jusqu’au7 septembre. – (AFP.)

Une délégation israélienne restreinte de douze membres a quittéIsraël, jeudi 30 août au soir, pour participer à la Conférence de l’ONUsur le racisme qui se tient à Durban, en Afrique du Sud. « Cette déléga-tion est dirigée par Mordehaï Yadi, directeur adjoint du départementdes ONG au ministère des affaires étrangères. Nos hésitations sur ledegré de notre représentation expriment nos doutes sur cette conféren-ce », a expliqué à la radio publique israélienne le vice-ministre desaffaires étrangères, le rabbin Melchior. « Nous n’avons pas voululégitimer – excusez le terme – les “saletés” préparées par les Arabes mais,dans le même temps, nous voulons lutter pour empêcher des résolutionset des expressions de haine, et il y a des chances que nous y parvenions »,a-t-il ajouté.

Selon la radio, le premier ministre israélien, Ariel Sharon, a pris ladécision de restreindre le niveau de cette représentation contre l’avisdu ministre israélien des affaires étrangères, Shimon Pérès. – (AFP.)

Les Tibétains rappellent les « persécutions »de Pékin à leur encontre

entre l’Etat juif et la Cisjordanie

Une quinzaine de chefs d’Etat – mais aucun despays riches – et les délégués de quelque 150 paysse sont retrouvés, vendredi 31 août, à Durban

(Afrique du Sud) pour l’ouverture de la Conféren-ce des Nations unies contre le racisme, qui durerajusqu’au 7 septembre. Les controverses sur le Pro-

che-Orient et la question des réparations de latraite esclavagiste entachent les travaux (lire aus-si notre éditorial et un point de vue page 13).

Une délégation israélienne restreinte

f www.lemonde.fr/durban

LE GOUVERNEMENT israéliend’Ehoud Barak et, dans la foulée,de nombreuses personnalités etgouvernements étrangers ont criéau scandale lorsque les Palestiniensont réclamé, au sommet de CampDavid, en juillet 2000, le respect dudroit au retour des réfugiés, confor-mément à la résolution 194 de l’As-semblée générale des Nationsunies : celle-ci stipule, entre autres,qu’« il y a lieu de permettre aux réfu-giés qui le désirent de rentrer dansleurs foyers le plus vite possible ».

Mais quelques mois plus tard, enjanvier 2001, les négociateurs dumême gouvernement Barak ontfait un grand pas en avant sur cettequestion lors des pourparlers quiont eu lieu avec les Palestiniens, àTaba, en Egypte. Le texte de la pro-position présentée par la déléga-tion israélienne lors de ces pourpar-lers est publié, en exclusivité, par LeMonde diplomatique dans sa derniè-re livraison.

Pour la première fois, l’Etat juifreconnaissait qu’il a été en partieresponsable du drame des réfugiéspalestiniens : « Malgré son accepta-tion de la résolution 181 [de partagede la Palestine] (…) l’Etat d’Israëlnaissant a été entraîné dans laguerre et l’effusion de sang de1948-1949, qui ont fait des victimeset provoqué des souffrances des deuxcôtés, y compris le déplacement etl’expropriation de la population civi-le palestinienne devenue ainsi réfu-giée », disait le document.

« TERRIBLE CHAPITRE »Israël acceptait par ailleurs de con-

tribuer directement à la solution duproblème des réfugiés : « L’Etat d’Is-raël exprime solennellement sa tristes-se pour la tragédie des réfugiés pales-tiniens, leurs souffrances et leurs per-tes et sera un partenaire actif pourclore ce terrible chapitre. »

Le texte obtenu par Le Mondediplomatique ajoute : « En consé-quence, la solution au problème desréfugiés doit exprimer les besoins etles aspirations de ces réfugiés entenant compte des réalités depuis laguerre de 1948-1949. Ainsi, le désir

de retour devra être mis en œuvred’une manière compatible avec l’exis-tence de l’Etat d’Israël, patrie du peu-ple juif, et la création de l’Etat dePalestine, patrie du peuple palesti-nien. »

COMMISSION INTERNATIONALEIl admet donc que cette solution

doit conduire à l’application de larésolution 194 de l’ONU. Les moda-lités du retour d’un nombre – àdéterminer – de Palestiniens ainsique les lieux vers lesquels ils pour-raient être candidats au retour, sontprévus, la priorité étant accordéeaux réfugiés des camps du Liban.Une commission internationale,dont l’Etat de Palestine et l’Etat d’Is-raël feraient partie, serait chargéede centraliser toutes les questionsrelatives aux réparations et auxcompensations dues aux réfugiés.

Les pourparlers de Taba n’ont puêtre menés à leur terme, ni a fortio-ri déboucher sur un accord formel,des élections anticipées étant pré-vues en Israël pour le 6 février, etdont il était prévisible qu’Ariel Sha-ron sortirait vainqueur.

Le document publié par Le Mon-de diplomatique et l’article qui l’ac-compagne, intitulé « Proche-Orient, la paix manquée », mon-trent les progrès faits lors des pour-parlers de Taba sur les autres voletsde la négociation, qu’il s’agisse de larestitution des territoires, des ques-tions de sécurité, du sort des colo-nies de peuplement (voir carteci-dessus) ou de l’avenir de Jérusa-lem.

En creux, ces progrès démontrenten tout cas que les demandes desPalestiniens à Camp Davidn’étaient pas rédhibitoires et queles propositions faites lors dumême sommet par le gouverne-ment israélien ne touchaient pas leplafond de ce qu’il pouvait « concé-der ».

Mouna Naïm

e « Le Monde diplomatique »,nº 570, septembre 2001, en venteen kiosque, 25 francs.

Kofi Annan a ouvert, à Durban, la périlleuseconférence de l’ONU contre le racisme

Aucun chef d’Etat des pays riches n’est présent en Afrique du Sud

GENÈVEde notre correspondant

« La conférence reconnaît quel’occupation étrangère fait partiedes formes et des sources des prati-ques raciales discriminatoires. »Fort de cette affirmation du projetde programme d’action élaboré envue de la rencontre de Durban,c’est exactement dans cette pers-pective que s’inscrit le rapport d’In-ternational Campaign for Tibet(ICT), l’une des deux ONG tibétai-nes accréditées à la Conférencemondiale contre le racisme. C’estla première fois que des associa-tions spécifiquement tibétainesparticipent en tant que telles à unerencontre internationale sous lesauspices des Nations unies, grâceau feu vert donné fin mai par lecomité préparatoire, contre l’avisdes représentants officiels dePékin.

Intitulé « Jampa, histoire duracisme au Tibet », le document– d’une soixantaine de pages –publié lundi 27 août prend pourpoint de départ un film chinois dudébut des années 1960 qui, souscouvert de dresser le portrait d’unserf libéré grâce à l’entrée des trou-pes chinoises au Tibet, montre unpays et un peuple arriérés, ayantbesoin de « l’aide du grand frère chi-nois pour accéder à la civilisation ».

Vivement ressenti par les Tibé-tains, dès sa sortie, comme uneattaque directe contre leur cultureet leur altérité, ce film de basse pro-pagande a servi à la fois à façonnerl’image que la majorité des Chinoisse font du Tibet et des Tibétains,mais également – et surtout – com-me justification de l’invasion dupays par le régime de Mao. En seréclamant de sa « mission civilisatri-ce au Tibet », Pékin ne fait quereprendre à son compte les argu-ments employés naguère pour justi-fier l’apartheid ou le colonialisme.

A partir de cette étude, le rap-port d’ICT énumère divers cas pré-cis de discrimination raciale carac-térisée dans le Tibet d’aujourd’hui.De l’école, où la langue tibétaineest réduite à la portion congrue, àl’emploi, où la préférence nationa-le va systématiquement aux colonsde souche han, en passant par l’ap-prentissage, les soins médicaux oules interdits touchant la religion, le

texte dévoile les abus récurrentsdont sont victimes les Tibétains surleur propre sol. Pour se donnerbonne contenance, les autorités dePékin étiquettent de « séparatis-me » toute velléité de protestation,justifiant de la sorte l’usage de tousles moyens de répression, y com-pris la torture.

Pour les ONG tibétaines, « ledénigrement et la persécution de lareligion et de la culture tibétainesrésultent directement de la politiquegouvernementale visant à combattrela résistance des Tibétains à l’occu-pation de leur pays (…) par une assi-milation forcée dans le cadre de laculture chinoise ». Selon ICT, « lesTibétains n’ont le choix qu’entre l’as-similation en renonçant à leur pro-pre identité culturelle et religieuse, etêtre sans cesse confrontés à la discri-mination ».

CONTRADICTIONS CHINOISESAu-delà d’une série de recom-

mandations classiques visant à éra-diquer ces pratiques, le documentmet en relief un aspect particulierrelativement peu relevé jusqu’ici, àsavoir les contradictions manifes-tes entre la législation officielle chi-noise et le comportement des auto-rités sur place. Et de noter : « LaChine a adopté une attitude nettecontre le racisme sur la scène interna-tionale, dénonçant par exemplel’apartheid en Afrique du Sud bienavant d’autres gouvernements. Maiselle reste très en retard par rapport àla plupart des pays du monde quantà la reconnaissance et à l’éradica-tion du racisme à l’intérieur de sesfrontières. » Comme le remarqueun témoin cité dans le rapport :« La rhétorique de la supériorité hanconstitue depuis des siècles l’un desfondements principaux de la visionchinoise du monde. »

En tout cas, en vertu de la nouvel-le norme contre le racisme adoptéeen Suisse, l’Association pour l’auto-détermination de tous les peuples arécemment déposé une plainteauprès du ministère public deZurich contre l’ambassadeur deChine pour « discrimination racia-le » après la diffusion par ses servi-ces de « propagande diffamatoire etcontraire à la vérité sur le Tibet ».

Jean-Claude Buhrer

Djénine

Tulkarem

NaplouseKalkiliya

Ramallah

Abou-DisBethléem

Tekoah

Hébron

Jéricho

Jérusalem

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Les propositions israéliennes de Taba sur la Cisjordanie

Source : Maison de l'Orient

TERRITOIREPRÉVUPOUR L'ÉTATPALESTINIEN

TERRITOIRESANNEXÉSPAR ISRAËL

ZONES A ET BSOUS CONTRÔLEDE L'AUTORITÉPALESTINIENNE

VILLAGESPALESTINIENS

COLONIESISRAÉLIENNESQUI SERAIENTABANDONNÉES

COLONIESISRAÉLIENNES

10 km

Si le gouvernement n’a pas depolitique active en la matière, ilréserve un bon accueil aux initiati-ves prises par les responsableslocaux et en finance une grandepartie. Petit à petit, des portionsde mur ou de clôture de quelque 2à 5 kilomètres apparaissent, ici oulà, pour protéger les zones les plusexposées.

Certains refusent catégorique-ment cette évolution. A 2 kilomè-tres au nord de Bat Hefer, les habi-tants du kibboutz Balkhan, créé en1954, regardent d’un drôle d’œilleurs nouveaux voisins. « Ils recons-tituent un ghetto », remarque l’und’eux. « Ça fait cinquante ans quec’est comme ça, sans frontière, et çapeut continuer encore longtemps »,précise une autre. « Et de l’autrecôté, chez les Palestiniens, qu’est-cequ’ils en pensent ? », s’interroge letroisième, outré.

A Baka el-Garbye, une ville ara-be israélienne, située encore unpeu plus au nord, dont la sœurjumelle, Baka el-Sharkya, se trou-

ve en Cisjordanie, la réponse estambivalente. « Ici, c’est impossible :la frontière passe au milieu de la vil-le et les familles sont à cheval sur lesdeux agglomérations », disent-ilstous.

« GRANDE PRISON »Signe de cette imbrication, l’ar-

mée a installé son barrage75 mètres au-delà de la « ligne ver-te » afin de ne pas couper en deuxle grand marché de Baka el-Gar-bye. Tous aussi rejettent l’idée dela séparation qui transformeraitles territoires en « grande prison ».« A moins que les Palestiniens puis-sent y déclarer leur Etat », ajoutent-ils. Quant à eux, Arabes israéliensde Baka el-Garbye, si la séparationunilatérale les obligeait à choisir,ils se retrouveraient pris entredeux feux. Raed, propriétaired’une droguerie, remarque : « Niles uns ni les autres ne veulent denous. »

C. Du.

Taba, janvier 2001 :les concessions d’Israël

I N T E R N A T I O N A L

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4 / LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

L’AFFAIRE fait grand bruit au Sénégal.Mardi 28 août, la police a arraisonné, à l’aéro-port de Dakar, un avion en partance pour laLibye avec 130 Sénégalais à bord. Trente-sixpassagers, de sexe masculin, étaient dûmentmunis de visas pour la Jamahiriya, où ils devai-ent participer, comme artistes ou artisans,aux festivités marquant le 32e anniversaire dela prise de pouvoir du colonel Kadhafi, le1er septembre 1969.

Les autres passagers, des jeunes femmes« en général très belles, genre mannequins »,selon un policier, étaient dépourvus de visas.Interrogées, elles ont affirmé se rendre à un« défilé de mode », à l’invitation du colonelKadhafi, pour un cachet jugé important équi-valant à 5 000 francs.

Les autorités sénégalaises, « absolumentpas informées », ont bloqué l’avion. Le chef dela diplomatie, Cheikh Tidjane Gadio, a jugé« inamical et inacceptable » de la part de laLibye, pourtant « un pays frère africain », l’en-voi d’un avion pour recruter des jeunes fem-mes, âgées de 18 à 26 ans, dont certainesavaient été repérées et contactées dans lesrues de Dakar. « Que dirait la Libye si le prési-dent Wade (le chef de l’Etat sénégalais)envoyait un avion à Tripoli pour y ramasser des

filles ? », s’est interrogé le chef de la diploma-tie sénégalaise. La police qui mène l’enquêteest plus explicite encore. « Nous soupçonnonsun réseau de prostitution », confie-t-elle.

A la faveur du départ pour Tripoli d’unetroupe folklorique, très officiellement invitéeà l’anniversaire de la révolution pour partici-per à un Festival d’arts populaires africains,« on » aurait voulu « exfiltrer » la centaine dejeunes femmes « à des fins inavouables ».

« COMME DES PRINCESSES »Qui, « on » ? Après un bref interrogatoire,

la police a relâché les « mannequins ». Enrevanche, elle retient « pour enquête » deuxsœurs jumelles françaises d’origine sénégalai-se, Nancy et Leila Campbell-Badiane. Celles-ci, travaillant « dans le milieu de la mode »,auraient joué le rôle de « convoyeuses ».

Or, selon les confidences d’un vrai manne-quin que Le Monde avait recueillies en février2001, ces deux « bookeuses » ont déjà organi-sé un charter de top models à destination dela Libye. L’avion était parti de Paris, le3 février, avec à son bord soixante-cinq man-nequins, dont une cinquantaine originairesdu continent africain. Plusieurs agences pari-siennes, dont Metropolitan, avaient été appro-

chées et Sonia Rolland, Miss France 99 , étaitdu voyage.

D’abord, tout s’était bien passé. Dès le len-demain de leur arrivée, les filles avaient étéreçues, par petits groupes, par le colonel Ka-dhafi « en tenue de sport et entouré de sa gardeprétorienne, que des femmes », ses amazones.

Il était alors question d’un défilé en présen-ce, outre du « Guide », de… Nelson Mandela.Mais après quatre jours d’enfermement strictà l’hôtel El-Mahari, sans essayage ni répéti-tion, les jeunes femmes avaient voulu repartir.

Seulement, sous prétexte de « faire prolon-ger le visa », l’homme d’affaires libyen à l’origi-ne de l’opération, qui aurait coûté environ2 millions de francs, leur avait pris leurs passe-ports. Pleurs et émeutes dans les chambresd’hôtel. « Vous êtes traitées comme des princes-ses ! De quoi vous plaignez- vous ? », répé-taient inlassablement Nancy et Leila. Et cen’est qu’après l’alerte de l’ambassade de Fran-ce, via le Quai d’Orsay à Paris, que les manne-quins avaient finalement pu repartir, le9 février, par Swissair. Qu’auraient dit Nancyet Leila aux jeunes Sénégalaises amenées encharter à Tripoli ?

Gaïdz Minassian et Stephen Smith

Le colonel Kadhafi et la « traite des mannequins »

SYDNEYde notre correspondant

L’image de marque de l’Australiecommençant à souffrir de la crisedu Tampa, le premier ministre aus-tralien, John Howard, a demandé,jeudi soir 30 août, au secrétairegénéral des Nations unies, KofiAnnan, de l’aider à sortir de l’impas-se. « Il est très, très regrettable qu’unpays avec une grande réputationcomme l’Australie soit incapable detendre la main, en des termes appro-priés et selon des pratiques établies,à ces personnes », venait de décla-rer Mary Robinson, haut commis-saire des Nations unies pour lesdroits de l’homme, en marge de laconférence de Durban, en Afriquedu Sud. Le refus de Canberra depermettre au cargo norvégien char-gé de réfugiés d’accoster l’île austra-lienne de Christmas risquait de setransformer en piège diplomati-que. A quelques mois des électionsfédérales, le chef du gouvernementaustralien s’est, en outre, inquiétéde l’effritement progressif du sou-tien accordé par l’opinion publiquedepuis le début de la crise.

REFUS INDONÉSIENLe porte-conteneurs scandina-

ve, qui avait recueilli le week-enddernier, sur un rafiot prenantl’eau, près de 460 immigrés clan-destins venant majoritairementd’Afghanistan, ne peut rester indé-finiment au large de Christmas.Les demandeurs d’asile sont sur-veillés par des militaires d’élite aus-traliens, qui ont pris position sur lebateau et empêchent les réfugiésde sauter dans des eaux infestéesde requins. La solution la plus sim-

ple serait de renvoyer les candi-dats à l’exil vers l’Indonésie voisi-ne. Mais ce dernier pays s’affirmeprêt à utiliser des moyens arméspour empêcher leur retour. Pourmontrer sa détermination, la nou-velle présidente indonésienne,Megawati Sukarnoputri, n’a tou-jours pas accepté de s’entretenirau téléphone avec John Howard.

Jeudi, Djakarta a aussi refusé

d’accorder un visa au secrétaireaustralien pour les affaires étrangè-res, Ashton Calvert, qui souhaitaitpréparer la visite, prévue ce week-end, du ministre australien desaffaires étrangères, AlexanderDowner, et du ministre de l’émigra-tion, Philip Ruddock. Cette rencon-tre a été depuis reportée de plu-sieurs jours.

Si « l’affaire du Tampa » a étéjugée « très sérieuse » par MaryRobinson, c’est notamment parce

que les textes internationaux sontlimpides : les réfugiés doivent« être acceptés dans le port le plusproche ». L’article 33 de la Conven-tion de Genève sur le « non-refoule-ment » des réfugiés stipule qu’unenation a l’obligation d’étudier lesdemandes d’asile des immigrantsillégaux avant de les renvoyer dansleur pays d’origine.

Mais Canberra estime que ce texte

n’est pas applicable en l’état, car lecapitaine du Tampa a outrepassé l’in-terdiction des autorités australien-nes de pénétrer dans ses eaux territo-riales. Son refus d’obtempérer auraitdonné au gouvernement, selon lepremier ministre, le droit d’envoyerdes soldats sur le navire afin d’inviterle commandant de bord à quitter seseaux territoriales. Le capitaine duTampa, qui n’avait plus qu’un seulvoyage autour du monde à effectueravant de prendre sa retraite, estime

toutefois qu’il lui est impossible deprendre le large car son cargo ne pos-sède pas l’autorisation de trans-porter plus de cinquante personnes.

Le gouvernement libéral sait qu’ilavance sur un terrain juridiqueminé. Pour se prémunir contred’éventuelles poursuites judiciai-res, John Howard a tenté, dans lanuit du mercredi 29 août, de fairevoter par les parlementaires un« amendement sur la protection desfrontières » permettant aux autori-tés de remettre sur un bateau lesdemandeurs d’asile se jetant àl’eau, et d’utiliser une « force raison-nable » pour empêcher les naviresd’entrer sans autorisation dans leseaux territoriales australiennes.

AMENDEMENT REPOUSSÉCe texte, qui aurait interdit tout

recours devant les tribunaux contredes fonctionnaires, recommandaitégalement qu’aucun dossier d’obten-tion du statut de réfugié ne puisseêtre pris en compte tant que lesdemandeurs d’asile n’ont pas fouléle sol australien. Refusant de soute-nir M. Howard, pour la première foisdepuis que cette affaire a éclaté, lestravaillistes, appuyés par les démo-crates et les écologistes, ont faitéchouer, jeudi à 1 heure du matin, levote de l’amendement au Sénat.

Le chef de l’opposition, Kim Beaz-ley, a expliqué qu’une telle mesure« signifierait qu’il serait normal qu’unofficier australien s’empare d’unbateau qui est en train de couler avecà son bord des vies humaines en dan-ger, pour lui ordonner » de partir aularge.

Frédéric Therin

SKOPJE. Le Parlement macédonien, qui compte 116 députés, devaitcommencer, vendredi 31 août, à débattre des projets de réformesconstitutionnelles visant à étendre les droits des Albanais. Cesdébats devraient aboutir à un vote prévu pour mardi 4 septembre,une majorité des deux tiers étant requise pour amorcer le processusde ratification.Par ailleurs, en quatre jours, les soldats de la Task Force Harvest(TFH) ont collecté quelque 1 450 armes des mains de l’Armée de libé-ration nationale (UCK), soit plus du tiers des équipements de la gué-rilla albanaise, évalués à 3 300 pièces, une évaluation contestée parles autorités. Selon l’état-major français, un tiers des armes est « trèsrécent et en bon état », un tiers « récent mais usagé » et le derniertiers est « plus ancien ». – (AFP.)

Au Népal, début des négociationsentre gouvernement et maoïstesKATMANDOU. Le gouvernement népalais et les rebelles maoïstesont eu, jeudi 30 août, leur première journée de négociations de paixdepuis le début de l’insurrection il y a cinq ans. « C’était un bondébut », a commenté le négociateur des maoïstes, Agni PrasadSapkota, en précisant avoir réclamé « un gouvernement intérimaire,une nouvelle Constitution et le développement institutionnel d’uneRépublique. »Le nouveau premier ministre, Sher Bahadur Deuba, avait invité lesrebelles à entamer des négociations de paix, en leur demandant derenoncer à leur revendication républicaine, la monarchie étant,selon lui, une institution populaire. Les deux parties se sont enga-gées à se revoir prochainement. – (AFP, Reuters.)

Elections dans le calmeà Timor-OrientalBANGKOK. L’élection des 88 membres d’une Assemblée constituan-te s’est déroulée dans le calme, jeudi 30 août à Timor-Oriental, et laparticipation au scrutin est évaluée, par l’ONU – qui administre leterritoire depuis la fin 1999 – à 91 %. Le secrétaire général desNations unies, Kofi Annan, s’est félicité de « l’esprit de paix, de la tolé-rance et de la maturité » ainsi manifestés par les Est-Timorais. Lesrésultats du scrutin seront connus le 5 septembre et proclamés offi-ciellement le 10 septembre.L’Assemblée constituante doit se réunir le 15 septembre. L’électiond’un chef de l’Etat – qui devrait être José Xanana Gusmao, héros dela résistance anti-indonésienne – devrait avoir lieu après l’adoptiond’une Constitution. L’ONU maintiendra sur place une forte présen-ce pendant quelques années. – (Corresp.)

DÉPÊCHESa ÉTATS-UNIS : les forces armées américaines en Europe, soit65 000 hommes, devront transférer certains de leurs armements etde leurs équipements en Asie. Le secrétaire américain à l’armée deterre, Thomas White, l’a annoncé, jeudi 30 août, à Washington, suiteà des directives émanant du secrétaire à la défense, Donald Rums-feld, qui a récemment évoqué ce changement de stratégie. – (AP.)a SAHARA OCCIDENTAL : le Front Polisario a réitéré son oppo-sition au plan de l’ONU pour une autonomie du Sahara mais n’apas fermé la porte à de nouvelles discussions avec l’émissaire del’ONU, James Baker. Celui-ci avait réuni, du lundi 27 au mercredi29 août dans son ranch du Wyoming, des représentants du Polisa-rio, de l’Algérie et de la Mauritanie pour discuter du plan d’autono-mie de cette ancienne colonie espagnole annexée en 1975 par leMaroc. Ce dernier, favorable au plan de l’ONU, n’a pas pris part auxdiscussions. – (AFP.)a IRAN : des émeutes dans la ville de Sabzevar ont fait un mort– un jeune garçon, tué par balles – et trente-sept blessés. Elles ontété provoquées par une décision du gouvernement de ne pas dési-gner cette ville du nord comme capitale de province, selon desmédias officiels et des responsables. La police a ouvert le feu et tirédes gaz lacrymogènes contre environ huit cents manifestants quiprotestaient violemment contre la décision du gouvernement dediviser la province du Khorassan en trois petites provinces sans dési-gner leur ville comme la capitale de l’une d’entre elles, selon l’agen-ce IRNA. – (AFP.)a RUSSIE : Reporters sans frontières a protesté, jeudi 30 août,contre la prise de contrôle de la télévision russe privée TVK à Lipetsk(300 kilomètres au sud de Moscou) par une milice armée. TVK estconnue pour ses critiques envers le pouvoir régional. Dans une let-tre adressée aux autorités russes, l’organisation non gouvernementa-le se déclare inquiète de « l’utilisation toujours plus fréquente de poli-ces privées, notamment contre les médias indépendants », et demandeaux autorités de lui « préciser dans quelle mesure la liberté d’actioncroissante de ces polices est compatible avec le respect de l’Etat de droiten Russie ». – (AFP.)a EUROPE : Amnesty International a exhorté, jeudi 30 août, lesgouvernements à prendre des mesures pour élucider les affaires de« disparitions » de milliers de personnes en Europe. Dans un commu-niqué publié à l’occasion de la Journée internationale pour les per-sonnes disparues, l’organisation de défense des droits de l’hommeestime que les gouvernements devraient mener des enquêtes indé-pendantes et impartiales et faire comparaître les responsables en jus-tice. Amnesty précise que des milliers de personnes ont « disparu »dans des pays de l’ancienne Yougoslavie, en Tchétchénie, en Biélo-russie, en Ukraine, en Turquie et en Ouzbékistan. Six ans après la finde la guerre en Bosnie, 90 % des 20 557 personnes portées disparuesdans les registres de la Croix-Rouge internationale n’ont toujourspas été retrouvées, ajoute Amnesty. – (Reuters.)

Le général Eyadéma veutse maintenir au pouvoir au TogoLOMÉ. Le général Gnassingbé Eyadéma, à la tête du Togo depuis1967, veut changer l’article de la Constitution qui lui interdit de bri-guer un nouveau mandat en 2003, a indiqué, jeudi 30 août, son pre-mier ministre. Celui-ci a également annoncé le report des électionslégislatives, prévues pour octobre, arguant que le code électoralélaboré en concertation avec l’opposition était « inapplicable enl’état ».Pour justifier la nouvelle candidature du chef de l’Etat, le premierministre a invoqué « le souhait exprimé par différentes couches socio-professionnelles de la nation qui préfèrent s’en remettre à sa sagesseet à son expérience, au lieu de choisir les chemins de l’aventure ».L’opposition a dénoncé un « coup de force inadmissible », estimantque la Constitution, qui limite le nombre des mandats présiden-tiels, était « intangible ». En juillet, le général Eyadéma avait annon-cé son départ du pouvoir en 2003, promettant de respecter la Cons-titution. – (AFP.)

A Dili, la capitale du Timor-Oriental, territoire sous administrationprovisoire des Nations unies, le ministre des affaires étrangères, JoséRamos Horta, s’est dit prêt à accueillir temporairement les clandes-tins du Tampa. « Si Timor-Oriental est approché par le gouvernementaustralien ou le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR, ONU), il exa-minera certainement cette possibilité de manière favorable », a-t-il décla-ré, vendredi 31 août. Le porte-parole du ministre australien des affai-res étrangères, Alexander Downer, a indiqué qu’une demande avaitété présentée auprès de l’administrateur des Nations unies à Timor-Oriental, Sergio Vieria de Mello, pour que les réfugiés du Tampa puis-sent effectuer leur demande d’asile à Timor-Oriental.

Plus tôt dans la journée, le chef du gouvernement néo-zélandais,Helen Clark, avait indiqué que son pays pourrait recevoir une partiedes demandeurs d’asile du cargo, à condition que d’autres pays fas-sent de même. – (AFP, Reuters.)

La CIA pronostique une aggravation de la menace balistique

Le premier ministre australien, John Howard,tente de sortir de l’impasse où l’a conduit sa poli-tique de fermeté à l’égard des réfugiés embar-

qués à bord du porte-conteneurs norvégien« Tampa ». Critiqué par le haut-commissaire desNations unies pour les droits de l’homme, Mary

Robinson, Canberra a saisi le secrétaire généralde l’ONU, Kofi Annan, pour trouver une solu-tion à la crise.

Dili propose d’accueillir les réfugiés

Canberra demande l’aide des Nations uniespour se sortir de l’affaire du « Tampa »

Les militaires australiens sont toujours à bord du cargo qui a recueilli près de 460 clandestins

LA MENACE qu’exerce, sur lasécurité des Etats-Unis, l’existencede missiles balistiques à longue por-tée est plus grave aujourd’hui quedu temps de la guerre froide Est-Ouest, lorsque l’ex-URSS était leseul adversaire déclaré. Et cettemenace, exprimée en termes de pré-cision des missiles à l’impact, de fia-bilité des systèmes ou des chargesexplosives embarqués, devrait conti-nuer d’empirer dans les quinzeannées à venir. Ce diagnostic a étéposé par la Central IntelligenceAgency (CIA) lors d’un séminaireentre experts de la défense qui vientd’avoir lieu à Huntsville (Alabama)et dont les travaux ont été partielle-ment diffusés à partir de réflexionsavancées par John McLaughlin, ledirecteur adjoint de la CIA.

A la différence de la Russie, quis’est engagée à réduire le nombrede ses têtes nucléaires à environ4 000, la Chine est montrée dudoigt par M. McLaughlin. « Pékinest en train de moderniser son arse-nal, dit-il, et de passer du stadeactuel, qui repose sur une vingtainede missiles intercontinentaux dansdes silos, au développement, puis audéploiement de missiles mobiles. » Apropulsion liquide, donc plus lents

à mettre en œuvre que des enginsà poudre, la vingtaine de missilesDF-5 qui sont actuellement en bat-terie auraient une portée de12 000 kilomètres et une précisiond’impact de 500 mètres. Avec desmissiles mobiles, sur route et nonsur voie ferrée, à capacité intercon-tinentale, la Chine, prédit la CIA,disposera d’un arsenal véritable-ment stratégique autour de 2015.

PRÉDICTIONS CONTESTÉESCette date est aussi avancée par

la CIA pour ce qui concerne l’Irak.Bagdad est, pour le moment, soup-çonné d’avoir dissimulé une « peti-te » force de missiles balistiques àcourte portée (650 kilomètres), quilui permettrait de menacer Israël,l’Iran, l’Arabie saoudite ou la Tur-quie. Mais, « avec une aide étrangè-re », dont la nature n’est pas spéci-fiée, les Irakiens ont reconstruit« un potentiel industriel » suffisantpour développer un missile inter-continental « dans les quinze ans »à venir.

M. McLaughlin explicite ensuitele cas de l’Iran. « C’est l’un des paysles plus à même, dans la région, deconcevoir des missiles balistiques. »Prochainement, les Iraniens déploie-

ront un missile de 1.300 kilomètresde portée, le Shahab-3, conçu sur lemodèle du No Dong nord-coréen àdeux étages et apte à s’en prendre àdes cibles en Israël, en Turquie ouen Arabie saoudite. « La plupart desanalystes, prédit le directeur adjointde la CIA, estiment que Téhéran peuttester, dans les dix à quinze prochai-nes années, un missile qui pourraitfrapper les Etats-Unis. D’autres consi-dèrent que cette expérimentationpeut advenir plus tôt, en 2005. »

D’une manière générale, laCorée du Nord est présentée com-me étant le pays susceptible defournir une assistance technologi-que en la matière au Proche/Moyen-Orient, à l’Asie du Sud-Est et àl’Afrique du Nord, tandis que la Chi-ne réserverait son aide au Pakistanmême si elle s’en défend.

Cette description, par la CIA,d’une « accélération » de la mena-ce balistique dans le monde inter-vient alors que les Etats-Unis ten-tent, sous la présidence de GeorgeW. Bush et plus nettement que dutemps de l’administration Clinton,de justifier la priorité donnée àl’édification d’un bouclier antimissi-le pour un investissement globalde 100 milliards de dollars (près de

110 milliards d’euros). « Les missi-les intercontinentaux, expliqueM. McLaughlin, sont les outils d’unediplomatie coercitive » et « aucungouvernement ne peut ignorer lesconséquences dévastatrices d’une tel-le réalité dans les quinze prochainesannées », un calendrier qui anticipe– comme par hasard – sur la miseen œuvre, par Washington, d’uneprotection antimissile.

Pour autant, les prédictions de laCIA sont contestées par desexperts, aux Etats-Unis, qui compa-rent le bouclier de M. Bush à unenouvelle « ligne Maginot », ceréseau français de fortificationsdéfensives censé être infranchissa-ble et contourné par les Allemandsen 1940. Plusieurs de ces expertsrécusent l’idée que la Corée duNord, l’Iran, l’Irak et même la Chi-ne aient véritablement besoin demissiles intercontinentaux pourinquiéter Washington. Il suffit,selon eux, à un agresseur d’achemi-ner des armes de destruction massi-ve via des avions de ligne ou desbateaux pour les faire exploser surune grande ville ou dans un portaméricains.

Jacques Isnard

Le Parlement macédoniendébat du plan de paix

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LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 5

UNE SILHOUETTE amaigriepenchée à la fenêtre et parlantd’une voix faible, comme le papes’exprimant du haut de son balcon.Une limousine disparaissant entrombe dans les ruelles de Rome.Mgr Emmanuel Milingo et MariaSung, sa petite épouse, sa « Butter-fly » coréenne, se sont quittés dansla soirée du mercredi 29 août. Unedernière entrevue a mis un termeau feuilleton que l’Italie suit avecémotion depuis trois semaines etque le Vatican regarde comme unetrès mauvaise « série B ». L’ancienarchevêque de Lusaka (Zambie) adéfinitivement rompu avec cettefemme médecin de quarante-troisans, qu’il avait épousée le 27 mai àNew York, au cours d’une cérémo-nie de mariages collectifs présidéepar le révérend Sun Myung Moon,fondateur de la secte du mêmenom (Le Monde du 16 août).

La rencontre a eu lieu dans unhôtel voisin du Vatican, l’HôtelArchange. Elle a duré près de troisheures et s’est déroulée en présen-ce d’une dizaine de témoins. PuisMgr Milingo s’est engouffré dansune voiture frappée aux armes duSaint-Siège. Depuis un étage, la« signora Sung » a annoncé mettrefin à sa grève de la faim commen-cée le 14 août. « Je vivrai seule pen-dant toute ma vie, a-t-elle promis.Je ferai de mon mieux pour soutenirMgr Milingo dans sa mission, etpour le retrouver dans l’au-delà. »

Officiellement, Mgr Milingo estretourné à sa « retraite spirituelle »engagée voici trois semaines. Sonlieu de résidence est tenu secret. LeVatican a diffusé une lettre manus-crite datée du 27 août et adressée àMaria Sung. Le prélat, âgé desoixante et onze ans, affirme qu’ilcontinuera de l’aimer « comme unesœur » : « Mon engagement dans lavie de l’Eglise, à travers le célibat, ne

permet pas d’être marié, confes-se-t-il par écrit. Le rappel de monEglise à mon engagement premierest juste. » Le Vatican a précisé quela décision de Mgr Milingo a étéprise « en totale liberté », répon-dant aux accusations de la secteMoon affirmant que le prélat avaitété « drogué et manipulé ».

POPULAIRE EN AFRIQUELe chemin de l’enfant prodigue

est passé par la résidence d’été dupape, à Castelgandolfo. Jean Paul IIa ouvert sa porte, le 7 août, à l’ar-chevêque menacé d’excommunica-tion. « Au nom de Jésus, retournedans l’Eglise catholique », lui aurait-il demandé. Mgr Milingo n’en étaitpourtant pas à ses premières fras-ques. Obligé de démissionner en1982 de l’archevêché de Lusaka, enraison de ses activités de guérisseuret de chasseur de démons, il avaitété nommé à un poste honorifiquedans l’administration pontificale. Ilavait de nouveau fait sensation en1995, en lançant un disque de chan-sons africaines intitulé GubuduGubudu (Le Soûlard).

Cette fois, avec ce « mariage moo-niste », le Vatican a craint que l’ar-chevêque ne rompe définitivementavec l’Eglise catholique et n’ordon-ne lui-même des évêques, consom-mant un schisme à la manière deMgr Lefebvre en 1988. Le prélat gué-risseur est en effet resté populaireen Afrique et en Italie. De son côté,l’Eglise de l’unification, fondée parle révérend Moon, étend soninfluence depuis cinq ans. En 2001,Sun Myung Moon, âgé de quatre-vingt-un ans, a lancé une tournée deconférences aux Etats-Unis, à desti-nation de la communauté noire, surle thème de l’antiracisme et de la res-tauration des valeurs familiales.

Xavier Ternisien

L’ex-archevêque de Lusakacapitule devant le VaticanLa rupture quasi publique de Mgr Milingo avecson épouse de la secte Moon a été consommée.Le prélat n’en est pas à ses premières frasques

LA HAYEcorrespondance

« Allez-vous me laisser parler oume couperez-vous le micro commevous l’avez fait au cours de ma com-parution initiale ? Pouvons-nouscommuniquer comme des personnescivilisées ? » Il est 10 h 33, jeudi30 août, lorsque Slobodan Milose-vic prend la parole au cours de sadeuxième rencontre avec les jugesdu Tribunal pénal internationalpour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Leton est donné : comme la premièrefois (Le Monde du 4 juillet), l’ancienhomme fort de Belgrade a optépour la confrontation et le déni,n’hésitant pas à travestir les faits.

« Je suis maintenu en isolementtotal par une institution illégale », seplaint l’ex-président yougoslave,accusé de « crimes contre l’humani-té » pour son rôle dans la purifica-tion ethnique au Kosovo. Or, si telétait bien le cas le premier mois desa détention, Milosevic n’est plusisolé que de quelques codétenus,ceux qui sont concernés par sonaffaire. D’ailleurs, ChristopherBlack, avocat canadien qui le sou-tient dans son combat, a déclarérécemment que Milosevic « est enbonne forme et qu’il joue aux cartesavec l’un des détenus croates récem-ment transférés à La Haye ».

L’ancien président yougoslave seplaint également de ne pas pouvoircommuniquer avec la presse et dene pas recevoir de visites à son gré.Pourtant, Slobodan Milosevic « avu son épouse, Mira Markovic, pen-dant quarante-cinq heures etd’autres membres de sa famille pen-dant vingt heures depuis son arrivéeau centre de détention, le 29 juin »,précise Jim Landale, porte-paroledu tribunal.

Il a, en outre, récemment accor-dé un entretien téléphonique à lachaîne américaine de télévision

Fox… contrairement au règlementde la prison, qui s’applique à tousles détenus. « L’accusé doit com-prendre qu’il n’est plus en liberté, etqu’il doit obéir aux règles valablespour tous », rétorque FlorenceHartmann, porte-parole de CarlaDel Ponte.

« NOUVEAUX ÉLÉMENTS »Surtout, Slobodan Milosevic

maintient que le TPIY est « un ins-trument politique illégal », qui n’apas compétence à le juger. Il con-teste la légalité d’un tribunal qu’il alui-même reconnu en signant lesaccords de Dayton, en décembre1995, qui ont mis fin à la guerre enBosnie. L’ancien président refuseégalement de prendre connaissan-ce de son acte d’accusation, qui l’in-culpe, notamment, pour la mort deplus de neuf cents Albanais duKosovo. La procureure, Carla Del

Ponte, a donc demandé au jugeRichard May de lui faire lecture dece texte à l’audience. « Si vous pré-voyez d’amender l’acte d’accusa-tion, nous en reparlerons plus tard »,a proposé le juge. Réponse de laprocureure : « Je prévois de publierun nouvel acte d’accusation concer-nant la Bosnie et la Croatie débutoctobre, et d’amender celui sur leKosovo à la fin du même mois. »

Au TPIY, les enquêtes ne s’arrê-tent pas avec la détention d’unaccusé, ce qui ouvre la porte à desamendements. Malgré cela, Slobo-dan Milosevic ironise : « Deux anset demi se sont écoulés depuis moninculpation, et le tribunal ne disposed’aucun élément de preuve. Il enfaut du temps pour mettre un pointfinal à une fausse accusa-tion ! » « Depuis que nous avonsaccès à des documents et à destémoins en Serbie, nous disposons de

nouveaux éléments de preuves, com-me ces charniers contenant des res-tes d’Albanais du Kosovo découvertsautour de Belgrade. Cela étant, noussommes prêts à commencer le pro-cès sur les accusations actuelles »,rappelle Florence Hartmann.

DIALOGUE DE SOURDSPar ailleurs, Carla Del Ponte a

confirmé en marge de l’audiencequ’elle inculpera l’accusé de « géno-cide en Bosnie », conformément àce qu’elle laissait entendre au Mon-de en juillet. L’audience de « miseen état » de jeudi, dont l’objectifest d’avancer dans la phase prépa-ratoire au procès proprement dit, adonc une fois encore tourné au dia-logue de sourds. Cela n’a pas empê-ché le juge May de prendre unedécision importante et d’établir uncalendrier.

Constatant la persistance de l’ac-cusé à refuser l’aide d’un avocat, lemagistrat a nommé un amicuscuriae (« un ami de la cour »), quine sera pas un avocat commis d’of-fice, mais plutôt un relais entre lesparties au procès chargé, notam-ment, de « s’assurer que les droitsde l’accusé sont respectés ».

Au terme de trente-cinq minutesd’audience, alors que Milosevicreprenait son antienne sur « le tri-bunal, instrument politique », lejuge a levé abruptement la séance.Prochaine audience le 29 octobre.Le 9 janvier 2002, Richard May aconvoqué ce qu’il espère être uneultime audience afin de fixer ladate du procès. Le magistrat espè-re qu’il pourra commencer avantfin février. Un objectif considérépar certains, au TPIY, comme « dif-ficile à atteindre ».

Alain Franco

f www.lemonde.fr/milosevic

La procureure du Tribunal pénal international(TPI), Carla Del Ponte, a annoncé, jeudi 30 août àLa Haye, qu’elle allait inculper Slobodan Milose-

vic de génocide en Bosnie, alors que l’ancien pré-sident yougoslave récusait une fois de plus, entermes virulents, la légitimité du TPI lors d’une

audience, en principe de routine, destinée à fairele point de la procédure, après sa première com-parution devant cette cour le 3 juillet.

Slobodan Milosevic persiste à rejeterla compétence du Tribunal pénal de La Haye

L’ancien président yougoslave va être inculpé de génocide en Bosnie

I N T E R N A T I O N A L

Page 6: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

« EXCEPTIONNELLE ». C’estainsi qu’Elisabeth Guigou et Ber-nard Kouchner ont qualifié, en laconfirmant devant les syndicats,l’« enveloppe » de 40 000 emploissupplémentaires qui seront créésd’ici trois ans dans les hôpitaux (LeMonde du 31 août). « 40 000, c’estune belle ville moyenne ! », s’estexclamé le ministre délégué à lasanté. Après des mois de tergiver-sations, le gouvernement et leshuit organisations syndicales sontentrés, jeudi 30 août, dans le vif dusujet pour le passage aux 35 heu-res, à partir du 1er janvier 2002, des761 965 agents hospitaliers.

Dans l’après-midi, une premièreséance de négociation a été consa-crée à l’annonce de ces créationsnettes d’emplois, qui représententune hausse des effectifs de 5,3 %,pour un coût estimé à une dizainede milliards de francs. Tout ensaluant l’effort, les syndicats, quitablaient en majorité sur une aug-mentation de 50 000 postes, soit7 %, voire plus, maintiennent pourl’instant leur appel à une journéenationale d’action le 20 septem-bre.

« Ce n’est pas tous les jours que,en tant que syndicaliste, on peutnégocier sur un nombre d’emplois siélevé, a reconnu François Chérè-que, secrétaire général de la CFDTSanté-sociaux. Mais il va falloirencore faire un effort. » « On pointe

toujours l’hôpital public comme lebon élève de la maîtrise comptabledes dépenses de santé, on lui deman-de toujours plus d’efforts. Il faut luidonner plus de moyens », souligne,de son côté, Bruno Jardin, de laCGT.

Le coût de ces 40 000 emplois –80 % seront pourvus les deux pre-mières années, selon Mme Guigou –devra être entièrement supportépar l’assurance-maladie, qui accu-se pourtant toujours un déficit. En2002, cela devrait représenter1,5 point de plus pour l’objectif

national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam) que le Parle-ment vote chaque année, sur pro-position du gouvernement, dans lecadre de la discussion du budgetde la Sécurité sociale. L’arbitragede Matignon, à ce sujet, n’est pasencore rendu. Le 20 septembre,date de la journée d’action des hos-pitaliers, se tiendra la commissiondes comptes de la « Sécu ». Or leralentissement économique pèse-ra sans doute sur les prévisionspour l’année prochaine.

« Cette enveloppe est sans précé-dent dans la fonction publique hos-pitalière, et sans équivalent dans lereste de la fonction publique. Elleest motivée par la spécificité des mis-sions des établissements publics etpar les sujétions lourdes qui pèsentsur les personnels, a argumentéMme Guigou. Je vous précise que,compte tenu, de son importanceextraordinaire, nos marges demanœuvre sont réduites. » Cetteprécision de la ministre de l’em-ploi et de la solidarité signifie

qu’au mieux le résultat pourra s’en-richir de quelques milliers d’em-plois supplémentaires, guère plus,au terme des négociations avec lessyndicats des personnels hospita-liers. En aucun cas la barre des50 000 – réclamée par plusieursorganisations – ne pourra êtreatteinte, prévient l’entourage deMme Guigou.

Dans la soirée, la discussionayant repris, « trois heures de véri-tables négociations » ont fait appa-raître des désaccords sur quatredes dix points du projet de régle-

mentation concernant la durée« effective » de travail ou les con-gés. Le principal porte sur la duréeannuelle de 1 600 heures de tra-vail, conformément au décretSapin sur la fonction publique. Lessyndicats ont réclamé l’extensionà tous les agents des 1 540 heuresannuelles appliquées au personnelde nuit passé aux 35 heures depuis1994. En revanche, la définitionarrêtée du « temps effectif de tra-vail » semble avoir été plutôt bienaccueillie.

Deux nouvelles rencontres avecl’ensemble des syndicats ont étéprogrammées, les 7 et 12 septem-bre. A cette date, Mme Guigou sou-haite obtenir un accord national,étant entendu que chaque établis-sement devra, ensuite, conclureson propre accord. La ministre a,en effet, avancé au 13 septembrela réunion sur les 35 heures avecles médecins hospitaliers, qui fontl’objet de discussions séparées.

I. M.

40 000 chômeurs supplémentaires se sont inscrits à l’ANPE au mois de juilletLe ministère de l’emploi a annoncé, vendredi 31 août, que le chômage a progressé de 1,9 %. C’est le plus mauvais résultat enregistré

depuis la nomination de Lionel Jospin à Matignon. En trois mois de hausse consécutifs, le nombre de demandeurs d’emploi s’est accru de 53 600

Le dernier carré des « Flextronics » en lutteNANCY

de notre correspondanteTrois petites tentes plantées sur une herbe rare, une

plus grande où se serrent quelques femmes pour laisserpasser l’averse. Devant la porte de l’usine Flextronics de

Moncel-lès-Lunéville, elles sont une poignée à se relayerjour et nuit dans ce qui n’est pas une grève mais une gar-de, depuis cinq semaines. Pas un mégot ou un gobeletqui traîne. Elles mettent un point d’honneur à nettoyerchaque jour. « On est là pour les empêcher de prendre lesmachines. Notre outil, c’est notre seul moyen de pression »,explique Françoise. Comme quelques autres, c’est ici,sur le parking de l’usine du sous-traitant américano-sin-gapourien de composants pour la téléphonie, qu’elle apassé le plus clair de ses trois semaines de vacances. Letemps s’écoule, il y en a toujours une pour dire que ladirection compte sur l’usure et elles se préparent à lanégociation de sortie. « Sur 250 salariés, dont 90 % defemmes, on est 25 ou 30 à venir ici. C’est pas beaucoup. »

Depuis quinze jours, à la demande du patron de l’usi-ne, une trentaine d’employés ont repris le travail pourhonorer une commande de 60 000 cartes électroniques.Les autres restent chez elles. « Payées à ne rien faire, çafinit par vous miner », disent-elles. « Dans une semaine,constate Alphonse Garcia, le secrétaire du CE, il n’y auraplus de travail. » Marie-Josée éprouve le besoin de se jus-tifier : « C’était difficile de refuser ce travail. Ça auraitamené de l’eau au moulin du patron. Alors on vient deuxou trois heures plus tôt, on fait nos huit heures et on campeici après. » Dans le secteur, tout le monde est sensibiliséà leur sort. Un retraité s’arrête pour leur donner des con-seils de lutte sociale. Deux petites manifestations aux

abords de supermarchés locaux ont permis de collecter12 000 francs. Des élus du coin viennent encourager lessalariés. « Le maire de Moncel est un père pour nous, ilnous apporte du bois pour le barbecue et du café », ditune ouvrière. Mais c’est surtout de Christian Pierret,secrétaire d’Etat à l’industrie, voisin de 40 km, qu’ellesattendent des nouvelles. « Depuis des semaines, c’estsilence radio. On n’arrive pas à le joindre, raconte LydiaDrouin (CGT). S’il le faut, on ira le chercher ! »

A l’annonce de la fermeture du site, la directionaméricaine a proposé un transfert sur le site de Laval(Mayenne). « Nos maris ont du travail ici, on a des mai-sons. Et puis, partir sans qu’on sache pour combien detemps… », dit Françoise. Elle est doublement inquiète.Son fils de vingt et un ans travaille à l’usine Bata deMoussey (Moselle), qui est menacée de fermeture.« Lui aussi attend sa lettre de licenciement, soupi-re-t-elle. Ma fille va entrer en seconde cette année. Rienqu’en livres et en fournitures, j’en ai pour 2 500 francs. »

La visite d’une délégation de Laval, jeudi, a remontéle moral de la petite troupe. Marcel Chesnay, déléguéCGT et secrétaire du CE, a expliqué comment fonc-tionnait l’unité mayennaise. « Flextronics n’a pas faitgrand-chose pour contrer la tendance à la chute du mar-ché du portable. Ils ont tenté tardivement une diversifica-tion à Lunéville. Le rachat de Laval a fragilisé Lunévilleet accéléré le déclin du site », explique-t-il. Il ne croitpas au sérieux d’un transfert massif de salariés. Uneproposition « farfelue ». Il y a actuellement trente-huit postes à pourvoir en Mayenne, explique-t-il. « Ladirection en offrira sans doute cent cinquante, en espé-rant que les candidats ne se bousculeront pas. » Il yaurait, à ce jour, une quarantaine de postulantsméfiants. « Au lieu de faire un charter de Lunévillois, ilvaudrait mieux faire un transfert de la surcharge de tra-vail, s’il y en a, de Laval vers Lunéville », propose-t-il.Dans sa sacoche, il a apporté un chèque de10 000 francs. Le soutien des Mayennais à leurs collè-gues lorrains.

Monique Raux

2000, un millésime exceptionnel pour l’emploi

LA SITUATION se dégrade. Enjuillet, 39 600 demandeurs d’em-ploi supplémentaires ont été enre-gistrés à l’ANPE, ce qui correspondà une hausse de 1,9 %. Le bilanpublié vendredi 31 août par leministère de l’emploi confirme lescraintes : pour la troisième foisconsécutive, le chômage progres-se. En juin, les statistiques avaientfait apparaître 8 500 chômeurs deplus (0,5 %), après une augmenta-tion de 5 500 (0,3 %) en mai. Cettefois, le mouvement s’accélère etc’est le plus mauvais résultat enre-gistré depuis juin 1997. Le ralentis-sement économique s’inscritésormais dans les statistiques duhômage.

Le nombre des demandeursd’emploi s’élève à 2 116 700. Letaux de chômage, calculé selon lescritères du Bureau internationaldu travail (BIT), passe de 8,8 à8,9 %. Ces trois derniers mois mar-quent une progression de 2,6 %(53 600), même si le chômage arégressé de 9,3 % (217 000) sur unan. La nouvelle est d’autant plusmauvaise qu’elle s’accompagned’autres indications pessimistes.La multiplication des annonces deplans sociaux commence à se tra-duire dans les chiffres. Au mois dejuillet, les licenciements économi-ques sont en hausse de 7,4 %.

De plus, les jeunes, premiersbénéficiaires de la baisse du chô-mage, sont aujourd’hui les plus

touchés par le retournement detendance. Chez les hommes demoins de 25 ans, en particulier, lenombre de chômeurs croît de4,7 %, et la baisse du chômagedans cette catégorie n’est plus quede 2,2 % sur un an (contre 9,5 %pour les jeunes femmes). De façongénérale, alors que les entrées àl’ANPE s’équilibraient peu ou prouavec les sorties, la balance s’estmise à pencher du mauvais côté :346 700 personnes se sont inscrites(+ 5,5 %) alors que 328 500 sontparties (+ 2,6 %). Paradoxalement,les reprises d’emploi ont elles aussiprogressé de 8 %. Les entrées enstage ont diminué de 6,6 %.

Ce coup de tabac enregistré enjuillet est moins sensible pour leschômeurs qui ont exercé une activi-té de plus de 78 heures dans lemois, moins nombreux qu’en juin.En incluant cette catégorie, le nom-bre total de demandeurs d’emploiatteint 2 526 400, et la remontéedu chômage est moins brutale(0,5 %). Les chômeurs de longuedurée pâtissent aussi de la mauvai-se conjoncture : si les demandeursd’emploi de très longue durée(plus de deux ans) sont épargnés(- 0,8 %), le nombre des personnesayant entre un et deux ans d’inacti-vité est en progression (+ 1 %).

Tout en prenant acte de ces mau-vais résultats, la ministre de l’em-ploi et de la solidarité, ElisabethGuigou, tempère les choses en

invoquant, dans un communiqué,« l’effet juillet ». Depuis août 1997,fait-elle remarquer, les deux seulesaugmentations du chômage ontété constatées en période estivale.Il y a un an, en juillet 2000, les sta-tistiques avaient affiché une pro-gression de 0,4 %. En réalité, cinqautres hausses ont été enregis-trées, en août 1997, janvier 1998,août 1998, février 1999 etaoût 1999. Mais aucune d’entreelles n’avait l’ampleur de celle dejuillet dernier. « C’est entre octobreet novembre, une fois passée la sai-son estivale, que tout se jouera »,

juge l’entourage de la ministre.Outre l’« effet juillet », le gouver-

nement met en avant la suppres-sion du service militaire pour expli-quer que de nombreux hommes demoins de vingt-cinq ans se soientinscrits à l’ANPE. Au ministère del’emploi, on souligne aussi l’im-pact de la fin des conventions deconversion décidée par les parte-naires sociaux avec la mise en pla-ce du plan d’aide au retour à l’em-ploi (PARE). Lors d’un licencie-ment, ces conventions prévoyaientun accompagnement et une forma-tion de six mois pendant lesquels

les salariés concernés n’émar-geaient pas à l’ANPE. Dans le pro-jet de loi de modernisation sociale,le gouvernement en a repris le prin-cipe (en le portant à neuf mois) ;mais ces dispositions, en coursd’examen au Parlement, ne sontpas entrées en vigueur.

Hors effets exceptionnels,Mme Guigou reconnaît néanmoinsque l’évolution de juillet « s’expli-que également par le ralentissementde l’activité économique ». Mais,ajoute-t-elle, ce ralentissement,qui atteint l’ensemble des pays, estmoins marqué en France que chezses partenaires européens. Pour laministre, cette situation « appelleune mobilisation renforcée detous ».

Le gouvernement met en avantles « moyens supplémentaires »décidés depuis peu : les 50 000 con-trats emploi-solidarité inscritsdans le budget 2002, le nouveauplan de lutte contre l’exclusionannoncé en juillet, les « assouplisse-ments » annoncés pour faciliter lepassage aux 35 heures des entrepri-ses de moins de vingt salariés. « Lemandat de Lionel Jospin est clair.Nous devons plus que jamais réussirles 35 heures dans les PME. La loi nedoit pas produire de blocages », sou-ligne l’entourage de Mme Guigou.Sur ce sujet, les choses vont doncaller très vite.

Si la reprise du chômage se con-firme dans les prochains mois, le

message rassurant délivré auxFrançais, mardi 28 août, par M. Jos-pin risque bien de ne pas faire longfeu. Dans un contexte internatio-nal dominé, notamment en Alle-magne, par une croissance faible,l’annonce de plans sociaux en Fran-ce contribue à éteindre définitive-

ment cette petite flamme qu’essaiedésespérément d’entretenir le gou-vernement. A gauche, les débatshouleux du printemps sur lesesures anti-licenciements, que legouvernement espérait laisserderrière lui, vont certainementrebondir. En octobre, le Sénat doitexaminer de nouveau le projet deloi de modernisation sociale. Etdéjà les communistes reviennent àla harge pour réclamer au gouver-nement un moratoire sur leslicenciements.

Isabelle Mandraud

Hôpitaux : les syndicats demandent encoreun effort au gouvernement sur les effectifs

Marc Blondel a jugé, vendredi 31 août, sur France Inter, que la créa-tion de 40 000 emplois sur trois ans dans les hôpitaux n’est qu’« uneréformette ». Alors que la situation actuelle est « suffisamment dégra-dée » et que les effectifs sont déjà « insuffisants », le secrétaire géné-ral de Force ouvrière (FO) estime que la réduction du temps de travailva « alourdir la charge » des personnels. « Si on applique les règles desénarques », il faudrait, « avec gains de productivité, 48 000 postes enplus, a-t-il expliqué. Comme le premier ministre a dit lui-même quedans ce secteur hospitalier on ne pouvait pas faire des gains de producti-vité, eh bien, il faudrait aller beaucoup plus loin que ça. »

Par ailleurs, M. Blondel s’est une nouvelle fois élevé contre le finan-cement des 35 heures par la Sécurité sociale. « Je dis non à ce queM. Jospin prenne les sous de la Sécurité sociale car déjà le régime d’assu-rance maladie est en déficit, a-t-il déclaré. Mais là, ça va cartonner enplus ! »

COMME elle fut enchanteresse,cette année 2000 ! Et comme le gou-vernement voudrait que l’on s’ensouvienne ! Avec 546 000 emploiscréés, 428 000 chômeurs en moinsinscrits dans la catégorie servant debaromètre officiel, elle a « dépasséles résultats positifs des trois annéesantérieures », selon une récente étu-de du ministère de l’emploi (L’Em-ploi et le chômage en 2000, Dares,août 2001). Après dix ans de res-tructurations, le secteur concurren-tiel (hors agriculture, santé, admi-nistration) a bénéficié d’une crois-sance plus forte encore (3,7 %),créant à lui seul 500 000 emplois.La construction a connu une embel-lie particulière, grâce aux dernierschantiers Périssol, à la baisse de laTVA à 5,5 % sur les travaux d’entre-

tien depuis fin 1999 et aux intempé-ries de décembre de la mêmeannée. Le tertiaire, lui, s’est offert380 000 emplois. Peu à peu, la partdes contrats à durée indéterminéea commencé à augmenter (29 %des embauches), l’intérim, aussi, ilest vrai (14,5 millions de contrats).Enfin, le chômage partiel est reve-nu à son niveau de 1974.

Tout cela grâce à la croissance,mais également aux 35 heures. LaDares (direction de l’animation dela recherche, des études et desstatistiques) estime que les entrepri-ses engagées dans la réduction dutemps de travail ont créé oupréservé 350 000 emplois – chiffrecité par Lionel Jospin dans sa der-nière intervention télévisée, mardi28 août. « Dans la mesure où cer-

tains emplois auraient de toutefaçon été créés ou maintenus, leseffets nets sur l’emploi sont de l’ordrede 240 000 depuis juin 1997, dont165 000 en 2000 », nuance toute-fois le document. Soit 30 % desemplois nouveaux. En 2000, 73 000nouvelles entrées dans le program-me emplois-jeunes ont égalementété enregistrées.

Entre mars 1998 et mars 2000, leniveau global des embauches s’estaccru de 8 %, les effectifs salariésde 1,9 %. Du coup, le chômage arégressé, sa durée aussi. Avec240 000 chômeurs inscrits depuisplus d’un an en moins, l’année2000 apparaît « tout à fait exception-nelle ». Les difficultés de recrute-ment, apparues en 1999, s’ampli-fient. La proportion d’employeurs

se plaignant du phénomène aatteint 80 % dans le bâtiment. Parailleurs, les mesures ciblées sur lesjeunes et les publics prioritaires dela loi de lutte contre les exclusionsont « favorisé » le recul du chôma-ge dans ces catégories. Toutefois,pour la première fois depuis lareprise de 1997, le nombre desbénéficiaires de ces programmess’est orienté à la baisse (-1,8 %), dufait, notamment, de la baisse sensi-ble du nombre de contrats emplois-solidarité (CES). C’était en 2000,« annus magnus ». Pour 2002, laministre de l’emploi, Elisabeth Gui-gou, a obtenu dans son budget lefinancement de 50 000 nouveauxCES.

I. M.

juin 1997 juillet 2001

2000 2001J A MS O D J FN A J JMJ

2,0

2,5

3,0

LES DEMANDEURS D’EMPLOI

données CVS en millions

3,55

2

2,52

6

1,08

8 0,65

4

CATÉGORIE 1+6 CHÔMEURS DELONGUE DURÉE

en millions

Chômeurs qui onttravaillé + de 78 h/mois

Le taux de chômage s'élèveà 8,9 % de la population active.

Sources : minist. de l’emploi, ANPE et Insee

Une importante hausse au mois de juillet

ANCIENNECOURBE

NOUVELLECOURBE

– 9,3 %sur 1 an

2,116 700

– 9,3 %sur 1 an

2,526 400

« Une réformette », estime Marc Blondel (FO)

REPORTAGEElles sont une poignée à se relayerjour et nuit dans ce qui n’estpas une grève mais une garde,depuis cinq semaines

EMPLOI Le nombre de chômeurss’est accru de 39 600 en juillet (1,9 %)et atteint 2 116 700, selon les don-nées mensuelles publiées, vendredi31 août, par le ministère de l’em-

ploi. Le taux de chômage passe de8,8 % à 8,9 % de la populationactive. b CETTE TROISIÈME hausseconsécutive porte à 53 600 le nom-bre de demandeurs d’emploi supplé-

mentaires depuis mai. b LES HOM-MES de moins de 25 ans sont particu-lièrement touchés, ainsi que les per-sonnes à la recherche d’un travaildepuis un à deux ans. b LA FERMETU-

RE de l’usine Flextronics, en Lorraine,illustre la tendance à la multiplica-tion des licenciements économiques,en progression de 7,4 % en juillet.b LES HÔPITAUX publics bénéficie-

ront de la création de 40 000 emploissur trois ans afin de compenser le pas-sage aux 35 heures, prévu le 1er jan-vier 2002. Les syndicats réclamentencore un effort au gouvernement.

Et déjà les communistesreviennent à la chargepour réclamerau gouvernementun moratoiresur les licenciements

F R A N C E6

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

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LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 7

VENDREDI 31 AOÛT, lesconseillers municipaux des com-munes d’une trentaine de départe-ments devaient élire les déléguésqui seront appelés à participer,dimanche 23 septembre, au renou-vellement des sénateurs dits de lasérie B. Coincées entre les élec-tions municipales et cantonales demars et les élections présidentielleet législatives du printemps 2002,c’est peu de dire que ces sénatoria-les ne passionnent guère les fou-les. A plus d’un titre, pourtant, cescrutin marquera un jalon supplé-mentaire dans la cohabitationarmée qui met aux prises les deuxtêtes de l’exécutif. Le premierministre, Lionel Jospin, aura sansaucun doute à cœur de soulignerque c’est à son initiative qu’ont puêtre atténués les déséquilibres dela représentation au sein d’unechambre qu’il avait qualifiée, en1998, d’« anomalie parmi les démo-craties ». A l’inverse, le présidentde la République, Jacques Chirac,ne manquera pas de rappeler sonattachement au bicamérisme,

garant, à ses yeux, d’« une représen-tation équilibrée du territoire ». Et,accessoirement, de veiller à ce quela majorité acquise à la droite auPalais du Luxembourg ne soit pastrop écornée par l’introductiond’un nouveau mode de scrutin.

La principale nouveauté de cesélections sénatoriales réside, eneffet, dans la mise en œuvre, pourla première fois, des dispositionsintroduites par la loi du 10 juillet2000 étendant le nombre de siègesà pourvoir à la proportionnelle etpar celle du 6 juin 2000 tendant àfavoriser l’égal accès des femmeset des hommes aux mandats etaux fonctions électives. Si ces inno-vations ne devraient pas bousculerles rapports de forces au sein duSénat, elles laissent espérer à lagauche la conquête, dans lemeilleur des cas, d’une dizaine desièges et pourraient permettre auxvingt sénatrices siégeant actuelle-

ment, sur trois cent vingt et unélus, d’obtenir cinq ou six renforts.La timidité de ces changementsn’a pourtant pas empêché le prési-dent du Sénat, Christian Poncelet(RPR), de qualifier de « scélérate »la loi « alliant la proportionnelle etla parité » (Le Monde du 30 juin).

Le renouvellement du 23 septem-bre concernera les départementsmétropolitains de l’Indre-et-Loireaux Pyrénées-Orientales, ainsi quela Réunion, la Nouvelle-Calédonieet les Français établis hors deFrance, soit au total 102 sièges. Lessénateurs, élus pour neuf ans maisrenouvelés par tiers tous les troisans, sont désignés par un collègeélectoral composé des députés,des conseillers régionaux, desconseillers généraux et des délé-gués des conseils municipaux. Autotal, 49 845 personnes, dont les47 534 délégués des conseils muni-cipaux élus vendredi, participerontdans trois semaines à la désigna-tion de 102 sénateurs.

ZIZANIES À DROITEEn vertu des nouvelles disposi-

tions légales seront donc élus auscrutin majoritaire les seuls séna-teurs des départements auxquelssont attribués un ou deux séna-teurs. La représentation propor-tionnelle s’appliquera à partir detrois sièges de sénateurs, au lieude cinq auparavant. Quatorzedépartements métropolitains ainsique la Nouvelle-Calédonie sontplacés sous le régime du scrutinmajoritaire à deux tours, soit28 sièges au total. La représenta-tion proportionnelle concernera,pour le renouvellement de cettesérie, seize départements métropo-litains, ainsi que la Réunion et lesreprésentants des Français établishors de France, soit 74 sièges. Enoutre, les listes présentées dans lesdépartements soumis à la propor-tionnelle devront être composéesalternativement d’un candidat dechaque sexe, l’écart entre le nom-bre des femmes et celui des hom-mes figurant sur la liste ne pou-vant être supérieur à un.

Pour la droite sénatoriale, quidispose d’une majorité de sor-tants, mâles à deux exceptionsprès, il a fallu tenter de contenir lamultiplication des listes dissiden-tes constituées par les élus en pla-ce et décidés à le rester. Faute depouvoir enrayer le phénomène,elle a dû s’en accommoder. LeRPR, qui compose le groupe leplus important (voir l’infographieci-dessus), n’a ainsi accordé sesinvestitures qu’au compte-gout-tes, refusant de choisir entre lessortants quand ils se présententsur des listes concurrentes. A gau-che, en revanche, un accord a ététrouvé entre le PS et le PCF dansneuf départements élisant leurssénateurs au scrutin proportion-nel, auxquels s’ajoute la Réunion,le PS et le PCR ayant convenu, jeu-di 23 août, de faire liste commune.De quoi laisser aux communistesla possibilité de conserver leurgroupe intact, et même l’espoird’obtenir un siège supplémentairedans l’Isère. Les Verts, enfin,devraient faire leur entrée auPalais du Luxembourg grâce àMarie-Christine Blandin, qui occu-pera la quatrième place sur la listePS-Verts dans le Nord.

Patrick Roger

LA ROCHELLEde notre envoyé spécial

A plus d’un titre, l’universitéd’été du Parti socialiste, qui s’estouverte vendredi 31 août àLa Rochelle, s’annonce inhabituel-le. Tout d’abord, ce sera la derniè-re avant les échéances présidentiel-le et législatives de 2002. Ensecond lieu, la liturgie ne sera passimilaire aux années précédentes,Lionel Jospin ayant choisi de fairesa rentrée médiatique le 28 aoûtsur TF1 et ne réservant plus, com-me à l’accoutumée, la primeur deses réflexions estivales aux mili-tants socialistes. Du coup, beau-coup d’entre eux s’interrogent surle sens qu’il donnera, dimanche2 septembre, à son discours de clô-ture. Seule certitude, M. Jospins’exprimera de nouveau en pre-mier ministre – et non encore encandidat à l’Elysée, même si celane trompe personne – et devraitdéfendre son bilan, parler écono-mie, plans sociaux et insécurité,tout en s’adressant à sa majorité eten s’en prenant à la droite.

Il n’empêche que, pour FrançoisHollande, ce traditionnel rendez-

vous doit « marquer que les socialis-tes sont en ordre de marche pour lapréparation de nos campagnes élec-torales de 2002 ». Dès l’ouverturede l’université d’été, un débat ani-mé par Alain Claeys, chargé de latrésorerie et de la coordination ausecrétariat national du PS, porterasur le « projet socialiste », sous laresponsabilité de Martine Aubry.Toute la palette des dirigeantssocialistes, tels Elisabeth Guigou,Claude Bartolone, Julien Dray,Henri Emmanuelli, Jack Lang, Pier-re Moscovici et Michel Sapin, y par-ticipera. Les dix-neuf ateliers quisuivront, vendredi et samedi, trai-teront de la vie quotidienne, qu’ils’agisse du nucléaire, de la démo-cratie sociale, de la culture, de l’ali-mentation, de la sécurité, du sport,de l’éducation, de la toxicomanie,des transports, de la santé, « desfamilles », etc.

Mme Aubry, qui devrait entrete-nir régulièrement M. Jospin del’avancement du « projet socialis-te », tout en niant qu’une quelcon-que « cellule présidentielle » ait étémise en place à Matignon, a réuni,jeudi 30 août, à Rochefort, deux

cent cinquante militants de sesclubs reformés, dont une quaran-taine de parlementaires, autant deresponsables fédéraux et la secré-taire d’Etat aux personnes âgées,Paulette Guinchard-Kunstler, surle double thème de la jeunesse etde la mondialisation.

Une autre réunion, le 22 septem-bre, portera, avant le conseil natio-nal convoqué sur ce point, sur ledeuxième chapitre du projet, con-sacré à la paix et au développe-ment. Pour Mme Aubry, qui voitdans ses clubs « un tuyau d’alimen-tation parmi d’autres », il s’agit debâtir « un projet mobilisateur danslequel les gens aient envie de croire,face à la démagogie à laquelle nemanquera pas de recourir JacquesChirac à travers une nouvelle fractu-re qu’il trouvera ».

« REFONDATION » DE LA GAUCHELe premier secrétaire du PS a

tenu à ce que toutes les composan-tes de la majorité plurielle seretrouvent à La Rochelle. Pour lesVerts, le secrétaire d’Etat Guy Has-coët interviendra sur… l’économiesolidaire, et, pour le PCF, un autre

secrétaire d’Etat, Michel Duffour,parlera de… politique culturelle. SiM. Hollande veut bien admettreque chaque famille de la majoritéait son candidat à l’élection prési-dentielle, il entend faire respecterquelques règles : « La gauche plu-rielle n’est pas une relique à laquelleon ne pourrait pas toucher, ou uneicône devant laquelle il faudrait s’in-cliner, martèle-t-il. Mais il ne fautpas dévaloriser son bilan, qui est lesocle de notre action collective, etpermettre le rassemblement ausecond tour. »

Le « patron » du PS se dit prêt àenvisager une « refondation » de lagauche en 2002, d’où son envie decréer un comité permanent de sescomposantes, mais il n’entend paspousser trop loin son sens de laconciliation. Cent trente-neuf cir-conscriptions en 2002 pour lesVerts, qui en avaient 37 en 1997 ?M. Hollande balaye l’hypothèse,préférant raisonner en « circons-criptions gagnables ». Vingtseraient envisageables, maismoyennant un accord politique.

Michel Noblecourt

Jean-Pierre Masseret, secrétaired’Etat à la défense, chargé desanciens combattants, devraitabandonner ses fonctions gouver-nementales dès lundi pour condui-re la liste socialiste, en Moselle,aux élections sénatoriales du23 septembre. Une autre membredu gouvernement pourrait faireson entrée au Sénat : MichelleDemessine, secrétaire d’Etat autourisme, occupera la deuxièmeplace sur la liste du PCF conduitepar le sénateur sortant, YvanRenar, dans le Nord.

Plusieurs anciens ministressocialistes tenteront d’accéder auPalais du Luxembourg : AndréLabarrère (Pyrénées-Atlantiques),Louis Mermaz (Isère), et l’ancien-ne secrétaire d’Etat aux droits desfemmes Michèle André (Puy-de-Dôme). A droite, l’ancien ministreet président (UDF) de la régionLorraine Gérard Longuet (Meuse),de même que Jacques Blanc, dépu-té de la Lozère et président (DL)du conseil régional de Languedoc-Roussillon, concourront pour unepremière élection au Sénat.

Le premier ministre, Lionel Jospin, s’exprimerade nouveau, dimanche 2 septembre, en conclu-sion de l’université d’été du Parti socialiste, qui

s’est ouverte, vendredi 31 août, à La Rochelle.Toute la palette des sensibilités socialistes estappelée à débattre du « projet » mis en œuvre

sous la responsabilité de Martine Aubry. Le pre-mier secrétaire, François Hollande, se dit prêt àune « refondation » de la gauche en 2002.

Le PS veut offrir une image rassembleuseà l’occasion de son université d’été

Le « projet socialiste » sera débattu lors de ce rendez–vous annuel, ouvert vendredi à La Rochelle

Le Sénat s’autoriseune dose de parité

et plus de proportionnelleLes élections auront lieu le 23 septembre

Jean-Pierre Masseret vaquitter le gouvernement

20 sièges sur 321 sont occupés par des femmes

Source : Sénat

COMPOSITIONACTUELLE

NOMBREDE FEMMES

NOMBREDE SÉNATEURS

RENOUVELABLES(le 23 sept. 2001)

9

4

22

10

22

11

30

3

5

0

1

2

3

0

17

77

23

51

46

99

7

Groupe communisterépublicain et citoyen

Groupe socialiste

Groupe du Rassemblementdémocratique et socialeuropéen

Groupe de l'Unioncentriste

Groupe des Républicainset Indépendants

Groupe du Rassemblementpour la République

Sénateurs n'appartenantà aucun groupe

F R A N C E

Page 8: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

« C’EST LE FLOU artistique »,estime Raymond Esteve, con-voyeur dans la banlieue de Mulhou-se. « On ne sait pas à quelle sauceon va être mangés, mais elle risqued’être épicée ! » Début septembre,les convoyeurs livreront leurs pre-miers sacs d’euros et, déjà, la peurdes attaques s’installe sur les ban-quettes des fourgons blindés. Pré-sence de la police à tous les coinsde rue, escortes de la gendarmerie,soutien logistique de l’armée ?« Les mesures de sécurité prévuessont tenues secrètes. Nos patronsavancent complètement à tâtons »,s’inquiète Raymond Esteve, salariéde Securitas et délégué Forceouvrière.

« On sait juste qu’on va se taper legrand banditisme, mais aussi lespetits gangsters », raconte Jean-Pierre Debentzman, de la Brink’sde Toulouse. « Ceux-là, ils s’imagi-nent que l’euro est l’occasion de leurvie. Mais ils sont mal renseignés,mal organisés. Ils vont rentrer dansle tas pour un fourgon de pièces de50 centimes. » Depuis plusieursmois, dans son entreprise, « lesgars font du recyclage » : certainsconvoyeurs passent les concoursde la police nationale ou municipa-le, de la fonction publique en géné-ral. Les mois qui les séparent de lami-février, date à laquelle les livrai-sons exceptionnelles d’eurosseront terminées, s’annoncenttrop difficiles. « On va devoir trim-baler des tonnes d’euros, en plus detous les francs. C’est une surchargede travail colossale », regrette Ray-mond Esteve, qui craint d’aligner55 heures de convoyage par semai-ne. « Et la fatigue, c’est du stress enplus, de la vigilance et de la sécuritéen moins. » Après neuf ans dansles rangs de Securitas, il touche

8 500 francs net mensuels, et préci-se qu’il est « plutôt mieux payéqu’ailleurs ».

DES PRIMES EN NÉGOCIATIONDans toutes les sociétés de trans-

port de fonds, des « primes euro »sont en cours de négociation. A laBrink’s, par exemple, la direction aaccordé 4 000 francs brut à ses sala-riés, pour les six mois exceptionnelscouvrant la mise en place de l’euro.En contrepartie de ces « bonus », les

entreprises de convoyage ont deman-dé des dérogations au ministère destransports : elles voudraient imposerune moyenne de travail hebdomadai-re de 48 heures à leurs employés, aulieu des 46 réglementaires, avec lapossibilité de pointes à 60 heures. A ladirection des transports terrestres, onexplique « que les exigences de sécuritédes convoyeurs sont légitimes, mais quela réussite du passage à l’euro resteimpérative ». Le ministre devrait doncsous peu accorder des dérogations.

Pour ne rien arranger, les jours decongés des salariés risquent, entreseptembre et février, de se réduirecomme peau de chagrin. « C’est pasqu’on nous interdise les vacances, maison nous fait comprendre, dans les cou-loirs de la boîte, qu’il vaut mieux pas lesdemander », ironise un convoyeur.

NOUVELLES RECRUESLes inquiétudes des plus aguerris

sont également attisées par le sou-dain gonflement des effectifs. « Les

nouvelles recrues viennent de tous lescorps de métier : on a des militaires,des policiers, mais aussi des chauf-feurs-livreurs », constate RaymondEsteve. Ils suivent tous une semai-ne de formation théorique, avantde grimper dans un fourgon, auxcôtés de collègues expérimentés.« Mais est-ce vraiment le bonmoment pour apprendre sur letas ? », se demandent les anciens.Cyril Euvrard, vingt-cinq ans, vientde se lancer dans le métier. A Mul-

house, il a suivi quelques heures decours sur la légitime défense et leport du gilet pare-balles. « Demain,c’est la journée de tir ; après-demain, l’enseignement des pre-miers secours », raconte-t-il. Bou-langer de formation, il a opté pourle transport de fonds après un licen-ciement. « Je possède le permis deport d’arme, mais c’est la premièrefois que je touche un 357 magnum »,avoue-t-il. Lundi, il embarquera àbord d’un fourgon, comme les80 convoyeurs recrutés ces derniè-res semaines par la Brink’s.

Tous comptent sur la présence, àleurs côtés, d’escortes de la policeet de la gendarmerie. « Mais onsait, parce qu’on rencontre leurs syn-dicats dans les réunions organiséespar la préfecture, que les policiers nesont pas pressés de nous accompa-gner », précise Joseph Aliaga, repré-sentant CFDT des salariés mar-seillais de la Brink’s. « Imaginez-les,dans leurs voitures banalisées. Si onsubit une attaque, les premiersmorts, ce seront les policiers », affir-me-t-il, comme pour se rassurer.« Tout ça nous fait peur, mais atten-tion, c’est la première fois que nousdisposons d’un tel pouvoir de pres-sion. Si les braquages se multiplient,c’est la grève et le bordel dans le belordonnancement du passage àl’euro. Ce serait très mauvais pour legouvernement ! », ajoute JosephAliaga, qui a dix-neuf ans demétier. A Paris, Lyon et Marseille,les convoyeurs ont déjà accumulé,depuis le début de l’année, un nom-bre d’heures supplémentaires con-sidérable. Au ministère des trans-ports, on reconnaît que, « dans cesrégions-là, les opérations ne se pré-sentent pas au mieux ».

Mathilde Mathieu

« Surcharge de travail colossale » et peur des attaques : la grande angoisse des convoyeurs français

Le plan de sécurité Vigi-euro a prévu tous les scénarios-catastrophesNOM DE CODE : « Vigi-euro ». Mission :

« détourner certains de la tentation ». C’est ainsique Lionel Jospin a présenté, mardi 28 août, leplan de sécurité qui accompagne la distributiondes pièces et billets en euros. Adopté en conseildes ministres le 23 mai, ce dispositif devaitentrer, dès samedi 1er septembre, dans une nou-velle phase : quelque 32 000 tonnes de piècesvont progressivement quitter les centres destockage départementaux, où elles dormaientdepuis le 22 août, pour rejoindre les coffres-forts des sociétés de transport de fonds ou lesgrandes agences bancaires. C’est la phase ditede « répartition capillaire ».

Les euros, frappés à Pessac (Gironde), sont jus-qu’à présent restés sous l’étroite surveillance dela police, de l’armée et de la gendarmerie.D’abord transportés vers cinq centres de stocka-ge nationaux, à bord de trains blindés, escortésde gardes mobiles et surveillés par satellites, ilsont ensuite été transférés vers les 81 centresdépartementaux, souvent des établissementsmilitaires – comme le camp de Mourmelon (Mar-ne) ou l’arsenal de Toulon (Var). Désormais, leseuros, conditionnés dans des boîtes de cartonrenforcé, passent aux convoyeurs, chargés de lesacheminer vers les centres de stockage des socié-tés de transport de fonds. Ceux-ci seront alimen-tés par de simples fourgons blindés ou par desconvois de semi-remorques, encadrés par la

police. Patrick Lagarde, responsable du projeteuro à la Brink’s, se veut rassurant : « Cette phasecomporte peu de risques et ne devrait pas attirerles bandes organisées. » Selon lui, celles-cidevraient être découragées par le poids despalettes de pièces à embarquer (plus d’unetonne) et par les faibles montants contenus dansun camion (moins de 1 million de francs).

NOVEMBRE, « PHASE VRAIMENT CRITIQUE »« La phase vraiment critique s’annonce à partir

de novembre, quand commenceront les transfertsde billets », estime Marcel Vinzerich, commis-saire chargé, au ministère de l’intérieur, de super-viser la distribution nationale des euros. A ladifférence des cérémonies du Bicentenaire, en1989, qu’il était lui aussi chargé de coordonner,l’opération « Vigi-euro », classée « secret dé-fense », est « fondée sur la discrétion ». Aucundétail ne transpire. Au point que les banques etles entreprises de convoyage se plaignent de cesilence. « En ce moment, on n’est sûr de rien. Onse bagarre pour obtenir plus d’escortes », expliqueM. Lagarde. « Mais les autorités nous objectentque les disponibilités des forces de l’ordre ne sontpas extensibles ». Les 70 centres de stockage de laBrink’s devraient bénéficier de deux escortes parjour, pour les transferts les plus sensibles. « Onpourrait organiser nos propres convois spéciaux »,admet M. Lagarde. Mais s’il faut deux ou trois

fourgons là où on en met un seul d’habitude, l’en-treprise va manquer d’effectifs. »

A partir du 1er septembre, c’est le Centre opéra-tionnel Beauvau (COB), basé dans les locaux duministère de l’intérieur, qui centralisera toutesles questions posées. Animé par M. Vinzerich, ilregroupera une quinzaine de représentants de lapolice ou de la gendarmerie, mais aussi de laSNCF. Centre névralgique du dispositif de sécuri-té, ce sera lui qui aura à gérer toute crise éven-tuelle. Parmi les scénarios-catastrophes : unegrève des convoyeurs. Le ministère de l’intérieurrefuse de confirmer que l’armée prendrait alorsle relais. M. Vinzerich précise que « les princi-pales inquiétudes sont plutôt liées aux réactionsdes Français : s’ils se précipitent dès janvier pourchanger tous leurs francs, nous devrons faireremonter trop d’euros d’un seul coup ».

A la Brink’s, on craint également des ruptu-res de stocks, qui pourraient conduire à destransferts précipités, et l’on signale que despièces de 50 cents manquent déjà à l’appel. A lafin du mois d’août, une pénurie d’un autre typecommençait à faire gronder les syndicats poli-ciers : celle des gilets pare-balles, censés équi-per les unités engagées sur les missions les pluspérilleuses. Le ministère de l’intérieur ditaujourd’hui avoir rectifié le tir à ce sujet.

M. M.

MONNAIE La Banque centrale euro-péenne a dévoilé, jeudi 30 août, lesdétails des coupures en euro qui commen-ceront à être acheminées vers les banque,dans certains pays, à partir du 1er septem-

bre. b DE NOMBREUSES mesures de sécu-rité ont été prises pour dissuader les faux-monnayeurs de profiter du changementde devises. b EN FRANCE, un plan vigi-euro a été mis en place pour protéger les

transferts des pièces, puis des billets, descentres de stockage vers les banques.b LES CONVOYEURS de fonds redoutentque cette période à hauts risques ne provo-que une surcharge de travail et une recru-

descence des attaques de leurs fourgons.b SELON LE MENSUEL 60 millions de con-sommateurs, l’adaptation aux prix eneuros a déjà conduit à une forte haussedes produits de grande consommation.

À QUATRE MOIS de son entréeen vigueur, l’euro commence à sematérialiser. Dès le 1er septembre,selon les pays, le pré-approvisionne-ment des banques, puis des commer-çants, est lancé. La monnaie unique,dont la production a commencédans chaque Etat membre del’Union monétaire il y a plus de deuxans, va ainsi entamer un long voya-ge dans la zone euro. Convois sousbonne garde, polices aux aguets,citoyens convaincus, indifférents ousceptiques : c’est la phase ultime dupassage à l’euro qui se profile.

Si les particuliers devront atten-dre le 1er janvier pour utiliser la nou-velle monnaie, la Banque centraleeuropéenne (BCE) a dévoilé, jeudi30 août, les billets originaux. Unegrande première. Devant une meu-te de photographes, Wim Duisen-berg, le président de la BCE, en avaitpresque des trémolos dans la voix :« L’euro est plus qu’une monnaie ;c’est un symbole de l’intégration euro-péenne », a-t-il lancé, lors d’une céré-monie organisée au nouvel Opérade Francfort, à quelques pas du grat-te-ciel où siège l’institut d’émission.« Dans un peu plus de cent jours,l’euro sera dans nos poches, ce seranotre monnaie, une réalité tangible. »

La tension monte, et la BCE aattendu le dernier moment, oupresque, avant de révéler au publicle détail des billets. Pour une rai-son simple, se défend-elle : « Nousne voulions pas dévoiler trop tôt l’en-semble des dispositifs de sécurité »,plaide Eugenio Domingo Solans,le membre du directoire chargé dudossier. De fait, les billets, dont ilexiste sept dénominations – 5 ¤(soit 32,80 F), 10 ¤ (65,60 F), 20 ¤(131,19 F), 50 ¤ (32 798 F) , 100 ¤(655,96 F), 200 ¤ (1 311,91 F) et500 (3 279,79 F) –, sont truffés designes de sécurité. Filigrane, pas-tille ou bande holographique,encre à couleur changeante,papier spécial : les précautionssont multiples. A lui seul, le billetest d’ailleurs une illustration parfai-te de l’Union monétaire, puisqu’ilconcentre les dispositifs envigueur dans différents pays mem-bres. En outre, « certaines techni-

ques inédites ont été introduites », asouligné M. Domingo Solans.

Tant de prudence et de techniquesn’ont qu’un seul but : décourager lesapprentis faussaires et les profession-nels du faux-monnayage. Car, del’avis général, l’euro risque de décu-pler l’appétit des malfaiteurs. « L’in-troduction de la monnaie unique pour-rait susciter de nouvelles contrefaçons,car son espace de circulation est trèslarge ; les grandes monnaies, commele dollar, sont particulièrement attiran-tes, car elles offrent des débouchéssupérieurs aux petites », observe

Gilles Leclair, directeur des affairescriminelles et financières à Europol.La zone euro compte plus de 300 mil-lions d’habitants et la monnaie uni-que circulera dans les pays voisins,en particulier en Europe centrale etorientale, où le deutschemark jouepour l’instant un rôle important.« La contrefaçon extérieure à la zonen’est pas à exclure », dit un des res-ponsables de la Bundesbank.

La période detransition qui se profi-le sera, aux yeux des spécialistes, parti-culièrement « chaude ». D’abord, lesparticuliers ne seront pas très fami-

liers avec les nouvelles espèces son-nantes et trébuchantes. « Les escrocspourront, à partir de janvier, voireavant, proposer de la fausse monnaieau public », juge un expert : pour limi-ter la casse, les mois qui viennent doi-vent permettre de préparer la popula-tion aux signes de sécurité des pièceset billets. Selon Alain Defer, responsa-ble de l’Office central de répression dufaux-monnayage au ministère de l’in-térieur français, ce sont les utilisateursqui doivent devenir, « d’excellentsdétecteurs de fausse monnaie », avecune « vision panoramique » de l’euro.

Ensuite, les bandes organiséespourraient avoir en tête d’écoulerleurs vrais-faux stocks de billets enancienne monnaie. Et le plus vitepossible : en France, par exemple,seule la Banque de France effectue-ra les échanges de monnaie à partirdu 30 juin 2002, et elle aura sans dou-te alors l’œil vif pour détecter lescoupures suspectes. Le nouveau logi-ciel, baptisé Rapace, doit aider à cet-te vérification. En Allemagne, la Bun-desbank a d’ailleurs repéré unerecrudescence de faux billets depuisle début de l’année 2001. « Les ban-

ques seront un moment ou l’autre sub-mergées ; elles n’auront pas toujoursle temps de vérifier les vieux billets. Ilsera très dur, dans les mois à venir,d’éviter que de fausses lires soientéchangées contre de vrais euros, àMoscou ou ailleurs », dit un expert.Les différentes institutionseuropéennes ont tenté de s’organi-ser, en lien avec les autorités natio-nales. « L’objectif n’est pas tant de ren-dre impossible la contrefaçon sur leplan technique, car il y aura toujoursdes faussaires. Mais c’est surtout derendre difficile la mise en circulationd’une éventuelle production », expli-que un spécialiste de la BCE.

COLLECTER LES CONTREFAÇONSL’institut d’émission met en

place un centre d’analyse techni-que des faux billets. Une base dedonnées, alimentée par les policeset banques centrales de chaquepays, doit collecter les différentstypes de contrefaçon repérés à l’in-térieur et en dehors de la zoneeuro. Les liens avec Europol ontété resserrés ces derniers mois.« L’échange d’informations est aupoint, mais il existe un vide juridi-que pour encadrer les enquêtes con-cernant des pays tiers », relève-t-onauprès d’Europol, où l’on espèreêtre doté de prérogatives plus pré-cises en cas de falsification impli-quant un Etat situé hors de la zoneeuro.

Pour l’instant, la base de donnéesde la BCE est encore vide. « Nousavons cependant de bonnes raisons depenser qu’il y a déjà des gens au tra-vail, pour faire au plus vite. Il n’y aurapas de génération spontanée de fauxmonnayeurs du fait de l’euro, mais lesspécialistes vont se convertir à la mon-naie unique », estime M. Leclair. Lesparis sont ouverts pour savoir quandsurviendra la première alerte sérieu-se. Avant le 1er janvier 2002 ? Dans cecas, les faussaires « seraient vraimentstupides », a commenté d’unepirouette M. Duisenberg : la vraiemonnaie unique ne fera son appari-tion qu’après cette date fatidique.

Françoise Lazare etPhilippe Ricard (à Francfort)

L’euro fait sa première sortie sous haute protectionLa Banque centrale européenne a dévoilé, jeudi 30 août, les détails des billets qui commenceront à être acheminés vers les banques, dans certains pays,

à partir du 1er septembre. De nombreuses mesures de sécurité ont été prises pour tenter de dissuader les faux-monnayeurs de profiter du changement de devises

S O C I É T É8

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

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LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 9

De nombreux produits de grande consommationont subi une hausse des prix anticipée

« ALERTE ! Les profiteurs de l’euro arrivent », avertitle mensuel 60 millions de consommateurs, dans sonnuméro de septembre publié vendredi 31 août. Lesprix de nombreux produits de grande consommation,comme les lessives, le beurre ou le lait, ont flambéentre juin 2000 et juin 2001, signalent les enquêteursde la revue de l’Institut national de la consommation(INC), pour lesquels il est désormais prouvé que « cer-tains fabricants ou distributeurs profitent du passage àl’euro pour augmenter discrètement leurs prix ».

L’observatoire des prix de l’INC a passé au crible lesprix de 210 produits de grande consommation, dansle cadre de son enquête trimestrielle. Et a dressé « laliste noire des prix qui flambent » dans la plupart desenseignes. Parmi les plus fortes hausses figurent leslessives (+ 22,04 % par exemple pour Persil), le beurre(+ 7,41 % pour Président), les shampooings (+ 12,6 %pour Elsève), le lait (+ 18,52 % pour Viva Candia), lesyaourts (+ 10,63 % pour Danone), la farine (+ 10,04 %pour Francine), le Pepsi-Cola (+ 8,3 %) et l’eauminérale (+ 5,58 % pour Evian). Dans certaines ensei-gnes de la grande distribution, les enquêteurs del’INC ont même relevé des pics impressionnants– comme la hausse de 41,3 % du lait Viva Candiaconstatée chez Casino.

Suivant les recommandations du ministère de l’éco-nomie et des finances, un accord de neutralisationdes prix avait pourtant été signé en juin par cinq fédé-rations professionnelles de l’industrie alimentaire etde la distribution, qui s’étaient engagées à cequ’« aucune hausse ne puisse être enregistrée au stadedu consommateur » entre le 1er novembre 2001 et le31 mars 2002, durant la période du basculement àl’euro. Ont-ils voulu profiter des derniers mois deliberté avant ce « gel » concerté des prix ? « C’est dès

mars dernier que certains industriels ont commencé, endouce, à “anticiper les hausses”, c’est-à-dire à accroîtreleurs marges, déplore l’INC. Une escalade qui risque dedurer jusqu’au 1er novembre… »

APPEL À LA VIGILANCEComme de coutume, producteurs et distributeurs

se rejettent la responsabilité des hausses de prix. « Uncertain nombre d’industriels ont augmenté leurs tarifs,que nous sommes obligés de répercuter sur nos prix enmagasins », constate-t-on chez Auchan. « Nousn’avons pas noté de hausses anormales non justifiéesqui ne soient liées à des éléments objectifs, comme lahausse des tarifs des matières premières », se défend-on chez Carrefour. Du côté des producteurs, on invo-que volontiers les mauvaises conditions climatiques,qui ont accru le prix des fruits et légumes. Et on laisseentendre que les distributeurs ont relevé les prix desgrandes marques, pour accroître leurs marges, touten maintenant ceux de leur propre enseigne.

Jeudi 30 août, le gouverneur de la Banque de Fran-ce, Jean-Claude Trichet, a appelé les entreprises « àla responsabilité » et les consommateurs « à la vigilan-ce » : « Nous sommes en régime de liberté des prix et lavigilance des consommateurs au cours de ces dixdernières années a assuré une très grande stabilité desprix. Il n’y a aucune raison pour que cela ne soit pastoujours le cas. » Pour s’en assurer, la direction géné-rale de la concurrence, de la consommation et de larépression des fraudes (DGCCRF) a tout de mêmemené une vaste enquête sur les prix en juillet et enaoût, dont les résultats seront dévoilés la semaineprochaine.

Pascale Krémer et Stéphane Lauer

LE FRONT de libération nationalede la Corse (FLNC) affirme, dans uncommuniqué parvenu à Fran-ce 3 Corse jeudi 30 août, n’avoir« rien à voir » avec l’assassinat deFrançois Santoni, l’ancien leadernationaliste tué le 17 août à Monacia-d’Aullène (Corse-du-Sud) qui n’estcependant pas cité nommémentdans le texte. Le mouvement clandes-tin laisse également entendre qu’iln’est pas non plus impliqué dans ledouble meurtre de Moriani-plage(Haute-Corse), intervenu le 21 août(Le Monde du 23 août). « Mettant àprofit les assassinats de ces dernierstemps, les manipulateurs patentés del’appareil étatique français, avec cer-tains médias complices, font courir lesragots les plus invraisemblables », affir-me le communiqué. « Pour que toutsoit définitivement clair, nous réaffir-mons n’avoir rien à voir, ni de près, nide loin, avec ces tragiques événe-ments », ajoute le FLNC, qui juge« inutile et irresponsable de mêler[l’]organisation à chaque attentat oumeurtre non élucidé ».

Le groupe clandestin s’attribue enrevanche la paternité de quatre atten-tats ou tentatives commis ces derniè-res semaines sur l’île : le dépôt decharges explosives désamorcées, le 3août, sous un poste de gendarmerieprès de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), la destruction d’une résidencesecondaire à l’Isolella (Corse-du-Sud), une tentative d’attentat contreune résidence secondaire, le 18 août,à Ajaccio (Corse-du-Sud) et un atten-

tat à la voiture piégée, dans la mêmeville, au cours duquel un policier aété fortement commotionné, diman-che 26 août.

Pour les spécialistes de la lutte anti-terroriste, le communiqué du FLNCest d’abord destiné à un « usage inter-ne » au mouvement nationaliste. Ils’agirait de prévenir d’éventuellesreprésailles venant des fidèles deFrançois Santoni, regroupés au seind’Armata corsa. L’opposition répétéede François Santoni au processus deMatignon, soutenu par le FLNC réu-nifié, a été évoquée comme une expli-cation possible à son assassinat.

ORGANISATION « TRÈS AFFAIBLIE »Le communiqué du FLNC a été dif-

fusé alors que s’achevaient, à Paris,les gardes à vue de proches de Fran-çois Santoni interpellés dimanche (LeMonde du 29 août). Ils sont soupçon-nés d’avoir commis des attentats aunom d’Armata corsa. Trois d’entreeux, Jean-Dominique Allegrini-Simo-netti, Lucien Bianchi et Jean-PierreMartelli, ont été mis en examen parle juge Jean-Louis Bruguière pour« association de malfaiteurs en rela-tion avec une entreprise terroriste ».

Jean-Dominique Allegrini-Simo-netti, placé en détention provisoire,est le porte-parole du groupe deréflexion Presenza naziunale, créépar François Santoni et considérécomme la vitrine légale d’Armata cor-sa. Au cours de sa garde à vue, ilaurait contesté appartenir au groupeclandestin. Jean-Pierre Martelli,

co-gérant du bar « La Piscine » à l’Ile-Rousse (Haute-Corse), où avait étéassassiné en août 2000 Jean-MichelRossi, l’ancien ami de François Santo-ni, a été placé sous contrôle judiciai-re. Lucien Bianchi, qui a été écroué,est soupçonné d’avoir participé à plu-sieurs attentats ou tentatives, notam-ment à la Direction départementalede l’équipement (DDE) de Corte (ennovembre 2000 et en janvier 2001),età l’Office de l’environnement (endécembre 2000).

Deux autres personnes interpel-lées dimanche, Fréderic Perenetti etSamy Bouzit, ont en revanche étéremises en liberté sans qu’aucunepoursuite ne leur ait été signifiée.Enfin, Jean-Xavier Arrii et Jean-Chris-tophe Parenti, déjà mis en examen etincarcérés dans l’affaire de l’attentatde janvier contre la DDE, ont rega-gné leurs cellules après avoir été inter-rogés par les policier de la Divisionnationale antiterroriste (DNAT) surleur participation éventuelle àd’autres attentats. A l’issue de cesinterpellations et mises en examen,les enquêteurs paraissent désormaisconsidérer Armata corsa comme« très affaiblie ». Ils restent cepen-dant extrêmement prudents, obser-vant qu’« il reste forcément dans lanature des fidèles de Santoni puissam-ment armés » susceptibles de vengerleur chef disparu.

Fabrice Lhomme

Le calendrier en France...

Dans un communiqué parvenu à France 3 Corse jeudi30 août, le FLNC affirme n’avoir « rien à voir » avec l’as-sassinat de François Santoni, tué le 17 août, ni avec le

double meurtre de Moriani-Plage, le 21 août. Parailleurs, trois personnes supectées d’appartenir à Arma-ta corsa ont été mises en examen sur divers attentats.

b 1er septembre 2001 : début del’approvisionnement des banquesen pièces de monnaie.b 1er décembre 2001 :approvisionnement des banquesen billets et pré-alimentation, enpièces et billets, des commerçants.Ces derniers pourront se procurerauprès des banques des « kits » –fonds de caisse standards,composés de 640 pièces, soit2 rouleaux comprenant les 8 piècesde la nouvelle gamme. Il s’agit deleur permettre de rendre lamonnaie en euro dès le 1er janvier2002. Pour les encourager, lesbanques ne les débiterontde la somme qu’en janvier.b 15 décembre 2001 : mise à ladisposition du public des sachetsde monnaie. Vendus 100 francs(15,24 ¤), ils contiennent 40 pièces,dont au moins un exemplaire dechacune des 8 pièces. 50 millions

de sachets, en cours de préparation,seront disponibles.b 31 décembre 2001 : alimentationdes distributeurs automatiques debillets en euros. 85 % d’entre euxseront à même de fournir, dèsle lendemain, les nouveaux billets,essentiellement des petitescoupures de 10 et 20 euros.b 1er janvier 2002 : mise encirculation officielle de l’euro. Lescommerçants sont incités à rendrela monnaie en euros pourcommencer le retrait du franc.b 17 février 2002 : fin du courslégal du franc, à minuit.Retrait des pièces et billetsde la circulation : l’euro devientl’unique moyen de paiement.b Jusqu’au 30 juin 2002 :possibilité d’échange des francscontre des euros dans les banquesou les agences postales. Ensuite, etpendant trois ans pour les pièces, dixans pour les billets, remboursementauprès de la Banque de France.

b Allemagne, Autriche,Luxembourg, Irlandeet Finlande : les billets en eurosseront distribués aux banquescommerciales dès le mois deseptembre, en même temps que lespièces dans tous les Etats de la zoneeuro. En Allemagne, en Autriche etau Luxembourg, les commerçantsseront aussi pré-alimentés en billetsà partir de septembre.b Grèce et Portugal : les banquesseront servies en octobre et lescommerçants en décembre.b Belgique et Espagne : ladistribution des billets commenceraen novembre pour les banques eten décembre pour les commerçants.b Italie : les billets seront livrésà la mi-novembre.b France et Pays-Bas :la distribution des billetsne commenceraqu’à partir du 1er décembre.

Les banques s’organisent pour stocker les tonnes de pièces

LE PROCUREUR de la République d’Avignon, Michel Aubourg, aouvert une information judiciaire, jeudi 30 août, pour « meurtre etviol d’une mineure de moins de quinze ans » sur une fillette de 23 mois,retrouvée morte, mercredi 29 août, dans une rivière à L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse). Selon les premiers éléments, l’enfant aurait étéviolée avant d’être jetée à l’eau. L’instruction a été confiée au jugeXavier Bonhomme. Les résultats de l’autopsie étaient attendusvendredi soir.Le corps d’Ovely avait été découvert par les pompiers, mercredi vers7 h 15, alors qu’il gisait, à 50 mètres du domicile des parents, sur lesbords de la Sorgue, la rivière qui traverse cette cité touristique de18 000 habitants. Le père de l’enfant, brocanteur occasionnel, avaitalerté les secours vers 7 heures. Les parents, entendus commetémoins, ont expliqué qu’ils avaient constaté la disparition de leur filleà leur réveil. Selon les premières constatations des pompiers, qui onttenté en vain de le ranimer, le bébé n’aurait pas séjourné longtempsdans l’eau.

DÉPÊCHESa VIOLENCES : un jeune majeur et un mineur, soupçonnésd’avoir violemment agressé une contrôleuse, mercredi 29 août,dans un train entre Marseille et Toulon, ont été mis en examen etécroués, jeudi, pour « tentative d’homicide sur personne chargée d’unemission de service public, violences et tentative de vol ». Selon des collè-gues de l’agent SNCF, les deux jeunes errants, qui voyageaient sansbillet, auraient tenté de pousser la contrôleuse sur la voie par la portede la dernière voiture.a CONSOMMATION : les fraudes à l’encontre des consomma-teurs, et notamment des touristes, ont diminué cet été par rapportà l’été 2000, a annoncé, jeudi 30 août, le secrétaire d’Etat aux PME, aucommerce et à l’artisanat, François Patriat. Selon les chiffres de ladirection générale de la concurrence, de la consommation et de larépression des fraudes, le taux d’infraction s’est élevé à 13,9 % contre14,9 % en 2000. Les principales infractions ont concerné essentielle-ment l’information sur les produits et l’hygiène.a LOGEMENT : une dizaine des familles expulsées le 21 août de lacité du Franc-Moisin à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), dont ellesoccupaient certains logements depuis mai 1999, campent depuisdevant la mairie de Saint-Denis afin de réclamer des solutions de relo-gement définitif. Selon l’association Droit au logement, « cette derniè-re expulsion est un abus de pouvoir de la mairie de Saint-Denis et de lapréfecture de Seine-Saint-Denis qui se sont engagées (…) à reloger les 62familles qui occupaient depuis 1999 les locaux laissés vacants ».

L’Institut de veille sanitaire note une recrudescence de la syphilisLA SYPHILIS est de retour. Le

nombre de cas signalés est réduit,mais l’augmentation rapide, consta-tée dans une étude menée sous l’égi-de de l’Institut de veille sanitaire(InVS) et publiée dans le Bulletin épi-démiologique hebdomadaire daté du28 août, constitue un signal d’alerte.Devenues rares, voire exceptionnel-les, les maladies vénériennes ne fai-saient plus l’objet d’une déclarationobligatoire depuis une modificationdu code de santé publique, enjuillet 2000. Les données des dispen-saires antivénériens (DAV) avaientmontré une diminution du nombrede cas entre 1985 et 1987 et une sta-bilisation de 1987 à 1990.

Or, entre le 1er janvier 2000 et le31 mai 2001, 78 cas (dont 77 hom-mes) ont été spontanément déclarésà l’InVS : 32 en 2000 et 46 au coursdes cinq premiers mois de 2001.75 % des hommes touchés étaienthomosexuels et 10 % bisexuels. 73 %avaient un antécédent de MST et53 % étaient infectés par le VIH.Selon le profil-type, la personne tou-chée est donc plutôt un homme, sou-vent homosexuel, âgé en moyennede 35 ans, résidant plutôt en régionparisienne, une fois sur deux séropo-sitif pour le virus du sida et ayantdes antécédents de maladies sexuel-lement transmissibles (MST). Sur les78 cas diagnostiqués dans l’ensem-ble des centres participant à l’étude,68 (87,2 %) l’ont été à Paris, 9(11,5 %) à Lille et 1 (1,3 %) à Nice. 61des 68 cas parisiens ont été décou-verts dans les DAV ; trois l’ont étépar des praticiens libéraux.

En novembre, le diagnostic de plu-sieurs cas de syphilis précoce (ourécente) dans le DAV de l’hôpitalTarnier (Paris) en l’espace de sixsemaines a déclenché une enquêteépidémiologique pour confirmer cescas et mettre en évidence une éven-tuelle recrudescence de la maladie.

A Paris, cinq DAV, un réseau demédecins libéraux et des consulta-tions hospitalières de maladies infec-tieuses, ainsi que le centre hospita-lier universitaire de Lille-Tourcoinget le DAV de Nice ont participé àl’étude. Dans les cinq DAV parisiens,le nombre de syphilis précoces dia-gnostiquées s’est spectaculairementaccru : 4 en 1998, 9 en 1999, 28 en2000 et 33 pour les cinq premiersmois de 2001.

Cette résurgence inquiète particu-lièrement parce qu’elle survientdans un contexte où d’autres MSTsont en recrudescence, aussi bien enFrance que dans plusieurs pays euro-péens. Le nombre de gonoccocies(blennorragies) avait doublé en 1998en France (Le Monde du 30 juin1999). L’enquête « Presse Gay » 2000

confirmait la tendance et indiquaitun relâchement de la prévention par-mi les homosexuels (Le Monde du13 mars). Dans un texte accompa-gnant l’étude, Jean-Claude Desen-clos, responsable du départementdes maladies infectieuses à l’InVS,plaide pour « renforcer la préven-tion ». Selon lui, tout indique « uneaugmentation sensible du nombremoyen de sujets contaminés par unpatient infecté ». Il semble, de plus,que les rapports bucco-génitauxsoient souvent associés à la surve-nue de la syphilis. Le docteur Desen-clos précise qu’« un réseau de sur-veillance volontaire de la syphilis » esten cours de constitution.

Le ministère délégué à la santé a

intégré cette nouvelle tendancedans la « stratégie de prévention del’infection VIH/sida », document éla-boré avec les associations, les profes-sionnels de santé et les institution-nels et mis en ligne, le 30 août, surson site (www.sante.gouv.fr). Ce planprévoit une information en directiondu grand public et l’offre de servicespréventifs, ainsi que des « program-mes spécifiques et intensifs » à l’atten-tion des « populations prioritai-res ».Il s’adresse aussi aux profes-sionnels de santé, qui ont générale-ment peu eu l’occasion de se trouveren face de cas de syphilis au cours deleur carrière.

Paul Benkimoun

Le FLNC affirme n’avoir « rien à voir »avec le meurtre de François Santoni

Trois proches d’Armata corsa mis en examen dans l’enquête sur des attentats

... et dans la zone euro

LES PARTICULIERS ne pour-ront se procurer des euros qu’àpartir du 14 décembre, sous formede sachets de pièces conditionnés,mais celles-ci seront livrées à par-tir du 1er septembre dans les agen-ces bancaires. La préalimentationdes billets en euros, elle, sera effec-tuée un peu plus tard. Pour les ban-ques, ces quelques mois d’avancesur la date officielle d’entrée envigueur de l’euro ne vont pas facili-ter le travail, car elles devront par-venir à stocker tous ces euros pen-dant quelques mois. Et toutesn’ont pas l’espace requis.

Les agences bancaires se sontdonc livrées, ces derniers mois, àde nombreuses simulations. « Cer-taines de nos banques se sont pro-curé des objets de poids et de volu-mes identiques pour qu’elles se fas-sent une idée de ce que cela vareprésenter », explique-t-on ausein du groupe Banques populai-res. La résistance au sol a égale-ment été analysée de près, car ilne suffit pas d’avoir l’espace

nécessaire au stockage. « Noussavons que la résistance moyenneau sol est de 350 kilos par mètrecarré. Il faut donc appeler l’atten-tion du personnel pour respecterces normes. Les responsables desagences ont veillé à donner des con-signes pour étaler et répartir lescharges », indique Daniel Lassal-le, directeur adjoint chargé de lamonnaie unique à la Caisse natio-nale des caisses d’épargne.Chaque établissement doit doncs’organiser, sachant qu’un kit depièces pour les particuliers pèse200 grammes et qu’ils sont regrou-pés par boîte de 20.

DES CANTINES MILITAIRESA la Caisse nationale des caisses

d’épargne, on a calculé que, pourune caisse régionale, qui compteune centaine d’agences, la massede pièces à stocker représente unpoids de 28 tonnes rien qu’en kitsde pièces destinés aux particuliers,8 tonnes pour les kits à destina-tion des commerces et 12 tonnes

de pièces dites « en vrac »,c’est-à-dire sous forme de rou-leaux individuels permettantnotamment d’ajuster les fonds decaisse des commerçants.

Pour l’ensemble du groupe desCaisses d’épargne, ces chiffres semontent respectivement à1 000 tonnes (kits de particuliers),200 tonnes (kits de commerçants)et 300 tonnes (pièces en vrac), soitun poids total de 1 500 tonnes.« Nous avons prévu l’achat de canti-nes militaires, qui permettront destocker les pièces de façon pratiqueet sécurisée. Chaque cantine nouspermettra de loger 20 boîtes de kits,soit 80 kilos de pièces », expliqueM. Lassalle. Le casse-tête duretour des pièces en francs sera dumême ordre, voire plus complexe,puisqu’il s’agira de retirer et de ren-voyer plusieurs tonnes de petitemonnaie dont le poids est aujour-d’hui très difficile à estimer pourchaque agence bancaire.

Cécile Prudhomme

Information judiciaire pour meurtreet viol après la mort d’un bébé

S O C I É T É

f www.lemonde.fr/corse

Page 10: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

GHISONACCIAde notre envoyé spécial

Dans le jardin de sa maison deVentiseri, véritable balcon sur laplaine orientale de la Corse, entremer et montagne, François s’enrégale à l’avance. Pour la premièrefois, il a des chances d’entendre lebrame du cerf, début septembre –avec quinze à vingt jours d’avance,comme partout dans le Sud, sur lasaison du brame des grandes forêtsde Picardie ou d’Ile-de-France (LeMonde du 29 septembre 2000).

Ventiseri jouxte l’une des zonesde réintroduction du cerf en Cor-se, sur le territoire de la communede Chisa (Haute-Corse). Les pre-miers cervidés y ont été relâchésen 1999. Ils sont maintenant asseznombreux pour que le brame puis-se résonner, de nouveau, dans lamontagne corse. Ici, les insulairestentent d’effacer l’une des erreursde leurs aînés. Le déclin du cerf cor-se, qui a en fait la même souchegénétique que le cerf sarde (lireci-contre), a commencé dans lesannées 1930. Chassé à outrance àl’arme automatique, par les occu-pants italiens puis par les Alliéslors de la seconde guerre mondia-le, il a fini par s’éteindre, sous lapression du braconnage, à la findes années 1960. Sa disparition « aété ressentie comme l’échec d’unegénération face à ses enfants », sou-ligne un document du Parc naturelrégional de Corse (PNRC), créédès 1972, aujourd’hui acteur incon-tournable du développement del’île. Le parc est à l’origine de l’ex-périence actuelle, en cours depuis1985. Cette année-là, les quatrepremiers animaux venus de Sardai-

gne sont introduits dans un enclosà Quenza (Corse-du-Sud).

Comme toute réintroductiond’animal sauvage, celle du cerf cor-se est une occasion de réfléchir àl’utilisation et à l’aménagement del’espace. Ici, les concepteurs duprojet y ont ajouté le souci d’unemise en œuvre exemplaire, qui,par là même, puisse contribuer àlutter contre l’image négative de laCorse.

« LAXISME ZÉRO »Dans une île où l’absence de

volonté collective et les divisionsendémiques sont souvent paraly-santes, associer tout le monde auprogramme était essentiel. Un tra-

vail de préparation « en amont,pendant des années », a été réalisé,souligne Gérard Feracci, chef duprojet grande faune au PNRC. Il afallu parfois organiser des réu-nions sur la place du village, oumême voir les gens un par un.Mais ce travail semble avoir payé.Pour le moment, le parc ne rencon-tre « aucun problème » et tout lemonde participe au chantier : lesdeux fédérations de chasseurs, lacollectivité territoriale via l’officede l’environnement, l’ensembledes services de l’Etat : directionrégionale de l’environnement,Office national des forêts, Officenational de la chasse (ONC)…

Autre point sensible, surtout en

Corse, le respect des règles. Làencore, le défi a été lancé de rom-pre avec d’anciennes habitudes :« Nous sommes intransigeants.Laxisme zéro », annonce d’embléeGérard Feracci. Le cerf n’est réin-troduit dans un site que lorsque lerespect de l’intégralité du cahierdes charges est garanti. Si des pro-blèmes de braconnage surve-naient, les gardes de l’ONC nerendraient pas la vie facile auxcontrevenants. L’expérience pour-rait même être interrompue dansla zone touchée, si les incidentspersistaient.

VINGT FAONS DANS L’ANNÉEEnfin, la gestion du projet vise

aussi à montrer que les Corses, àpartir du moment où ils ont la« maîtrise totale du programme »,peuvent se tourner vers l’exté-rieur, le continent français commel’Europe. « Les meilleurs spécialis-tes travaillent avec nous », souligneGérard Feracci. De même, le soucicommun de la survie du cerf insu-laire a permis de développer denouvelles relations avec la Sardai-gne, voisine et pourtant long-temps ignorée. La coopérationentre les deux îles limitera les ris-ques d’extinction de la sous-espè-ce, en cas de grave accident sanitai-re dans l’un des deux foyers depeuplement. « C’est l’Europe quidébloque tout », estime GérardFeracci. Au bout du compte, avecla réintroduction du cerf, « on voitqu’en Corse on obtient des résul-tats », martèle le responsable duprojet grande faune. Les dégâtspour les cultures ou les forêts nesont pas, pour le moment, un pro-

blème, et Gérard Feracci pensequ’en dehors de quelques zonesremarquables, de forêt notam-ment, le cerf « peut être un enrichis-sement pratiquement sur toute laCorse ».

La population estimée était de130 à 150 individus en 2000. Vingtfaons sont nés en 2001 dans lesparcs, sans doute à peu prèsautant dans la nature. Quelque

200 cervidés sont donc aujour-d’hui présents dans l’île. Indiceque la population est bien favora-ble au projet de réintroduction, leseul cerf victime, jusqu’à aujour-d’hui, d’une collision avec uneautomobile a été transporté parceux qui l’avaient renversé chez unvétérinaire.

L’une des rares difficultés, pourle moment, est liée à la chasse ausanglier, qui s’ouvre le 15 août,durant laquelle des chiens peu-

vent déranger les cerfs. Mais, del’avis même du PNR, leschasseurs montrent une discipli-ne remarquable. A long terme –vingt, trente, quarante ans –, lecerf pourrait redevenir un gibierchassé, comme dans les forêts ducontinent. En attendant, il peutprendre sa place dans le dévelop-pement du tourisme « vert » enCorse, en contribuant à pallier

l’insuffisance de la grande faune,qu’espère toujours croiser lerandonneur au détour d’unefutaie. Outre les programmesscientifiques en cours, le PNRattend l’émergence d’une petiteéconomie locale autour du cerf.Mais il s’agit bien, avant tout, con-clut Gérard Feracci, de « redon-ner à la Corse une partie de sonpatrimoine ».

Jean-Louis Andreani

Le « sardo-corse », plus petit et plus rustique

NICEde notre correspondant

« Ici, à flanc de colline, à la lisièrede Nice, certains soirs, un sanglierpeut en cacher un autre », ironiseEdmond, un septuagénaire du val-lon de la Madeleine. Avec la saisonchaude, les sangliers prolifèrent auxportes mêmes de Nice et s’appro-chent des habitations. En famille, les« bêtes noires », comme les surnom-ment les chasseurs, s’enhardissentde jour comme de nuit et descen-dent dans les vallons, ou grimpentdans les collines boisées ceinturantla ville du côté du mont Vinaigrier,de Pessicart, de Gairault ou des quar-tiers nord de Nice.

De nombreux vallons « obs-curs », boisés, semblent attirer irré-sistiblement les sangliers. Les habi-tants du vallon de la Madeleine sonthabitués, même si certains s’en plai-gnent, à leurs fréquentes incursions.Il y a deux ans, des enfants quis’étaient intéressés de trop près àdes marcassins ont été poursuivispar une laie. Sur les hauteurs de cevallon, les riverains se rappellentqu’une harde d’une quinzaine desangliers a fait irruption au sein de laclinique psychiatrique de La Costiè-re. Il a fallu faire appel aux sapeurs-pompiers pour les en chasser.

« On ne croise tout de même pasdes sangliers à chaque feu rouge »,relativise Bernard Baudin, le prési-dent de la fédération des chasseursdes Alpes-Maritimes, qui constatecependant que les sangliers – donton évalue le nombre à 200 à Nice –s’installent dans tous les lieux où setrouve une nourriture abondante.« C’est un comble, mais certains habi-tants les nourrissent ; aussi les bêtesreviennent dans la mesure où on leurprépare même la table ! », ajou-te-t-il. Ce comportement est qualifiéd’irresponsable par les chasseurs :les 10 000 sangliers qui peuplent lesAlpes-Maritimes ont fait des dégâtsestimés à 500 000 francs en deuxans, sur des dizaines d’exploitationshorticoles ou maraîchères dans ledépartement.

Sur la Côte d’Azur, tous les par-cours de golf sont touchés par l’inva-sion des hardes à la recherche denourriture dans des terrains propi-ces. Conséquence, des mesures dra-coniennes sont prises par la plupartdes golfs : grillages, clôtures électri-fiées et tirs d’élimination par des lou-vetiers assermentés. A 1 kilomètrede la limite du parcours, le Monte-

Carlo Golf Club et les chasseurs ontmis en place des distributeurs demaïs pour rassasier les envahisseurset leur ôter l’envie d’aller chercherleur pitance ailleurs. A Nice, lesporcs sauvages font des ravagesdans les jardins en s’attaquant auxmurs en pierre sèche. Ils apprécientparticulièrement les pelouses et lesarrosages automatiques.

« La chasse permet de limiter la pro-lifération de ces bêtes, qui est considé-rable, estime Bernard Baudin.Quand, par exemple, une année, onabat 80 sangliers sur 100, l’année sui-vante, on retrouve le même nombre

de bêtes, c’est-à-dire 100. » Cetteannée, l’ouverture de la chasse dansles Alpes-Maritimes a été avancéeau 19 août afin de diminuer la popu-lation de sangliers. L’an dernier, enquinze jours, 486 bêtes ont été abat-tues sur la seule bande littorale deMenton à Théoule, et 1 862 au coursde la saison 2000-2001. Sur l’ensem-ble des Alpes-Maritimes, l’an der-nier, le tableau de chasse totalisait7 000 têtes.

A Nice, où l’animal a été classé« nuisible » comme dans 67 autrescommunes du littoral, il est cepen-

dant formellement interdit par unarrêté préfectoral de tirer dans deszones à moins de 150 mètres d’unehabitation. C’est l’une des raisonspour lesquelles des battues adminis-tratives ont été organisées cet été. Aune portée de fusil de la ville, unevingtaine de chasseurs ont quadrillé,en juin, les collines du mont Vinai-grier et de l’observatoire. « Ces bat-tues n’ont rien donné, faute de temps,reconnaît Paul Piquet, vice-prési-dent du groupement des lieutenantsde louveterie des Alpes-Maritimes,mais les tirs d’élimination de nuit et lapose de cages à piège ont contribué,

entre juin et juillet, à supprimer àNice 26 sangliers. »

Les chasseurs estiment égalementque, pour limiter la prolifération dessangliers – le taux d’accroissementatteint 200 %, selon Bernard Bau-din –, il faudrait obliger les proprié-taires négligents des collines niçoi-ses à débroussailler leurs terrains. Lephénomène s’est accentué ces der-nières décennies avec le déclin del’activité horticole et maraîchère surles collines.

Paul Barelli

Le brame du cerf résonne à nouveau dans les montagnes corsesUne expérience de réintroduction des cervidés est menée sous l’égide du Parc naturel régional. Quelque 200 animaux sont désormais présents dans l’île.Les responsables du projet tiennent à en faire une opération exemplaire, acceptée par toute la population et ouverte aux coopérations internationales

Un comité consultatif pour gérer la forêt de Compiègne

DÉPÊCHESa BIARRITZ : un phoque à capuchon s’est échoué sur le Gave à30 kilomètres de la mer, près du village de Peyrehorade (Landes).Cet animal de moins d’un an va être transféré au centre Océanopolisde Brest où il sera bagué avant d’être relâché en mer.a ORLY : l’aéroport célèbre ses quarante ans en déployant, sur lafaçade extérieure de son aérogare, une fresque, œuvre de ThierryBaratoux, de 200 mètres de large sur 17 mètres de haut. Cinq enfantssouriants y incarnent les cinq continents et symbolisent les 315 mil-lions de voyageurs qui ont transité par Orly pendant cette période.

Avant d’être relâchés dans la nature, les cerfs sont pesés, mesurés,une prise de sang est effectuée dans le cadre d’un programme derecherche sur la génétique de l’espèce. Après leur passage dans lesenclos, une partie des cervidés relâchés sont munis de colliers émet-teurs, en fonction de la composition de la population suivie en ter-mes d’âge, de sexe… Ces colliers, qui ne gênent pas les animaux, per-mettent un suivi télémétrique, plusieurs fois par jour, de leurs dépla-cements, complété par des observations à la jumelle et par les infor-mations apportées par les randonneurs et les chasseurs.

Les responsables du projet ont ainsi pu se rendre compte que les cer-vidés choisissent, globalement, de s’implanter là où ils l’avaient prévuet savent d’instinct choisir les lieux où la nourriture leur conviendra lemieux. Pendant la période du brame, les combats se déroulent nonseulement entre cerfs en liberté, mais aussi parfois avec ceux desenclos à travers les grillages, ce qui nécessite certaines précautions.

GHISONACCIAde notre envoyé spécial

Les cerfs importés de Sardaigne en Corse sousl’égide du Parc naturel régional (PNR) sont d’abordrépartis dans trois « parcs de production », qui corres-pondent à des milieux naturels différents (voir la car-te ci-dessus) et servent de sas d’observation et d’accli-matation. Les premiers petits y naissent. Le PNR ad’abord enregistré chez les biches de ces parcs destaux de mortalité inhabituels, peut-être liés à un régi-me alimentaire trop riche. Aujourd’hui, le PNR pen-se avoir réglé le problème.

L’un de ces parcs se situe dans la large enceinte dupénitencier de Casabianda, voué aux activités agrico-les. Ce choix est symbolique : c’est ici qu’ont vécu lesderniers cerfs de l’île, avant leur disparition totale en1969-1970. Les traditionnels panneaux triangulairesqui mettent en garde contre les passages de grandsanimaux sont restés le long de la route qui va à Ghi-sonaccia, plusieurs années après l’extinction du cerfdans l’île. Le cerf corse, Cervus elaphus corsicanus,est en fait le même que le cerf sarde, l’une des sous-espèces de cerf élaphe.

Jusqu’à maintenant, les spécialistes considéraientqu’il avait probablement été introduit dans l’île lorsde la longue (sept siècles) occupation romaine. Maisdes recherches en cours pourraient attester d’uneprésence bien antérieure, qui pourrait remonter à350 000 ans avant J.-C.

Les conditions de vie dans l’enclos de Casabianda,interdit au public puisqu’il s’agit d’une espèce proté-gée, permettent une observation d’une facilité excep-tionnelle, à quelques mètres, surtout lorsqu’onapporte le complément de fourrage à ces animauxqui seront relâchés dans la nature d’ici quelquesmois ou quelques années. Toutes les précautionssont prises pour qu’ils oublient très vite leur premiercontact avec l’homme.

Si les faons de l’année portent, comme leurs homo-

logues du nord, la livrée tachetée du Bambi de WaltDisney, les différences apparaissent nettement chezles adultes. Aussi harmonieux, le cerf « sardo-cor-se » est plus petit et plus léger que dans des latitudesplus septentrionales (une centaine en moyenne dekilos pour les grands mâles, contre le double dans lesforêts de la moitié nord du continent français).

Très rustique, il est plus éclectique dans le choixde sa nourriture, « plus près de la terre », et sonpelage, plus sombre, rappelle le poil d’hiver de sescongénères de Sologne ou de Picardie. Ses bois sontun peu différents, avec moins de ramifications, peut-être pour se déplacer plus vite dans l’inextricable

maquis méditerranéen : les spécialistes pensent queces différences morphologiques résultent d’uneadaptation au terrain et sont probablementréversibles.

En revanche, dans le cadre d’un programme decollaboration avec l’Institut national de la rechercheagronomique, l’Institut de recherches sur les grandsmammifères (IRGM), qui dépend de l’INRA, a étésurpris de constater que le brame du cerf sardo-cor-se est très différent de celui du cerf continental. Aupoint qu’il a été décidé, lorsqu’un cadavre de cerfsera disponible, d’étudier le fonctionnement de sagorge.

J.-L. A.

DEPUIS plusieurs années, despolémiques éclatent sur la gestionde la forêt de Compiègne (Oise),notamment à propos du niveaudes plans de chasse des grands cer-vidés (Le Monde du 13 mars 1999).Pour tenter d’assainir le climat,« un comité consultatif » de laforêt de Compiègne va prochaine-ment être mis sur pied à l’initiati-ve de la préfecture de l’Oise et dela direction régionale de Picardiede l’Office national des forêts(ONF).

Cette structure d’une cinquan-taine de personnes est destinée àêtre « un lien d’expression et deconcertation » entre les différentspartenaires qui s’intéressent à laprotection et à la gestion du mas-sif forestier de Compiègne. Elleregroupe en son sein des représen-tants des services de l’Etat, descollectivités territoriales, des asso-

ciations, des différentes catégo-ries d’usagers, des riverains parl’intermédiaire des maires, maisaussi des personnalités qualifiées.

Le comité, qui doit se réunir aumoins une fois par an à l’initiativede son président ou du directeurrégional de l’ONF, a été calquésur celui qui existe déjà pour laforêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne).

MODÈLE « DÉPOUSSIÉRÉ »Mais le comité de Compiègne

est plus large et diversifié quecelui de Fontainebleau : le modè-le, dit-on à l’ONF, a été « dépous-siéré » pour le rendre plus efficaceet à même « d’assurer une meil-leure communication » entre legestionnaire en titre de la forêt deCompiègne, l’ONF, et ses usagersnotamment les randonneurs et leschasseurs.

Début août, six associations deprotection de la nature ont dépo-sé devant le tribunal administratifd’Amiens deux requêtes contrel’arrêté préfectoral fixant le plande chasse des cerfs et des bichesdans l’Oise pour la saison en2001-2002.

Il s’agit d’obtenir l’annulationde l’arrêté et, en attendant le juge-ment, sa suspension. Ces associa-tions contestent les méthodesd’évaluation du nombre d’ani-maux qui servent de base à ladétermination des plans de chas-se. Pour le massif d’Ourscamps-Carlepont, elles évoquent une« éradication » des cervidés. Pourla forêt de Compiègne, le plan dechasse prévoit le prélèvement de451 grands cervidés pour637 observés lors des comptages,ce qui correspond, selon l’ONF, àun total réel de 1 200 animaux.

Les sangliers prolifèrent aux portes de NiceIls semblent très attirés par les pelouses des jardins et les terrains de golf

Les sangliers, qui font actuellement le siège de Nice, sont parfois lerésultat d’une hybridation entre porcs domestiques et sangliers. Leplus souvent baptisés « cochongliers », ces animaux sont parfoisdécrits comme « roses à poil noir ». Les agriculteurs victimes desdégâts causés par les cochongliers ou les « vrais » sangliers accusentles chasseurs, longtemps soucieux d’être sûrs d’avoir un gibier aubout de leurs fusils. Ainsi, dans le sud de la France, l’Office nationalde la chasse (ONC) a-t-il mené, il y a quelques années, une « politiqueactive de repeuplement ». Des croisements porcs-sangliers auraientmême été effectués dans certains élevages.

La prolifération des sangliers s’explique aussi par la prolificité del’espèce (chaque portée compte de nombreux marcassins),l’intelligence et la méfiance de ce gibier et l’évolution de son environ-nement, marqué, notamment, par la déprise agricole et l’avancée desforêts.

Un suivi quotidien grâce aux colliers émetteurs

Parc naturelrégional

Parcs d'élevagedes cervidés

Réintroductiondes cerfsdans la nature

Trois enclos, deux zones de réintroduction

A partir des trois enclosde Casabianda, Ania diFiumorbu et Quenza,les cerfs sontprogressivement relâchésdans des zones qu'ilscolonisent ensuite.

20 km

Source : Parc naturel régional de Corse

Bastia

Ventiseri

Ghisonaccia

CASABIANDA(1991)

ANIA DIFIUMORBU(1994)

Ajaccio

CORSEDU SUD

HAUTE-CORSE

Tavig

nano

Mte Cinto

MER

MÉDITERRANÉE

Chisa (1999)

Quenza• 1985 : parc• 1998 : réintroduction

Quenza

Les « cochongliers » attaquent

Son pelage, plus sombre,rappelle le poil d’hiverde ses congénères de Sologneou de Picardie

R É G I O N S10

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

Page 11: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 11

Le magazinedes enseignants qui avancent

Chez votremarchand

de journaux30 F - 4,57 €

Au sommaire du numéro de septembre

a Dossier spécial :

Parents-profs :le nouveau contrat

b Jorge Amado : entretien inédit.

b Débat : faut-il redéfinir le tempsde service des enseignants ?

b Cameroun : enseigner seul faceà deux cents élèves.

b Actualité : l’évaluation gagnedu terrain.

213

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1,9

8 €

numéro de septembre

Plein-emploi :

le mythe et la réalité

Après trois années de croissance riche

en emplois, le chômage repart à la hausse.

Renversement de tendance durable ou accident

de conjoncture transitoire ?

Un dossier pour faire le point sur l’évolution de

l’emploi, les nouveaux métiers,

les conditions de travail, les stratégies

d’embauche et les défis pour demain. CHEZVOTRE

MARCHANDDE

JOURNAUX+ les clés de l’info

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

François BRUNETet

Lilli PARROTT,ainsi que

Marion etAlexandreont la joie d'annoncer la naissance de

David,

le lundi 27 août 2001.

19, rue Louis-Bonnet,75011 Paris.

– Paris. Colmar. Cannes. Israël.

Jonathan, Sarah, Elie, Benjamin,Noémie, Elise, Aurèle, David, Yonatan,

Ruben, Noa, Yaëlle,Anna-Sara, Hadar et Dan

ont la grande joie d'annoncer lanaissance de leur petite sœur et cousine,

Bérénice Hava,

au foyer dePierre et Anne-Judith GOLDFARB,

le 6 août 2001.

Familles Goldfarb, Lévy, Tsabari.

– Montpellier, le 28 août 2001.

Salut,

Paul Tilman.

Julien Arno,ton frère,

Nathalie etAxelWIEGANDT,

tes parents.

Shellingstrasse 7,97074 Wuerzburg (Allemagne).

Mariages

MmeAndré MANUEL,M. etMme PhilippeBRAUNSCHVIEG

sont heureux d'annoncer le mariage deleur petit-fils

Grégory MANUELavec

Mlle Anja MILLER,

ce samedi 1er septembre 2001.

Décès

– Raymond Delprat,son époux,

Dominique Delprat,François et Denise Delprat,Geneviève et Yves Turquier,

ses enfants,Ses huit petits-enfants,Et ses six arrière-petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

Mme Rosie DELPRAT,née FREIDENREICH,

le 29 août 2001.

Les obsèques se dérouleront le samedi1er septembre, à 10 heures, en l'égliseSaint-Christophe de Javel, 4, rue Saint-Christophe, Paris-15e.

L'incinération aura lieu à 12 heures,au crématorium du Père-Lachaise.

Ni fleurs ni couronnes.

Dons aux équipes Saint-Vincent-de-Paul, paroisse Saint-Christophe de Javel,28, rue de la Convention, Paris-15e.

« ...La sagesse d'en hautest tout d'abord pure,

puis pacifique, indulgente, bienveillante,pleine de pitié et de bons fruits. »

Epître de saint Jacques, 3.13.

– Toulon.

M me Robert Dumoulin, néeRaymonde Berdal,

Ses enfants et petits-enfants,Parents et alliés,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Robert DUMOULIN,

survenu à l'âge de soixante-dix-huit ans.

Les obsèques religieuses auront lieu lesamedi 1er septembre 2001, à 10 h 15, enla chapelle de la Transfiguration, rueFrancis-Garnier, à Toulon.

Priez pour lui !

– Josy Richez Battesti, présidente del'Association pour les universités ruraleseuropéennes (l'APURE),

Jean-Marie Lavergne, président ducomité de pilotage international del'association, président de la FNFR,

Claude Brette, secrétaire général,L'ensemble du conseil

d'administration,Les membres de l'APURE,Et de très nombreux militants du

développement local,ont la grande tristesse de faire part dudécès, le 25 août 2001, de

Bernard KAYSER,président de l'APURE de 1989 à 1996.

Ils rappellent son engagementassociatif pour la reconnaissance du rôledu monde rural dans notre société et pourson développement ; ils s'associent à ladouleur de sa famille.

– MmeMahdi,Ses enfants,Parents et alliés,

font part du décès de

Mohamed MAHDI,retraité de l'éducation nationale,

survenu le 27 août 2001, à l 'âge dequatre-vingt-treize ans, à Al-Asnam (ex-Orléansville).

– Le 27 août 2001 est décédé

Mohamed MAHDI,

âgé de quatre-vingt-treize ans, retraité del'éducation nationale, dont toute la vie aété un défi.

Paix à son âme.

– Jean-Jacques Aillagon,président du Centre national d'art et deculture Georges-Pompidou,

Alfred Pacquement,directeur du Musée national d'artmoderne/Centre de création industrielle,

Et leurs collaborateurs,saluent la mémoire de

Robert HAAS,ami et généreux donateur

du Centre Pompidou,

disparu le 23 août 2001.

– MmeMonique Pozzo Di Borgo,son épouse,

M. Charles-André Pozzo Di Borgo,son fils,

MmeEdith Mesnil,M. Olivier Mesnil,

ont la douleur de faire part du décès de

M. RolandPOZZO DI BORGO,

commandeur de la Légion d'honneur,président

du comité des Champs-Elysées,

le 28 août 2001, à l'âge de soixante-treizeans.

La cérémonie religieuse sera célébréele mardi 4 septembre, à 10 heures, enl'église de la Madeleine, Paris-8e.

36, rue Beaujon,75008 Paris.

(Lire ci-contre.)

– Le Seigneur a accueilli dans Sa Paix

Mme Pierre COUTURIER,née Marie-Thérèse TAVERNIER,

le 29 août 2001, dans sa cent sixièmeannée.

De la part deJacques Couturier (eudiste),Bruno et Christiane Couturier,François Couturier (eudiste),Elisabeth et Philippe Vallée,Thérèse et Olivier Bigault,Madeleine et Pierre Pattier,Louis et Bernadette Couturier,Bernadette Rhoné,

ses enfants,Ses vingt-sept petits-enfants,Ses quarante arrière-petits-enfants,Des familles Tavernier, Couturier,

Hamelin,ses neveux et nièceset leurs enfants.

La cérémonie religieuse aura lieu enl'église Notre-Dame de Versailles, lelundi 3 septembre, à 9 h 30, suivie del'inhumation, à 14 heures, au cimetièredu Père-Lachaise, à Paris-20e.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Remerciements

– MmeClaudine Pouthieret ses enfantsremercient chaleureusement celles etceux qui leur ont témoigné leursympathie lors du décès de

Pierre POUTHIER.

Anniversaires de décès

– Il y a cinq ans, il y a quatre ans,

Joël et Jacques GRYNBAUM

nous quittaient.

Tous ceux qui les ont aimés ne lesoublieront jamais.

– 1er septembre 1996.

Cinq ans déjà.

Nous n'oublions pas

Ruthy SZWARC.

La vie continue.

Maurice, Myriam, Daniel, Nicole,Jonathan, Benjamin et maintenant Illona.

Souvenir– L'office commémorant le décès de

Odette et Moussa ABADI,

unis dans notre souvenir, aura lieu le10 septembre 2001, à 18 h 30, en lasynagogue du MJLF, 11, rue Gaston-de-Caillavet, Paris-15e.

Les enfants et amis Abadi.

Services religieux– Le culte d'action de grâces pour le

pasteur Roger BELMONT(3 janvier 1906 - 27 mai 2001),

sera célébré le samedi 8 septembre, à15 heures, au temple de Saint-Germain-en-Laye, 1, avenue des Loges.

CARNET DU MONDEFax : 01-42-17-21-36

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NAISSANCES, ANNIVERSAIRES,MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS600 F TTC - 91,47 € FORFAIT 10 LIGNESTARIF ABONNÉS 491 F TTC - 74,85 €FORFAIT 10 LIGNESLa ligne suppl. : 60 F TTC - 9,15 €THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 €COLLOQUES - CONFÉRENCES :Nous consulterm01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected] lignes en capitales grasses sontfacturées sur la base de deux lignes.Les lignes en blanc sont obligatoireset facturées.

Nos abonnés et nos actionnaires,bénéficiant d’une réduction sur lesinsertions du « Carnet du Monde »,sont priés de bien vouloir nous com-muniquer leur numéro de référence.

VÉTÉRAN DE LA LUTTE anti-apartheid, compagnon de NelsonMandela avec lequel il fut détenupendant vingt-quatre ans au péni-tencier de Robben Island, père del’actuel président de l’Afrique duSud, Govan Mbeki est mort, jeudi30 août à Port Elizabeth, dans laprovince du Cap-Oriental, à l’âgede quatre-vingt-onze ans. Dansson hommage, le Congrès nationalafricain (ANC) lui a reconnu « lesrares qualités d’une abnégation etdévotion totales à la cause des mil-lions d’opprimés et d’exploités en Afri-que du Sud ».

Fils d’un chef traditionnel révo-qué par le régime ségrégationniste,Xhosa originaire de l’actuel Cap-Oriental comme Mandela, GovanArchibald Mvuyelwa Mbeki est né,le 9 juillet 1910, dans le Transkei,l’un des « homelands » créés aunom du « développement séparé ».Sorti d’écoles missionnaires, ilentreprend des études de sciencespolitiques et de psychologie à l’uni-versité de Fort Harare qu’il achèveen 1936. Il travaille ensuite commeenseignant et journaliste, mais estrenvoyé à maintes reprises en rai-son de son engagement politique.Dès 1935, sous l’influence du diri-geant communiste blanc EddieRoux, il a adhéré, en même temps,à l’ANC et au Parti communiste sud-africain. Il a épousé une « camara-de », Epainette, avec laquelle il aouvert une épicerie-quincailleriedans un coin reculé du Transkei.

Mais toute son énergie est vouéeaux activités politiques. En 1956,Govan Mbeki est élu président del’ANC. Après le massacre de Sharpe-ville, en 1960, il est détenu pendantcinq mois. Ce n’est que la premièred’une série d’arrestations. Membrede la branche armée de l’ANC,Umkhonto we Sizwe (« La lance dela Nation »), il est finalement pris,en 1963, dans la rafle à Rivonia,près de Johannesburg, qui décapitele mouvement de libération. Con-damné à la réclusion perpétuelle, ilest envoyé à Robben Island, au lar-ge du Cap, où il casse des cailloux

avec Mandela, Walter Sisulu,Ahmed Kathrada et tant d’autres.

Bien que considéré comme un« dur » par le régime d’apartheid,Govan Mbeki est le premier de lavieille garde de l’ANC à être libéré,le 5 novembre 1987, à soixante-dix-sept ans. Un mois plus tard, l’incon-trôlable vieillard est assigné à rési-dence à Port Elizabeth et interditde contact avec la presse. L’infran-gible militant doit attendre deuxannées jusqu’à ce que, au lende-main de la libération de sept autresdirigeants de l’ANC, un premiermeeting public soit autorisé, àSoweto. Il lui est alors permis de serendre à Lusaka, siège de l’ANC enexil, où il est accueilli par les cadresdu parti, Oliver Tambo en tête. Enface d’un homme de quarante-septans, qu’il n’a pas vu depuis troisdécennies, il ajoute à la poignée demain une brève étreinte, avant depoursuivre les salutations. Il vientde revoir son fils, Thabo Mbeki,depuis juin 1999 le successeur deNelson Mandela à la tête de la« nouvelle » Afrique du Sud.

RUGBYMAN ET LATINISTE« Je n’ai jamais vraiment eu de

temps pour mes enfants », a recon-nu Govan Mbeki, qui a pris saretraite politique quelques moisavant que son fils ne devienne pré-sident. « Je ne sais pas ce que mesenfants pensent aujourd’hui. Proba-blement que je n’ai pas fait assezattention à eux. Je ne leur en vou-drais pas s’ils pensent cela. » C’estce que cet homme austère, « àl’aise aussi bien dans le monde dusavoir que dans celui du militantis-me politique » selon Mandela, a ditde plus personnel dans sa vie. Pour-tant, « Oom Gov » (« l’oncle Gov »en afrikaans), comme il fut affec-tueusement surnommé, était unhomme aux multiples passions,rugbyman émérite, latiniste distin-gué, guitariste et danseur. Il a, parailleurs, publié plusieurs ouvragesd’analyse politique.

Stephen Smith

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Au Journal officiel du jeudi30 août sont publiés :

b Accords internationaux : undécret portant publication de l’ac-cord entre le gouvernement de laRépublique française et le gouver-nement de la République fédérati-ve du Brésil relatif à la réadmissiondes personnes en situation irrégu-lière, signé à Paris le 28 mai 1996 ;

– un décret portant publicationdu traité entre la République fran-çaise et la principauté d’Andorreportant rectification de la frontiè-re, fait à Andorre-la-Vieille le12 septembre 2000 ;

– un décret portant publicationde l’accord entre le gouverne-ment de la République françaiseet le gouvernement du royaumedu Maroc fixant les conditions decoopération dans le domaine dudéveloppement du secteur com-

mercial, fait à Rabat le 11 avril2001.

Au Journal officiel du jeudi31 août sont publiés :

b Economie : une ordonnanceportant transposition de directivescommunautaires et adaptation audroit communautaire en matièreéconomique et financière.

b Assurance : une ordonnanceportant transposition de la directi-ve 98/78/CE du Parlement euro-péen et du Conseil du 27 octobre1998 sur la surveillance complé-mentaire des entreprises d’assuran-ce faisant partie d’un groupe d’as-surance et modifiant le code de lasécurité sociale et le code de lamutualité.

b Santé : un décret relatif à laprocédure applicable aux spéciali-tés génériques et modifiant lecode de la santé publique et lecode de la sécurité sociale.

JOURNAL OFFICIEL

DISPARITIONS

Govan MbekiDirigeant du Congrès national africain

a ROLAND POZZO DI BORGO,président du Comité des Champs-Elysées, qui regroupe les commer-çants de la célèbre avenue parisien-ne, est mort mardi 28 août à l’Hôpi-tal américain de Neuilly (Hauts-de-Seine). Agé de soixante-douze ans,Roland Pozzo Di Borgo était né àMarseille le 13 décembre 1928. Al’issue d’une longue carrière dansla communication, qui l’avaitmené à la présidence du directoirede Havas Conseil Relations publi-ques au début des années 1970, cethomme de relations publiquesétait président du Comité nationalde la Fête des pères et administra-teur de la Fondation Claude Pompi-dou, dont il organisait le galaannuel. Roland Pozzo di Borgo fut

l’un des pionniers des chaînes derestauration thématique. Il avaitfondé le groupe de restaurants Bis-tro romain (1 800 emplois), qu’ilprésida de 1982 à 2000. Son autregrande œuvre sera la relance desChamps-Elysées, avenue passée demode à la fin des années 1970. Vice-président (1980), puis présidentdepuis 1985 du Comité desChamps-Elysées, il fut la chevilleouvrière de la rénovation de l’ave-nue, et il se démena, en relationétroite avec la Mairie de Paris,pour y rétablir la sécurité et pour yfaire revenir les grandes enseignes« culturelles » (Virgin, Fnac) et lesgrandes marques de mode et deluxe (Vuitton, GAP, Zara…) quil’avaient désertée.

C A R N E T

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Rencontre sur la voie des fantômes

Bibliographie

Cet été, deuxsolitaires se sont unispour gravir le K2.Jean-ChristopheLafaille etHans Kammerlanderont empruntéla voie ouvertepar un Slovèneun brin mythomane,Tomo Cesen

TOMO CESEN apeut-être été leplus grand alpinis-te du XXe siècle.Entre 1986 et 1990,ce Slovène aujour-d’hui âgé de qua-rante-deux ans aaccumulé une série

d’ascensions solitaires de plus enplus époustouflantes : osées, rapi-des, limpides, sur des itinéraires detrès haute difficulté. Mais TomoCesen est peut-être tout simple-ment l’un des plus extraordinairesaffabulateurs de l’histoire de l’alpi-nisme. Ses récits comportent tantd’incohérences ou tant de pointscommuns (aucun témoin, nuagesempêchant quiconque de l’aperce-voir pendant les ascensions, pas detraces, pas de photos…) qu’il ne setrouve aujourd’hui presque plus per-sonne pour parier un mousquetonsur la validité de ses ascensions.

Tomo Cesen se trouvait au K2 pen-dant le terrible été 1986 (Le Mondedu 30 août). Il affirme avoir grimpé,seul, toute une nuit, sur l’éperon sud-sud-ouest, pour rejoindre la voieclassique d’ascension, vers7 800 mètres d’altitude. Repoussépar une tempête de neige et desvents violents, il dit être redescendule 4 août par l’éperon des Abruzzes,ayant ainsi ouvert une nouvelle voie,en solitaire, dans un temps presqueincroyable, dix-sept heures pour gra-vir 2 800 mètres de paroi. Mais quel-que chose cloche dans son récit : iln’a rencontré personne en redescen-dant. Alpiniste ou mythomanegénial, il a laissé sur le K2 une tracede fantôme : une voie qui porte tou-jours son nom quinze ans plus tard.

Cet été, la voie Cesen a été le théâ-tre d’une rencontre marquante,peut-être l’un de ces hasards quifont les grandes cordées. Réunis,par la loterie des permis d’ascen-sion, dans une même expédition,Jean-Christophe Lafaille et HansKammerlander visaient tous deux lapremière ascension en solo du K2,(depuis qu’en 1955, Walter Bonatti arenoncé à ce projet faute de budget,la première solitaire n’a jamais étévraiment tentée). C’est ensemblequ’ils sont parvenus au sommet, le22 juillet vers 14 h 30. Pour com-prendre l’intensité de cette rencon-tre, et les projets que, peut-être, elleannonce, il faut remonter dix ans enarrière, retracer l’itinéraire de cesdeux alpinistes de grande classe.

Jean-Christophe Lafaille a aujour-d’hui trente-six ans. Il a accumulédepuis une douzaine d’années, dansles Alpes et l’Himalaya, un palmarèsremarquable, qui en fait sans contes-te l’un des meilleurs alpinistes en acti-vité aujourd’hui. Il est natif de Gap etgarde l’accent chantant des Alpesméridionales. C’est un petit gabarit,une boule de muscles, explosif,brillant grimpeur de rocher, excel-lent glaciairiste. Il s’est fait connaîtreau milieu des années 1980 dans descompétitions d’escalade. Son« apprentissage » de l’Himalaya aété brutal. En septembre 1992, il s’estretrouvé pour la première fois aupied de l’un des géants de la terre, etquel géant ! La face sud de l’Annapur-na, une muraille de plus de 3 kilomè-tres de haut, dont la démesure, conju-guée aux premiers effets de l’altitu-de, l’a d’abord accablé. Mais le calmede son mentor Pierre Béghin, ungrand frère sûr et laconique, l’a aidéà apprivoiser cette montagne inhu-maine. Béghin était en effet, à qua-rante et un ans, l’un des plus expéri-mentés des himalayistes français.Jean-Christophe n’avait que vingt-sept ans et, pour tout bagage, quel-ques solos marquants dans les Alpes.

L’accident s’est produit à7 200 mètres d’altitude. Pierre etJean-Christophe venaient de prendrela décision de la retraite lorsqu’unancrage de rappel a lâché. Pierre esttombé sans un mot. Jean-Christo-phe, perdu dans la paroi immense, ahurlé, longtemps. Puis il est restéprostré, des heures, avant de déciderde survivre. Seul, sans corde, il estparvenu à redescendre dans la tem-pête, frôlé par les avalanches. Lemédecin d’une expédition slovène(eh oui, les Slovènes sont de grandsarpenteurs d’Himalaya !) l’a vu arri-ver au camp de base, cinq jours aprèsl’accident, hagard, le bras fracturépar une pierre. Sur un film tournépar les Slovènes, on le voit décharné,jeter vers la caméra un regard debête traquée tandis que le médecinlui fait une piqûre de morphine.

Jean-Christophe avait juré de nepas remettre les pieds en montagne.En fait, dès l’automne suivant, ilréussit son premier 8 000, le ChoOyu. Et en 1995, il revient à l’Anna-purna. Parce que sa douleur est là…Il a échoué cette année-là. Mais, del’épreuve surmontée, il tient, sansdoute, une endurance hors du com-mun. Il a aujourd’hui gravi sept8 000. C’est un professionnel aguer-ri, qui forme les futurs guides à l’Eco-le nationale de ski et d’alpinisme deChamonix. Rationnel, à l’écoute deses sensations et de ses limites, ilaffirme s’accorder une grande mar-ge de sécurité. En prévision du K2, ils’est entraîné depuis le printemps,enchaînant chaque jour trois à qua-tre heures de vélo et de course àpied. « Au sommet, dit-il, j’avais debonnes sensations. j’étais bien. Jen’avais pas la tête à l’envers. »

Mais il reste cette blessure secrè-te, dont il ne parle presque plus.Jean-Christophe reconnaît que letraumatisme de la mort de Pierren’est pas pour rien dans son incapa-cité à retrouver un compagnon decordée.

Hans Kammerlander, a fait ses pre-mières armes en Himalaya avec Rein-hold Messner. C’est un solide Italiende quarante-quatre ans, qui ne parleque le dialecte allemand du Sud-Tyrol, un skieur redoutable qui amonté ses skis sur nombre de 8 000.En 1996, il a gravi l’Everest en untemps record (seize heures depuis lecamp de base !). Il a chaussé ses skisau sommet et seul le mauvais ennei-gement ce printemps-là l’a empêchéde réaliser la première descente inté-grale. Il a aujourd’hui gravi treizedes quatorze sommets de plus de8 000 mètres. A ce stade, aucun alpi-niste à ce jour n’a résisté à la tenta-tion du « grand chelem » hima-layen. Mais le sommet qui manqueau palmarès de Kammerlander, c’estle Manaslu. Et ce sommet-là lui rap-pelle des souvenirs trop douloureux.

C’ÉTAIT au printemps 1991,pendant la guerre du Golfe.Les effets des gigantesques

incendies des puits de pétrole duKoweit se faisaient sentir jusquedans l’Himalaya. Lorsque Hans fai-sait fondre de la neige, raconte-t-il

dans son autobiographie, de lasuie se déposait sur les bords de lagamelle. La météo était capricieu-se. Des orages éclataient à unealtitude où ils étaient jusqu’alorsrarissimes.

Hans Kammerlander avait organi-sé cette expédition au Manaslu pourun groupe d’amis du Sud-Tyrol. Le10 mai, il a fait une tentative, seul,jusqu’à l’arête sommitale, où unvent violent, annonciateur de tempê-te l’a repoussé. Il est redescenduvers ses deux amis, Carlo, qui avaitrebroussé chemin le matin et Friedl,qui n’avait pas quitté la tente.Quand il est arrivé au camp, Carloavait disparu. Il a retrouvé son corpssur un pont de neige à demi-écroulé,une centaine de mètres plus bas. Car-lo était sorti faire des photos. Il a per-du un crampon et chuté. Une mortabsurde, inacceptable.

Dans la tempête qui éclate alors,Hans reprend la descente, abattu,avec Friedl. Il n’y a plus ni nuit nijour. Soudain, Hans ressent unpicotement dans sa boucled’oreille. L’orage se déchaîne, il sejette à plat ventre dans la neige

pour échapper à la foudre. « Uncoup sourd retentit, comme si quel-qu’un, près de moi, avait battu la nei-ge avec une planche. Un courant metraverse, qui me laisse abasourdi.Dans l’obscurité de la tempête, il y ade brefs instants où l’on voit commeen plein jour, comme si, brutalement,on allumait devant mon visage unpuissant projecteur. » Hans n’a plusqu’une pensée, fuir. Mais la cordereste tendue, il hurle : « Friedl, viens,bon sang ! » Rien. Alors Hans rampevers son compagnon. « Il ne bougepas, il ne respire plus. Ses yeux mefixent. Friedl est mort. » Foudroyé.

Sur ce jour où sont morts ses deuxamis, sur la culpabilité qui l’assaille,il garde une grande pudeur. Aujour-d’hui, il pense qu’il ne retournerapas au Manaslu. « Ce n’est pas quej’ai oublié, non, mais dix ans ont pas-sé, dit-il au téléphone. Si je revois cet-te montagne, tous les mauvais souve-nirs vont refluer. Et la peur… »

Cet été, Hans Kammerlander estretourné pour la troisième annéeconsécutive au K2. Aux premiersjours de juillet, il a retrouvé Jean-Christophe Lafaille et s’est acclima-té avec lui sur la voie Cesen. Trèsvite, ils ont estimé que les condi-tions cette année rendaient trop ris-quée une ascension solitaire. « Iln’avait pas neigé de tout l’hiver, expli-que Lafaille. Du coup, la neige avaitune consistance bizarre, pulvérulente.Au dessus de 6 000 mètres d’altitude,on avait l’impression de nager dansdu polystyrène, de la polenta… »

Ce 20 juillet, les deux solitairesont décidé d’unir leurs forces,profitant d’un créneau météo pré-vu, depuis Chamonix par le « rou-teur » de Jean-Christophe, YannGiezendammer. « Nous n’avions pasquitté le camp de base depuis dixminutes qu’une gigantesque avalan-che partie du sommet, a balayé toutela face, remontant sur le versant d’enface, raconte Lafaille. Ni Hans ni moin’avions jamais vu ça. Ça nous a misun bon coup de pression… »

Pendant deux jours, ils ont bras-sé, parfois jusqu’à la taille, dans laneige liquide. Le 21 juillet, vers14 heures, ils ont planté leur petitetente sur l’Epaule, vers 7 800 mètresd’altitude, au pied du couloir oùWalter Bonatti survécut à sonbivouac d’horreur, en 1954. Le 22, ilssont partis vers le sommet à 5 heu-res du matin. L’éperon des Abruz-zes, dans le passage dit du col de laBouteille, était d’abord très sec, con-traignant les alpinistes, rejoints parun Coréen et un sherpa, à jonglerentre le rocher et la glace raide.Puis, vers 8 300 mètres d’altitude, la

neige instable a refait son appari-tion. « Nous étions quatre à nousrelayer pour faire la trace, poursuitLafaille. C’était de la natation, nousne progressions plus que de 40 mètresde dénivelée par heure. » Les deuxautres alpinistes utilisaient de l’oxy-gène. Ils avaient du mal à suivreHans et Jean-Christophe, qui n’enavaient pas…

Au sommet, à 14 h 30, ils se sontembrassés. Ce qui s’est noué là n’ap-partient qu’à ces deux solitaires han-tés par des histoires vieilles de dixans. Mais ils parlent de leur rencon-tre avec le même enthousiasme.« Partir avec un homme comme lui ?Mais j’y vais tout de suite ! » dit Hansdans son mauvais italien. « On avaitdu mal à se comprendre, mais pour-tant on a beaucoup échangé, dit Jean-Christophe. On a un feeling très pro-che. Dommage qu’il ait terminé… »

PENDANT les journées d’at-tente au camp de base, Jean-Christophe a raconté à Hans

son expérience heureuse au Manas-lu, l’an passé. A-t-il convaincuHans ? « Je ne sais pas, dit l’intéres-sé. J’ai besoin de deux ou trois moispour réfléchir. Mais pourquoi pas…J’ai un peu perdu la main en rocher,mais avec Jean-Christophe, je me ver-rais bien partir pour une belleparoi. »

Au sommet, Hans a chaussé sesskis. Tenté quelques virages avantde renoncer : trop dangereux. « Cen’était pas mon jour. J’étais fatigué,barbouillé. »

Jean-Christophe est redescendu lepremier. « Vite, très vite. C’est monoptique : passer le moins de temps pos-sible en haute altitude. » Le soir, dansla tente, ils ont appris par radio quele Coréen était tombé. Le lende-main, en redescendant, ils sont pas-sés non loin de son corps. Jean-Chris-tophe Lafaille cherche ses mots pourdécrire l’impression unique que pro-duit le K2 : « C’est une montagnesuperbe, immense, qui t’écrase. Ici lesrisques sont palpables, on les visualise.Pour rejoindre le pied de la paroi, onmarche sur le glacier Godwin-Austen,où un ami espagnol a retrouvé lecorps de Maurice Barrard, il y a deuxans. C’est à un quart d’heure de mar-che des tentes où l’on vit pendant deuxmois. Et chaque fois que je l’aiemprunté, j’y ai retrouvé des débrishumains, un bassin, des vêtements,des chaussures. Toute l’histoire de cet-te montagne te pèse sur les épaules. »

Charlie Buffet

FIN

H O R I Z O N SENQUÊTE

b Montagnes d’une vie, de WalterBonatti. Belle réédition illustréechez Michel Guérin, Chamonix,2001. En préparation, du mêmeauteur, chez le même éditeur :K2, histoire d’un cas.b Montagnes de verre, de DinoBuzzati, Denoël, 1991, recueildes articles que le grand écrivainitalien a consacré à son jardinsecret, l’alpinisme.

b K2, un défi aux confins du ciel,de Roberto Mantovani et KurtDiemberger, Gründ, 1995.La somme la plus complèteà ce jour sur le K2. Précis etmagnifiquement illustré.b Hautes altitudes,de Pierre Béghin, Didier Richard,1992. Epuisé.b De beaux témoignagessur le K2 et l’atmosphèreactuelle de l’himalayisme dansJ’habite au paradis de la regrettée

Chantal Mauduit(JC Lattès, 1997). Théorèmede la peur et Cartes postalesde la vire de Greg Child, ainsique dans Moments de doute deDavid Roberts, tous trois éditéschez Michel Guérin, qui prépareaussi la première éditionen français des mémoiresde Hans Kammerlander.b Sur les événements de l’été1986 : Fascination du K2, de JimCurran (Albin Michel, 1989).

Ci-contre, sur les pentessommitales du K2, chacunpuise au plus loin dans ses

réserves physiques.Ci-dessous,

Jean-Christophe Lafailleet Hans Kammerlander

au sommet, le 22 juillet.

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12 / LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

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LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 13

LA POSTE ET NOUSNotre village, Cruet, en Combe

de Savoie, comme des milliersd’autres en France, était heureuxde bénéficier du service d’unbureau de poste rural depuis… aumoins la fin du XIXe siècle.

Il est pour nous un lien avec l’ad-ministration en général (…), il sertaussi, grâce au Livret A, de banquelocale à maintes personnes, âgéesou non. Ses receveurs, toujoursbien accueillis, courtois, prêts àrendre service, sont parties inté-grantes de notre communauté.

En 1991, notre village comptait698 habitants, 477 en 1936, 525 en1975… Jamais notre poste n’a con-nu de défaillances, n’a été remiseen cause. Nous étions 969 au recen-sement de 1999, certainement plusd’un millier aujourd’hui.

Mais voilà, depuis le 1er janvier2001, du fait des 35 heures et d’unbesoin de rentabilité, paraît-il,notre poste est fermée au public,le lundi matin et le mercredimatin. Il est vrai que les deux plusproches bureaux ne sont qu’à 6 ou8 kilomètres ! Et maintenant, com-

me notre receveur a bien droit àprendre quelques vacances, notreposte sera fermée pendant deuxsemaines, y compris sa boîte auxlettres. Et si notre postier venait,en 2002, à bénéficier d’un congéde paternité, ce serait encore quin-ze jours en plus.

Il est vrai que, pour consoler lesdizaines de milliers de ruraux quivont se trouver dans notre situa-tion, une bonne nouvelle a étéannoncée : l’ouverture d’un nou-veau bureau de poste, à Paris, avec6 guichets dans le 19e arrondisse-ment et la création dans le budget2002 d’environ 20 000 postes defonctionnaires.

Maurice MessiezCruet (Savoie)

BARBARISMEOn peut s’attendre à ce que

votre journal respecte notre lan-gue et son vocabulaire.

Quelle n’a pas été ma surprise,en lisant Le Monde du 23 août,dans sa dernière page, un paragra-phe intitulé « Feuilles d’impositionrelookées » ! Je suis tout à fait éton-né de l’emploi d’un tel barbarisme,qui n’est pas un mot français, non

plus d’ailleurs qu’un mot améri-cain ou anglais.

Puis-je demander à votre jour-nal d’éviter d’employer des barba-rismes de ce type ? Notre langueest en danger et est déjà très large-ment une langue morte. Adopter,dans un article de presse, desexpressions américaines qui pour-raient être facilement remplacéespar un mot français me fait déses-pérer un peu plus encore de lapérennité de cette langue.

Jules-Marc BaudelParis

LES TRAINS DU JURADans votre article sur la traversée

du Jura en VTT (Le Monde du26 juillet), je m’étonne que parmiles moyens d’accès en train vousn’indiquiez que les gares desserviespar le TGV, alors qu’il existe uneligne TER Dole-Andelot-Saint-Claude, qui dessert Champagnole,et des gares du Parc régional duHaut-Jura : Saint-Laurent, Morbier,Morez, avec trois ou quatre trainspar jour dans chaque sens. Cetteligne fut un moment menacée, maiselle résiste bien et rend de grandsservices dans la région. Il serait

dommage de la considérer commenégligeable, ou même inexistante.

Claire DuvernetClamart (Hauts-de-Seine)

BESOIN DE PRÉCISIONSQue M. Minc affirme qu’une taxe

Tobin serait facilement absorbéepar les mécanismes de réalisationde profits en toutes circonstancesest certes raisonnable : le principepollueur-payeur, même bien appli-qué, n’a jamais, vraiment jamais,gêné grand monde ! Que des « excèsmédiatiques » soient à déplorer etdétournent d’un examen serein desdifficultés (Le Monde du 18 août),c’est une bonne remarque !

Mais on ne peut admettre queM. Minc (…) se livre, grâce à sasuperbe « persistante et signan-te », à des pratiques d’insinuationindignes vis-à-vis de « Greenpeace,Amnesty International et autres orga-nisations… » (élégante précautionde style pour être sûr de n’oublierpersonne !). Monsieur Minc, vousvous devez, sur ce sujet, de donnerdavantage d’explications, voire defournir quelques preuves.

Christian SouchonParis

Suite de la première page

Et, avec le recul, la polémiquequ’elle a fait naître apparaît com-me fortement disproportionnée.Dans une mise au point publiéepar Le Figaro (30 juillet), le pre-mier ministre a précisé que la déci-sion d’intervenir contre la mentionde « l’héritage religieux » avait étéprise « d’un commun accord » parle président de la République etpar lui-même. Cette version desfaits est confirmée par l’Elysée :Jacques Chirac et Lionel Jospin onttous deux téléphoné à RomanHerzog, ancien président de laRépublique fédérale d’Allemagneet président de la convention char-gée de rédiger la charte, pour luidemander de modifier l’expres-sion en cause.

Il y a plus : pendant tout le pro-cessus de rédaction de la charte,qui a duré de décembre 1999 àoctobre 2000, il n’a jamais été ques-

tion de mentionner les religions, sice n’est pour réaffirmer le principede la liberté religieuse. « Nousavons beaucoup travaillé avec lasociété civile, se souvient le repré-sentant français Guy Braibant, etnous avons reçu de nombreux messa-ges, notamment des Eglises. Leursinterventions portaient sur les droitssociaux, ou sur la famille. Mais je neme souviens pas du tout d’une quel-conque demande concernant l’héri-tage religieux de l’Europe… »

UNE SORTE DE TROCC’est seulement au dernier

moment que la CSU (Union chré-tienne-sociale), le très conserva-teur parti bavarois qui flirte régu-lièrement avec les thèmes de l’ex-trême droite, a demandé que cetteformule figure dans le préambulede la charte. En échange, les parle-mentaires allemands s’enga-geaient à accepter de reconnaîtreles droits sociaux… Une sorte detroc : le droit de grève contre lareligion. Depuis plusieurs années,la CSU a fait de la lutte contre l’im-migration son cheval de bataille.Hostile à « la société multiculturel-le », elle est aussi farouchementopposée à l’entrée de la Turquiedans l’Union européenne. Pour ladélégation française, il ne faisaitaucun doute que la mention de« l’héritage religieux de l’Europe »,sous la plume des parlementaires

bavarois, évoquait implicitementles valeurs judéo-chrétiennes etexcluait l’islam…

En bon juriste, Guy Braibant apris l’initiative de soulever les diffi-cultés qu’il y avait, selon lui, àaccorder une telle formulationavec la Constitution française, quine reconnaît aucun culte. « Seulsdeux ou trois pays, dont l’Allemagneet l’Autriche, étaient favorables à lamention de “l’héritage religieux”,raconte le représentant français.Les autres délégations étaient hosti-les, ou indifférentes. Y compris despays catholiques comme l’Espagneou l’Italie. » Mais le présidentRoman Herzog a pesé de touteson autorité pour imposer la for-mule. Et c’est ainsi que M. Brai-bant a prévenu l’Elysée et Mati-gnon, qui ont réagi de conserve.

Le plus étrange dans cette histoi-re est que l’expression finalementretenue (le « patrimoine spirituel etmoral » de l’Europe) est directe-ment tirée du traité sur le Conseilde l’Europe, signé en 1949. Soit àl’époque des « pères fondateurs »de l’Europe, les Schumann, Ade-nauer, De Gasperi, tous chrétiensconvaincus et affichés. Au pointque leurs adversaires dénonçaient« l’Europe vaticane », « l’Internatio-nale noire »…

Toute cette affaire de « l’hérita-ge religieux » laisse plusieurs ques-tions en suspens. Pourquoi la polé-

mique a-t-elle été dirigée exclusive-ment contre le gouvernement deLionel Jospin ? Comment les“chrétiens de gauche” français ensont-ils venus à défendre ce quin’était, à la base, qu’une manœu-vre de dernière minute lancée parun parti ultra-conservateur alle-mand ? Enfin, pourquoi la formulede 1949, acceptée et défendue àl’époque par les démocrates-chré-tiens, n’est-elle plus admissibleaujourd’hui pour ceux-là mêmequi se proclament leurs héritiers ?

Il y a là de quoi creuser un abîmede réflexions. Hasardons tout demême une hypothèse. La « crispa-tion » en cause n’est peut-être pasà chercher seulement du côté dupouvoir politique. Après tout, ilest dans la nature des choses quele gouvernement et le président dela République défendent la laïcité.Cela s’est vu par le passé, et sousdes formes beaucoup plus virulen-tes. Ne serait-ce pas plutôt l’Eglisecatholique qui aurait changé ?Ayant à ce point intégré le faitminoritaire qu’elle se retrancheraitdésormais dans des combats défen-sifs, obsidionaux et, pour toutdire, identitaires. Une Eglise quiserait davantage préoccupée dupassé que de l’avenir, de « l’hérita-ge » que de ce qui est en train denaître ?

Xavier Ternisien

L’ANGLETERRE, prête au maria-ge franco-britannique en 1940, estpourtant la cause des échecs répé-tés du projet de tunnel sous la Man-che. Ce n’est pas la faute deM. Churchill, qui dès 1930 votaitpour ce projet à la Chambre descommunes, mais si M. Churchillsait souvent élargir son optique etraisonner en Européen, beaucoupde ses compatriotes ne l’imitentpas. La lassante succession dedélais et d’abandons qui ont faitavorter le projet du tunnel donnela mesure des chances et des diffi-cultés d’une union européenne et,dans le cadre de cette union, d’uneintégration de la Grande-Bretagne.

L’année prochaine la France etl’Angleterre pourront commémo-rer avec tous les honneurs qu’ilmérite le cent cinquantième anni-versaire de cette grande idée.Aujourd’hui, de chaque côté dupas de Calais, une maisonnette

abrite un vieux serviteur que l’Etatentretient pour assurer la gardedes installations depuis longtempsdésaffectées ; ces vieux gardiensobstinés ont bu le champagneinaugural dans leur jeunesse, cha-cun de son côté ; ils ont vécu toutela durée d’une vie humaine en facel’un de l’autre, allant fumer unepipe mélancolique devant les exca-vations béantes, se demandant siavant leur mort ils le verraient cetunnel qui est devenu un peu leurbien : ils sont les parfaits pendantsl’un de l’autre et ne se connaissentpas ! Symbole peut-être. Symbo-les aussi cette exploitation minièrequi, du côté anglais, à Shakespeare-Cliff, marque l’emplacement del’orifice et, du côté français, cecimetière allemand qui dort prèsde Sangatte.

François Lemoine(1er septembre 1951.)

LES peuples du Sud ontmille fois raison d’écrireet de vouloir se réappro-prier une histoire qui

leur a trop souvent été volée parle Nord. Ils sont plus que fondésà réclamer que soient reconnus,dénoncés, sans cesse expliquéset rappelés les maux dont ils ontsouffert : racisme, colonialisme,esclavagisme – entre autres. Ils lefont cette année à Durban, enAfrique du Sud, à l’occasion de laConférence mondiale desNations unies contre le racisme.C’est bien. Il faut entendre cettevoix-là. Et il est pathétiquequ’aucun chef d’Etat du Nordn’ait jugé utile de faire le voyagede Durban, où se réunissent, ven-dredi 31 août, jusqu’au 7 septem-bre, les représentants de quelque160 pays. S’il doit y avoir desmanipulations à dénoncer lorsde ce forum, c’est sur place qu’ilfaut parler, sauf à faire preuved’un immense mépris de l’autre.

Or tout laisse craindre que laconférence de Durban ne soit lelieu d’une insupportable dérive.Parce que le conflit du Proche-Orient y sera abordé et l’injusticefaite au peuple palestiniendénoncée, se profile à nouveaula menace d’entendre, d’unemanière ou d’une autre, unedétestable contre-vérité. Cellequi consiste à assimiler le sionis-me au racisme, à la demande detelle ou telle partie du mondearabe. C’est ce que fit, à songrand déshonneur, l’Assembléegénérale de l’ONU en 1974, avantde revenir sur ce texte en 1991.

Parce qu’il est important queles mots aient un sens, surtoutdans un forum consacré à l’histoi-re, parce que les galvauder est un

criminel déni de réalité, parceque la justice n’a rien à gagneraux slogans, il est essentiel derappeler quelques faits.

Inspiré par le mouvement desnationalités du XIXe siècle, le sio-nisme est un mouvement natio-nal. Il n’a strictement rien à voiravec une quelconque théorieraciste. Il manifestait l’aspirationde nombreux juifs à disposerd’un Etat-nation, objectif qu’exa-cerba ensuite la Shoah, entrepri-se génocidaire industrielle restéeà ce jour sans égale et dont la sin-gularité doit être reconnue. Quela réalisation de cet objectif sesoit faite aux dépens des aspira-tions nationales d’un autre peu-ple est une évidence que,d’ailleurs, des Israéliens recon-naissent enfin (lire page 3). Leconflit actuel est suffisammentcomplexe et douloureux pourqu’on ne le dénature pas parquelque fumisterie de langage.C’est malheureusement ce qui sefait de plus en plus dans certainsmilieux arabes où, des diatribesdu jeune président syrien auxarticles de la grande presse égyp-tienne, fleurissent les thèmes duvieil antisémitisme européen et,sur cette lancée, l’assimilation dusionisme à une forme deracisme.

On voit mal ce que les souffran-ces des Palestiniens et leur luttecontre l’occupation israélienneen Cisjordanie et à Gaza ont àgagner à ces ignominies. On voitbien, en revanche, tout ce queperdrait la conférence de Dur-ban en crédibilité, sérieux etdignité, si elle devait les véhicu-ler, de façon plus ou moins direc-te, au détour de l’évocation, légiti-me, du drame du Proche-Orient.

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0123 est édité par la SA LE MONDEPrésident du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani

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AU COURRIER DU « MONDE »

ÉDITORIAL

La voix de Durban

Racisme : de nouveaux apartheidspar Jérôme Bindé et Pierre Sané

AU cours des deux der-niers siècles, le racisme,la discrimination raciale,la xénophobie et l’intolé-

rance, qui est indissociable de cestrois fléaux, ont souvent tenté des’appuyer sur de pseudo-théoriesbiologiques de l’inégalité « racia-le ». L’inanité de ces théories et lavacuité de la notion même de raceont largement été démontrées aucours des dernières décennies, et laDéclaration universelle sur le géno-me humain et les droits de l’hom-me dispose en son article premierque « le génome humain sous-tendl’unité fondamentale de tous les mem-bres de la famille humaine, ainsi quela reconnaissance de leur dignitéintrinsèque et de leur diversité ».

Le racisme et la discriminationraciale tentent aujourd’hui de selégitimer en affirmant l’inégalitédes cultures. La mondialisation,marquée par une croissance desinégalités sociales et de l’incertitu-de, s’accompagne aussi, par réac-tion, d’une explosion des phéno-mènes communautaires et d’uneexacerbation des passions identi-taires dont témoigne notammentla généralisation, dans toutes lesrégions du monde, de la violenceethnique, « raciale » ou confes-sionnelle.

Par ailleurs, on voit essaimer,dans la plupart des régions du mon-de, des formes diverses d’apar-theid social et urbain qui semblenttrès souvent reposer sur une discri-mination structurelle de type« racial », explicite ou implicite, nenécessitant même plus le recoursconscient à des représentations detype raciste. Ce séparatisme gran-dissant de l’espace urbain, avec larégression de l’espace public quil’accompagne, est redoublé parl’essor de formes diverses d’apar-theid scolaire et éducatif. Un tel sys-

tème de racisme invisible est toutaussi redoutable que le racisme etla discrimination affichés.

Il semble donc nécessaire de fai-re un effort de réflexion prospecti-ve et de rouvrir le champ de l’explo-ration scientifique, au moyen,entre autres, de la psychologie etde la psychanalyse, afin de mieuxéclairer la persistance des préjugésracistes.

De surcroît, la révolution de lagénétique contemporaine, si elleouvre de grands espoirs à l’humani-té, suscite des questions inquiétan-tes. Derrière la tentation du perfec-tionnement de l’espèce, ne voit-onpas se profiler le fantôme de l’eugé-

nisme et, plus exactement, d’uneugénisme commercial, avec le ris-que d’une espèce humaine à deuxvitesses, où une hypothétique post-humanité déboucherait sur le ris-que d’une déshumanisation, oud’une domestication de l’espècehumaine par elle-même ?

En premier lieu, l’identificationde séquences de gènes caractéristi-ques de certaines populationsvivant dans un espace géographi-que déterminé comporte-t-elle unrisque d’instrumentalisation de cesdonnées à des fins de discrimina-tion raciale ou ethnique ?

Ensuite, les nouvelles techni-ques de reproduction humainecomportent-elles un risque de

sélection des embryons et, par-tant, de discrimination ?

Enfin, les recherches sur le patri-moine génétique, comme cellesqui visent à identifier les séquen-ces du génome humain associées àcertains comportements, ne peu-vent-elles alimenter la tentation deremettre en cause la notion mêmede liberté humaine ? La mêmequestion ne se pose-t-elle pas avecl’apparition de nouvelles théories,telles que la sociobiologie, quiessaient de fonder dans la biologiedes comportements individuels etsociaux ?

Le débat bioéthique doit pren-dre en charge l’ensemble de ces

questions afin d’assurer le respectde la dignité et des droits et liber-tés fondamentales de la personnehumaine et d’éviter la stigmatisa-tion de certains individus par rap-port à d’autres. Cela suppose aussiune réflexion prospective et uneaction préventive à l’échelle inter-nationale et nationale, notammentdans trois domaines :

– L’éducation est un outil pré-cieux pour lutter contre le racismeet la discrimination raciale, à condi-tion bien entendu de refuser touteforme d’apartheid éducatif et defaire porter l’effort tant sur l’éduca-tion formelle, à tous ses niveaux,que sur l’éducation non formelle etinformelle, en repensant les pro-

grammes éducatifs et en s’ap-puyant, par exemple, sur les nou-velles technologies et l’éducationen réseaux.

– La bioéthique : des cadreséthiques devront être élaborés àl’échelle nationale et internatio-nale pour prévenir les menacesles plus graves pour les droitshumains et une fonction de veilleprospective, de débat et de forumdevra être assurée à l’échellemondiale.

– Les politiques urbaines doi-vent être repensées afin d’assurer,outre la sécurité des citadins, lerenouveau de l’espace public et dela cité, dans ses dimensions politi-ques, culturelles et écologiques.Changer la ville est une obligationsi l’on veut changer la vie auXXIe siècle et lutter efficacementcontre le racisme, la discrimina-tion raciale, la xénophobie et l’into-lérance.

Aucune des évolutions précé-demment évoquées n’est inélucta-ble. Il appartient aux gouverne-ments de faire preuve de volontécivique, en prenant la mesure desdéfis identifiés et en adoptant lespolitiques appropriées. Il appar-tient aussi aux principaux acteursde la société civile de se mobiliserafin que celle-ci ne devienne pasdans son principe incivile et quechaque être humain se voie recon-naître effectivement la jouissancede tous ses droits.

Jérôme Bindé est directeur dela division de l’anticipation et desétudes prospectives de l’Unesco.

Pierre Sané est sous-directeurgénéral pour les sciences sociales ethumaines à l’Unesco et anciensecrétaire général d’Amnesty Inter-national.

La polémiquesur l’héritagereligieuxde l’Europe

IL Y A 50 ANS, DANS 0123

Le tunnel sous la Manche

Changer la ville est une obligationsi l’on veut changer la vie au XXIe siècleet lutter efficacement contre le racisme,la discrimination raciale,la xénophobie et l’intolérance

H O R I Z O N S - A N A L Y S E S E T D É B A T S

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L’enlisement de l’économie américaine entraîne le Dow Jones sous les 10 000 points

FRANCFORTde notre correspondant

La Banque centrale européenne(BCE) a donc choisi d’abréger lesuspense : jeudi 30 août, à l’issuedu conseil de ses gouverneurs réu-ni à Francfort, l’institut d’émissiona décidé de baisser d’un quart depoint son principal taux directeur,à 4,25 %. « Les éléments disponiblespointent dans le sens d’une amélio-ration de l’environnement sur lesprix », a justifié Wim Duisenberg,le président de la BCE, en prenantacte du ralentissement économi-que en Europe. L’euro est d’abordresté stable, avant de réagir ennette hausse : la devise a clos lajournée au-dessus du seuil de 0,91dollar, pour s’échanger vendredimatin à 0,9192 dollar.

Cette décision était très atten-due par les marchés et de nom-breux gouvernements de la zoneeuro ; le premier ministre français,Lionel Jospin, s’était prononcéouvertement pour un assouplisse-ment monétaire mardi soir. DidierReynders, le président de l’euro-groupe, a estimé qu’il s’agissait« d’une bonne décision », suscep-tible de « donner confiance auxconsommateurs ». Au printemps, leministre des finances belge avaitappelé à plusieurs reprises la BCEà baisser la garde, et ses interven-tions répétées, entre autres,avaient tendu ses relations avecM. Duisenberg.

C’est la deuxième fois que la BCEréduit ses taux cette année (pour untotal de 0,5 point) alors que sonhomologue américaine a assouplisa position à sept reprises depuisjanvier (pour un total de 3 points).Tandis qu’Alan Greenspan tented’éviter une récession aux Etats-Unis, M. Duisenberg et ses collè-gues ont longtemps pensé que lazone euro était à l’abri du ralentisse-ment mondial. Avant de changerd’avis, comme l’atteste la décisionde jeudi.

« Nous avons été trop optimistessur la durée et l’ampleur » des diffi-cultés américaines, a concédéM. Duisenberg. « Le ralentissementde la croissance, émanant du ralentis-sement américain, est plus large, plusprofond, et plus prolongé qu’anticipéauparavant. Et nous avons désor-mais des indications claires que celaa un impact en Europe », a expliquéle président de la BCE, qui n’est« plus en mesure de dire que la crois-sance va atteindre le potentiel de lazone », soit entre 2 et 2,5 % en 2001.La BCE est en effet en train derevoir à la baisse ses prévisionspour cette année, qui devraientdésormais se situer en deçà de 2 %.Car « la demande externe est restée

faible et en dessous des attentes »,estime M. Duisenberg, du fait de lapersistance des difficultés américai-nes et de la faiblesse du Japon. Deplus, « la croissance de la consomma-tion a été freinée par des pertes dansle revenu disponible réel, à cause dela hausse passée des prix à la consom-mation », a-t-il jugé, constatant quel’ensemble de ces facteurs a « unimpact négatif sur l’investissement ».

Désormais, de l’avis des gar-diens monétaires, le ralentisse-ment économique commencedonc à alimenter la baisse des prix.L’indice des prix à la consomma-tion devrait passer en deçà de laréférence de 2 %, « au premiersemestre 2002 », a annoncé M. Dui-

senberg, après le pic enregistré enmai (3,4 %). Outre l’impact de lacroissance, les indicateurs moné-taires, tels que l’agrégat M3, quimesure la quantité de monnaie encirculation, demeurent « favora-bles », malgré la forte hausse enre-gistrée en juillet (+5,9 % sur troismois, entre mai et juillet) du faitd’éléments discordants.

UNE AUTRE BAISSE ENVISAGÉEPar ailleurs, le regain de force de

l’euro a « contribué » à la détentesur les prix, a observé M. Duisen-berg : la monnaie unique « disposed’un fort potentiel pour s’apprécier,étant donné les performances con-jointes des économies américaine et

européenne ». La modération sala-riale qui a prévalu au premier tri-mestre 2001, a également incité lesgardiens monétaires à faire ungeste, ces derniers ayant été long-temps taxés d’immobilisme.

Cette baisse des taux encache-t-elle une autre, au cas où ladéprime américaine, et son ondede choc en Europe, s’aggravent ?M. Duisenberg a refusé de donnerune tendance à la baisse, sansexclure cette hypothèse : « Je nepeux prévoir ni quand, ni dans quel-le direction, viendra le prochainmouvement. Notre décisiond’aujourd’hui ne comporte aucunbiais » à la baisse. Une chose estsûre, la BCE, qui a procédé jeudi àla troisième baisse des taux de sajeune histoire – la première remon-te à avril 1999 – ne semble pasencore déterminée à agir aussi bru-talement que la Réserve fédérale,aux Etats-Unis. Si certains expertsattendaient un mouvement pluslarge, la plupart estiment d’ores etdéjà que la BCE pourrait assouplirà nouveau sa politique monétaired’ici à la fin de l’année, mais sansprécipitation, à petits pas.

« Avec la poursuite du déclin del’inflation et une croissance en deçàde son potentiel, l’environnementdemeure favorable pour d’autresbaisses de taux », estime Raymondvan der Putten, de BNP-Paribas.Selon les économistes de la Deuts-che Bank, l’institut d’émission vacontinuer à assouplir sa position,mais « sans agressivité ».

Philippe Ricard

La timide baisse des taux européens n’apaise pas les craintes sur la croissanceLa Banque centrale européenne a assoupli, jeudi, sa politique monétaire pour la deuxième fois depuis le début de l’année, alors que son homologue américaine

est intervenue sept fois. Ce geste laisse sceptiques les économistes interrogés par « Le Monde ». Ils préconisent des mesures complémentaires

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en % en %TAUX DIRECTEUR DE LA BCE TAUX DIRECTEUR DE LA FED

La BCE a réagi avec retard au ralentissement économique mondial.La Fed avait amorcé la baisse des taux d'intérêt dès janvier 2001.

L'Europe sur les traces des Américains

Source : Bloomberg

2000 2001 2000 2001

4,25

3,5

La BCE prend acte du ralentissement en Europe Quand Wim Duisenbergrappelle le dogme à Hans Eichel

POLITIQUE MONÉTAIRE La Ban-que centrale européenne (BCE) a décidé,jeudi 30 août, d’abaisser d’un quart depoint son principal taux d’intérêt, le rame-nant à 4,25 %. b DEUX BAISSES sont donc

intervenues, en Europe, depuis le débutde l’année, pour 0,5 point, contre sept,aux Etats-Unis, pour un total de 3 points.b LE PRÉSIDENT de la BCE, Wim Duisen-berg, a reconnu qu’il avait été « trop opti-

miste sur la durée et l’ampleur » des diffi-cultés américaines. b LES ÉCONOMISTESinterrogés par Le Monde s’accordent àdire que ce geste ne sera pas suffisantpour amortir le choc du ralentissement,

mais ils divergent sur les grandes prioritésque les Quinze doivent retenir en matièrede dépense publique et de déficits. M. Dui-senberg, lui, s’inquiète du laxisme des poli-tiques budgétaires de certains pays.

LA BANQUE centrale européen-ne (BCE) a abaissé, jeudi 30 août,d’un quart de point son principaltaux d’intérêt directeur. Ce gesteétait très attendu. Mais sera-t-ilsuffisant pour limiter le ralentisse-ment économique ? Ou bien lesQuinze devront-ils envisagerd’autres ajustements notammenten matière de dépense ou de défi-cits ? En tout cas, la décision de laBCE ne clôt pas le débat ; elle lerelance, comme en témoignent lesréponses des économistes fran-çais, interrogés par Le Monde :

b Jean-Paul Fitoussi, prési-dent de l’Observatoire françaisdes conjonctures économiques(OFCE) : « Une baisse de seule-ment un quart de point des tauxde la Banque centrale européenneest un peu décevante. On peutcomprendre les raisons de sa pru-dence, sachant que l’inflation sous-jacente reste élevée. Mais il est cer-tain qu’un geste aussi petit ne vapas fondamentalement changer ladonne économique en Europe et ilva inciter les gouvernements à lais-ser filer les déficits publics. Ensituation de ralentissement, lamoindre des choses serait de lais-ser la baisse des recettes fiscalesavoir les conséquences arithméti-

ques sur le déficit. Etant donnéque les agents économiques nesavent plus qui est le responsablede la croissance, il serait utiled’avoir un geste plus affirmé parles gouvernements qui assume-raient ainsi leur fonction normale.C’est possible car tous les gouver-nements européens ont voté desprogrammes de réduction d’im-pôts pluriannuels.

» Il suffirait, par exemple, que laFrance et l’Allemagne annoncentqu’au lieu d’appliquer ce program-me en trois ans, il sera fait en deuxans, de façon à accélérer la baissedes impôts. Une baisse des tauxplus importante aurait néanmoinssoulagé la tache des gouverne-ments car une mesure de politiquebudgétaire coordonnée au niveaueuropéen est plus difficile à mettreen œuvre. »

b Daniel Cohen, chargé del’enseignement de l’économie àl’Ecole normale supérieure :« Un assouplissement de la politi-que monétaire d’un quart de pointest mécaniquement insuffisantpour relancer l’économie, mais ilmontre que la frayeur de la BCE àl’égard de l’inflation est en train dedisparaître. Aujourd’hui, il est plusque jamais fondamental et urgent

que les ministres des finances etles gouverneurs des banques cen-trales se parlent. Les ministres desfinances ont besoin de savoir sic’est le retour à une politiquemonétaire active ou bien si la ban-que centrale compte en rester là. »

b Olivier Davanne, associé deDPA Conseil, professeur à Paris-IX - Dauphine : « La Banque cen-trale européenne devrait poursui-vre son mouvement de baisse destaux, car le ralentissement auxEtats-Unis est durable. Il n’y a pasbeaucoup d’espoir que l’économieaméricaine redonne une impul-sion à la conjoncture en Europe. Ilva certes y avoir désormais unepression plus forte sur les gouver-

nements pour utiliser le budgetafin de soutenir l’activité. Mais lameilleure réponse, lorsqu’il n’y apas de risque inflationniste estd’opérer une baisse des taux. Lors-que l’on fera le bilan dans six mois,on se rendra compte que la BCE aété trop lente dans son mouve-ment de baisse des taux.

» Le meilleur policy-mix (réglageentre politique monétaire et bud-gétaire) est actuellement que lesoutien à la croissance provienned’une baisse des taux car les finan-ces ne sont pas suffisamment équi-librées pour réaliser une vraierelance budgétaire. Il ne faut pasnon plus négliger l’impact de laconfiance des agents économi-ques. Aux Etats-Unis, la confiancedes ménages est soutenue par lefait qu’ils savent que le présidentde la Reserve fédérale fait tout sonpossible. En Europe, on ne donneaucune garantie aux industriels :les budgets ont peu de marge demanœuvre et la BCE leur dit qu’el-le est là pour garantir la stabilitédes prix et non pour soutenir lacroissance. »

b Michel Didier, directeur del’institut de conjoncture Rexeco-de : « La BCE a fait le strict mini-mum. Elle aurait pu aller plus loin.

La conjoncture européenne n’estpas fondamentalement mauvaise,mais elle s’est détériorée très rapi-dement. La vitesse du ralentisse-ment économique étant assez pré-occupante et exceptionnelle, il y aun vrai besoin d’action monétaire,d’autant qu’il n’y a pas de risqueinflationniste. Je pense qu’il y aurad’autres détentes monétaires quiamèneront les taux à moins de 4 %avant la fin de cette année.

» Le budget peut jouer un rôle,non pas en laissant filer les déficitsmais au contraire en maintenant lecap des réductions de déficit enétant plus rigoureux sur les dépen-ses. Au milieu des années 1990, ona vu qu’il n’y avait rien de pire pourla conjoncture qu’un déficit crois-sant combiné à des taux élevés. Ceserait un mauvais signal que de lais-ser filer les déficits, d’autant quel’on sait qu’ensuite la situation esttrès difficile à rattraper. »

b Christian de Boissieu, pro-fesseur d’économie à Paris-I -Panthéon-Sorbonne et directeurscientifique du Centre d’observa-tion économique : « Le geste dela BCE était nécessaire mais il n’estpas suffisant. Il y avait une fenêtrede tir pour la banque centrale enraison de la baisse de l’inflation

amorcée depuis deux mois, desdernières nouvelles de la conjonc-ture en Allemagne et en Italie etd’une remontée de l’euro qui luilaissait une plus grande marge demanœuvre. La réponse à cette bais-se des taux de la part des gouverne-ments devrait être un signal mon-trant qu’ils ne laisseront pas tropdériver les déficits publics, ce quipermettrait ensuite d’obtenir unenouvelle baisse des taux.

» Malheureusement, le policy-mix européen me paraît depuis lelancement de l’euro assez peu coo-pératif. La banque centrale a le sen-timent d’avoir en face d’elle desgouvernements qui ne sont pas suf-fisamment sérieux dans la correc-tion des déficits et dans la mise enplace des réformes structurelles.Et ce sentiment n’a fait que renfor-cer sa prudence jusqu’à présent.

» Il faudrait donc que, dans l’in-térêt de la croissance et de l’em-ploi, on puisse arriver à davantagede coopération entre les gouverne-ments et la banque centrale, ce quidonnerait par la même occasionun signal de confiance à quelquesmois de l’introduction des pièceset des billets en euros. »

Cécile Prudhomme

NEW YORKde notre correspondant

La rafale de mauvaises nouvellesde l’économie américaine a fini parfaire trébucher Wall Street. Jeudi30 août, l’indice Dow Jones estrepassé pour la première foisdepuis cinq mois sous le seuil psy-chologique des 10 000 points, termi-nant la journée à 9 919,58 après unebaisse de 1,70 %. Dans son sillage,la Bourse de Tokyo a abandonné2,06 % vendredi, tandis que les pla-ces européennes s’orientaient enbaisse dans les premières cotations,avec un recul de 0,53 % à Paris.

Lors des quatre dernières séan-ces, le Dow Jones a abandonné 500points. Jeudi, le Nasdaq, le marchédes valeurs de la nouvelle écono-mie, a cédé pour sa part 2,79 %.L’espoir d’un redémarrage en find’année de la croissance aux Etats-Unis, qui avait permis à la Bourse

de New York de retrouver un peude vigueur au printemps, a totale-ment disparu. « Les investisseurs ontperdu toute confiance, explique Tho-mas Galvin, du Crédit Suisse FirstBoston. Les gens pensent que lareprise ne se produira pas au mieuxavant l’année prochaine. »

L’économie américaine a évité dejustesse une baisse du produit inté-rieur brut au deuxième trimestre,mais elle continue à s’affaiblir. Lechiffre un peu inespéré de 0,2 % decroissance en rythme annuel, rendupublic mercredi, tient à la résistancede la consommation. Les Améri-cains n’ont pas perdu les habitudesd’une décennie de prospérité et ontcontinué à dépenser généreuse-ment. Mais pour combien detemps ? Peu de temps, à en croireles statistiques publiées jeudi matinpar le département du commerce.Le revenu moyen a augmenté de

0,5 % en juillet, la plus forte haussedepuis le début de l’année, liéenotamment à l’arrivée dans lesfamilles des premiers chèques deremboursement d’impôts. Maisdans le même temps, les dépensesdes ménages ont progressé de seule-ment 0,1 %, le niveau le plus faibledepuis dix mois. La consommation,qui représente 68 % de l’activité amé-ricaine, a tenu l’économie à bout debras depuis un an. Si elle commenceà donner des signes de lassitude, larécession est pour demain.

CONJONCTURE TRÈS INCERTAINED’autres chiffres, communiqués

jeudi par le département du tra-vail, sont aussi préoccupants. Lenombre de personnes touchant lesallocations de chômage a atteint3,17 millions à la mi-août, au plushaut depuis neuf ans. « Il y a degrandes chances maintenant de voir

les consommateurs commencer àprendre peur devant la multiplica-tion des licenciements », préditHenry Herrmann, responsable desinvestissements de l’établissementfinancier Darrell & Reed.

Et les difficultés et les suppres-sions d’emplois, surtout dans lahaute technologie, ne semblentpas devoir s’arrêter. Deux joursaprès l’annonce par Gateway de lamise à la porte du quart de seseffectifs, Sun Microsystems a faitsavoir jeudi qu’il n’atteindrait passes objectifs de ventes du fait de labaisse de la demande d’ordina-teurs en Europe et au Japon. Leplus inquiétant est l’incapacité desentreprises à pouvoir se projeterdans six mois tant la conjonctureest incertaine. Elle le deviendraencore plus si la Bourse décroche.

Le moral des ménages améri-cains, dont la moitié détient un

portefeuille d’actions, dépend del’évolution du marché de l’emploi,des revenus et… de Wall Street. Jus-qu’à aujourd’hui, la correctionboursière a surtout touché la nou-velle économie. L’éclatement de labulle spéculative autour desvaleurs Internet a fait s’écrouler leNasdaq de 65 % en dix-huit mois.Le Dow Jones a limité les dégâtsen perdant 15 %. Mais si la« vieille » économie n’inspire plusconfiance à son tour, la Bourse deNew York et la première économiedu monde pourraient connaîtreune fin d’année difficile. « Je nevois pas ce qui peut arrêter la bais-se, explique Jude Wanniski, analys-te du cabinet Polyconomics. Nousprévoyons que le Dow Jones pour-rait descendre à 8 600 points danssix mois. »

Eric Leser

FRANCFORTde notre correspondant

C’est un coup de fil qui a surprisWim Duisenberg en voiture, lorsde ses vacances en France, prèsd’Avignon, où le président de laBCE possède une résidence secon-daire. En ligne : Hans Eichel, leministre allemand des finances, quiavait laissé entendre mi-août quel’Allemagne pourrait s’affranchirde la rigueur budgétaire imposéepar le pacte de stabilité et de crois-sance. « Il m’a dit que ses proposavaient été mal interprétés et malrepris dans la presse, qu’il n’y avaitaucune intention de la part du gou-vernement allemand d’entrer dansune discussion sur le pacte », a expli-qué, jeudi 30 août, M. Duisenberg,se disant « très content », voire« reconnaissant », d’avoir entendude telles précisions de la part dugrand argentier allemand.

Tandis que l’Allemagne devraitaccuser un déficit public équiva-lent à 1,7 % de son PIB et traverseune période de stagnation, son gou-vernement est sensible à l’idée degagner un peu de souplesse budgé-taire.

QUESTION DE CRÉDIBILITÉA peine rentré de vacances, le

président de la BCE n’a donc pashésité, jeudi, à rappeler aux gouver-nements de la zone son avis sur lesujet. « Je dois exprimer mon souciquant à l’impact qu’une croissanceplus faible pourrait avoir sur la déter-

mination de certains pays à adhérerstrictement au pacte de stabilité etde croissance, dans le cadre de leurprogramme de stabilité. »

Dans le contexte actuel, juge lepatron de la BCE, « les stabilisa-teurs automatiques [prévus par lepacte] ne devraient être autorisés àfonctionner à plein que dans les paysoù les positions budgétaires sont pro-ches de l’équilibre, voire en sur-plus ». Sans citer ni l’Allemagne, nila France, ni l’Italie, les trois paysparmi les plus concernés par unéventuel dérapage du déficit, le pré-sident de la BCE a ajouté : « Desmesures à court terme destinées àrenforcer la demande intérieure ris-quent d’avoir un impact indésirablesur l’économie. » « Ces mesures nesont pas cohérentes avec le pacte, etpourraient miner la crédibilité duprocessus de consolidation », a souli-gné M. Duisenberg, qui était trèsattendu sur le sujet après la pauseestivale.

Les oreilles de M. Eichel ont dûsiffler. Nul doute que cette mise aupoint devait alimenter lesconversations entre LaurentFabius et son homologue alle-mand, vendredi à Berlin. La rencon-tre devait avoir lieu en présencedes présidents des deux banquescentrales nationales, Jean-ClaudeTrichet et Ernst Welteke, qui nedevaient pas manquer de confir-mer le message de M. Duisenberg.

P. Ri.

E N T R E P R I S E S

« Il va y avoirdésormaisune pressionplus forte sur lesgouvernements pourutiliser le budget »

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LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

Page 15: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 15

BOURSES CHANGES

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ASIE - PACIFIQUE

Indices cours Var. % Var. %Zone Asie 9 h 57 f selection 31/08 30/08 31/12

TOKYO NIKKEI 225 10713,51 – 2,06 – 22,29

HONGKONG HANG SENG 11090,48 – 1,99 – 26,53

SINGAPOUR STRAITS TIMES 1613,73 – 0,12 – 16,25

SEOUL COMPOSITE INDEX 67,42 – 3,42 6,42

SYDNEY ALL ORDINARIES 3217,80 – 1,44 2

BANGKOK SET 21,95 0,64 17,82

BOMBAY SENSITIVE INDEX 3254,96 – 0,97 – 18,05

WELLINGTON NZSE-40 2059,69 – 0,91 8,31

11090,48

HONGKONG Hang Seng

13808

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10713,51

TOKYO Nikkei

13430

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12343

11800

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31 M. 17 J. 31 A.

108,86

EURO / YEN

110,3

108,3

106,3

104,3

102,3

100,4[ [ [

31 M. 17 J. 31 A.

AMERIQUES

Indices cours Var. % Var. %Amerique 9 h 57 f selection 30/08 29/08 31/12

ETATS-UNIS DOW JONES 9919,58 – 1,70 – 8,04

ETATS-UNIS S&P 500 1129,03 – 1,70 – 14,49

ETATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 1791,68 – 2,79 – 27,48

TORONTO TSE INDEX 7417,65 – 1,02 – 16,97

SAO PAULO BOVESPA 12892,39 .... – 15,51

MEXICO BOLSA 354,52 – 0,46 12,19

BUENOS AIRES MERVAL 318,50 – 2,10 – 23,58

SANTIAGO IPSA GENERAL 113,92 – 1,01 18,67

CARACAS CAPITAL GENERAL 7267,94 4,11 6,49

0,917

EURO / DOLLAR

0,917

0,901

0,885

0,869

0,853

0,837[ [ [

31 M. 17 J. 31 A.

9919,58

NEW YORK Dow Jones

11175

10924

10673

10422

10170

9919[ [ [

31 M. 17 J. 30 A.

1791,68

NEW YORK Nasdaq

2264

2169

2075

1980

1886

1791[ [ [

31 M. 17 J. 30 A.

EUROPE

Indices cours Var. % Var. %Europe 9 h 57 f selection 31/08 30/08 31/12

EUROPE EURO STOXX 50 3717,58 – 0,52 – 22,10

EUROPE STOXX 50 3597,58 – 0,59 – 21,06

EUROPE EURO STOXX 324 312,76 – 0,55 – 20,17

EUROPE STOXX 653 295,02 – 0,54 – 18

PARIS CAC 40 4692,81 – 0,24 – 20,82

PARIS MIDCAC .... .... ....

PARIS SBF 120 3222,48 – 0,29 – 19,89

PARIS SBF 250 .... .... ....

PARIS SECOND MARCHE .... .... ....

AMSTERDAM AEX 524,46 – 0,49 – 17,74

BRUXELLES BEL 20 2868,62 – 0,77 – 5,15

FRANCFORT DAX 30 5181,47 0,37 – 19,46

LONDRES FTSE 100 5299,70 – 0,62 – 14,83

MADRID STOCK EXCHANGE 8225,80 – 0,08 – 9,70

MILAN MIBTEL 30 34795,00 – 0,08 – 20,41

ZURICH SPI 6510,10 – 0,18 – 19,98

5299,70

LONDRES FT100

5950

5815

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31 M. 17 J. 31 A.

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PARIS CAC 40

5527

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FRANCFORT DAX 30

6240

6028

5816

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5393

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31 M. 17 J. 31 A.

Taux d’interet (%)Taux Taux Taux TauxTaux 30/08 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans

FRANCE ......... 4,42 4,18 4,89 5,49ALLEMAGNE .. 4,28 4,24 4,77 5,39GDE-BRETAG. 4,43 4,81 4,80 4,50ITALIE ............ 4,28 4,18 5,14 5,77JAPON ........... 0,06 0,01 1,37 2,36ETATS-UNIS... 3,59 3,38 4,77 5,36SUISSE ........... 3,25 3,10 3,27 3,96PAYS-BAS....... 4,23 4,18 4,92 5,46

Taux de change fixe zone EuroEuro contre f Taux contre franc f Taux

FRANC ......................... 6,55957 EURO ........................... 0,15245DEUTSCHEMARK ......... 1,95583 DEUTSCHEMARK ......... 3,35385LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) .......... 3,38774PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238ESCUDO PORT. (100) .... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703PUNT IRLANDAISE....... 0,78756 PUNT IRLANDAISE....... 8,32894FLORIN NEERLANDAIS 2,20371 FLORIN NEERLANDAIS 2,97660FRANC BELGE (10) ....... 4,03399 FRANC BELGE (10) ....... 1,62607MARKKA FINLAND. ...... 5,94573 MARKKA FINLAND. ...... 1,10324DRACHME GREC.(100).. 3,40750 DRACHME GREC. (100). 1,92503

MatifVolume dernier premierCours 9 h 57 f 31/08 prix prix

Notionnel 5,5DECEMBRE 2001 131 90,42 90,28Euribor 3 moisJANVIER 2001 .... NC NC NC

Cours de change croisesCours Cours Cours Cours Cours Cours

31/08 9 h 57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.DOLLAR ................. ..... 0,84207 0,91740 0,13987 1,45940 0,60529YEN........................ 118,75500 ..... 108,86500 16,60500 173,26000 71,84500EURO ..................... 1,09004 0,91857 ..... 0,15245 1,59065 0,65955FRANC ................... 7,14940 6,02180 6,55957 ..... 10,43420 4,32640LIVRE ..................... 0,68521 0,57715 0,62865 0,09585 ..... 0,41465FRANC SUISSE ....... 1,65210 1,39145 1,51555 0,23100 2,41070 .....

TABLEAU DE BORD

Hors zone EuroEuro contre f 30/08

COURONNE DANOISE. 7,4435COUR. NORVEGIENNE 8,0485COUR. SUEDOISE ........ 9,4669COURONNE TCHEQUE 34,2420DOLLAR AUSTRALIEN . 1,7139DOLLAR CANADIEN .... 1,4047DOLLAR HONGKONG . 7,0939DOLLAR NEO-ZELAND 2,0701FORINT HONGROIS ....252,4000LEU ROUMAIN.............27258ZLOTY POLONAIS ........ 3,8565

Bruxelles accuseMicrosoftde nouvellespratiquesanticoncurrentielles

ÉCONOMIE AFFAIRES

BOURSES

AU LENDEMAIN d’une forte chutedes marchés d’actions aux Etats-Unis (– 1,70 %, à 9 919,58 points,pour le Dow Jones et – 2,79 %, à1 791,68 points, pour le Nasdaq), l’in-dice CAC 40, à Paris, baissait vendre-di 31 août dans les premiers échan-ges de 0,34 %, à 4 687,93 points. Ilavait perdu jeudi 2,71 %, à4 703,87 points, son plus bas niveaude clôture depuis le 28 octobre 1999.Vendredi en début de séance le Foot-sie de Londres perdait 0,27 %, leDAX de Francfort 0,24 %. A Tokyo,le Nikkei a terminé vendredi à10 713,51 points (– 2,06 %), son plusbas niveau depuis dix-sept ans.

INDUSTRIES

b HITACHI : le grouped’électronique japonais envisagede supprimer 14 700 emplois,dont plus de 10 000 au Japon, surun effectif total de 340 000salariés, « essentiellement à traversla restructuration des divisionssemi-conducteurs et écrans », selonun communiqué publié vendredi31 août.

b CORUS : le groupeanglo-néerlandais, issu de lafusion entre British Steel etHoogovens en octobre 1999, aannoncé, jeudi, la suppression de1 200 à 1 500 emplois sur 10 000d’ici trois ans.

b SYNGENTA : le numéro unmondial de l’agrochimie prévoitla fermeture de deux sites deproduction et de recherche,employant un total de 150 salariésen Suisse.

SERVICES

b BULL : le groupe informatiquefrançais a confirmé, vendredi,la cession des activitéseuropéennes de sa filiale Integrisau groupe Steria pour un montantde 190 millions d’euros. Steriaentrera par ailleurs au capitald’Integris France à hauteurde 9,1 %.

FINANCES

b COMDIRECT : le courtier enligne allemand va imposer lepassage au temps partiel à765 employés sur 1 300, à partirdu 1er octobre, indique, vendredi,le Financial Times Deutschland. Lasociété, qui compte supprimer150 postes, prévoit une perte de100 millions d’euros en 2001.

b CHARLES SCHWAB : lapremière société américaine decourtage en ligne a indiqué,jeudi, son intention de supprimer2 400 emplois, soit 11 % de seseffectifs.

CHANGES-TAUX

L’EURO restait ferme vendredi31 août dans les premiers échan-ges, après avoir progressé la veilleà la suite de la baisse d’un quart depoint des taux de la Banque centra-le européenne, décidée à l’issue dela réunion de son comité de politi-que monétaire. La monnaie uni-que se négociait, vendredi, à0,9192 dollar. Le billet vert serepliait en début de séance face auyen, à 118,91 yens.Les taux d’intérêt à long terme sedétendaient en Europe, vendredimatin. Le rendement de l’obliga-tion du Trésor français à dix anss’affichait à 4,88 %.

Le président de la BCEestime « négligeable »l’impact inflationnistedu passage à l’euroLE PRÉSIDENT de la Banque cen-trale européenne, Wim Duisenberg,a assuré, jeudi 30 août à Francfort,que l’impact inflationniste du passa-ge à l’euro en janvier 2002 serait« quasiment négligeable ». M. Dui-senberg a expliqué que les différen-tes banques centrales de la zoneeuro avaient effectué des recher-ches pour déterminer si le change-ment de monnaie pourrait se tradui-re par une inflation, certains com-merçants pouvant être tentés d’ar-rondir les prix à leur profit.Une enquête publiée vendredi parle mensuel 60 millions de consomma-teurs révèle cependant que les prixde plusieurs produits de grande con-sommation ont flambé en Francede juin 2000 à juin 2001, dans laperspective de l’euro (lire page 9).Les hausses atteignent parfois 10 %ou 20 % sur l’année.

a FRANCE : les prochains soldesd’hiver pourraient être raccourciset être organisés de telle sorte queleur date de clôture coïncide avec lafin de la circulation du franc, le17 février 2002, a déclaré jeudi leministère de l’économie.

a ESPAGNE : le déficit budgétai-re pour les sept premiers mois del’année s’est élevé à 9,09 milliardsd’euros, en hausse de 68,3 % parrapport à la même période de 2000.

a FMI : le Fonds monétaire inter-national n’a pas de position offi-cielle sur la taxe Tobin mais aeffectué des études et recherchessur le sujet, a indiqué son porte-parole, Thomas Dawson, jeudi.a Le FMI a confirmé jeudi qu’il seprononcera le 7 septembre surl’attribution de crédits supplémen-taires de 8 milliards de dollars(8,8 milliards d’euros) à l’Argentine.

LA COMMISSION européenne aannoncé, jeudi 30 août, qu’elle sus-pectait Microsoft d’enfreindre laréglementation antitrust européen-ne en abusant de sa position domi-nante. Elle considère que la firme aagi d’une manière illégale en incor-porant dans son système d’exploi-tation Windows son nouveau pro-duit Media Player, logiciel qui per-met de visualiser et d’écouter desfichiers sur un ordinateur depuisInternet. Les produits concurrentssont pénalisés par ce lien automati-que, sans que leur prix ou leur qua-lité soient en cause. Cette procédu-re ne remet pas en cause le lance-ment de Windows XP, le nouveausystème d’exploitation de PC, pré-vu pour octobre.

La nouvelle procédure parle d’ex-tension de position dominante.Elle fait suite à une enquête appro-fondie sur le système d’exploita-tion Windows 2000, lancée enfévrier 2000, à la demande de PMEdu secteur de la technologie de l’in-formation et de concurrents deMicrosoft, notamment Sun Micro-systems. Ils accusent Microsoft devouloir étendre sa position domi-nante dans les systèmes d’exploita-tion pour PC au domaine des systè-mes d’exploitation pour serveurs.

« Ces deux procédures peuventêtre jointes et Microsoft peut deman-der une audition » à la Commissionpour s’expliquer, a indiqué un por-te-parole de la Commission euro-péenne. Le commissaire européenà la concurrence, Mario Monti, aindiqué que la décision de Bruxel-les serait indépendante de celle dela justice américaine, qui examinedepuis plusieurs mois les plaintesde plusieurs Etats américains et dugouvernement fédéral. – (Corresp.)

MERCREDI 29 août, vers16 h 30, quelque 250 analystesfinanciers spécialisés dans les télé-communications, un peu partouten Europe, ont reçu un courriel deFrance Télécom contenant desinformations sur les résultats dugroupe, qui ne devaient être dévoi-lés que la semaine prochaine. Uneerreur d’une ampleur sans précé-dent, sur laquelle la Commissiondes opérations de Bourse (COB) aouvert une « préenquête ». Jeudimatin, dans les premiers échanges,l’action Orange bondissait de8,56 %, à 7,99 euros, et le titre Fran-ce Télécom culminait brièvement à41,5 euros, en hausse de 6,14 %.Sans raison apparente, et alors queFrance Télécom avait envoyé, mer-credi soir, un autre courriel préci-sant que l’exploitation de ces infor-mations « confidentielles et privilé-giées » était « interdite ». Le mou-vement de hausse avait déjà com-mencé. Dans la dernière heure decotation, le titre Orange s’étaitrepris, de 7,20 à 7,36 euros. Demême, l’action France Télécomavait rebondi d’un euro, soit plusde 2,5 %, dans la dernière lignedroite de la séance, terminant à39,10 euros.

Au premier abord, le courrielcontenait seulement des donnéessur l’Ebitda (résultat opérationnelavant intérêts, impôts et amortisse-ments) dégagé au premier semes-tre de l’an 2000 par les différentesactivités de l’opérateur public.Mais, en cliquant sur le commentai-re qui accompagnait les tableaux,l’Ebitda 2001 apparaissait égale-ment. Au lieu du simple récapitula-tif de l’an dernier, un « documentde travail » avait en effet étéenvoyé par erreur. Une bombe : le

chiffre concernant la filiale de télé-phonie mobile Orange a en effetplus que doublé au premier semes-tre, atteignant 1,634 milliardd’euros, là où les analystes atten-daient une hausse de « seule-ment » 80 %. La limitation des per-tes de la filiale Internet Wanadooet la résistance des activités de télé-phonie fixe permettent à l’opéra-teur historique de dégager unehausse de son Ebitda de 14 %, à6,066 milliards d’euros.

Du côté de France Télécom, onplaide l’erreur. « La plupart desanalystes ne se sont d’ailleurs pasrendu compte tout de suite que desinformations confidentielles figu-raient dans le mail, car la diapositi-ve Powerpoint [du nom du logiciel

utilisé] ne contenait que les chiffres2000, et il fallait appeler les commen-taires par une manipulation infor-matique. Certains analystes nousont néanmoins appelés dès mercredisoir pour nous signaler l’erreur. »

La flambée des cours d’Orangeet de France Télécom, jeudi matin,a conduit les agences de presse às’interroger sur ce mouvementsubit. « Nous avons entendu unefausse rumeur selon laquelle deschiffres concernant France Télécomont fait l’objet de fuites », répondaitalors à l’agence Bloomberg DarrenWindhagauer, responsable desmarchés d’actions européenneschez Bank of America. L’agenceReuters évoque « une note“positive” pour Orange » du cour-tier Schroder Salomon Smith Bar-ney. A 10 h 30, jeudi, les agencesrévèlent que France Télécom envi-sage de publier par avance, à lademande de la COB, des résultatsdéjà donnés aux analystes.

Chez Schroder Salomon SmithBarney, on confirme qu’une notepositive a bien été diffusée parcourriel aux clients, dès mercredisoir. Mais, selon un analyste de labanque d’affaires, « on ne s’est pasrendu compte de l’importance dumail de France Télécom (…). Notreprévision d’Ebitda était d’ailleursinférieure aux chiffres divulgués ».C’est seulement jeudi après-midique le communiqué officiel deFrance Télécom a enfin généralisél’information au public. La baissedes marchés américains, dans lajournée de jeudi, a finalementréduit le gain de l’action Orange à2,85 %. Sanctionné, le cours deFrance Télécom a chuté de 5,50 %.

Adrien de Tricornot

LE CONSEIL des prud’hommes de Rouen a débouté, jeudi 30 août,Cédric Monribot, vingt-neuf ans, de sa demande de réintégrationdans son poste de technicien à l’unité de Saint-Etienne-du-Rouvray(Seine-Maritime) de la Sagem. En juin, la direction de cette entreprisede matériel électronique l’avait licencié pour le port d’un bermuda surle lieu de travail (Le Monde du 26 juillet). Saisis en procédure de réfé-ré, les juges prud’homaux ont estimé que cette interdiction, stricte-ment appliquée aux hommes, ne constituait pas « une pratique discri-minatoire sexuelle ». Concernant la préservation des droits personnelset des libertés individuelles, l’ordonnance explique que « quand bienmême l’interdiction (…) constituerait une atteinte injustifiée au droit deM.Monribot de se vêtir comme bon lui semble, cette juridiction n’auraitpas le pouvoir d’annuler son licenciement et d’ordonner sa réintégra-tion ». Le technicien a indiqué son intention de faire appel.

L’agrochimie d’Aventis serait cédéeà Bayer à la mi-septembreLE GROUPE franco-allemand Aventis pourrait annoncer la cession desa division agrochimique CropScience à l’allemand Bayer à la mi-sep-tembre, selon des sources syndicales. « Autour du 15, Aventis devraitannoncer la signature d’une lettre d’intention sur la cession de CropScien-ce à Bayer », a précisé un délégué central syndical CFDT au Monde,jeudi 30 août. L’opération, finalisée en « février-mars 2002 », donne-rait naissance à l’un des deux leaders mondiaux de l’agrochimie, avecle suisse Syngenta. Le processus de consultation du personnel a débu-té, mercredi 29 août, avec une réunion du comité d’entreprise (CE)d’Aventis à Schiltigheim, près de Strasbourg, et s’est poursuivi jeudiavec un comité central d’entreprise extraordinaire de CropScience.Une information du personnel en Allemagne et au Royaume-Uni estensuite prévue, ainsi que les réunions du comité européen d’Aventis le4 septembre et du comité de groupe en France le 7 septembre, avantune ultime consultation du CE au siège du groupe le 10 septembre.

Carrefour dépassé par le néerlandaisAhold au premier semestreLE GROUPE DE DISTRIBUTION alimentaire néerlandais Aholdserait sur le point de racheter l’américain Alliant Foodservice, indique,vendredi 31 août, l’édition électronique du Wall Street Journal. Aholdserait prêt à verser 1,5 milliard de dollars (1,63 milliard d’euros) ennuméraire, plus une reprise de dette de 700 millions de dollars. En casd’échec, soulignent des proches du dossier, d’autres acheteurs poten-tiels seraient sur les rangs.Avec cette acquisition, Ahold prendrait à Carrefour sa deuxième placemondiale. Déjà le chiffre d’affaires d’Ahold au premier semestre aatteint 34,3 milliards d’euros, soit une hausse de 46,4 %, quand celuide Carrefour se montait à 33,4 milliards d’euros (+9,1 %). Ahold possè-de déjà plusieurs chaînes de magasins (Tops Market, Giant-Carlisle)aux Etats-Unis, où il est numéro deux de la distribution de services ali-mentaires (écoles, cafétérias).

7,57

7,2

7,0

7,4

7,6

7,8

8,0

Une séance houleuse

en euro à Paris

La situation américaine a peséle 30 août sur le cours d'Orange,qui avait flambé après la publicationaccidentelle de ses résultats.

COURS DE L'ACTION ORANGE

29 août 30 août

Une erreur de France Télécom ne profiteque quelques heures aux spéculateurs

L’envoi involontaire d’un courriel à 250 analystes, mercredi 29 août au soir,révélant par avance les résultats de l’opérateur téléphonique, a entraînéune éphémère flambée des cours. La COB a ouvert une « préenquête »

Le licenciement d’un salarié pourport de bermuda a été confirmé

E N T R E P R I S E S

Page 16: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

16 / LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

Code Cours % Var.31/08 10 h 18 f pays en euros 30/08

AUTOMOBILEAUTOLIV SDR SE 21,65 ....BASF AG BE e 45 – 1,10BMW DE e 35,25 – 0,42CONTINENTAL AG DE e 14,40 – 2,04DAIMLERCHRYSLER DE e 47,85 – 0,10FIAT IT e 25,51 ....FIAT PRIV. IT e 17 ....MICHELIN FR e 34,10 ....PEUGEOT FR e 52,80 + 0,57PIRELLI SPA IT e 2,28 ....DR ING PORSCHE DE e 382 – 0,26RENAULT FR e 46,87 – 0,02VALEO FR e 49,30 – 0,92VOLKSWAGEN DE e 47,80 – 0,42f DJ E STOXX AUTO P 216,27 + 0,30

BANQUESBANK OF IRELAND GB 16,62 – 0,48ABBEY NATIONAL GB 17,90 – 0,97ABN AMRO HOLDIN NL e 20,16 – 0,64ALL & LEICS GB 12,79 + 0,25ALLIED IRISH BA GB 19,58 – 0,81ALMANIJ BE e 43,40 + 0,72ALPHA BANK GR 24,10 – 1,07B.P.EMILIA ROMA IT e 34 ....B.P.LODI IT e 10,42 ....B.P.NOVARA IT e 7,36 ....B.P.SONDRIO IT e 11 ....B.P.VERONA E S. IT e 11,25 ....BANCA ROMA IT e 3,45 ....BANK OF PIRAEUS GR 11,64 – 0,51BANKINTER R ES e 38,89 + 0,67BARCLAYS PLC GB 33,71 ....BAYR.HYPO-U.VER DE e 45,20 – 0,77BBVA R ES e 13,81 + 0,36BCA AG.MANTOVAN IT e 10,20 ....BCA FIDEURAM IT e 10,27 ....BCA LOMBARDA IT e 9,97 ....BCA P.BERG.-C.V IT e 19,16 ....BCA P.MILANO IT e 4,60 ....B.P.C.INDUSTRIA IT e 10,71 ....BCO POPULAR ESP ES e 40,01 + 0,15BCP R PT e 4,38 ....BIPOP CARIRE IT e 3,10 ....BK OF SCOTLAND GB 13,52 ....BNL IT e 3,19 ....BNP PARIBAS FR e 99,45 – 0,20BSCH R ES e 10,04 + 0,50COMM.BANK OF GR GR 38,76 – 1,12COMMERZBANK DE e 26,45 ....CREDIT LYONNAIS FR e 43,40 – 0,89CS GROUP N CH 45,81 ....DANSKE BANK DK 18,81 ....DEUTSCHE BANK N DE e 75,50 – 0,40DEXIA BE e 17,26 – 0,80DNB HOLDING NO 5,44 ....DRESDNER BANK N DE e 43,80 ....EFG EUROBK ERGA GR 13,78 – 3,09ERSTE BANK AT e 58,66 ....ESPIRITO SANTO PT e 13,55 ....FOERENINGSSB A SE 12,68 ....HALIFAX GROUP GB 13,52 – 0,47HSBC HLDG GB 12,88 – 0,74IKB DE e 15,41 + 0,06INTESABCI IT e 3,60 ....JULIUS BAER HLD CH 358,58 + 0,18KBC BANCASSURAN BE e 40,90 – 0,02LLOYDS TSB GB 11,30 – 0,14MONTE PASCHI SI IT e 3,38 ....NAT BANK GREECE GR 31,90 – 1,24NATEXIS BQ POP. FR e 101 ....NORDEA SE 6,65 ....ROLO BANCA 1473 IT e 17,22 ....ROYAL BK SCOTL GB 27,23 – 0,23S-E-BANKEN -A- SE 9,56 ....SAN PAOLO IMI IT e 13,85 ....STANDARD CHARTE GB 13,58 ....STE GENERAL-A- FR e 64,90 – 0,31SVENSKA HANDELS SE 15,74 ....SWEDISH MATCH SE 5,44 ....UBS N CH 52,47 – 0,50UNICREDITO ITAL IT e 4,82 ....BANCO SABADELL ES e 17,55 ....f DJ E STOXX BANK P 291,17 – 0,12

PRODUITS DE BASEACERALIA ES e 13,18 + 1ACERINOX R ES e 32,39 + 0,87ALUMINIUM GREEC GR 33,84 – 2,76ANGLO AMERICAN GB 15,10 – 1,66ASSIDOMAEN AB SE 24,51 ....BEKAERT BE e 40,26 – 0,84BHP BILLITON GB 5,23 ....BOEHLER-UDDEHOL AT e 47,95 ....BUNZL PLC GB 7,21 ....CORUS GROUP GB 1,01 ....ELVAL GR 4,22 ....HOLMEN -B- SE 22,92 ....ISPAT INTERNATI NL e 2,30 ....JOHNSON MATTHEY GB 16,17 ....MAYR-MELNHOF KA AT e 54,13 ....M-REAL -B- FI e 7,16 + 0,14OUTOKUMPU FI e 9,44 ....PECHINEY-A- FR e 54,50 – 0,64RAUTARUUKKI K FI e 4,10 – 1,20RIO TINTO GB 19,18 – 2,04SIDENOR GR 4,40 ....SILVER & BARYTE GR 21 ....SMURFIT JEFFERS GB 2,45 ....STORA ENSO -A- FI e 13 – 0,76STORA ENSO -R- FI e 13,10 – 0,38SVENSKA CELLULO SE 25,67 ....THYSSENKRUPP DE e 15 ....UNION MINIERE BE e 45,80 ....UPM-KYMMENE COR FI e 36,30 – 0,14USINOR FR e 12,26 – 0,33VIOHALCO GR 9,96 + 0,61VOEST-ALPINE AG AT e 33,35 ....WORMS N FR e 19,52 ....f DJ E STOXX BASI P 183,07 – 0,08

CHIMIEAIR LIQUIDE FR e 155,90 – 0,38AKZO NOBEL NV NL e 48,60 + 0,41BASF AG DE e 45 – 1,10BAYER AG DE e 35,60 + 0,28BOC GROUP PLC GB 16,30 ....CELANESE N DE e 21,60 ....CIBA SPEC CHIMI CH 70,36 – 0,47CLARIANT N CH 20,30 ....DSM NL e 41,50 – 0,88EMS-CHEM HOLD A CH 4811,81 + 0,27ICI GB 6,92 ....KEMIRA FI e 6,83 ....KON. VOPAK NV NL e 20 ....

LONZA GRP N CH 672,99 ....NORSK HYDRO NO 47,59 ....RHODIA FR e 11,80 – 0,25SOLVAY BE e 63 – 0,08SYNGENTA N CH 55,37 – 0,88TESSENDERLO CHE BE e 27,33 + 0,37COLOPLAST -B- DK 67,84 ....DEGUSSA (NEU) DE e 30,75 + 0,16f DJ E STOXX CHEM P 343,09 + 0,09

CONGLOMERATSD’IETEREN SA BE e 194,90 + 0,72AZEO FR e 71,95 ....GBL BE e 300,10 ....GEVAERT BE e 30 ....INCHCAPE GB 8,63 + 0,75KVAERNER -A- NO 6,09 ....MYTILINEOS GR 6,68 – 0,89UNAXIS HLDG N CH 112,06 – 0,87ORKLA NO 20,38 ....SONAE SGPS PT e 0,67 ....f DJ E STOXX CONG P 329,98 ....

TELECOMMUNICATIONSATLANTIC TELECO GB 0,16 ....BRITISH TELECOM GB 6,82 – 0,47CABLE & WIRELES GB 5,21 – 0,61COLT TELECOM NE GB 2,51 – 2,48DEUTSCHE TELEKO DE e 16,90 – 0,24E.BISCOM IT e 46 ....EIRCOM IR e 1,34 – 0,74ELISA COMMUNICA FI e 11,72 – 2,33ENERGIS GB 1,04 – 1,52EQUANT NV NL e 12,50 – 2,34EUROPOLITAN HLD SE 6,02 ....FRANCE TELECOM FR e 36,92 – 0,08HELLENIC TELE ( GR 17,72 – 0,56KINGSTON COM GB 1,18 ....KONINKLIJKE KPN NL e 3,98 – 0,25KPNQWEST NV -C- NL e 7,63 – 2,80LIBERTEL NV NL e 7,80 – 1,27MANNESMANN N DE e 204 – 0,24MOBILCOM DE e 19,40 + 2,11PANAFON HELLENI GR 5,72 – 0,69PT TELECOM SGPS PT e 7 ....SONERA FI e 4,70 – 4,08SONG NETWORKS SE 0,70 ....SWISSCOM N CH 311,12 – 0,63T.I.M. IT e 5,79 ....TDC -B- DK 39,36 – 1,68TELE2 -B- SE 32,16 ....TELECEL PT e 7,02 ....TELECOM ITALIA IT e 9,28 ....TELECOM ITALIA IT e 5,34 ....TELEFONICA ES e 12,71 + 0,08TELIA SE 4,62 ....TISCALI IT e 7,20 ....VERSATEL TELECO NL e 0,77 – 2,53VODAFONE GROUP GB 2,11 – 2,22f DJ E STOXX TCOM P 415,55 – 0,03

CONSTRUCTIONACCIONA ES e 44,19 + 1,01ACS ES e 30,31 + 0,03AGGREGATE IND GB 1,55 – 3AKTOR SA GR 7,60 – 2,56AMEY GB 5,23 – 1,51UPONOR -A- FI e 17,38 ....AUREA R ES e 21 ....ACESA R ES e 10,56 + 0,38BOUYGUES FR e 37,29 – 0,29BPB GB 3,92 ....BRISA AUTO-ESTR PT e 10,29 ....BUZZI UNICEM IT e 8,08 ....NOVAR GB 2,41 ....CRH PLC GB 30,21 ....CIMPOR R PT e 20 ....COLAS FR e 67 – 2,19GRUPO DRAGADOS ES e 15,22 + 0,79FCC ES e 25,01 + 0,04GRUPO FERROVIAL ES e 18,66 + 0,97HANSON PLC GB 8,66 ....HEIDELBERGER ZE DE e 50,40 + 0,40HELL.TECHNODO.R GR 6,84 – 0,87HERACLES GENL R GR 15,10 ....HOCHTIEF ESSEN DE e 16,50 + 2,80HOLCIM CH 223,45 – 0,88IMERYS FR e 114 – 0,09ITALCEMENTI IT e 8,90 ....LAFARGE FR e 99,65 – 0,25MICHANIKI REG. GR 2,48 – 2,75PILKINGTON PLC GB 1,76 – 1,79RMC GROUP PLC GB 10,92 ....SAINT GOBAIN FR e 169 + 0,12SKANSKA -B- SE 8,19 ....TAYLOR WOODROW GB 3,18 ....TECHNIP FR e 159 ....TITAN CEMENT RE GR 39,90 ....VINCI FR e 68,25 – 0,36WIENERBERGER AG AT e 18,22 ....f DJ E STOXX CNST P 228,21 – 0,05

CONSOMMATION CYCLIQUEACCOR FR e 43 ....ADIDAS-SALOMON DE e 73 + 0,90AGFA-GEVAERT BE e 14,93 – 0,13AIR FRANCE FR e 18,30 – 0,60AIRTOURS PLC GB 4,04 ....ALITALIA IT e 1,04 ....AUSTRIAN AIRLIN AT e 11,45 ....AUTOGRILL IT e 12,01 ....BANG & OLUFSEN DK 22,03 ....BENETTON IT e 14,95 ....BERKELEY GROUP GB 12,16 ....BRITISH AIRWAYS GB 4,89 ....BULGARI IT e 12,10 ....CHRISTIAN DIOR FR e 39 + 1,09CLUB MED. FR e 61,20 + 0,16COMPASS GROUP GB 8,52 – 0,74DT.LUFTHANSA N DE e 17,35 + 0,58ELECTROLUX -B- SE 15,37 ....EM.TV & MERCHAN DE e 2,15 + 3,86EMI GROUP GB 6,66 ....EURO DISNEY FR e 0,94 – 1,05HDP IT e 4,45 ....HERMES INTL FR e 164 + 0,49HILTON GROUP GB 3,85 – 0,82HUNTER DOUGLAS NL e 28 ....J D WETHERSPOON GB 5,43 – 0,29KLM NL e 16,50 ....LVMH FR e 54,55 + 0,65MEDION DE e 39,50 – 3,14MOULINEX FR e 2,65 ....NH HOTELES ES e 12,62 – 1,10NXT GB 3,12 ....P & O PRINCESS GB 6,01 + 1,08PERSIMMON PLC GB 6,25 ....PREUSSAG AG DE e 34,30 – 0,58RANK GROUP GB 3,72 ....

RICHEMONT UNITS CH 2641,88 – 1,81ROY.PHILIPS ELE NL e 29,26 – 0,68RYANAIR HLDGS IR e 11,21 ....SAIRGROUP N CH 65,59 – 0,25SAS DANMARK A/S DK 9,61 ....SEB FR e 51,50 ....SIX CONTINENTS GB 11,79 – 1,60SODEXHO ALLIANC FR e 51,70 – 0,96THE SWATCH GRP CH 87,83 + 0,57THE SWATCH GRP CH 18,29 – 0,18TELE PIZZA ES e 1,83 + 0,55THOMSON MULTIME PA 31,80 – 0,93WILSON BOWDEN GB 12,82 ....WM-DATA -B- SE 2,46 ....WOLFORD AG AT e 18,45 ....WW/WW UK UNITS IR e 1,06 ....f DJ E STOXX CYC GO P 125,93 – 0,21

PHARMACIEACTELION N CH 31,64 + 1,05ALTANA AG DE e 52,60 – 2,50AMERSHAM GB 9,51 ....ASTRAZENECA GB 52,18 ....AVENTIS FR e 79,55 + 0,95BB BIOTECH CH 73,17 – 0,45CELLTECH GROUP GB 15,36 – 1,54ELAN CORP IR e 56,75 + 0,44ESSILOR INTL FR e 328,30 + 0,15FRESENIUS MED C DE e 88 ....GALEN HOLDINGS GB 11,99 ....GAMBRO -A- SE 7,02 ....GLAXOSMITHKLINE GB 29,15 – 0,05H. LUNDBECK DK 38,15 – 0,70NOVARTIS N CH 39,45 – 0,08NOVO-NORDISK -B DK 45,01 – 1,18NOVOZYMES -B- DK 26 ....ORION B FI e 19,35 ....OXFORD GLYCOSCI GB 12,03 – 5,87PHONAK HLDG N CH 3180,41 + 1,58QIAGEN NV NL e 22 – 2,65ROCHE HLDG G CH 78,11 – 0,63SANOFI SYNTHELA FR e 72,75 + 1,32SCHERING AG DE e 56,40 + 0,53SERONO -B- CH 976,20 – 0,13SHIRE PHARMA GR GB 15,98 – 1,38SMITH & NEPHEW GB 5,75 ....SSL INTL GB 9,11 ....SULZER AG 100N CH 218,51 ....SYNTHES-STRATEC CH 744,84 – 1,74UCB BE e 46,26 – 0,62WILLIAM DEMANT DK 28,88 – 4,44WS ATKINS GB 11,84 ....ZELTIA ES e 9,14 – 0,11f DJ E STOXX HEAL 532,57 + 0,73

ENERGIE

BG GROUP GB 4,60 ....BP GB 9,30 – 0,34CEPSA ES e 12,74 + 0,47COFLEXIP FR e 187,50 + 0,37DORDTSCHE PETRO NL e 2,15 – 3,15GBL BE e 62,10 ....ENI IT e 14,75 ....ENTERPRISE OIL GB 8,87 – 4,15HELLENIC PETROL GR 7,32 – 4,44LATTICE GROUP GB 2,43 – 0,65OMV AG AT e 106,61 ....PETROLEUM GEO-S NO 10,87 ....REPSOL YPF ES e 18,45 + 0,16ROYAL DUTCH CO NL e 62,40 – 0,73SAIPEM IT e 6,50 ....SHELL TRANSP GB 9,03 – 0,53TOTAL FINA ELF FR e 159,30 ....IHC CALAND NL e 54,05 – 1,73f DJ E STOXX ENGY P 345,44 – 0,28

SERVICES FINANCIERS

3I GROUP GB 14,61 – 0,22ALPHA FINANCE GR 44,90 ....AMVESCAP GB 15,69 – 1,80BHW HOLDING AG DE e 33,70 – 0,30BPI R PT e 2,45 ....BRITISH LAND CO GB 8,07 ....CALEDONIA INV.S GB 13,86 ....CANARY WHARF GR GB 8,20 – 1,16CATTLES ORD. GB 4,52 ....CLOSE BROS GRP GB 12,95 ....COBEPA BE e 64,50 ....CONSORS DISC-BR DE e 12,42 – 1,43CORIO NV NL e 24,70 – 0,80CORP FIN ALBA ES e 24,20 – 0,04DAB BANK AG DE e 13,20 – 3,58DEPFA-BANK DE e 83,10 – 1,66DROTT -B- SE 11,36 ....EURAZEO FR e 62,65 + 0,48FINAXA FR e 108,20 ....FORTIS (B) BE e 30,80 – 0,16FORTIS (NL) NL e 30,78 – 0,71GECINA FR e 93 + 0,54GIMV BE e 33,69 – 0,03GREAT PORTLAND GB 4,40 – 0,72HAMMERSON GB 7,91 ....ING GROEP NL e 35,31 + 0,31LAND SECURITIES GB 14,37 ....LIBERTY INTL GB 8,55 ....MAN GROUP GB 14,94 ....MARSCHOLLEK LAU DE e 70,50 – 0,14MEDIOBANCA IT e 13,23 ....METROVACESA ES e 15,55 – 0,96MONTEDISON IT e 2,64 ....PROVIDENT FIN GB 10,26 ....RODAMCO EUROPE NL e 42,20 ....RODAMCO NORTH A NL e 46,80 ....ROLINCO NV NL e 24,50 – 1,01SCHRODERS GB 13,41 + 2,19SIMCO N FR e 77,25 + 0,06SLOUGH ESTATES GB 5,77 – 0,82TECAN GRP N CH 84,37 – 1,54UNIBAIL FR e 59,20 – 1,17VALLEHERMOSO ES e 7,48 ....WCM BETEILIGUNG DE e 13,55 ....f DJ E STOXX FINS P 269,94 + 0,09

ALIMENTATION ET BOISSONALLIED DOMECQ GB 6,47 ....ASSOCIAT BRIT F GB 7,45 ....BBAG OE BRAU-BE AT e 44,05 ....BRAU-UNION AT e 43 ....CADBURY SCHWEPP GB 7,40 ....CARLSBERG -B- DK 49,98 ....CARLSBERG AS -A DK 46,08 ....COCA COLA HBC GR 15,06 – 3,95DANISCO DK 39,36 ....DANONE FR e 148,80 + 0,07DELTA HOLDINGS GR 7,72 – 0,77DIAGEO GB 10,95 – 0,87ELAIS OLEAGINOU GR 17,58 ....ERID.BEGH.SAY FR e 97 ....HEINEKEN HOLDIN NL e 33,25 – 0,75HELLENIC SUGAR GR 8,50 – 1,39KAMPS DE e 7 + 0,43KERRY GRP-A- GB 22,50 ....KONINKLIJKE NUM NL e 36,55 – 1,62MONTEDISON IT e 2,64 ....NESTLE N CH 228,07 – 0,29NORTHERN FOODS GB 2,38 ....PARMALAT IT e 2,97 ....PERNOD RICARD FR e 83,50 – 2RAISIO GRP -V- FI e 1,12 + 0,90SCOTT & NEWCAST GB 8,50 + 1,14SOUTH AFRICAN B GB 8,12 ....TATE & LYLE GB 4,40 ....TOMKINS GB 2,94 ....UNILEVER NL e 65,25 + 0,15UNILEVER GB 9,27 ....WHITBREAD PLC GB 9,81 ....f DJ E STOXX F & BV P 242,08 – 0,61

BIENS D’EQUIPEMENTABB N CH 11,40 – 1,14ADECCO N CH 53,56 – 0,79AGGREKO GB 7,69 ....ALSTOM FR e 29,56 – 1,27ALTRAN TECHNO FR e 54,90 – 0,18ALUSUISSE GRP N CH 830,53 ....ARRIVA GB 5,74 + 0,84ASSA ABLOY-B- SE 13,31 ....ASSOC BR PORTS GB 6,97 ....ATLAS COPCO -A- SE 23,13 ....ATLAS COPCO -B- SE 22,02 ....ATTICA ENTR SA GR 6,70 – 2,62BAA GB 10,32 ....BBA GROUP PLC GB 4,54 + 0,71BODYCOTE INTL GB 4,24 + 3,11BRAMBLES INDUST GB 5,23 – 1,51BUDERUS AG DE e 24,20 ....CAPITA GRP GB 7,40 ....

CDB WEB TECH IN IT e 3,47 ....CGIP FR e 35 – 0,57CIR IT e 1,24 ....COOKSON GROUP P GB 2,14 ....COPENHAGEN AIRP DK 80,74 ....DAMPSKIBS -A- DK 7523,34 + 3,70DAMPSKIBS -B- DK 8060,72 – 0,17DAMSKIBS SVEND DK 10613,29 ....DE LA RUE GB 8,37 – 0,95E.ON AG DE e 60,20 + 0,25EADS SICO. FR e 19,30 + 0,10ELECTROCOMPONEN GB 8,42 ....ENIRO SE 8,29 ....EPCOS DE e 42,50 ....EUROTUNNEL FR e 1,03 + 0,98EXEL GB 11,65 ....FINMECCANICA IT e 0,95 ....FINNLINES FI e 22,55 ....FKI GB 2,78 – 0,57FLS IND.B DK 12,49 ....FLUGHAFEN WIEN AT e 36,84 ....GAMESA ES e 22,25 – 0,45GKN GB 4,89 ....GROUP 4 FALCK DK 130,58 ....GROUP 4 FALCK DK 130,58 ....HAGEMEYER NV NL e 18,75 – 1,32HALKOR GR 4,26 – 0,93HAYS GB 2,62 ....HEIDELBERGER DR DE e 56,35 – 0,44HUHTAMAKI OYJ FI e 34,90 ....IFIL IT e 6,83 ....IMI PLC GB 3,58 ....IND.VAERDEN -A- SE 17,85 ....INDRA SISTEMAS ES e 9,14 + 0,33INVENSYS GB 1,41 ....INVESTOR -A- SE 13,31 ....INVESTOR -B- SE 12,89 ....ISS DK 61,93 ....JOT AUTOMATION FI e 0,39 + 2,63KINNEVIK -B- SE 20,49 ....KONE B FI e 81,10 ....LEGRAND FR e 195 ....LINDE AG DE e 46,40 – 0,75MAN AG DE e 24,50 ....MEGGITT GB 3,80 ....METSO FI e 9,52 ....MG TECHNOLOGIES DE e 8,11 + 0,12MORGAN CRUCIBLE GB 4,11 ....EXEL GB 11,65 ....PACE MICRO TECH GB 5,32 – 1,19PARTEK FI e 9,90 ....PENINS.ORIENT.S GB 3,58 – 1,75PERLOS FI e 7,30 ....PREMIER FARNELL GB 4,38 + 0,74RAILTRACK GB 5,08 ....RANDSTAD HOLDIN NL e 12,40 ....RENTOKIL INITIA GB 3,92 – 1,61REXAM GB 5,66 + 0,85REXEL FR e 67,60 – 2,03RHI AG AT e 20,70 ....RIETER HLDG N CH 270,25 ....ROLLS ROYCE GB 3,34 – 1,88SANDVIK SE 23,19 ....SAURER N CH 325,62 ....SCHNEIDER ELECT FR e 60,75 – 1,06SECURICOR GB 2,57 – 0,62SECURITAS -B- SE 18,01 ....SERCO GROUP GB 5,55 – 0,57SGL CARBON DE e 31,40 – 0,32SHANKS GROUP GB 2,89 ....SIDEL FR e 50 ....SINGULUS TECHNO DE e 24,70 – 2,18

SKF -B- SE 18,33 ....SMITHS GROUP GB 11,91 ....SOPHUS BEREND - DK 22,44 ....SPIRENT GB 1,79 – 3,45STOLT NIELSEN LU e 135 ....TELE2 -B- SE 32,16 ....THALES FR e 42,14 + 1,35TOMRA SYSTEMS NO 11,24 ....TPI ES e 4,61 + 1,10TRAFFICMASTER GB 1,02 – 3,03UNAXIS HLDG N CH 112,06 – 0,87VA TECHNOLOGIE AT e 32,45 ....VEDIOR NV NL e 12,95 ....VESTAS WIND SYS DK 34,93 ....VINCI FR e 68,25 – 0,36VIVENDI ENVIRON FR e 46,76 ....VOLVO -A- SE 16,37 ....VOLVO -B- SE 17,11 ....WARTSILA CORP A FI e 20,40 ....XANSA GB 4,40 ....ZARDOYA OTIS ES e 9,76 – 0,51f DJ E STOXX IND GO P 365,01 – 0,44

ASSURANCESAEGIS GROUP GB 1,81 ....AEGON NV NL e 33,40 – 0,60AGF FR e 60,50 – 0,41ALLEANZA ASS IT e 13,13 ....ALLIANZ N DE e 309 – 0,16ASR VERZEKERING NL e 81,10 ....AXA FR e 30,81 – 0,71BALOISE HLDG N CH 96,90 + 0,68BRITANNIC GB 14,83 ....CATTOLICA ASS IT e 26,80 ....CGNU GB 16,29 ....CNP ASSURANCES FR e 36,81 – 0,32CODAN DK 18,47 ....CORP MAPFRE R ES e 21,86 – 0,64ERGO VERSICHERU DE e 165,50 ....ETHNIKI GEN INS GR 12,16 ....EULER FR e 48,50 ....FONDIARIA ASS IT e 5,97 ....FORTIS (B) BE e 30,80 – 0,16GENERALI ASS IT e 35,30 ....GENERALI HLD VI AT e 160 ....INDEPENDENT INS GB 0,10 ....INTERAM HELLEN GR 20,42 – 0,78IRISH LIFE & PE GB 13,63 ....LEGAL & GENERAL GB 2,68 – 0,59MEDIOLANUM IT e 12,50 ....MUENCH RUECKVER DE e 315,90 – 0,19POHJOLA GRP.B FI e 21,50 ....PRUDENTIAL GB 13,78 – 0,69RAS IT e 14,93 ....ROYAL SUN ALLIA GB 7,67 ....SAI IT e 15,04 ....SAMPO-LEONIA -A FI e 9,40 ....SCHW NATL VERS CH 628,83 – 1,04SCOR FR e 49,80 ....SKANDIA INSURAN SE 7,76 ....ST JAMES’S PLAC GB 6,25 + 0,51STOREBRAND NO 8,51 ....SWISS LIFE REG CH 616,97 – 0,43SWISS RE N CH 109,09 – 1,05TOPDANMARK DK 30,90 ....ZURICH FINL SVC CH 321,34 – 0,51f DJ E STOXX INSU P 381,13 – 0,17

MEDIASB SKY B GROUP GB 12,31 – 2,28CANAL PLUS FR e 3,67 + 1,38CAPITAL RADIO GB 11,99 ....CARLTON COMMUNI GB 4,94 – 2,83DLY MAIL & GEN GB 10,95 ....ELSEVIER NL e 13,85 – 0,57EMAP PLC GB 11,43 ....FOX KIDS EUROPE NL e 12,60 – 1,18FUTURE NETWORK GB 0,77 ....GRANADA GB 2,45 – 1,29GRUPPO L’ESPRES IT e 3,73 ....GWR GROUP GB 4,44 ....HAVAS ADVERTISI FR e 10,32 – 0,58INDP NEWS AND M IR e 2,10 – 3,67INFORMA GROUP GB 4,47 ....LAGARDERE SCA N FR e 52,75 – 0,47LAMBRAKIS PRESS GR 6,44 – 2,72M6 METROPOLE TV FR e 27,79 – 0,39MEDIASET IT e 8,51 ....MODERN TIMES GR SE 23,77 ....MONDADORI IT e 7,13 ....NRJ GROUP FR e 17,29 + 0,12PEARSON GB 15,98 – 0,99PRISA ES e 11,63 + 2,02PROSIEBEN SAT.1 DE e 11,40 – 1,72PT MULTIMEDIA R PT e 9 ....PUBLICIS GROUPE FR e 25,90 – 0,38PUBLIGROUPE N CH 264,65 + 0,38REED INTERNATIO GB 9,77 – 0,16REUTERS GROUP GB 12,23 + 0,66RTL GROUP LU e 62 ....SMG GB 2,86 + 0,56SOGECABLE R ES e 24,30 – 0,04TAYLOR NELSON S GB 3,60 ....TELEWEST COMM. GB 0,93 + 3,57TF1 FR e 32,28 – 0,83TRINITY MIRROR GB 6,33 + 1,28UNITED PAN-EURO NL e 0,37 + 2,78UTD BUSINESS ME GB 11,40 ....VIVENDI UNIVERS FR e 60,25 – 0,41VNU NL e 35,73 + 1,07WOLTERS KLUWER NL e 23,16 – 0,39WPP GROUP GB 10,76 – 2,04f DJ E STOXX MEDIA P 321,45 – 0,34

BIENS DE CONSOMMATIONAHOLD NL e 32,81 – 2,64ALTADIS ES e 17,65 ....AMADEUS GLOBAL ES e 8,29 – 0,48ATHENS MEDICAL GR 4,40 ....AUSTRIA TABAK A AT e 84,51 ....AVIS EUROPE GB 2,84 ....BEIERSDORF AG DE e 133 + 0,30BIC FR e 43,82 ....BRIT AMER TOBAC GB 9,37 ....CASINO GP FR e 90,95 – 0,05CLARINS FR e 87,80 + 0,92COLRUYT BE e 46,20 – 0,11DELHAIZE BE e 63,45 – 0,31FIRSTGROUP GB 5,75 ....GALLAHER GRP GB 7,40 ....GIB BE e 49,50 – 0,90GIVAUDAN N CH 331,55 – 0,20HENKEL KGAA VZ DE e 70,30 – 0,28ICELAND GROUP GB 3 ....IMPERIAL TOBACC GB 13,68 ....JERONIMO MARTIN PT e 7,77 ....KESKO -B- FI e 9,10 – 0,55L’OREAL FR e 73,20 + 0,14LAURUS NV NL e 3,94 ....MORRISON SUPERM GB 3,15 – 0,51RECKITT BENCKIS GB 16,46 – 0,48SAFEWAY GB 5,53 – 0,29SAINSBURY J. PL GB 6,04 + 0,27STAGECOACH HLDG GB 1,33 – 4,60TERRA NETWORKS ES e 7,76 – 0,51TESCO PLC GB 4,08 ....TPG NL e 23,67 + 0,08WANADOO FR e 5,25 ....WELLA AG VZ DE e 56,50 – 0,09f DJ E STOXX N CY G P 385,63 – 0,86

COMMERCE DISTRIBUTIONALLIANCE UNICHE GB 9,29 ....AVA ALLG HAND.G DE e 38,75 ....BOOTS CO PLC GB 10,95 – 0,44BUHRMANN NV NL e 8,91 + 0,79CARREFOUR FR e 59,60 – 0,67

CASTO.DUBOIS FR e 61,50 – 0,81CC CARREFOUR ES e 14,46 – 0,62CHARLES VOEGELE CH 64,60 ....D’IETEREN SA BE e 194,90 + 0,72DEBENHAMS GB 6,76 – 0,70DIXONS GROUP GB 3,66 + 2,23GAL LAFAYETTE FR e 156,10 – 0,06GEHE AG DE e 45,70 – 0,65GUCCI GROUP NL e 85 – 0,06GUS GB 9,43 + 0,34HENNES & MAURIT SE 21,07 ....KARSTADT QUELLE DE e 37,35 ....KINGFISHER GB 5,87 ....MARKS & SPENCER GB 4,28 – 0,37MATALAN GB 8,82 – 1,60METRO DE e 44,06 + 0,36MFI FURNITURE G GB 2,01 ....NEXT PLC GB 15,23 – 0,73PINAULT PRINT. FR e 149,50 – 0,53SIGNET GROUP GB 1,18 + 1,37VALORA HLDG N CH 201,04 ....VENDEX KBB NV NL e 12,05 – 0,82W.H SMITH GB 8,55 ....WOLSELEY PLC GB 7,70 – 5,68f DJ E STOXX RETL P 302,40 – 0,54

HAUTE TECHNOLOGIEAIXTRON DE e 22,10 – 1,60ALCATEL-A- FR e 17,15 – 0,17ALTEC SA REG. GR 3,76 – 2,08ARM HOLDINGS GB 4,33 – 1,45ARC INTERNATION GB 0,86 ....ASML HOLDING NL e 20,18 – 2,28BAAN COMPANY NL e 2,65 ....BALTIMORE TECH GB 0,30 – 5BAE SYSTEMS GB 5,24 + 0,61BROKAT TECHNOLO DE e 1,35 + 6,30BULL FR e 1,27 + 4,10BUSINESS OBJECT FR e 27,05 + 0,26CAP GEMINI FR e 71,35 – 1,92COMPTEL FI e 3,37 – 0,88DASSAULT SYST. FR e 44 – 0,32ERICSSON -B- SE 5,49 ....F-SECURE FI e 0,72 – 2,70FILTRONIC GB 3,79 ....FINMATICA IT e 13,01 ....GETRONICS NL e 3,03 – 3,81GN GREAT NORDIC DK 5,64 – 2,10INFINEON TECHNO DE e 24,50 – 2INFOGRAMES ENTE FR e 17,30 – 3,24INTRACOM R GR 16,08 – 1,35KEWILL SYSTEMS GB 0,70 ....LEICA GEOSYSTEM CH 278,16 – 0,71LOGICA GB 10,72 – 0,89LOGITECH INTL N CH 351,33 ....MARCONI GB 0,88 + 1,85NOKIA FI e 16,30 – 2,40OCE NL e 11,15 – 0,45OLIVETTI IT e 1,68 ....PSION GB 0,96 ....SAGE GRP GB 3,21 – 2,43SAGEM FR e 51,20 – 0,58SAP AG DE e 148 – 0,67SAP VZ DE e 153,99 ....SEZ HLDG N CH 54,71 + 1,22SIEMENS AG N DE e 55,40 ....MB SOFTWARE DE e 0,25 ....SPIRENT GB 1,79 – 3,45STMICROELEC SIC FR e 34,09 – 0,53THINK TOOLS CH 10,22 ....THUS GB 0,64 ....TIETOENATOR FI e 23,60 + 0,43f DJ E STOXX TECH P 371,15 – 1,17

SERVICES COLLECTIFSACEA IT e 7,84 ....AEM IT e 2,12 ....BRITISH ENERGY GB 5,10 + 0,63CENTRICA GB 3,63 + 1,34EDISON IT e 11,04 ....ELECTRABEL BE e 245,10 + 0,33ELECTRIC PORTUG PT e 2,86 ....ENDESA ES e 18,08 + 0,06ENEL IT e 7,13 ....EVN AT e 41,10 ....FORTUM FI e 5,20 ....GAS NATURAL SDG ES e 20,40 – 0,24HIDRO CANTABRIC ES e 24,80 ....IBERDROLA ES e 14,96 + 0,61INNOGY HOLDINGS GB 3,74 + 1,74ITALGAS IT e 11,25 ....KELDA GB 6,20 – 0,77NATIONAL GRID G GB 7,46 – 1,06INTERNATIONAL P GB 4,49 ....OESTERR ELEKTR AT e 97,20 ....PENNON GROUP GB 10,20 ....POWERGEN GB 11,84 – 0,54SCOTTISH POWER GB 7,74 – 0,82SEVERN TRENT GB 11,99 ....SUEZ FR e 36,85 – 0,70SYDKRAFT -A- SE 24,61 ....SYDKRAFT -C- SE 20,60 ....FENOSA ES e 20,39 + 0,44UNITED UTILITIE GB 9,81 – 2,54VIRIDIAN GROUP GB 10,26 + 0,16f DJ E STOXX PO SUP P 317,62 + 0,16

EURO_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________NOUVEAUMARCHE

Cours % Var.31/08 10 h 18 f en euros 30/08

AMSTERDAMAIRSPRAY NV 17,70 ....ANTONOV 0,30 ....C/TAC 1,75 ....CARDIO CONTROL 2,30 ....CSS 23,90 ....HITT NV 7 ....INNOCONCEPTS NV 19 ....NEDGRAPHICS HOLD 3,60 ....SOPHEON 0,60 ....PROLION HOLDING 94 ....RING ROSA 0,03 ....UCC GROEP NV 7 ....

BRUXELLESARTHUR 3,30 ....ENVIPCO HLD CT 0,34 ....FARDIS B 16 ....INTERNOC HLD 0,07 ....INTL BRACHYTHER B 8,75 ....LINK SOFTWARE B 2,62 ....PAYTON PLANAR 0,45 ....

295,02

STOXX 653 sur 1 an

404

382

360

338

316

295[ [ [

31 AOUT 1er MARS 31 AOUT

305,

97

302,

93

302,

43

296,

84

295,

02

sur 5 jours

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EURO STOXX50 sur 1an

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31 AOUT 1er MARS 31 AOUT

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VALEURS EUROPEENNES

e CODES PAYS ZONE EUROFR : France - DE : Allemagne - ES : EspagneIT : Italie - PT : Portugal - IR : IrlandeLU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : AutricheFI : Finlande - BE : Belgique - GR : Grece.

CODES PAYS HORS ZONE EUROCH : Suisse - NO : Norvege - SE : SuedeGB : Grande-Bretagne - DK : Danemark.

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b La valeur Siemens a été malme-née, jeudi 30 août, après que l’amé-ricain Sun Microsystems eut avertide mauvais résultats au premier tri-mestre de son exercice. Siemens achuté de 5,15 %, à 55,63 euros.b Le fabricant de puces Infineon,très travaillé immédiatement aprèsla baisse des taux de la Banque cen-trale européenne, a abandonné3,79 %, à 25,11 euros.b L’équipementier pour les télé-communications Spirent a fait unplongeon de 17,11 % à la Bourse deLondres, après avoir mis en gardecontre une dégradation massive dumarché des équipements de testpour les télécommunications. Legroupe a également annoncé qu’il

supprimait 500 emplois. Le titre afini en tête des baisses du Foot-sie 100, perdant 24,75 pence, à115,5.b L’opérateur scandinave Telia abaissé de 4,12 % après l’annonce parReuters d’une suspension des pour-parlers pour l’acquisition du finlan-dais Sonera et du danois TDC, sansqu’une date ait été fixée pour unereprise éventuelle des discussions.b Le deuxième fournisseur d’accèsInternet européen, l’italien Tiscali,a baissé de 4,34 % après avoirannoncé une perte au premiersemestre plus lourde que prévu, àcause du coût de ses acquisitions.Tiscali a toutefois maintenu sesprévisions de résultat.

VALEURS EUROPÉENNES

F I N A N C E S E T M A R C H É S

Page 17: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 17

ValeurCours Cours % Var.France f nominalen euros en francs veille (1)

ACCOR ................... w 43,08 282,59 +0,19 3,00AGF ........................ w 60,15 394,56 – 0,99 ...AFFINE................... 38 249,26 ... ...AIR FRANCE G ....... w 18,07 118,53 – 1,85 54,00

AIR LIQUIDE........... w 154,10 1010,83 – 1,53 11,00ALCATEL................. w 17,16 112,56 – 0,12 2,00ALCATEL O ............. 7,80 51,16 +0,39 2,00ALSTOM ................. w 29,64 194,43 – 1 6,00ALTRAN TECHN .... w 54,75 359,14 – 0,45 0,50ATOS ORIGIN......... w 84,50 554,28 ... 1,00ARBEL..................... ... ... ... 4,00AVENTIS ................. w 79,80 523,45 +1,27 3,82AXA ......................... w 30,90 202,69 – 0,42 2,29BAIL INVESTI.......... w 130,50 856,02 – 1,06 16,00BAZAR HOT. V........ ... ... ... 50,00BEGHIN SAY .......... w 39,90 261,73 +1,01 1,00BIC.......................... w 43,80 287,31 – 0,05 3,82BNPPARIBAS.......... w 98,80 648,09 – 0,85 4,00BOLLORE................ w ... ... ... 8,00BOLLORE INV......... 54,50 357,50 ... 16,00BONGRAIN ............ 45,50 298,46 ... 1,00BOUYGUES ............ w 36,88 241,92 – 1,39 1,00BOUYGUES OFF..... w 44 288,62 – 1,96 1,52BULL# ..................... w 1,28 8,40 +4,92 2,00BUSINESS OBJ ....... w 27,10 177,76 +0,44 0,10B T P (LA CI............. ... ... ... 50,00BURELLE (LY) ......... 60,60 397,51 ... 100,00CANAL + ................. w 3,66 24,01 +1,10 0,75CAP GEMINI........... w 70,70 463,76 – 2,82 8,00CARBONE-LORR.... w 41,33 271,11 +1,80 2,00CARREFOUR .......... w 59 387,01 – 1,67 2,50CASINO GUICH...... w 89,85 589,38 – 1,26 1,53CASINO GUICH...... 62,15 407,68 +0,89 1,53CASTORAMA DU ... w 61,65 404,40 – 0,56 1,00CEA INDUSTRI....... 156 1023,29 – 1,14 250,00CEGID (LY) ............. 103,60 679,57 – 0,19 3,80CEREOL .................. w 26,50 173,83 +0,95 1,00CERESTAR.............. w 28,50 186,95 +0,85 1,00CFF.RECYCLIN ....... 46,10 302,40 – 1,28 ...CGIP ....................... w 35,40 232,21 +0,57 2,00CHARGEURS .......... 71 465,73 – 1,39 100,00CHRISTIAN DA ...... ... ... ... 2,00CHRISTIAN DI........ w 38,69 253,79 +0,29 2,00CIC -ACTIONS ........ 123,30 808,79 – 0,08 16,00CIMENTS FRAN..... w 53,80 352,90 +2,09 4,00CLARINS................. w 87,10 571,34 +0,11 8,00CLUB MEDITER ..... w 61 400,13 – 0,16 4,00CNP ASSURANC .... w 36,83 241,59 – 0,27 4,00COFACE.................. w 73 478,85 – 0,41 ...COFLEXIP ............... w 186,80 1225,33 ... 1,60COLAS..................... w 68,50 449,33 ... 1,50CONTIN.ENTRE..... ... ... ... 15,25CPR......................... 58 380,46 ... 8,00CRED.FON.FRA...... ... ... ... 6,50CREDIT LYONN ..... w 43,20 283,37 – 1,35 ...CS COM.ET SY........ 7,15 46,90 – 4,28 15,25DAMART ................ 81,70 535,92 +1,49 1,00DANONE................ w 148,30 972,78 – 0,27 1,00DASSAULT-AVI....... 296,20 1942,94 +0,41 8,00DASSAULT SYS....... w 43,09 282,65 – 2,38 1,00DEVEAUX(LY)# ....... 72,20 473,60 – 0,14 20,00DEV.R.N-P.CA......... 14,50 95,11 ... 100,00DMC (DOLLFUS..... 9,30 61 – 1,59 4,00DYNACTION .......... 25,90 169,89 – 0,38 ...EIFFAGE ................. w 74,50 488,69 ... 8,00ELIOR ..................... w 12,65 82,98 – 0,39 ...ELEC.MADAGAS..... ... ... ... 100,00ENTENIAL(EX......... 33 216,47 ... ...ERAMET ................. w 31,55 206,95 +0,13 20,00ESSILOR INTL ........ w 328 2151,54 +0,06 3,50ESSO ....................... 81,50 534,60 – 1,21 50,00

EULER.................... w 45,08 295,71 – 7,05 ...EURAZEO............... w 62,60 410,63 +0,40 ...EURO DISNEY ....... w 0,92 6,03 – 3,16 ...EUROTUNNEL ...... w 1,03 6,76 +0,98 0,15FAURECIA.............. w 61,95 406,37 – 0,32 7,00FIMALAC................ w 41 268,94 ... 4,40F.F.P. (NY).............. 110 721,55 +0,46 2,00FINAXA .................. ... ... ... 3,05FONC.LYON.#........ 31,65 207,61 ... 2,00FRANCE TELEC ..... w 35,68 234,05 – 3,44 4,00FROMAGERIES...... 105,20 690,07 ... 1,50GALERIES LAF ....... w 156,10 1023,95 – 0,06 2,00GAUMONT # ......... 39 255,82 – 2,48 50,00GECINA.................. w 93,25 611,68 +0,81 100,00GENERALE DE....... 19,68 129,09 ... 0,75GEOPHYSIQUE...... w 55,65 365,04 – 1,33 2,00GFI INFORMAT ..... w 15,51 101,74 – 2,08 2,00GRANDVISION...... w 18,75 122,99 – 1,32 1,60GROUPE ANDRE... 130 852,74 +0,85 8,00GROUPE GASCO ... 80,30 526,73 – 1,83 15,00GR.ZANNIER ( ....... 87,30 572,65 +0,34 10,00GROUPE PARTO.... ... ... ... 91,00GUYENNE GASC ... w 87,30 572,65 – 0,80 4,00HAVAS ADVERT ..... w 10,11 66,32 – 2,60 0,40IMERYS .................. w 114 747,79 – 0,09 8,00IMMOBANQUE ..... ... ... ... 16,00IMMEUBLES DE .... ... ... ... 10,00INFOGRAMES E .... w 17,29 113,41 – 3,30 ...IM.MARSEILLA ...... 3145 20629,85 – 4,64 50,00INGENICO ............. w 26,72 175,27 – 1,29 1,00ISIS ......................... w 173,50 1138,09 +0,46 8,00JC DECAUX ............ w 13,10 85,93 ... ...KAUFMAN ET B..... w 19,60 128,57 ... 0,51KLEPIERRE ............ w 103 675,64 ... 8,00LAFARGE ............... w 99,30 651,37 – 0,60 4,00LAGARDERE .......... w 52 341,10 – 1,89 6,10LAPEYRE ................ w 54 354,22 – 1,82 2,00LEBON (CIE) .......... ... ... ... ...LEGRAND ORD. .... 195 1279,12 ... 2,00LEGRIS INDUS ...... w 56,95 373,57 +0,80 3,00LIBERTY SURF....... 3,55 23,29 ... 0,80LOCINDUS............. 134,10 879,64 – 0,67 23,00L’OREAL................. w 73,80 484,10 +0,96 0,20LOUVRE #............... 77 505,09 +1,05 15,00LVMH MOET HE.... w 54 354,22 – 0,37 0,30MARINE WENDE... w 65 426,37 – 0,99 8,00MAUREL ET PR...... 15,70 102,99 – 0,06 50,00METALEUROP ....... 4,94 32,40 – 1,20 25,00MICHELIN ............. w 34,02 223,16 – 0,23 2,00MARIONNAUD P .. 54 354,22 +0,19 3,50MONTUPET SA...... 14,99 98,33 +0,94 10,00MOULINEX ............ 2,70 17,71 +1,89 3,00NATEXIS BQ P ....... w 101 662,52 ... 16,00NEOPOST .............. w 31,35 205,64 – 0,16 1,00NEXANS................. w 30,02 196,92 – 0,03 1,00NORBERT DENT ... ... ... ... 1,60NORD-EST............. ... ... ... 7,63NRJ GROUP........... w 17,30 113,48 +0,17 ...OBERTHUR CAR.... w 8,07 52,94 – 0,12 1,00OLIPAR................... 7,71 50,57 – 3,63 60,00ORANGE ................ w 7,43 48,74 – 1,85 1,00OXYG.EXT-ORI....... 378,70 2484,11 +0,05 15,25PECHINEY ACT...... w 55,25 362,42 +0,73 15,25PECHINEY B P ....... ... ... ... 15,25PENAUILLE PO...... w 57,65 378,16 ... 2,00PERNOD-RICAR .... w 82,60 541,82 – 3,05 20,00PEUGEOT .............. w 51,90 340,44 – 1,14 1,00

PINAULT-PRIN ...... w 151,20 991,81 +0,60 20,00PLASTIC OMN........ w 86,10 564,78 – 2,05 20,00PROVIMI ................ w 17,10 112,17 – 0,29 1,00PSB INDUSTRI....... 86 564,12 ... 10,00PUBLICIS GR.......... w 25,87 169,70 – 0,50 0,40REMY COINTRE..... w 33,21 217,84 – 1,42 1,60RENAULT ............... w 45,71 299,84 – 2,50 25,00REXEL..................... w 67,55 443,10 – 2,10 1,00RHODIA ................. w 11,72 76,88 – 0,93 15,00ROCHETTE (LA ...... 7,55 49,52 +0,40 2,00ROYAL CANIN........ w 136,90 898,01 ... 3,00ROUGIER #............. 59,85 392,59 ... ...RUE IMPERIAL....... 1675 10987,28 ... 200,00SADE (NY) .............. 47,63 312,43 – 0,04 100,00SAGEM S.A. ............ w 51,25 336,18 – 0,49 1,00SAGEM ADP........... 37,40 245,33 – 0,27 1,00SAINT-GOBAIN...... w 169,40 1111,19 +0,36 16,00SALVEPAR (NY ....... 63,10 413,91 – 0,63 8,00SANOFI SYNTH...... w 73,20 480,16 +1,95 2,00SCHNEIDER EL...... w 60,95 399,81 – 0,73 8,00SCOR ...................... w 50 327,98 +0,40 ...S.E.B........................ w 51,80 339,79 +0,58 3,00SEITA...................... 45,73 299,97 +0,07 50,00SELECTIBAIL(......... 15,35 100,69 ... 15,00SIDEL...................... 50 327,98 ... 2,40SILIC ....................... 173,10 1135,46 ... 16,00SIMCO.................... w 78 511,65 +1,04 100,00SKIS ROSSIGN ....... 15,70 102,99 ... 25,00SOCIETE GENE ...... w 64,75 424,73 – 0,54 1,25SODEXHO ALLI ...... w 52,25 342,74 +0,10 4,00SOGEPARC (FI ....... ... ... ... 8,00SOMMER-ALLIB .... ... ... ... 1,00SOPHIA .................. w 32,51 213,25 – 0,58 10,00SOPRA GROUP ...... w 57 373,90 – 1,64 4,00SPIR COMMUNI .... w 81,55 534,93 – 0,31 4,00SR TELEPERFO ...... w 21,55 141,36 +0,23 2,50STUDIOCANAL ...... 14,50 95,11 ... 2,00SUCR.PITHIVI ........ 420 2755,02 ... 100,00SUEZ....................... w 36,60 240,08 – 1,37 2,00TAITTINGER .......... ... ... ... 150,00THALES .................. w 41,19 270,19 – 0,94 3,00TF1.......................... w 32,15 210,89 – 1,23 0,20TECHNIP................ w 158,10 1037,07 – 0,57 ...THOMSON MULT . w 31,26 205,05 – 2,62 3,75TOTAL FINA E ........ w 159,10 1043,63 – 0,13 10,00TRANSICIEL # ........ w 37 242,70 – 0,54 1,00UBI SOFT ENT ....... w 40,01 262,45 – 1,19 2,00UNIBAIL ................. w 59,30 388,98 – 1 5,00UNILOG ................. w 75,05 492,30 – 2,53 1,00USINOR.................. w 12,11 79,44 – 1,54 ...VALEO .................... w 49,30 323,39 – 0,92 3,00VALLOUREC ........... w 54 354,22 – 0,46 20,00VICAT...................... ... ... ... 4,00VINCI...................... w 68,40 448,67 – 0,15 10,00VIVENDI ENVI ........ w 46,70 306,33 – 0,13 13,50VIVENDI UNIV ....... w 60 393,57 – 0,83 5,50WANADOO............. w 5,30 34,77 +0,95 0,30WORMS (EX.SO...... 19,50 127,91 – 0,10 1,53ZODIAC.................. w 253,20 1660,88 +0,08 10,00................................ ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ...

ValeurCours Cours % Var.International f nominalen euros en francs veilleUne selection (1)

ADECCO ................. 54 354,22 – 0,37 1,00AMERICAN EXP...... 39,50 259,10 – 1,25 0,20AMVESCAP EXP...... ... ... ... 0,25ANGLOGOLD LT .... 40,30 264,35 +1,36 0,50A.T.T. # .................... 20,59 135,06 – 1,29 1,00BARRICK GOLD...... 17,70 116,10 – 2,21 ...COLGATE PAL. ....... 59,40 389,64 – 0,83 1,00CROWN CORK O.... ... ... ... 5,00DIAGO PLC............. ... ... ... 0,29DOW CHEMICAL.... ... ... ... 2,50DU PONT NEMO ... 44,15 289,61 – 1,89 0,30ECHO BAY MIN...... 1,01 6,63 – 3,81 ...ELECTROLUX ......... 15,30 100,36 – 4,73 5,00ELF GABON............ 188,50 1236,48 – 3,28 17,00ERICSSON #............ w 5,50 36,08 – 0,36 1,00FORD MOTOR #..... 21,70 142,34 – 0,91 0,01GENERAL ELEC ...... 43,80 287,31 – 0,68 0,06GENERAL MOTO.... 59,70 391,61 +0,25 1,67GOLD FIELDS......... 4,68 30,70 – 1,47 0,50HARMONY GOLD .. 5,28 34,63 +0,38 0,50HITACHI # .............. 9 59,04 – 1,42 50,00HSBC HOLDING .... w 12,74 83,57 – 3,48 0,50I.B.M. ...................... w 109,50 718,27 – 0,27 0,50I.C.I.......................... ... ... ... 1,00ITO YOKADO # ....... 42,50 278,78 – 0,72 50,00I.T.T. INDUS ........... 48,70 319,45 – 0,61 1,00MATSUSHITA......... 15,60 102,33 – 6,08 50,00MC DONALD’S....... 32,65 214,17 – 1,06 ...MERK AND CO....... 72,30 474,26 – 0,89 ...MITSUBISHI C........ 8,74 57,33 ... 50,00NESTLE SA #........... w 228 1495,58 +0,40 1,00NORSK HYDRO...... ... ... ... 20,00PFIZER INC............. 41,81 274,26 – 0,64 0,05PHILIP MORRI ....... 52 341,10 – 2,16 0,33PROCTER GAMB.... 80,65 529,03 – 1,04 ...RIO TINTO PL......... 19,32 126,73 – 4,12 0,10SCHLUMBERGER... 53,65 351,92 – 0,92 0,01SEGA ENTERPR...... 16 104,95 +6,67 50,00SHELL TRANSP ...... ... ... ... 0,25SONY CORP. # ........ w 49,33 323,58 – 3,37 50,00T.D.K. # ................... 55,50 364,06 – 7,50 50,00TOSHIBA #.............. 5,40 35,42 – 6,90 50,00UNITED TECHO..... 74,20 486,72 – 1,98 5,00ZAMBIA COPPE...... 0,44 2,89 +2,33 0,24................................ ... ... ... ................................... ... ... ... ...

VALEURS FRANCE

PREMIER MARCHE______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________VENDREDI 31 AOUT Cours a 9 h 57Dernier jour de negociation des OSRD : 24 septembre

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache ; # contrat d’animation ;o = offert ; d = demande ; x offre reduite ; y demande reduite ;d cours precedent ; w _Valeur pouvant beneficier du servicede reglement differe.

DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12 ; Mardi date mercredi :montant du coupon en euros ; Mercredi date jeudi : paiementdernier coupon ; Jeudi date vendredi : compensation ;Vendredi date samedi : nominal.

JEUDI 30 AOUT

Une selection. Cours releves a 18 h 16

Cours Cours % Var.Valeurs f en euros en francs veille

ABEL GUILLEM..... 9,98 65,46 – 0,20AB SOFT ................ 2,78 18,24 +20,87ACCESS COMME .. 4,61 30,24 – 0,86ADL PARTNER ...... 13,20 86,59 – 1,49ADL PARTNER ...... d 6,01 39,42 ...ALGORIEL #........... 5,20 34,11 – 0,95ALPHAMEDIA ....... 0,94 6,17 – 4,08ALPHA MOS #....... 4,20 27,55 – 1,18ALPHA MOS BO.... 0,30 1,97 ...ALTAMIR & CI ...... 126,50 829,79 +3,69ALDETA ................. 4,97 32,60 +44,06ALTI #..................... 8,35 54,77 – 1,76A NOVO # .............. w 20,20 132,50 – 1,85ARTPRICE COM.... 8,40 55,10 ...ASTRA .................... 0,61 4 – 1,61AUFEMININ.CO.... 0,80 5,25 – 4,76AUTOMA TECH .... 4,30 28,21 ...AVENIR TELEC...... w 1,82 11,94 – 3,19AVENIR TELEC...... d 0,20 1,31 ...BAC MAJESTIC...... 2 13,12 ...BARBARA BUI ....... 16,99 111,45 +4,23BCI NAVIGATI ....... 5,50 36,08 – 3,51BELVEDERE........... 24,60 161,37 – 1,60BOURSE DIREC .... 3,11 20,40 – 0,32BRIME TECHNO... 37,80 247,95 +0,13BRIME TECHN...... 0,74 4,85 – 5,13BUSINESS ET ........ 9,80 64,28 ...BUSINESS INT ...... 2,48 16,27 – 0,40BVRP ACT.DIV....... w 9,69 63,56 – 5,56CAC SYSTEMES..... d 3 19,68 ...CALL CENTER....... 7,75 50,84 – 3,73CARRERE GROU... 16,05 105,28 – 5,81CAST ...................... 5,82 38,18 +0,34CEREP.................... 16,50 108,23 – 8,69

CHEMUNEX .......... 0,32 2,10 ...CMT MEDICAL ..... 15,60 102,33 – 2,50COALA # ................ 15,24 99,97 – 1,68COHERIS ATIX...... 12,60 82,65 – 2,63COIL....................... 17,20 112,82 ...CION ET SYS......... 1,78 11,68 ...CONSODATA ........ 9 59,04 ...CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ...CONSORS FRAN .. 2,40 15,74 – 10,11CROSS SYSTEM.... 1,33 8,72 ...CRYO # .................. 4,15 27,22 – 0,24CRYONETWORKS. 1,80 11,81 +5,88CYBERDECK # ...... 0,95 6,23 +1,06CYBER PRES.P ...... 13,13 86,13 +1,39CYBERSEARCH ..... 2,04 13,38 – 3,77CYRANO #............. 0,41 2,69 – 2,38DALET # ................ 2,80 18,37 +7,69DATASQUARE #.... d 1,44 9,45 ...DATATRONIC ....... 3,60 23,61 ...DESK #................... d 0,89 5,84 ...DEVOTEAM #........ w 18,90 123,98 – 1,25DMS #.................... 13,30 87,24 +1,53D INTERACTIV ..... 1,97 12,92 – 3,90DIREKT ANLAG .... 14,44 94,72 +2,05DIREKT ANLAG .... 11,62 76,22 – 4,75DURAND ALLIZ.... 0,59 3,87 – 7,81DURAN DUBOI .... 12,80 83,96 – 6,57DURAN BS 00 ....... d 0,15 0,98 ...EFFIK # .................. 15,50 101,67 – 11,43EGIDE #................. 92 603,48 – 10,24EMME NV ............. 14,50 95,11 – 3,01ESI GROUP ........... 15 98,39 – 7,69ESKER.................... 4,10 26,89 – 5,75EUROFINS SCI...... 11,05 72,48 – 9,72EURO.CARGO S.... 11,90 78,06 ...FIMATEX # ............ w 3,51 23,02 – 2,23FI SYSTEM # ......... w 2,83 18,56 – 5,67FI SYSTEM BS....... d 0,09 0,59 ...FLOREANE MED .. 7,80 51,16 ...GAMELOFT COM . 0,80 5,25 – 3,61GAUDRIOT #......... 36,50 239,42 – 3,23GENERIX # ............ 24,90 163,33 ...GENESYS #............ 12 78,71 – 7,69GENESYS BS00 ..... 2,20 14,43 – 0,90GENSET................. w 3,91 25,65 – 2,01GL TRADE #.......... 36,41 238,83 +2,85GUILLEMOT # ...... 18,09 118,66 – 15,59GUYANOR ACTI ... 0,24 1,57 +4,35

HF COMPANY ....... 51,95 340,77 – 0,10HIGH CO.#............. 111 728,11 – 0,45HIGH BON DE ...... d 3,25 21,32 ...HIGHWAVE OPT ... w 6,05 39,69 – 6,20HIMALAYA ............. 2,30 15,09 +3,60HI MEDIA .............. 0,69 4,53 – 1,43HOLOGRAM IND.. 7,80 51,16 +1,30HUBWOO.COM ..... 1,95 12,79 – 2,50IB GROUP.COM .... 3,20 20,99 – 5,88IDP ......................... 1,55 10,17 – 3,13IDP BON 98 (......... d 1,07 7,02 ...INTERACTIF B....... d 0,15 0,98 ...INTERACTIF B....... d 0,30 1,97 ...IGE +XAO ............... 8,35 54,77 – 1,07ILOG #.................... 9,46 62,05 – 1,46IMECOM GROUP.. 1,82 11,94 +0,55INFOSOURCES...... 0,82 5,38 +13,89INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ...INFOTEL # ............. 26,10 171,20 – 3,33INFO VISTA ........... 3,75 24,60 – 3,35INTEGRA................ w 1,07 7,02 – 0,93INTEGRA ACT. ...... ... ... ...INTERCALL #......... 1,20 7,87 +0,84IPSOS # .................. w 70,95 465,40 – 4,12IPSOS BS00............ 1,41 9,25 – 11,32ITESOFT................. 1,64 10,76 – 9,39IT LINK................... 3,70 24,27 ...IXO.......................... 0,73 4,79 +5,80JEAN CLAUDE ....... 1 6,56 ...JOLIEZ REGOL....... 0,90 5,90 ...KALISTO ENTE...... d 1,35 8,86 ...KEYRUS PROGI ..... 1,54 10,10 +1,99LA COMPAGNIE.... 6,85 44,93 ...LEXIBOOK # S........ 18,95 124,30 +0,80LINEDATA SER...... 22 144,31 ...LYCOS EUROPE..... 1,06 6,95 +0,95LYCOS FRANCE..... 2,60 17,05 – 2,26MEDCOST #........... 2,30 15,09 – 5,74MEDIDEP #............ 21,13 138,60 +2,57MEMSCAP ............. 2,17 14,23 – 4,82METROLOGIC G ... 60 393,57 ...MICROPOLE .......... 6,45 42,31 – 0,77MILLIMAGES......... 9,70 63,63 +1,04MONDIAL PECH... 4,70 30,83 +9,81NATUREX............... 14,40 94,46 – 0,69NET2S # ................. 3,22 21,12 – 2,72NETGEM................ w 3,44 22,56 – 1,71NETVALUE #.......... 1,56 10,23 +6,12

NEURONES #........ 3,49 22,89 +2,65NICOX #................. 58,80 385,70 ...OLITEC................... 16,79 110,14 +0,54OPTIMS # .............. 2,19 14,37 ...ORCHESTRA KA.... 0,99 6,49 – 1OXIS INTL RG ....... d 0,17 1,12 ...PERFECT TECH .... 7,45 48,87 – 12,15PERF.TECHNO...... d 0,28 1,84 ...PHARMAGEST I .... 17,30 113,48 ...PHONE SYS.NE..... d 1,03 6,76 ...PICOGIGA.............. 5,80 38,05 – 3,33PROSODIE #.......... 34,95 229,26 – 4,51PROSODIE BS ....... d 8,46 55,49 ...PROLOGUE SOF ... 5,93 38,90 +0,34QUALIFLOW .......... 4,55 29,85 +1,11QUANTEL .............. 4,46 29,26 +0,90R2I SANTE............. 8,19 53,72 +2,38R2I SANTE BO ...... d 0,03 0,20 ...RECIF # .................. 19,50 127,91 +2,36REPONSE # ........... 18,35 120,37 – 3,42REGINA RUBEN ... 0,70 4,59 – 5,41RIBER #.................. 3,86 25,32 ...RIGIFLEX INT........ 49,15 322,40 – 4,75RISC TECHNOL .... 6,01 39,42 – 17,67SAVEURS DE F...... 9,50 62,32 ...GUILLEMOT BS .... 9,51 62,38 – 0,83SELF TRADE.......... 2,65 17,38 ...SILICOMP #........... 23 150,87 – 3,36SITICOM GROU.... 4,25 27,88 – 14,14SODITECH ING .... 5,79 37,98 +10,29SOFT COMPUTI.... 3,90 25,58 – 4,88SOI TEC SILI.......... w 14,80 97,08 – 6,27SOI TEC BS 0......... 2,70 17,71 – 2,88SOLUCOM ............. 35 229,58 +0,29SOLUCOM ACT..... d 47,76 313,29 ...SQLI ....................... 1,51 9,90 +0,67SQLI ACT.NOU...... d 3,10 20,33 ...STACI # .................. 2,35 15,41 – 0,84STELAX................... 0,47 3,08 – 6SYNELEC # ............ 16,10 105,61 +3,21SYSTAR # ............... 3,85 25,25 – 3,75SYSTRAN ............... 2,41 15,81 +1,69TEL.RES.SERV........ 1,57 10,30 – 4,27TELECOM CITY..... 3,69 24,20 +11,82TETE DS LES ......... 1,56 10,23 +0,65THERMATECH I.... 17,85 117,09 – 0,83TITUS INTERA ...... 3,29 21,58 – 9,86TITUS INTER......... d 2,20 14,43 ...

SECOND_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________MARCHE

VENDREDI 31 AOUTUne selection. Cours releves a 9 h 57

Cours Cours % Var.Valeurs f en euros en francs veille

AB GROUPE.......... a 30,85 202,36 – 2,53ACTIELEC TEC ...... 5,54 36,34 – 1,95ALGECO #.............. 93 610,04 +2,20ALTEDIA................ 35,74 234,44 – 0,58ALTEN (SVN) ........ w 19,49 127,85 – 2,55APRIL S.A.#( .......... 19 124,63 ...ARKOPHARMA # .. 50 327,98 +2,04ASSYSTEM # ......... 45 295,18 – 3,23AUBAY ................... 6,32 41,46 – 1,56BENETEAU #......... 87,90 576,59 +0,98BOIRON (LY)#....... 83 544,44 ...BONDUELLE......... 47,99 314,79 – 0,02BQUE TARNEAU... d 88 577,24 ...BRICORAMA # ...... 51 334,54 ...BRIOCHE PASQ .... 88,50 580,52 – 1,12BUFFALO GRIL..... 10,20 66,91 – 1,92C.A. OISE CC ......... d 93 610,04 ...C.A. PARIS I........... 65,65 430,64 – 0,15C.A.PAS CAL.......... 148,10 971,47 – 0,60CDA-CIE DES........ 46,50 305,02 +1,53CEGEDIM #........... 52,40 343,72 – 2,96CIE FIN.ST-H ........ d 131 859,30 ...CNIM #.................. 53,45 350,61 – 0,09COFITEM-COFI..... d 58,05 380,78 ...DANE-ELEC ME.... 2,31 15,15 +0,43ENTRELEC GRO ... d 61,85 405,71 ...ETAM DEVELOP ... 9,50 62,32 – 4,33EUROPEENNE C... 40,40 265,01 – 2,88EXPAND S.A.......... 55,90 366,68 – 0,18FINATIS(EX.L ........ d 147,80 969,50 ...FININFO................ 33,85 222,04 – 0,29FLEURY MICHO ... 23,50 154,15 +1,29GECI INTL............. 12,53 82,19 – 0,16GENERALE LOC.... 19,60 128,57 – 5,08

GEODIS.................. 38 249,26 +4,17GFI INDUSTRI....... 28,20 184,98 – 0,77GRAND MARNIE .. d 8000 52476,56 ...GROUPE BOURB... d 46 301,74 ...GROUPE CRIT ....... 16,25 106,59 – 0,61GROUPE FOCAL.... 66,10 433,59 ...GROUPE J.C.D....... 150,70 988,53 +0,47HERMES INTL....... w 163,30 1071,18 +0,06HYPARLO #(LY ...... 34,75 227,95 – 0,43IMS(INT.META...... 7,77 50,97 ...INTER PARFUM .... 70 459,17 – 1,13JET MULTIMED .... d 33,90 222,37 ...LAURENT-PERR .... 32,99 216,40 ...LDC ........................ 142,90 937,36 +2LECTRA (B) #......... 5,14 33,72 +3,84LOUIS DREYFU ..... 14,01 91,90 ...LVL MEDICAL........ 16 104,95 – 6,43M6-METR.TV A...... w 27 177,11 – 3,23MANITOU #........... 63 413,25 +0,80MANUTAN INTE... 40,80 267,63 – 0,49PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ...PCAS #.................... 22 144,31 ...PETIT FOREST....... 42,21 276,88 +0,74PIERRE VACAN...... 65,40 429 – 0,15PINGUELY HAU .... w 14,89 97,67 – 2,04POCHET................. d 115 754,35 ...RADIALL # ............. 66,75 437,85 ...RALLYE (LY)........... w 55,25 362,42 +0,36ROCANI(EX FI ....... d 12 78,71 ...RODRIGUEZ GR ... w 53,10 348,31 +1,53SABATE-DIOSO ..... 16,80 110,20 – 1,23SECHE ENVIRO ..... 82 537,88 +0,12SINOP.ASSET......... d 20,35 133,49 ...SIPAREX CROI ....... 28,70 188,26 +0,35SOLERI ................... d 230 1508,70 ...SOLVING #............. 57,50 377,18 – 1,88STEF-TFE # ............ 60 393,57 – 1,64STERIA GROUP ..... 34,22 224,47 – 2,51SYLEA ..................... d 47,50 311,58 ...SYLIS # ................... 24,81 162,74 +0,04SYNERGIE (EX ....... d 31 203,35 ...TEAM PARTNER ... 6,70 43,95 +6,86TRIGANO............... w 32,41 212,60 +0,81UNION FIN.FR...... d 33,50 219,75 ...VILMOR.CLAUS ..... 69 452,61 ...VIRBAC................... 100 655,96 – 0,10................................ ... ... ................................... ... ... ...

NOUVEAUMARCHE

Une selection. Cours de cloture le 30 aout

Valeurs unitaires e DateEmetteurs f Euros francs ee cours

AGIPI

AGIPI AMBITION (AXA) ........ 26,44 173,44 30/08AGIPI ACTIONS (AXA) ........... 27 177,11 30/08

3615 BNP08 36 68 17 17 (2,21 F/mn)

BNP MONE COURT TERME.. 2479,83 16266,62 30/08BNP MONE PLACEMENT C .. 13605,75 89247,87 30/08BNP MONE PLACEMENT D .. 11879,13 77921,98 30/08BNP MONE TRESORERIE ..... 154943,45 1016362,41 30/08BNP OBLI. CT....................... 164,67 1080,16 30/08BNP OBLI. LT ....................... 33,99 222,96 30/08BNP OBLI. MT C................... 152,37 999,48 30/08BNP OBLI. MT D .................. 139,84 917,29 30/08BNP OBLI. SPREADS............. 185,05 1213,85 30/08BNP OBLI. TRESOR .............. 1949,78 12789,72 30/08Fonds communs de placementsBNP MONE ASSOCIATIONS.. 1817,91 11924,71 30/08

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENTwww.bpam.fr 01 58 19 40 00

BP OBLI HAUT REND. .......... 111,32 730,21 28/08BP MEDITERRANEE DEV. ..... 59,56 390,69 29/08BP NOUVELLE ECONOMIE ... 87,96 576,98 29/08BP OBLIG. EUROPE .............. 51,49 337,75 30/08BP SECURITE........................ 102390,04 671634,63 30/08EUROACTION MIDCAP......... 133,24 874 30/08FRUCTI EURO 50 .................. 102,32 671,18 30/08FRUCTIFRANCE C ................ 88,28 579,08 30/08FRUCTIFONDS FRANCE NM 172,68 1132,71 30/08

www.cdcixis-am.fr

MULTI-PROMOTEURSLIVRET BOURSE INVEST. ...... 195,12 1279,90 27/08NORD SUD DEVELOP. C....... 513,14 3365,98 27/08NORD SUD DEVELOP. D ...... 396,01 2597,66 27/08

Sicav en ligne :08 36 68 09 00 (2,21 F/mn)

ECUR. 1,2,3... FUTUR ............ 53,39 350,22 30/08ECUR. ACTIONS EUROP. C ... 18,35 120,37 30/08ECUR. ACTIONS FUTUR ....... 67,86 445,13 30/08ECUR. CAPITALISATION C .... 43,86 287,70 30/08ECUR. DYNAMIQUE+ D PEA. 44,72 293,34 30/08ECUR. ENERGIE D PEA......... 45,19 296,43 30/08ECUR. EXPANSION C............ 14653,84 96122,89 30/08ECUR. EXPANSIONPLUS C.... 41,92 274,98 30/08ECUR. INVESTISSEMENTS.... 55,18 361,96 30/08ECUR. MONETAIRE C ........... 222,46 1459,24 30/08ECUR. MONETAIRE D........... 191,84 1258,39 30/08

ECUR. OBLIG. INTERNAT...... 177,53 1164,52 30/08ECUR. TECHNOLOGIES ........ 37,50 245,98 30/08ECUR. TRIMESTRIEL D ......... 274,35 1799,62 30/08EPARCOURT-SICAV D ........... 28,17 184,78 30/08GEOPTIM C .......................... 2310,72 15157,33 30/08Fonds communs de placementsECUREUIL EQUILIBRE C ....... 37,55 246,31 30/08ECUREUIL PRUDENCE C ...... 34,29 224,93 30/08ECUREUIL VITALITE C .......... 41,34 271,17 30/08

08 36 68 56 55(2,21 F/mn)

ATOUT CROISSANCE D......... 387,84 2544,06 30/08ATOUT EUROPE C ................ 534,35 3505,11 30/08ATOUT FRANCE C................. 207,75 1362,75 30/08ATOUT FRANCE D ................ 188,25 1234,84 30/08ATOUT FRANCE ASIE D ........ 80,86 530,41 30/08ATOUT FRANCE EUROPE D .. 186,94 1226,25 30/08ATOUT FRANCE MONDE D .. 46,07 302,20 30/08ATOUT MONDE C................. 54,64 358,41 30/08ATOUT SELECTION D ........... 112,17 735,79 30/08CAPITOP EUROBLIG C .......... 100,17 657,07 30/08CAPITOP EUROBLIG D.......... 82,64 542,08 30/08CAPITOP MONDOBLIG C...... 44,61 292,62 30/08CAPITOP REVENUS D ........... 173,07 1135,26 30/08DIEZE C ................................ 446,56 2929,24 30/08INDICIA EUROLAND D ......... 114,99 754,28 29/08INDICIA FRANCE D .............. 395,13 2591,88 29/08INDOCAM AMERIQUE C ....... 40,39 264,94 30/08INDOCAM ASIE C ................. 18,34 120,30 30/08INDOCAM FRANCE C ........... 355,55 2332,26 30/08INDOCAM FRANCE D ........... 292,25 1917,03 30/08INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 183,46 1203,42 30/08Fonds communs de placementsATOUT VALEUR D................. 83,16 545,49 29/08CAPITOP MONETAIRE C ....... 191,08 1253,40 01/09CAPITOP MONETAIRE D....... 188,29 1235,10 01/09INDOCAM FONCIER ............. 99,74 654,25 30/08INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 283,65 1860,62 29/08MASTER ACTIONS C ............. 43,30 284,03 28/08MASTER DUO C.................... 14,33 94 28/08MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,58 200,59 28/08MASTER PEA D ..................... 13,18 86,46 28/08OPTALIS DYNAMIQ. C .......... 18,89 123,91 29/08OPTALIS DYNAMIQ. D .......... 17,71 116,17 29/08OPTALIS EQUILIB. C ............. 18,81 123,39 29/08OPTALIS EQUILIB. D............. 17,12 112,30 29/08OPTALIS EXPANSION C ........ 15,55 102 29/08OPTALIS EXPANSION D ........ 15,17 99,51 29/08OPTALIS SERENITE C ........... 17,83 116,96 29/08OPTALIS SERENITE D ........... 15,66 102,72 29/08PACTE SOL. LOGEM.............. 78,32 513,75 28/08PACTE SOL.TIERS MONDE.... 83,29 546,35 28/08

www.cic-am.com

AURECIC............................... 101,36 664,88 30/08CIC CAPIRENTE MT C........... 35,54 233,13 30/08CIC CAPIRENTE MT D .......... 26,69 175,07 30/08CIC AMERIQUE LATINE ........ 109,11 715,71 30/08CIC CONVERTIBLES .............. 5,70 37,39 30/08CIC COURT TERME C ........... 33,99 222,96 30/08CIC COURT TERME D ........... 26,89 176,39 30/08CIC ECOCIC .......................... 380,32 2494,74 30/08

CIC ELITE EUROPE............... 132,94 872,03 30/08CIC EPARGNE DYNAM. C..... 2056,98 13492,90 30/08CIC EPARGNE DYNAM. D .... 1622,44 10642,51 30/08CIC EUROLEADERS .............. 398,20 2612,02 30/08CIC FRANCE C ..................... 37,74 247,56 30/08CIC FRANCE D ..................... 37,74 247,56 30/08CIC HORIZON C................... 67,37 441,92 30/08CIC HORIZON D .................. 64,97 426,18 30/08CIC MENSUEL...................... 1435,37 9415,41 30/08CIC MONDE PEA.................. 29,74 195,08 30/08CIC OBLI COURT TERME C .. 24,52 160,84 30/08CIC OBLI COURT TEME D .... 19,46 127,65 30/08CIC OBLI LONG TERME C .... 15,29 100,30 30/08CIC OBLI LONG TERME D.... 15,10 99,05 30/08CIC OBLI MONDE ................ 399,28 2619,11 24/08CIC ORIENT ......................... 145,73 955,93 30/08CIC PIERRE .......................... 35,81 234,90 30/08MONEYCIC DOLLAR ............ 1412,35 .... 30/08

Fonds communs de placementsCIAL PEA SERENITE ............. 842,09 5523,75 24/08CIC EUROPEA C ................... 11,48 75,30 30/08CIC EUROPEA D................... 11,17 73,27 30/08CIC EURO OPPORTUNITE .... 513,35 3367,36 30/08CIC GLOBAL C...................... 256,70 1683,84 30/08CIC GLOBAL D ..................... 256,70 1683,84 30/08CIC JAPON ........................... 8,88 58,25 30/08CIC MARCHES EMERGENTS 1023,65 6714,70 24/08CIC NOUVEAU MARCHE ...... 5,73 37,59 30/08CIC PROFIL DYNAMIQUE..... 23,81 156,18 29/08CIC PROFIL EQUILIBRE........ 19,10 125,29 29/08CIC PROFIL TEMPERE.......... 135,84 891,05 29/08CIC TAUX VARIABLES ........... 193,84 1271,51 24/08CIC TECHNO. COM .............. 85,16 558,61 30/08CIC USA ............................... 18,46 121,09 30/08CIC VAL. NOUVELLES ........... 319,51 2095,85 30/08GTI PUNCH ......................... 102,76 674,06 10/07

www.clamdirect.com

EURCO SOLIDARITE............. 227,83 1494,47 30/08LION 20000 C/3 11/06/99 ....... 488,04 3201,33 30/08LION 20000 D/3 11/06/99 ....... 426,06 2794,77 30/08SICAV 5000 ........................... 166,70 1093,48 30/08SLIVAFRANCE ...................... 291,02 1908,97 30/08SLIVARENTE......................... 39,37 258,25 30/08SLIVINTER ........................... 152,70 1001,65 30/08TRILION............................... 754,43 4948,74 30/08

Fonds communs de placementsACTILION DYNAMIQUE C .... 183,28 1202,24 30/08ACTILION DYNAMIQUE D.... 172,64 1132,44 30/08ACTILION PEA DYNAMIQUE 69,64 456,81 30/08ACTILION EQUILIBRE C ....... 176,92 1160,52 30/08ACTILION EQUILIBRE D....... 165,42 1085,08 30/08ACTILION PEA EQUILIBRE ... 170,49 1118,34 30/08ACTILION PRUDENCE C ...... 172,51 1131,59 30/08ACTILION PRUDENCE D ...... 160,76 1054,52 30/08INTERLION .......................... 231,02 1515,39 30/08LION ACTION EURO ............ 94,34 618,83 30/08LION PEA EURO................... 96,72 634,44 30/08

CM EURO PEA...................... 22,90 150,21 30/08CM EUROPE TECHNOL ........ 4,62 30,31 30/08

CM FRANCE ACTIONS.......... 36,91 242,11 30/08CM MID. ACT. FRANCE ........ 33,93 222,57 30/08CM MONDE ACTIONS.......... 312,49 2049,80 30/08CM OBLIG. LONG TERME .... 106,92 701,35 30/08CM OPTION DYNAM. ........... 32,33 212,07 30/08CM OPTION EQUIL............... 54,01 354,28 30/08CM OBLIG. COURT TERME .. 163,08 1069,73 30/08CM OBLIG. MOYEN TERME.. 337,55 2214,18 30/08CM OBLIG. QUATRE ............. 165,48 1085,48 30/08

Fonds communs de placementsCM OPTION MODERATION . 19,30 126,60 30/08

ASSET MANAGEMENT

AMERIQUE 2000 ................... 126,04 826,77 30/08ASIE 2000.............................. 69,51 455,96 30/08NOUVELLE EUROPE ............. 223,34 1465,01 30/08SAINT-HONORE CAPITAL C . 3585,32 23518,16 30/08SAINT-HONORE CAPITAL D . 3287,52 21564,72 30/08ST-HONORE CONVERTIBLES 335,43 2200,28 30/08ST-HONORE FRANCE........... 59,82 392,39 30/08ST-HONORE PACIFIQUE....... 89,92 589,84 30/08ST-HONORE TECH. MEDIA .. 104,33 684,36 30/08ST-HONORE VIE SANTE ....... 379,89 2491,92 30/08ST-HONORE WORLD LEAD. . 95,84 628,67 30/08WEB INTERNATIONAL ......... 24,71 162,09 30/08

LEGAL & GENERAL BANK

STRATEGIE IND. EUROPE .... 207,13 1358,68 29/08Fonds communs de placementsSTRATEGIE CAC ................... 6307,90 41377,11 29/08STRATEGIE INDICE USA....... 9173,36 60173,30 29/08

www.lapostefinance.frSicav Info Poste :

08 92 68 50 10 (2,21 F/mn)

ADDILYS C ........................... 106,39 697,87 30/08ADDILYS D ........................... 105,55 692,36 30/08AMPLITUDE AMERIQUE C.... 25,77 169,04 30/08AMPLITUDE AMERIQUE D ... 24,96 163,73 30/08AMPLITUDE EUROPE C ........ 33,58 220,27 30/08AMPLITUDE EUROPE D........ 32,16 210,96 30/08AMPLITUDE FRANCE ........... 89,50 587,08 30/08AMPLITUDE MONDE C ........ 229,54 1505,68 30/08AMPLITUDE MONDE D........ 205,89 1350,55 30/08AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 16,34 107,18 30/08AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 15,62 102,46 30/08ELANCIEL EURO D PEA ........ 102,37 671,50 30/08ELANCIEL FRANCE D PEA .... 43,08 282,59 30/08EMERGENCE E.POST.D PEA . 32 209,91 30/08GEOBILYS C ......................... 120,65 791,41 30/08GEOBILYS D ......................... 110 721,55 30/08INTENSYS C ......................... 20,52 134,60 30/08INTENSYS D......................... 17,44 114,40 30/08KALEIS DYNAMISME C......... 221,25 1451,30 30/08KALEIS DYNAMISME D ........ 215,18 1411,49 30/08KALEIS DYNAMISME FR C.... 82,92 543,92 30/08KALEIS EQUILIBRE C ............ 202,23 1326,54 30/08KALEIS EQUILIBRE D............ 195,91 1285,09 30/08KALEIS SERENITE C.............. 190,48 1249,47 30/08KALEIS SERENITE D ............. 184,13 1207,81 30/08KALEIS TONUS C.................. 73,48 482 30/08LIBERTE ET SOLIDARITE ...... 100,84 661,47 30/08

OBLITYS C ............................ 112,68 739,13 30/08OBLITYS D............................ 110,91 727,52 30/08PLENITUDE D PEA ............... 44,12 289,41 30/08POSTE GESTION C................ 2599,89 17054,16 30/08POSTE GESTION D ............... 2304,76 15118,23 30/08POSTE PREMIERE................. 7063,07 46330,70 30/08POSTE PREMIERE 1 AN ........ 42036,74 275742,94 30/08POSTE PREMIERE 2-3 ........... 9070,15 59496,28 30/08PRIMIEL EUROPE C .............. 58,71 385,11 30/08REVENUS TRIMESTRIELS ..... 784,99 5149,20 30/08SOLSTICE D.......................... 363,40 2383,75 30/08THESORA C .......................... 186,54 1223,62 30/08THESORA D .......................... 155,72 1021,46 30/08TRESORYS C ......................... 47112,99 309040,96 30/08

Fonds communs de placementsDEDIALYS FINANCE ............. 90,40 592,99 30/08DEDIALYS MULTI-SECT. ....... 66,80 438,18 30/08DEDIALYS SANTE ................. 96,07 630,18 30/08DEDIALYS TECHNOLOGIES .. 32,65 214,17 30/08DEDIALYS TELECOM ............ 42,87 281,21 30/08POSTE EUROPE C ................. 91,41 599,61 30/08POSTE EUROPE D................. 87,18 571,86 30/08POSTE PREMIERE 8 ANS C ... 197,23 1293,74 30/08POSTE PREMIERE 8 ANS D... 181,05 1187,61 30/08REMUNYS PLUS ................... 102,48 672,22 30/08

SG ASSET MANAGEMENTServeur vocal :

08 36 68 36 62 (2,21 F/mn)

CADENCE 1 D....................... 156,55 1026,90 30/08CADENCE 2 D....................... 154,40 1012,80 30/08CADENCE 3 D....................... 154,53 1013,65 30/08CONVERTIS C ....................... 233,22 1529,82 30/08INTEROBLIG C ..................... 58,76 385,44 30/08INTERSELECTION FR. D ....... 78,67 516,04 30/08SELECT DEFENSIF C............. 192,46 1262,45 30/08SELECT DYNAMIQUE C ........ 248,04 1627,04 30/08SELECT EQUILIBRE 2 ............ 170,37 1117,55 30/08SELECT PEA DYNAMIQUE .... 151,72 995,22 30/08SELECT PEA 1 ....................... 217,01 1423,49 30/08SG FRANCE OPPORT. C ........ 464,09 3044,23 30/08SG FRANCE OPPORT. D........ 434,54 2850,40 30/08SOGENFRANCE C ................. 497,60 3264,04 30/08SOGENFRANCE D................. 448,41 2941,38 30/08SOGEOBLIG C....................... 112 734,67 30/08SOGEPARGNE D ................... 45,99 301,67 30/08SOGEPEA EUROPE................ 234,67 1539,33 30/08SOGINTER C......................... 57,10 374,55 30/08

Fonds communs de placementsDECLIC ACTIONS EURO ....... 15,92 104,43 29/08DECLIC ACTIONS FRANC ..... 55,70 365,37 29/08DECLIC ACTIONS INTER....... 33,96 222,76 30/08DECLIC BOURSE PEA............ 53,04 347,92 29/08DECLIC BOURSE EQUILIBRE 16,69 109,48 29/08DECLIC OBLIG. EUROPE....... 17,24 113,09 29/08DECLIC PEA EUROPE............ 25,33 166,15 29/08DECLIC SOGENFR. TEMPO... 63,34 415,48 29/08FAVOR .................................. 348,76 2287,72 30/08SOGESTION C....................... 49,54 324,96 29/08SOGINDEX FRANCE C .......... 544,41 3571,10 29/08............................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ....

SICAV et FCP

LEGENDE : e Hors frais. ee A titre indicatif.

b Le titre Sanofi Synthélabo s’appréciaitde 2,09 %, vendredi 31 août dans les pre-miers échanges, atteignant 73,3 euros, aprèsla publication par la firme pharmaceutiqued’un bénéfice net de 671 millions d’euros aupremier semestre, en hausse de 50 %.b L’action Aventis gagnait 1,33 %, à79,85 euros. Selon le Financial Times de ven-dredi, la vente de la filiale agrochimiqued’Aventis, Aventis CropScience, a fait l’ob-jet d’un accord avec Bayer, qui devraitpayer de 5 à 5,5 milliards d’euros pour lerachat.b Le titre du groupe informatique Bull bon-dissait de 4,10 %, vendredi dans les premiè-res transactions, à 1,27 euros. Le groupe aannoncé ce matin la finalisation de la ces-sion de ses activités européennes à la socié-té de services informatiques Steria pour190 millions d’euros. L’action Steria recu-lait de 2,28 %, vendredi, à 34,3 euros.b L’action France Télécom reculait de3,71 %, vendredi matin, à 35,58 euros. Fran-ce Télécom céderait sa part dans FT1CI, quidétient 22 % de STMicroelectronics, à CEA-Industrie d’ici la fin de l’année, selon La Tri-bune de vendredi, qui cite une source pro-che de Bercy. Le quotidien précise que laparticipation de France Télécom « vaut3,4 milliards d’euros, alors qu’elle est inscriteà 785 millions d’euros dans les comptes ».

VALEURS FRANCE

F I N A N C E S E T M A R C H É S

Page 18: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

L’EXPLOSION des vols de télé-phones mobiles est telle qu’ilsinfluencent, à eux seuls, les statisti-ques de la délinquance en France.L’ampleur du phénomène conduità s’interroger sur cette nouvellepratique. S’agit-il d’une simpleconséquence de la mode desobjets nomades de plus en plussophistiqués ? Comment lesvoleurs exploitent-ils leur butin ?Existe-il des parades et, en particu-lier, des solutions techniques per-mettant de mieux protéger lesabonnés ?

En 2000, environ 20 000 GSMont été dérobés à Paris. Et cetteannée, les chiffres du premiersemestre montrent une progres-sion de 12 % de ces délits qualifiés,en majorité, de vols avec violence.En effet, les détrousseurs prati-quent essentiellement la techni-que du vol à l’arraché, profitant dela vulnérabilité des utilisateurs deGSM lorsqu’ils sont en action, télé-phone collé à l’oreille.

« Il s’agit, la plupart du temps, devols improvisés, sans prémédita-tion », indique Frédéric Dupuch,commissaire divisionnaire, chefdu service de prévention, d’étudeset d’orientation antidéliquance àla Préfecture de police de Paris. Sices actes impulsifs sont favoriséspar la prolifération des téléphonesmobiles dans les grandes villes, ilsne peuvent s’expliquer que si leursauteurs ont les moyens d’en tirerprofit.

Plusieurs conditions doiventêtre remplies pour utiliser un télé-phone GSM subtilisé à son pro-priétaire. Le vol à l’arraché permetde franchir l’obstacle du code PIN(Personal Identification Number).En effet, pendant une communica-tion, cette barrière est forcémentlevée car elle a été débloquée lorsde la mise sous tension du télépho-ne. Le second verrou, la carte SIM(Susbriber Identity Module), quicontient toutes les informationsrelatives à l’abonné (numéro, type

d’abonnement, options…), conti-nue à fonctionner jusqu’à la décla-ration de vol à la police. La victimecommunique alors son numéro detéléphone aux autorités qui letransmettent à l’opérateur (Oran-ge, SFR ou Bouygues Telecom)concerné. Aussitôt, la carte SIMest désactivée.

FAILLE DE TAILLE« Bon nombre de voleurs se con-

tentent d’une utilisation limitée audélai précédant la déclaration »,note Frédéric Dupuch. En moinsd’une heure, il est possible de pas-ser quelques appels qui, s’ils tou-chent l’international, peuventcoûter cher à la victime. Uneexploitation brève des téléphonesvolés confirmée par la flambée dunombre de mobiles rapportés auBureau des objets trouvés, ruedes Morillons, à Paris : 5 000 l’andernier, soit le quart des vols.

Ce mode d’utilisation n’est pasle seul débouché d’un mobiledérobé. Une fois la carte SIM inva-lidée par l’opérateur, le receleurpeut en effet utiliser son appareilen changeant d’abonnement ouen souscrivant une formule detype Mobicarte d’Orange. Les« perfectionnistes » vont jusqu’àdérober une facturette de cartebancaire afin de recharger gratui-tement le compte.

De telles pratiques ne sont possi-bles que grâce à une faille de tailledans le système de sécurité duGSM. En effet, les téléphones malacquis continuent à se connecterau réseau comme s’ils échappaientfatalement à toute détection. Or, iln’en est rien. Lorsqu’il est en fonc-tionnement, un mobile GSM émetdeux identifications : le numérod’abonné (06…) et le numéro desérie de l’appareil lui-même(IMEI : International Mobile Equipe-ment Identity). En général, lors dela déclaration de vol, la victime,ignorant le second, ne communi-que à la police que le premier

numéro. Néanmoins, l’opérateurpeut facilement établir le lien entreles deux identifiants. Au momentoù il interdit l’accès au réseau aunuméro de l’abonné détroussé, ilpourrait également bloquer la con-nexion de l’appareil lui-même.

UN FICHIER IGNORÉToute utilisation ultérieure, avec

un nouvel abonnement ou un sys-

tème de prépaiement, serait alorsimpossible. « Ce qu’il nous fau-drait, pour faire baisser les vols,c’est une base de données qui per-mette de vérifier, lors de la con-nexion du téléphone, que le numéroIMEI déclaré sur le réseau n’est pascelui d’un appareil volé », réclameFrédéric Dupuch. Une demandelégitime mais surprenante car untel fichier central existe déjà...

Baptisée EIR (Equipment IdentityRegister), la base de données estgérée par la GSM Association, uneassociation située en Angleterre àlaquelle adhère un grand nombred’opérateurs internationaux. Ellecontient tous les numéros IMEIdes téléphones portables fabri-qués dans le monde ainsi qu’uneliste des numéros déclarés volés.Tous les opérateurs membres del’association peuvent téléchargerles données contenues dans labase EIR et accéder ainsi auxnuméros IMEI des téléphonesvolés déclarés au niveau internatio-nal. Or ils semblent peu nombreuxà faire appel à ce moyen radical deprotection de leurs abonnés con-tre le vol.

En France, les trois opérateursfont partie de la GSM Association.Interrogé au sujet de la base EIR,SFR ne s’est pas exprimé. De leurcôté, Orange et Bouygues Telecomaffichent leur surprise face à l’ exis-tence du fichier. Le premier recon-naît néanmoins que « le numéroIMEI est idéal pour pouvoir bloquerun téléphone mobile à distance » et

explique même que « des recher-ches sont menées dans ce sens »mais qu’elles « se heurtent à des dif-ficultés ». De son côté, BouyguesTelecom, malgré son ignorance dela base EIR, a mis en place un systè-me qui lui est propre et qui fonc-tionne à partir des numéros IMEIdes téléphones abonnés à sonréseau. « Le mobile volé est déclaréinvalide dans notre base de donnéesdès que le client fait opposition,explique-t-il. Mais nous n’avons ledroit d’intervenir que sur les con-nexions à notre réseau. Si nos con-currents n’ont pas de système équi-valent, le voleur peut se connecter àleur réseau en changeant la carteSIM et le téléphone sera utilisable. »

LE CHOIX DE L’ASSURANCESans parler des téléphones volés

à l’étranger ou dérobés en Franceet utilisés hors des frontières. Eneffet, les numéros IMEI des télé-phones subtilisés aux abonnés deBouygues Telecom, ne semblentpas transmis à la GSM Associationet ne sont donc pas accessibles auxautres opérateurs européens.

Pour toute parade contre les ris-ques de vol, Orange, BouyguesTelecom et SFR se contentent deproposer une police d’assurance« qui couvre les frais de remplace-ment du combiné… »

Cette stratégie rend fatalementattractif le vol de téléphones mobi-les. Voleurs ou receleurs ne sontinquiétés que si la police vérifie lenuméro de série de leur téléphone.Autant dire jamais.

Les adeptes de la communica-tion nomade restent vulnérables,risquant le traumatisme, voire lesblessures causées par la violencedes vols à l’arraché. Ce dangerdevrait convaincre les opérateursd’utiliser tous les moyens exis-tants pour mieux protéger leursabonnés.

Michel Albergantiet Frédéric Bourg

« Tu sais, c’est interdit... Tu cherches quoi, comme modèle ? »

L’avenir : des appareils jetablesaux capteurs biométriques

LES PUCES de la porte de Montreuil, àParis. La foule est dense dès la sortie du métro.Partout, des groupes discutent et l’on vendouvertement des épis de maïs grillés, plus dis-crètement des bijoux, montres, chemisettes demarque et un grand nombre de recharges pourtéléphones mobiles sans abonnement.

« Police ! Pardon, pardon ! » Bousculades,deux CRS encerclent rapidement un vendeur àla sauvette. Entre ses mains, un carton où trô-ne un téléphone portable.

Un peu plus loin, de l’autre côté du périphéri-que, les allées du marché aux puces sont bon-dées. Quelques touristes, perdus dans cettemarée humaine. Vêtements, CD d’occasion,surplus de l’armée, outils de bricolage, on trou-ve à peu près tout dans les quatre allées parallè-les des puces de Montreuil, moins policées quecelles de Saint-Ouen.

Parmi les étalages, ceux qui vendent desaccessoires de téléphone portable (kits piéton,coques de rechange, batteries ou chargeurs)

ne manquent pas. Les clients non plus. Enrevanche, aucun mobile d’occasion en vue.« Vous avez des téléphones portables d’occa-sion ? » La question, formulée à mi-voix, reçoitune réponse ambiguë :

– Non, c’est interdit, tu sais. Peut-être plus pro-fond dans le marché, mais moi, je ne sais pas… »

Au cœur des puces, les allées se font plusétroites et les articles vendus plus originaux :phares de voiture, bric à brac indescriptibled’objets récupérés, là des DVD d’occasion, unpeu plus loin des articles religieux, « Le Coranexpliqué » en 3 cassettes, audio ou vidéo.

La foule s’écarte et laisse passer une charret-te à bras couverte de menthe, persil et basilic.Sur un autre étalage d’accessoires pour porta-ble, mêmes marchandises, même question,même réponse ou presque :

« Tu sais, c’est interdit… », puis « Tu cherchesquoi comme mobile, chef ? »

– Un modèle assez récent, avec vibreur, petit,qui se plie…

– Si tu veux, je peux t’avoir un Siemens S35. Ilest superbe. J’ai même des coques de rechange.Tu peux revenir quand ? »

Rendez-vous est pris pour le lendemain,même endroit, même heure. Mais, finalement,l’objet convoité se sera envolé avant, déjà ven-du à un amateur plus rapide.

« Où est-ce que je peux en trouver un autre ?– Va voir à la sauvette, près du métro. Tu trou-

veras, mais ne prends pas le Ericsson T..., tu ris-ques de te faire avoir, il fonctionne mal parfois etles vendeurs ne sont pas fiables... »

Merci pour le conseil. A la sauvette, eneffet, on en trouve. Mais il faut aller de grou-pe en groupe, demander discrètement. Rienqui ressemble à un trafic organisé ou à unmarché parallèle. C’est l’occasion qui fait levendeur. Les reventes se font souvent entreamis. Quelques rares exemplaires échouentaux puces.

Fr. Bo.

Une base de données mondiale des GSM dérobés

Les voleurs de téléphones mobiles profitent d’une négligence des opérateursAlors qu’ils disposent d’un outil informatique pour bloquer la connexion des appareils dérobés au réseau GSM, les opérateurs français de téléphonie mobile

négligent son utilisation. Une base de données internationale référence en effet tous les portables fabriqués et inscrit ceux qui ont été volés sur une liste noire

Face aux vols de téléphones mobiles, la police néerlandaise a déci-dé d’agir. Elle piste les numéros IMEI des téléphones portables décla-rés volés et identifie les nouveaux numéros de téléphone qui leursont associés. Un logiciel développé par les policiers eux-mêmesenvoie alors sur le GSM dérobé, toutes les 10 minutes, des SMS(petits messages en texte) sans ambiguïté : « Ce téléphone a été volé.Son achat ou sa vente est un délit. Signé : La police. » En 6 mois, les volsde téléphones à l’arraché ont chuté de 52 % à Amsterdam…

Suite à cette spectaculaire réussite, la police britannique a envisa-gé de mettre en place ce système, en adaptant toutefois le messa-ge au style britannique: « Vous êtes en possession d’un téléphone volé.Rapportez-le, s’il vous plaît, au poste de police le plus proche ou vousserez arrêté. Cordialement, la police. » Pour l’instant, il n’existe pas deversion française de cet exercice de style inédit qui met la police ensituation de s’adresser directement aux voleurs.

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TECHNOLOGIE Tandis que lesvols de téléphones portables explo-sent, les opérateurs sous-exploitentles systèmes de protection existants.b UNE BASE de données internatio-

nale référence tous les numérosd’identification des combinés ettient à jour la liste noire des porta-bles volés. b LES OPÉRATEURS fran-çais ne font pourtant pas appel à cet

outil informatique et se contententd’offrir une police d’assurance con-tre le vol à leurs clients. b LES ABON-NÉS risquent ainsi de subir les violen-ces causées par le vol à l’arraché, la

technique la plus pratiquée par lesdélinquants. b LE BLOCAGE de l’ac-cès aux réseaux des téléphonesvolés, que permet l’exploitation dela base de données, limiterait consi-

dérablement le nombre de vols. AAmsterdam, ils ont chuté de moitiégrâce à l’envoi par la police de mes-sages d’alerte aux utilisateurs deportables dérobés.

b IMEI (International MobileEquipment Identity) : numéro uniqueidentifiant le téléphone, encomposant sur le clavier le numéro*#06#.b EIR (Equipment Identity Register) :base de données contenant la liste detous les numéros IMEI des téléphonesportables construits dans le monde.b IMSI (International MobileSuscriber Identity) : numérod’identification de l’utilisateurcontenu dans la carte SIM.b Code PIN (Personal IdentificationNumber) : code personnel secretd’identification demandé à chaqueutilisation.b Code PUK (Personal UnblockingKey) : code secret débloquant la carteSIM après l’entrée de trois codes PINerronés.b Carte SIM (Subscriber IdentityModule) : carte à puce identifiantl’utilisateur sur le réseau utilisé etconservant en mémoire certainesdonnées comme le répertoire.

« Vous êtes en possession d’un appareil volé… »

LES CONSTRUCTEURS prépa-rent de nouveaux appareils quipourraient renforcer la sécuritéanti-vol des téléphones portables.

Les solutions d’avenir font appelà la commercialisation d’appareilsjetables et à l’intégration de contrô-les biométriques dans les modèlesclassiques.

Annoncé depuis plusieurs moispar la firme Dieceland, le portablejetable devrait finalement sortir àla fin de l’année aux Etats-Unis. Ilaura le format « carte de crédit »,sera muni d’un clavier, d’une fineantenne et d’un kit piéton. Pourl’équivalent de 150 F (23 ¤), l’acqué-reur pourra téléphoner 60 minuteset n’aura ensuite d’autre choix quede le jeter avant de le remplacer.D’autres firmes américaines con-currentes, Hop-on- Wireless etTelespree, ont également en projetdes produits similaires sans clavierni écran et avec une numérotationpar commande vocale… Sans résou-dre le problème du vol, cette cartetéléphonique améliorée en limiteles préjudices pour la victime.

Une autre protection consiste àrenforcer les sécurités intégrées aucombiné. Ainsi, le prototypeMC 959 ID de Sagem dispose, surla batterie, d’un capteur d’emprein-tes digitales. Au lieu d’utiliser uncode, le propriétaire pose son doigtsur le le dos de l’appareil. Le procé-dé est élégant mais il ne résoudrale problème du vol à l’arraché ques’il faut s’identifier avant toutappel.

En attendant ces innovations,l’amateur de communicationsnomades peut se rabattre sur dessolutions plus immédiates. Le sim-ple recours au kit piéton ne coûtequ’entre 50 F et 200 F (7,6 à 30,5 ¤).Le combiné dans la poche, l’écou-teur judicieusement placé dans

l’oreille, les risques de se faire arra-cher le combiné des mains sont net-tement plus faibles. En prime, lecerveau de l’utilisateur échappeaux ondes émises par le téléphone.

Enfin, à défaut de lutter efficace-ment contre le vol, les opérateursproposent des assurances à leursclients. Les abonnés à Orange et àBouygues Telecom peuvent con-

tracter une police auprès de Gras-Savoye. Ceux de SFR auprès de Sia-ci. Pour environ 20 F (3 ¤) parmois, le téléphone est garanti con-tre le bris ou le vol.

« Déclaration téléphonique faite,le remplacement ou le rembourse-ment du nouveau téléphone [seloncontrat] est effectif dans les 48 heu-res », assure Vivien Lebègue, direc-teur adjoint du département ban-que et distribution d’assuranceauquel est rattachée la téléphoniechez Gras-Savoye.

Orange précise néanmoins queles clients assurés ne représententaujourd’hui qu’une infime fractiondes abonnés. Mais il n’exclut pasque ce taux avoisine les 20 à 30 % àl’avenir. Un marché d’autant plusprometteur que les opérateurs fran-çais n’exploitent pas tous lesmoyens techniques disponiblespour dissuader les voleurs.

Fr. Bo.

A U J O U R D ’ H U I

Une batterie de codes

LA BASE de données EIR (Equip-ment Identity Register), gérée parla GSM Association depuis Dublinet Londres, contient les informa-tions permettant d’empêcher untéléphone portable volé de se con-necter au réseau GSM. Elle est eneffet composée de deux listes : la lis-te blanche, alimentée par lesconstructeurs qui fournissent lesnuméros IMEI (International Mobi-le Equipment Identity) de tous lesportables qu’ils commercialisent, etla liste noire, alimentée par les opé-rateurs avec les numéros IMEI desappareils déclarés volés dans lemonde entier.

Pour accéder au réseau d’un opé-rateur de téléphonie mobile, le por-table émet son numéro IMEI. L’opé-rateur peut alors vérifier, grâce à laliste noire de l’EIR, s’il s’agit ou nond’un appareil volé . Si tel est le cas,le téléphone mobile est déclaré« non valide » sur le réseau et sa

connexion est refusée. Le combinédevient alors inutilisable.

Un tel scénario suppose que cha-que opérateur dispose de la listedes numéros IMEI des combinésvolés. Pour cela, le plus simple estde faire appel à la base EIR, quicontient les informations prove-nant de l’ensemble des opérateurs.Ces derniers, pour que le systèmesoit efficace, doivent, bien entendu,communiquer à la GSM Associa-tion la liste des numéros IMEI destéléphones qui ont été volés à leursabonnés. Ainsi, l’organisme peutmettre à jour ses données.

UTILISATION OPTIONNELLELa limite de la base EIR réside

dans le caractère optionnel de sonutilisation, qui reste « à la discrétionde l’opérateur, indique JamesMoran, directeur du départementfraude et sécurité de la GSM Asso-ciation. Chaque opérateur est libre

de télécharger l’ensemble des don-nées des listes blanche et noire pourmettre en place cette sécurité… Cequ’aucun opérateur français nefait ».

Pourtant le recours à la base EIRpermet de mettre à l’index non seu-lement les téléphones volés en Fran-ce mais également dans le reste dumonde. Les opérateurs s’affranchi-raient ainsi de la maintenanced’une base de données propre forcé-ment incomplète puisqu’elle ne con-cerne que les téléphones volés àleurs abonnés et tentant d’utiliserleur réseau.

La GSM Association, créée en1987 pour coordonner la mise enplace des réseaux GSM, regroupeplus de 400 opérateurs nationauxrépartis dans 171 pays. Les opéra-teurs français en font partie maisn’utilisent pas son potentiel.

Fr. Bo.

Le portable jetabledevrait finalementsortir à la finde l’annéeaux Etats-Unis

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LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

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LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 19

ANKARA,de notre envoyé spécial

Alain Weisz a été l’adjoint deJean-Pierre De Vicenzi pendanttrois ans (1997-2000). Il était à soncôté quand l’équipe de Frances’est adjugé la médaille d’argentaux Jeux olympiques de Sydney.

« Qu’avez-vous appris auprèsde Jean-Pierre De Vincenzi pen-dant la période où vous avez étéson adjoint ?

– D’abord que le métier de sélec-tionneur national n’a pas grand-chose à voir avec celui d’entraî-neur de club. La différence princi-pale tient à un problème spécifi-que : celui des frustrations. Enéquipe de France, les joueurs nesont pas habitués à être rempla-çants ou avoir des temps de jeuréduits. Ils sont en général lesmeilleurs joueurs de leurs clubs etont souvent des ego supérieurs àla moyenne. Ils ont des salairesimportants qui les situent dansune certaine hiérarchie et sontconfrontés en permanence à desenjeux d’image personnelle.Accepter l’idée de moins jouern’est pas facile pour certains. Ilfaut rester très vigilant face à cettefrustration. Une équipe peut sedétruire toute seule si on n’yprend pas garde.

– Ce constat vous a-t-il guidépour composer le groupe de dou-ze joueurs qui participent àl’Euro 2001 ?

– Oui. Dans une équipe nationa-le, il faut les meilleurs, mais passeulement. Il faut aussi desjoueurs plus discrets et des « spé-cialistes ». J’en ai retenu trois : EricMicoud pour son adresse au tir,Makan Dioumassi pour la qualité

de sa défense et Vasco Evtimovpour sa puissance sous les pan-neaux. Je ne crois pas au mirage dela « Dream Team » qui consiste àprendre les douze meilleures indi-vidualités du moment et à les met-tre sous un même maillot, sanspouvoir exercer le moindre contrô-le. L’expérience montre que lesqualités des uns et des autres seneutralisent au lieu de s’ajouter auprofit du collectif. On touche là aumystère des sports collectifs. Pourcet Euro, mon idée a été de pren-dre des joueurs complémentaires.

– Reste que les circonstancesdu moment vous ont conduit àcette orientation. Les blessuresde Moustapha Sonko et YannBonato, la retraite anticipéed’Antoine Rigaudeau, à la suitedu conflit sur les primes qui aopposé les internationaux à laFédération française de basket-ball (Le Monde du 31 août),n’étaient pas prévues.

– Le basket-ball français estaujourd’hui confronté à des pro-blèmes d’enjeux personnels. Pourcertains joueurs, participer à unecompétition internationale vadésormais à l’encontre d’intérêtsprivés. On peut en effet se blesserlors d’un Euro, on peut égalementêtre mauvais, cela arrive. Face àces risques, certains pensent qu’ilvaut mieux rester chez soi et nepas chercher à se remettre en cau-se. Comme les clubs sont devenusplus puissants que les fédérations,je pense que les équipes nationa-les vont de plus en plus servir derévélateur pour des joueurs moinsreconnus. Il faut que la FIBA(Fédération internationale de bas-ket-ball) se penche sur la ques-

tion. Dans le football, lesmeilleurs joueurs font des pieds etdes mains pour être en équipenationale.

– Qu’attendez-vous, sur leplan du jeu, de cet Euro 2001 ?Sera-t-il ultradéfensif, commeon le dit ?

– Sans doute. Comme les équi-pes nationales n’ont pas le tempsde peaufiner leur jeu collectif,elles se rabattent plus facilementsur des options défensives. Il estvrai aussi que les récentes évolu-tions morphologiques des joueursont un peu généralisé cette ten-dance, et pas seulement dansnotre sport. Par tradition, les bas-ketteurs français sont plutôt desjoueurs qui courent et qui sau-tent ; dans d’autres pays, on voitplutôt des joueurs qui « pous-sent ». Personnellement, ce n’estpas le basket que j’apprécie leplus. Dans un sport collectif, lesactions de puissance sont rare-ment les plus esthétiques.

– La médaille d’argent rempor-tée par l’équipe de France auxJeux de Sydney n’a-t-elle pasdémontré que la course auxkilos ne faisait pas tout ?

– Si. Il y a toujours une placepour la french touch. Reste que,face à des équipes plus puissantes,il faut faire plus d’efforts. Dans lesprogrammes de détection que laFédération française a menés cesdernières années, on a cherchédes joueurs de grande taille. Il vafalloir maintenant chercher descostauds.

– L’intégration du surdouéTony Parker, dix-neuf ans, doit-elle être considérée commeune aubaine pour l’équipe deFrance ?

– Je ne peux pas dire cela car ceserait injurieux à l’égard de Lau-rent Pluvy, qui a dû renoncer àl’Euro en raison d’une blessure etqui a été remplacé par Tony Par-ker. Il va s’agir, pour Tony, de sapremière grande expérience. Jesuis impatient de voir commentcela va se passer. S’il devait brillerlors de cet Euro, ce serait la preuved’un caractère exceptionnel. Tonyest très apprécié. A l’inverse deTariq Abdul-Wahad (Denver) et deJérôme Moïso (Philadelphie), quiont intégré avant lui la NBA, il nes’est pas coupé du basket français.

– On a du mal à évaluer cetteéquipe de France. Un scénariocatastrophe – une éliminationprécoce – est-elle envisageable ?

– Cette compétition est la plusserrée et la plus relevée qui existe,c’est aussi la plus belle de l’histoirede notre discipline. Le basket fran-çais reste sur un moment sacré,celui des Jeux olympiques. Je veuxque mes joueurs aient commeadversaire le spectre de Sydney. »

Propos recueillis parFrédéric Potet

Globe-trotter, Vasco Evtimov a mis ses 2,08 m au service des Bleus

L’équipe de France de basket-ball devait affron-ter l’équipe d’Israël, vendredi 31 août à Ankara,au premier jour du championnat d’Europe. Dans

une interview au « Monde », le sélectionneurdes Bleus décrit comment il a composé son effec-tif, malgré les nombreuses défections, et ce qu’il

attend de cette compétition. Il mesure égale-ment l’évolution du jeu et des mentalités dans lebasket français au cours des dernières années.

ALAIN WEISZ

NEW YORKcorrespondance

« Je n’en peux plus, mon bras estmort. Avec les boulets qu’il lâche, c’estcomme si j’encaissais des chocs d’unetonne. » Le visage grimaçant, TarikBenhabilès, entraîneur du prodigeaméricain Andy Roddick, masse sonavant-bras douloureux. Tout aulong d’un vigoureux entraînementde soixante minutes, il a encaissédes coups d’une rare violence.« Cela va trop vite, maintenant, je suistrop vieux pour ça », renchérit l’an-cien joueur français, âgé de trente-sept ans. A observer la formidableénergie développée par son protégé,il est facile de comprendre les rai-sons de ses « souffrances ».

Bel athlète de 1,85 m pour 85 kg,tout juste âgé de dix-neuf ans (il lesa fêtés jeudi 30 août), Andy Roddickest la nouvelle vedette du tennismasculin. Vainqueur de trois tour-nois cette saison (Atlanta, Houston,Washington), le natif d’Omaha(Nebraska) est aussi le symbole durenouveau du tennis américain. Unphénomène surprenant si l’on consi-dère que l’année dernière, à lamême époque, le garçon affichaitune modeste 332e place au classe-ment ATP. « Au début de l’année, lebut était d’entrer dans les 60 pre-miers, explique son entraîneur. Il adépassé cet objectif, mais je ne suispas étonné. Je pense qu’il va continuerà progresser au classement. »

Champion du monde juniors,« A-Rod » (son surnom) espère pro-longer sa domination dans la catégo-rie supérieure grâce à un servicedétonant et à une palette de coupsde fond de court surpuissants. « Il aun énorme service, analyse le joueurfrançais Fabrice Santoro. Je le classe-rais au même niveau que celui dePete Sampras et de Goran Ivanisevic.Sa première balle est même plus rapi-de que celle d’Ivanisevic. » Distillantdes salves pouvant atteindre222 km/h, l’Américain s’appuie surun physique hors norme. En juin,lors de sa victoire au deuxième tourde Roland-Garros sur MichaelChang, l’insolent avait décoché37 aces, le record pour un tournoisur terre battue.

« Il a des qualités naturelles, avecune colonne vertébrale hypersoupleet un corps élastique, déclare TarikBenhabilès. Cela lui permet de déga-ger une puissance phénoménale, unpeu comme un lanceur de javelot. »Ainsi doté, Andy Roddick s’est érigéen tombeur de têtes. Depuis jan-vier, il a battu Pete Sampras, CarlosMoya, Marcelo Rios et GustavoKuerten, qui ont tous occupé unjour ou l’autre la place de numéro 1mondial.

Nouvel arrivant dans la généra-tion « new balls », l’Américain se dis-tingue par une énergie et une joie dejouer peu communes. « C’est unguerrier, il aime repousser ses limi-tes », constate Fabrice Santoro.Capable des débordements les pluspassionnels, le jeune homme, à l’ins-tar d’un Jimmy Connors, est vitedevenu l’un des favoris du public.

« Je suis très émotif et je dégagebeaucoup d’énergie. La foule captecette émotion et se sent en commu-nion avec moi, reconnaît-il. Al’US Open, cela a une importancecapitale : le public va se nourrir demon énergie et me soutenir à fond. »

Ces manifestations d’humeur nesont pas du goût de tous. Soncomportement à l’issue de son suc-cès contre Michael Chang – de joie,il avait déchiré son maillot – avait provoqué l’ire de plusieursvétérans du circuit. « J’apprécie sonenthousiasme tant que cela ne dépas-se pas les limites, mais, parfois, il enfait un peu trop », reconnaît l’entraî-neur d’Arnaud Clément, PhilippeRosant. Un jugement tempéré parArnaud Clément lui-même : « Il estun peu tout fou sur le court, maisc’est parce qu’il est jeune. Quand ilsaura se canaliser, il sera encore plusfort. »

« LUI LAISSER SA GAIETÉ »Une évolution également souhai-

tée par Tarik Benhabilès. Toutefois,ce dernier ne veut nullement briderles élans de son poulain : « Il ne fautpas en faire une espèce de robot. L’es-sence même du sport, c’est d’être heu-reux. Il faut lui laisser cette joie devivre, cette gaieté, cette envie de rire,de s’exploser. »

Son insouciance n’empêche pas« A-Rod », tête de série numéro 18,d’être un outsider de cet US Open,dont il disputera le deuxième tourvendredi 31 août. Son entraîneurpréfère attendre la fin de la premiè-re semaine pour juger des possibili-tés de son joueur.

Considérant le jeune âge de cedernier, Philippe Rosant reste trèsprudent : « Il peut bien jouer àl’US Open, mais manque un peu d’ex-périence pour aller au bout. Il se livretellement que je ne suis pas sûr qu’ilpuisse conserver la même énergiependant quinze jours, jusqu’à la findu tournoi. » Tarik Benhabilès refu-se également de s’enflammer :« Roddy a encore beaucoup de tra-vail à effectuer. Il est jeune et n’estqu’à 30 % de son potentiel. De plus, iln’a pas encore achevé sa croissance.D’après les médecins, il devrait enco-re prendre deux à trois centimètres.Cela va l’aider un peu plus pour le ser-vice. » De nouvelles souffrances enperspective pour le bras de sonentraîneur.

Pascal Giberné

Alain Weisz, entraîneur de l’équipe de France de basket-ball

« Le basket français est aujourd’hui confrontéà des problèmes d’enjeux personnels »

VASCO EVTIMOV, malgré un physique decolosse (il mesure 2,08 m), n’en est pas moinsun homme ordinaire, doté de sensibilité.Quand il a appris, avec satisfaction, le 19 août,qu’il figurait dans le groupe tricolore de douzejoueurs retenus pour l’Euro 2001, il n’a pu évi-ter un pincement au cœur en réalisant qu’il pri-vait ainsi Thierry Rupert, son ami mais aussison concurrent direct au poste d’intérieur, duchampionnat d’Europe qui débute ce vendredi31 août.

Le Franco-Bulgare, 24 ans et 14 sélectionsinternationales au compteur, est un garçonpondéré et apprécié par ses compagnons. Par-fois nostalgique de son pays natal, des vastesétendues du parc national de Vitocha, au sudde Sofia, où il aimait se promener, et des par-ties de pêche avec ses amis bulgares, il atrouvé en la personne du sélectionneurnational, Alain Weisz, un interlocuteurattentif : « Je peux parler avec lui quand certai-nes choses m’inquiètent », dit-il dans un fran-çais excellent. Vasco Evtimov, l’esprit enfinlibéré depuis l’annonce de la sélection françai-se, espère donner sa pleine mesure en Tur-quie. Car le joueur a besoin de sérénité pours’exprimer.

A la fin de la saison dernière, son club deMaroussi (Grèce), avec lequel il avait rempor-té la Coupe Saporta, a engagé un autre joueur

au même poste que le sien. Déçu par ce qu’il ainterprété comme une marque de défiance, lejeune homme a préféré rejoindre le club ita-lien du Fortitudo Bologne, où il espère retrou-ver un contexte plus favorable.

TRAVAIL ET HUMILITÉCe fils d’un ancien basketteur professionnel

(son père a joué en Nationale 2 en France)considère l’honnêteté comme une qualitéessentielle, ce qui lui permet d’avoir unregard critique sur ses propres performances,parfois en demi-teinte en équipe de France. Ilsait que seuls le travail et l’humilité peuventlui permettre de s’imposer à un poste oùl’homme doit accepter de se mettre au servicedu collectif : « Dans une équipe, chacun a sonrôle. Le mien est de défendre, de prendre lesrebonds et d’intercepter les ballons »,explique-t-il.

Vasco Evtimov a mené depuis douzeannées une existence de globe-trotter : « J’aivécu à Sofia jusqu’à l’âge de douze ans, puis j’aisuivi mon père, qui venait jouer au basket enFrance. En fait, je suis né dans une salle desport », sourit-il.

Même s’il en porte désormais les couleurs,il ne garde de son premier passage en Francequ’un souvenir lointain : à l’âge de seize ans,il s’envole pour les Etats-Unis. Il y découvre le

milieu universitaire américain, en Caroline duNord, mais ne parvient pas à s’imposer réelle-ment au sein de l’équipe universitaire.

Jugeant son temps de jeu trop faible, il pré-fère rejoindre le club de Pau-Orthez, en1997-1998, dans le cadre de son service militai-re : « Jouer aux Etats-Unis est une très belleexpérience, mais il fallait que je commence àgagner ma vie. » Après une saison dans leBéarn, le voici reparti pour la Grèce, où il évo-lue dans un premier temps à Dafni, avant derejoindre Maroussi. Ces allées et venues n’ontcertainement pas facilité son intégration ausein de l’équipe de France et ses rapports avecJean-Pierre de Vicenzi, le prédécesseurd’Alain Weisz. « Certains entraîneurs ont plusd’affinités pour des joueurs que pour d’autres.Mais c’est du passé », dit-il pudiquement.

Il ne s’est même pas offusqué de sa non-sélection pour les Jeux de Sydney, affichantun soutien sans faille à l’équipe de France,vice-championne olympique : « Ce qu’ils ontfait aux Jeux olympiques était génial. J’ai vécul’événement de loin, mais j’étais avec eux. »Depuis janvier, il est de retour dans le groupeFrance. Il pourrait y prendre une place pré-pondérante si, comme le souhaite le sélection-neur national, « il apporte sa présence physi-que sous les paniers ».

Yohann Hautbois

Andy Roddick, le chien foudu tennis américain,

commence à faire des dégâtsIl est le chouchou du public de l’US Open

a TENNIS : le Russe Marat Safin,vainqueur l’an passé, s’est qualifiédifficilement pour le 3e tour de l’USOpen, jeudi 30 août, face au CroateIvan Ljubicic (7-6, 6-7, 7-6, 7-6). Qua-lification plus facile en revanchepour l’Américain Pete Sampras,vainqueur du Brésilien Andre Sa(7-6, 6-4, 6-3) tandis que le FrançaisFabrice Santoro s’est incliné face auBelge Xavier Malisse (0-6, 6-3, 3-6,2-6). Dans le tournoi féminin, lesFrançaises Sandrine Testud, AmélieMauresmo et Nathalie Tauziat sesont qualifiées pour le 3e tour.

A U J O U R D ’ H U I - S P O R T S

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20 / LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

Guide

Depuis trois ans, le couturier d’origine suisse, Michel Harcourt, achoisi de prendre le contre-pied de la mode globalisée en abritant samarque couture, A.R.T. WEAR dans un écrin insolite. Blottie dans lesecret d’une cour privée du 9e arrondissement de Paris, une anciennemenuiserie, reconvertie en atelier de sculpteur lui sert aujourd’huide showroom et de boutique. Entre église de marin et temple shinto,cette habitation aux deux étages en mezzanine souligne les corres-pondances esthétiques du vêtement et de l’architecture, chères aucouturier. Tout en arêtes, en patchwork de vitres et disques de verredépoli, panneaux d’acajou et fer brut, cet atelier évoque les matièresbrutes et masculines (drap de laine, popeline de coton…) qu’il aimetravailler. « Ce que j’aime dans le vêtement, c’est la coupe, les plans, lesangles droits et les jeux de transparence. Ici, les clientes prennent letemps d’apprécier les pièces des collections, plus accessibles. Car, expli-que celui qu’on a baptisé “ l’intellectuel de la mode ”, si, dans les défi-lés, 85 % des gens n’ont rien compris, ici, les vêtements, posés sur des cin-tres, font quasiment l’unanimité. »

e A.R.T.WEAR. Sur rendez-vous, tél. : 01-48-78-78-49.

Un modèlede la collectionautomne-hiver2001-2002 d’E2(photo en haut,à droite).L’atelierdu coiffeurDonato(photo ci-dessus).Chaque semaine,Stéphane Jacobprésentesur rendez-voussa collectiond’art australiendans l’appartementfamilial(photo ci-dessous).

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GALERIESb Arts d’Australie - StéphaneJacob. Chaque semaine, à partirde 20 h 30, Stéphane Jacobprésente sur rendez-voussa collection d’art australiendans son appartementdu 17e arrondissement.Tél. : 01-46-22-23-20 ;www.artsdaustralie.comb 5e Etage. A partir du27 septembre et pour un mois,la galerie présente une expositionconsacrée à la photographie avecdes artistes américains commeJohn Pilson, Nick Kline, DomenicaBucalo ou Kuling Siegel – qui atravaillé avec Francis FordCoppola. A partir de 1 500 F(228,67 ¤) la photographie. Ouvertles lundis et samedis de 11 heuresà 20 heures et du mardi auvendredi de 11 heures à 13 heureset sur rendez-vous.Tél. : 01-40-23-05-64.

COIFFEURSb L’Atelier de Donato. Aprèsavoir officié dans les backstagesdes plus grands défilés, Donatoaccueille une clientèleconfidentielle dans son atelier,situé à deux pas de la boutiqueColette. Compterenviron 500 F pour une coupe(350 F, 53,36 ¤ pour les moinsde 25 ans), et réserverune semaine à l’avance.Tél. : 01-40-20-45-18.

b Charlie en particulier. Dansson salon de coiffure décorécomme un boudoir orientalisant,Charlie, la « coiffeuse des stars »,met également à la dispositionde ses clientes des fauteuilsmassants, une manucure-pédicureet une maquilleuse.Sur rendez-vous.Tél. : 01-47-20-94-01.

MODEb E2. Un kilt rebrodé de paillettes,un ancien manteau Chanelcustomisé d’œillets et de chiffonde soie, dans un esprit gothique…Olivier et Michèle Chatenetréalisent une « couture surenvie » dans leur appartementdu 9e arrondissement.Sur rendez-vous.Tél. : 01-47-70-15-14.b Aurélie Larroque. Sur lemodèle des réunions Tupperware,la styliste Aurélie Larroqueorganise des ventes à domicile.Trente hôtesses présentent dansla capitale et en province lespetites pièces mode de lacréatrice. Showroom. Tél. :01-42-66-65-82. Pour le planningdes ventes, consulter le site :www. larroque.netb Echap’mode. Dans sonatelier-boutique, situé à deux pasde la rue Cambon, Jean-PierreTritz réalise, sous la marqueDerviche Création, des chapeauxsur mesure. Tél. : 01-42-60-11-18.

Couture sur cour

LIN

GFE

I

UNE EXPOSITION d’art contem-porain perchée au cinquième étaged’un immeuble haussmannien, unsalon de coiffure caché en fond decour, une boutique de vêtementsvintage en appartement…

A l’heure où multiplexes etmégastores rivalisent de moyens etde concepts futuristes pour redessi-ner le paysage urbain aux logos desmarques, galeristes, coiffeurs, cou-turiers ou stylistes invitent uneclientèle en mal de convivialité àpartager leur intimité. Pour échap-per à l’ennui des vitrines et des pro-duits répétitifs, sortir des circuitstraditionnels de vente, ces aventu-riers en appartement ont privilégiéla relation directe, transformant leconsommateur anonyme en clientami. Aujourd’hui, ils revitalisent latradition autrefois florissante desartisans en chambre, qui, dans lesecret des cages d’escalier, offi-ciaient pour les clients particulierset les maisons de couture.

Si, dans les années 1930, le pluscélèbre bijoutier de son temps, Boi-vin, avait refusé de troquer son éta-ge contre un pas de porte, aujour-d’hui encore un Raymond Mas-saro, le chausseur de la haute cou-ture, un Arturo Cifonelli, le tailleurqui officie pour Hermès, préfèrenttravailler chez eux comme n’impor-te quelle autre profession libérale.Dans les années 1980, les premiè-res galeries de la Bastille s’installè-rent en étage, tout comme une boî-te de nuit judicieusement baptiséeL’Appart. L’idée était dans l’air. « Acette époque, j’étais assistant chezAzzedine Alaïa, qui avait installé sonatelier-boutique dans un premierétage de la rue de Bellechasse. La sal-le à manger servait de stock et il n’y

avait même pas de cabined’essayage », raconte Olivier Chate-net. Depuis, l’homme a fondéla marque E2 – avec sa femme,Michèle, comme le nom le suggère–, spécialisée dans le détourne-ment de pièces vintage.

Depuis trois ans, ce duo créatifabrite une petite maison de cou-ture dans son appartement de140 mètres carrés. Au salon, entreportants, stockmen et tapis de four-rure, les Chatenet reçoivent leursclientes autour d’un verre, les invi-tant à s’attarder quelques heurespour fouiner dans la collection depièces vintage (minijupe Alaïa,manteau Chanel…) et de tissusanciens. C’est ainsi que, sans servi-ce de presse ni marketing, cetteentreprise a réussi à s’établir un car-net de commandes fourni.

UN BOUDOIR BAROQUE« Nos clientes sont assez cultivées

pour savoir ce qu’elles veulent. Etelles désirent autre chose que cequ’on leur propose habituellementen magasin », explique Olivier Cha-tenet. Car, comme pour riposter àla mondialisation, les consomma-teurs ne jurent aujourd’hui quepar le rare et le personnalisé. Sur-nommée dans les années 1990« coiffeuse des stars », Charlie tra-vaille depuis deux ans et demi dansson salon-appartement du16e arrondissement. Après avoircollaboré avec les photographesde mode et officié pour le « grandpublic » chez Alexandre de Paris –dans une cabine privée –, cette coif-feuse a imaginé avec l’architecteAlexandre Negoescu un boudoirbaroque aux murs tendus de soierose indien, où des angelots che-

vauchent une lampe art déco. « Jene voulais pas d’une vitrine où l’onaurait vu des gens avec des bigoudissur la tête. La beauté, c’est ce qui doitrester caché. Ici, on reçoit les clientscomme s’ils étaient invités chez desamis. Les salons traditionnels sontporteurs de business, pas d’amour »,explique cette femme d’affaires quine dispense pas son affection àmoins de 4 000 F (entre 700 F et1 000 F pour ses collaborateurs).

Dans un quartier plus stratégi-que, Donato, un autre coiffeur, neconsent à indiquer son salon quepar une simple plaque apposéesous le porche : « Atelier deDonato ». « Il y a un an et demi, cetendroit était encore bon marché. Enm’installant en fond de cour, je vou-lais que les clients me cherchent, ren-dre leur démarche plus active »,explique ce coiffeur qui a travaillépour la couture. Prêtés par desamis financiers, 400 000 F lui ontsuffi pour installer cet atelier, deve-nu depuis l’un des rendez-vousbranchés du quartier : on y croiseles vendeurs de Colette ou le roi dela nuit, Frédéric Tadéi. Remise enselle par le cocooning, la maisonest devenue l’étendard d’une nou-velle convivialité.

Aujourd’hui, les galeries ressusci-tent l’atmosphère des collectionsparticulières en s’installant enappartement. Dans le 17e ar- ron-dissement, Stéphane Jacob trans-forme sur rendez-vous le foyerparental en galerie d’art australien.Pendant que sa mère confectionne

des canapés, il présente la géogra-phie du pays et commente à sesinvités quelques-uns des 250 artis-tes qu’il représente, dans un espritplus proche du salon littéraire quede la vente par catalogue. « Pourstimuler les échanges, je n’hésite pasà mélanger les groupes d’invités.Lorsqu’il est question de sommesimportantes, le rapport de confianceest indispensable », explique legaleriste.

Le cas parisien est loin d’être iso-lé. A Vienne comme à New York,bien des galeries reçoivent enappartement. Aux Etats-Unis, leFuller Building superpose, faute desurface au sol, l’une des plus gran-des concentrations de galeriesd’art au mètre carré.

SUPPRIMER SES MEUBLESDe retour de la Grosse Pomme,

le galeriste Sébastien Cambray-Pellegrin n’a pas hésité à vider lesmeubles de son appartement poury ouvrir 5e Etage, une galerie d’artcontemporain. C’est là que, depuisquelques mois, il promeut des artis-tes américains encore mal connusen France. Il loue 15 000 F parmois ses 160 m2 – deux fois moinsque la même surface rue de Seine– et peut ainsi céder les œuvres àdes prix plus intéressants que ceuxqui sont pratiqués par ses confrè-res d’outre-Atlantique.

Cet esprit de réserve l’amène par-fois à baisser de moitié le pourcen-tage habituel que les galeries s’of-frent sur les artistes. Pour beau-

coup cependant, le commerce enappartement est une façon de fairede nécessité vertu.

A l’heure où les baux commer-ciaux flambent, des entrepreneursplus solides n’ont pas craintd’adopter la formule. Spécialisédans la sous-traitance des mai-sons de couture, Jean-Pierre Tritz,quarante-sept ans, a logé sa petiteentreprise de chapellerie dansl’atelier en étage d’une modiste.« J’ai choisi ce lieu parce qu’il exis-tait déjà un fond de commerce,avec une clientèle d’une centainede personnes, explique-t-il : « Jen’aurais pas survécu si je m’étais ins-tallé en boutique. »

Louise Roque

A U J O U R D ’ H U I - S T Y L E S

Créateurs en appartementLoin des vitrines et des mégastores anonymes,couturiers, coiffeurs ou galeristes renouent avecla tradition des artisans en chambre en accueillantune clientèle en quête de différence

Page 21: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 21

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MadridLisbonne

Séville

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Rabat

Tunis

Berne

Milan

RomeNaples

Athènes

Istanbul

Varsovie

Prévisionsvers 12h00

Ensoleillé

Peunuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brumebrouillard

Brèveséclaircies

Vent fort

Neige

PRPRÉÉVISIONS POUR LEVISIONS POUR LEVille par ville, les minima/maxima de températureet l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux;C : couvert; P : pluie; * : neige.FRANCE métropoleAJACCIOBIARRITZBORDEAUXBOURGESBRESTCAENCHERBOURGCLERMONT-F.DIJONGRENOBLELILLELIMOGESLYONMARSEILLE

NANCYNANTESNICEPARISPAUPERPIGNANRENNESST-ETIENNESTRASBOURGTOULOUSETOURSFRANCE outre-merCAYENNEFORT-DE-FR.NOUMEA

PAPEETEPOINTE-A-PIT.ST-DENIS-RÉ.EUROPEAMSTERDAMATHENESBARCELONEBELFASTBELGRADEBERLINBERNEBRUXELLESBUCARESTBUDAPESTCOPENHAGUEDUBLINFRANCFORTGENEVEHELSINKIISTANBUL

KIEVLISBONNELIVERPOOLLONDRESLUXEMBOURGMADRIDMILANMOSCOUMUNICHNAPLESOSLOPALMA DE M.PRAGUEROMESEVILLESOFIAST-PETERSB.STOCKHOLMTENERIFEVARSOVIE

VENISEVIENNEAMÉRIQUESBRASILIABUENOS AIR.CARACASCHICAGOLIMALOS ANGELESMEXICOMONTREALNEW YORKSAN FRANCIS.SANTIAGO/CHITORONTOWASHINGTONAFRIQUEALGERDAKARKINSHASA

LE CAIRENAIROBIPRETORIARABATTUNISASIE-OCÉANIEBANGKOKBEYROUTHBOMBAYDJAKARTADUBAIHANOIHONGKONGJERUSALEMNEW DEHLIPEKINSEOULSINGAPOURSYDNEYTOKYO

01 SEPTEMBRE 2001

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01 SEPTEMBRE 200101 SEPTEMBRE 2001

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HORIZONTALEMENT

I. Produit intérieur brut. - II.Pour manger quand la boucheest vide. Raccourci pour un spé-cialiste. - III. Bout de guimauve.Port et capitale européens. - IV.Où la Garonne prépare son lit.Baie nippone. Le titane. - V.Remarquable pour les jeunes.Vénéré à Thèbes. - VI. S’exposeen ville. Donnera du relief aucorps. - VII. Pourra toujours ser-vir. Vient d’avoir. Prend du plai-sir. - VIII. Prit la plume dans laPravda avant de prendre le pou-

voir. Principe fondamental. - IX.Ville du Cameroun. - X. Déjà ditun peu plus haut.

VERTICALEMENT

1. Salles d’attente avant l’en-trée en piste. - 2. Couverte delauriers. - 3. Ouvre la gamme.Attaquent gorges et poitrines. -4. Ont maintenant trouvé leurmaître. Nouvelle mesure àHongkong. - 5. Modèle réduitdans les airs. Le prix de la faute.- 6. Pousse à refaire. Déjà connu.Espion ou espionne ? - 7. Remet

sur le métier. Au bout du bout. -8. Surfaces agricoles. Fis un petitsomme après une bonne descen-te. - 9. Quart de peseta. Saintmanchois. - 10. En toute impu-deur. Passe à table en colère. -11. N’a besoin ni de décor ni demise en scène pour être chanté. -12. Comme une liste du person-nel.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU N° 01 - 204

HorizontalementI. Sempiternels. - II. Oréade.

Aimée. - III. Larrons. CA. - IV. If.Titulaire. - V. Pleines. Iles. - VI.Sucre. Pessac. - VII. IRA. Suède.Dé. - VIII. Serf. BCG. Cmn. - IX.Tapât. Cric. - X. Ensorceleuse.

Verticalement1. Solipsisme. - 2. Eraflure. - 3.

Mer. Ecarts. - 4. Partir. FAO. - 5.Idoines. PR. - 6. Tente. Ubac - 7.Suspecte. - 8. Ra. Edg.. - 9. Nicai-se. Ce. - 10. Emails. Cru. - 11. Le.Réadmis. - 12. Sénescence.

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Prévisions pour le 2 septembre à 0 heure TU

MOTS CROISÉS PROBLÈME NO 01 - 205

Situation le 31 août à 0 heure TU

PHILATÉLIE

LA POSTE mettra en ventegénérale, le lundi 10 septembre,un timbre – Yvette Guilbert chan-tant Linger, Longer, Loo – à1,02 euro (6,70 francs, soit le tarifd’une lettre de 50 à 100 grammespour le régime intérieur) de lasérie artistique consacrée au dessi-nateur, peintre, lithographe etaffichiste Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901).

Ce portrait de la chanteuse etartiste de cabaret – une huile surcarton conservée au Musée Pou-chkine, à Moscou –, qui date de1894, symbolise l’attrait de Tou-louse-Lautrec pour Montmartre,

où réside Cormon, dont il suit lescours, et où il s’installe dans sonpropre atelier en 1884.

En 1958 a paru un timbre à l’effi-gie du peintre, dessiné par MichelCiry, suivi en 1965 par la reproduc-tion d’une huile sur panneau detilleul datant de 1899 intituléeL’Anglaise du Star au Havre.

Le timbre, au format vertical36,85 × 48 mm, mis en page parAnne-Claude Paré, est impriméen héliogravure en feuilles detrente exemplaires.

La vente anticipée se déroulerales samedi 8 et dimanche 9 sep-tembre à Albi (Tarn), ville natale

de l’artiste, au Musée Toulouse-Lautrec, place Sainte-Cécile.

Pierre Jullien

A U J O U R D ’ H U I

Temps frais, agité sur l’Est

Retrouvez nos grillessur www.lemonde.fr

Yvette Guilbert, par Toulouse-Lautrec

EN FILIGRANEa NATIONS UNIES. L’administra-tion postale des Nations unies a misen vente, le 25 mai, huit nouveauxtimbres à 34 cents de la série « Dra-peaux » consacrés aux pays suivants,entrés à l’ONU entre 1992 et 1999 :Slovénie, Palau, Tonga, Croatie,Macédoine, Andorre, Kiribati et Nau-

ru. Ces derniers timbres portent letotal de drapeaux des Etats membresde l’ONU reproduits depuis 1980 à192 (APNU, palais des Nations,CH-1211, Genève 10, Suisse).a VENTES. Dix-huit lots ont dépas-sé l’enchère de 5 000 francs lors dela vente sur offres Caphila clôturéele 27 juin. D’Inde anglaise, le no 1B,1/2 a rouge sur petit fragment, part à40 010 francs. De France, trois essaisde repérage de la gravure sur trans-parents du tableau de Courbet attei-gnent 11 538 francs. Une rare « étoi-le 35 », plus cachet à date « Paris Sal-pêtrière » du 29 août 1865, sur10 centimes bistre, culmine à108 255 francs dans la vente sur

offres Lahitte-Marsanoux (Lyon) clô-turée le 29 juin. Parmi neuf enchèresà cinq chiffres, une bande de cinq du5 centimes vert vif azuré (no 53) surlettre avec cachets à date « bureaude passe » 1307 du 16 novembre1872 et de Dijon du même jouratteint 11 023 francs.A Puyloubier, la 69e vente à prix netsPatrick Codron (tél. : 04-42-66-36-02)disperse 738 lots. Un pli aérien brûlésuite à l’accident d’un avion postal àLyon, le 28 janvier 1956, avec sonenveloppe de réexpédition, est pro-posé à 1 000 francs. Des lettres de laguerre du Golfe (opération Daguet,BPM 641, avril 1991) partent entre150 et 750 francs.

a FRANCE. A l’occasion des ven-danges, une centaine de châteauxdu Bordelais, ainsi que des cavescoopératives et maisons de négo-ce, ouvriront leurs portes, les same-di 6 et dimanche 7 octobre, pourpermettre aux amateurs d’assisterà la naissance du nouveau millési-me. Un guide édité par le Syndicatdes bordeaux et bordeaux supé-rieurs présente quatre « itinérai-res » associant vins et patrimoinede la Gironde. Renseignements au05-57-97-19-20.a AMÉRIQUE DU SUD. Spécialis-te des croisières aériennes, Gallicaviation propose, les 11 octobre2001 et 4 avril 2002, un GrandTour d’Amérique du Sud qui sedéclinera en trois tronçons selonle temps et le budget des candi-dats au voyage. Au programme,Rio/Buenos Aires, Rio/Santiagodu Chili via la Terre de Feu etRio/Galapagos. Prix et renseigne-ments au 01-45-53-27-50.

SAMEDI. Les hautes pressionssont au large sur l’Atlantique. Unezone dépressionnaire se trouvesur la mer du Nord ainsi que sur lenord de l’Italie. Le temps sera ainsiinstable sur la partie est du pays.Davantage d’éclaircies seront pré-sentes sur l’Atlantique.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Normandie. Le ciel sera encorepartagé entre nuages et éclaircies.Le vent de nord-ouest sera faible.Les températures seront compri-ses entre 18 et 21 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie,Ardennes. Le temps est souventnuageux avec quelques aversesplus nombreuses sur les Ardennes.Le temps est frais pour la saison,entre 18 et 20 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. Lesnuages sont nombreux et donnentdes averses fréquentes. Le thermo-mètre indiquera entre 16 et19 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. Les nuages et les

éclaircies alternent avec un peuplus de nuages près des Pyrénéeset quelques averses en matinée.Les températures sont comprisesentre 21 et 23 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. Beaucoup de nuages et desaverses surtout sur l’Est, avec de laneige sur les Alpes au-dessus de2 000 mètres. Le vent de Rhônesouffle en vallée du Rhône à70 km/h en rafales. Il fait bienfrais, entre 15 et 17 degrés.

Languedoc-Roussillon, Proven-ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Lesoleil brille largement sur cesrégions, excepté quelques nuagessur le Languedoc-Roussillon enmatinée. Le vent est encore trèsfort, aux alentours de 90 km/h, voi-re 100 km/h sur les extrémités dela Corse. Les températures sont unpeu fraîches, entre 23 et 26 degrés.

LE CARNETDU VOYAGEUR

Ile de Ré

Biarritz

Arcachon

Lacanau

Soulac

Ile d'Oléron

LANDES

CHARENTES

Sud-Ouest

Marseille

Perpignan

Cap d'Agde

La Seyne-sur-Mer

Nice

St-Raphaël

St-Tropez

PROVENCE

LANGUEDOC

ROUSSILLON

Sud

BastiaCalvi

Ajaccio

Porto-Vecchio

Corse

Le Havre

Le Touquet

Le Tréport

Étretat

Calais

PICARDIE

NORMANDIE

Nord

Granville

St-Malo

Concarneau

La Baule

St-Gilles-Croix -de-Vie

Perros-Guirec

Crozon

Deauville

Quiberon

VENDÉE

BRETAGNE

NORMANDIE

Ouest

CÔTE NORMANDECOTENTINBAIE ST-MICHEL

FINISTÈRE NORD

POINTE BRETAGNE

SUD FINISTÈRE

SUD BRETAGNE

CÔTE D'OPALE

CÔTE D'ALBÂTRE

BAIE DE SEINE

CÔTE CHARENTAISE

CÔTE GIRONDINE

CÔTE LANDAISE

CÔTE BASQUE

PAS-DE-CALAIS

AJACCIO PORTO-VECCHIO

ROUSSILLON LANGUEDOC

GARDBOUCHES-DU-RHÔNE

VAR

CÔTE D'AZUR

CALVI BASTIA

VENDÉE

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TEMPÉRATUREDE L'EAU

MER

Calme/belle

Peu agitée

Agitée/forte

TEMPÉRATUREDE L'AIR

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VITESSE EN KM/HEURE

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Sur les plages

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Le 1er SEPTEMBRE 2001 vers 12 heuresSur les côtes de la Manche et de l'Atlantique, nuages et éclaircies vont al-terner avec encore un risque d'averse sur le pas de Calais. Les températu-res seront fraîches pour la saison entre 18 et 21˚C avec un vent de nord-ouest qui accentuera cette sensation. Sur les côtes méditerranéennes,beaucoup de soleil mais encore du vent très fort. Les températures serontaussi un peu fraîches pour la saison.

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SALZBOURGde notre envoyé spécial

« Qui peut prédire comment réagi-ront les aficionados qui accourentdu monde entier chaque été dans laville autrichienne, eux qui ne se plai-gnaient, semble-t-il, pas trop des pro-ductions puisqu’ils venaient nom-breux ? S’adapteront-ils ou fau-dra-t-il en trouver de nouveaux ?Gérard Mortier ne risque-t-il pas d’ylaisser quelques illusions ? »

Le Monde publiait ces lignes enconclusion d’un article paru dansson édition du 1er septembre 1989,saluant l’arrivée remarquée et inat-tendue de Gérard Mortier à la têtedu Festival de Salzbourg. Douzeans après sa nomination, dix ansaprès sa première programmation,inaugurée le 30 juillet 1992, letemps est venu de répondre à cesinterrogations légitimes, aumoment que s’achève le dernierfestival de l’ère Mortier, dans uneatmosphère de scandale d’ailleurssavamment orchestré par ses soins(Le Monde des 28 et 31 août) : ledétournement méthodiquementdévastateur du fétiche musicalviennois par excellence qu’est LaChauve-Souris, de Johann Strauss,par le metteur en scène allemandHans Neuenfels.

Toutefois, si le Flamand n’ajamais caressé son public dans lesens du poil, il peut s’enorgueillirde ne l’avoir pas fait fuir. Les bud-gets des différents exercices placéssous son mandat et sous celui del’administrateur financier (égale-ment chargé de la programmationdes concerts), le discret Hans Lan-desmann, se sont soldés par desbilans positifs, au prix d’inévitablesdosages entre utopie et réalité,entre audace et rentabilité. Endépit d’une programmation ayanttoujours fait la part belle à desœuvres réputées difficiles, en toutcas pour beaucoup jamais jouées à

Salzbourg, et à des créations, la plu-part du temps mises en scène pardes artistes non conformistes,200 000 billets ont été en moyennevendus par saison (227 500 en2001, le meilleur résultat avec celuide 1996, où 240 000 places furentvendues). Le festival affiche untaux moyen de 93 % de remplissa-ge (94,3 % en 2001), et les recettesgénérales de 2001 auront été lesmeilleures du mandat.

De toute évidence, l’essentiel dupublic « traditionnel » est resté, acourbé l’échine ou, au mieux, s’estaccoutumé à cette manière et cerépertoire nouveaux. Car, com-ment expliquer autrement, pour neprendre qu’un seul exemple, que latrès décriée Chauve-Souris ait faitrecette, en dépit d’un Cosi fan tuttedonné l’an passé, où le même met-teur en scène allemand avait toutfait pour repousser les plus har-dis ? Quand bien même une nouvel-le jet-set plus « branchée » seserait laissé attirer par le parfumde nouveauté, voire de scandale,de ce Salzbourg « new look », l’an-cien directeur du Théâtre de laMonnaie n’est pas parvenu à trans-former en réalité l’utopie d’unrenouvellement profond du public.

En dépit d’une politique tarifairefavorable aux jeunes (un millierd’abonnements à tarif préférentielest réservé aux moins de 26 ans, lamoitié des billets sont vendus àmoins de 1 000 schillings (72,67 ¤),la quasi-absence de subventionartistique a contraint Gérard Mor-tier à pratiquer, comme aupara-vant, des prix très élevés, empê-chant un public non fortuné de serendre à ces représentations. HansLandesmann avait confirmé auMonde, en 1998, que l’opéra festiva-lier ne peut qu’être déficitaire etque l’équilibre est rendu possiblenotamment par les recettes desconcerts de ces « gosiers d’or » et

de ces grands chefs que Mortier asouvent décriés et s’est en partiemis à dos.

Car, s’il a notoirement fait reve-nir Pierre Boulez à Salzbourg

(absent depuis trente ans) et fédé-ré autour de lui une générationnouvelle de chefs (qu’il n’a pasdécouverts et dont certains sontdes musiciens d’envergure discuta-

ble, comme Kent Nagano, Esa Pek-ka Salonen, Ivor Bolton ou RogerNorrington), Gérard Mortier estparvenu, en dix ans, à se fâcheravec rien moins que, par sortie suc-cessive de scène, Riccardo Muti(dès 1991), Nikolaus Harnoncourt(en 1995), et Claudio Abbado (en2000), dans les trois cas, officielle-ment, pour des raisons identiquesd’incompatibilité artistique avecdes metteurs en scène imposés.

A cela doivent s’ajouter sesbrouilles avec son directeur duthéâtre, Peter Stein, en 1996, avecl’Orchestre philharmonique deVienne, qui avait menacé de se reti-rer en 1995, avec la presse autri-chienne, avec les commerçants dela ville et, enfin, avec les instancespolitiques, depuis l’arrivée de ladroite populiste au pouvoir (lireci-dessous). Sans parler de ses rela-tions conflictuelles avec la prési-dente de son conseil d’administra-tion, Helga Rabl-Stadler, anciennedirigeante du Parti chrétien conser-vateur (ÖVP), mais aussi, dès sonarrivée, avec le maire (socialiste)de la ville.

Par ailleurs, tout en ayant prisdes options contestables, interditdroit de cité à certaines musiques,associé ouvrages, chefs et met-teurs en scène de manière parfoisparadoxale, Gérard Mortier aura

intégré la musique ancienne, lescréations et des compositeursjamais joués, comme Leos Janacek,qui fut entendu pour la premièrefois au festival en… 1992, dès la soi-rée inaugurale de l’ère Mortier, etdans un ouvrage dont le titre, De lamaison des morts, prenait un sensqui n’échappa à personne.

L’une des forces et des faiblessesde Gérard Mortier aura été de s’im-poser comme un « artiste enchef » plutôt qu’en « intendant »chargé de gérer et d’accorder lesdésirs artistiques des autres. S’ilfaut minimiser ses découvertes(beaucoup parmi les metteurs enscène, inconnus à Salzbourg,avaient déjà travaillé avec lui :Hans Neuenfels, les époux Herr-mann, Herbert Wernicke, PeterMussbach, Luc Bondy, Patrice Ché-reau, Peter Stein, etc.), il aura révé-lé à l’opéra le régisseur détermi-nant qu’est Christoph Marthaler etfavorisé un esprit d’équipe, étenduà l’ensemble des personnels perma-nents du festival.

Grand agitateur aux projets mul-tiples, homme curieux, polyglotteet cultivé, pusillanime autantqu’habile, excessif autant qu’affa-ble, mondain (dans le meilleursens du terme) autant qu’accessi-ble, Gérard Mortier aura donné auFestival de Salzbourg un éclat, unglamour oubliés depuis des lus-tres. Peut-être y aura-t-il en effetlaissé quelques illusions et il sepeut, ainsi qu’il l’a lui-même dit,qu’il n’ait été qu’une parenthèsedans l’histoire du festival. Mais, ausein de cette parenthèse, il aurasans cesse, contre vents et marées,avec excès et raison, défendu unethèse, un idéal, une utopie. Et cegenre de parenthèses-là nes’oublie jamais. Mieux, elles fontsouvent la légende.

R. Ma.

Salzbourg s’apprête à refermer la parenthèse de l’ère MortierLe festival de musique autrichien tire le bilan des douze ans de règne du Flamand Gérard Mortier, qui a succédé en 1989 à Herbert von Karajan.

Une période financièrement équilibrée, marquée par des choix artistiques souvent contestés mais justifiés par la fidélité à un idéal

Provocation et ouverture des esprits « Cela aura été un bonheur pour moi »

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Gérard Mortier s’estimposé comme artisteen chef plutôt qu’enintendant chargéd’accorder les désirsartistiques des autres

MUSIQUE Le Festival de Salz-bourg vit sa dernière édition sous ladirection du Belge Gérard Mortier. Illaisse en septembre la place à l’Alle-mand Peter Ruzicka. b NOMMÉ en

1989 pour succéder à Herbert vonKarajan, Gérard Mortier laisse unbilan financier positif et a su conser-ver la fidélité du public. b SES CHOIXartistiques ont souvent été contestés

et il s’est brouillé avec de nombreuxchefs et musiciens : Riccardo Muti,Nikolaus Harnoncourt, Claudio Abba-do… Il a néanmoins rendu au festivalun éclat et un glamour oubliés depuis

des lustres. b AU « MONDE », GérardMortier a confié son bonheur d’avoirmené un travail « épuisant » et con-teste avoir agi « uniquement pargoût de la provocation ». b DANS

UNE AUTRICHE marquée par l’ascen-sion de la droite xénophobe, il auracependant déchaîné les passions,notamment avec sa production icono-claste de La Chauve-souris de Strauss.

« Je suis frappé par le manque de culture des étudiants,qui ne savent même pas qui est la “Carmen” de Mérimée. »

VIENNEde notre correspondante

Certains avaient espéré qu’il cla-querait la porte, laissant derrièrelui, sous les projecteurs, une chaisecruellement vide. Un geste à la Mau-rice Clavel : « Messieurs les fascis-tes, bonsoir ! ». Mais abandonnerla direction d’un grand festival d’artlyrique, c’est autrement plus diffici-le que de quitter un plateau de télé-vision. Après avoir annoncé un peu

vite sa démission, lors de l’arrivéedu FPÖ au pouvoir en février 2000,Gérard Mortier a décidé de resterjusqu’à la fin de son contrat à Salz-bourg aux commandes du navireamiral de la haute culture autri-chienne, sur lequel il a vaillammenthissé depuis dix ans le drapeau rou-ge et noir de la contestation. Aussi,tout le monde l’attendait au tour-nant : quelle sortie fulgurante prépa-rait-il ? Allait-il se déshabiller sur

scène, lancer des boules puantessur des spectateurs écumant d’indi-gnation dans leurs pashminas etleurs smokings ? En Autriche, le sus-pense était entretenu depuis desmois par des indiscrétions dans lapresse « amie » – dont le journalconservateur Salzburger Nachrich-ten – comme dans les gazettes « hos-tiles » – telles que le Kronen Zeitung,où les retombées publicitaires sonttoujours garanties.

IMMOLATION D’UNE VACHE SACRÉEOn allait voir ce qu’on allait voir

avec l’immolation en direct d’unevache sacrée de la culture nationale,le dépiautage sanglant du volatile leplus vénéré du répertoire : La Chau-ve-Souris de Johann Strauss. PourGérard Mortier, « il fallait casser cet-te association de La Chauve-Sourisavec l’idée de bonheur universel ».Au risque de concevoir le spectacle« comme une déclaration politique», en le truffant d’allusions qui nepeuvent être vraiment décryptéesque par les Autrichiens eux-mêmes– et ont laissé totalement froids lesspectateurs français ou japonais :ainsi du directeur de la prison,Frank, soudain affublé du pseudo-nyme de « Napf von Leider »[ Napf signifie « écuelle », synony-me de Schüssel, le nom du chance-lier conservateur qui s’est allié à ladroite populiste de Jörg Haider].

Mortier et Hans Neuenfels,auteur de la cuvée 2001 de La Chau-ve-Souris, ont voulu dissoudre lesirop dans l’acide, et contrarier ladouce jouissance des mélomanesavertis en leur infligeant des cita-tions intempestives et de fréquents« musicus interruptus ». Un péchébien plus impardonnable aux yeuxdu public « traditionnel » salzbour-geois que les galipettes ou la cocaï-ne-partie du prince Orlofsky. Mor-tier, à l’évidence, a souvent occupéavec jubilation en Autriche la placedu provocateur patenté – partisand’une vision conflictuelle de la créa-tion, à l’opposé de l’ « art concilia-teur » vanté il y a deux ans, lors de

l’ouverture du festival par le prési-dent autrichien Thomas Klestil.

Non que l’Autriche soit incapablede produire ses propres provoca-teurs : les actionnistes viennois,dans les années 1960, en furent defameux. Qui sait encore que le com-positeur Gottfried von Einem, éphé-mère directeur du Festival et quin-tessence de l’aristocratie autrichien-ne, avait voulu en confier la direc-tion théâtrale au « communiste »Bertolt Brecht ? Les lettres offus-quées des lecteurs du KronenZeitung (dont un chroniqueur raillela lourdeur de Neuenfels, cet « Alle-mand aux pieds de plomb ») font par-tie du jeu, au même titre que la radi-calisation d’une grande partie de lascène culturelle, qui rejette viscéra-lement le gouvernement actuel.Mais le scandale provoqué par LaChauve-Souris de Salzbourg paraîtbien pâle en comparaison de lafurieuse polémique qui avait accom-pagné en 1988 la première de la piè-ce de Thomas Bernhard Heldenplatzou encore la parodie de Big Brotheret autres « Loft Story », sur le thè-me de la xénophobie, montée en2000 au festival de Vienne par l’Alle-mand Christoph Schlingensief.

Appelé en 1992 à Salzbourg parRudolf Scholten, le ministre de laculture du chancelier socialisteFranz Vranitzky, Gérard Mortier apu mesurer au fil des ans les conces-sions faites à la droite populiste –qui a vite obtenu le départ de Schol-ten – et s’inquiète aujourd’hui devoir les politiciens proches du FPÖgrignoter silencieusement des posi-tions d’influence. Au prix de ten-sions croissantes et grâce à d’incon-testables réussites, il aura pourtantcontribué, comme jadis l’AllemandClaus Peymann, directeur pendantplus de dix ans du Burgtheater deVienne, à l’ouverture des goûts dupublic, dans cette période sensiblede l’histoire autrichienne où laculture, plus que jamais, reste unchamp de bataille.

J. Sz

SALZBOURGde nos envoyés spéciaux

Gérard Mortier est fatigué.« Deux mois sans un moment d’ar-rêt, une réunion avec l’équipe du fes-tival chaque matin à neuf heures,jamais rentré avant tard le soir…C’est épuisant… » Mais le directeurdu Festival de Salzbourg a encorede l’énergie à revendre, et discute,pied à pied, les spectacles qu’il aproduits : « Je mentirais en vousdisant que tout y a été parfait etmémorable, mais cela aura été unbonheur pour moi, malgré les diffi-cultés diverses que j’ai rencontréesici depuis mon arrivée. »

Même s’il réserve encore la pos-sibilité de sa participation en spe-cial guest star à La Chauve-souris,le 31 août, Mortier ne se lasse pasde l’effet de provocation de cedernier spectacle. « Je ne vouscache pas que j’ai des réserves surcertains détails, mais il a atteintson but : faire prendre conscienceaux Autrichiens du danger du replisur un idée d’une culture nationaleet des artifices de la tradition.Jamais les spectateurs ne verrontles tutus blancs du Concert du nou-vel an à Vienne de la mêmefaçon… Je ne pense pas sinon, com-me on me l’a beaucoup reproché,avoir agi uniquement par goût dela provocation. Par exemple, l’Aria-ne à Naxos montée cette année apu paraître irrévérencieuse, maischaque décision dramaturgiqueest en fait liée à ce que dit le texte.Il y a certes des clins d’œil mali-cieux, comme celui de m’avoirreprésenté par un buste, à côté decelui de Karajan, mais c’est si dis-cret… Je crois que c’est l’un descinq meilleurs spectacles que j’aiproduits dans ma carrière… »

A-t-il réalisé tous les change-ments qu’il souhaitait ? « Uneffort financier sans précédent aété fait envers un public plus jeune,assure Mortier. Nous nous som-mes d’ailleurs aperçus qu’aprèsl’âge de vingt-six ans un sixième deces jeunes étaient revenus en

payant le prix normal. C’est déjàune victoire. Certes il y a moinsd’Autrichiens, mais davantage depublic du Benelux et des Etats-Unis. »

N’a-t-il pas surévalué l’impor-tance de l’arrivée de Jörg Haideret ses implications dans la vie cul-turelle ? « Le problème est réel, etpas seulement dans le domaine dela culture. Salzbourg va vivre deplein fouet une diminution de sessubventions publiques. 20 millionsde shillings (1,4 million d’euros)seront retirés au festival sur troisans. J’ai dû moi-même diminuermon budget de 6 millions de schil-lings cette année. Cela va naturelle-ment se répercuter sur la création,et forcer Salzbourg à se replier surle répertoire. »

Les lendemains dont GérardMortier accepte de parler sont lessix mois de réflexion qu’il s’accor-de à Berlin et son prochain man-dat à la tête d’un festival triennaldans la Ruhr, en Allemagne. « Jetravaille sur ce projet passionnantqui va tendre au même but qu’àSalzbourg mais dans une optiquetrès différente. Grâce aux subven-tions publiques confortables quime sont accordées, je vais pouvoirmêler les publics. Bien entendu, cesspectacles s’adresseront à un audi-toire cultivé mais aussi aux habi-tants de la région, qui pourrontvenir sans se ruiner. Il faut faire serejoindre ces publics, associer lesefforts de l’enseignement. Je suisfrappé par le manque de culturedes étudiants d’aujourd’hui, qui nesavent même pas qui est la Car-men de Mérimée. Même s’il faut enpasser par une comparaison avecMadonna, je suis partisan de leurfaire reprendre le chemin de leursclassiques. Car au fond, et c’est maquête depuis tant d’années : com-ment réinterpréter ces classiques,leur redonner du sens ? »

Propos recueillis parJoëlle Stolz

et Renaud Machart

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LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

Page 23: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 23

ALFONS V EL MAGNANIMEl Cancioniero de MontecassinoLa Capella Reial de Catalunya,Jordi Savall (direction)

Si l’on ne s’étonne plus de voirJordi Savall feuilleter avec unescience consommée et une jubila-tion intacte les manuscrits capa-bles de restituer la musique descours princières à l’heure de laRenaissance, on reste perplexedevant la présentation de ce dou-ble album, qui oppose musiquesacrée et musique profane.D’abord, parce que le roi Alphonseen apparaît comme le composi-teur ; ensuite, parce que le corpusde Montecassino, essentiel pour lamusique napolitaine en pleinevogue éditoriale, est postérieur à lamort du roi et proviendrait desmilieux monastiques plutôt quedes cercles princiers. Qu’importe,tant l’engagement stylistique desinterprètes impose cette antholo-gie mal titrée comme une adresseindispensable. Philippe-Jean Catinchie 1 coffret de 2 CD Alia VoxAV9816 A + B.

LES PLAISIRS DU PALAISChansons à boire de la RenaissanceEnsemble Clément Janequin,Dominique Visse (direction)

On a si volontiers opposé lascience consommée de la poly-phonie flamande et l’expressioncolorée et syllabique de la chansonfrançaise de la Renaissance qu’onne peut qu’applaudir la réalisationde l’ensemble Clément Janequin,qui organise autour de la table etde ses promesses de libations l’unedes plus séduisantes anthologiesqui soient. Outre les pièces instru-mentales d’Adrien Leroy, PierreCerton, Claudin de Sermisy, Nico-las Gombert ou Benoît Appen-zeller se mêlent aux anonymes,jamais en manque d’expressivitéludique et de syncopes hardies,pour composer un menu dont larichesse rappelle les fastes bourgui-gnons du siècle précédent. Avec,sans surprise, un engagement tru-culent des interprètes, des échos

cynégétiques de La Chasse au lièvreaux ripailles promises entre compè-res (Decarella). Même les Prières« devant » et « après le repas » nedémentent pas le tour spectaculai-re du programme. Ph.-J. C.e 1 CD Harmonia MundiHMC 901729.

LEOS JANACEKDans les brumes. Le 1.X.1905. Surdes sentiers herbeux. Un souvenirAndras Schiff (piano)

Antérieures aux opéras qui ontrévélé Leos Janacek dans lesannées 1920, les pièces de ce pro-gramme rare au disque témoignentd’un talent de conteur qui vautautant pour le compositeur tchè-que que pour le pianiste hongroisAndras Schiff. Drame explicite plusque peinture d’atmosphère, Dansles brumes ne verse jamais dans leflou artistique mais trouble habile-ment en conjuguant mélodiesappuyées et harmonies fugitives.La sonate Le 1.X.1905, qui évoquepar son titre la mort d’un ouvriertchèque lors de manifestationscontre les Habsbourg, n’est pasmoins narrative avec ses deux mou-vements fondés sur un principed’amplification qu’Andras Schiffmagnifie dans le temps commedans l’espace. Les trois cahiers deSur des sentiers herbeux, recueil quisemble être à Janacek ce que lesPièces lyriques sont à Grieg, bénéfi-cient d’une interprétation suscep-tible de les faire passer pourd’authentiques lieder sans voix. Pierre Gervasonie 1 CD ECM New Series 1736 4616606-2. Distribué par Universal.

ROY HAYNESA Tribute to Charlie Parker

De tous les batteurs dont l’art– irrattrapable – paraît bien mysté-rieux vu d’aujourd’hui et d’en bas(Kenny Clarke, Max Roach, Art Bla-key), Roy Haynes est le préféré.Haynes est souvent un batteursecrètement préféré : par l’ama-teur comme par les batteurs. C’estassez injuste, mais la préférencen’a qu’un lien discret avec la jus-

tice. De tous les disques tardifs pro-duits par des légendes vivantes,celui-ci, A Tribute to Charlie Parker,est de loin le plus vivant, le plusréussi, le plus neuf. Pas parce queRoy Haynes a joué avec Bird dès1949 : pour une sorte de raisoninverse, une non-carrière géniale(Monk, Sarah Vaughan, Miles,Dolphy, Coltrane, Phineas New-born, Frank Strozier, GeorgeAdams, le plus beau disque deChick Corea, n’importe quelle pagedu dictionnaire), une carrière devoyou céleste, une science demathématicien allumé. Roy Hay-nes porte à bout de baguettes, dansun formidable raffut de cymbales,profus, exact, millimétré, excessif,superbe, cet hommage d’un bout àl’autre. Quintet très remarquable :Dave Holland (contrebasse), DavidKikoski (piano), Roy Hargrove(trompette), Kenny Garrett (altosax). Pas parce qu’ils jouent« bien » (on le sait), mais parceque, sensiblement, ils jouent avecRoy Haynes. Ce qui crée desdevoirs. S’il faut convaincre, écou-ter toutes les intros (Diverse, en par-ticulier), la surprenante version deNow’s The Time, April in Paris ettout le reste. Francis Marmandee 1 CD FDM 36625-2.

TOM HARRELLParadise

Depuis un bon demi-siècle, lemariage des cordes et du jazz necesse de tourmenter les amateurs.M’as-tu-vu et vulgaire pour cer-tains, pauvre d’inspiration par rap-port aux grandes pages classiquespour d’autres. Au tour de Tom Har-rell. Le trompettiste et buglisteaméricain est l’un des plus passion-nants musiciens apparus ces derniè-res années – trente ans de musiquequand même auprès de Horace Sil-ver, Lee Konitz, George Russell,Phil Woods… Lyrisme, délicatesse,fragilité et puissance. Plutôt que depuiser dans le grand livre des stan-dards, Harrell a arrangé ses compo-sitions. Des ballades pour la plu-part, une relation au temps qui sedéroule sans à-coups (Nightime,Wishing Well…) avec de légersapports rythmiques afro-cubains.Le bugle en fond de brume, la har-

pe qui vient s’insérer, les cordes entapis… quel régal, même si l’écritu-re ne tire pas toujours tout le partipossible de l’instrumentation(deux violons, un alto, deux violon-celles, une harpe). Sylvain Sicliere 1 CD Bluebird-RCA09026 63738 2.Distribué par BMG.

AVALON BLUESA TRIBUTE TO THE MUSICOF MISSISSIPPI JOHN HURT

Né en 1892 ou en 1893, mort le2 novembre 1966, Mississippi JohnHurt est longtemps resté dansl’anonymat, après quelques facesgravées par le label Okeh. Trois ansavant sa mort, deux jeunes musi-ciens, Tom Hoskins et MikeStewart, retrouvent sa trace dans lebourg d’Avalon et l’enregistrent. Ilaccédera alors à la reconnaissance,se produisant dans des festivals,dont celui de Newport. Près de qua-rante ans plus tard, cet album-hom-mage propose une passionnanterelecture des chansons de cettefigure du ragtime et du blues ruraldu Delta, qui posait une voix à laferveur gospel sur un accompagne-ment picking à la guitare. La finefleur de l’americana (Bruce Cock-burn, Lucinda Williams, Steve etJustin Earle, Victoria Williams,Gillian Welch) s’est réunie avecquelques stars (Beck, Ben Harper)et vétérans (Taj Mahal, John Hiatt)pour livrer des interprétations irré-prochables, aussi respectueusesqu’inventives. Trois rééditions d’al-bums du barde d’Avalon, Today !,The Immortal Mississippi John Hurtet Last Sessions, suivront pourapprofondir cette (re)découverteessentielle. Bruno Lesprite 1 CD Warner VCD 79582-2

ELECTRIC LIGHTORCHESTRAZoom

Quinze ans après l’inutile Balan-ce of Power, Jeff Lynne retape lasoucoupe volante d’Electric LightOrchestra, sans réformer le groupebritannique chouchou des boumsdes années 1970 grâce à sa formulealliant Chuck Berry, Beatles, arran-gements néoclassiques et imageriede science-fiction. Aujourd’hui

producteur à succès, Lynne n’a paspris la peine de convoquer les res-capés de l’équipage d’ELO et diri-ge seul les commandes de l’appa-reil en jouant pratiquement detous les instruments. Agréable sur-prise, Zoom ne cède pas – pastrop – au passéisme et encoremoins au jeunisme – Lynne sem-ble totalement se désintéresserdes musiques électroniques. Cepetit maître de la pop se contented’offrir la marque ELO : des petitsrocks carrés toutes guitaresdehors, des ballades spatialesornées d’un violoncelle, des mélo-dies simples à siffler sous la dou-che (celle de Moment in Paradiseest particulièrement inspirée). Enamis, Ringo Starr vient se dégour-dir les poignets et George Harri-son reprendre du service à la slide.Plaisant et sans prétention. B. Lte 1 CD Epic ESK 16677. Distribuépar Sony Music.

TRAVISThe Invisible Band

On pouvait envisager que TheMan Who (1999), le précédentopus de Travis couvert d’honneur,ne soit qu’un heureux accident.Après des débuts laborieux entant que groupuscule fin de sériede la britpop, le quatuor écossaisavait en effet signé un album à laséduction aussi immédiate quesuspecte. The Invisible Band confir-me la métamorphose de Travis enformation à haute valeur ajoutéemélodique. Plus ancrées dans lefolk sentimental (Nick Drake,Simon & Garfunkel) que dans latradition rock britannique, moinsnaïves et moins fleur bleue, leschansons de Travis se colorent detouches pastel (l’extraordinairesingle Sing avec son motif au ban-jo, l’ivresse de Flowers in The Win-dow et de Follow The Light), rehaus-sées par la guitare en clair-obscurd’Andy Dunlop et par la produc-tion de Nigel Godrich (Radio-head), convoquant claviersaériens, cordes rêveuses et percus-sions mutines. Enchanteur et tota-lement dénué de cynisme. B. Lte 1 CD IndependienteISOM25CDP. Distribuépar Small/Sony.

JOE STRUMMERAND THE MESCALEROSGlobal A Go-Go

Après une longue éclipse, JoeStrummer, ancien leader des Clash,avait refait surface, en 1999, avecun album rafraîchissant, Rock Artand The X-Ray Style, ponctué derythmes latinos et de vibrationsreggae. Cette fois, il explore lesrives de la world music, avec au pas-sage des détours par lerhythm’n’blues et la country. Lescontinents et les styles défilent :l’Inde (Bhindi Bhagee), l’Ukraine(Shaktar Donetsk), Cuba (MondoBongo)… Ce patchwork bigarré estservi par des textes subtils, attes-tant que l’ancienne icône punk,convertie à la « sono mondiale »,n’a rien perdu de son inspiration.Artiste sous influences, Strummeroffre un cocktail régénérant quin’est pas sans rappeler Sandinis-ta !, le triple album des Clash,même si les morceaux rock sontréduits à la portion congrue. Fabrice Lhommee 1 CD Hellcat Records 0440-2.Distribué par P.I.A.S.

OL.Ceux que je tutoie

On l’avait découvert au côté deFrançoise Hardy – voix frêle, élé-gance féline, divagations expertes.Ces qualités étalées sur la duréed’un album peuvent énerver,d’autant qu’elles se doublent d’undrôle d’accent traînant, à la modeaméricaine, d’intonations d’abordcharmantes, vite répétitives. Cettemanière de chercher le squelettedes mots et des mélodies entraîneOl. vers des paysages vocauxdécharnés, traités à vif. C’est pour-tant la profusion musicale, la luxu-riance puisée dans divers conti-nents musicaux – pop, country,cubain, reggae – qui donnent l’en-vie de suivre Ol., et son arrangeur,Benjamin Biolay, jeune auteur-compositeur découvert par HenriSalvador. Pour nourrir la chansonet son histoire, Olivier Nog revientsur la célébrissime J’ai deuxamours. Louise Alenius tient le rôlefranco-américain de JoséphineBaker. Véronique Mortaignee 1 CD EMI 7243-5-328742-9.

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LES PROFESSIONNELS britanni-ques ont repéré les premiers cesAméricains et ont depuis fait mon-ter la sauce en experts de la hype. Sileur premier album, Is This It ?, nesortait que le 28 août, les Strokessont programmés pour « sauver lerock » depuis le début du mois dejuin. Ce n’est pas un hasard si l’em-ballement a commencé outre-Man-che, ce quintette new-yorkais possè-de un sens du style et de la poseréservé en général aux groupes bri-tanniques. A la « une » de la pressemusicale comme des magazines demode, Julian Casablancas (chant),Nick Valensi (guitare), FabrizioMoretti (batterie), Nikolai Fraiture(basse) et Albert Hammond Jr (gui-tare) étalent belles petites gueules,cheveux en bataille, baskets, blou-sons de cuir étriqués, cravates,jeans étroits sur corps filiformes,avec ce qu’il faut de classe négligée.A première vue, les Strokes n’ontcommis aucune erreur de casting.Avoir pour leader le fils de JohnCasablancas, fondateur de l’agencede mannequins Elite, pouvait garan-tir de belles images, pas forcémentde bons disques.

L’écoute – bouclée en trente-sept minutes – des onze titres de cepremier opus en surprendra plusd’un, tant les phénomènes musi-caux récents sont habituellementliés aux surenchères sonique ettechnologique. Le son pète-sec, laconcision rêche de ces chansonsnous replongent dans un minima-lisme punk, très en phase finale-

ment avec une garde-robe et desattitudes qui empruntent large-ment à la fin des années 1970.Aujourd’hui comme à l’époque, lascène rock se laisse tenter par lesdébordements pompiers (avecMuse dans le rôle d’Emerson, Lake& Palmer), le Grand Guignol métal-lique (avec Slipknot dans celui deBlack Sabbath) ou les ambitionsprog ou post rock (Radioheadcomme nouveau Can). Et on guet-te une fois encore le retour salva-teur à une énergie séminale.

LE TIMBRE DE LOU REEDCette nostalgie de l’excitation ori-

ginelle s’accompagne souvent depasséisme. Il y a six ans, en Angleter-re, Oasis devenait le nouveau grandespoir du rock en ressuscitant, dansDefinitely Maybe, premier albumdes frères Gallagher, le classicismedes Beatles et des Who marié à l’in-solence des pionniers punk britanni-ques (Sex Pistols, Jam). Les Strokespiochent de la même façon dansleur sol natal. Dans le look commedans le concept musical, le quintet-te cite les groupes qui, à partir de1975, étaient censés incarner unealternative à l’empâtement de l’épo-que, inventant – de manière aussidécisive que confidentielle – sur lascène du CBGB’s (club mythique deManhattan) un « son de NewYork » tout en tensions anguleuses.Les Talking Heads, les Ramones, lesHeartbreakers, Richard Hell, Blon-die, Television ont dicté les canonsd’une esthétique sur laquelle pla-

nait la figure tutélaire de Lou Reedet de son Velvet Underground.

Dans nombre de morceaux desStrokes (The Modern Age, BarelyLegal), Julian Casablancas approchejusqu’au mimétisme le timbre dis-tancié du poète sarcastique de laBig Apple. Dans ces satires etromances sous amphétamines, lesguitares piquent des sprints rectili-gnes, hérissés de gimmicks aussiabrasifs qu’attachants. Emmenépar une section rythmique qu’ondirait enregistrée au fond d’un gara-ge, le disque transforme votre plati-ne CD en un juke-box rempli de sin-gles aux craquements gravés survinyle. Généralement resserrées enmoins de trois minutes, ces chan-

sons nimbent leur ironie d’un aban-don adolescent. Si l’héritage punknew-yorkais domine, on retrouveaussi l’influence d’une descendancebritannique (Buzzcocks, Alternati-ve TV, The Fall) dans l’efficacité destrouvailles mélodiques et certainsprocédés de distorsion vocale.

Il est peu probable que ces musi-ciens, plus en âge d’être les enfantsde Pearl Jam et de Nirvana, aientdécouvert par eux-mêmes ces réfé-rences musicales généralementignorées de leur génération. Onparle de l’influence prépondéranted’un mentor quadragénaire– dénommé JP – qui aurait façonnéle son des Strokes. Il y a dans cedépouillement et cette nervosité

millésimés une part de maniérismequi pourra irriter. Certains aurontdu mal à croire à l’esprit rebelle (lebrûlot NYC Cops) d’un groupe dontdeux des membres se sont connusdans un pensionnat suisse (mais,après tout, le petit bourgeois MickJagger chantait à merveille StreetFighting Man). Il n’est pas sûr quecette excitation rugueuse puissefédérer autant que le suggère l’em-ballement médiatique. Le panache,l’urgence, le sex-appeal des refrainsde Is This It ? n’en sont pas moinsindéniables.

Stéphane Davet

e Is This It ?, 1 CD RCA/BMG.

C U L T U R E

SÉLECTION DISQUES

Un groupe à l’esprit rebelle... dont deux des membres se sont connus dans un pensionnat suisse.

DÉPÊCHESa MEILLEURES VENTES : auclassement de la semaine du 19au 25 août (Top IFOP/Tite Live dif-fusé par le SNEP), Manu Chao,avec Proxima Estacion Esperanza,et Yannick Noah continuent d’oc-cuper la tête du classement. Autroisième rang, Dido, avec NoAngel, devance Yann Tiersen et samusique pour Le Fabuleux Destind’Amélie Poulain. Les enregistre-ments en public de Patrick Bruel,Rien ne s’efface, et de M, Le Tourde M, se portent bien, situés res-pectivement aux treizième et quin-zième rangs. Quant à BrigitteFontaine, elle entre au Top à ladix-septième place avec Kekeland.a MUSIQUES DU MONDE : lechanteur et compositeur PascalLokua Kanza, un des espoirs dela musique africaine, vient designer un contrat avec Universal,chez qui il publiera son troisièmealbum début 2002. Ancien choris-te du Zaïrois Papa Wemba, le Con-golais de Kinshasa s’est lancé dansune carrière solo au milieu desannées 1990. Son univers musicals’inspire des chants de sa régionnatale et propose aussi des chan-sons en français, plus proches dela variété. Lokua Kanza a deuxalbums à son actif (Lokua et WapiYo), qui seront prochainement réé-dités chez Universal. – (AFP.)a ROCK : Rhino/Warner publieune rétrospective des Yard-birds, renommés pour avoir comp-té en leurs rangs trois des plusillustres « guitar heroes » desannées 1960, Eric Clapton, JeffBeck et Jimmy Page. En deux dis-ques et cinquante-deux chansonscouvrant la période 1963-1967,The Yardbirds Ultimate ! proposeun voyage qui va du blues au psy-chédélisme et où se devinent lespremiers balbutiements du hard-rock, à travers des titres tels queBoom Boom, Heart Full of Soul,Shapes of Things, The Train KeptA-Rollin’. – (AFP.)

L’urgence adolescentedes StrokesPremier album d’un quintette new-yorkaisencensé par la presse britannique

Page 24: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

24 / LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

GUIDE

TROUVER SON FILM

Tous les films Paris et régions sur leMinitel, 3615 LEMONDE ou tél. :08-36-68-03-78 (2,23 F/min).

ENTRÉES IMMÉDIATES

Le Kiosque Théâtre : les places de cer-tains des spectacles vendues le jourmême à moitié prix (+ 16 F de commis-sion par place).Place de la Madeleine et Parvis de lagare Montparnasse. De 12 h 30 à20 heures, du mardi au samedi ; de12 h 30 à 16 heures, le dimanche.Mihi Kim (flûte), Emmanuelle Sailland(violon), Tatiana Bailhache (alto),Johanne Mathal (violoncelle)Œuvres de Mozart, Rossini.Trio EurydiceŒuvres de Saint-Saëns, Fauré, Ibert.Cathédrale Sainte-Croix-des-Arméniens,6, rue Charlot, Paris-3e. Mo Saint-Sébas-tien-Froissard. 16 heures et 20 h 30, le1er septembre. Tél. : 06-10-16-24-02.70 F (Location Fnac, France Billet).Trio di BassettoŒuvres de Mozart, Michèle Claude(timbales).Parc floral de Paris, Bois de Vincennes,Paris-12e. Mo Château-de-Vincennes.16 h 30, le 1er septembre. Tél. : 01-55-94-20-20. Entrée libre.Luisa Mauro, Valérie BarbierŒuvres de Beethoven, Ravel, Hinde-mith, Chausson.Cécile Bonnet, Aileen Jane BramhallŒuvres de Debussy, Ravel, Delage, Stra-vinsky, Hindemith. Asnières-sur-Oise(Val-D’Oise). Abbaye de Royaumont.17 h 45 et 20 h 45, le 1er septembre.Tél. : 01-34-68-05-50. De 95 F à 125 F.Del Alfödi, Akosh S. UnitCabaret sauvage, parc de la Villette,Paris-19e. Mo Porte-de-la-Villette. 20 h 30,le 1er septembre. Tél. : 01-40-03-75-15.De 80 F à 100 F.

RÉGIONS

&de la Compagnie A & O.Laval (Mayenne). Rues. 14 heures, le 2.Tél. : 02-43-49-43-08. Entrée libre.La Cabane d’Aliblablaavec le Bouffon Théâtre.Laval (Mayenne). Rues. 14 heures, le 2.Tél. : 02-43-49-43-08. Entrée libre.Castelet portatifde la Compagnie Cinémarionnettes.Laval (Mayenne). Rues. 14 heures et18 h 30, le 2. Tél. : 02-43-49-43-08.Entrée libre.Cinémarionnettede la Compagnie Théâtre de marion-nettes.Laval (Mayenne). Rues. 16 heures, le 2.Tél. : 02-43-49-43-08. Entrée libre.

La Ballade des planchesavec le Quartier Saint-Nicolas.Laval (Mayenne). Rues. 17 heures, le 2.Tél. : 02-43-49-43-08. Entrée libre.Flon-Flonde la Compagnie Epis Noirs.Laval (Mayenne). Rues. 21 h 30, le 2.Tél. : 02-43-49-43-08. Entrée libre.Gueules de boisde la Compagnie internationaleAlligator, mise en scène de FrédéricMichelet.Laval (Mayenne). Rues. 16 h 30 et18 h 30, le 2. Tél. : 02-43-49-43-08.Durée : 1 heure. Entrée libre.Le Nouveau Spectaclede la Compagnie Utopium Théâtre.Laval (Mayenne). Rues. 15 heures, le 2.Tél. : 02-43-49-43-08. Entrée libre.Le Trébulede la Compagnie les Chaussettes enpâte à modeler.Laval (Mayenne). Rues. 14 heures, le 2.Tél. : 02-43-49-43-08. Entrée libre.Tip-Topde Hercule Flocon.Laval (Mayenne). Rues. 16 heures et18 heures, le 2. Tél. : 02-43-49-43-08.Entrée libre.Speederman and his friendsde Loco Brusca Production.Laval (Mayenne). Rues. 16 heures et18 h 30, le 2. Tél. : 02-43-49-43-08.Entrée libre.Les Déambulatoires de Martin etMathurinavec le Bouffon Théâtre.Laval (Mayenne). Rues. 15 h 30 et18 heures, le 2. Tél. : 02-43-49-43-08.Entrée libre.Electric Lazy Landavec Laura Herts.Laval (Mayenne). Rues. 19 h 30, le 2.Tél. : 02-43-49-43-08. Entrée libre.Les Frères Torzanioliavec les frères Torzanioli.Laval (Mayenne). Rues. 14 h 30, le 2.Tél. : 02-43-49-43-08. Entrée libre.Les Flambardsde la Compagnie Jo Bithume.Laval (Mayenne). Rues. 15 heures et17 h 30, le 2. Tél. : 02-43-49-43-08.Entrée libre.Venice Baroque OrchestraŒuvres de Vivaldi, Giuliano Carmigno-la (violon), Andrea Marcon (direction).La Chaise-Dieu (Haute-Loire). Abbatia-le. 14 h 15 et 17 heures, le 2 septem-bre. Tél. : 04-71-00-01-16. De 360 Fà 410 F.Marc Chiron (orgue)Œuvres de Boëly, Bach, Heredia,Haydn, Schumann, Saint-Saëns,Bonnet.Chartres (Eure-et-Loir). Cathédrale.16 h 45, le 2 septembre. Tél. : 02-37-18-26-26. Entrée libre.

SAINT-NAZAIREde notre envoyée spéciale

Le Grand Café, le centre d’art deSaint-Nazaire, a longtemps abritédes expositions du Fonds régionald’art contemporain des Pays de laLoire. Plus maintenant : il vole deses propres ailes (municipales).C’est un joli bâtiment dont la faça-de courbe, une rareté dans le pays,épouse la forme du rond-pointqu’il borde, tout naturellementnommé place des Quatre-Z’horlo-ges. De plus il est à deux pas de labase sous-marine, et du chantierville-port, donc de l’eau. Ce sont làdes coordonnées qui ne pouvaientdéplaire à Klaus Rinke dont deuxdes principaux thèmes sont l’eauet le temps.

On a perdu de vue cet artiste alle-mand qui n’avait pas exposé enFrance depuis longtemps, malgréles liens qu’il peut entretenir avecl’Hexagone, la bonne réception deson œuvre à Paris dans les années1970 et 1980, des acquisitions, etune commande publique réalisée àBar-sur-Aube, en Champagne-Ardenne : L’Eau et les rêves, unhommage à Gaston Bachelard.Enseignant à la kunstakademie deDüsseldorf, Rinke partage d’abordson temps entre l’Allemagne et samaison de Venice (Californie).

A Saint-Nazaire, ce presque reve-nant, qui a l’étoffe solide d’un artis-te conceptuel métissé, un pieddans l’art corporel et l’autre dansle land art, propose un ensemble

de travaux anciens et récents.Assez monumentaux pour qu’onse demande comment cela peuttenir dans un espace somme touterestreint, sans faire de catastro-phe. Au rez-de-chaussée du cen-tre, rempli de seaux, de bidons, debacs, de tuyaux et de grandes ima-ges de mer, l’eau irrigue l’espacesans déborder. Affaire de maîtrise.Astuce de l’artiste, qui a conçu laprésentation des œuvres à lamanière d’un laboratoire de recher-che mettant le visiteur dans le bainsans faire l’effet d’une rétrospec-tive, plutôt d’une manifestationrétroactive. Un peu comme l’étaitl’Instrumentarium que Rinke avaitinstallé dans le Forum du CentrePompidou en 1985.

UNE APPRÉHENSION DE L’UNIVERSRinke fait donc naviguer les

Nazairiens entre eaux courantes,perlantes ou ruisselantes enrideau, et eaux stagnantes, entreeaux déplacées s’écoulant par desentonnoirs et des tuyaux enroulésou emmêlés et eaux dormantes,« tranquilles » dans des seaux, ouenfermées dans des cuves d’inox.Soit des sculptures vraies, et pasdu tout bidon, pour faire un mau-vais jeu de mots, d’une plasticitéaussi évidente que les photos desBecher. Certaines sont nées de per-formances en salles et d’actionsdans la nature quand Rinkerecueillait l’eau des mers à grandeslouchées (Les Sept Mers, 1982-87).

La pièce de vingt-quatre seaux– autant que les heures d’unjour –, alignés sur une planche enéquilibre sur un traiteau (Balance,1980) relève aussi de la performan-ce. Elle introduit cette notion

d’équilibre que l’artiste a toujoursaimé décrire, physiquement, avecson propre corps pensé commebase de toute relation au monde,de toute connaissance. Plusieursœuvres photographiques le rappel-lent. Des travaux sur la pesanteur,sur la gravité, avec des aiguilles etdes fils à plomb au-dessus d’unplan d’eau (Table d’eau, 1981),complètent ces images d’appréhen-sion de l’univers.

Trois cuves transparentes, rem-plies d’eau, laissent apparaître ledispositif rouillé de la partieimmergée, en contraste avecl’acier poli des entonnoirs qui lessurmontent. Le temps est à l’œu-vre avec des images qui complè-tent celles du flux de l’eau. L’eaus’écoule en bas ; à l’étage c’est letemps, compté, ou décompté, déri-soirement, dans une salle demaquettes pleine d’horloges. Unesalle qui, justement, donne sur la

place des Quatre-Z’horloges, toutà fait semblables au modèle queRinke reprend : une horloge degare des années 1930, montée surdes rails de chemins de fer, et surroulettes, pour nous donner uneimage très percutante de la relativi-té. Titre de l’œuvre : « Einstein !Quand Baden-Baden s’arrête-t-il àce train ? »

La lumière solaire est la dernièreentrée de la démonstration, avecune salle jaune, couleur de l’éner-gie, de la vie. Des objets l’éclairentmais surtout des signes peints, sou-vent récents. L’artiste a renouéavec l’esprit, sinon la forme, de lapeinture qu’il pratiquait dans lesannées 1960. La lumière de la Cali-fornie a favorisé cet énoncé degrandes formes organiques évo-quant la copulation, la féconda-tion, la croissance.

Geneviève Breerette

La 58e édition de la Mostra s’ouvre par les extrêmes

Abominablement fabriquéAbsolument fabuleux. Le grand écran rejette violemment la greffe de cette série télévisée britannique

VENISEde notre envoyé spécial

Dès ses premières heures, la pléthorique 58e édi-tion du Festival de Venise s’est caractérisée par samontée aux extrêmes. Extrêmes géographiques,qui sont aussi les pôles opposés de l’état de lacinéphilie contemporaine, avec d’un côté la proli-fique Asie (trois films), de l’autre l’inattendueAmérique latine (deux films). Extrême, surtout,des partis pris stylistiques affichés par les cinéas-tes – et les sélectionneurs qui ont retenu leursœuvres. Le moins qu’on puisse dire est que celles-ci ne font guère dans la nuance. Ainsi, en soiréed’ouverture, le 29 août, Dust, du MacédonienMilcho Manchevski, qui reçut un Lion d’or en1994 pour son premier film, Before the Rain.Mêlant folklore balkanique, imagerie du western,rap new-yorkais, effets visuels et sonores emprun-tés au clip, à Emir Kusturica et à Sergio Leone, cetintamarre audiovisuel est exemplaire de ce quepeut être du cinéma européen voulant « concur-rencer les Américains sur leur terrain » : un mons-tre stupide.

Côté américain, justement, l’auteur de Kids,Larry Clark, poursuit ses portraits d’adolescents à

bout d’ennui, de confort, de bêtise, de vulgarité etd’inconscience morale : inspiré d’un fait divers,Bully décrit les longues prémisses du meurtre san-glant d’un jeune homme par ses copains, prémis-ses essentiellement composées de séances desexe triste et de conversations débiles, montréesavec une absence de distance qui se prétend clini-que et n’est que complaisante. Encore plus com-plaisant, Larger than Life, du Thaïlandais JeffreyJetturian, prétend dénoncer la manière dont lecinéma commercial travestit une histoire réellede viol incestueux, et capitalise sans vergogne surle voyeurisme en même temps que sur le moralis-me.

BRÛLOT CHINOISPlus ambitieux est le projet du Coréen Kim

Ki-duk, remarqué en 2000 à Venise pour son pre-mier film, L’Ile. Situé dans les années 1970, Adres-se inconnue évoque le traumatisme de la partitiondu pays, le poids de l’occupation américaine, ladureté des rapports sociaux sous la dictature mili-taire. Mais le film surcharge cette chronique demeurtres, de mutilations, d’actes bestiaux et injus-tes, son absurdité brutale finit par sembler une

pose, et non plus l’évocation mi-réaliste, mi-sym-bolique, de vies saccagées. Tout aussi radical dansson évocation d’autres vies saccagées, mais cettefois avec un respect des êtres, des espaces et desdurées, Fruits de mer, du Chinois Zhu Wen, est laplus heureuse découverte de ce début de Mostra.

Dans une station balnéaire figée sous la neigeet le désespoir, puis dans Pékin sinistre, les démê-lés d’une jeune prostituée avec un flic entrepre-nant, puis la routine de son existence sans issue,sont mis en scène avec une vigueur tendue, exi-geante, qui explique que les autorités chinoisesaient voulu bloquer ce brûlot glacé, tourné clan-destinement en vidéo digitale.

Autre extrême, cette fois, celui de la beauté etde l’intelligence modeste et radicale, avec le nou-vel opus de Yervant Gianikian et Angela RicciLuchi, Images d’Orient, tourisme vandale. Leur tra-vail sur des documents filmés en Inde à la fin desannées 1920 devient une magnifique leçon despuissances d’analyse politique du cinéma, enmême temps qu’un songe envoûtant, d’une impal-pable splendeur.

Jean-Michel Frodon

Film français de Gabriel Aghion.Avec Nathalie Baye, JosianeBalasko, Marie Gillain. (1 h 45.)

D.R

.

DORDOGNE

Jean Nouvel en PérigordLa bonne ville de Sarlat,en Périgord, célèbre un enfantdu pays, l’architecte Jean Nouvel,qui y vécut jusqu’à l’âge de huitans, avant de mener la carrièrede constructeur et de polémisteque l’on sait. Tandis qu’il prépare,à Paris, la constructiondu nouveau musée du quaiBranly, c’est à une réflexionsur l’interaction entre unearchitecture et son contenu,que convie une expositionprésentée à Périgueux, d’une part,et la mise en lumière par YannKersalé, à Sarlat, de l’égliseSainte-Marie, d’autre part.Désaffectée depuis la Révolution,partiellement démolie, ou utiliséecomme entrepôt, elle est devenue,au cœur du secteur sauvegardéde Sarlat, un lieu culturel aprèsavoir fait l’objet d’une remiseen valeur par les soins de JeanNouvel qui l’a notamment dotéed’une double porte monumentaleen acier.Sarlat (Dordogne). EgliseSainte-Marie, place Boissarie.Tél. : 05-53-31-53-31.Projection rétrospective,tous les soirs de 21 h 30 à minuit.Jusqu’au 23 septembre.Périgueux (Dordogne).L’inattendu muséal selon JeanNouvel, Espace CulturelFrançois-Mitterrand, place Hoche.Tél. : 05-53-06-40-00.De 13 heures à 18 heures,du mardi au samedi,jusqu’au 23 septembre.

GIRONDE

« Trop de peine. Femmesen prison », de Jane AtwoodC’est une exposition dédiéeà Corinne, 27 ans, « morte fautede soins dans une prison françaiseà la suite d’une crise d’asthme.Son crime : émission de chèquessans provision… » La photographeJane Evelyn Atwood a passé neufans dans des prisons de quarantepays d’Europe et d’Amérique.Elle en a tiré une expositionde 122 images, « Trop de peines,femmes en prison », présentéepour la première fois à La Villetteà Paris, en 2000, accompagnéed’un livre (éd. Albin-Michel) et qui,depuis, rencontre un grand succèsdans les lieux où elle est présentée,comme en ce moment au châteaude Cadillac, qui fut, pendant plusd’un siècle, une prison de femmes.Cette photojournaliste classiqueet engagée, spécialistede communautés en marge,a réalisé la première grandeenquête photographiquesur les femmes en prison, associéeà des témoignages poignants.Images et textes, réunis,interrogent le systèmepénitentiaire.Cadillac (Gironde). Châteaude Cadillac, Centre des monumentsnationaux, place de la Libération.De 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 heuresà 18 heures, jusqu’au 15 octobre ;de 10 heures à 12 heures et de14 heures à 17 h 30, du 16 au31 octobre ; fermé le lundi. Tél. :05-56-62-69-58. De 16 F à 26 F ;gratuit pour les moins de 18 ans.

KLAUS RINKE. Le Grand Café, pla-ce des Quatre-Z’horloges, Saint-Nazaire (44). Tél. : 02-40-22-37-66.Jusqu’au 17 novembre.

Un épisode d’Absolument fabu-leux, la série télévisée britannique,dure 26 minutes et compte le mêmenombre de gags que le long (uneheure trois quarts) métrage dumême titre. Il suffit de se souvenirdu théorème relatif aux plaisanteriesles plus courtes pour comprendrepourquoi la vision du film de GabrielAghion ne fait pas rire. Mais il ne suf-fit pas de ne pas rire pour se sentirvraiment mal dans son fauteuil.

Il faut aussi un énorme contresensà la traduction. Edwina et Patsy, lescréatures issues de l’imagination cor-rosive de Jennifer Saunders (quijouait également Patsy) sont dessilhouettes, des êtres purementcomiques, qui ont pour seule raisond’être la propulsion de situationsinfernales. Cette mécanique comi-que avait trouvé, à la télévision, unornement magnifique en la person-ne de Joanna Lumley, silhouette déli-rante et gestuelle absurde. Certes,les deux femmes hantent les milieuxde la mode, bien sûr Edwina est enconflit permanent avec sa fille, tropbonne élève. Mais ces éléments ne

sont là que pour enclencher lespièges qui se referment sur le duo,comme dans les meilleurs dessinsanimés.

Lorsque la décision fut prise de fai-re traverser la Manche à la série,Edwina et Patsy reçurent une âme etune personnalité en partage. Ducoup, Josiane Balasko s’acharne àdéfendre son personnage de mauvai-se mère, ivrogne et cocaïnomane,nymphomane par devoir. Un peucomme si l’on s’attachait à représen-ter de la manière la plus réaliste lesconséquences physiologiques desaffrontements entre Vil Coyote etBip Bip : pas très appétissant. Tout

comme le traitement sadique réser-vé à Chantal Goya. La chanteusejoue son propre rôle et confie larelance de sa carrière au duo Patsy-Eddie. Elle finit par apparaître àl’écran dans une tenue et des circons-tances qu’on ne souhaite à person-ne, y compris Chantal Goya. Natha-lie Baye, heureusement, s’en tient aucanon britannique d’Ab Fab et sa Pat-sy passe à travers le film avec pourseul souci l’intégrité de sa dégaineirrésistible. Mais rien ne peut endi-guer le malaise qui croît tout au longde cette malencontreuse adaptation.

Thomas Sotinel

Klaus Rinke expérimentel’eau, le temps et le soleilL’artiste allemand expose à Saint-Nazaireun ensemble de travaux anciens et récents

La relativité selon Rinke : « Einstein ! Quand Baden-Badens’arrête-t-il à ce train ? » (Düsseldorf, 1989-1990).

SORTIR

C U L T U R E

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R A D I O - T É L É V I S I O N LE MONDE / SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001 / 25

VENDREDI 31 AOÛT

GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS12.10 et 17.10, 0.10 Le Monde des idées.

Thème : Mondialistes et antimondialistes.Invité : René Passet. LCI

21.00 Stonehengeet l'énigme des mégalithes. Forum

22.00 Le Mystèredes lignes de Nazca. Forum

23.00 Objet volant non identifié. Forum

MAGAZINES18.00 Courts particuliers.

Lambert Wilson. Paris Première18.15 Ce qui fait débat.

La politique autrement.Invités : Claude Allègre ;Jean-Pierre Chevènement ;Clémentine Autain ; Christine Boutin ;Nicolas Perruchot ; Nicolas Sarkozy ;Arnaud Montebourg ;Noël Mamère. TV 5

19.00 Histoire parallèle.Semaine du 1er septembre 1951 :de l'Europe d'Hitler à l'Europede demain. Arte

21.05 Thalassa. La traque aux crocos.Salade mexicaine. TV 5

21.40 Metropolis.Doris Schröder-Kopf et l'éducation.Portrait de Tomi Ungerer. Les enfantsdes rues... en Allemagne. Arte

22.15 L'Été d'« Envoyé spécial ».Brésil. Stars du ciel. Les miragesde l'or. Cochabamba, la prisondes miracles. Pêcheurs de brume.Invité : Bernard Lavilliers. TV 5

23.40 Rock Press Club.Les Rolling Stones. Canal Jimmy

DOCUMENTAIRES17.00 L'Actors Studio.

Harrison Ford. Paris Première17.00 Les Enquêtes

du National Geographic.La Terre en colère. La Cinquième

17.15 Au-delà de l'horizon.[9/9]. Henri le navigateur. Histoire

17.25 Les Mystères de l'histoire.Les Pères Pèlerins. La Chaîne Histoire

17.25 De bien robustes canards. Odyssée

17.30 La Cinquième Dimension. Le gardedu corps des baleines. La Cinquième

17.30 Correspondances.La nature qui soigne. Voyage

17.45 Les Réalisateurs.Spike Lee. CinéCinémas

17.45 La Guerre des paradis.[1/2]. Communistescontre catholiques. Planète

18.05 Francis Ponge. [2/2]. Histoire

18.05 Les Enjeux de la planète.[3/3]. L'agriculture. La Cinquième

18.40 Notre siècle.[9/9]. 1980-1990 : Solidarnosc. Planète

18.50 Citizen Langlois. Ciné Classics

19.30 Paroles de danse.Catherine Diverrès. Mezzo

19.30 Les Chevaux du monde.Islande, la saga des chevaux. Odyssée

19.35 Patti Smith.L'océan des possibles. Planète

19.55 Danger réel.Les dents de la mort. 13ème RUE

20.00 Jordi Savall. A la recherchede l'authenticité. Mezzo

20.00 D'îles en îles. Chypre. Voyage

20.30 Au-delà des mers, l'héritageportugais.[1/5]. Question d'identité. Planète

20.30 Sur la route.Finlande, la fille du père Noël. Voyage

20.45 L'Aventure humaine.A l'écoute des climats. Arte

20.50 Ombre et lumière.Henri Decoin, cinéaste. Ciné Classics

20.55 La Maison des divinités. Odyssée

21.00 Histoire des inventions.[1/6]. Inventer pour vivre. Histoire

21.05 Ils ont fait l'Histoire. Guillaumele Conquérant. La Chaîne Histoire

21.55 Mir, chronique d'une viedans l'espace. Histoire

22.00 Pilot Guides.La Thaïlande et le Laos. Voyage

22.00 Les pandasavec Debra Winger. Disney Channel

22.20 Autour de Vega. Planète

22.45 Le Musée du Prado.Francisco De Goyapeintre de l'insoutenable. Odyssée

23.10 Pierre Mendès-France. Planète

23.15 Histoires secrètes.Dimanche sanglant. Chaîne Histoire

23.40 Mémoires de la télévisionfrançaise.[2/2]. Jean Kerchbron. Histoire

0.15 Monty ! The Many Facetsof Monty Alexander. Arte

0.35 Linda McCartney :Derrière l'objectif. Canal Jimmy

1.00 Pilot Guides. Cambodge. Voyage

SPORTS EN DIRECT14.45 Basket-ball. Euro 2001 (poule A) :

France - Ukraine. France 214.45 Formule 3000. Grand Prix

de Belgique. La course. Eurosport15.00 Rugby. Tournoi des Tri-Nations.

Australie - Nouvelle-Zélande. Canal +16.45 et 1.00 Tennis.

US Open (6e jour). Eurosport20.05 Football.

Coupe du Monde 2002 (éliminatoires) :Suisse - Yougoslavie. TSR

20.15 Basket-ball. Euro 2001 (poule D) :Russie - Grèce. Pathé Sport

20.50 Football. Match amical.Chili - France. TF 1

MUSIQUE18.30 Classic Archive.

Enregistré en 1967 et 1961.Symphonie n˚7 en la majeur, opus 92,de Beethoven. Par l'Orchestrephilharmonique de l'ORTF, dir. ErnestAnsermet ; L'Apprenti sorcier, scherzosymphonique, de Dukas, Parl'Orchestre symphonique de Londres,dir. Pierre Monteux. Mezzo

21.00 Les Noces de Figaro.Opéra de Mozart. Enregistré en 1976.Par l'Orchestre philharmoniqueet les Chœurs de Vienne,dir. Karl Böhm. Mezzo

21.00 Arthur Rubinstein.enregistré en janvier 1975. Muzzik

22.00 Tabou Combou.Zénith, novembre 1998. RFO Sat

22.45 Marciac Sweet 2000.Avec Ahmad Jamal, piano. Muzzik

23.30 Björk.Enregistré en décembre 1998.Avec Mark Bell, claviers ; The IcelandString Octet. ! Paris Première

0.05 Beethoven. Quatuor à cordes opus 18n˚4. Enregistré en 1989. Par leQuatuor Alban Berg. Mezzo

THÉÂTRE22.55 Les Fourberies de Scapin.

Pièce de Molière. Mise en scènede Jean-Louis Benoit. France 3

TÉLÉFILMS17.20 La Bascule. Marco Pico &. France 2

17.50 La Petite Absente.José Pinheiro %. Festival

18.00 Images de l'au-delà.Sam Pillsbury. ?. RTL 9

18.05 Rapt aux Caraïbes.Sigi Rothemund &. M 6

19.05 A chacun son tour.Peter Bogdanovich. Disney Channel

20.30 Ardéchois, cœur fidèle.Jean-Pierre Gallo. [1/2]. Festival

20.40 The Color of Courage.Lee Rose &. CinéCinémas

20.50 La Plantation. Harry Falket Virgil W. Vogel. [1 et 2/2] &. Téva

20.55 Le Feu sous la glace.Françoise Decaux-Thomelet. France 3

22.40 Le Policier de Tanger.Stephen Whittaker %. Arte

23.15 Raven. Lawrence Lanoff ?. TF 6

23.20 Kim. John Howard Davies. Festival

SÉRIES17.05 Dawson. Apocalypse show. TF 1

20.50 Dark Angel. [1 et 2/2].Un autre monde(épisode pilote) &. M 6

22.35 Roswell. Décomposition &. M 6

22.55 Columbo. Ombres et lumières. TF 1

0.50 Le Damné. Carrier %. Série Club

TÉLÉVISION

TF 113.25 Reportages. Les maisons de famille.13.55 Invisible Man.14.45 Alerte à Malibu.15.40 Les Repentis.16.30 Will & Grace.17.05 Dawson.17.55 Sous le soleil.18.55 Les Aventuriers de Koh-Lanta.20.00 Journal, Tiercé, Météo.20.50 Football. Match amical. Chili - France.22.55 Columbo. Ombres et lumières.0.35 Formule 1.

FRANCE 213.50 Les Documents santé &.14.45 Basket-ball.

Euro 2001. France - Ukraine.16.50 Automobilisme. Championnat

Supertourisme. Grand Prix d’Albi.17.20 La Bascule.

Téléfilm. Marco Pico &.18.55 et 1.50 Union libre.19.55 et 20.45 Tirage du loto.20.00 et 1.30 Journal, Météo.20.50 Tapis rouge. Best of.23.05 Tout le monde en parle.

FRANCE 313.25 C'est mon choix.14.25 Côté jardins.14.55 Côté maison.15.25 Chroniques d'ici.15.55 Chroniques d'en haut.16.45 C'est toujours l'été.18.25 Questions pour un champion.18.55 Le 19-20 de l’information, Météo.20.15 Tout le sport.20.25 C'est mon choix ce soir.20.55 Le Feu sous la glace.

Téléfilm. F. Decaux-Thomelet &.22.25 Météo, Soir 3.22.55 Les Comédies de l'été.

Les Fourberies de Scapin.Pièce en 3 actes de Molière.

0.40 Soirée frissons. Le Fils maléfique.Téléfilm. Douglas Jackson ?.

CANAL +f En clair jusqu'à 13.3013.30 Africa &.14.30 La Grande Course.15.00 Rugby. Tournoi des Tri-Nations.

Australie - Nouvelle-Zélande.16.40 Wyoming Story.

Téléfilm. John Badham %.18.35 Le Monde des ténèbres %.

f En clair jusqu'à 20.3019.20 Le journal.19.30 + clair.20.30 Le Pire du 20h20.21.00 Samedi comédie.

H. Une histoire d'intelligence &.21.25 Titus. Le sexe au dessert &.21.45 Bush, président.Fœtus ce qu'il te plaît &.22.10 Seinfeld. L'album &.22.50 Grandeur et décadence &.

23.45 Surprises.0.00 Le Journal du hard #.0.10 Artemesia

ou l'innocence pervertieFilm. Paul Thomas #.

LA CINQUIÈME/ARTE13.45 Le Magazine de la santé.14.10 A la recherche

des animaux perdus.15.05 Sur les chemins du monde.

Porto et le Douro.16.05 Autour du Mont-Blanc.17.00 Les Enquêtesdu National Geographic.17.30 La Cinquième Dimension.

18.05 Les Enjeux de la planète.19.00 Histoire parallèle.

Semaine du 1er septembre 1951 :de l'Europe d'Hitler à l'Europe de demain.

19.45 Météo, Arte info.20.00 Le Dessous des cartes.20.15 Le Douanier Rousseau.

Ou la légende du peintre naïf.20.45 L'Aventure humaine.

A l'écoute des climats.21.40 Metropolis.22.40 Le Policier de Tanger.

Téléfilm. Stephen Whittaker %.0.15 Music Planet.

M 613.15 Loïs et Clark, les nouvelles

aventures de Superman &.14.10 V &.15.00 Zorro &.15.30 Los Angeles Heat &.16.30 Crime Traveller &.17.30 Turbo.18.05 Rapt aux Caraïbes.

Téléfilm. Sigi Rothemund &.19.54 Le Six Minutes, Météo.20.05 E = M 6 découverte.20.40 Cinésix.20.50 La Trilogie du samedi.

Dark Angel. [Pilote]. Un autre monde &.21.45 Un autre monde &.22.35 Roswell. Décomposition &.

23.25 Au-delà du réel,l'aventure continue. Sarcophage %.0.20 La terre promise %.

RADIO

FRANCE-CULTURE18.40 Le Bon Plaisir de (rediff.).21.40 Dits et récits (rediff.).22.05 Concert. Récital de Vladimir Sverdlov.

Œuvres de Scarlatti, Schubert, Chopin.23.30 Profils (rediff.). Gianni Esposito.1.00 Les Nuits (rediff.).

FRANCE-MUSIQUES18.07 Sur tous les tons.20.00 Prélude.20.30 Concert euroradio.

Festival des Prom's.Par l'Orchestre philharmoniquede Londres, dir. Kurt Masur.Œuvres de Enesco, Dvorak, R. Schumann.

23.00 Soirée privée.

RADIO CLASSIQUE19.00 Intermezzo.

Œuvres de Quantz, Vorisek, Pleyel.20.00 Les Rendez-vous du soir.

Brahms et la musique populaire.Œuvres de Brahms, Roumanie,J. Strauss fils, Bruch, Dvorak.

22.00 Da Capo. Michaël Rabin, violoniste.Œuvres de Paganini, Wieniawski,Rimski-Korsakov, Saint-Saëns, Saraste,Bruch, Bach.

Odyssée16.50 Les ChurchillLes Anglais ont l'art de traiter lesgrandes figures de leur histoireavec un singulier mélange d'admi-ration, de familiarité, de distanceet d'ironie, qui n'appartient qu'àeux et convient parfaitement aulégendaire Winston Churchill. Unesérie en trois volets (suite lessemaines prochaines), qui dressele portrait du « Vieux Lion » passéà la postérité pour son rôle pen-dant la période 1940-1945.

Ciné Classics20.30 Chroniquedes pauvres amants a a

A Florence, en 1925, Mario, jeunetypographe, loue une chambrechez le maréchal-ferrant d'une ruepopulaire. C'est l'époque où le partifasciste impose son pouvoir par laviolence. D'après un roman deVasco Pratolini, le cinéaste commu-niste Carlo Lizzani a fait revivreune période noire de l'histoire ita-lienne. Avec Marcello Mastroianniet Giuliano Montaldo.

Arte22.15 Une synagogueà la campagne a

Ils ne sont plus que sept, sept petitsvieux de Delémont (bourgade deSuisse romande), pour maintenircoquette leur synagogue mangée parle salpêtre. Partis à « l'étranger »...c'est-à-dire à Bâle, toute proche...,leurs enfants ne prendront pas la relè-ve. La communauté israélite de Delé-mont s'éteint. Sur un ton pudique ettendre, Franz Rickenbach fait revivrel'histoire de ce petit monde.

13.25 Le Cavaleur a aPhilippe de Broca (France,1978, 100 min) &. Cinéfaz

13.35 Histoire de chanter aGilles Grangier (France,1946, 80 min) &. Cinétoile

14.30 Les Aventuriers a aVincent Sherman (Etats-Unis,1960, v.o., 150 min). TCM

15.05 Faubourg Montmartre a aRaymond Bernard (France, 1931,90 min) &. Ciné Classics

16.35 Doctor Bull a aJohn Ford (Etats-Unis, 1933,v.o., 75 min) &. Ciné Classics

17.00 La Plus GrandeAventure de Tarzan aJohn Guillermin (Grande-Bretagne,1959, 100 min). TCM

23.00 Le MystérieuxDocteur Korvo a aOtto Preminger (Etats-Unis, 1949,v.o., 100 min) &. Ciné Classics

23.00 Les Oiseaux a a aAlfred Hitchcock (Etats-Unis, 1963,v.o., 115 min) ?. Ciné Cinémas 1

23.25 Et Dieu créa la femme aRoger Vadim (France, 1956,85 min) &. Cinétoile

0.00 Pink Floyd, the Wall aAlan Parker (GB - EU, 1982,v.o., 105 min). TCM

0.40 Viridiana a a aLuis Bunuel. Avec Silvia Pinal,Francisco Rabal,Fernando Rey (Esp., 1961,v.o., 90 min) %. Ciné Classics

1.45 Le Corsaire rouge a aRobert Siodmak (Etats-Unis,1952, 115 min). TCM

1.50 Ma sœur chinoise aAlain Mazars (France, 1994,90 min) &. Cinéstar 1

2.10 Emilia Galotti a aMartin Hellberg.Avec Karin Guebner,Hans-Peter Thielen (Allemagne,1958, v.o., 90 min) &. Ciné Classics

2.20 L'Ile aux baleines a aCleve Rees (Grande-Bretagne, 1989,v.o., 100 min) &. Ciné Cinémas 1

2.25 La Stratégie de l'araignée a aBernardo Bertolucci (Italie, 1970,v.o., 100 min) &. Cinétoile

2.25 L'Ile au trésor a aRaoul Ruiz (France, 1985,110 min) &. Cinéstar 2

2.25 Pile ou face a aRobert Enrico (France, 1980,105 min) %. Ciné Cinémas 3

16.05 Le Secret de Roan Inish a aJohn Sayles (Etats-Unis, 1994,100 min) &. Ciné Cinémas 3

16.05 L'Honneur d'un capitaine a aPierre Schoendoerffer (France,1982, 115 min) &. Cinéfaz

16.40 Florence est folle a aGeorges Lacombe (France, 1944,95 min) &. Ciné Classics

18.15 Le MystérieuxDocteur Korvo a aOtto Preminger (Etats-Unis, 1949,v.o., 95 min) &. Ciné Classics

18.50 Brigadoon a a aVincente Minnelli (Etats-Unis, 1954,115 min). TCM

20.30 Chroniquedes pauvres amants a aCarlo Lizzani. Avec Gabriele Tinti,Antonella Lualdi (Italie, 1954,v.o., 105 min) &. Ciné Classics

21.00 Mille milliards de dollars a aHenri Verneuil (France, 1982,130 min) &. Cinétoile

22.20 Tarzan, l'homme-singe a aWS Van Dyke (Etats-Unis, 1932,100 min). TCM

22.40 Deux a aClaude Zidi (France, 1988,95 min) &. Ciné Cinémas 2

23.20 La Maison de l'horreur a aWilliam Malone (Etats-Unis,1999, 90 min) ?. Canal + Vert

23.25 Timeless, Bottomless,mauvais film a aJang Sun-Woo (Corée, 1997,v.o., 120 min). Arte

0.00 Passion fatale a aRobert Siodmak (Etats-Unis,1949, v.o., 120 min). TCM

0.15 Les Oiseaux a a aAlfred Hitchcock (Etats-Unis, 1963,120 min) ?. Ciné Cinémas 2

0.50 La Maison du diable a aRobert Wise (Etats-Unis, 1963,110 min) ?. Canal + Vert

TÉLÉVISION

TF 116.20 Passions.17.10 Beverly Hills.18.00 Sous le soleil.19.00 Le bigdil.20.00 Journal, Météo, Trafic infos.20.50 Rêve d'un soir.23.05 Sans aucun doute.0.55 Les Coups d'humour.

FRANCE 216.20 Nash Bridges &.17.10 La Famille Green.17.55 Le Groupe.18.30 Hartley, cœurs à vif &.19.20 Secrets d'été.19.50 Un gars, une fille.20.00 et 0.55 Journal, Météo.20.50 Une soirée de polars.

Boulevard du palais.Le Prix d'un enfant &.22.30 La Crim'. Le saigneur &.

23.30 A la Maison Blanche.La première dame sonne la cloche.0.15 Réparations.

FRANCE 316.50 C'est toujours l'été.18.25 Questions pour un champion.18.55 Le 19-20 de l'information, Météo.20.10 Tout le sport.20.20 C'est mon choix ce soir.20.55 Thalassa. Escale au Cap-Vert.22.05 Météo, Soir 3.22.35 ONPP vu de la loge.0.15 Les Envahisseurs. Labyrinthe.

CANAL +16.20 Jet-Set

Film. Fabien Onteniente &.18.05 Lain. Weird %.

f En clair jusqu'à 20.4118.30 Les Simpson &.18.55 + de cinéma.19.30 Le Journal.19.45 Le Zapping.19.55 Les Guignols de l'info.20.05 Burger Quiz.20.45 Athlétisme. Golden League.

Meeting de Berlin22.45 Minute en +.23.00 Le Talentueux Monsieur Ripley

Film. Anthony Minghella %.1.15 Un sac de billes a

Film. Jacques Doillon &.

ARTE19.00 Tracks.19.45 Météo, Arte info.20.15 Reportage. Du venin dans le sang.20.45 Quatre femmes à marier.

Téléfilm. René Heisig.22.15 Grand format.

Une synagogue à la campagne aFilm. Franz Rickenbach.

23.25 Timeless, Bottomless,Bad Movie a aFilm. Jang Sun-Woo (v.o.).

M 616.10 et 1.20 M comme musique.17.30 L'Etalon noir &.17.55 Le Clown &.18.55 Le Caméléon &.19.50 et 1.15 L'Eté de Loana.19.54 Le Six Minutes, Météo.20.05 Madame est servie &.20.40 Politiquement rock.20.50 Erreur médicale.

Téléfilm. Laurent Carceles &.22.35 Profiler. Planète intacte %.

23.25 Modus operandi %.0.25 Burning Zone,

menace imminente.Traitement fatal %.

RADIO

FRANCE-CULTURE20.00 A la poursuite de Nicolas Bouvier.21.00 Microfilms (rediff.).21.40 Départ en lignes.22.10 Carnet de notes (rediff).22.30 Les Cinq Temps de l'amour.23.30 A voix nue (rediff.).0.05 Du jour au lendemain (rediff.).0.40 Fiction (rediff.).1.00 Les Nuits (rediff.).

FRANCE-MUSIQUES20.00 Les Schubertiades.

Thomas Quasthoff, baryton,Justus Zeyen, piano.Œuvres de Schubert, Schulze, von Goethe.

23.00 Soirée privée.

RADIO CLASSIQUE20.40 Les Rendez-vous du soir.

Salomon, violoniste et impresario.Œuvres de Haydn et Salomon,J.S. Bach, C.P.E. Bach, Mozart,Haydn, Cherubini, Beethoven.

22.40 Les Rendez-vous du soir.Œuvres de Berlioz, Saint-Saëns,Ravel, Fauré.

Planète19.35 Patti SmithLenny Kaye, guitariste du PattiSmith Group, résume leur histoire,comme la lecture de poèmes débu-tant devant une assemblée de200 personnes qui se transforme enconcert gigantesque dans un stade deFlorence, où 70 000 fans se pressent.Ce quintette new-yorkais aura entreautres provoqué l’explosion du punken Grande-Bretagne. En imposant àsa tête une bohème émancipée, PattiSmith, dans un milieu machiste, le

Group a su ainsi conjuguer le rock auféminin. Le documentaire d’AnaïsProsaïc a le mérite de ne pas tronçon-ner les extraits de concerts, mais, enfaisant l’impasse sur l’album Dreamof Life (1998), il laisse croire que, entresa retraite en 1979 et son come-backen 1996, la chanteuse n’a rien enregis-tré. Les archives permettent aux afi-cionados de se replonger dans l’at-mosphère du CBGB, bar miteux etlaboratoire de l’avant-garde new-yor-kaise, où Patti Smith réinjecta la rébel-lion dans le rock aux côtés de TomVerrock et de Richard Hell.

Ciné Classics23.00 Le MystérieuxDocteur Korvo a a

Korvo (José Ferrer) use à mauvaisescient des dons dont la nature l’apourvu et tente de manipuler unehéroïne, Ann Sutton (Gene Tier-ney), aussi imparfaite que désirable.Ann doit servir d’alibi dans une affai-re de meurtre au bel et élégant doc-teur. Ce suspense de Preminger s’ins-crit dans la lignée de son excellentLaura. José Ferrer y brille autant queClifton Webb dans Laura.

SIGNIFICATION DES SYMBOLES

DÉBATS21.00 Les Félins. Forum

22.00 Bêtes de concours. Forum

23.00 Le Retour du loup. Forum

MAGAZINES20.55 Thalassa.

Escale au Cap-Vert. France 321.00 Rock Press Club.

Les Rolling Stones. Canal Jimmy21.00 Recto Verso.

Charles Berling. Paris Première

DOCUMENTAIRES18.00 Le Musée du Prado.

Francisco De Goya peintrede l'insoutenable. Odyssée

18.25 L'Actors Studio.Sidney Lumet. Paris Première

19.55 Journal d'un globe-trotter.Yukon. Odyssée

20.00 Pilot Guides. Cambodge. Voyage

20.05 Sur la route avec Ray Brown.Entre les lignes. Muzzik

20.15 Reportage.Du venin dans le sang. Arte

20.30 Pierre Mendès-France. Planète

20.35 Les Mystères de la Bible. Moïseau Mont Sinaï. La Chaîne Histoire

20.50 Les Fils de lumière. Odyssée

21.00 Les Grandes Batailles du passé.Mafeking 1899-1900.Tsushima 1905. Histoire

22.00 Sous la mer. La Mer Rouge. Voyage

22.25 Musiques de James Bond. Planète

22.30 Correspondances. Quatre mariageset un enlèvement. Voyage

22.30 Tueurs en série. Kenneth McDuff,le tueur au balai. 13ème RUE

22.55 On the Trail of E.T. Odyssée

23.00 Les Femmes aux J.O.[3/3]. Les temps changent. Histoire

23.20 Geoffrey Oryema. Muzzik

23.20 Les Aventuriers de l'altitude.[3/6]. La tour de Moïse. Planète

23.50 Une histoire de la médecine.[7/8]. La médecine, conquéranteou conquise ? Histoire

0.00 Pilot Guides.Cuisine du monde : Vietnam. Voyage

0.25 Le Pouvoir de l'arc-en-ciel. Odyssée

SPORTS EN DIRECT17.00 et 1.00 Tennis.

US Open (5e jour). Eurosport20.15 Basket-ball. Euro 2001 (poule D) :

Grèce - Italie. Pathé Sport20.45 Athlétisme. Golden League.

Meeting de Berlin (All.). Canal +

DANSE17.45 et 20.35, 23.30 Susto.

Chorégraphie de Jiri Kylian.Par le Nederland Dans Theater. Mezzo

21.55 Roméo et Juliette.Chorégraphie d'Angelin Preljocaj.Musique de Serge Prokofiev.Par le Lyon Opera ballet. Mezzo

MUSIQUE21.00 James Carter.

Deutsches Jazz Festival 1994. Muzzik

22.55 Here, there and everywhere.Royal Albert Hall de Londres, en 1999.Avec Des'Ree ; Marianne Faithfull ;Tom Jones ; Chrissie Hynde ;Elvis Costello ; Sinead O'Connor ;George Michael ;Paul McCartney. Canal Jimmy

23.20 Mascagni.Intermezzo de L'Amico Fritz. Parl'Orchestre philarmonique de Berlin,dir. Herbert von Karajan. Mezzo

23.45 Katia Kabanova.Festival de Salzbourg 1998. Avecl'Orchestre philharmonique tchèque,dir. Sylvain Cambreling. Mezzo

0.05 Luke Slater. Eurockéennes,Belfort 2000. Paris Première

THÉÂTRE23.40 L'Amour foot.

Pièce de Robert Lamoureux. Festival

TÉLÉFILMS20.35 Une image de trop.

Jean-Claude Messiaen &. TMC20.45 Quatre femmes à marier.

René Heisig. Arte20.50 Erreur médicale.

Laurent Carceles &. M 620.50 Alien Nation.

Kenneth Johnson. Série Club22.05 Les Secrets du passé.

Michael Lindsay-Hogg. Festival

SÉRIES18.55 Le Caméléon. Affaire de famille. M 620.50 Boulevard du palais.

Le Prix d'un enfant &. France 222.30 La Crim'. Le saigneur &. France 2

Les codes du CSA& Tous publics% Accord parental souhaitable? Accord parental indispensable? ou interdit aux moins de 12 ans! Public adulte? Interdit aux moins de 16 ans# Interdit aux moins de 18 ans

Les cotes des filmsa a a On peut voira a a A ne pas manquera a a Chef-d’œuvre ou classiqueLes symboles spéciaux de Canal +DD Dernière diffusion

d Sous-titrage spécial pourles sourds et malentendants

SAMEDI 1er SEPTEMBRE

GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

Page 26: e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE … · la terrasse qui domine la mer, dans la matinée ... tout en ayant refusé de les diffuser. Un membre de la direction ajoute : ... dents de la Ve

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SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2001

Tirage du Monde daté vendredi 31 août 2001 : 551 280 exemplaires. 1-3Nos abonnés trouveront associé au numéro d’aujourd’hui notre supplémentRadio-télévision daté dimanche-lundi.

TROP PRESSÉ parfois d’entrerdans le vif du sujet, on ne s’arrêtepas assez aux titres des livres. Orceux que choisit Philippe Sollers etqui fonctionnent pour lui comme

un « déclic »offrent unepremière cléde lecture.Et, en pre-nant le soinet le tempsde les regar-der tousensemble,apparaît lavision cohé-rente d’une

œuvre, d’un cheminement inté-rieur, d’une pensée et d’un corpsunis dans le mouvement perpétuelde l’écriture. Une façon d’être à soiet au monde « s’écrivant et se lisant,le livre devenant monde » – ainsiqu’il l’expliquait dans Vision à NewYork (Grasset, 1981). Il suffit de seremémorer Une curieuse solitude,son premier roman, Paradis, Fem-mes, Portrait du joueur, La Fête àVenise, Le Secret, Passion fixe, LaGuerre du goût ou Eloge de l’infini,pour n’en citer que quelques-uns.Cavale n’échappe pas à cette défini-tion. Sa définition.

En outre, voilà un mot qui sied àcet homme vif et rapide, agile etrusé, direct aussi, passé maître

dans l’art du contre-pied, de l’esqui-ve, de l’ellipse et de la fugue. Sonsecret ? La vitesse : sa stratégie etsa défense pour échapper à toutesles emprises. Celles du temps et dela mort, de l’ennui, de la bêtise etde la haine, de la misère sexuelleambiante, de la société du specta-cle, des embrigadements de toutessortes : famille, Eglises, partis, sec-tes… Sans oublier le clergé, qui nesait d’ailleurs plus à quelles étiquet-tes le vouer. Mais voilà, Sollerséchappe à tous les genres. Pourpreuve, la nouvelle écrite pour LeMonde.

« A vrai dire, si l’on commenceavec les histoires de genre, on risquede se perdre, car je fais des romansqui ne passent pas pour être devrais romans, donc, si j’écris quel-que chose qui s’appelle “nouvelle”,cela ne va pas être ce que l’onentend habituellement par nouvel-le. Les genres et moi… J’ai mauvaisgenre pour les genres », ponc-tue-t-il d’un bel éclat de rire, avantde reprendre, mezza vocce : « Enfait, ce que je viens de faire est pro-bablement le premier chapitre d’unlivre à venir, mais qui peut très bientenir comme une nouvelle. Il y a uncommencement, et puis une pausequi peut être suspendue. D’ailleurs,ce qui m’a intéressé, c’était de voirà quel moment, dans ce que j’avaisécrit depuis un an, il y avait une

pause, et donc un texte qui se tientet que l’on pouvait détacher. »

Question de forme, certes. Maispas seulement : « Ce texte est àl’image de tout ce que je fais, il n’y apas de fin, tout est ouvert. D’ailleurs,les nouvelles qui ne continueraientpas ne m’intéressent pas, cela vou-drait dire qu’il y a un côté négatif,tragique, une sorte de mort, de dispa-

rition. Voilà pourquoi j’essaie d’écri-re des choses qui pourraient durerindéfiniment. Ce qui est contraire àla story anglo-saxonne, au coup defusil et au drame. »

Pas de tragédie donc dans Cava-le, mais une histoire d’amour, heu-reuse – donc subversive, selon la

philosophie sollersienne –, entreun homme et une femme, ici uneétudiante et un narrateur-écrivain.Une idylle solitaire, le temps d’unété, au fil de l’eau, des parfums, descouleurs, avec un air de Fête à Veni-se mené sur le tempo de Passionfixe. A cela près que, cette fois, nosdeux réfractaires ont pris le largepour une fugue en Ré. Loin duvacarme, du bavardage généralisé,des images et du virtuel. Place ausilence, au repli sur soi, au plus prèsdes sensations.

Changement de décor donc, maispas de ton. Et encore moins d’inten-tion : « Dans ces onze pages, je lancedes choses qui peuvent passer inaper-çues ; comme je fais d’habitude,d’ailleurs. Une proposition simple dedeux personnages qui sont quelquepart, mais en réalité avec une inten-tion métaphysique. Ils réfléchissentsur ce qui leur arrive, leur rapport autemps, à l’espace. C’est un petit traitéde métaphysique déguisé en nouvel-le, qui n’est elle-même qu’un romanéventuel. Ce qui me permet de glisserune critique sociale très forte de cequi pourrait être en effet l’histoiredéprimée qu’on vous raconte, l’im-pact, l’emprise sociale sur les indivi-dus. En tout cas, j’essaie de ne pasme raconter d’histoires. »

Christine RousseauLire notre cahier spécial

SACRIFIÉE de la baisse desimpôts ! La fiscalité écologique,malgré les déclarations d’intentionde Lionel Jospin, n’a jamais fait par-tie de ses priorités. Elle est aujour-d’hui enterrée. Dans son interven-tion télévisée du mardi 28 août, lepremier ministre s’explique : « Aumoment où les Français ont vu clai-rement que la baisse des impôts vaêtre effective, je pense qu’il seraitcontre-productif et inintelligent quede donner un message d’augmenta-tion de la fiscalité par ailleurs. » Jeu-di matin, M. Jospin a reçu YvesCochet, ministre de l’environne-ment, et son homologue aux finan-ces, Laurent Fabius, pour confir-mer ses choix et parler avenir.

La nouvelle philosophie du pre-mier ministre est claire : ce quidevait être en France une fiscalitéécologique, c’est-à-dire une pres-sion fiscale supplémentaire pourles pollueurs, comme le laisseentendre l’expression « pollueurpayeur », va se transformer en desbaisses d’impôts pour ceux quifont des efforts. Pas de sanctiondonc ; que des encouragements. Al’approche des élections, il vautmieux agiter la carotte que lebâton…

Dans ce contexte, les Verts ontperdu la bataille de l’écotaxe.Créée en 1999 pour financer les35 heures, la taxe générale sur lesactivités polluantes (TGAP) devaitincarner la volonté du gouverne-ment de se doter d’un véritable ins-trument fiscal de lutte contre l’ef-fet de serre et pour la maîtrise del’énergie. Contrairement à ce quiétait prévu, l’écotaxe ne sera doncpas étendue aux consommationsintermédiaires d’énergie des entre-prises. Et ne rapportera en 2002

que quelque 3,4 milliards de francs,contre les 12,5 milliards initiale-ment prévus. La secrétaire nationa-le des Verts, Dominique Voynet,s’est déclarée « déçue » par la déci-sion de M. Jospin. M. Cochet s’estmontré plus conciliant, soulignantque le premier ministre avait tran-ché « dans un sens positif d’incita-tion et non pas dans un sens qui peutêtre ressenti comme négatif d’impôtsupplémentaire ».

« INCITATIONS POSITIVES »Quant à M. Fabius, qui avait

beaucoup milité pour l’abandonde l’écotaxe, il n’a pas gagné surtoute la ligne. Contrairement à cequ’il souhaitait, M. Jospin a décidéde ne pas augmenter la taxe inté-rieure sur les produits pétroliers(TIPP) sur le gazole. Le plan plu-riannuel, lancé en 1999, de rattra-page de la TIPP sur le gazole, quialourdissait de 7 centimes par anet par litre la taxation de ce carbu-rant plus polluant que l’essence,avait été gelé en 2001 alors que lesprix du pétrole flambaient. Ildevait reprendre en 2002. Il n’ensera donc rien. M. Fabius perd aupassage 2,4 milliards de francs. Enrevanche, a précisé M. Cochet, « ily aura un certain nombre d’incita-tions positives sous la forme de cré-dit d’impôt ou d’incitation budgétai-re à utiliser des véhicules ou des car-burants moins polluants ou à s’équi-per de dispositifs permettant d’éco-nomiser les énergies ou d’utiliser lesénergies renouvelables ».

Décidément, M. Jospin est deve-nu un fervent défenseur des bais-ses d’impôts, plus encore que sonministre des finances.

Virginie Malingre

Deux nouvelles organisations humanitaires fermées par les talibans

L’INSTITUT FRANÇOIS-MITTERRAND a réagi, jeudi 30 août, dans uncommuniqué, à la publication d’une enquête du Point, reprise par LeMonde du 31 août, qui révèle que l’ancien président de la République nes’est pas opposé, quand il était garde des sceaux du gouvernement Mol-let en 1956 et 1957, à l’exécution de trente-deux militants du FLN con-damnés à mort « On ne peut qu’être confondu par une présentation quidonne à penser qu’il appartenait au garde des sceaux d’approuver ou dedésapprouver les décisions de la juridiction répressive », écrivent Jean-Louis Bianco, président de l’institut, et Jean Kahn, vice-président. Seloneux, « l’enquête du Point révèle elle-même que les avis favorables à la grâ-ce n’étaient pas toujours suivis et qu’il était impensable, dans le contextepolitique de l’époque, que le garde des sceaux demande au président de laRépublique de faire systématiquement obstacle à l’exécution des décisionsprononçant la peine capitale ». L’institut rappelle que « c’est FrançoisMitterrand qui a dénoncé au Conseil supérieur de la magistrature les excèsde zèle de certains juges en fonctions dans les départements algériens ».

DÉPÊCHESa MOUVEMENT DES CITOYENS : Jean-Pierre Chevènement, quidevrait annoncer sa candidature à l’élection présidentielle mardi4 septembre, s’est dit, jeudi 30 août, favorable à l’instauration d’unetaxe Tobin « aux frontières de l’euro ». Invité à l’université d’été duMedef, l’ancien président du Mouvement des citoyens a également« salué » l’assouplissement de la loi sur les 35 heures pour les PMEannoncé, mardi, par le premier ministre.a SONDAGE : la cote de confiance du premier ministre, Lionel Jos-pin, a baissé d’un point fin août par rapport au mois précédent et s’estétablie à 55 %, tandis que celle du chef de l’Etat, Jacques Chirac, a progres-sé de deux points et a atteint 47 %, selon un sondage Sofres, réalisé du 23au 25 août auprès d’un échantillon de 978 personnes, à paraître vendredidans Le Figaro Magazine.a FOOTBALL : l’international français Laurent Blanc s’est engagépour un an, jeudi 30 août, avec le club anglais de Manchester United.Le champion du monde et champion d’Europe (97 sélections) quitte l’In-ter de Milan, où il évoluait depuis deux ans. Il rejoint Sir Alex Ferguson,entraîneur du club, qui rêvait de l’engager depuis longtemps « car sonexpérience sera vitale pour tous nos jeunes joueurs », a-t-il déclaré. Celuiqu’on surnomme « le Président » retrouvera son successeur en équipede France, Mickaël Silvestre, ainsi que Fabien Barthez. A bientôt trente-six ans, il va disputer pour la première fois la Ligue des champions.

M. Toubon mis en examenpour « recel d’abus de bien sociaux »

KABOULde notre envoyée spéciale

Deux organisations humanitaires à caractèrechrétien ont été fermées par les talibans, dans lanuit du jeudi 30 août à Kaboul. Les bureaux d’In-ternational Assistance Mission (IAM), sont sousscellés, vendredi matin, et un jeune taliban affir-mant appartenir aux services de sécurité garde lamaison. « Tout le monde est parti. Il n’y a plus per-sonne et il est interdit d’entrer », déclare-t-il. Orga-nisation humanitaire qui n’a de programmesqu’en Afghanistan, où elle agit depuis sa créationen 1966, IAM comptait récemment jusqu’à cin-quante expatriés, pour la plupart américains.Moins implantée dans le pays, la deuxième orga-nisation fermée par le régime, Serve, qui installaitdes panneaux solaires, n’avait plus que deuxexpatriés en Afghanistan, à Kaboul et à Jalalabad.

Depuis l’arrestation pour prosélytisme chré-tien, les 3 et 5 août, de 24 membres de l’organi-sation humanitaire chrétienne allemande Shel-ter Now International (SNI), un grand nombred’expatriés d’IAM avaient discrètement rega-gné le Pakistan. Connu pour son aspect mission-naire, IAM laissait certains de ses volontaires,qui parlent souvent pashtou et dari (les deuxlangues locales les plus pratiquées), vivre avecleur famille dans les quartiers les plus dévastés

de Kaboul, sans eau et sans électricité. IAMavait une branche aviation, Pactec, dont les sixmembres expatriés ont quitté ce vendrediKaboul. Les bureaux de Pactec étaient désertéset, selon un témoin, les expatriés auraient affir-mé avant leur départ qu’ils s’en allaient, car ilétait trop dangereux pour eux de rester. Pactecavait interrompu depuis dix jours ses vols surl’Afghanistan sans donner de raisons claires.Pactec desservait le pays avec un petit mono-moteur et, depuis l’imposition de nouvellessanctions contre l’Afghanistan en janvier, exi-geait de ses passagers qu’ils sollicitent l’autori-sation du consulat américain à Islamabad.

LES EXPATRIÉS AVERTIS DE QUITTER LE PAYSCe vendredi matin, jour férié, le ministère des

affaires étrangères afghan était fermé. Il sembletoutefois que les expatriés auraient été avertis, laveille, de quitter le pays dans les trois jours. Cesfermetures n’ont pas vraiment surpris la commu-nauté internationale humanitaire à Kaboul tant,depuis l’arrestation des membres de SNI, larumeur voulait que d’autres organisations chré-tiennes missionnaires soient visées. Les talibansavaient d’ailleurs annoncé qu’ils avaient étenduleur investigation à d’autres organisations.

La fermeture et l’expulsion des volontaires

des deux dernières organisations pourraientsignifier que l’enquête concernant les activitésde SNI touche à sa fin. Sans préciser de date, leministre des affaires étrangères, Wakil AhmadMutawakil, a annoncé que les huit expatriés deSNI – deux Américaines, deux Australiens et qua-tre Allemands – seraient jugés, en précisant queleur sort final sera décidé par le chef suprêmedes talibans, Mollah Mohamad Omar. Jeudi, leconsul d’Australie, Alastar Adams, avait pu visi-ter ses deux concitoyens, Peter Bunch et DianaThomas, pour célébrer l’anniversaire de Diana.Le consul était accompagné d’un médecin qui apu examiner les deux détenus. Selon M. Adams,ils sont en bonne santé et ils ont bon moral.Mais les diplomates américain, australien et alle-mand, présents à Kaboul depuis le début de lasemaine, cherchent à obtenir des précisions surles modalités du procès et sur la possibilité d’as-surer leur défense dans le cadre du droit afghan.Le sort incertain des seize employés afghans deSNI, qui avaient été interpellés en même tempsque leurs collègues occidentaux, suscite cepen-dant les plus grandes inquiétudes.

Françoise Chipaux

« J’essaie d’écrire deschoses qui pourraientdurer indéfiniment.Ce qui est contraireà la storyanglo-saxonne,au coup de fusilet au drame »

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l’auteur de « Femmes » a écrit pour « Le Monde » un texte hors des sentiers balisés

L’ANCIEN MINISTRE (RPR) de lajustice Jacques Toubon a été mis enexamen, mercredi 29 août, pour« recel d’abus de biens sociaux » parla juge d’instruction Eva Joly dansl’enquête sur la faillite du promoteurDominique Bouillon, poursuivi pour« banqueroute » dans ce dossier.Mme Joly semble reprocher à l’anciengarde des sceaux d’avoir utilisé,en 1993 et 1994, un bateau mis à sadisposition par l’homme d’affaires.« Tout ce que l’on reproche à monclient, c’est d’avoir utilisé, à trois ouquatre reprises, lorsqu’il était envacances à l’île de Ré, un hors-bord de5,70 m, en ignorant qu’il n’apparte-nait pas à Dominique Bouillon lui-même mais à l’une de ses sociétés », adéclaré jeudi au Monde l’avocat deJacques Toubon, Me Xavier Flé-cheux. Selon Me Flécheux, l’incrimi-nation retenue contre l’ancien minis-tre – annoncée par France-Info –« ne se justifie pas ». « La société Per-seus, propriétaire du bateau, n’a subiaucun préjudice », a-t-il expliqué.« S’il n’y a pas eu de contrat de loca-tion en bonne et due forme entre lesdeux parties, M. Toubon a toutefoisréglé plusieurs factures, correspon-dant notamment à l’entretien du hors-bord », a affirmé l’avocat.

Me Flécheux a déploré que sonclient soit « une nouvelle fois poursui-

vi pour une broutille », faisant allu-sion à sa mise en examen – annuléepar la chambre d’accusation puisrétablie par la Cour de cassation –pour « complicité de prise illégale d’in-térêts » dans une affaire instruite àPerpignan. M. Toubon est soupçon-né d’être intervenu en 1995, lorsqu’ilétait garde des sceaux, pour favori-ser le coiffeur de son épouse dansl’acquisition d’un terrain.

Ancien familier de la famille Tou-bon, Dominique Bouillon est aucœur de l’affaire – également instrui-te par Eva Joly – de la faillite d’Isola2000, la station de ski des Alpes-Mari-times rachetée par le promoteur en1991, grâce à un prêt de 100 millionsde francs de la Société de banqueoccidentale (SDBO), ex-filiale du Cré-dit lyonnais. Considéré comme ledirigeant de fait d’Isola 2000, via laholding luxembourgeoise Siadf,M. Bouillon avait été mis en examenen décembre 1996 pour « complicitéd’abus de confiance, recel et abus debiens sociaux ». Sophie Deniau, belle-fille de M. Toubon et ancienne diri-geante de la Sapsi, la société d’amé-nagement et de promotion de la sta-tion de ski, est aussi poursuivie danscette affaire pour « recel et abus debiens sociaux ».

Fabrice Lhomme

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