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Edito La réforme du collège concerne aussi le lycée. Il serait pour- tant facile, surtout pour ceux qui d’entre nous n’ont que peu pratiqué dans les classes de collège ou n’y mettront jamais les pieds, de considérer que les problèmatiques soulevées par la réforme du collège doivent rester des problématiques d’ensei- gnant du collège. Il n’en est rien. Nul besoin non plus de faire appel à la fibre maternelle ou paternelle des parents d’élèves que bon nombre d’entre nous sommes. Car ce que remet en cause cette réforme du collège, par bien des aspects, c’est l’ar- chitecture même du système éducatif : par sa logique de cycle de 3 ans qui intègre la 6ème à l’école primaire vise à légitimer l’existence de l’école du socle et le bac-3/bac+3 rompant ainsi l’unité du second degré et faisant du collège le prolongement de l’école primaire et transformant le lycée en une propédeu- tique de l’enseignement supérieur. Le tout créant ainsi un pa- lier bien opportun entre le collège et le lycée pour envoyer les élèves les plus fragiles vers l’apprentissage et/ou des filières externalisées gérées par les collectivités territoriales ou le sec- teur privé. Une autre idée de la réforme proposée par le ministère et sou- tenue par le SGEN-CFDT et le SE-UNSA (dans le champ syndi- cal il ne reste plus qu’eux...) est que l’autonomie donnée aux établissements permettra de réduire les inégalités et mettra fin au «collège à deux vitesses». Or, et on ne le sait que trop bien en tant qu’enseignant de lycée, l’autonomie et les offres différenciées ne font qu’organiser une concurrence entre les établissements. Celle-ci, biaisée par les facteurs économiques et sociaux, ne se faisant jamais au bénéfice des établissements accueillant les publics des milieux les plus défavorisés mais permettant au contraire d’accroitre la sélectivité des établisse- ments accueillant les publics les plus favorisés. La réforme proposée risque donc d’avoir l’effet contraire de celui annoncé. Et inutile de s’attarder, nous les connaissons tous, sur les conséquences que peuvent avoir la répartition de ces marges d’autonomie à l’intérieur des établissements sur la cohésion des équipes et les conditions de travail de chacun. Et pourtant, il faut une réforme du collège. Les 12% de décro- cheurs de notre système éducatif sont inacceptables et le sta- tut quo serait pour eux un terrible aveu d’impuissance. Cette réforme doit être pédagogique et non dictée par des questions de moyens comme celle qui nous est proposée. Un premier pas positif avait été fait par le CSP avec la proposition d’un socle ambitieux, novateur, l’introduction au sein des disciplines d’objets d’étude communs permettant une réelle interdiscipli- narité et non le simulacre d’interdisciplinarité que constitue- rait les EPI. Malheureusement, les technocrates du ministère ont vite vu que la mise en place allait demander des moyens (notamment en heure de concertation pour les enseignants) et ces propositions ont été enterrées. L’avenir du collège n’est pourtant pas l’affaire des technocrates : c’est à nous, membres de la communauté éducative au sens large, d’être force de pro- position et de dire haut et fort que nous voulons une vraie réforme, pédagogique et ambitieuse. C’est pour cela que le SNES-FSU appelle, avec une intersyndi- cale large, à la grève le 17 septembre et continue à vous inviter à signer la pétition http://unautrecollege2016.net/. TB L’ÉCHO DE LA PINÈDE Lettre d’information Année 2015-2016 Numéro 2

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Lettre d'information du SNES Saint-Exupéry - 2 - 2015/2016

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Edito

La réforme du collège concerne aussi le lycée. Il serait pour-tant facile, surtout pour ceux qui d’entre nous n’ont que peu pratiqué dans les classes de collège ou n’y mettront jamais les pieds, de considérer que les problèmatiques soulevées par la réforme du collège doivent rester des problématiques d’ensei-gnant du collège. Il n’en est rien. Nul besoin non plus de faire appel à la fibre maternelle ou paternelle des parents d’élèves que bon nombre d’entre nous sommes. Car ce que remet en cause cette réforme du collège, par bien des aspects, c’est l’ar-chitecture même du système éducatif : par sa logique de cycle de 3 ans qui intègre la 6ème à l’école primaire vise à légitimer l’existence de l’école du socle et le bac-3/bac+3 rompant ainsi l’unité du second degré et faisant du collège le prolongement de l’école primaire et transformant le lycée en une propédeu-tique de l’enseignement supérieur. Le tout créant ainsi un pa-lier bien opportun entre le collège et le lycée pour envoyer les élèves les plus fragiles vers l’apprentissage et/ou des filières externalisées gérées par les collectivités territoriales ou le sec-teur privé.

Une autre idée de la réforme proposée par le ministère et sou-tenue par le SGEN-CFDT et le SE-UNSA (dans le champ syndi-cal il ne reste plus qu’eux...) est que l’autonomie donnée aux établissements permettra de réduire les inégalités et mettra fin au «collège à deux vitesses». Or, et on ne le sait que trop bien en tant qu’enseignant de lycée, l’autonomie et les offres différenciées ne font qu’organiser une concurrence entre les établissements. Celle-ci, biaisée par les facteurs économiques et sociaux, ne se faisant jamais au bénéfice des établissements accueillant les publics des milieux les plus défavorisés mais permettant au contraire d’accroitre la sélectivité des établisse-ments accueillant les publics les plus favorisés.La réforme proposée risque donc d’avoir l’effet contraire de celui annoncé. Et inutile de s’attarder, nous les connaissons tous, sur les conséquences que peuvent avoir la répartition de

ces marges d’autonomie à l’intérieur des établissements sur la cohésion des équipes et les conditions de travail de chacun.

Et pourtant, il faut une réforme du collège. Les 12% de décro-cheurs de notre système éducatif sont inacceptables et le sta-tut quo serait pour eux un terrible aveu d’impuissance. Cette réforme doit être pédagogique et non dictée par des questions de moyens comme celle qui nous est proposée. Un premier pas positif avait été fait par le CSP avec la proposition d’un socle ambitieux, novateur, l’introduction au sein des disciplines d’objets d’étude communs permettant une réelle interdiscipli-narité et non le simulacre d’interdisciplinarité que constitue-rait les EPI. Malheureusement, les technocrates du ministère ont vite vu que la mise en place allait demander des moyens (notamment en heure de concertation pour les enseignants) et ces propositions ont été enterrées. L’avenir du collège n’est pourtant pas l’affaire des technocrates : c’est à nous, membres de la communauté éducative au sens large, d’être force de pro-position et de dire haut et fort que nous voulons une vraie réforme, pédagogique et ambitieuse.

C’est pour cela que le SNES-FSU appelle, avec une intersyndi-cale large, à la grève le 17 septembre et continue à vous inviter à signer la pétition http://unautrecollege2016.net/.

TB

L’ÉCHO DE LA PINÈDELettre d’information

Année 2015-2016

Numéro 2

2

GRÈVE ET MANIFESTATION LE JEUDI 17 SEPTEMBRERDV 11H OMBRIÈRE DU VIEUX PORT

IL FAUT UNE AUTRE RÉFORME DU COLLÈGE !Pourquoi ? Les points clés de la réforme proposée par le ministère :

Un autre projet pour le collège

Le SNES-FSU se veut porteur d’un projet réaliste et ambitieux pour un collège revalorisé et ayant toute sa place dans le second degré : c’est pourquoi il rejette le projet de réforme actuel, de-mande l’abrogation des textes publiés et ne s’associera pas aux négociations sur les textes d’application. Le SNES-FSU appelle à la constitution de collectifs associant la communauté éduca-tive dans son assertion la plus large (associant notamment les parents d’élèves) afin de débattre du projet de collège du SNES-FSU. Projet qui, contrairement au projet gouvernemental, a pour finalité de réduire les inégalités entre les élèves, de faciliter l’ac-cès du plus grand nombre aux enseignements.

Le SNES-FSU réaffirme par ailleurs sa volonté de renforcement de la mixité sociale dans les collèges par notamment une re-fonte de la carte scolaire et ne saurait accepter le projet gouver-nemental qui organise, par le renforcement de l’autonomie des établissements est de ces chefs, la concurrence entre ceux-ci au détriment des élèves, des moyens et des conditions de travail des personnels.

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Alors qu’en cette rentrée les conditions de travail des personnels continuent de se dégrader (effectifs alourdis, services partagés, moyens insuffisants…), les or-ganisations syndicales du second degré SNES-FSU, SNEP-FSU, SNFOLC, SNETAA-FO, SFSDPEP-FO, CGT Educ’action, SNEIP-CGT, SNALC-FGAF, SUNDEP Solidaires, SUD Edu-cation, SIES-FAEN, SNCL-FAEN, CNGA CFE-CGC réaffirment leur rejet d’une réforme du collège qui n’apportera aucune amélio-ration, ni pour les élèves, ni pour les per-sonnels.

Elles constatent que la circulaire d’ap-plication publiée le 2 juillet ne fait que confirmer les orientations auxquelles elles s’opposent : mise en concurrence des per-sonnels, des disciplines et des établisse-ments, inégalités accrues entre les élèves et nouvelle aggravation des conditions de travail des personnels.

Les organisations syndicales restent déter-minées à combattre cette réforme, à obte-nir son abrogation et la réouverture de dis-cussions sur d’autres bases. Elles appellent les personnels à refuser toute anticipation de la réforme, quelle qu’elle soit. Elles dé-noncent la mise en place d’une formation obligatoire à la réforme, qui ne répond nul-lement aux demandes des personnels.

Alors que le ministère repousse de mois en mois la publication du bilan du lycée Cha-tel, elles soulignent le danger d’une nou-velle réforme du lycée s’inspirant de celle du collège et qui ne ferait que renforcer les logiques précédentes.

Les organisations syndicales dénoncent le refus de la ministre de tout dialogue réel, et sa volonté d’imposer sa réforme du col-lège contre l’avis de la grande majorité des personnels concernés.

La ministre persiste à vouloir passer en force et porte la responsabilité du conflit. Face à ce blocage les organisations SNES-FSU, SNEP-FSU, SNFOLC, SNETAA-FO, SFS-DPEP-FO, CGT Educ’action, SNEIP-CGT, SNALC-FGAF, SUNDEP Solidaires, SUD Edu-cation, SIES-FAEN, SNCL-FAEN CNGA CFE-CGC appellent les personnels à la grève na-tionale le 17 septembre. Elles les invitent à se réunir en assemblée générale, en heure d’information syndicale pour la préparer et l’organiser ainsi qu’à s’adresser aux pa-rents, notamment en faisant signer la péti-tion intersyndicale. A défaut du retrait des textes relatifs à la réforme du collège, l’in-tersyndicale organisera une manifestation nationale en octobre.

GRÈVE ET MANIFESTATION LE JEUDI 17 SEPTEMBRERDV 11H OMBRIÈRE DU VIEUX PORT

IL FAUT UNE AUTRE RÉFORME DU COLLÈGE !Pourquoi ? Les points clés de la réforme proposée par le ministère :

La véritable logique de la réforme...

Et ce qu’elle n’est pas...

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Comité de rédaction : bureau de la section locale SNES-FSU. Crédits photos : T. BRISSAIRE

L’interdisciplinarité ne va pas de soi

L’interdisciplinarité serait le remède à bon nombre de maux pédagogiques. C’est une idée ancienne, que l’on retrouve dans la réforme du collège propo-sée actuellement. Et pourtant peu sont d’accord sur quoi mettre derrière cette interdisciplinarité. Si on s’attaque au sujet, on trouve en fait trois réali-tés différentes derrière l’interaction de plusieurs dis-ciplines entre elles : la pluridisciplinarité qui réside dans l’association de « disciplines qui concourent à une réalisation commune, mais sans que chaque discipline ait à modifier sa propre vision des choses et ses propres méthodes ». L’interdisciplinarité « a pour but d’élaborer un formalisme suffisamment général et précis pour permettre d’exprimer dans ce langage unique les concepts, les préoccupa-tions, les contributions d’un nombre plus ou moins grand de disciplines ». La transdisciplinarité est « ce qui est au-delà de toute discipline et ce qui traverse toutes les disciplines possibles ». Ces défi-nitions, empruntées par B. Claverie (2009) a divers travaux, montrent bien d’emblée combien la tâche de faire travailler différentes disciplines entre elles peut se révéler ardue : il souligne d’ailleurs que, avant même de s’interesser à la transdiciplinarité, la pluri- et l’interdisciplinarité ne vont pas de soi et nécessitent «un effort de pensée, un souhait de dépassement de la routine». L’explication en est simple : nous sommes program-més génétiquement pour classer, pour réaliser des catégories cognitives et ce, dès le plus jeune âge : c’est ce que nous apprenne les neurosciences co-gnitives. Si des disciplines se sont formées au cours du temps, cette tendance naturelle a segmenter, à catégoriser n’y est pas étrangère.

Faut-il alors renoncer à entrer dans des démarches pluri-, inter- voire transdisciplinaire ? Bien sûr que non. Encore faut-il le faire pour de bonnes raisons...Et ne pas considérer comme prérequis qu’interdisci-plinarité rime forcément avec bi- voire plurivalence. Car comme G. Rhumelard et B. Desbiaux-Salviat le soulignait il y a plus de 15 ans (dans un contexte qui n’était pourtant pas encore celui de la crise éco-nomique) la question de savoir si au collège les dis-ciplines doivent venir d’emblée constituées et en-seignées par des enseignants différents n’est pas dénuée d’intérêts financiers et administratifs. De plus, ce n’est pas parce q’un enseignant enseignent

plusieurs disciplines qu’il fait nécessairement entrer ces élèves dans des démarches interdisciplinaires même dans le cadre d’une démarche de projet.

Un autre problème soulevé par la mise en place des démarches interdisciplinaires est le déséquilibre souvent observé entre les disciplines que l’on fait se rencontrer. Ainsi grande est la tentation, pour ceux qui n’en sont pas des experts ou tout du moins qui ne les ont pas interroger plus avant, de transformer certaines disciplines en discipline-outil, de service. Il est facile pour un professeur de S.V.T ou de Phy-sique -Chimie d’utiliser les mathématiques comme outil : fait-il alors pour autant se rencontrer ces dis-ciplines et adopte-t-il une démarche interdiscipli-naire ? Non.L’exemple de l’EIST au collège montre aussi com-bien il est facile de tenter d’imposer un mode de pensée (la démarche scientifique) à une discipline pour laquelle cela ne fait pas sens (la technologie).Il apparait donc que faire se rencontrer les disci-plines impose comme préalable le respect des dis-ciplines : à défaut on risquerait de voir se constituer dans la tête de nos élèves une hiérarchie entre elles (les outils et les autres).

Aller vers plus d’interdisciplinarité est intéressant, pour faire sens, pour que l’élève élabore une vision du monde cohérente (transdisciplinaire). Faut-il pour cela remettre en cause les disciplines et les sacrifier au profit de dispositifs qui les évinceraient ? Avec G. Rhumelard et B. Desbiaux-Salviat (2000), on peut penser qu’ une première étape serait de construire divers types de regards avec leur lo-gique, leur cohérence, leur organisation autrement dit des disciplines et que par la suite seulement il est possible de tirer des fils transversaux. On peut aussi, et c’était ce que proposait le Conseil Supérieur des Programmes, tenter de construire cette interdisciplinarité, en introduisant des objets d’études communs à plusieurs disciplines permet-tant à l’élève de construire une représentation du monde intégrant ces liens. Idée malheureusement abandonnée pour l’instant.L’interdisciplinarité ne va donc pas de soi mais elle mérite mieux que des logiques technocratiques.

TBPS : Par manque de place, pas de biblio mais ne pas héistter à me demander les références.