Ecole de Vienne

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  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

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    Exposition pluridisciplinaire

    organise par les dpartements

    et organismes associs

    du Centre Georges Pompidou

    C N A C

    G e o r g e s P O M P D O U

    S e r v i c e d e s A r c h i v e s

    L

    Muse national d art moderne

    (MNAM)

    Centre de Cration Industrielle

    ( C C I )

    Bibliothque publique

    d information

    (BPI)

    Institut de recherche

    acoustique/musique

    (IRCAM)

    avec la participation du

    Muse d Orsay

    Centre Georges Pompidou

    A d r e s s e :

    75191 Paris cedex 04

    Tlphone :

    42771233

    Heures et jours d ouverture :

    Semaine 12h - 22h

    Samedi et dimanche

    10h - 22h

    Ferm le mardi

    Rpondeur automatique

    pour les programmes

    42771112

    Attaches de presse :

    P . Colette Timsit

    poste 44 49

    CC I . Marie Jo Poisson Nguyen

    poste 42 05

    IRCAM . Pascale Bernheim

    poste 4812

    MNAM

    . Servane Zanotti

    poste 46 60

    Relations extrieures :

    Valrie Brire

    poste 46 50

    Vienne

    1880 1938

    DOSSIER DE PRESSE

    DE L EMP05ITIOM

    13 FVRIER-5 MAI 1986

    GRANDE GALER IE 5e TAGE

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    C N C G e o rg e s P O M P O C U

    Serv ice des rch ives

    VIENNE 1880 1938

    du 13 fvrier au 5 mai 1986

    INTRODUCTION

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    L'exposition Vienne 1880-1938 est ralise par les dpartements

    et organismes associs du Centre Georges Pompidou sois la respon-

    sabilit des commissaires suivants :

    Commissariat gnral

    Grard RCGNIER

    Conservateur au M

    N .M

    Assist de M

    . GUnter METKEN

    Commissariats

    Architecture et Arts appliqus M

    . Marc BASCOU (Muse d'Orsay)

    Mme Chantal BERET (CCI)

    . Raymond GUIDOT (CCI)

    Henri LOYRETI (Muse d Orsay)

    Mme Jacqueline STANIC (CCI)

    Histoire des ides

    M

    . Yves KOBRY

    Mme Viviane CABANNES (BPI)

    . Bernard FALGA (BPI)

    M . Dominique JAMEUX

    M

    . Nicholas SNOWMAN (IRCAM)

    M . Philippe NEAGU (Muse d'Orsay)

    . Jean-Loup PASSEK (CNACGP)

    M

    . William Karl GUERIN

    Conseiller scientifique

    M

    . Carl SCHORSKE (Princeton)

    Coordination des manifestations M

    . Marcel BONNAUD (CNACGP)

    L exp osition

    Vienne 1880 1938

    est organise avec le concours de l Institut autrichien de P aris

    Littrature

    Musique

    Photographie

    Cinma

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    Q)

    Q)

    r

    VIENNE 1880 1938

    Sur le dclin d'un Empire, durant le premier quart du sicle, allait

    s'en difier un autre.

    La suprmatie politique qu'avait exerce l'Autriche-Hongrie allait

    disparatre, mais il ne s'agissait que d'un transfert d'influence : si

    Vienne ne pouvait plus imposer

    sa loi par la force, elle s'apprtait

    imprimer sa marque sur l'Europe et le monde, plus pacifiquement et

    plus durablement, grce non plus ses alliances et ses armes, mais

    ses intellectuels, crivains, peintres et musiciens

    La vie culturelle Vienne au dbut de ce sicle se trouve depuis

    quelques annes dj au centre de

    l'intrt gnral

    . On admire les

    peintures de Gustav Klimt, d'Egon Schiele, d'Oskar Kokoschka ainsi

    que l'architecture d'Otto Wagner, d'Adolf Loos, de Josef Hoffmann.

    Les symphonies de Gustav Mahler suscitent l'enthousiasme du public et

    les oeuvres des compositeurs de l'Ecole viennoise conquirent

    p eu

    peu une place fixe au programme des grandes salles de concert.

    Arnold Schnberg, Alban Berg et Anton von Webern sont les promoteurs

    de la musique classique moderne, reconnus aussi bien

    .par le public que

    par les critiques et les musicologues.

    Grce aux nombreuses traductions, la littrature reprsente par

    Hugo von Hofmannsthal, Karl Kraus, Arthur Schnitzler et Robert Musil

    illustre, avec la peinture et la musique de l'poque, le rayonnement

    intellectuel de la capitale danubienne . Les recherches de

    Sigmund Freud, dbouchant sur la psychanalyse et constituant une

    rvolution dans la connaissance de la vie psychique de l'homme, ont

    t dans l'ensemble, entreprises Vienne

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    C est ainsi que, pour la premiere fois, et probablement la

    seule,plus d une

    vingtaine de chefs-d oeuvre de Klimt, autant de Schiele et autant de

    Kokoschka, quitteront les Collections des Muses du Belvdre et de

    l Albertina pour tre montrs Paris.

    Ils constitueront, avec d autres prts majeurs accords par New York

    et Washington, le noyau d une exposition d environ 2 000 objets qui

    retraceront le destin d une poque qui fut sans doute la plus

    brillante, mais aussi la plus dramatique du gnie europen

    . Le

    dveloppement de l architecture, la littrature, la musique, la

    philosophie, la psychanalyse, seront voqus travers maquettes,

    dessins, sculptures, manuscrits, livres prcieux, films etc

    Cette manifestation, qui constituera l venement culturel

    de l anne 1986, sera accompagne d une srie de manifestations

    annexes, des concerts , des confrences et des

    colloques (dont un sur Karl Kraus en Sorbonne), des sminaires ainsi

    qu un programme acclr de traductions chez les diteurs franais.

    Une importante monographie accompagnera l exposition runissant les

    noms d crivains comme Cioran, Canetti, d historiens et d essayistes

    de renomme internationale comme Cari Schorske, Claudio Magris et

    .Werner Hofmann.

    A la suite de Paris, le Museum of Modern Art de New York reprend

    l exposition (Commissaire : M

    . Kirk Varnadoe)

    . L exposition sera

    prsente New York de juin septembre 1986

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    Exposit ion : VIENNE 1880 1938

    Gense d une exposi t ion

    C'est trs tt que les films de Fritz Lang, de Pabst, de Sternberg

    ont t mis au rpertoire des cinmas franais, que l'on a commenc de

    lire Musil et d'en mesurer l'importance, vue l'enseignement de Freud a

    t discut et appliqu en France, que les oeuvres de Schoenberg et de

    ses lves ont t inscrites au programme des concerts parisiens.

    Mais ce n'est que rcemment que le public franais a pris conscience

    que Lang, Musil, Freud, Schoenberg et quelques autres parmi lesquels

    ple-mle Schnitzler, Klimt, Kokoschka, Wittgenstein, Kraus, Loos,

    Joseph Roth, appartenaient tous une mme culture, avaient tous vcu

    au

    mme moment, en un seul et mme lieu

    : Vienne au tournant du

    sicle.

    Ds 1980, le Muse national d art moderne projetait une grande

    exposition qui serait consacre Vienne comme fin d un Empire et

    comme

    berceau de la modernit occidentale . Pareille exposition devait

    normalement prendre la suite et conclure sur un point d orgue, la

    srie des grandes manifestations pluridisciplinaires comme

    Paris-Berlin ou Paris-Moscou qui ont fait la renomme internationale

    du Centre Georges Pompidou.

    Un obstacle majeur s'est trs tt oppos ce projet : le refus des

    grandes institutions autrichiennes de prter les chefs-d'oeuvres de

    Klimt et de Schiele, en particulier du premier, les grands portraits

    fond d'or

    . Sans eux, pareille exposition tait prive de son aspect,

    non seulement visuellement le plus blouissant, mais aussi le plus

    mconnu du grand public

    . En outre, les valeurs d'assurances de ces

    oeuvres - un tableau de Schiele s'est rcemment vendu New York prs

    de 3 milliards d'anciens francs - rendaient leurs prts quasiment

    impossibles . C'est donc au niveau le plus haut, lors de la visite rendue

    .Franois Mitterrand par son homologue autrichien,M

    .Kirchschlger, que

    la

    dcision a finalement pu tre prise, l'Etat autrichien acceptant de

    faire voyager les chefs-d'oeuvre de scn patrimoine et leur acccrdant,

    en

    outre, une garantie statale.

    Du 3 fvrier au 5 mai

    1986,

    le Centre Georges Pompidou consacrera

    cette

    exposition ce qui fut peut-tre la plus grande aventure

    intellectuelle du sicle.

    Renouant avec la tradition des grandes expositions pluridisciplinaires

    du

    type Paris-Berlin et Paris-Moscou , l'exposition VIENNE 19 80-

    19 3E bnficie du concours exceptionnel des grandes Institutions

    culturelles autrichiennes comme les Muses du BELVEDERE et de

    l'ALBERTINA qui ont pour la premire fois accept de prter des

    oeuvres extrmement prcieuses.

    L'exposition s'attachera dgager l'unit spirituelle et

    intellectuelle dlun moment trs singulier de l'Histoire europenne qui

    fut qualifie par

    Karl Kraus de Laboratoire pour une Apocalypse et

    qui

    continue nourrir notre rflexion, en cette fin du XXme sicle

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    L AUTRICHE- HONGRIE 1867- 1918

    Vienne

    Parme

    M o d n e

    D a m

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    B u d a es

    V i l e s r a i s

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    C i s le i th a n i e c a p i ta l e : V i e n n e )

    c o m p r o m is a u s t r o - h o n g r o is d e 1 8 6 7

    p r i n c i p a l e s v o i e s

    f e r r e s

    e n 1 9 1 4

    m o u v e m e n t s s p a ra t is te s d o c t o b r e- n o v e m b r e 1 9 1 8

    t e r r i to i r e s p e r d u s p a r l A u t r i c h e e n 1 8 5 9

    T r a n s l e i t h a n i e c a p i t a l e B u d a p e s t )

    r o y a u m e c r o a t e c o m p r o m i s h u n g a r o - c r o a t e d e 1 8 6 8 )

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    : -~ t e r r it o i re s o t t o m a n s o c c u p s p a r r A u t r ic h e - H o n g r ie e n 1 8 7 8 . a n n e x s e n 1 9 0 8

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    j te r r i t o ir e s o t t o m a n s o c c u p s p a r r A u t r i c h e - H o n g r ie e n 1 8 7 8 r e s t i t u s e n 1 9 0 8

    t e r r i t o i r e s

    p e r d u s p a r

    l u t r i c h e e n 1 8 6 6

    c h e l le 1 / 8 0 0 0 0 0 0

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    QUESTIONS SUR LE CONC EPT DE L EXPOSITION

    Question

    Grard Rgnier, tout en reprenant l'exposition qui a eu lieu Vienne

    l't dernier, vous y avez apport des modifications, particulirement en

    ce qui concerne le contenu et la priode choisie donc les dates . Quelles

    en sont les raisons ?

    Rponse

    Vienne avait choisi d'inscrire son exposition entre 1873 et 1929, c'est

    dire entre l'anne du Krach de la Bourse de Vienne et l'anne du

    Krach de la Bourse de Wall Street ; autrement dit, d'inscrire la

    chronologie dans la vie de la mtropole culturelle de l'Europe entre deux

    vnements conomiques majeurs, un effondrement financier local et un

    effondrement conomique mondial . Cette perspective marxisante tait

    encore accentue par le titre Traum und Wirklichkeit, Rve et Ralit ,

    qui opposait donc l'art comme superstructure idologique, la limite

    illusion consolatrice, une ralit : la misre de la classe ouvrire

    viennoise de la fin du sicle et sa rdemption dans la social-dmocratie.

    A tort ou raison, il nous semble difficile de limiter la production

    littraire et artistique d'une poque n'tre que la superstructure

    d'une infrastructure conomique

    ; d'autre part, par rapport l'histoire

    europenne, l'hritage viennois ne peut pas tr3 rduit une simple

    opposition

    . Son patrimoine littraire, philosophique, artistique,

    architectural n'appartient pas au domaine de l'utopie seule

    : il a chang

    nos propres faons de faire dans le quotidien de la psychanalyse

    l'architecture.

    Pour les dates 1938, tout le monde en comprendra la raison

    . C'est la

    date laquelle l'Autriche, comme nation autonome, a t englobe dans

    la Grande Allemagne

    . C'est donc la fin de ce petit bout du grand

    empire austro-hongrois, qui avait dj subi son premier choc en 1918,

    lorsque l'Empire s'est disloqu . Le nom mme d'Autriche va disparatre

    puisque Hitler dcide en 1938 de l'appeler Ostmark, la marche de l'Est.

    Un des buts de cette exposition sur Vienne est de montrer au public

    franais que le gnie du peuple autrichien a peu de choses voir avec

    le gnie allemand et surtout pas prussien . Il y a une littrature, une

    peinture, une sculpture, une tradition philosophique autrichiennes, qui

    ont peu de chose voir avec la tradition allemande . Elles sont mme,

    pour ce qui est des problmes philosophiques, opposes . On ne peut

    imaginer de plus grande opposition entre la pense, par exemple,

    ironique ou sceptique de Grillparzer et la pense philosophique

    hroique de Hegel.

    Si on prend 1938 comme terminus on peut dduire le point de dpart

    qu est 1880

    . Ce n'est pas une anne trs riche en faits artistiques ou

    littraires, mais elle voit la consolidation de deux partis politiques

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    qui auront un grand avenir : le parti chrtien-social du Maire de

    Vienne, et le parti pangermaniste qui prne la fusion de l'Autriche dans

    la Grande Allemagne . Quand les vises politiques de ces deux partis se

    runiront, elle donneront naissance au national-socialisme . On peut dire

    que l'exposition est aussi une lecture possible d'un phnomne de

    totalitarisme dont les prmisses ont t poses ds 1880

    . Evidemment,

    cette optique nous intresse plus l'chelle europenne parce que

    l'Europe et la pense auropenne toute entire en ont t affectes.

    1881, c'est aussi l'anne o brle l'ancien Burgtheater ; l'vnement

    frappera vivement les Viennois.

    Hermann Broch parlait de Vienne comme du lieu d'une apocalypse

    joyeuse

    . Il faut comprendre ce terme joyeux dans son sens

    nietzchen, la gaya scienzia , frhlich est proche de jubilatoire .

    C'est dire que Vienne tait le lieu d'une prise de conscience d'une

    terminaison des choses et d'une culmination de la pense . Les acquis de

    la modernit viennoise sont penss comme fin de quelque chose et en

    mme temps comme accomplissement

    . Le triomphe et en mme temps

    l'chec, au coeur du triomphe

    . De ce point de vue, Vienne a t le

    modle de tout ce que le XX sicle a pu accomplir.

    Q- Comment se fera le parcours de l'exposition ?

    Ce changement d'orientation se traduira visuellement par une circulation

    et un cheminement historique diffrents

    . Au point d dpart, par

    exemple, nous montrerons une trinit , un triptyque compos de trois

    figures

    . Au centre le buste de l'Empereur Franois-Joseph, grande

    figure dominant la bourgeoisie claire du XIX sicle, dfenseur d'une

    culture dj moribonde se pensant comme une culture de l'individu

    classique et politiquement librale, en particulier par rapport au

    p

    roblme juif

    . Ce personnage quasi mythique sera flanqu de deux

    autres figures qui ont domin cette culture autrichienne la fin du

    XIX, Nietzsche et Wagner, les deux hros de Alma Mahler, Richard

    Wagner, dans le tableau peint par Lenbach et Friedrich Nietzsche peint

    par Edvard Munch, ce qui permet en mme temps de montrer l'apport de

    Munch et de l'expressionnisme la constitution formelle de la Scession.

    La Scession se fera en raction contre eux

    . Schoenberg et l'Ecole de

    Vienne aussi.

    La dernire salle de l'exposition sera paralllement consacre

    l'migration

    . Elle montrera la diaspora trs fcondatrice de Vienne dans

    les annes 30, qui est l'origine de presque tout ce qui constitue la

    modernit notre poque.

    Sous la pression des vnements politiques de 1938, ou mme avant avec

    la crise conomique, certains quittent Vienne pour aller travailler les

    uns Berlin comme Fritz Lang ds 1910, d'autres, plus tard, aux Etats

    Unis

    . La grande masse de l'migration de 1938, lors de l'Anschluss,

    fcondera quasiment tous les champs du savoir, non seulement en

    Europe, mais en Angleterre et aux Etats Unis, aussi bien dans le

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    M onographie VIENNE 1880 - 1938

    Une monographie de 820 pages comprenant enr iron

    450 illustrations dont 180 en couleurs, sera dite

    I occasion de I egosition .

    r x : Broch 350F Reli 440F

    Sommaire

    PROLOGUE

    E .M Cioran

    Sissi ou la Vulnrabilit

    Claudio Magris

    Le Flambeau d'Ewald

    Bruno Bettelheim La Vienne de Freud

    Jean Clair

    Une modernit sceptique

    I LA VILLE POTE* f KINE

    Robert Waissenberger Entre rve et ralit

    Cari E . Schorske

    De la scne publique l espace priv

    Werner Hofmann

    Le thme de la mort dans la peinture autrichienne

    Werner Hofmann

    Hans Makart

    Gerbert Frodl Anton Romako

    II MALAISE DANS LA CIVILISATIO N AUTRICHIENNE

    Le moi en perdition

    Flix Kreissler ViKtor Adler et l'austromarxisme

    Yves Kobrv

    Ernst Mach et le moi insaisissable

    Herald Leuoold-Ll)wenthal Les Minutes de la Socit psychanalytique de Vienne

    Jacques Le Rider

    Otto Wc.ininger, l

    anti-Freud

    Nike

    ner Theodor Herzl ou la Vienne dlivre

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    Oskar Kokoschka

    Grald Stieg

    Jacques Bouveresse

    Bernhard Leitner

    Franoise Vry

    Choix de lettres prsentes par Gnter Metken

    Karl Kraus et Les Derniers jours de l'humanit

    Wittgenstein et l

    architecture

    La Maison de Wittgenstein

    Les maisons de Loos ou l'espace en projet

    V

    PARIS-VIENNE

    Pierre Boulez Passe, impasse et manque

    Wolfgang Georg Fischer Paul Poiret Vienne Emilie Flge Paris

    Danile Gutmann

    La Scession et Auguste Rodin (1897-1905)

    Debora Silverman

    Yvonne Brunhammer

    Sigmund Freud et Jean

    .Martin Charcot

    Les annes parisiennes d'Adolf Loos 1922-1928)

    VI DE LA VIENNE ROUGE A LA FIN DE LA REPUBLIQUE

    Les Somnambules

    Wolfgang Maderthaner

    Sokratis Dimitriou

    Friedrich Achleitner

    Gabriele Koller

    Dominique Jameux

    Dieter Bgner

    La politique communale Vienne La Rouge

    L

    utopie construite

    : Vienne La Rouge de 1919 19

    :4

    Vienne la Rouge de 1919 1934

    Josef Frank et l

    architecture viennoise de l

    entre-

    deux-guerres

    L

    Ecole des Arts appliqus du Muse autrichien d

    art

    et d

    industrie

    De la

    bande familiale la pdagogie

    Une modernit optimiste

    : la voie abstraite

    William Karl Gurin

    Elias Canetti

    Eliane Kaufholz

    Michel Cullin

    Le chemin de Vienne

    Sur Robert Musil

    Les Somnambules d

    Hermann Broch

    La fin d

    une rpublique

    : les annes trente

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    FINIS AUSTRIAE

    Je suis le fossoyeur de l Empire

    Correspondance Ernst Jnger, Alfred Kubin

    Choix d'Henri Plard

    Paul Clan ugue de la mort

    Biograpnies

    Glossaire

    Who's Who viennois

    Bibliographie

    Liste des oeuvres exposes

    Index

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    EXTRAITS DU GLOSSAIRE

    Gesamtkunstwerk ( Oeuvre d'art totale )

    Synthse de tous les arts (peinture, sculpture, architecture, musique,

    posie, danse) dans une mme oeuvre d'art, rve - dj baroque - qui

    fut propage par les romantiques et par Richard Wagner

    . C'est le mot

    cl de l'art viennois du fin-de-sicle : cette recherche d'une unit de

    l'art et de la vie se trouve non seulement dans l'amnagement de la

    Ringstrasse ou dans l'extraordinaire concentration des

    Doppelbegbungen ( artistes doublement dous , comme Schoenberg,

    Musil, Wittgenstein, Kubin, Kokoschka, .

    . par exemple) Vienne, mais

    surtout dans la prtention des artistes de la Secession et des Wiener

    Werksttte qui revendiquaient une stylisation srti de toutes les

    manifestations de la vie humaine ainsi que de l'environnement (ex

    : le

    palais de Stoclet Bruxelles et la XIV exposition de la Secession en

    1902 .

    Hagenbund

    j ssu de la Hagengesellschaft et officialis en 1900 sous le nom de

    Knstlerbund Hagen der Genossenschaft bildender Knstler

    (Association artistique de la corporation d'artistes), ce fut le 3me

    groupement important d'artistes aprs le Knstlerhas et la Secession et

    y joua le rle d'intermdiaire

    . Le groupe s'orienta vers un style p us

    floral que la Secession puis vers l'art-dco et l'expressionnisme . Au

    march couvert de la Zedlitzgasse adapt pour des expositions par

    l'architecte Joseph Urban, les viennois ont pu dcouvrir vers 1903 les

    oeuvres de Bcklin, Liebermann, Corinth . . et entre les deux guerres

    les oeuvres des principaux artistes rests Vienne tels que Georg

    Merkel, Heinrich Lefler, Carry Hauser, Ernst Paar, Ferdinand

    Stransky, Anton Faistauer, Albin Egger-Lienz

    . Le Hagenbund fut

    dissous en 1938 par les nazis.

    Hagengesellschaft

    Cercle de jeunes artistes (Alfred Roller, ErnstSthr, Rudolf Bacher,

    Sigmund Walter Hampel, Hans Tichy

    .), qui se rencontraient partir de

    1876 le samedi soir pour discuter des problmes artistiques d'actualit

    en dehors du Ktinstlerhaus ou de l'Acadmie des Beaux-Arts

    l'Auberge Zum blauen Freihaus dont le propritaire Josef Hagen

    trouva le nom du groupe

    . Par la suite certains artistes devinrent

    membres de la Secession, d'autres fondrent le Hagenbund

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    Jung - Wien (Jeune Vienne)

    Groupe de potes et d'crivains viennois Schnitzler, Drmann,

    Altenberg, Beer-Hofmann, Salten, Auernheimr Hofmannsthal,

    Wertheimer, Stoessel, Kraus

    .) autour de Hermann Bahr, le Monsieur

    de Linz comme l'appelait ironiquement Karl Kraus, qui se runissaient

    vers 1890 au Caf Griensteidl, ce qui donna aux membres aussi le nom

    railleur de Kaffeehausliteraten (hommes de lettre de caf) . Dfenseurs

    de l'impressionnisme et du symbolisme, une tendance no-romantique

    (Hofmannsthal, Schaukal .

    .) s'opposait parmi eux une tendance plutt

    raliste (Schnitzler .) . Des journaux, tels que Moderne Rundschau ,

    Wiener Literaturzeitung , Die Fackel , Ver Sacrum , se firent les

    porte-paroles du groupe.

    Lors de la transformation du Caf Griensteidl en 1897 Karl Kraus

    ublia, aprs avoir pris ses distances vis vis

    du groupe, un pamphlet

    Trique intitul Die demolierte Literatur ( La littrature dmolie ) o

    il clbra la fin du Jung-Wien, qui de son ct dmnagera au Caf

    Central.

    Knstlerhaus ( Maison d'artistes )

    Association d'artistes cre en 1861 Vienne sur l'initiative d'August

    Siccard von Siccardsburg (architecte) . Elle groupait des architectes,

    peintres et sculpteurs travaillant pour la Ringstrasse dans un style

    acadmique et clectique

    . Ils taient les reprsentants artistiques de la

    tradition et de l'art officiel soutenu par le got bourgeois conventionnel

    de l'poque. Sous la prsidence de Hans Makart le Knstlerhaus (nom

    la fois de l'association et de la maison, construite par August Weber de

    1865 1868, qui lui tenait lieu de sige) fut un cercle brillant au

    centre des festivits de la socit viennoise . Pendant l'occupation nazie

    le Knstlerhaus et la Secession furent runis dans une mme

    organisation.

    Kunstschau

    Groupement d'artistes autour de Klimt (aussi appel Klimtgruppe

    (groupe Klimt) : Hoffmann, Moll, Olbrich, Kolo Moser

    .) sorti de la

    Secession en 1905, qui continua le mme programme dj suivi dans la

    Secession

    . Ils organisaient des expositions dans des btiments

    provisoires conus par Josef Hoffmann sur l'emplacement du futur

    Konzerthaus (maison d'audition) la Schwarzenbergplatz

    ; o-n peut m

    notamment la Grosse Kunstschau en 1808 et la Internationale

    Kunstschau en 1909, qui firent connatre Oskar Kokoschka, Egon

    Schiele et Albert Paris Gtersloh

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    16/52

    Ringstrasse

    Grande rue de parade (16,5 km, 57 m de largeur), qui entoure la

    vieille ville en la sparant des quartiers extrieurs plus rcents

    . Cette

    ceinture fut dcide par le dcret imprial du 20

    .12.1857 sur

    l emplacement des anciennes fortifications

    . Des btiments privs et

    publics monumentaux (Opra, Burgtheater, Htel de Ville, Parlement,

    Universit

    . .

    .) furent construits et des parcs amnags.

    Secession

    Association d'artistes fonde en 1897 Vienne par quelques membres

    sortants du Knstlerhaus (Klimt, Kolo Moser, Josef Hoffmann, Alfred

    Roller, Cari Mon

    . .)

    . En opposition l'clectisme du Ring comme

    toute forme d'acadmisme, peintres, architectes et dcorateurs, pour

    lesquels grand art et art appliqu sont lis au mme dsir de formes

    indites, s'y retrouvent.

    A partir de 1898 le Palais de la Secession, couronn par un dme de

    feuillage dor (J .M

    . Olbrich), le fronton orn d'une phrase emprunte

    . Hevesi (historien d'art) A chaque poque son art, l'art sa

    libert , accueillait les nombreuses expositions consacres des artistes

    modernes autrichiens ou trangers alors inconnus Vienne, comme

    Gauguin, Van Gogh, Rodin, les Impressionnistes, ou l'art japonais.

    Parfois les expositions ressemblaient des mises en scne thtrales

    d'aprs l'ide du Gesamtkunstwerk (par ex

    . la XlVme exposition du

    printemps 1902 autour de la statue de Beethoven par Klinger)

    . Le

    groupe publia aussi un journal important le Ver Sacrum .

    Le style des artistes de la Secession se caractrise par une rigueur

    abstraite o le gomtrique l'emporte souvent sur le motif floral et

    annonce dans le domaine des arts dcoratifs la Wiener Werksttte et le

    Bauhaus

    . Des conflits l'intrieur de la Secession amenrent en 1905 la

    cration de la Kunstschau.

    Jusqu' la fermeture provisoire en 1938 plusieurs expositions d'artistes

    expressionnistes eurent lieu (Georg Merkel, Albert Paris Gtersloh,

    Alfred Kubin, Albin Egger-Lienz, Herbert Boeckl

    .), paralllement

    celles du Hagenbund.

    Ver Sacrum (Latin

    : printemps sacr )

    Revue mensuelle de la Secession qui parut de 1898 1903 et qui

    reprend dans son titre le mythe fin-de-sicle du printemps sacr de la

    renaissance d'une culture dionysiaque propage par Nietzsche

    . Les

    oeuvres des artistes de la Secession y furent reproduites, en alternance

    avec des textes thoriques d'crivains et de potes viennois et

    trangers

    . Comme promot eur de l'art et des ides de l'poque, elle eut

    une influence considrable sur la vie artistique de la fin du sicle et

    aprs

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    17/52

    Wiener Kreis

    On appelle Cercle de Vienne un groupement de savants et de

    philisophes forms Vienne partir de 1923 autour de Schlick, Carnap,

    Neurath

    . ayant subi d'abord l'influence d'Ernst Mach, puis l'influence

    du Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein, en vue de

    dvelopper une nouvelle conception logique du monde et en restaurant

    l'univo cit du langage (domaine de la Sprachkritik) dans un esprit

    de rigueur et en excluant toute considration mtaphysique

    . Les thmes

    directeurs initiaux du groupe furent labors et publis dans le

    programme Conception scientifique du monde de 1929. Leur

    dveloppement a constitu le nopositivisme, ou positivisme logique.

    A partir de 1930 le nazisme contraint le groupe viennois l'migration

    en Angleterre ou en Amrique.

    Wiener Schule (Ecole viennoise)

    A - der Architektur (de l'architecture)

    Constitue par Otto Wagner et par ses lves Loos, Hoffmann, Olbrich

    et Ohmann, l'Ecole viennoise d'architecture, appele aussi

    Wagnerschule (Ecole Wagner), a surpass l'historicisme clectique du

    19me sicle en laborant une nouvelle conception de l'espace, et a jet

    les bases de l'architecture moderne

    . N'ayant jamais compltement rompu

    avec la tradition, cette architecture qui se voulait conomique et

    fonctionnelle a cherch soit supprimer compltement l'ornement (Loos),

    soit lui donner une nouvelle importance et signification (Wagner,

    Hoffmann, Wiener Werksttte

    B - der Kunstgeschichte (de l'histoire de l'art)

    L'histoire de l'art comme science ( Kunstwissenschaft ) s'est constitue

    Vienne, o elle fut intgre en 1874 l'Institut autrichien de

    recherche historique pour s'manciper en discipline autonome.

    Le terme Wiener Schule der Kunstgeschichte ne prtend pas qualifier

    une doctrine monolithique

    ; il entend plus spcialement tablir cette

    discipline comme science thoriquement fonde et dote d'un solide

    appareil mthodologique

    . Les pres fondateurs sont Alois Riegl

    (1858-1905), Franz Wickhoff (1853-1909) et leurs lves Max Dvorak,

    Josef Strzygowski, Julius von Schlosser, Hans Sedlmayr, Hans Tietze

    ..

    C - der Philosophie (de la philosophie)

    (voir Wiener Kreis)

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    18/52

    D - der Musik (de la musique)

    Arnold Schnberg, un des thoriciens principaux de l'atonalit et du

    dodcaphonisme, forma, avec ses lves Alban Berg et Anton von Webern

    ce qu'ils appelrent Neue Wiener Schule der Musik (ou Neue Zweite

    Wiener Schule der Musik - Nouvelle/seconde ecole viennoise de

    musique ) en raction contre l'incomprhension des contemporains et

    dans un dsir de rattachement la tradition musicale classique de

    Vienne ( Wiener Klassik : Haydn, Mozart, Beethoven), considre

    comme la premire cole viennoise de musique.

    E - der Psychologie (de la psychologie)

    Dsignation des diffrentes tendances de la Tiefen-psychologie

    . On

    distingue une premire cole (Freud), une deuxime (Adler) et une

    troisime cole (tendance existentielle - analytique de V.E. Frank).

    Wiener Werksttte

    Dans la mme ligne de pense que la Secession la Wiener Werksttte

    Produktiv Genossenschaft von Kunsthandwerkern ( Atelier viennois,

    cooprative de production d'artisans d'art ) fut cre en

    1903 par

    l'architecte Josef Hoffmann, le designer Kolo Moser et l'industriel Fritz

    Wrndorfer

    . Le modle fut la Guild of Handicraft dirige par

    . R . Ashbee Londres et inspire des ides du Arts and Crafts

    Mouvemen t ( Mouvement des Arts Appliqus ) de J

    . Ruskin et

    . Morris

    . Ecole et lieu de production la fois qui collaborait avec la

    Kunstgewerbeschule et la Secession, son but le renouveau de l'art par

    un travail d'artisanat appliqu tous les objets qu'ils soient d'usage

    courant ou de luxe et la destruction de la barrire entre art et

    artisant. L'exemple le plus reprsentatif de cette ide du

    Gesamtkunstwerk est le Palais Stoclet Bruxelles (J . Hoffmann, G.

    Klimt,

    1905-1911) Devenue trop chre et accessi ble seulement pour une

    lite, la Wiener Werksttte dut s'arrter en

    1932.

    Les formes rigoureuses, simples et gomtriques des oeuvres issues de

    la Wiener Wexttte ont beaucoup influenc les arts dcoratifs du XXme

    sicle et notamment le Bauhaus

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    19/52

    PL N DU CENTRE DE VIENNE

    Quelques btiments de la Ringstrasse :

    Votivkirche

    Acadmie des Beaux Arts

    2

    Bourse

    Secession

    3

    Universit

    2 Opra

    4

    Htel de ville

    3

    Knstlerhaus

    5

    Burgtheater

    4

    Musikverein

    6

    Parlement

    5

    Acadmie et Muse des Arts Appliqus

    Palais de justice

    6

    Postsparkasse (Caisse d pargne)

    Muse d Histoire Naturelle

    7

    Michaelerplatz

    9

    Kunsthistorisches Museum (Muse des Beaux-Arts)

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    20/52

    PLAN DE L EXPOSITION VIENNE 1880- 1938

    15

    16

    11

    W

    13

    Toilettes

    20

    3 2

    8

    8

    9

    8

    10

    6

    5 4

    I- LA

    RINGSTRASSE

    1 -

    Triptyque:

    2 - Ringstrasse:

    3 - O t t o W a g n e r

    Il -SECESSIONS

    Nietzsche

    Makart

    1896

    1880

    Emp ereu r Wag n er

    Romako Klimt

    1906

    4 Scessions idologiques

    : Herzl

    .Adler Mach Freud

    14

    V - DE LA VIENNE ROUGE A L ANSCHLUSS 1919-1938

    17 - La Vienne rouge

    18 - Jos ef Frank

    19 - La tradition constructiviste

    2 0 - L e m o n de m o d e r n e

    21 - L migration

    19 18 17

    IV - LA GUERRE ET LA FIN DE L EMPIRE 1914-1918

    16 Kubine Brosce .-Egger-Lienz

    Scessions art ist iques

    : Olbrich - Jungwien

    5 Gustav Kl imt

    6 Josef Hoffmann

    7 -

    Affiches

    g

    ra

    phisme

    III - LA SECONDE GNRATION 1906 - 1914, RATIONALISTES, EXPRESSIONNISTES

    11 Adolf Loos - Kart Kraus

    8 - W iene r W erks t t te

    12 Arnold Schoenberg - Richard Gerstl

    9 -La. Photographie

    13 Os car Kokos chka

    10 - Gus tav

    Mahler - Richard Teschner - Alfred Roller

    14 Egon Schiele

    15

    Naissance

    de

    la Science del Art

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    21/52

    C N C G e o r g e l

    P O M P I D O U

    S e r v ic e d e s

    r c h i v e s

    t )

    LA PEINTURE DANS L'EXPOSITION'VIENNE 1880 - 1938

    Exception faite d une prsentation d aquarelles Paris et

    d une exposition Kokoschka Bordeaux, c est la premire

    fois qu un ensemble de peintures autrichiennes de cette am-

    pleur est montr en France . C est aussi la premire fois que

    tant de chefs-d oeuvre quittent Vienne pour l tranger

    . Ce

    dplacement exceptionnel a t rendu possible par une conven-

    tion

    gouvernementale entre les deux pays

    . Il tait temps ;

    les grands matres viennois du tournant du sicle sont prati-

    quement absents des collections franaises

    . A ceci, deux rai-

    sons . Contrairement ce qui se passait en littrature et

    dans les sciences humaines -le dialogue Charcot-Freud par

    exemple- il y avait alors trs peu de relations artistiques

    entre Paris et Vienne

    . La peinture viennoise -figurative, or-

    nementale ou expressionniste- ne correspondait en rien aux

    normes de l avant-garde parisienne, ni l hdonisme fauve,

    ni au formalisme cubiste

    . C tait une modernit sceptique,

    sans manifeste qui, au lieu de ruptures spectaculaires, pro-

    cdait par volution sans morceler ou rinventer le rel sous

    forme de collage

    . Gustav Klimt (1862 - 1918)- et l on verra

    au Centre des oeuvres matresses de toutes ses priodes- sort

    de

    tradition de Makart pour aboutir dans ses tableaux de

    1917-18 une libert picturale qui rappelle les derniers

    Matisse et bien des formes d aujourd hui

    . Entretemps, il se-

    ra pass par un hiratisme symboliste, par l A rt Nouveau, par

    l ordonnance presque mondrianesque de la toile qui sert d cran

    aux grands portraits des dames viennoises, par la sensuelle

    dclinaison du corps fminin et par le flou intime de ses pay-

    sages et jardins

    . Au total 28 peintures de Klimt, secondes

    par presque autant de dessins pour la plupart rotiques, se-

    ront donc une rvlation totale pour tous ceux qui n ont pas

    fait le chemin de Vienne

    . En prlude, quelque huit grandes

    toiles de Hans Makart (1840 - 1884) et autant de portraits

    acides de Anton Romako (1834 - 1889), dont celui de l impra-

    trice Elisabeth, aideront mieux saisir les fastes de la

    Belle Epoque Vienne dont le climat sera voqu par un sa-

    lon de la Ringstrasse

    . Mais on verra aussi affluer les poisons

    et refoulements de cette poque bourgeoise dans 26 dessins hal-

    lucinants de Alfred Kubin (1877 - 1959)

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    22/52

    Autre vnement : la runion de quatorze tableaux et d'une qua-

    rantaine de dessins et surtout d'aquarelles d'Fson Schiele

    (1890 - 191 8), ceci grce la gnrosit des muses autrichiens,

    mais aussi de collections europennes et amricaines . Artiste

    inquiet et inquitant, Schiele rsume en quelques annes une

    trajectoire qui le mnera de la stylisation plane une

    morbi-

    dezza anguleuse qui trahit bien les angoisses et les fantasmes

    sexuels d'une poque finissante laquelle il n'a d 'ailleurs

    pas survcu

    . Sa Ville jaune est autant une ville morte.

    Surprise allant au choc avec les cinq grands tableaux de Richard

    Gerstl (1883 - 1908)

    . Cet artiste, qui traduit sa fureur de vi-

    vre dans une gestualit flamboyante, s'explore lui-mme dans

    une srie d'auto-portraits hallucins allant du nu total au ri-

    canement facial

    . Intime des musiciens, il semble proche des

    proccupations actuelles, tout comme son ami Arnold Schoenberg

    qui Gerstl avait donn quelques leons de peinture . Lorsque

    Gerstl se suicide, la suite d'une liaison malheureuse avec

    la femme de ce dernier, celui-ci cessant momentanment de

    composer, essaiera de surmonter la crise en peignant . Ce sont

    des visions immdiates, visions d'a ngoisse centres sur le re-

    gard, sur l'oeil et l'introspection du moi

    . On en verra la qua-

    si totalit dans l'exposition, prts pour l'essentiel par

    l'Institut Arnold Schoenberg de Los Angeles.

    1l n'a pas t facile de runir un ensemble cohrent d'Oskar

    Kokoschka (1886 - 198 0) l'anne mme o son centenaire est

    clbr par une grande rtrospective Londres . Mais grce

    la collaboration de la Tate Gallery, il nous est possible de re-

    tracer avec dix-neuf tableaux et autant de dessins et grandes

    lithographies le parcours d'un peintre paroxystique do nt les

    portraits d'avant 1914 mettent nu comme aux rayons X la so-

    cit viennoise de son temps

    . Une srie d'oeuvres gravite au-

    tour du thme de sa liaison avec Alma Mah ler . Aprs une erran

    ce, d'abord en Allemagne, ensuite autour du bassin mditer-

    ranen, Kokoschka se fixe de nouveau Vienne, puis Prague

    d'o le chassera le danger hitlrien . Son autoportrait en ar-

    tiste dgnr {1937), son allgorie L'Anschluss ou Alice au

    pays des merveilles (1942) sont des commentaires cinglants sur

    la monte du nazisme et la faiblesse des Occidentaux.

    L'Autriche de l'entre-deux-guerres, celle de l'habitat social

    et de la philosophi e de Wittgenstein, sera aussi un foyer ac-

    tif du constructivisme . En tmoignent ici des tableaux de Frank

    Kupka, Johannes Itten, E

    . G . Klien et Lajos Kassak

    . Emergent

    alors deux sculpteurs remarquables, Anton Hanak et Fritz

    Wotruba, tous deux soci alement engags, et un peintre, Herbert

    Boeckl, dont l'Anatomie sera une des oeuvres-cl des annes

    trente et de la dislocation du pays.

    Enfin, pour voquer l'Imago de Freud et souligner son rayonne-

    ment artistique, on a fait appel, outre la Gradiva d u Vatican

    (copie), deux chefs-d'oeuvre de la peinture en France :

    Oedipe et le Sphinx d'Ingres, tab leau que l'auteur de la

    Science des rves avait

    en reproduction au-dessus de son bu-

    reau, et Oedipus Rex de Max Ernst (1922), tmoignant de l'in-

    fluence de la psychanalyse s ur la naissance du surralisme.

    T

    277 2 33

    R esponsable du Service de presse et d A nimation

    : C atherine Law less, poste 46-68

    Attache de presse

    : Servane Z anotti ,poste 46-60

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    23/52

    CHOIX DES PRINCIP LES OEUVRES

    Gustav Klimt

    - L Amour, 1 895, Historisches Museum der S tadt Wien, Vienn e.

    -

    Sonj a Knips, 1898, 6sterre ichische Galerie, Vienne.

    -

    Nuda Veritas, 189 9, sterreich ische N ationalbibliothek, V ienne.

    -

    Poissons rouges, 1901 - 19 02, Muse des Beaux Arts, Soleure.

    - Judith I, 1901, 6sterreichische Galerie, Vienne.

    - Emilie F16ge , 190 2, Historisches Museum der Stadt Wien, Vienne .

    -

    Espoir I, 190 3, Muse des Beaux Arts, Canada.

    Espoir II, 1907 - 1908, M)MA , New York.

    Fritza Riedler, 19 06, Osterreichische Galerie, Vienne.

    7

    Danae, 1907 - 1908 , Collection Dichand, Autriche.

    L Accomplissement, 1905 - 1909 , Muse d Art Modern e, Strasbourg.

    Le Parc, vers 1910, MoMA, Nex York.

    Egon Schiele

    Portrait d Arthur Roessler, 1910 , Historisches Museum der Stadt Wien, Vienne.

    -

    Autoportrait aux doigts carts, 19 11, Historisches Museum, Vienne.

    - La ville jaune, 1 914, F ischer Fine Art, Lo ndre s.

    - Edith Schiele, 19 15, H aags Ganeentmuseun, La Haye.

    -

    Les quatres arbres, 1917 , Osterreichische Galerie, Vienn e.

    -

    L treinte, 1917, O sterreichische Galerie, Vienne.

    -

    La famille, 1918, Osterreichische Galerie, Vienne.

    - Albert Paris von Gtersloh, 1918, The Minneapolis Institute of Artp,Minneapois.

    Oskar Kokoschka

    - Portrait d Ado lf Loo s, 190 9, S taatliche M useen Preussischer Kulturbesitz,

    Berlin.

    Portrait de Hans Tietze et Erica Tietze-Conrat, 1309 , MoMA, N ew York .

    La Mlancholie, 1911, Osterreich ische Galerie, Vienne.

    Alma Mahler, 1912 - 191 3, Marlborough Fine Art, Londr es.

    Portrait de Karl Kraus, 19 25, Museum Mode rne Kunst, Vienne.

    Richard Gerstl

    Les deux soeurs, 1905, Osterreichische Galerie, Vienne .

    Arno ld Schdnbe rg, vers 1905 - 1906, H istorisches Museum der Stadt Wien,V ienne.

    Arnold Sch5nberg

    L intgralit de l oeuvre pe int

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    24/52

    olette TIMSIT

    Dominique REYNIER

    42 77 12 33 p 44 49

    N

    r

    PpUCU

    ervice des

    rc

    hives

    E RITS VIENNOIS

    O

    d

    Service de presse

    Jalonnant le parcours de l exposition, un ensemble de documents pr-

    sents par la Bibliothque publique d information (manuscrits, livres,

    revues illustres, quotidiens, photographies

    .) permet de complter

    l approche de cette priode de cration intense Cette crativit

    parti-

    culirement illustre par les arts plastiques dans l exposition s est

    exerce aussi dans la littrature comme dans la psychanalyse, la poli-

    tique, les sciences, l histoire de l art

    Tmoins et support de ce mouve-

    ment, ouvrages, revues, et journaux parfois illustres par des artistes

    comme Schiele ou Kokoschka

    soulignent l imbrication troite de la

    littrature avec d autres formes d expression, d autant plus que, du

    fait de leur formation et de la diversit de leurs intrts, des auteurs

    comme Schnitzler, Musil

    ou Freud

    sont bien plus que des crivains.

    Au seuil du XXe sicle, Vienne est le thtre de ruptures idologiques

    qui annoncent les ruptures formelles dans l art

    . Ce sont la scession

    littraire de 1897, avec la fondation de la Jungwien la

    scession

    psychologique

    que cre Freud avec la psychanalyse, les scessions

    politiques d Herzl

    dressant les bases du sionisme ou de

    Victor Adler

    pre de l austro marxisme, ou enfin la scession philosophique d Ernst

    Mach

    qui remet en question la conception mtaphysique du monde,

    de l homme et des sciences. Les documents prsents voquent notam-

    ment l atmosphre des cafs littraires o se rencontrent dandys,

    esthtes et marginaux, comme le pote Altenberg

    en qute de nou-

    veaux modes d expression

    ; ils voquent aussi les liens privilgis

    de Freud avec les mdecins de la Salptrire, la recherche de nou-

    velles interprtations de l hystrie, ou encore la dmarche de

    Herzl

    dont le sjour Paris comme correspondant de presse charg de suivre

    l Affaire Dreyfus contribuera lui faire crire le premier projet d un

    tat juif

    .

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    25/52

    Quelques points de

    repre

    L histoire de l Art comme science nait aussi Vienne cette poque.

    La salle qui lui est consacre s attache confronter toiles et dessins

    avec les travaux de l Ecole Viennoise autour de Wickoff mais aussi

    avec l approche de penseurs comme

    Freud ou

    Hofmannsthal qui portent

    un nouveau regard sur la vie des formes envisage comme symptme

    de la vie de l esprit.

    Pamphltaire redout, Karl Kraus se fait le tmoin impitoyable de

    son poque travers les articles incendiaires de sa revue Die Fackel ;

    sa recherche d'une vrit sans fard le rapproche de la dmarche de

    son ami architecte

    Adolf Loos,

    comme en tmoigne son ouvrage

    Orne-

    ment et crime.

    Karl Kraus

    illustre aussi la salle sur la guerre 14-18 par sa pice

    apocalyptique Les derniers jours de l humanit

    et les rquisitoires

    enflamms contre la guerre qui paraissent dans

    Die Fackel

    .

    Des docu-

    ments d crivains et d artistes porteurs de ce mme sens du tragique

    comme

    Kubin

    ou le pote

    Trakl

    sont aussi exposs dans cette section.

    La slection de documents compltant l'illustration de la Vienne de

    l'aprs-guerre porte en particulier sur l'intrication de la vie intellec-

    tuelle, culturelle, politique, scientifique et philosophique pendant

    la Premire Rpublique (1918-1934)

    . Les personnalits groupes au

    sein du trs clbre Cercle de Vienne (Otto Neurath, Rudolf Carnap,

    Moritz Schlick.. .)

    ou concernes par ces recherches Ludwig Wittgen-

    stein, Karl Popper)

    participent ce foisonnement culturel.

    Dans l'espace consacr au monde moderne, on trouve des esprits univer-

    sels comme

    Robert Musil et Hermann Broch, scientifiques figurant

    aussi parmi les matres du roman moderne. Sont prsents aussi les

    ouvrages cls des auteurs traduisant le mal tre de cette Autriche

    d'aprs l'Empire

    : autour du Malaise dans la civilisation de

    Freud

    figurent Heimito Von Doderer, Elias Canetti, Odon von Horvath, Josef

    Roth

    ..

    Leurs crits prmonitoires portent dj, avant 1938, le drame

    qui allait les condamner la mort ou l'exil comme bien d'autres

    de leurs compatriotes

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    26/52

    Service de presse

    Colette TIM SIT

    Dominique REYME R

    42 77 12 33 p. 44 49

    DAS WIENER KAFFEEHA US

    Forum

    12 mars - 19 mai 1986

    P

    aralllement son intervention dans l'exposition Vienne 1880 - 1938

    (Grande Galerie, 13 fvrier - 5 mai 1986) [cf le texte Ecrits viennois ]

    la Bibliothque publique d'information

    met en place, dans le Forum

    du Centre Georges Pompidou, un espace viennois

    Das Wiener Kaffee-

    haus

    .

    Autour du caf, s'ordonneront une librairie spcialise et des

    boutiques d'objets d'art.

    Dans ce lieu vocateur d'un caf littraire du dbut du sicle, le public

    aura la possibilit de

    consulter environ 800 ouvrages et revues

    sur

    la priode couverte par l'exposition - art, littrature, mouvements

    de pense - en allemand et en franais, en consommant cafs, choco-

    lats et ptisseries viennoises.

    Librement accessible aux heures d'ouverture du Centre Georges Pom-

    pidou (12h - 22h tous les jours sauf le mardi et 10h - 22h le week-end),

    le Caf viennois sera aussi le lieu d'une programmation quotidienne

    de tables rondes et de dbats ( Les soires viennoises du jeudi ), de

    concerts, de reprsentations thtrales et de lectures

    sur les thmes

    abords par l'exposition.

    PROGRAMME

    -

    Lecture de

    Les derniers jours de l'humanit

    de

    Karl Kraus

    (version scnique de l'auteur absolument indite ce jour)

    -

    Reprsentations thtrales d'oeuvres de

    Schnitzler, Altenberg . ..

    - Soires littraires : propos de Robert Musil, Hugo Bettauer

    . ..

    - Les soires viennoises du jeudi 18h 30)

    Vienne 1918 - 1938

    Autour de l'ex chancelier Bruno Kreisky

    Avec

    Michel Cullin Armand Gatti

    .

    ..

    Vienne la ville le social

    .

    Architecture, urbanisme

    Autour de

    Jean-Louis Coh en

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    27/52

    La littrature autrichienne d'aprs guerre

    Autour de

    Jean-Louis Poitevin

    Les juifs et Vienne

    .

    Antismitisme, sionisme, socialisme

    Autour de

    Michal L5wy

    Puissance des masses et gense des despotismes

    Autour de Ren Major

    Vienne, cette ville excrable

    sign . Freud.

    Autour de

    Marie Moscovici

    Vienne et l'obsession du fminin

    Autour de

    Christine Buci-Glucksmann

    Vienne comme thtre

    Autour de

    Jean Launay

    Qu' est-ce que le caf viennois ? Non pas un, mais

    plusieurs, avec chacun son atmosphre, son public,

    son dcor, mais toujours ou presque avec ce calme,

    ce "confort" des clubs anglais

    . Un caf viennois n'

    est pas un lieu priv, et c' est pourtant un lieu

    o 1' on peut vivre seul, lire, rver, mais aussi,

    si on le souhaite, converser, rire

    . Un caf vien-

    nois pourrait tenir lieu de "home", came vers

    1900 pour Peter Altenberg

    . D' o la blague viennoi-

    se

    : "Garon, gardez-moi ma place s'il vous plat,

    je vais boire un caf la maison " Un caf viennois

    n' est pas ncessairement un lieu de rencontre,il%

    pet 1' tre

    . Le caf viennois, c' est le lieu des

    journaux, omniprsents dans Vienne

    ; la "journaille"

    disait Karl Kraus qui voyait dans ce triomphe du

    papier imprim quotidiennement la dcadence mme

    du langage et, ce faisant, de la vrit

    Il peut arriver aussi que, la nuit tombante, un

    crivain lise ses

    t x t s que des acteurs fassent

    du thtre, que quelqu' un se mette au piano, qu'

    une conversation s' engage

    .Ainsi des "Soires vien-

    noises du Jeudi", toutes centres autour d' une per-

    sonnalit invitante.

    Extraits du texte de Bemard Falga pour le CN C Magazine

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    28/52

    UN LIVRE

    A l'occasion de cette manifestation, la

    B.P

    .I.

    publie, en co-dition avec

    Hachette,

    un ouvrage de textes de

    Hermann Bahr,

    indits en franais,

    traduits et prsents par

    Jean Launay.

    L'introduction, un rcit-portrait de la carrire de Hermann Bahr, est suivie

    d'un recueil de textes de Bahr et, dans une relation immdiate avec ceux-ci,

    de

    Karl Kraus, d'Hofmannsthal,

    de Schnitzler

    et de quelques autres auteurs.

    Editions

    B

    .P

    .I

    . - Centre Georges Pompidou / Hachette Littrature Gnrale

    200 pages, 80 F environ

    Hermann B HR ou Vienne invente

    La figure de Hermann Bahr

    (1863 -

    1934) est surtout connue pour avoir

    t la cible favorite des attaques de Karl Kraus pendant plus de trente

    ans, c'est--dire aussi longtemps que Bahr occupe la scne viennoise

    . Occuper

    n'est pas trop dire puisque, en plus d'une production thtrale et roma-

    nesque dpassant la centaine de livres, on le trouve constamment par ses

    articles, ses essais ou ses confrences aux avant-postes des combats cultu-

    rels qui animent Vienne jusqu'aprs la Premire guerre

    . Cette mobilit

    en mme temps que son invariable adhsion la dernire nouveaut lui

    valurent d'tre appel l'homme d'aprs-demain , titre que reprend sans

    ironie la plus rcente monographie qui lui a t consacre

    . (1)

    Les textes runis, tous indits en franais, se concentrent principalement

    sur l'action de Bahr ses dbuts Vienne, en 1890, insparable du mouve-

    ment dit Jung-Wien d'o l'on fait dater en gnral l'essor de la Vienne

    moderne

    . Cette action est en effet dcisive dans la mesure o elle tente,

    non sans succs, d'accrditer l'ide qu'en deux ou trois ans une avant-garde

    littraire et artistique originale a mis Vienne au rang des deux grandes

    capitales culturelles, Paris et Berlin

    . En 1896, Karl Kraus prtend faire

    justice de ce mythe dans un pamphlet d'une grande violence, La littrature

    dmolie,

    dont ce livre publie de larges extraits.

    Entre ces dates, 1890-1896, d'autres crits de Karl Kraus, de Hofmannsthal,

    de Schnitzler et de quelques autres auteurs moins clbres de ce premier

    pisode viennois, entourent ceux de Hermann Bahr et constituent un dossier,

    qui tente d'claircir sur pices une question sur les commencements de

    la modernit viennoise gnralement laisse dans l'ombre des rsums.

    (1) Donald G

    . Daviau

    . Traduit de l'amricain et publi en Autriche en 1984 :

    Der Mann von Ubermorgen

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    29/52

    Parce que la personne, ou faut-il dire le personnage, de Hermann Bahr

    joue ici un si grand rle, un autre axe des textes choisis renseigne sur

    ses propres dbuts et la suite de' sa carrire

    . Le rve viennois qu'il permet

    d'entrevoir. Le rve d un humanisme Grand-Autrichien incluant les pro-

    vinces allemandes et finalement l'Europe, constamment repris et non moins

    constamment ridiculis par les froces mises au point de Karl Kraus, pour-

    rait fournir, accessoirement, une illustration particulire du conflit typi-

    quement viennois entre la vieille tradition baroque et la nouvelle Rforme

    au nom de l'esprit de rigueur

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    30/52

    Theodor Herzl ou la Vienne dlivre

    Nike Wagner

    xtr its

    T heodor 1 lerzl tait jusqu

    'au cour de Faction

    un homme qui rvait

    . Ce trait, bien loin de

    diminuer la porte de ses actes

    . en a

    cunst

    :nunlcnt ,recru l'efficacit en les rendant

    spectaculaires et, quand on les raconte, piques`,,,)

    rve de 1 lerzl, fut, sans doute, profond-

    ment celui d

    une dlivrance. Le sommeil dont il

    ne s

    est pas rveill est celui qui abrite

    . jamais

    dsirable, l'idal

    . J'essaierai de montrer que l'i-

    dal conu ou plut lt reu par Herzl dans les

    annes qui suivent son adolescence reste, pour

    l'essentiel, inchang lorsqu' il le transporte dans

    sa vision de la future Sion

    . Sion, ce sera, en ce

    sens, Vienne, Vienne dlivre du malheur d'tre

    juif Vienne, Vienne digne enfin de la terre pro-

    mise rve par un jeune homme juif, n Buda-

    pest et dbarquant seize ans dans la mtropole

    des pres fondateurs, la Vienne des

    Grii,rder-

    (

    . ,)Li brochure

    Per

    Judenstaat (L'Etat juif) est ale

    1896

    . Le roman

    A t wula td

    de 1902. Herzl est

    mort en I90-i

    . Li dclaration de Balfour qui

    donne un premier statut politique

    la Palestine

    juive est de 191 Je cite ces dates non pour sugg-

    rer une continuit, mais tout au contraire les dis-

    tances qui sparent Ftruvre le l lerzl et tant cfev-

    nements venir aprs elle

    .(

    . .

    ..

    (

    . .., )'ors du grand krach boursier de 18'3

    . La fa-

    mille 1 Ier zl perd sa fortune

    . Elle s tablit Vienne

    quelque, annes plus tard et le p

    e refait un

    porteteuille qui permet d'habiter le quartier chic

    de la Ringstrasse

    . Theodor veut tre crivain ; les

    parents imposent les tudes de droit . et voil, trs

    comparable Schnitzler, dont il st de deux ans

    rain, Herzl menant la vie souvent dcrite de

    l'tudiant allemand d'alors, dans sa variante juive,

    qui ajoute aux frasques galantes et aux dettes de

    ;eux, les pomes, les pices en un acte et les

    premiers essais '

    t

    rtt que I,tt,r tir l

    : devient

    membre de l Ah

    ade'misc/>e Leseiruilt' (Le Cercle ale

    lecture de l

    Universit ) qui runit les tudiants de

    tendance pangermanique

    . Schnitzler en fait aussi

    partie . Hermann Bahr galement, le futur pape de

    la modernit artistique et littraire qui se prpare.

    plus

    p u

    l

    t lc

    c ous L_

    t~

    plus

    UI SalUll CC,

    qui

    recrute ici les cadres de ce qui sera, quelques

    annes aprs le premier mouvement de nasse

    officiellement in insmine n Vienne

    .

    Lors des crmonies organises par les tudiants

    allemands pour commmorer la mort de \N'agiter,

    nous sommes en 1883, le discours violemment

    errrude e ;cb

    et antismite de Hermann Bahr d-

    chane des manifestations de rue hostiles l'gard

    des Juifs . Profondment bless, Herzl demande

    sa corporation de pouvoir se retirer dans des

    conditions honorables

    . Li rponse est l'exclusion

    pure et simple . Arthur Schnitzler, qui a suivi l'af

    faire, la commentera plus tard en ces termes:

    -Qu'il ait t exclu ainsi de leurs rangs, non pas

    exclu, chass eschasst)

    selon l'expression inju-

    rieuse en usage chez les tudiants, cela a t sans

    aucun doute le premier vnement dterminant

    qui a fait se transformer l tudiant national-

    allemand, orateur de :W adenriechc Lese lxt l le , en

    ce sioniste peut-tre plus enthousiaste que

    convaincu qui vit aujourd'hui dans la mmoire du

    monde .

    A cette date de 1883, et pendant dix annes

    encore, la rponse de Herzl la question juive est

    nette

    : l'assimilation est la seule faon, comme il

    l'ecrit, -d'amliorer le profil du peuple juif

    Volk2rojil der /radent

    dans son image et dans sa

    ralit

    .

    ,)c est Parisr iu il accomplit

    le saut faisant de lui le nouveau prophte du

    sionisme avant d'@tr devenu tout fait un des

    Juifs les plus solidement installs dans b vie cultu-

    relle viennoise.

    Pour accomplir ce saut il faut encore un vne-

    ment

    . Nul doute que I'attaire Dreyfus, qui

    culmine en janvier

    18 t- i

    et clora il est pn,lessi~,n

    nellement le tmoin permanent, n'ait et cet

    v-

    nement- Il met en branle une suite d'actes et

    d

    crits qui suffisent en deux ans, jusqu

    la paru-

    tion en mai 181 6 de la brochure L7acu juif faire

    entrer I lerzl dans l

    histoire

    .(

    .

    . .)

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    31/52

    Ernst Mach et

    le

    moi

    ins isiss ble

    ves Kohr

    xtr its

    a postrit se montre parfois ingrate envers

    les matres-penseurs dont les ides ont do-

    min une poque et imbib l'air du temps.

    Ainsi en va-t-il d'Ernst Mach

    . Hormis pour quel-

    ques historiens des sciences et pistmologues,

    ce nom n'est plus gure vocateur en France que

    de la vitesse du son. Pourtant ce physicien et

    philosophe autrichien eut une influence prpon-

    drante sur le milieu intellectuel viennois, qui

    dpassa trs largement les cercles scientifiques

    o 11 conquit tout d'abord sa notorit

    . (.

    ( ) Toutefois ce n'est

    p

    as de la place du savant

    dans l'hiseire des sciences, ni de la validit de ses

    conceptions pistmologiques dont il sera ici

    question, mais de l'ascendant qu'exera sa pense

    sur le milieu culturel viennois, des impulsions, de

    crativit qu

    elle a su susciter auprs des cri-

    vains, des artistes, des thoriciens les plus livers.

    On pourrait mme dire que la philosophie de

    Mach constitue le fil rouge cach auquel se rana-

    chent presque toutes les manifestations artisti

    (lues et intellectuelles qui virent e jour dans la

    Vienne du dbut du sicle (- ,

    . )

    -

    . ) Qui dont peut en effet se flatter d avoir t l

    ami

    -des potes du

    ung Wien

    et

    le mentor du cercle

    positiviste de Vienne, d'avoir t l'inspirateur di

    -

    rect de l'austromarxisme et indirect de l '

    cono-

    miste libral Schumpeter? Pour mesurer l'ten-

    due de son influence il suffit d'affirmer ici que

    Hermann Bahr fut son ami intime, que Hugo von

    Hofmannsthal et Peler Altenberg suivirent ses

    cours l Universit de Vienne, que Schnitzler

    envisagea un moment d

    'crire un livret d

    opra

    avec lui, que Neurath et Schlick bientt rejoints

    par Carnap fondrent un cercle machien, noyau

    du cercle no-positiviste, et que iMusil lui consa-

    cra sa thse de doctorat

    .

    e

    . )

    L

    .

    . c

    'est chez Robert Musil qu'on trouve

    'cho le plus

    ample, le mieux rflchi, des tho-

    ries machiennes

    . Si Musil s

    est livr, dans sa thse

    de doctorat, une critique d une remarquable

    acuit des thories de Mach, la fois respectueuse

    et sans complaisance, force est de constater qu'il

    est rest imprgn des ides cl matre bien au-

    del de ce qu'il a lui-mme voulu reconnaitre

    . A

    vrai dire, le grand ouvre de Musil

    .

    L

    mime sans

    qu lits apparat distance comme un vibrant

    hommage rendu la pense philoso

    p hique

    d'Ernst Mach dont il a su dceler le schmatisme,

    les apories, voire la navet, mais dont la d-

    marche globale de pense l'a fascin, dont il a

    capt les intuitions

    .

    . -

    - ) Ce qui caractrise la Vienne culturelle du dbut

    du sicle et qui n'a pas fini de nous tonner c'est

    l'panouissement, la coexistence, parfois la ren-

    contre, de deux courants intellectuels en appa-

    rence antagonistes. D'une part ce qu'il est conve-

    nu depuis Johnston d'appeler l'impressionnis-

    me, marqu par le psychologisme, un sensua-

    lisme dbrid, par l'hdonisme avec pour hori-

    zon utopique la fusion du monde intrieur et du

    monde extrieur

    ; d'autre part un courant forma-

    liste, structuraliste, rigoriste, soucieux d'une s-

    paration correcte, rationnelle, crative

    . A ussi op-

    poss qu apparaissent ces deux courants, ils ont

    pour fondement commun la dissolution du moi,

    prmonition de la perte de l'individu dans la

    socit du XX` sicle

    . Ce pourrait bien tre l un

    des secrets de la modernit viennoise dont le mot

    de passe s'appelle Ernst Mach

    .(.

    .

    . )

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    32/52

    Robert Musil

    Elias Canetti

    xtr its

    M

    usil tait, sans qu il y part, toujours arm pour la dfense ou pour l attaque . Il tirait sa

    scurit de son attitude . On pouvait penser une cuirasse

    ; il s agissait plutt d une

    ccxluille

    . Cette protection qui devait le sparer nettement du reste du monde, il ne

    l avait pas endosse

    ., elle avait grandi sur lui

    . Musil ne se permettait aucune interjection . I l

    vitait les mots qui auraient trahi un sentiment . Toute courtoisie lui semblait suspecte.

    Comme il le faisait autour de lui-mme, il traait des frontires entre les choses

    . II se mfiait

    des mlanges et des fraternisations, des dbordements et de l exubrance . L homme tait un

    assemblage de particules solides,

    vitant les lments liquides et gazeux

    . la physique lui

    tait familire ; il ne l avait pas

    seulement tudie, elle s tait transmue en chair et en sang

    de son esprit. Il n y a

    vraisemblablement jamais

    eu d crivain qui ft autant physicien et qui

    le soit rest ainsi tout

    au long de son oeuvre .

    . .

    . )

    . - Pendant les quatre ou cinq dernires annes de l Autriche indpendante,

    alors que Musil tait revenu de Berlin et

    vivait Vienne, on pouvait entendre parler d une

    triade sur le pavois par l avant-garde : Musil, Joyce et Broch

    ; ou bien Joyce, Musil et

    Broch

    Quand

    on rflchit un peu aujourd hui, cinquante ans aprs, cet amalgame, on

    comprend aisment que Musil ne se ft gure rjoui de cette trange trinit

    . Il rejeta

    catgoriquement

    fyss

    qui venait de paratre en allemand . L atomisation de la langue le

    hrissait profondment. . . .

    ,) Le nom de Broch dans la littrature lui tait absolument insupportable . Il connaissait

    depuis longtemps celui qui avait t industriel, mcne, puis, sur le tard, tudiant en math-

    matiques. Il ne prenait absolument pas l crivain au srieux La trilogie de Broch lui semblait

    une copie de sa propre entreprise/ laquelle il travaillait depuis plusieurs dizaines

    d annes . Le fait que Broch, son oeuvre peine commence, l et dj acheve, le rendait

    extrmement mfiant . Il jI4j toujours) ce sujet ce qu il avait sur le coeur, et jamais je n ai

    entendu une seule parole aimable de Musil sur Broch

    . . _

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    33/52

    es

    S o m m a n t m ie s de l lermann lbro h

    Liane aufholz

    xtr its

    ermann Broch, l Autrichien, avait dj qua-

    rante-cinq ans lorsqu il entreprit d crire

    Les Somnambules en 1931-1 932, dont il si-

    tue l 'action en Allemagne, entre 1898 et 1918 . C e

    recul dans le tem ps et dan s l 'espace lui a certai-

    nement permis d e relever avec perspicacit les

    points forts d une poque aussi dterminante

    pour toute l Europe . Jusqu

    l 'ge de quarante-

    deux ans, Broch avait travaill dans les usines

    textiles de son pre, aprs avoir fait des tud es

    d ingnieur comme le firent dans cette mme

    Vienne des crivains comme M usil et C anetti, qui

    choisirent finalement de devenir crivains( .)

    i . . jCC e qui le proccupait le

    plus et devint le bt de sa vie c tait de

    trouver les voies permettant de parvenir au de-

    gr de connaissance le plus lev de la vie hu-

    maine et des comportements humains . Ses

    tudes le convainquirent rapidement que ni la

    philosophie des annes vingt, en particulier le

    p

    ositivisme logique qui prdominait dans l E-

    cole de Vienne qu i avait abandonn la mta-

    physique au bnfice de problmatiques math-

    matiques ni les sciences ne pouvaient

    conduire cette connaissance : . certains sec-

    _eurs de la philosophie qui ne sauraient tre

    abords par la voie des mathmatiques, donc

    surtout l ' thique ou la mtaphysique, ne devien-

    nent objectifs que su r le terrain de b thologie,

    '

    est--d ire qu'ils deviennent relatifs et, en fin de

    compte, subjectifs

    et c est cette subjectivit q ui

    -ne pousse l o elle est radicalement J

    .egitime,

    c

    '

    est--dire da ns la cration l i t traire

    . t, . .

    (

    .

    . }De 1898 191 8, Broch met en scne des repr-

    sentants de l homme jet dans les temps mo-

    dernes mais ,- ._

    . i la fin d

    une poque

    . un mo-

    ment de dg radation des valeurs, entre un sys-

    tme de valeurs anciennes d j dpasses e t un

    systme nouv eau, venir, qui ne s

    est pas encore

    vraiment constitu

    . Il en rsulte pour lui un se n-

    t iment de frustrauon et de soli tude qui, dans les

    priodes de guerre (volume 3), devient du d-

    sespoir

    . C 'est ce stade que vivent les person-

    nages-somnambules

    . Dans des essais ultrieurs

    consacrs la psychologie des masses, Broch

    montrera comment ce sentiment de peur, de

    frustration, se transforme en sentiment de culpa-

    bilit qu exploiteront certains rgimes totalitai-

    re s . M ais dans le roman, les personnages en sont

    encore vivre de systmes de valeurs fragmen-

    ts qu' i ls lvent au niv eau d 'absolus :

    ils

    incar-

    nent la face obscure de ce q ue d'aucu ns, parlant

    de la Vienne du dbut du XX'sicle, ont qualifi

    d'apocalypse joyeuse B roch en fut ici dans

    la dimension tragique que prend celle-ci pour

    certaines dest ines individuelles . ( . , . )

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

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    p g

    L A M U S I Q U E D A N S L E X P O S I T IO N

    V IE N N E - 1 88 3

    so s

    MPIDOU

    SCHOENBERG PLUS

    Service des A rchives

    L)

    Note sur la programmation

    Dans

    le

    cadre de l'exposition interdisciplinaire

    du Centre Georges Pompidou Vienne 1880-1938

    L'IRCAM propose Schoenberg plus : il s'agit

    de prsenter l'intgrale de la musique catalogue

    pour voix, petites formations, choeur, et orchestre

    de chambre interprte par divers ensembles et

    solistes

    . Schoenberg se trouve ainsi replac non

    seulement dans la Trinit Viennoise, mais aussi

    parmi ses contemporains, voire ses hritiers les

    plus divers Vienne et dans l'Europe entire.

    Ce programme propose en outre certaines oeuvres

    de Schoenberg qui ne comportent pas de numros

    d'opus, ainsi que des orchestrations ralises

    par Schoenberg et Berg l'intention de la Socit

    pour les excutions musicales prives .

    Enfin la musique pour quatuor de Schoenberg, Berg

    et d'autres compositeurs viennois est au programme

    du festival de quatuors, parmi un ensemble

    d'oeuvres trs vari.

    L'clectisme de la programmation Schoenberg-Plus . ne rsulte en

    aucune faon des contingences habituelles de la vie musicale, tels les

    rpertoires figs des interprtes, l'homognit commode des effectifs

    d'orchestre, ou encore la contemporanit ou la nationalit des

    compositeurs

    . Cette large perspective dpasse intentionnellement un lieu

    unique qui est Vienne, et la priode restreinte de 1880 1938.

    En fait, notre poque donne trop souvent l'impression de prfrer

    le pass la cration contemporaine

    ; il est plus rassurant de dcouvrir

    l'histoire de la culture au moyen d'coles, de mouvements, de

    rvolutions et autres catgories bien tiquetes

    . C'est ainsi que

    Schoenberg et ses deux plus brillants lves, Berg et Webern

    se trouvent rangs d'un bloc sur les tagres musicales

    . Maintenant que

    la primaut de la Trinit viennoise est enracine fermement dans

    l'histoire de la culture germanique et occidentale, le moment n'est-il pas

    venu, l'occasion de cette vaste vocation pluridisciplinaire de Vienne,

    de revoir Schoenberg dans toute sa richesse et dans un plus vaste

    contexte ? Ainsi, pour viter les soires monographiques, nos

    programmes tentent-ils de montrer un Schoenberg plus complexe, voire

    plus ambigu, que l'image rebattue du patriarche rvolutionnaire

    guidant son peuple vers la terre promise.

    Ces concerts nous rvleront divers paysages musicaux en relation avec

    Schoenberg :

    - pour rappeler la ralit et la nature de la vie musicale Berlin,

    Munich, Strasbourg, Baden-Baden, Donaueschingen et Paris, des

    oeuvres musicales de contemporains du jeune Schoenberg ponctueront le

    programme prsent

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

    35/52

    -

    Vienne, la fois centre de tradition et inspiratrice des avant-gardes

    dans tous les domaines, sera voque par des concerts consacrs la

    Socit pour les excutions musicales prives et dans les

    Cabaret-Abend .

    Par ailleurs, dans le programme Paroles/Musique (17 mars), le

    Pierrot lunaire et l'Ode Napolon Bonaparte ne seront pas situs dans

    le courant Expressionniste allemand , mais dans la ligne des

    mlodrames germaniques avec, la source, Georg Anton Benda, suivie

    de Mozart, Schubert, Schumann, Liszt et Richard Strauss.

    -

    l'entourage immdiat des trois Viennois sera bien prsent

    . Nous

    entendrons en particulier Alexander Zemlinsky qui, sous-estim de son

    vivant, est devenu de nos jours presque une mode ( Son temps

    viendra disait Schoenberg en 1921), ainsi que Franz Schreker,

    compositeur quant lui adul de son vivant et oubli depuis

    . D'ailleurs

    les carrires et la postrit de ces deux figures de la musique viennoise

    et berlinoise d'avant-guerre nous rappellent avec force les prils

    attachs aux courants de modes trop vite pouses et rpudies souvent

    avec trop de lgret (Hindemith par exemple).

    -

    Les rapports complexes qu'entretenait Schoenberg avec tout ce qu'il

    est convenu d'appeler le no-classique seront prsents en

    juxtaposant le Quintette pour instruments vent avec des oeuvres trs

    diffrentes, mais inscrites sous la mme tiquette, de Hindemith et

    Stravinsky (10 avril)

    . Le programme Schoenberg-Plus se terminera

    le 4 mai par les trois Satires de Schoenberg qui sont la critique

    violente et ironique du m uven nt no-classique.

    C'est justement Stravinsky, le Modernsky baroquisant cibl dans une

    des Satires de 1928, qui devient le reprsentant de choix de la

    postrit schoenberguienne, en utilisant la technique srielle aprs la

    mort de son illustre voisin ( Styles et Effectifs , 11 avril).

    L'tendue de cette postrit - Berg et Webern, bien sr, mais aussi

    Apostel, Dessau, Eisler, Gerhard, Jelinek, Krenek, Schulhoff, Zenk

    jusqu' Donatoni, Goehr et Nono - tmoigne de la richesse et de la

    varit des intentions et des ralisations du grand Viennois.

    Grce une telle exposition pluridisciplinaire, les langages et les

    recherches toujours en mutation d'Arnold Schoenberg retrouveront leurs

    vritables quivalences dans les styles successifs et les dveloppements

    quelquefois dconcertants de Gustav Klimt et d'Otto Wagner.

    icholas Sno rnan

    Edition d'un livre-programme SCHOENBERG - PLUS , avec l'ensemble

    des concerts donns dans le cadre de l'exposition Vienne 1880-1938

    et un texte de ALBERA, musicologue.

    En vente dans les librairies du Centre et l'entre des salles de

    concerts

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    PASSE, IMPASSE ET MANQUE

    Pierre Boulez

    (

    Extraits

    .

    .

    La rencontre de l Ecole de Vienne nous montrait une attitude profondment motive, peu

    soucieuse de ce qui se fait ou ne se fait pas ; s tant confronts avec leurs antcdents,

    conscients de leurs prdcesseurs, ces trois compositeurs en avaient dduit une ligne de

    conduite, un systme de pense, un langage, un mode d expression

    . En ce sens, par rapport

    la prcarit de ce que nous avions observ directement autour de nous, ils nous appor-

    taient certainement la scurit, sans parler de la droiture et de l exigence ; ils nous donnaient

    un exemple moral non moins que musical . C est certainement en quoi cet exemple a t

    plus fort, et de loin, que tous les autres . Nourrir l instinct par la rflexion, trouver un langage

    cohrent et adquat, ne pas craindre de rflchir la technique elle-mme du langage, de

    penser la musique d une faon globale, d acqurir une vritable responsabilit vis--vis de

    l histoire

    : tout cela, ils nous l apportaient en prime.

    Schnberg, tout spcialement, a engendr bien des

    disciples qui n taient pas la hauteur de son gnie, et qui n ont propag qu un acad-

    misme strile et vide dont la srie de douze sons favorisait l inertie proprement numrique.

    De cette fameuse mthode, ne subsistait souvent qu un emploi mcanique rdhibitoire

    . A u

    lieu d analyser l oeuvre proprement dite, on se contentait d en faire un relev chiffr : ce qui

    la fois n apprenait rien sur l oeuvre elle-mme, et rduisait la composition un certain

    nombre d oprations arithmtiques . Alors il nous fallait nous dbrouiller nous-mmes avec

    le clich naissant : Schnberg le Pre, Berg le Fils, Webern l Esprit . L image de cette Trinit

    la source d une ineffable thologie tait infiniment sduisante

    : comme tout clich, il conte-

    nait une part de vrit

    . Berg, souffrant, compatissant la misre de l

    homme, exprimant sa

    solidarit avec les pauvres et les rejets, le crateur de

    ozzecket de

    Lulu

    Webern le pur,

    l intransigeant, reculant les bornes de l imagination, dli des contingences misrables,

    exprimant la transcendance de l esprit

    . Schnberg par lequel tout a t cr, y compris le

    Fils et l Esprit, celui qui dicte les nouvelles tables de la Loi . L image trinitaire persiste mais

    elle a tendance se troubler, se dissoudre lorsqu on s en approche

    . Berg n est certaine-

    ment pas qu un instinctif sentimental ; son obsession des secrets et des chiffres, sa proccu-

    pation constante de l invention formelle, de la formalisation littrale des architectures musi-

    cales sont pousses un degrbeaucoup plus inquitant que chez ses deux contemporains.

    Peut-tre des trois, est-ce lui le plus impliqu par les relations multiples et complexes entre

    ide, forme, sens et expression : son symbolisme des chiffres, des lettres, des proportions,

    des symtries rvle un besoin de crer une structure-objet sous-jacente au discours, et

    insparable de lui

    . Il semble estimer que les catgories du sensible et du mesurable ne sont

    pas incompatibles, que la premire ne peut acqurir de solidit que si l autre l enserre

    troitement

    . Il a t fascinant de dcouvrir que le plus formaliste des trois tait le plus

    sentimental et le plus accessible

    : on trouve peu d exemples d un compositeur s astreignant

    des concidences aussi minutieuses de structure et de pense

    . En regard de celle-l, la

    numrologie de Webern est beaucoup moins contraignante, et d une certaine faon, beau-

    coup plus concrte

    . Webern est non moins ingnu que calculateur

    . Son effort rside dans

    une simplification vidente de tous les lments constitutifs du langage

    ; lui aussi est obsd

    par les symtries, mais ce sont des symtries immdiates, perceptibles dans l instant

    . Quant

    ses chiffres, ils concident directement avec les figures musicales qu ils assument

    ; ce ne sont

    point des symboles, difficiles dchiffrer, sotriques, destins exister sur un plan autre,

    ce sont des descriptions directes, car son criture rigoureuse vite la plupart du temps

    ambigut et ambivalence

    . D autre part, quelques exceptions prs, la forme est d une totale

    limpidit, et dans les oeuvres vocales la musique se modle au plus prs du texte potique,

    au moyen d allusions ou d illustrations directes . Bien loin d tre un abme d

    intellectualit et

    de spculation, la musique de Webern est avant tout nave, ingnue, dans le sens le plus

    optimiste de ces termes

    . Ce qui fait sa difficult d coute ? Premirement, cette ingnuit

    : il

    est interdit de s y perdre, et donc, il est difficile de s y trouver totalement

    ; musique exigeante

    certes, non point tant par son intellect que par sa sensibilit qui refuse les scories et interdit

    une approche distraite et approximative

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

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    Il ne faut cesser de le

    rpter

    : Schnberg n est pas un romantique qui aurait mal tourn pour cause de dogma-

    tisme ayant entran scheresse d esprit et de coeur

    . C est un gnie au moins aussi impulsif

    qu il est raisonneur

    . D ailleurs ce soi-disant dogmatique se sent, avant tout, contraint par

    l histoire

    . Dans tous ses crits, et mme dans les bons mots que l on cite de lui, on sent cette

    sorte de prdestination qui l a dsign, lui Schnberg, pour crire une telle musique un tel

    moment

    . Il fallait qu il y ait quelqu un pour le faire

    : ce fut lui

    . De fait, Schnberg est tout

    entier accapar par sa tradition au point, il est vrai, d ignorer ou de mconnatre tout ce qui

    ne vient pas directement d elle, ou tout ce qui en a dvi d une autre faon que celle qu il

    comprend

    . Il a montr peu d intrt pour Debussy, pas davantage pour le Stravinsky du

    cre

    ces musiques lui apparaissaient, sans nul doute, comme incompatibles avec l arbre

    gnalogique dont il faisait partie, avec la tradition directe dont il se sentait l hritier

    . C est le

    revers de la mdaille

    : autant Paris pouvait snober ces attards du romantisme, autant Vienne

    ddaignait la mode et l exotisme

    . On touche l au point de divergence le plus profond

    : d un

    ct, on prtendait tre rvolutionnaire, innover, briser avec le pass, tre dans le courant,

    voire tre au courant, de l autre, on cultivait les anctres avec un soin jaloux, on expliquait

    toute l histoire de la musique par un dterminisme en chane qui partait de la polyphonie

    flamande pour aboutir la srie de douze sons

    . Aucune rupture dans la succession mais, au

    contraire, un enracinement profond dans une tradition qui justifiait, vrai dire, un tel

    attachement.

    Les trois Viennois revendiquent l hritage chacun leur manire, mais ils le revendiquent

    avec autant de vhmence et de bonne foi

    : abruptement pdagogique chez Schnberg,

    navement enthousiaste chez Webern, adroitement ambigu chez Berg

    . Il serait vain de

    vouloir comprendre la dmarche de ces compositeurs si l on mconnaissait cette appropria-

    tion du pass qui est part essentielle de leur gnie

    . Mme si aujourd hui l on peut difficile-

    ment accepter un dterminisme aussi circonscrit, il n en reste pas moins que leur exemple a

    t d une force insouponne : ils nos ont appris savoir dduire

    Il esr certain

    que les Viennois n ont pas tout invent, que la forte insertion dans leur tradition les a

    empchs de s ouvrir sur certains horizons parfois importants, parfois tout fait

    secondaires , de regarder quelques-uns de leurs contemporains avec suffisamment d at-

    tention

    . Rien, toutefois, de vraiment fondamental ne leur a chapp, car leur rflexion sur le

    langage musical allait infiniment plus loin que toutes les autres, sporadiques, peu cohren-

    tes, et pour tout dire assez anecdotiques

    . Bien sr, la srie de douze sons n

    tait pas destine

    rester le ftiche absolu, ni le tabou indestructible, ni mme, vrai dire, l outil indispensa-

    ble

    . Ce fut un passage, mais un passage essentiel . A vrai dire qu tait-elle cette srie de douze

    sons, sinon un moyen lmentaire d organisation, tout fait insuffisant pour pouvoir prof-

    rer l oeuvre, ni mme organiser l criture

    . C tait une sauvegarde assez mince, et la faon

    dont chacun des trois a employ cet outil minimum prouve bien qu il n tait prcisment

    qu un premier degr du langage, et qu il fallait y ajouter bien d autres catgories plus

    significatives pour arriver au stade suprieur de l criture

    . Que fait Berg de la srie ? Il cre,

    par drivation, des thmes, avec tout leur pouvoir d engendrement et de dveloppement.

    Qu en fait Webern ? Il les divise en segments similaires, aux caractristiques trs simples, qui

    serviront de base l univers mlodique comme l univers harmonique

    . Qu en fait

    Schnberg ? Il contrle la fois le matriau et la forme au moyen de sries privilgies

    . J e

    rsume grands traits leurs caractristiques

    ; c est pour signifier que la srie les

    aids

    constituer un langage spcifique, mais elle n tait qu un outil primaire

    (-

    .)

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

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    C N A C G e o r g e s C M P I D O U

    Service des A r

    ives

    PROGRAMME DES MANIFESTATIONS

    Confrences tables rondes colloques Revue parle films etc

    AUTOUR DE L EXPOSITION

    VIENNE 1880- 1938

    A u m om en t o nou s im p r im on s c e d o ss ie r d c em b r e 19 85 ) c e p r ogr a m m e est p r en d r e

    sous rserves de modificat ions

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

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    CINMA

    Salle GARANCE)

    La programmation propose vise mettre l accent sur le lien originel

    qui existe entre le cinma et l ex-capitale de l empire . A premire

    vue, Vienne n est pas considreconme une des centres essentiels pour

    la formation du cinma mondial

    . Pourtant si 1 on considre que Fritz

    Lang, Erich von Stoheim et Josef von Sternberg sont viennois, si on

    s aperoit que les Hongrois Kertesz ( le futur Michael Curtiz), Korda

    (qui joua un rle essentiel dans le cinma britannique), Fejos ( un

    des cinastes les plus originaux et les plus mconnus) y ont ralis

    quelques unes de leurs oeuvres majeures - au mme titre que les alle-

    mands Max Ophhls et Robert Wiene - , 1 optique change radicalement

    et Vienne devient alors un centre dont 1 activit est essentielle

    dans le paysage europen d avant-guerre.

    Nous prsenterons une slection des films de ces ralisateurs en essayant

    d avoir recours aux meilleures copies possibles, dans leur format d

    origine.

    Par ailleurs, une large prsentation de la production des cinastes

    viennois constamment demeurs dans leur ville natale permettra de d-

    couvrir des talents sous-estims ou mal connus

    ; Gustav Ucicky, Geza

    von Bolvary, Ernst Marischka, Willy Forst, sont quelques unes de ces

    figures a priori peu imposantes mais dont la frquentation permet, au

    dtour d un film, d heureuses surprises . C est tout un monde qui est

    ici dcouvrir.

    NSE

    L exposition Vienne nous donne 1 occasion de prsenter pour la premire

    fois en France la seule compagnie de danse contemporaine autrichienne, le

    TANZTHEATER WIEN.

    Cette compagnie fonde en octobre 1982 par deux danseurs, une chorgraphe

    et un anthropologue prsentera dans la grande salle du 2 au 6 avril 1986

    son spectacle WIEN, WIEN DU BIST ALLEIN.

    Ce spectacle met en scne les clients du caf Freud, carrefour chorgra-

    phique des nvroses, ballet de la psychologie, de l nigme de l me

  • 7/25/2019 Ecole de Vienne

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    VIENNE

    1880 1938

    MANIFESTATIONS PONCTUELLES DU 5 2 2 6 986

    TE HEURE

    ESPACE INITI TIVE

    MANIFESTATION

    TARIFICATION

    /2/86 15H

    C

    du Muse MNAM Films sur Gustave Klimt Billet en-

    18H30

    C

    du Muse

    MNAM

    Films sur Van Gogh

    Films sur Gustave Klimt - films sur Van Gogh

    tre Muse

    18H30

    Grande Salle L Adhsion

    Confrence

    Lulu, mythe viennois par Dominique Jameux Adhrents

    /2 15H C du Muse MNAM

    Films sur Van Gogh Films sur Gustave Klimt

    Billet en-

    tre Muse

    /2 15H C

    . du Muse MNAM Films sur Van Gogh Films sur Gustave Klimt

    2 15H C

    . du Muse MNAM Films sur Van Gogh - Films sur Gustave Klimt

    20H30

    GARANCE

    Projection de film dans le cadre de l'exposition Vienne sur invitation

    20H30 Grande Salle IRCAM

    Quatuor Alban Berg

    40-55F

    20H30 Grande Salle IRCAM Quatuor Alban Berg

    40-55F

    9/2 18H30 Grande Galerie IRCAM

    Les Lieder

    Billet expo

    15H Cinma du Muse MNAM Naissance de l'expressionnisme

    (films sur Kirschner, Rottluf,

    Kokoschka,

    Nolde, Pechstein)

    Film sur Oscar Kokoscka

    Films sur Arnold Schoenberg

    Films sur Egon Schiele

    Billet en-

    tre Muse

    18H30

    Petite Salle MNAM

    Confrence La dcouverte des dissonances par Werner Hofmann

    e l

    20H30 Grande Salle IRCAM Quatuor {ASAL