Projet de classe du groupe de petite section dans le cadre du dispositif Enfance Art et Langage

Première année de résidence – 2013/2014

L’art vivant autour du cirque – Ecole Maternelle Les Fougères

Artiste : Xavier Kim Enseignante: Virginie Mendez

Qui a peur du méchant loup ?

L’école peut-être un lieu étrange avec ses codes, ses règles…Comme Xavier Kim, les enfants de petite section y entrent à pas de loup…En se demandant ce qu’ils font là et ce qu’il pourrait bien y faire. Xavier et les enfants se sont rencontrés, ils sont venus avec ce qu’ils étaient, ils y ont été accueilli comme ils étaient. Xavier à sans cesse jouer avec leur énergie, répondu à leur appel, été à l’écoute …Il leur a proposé un jeu de cache-cache…Avec un loup! Un jeu de cache-cache…pour des enfants de petite section qui doivent quitter leur maman pour aller à l’école. Avec un loup… pour des enfants qui doivent commencer à contrôler leurs pulsions. Il les a bien entendu.

Organisation : le groupe des 12 petits sont présents avec l’artiste et l’enseignante lors des ateliers.

Objectifs: 1- Lors de l’atelier Exprimer avec son corps des idées ou des émotions Participer à une démarche créatrice collective. Maîtriser des conduite motrices fondamentales (locomotion, équilibre) Se repérer dans l’espace (se cacher derrière, monter sur) et le temps (répondre à un signal sonore: changement de musique, bruitage) Respecter les autres, soi même, les règles de sécurité et le matériel. 2- De retour en classe S’exprimer clairement à l’oral en utilisant un vocabulaire approprié Enrichir son lexique Prendre la parole et oser s’exprimer devant les autres enfants

Jouons: Xavier incarne le personnage du loup tout au long du jeu.

Consigne première partie: « Vous êtes des petits cochons, vous allez-vous cacher dans la forêt. Il faut se cacher derrière les caisses. »

Consigne deuxième partie: « Le loup n’est pas dans la forêt, il est parti vous allez vous promenez . Au signal sonore, le loup arrive, il faut se cacher dans les arbres. Il faut monter sur les caisses.»

Parlons: En classe, je projette au tableau blanc interactif des photos réalisées pendant la séance. Je laisse les enfants s’exprimer librement, je ne donne pas de consigne. Au cours de la discussion, je répète souvent ce que disent les enfants avec les bons mots, la bonne syntaxe afin que les enfants s’approprient ses formules. Je soutiens la discussion, je relance avec des « qu’est-ce qui se passe sur cette photo? », « untel dit ça qu’en pensez-vous? »… Je retranscris ici la parole des enfants: Les enfants prennent la parole de manière spontanée, sans retenue, ils expriment ce qu’ils font mais aussi ce qu’ils ressentent, les peurs, les rires, la limite entre la fiction et la réalité.

C’est une photo. Moi, ma photo c’est bleu. Moi, je vois Charly. Je vois Ismaïl, même Youssef je vois. Je vois Yousra. Je vois Ketsia. Je vois Shaina. Je vois Imane. Je vois Youssef. Je vois Nasra, elle regarde Xavier. Je suis monté dans les caisses et je vois Xavier. Moi, j’étais là, on monte avec Imane, sur les caisses. Je rigolai, Xavier, il voulait me manger. Non c’est un faux loup. C’est le vrai loup. Ca fait un peu peur. On a peur du loup. Le loup c’est Xavier. Non, c’est moi le loup. C’est Xavier quand même le loup. Je veux être le loup comme Xavier. Je cours pour pas que Xavier il me mange. On est encore à deux . Imane et Yousra . Je me vois pas moi. Je suis là (il montre le hors champs au tableau) Je, moi, je regarde Ismaïl et je vois qu’il se met sur la caisse. Je rigole C’est moi, c’est Charly, je regarde Xavier. Xavier il joue au loup. Quand Xavier, il fait le signal, il faut monter sur la caisse. Sinon le loup il vient. Moi je rigole parce que Xavier il va nous attraper.

Dessinons: Vers une première représentation du vécu. Je leur ai demandé après une séance de dessiner.

C’est les caisses. Nasra

Je suis sur la caisse. Heather

C’est Xavier, le loup. Romain

C’est Xavier le loup avec ses griffes de loup. Et là c’est la queue du loup. Youssef

C’est moi, je monte sur la caisse. Shaina

Ca c’est la caisse, y a le loup qui arrive. Ismaïl

Bilan: Jouer , c’est penser Les enfants ont pris un grand plaisir à jouer, à se laisser prendre par le jeu. Ils sont libres et spontanés lors du jeu. La parole est construite, la situation a été pensée par ses enfants. Ils ont pu la dire et exprimer des émotions vécues à travers cette situation. On peut voir à travers le dessin qu’une représentation commence à être possible.

Durant cette première année, Xavier a exploré de nombreuses pistes. Je me suis demandé si les enfants comprenaient, si Xavier les comprenait, s’ ils allaient finir par s’accorder. J’ai douté. J’ai bien essayé de forcer un peu le chemin. Et puis au fil des semaines, le travail avec Xavier m’a permis de penser ma pratique et de poser des questions: Quel cadre dans ma classe, pourquoi, comment, quand? Est-ce que je prends assez de temps ? le temps pour faire, le temps pour se tromper, le temps pour se questionner. Suis-je vraiment à l’écoute de tous les enfants? de chaque enfant? Il reste deux années pour jouer et penser encore. Deux années pour confronter nos identités professionnelles afin d’ enrichir nos pratiques. Et surtout …deux années de sourire à l’école. Virginie Mendez