14
Sommaire Opage 1 : De la conservation du patrimoine à « l’éducation au patrimoine ». Opage 2 : 8QH Gp¿QLWLRQ ODUJHPHQW SDUWDJpH GH QRV MRXUV Opage 5 : Ni DQJpOLVPH QL XWRSLH OH SDWULPRLQH HQWUH histoire et mémoire. O page 8 : Une QpFHVVDLUH SpGDJRJLH GX SDWULPRLQH Opage 11 : Conclusion. Opage 12 : %LEOLRJUDSKLH 1/14 Education au patrimoine : mémoire, histoire et culture commune Mars 2012 Dossier d’actualité VEILLE ET ANALYSES DE LA CONSERVATION DU PATRIMOINE À  L’ÉDUCATION AU PATRIMOINE  Les Journées européennes du patri- moine ont popularisé le terme de « patri- moine » en un sens récent et bien parti- culier : le monument historique, témoin du passé national, tend à s’effacer de- vant le « bien commun » dans lequel les citoyens peuvent se reconnaître et par- tager des valeurs (Demeulenaere, 1995). N’épousant pas forcément les contours des disciplines, l’« éducation au patrimoine » les concerne toutes en s’intéressant aux connaissances « sur » les contenus patri- moniaux, mais aussi à l’éducation « par » OH SDWULPRLQH SDU OH ELDLV GH SDUWDJH G¶H[- périences émotionnelles et artistiques, elle VXVFLWHUDLW RX LGHQWL¿HUDLW XQH FRPPXQDXWp de valeurs. L’« éducation au patrimoine » est ainsi DVVH] UDSLGHPHQW GHYHQXH XQ REMHFWLI prioritaire au niveau national, européen et mondial. Transversale et pluridisciplinaire, elle prend en France place dans les pro- grammes scolaires (de la maternelle au lycée) en lien avec différents partenaires – dont les associations. Elle semble ne pas faire débat tant foisonnent les ressources HW OHV LQLWLDWLYHV SRXU DFFRPSDJQHU OHV élèves dans l’appropriation d’un patrimoine commun. Par Marie Musset Chargée d’étude et de recherche au service Veille et Analyses de l’Institut Français de l’Éducation (IFÉ) « Je ne prétends (…) pas, en regardant ce sol, faire émerger tout ce qu’il cache. J’interroge seulement les couches de temps qu’il m’aura fallu tra- verser auparavant pour parvenir jusqu’à lui; Et pour qu’il vienne rejoindre, ici même, le mouvement – l’inquiétude de mon propre présent ». Georges Didi-Huberman (2011).

Education Du Patrimoine 72-Mars-2012

Embed Size (px)

DESCRIPTION

page 1 : De la conservation dupatrimoine à « l’éducation au patrimoine ».page 2 :page 5 : Nihistoire et mémoire. page 8 : Unepage 11 : Conclusion. page 12 :

Citation preview

  • Sommaire

    Opage 1 : De la conservation du patrimoine lducation au patrimoine . Opage2:8QHGpQLWLRQODUJHPHQWSDUWDJpHGHQRVMRXUVOpage5: Ni DQJpOLVPHQLXWRSLHOHSDWULPRLQHHQWUHhistoire et mmoire. Opage8 : Une QpFHVVDLUHSpGDJRJLHGXSDWULPRLQHOpage 11 : Conclusion. Opage12: %LEOLRJUDSKLH

    1/14 %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    n Mars 2012

    Doss

    ier d

    actu

    alit

    VEI

    LLE

    ET A

    NA

    LYSE

    S

    DE LA CONSERVATION DU PATRIMOINE LDUCATION AU PATRIMOINE

    Les Journes europennes du patri-moine ont popularis le terme de patri-moine en un sens rcent et bien parti-culier : le monument historique, tmoin du pass national, tend seffacer de-vant le bien commun dans lequel les citoyens peuvent se reconnatre et par-tager des valeurs (Demeulenaere, 1995).

    Npousant pas forcment les contours des disciplines, l ducation au patrimoine les concerne toutes en sintressant aux connaissances sur les contenus patri-moniaux, mais aussi lducation par OHSDWULPRLQHSDUOHELDLVGHSDUWDJHGH[-priences motionnelles et artistiques, elle

    VXVFLWHUDLWRXLGHQWLHUDLWXQHFRPPXQDXWpde valeurs.

    L ducation au patrimoine est ainsi DVVH] UDSLGHPHQW GHYHQXH XQ REMHFWLIprioritaire au niveau national, europen et mondial. Transversale et pluridisciplinaire, elle prend en France place dans les pro-grammes scolaires (de la maternelle au lyce) en lien avec diffrents partenaires dont les associations. Elle semble ne pas faire dbat tant foisonnent les ressources HW OHV LQLWLDWLYHV SRXU DFFRPSDJQHU OHVlves dans lappropriation dun patrimoine commun.

    Par Marie Musset

    Charge dtude et de recherche au service Veille et Analyses de lInstitut Franais de lducation (IF)

    &%6$"5*0/"61"53*.0*/&..0*3&)*450*3&&5$6-563&$0..6/&

    Je ne prtends () pas, en regardant ce sol, faire merger tout ce quil cache. Jinterroge seulement les couches de temps quil maura fallu tra-verser auparavant pour parvenir jusqu lui; Et pour quil vienne rejoindre, ici mme, le mouvement linquitude de mon propre prsent. Georges Didi-Huberman (2011).

  • %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    Pourtant, chercheurs et praticiens refusent ODQJpOLVPHODQRWLRQGHSDWULPRLQHQHVWpas neutre. Elle nest pas par nature synonyme de rencontre et de concorde mdies par llment patrimonial. Il y a WRXMRXUVHXSODFHSRXUOHSDWULPRLQHGDQVles contenus ducatifs, et lon a remar-qu quil pouvait dans certains cas relever GXQDQFUDJHQDWLRQDOLVWHSOXVTXHGXQHouverture interculturelle.

    Il nous semble donc important de souli-JQHUTXHOHFKDQJHPHQWHVWGDQVODYLVpHdune part (culture commune, dimension interculturelle qui permet une ouverture lautre et non repli identitaire) et dans la PpWKRGHGDXWUHSDUW FHVW OH U{OHGH ODSpGDJRJLHGHOpGXFDWLRQDXSDWULPRLQH

    UNE DFINITION LARGEMENT PARTAGE DE NOS JOURS

    %&45&95&4-(*4-"5*'4$0/7&3(&/54

    Lacception actuelle du terme patrimoine sinscrit dans un contexte institutionnel re-ODWLYHPHQWUpFHQWPDLVTXLIDLWODUJHPHQWconsensus.

    Les tats parties la pr-sente Convention se"orcent par tous les moyens appro-pris, notamment par des pro-grammes dducation et din-formation, de renforcer le res-pect et lattachement de leurs peuples au patrimoine culturel et naturel dfini aux articles 1 et 2 de la Convention.

    Convention concernant la protection du patrimoine mondial, UNESCO, 1972

    Les textes nationaux, europens ou relevant de lUNESCO mettent laccent sur les fonctions sociales du patrimoine culturel et sur ses apports comme fac-teur de participation dmocratique.

    La convention UNESCO concernant la protection du patrimoine mondial, FXOWXUHO HW QDWXUHO GH GpVLJQH OHSDWULPRLQH FRPPH OKpULWDJH GX SDVVpGRQW QRXV EpQpILFLRQV DXMRXUGKXL HWquil nous appartient de transmettre DX[ JpQpUDWLRQV IXWXUHV (OOH UpXQLWdans un mme document les notions de protection de la nature et de prser-vation des biens culturels. Le patri-moine mondial repose sur la notion de valeur universelle exceptionnelle . Dans nombre de pays cette conven-tion sarticule le plus souvent avec les textes et les initiatives concernant le patrimoine national, dont certains l-ments font partie du patrimoine mondial HQ*UDQGH%UHWDJQHOHWorld Heritage Education Programme 2009 - 2012 HVW LQVpUp GDQV OHV SURJUDPPHV VFR-laires via la UK National Commission for UNESCO). Depuis 1998 lUNESCO diffuse dans le monde entier un kit p-GDJRJLTXH :RUOG +HULWDJH LQ

  • 3/14 %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    La Convention-cadre de Faro de 2005 (Conseil de lEurope) sur la valeur du pa-trimoine culturel pour la socit repose sur lide que la connaissance et la pratique du patrimoine sont un aspect du droit des citoyens de participer la vie culturelle tel TXHGpQLGDQVOD'pFODUDWLRQXQLYHUVHOOHdes droits de lhomme (Branchesi, 2007). Elle exprime le principe selon lequel la conservation du patrimoine culturel nest SDV XQH Q HQ VRLPDLV D SRXU REMHW GHcontribuer au bien-tre des personnes HWjGHVDWWHQWHVSOXVODUJHVGHODVRFLp-t . Elle invite considrer le patrimoine comme un ensemble de ressources hrites du pass que des personnes considrent, par-del le rgime de la pro-SULpWpGHVELHQVFRPPHXQUHHWHWXQHexpression de leurs valeurs, croyances, savoirs et traditions en continuelle vo-lution &HWWH GpQLWLRQ PHW ODFFHQW VXUla relation entre le bien patrimonial, son ventuel propritaire ou responsable, et le public (scolaire ou non) invit entrer dans une dmarche de relation au patri-PRLQH DPRXU GHV YLHLOOHV SLHUUHVPDLVaussi attachement une histoire locale, y compris familiale, qui exprime des valeurs et fait le lien entre le pass et le prsent. /HV REMHWV GX TXRWLGLHQ SHXYHQW GHYHQLUdes lments du patrimoine, facilitant le SDVVDJHGXQHFRQFHSWLRQpWDWLTXHHWQD-tionale une conception sociale et com-munautaire, de lhistorique au mmoriel.

    6/&/05*0/3&-":&%"/4LES CLASSES

    Les systmes scolaires des pays europens ont pris en compte les LQMRQFWLRQV HW UHFRPPDQGDWLRQV GHVdiffrentes conventions En France, OHV SURJUDPPHV FRPPH OHVSULW GXsocle commun des connaissances et comptences LQWqJUHQW OHsouci de la constitution dune culture commune. Parmi les textes les plus rcents.

    La Charte de 2002 pour une ducation au patrimoine Adopter son patrimoine prcise que lducation au patrimoine est partie intgrante de la formation artistique et culturelle

    des lves partir de la dcouverte de lenvironnement quotidien et constitue une priorit . Jean-Marc Lauret, chef du dpartement de lducation et des formations artistiques et culturelles au ministre de la Culture et de la Communication, prcise que OH FKRL[ GX WHUPH DGRSWLRQ SOXW{WTXKpULWDJHVHPEOHPLHX[DGDSWpaux caractristiques de la socit franaise en mettant laccent sur une dmarche volontaire (Lauret, 2006a, 2006b). Le patrimoine local est SULRULWDLUHPHQW UHWHQX SRXU HQJDJHUdes partenariats, et les REMHWVUHFRQQXVcomme patrimoniaux par tel ou tel JURXSH VRFLDO HW SDUIRLV OpJLWLPpVpar la collectivit publique sont trs YDULpV DX[ YHVWLJHV DUFKpRORJLTXHVpJOLVHV HW FKkWHDX[ VH VRQW DMRXWpVOHV WpPRLJQDJHV GH ODQFLHQQH VRFLpWprurale, les installations industrielles, les lieux de mmoire, les savoir-faire, le patrimoine immatriel etc. Si tout nest pas patrimoine, tout, potentiellement, peut le devenir, ds lors quune FRPPXQDXWp YRLW GDQV FH OHJV GXpass aussi modeste soit-il un bien commun . Cette dfinition est conforme lvolution de la notion de SDWULPRLQHde la cathdrale la petite cuillre les critres de slection sont le rsultat dune dmarche scientifique qui tient aussi compte des motions des profanes (Heinich, 2009).

    Lhistoire des arts LQWpJUpH GDQV OHVSURJUDPPHV GH OpFROH SULPDLUH j ODUHQWUpHDLQVLTXHGXFROOqJHHWGXlyce, partir de la rentre 2009, propose aux lves un parcours cohrent propre j IDLUH pPHUJHU XQH FXOWXUH FRPPXQH/HQVHLJQHPHQWGKLVWRLUHGHVDUWVSRUWHsur lensemble du champ artistique et culturel, y compris dans sa dimension VFLHQWLTXH HW WHFKQRORJLTXH 3DU ODdcouverte du patrimoine lcole, les lves pourront acqurir une culture, apprendre regarder leur environnement pour mieux comprendre son histoire . $X FROOqJH HW DX O\FpH LO HVW TXHVWLRQDX FDUUHIRXU GH OHQVHLJQHPHQW GHOKLVWRLUH GH OD JpRJUDSKLH GH ODlittrature et des arts plastiques, pour

  • %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    4/14

    ne citer que quelques disciplines, de repres culturels , de documents patrimoniaux , du patrimoine , des textes fondateurs. Bien que fortement ancr dans les disciplines, le patrimoine VH FRQoRLW GRQF FRPPH REMHW GpWXGHtransversal et pluridisciplinaire de faon construire chez les lves une vision cohrente de leur patrimoine culturel.

    (QQ GDQV OH FDGUH GH OD UpIRUPHGX O\FpH HQJDJpH GHSXLV OHQVHLJQHPHQW GH[SORUDWLRQ /DQJXHVet cultures de lAntiquit propose aux lves d acqurir, quel que soit leur projet dorientation, les fondements linguistiques et culturels de la culture franaise et des cultures europennes .

    /HV pFROHV DQJORVD[RQQHV FRXSODQWSUDJPDWLVPH HW pGXFDWLRQ KXPDQLVWHremettent actuellement lhonneur OHQVHLJQHPHQW GHV ODQJXHV DQFLHQQHV(OOHV VRXOLJQHQW HQWUH DXWUHV OHV EpQp-FHV HQ WHUPHV GH FRQVWUXFWLRQ GXQHculture commune bien sr, mais aussi GHFRPSUpKHQVLRQLQWHUFXOWXUHOOH3HOOLQJ& Llewelyn, 2010). En France, les Ren-FRQWUHV DXWRXU GHV ODQJXHV HW FXOWXUHVde lAntiquit RQW VRXOLJQp OD PRGHUQLWpdu patrimoine antique pour participer une uvre de rconciliation dans la reconnaissance dun pass au moins en partie commun .

    6/&$0/7*$5*0/-%6$"5*0/"61"53*.0*/&&456/&%6$"5*0/|-"$*50:&//&5

    Dans tous les cas le patrimoine est sollicit pour les valeurs positives TXLOPHW HQ MHX ,O SDUWLFLSHGH OpGX-cation la citoyennet et la dmo-FUDWLH $XGLJLHU 2000). Plusieurs au-teurs rattachent aussi le patrimoine DX[ GURLWV GH OKRPPH HW VRXOLJQHQWsa pertinence dans le cadre de la construction europenne, mais aussi GXQ PRQGH TXL FRQQDvW GHV FKDQJH-ments brusques. Le patrimoine est alors un repre du pass, rassurant,

    autant quune possibilit de se pro-MHWHU GDQV XQ IXWXU FRPPXQTXL QHVWSOXV WD[p GLQFRQQX :DJQHU 2000). Le conseil de lEurope a valu tous OHV SURMHWV LQVWUXPHQWV HW DFWLYLWpVdepuis 1989. Il a not que lduca-tion au patrimoine va plus loin que la rflexion sur le patrimoine (dfini-tion, conservation) et repose sur des GpPDUFKHV WUDQVYHUVDOHV pGXFDWLRQ la tolrance, prvention des conflits, cohsion sociale. Il remarque que le patrimoine explor est le plus sou-vent trs proche des lves. La rue HVW XQ VXSSRUW WUqV VRXYHQW UHWHQX particulirement dmocratique , elle ne cre pas de divisions patri-moniales et est facile daccs ; Des changements de perspectives sur le patrimoine ont t observes, et notamment dans le cas qui nous int-UHVVH

    XQHFRQFHSWLRQSOXVODUJHGXSDWUL-PRLQH GXPRQXPHQWDXFDGUHGHYLH\FRPSULVSD\VDJHHWHQYLURQ-nement

    laccent mis sur linterculturalit et sur le dfi interprtatif en pr-sence de communauts varies

    la coopration de diverses institu-tions

    limportance des cultures locales GDQVXQXQLYHUVJOREDOLVp

    le recours aux TIC pour la mise HQUpVHDXGHVSURMHWV %UDQFKHVL 2007, Coperland, 2005, Coperland 2007, Grappin, 2007).

    (Q VLJQLILDQW XQ GURLW DX SDWUL-moine , la convention de Faro est LQQRYDQWH VLJQDORQV DXVVL HQ la GpFODUDWLRQGH)ULERXUJ sur le droit individuel au patrimoine (Dolff-Bone-kaemper, 2008 HQHIIHW OH GURLW DXpatrimoine cest le droit de participer la vie culturelle, y compris dans sa di-versit. Cest aussi le droit de prendre en compte toute forme de connais-sances et de savoirs - faire humains (Meyer-Bisch, 2009). Les droits

  • 5/14 %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    culturels dpassent les revendica-WLRQV LQGLYLGXHOOHV HW H[LJHQW DORUVde reconsidrer trois facteurs de la conscience duniversalit :

    OHVELHQVFRPPXQV OREMHWGXQdroit culturel est un acte daccs HWGHSDUWDJHGHUHVVRXUFHVFXOWX-UHOOHV XQH ODQJXH XQ DUW XQmode de vie, )

    OD FRQVWUXFWLRQ ODFFRPSOLVVH-ment dun droit de lhomme ne se rduit pas la satisfaction dun besoin fondamental, il est un em-powerment , un renforcement des capacits lies ou capa-FLWDWLRQ FHOD VLJQLILH WRXW j ODIRLV XQH DXJPHQWDWLRQ GHV IRUFHVLQWHUQHVDXVXMHWHWXQHUHFRQQDLV-sance, une habilitation par autrui

    OD WUDQVPLVVLRQ OLQFRUSRUDWLRQde valeurs culturelles implique la reconnaissance rciproque, celle qui fait la relation de filiation entre parents et enfants, mais aussi entre communauts de valeurs et personnes (Meyer-Bisch, 2008).

    NI ANGLISME NI UTOPIE: LE PATRIMOINE ENTRE HISTOIRE ET MMOIRE

    Par de toutes ces vertus, le patrimoine ne semble-t-il pas tre une panace, la fois RXWLOV\PEROHHWJDUDQWGHODFRQFRUGHGHVSHXSOHV"&HWWHGpQLWLRQDHQHIIHWSRXUVRXUFHXQHUpH[LRQUHODWLYHPHQWUpFHQWHporte par les instances europennes et lUNESCO. Elle ne correspond pas tou-MRXUV j GDXWUH WUDGLWLRQV RX DQDO\VHV ,OHVW GRQFHVVHQWLHO GH VHJDUGHU GH WRXWDQJpOLVPH FDU OD UHODWLRQ WULDQJXODLUH HWdynamique entre patrimoine, histoire et PpPRLUHHVWFRPSOH[H7RGRURYVRXOLJQHjFHWpJDUGTXHOHV(XURSpHQVHWSDUPLeux tout particulirement les Franais)

    VRQW WUDYDLOOpV SDU OD QRVWDOJLH HW ODS-proche mmorielle du pass. Le devoir de mmoire peut alors tre abusif et contre-productif en mettant laccent sur un pass sacralis au lieu de proposer des lectures pour le futur (Todorov, 2004)

    Aux tats-Unis, lon est dailleurs surpris de la connotation positive du patrimoine VHORQO8QHVFRRXOHFRQVHLOGHO(XURSHces deux instances mettent en avant la capacit du patrimoine transcender les diffrences et, partant, le nationalisme,

  • %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    6/14

    La dfinition europenne relative-ment rcente peut se heurter des dfinitions et des pratiques ant-ULHXUHV 6HORQ OD OpJLVODWLRQ russe SDU H[HPSOH FH WHUPH G KpULWDJHculturel comprend les monuments ou lments architecturaux qui ont une valeur universelle (histoire, art, sciences) et les sites qui ont une valeur universelle du pont de vue de lhistoire, de lesthtique, de lethno-ORJLH RX GH ODQWKURSRORJLH /H VHQVHVW SOXV UHVWULFWLI HQ QH VRXOLJQDQWpas la porte mmorielle de lhri-WDJH FXOWXUHO ,O GLIIqUH DXVVL FRQVL-drablement du sens que lui donne la convention europenne de Faro GDQV VRQ DUWLFOH le patrimoine culturel constitue un ensemble de ressources hrites du pass que des personnes considrent, par-de-l le rgime de proprit des biens, comme un reflet et une expression de leurs valeurs, croyances, savoirs et traditions en continuelle volu-tion. Cela inclut tous les aspects de lenvironnement rsultant de linte-raction dans le temps entre les per-sonnes et les lieux . Vladimir Tolstoy VRXOLJQH j FHW pJDUG OD FRPSOH[LWpGH OD VLWXDWLRQ UXVVH VRQ KpULWDJHmulticulturel et multiconfessionnel, la superficie norme du territoire et VRQ DQFUDJH j OD IRLV HXURSpHQ HWasiatique, le poids de lhistoire russe avant et aprs la chute du mur de Berlin, la place donner la culture GHV5pSXEOLTXHV UHQGHQW OHGLDORJXHaussi difficile que ncessaire. Tout lment culturel peru comme fer-PHQWGHGLDORJXHSDUH[HPSOH/pRQTolsto dont luvre est reconnue par les tchtchnes) doit tre investi. Lauteur dplore cependant vivement TXHOKpULWDJHFXOWXUHODLQVLSHQVpQHsoit actuellement pas une priorit en 5XVVLHLOQDGDLOOHXUVSDVGHEDVHVOpJLVODWLYHV FH TXL VRXOLJQH OLPSRU-tance de la convention de Faro pour OHV WHQDQWV GX GLDORJXH LQWHUFXOWXUHOrusse (Tolstoy, 2009).

    Engageant les enseignants construire prudemment leur dmarche, Bruce VanSledright souligne que certains lves ragissent un travail mmo-riel collectif avec suspicion, cynisme, et manifestent quel-quefois carrment une rsis-tance cognitive. Le travail engag peut aller jusqu tre contre-productif.

    (VanSledright, 2008)

    Les cueils ne manquent donc pas qui GRLYHQWUHQGUHSUXGHQWFHOXLTXLVHQJDJHGDQV ODSpGDJRJLHGXSDWULPRLQH ODQR-WLRQPrPHGHSDWULPRLQHHVWWRXMRXUVSROL-tique (Sire, 2005). Pour Marc Guillaume, cest aller un peu vite que dassocier patrimoine, mmoire, identit. Jusqu la Rvolution franaise en effet lon a surtout GpWUXLW SRXU IDLUH SOXV EHDX SOXV JUDQGGH6DLQW3LHUUHGH5RPHj9HUVDLOOHV Sans surprise, le patrimoine est n la suite de la Rvolution franaise et de la rvolution industrielle, deux priodes de JUDQGHV GHVWUXFWLRQV (Guillaume, 2011). La Renaissance prend les premiers d-crets dinterdiction de remploi des ruines DQWLTXHV DYHFGHV UpVXOWDWVPLWLJpV/DRvolution franaise ensuite, marque une UXSWXUH OH SDWULPRLQH FRPPH WHUPHHW FRPPH LGpRORJLH HVW XQH GpQLWLRQfranaise associe lide de conserva-WLRQLJQRUpHGDXWUHVFLYLOLVDWLRQVTXLRQWpourtant bien, comme le Japon, le culte du pass). La Rvolution a aussi consa-cr la mmoire comme affaire politique, lide de patrimoine permettant de sur-PRQWHUOHVFOLYDJHVGHUpXQLUOHVpSRTXHVGH IDoRQ FRQVHQVXHOOH HW SDFLFDWULFH ,Osest tabli en Occident -surtout depuis le romantisme europen et les rvolutions de 1848 en France- un lien entre imagi-naire et ralit historico-politique , illustr par la dimension identitaire du patrimoine. /LPDJLQDLUH SDWULPRQLDO HVW DXVVL QRXUULGH FWLRQV OLWWpUDLUHV HW GH WRXWHV IRUPHVGHIRONORUHVGRQWRQSHXWJDXFKLU OHVGRQQpHVHWOHVLQWHQWLRQV,OIDXWJDUGHUj

  • %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    lesprit que la tendance folklorique quon retrouve dans le national du nationalisme habite profondment et discrtement lexaltation patrimoniale et que ces FWLRQV RQW VRXYHQW pWp PHXUWULqUHV MXVTXDX WRWDOLWDULVPH 5HFRQQDLVVDQW OHU{OH GpFLVLI PDLV SDUDGR[DO GH 0DOUDX[pour faire entrer le patrimoine en politique avec le succs que lon connat (cette poli-WLTXHHVWGHYHQXHXQSDUDGLJPHPRQGLDOlauteur sinquite dune possible mu-salisation monstrueuse de la mmoire , qui fait perdre le rapport vivant avec la GLPHQVLRQGHOKLVWRLUHpYRTXDQWDXVVLOH U{OH TXH MRXH OH WRXULVPH LO VRXOLJQHque les lieux ne sont pas des cartes postales et que le rapport au pass QHVDXUDLWrWUHQLDQWLTXDLUHQLPRPLp (Lauxrois, 2011'HVRQF{Wp OHVRFLR-ORJXH+HQUL3LHUUH-HXG\QHPDQTXHSDVde rappeler que le patrimoine est davan-tage une ide quune ralit TXLMRXHDF-WXHOOHPHQWXQU{OHGH thrapie sociale SRXUSDOOLHUODQJRLVVHGXSUpVHQW-HXG\2008, 2011). Dominique Poulot a consa-cr lessentiel de ses recherches aux ph-nomnes de patrimonialisation. A la suite des travaux dAndr Chastel (dont Chastel & Babelon, 2008 LO VRXOLJQHTXLO H[LVWHGLIIpUHQWVSDWULPRLQHV IDPLOLDO UHOLJLHX[PRQDUFKLTXHWRXWHVFHVGpQLWLRQVGHpatrimoine sont lies lide de pro-prit. Elles sont logiquement abolies la Rvolution, qui lui substitue lide de patrimoine de la Nation (ide reprise dans diffrents pays dEurope pendant tout le XIXme sicle) et invente aussi le terme de vandalisme (acte perptr par ceux qui, en dtruisant les uvres mar-ques du sceau de la monarchie ou de lglise, ne se rendent pas compte quils brisent des objets utiles au progrs des sciences et des arts ) ; cest lducation TXLSHUPHWWUDGHSURWpJHUOKpULWDJHGHODdestruction. Plus le peuple sera instruit, meilleur il sera et, si je puis dire, plus pa-trimonial il sera , note lauteur, voquant 9LFWRU+XJRTXLFRQVLGpUDLWTXHVHXOGHVanalphabtes pouvaient incendier une bibliothque (Poulot, 2006, Poulot, 2011).

    Comme Tim Coperland (Coperland, 2005), les participants au forum europen du patrimoine (2008) attirent lattention

    sur la complexit de la perception du pa-WULPRLQHHWVXUOXVDJHjHQIDLUHGDQVOHVVRFLpWpVPRGHUQHV

    la socit europenne est le rsultat GH PLJUDWLRQV HW GLQWHUFXOWXUDOLVPH il est important dassocier les indivi-dus leur patrimoine quil soit le leur de naissance, par adoption ou par rsidence . Cependant, la constitution du patrimoine relve de valeurs et pro-cde donc dun choix politique.

    il ne faut pas sous-estimer que ce pro-cessus peut aussi liminer un autre patrimoine ( par exemple, lorsque les pices dapparat de grandes demeures sont montres au public alors que les quartiers rservs aux domestiques sont jugs sans intrt FHWpJDUG qui est fond dire ce que les choses VLJQLHQW" Certains participants esti-ment que les professionnels du patri-moine doivent dsenclaver le proces-sus dinterprtation et comprendre que FKDFXQ WURXYH VHV SURSUHV VLJQLFD-tions dans son environnement mme VLOHU{OHGHOH[SHUWUHVWHIRQGDPHQWDO

    ODUpH[LRQEXWHSDUIRLVVXUGHVUpDOLWpVGHWHUUDLQGLIFLOHVIl arrive souvent que le patrimoine engendre un cer-tain chauvinisme voire pire [sic], et ce dautant plus volontiers que les auto-rits qui en ont la charge font preuve de conservatisme et de rigidit quant la manire de le dsigner, de le pr-server, de ladministrer et de linterpr-ter .

    &HVW MXVWHPHQW SDUFH TXH OD GpQLWLRQ(rvolutionnaire) du patrimoine comme bien de tous sest enrichie de la notion de mmoire que le terme est expos certains cueils ; le patrimoine fait alors aisment et strictement rfrence liden-WLWpQRWLRQTXLSHXWrWUHJDOYDXGpHHWVXV-citer la violence, mme si la richesse de lexpression patrimoniale vient de sa ca-SDFLWpjDVVLPLOHUHW LQWpJUHUGLYHUVHV LQ-XHQFHV0DOFRPSULVOHSDWULPRLQHSHXWHQQ MXVWLHU OH UHIXJH GDQV OH SDVVp HWOH UHIXV GX FKDQJHPHQW -RXWDUG2007). Historienne de lart, Gabi Dolff-Bone-

  • %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    8/14

    NDHPSHUVRXOLJQHDXVVL ODFKDUJHSROp-mique que peut prendre le patrimoine mais nentend pas la mettre distance, car nous devons nous confronter a` la complexit matrielle et smantique des btiments historiques, des sites archologiques, des uvres dart, des artefacts, des collections et livrer une interprtation prenant en compte, entre autres choses, leur capacit susciter le dbat . La plupart des l-ments patrimoniaux identifis comme WHOVVRQWLPSUpJQpVGHFRQIOLWVGXSDV-s, conflits dsormais historique mais quil convient de revisiter pour clairer le prsent. Il faut avoir le courage et prendre le temps didentifier le po-tentiel de dissension et de confron-tation, de ngociation et de consen-sus que renferme la construction du patrimoine (Dolff-Bonekaemper, 2008, 2010). Cette condition est indis-pensable pour que le patrimoine puisse devenir un outil dinstruction civique (Thrond, 2007, Uzzell & Ballantyne, 2008). En Irlande du nord, la dimension interculturelle de la convention de Faro HQFRXUDJH OHV LQLWLDWLYHV TXL PHWWHQWlaccent sur les varits dinterprta-tion du pass, particulirement prouv GDQV FH SD\V /j HQFRUH RQ VRXOLJQHOH GDQJHU GH OH[SORLWDWLRQPpPRULHOOHDes initiatives comme 0DNLQJ KLVWRU\ dveloppent des activits en lien avec OHV DWWHQWHV GHV HQVHLJQDQWV HW GHVGpPDUFKHVPXVpRJUDSKLTXHVTXLQpOX-dent pas les divisions mais permettent DXFRQWUDLUHGHQJDJHUOHGLDORJXHHQWUHdes communauts divises (Bouchard, 2008). Plus les pays ont t prouvs par les conflits, notamment civils, plus il faut aller au devant de lambivalence des motions et assumer la dimension conflictuelle du patrimoine ; lducation au patrimoine se double dune pda-JRJLHGH OD UpFRQFLOLDWLRQ %HNHUPDQ& Zembylas, 2011).

    UNE NCESSAIRE PDAGOGIE DU PATRIMOINE Si le terme de patrimoine est pass dans le YRFDEXODLUHFRXUDQWVHVHQMHX[VRQWFRP-SOH[HV &HVW SRXUTXRL VRQ pPHUJHQFHdans le champ ducatif sest accompa-JQpHGXQHUpH[LRQVXUVDWUDQVPLVVLRQ6RXYHQW DQFUpH GDQV OD SpGDJRJLH GHSURMHW la pdagogie du patrimoine se matrialise sous diffrentes formes dans le cadre scolaire (classes du patrimoine, FODVVHV VFLHQWLTXHV 3$( ,'' 73(classe option), dans le cadre des loi-sirs (sjours de vacances, centres de loi-sirs, MJC...), de la culture et du tourisme (muses, sites, parcs thme, manifesta-tions culturelles) sous la forme dactions temporaires ou de projets. La matrise de comptences pdagogiques et danima-WLRQ DLQVL TXH GH FRQWHQXV VFLHQWLTXHVet techniques est une condition sine qua non de la pdagogie du patrimoine (Phi-lippe de Carlos, Pdagogie du patrimoine, paratre).

    CADRER LE POUVOIR .05*0//&-%6%0$6.&/5

    /D UpH[LRQ VXU OD QRWLRQ GH SDWULPRLQHHW GH SpGDJRJLH GX SDWULPRLQH QH SHXWsabstraire de celle mene dans le mme WHPSV VXU OD PXVpRJUDSKLH 3DUPL OHVpYROXWLRQVPDMHXUHVGXVLqFOHQRXVpYR-querons celle concernant le statut de la FXOWXUH QRQ VDYDQWH HWKQRJUDSKLH DUWVpopulaires, socit, civilisation) dans une Europe traditionnellement domine par les cultures et les arts savants . Lap-proche dsormais sensible et intuitive pose autrement la question du beau acadmique, par celui qui choisit ll-ment patrimonial comme par celui qui le rencontre (Collardelle, 2005) .

    'HQRPEUHX[WH[WHVDXSUHPLHUUDQJGHV-quels la Charte de 2002,HQFRXUDJHQWGHrecourir au pouvoir motionnel du patri-moine, qui donne accs une motion SDUWDJpH/H UDSSRUWDXSDWULPRLQHHVWen effet un rapport de savoir et d motion

  • 9/14 %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    tout la fois. Si cette motion collective est respectable (Guillaume, 2011) elle est sans doute manier avec prcaution, sur-WRXW DYHF GHV pOqYHV MHXQHV HW GDXWDQWplus quils auront pu tre, ainsi que leurs anctres, confronts des expriences radicalement diffrentes du patrimoine JXHUUH FRORQLVDWLRQ H[RGH/HV SDU-ticipants au Forum europen du patri-moine de 2008VRXOLJQHQWTXH les fortes sensations suscites par le patrimoine ne sont pas ncessairement positives ni constructives et peuvent au contraire diviser et nourrir des sentiments dexclu-sion. Certains chercheurs et praticiens amricains opposent dailleurs les termes histoire et patrimoine , le premier tant synonyme de dmarche rationnelle tandis que le second, en faisant droit lmotion, est susceptible de manquer de ULJXHXU

  • %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    /DSpGDJRJLHGXSDWULPRLQHWLHQWFRPSWHGX GpSODFHPHQW JpQpUDO TXL VRSqUH DX;;,H VLqFOH OD FXOWXUH VpORLJQH GH ODVSKqUH SURIHVVLRQQHOOH GpQLH SDU OHVexperts et simplement rceptionne par le public ; elle se caractrise de plus en plus par des collaborations de formes varies entre les experts et le public (Hol-den, 2008). Cette volution ne soppose pas forcment la conception franaise de lducation artistique et culturelle, qui GpVLJQH HQ SUHPLHU OLHX XQ HQVHPEOHGHQVHLJQHPHQWV /DXUHW 2006). La Charte de 2002 constitue un cadre de coopration que se donne lensemble des partenaires institutionnels. Elle doit permettre de rassembler autour du pa-trimoine lensemble des citoyens, parents dlves, entreprises prives, associa-tions, etc. tandis que la convention de Faro stipule que les Parties sengagent faciliter linsertion de la dimension patri-moniale culturelle tous les niveaux de lenseignement (article 13) et recon-nat le rle des organisations bnvoles la fois comme partenaire dintervention et comme facteurs de critique construc-tive des politiques du patrimoine culturel (article 12).

    A titre dexemple, la Grande-Bretagne est connue pour limportance des partenariats nous entre les associations et le secteur de lducation formelle. Les associa-tions ont gnralement un dpartement consacr lducation. English Heri-tageQDQFpjSDUOHJRXYHUQHPHQWHVWOHFRQVHLOOHURIFLHOSRXUOHVTXHVWLRQVGH SDWULPRLQH ,O RUJDQLVH OH WUDYDLO GHVbnvoles et dispose dun service Edu-FDWLRQpGLWLRQIRUPDWLRQRUJDQLVDWLRQGHSOXVGHYLVLWHVVFRODLUHVJUDWXLWHVpar an). Le 1DWLRQDO 7UXVW est une asso-ciation (charity) de plus de 3.6 millions de membres et de 55.000 bnvoles, qui pro-WqJHHWYDORULVHOHSDWULPRLQHEkWLHWQDWX-UHO(OOHRUJDQLVHGHVFHQWDLQHVGHVWDJHVpour les lves et les familles. LHeritage (GXFDWLRQ7UXVW soutient les initiatives du-catives en relation avec le patrimoine his-torique.

    En Grande-Bretagne, le Heri-tage Lottery Fund charg par ltat demployer pour la conservation du patrimoine des fonds provenant de la loterie nationale cible quatre secteurs: comptences, bn-volat, ducation et jeunes. Un programme de bourses, Young Roots (jeunes ra-cines), encourage les jeunes monter des programmes patrimoniaux dont ils ont la responsabilit.

    En France, outre les ressources du R-seau europen du patrimoine (HEREIN), les 3{OHV1DWLRQDX[GH5HVVRXUFHV (PNR) font partie des structures qui font le lien HQWUH OHV PLOLHX[ HQVHLJQDQW HW FXOWXUHO LOVRQWSRXUEXWODIRUPDWLRQFRQMRLQWHGHVLQWHUYHQDQWVHWGHVHQVHLJQDQWVHW LOV ID-YRULVHQW OHVpFKDQJHVGHSUDWLTXHVHWGHpoint de vue. Les services ducatifs des Villes et Pays dart et dhistoire animent des actions en direction des scolaires et GHVMHXQHVHQFROODERUDWLRQDYHFOHVVHU-YLFHV PXQLFLSDX[ OHV 'LUHFWLRQV 5pJLR-nales des Affaires Culturelles, lEducation Nationale, les centres de loisirs, le secteur associatif. Lanimateur du patrimoine, re-FUXWpVXUFRQFRXUVIRUPHOHVJXLGHVFRQIp-UHQFLHUVPHWHQSODFHHWGpQLWOHFRQWHQXdes diffrentes visites ; il conoit ldition des documents et autres moyens dinfor-mation du public; LOHVWFKDUJpGHPHWWUHHQSODFHHWGHGLULJHU OHVHUYLFHpGXFDWLIGHcoordonner laction entre lensemble des LQWHUYHQDQWV GDFFXHLOOLU OHV HQVHLJQDQWVRXGDOOHUjODUHQFRQWUHGHVMHXQHVHQPL-lieu scolaire. Sa formation continue dans OHGRPDLQHGHODSpGDJRJLHGXSDWULPRLQHest assure par la Direction du Patrimoine.

    Pour aller plus loin, les classes euro-pennes du patrimoine, issues des classes du patrimoine cres en France au GpEXWGHVDQQpHVEkWLVVHQW OLGHQ-tit de lEurope en travaillant sur le pa-WULPRLQH FRPPXQ GHV JUpFRURPDLQV DX

  • 11/14 %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    baroque en passant par lEurope mdi-YDOH3HQGDQWSOXVLHXUVMRXUVGHVpOqYHVGHOHQVHLJQHPHQWSULPDLUHRXVHFRQGDLUHRULJLQDLUHVGHGLIIpUHQWVSD\VDSSUHQQHQW dcouvrir avec des spcialistes les LQXHQFHV LQWHUFXOWXUHOOHV TXL RQW PDU-qu les lieux (Grappin, 2007). Les ta-blissements peuvent aussi sadresser de nombreuses autres structures. Ainsi, DVVRFLDQW EkWL HW SD\VDJH OD SpGDJR-JLHGX3DWULPRLQHGHV MDUGLQV en Europe FRQFHUQHOHMDUGLQFRPPHPRQXPHQWYLYDQW HWSDUWDJpSDU OHV(XURSpHQV/Hsite qui lui est ddi met disposition des ressources documentaires et pda-JRJLTXHV UHODLH OHV FRXUV HXURSpHQV&RPHQLXV*UXQGWYLJ HW KpEHUJH GHVexpositions virtuelles duvres dartistes et de ralisations dlves de lcole au lyce, les FDUQHWV GH SD\VDJH . Le SURMHWHXURSpHQHereduc a dvelopp un OLYUHJXLGH j OLQWHQWLRQ GHV SURIHVVHXUV FHQWUp VXU OD IDoRQGRQW OHV HQVHLJQDQWVdu primaire et du secondaire peuvent int-JUHU OHQVHLJQHPHQW GX SDWULPRLQH GDQVleurs pratiques, tandis que dans le cadre de son SURJUDPPH GpGXFDWLRQ DX SDWUL-moine mondial, lUnesco propose depuis 1998 un kit runissant des activits interdisciplinaires articules avec les pro-JUDPPHVGHVFODVVHVRXDGDSWpHVjGHVpratiques extrascolaires.

    CONCLUSION

    ,QWpJUpH GHSXLV GHV GpFHQQLHV GDQV OHVSUpRFFXSDWLRQV GHV HQVHLJQDQWV HW GDQVOHV SURJUDPPHV OpGXFDWLRQ DX SDWUL-PRLQH D IDLW VHV SUHXYHV ELHQ SHQVpHelle permet de construire ou consolider la culture commune, qui passe par des FRQQDLVVDQFHVHWGHVYDOHXUVSDUWDJpHVet de travailler lquilibre personnel comme la concorde interculturelle.

    Education au patrimoine et ducation artistique et culturelle sont lies, dve-ORSSHQWGHVV\QHUJLHVHWUHQFRQWUHQWGRQFOHVPrPHVLQWHUURJDWLRQVQuil sagisse de sauver la culture gnrale, de rduire la fracture sociale, de promouvoir le dia-logue entre les civilisations, dapprocher

    ltranger avec tolrance, de se rvler soi-mme ou daimer son prochain, on vante [les vertus de lducation artis-tique] quitte oublier parfois quelle doit poursuivre dabord ses propres buts, qui consistent favoriser la familiarit avec OHV DUWV 'H WHOOHV FKDUJHV ULVTXHQW GHcouler la barque avant quelle nait gagn la mer (Toulemonde, 2009). Si lenqute 2009 de la Commission europenne FRQVWDWH TXH OHV REMHFWLIV GH OpGXFDWLRQartistique dans lensemble des pays euro-pens est de former le citoyen et favori-ser la comprhension interculturelle, Alain Kerlan (2004) rappelle les travaux de Nel-VRQ*RRGPDQSRXUDVVLJQHUjODUWODSODFHTXLOXLUHYLHQWGDQVOpGXFDWLRQODUWHWODculture valent par eux-mmes, lart ne UpFODPHDXFXQHMXVWLFDWLRQH[WULQVqTXH (Musset, 2011). Dans le cas de lducation au patrimoine, il est sans doute plus que MDPDLVQpFHVVDLUHGHUDSSHOHUTXH lil sauvage nexiste pas (Didi-Huberman, 1990 OLGHQWLFDWLRQ RX OD FRQVWUXFWLRQdun patrimoine commun passe par un VDYRLUSDUWDJp

    [Le] patrimoine culturel imma-triel, transmis de gnration en gnration, est recr en permanence par les commu-nauts et groupes en fonction de leur milieu, de leur inte-raction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment didentit et de continuit, contribuant ainsi promouvoir le respect de la diversit culturelle et la crati-vit humaine.

    Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel imma-triel, UNESCO, 2003

  • %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    BIBLIOGRAPHIE

    /DSOXSDUWGHVOLHQVJXUDQWGDQVFH'RVVLHUUHQYRLHQWYHUVOHVFKHVFRUUHVSRQGDQWHVGHQRWUHbibliographie collaborative, qui comprennent les rfrences com-pltes et, le cas chant, des accs aux articles cits (en accs libre ou en accs payant, selon les cas et se-lon les abonnements lectroniques souscrits par votre institution). $XGLJLHU)UDQoRLVBasic Concepts and core

    competencies for education for democratic citizen-ship6WUDVERXUJ&RQVHLOGH O(XURSH&RXQFLO IRUcultural cooperation.

    $XMDV(ULF %HQRvW5RVH0DULH GLU Les mtiers de la pdagogie du patrimoine. Saint Ro-PDLQ$3&3)UDQFH

    Bekerman Zvi & Zembylas Michalinos (2011). 7HDFKLQJ&RQWHVWHG1DUUDWLYHV&DPEULGJH&DP-EULGJH8QLYHUVLW\3UHVV

    Bouchard Dominique S. (2008). Making History LQ 0LG$QWULP 7KH 0LG$QWULP 0XVHXPV 6HUYLFHCommunity History Programme %HOIDVW 0,G$Q-trim Museums Service.

    Branchesi Lida (2007). Heritage education for Eu-rope: outcome and perspectives5RPD$UPDQGREditore.

    Chastel Andr & Babelon Jean-Pierre (2008). La notion de patrimoine3DULV/LDQD/HYL

    &ROODUGHOOH0LFKHO2EMHWV LQDQLPpV5p-H[LRQVXU OHVFROOHFWLRQVGDUWVHW WUDGLWLRQVSRSX-laires . LObjet dArt, n 404, p. 7780.

    Coperland Tim (2005). European democratic citi-zenship, heritage education and identity6WUDVERXUJ&RQVHLOGHO(XURSH

    &RSHUODQG7LP+HULWDJHHGXFDWLRQDQGFLW-izenship . In Heritage Education for Europe. Rome $UPDQGR(GLWRUH

    Demeulenaere Daniel (1995). La dimension euro-penne du patrimoine6WUDVERXUJ&RXQFLORI(X-URSH&XOWXUDO+HULWDJHQ

    'LGL+XEHUPDQ *HRUJHV 'HYDQW OLPDJH 4XHVWLRQV SRVpHV DX[ QV GXQH KLVWRLUH GH ODUW. 3DULVeGLWLRQVGH0LQXLW

    'LGL+XEHUPDQ *HRUJHV corces 3DULV ditions de Minuit.

    Dolff-Bonekaemper Gabi (2008). Sites of memory DQGVLWHVRIGLVFRUG+LVWRULFPRQXPHQWVDVDPH-GLXPIRUGLVFXVVLQJFRQLFWLQ(XURSH,Q7KHKHUL-tage reader/RQGRQ5RXWOHGJH

    Dolff-Bonekaemper Gabi (2010). Patrimoine FXOWXUHOHWFRQLW/HUHJDUGGHO(XURSHMuseum International, vol. 62, n 1-2, p. 1420.

    *UDSSLQ6HUJH+HULWDJHDQGVFKRRO.LQ-GOLQJWKHDPH,QHeritage Education for Europe. 5RPD$UPDQGR(GLWRUH

    Guillaume Marc (2011). Limprialisme mou de la culture . AREA, n 25, p. 58.

    Heinich Nathalie (2009). La fabrique du patrimoine 'HODFDWKpGUDOHjODSHWLWHFXLOOqUH3DULV0DLVRQdes Sciences de lHomme.

    Holden John (2008). 'HPRFUDWLF FXOWXUH2SHQLQJup the arts to everyone/RQGRQ'HPRV

    Humbert Stphanie (2005). Patrimoine et ensei-JQHPHQW,QLes mtiers de la pdagogie du patri-moine6DLQW5RPDLQ$3&3)UDQFH

    Jeudy Henri-Pierre (2008). La Machinerie patrimo-niale3DULV&LUFp

    Jeudy Jean-Pierre (2011). Lhystrie du patrimoine . AREA, n 25, p. 811.

    -RXWDUG 3KLOLSSH /HV MHXQHV HW OH SDWUL-moine . In Les mtiers de la pdagogie du patri-moine. APCP France.

    Lauret Jean-Marc (2006). LEducation artistique et culturelle en France3DULV81(6&2

    Lauxrois Jean (2011). Le patrimoine, mmoire mouvante de lavenir . AREA, n 25, p. 37.

    Lowenthal David (1996). Possessed by the Past: 7KH +HULWDJH &UXVDGH DQG WKH 6SRLOV RI +LVWRU\. %DOWLPRUH7KH)UHH3UHVV

    Meyer-Bisch Patrice (2008). Analyse des droits culturels . 'URLWVIRQGDPHQWDX[, n 7, p. 535.

    0H\HU%LVFK3DWULFH2QWKHULJKWWRKHU-LWDJH7KH LQQRYDWLYHDSSURDFKRI$UWLFOHVDQof the Faro Convention . In Heritage and Beyond. 6WUDVERXUJ&RQVHLOGHO(XURSH

    3HOOLQJ&KULV0RUJDQ /OHZHO\Q Latin for Language Learners/RQGRQ3ROLWHLD

    Poulot Dominique (2006). Une histoire du patri-moine en Occident : (XVIIIe-XXIe sicle). Presses Universitaires de France - PUF.

    Poulot Dominique (2011). Temps tyran . AREA, n 25, p. 1215.

    Sire Marie-Anne (2005). La France du Patrimoine : Les choix de la mmoire3DULV*DOOLPDUG

  • 13/14 %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    Smith Joshua D. (2003). Making room for heritage education: A heritage curriculum unit designed for upper middle and high school students 0XQFLH Ball State University.

    Todorov Tzvetan (2004). Les Abus de la mmoire. 3DULV$UOpD

    7ROVWR\9ODGLPLU+HULWDJHDQGGLDORJXHIn Heritage and Beyond 6WUDVERXUJ &RQVHLO GHlEurope.

    Toulemonde Bernard (dir.) (2009). Le Systme du-catif en France3DULV/D'RFXPHQWDWLRQIUDQoDLVH

    8]]HOO'DYLG%DOODQW\QH5R\ +HULWDJHWKDW+XUWV,QWHUSUHWDWLRQLQDSRVWPRGHUQZRUOG,Q7KHKHULWDJHUHDGHU/RQGRQ5RXWOHGJH

    9DQ6OHGULJKW%UXFH1DUUDWLYHVRIQDWLRQVWDWHKLVWRULFDONQRZOHGJHDQGVFKRROKLVWRU\HGX-cation . Review of Research in Education, n 32, p. 109146.

    :DJQHU3HWHU)URPPRQXPHQWVWRKXPDQULJKWV5HGHQLQJKHULWDJHLQWKHZRUNRIWKH&RXQ-cil of Europe . In Forward planning: the function of cultural heritage in a changing Europe6WUDVERXUJConseil de lEurope.

  • %PTTJFSEBDUVBMJUWFJMMFFUBOBMZTFTOl.BSTEducation au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune

    14/14 14/14

    n Mars 2012

    cole normale suprieure de LyonInstitut franais de lducation

    Agence Qualit ducation Veille et Analyses15 parvis Ren-Descartes BP 7000 69342 Lyon cedex 07

    [email protected] : +33 (04) 26 73 11 24Tlcopie : +33 (04) 26 73 11 45

    Pour citer ce dossier :Musset Marie (2012). Education au patrimoine: mmoire, histoire et culture commune . Dossier dactualit Veille et Analyses, n72, mars.

    En ligne : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=72&lang=fr

    Retrouvez les derniers Dossiers dactualit :

    OEndrizzi Laure (2012). Jeunesses 2.0 : les pratiques relationnelles au cur des mdias sociaux . Dossier dactualit Veille et Analyses, n71.

    En ligne :http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=71&lang=fr

    ORey Olivier, Feyfant Annie (2012). Vers une ducation plus innovante et crative . Dossier dactualit Veille et Analyses, n70.

    En ligne : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=70&lang=fr

    OGaussel Marie (2011). Lducation la sant (volet 1) . Dossier dactualit Veille et Analyses, n69.

    En ligne : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=69&lang=fr