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EnConnexion#14 - mars 2009

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La revue EnConnexion#14, journal de l'operation "un collegien, un ordinateur portable", paru en mars 2009 à l'initiative du Conseil general des Landes. Dans ce 14e numéro, vous allez découvrir dans les pages qui suivent deux journées passées au collège de Victor Duruy de Mont-de-Marsan, puis deux autres journées à la cite scolaire de Parentis-en-Born – avec notamment des temoignages de lycéens –, et enfin deux journées au collège de Roquefort… Pour en savoir plus : http://www.flickr.com/photos/cg40/sets/ ; http://www.dailymotion.com/cg40/1 ; http://www.landesinteractives.net/ ;

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ÉDITOEn décidant de mettre un ordinateur portable à la dis-position des élèves des classes de 4e et de 3e des collègespublics du département, le Conseil général des Landesavait fait l’hypothèse que chaque enseignant lui trou-verait des utilités pédagogiques. Chaque numérod’EnConnexion montre que c’est bien le cas: dans lesdifférents établissements, et dans toutes les disciplines,les ordinateurs portables autorisent de nouvelles pra-tiques pédagogiques, tant pour la conduite des cours quepour les leçons et les devoirs à la maison.Trois nouveaux collèges nous accueillent pour ce 14e

numéro, et nous réservent encore bien des surprises…J’ai, par exemple, le plaisir de constater que les profes-seurs de langues vivantes se sont tout particulièrementsaisis des possibilités offertes par ces nouveaux outilspour élaborer, chacun avec sa personnalité, des façonsde faire particulièrement novatrices. Je suis tout à faitconvaincu que les effets de cette nouvelle manière d’en-seigner ne manqueront pas de se faire sentir dans lesprochaines années. Et, de ce point de vue, les petitsLandais auront quelques avantages à faire valoir!Je voudrais revenir sur la terrible tempête qui vient deravager la région Aquitaine et, singulièrement, notre ter-ritoire, pour remercier tous ceux qui se sont dépenséssans compter, notamment les collèges et leurs person-nels, et vous assurer de la totale solidarité des élus etdes services du Département. Ensemble, avec courageet détermination, il nous reste beaucoup à faire, pourles mois et les années à venir.Henri EmmanuelliPrésident du Conseil général des Landes

-----NDLR: Tous les reportages présentés dans ce numéroont été réalisés avant la tempête du 24 janvier 2009.

dement, jusqu’à faire partie de nosmeilleurs élèves. C’est une grande satis-faction pour le collège.»Ordinateurs portables. Concernant l’uti-lisation des outils numériques, M. le prin-cipal nous indique avoir rencontré, dansles premières années de l’opération "uncollégien, un ordinateur portable", cer-tains professeurs un peu "allergiques".«Aujourd’hui, compte tenu de l’am-biance au collège et notamment des lienstrès forts qui existent dans l’équipe,quasiment tout le monde s’y est mis !Quelques "locomotives" ont montréque c’était possible, et que ça mar-chait… Les assistants d’éducation Ticesont très disponibles. Et le fait, parexemple, que nous organisions ce stagesur les tableaux interactifs [voir ci-contre]témoigne bien de l’état d’esprit général.Nous allons d’ailleurs mettre en place unaccès par internet aux bulletins sco-laires et, progressivement, au cahier detextes. Et installer, à l’accueil, un ordina-teur à la disposition des parents qui nedisposent pas d’une connexion internetà domicile.»-----Victor Duruy (1811-1894), homme politique fran-çais, historien, ministre de l’instruction pu-blique de 1863 à 1869.

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Mont-de-Marsan, préf. des Landes, chef-lieu de canton, 30700 hab. Alt. de 23 à97 m, "ville aux trois rivières" établie auconfluent de la Douze et du Midou, quise rejoignent pour former la Midou ze –affluent de l’Adour. Musée de sculpture,maisons romanes, arènes.Le collège Victor Duruy accueille cetteannée 540 élèves. Collège et lycée, quiétaient auparavant regroupés en citéscolaire, sont des établissements auto-nomes depuis la rentrée 2007. Français langue étrangère. «Une des par-ticularités de ce collège, nous expliquele principal, Jean-Pierre Pinto de Sousa,c’est la classe qui accueille des élèves del’agglomération montoise – et au-delà– ne parlant pas français (Portugais,Russes, Arméniens, Géorgiens, etc.). Enfonction de l’âge de chacun, on lui at-tribue un niveau. Au départ, il est sco-larisé exclusivement en section FLE(français langue étrangère) – sauf pourles arts plastiques et l’EPS (éducationphysique et sportive). Il reçoit alors unenseignement spécifique, avec notam-ment douze heures de français par se-maine. En fonction de ses résultats, il estintégré progressivement dans les autresmatières. Certains sont particulière-ment motivés ; ils progressent très rapi-

UNE JOURNÉE AU COLLÈGE VICTOR DURUY À MONT-DE-MARSAN

-----ENVIE DE RÉAGIR OUD’APPORTER UN TÉMOIGNAGE?Édité par le Conseil général des Landes, EnConnexion est un journal entièrement dédié àl’opération « un collégien, un ordinateur por-table ». Enseignants, parents, personnels des col-lèges, élèves ou anciens élèves, nos colonnesvous sont bien entendu ouvertes… N’hésitez pasà nous faire part de vos avis, commentaires etexpériences, ou si vous préférez être interrogés,communiquez-nous vos coordonné[email protected] #14 est disponible, sous forme nu-mérique, sur http://issuu.com/1collegien1ordi-nateurportable/docs/ec14Les photos réalisées pour la couverture sont surhttp://www.flickr.com/photos/cg40/sets

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Français, technologie, mathématiques, es-pagnol, anglais, sciences physiques, do-cumentation… Onze enseignants du col-lège Victor Duruy participent aujourd’huià un stage de formation à l’utilisation dutableau interactif. C’est un stage "Zap"(zone d’activité pédagogique) s’adressantà des enseignants a priori peu ou pas uti-lisateurs de cet outil.«Qui, parmi vous, n’a encore jamais uti-lisé le tableau interactif?» demande Fa-bienne Saint-Germain, le professeur-for-mateur. Les doigts se lèvent… «Je vaiscommencer par présenter le tableau in-teractif. Ensuite, nous aborderons le logi-ciel Notebook: vous utiliserez vos ordina-teurs portables, et je vous montreraicomment procéder. Cet après-midi, vousallez créer votre propre séquence decours: le but, c’est que vous ayez tous pro-duit quelque chose, dans votre matière.»Le ton est donné: le programme de lajournée de stage sera copieux!Découvrir«La première chose à faire quand vousarrivez dans votre salle de cours, c’est deconnecter le tableau à votre ordinateurportable. Vous avez deux câbles: celui duvidéoprojecteur que vous connaissezsans doute déjà, et celui du tableau in-teractif : vous voyez, c’est ce gros câbleblanc. Vous ne pouvez pas vous tromper:il n’y a qu’une seule possibilité.

Attention! Le tableau interactif est ali-menté par l’ordinateur : évitez donc defaire fonctionner celui-ci sur sa batterie.»Après avoir effectué les branchements, leprofesseur montre comment «orienter»– ou «calibrer» – le tableau interactif. Elleaffiche pour cela le panneau de configu-ration: il s’agit alors de pointer du doigtles croix qui apparaissent sur le tableau,manipulation qui permet de mettre en re-pérage l’image projetée avec la surfacetactile. «Vous devrez refaire cette opéra-tion à chaque fois que vous déplacez levidéoprojecteur ou le tableau, ou bien dèsque vous constatez que la projection n’estplus en repérage.»Le dispositif est maintenant opération-nel : «Vous pouvez piloter votre ordina-teur depuis le tableau, comme si celui-ci était un écran tactile – donc utilisertous les logiciels que vous voulez. Uncontact sur le tableau interactif a lemême effet qu’un clic de souris… Ilfaut bien sûr s’adapter à ce côté "présen-tateur météo", mais vous verrez, on s’yfait très vite.» Écrire, dessiner, assembler, etc.Le professeur montre comment lancerune applica tion, se connecter à internet,consulter un dictionnaire, etc. Le tableauinteractif dispose également d’un logi-ciel dédié : «Nous travaillons ici avec dumatériel Smart, précise le professeur ;

deau" peut s’ouvrir à partir du bas, duhaut, de la droite, de la gauche… […] Etvoilà quelque chose de magique: on peutdiffuser une vidéo sur le tableau inter-actif, et écrire par dessus!» Elle projetteune vidéo. Arrêt sur image. Captured’écran. Maintenant, elle annote l’image.[…] «Nous allons apprendre à faire desflèches… – Pas mal, pour construire unexercice de vocabulaire, dit un professeurde français. – Oui, c’est une chose qui in-téresse aussi les collègues de SVT ou dephysique, qui font des schémas "rensei-gnés".» Fabienne Saint-Germain pour-suit son exposé devant un auditoire vi-siblement très intéressé; et les questionsne manquent pas !ExpérimenterChaque stagiaire, maintenant seul faceà son ordinateur portable, s’efforce deconstruire un document: on tâtonne, onefface, on recommence. Les collabora-tions vont bon train, et Fabienne Saint-Germain passe de l’un à l’autre, encou-rage, conseille : «Si vous voulez que lesélèves puissent lire depuis le fond de laclasse, n’hésitez pas à écrire assez gros.»À tour de rôle, chacun va aller tester letableau interactif et présenter son tra-vail aux autres participants. Un profes-seur de mathématiques se lance dansl’utilisation d’un logiciel de géométrie dy-namique, trace une droite, puis uneautre, parvient à un triangle rectangle.Et comment faire pour enregistrer cettefigure? Hop! en moins de temps qu’iln’en faut pour le dire, c’est fait : impres-sionnant. C’est ensuite au tour du pro-fesseur d’anglais : «Ton fond d’écran estsuperbe!», remarque l’un de ses col-lègues. Voilà que s’affiche le fruit de sesefforts: quand on déplace un petit carrérose, on découvre le mot "pink"; sous unpetit carré vert, le mot "green". Seconddocument : sur une carte du Royaume-Uni, les contours de l’Écosse, de l’Angle-terre, de l’Irlande, etc. ont été dupliqués,puis déposés sur le côté de la page, àcharge pour les élèves de les reconnaî-tre et de les positionner au bon endroit.«Extraordinaire! commente FabienneSaint-Germain. Je vous rappelle que cematin, notre collègue disait : "je n’ycomprends rien, je ne sais rien faire…"» La fin du stage approche. Dernier conseildu professeur-formateur: «Essayez d’uti-liser le plus vite possible le tableau inter-actif, pour ne pas oublier. Entraînez-vousensemble: l’un se souvient d’une fonc-tion, l’autre de la procédure. Il fautcommencer par quelque chose de trèssimple… et petit à petit, si vous trouvezque ça apporte un plus à votre pédago-gie, vous irez plus loin.»-----1 Fabienne Saint-Germain est professeur d’histoireet de géographie au collège des Luys, à Amou(cf. EnConnexion #8 disponible sur http://issuu.com/1collegien1ordinateurportable/docs/ec8), etformatrice pour le compte du Catice (Centre aca-démique aux technologies de l’information etde la communication pour l’enseignement).

nous avons donc le logiciel Notebook,mais ce serait la même chose avec du ma-tériel Promethean (Activstudio) ou Hita-chi.» Ce type de logiciel, conçu à l’originepour des présentations commerciales,permet d’utiliser le tableau interactifcomme une sorte de paper board – untableau de feuilles blanches –, sur lequelon peut écrire, dessiner, importer desimages, etc. «Notebook fonctionne avecle tableau interactif mais il n’est pas né-cessaire d’être branché pour s’en servir :vous pouvez donc l’utiliser chez vouspour préparer vos cours. C’est vraimenttrès commode: pour écrire, par exemple,j’ouvre une zone de texte, et je fais ap-paraître un clavier virtuel sur le tableau.Je peux également utiliser les stylets pourécrire à la main.» Le professeur montreles différentes manipulations. « Vousdisposez également d’une fonction de re-connaissance des caractères.» Elle écrit«Napoléon», sélectionne le mot, et son

9h, stage de formation au tableau interactif de Fabienne Saint-Germain1

LES PROFS AU TABLEAU !

manuscrit se transforme bien vite entexte dactylographié. Pour écrire d’unecouleur différente? Il suffit de choisir unautre stylet… Chacun devant son ordi-nateur portable, les enseignants sta-giaires suivent pas à pas la démonstra-tion : «On peut bien sûr insérer desphotos…» Elle ouvre une image: « Jepeux la réduire, l’agrandir et surchargercette image de toutes les annotationsque je veux. Ensuite, je peux transmet-tre à mes élèves ce qui a été fait puisqueNotebook est installé sur leurs ordina-teurs portables. […] Pour masquer unepartie de la page, je peux utiliser la fonc-tion "rideau".» Un rectangle gris appa-raît sur l’ensemble de l’écran : «Ce "ri-

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résume le professeur : les continentsbougent, des océans disparaissent, d’au-tres apparaissent…»Acte 2. «Ouvrez maintenant le dossier"Accrétion", et commencez par lire lesconsignes…» Les élèves doivent vision-ner une animation, répondre à un cer-tain nombre de questions et compléterun schéma. Sur les écrans des ordinateursportables, une explosion volcaniquefait jaillir des roches qui s’éloignent pro-gressivement du cratère en refroidis-sant… «Pour la géologie, le recours auxordinateurs portables s’impose, nous diraDavid da Silva. Notamment avec les ani-mations dont nous disposons. J’utiliseégalement le logiciel Sismolog2 quandon aborde les tremblements de terre.Avant, nous n’avions pas de moyenséquivalents pour faire comprendre cetype de phénomènes… C’est autre-ment plus efficace que de simples sché-mas, avec des flèches et des légendes.»1 http://fr.encarta.msn.com2 Logiciel de sismologie, avec des thèmes de tra-vaux pratiques et des aides pour l’enseignant.www.chrysis.comSismolog et Encarta font partie des ressourcespédagogiques installées par le Conseil généralsur tous les ordinateurs portables.

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Ou comment l’ordinateur portable ac-compagne les activités faites en classe,et les devoirs à la maison…Préambule. «Allumez vos ordinateurs,demande le professeur, et connectez-vous sur le réseau: vous allez déposer vo-tre devoir dans le dossier SVT, et télé-charger la leçon d’aujourd’hui… » Lesélèves devaient rechercher les cartes dela Pangée et du Gondwana [excusez dupeu!]. C’est Axel qui vient expliquer sadémarche et commenter sa copie pro-jetée sur le tableau blanc : «J’ai cherchédans l’encyclopédie Encarta1, j’ai trouvécette carte…»Acte 1. Le professeur expose maintenantson cours : «Alfred Wegener fut le pre-mier à dire, en 1912, que la surface dela Terre bougeait ; il appela cela "la dé-rive des continents".» Au tableau, s’af-fiche une animation qui décompose lemouvement des plaques tectoniques…Il est question d’océans et de fossiles.«Savez-vous ce qu’est la paléontologie,questionne le professeur? – C’est unvieux truc! répond un petit malin. – Vousavez des ordinateurs, allez donc chercherla définition!» Magali trouve rapide-ment : elle lit pour ses camarades…«Nous venons d’apprendre trois choses,

11h, cours de SVT de David da Silva, avec une classe de 4e

PANGÉE ET GONDWANA

Tout un cours de français à parler d’ima -ges – et dans lequel le "visualiseur" serévèle un allié précieux…Le "visualiseur", c’est un peu le succes-seur du rétroprojecteur et de l’épiscope,mais avec bien des fonctionnalités enplus… Grâce à une caméra numériquehaute définition montée sur un bras ar-ticulé, il permet la numérisation simpleet rapide de documents et d’objets – etleur affichage par le vidéoprojecteur. Àla fois scanner et caméra vidéo (jusqu’à30 images par seconde), le visualiseurpeut également se connecter à l’ordina-teur portable de l’enseignant pour êtreutilisé avec le tableau interactif.« Je ne suis pas très technicien, nous ex-plique Christian Marsan, mais depuis quele collège m’a demandé de tester le vi-sualiseur1, je m’en sers tout le temps! Jepeux projeter des documents, les enre-gistrer, les imprimer ou les transférer surles ordinateurs portables…»Images. Les élèves de cette classe de 4e

«aide et soutien» devaient imaginer unepochette de CD, à partir de plusieurstextes d’Abd al Malik2 étudiés lors ducours précédent. «Vous allez présentervotre dessin à vos camarades, chacun àvotre tour », annonce le professeur.C’est Marlène qui se lance… Le profes-seur pose son dessin sous le visualiseur.L’effet est saisissant : d’un coup, l’image

projetée sur le tableau interactif prendune autre dimension. « Je suis partie dutexte Soldat de plomb», explique-t-elle.C’est ensuite au tour de Romain: au cen-tre de son image, un personnage assissous un arbre. Une discussion s’établitdans la classe : «On dirait qu’il est en-fermé dans son monde…» Anaïs, Ca-mille, Sophia, Michael puis Audrey luisuccèdent. Beaucoup d’émotion et de sé-rieux. Le professeur commente et encou-rage la parole des uns et des autres: «Jesavais que ce serait difficile pour eux devenir présenter leurs dessins devantvous, nous dira-t-il plus tard. L’un desbuts, c’est, bien sûr, de faire du français,mais c’est aussi qu’ils reprennentconfiance en eux.» Sur le dessin d’Aris-tote, un grand titre : «Mourir jeune».Dans le haut, trois portraits: «J’ai dessinédes gens qui pleurent…»Analyse. Le professeur projette mainte-nant la véritable pochette du disqued’Abd al Malik: «Qui peut venir montrerles axes de composition de cette image?»Au tableau interactif, on surligne avec unstylet, on détermine que la silhouette duchanteur trace une belle verticale; enfin,on en vient à démontrer que toutes leslignes se croisent au centre de la page.«L’éducation à l’image fait partie ducours de français, nous expliquera Chris-tian Marsan. Et le visualiseur me paraît

8h, cours de français de Christian Marsan, avec une classe de 4e

AVEC "VISUALISEUR"

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On écoute, on monte le son, on réécouteattentivement… Moments de vie quo-tidienne : chez le dentiste, dans ungrand magasin, devant la télévision…L’exercice consiste à faire correspondrechaque image avec son illustration so-nore. Une sorte de "pense-bête" – flot-tant – indique la structure de la réponseattendue: « la grabación número… cor-responde a…, porque e oído… – La sé-quence numéro tant correspond à telleimage, parce que j’ai reconnu tel son.»Avec un grand naturel, le professeur faitdéfiler les images, convoque tel ou teldocument. Le spectacle focalise tous lesregards…Dans la classe, les doigts se lèvent. Lesélèves se succèdent au tableau interac-tif pour réorganiser textes et images, etremettre chacun à la bonne place, enfonction de ce que l’on a pu reconnaître– ou deviner – et comprendre. Parfois, letableau interactif oppose une certainerésistance aux gestes d’un élève un peumoins expert. Ses camarades le conseil-lent : «Caresse le tableau!» Petites per-turbations sans gravité que le professeurprend avec philosophie : «Ce sont lesaléas du direct! Quand on utilise ces ou-tils, il faut accepter que tout ne fonc-tionne pas toujours parfaitement. Maisen cas de panne, il vaut mieux avoirprévu sa roue de secours!» […] «L’un desintérêts du tableau interactif, souli-gnera-t-elle plus tard, c’est que tout lemonde a envie d’y aller : il y a un côtépratique, avec quelque chose à réaliser…Même ceux qui n’auraient pas spontané-ment levé le doigt pour venir au tableau"classique" sont amenés à parler. C’estun moyen de favoriser la mémorisation.»Le cours est bientôt fini. Il est temps desortir les agendas. Le professeur "pres-crit", pour la prochaine fois, un exerciceautocorrectif à faire avec l’ordinateur,avant de recopier les bonnes réponses surle cahier. «Je me sers beaucoup du ma-nuel numérique1 actuellement disponi-ble sur les ordinateurs pour les classes de4e. Il contient des exercices autocorrectifsparticulièrement bien faits: les élèves tra-vaillent en autonomie, aidés par plusieursindices. Intraitable, l’ordinateur leur de-mande d’essayer encore et encore, tantqu’ils n’ont pas trouvé la réponse exacte.De ce fait, ce qu’ils écrivent dans leur ca-hier est forcément juste…» Comme nousconstatons que l’usage des différents ou-tils numériques disponibles semble ici trèsnaturel, Martine Hamel confirme: «Mesélèves sont obligés d’ouvrir chaque soirleur ordinateur: ils se servent du lexiquefrançais-espagnol, du conjugueur… Bref,si je devais m’en passer, je ne sais pas com-ment je ferais. »----1 EnConnexion #3, janvier 2007 (http://issuu.com/1collegien1ordinateurportable/docs/ec3) 2 Nuevos rumbos, éd. Didier, niveau 1 (premièreannée d’espagnol)

Il y a deux ans, cette enseignante nousdisait l’intérêt des ordinateurs portablesen matière d’enseignement des languesvivantes1. Nous la retrouvons aujourd’huidans un exercice au tableau interactif.”¡Uno! – ¡Dos! – ¡Tres! – ¡Cuatro!” Commeun feu follet, le décompte à voix hauterebondit d’un élève à l’autre, et fait letour de la classe: l’appel se conjugue ainsià la révision des nombres.… Après l’ins-cription de la date du jour sur le tableau,et un court commentaire sur la météo,le professeur allume le vidéoprojecteur.Les volontaires ne manquent pas pour al-ler orienter le tableau interactif, et ou-vrir la page de la leçon du jour. Uneimage apparaît: «cartel publicitario» (af-fiche commerciale), reconnaissent lesélèves. Elle émane de la Renfe (compa-gnie espagnole de chemins de fer). On

16h30, club informatique

AZERTYQuelques élèves viennent chaque se-maine en salle informatique pour parti-ciper aux séances d’initiation organiséespar Frédéric Meheut, l’un des deux assis-tants d'éducation Tice du collège. CommeLéa, qui est élève en classe de 6e : elle vou-lait apprendre à taper plus rapidementau clavier – ce qu’elle s’applique à fairegrâce à un petit logiciel d’entraînement(Tap Touche Garfield) que le Conseil gé-néral a installé cette année sur les ordi-nateurs portables. «Nous explorons pro-gressivement les différents logiciels, nousexplique Frédéric, à commencer par lasuite bureautique OpenOffice…» Anaelle,élève en 5e, s’essaie, par exemple, à l’ap-prentissage du tableur. Cyriaque Laporte, le second assistantd’éducation Tice, s’occupe lui aussi d’ac-compagnement éducatif, en plus de sesfonctions habituelles : «Nous avons encharge la maintenance du réseau, et deplus 300 ordinateurs portables, 8 ta-bleaux interactifs, etc.» Demain, il partà Bordeaux assister à un match de foot-ball «avec 24 élèves, dont 12 filles»!

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être un outil assez merveilleux pourcela: passer de la feuille de papier à l’af-fichage, ça change tout! Une imageprend une grande force à être projetée.[…] Des élèves qui portent plus de10 kg dans leur cartable, c’est impres-sionnant… Grâce au visualiseur, je n’uti-lise plus le manuel pendant le cours: s’ilsn’ont pas les livres de français, c’est déjàça de moins ! Et j’apprécie beaucoup lasimplicité d’utilisation…» Christian Marsan fait partie des ensei-gnants qui ont suivi la formation au ta-bleau interactif (cf. p. 3) : «La techniquene va pas remplacer la pédagogie,mais voilà deux outils – le visualiseur etle tableau interactif – qui peuventnous aider à rendre le cours plus vivant.Les élèves ne restent pas statiques, ilsvont au tableau, ils participent… et pourfixer l’attention de ceux qui sont un peuinstables, rien de tel que de les rendreactifs ! »

-----1 Le Conseil général des Landes va équiper pro-gressivement toutes les salles de classe de visua-liseurs, en contrepartie de l’engagement desconseils d’administration des collèges en faveurd’un plan de prévention sur le poids des carta-bles : les enseignants pouvant facilement pro-jeter au tableau les pages des manuels scolaires,les élèves n’auraient alors plus besoin de les ap-porter au collège.2 Abd al Malik, né à Paris le 14 mars 1975, estun rappeur, slameur et compositeur françaisd’origine congolaise.

13h30, cours d’espagnol de Martine Hamel, avec une classe de 4e

L’IMAGE ET LE SON

s’essaie à décrire ses différentes compo-santes. Interrogé au plus fort de la dis-cussion, Fabien lance un «Eh bé…» du-bitatif. «¡Esto no es muy español!», luifait remarquer le professeur. « Uneimage, nous dira plus tard Martine Ha-mel, représente un élément de culture.Quand on parle à partir d’une image,c’est une aide : on ne parle pas "dansl’air", on voit mieux ce qu’on veut dire.Au prochain cours, pour rester dans cetunivers, je demanderai à mes élèves d’uti-liser leur ordinateur portable pour seconnecter sur le site de la Renfe, avec lamission de chercher un train qui va deIrún à Madrid. Ils devront me dire lesheures de départ et d’arrivée, et le prix.Une façon de mettre directement en pra-tique ce que nous venons d’apprendre.»Multimédia. « ¡Atención, annonce leprofesseur, a escuchar! – Préparez vosoreilles !» Le tableau interactif afficheun "bureau" chargé de différents docu-ments : à côté de plusieurs illustrationsaccompagnées de leurs légendes enespagnol, une palette flottante com-mande le lancement de séquences so-nores sur les haut-parleurs de la classe.

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8h30, cours de musique de Bérangère Charrin, avec une classe de 3e

CHANTER !

La séance d’aujourd’hui va être consacréeà des corrections. Nous sommes en fin deprogramme de chimie: il est notam-ment question de l’action de l’acidechlorhydrique sur le fer.«Comme d’habitude, allumez vos ordi-nateurs, connectez-vous sur le réseau, etrabattez les écrans… Nous allons com-mencer par le compte rendu de la der-nière séance de travaux pratiques.» Leprofesseur projette le travail d’un élèvesur le tableau interactif: «Vous voyez, ex-plique-t-elle, mes corrections apparaissenten rouge dans le texte, et mes commen-taires sont dans la marge.» Il s’agissait dedécrire un protocole d’expérience en s’ap-puyant sur le plan proposé: « j’observe,j’interprète, je conclus.» Le professeurcommente successivement plusieurs co-pies. «C’est la première fois que j’utiliseainsi le mode "correction" de Word, nousexpliquera Sophie Laterrade: c’est assezintéressant, bien qu’un peu long à faire.»Acte 2. «Je dépose vos copies sur le ré-seau; vous pourrez les récupérer à la findu cours. Nous allons maintenant repren-dre les exercices que vous deviez fairepour aujourd’hui.» Marine vient au ta-bleau interactif ; elle doit choisir le bonmot dans des phrases pour déterminer,par exemple, si les ions chlorure sont mis

en évidence par un test à la soude ou aunitrate d’argent. C’est au tour de Ludi-vine. Son écriture envahit progressive-ment toute la surface du tableau: «Unprécipité blanc apparaît dans le tube à es-sais…» Les exercices se succèdent ; l’heuresera bien vite passée.Entretien. «Je prépare mon cours avec lelogiciel Notebook, explique Sophie Later-rade, et nous le complétons ensemble, àl’oral, en utilisant le tableau interactif. Enfin de séance, les élèves récupèrent, surleurs ordinateurs portables, tout ce quenous avons vu ensemble: ils n’écriventdonc pas en classe mais, plus tard, à lamaison, ils devront recopier le coursdans leur cahier. Je trouve qu’avec ce sys-tème, les élèves sont plus disponibles etplus actifs pendant le cours. Nous n’avonsplus besoin d’attendre ceux qui écriventtrès lentement: je gagne du temps enclasse et je suis sûre qu’ils ont revu la le-çon au moins une fois! L’autre avantage des ordinateurs porta-bles, ce sont les documents dont nouspouvons disposer: les animations eduMe-dia, par exemple. Souvent, pour des no-tions complexes, les élèves visualisent bienmieux avec des images animées. J’utiliseégalement très régulièrement les vidéosdisponibles sur lesite.tv [cf. p. 12].»

Ou comment passer du chant choral àl’apprentissage des techniques numé-riques de manipulation du son.Les haut-parleurs de la salle de musiquediffusent les premières notes de Hijo dela luna, l’un des «tubes» du groupe Me-cano. Chacun peut suivre les paroles, pro-jetées au tableau interactif: «Tonto el queno entendie / Cuenta una leyenta…» Lecharme de la mélodie agit très vite. Leprofesseur propose une seconde écoute.Les mains et les pieds sont sollicitéspour marquer le rythme : tap-tap…pong, tap-tap… pong. Rythme de valse,ont reconnu les élèves. «Nous allonschanter», annonce le professeur en s’as-seyant à son piano. Elle entonne unephrase après l’autre… Les élèves répè-tent, doucement, s’appliquant à calerleur voix dans le juste ton. «On recom-mence, avec la musique…» (elle vient depasser du piano à l’ordinateur). Paul, An-toine, Mathilde et Candice ont pris desmaracas, Joseph est au djembé… Les voixprennent progressivement de la netteté;le groupe trouve son assurance, dans leplaisir du chant. Quand nous confieronsà Bérangère Charrin, par ailleurs respon-sable des chorales départementales, no-tre sentiment d’avoir assisté à un mo-ment privilégié : « J’ai eu la bonne sur-prise, nous répondra-t-elle, de trouver iciune tradition festive. Entre les repas de

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« Il y a une utilisation régulière des or-dinateurs portables dans les matièresscientifiques (mathématiques, physique-chimie, SVT et technologie). Le profes-seur d’espagnol s’en sert systématique-ment, ceux d’anglais beaucoup moins.On les utilise ponctuellement en mu-sique, en histoire et géographie, et enfrançais… Certains professeurs ont en-core un peu d’appréhension, ou lacrainte de perdre beaucoup de temps.Du côté des élèves, pas de perte, ni devols, juste quelques casses accidentelles:nos statistiques sont très raisonnables.[…] Nous avons de très bons résultats aub2i : nous sommes à 100 % de réussitedepuis plusieurs années – ce qui ne se-rait pas possible sans les ordinateurs por-tables. »-----George Sand (1804-1876), romancière françaiseconnue pour ses romans champêtres qui célè-brent la douceur de vivre dans la campagne ber-richonne, et pour sa vie passionnée. Ardente fé-ministe, elle revendique pour les femmes ledroit au divorce et à l’égalité civile que le codeNapoléon leur refuse.

Roquefort, alt. de 49 à 95 m, 1894 hab.,bastide créée en 1357 par Gaston Phé-bus, vicomte de Marsan, aux confins del’Albret et de l’Armagnac. Relais impor-tant pour les pèlerins se rendant àSaint-Jacques-de-Compostelle.Le collège George Sand accueille cetteannée 337 élèves, soit quatre classes parniveau, sauf pour la 4e qui n’en compteque trois. « Nous sommes en réseau“réussite scolaire“ (RRS), nous précise leprincipal, M. Canal : c’est la nouvelle dé-nomination des REP (réseaux d’éduca-tion prioritaire). Les étiquettes changentmais l’objectif reste le même : il s’agitvraiment de faire réussir les élèves. C’est un collège rural, avec 46 % des fa-milles classées dans les catégories socio-professionnelles défavorisées, soit dixpoints de plus que la moyenne départe-mentale… Nous avons un grand nom-bre d’élèves boursiers. S’ajoute à cela uncertain isolement rural, avec un habitattrès dispersé : 65 % des élèves utilisentles transports scolaires, et 95 % sontdemi-pensionnaires. »Concernant les ordinateurs portables etles différents outils numériques fournispar le Conseil général, M. le principalnous précise que les situations sonttrès variables d’un enseignant à l’autre:

UNE JOURNÉE AU COLLÈGE GEORGE SAND À ROQUEFORT

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8h30, cours de physique de Sophie Laterrade, avec une classe de 3e

ÉCOUTER ET PARTICIPER

famille, les fêtes, etc., mes élèves ont l’ha-bitude d’entendre des répertoires trèsdifférents. Ils sont vraiment très ou-verts, et ils aiment chanter !»Acte 2. «Branchez maintenant vos ordi-nateurs pour télécharger l’enregistrementde la chanson et le texte des paroles. Vousallez convertir les fichiers du formatwav en mp3. Lancez le logiciel Mp3Conver ter Plus… et glissez ici votre fi-chier.» Le professeur indique la manipu-lation sur le tableau interactif. «Ouvrezmaintenant le logiciel Audacity1, et im-portez le fichier "Hijo avec mélodie".» Surle tableau et sur chacun des écrans, lemême histogramme s’affiche: «Vous al-lez apprendre à séparer les refrains et lescouplets par un silence… Et tant que noussommes dans Audacity, je vous montred’autres effets. Si vous trouvez que ça vatrop vite pour apprendre les paroles, quepouvez-vous faire? – Changer la vitesse?– Non, sous peine d’obtenir l’effet d’unvieux 45 tours qui tourne en 33! Il vautmieux changer le tempo.»Après son cours, quand Bérangère Char-rin fera pour nous le compte du confor-table équipement informatique de sa sallede musique, elle constatera avec amuse-ment: «Je viens de l’époque où nous enétions aux machines à dupliquer à l’alcool.Il y a vingt ans de ça, je ne voulais pas en-tendre parler d’informatique; aujourd’hui,je ne pourrais plus m’en passer!»-----1 Logiciel libre pour la manipulation de donnéesaudionumériques. Au total une vingtaine de dé-veloppeurs et une trentaine de traducteurs bé-névoles participent ou ont participé à ce projet. http://audacity.fr/

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séance sur leurs ordinateurs portables, ilspeuvent les visionner chez eux, tranquil-lement. J’essaie donc de faire des coursun peu distrayants, dynamiques… Je nesais pas si ces animations rigolotes appor-tent quelque chose du point de vue del’enseignement, mais ça captive lesélèves. Ils aiment bien!»Exercices. «Ouvrez maintenant Mathen-poche3, et allez dans la partie "calcul lit-téral-synthèse". Vous avez une demi-heure pour faire les exercices. Quant àmoi je vais faire mon footing dans laclasse : n’hésitez pas à m’appeler si vousêtes bloqués. Bon courage!» Ma voisineCanelle s’attaque au premier exercice.Pense avoir trouvé: «Je suis trop forte…»Essaie de valider son résultat : «Faux!»affiche son ordinateur. Utilise l’aide… Fi-nit par lever le doigt : «Monsieur, j’ai unproblème!» Le professeur circule detable en table pour répondre aux inter-pellations des uns et des autres. Explique,encourage, repère les étourderies : «At-tention à ne pas faire l’erreur classique:entre deux parenthèses, vous devezmultiplier, et non pas ajouter!» La fin del’heure est bien vite arrivée : « Je voussouhaite de bonnes révisions pour ce soir.N’hésitez pas à regarder à nouveaul’animation que j’ai montrée tout àl’heure. Et bien sûr, je vous recom-mande d’utiliser Mathenpoche pourvous entraîner…»«Le problème dans les classes de 3e, nousexpliquera Jean-Michel Coussemacker, cesont les disparités de niveau. L’un des in-térêts d’un outil comme Mathenpoche,c’est d’offrir à chacun une sorte decours particulier : quand on se trompe,voilà une partie "cours" qui s’affiche,avec une explication qu’il suffit de relireattentivement pour progresser vers la so-lution. L’autre avantage, c’est que lesélèves qui marchent bien ne sont pasfrustrés : ils ont la possibilité d’avancer àleur rythme, et d’aller plus loin. […] Mesélèves travaillent-ils mieux avec les ordi-nateurs? Je n’en sais rien! Pour mapart, j’espère au minimum ne pas les dé-goûter des mathématiques, et leur com-muniquer un peu de ce plaisir que l’onpeut ressentir à trouver une solution!»1 SynchronEyes: logiciel qui permet aux ensei-gnants de contrôler les ordinateurs des élèves,et éventuellement de prendre la main, parexemple pour projeter le travail de l’un d’euxau tableau. http://downloads.smarttech.com/media/pro-ducts/se/brochures/pdf/frenchFR/se_brochure.pdf2 Powerpoint: logiciel de présentation assistéepar ordinateur: les textes, images, etc. sont po-sitionnés sur des pages individuelles, dénommées"slides" (diapositives), en référence au systèmede projection. http://www.microsoft.com3 Mathenpoche : logiciel libre composé decentaines d’exercices de mathématiques, déve-loppé par des professeurs de mathématiques enexercice et diffusé par l’association Sésamath.http://mathenpoche.sesamath.net

Révisions générales, en vue du contrôleprogrammé pour le lendemain!À peine entrés, les élèves allument leursordinateurs portables, et se connectentau réseau: une belle collection de fondsd’écrans personnalisés s’affiche progres-sivement sur l’écran de SynchronEyes1

projeté au tableau interactif. Juste letemps pour nous de déguster quelques-unes des citations épinglées sur les mursde la salle: «L’avantage d’être intelligent,c’est qu’on peut toujours faire l’imbécile,alors que l’inverse est totalement impos-sible.» « Il y a trois sortes de mathéma-ticiens : ceux qui savent compter et ceuxqui ne savent pas…» Preuve, s’il en étaitbesoin, que l’enseignement des mathé-matiques n’est pas incompatible avecl’humour!Action! «Tout le monde est prêt? Je vousmontre la révision du chapitre sur le cal-cul littéral.» Debout près du tableau in-

9h30, cours de mathématiques de Jean-Michel Coussemacker, avec une classe de 3e

AVEC PLAISIR!

teractif, et face à sa classe, le professeurlance l’animation qui soutient son ex-posé. Par simple effleurement de la sur-face tactile du tableau, il active la pro-gression d’une diapositive à l’autre –d’une idée à la suivante –, et déroule lefil de son raisonnement. Les équationsse succèdent, dans une progression à lafois implacable et rassurante. Paren-thèses, exposants, crochets, barres defraction…, l’écriture mathématique se ré-vèle aussi un bel exercice de typogra-phie! Surprise : un effet de transitionvient de temps à autre relancer l’atten-tion. Aussi discret qu’efficace. « Je pré-pare tous mes cours avec PowerPoint2,nous expliquera-t-il plus tard. Et commeles élèves récupèrent les fichiers en fin de

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Pas le temps de s’ennuyer dans ce coursbranché en direct sur la respiration dumonde, et qui caracole «à sauts et à gam-bades» d’un média à l’autre…Nouvelles du monde. «Viernes dieciséisde Enero de dos mil nueve.» Un élèves’est chargé d’aller écrire en toutes let-tres la date du jour sur le tableau blanc.Sur l’indication du professeur, tous les or-dinateurs sont maintenant connectés surle site Terra.es. On prend connaissancede la dernière nouvelle qui s’affiche,photo à l’appui. Joseph résume: «C’estl’histoire du pilote qui a réussi à faireamerrir en urgence un Airbus sur l’Hud-son, aux États-Unis.» Sans s’attarder pluslongtemps, le professeur vient de faireglisser le curseur de la page internet af-fichée sur le tableau. Nous voilà sur lacarte des prévisions météo. Nous appre-nons – en espagnol – que Madrid estsoumise à une alternance de nuages et

¿Que es eso? Nous voilà sur un sited’exercices. Candice vient piloter l’ordi-nateur du professeur. Son travail s’affichesur le tableau : il est question de choisirle terme qui convient pour compléterune phrase simple… C’est au tour de Jo-seph – ici, on dit José – de la remplacer.«Nous venons de raviver quelques élé-ments de vocabulaire et d’expressionorale, nous indiquera plus tard le profes-seur.» Tout s’est passé très vite. Hop!Nous voilà déjà ailleurs…Melchor, Gaspar y Baltasar. Tout lemonde connaît les rois mages ; mais sa-vez-vous qu’en Espagne, ce sont eux, etnon pas le Père Noël, qui apportent descadeaux aux enfants sages (et du charbonà ceux qui ne le sont pas)? Encore un toursur internet, histoire de regarder le repor-tage de la télévision espagnole sur latoute dernière fête des rois à Barcelone.Le professeur fait régulièrement unepause pour s’assurer que, dans la classe,on a compris le sens général, sans s’attar-der outre mesure sur les détails… Onécoute un extrait du reportage de l’andernier, puis on fait la comparaison en-tre les deux. «Vous récupérerez les vidéossur le réseau pour les regarder à nouveauchez vous. Et vous essaierez de bien com-prendre chaque question du présenta-teur, et les réponses des enfants.»Rumbatón pa mi guerrera. «Vous voussouvenez de la chanson que nous avonsapprise avant les vacances? Nous allonsla refaire.» Le professeur lance le mor-ceau sur son ordinateur relayé par unampli. C’est un long texte. Une avalanchede mots. Mélange d’influences rock, la-tines, reggae… Même pas la peine desuivre les paroles sur le papier: la plupartdes élèves savent la moindre intonationde ce texte de Huecco. Attention, éner-gie! Ils sont dans la musique, dans lerythme, dans la poésie… «C’est unechanson difficile, nous dira Cecilia Palen-cia. Ils se sont exercés chez eux, en regar-dant la vidéo. Je sais qu’à la maison, ilssont tout le temps sur l’ordinateur, alorsje leur dis : "Moi ça ne me dérange pasque vous écoutiez des chansons, maischoisissez-les en espagnol !"»Amérique du Sud. Encore quelques mi-nutes avant la fin du cours. Juste le tempsde lancer un défi! À tour de rôle, un élèvepropose le nom d’un pays: «¿Argentina?¿Écuador? ¿Bolivía?» Ses camaradesdoivent en trouver la capitale. Les doigtsse lèvent… Ils connaissent tout! Quandnous demanderons à Cecilia Palenciade nous dire son secret «Je m’appuie surce qu’ils aiment. Si je leur dis, par exem-ple : nous allons travailler sur l’Amé-rique du Sud, ils vont trouver ça très en-nuyeux! Mais à partir d’une chanson quidit : "Mejico, Quito, Ecuador…", je leurdemande de trouver un symbole pourchaque pays. Les garçons cherchent unfootballeur, les filles, plus sages, un mo-nument… De toute façon, il faut toutconnaître, non?»

Frédérique Lemont est mère de quatreenfants, dont deux sont au collège deRoquefort : l’un en 3e et l’autre en 6e, etreprésentante de la FCPE (Fédération desconseils de parents d’élèves des écolespubliques) au conseil d’administrationde l’établissement.Quelle perception avez-vous de l’utilisa-tion des ordinateurs au collège ?Il me semble que les choses évoluent.Alors que ma fille aînée, maintenant aulycée, ne s’en servait que par intermit-tence, pour mon fils, ça devient systéma-tique dans certaines matières. Quandc’est le cas, j’ai vraiment un retour po-sitif. Ce qui leur plaît le plus, ce sont leséchanges d’informations et de docu-ments, cette interactivité qui s’installeentre élève et professeur. Le réseau ducollège, c’est vraiment un lien très fort ;ils m’en parlent souvent. Mon fils se dé-clare également très satisfait du nouveaumatériel mis en service cette année : lesordinateurs sont, de son point de vue,plus performants, et les nouvelleshousses plus faciles à utiliser !Et à la maison?Eh bien, de la même façon que nousavions notre bouquin, ils ont systéma-tiquement leur ordinateur portable ou-vert sur le bureau. C’est un outil très at-tractif, qui attire les frères et sœurs plusjeunes ; et ils partagent assez volon-

tiers… Je peux vous dire que, dans la fa-mille, les cousins qui ne sont pas dans lesLandes regardent tout ça avec envie. Etpendant les vacances avec eux, l’ordina-teur portable est très sollicité…Pour vous, le bilan est donc positif ?Bien évidemment! Au-delà de mes pro-pres enfants, ce que j’ai beaucoup ap-précié avec cette opération, c’est quetous sont maintenant au même niveau.Nos enfants sont d’un milieu familial quileur permettait déjà l’accès à un ordina-teur, mais nous avions perçu un très grosdécalage par rapport à certains de leurscopains qui venaient à la maison. Là, en4e et en 3e, ils se retrouvent à égalité, etc’est une chose que je trouve formida-ble.Et l’informatique – qu’ils considéraientauparavant un peu comme un jeu – estdevenue pour eux un outil comme unautre ; ils ont le réflexe de s’en servir…Quand notre génération avait le dessin,ils ont maintenant la photo numériqueou le montage vidéo, et ils exploitenttout cela d’une manière très naturelle.Faites-vous partie de ces parents qui di-sent : "c’est une complication de plus àgérer pour nous, et nous ne sommes paspréparés à cela"?Nous devons être conscients du mondedans lequel vivent nos enfants, mais onne peut pas les mettre sous cloche! C’està nous de leur apprendre à se gérer demanière raisonnable… Mon seul gros re-gret, c’est que les ordinateurs n’aient pasencore diminué le volume de manuelset de cahiers que nos enfants doiventtransporter chaque jour dans leur car-table…

entretien

POSITIF !

9h30, cours d'espagnol de Cecilia Palencia, avec une classe de 3e

NOTICIAS DEL MUNDO

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d’éclaircies, alors que Séville s’installedans la douceur… «Depuis la 4e, nousexpliquera Cecilia Palencia, chacun demes cours commence ainsi. Le plus dif-ficile, au début, c’est pour habituer lesélèves à brancher et débrancher leurs or-dinateurs en silence. Mais dès qu’ils sa-vent le faire, c’est génial ! Et régulière-ment, j’apprends qu’ils sont allés toutseuls sur le site Terra.es, en dehors ducours. C’est bien qu’ils aiment, non?Même quand je fais un cours très clas-sique – il faut bien apprendre les conju-gaisons… –, je garde toujours un petitmoment pour l’actualité. Parce quej’aime bien changer de média, passerd’une chose à l’autre, varier…»

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Diaporama, modélisation 3D et utilisa-tion d’une machine-outil sont au pro-gramme de ce cours de deux heures…Ateliers. « Je mène deux projets defront, nous explique Philippe Labat : unprojet multimédia, et un projet tech-nique (un range-CD) qui nous sert de filconducteur tout au long de l’année, à lafois pour des activités de conception etde fabrication.»Jennifer, Manon et Justine doivent réa-liser une présentation de type Power-Point1. Un scénario leur indique la marcheà suivre: il s’agit d’expliquer le fonction-nement d’une machine-outil.Alison, Élissa, Steven, Maxime et Jacquesutilisent le logiciel 3D Solidworks2 pourmodéliser les différentes pièces du range-CD. Ils suivent pas à pas la fiche établiepar leur professeur. Rapidement, les vo-lumes prennent forme, et c’est apparem-ment un vrai plaisir de pouvoir les fairetourner dans l’espace…Fabian, Alexis et Thibeaud commen-cent la fabrication du range-CD. Il s’agitaujourd’hui de réaliser des perçagesdans des cylindres en plexiglas, à inter-valles réguliers. Mais ils vont devoir ré-soudre quelques questions de méthodo-logie avant de songer à mettre la ma-chine en route…

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Parentis-en-Born, alt. de 20 à 57 m,chef-lieu de canton, 4429 hab., lac, fo-rêt, feria, église du 15e siècle, arènes(1927). Économie forestière, culture dela myrtille. Parentis possède un des plusgrands gisements français d’hydrocar-bure découvert en 1954 (45 % de la pro-duction française de pétrole).Nous avions rencontré Philippe Augus-tin, l’an dernier, alors qu’il était princi-pal du collège Henri Scognamiglio à Mor-cenx (EnConnexion #9). Nous le retrou-vons ici comme proviseur intérimaire dela cité scolaire Saint-Exupéry : «L’intérêtd’une cité scolaire comme la nôtre, c’estd’offrir une véritable continuité dansl’enseignement, de la 6e à la terminale.C’est un grand village, et nous vivonsvraiment en communauté… Il est certainque, pour moi, c’est un sacré change-ment : nous avons ici un collège de 570élèves – avec une Segpa (Section d’ensei-gnement général et professionneladapté) –, mais également un lycée et unlycée professionnel avec un internat, soitplus de 1300 élèves, avec une centained’enseignants… Cela fait du monde à gé-rer! Je suis secondé par deux adjoints, unpour le lycée et un pour le collège ; et ily a un second proviseur qui s’occupe dulycée professionnel et de l’internat. […]

Nous avons donc affaire avec deux col-lectivités locales, le Conseil général desLandes pour le collège, et le Conseil ré-gional d’Aquitaine pour le lycée. […] Ence qui concerne les outils numériques,nous bénéficions, au collège, de l’opé-ration du Conseil général «un collégien,un ordinateur portable», et notre lycéefait partie des trois établissements pilotesengagés dans le programme financé parle Conseil régional pour l’expérimenta-tion des iPod vidéo dans l’apprentissagedes langues vivantes1. Nous faisons d’ail-leurs un effort particulier pour leslangues: nous organisons de nombreuxéchanges avec l’Espagne, l’Italie, l’Angle-terre, l’Allemagne et le Portugal…»-----Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), écrivainet aviateur français, auteur du Petit Prince.Antoine de Saint-Exupéry aimait séjourner à Pa-rentis quand il venait sur la base Latécoère deBiscarrosse: «Un jour, je me suis rendu à Paren-tis. Je n’ai jamais vu autant d’abeilles sur lesfleurs et les bruyères et je me suis dit : voilà unvillage où la vie s’écoule comme du miel.»-----1 En 2008, le Conseil régional d’Aquitaine a no-tamment fait l’acquisition de 368 iPods et de 140baladeurs MP3. http://aquitaine.fr

UNE JOURNÉE AU COLLÈGE SAINT-EXUPÉRY À PARENTIS

8h30, cours de technologie de Philippe Labat, avec une classe de 3e

TROIS EN UN!

de se corriger permet de progresser.»En direct live. Profitant d’un court mo-ment d’accalmie, le professeur attire l’at-tention de ses élèves sur la page du siteMathenpoche projetée au tableau inter-actif : chaque élève de la classe y est re-présenté – tignasse blonde pour lesgarçons, couettes brunes pour les filles.Les résultats de chacun s’affichent entemps réel : un petit carré vert si c’estjuste, rouge si c’est faux, vert foncé sil’élève s’est corrigé après avoir consultél’aide. Le professeur commente: «Juan,c’est excellent, tu as fait le premierexercice en trois minutes 55, et le second,en une minute 24… Aurélien, tu asabandonné au premier exercice de lapremière série? Il faudra y revenir…Marc, je vois que tu as utilisé l’aide. C’estbien, il ne faut pas hésiter à s’en servir!»Ses remarques accompagneront lesélèves jusqu’à la fin de la séance, leurfournissant une source de motivationsupplémentaire…Un retentissant « Déjà ! » ponctue lasonnerie qui marque la fin de l’heure.«C’est rare, avec nos élèves, admet Pa-trick Lalanne, penché sur les statistiquesdétaillées de la séance écoulée. Je peuxvous dire que ce n’est pas mal : ils ontvraiment bien travaillé !»-----1 http://mathenpoche.sesamath.net

La résolution d’une bonne série d’exer-cices, en application de notions récem-ment acquises sur les nombres relatifs, estau programme de ce cours de mathéma-tiques. Avec l’aide des ordinateurs por-tables, et de la connexion à internet quileur permet de travailler « dans lesconditions du direct », ces élèves deSegpa vont se prendre au jeu et s’accro-cher pour s’acquitter de leur mission.C’est parti ! Dans une ambiance très vi-vante – exclamations et cris de satisfac-tion fusent à chaque instant –, la concen-tration est palpable. Chaque élève estconnecté sur le site Mathenpoche1, quilui fournit, l’un après l’autre, les exercicesà résoudre. Tout fier, Antony lit à hautevoix le message qui vient de s’afficher surson écran : «Bravo! Tu peux passer àl’exercice suivant.» Le professeur, très sol-licité, passe de l’un à l’autre. L’effort de-mandé, à l’évidence, est conséquent.Pourtant, personne ne décroche. «Pources élèves en difficulté, commenteraplus tard Patrick Lalanne, l’ordinateur ap-paraît beaucoup moins rébarbatif que lelivre et le cahier. Ce type de travail inter-actif est sanctionné par une correctionautomatique, ce qui est très différent dela correction au stylo rouge du profes-seur. L’ordinateur est neutre ; il permetle recours à une aide. De ce fait, le sta-tut de l’erreur est changé : faire l’effort

10h30, cours de mathématiques de Patrick Lalanne, avec une classe de 4e Segpa

PÉDAGOGIE DE LA RÉUSSITE

B2i. Dix minutes avant la fin du cours, leprofesseur annonce : «Vous pouvez en-registrer votre travail, vous connecter àGibii3 et valider quelques compétencespour le B2i. Ceux qui ont travaillé avecSolidworks peuvent affirmer: "Je sais uti-liser un outil de simulation", et ceux quiont avancé sur leur diaporama: "Je saisregrouper plusieurs éléments dans unmême document". Mais vous devez jus-tifier votre demande, en vous exprimantcorrectement en français, sans fauted’orthographe.»«En technologie, nous dira le professeuren aparté, une grande partie de nos ac-tivités tourne autour de l’utilisation del’informatique. Le fait que chaque élèvedispose de son propre ordinateur nousfacilite donc énormément la tâche. L’au-tre avantage du système, c’est le réseau,avec la possibilité d’échange de docu-ments: j’y dépose le cours, les corrections,les mises à jour, le cahier de textes et tousles documents sur lesquels les élèves doi-vent travailler. J’utilise également lamessagerie pour leur transmettre régu-lièrement des informations, et ils peuventaussi me poser des questions…»1 http://www.microsoft.com2 www.solidworks.fr3 Gestion informatique du brevet informatiqueet internet : http://catice.ac-bordeaux.fr/fr/mai-triser_les_tic / le_b2i.html

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L’ordinateur comme "labo de langues"pour ces élèves qui débutent cette annéeen espagnol.Barcelone! Séville! Tolède! Les affichesaux couleurs vives s’exclament joyeuse-ment: nous sommes ici dans une enclavedu monde hispanique en territoire sco-laire. « Abrimos el ordenador, y nosconectamos a la red…» Voilà bientôt laclasse séparée en trois groupes qui vont s’atteler à trois programmes de travaildifférents. Julio distribue les micro-casques. «Tout le monde a récupéré sondossier? Vale. Je suis là pour vous aider ;travaillez à votre rythme. Si vous n’y ar-rivez pas tout seuls, vous pouvez aussivous entraider.» Autonomie. Pour l’observateur exté-rieur, la situation devient alors une sorted’énigme: tout se joue dans le face-à-face singulier entre chaque élève et

tale. Ils doivent ensuite répondre par"vrai" ou "faux" à plusieurs affirmations,et justifier leurs choix en enregistrantleurs réponses. Ils pratiquent ainsi ce quenous appelons la compréhension del’oral, et l’expression orale. Les élèves dusecond groupe accèdent, en cliquantsur un lien que j’ai créé sur leur documentde travail, à un plan de Madrid. Ils choi-sissent leur point de départ, et décriventl’itinéraire qui leur permettrait de rejoin-dre la Plaza Mayor, d’abord par écrit, puisà l’oral. Quant aux élèves du troisièmegroupe, ils doivent être capables, à par-tir des indications contenues dans untexte, de tracer un itinéraire sur le plande la ville. Ils concluront leur travail parla production d’un petit écrit. Tout celasur l’ordinateur.»Dans la classe, le professeur encou-rage, stimule… Les minutes passent. «Jeveux absolument récupérer une produc-tion à la fin de l’heure ! Si vous devezvous enregistrer, il est temps de vous lan-cer…» Vont-ils y parvenir? J’observe unélève qui semble sur le point de lefaire, prend sa respiration… Driiing! Lesignal de la fin de l’heure l’a déconcen-tré au dernier instant. Si le temps a man-qué à quelques-uns pour parvenir aubout de leur mission, la plupart n’ont euaucune appréhension… Ils ne font pour-tant que débuter dans leur apprentis-sage d’une nouvelle langue étrangère!Retour sur expérience. On le sait, l’utili-sation des outils numériques dans l’en-seignement n’est pas qu’une affaire detechnique. Izaskun Tendero ne cache pasles hésitations et inquiétudes qui peuventsurgir de ce changement de pratique :«Ne plus être au centre de la classe, etcéder ainsi sa place, c’est assez frustrantpour un professeur : nous sommes telle-ment des "chefs d’orchestre" habitués àtout gérer! C’est ce que nous avons tou-jours fait – et je continue, par ailleurs, àle faire. Dans les premiers temps de lamise en place de ce genre de séance [oùchaque élève travaille seul devant son or-dinateur], j’ai eu l’impression que le faitde ne pas prendre la parole, de ne pas"diriger" mon cours… était moins effi-cace. Il me semblait qu’en me mettantainsi en retrait, je ne faisais pas vraiment"mon travail". Mais je sais aujourd’huique si je m’efface un peu pour laisser lesélèves être autonomes face à leur dé-marche et à la construction de leur savoir,ils apprennent tout autant, si ce n’estmieux. C’est pourquoi les ordinateursportables sont maintenant devenus pourmoi de formidables alliés. Quant à monrôle de professeur, il reste tout aussi fon-damental : d’une part en amont, parceque rien ne serait possible sans un grostravail de préparation, mais aussi a pos-teriori, parce qu’après ce type d’activité,je reprends toujours la main, pour fairele bilan de ce qui a été acquis ! »-----

Tableau interactif et ordinateurs porta-bles sont tour à tour convoqués pour ac-compagner la progression des élèves etles amener à s’exprimer oralement.Lire. «Suddenly, the hostess’s face becamepale…» Le cours débute par la lecture àhaute voix d’un texte projeté sur le ta-bleau interactif ; à tour de rôle, lesélèves s’appliquent à prononcer correc-tement les mots de cette langue à la foisfamilière et lointaine… La scène sepasse en Inde. Le narrateur, qui participeà une réception à l’ambassade, est seulà remarquer qu’un cobra circule entre lespieds des invités, très absorbés par leursactivités mondaines. Dans la classe, leprofesseur questionne ses élèves pours’assurer que chacun a bien compris lesens du texte. La parole circule…«Le vi-déoprojecteur est, dans ce cas, un outilextrêmement mobilisateur, commen-tera plus tard Carlos de Oliveira : lesélèves n’ont pas la tête baissée sur leurlivre, et tous les regards sont focalisés surle tableau. Le texte est affiché en grand:c’est clair et évident. Quand j’attire leurattention sur une phrase, tous la voienten même temps, personne n’est entrain de chercher la ligne…»Réfléchir. «Allumez maintenant vos ordi-nateurs pour copier le dossier qui nous in-téresse. Vous allez devoir me prouver quevous avez compris le sens du texte quenous venons de lire…» S’il se présente

comme une sorte de jeu, l’exercice qui at-tend nos élèves suppose un réel effort deréflexion: une dizaine de phrases courtes– in english, of course – sont disposées surl’écran, sans aucune logique apparente.Il s’agit de les déplacer pour reconstituerla trame du récit. Tiens, voilà l’applicationde l’une des fonctionnalités du logiciel No-tebook, que l’on présentait la semainedernière aux professeurs en stage au col-lège Victor Duruy (voir p.3). «C’est, dansla continuité du travail de lecture, une fa-çon de m’assurer que le sens du texte estbien clair, et de préparer l’activité sui-vante », nous glissera le professeur,pourtant très occupé à passer de tableen table, volant au secours de l’un,mettant un second sur la voie, encoura-geant un troisième… «Stop! Qui veut ve-nir au tableau, pour placer les trois pre-mières phrases ? » Félix est volontaire.Plusieurs de ses camarades vont se relayerjusqu’à la reconstitution complète del’histoire.Parler… Le professeur distribue mainte-nant un micro-casque à chaque élève :«Ouvrez le fichier son, vous allez enten-dre une question, à laquelle vous devezrépondre en utilisant votre micro pourvous enregistrer. Vous pouvez relire letexte, pour bien vous imprégner des ex-pressions, avant de répondre.» Voilàdonc nos élèves « lâchés sans bouée» –l’expression est de Carlos de Oliveira :

11h30, cours d’espagnol de Izaskun Tendero, avec une classe de 4e

ITINÉRAIRES SINGULIERS

8h30, cours d’anglais de Carlos de Oliveira, avec une classe de 3e

“YOU SAID A COBRA?”

son ordinateur ; aucun indice – pa-role, mot, signe… – ne filtre "publique-ment", dans la salle de classe. De quoipeut-il bien être question, dans ce dia-logue muet? C’est Izaskun Tendero qui nous le dira plustard: «Nous venons de travailler sur lesfêtes de Noël, et nous avons repéré l’iti-néraire du défilé des rois mages, à Ma-drid – où nous avons par ailleurs le pro-jet d’aller en voyage scolaire. Belle occa-sion de s’intéresser au plan de la ville,d’acquérir le vocabulaire lié à l’orienta-tion et au déplacement en milieu urbain.Les uns écoutent un petit document au-dio "authentique" – c’est-à-dire parlé parun hispanophone dont c’est la langue na-

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«L’avantage de l’ordinateur portable,c’est qu’ils peuvent s’enregistrer une pre-mière fois, puis s’écouter et recommen-cer s’ils le souhaitent. – Un vrai petit labode langue ? – C’est tout à fait ça… et quioffre une certaine autonomie à chacun:les élèves en difficulté peuvent travail-ler à leur rythme, tandis que ceux quisont plus à l’aise passent à l’activité sui-vante sans attendre que tout le mondeait fini.» Visages tendus, regards fixes :la concentration est flagrante, et notreprésence dans la classe complètementoubliée. «Je suis sûr que chacun aura aumoins écouté la question, et réfléchi àune réponse, en s’aidant éventuelle-ment du document… Et comme je leurdemande de me rendre un fichier son,ils sont obligés de produire quelquechose. Alors que dans une situationplus classique, en dehors des quatre oucinq élèves qui sont vraiment dans le tra-vail, les autres sont souvent passifs. Cer-tains peuvent même passer une heuresans dire un seul mot. […] Aujourd’huimon objectif, au-delà de la compré-hension, c’est d’éclaircir un point gram-matical bien précis : l’emploi du prétérit.Quand nous ferons la correction, nousnoterons cette règle, avec un résumé dutexte. Ceux qui le souhaitent pourrontutiliser leur ordinateur, d’autres préfére-ront écrire sur leur cahier : c’est à eux dechoisir.»Driiing! La sonnerie interrompt le cours.Les élèves repartent avec la consigne determiner l’exercice à la maison. Carlos de

Oliveira, s’il se déclare en grande affinitéavec les outils numériques, n’est pas pourautant un inconditionnel du tout infor-matique : « J’apprécie cette diversitéd’outils qui est à ma disposition: cela mepermet de travailler sur plusieurs sup-ports, et de varier les activités. Avec cetteclasse, j’ai attendu le début du secondtrimestre avant de travailler avec les ou-tils informatiques: je souhaitais, dans unpremier temps, fonctionner en face àface avec mes élèves.»-----

Ce professeur d’allemand – qui enseigneau collège et au lycée – s’est vu confierun baladeur audio-vidéo iPod, en mêmetemps que ses élèves de lycée, dans le ca-dre d’une expérimentation financée parle Conseil régional d’Aquitaine1. Le lycéeSaint-Exupéry de Parentis est donc éta-blissement pilote pour cette action, encompagnie du lycée Les Graves, à Gradi-gnan, et du lycée Pape Clément, à Pessac.Depuis trois ans, Dominique Lafargue nese sépare plus de ce précieux assistant depoche, dont il nous vante les mérites, avecgourmandise: «Voyez comme c’est facileà utiliser… Et la qualité de l’écran: extra-ordinaire! En classe, je le branche sur latélévision, et je m’en sers à chacun de mescours!»Mais au-delà de l’aspect indiscutablementludique de l’objet, notre professeur est-il satisfait des possibilités de ce type dematériel? «Je me sers depuis fort long-temps des outils numériques. Je suis for-mateur pour l’utilisation de la vidéodans l’apprentissage des langues. J’ai aussibeaucoup pratiqué la visioconférence parinternet. Mais je ne suis pas trop favora-ble à une utilisation systématique de l’or-dinateur pendant le cours de langue,d’abord en raison des pertes de temps lorsde la mise en place, réduisant ainsi encore

plus le temps consacré à l’expressionorale. Écouter des fichiers son ou vidéo,s’enregistrer, travailler la compréhen-sion et l’expression écrite, cela, ils peuventle faire à la maison, avec un ordinateurou un iPod. L’avantage de l’iPod c’est qu’iloffre une grande souplesse d’utilisationet qu’ils peuvent travailler partout, auCDI, dans le bus, pendant les récréations,à la maison.»Mais concrètement, comment fait-onpour transférer les documents du profes-seur sur les baladeurs des élèves? «Je ré-cupère tous les iPods de la classe et je lesconnecte l’un après l’autre à mon ordi-nateur. Ça va très vite : deux minutes aumaximum pour chacun, soit 45 minutespour charger les iPods de toute uneclasse… Il y aurait aussi la possibilité detravailler avec Argos2, mais c’est compli-qué. J’ai essayé: le principe, c’est que lesélèves téléchargent les documents sur leserveur académique, soit depuis chez eux,soit au CDI, mais il y avait toujours desproblèmes…»1 http://aquitaine.fr/politiques-regionales/edu-cation-jeunesse/equipements-educatifs.html2 L’ENT-Argos est un portail web pédagogiquequi offre, à travers un bureau virtuel personnel,l’accès à un ensemble d’outils et de ressourcesnumériques. catice.ac-bordeaux.fr/fr/ent_argos.html

rencontre avec Dominique Lafargue, professeur d’allemand

BALADODIFFUSION

Mégane est élève en classe de 1re, au ly-cée Saint Exupéry, à Parentis. Nous luiavons demandé quels souvenirs ellegarde de ses années de collégienne«avec ordinateur portable».«Franchement, le jour où on nous a re-mis les ordinateurs portables, au collège,j’étais contente… Chez moi, il n’y en avaitpas encore, et comme j’ai un frère ju-meau, ça nous faisait, d’un coup, deux or-dinateurs à la maison; c’était bien! […]Mais par la suite, j’ai été un peu déçue:au collège, on ne s’en servait pas réguliè-rement, mis à part en cours de technolo-gie, et très rarement dans les autres ma-tières. Alors que moi, je croyais que l’or-dinateur allait remplacer les livres et lescahiers… Heureusement, j’en ai bienprofité à la maison: avec mon frère, onsavait à peu près faire les mêmes choses,mais quand l’un n’y arrivait pas, l’autre l’ai-dait. Je me souviens aussi de tous les lo-giciels qu’il y avait, Encarta, etc. C’est vrai-ment un point positif. […] Au lycée, je suisen section STG (science, techniques etgestion), et nous utilisons souvent l’in-formatique : je me rends compte que jesais déjà faire beaucoup de choses queje ne connaîtrais peut-être pas si jen’avais pas eu l’ordinateur portable aucollège. Maintenant, il y en a un à la mai-son, et je l’utilise assez souvent : quandje ne comprends pas bien une leçon, parexemple, je vais sur internet.»

Diane, Clélia, Marine et Julie sont éga-lement élèves en classe de 1re.» Quandelles étaient collégiennes, toutes lesquatre bénéficiaient déjà d’un accès àl’ordinateur familial, qu’elles considèrentvraiment comme un outil indispensablepour leurs études.«Je l’utilise très souvent, explique l’uned’elles: en français, par exemple, pour re-chercher une biographie, ou bien pourtrouver les renseignements qui me man-quent pour faire un dossier…»Pensent-elles qu’il faut continuer à prê-ter des ordinateurs aux collégiens ?«Oui! s’accordent-elles à répondre, dansune belle unanimité: c’est bien pour ceuxqui n’en ont pas chez eux. Et le faitd’avoir un ordinateur pour soi, au début,c’est très intéressant pour apprendre às’en servir.» Concernant l’utilisation del’ordinateur portable pendant les cours,le bilan qu’elles tirent de leur expérienceau collège est plus mitigé: «On l’appor-tait tous les jours, mais il restait souventtoute la journée dans le casier. Au début,nous pensions en avoir besoin danstoutes les matières, mais finalement, onne s’en est pas beaucoup servis! Nos pro-fesseurs nous disaient : "on n’utilise pasles ordinateurs, parce que le tempsqu’on les allume, qu’on se branche, etque tout le monde soit prêt, c’est vrai-ment trop long…" Pourtant, nous au-rions bien préféré travailler avec.»

SOUVENIRSDES ANNÉES COLLÈGE

Page 12: EnConnexion#14 - mars 2009

UN COLLÉGIEN,UN ORDINATEUR PORTABLE…Si l’on en croit le diagnostic de l’Agence Aqui-taine Europe Communication, les collèges lan-dais sont les plus informatisés de la région, avec3,2 élèves par ordinateur. C’est naturellementun des effets de l’opération “un collégien, unordinateur portable”, menée depuis 2001 parle Conseil général, qui conduit au prêt d’un or-dinateur à tous les collégiens de 3e et 4e et à tousles enseignants. En parallèle, le Conseil géné-ral a également câblé toutes les salles et déve-loppé les équipements collectifs des collèges (or-dinateurs fixes, vidéoprojecteurs, tableaux in-teractifs, etc.). Il s’est aussi attaché à la mise àdisposition des ressources éducatives (logiciels,ressources pédagogiques, manuels numériques,abonnements à des banques de vidéos France5et INA…), à nouer des partenariats avec les en-seignants et les instances académiques afin depromouvoir la formation et l’utilisation des ou-tils informatiques dans l’enseignement. Enfin,il assure le soutien technique dans les collègesen finançant l’embauche par les collèges de lamoitié des assistants d’éducation. Près de32000 élèves ont bénéficié de cette opérationdepuis septembre 2001.

EN CONNEXION #14une publicationdu Conseil général des Landes23, rue Victor Hugo40025 Mont-de-Marsan CedexTél. : 0558054113www.landes.orgwww.landesinteractives.netContact : [email protected]

Directeur de publication :le président du Conseil général

Rédacteur en chef :Pierre-Louis Ghavam

Design éditorial,reportages, enquête visuelle :presse papierMarie Bruneau, Bertrand Genier

Photographie de couverture :Vincent Monthiers

Relecture :Hélène Baron

Impression :BM / F-33610 ZI Canéjan

Dépôt légal : 1er trimestre 2009

Ce document est imprimédans une imprimerie Imprim’vertavec des encres végétalessur du papier Cyclus Print 100 % recycléà partir de fibres issues de la collecte sélective(invendus, déchets d’impression, etc.)et blanchi sans utilisation de chlore,lui-même biodégradable et recyclable.

lesite.tv fait partie des ressources péda-gogiques auxquelles le Conseil généraldes Landes a abonné tous les collègespublics du département.Entretien avec Anne Daroux, chargée desrelations institutionnelles et des collec-tivités territoriales à la direction des ac-tions éducatives de France 5 - groupeFrancetélévisions.Pouvez-vous nous expliquer ce qu’estexactement lesite.tv?Le 19 novembre 2003, France 5 a lancé,en collaboration avec le Scérén-CNDP3,le premier service public de vidéos édu-catives à la demande sur abonnement.Il s’agissait de créer un service innovantqui permette de soutenir l’introductiondes Tice (technologies de l’informationet de la communication dans l’enseigne-ment) dans les pratiques pédagogiques,et qui facilite l’appropriation des res-sources numériques éducatives par lesenseignants.Comment est né le projet?France 5 avait développé, quelques an-nées auparavant, un service similaire : laBPS. Il était un peu trop précurseur et né-cessitait des temps de téléchargementbeaucoup trop longs. Nous avons sou-haité réadapter ce service, l’enrichir dedocumentations pédagogiques et faci-liter son usage en simplifiant technique-ment l’accès depuis un simple ordinateurconnecté à internet. Le Scérén-CNDP s’estassocié à nos développements pourcréer lesite.tv en intervenant sur l’exper-tise et la validation pédagogique des res-sources proposées.Qu’y trouve-t-on? À qui s’adresse-t-il ?lesite.tv propose aux enseignants, ensei-gnants-documentalistes et élèves d’accé-der, à la demande, à plus de 2500 sé-quences vidéos à télécharger, indexéesaux points clés du programme scolairecouvrant 20 disciplines et réparties selontrois niveaux de scolarité. Depuis l’annéedernière, une offre couvrant les enseigne-ments technologiques et professionnelsest venue enrichir notre catalogue. Etcette année, c’est un espace dédié auxélèves sourds et mal-entendants, ouayant des handicaps cognitifs qui vientd’être mis en ligne (lesite.tv pour tous1).Quelles sont les disciplines enseignées aucollège les plus concernées?L’histoire, la géographie et les sciencesde la vie et de la Terre sont celles qui ap-pellent le plus de consultations vidéos àce jour. On sent néanmoins un besoinfort sur les langues vivantes et sur l’en-seignement technique et profession-nel; c’est la raison pour laquelle nous al-lons étoffer nos offres.Parlez-nous plus précisément de ces2500 vidéos disponibles sur lesite.tv, etdes accompagnements pédagogiquesque vous proposez…Les 2500 vidéos sont libérées de droitspour un usage en classe afin de permet-

tre aux enseignants de les téléchargersans souci juridique. Toutes ces vidéossont expertisées et validées pédagogi-quement par le Scérén-CNDP qui réaliseégalement les documents d’accompagne-ment pédagogique (au format .pdf) as-sociés à chaque vidéo. Nous proposonsaussi des suggestions pédagogiquesutiles à l’exploitation de ces vidéos,comme le module interactif d’éducationà l’image, en collaboration avec le Clemi(Centre de liaison de l’enseignement etdes médias d’information), la rubriquede mutualisation de fiches d’activités, desdossiers thématiques transdisciplinairessur l’eau, les énergies, etc.lesite.tv est-il en accès libre, ou bien faut-il s’abonner?lesite.tv est accessible sur abonnement,et exclusivement destiné aux établisse-ments scolaires, médiathèques ou centresde formation [mais certains extraits sontponctuellement en accès libre2]. Chaqueétablissement peut s’abonner directe-ment ou grâce à sa collectivité de ratta-chement lorsque celle-ci décide de s’en-gager dans le financement de ressourcesnumériques – ce qui est le cas pour lescollèges des Landes, avec le Conseil gé-néral. Bien entendu, certains rectorats ouinspections académiques s’engagentégalement dans cette politique.Concrètement, que doivent faire les en-seignants des Landes pour se connecterdepuis leur collège?À chaque rentrée scolaire, nous devonsvérifier l’identité des administrateursafin d’être certains que les codes d’accèsseront pleinement utilisés et transmis auxenseignants de l’établissement abonnéau cours de l’année. Ensuite, les ensei-gnants doivent solliciter leur administra-teur pour récupérer les codes d’accès, ous’inscrire en ligne depuis la page d’accueilpublic sous réserve de la validation decette demande par leur administrateurqui reçoit automatiquement un messaged’alerte. Ils ont alors la possibilité de secréer un accès personnalisé qui leurdonnera droit à des services spécifiques:historique des consultations, etc.Que pouvez-vous dire de l’utilisation delesite.tv dans les collèges landais?Depuis le début de leur abonnement, lescollèges landais enregistraient desconsommations plus élevées que lamoyenne nationale. Depuis quelquesmois, l’utilisation, toujours aussi mainte-nue, a cependant été rattrapée – voiredépassée – par une croissance plus rapideau niveau national.Sur les 34 collèges landais abonnés, seulun établissement n’a consommé au-cune vidéo depuis la rentrée scolaire. Lesmoyennes d’utilisation sont bonnes : 56actes de consultation de vidéos par col-lège depuis septembre 2008. En tout, cesont plus de 2000 vidéos visionnées endirect ou téléchargées depuis la rentrée.

En revanche, deux enseignants seule-ment, en moyenne, réalisent chaquemois les consommations de vidéos deleur établissement, contre trois à l’échellenationale: il y a semble-t-il moins de pro-fesseurs impliqués, même si nous consta-tons une progression du nombre d’uti-lisateurs au sein des collèges.Y a-t-il plus ou moins de connexions quedans les collèges des autres départe-ments?À l’échelle des établissements scolaires,80 % des collèges landais enregistrentchaque mois des consultations de vidéossoit 7 points de mieux que la moyennenationale. Le département des Landes,avec la Gironde et les Pyrénées -Atlan-tiques, fait partie des trois départe-ments moteurs en terme d’appropriationet de consommation des vidéos éduca-tives. Néanmoins, avec 150 enseignants,les Landes comptent aujourd’hui le plusd’enseignants utilisateurs au sein del’académie.Que diriez-vous pour inciter ceux qui neconnaissent pas lesite.tv à se servir de vosressources?Je pourrais indiquer aux enseignants quenotre site est la première ressource nu-

mérique de vidéos éducatives déployéedans les établissements scolaires enFrance et à l’étranger. Nous avons au-jourd’hui plus de 3900 établissementsabonnés. Toutes les semaines, lesite.tvs’enrichit de nouvelles vidéos. Lesite.tvpour tous, qui utilise une technologieunique au monde, lui confère une nou-velle dimension. En effet, un playerspécifique a été développé pour permet-tre de synchroniser des programmes etleurs traductions en LSF (langue dessignes française), en LPC (langue parléecomplété). Je pourrais également leurpréciser que le CRDP accompagnechaque établissement abonné dans desactions de formation. Enfin, et peut-êtrele plus important, nous suivons avec unegrande attention les usages, et les fichesd’activités témoignent souvent d’unvrai plaisir à introduire la vidéo dans lespratiques pédagogiques.-----1 http://pourtous.lesite.tv/presentation2.cfm2 www.lesite.tv3 Le Scérén est un réseau (CNDP, CRDP, CDDP)dédié à l'édition pédagogique tous supportspour les acteurs et les usagers du système édu-catif. (www.cndp.fr)

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Ressources éducatives

“LE SITE POINT TÉVÉ” DE FRANCE 5