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L’évolution psychiatrique 78 (2013) 501–514 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Ouvertures Enquête sur l’activité des psychologues et neuropsychologues en gériatrie dans la région Rhône-Alpes Activity of the psychologists and neuropsychologists in geriatrics in the Rhone-Alpes region Catherine Padovan a,,b,c , Hélène Dancer-Camarasa d , Jean-Michel Dorey e , Céline Borg f,g , Alain Sagne h , Chantal Viricel-Wasiak d , Bernard Laurent g , Catherine Thomas-Antérion g , Isabelle Rouch i a Psychologue, PhD, Consultation mémoire, pôle Est, centre hospitalier Le Vinatier, 95, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France b Inserm U1028, CNRS UMR5292, dynamique cérébrale et cognition, centre de recherche en neurosciences de Lyon, 69500 Bron, France c Psychologue, PhD, Cellule d’observation de la démence, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, France d Psychologue, Cellule d’observation de la démence, CM2R, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, France e Praticien hospitalier, pôle Est, centre hospitalier Le Vinatier, 95, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France f Psychologue, PhD, service de gériatrie, CM2R, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, France g Psychologue, PhD, service de neurologie, CM2R, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, France h Psychologue, PhD, université Lumière Lyon-2, institut de psychologie, 5, avenue Pierre-Mendès-France, 69676 Bron cedex 17, France i Praticien hospitalier, Cellule d’observation de la démence, CM2R, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, France Rec ¸u le 21 evrier 2011 Toute référence à cet article doit porter mention : Padovan C, Dancer-Camasar H, Dorey JM, Borg C, Sagne A, Viricel- Wasiak C, Laurent B, Thomas-Antérion C, Rouch I. Enquête sur l’activité des psychologues en gériatrie dans la région Rhône-Alpes. Evol psychiatr 2013; 78 (3): pages (pour la version papier) ou URL et date de consultation (pour la version électronique). Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Padovan). 0014-3855/$ see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2013.02.011

Enquête sur l’activité des psychologues et neuropsychologues en gériatrie dans la région Rhône-Alpes

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L’évolution psychiatrique 78 (2013) 501–514

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

Ouvertures

Enquête sur l’activité des psychologues etneuropsychologues en gériatrie dans la région

Rhône-Alpes

Activity of the psychologists and neuropsychologists in geriatrics in theRhone-Alpes region

Catherine Padovan a,∗,b,c, Hélène Dancer-Camarasa d,Jean-Michel Dorey e, Céline Borg f,g, Alain Sagne h,

Chantal Viricel-Wasiak d, Bernard Laurent g,Catherine Thomas-Antérion g, Isabelle Rouch i

a Psychologue, PhD, Consultation mémoire, pôle Est, centre hospitalier Le Vinatier,95, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France

b Inserm U1028, CNRS UMR5292, dynamique cérébrale et cognition,centre de recherche en neurosciences de Lyon, 69500 Bron, France

c Psychologue, PhD, Cellule d’observation de la démence, hôpital Nord,CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, France

d Psychologue, Cellule d’observation de la démence, CM2R, hôpital Nord,CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, France

e Praticien hospitalier, pôle Est, centre hospitalier Le Vinatier, 95, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, Francef Psychologue, PhD, service de gériatrie, CM2R, hôpital Nord,

CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, Franceg Psychologue, PhD, service de neurologie, CM2R, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne,

42055 Saint-Étienne cedex, Franceh Psychologue, PhD, université Lumière Lyon-2, institut de psychologie, 5, avenue Pierre-Mendès-France,

69676 Bron cedex 17, Francei Praticien hospitalier, Cellule d’observation de la démence, CM2R, hôpital Nord,

CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, France

Recu le 21 fevrier 2011

� Toute référence à cet article doit porter mention : Padovan C, Dancer-Camasar H, Dorey JM, Borg C, Sagne A, Viricel-Wasiak C, Laurent B, Thomas-Antérion C, Rouch I. Enquête sur l’activité des psychologues en gériatrie dans la régionRhône-Alpes. Evol psychiatr 2013; 78 (3): pages (pour la version papier) ou URL et date de consultation (pour la versionélectronique).

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (C. Padovan).

0014-3855/$ – see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2013.02.011

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Résumé

Introduction. – Avec l’augmentation de l’espérance de vie et le vieillissement de la population, les troublescognitifs pathologiques, au premier rang desquels se situe la maladie d’Alzheimer, sont en constante aug-mentation. Par ailleurs, les trois plans gouvernementaux en faveur de la lutte contre la maladie d’Alzheimeret des syndromes apparentés mis en œuvre depuis 2002 ont permis le développement et la structurationde structures tant dans le domaine sanitaire que médicosocial. De nombreux postes de psychologues etneuropsychologues ont ainsi été créés et à l’heure où la pluridisciplinarité paraît indispensable à une priseen charge optimale du patient, l’intervention du psychologue est devenue aujourd’hui incontournable et acontribué à faire évoluer les pratiques des psychologues.Objectifs. – L’objectif de cette enquête est de réaliser un état des lieux de la profession des psychologues dansles différentes filières de soins gériatriques. Une enquête descriptive a été réalisée auprès des psychologuesexercant en région Rhône-Alpes.Résultats et discussion. – Il apparaît que le type de postes dans les différents secteurs d’activité (sanitaire,médicosocial, libéral) varie selon la formation initiale et la nature de la prise en charge (psychothérapiqueou neuropsychologique). Le manque de temps accordé, d’une part, à la formation et à la recherche (tempsFIR) et à l’analyse de la pratique représentent les plaintes principales des psychologues. Une autre plainteconcerne la précarité administrative du statut des psychologues contractuels évoluant dans le secteur public.Enfin, les psychologues semblent satisfaits des relations avec les autres professionnels et se sentent reconnusdans leur profession.© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Enquête ; Psychologues ; Activité ; Prise en charge ; Gérontologie

Abstract

Aim. – The objective of this study was to investigate the role and the fields of activity of the psychologistspracticing in the different geriatric sectors in Rhone-Alpes region. A descriptive survey has been conducted.Results and discussion. – Results show that psychologist positions vary according to the initial educationand the nature of the care. Regarding the psychologist’s expectations, the shortening of time that shouldbe devoted to the professional education and research represents the main complain of the psychologists.Besides, another complain concerns the contract administrative precariousness of the psychologists workingin the public service without benefiting from the status of a state employee. Finally, concerning the relationswith the other professionals, they seem satisfied and feel recognized in their profession.© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Survey; Psychologist; Activity; Care; Geriatrics

1. Abréviations

ADELI répertoire recensant les professionnels, ici les psychologuesCDD contrat à durée déterminéeCDI contrat à durée indéterminéeDDASS direction départementale des affaires sanitaires et socialesEHPAD établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantesFIR formation, information, recherche : temps alloué aux psychologues exercant dans la

fonction publique, et consacré à la formation continue du psychologue ou des autresprofessionnels et/ou à la recherche

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HAS Haute Autorité de santé, organisme ayant pour mission d’élaborer des recommandationsconcernant le diagnostic et les prises en charge des pathologies.

JO journal OfficielT2A tarification à l’activité : rémunération des hôpitaux en fonction du nombre de patients,

basée sur les pathologies prises en charge et des actes réalisésM2 pro. master 2 professionnelDU diplôme universitaireCESS certificat d’études supérieures spécialisées

Avec le vieillissement de la population francaise et le développement des pathologies quis’y rapportent, l’offre de soins a été renforcée aussi bien dans le domaine sanitaire que médi-cosocial. Pour répondre à la demande de soins, de nombreux dispositifs se sont développés,conformément aux directives des différents plans Alzheimer (2002–2005 et 2008–2012) et à laCirculaire DHOS/02 no 2007-117 du 28 mars 2007 relative à la filière de soins gériatriques. Danscette perspective, de nombreux postes de psychologues cliniciens et de neuropsychologues ontété créés que ce soit en secteur médicosocial ou sanitaire. Cependant, selon les structures, leursdomaines d’action peuvent varier.

Dans le domaine médicosocial en général, et dans les EPHAD en particulier, les psychologuesœuvrent auprès des patients, des familles et du personnel soignant (arrêté du 26 avril 1999, JO du27 avril 1999 ; décret du 4 mai 2001, convention tripartite, Circulaire DGAS/DHOS/DSS/CNSAno 2006-447 du 17 octobre 2006). Les méthodologies cliniques utilisées sont multiples à savoir :

• entretiens individuels avec les patients (i.e. diagnostic des capacités psychiques et/ou cognitives,travail d’élaboration psychique, soutien psychologique) ;

• entretiens avec les familles, qui s’inscrivent davantage dans un projet d’accompagnement etsoutien psychologique des aidants proches avec psychothérapie familiale dans certains cas ;

• groupes de parole (i.e. patients, aidants ou soignants) ;• stimulation cognitive, réhabilitation cognitive. Le psychologue a également un rôle institution-

nel (activités en lien avec l’analyse de la pratique, actions de formation, accompagnement dupersonnel soignant).

Dans le domaine sanitaire, il faut distinguer les consultations mémoire des autres institutions.Dans les consultations mémoire, l’évaluation neuropsychologique reste l’activité prépondérantedes psychologues. Des groupes de parole destinés aux patients ou aux aidants peuvent être mis enplace mais ne représentent pas une grande part de l’activité. Enfin, selon les pratiques des services,les psychologues peuvent participer à des consultations d’annonce de diagnostic (recommanda-tions de l’HAS, 2009). Dans les autres institutions ou services de médecine, on peut retrouver lesmêmes types de prise en charge que dans le secteur médicosocial.

À notre connaissance, la littérature reste relativement pauvre quant à l’analyse de l’activitédes psychologues au sein du secteur gérontologique (i.e. secteur sanitaire, secteur médicosocial,secteur libéral). Les études réalisées, comme celle de Hughes et al. [1] exposent plutôt un inventairedes différentes pratiques cliniques possibles. Par ailleurs, d’autres études ont porté sur l’aspectméthodologique de la pratique clinique en psychologie de la santé [2,3] ou dans un domainespécifique, comme la psychologie de l’exercice [4] ou la remédiation cognitive [5]. L’ensemblede ces études concerne le patient adulte.

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L’objectif de notre étude est ainsi de réaliser un état des lieux de la profession des psychologuesdans les différentes filières de soins gériatriques en recueillant des informations sur :

• les caractéristiques des profils de postes (i.e. la formation des psychologues, les types de prisesen charge, les lieux d’exercice) ;

• l’implication des psychologues dans les activités d’enseignement et de recherche ;• l’adressage des patients ;• l’interaction avec les autres professionnels impliqués dans la prise en charge du patient.

L’étude a été réalisée auprès des psychologues cliniciens et des neuropsychologues exercantdans la région Rhône-Alpes.

2. Méthode

L’enquête s’est déroulée en deux temps.Un recensement des psychologues exercant dans la région Rhône-Alpes a d’abord été réa-

lisé à partir des fichiers ADELI fournis par les huit DDASS de la région Rhône-Alpes, desdifférentes structures gériatriques et des pages jaunes de l’annuaire pour les psychologues libé-raux. Ainsi, 2244 psychologues ont été recensés et contactés par téléphone pour connaître leurdomaine d’intervention. Parmi eux, 312 psychologues ont déclaré intervenir en gérontologie. Illeur a été ensuite adressé un questionnaire postal permettant de connaître les caractéristiques etle déroulement de leurs activités. Les informations recueillies concernaient :

• la formation universitaire et les formations complémentaires ;• les caractéristiques sociodémographiques, les conditions de travail et lieux d’exercice des

psychologues ;• l’adressage des patients (i.e. qui oriente le patient vers une consultation psychologique ou

neuropsychologique ?) et les relations avec les autres professionnels ;• la satisfaction et les attentes des psychologues.

3. Résultats

Parmi les 312 psychologues contactés, 190 ont retourné le questionnaire, le taux de participationest donc de 61 %.

3.1. Les caractéristiques sociodémographiques

La profession est en grande majorité féminine puisque 92 % des psychologues sont des femmes.Soixante-six pour cent ont entre 25 et 40 ans et 34 % ont plus de 40 ans. Enfin, plus de la moitiédes psychologues évoluant en gérontologie ont moins de cinq ans d’ancienneté dans ce domaine(i.e. 55 %).

3.2. La formation universitaire des psychologues exercant en gérontologie

La formation universitaire dispensant le titre de psychologue est le M2 pro. (Bac + 5 ans). Danscertains cas, il est possible d’obtenir le titre de psychologue via un parcours universitaire sous

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Fig. 1. Types de formations complémentaires validées par les psychologues exercant en gérontologie (%) (n = 190, avecn : nombre de psychologues).Types of complementary education of the psychologists practicing in geriatrics (%).

condition de réaliser un stage clinique professionnalisant de longue durée validé par un juryuniversitaire (i.e. décret no 2005-97 du 3 février 1985).

Les résultats de cette étude montrent que la formation des psychologues et neuropsycho-logues est répartie globalement sur trois spécialités : le M2 pro. de psychologie clinique (32 %), leM2 pro. de psychologie clinique orientation neuropsychologie (19 %) et le M2 pro. de gérontolo-gie/vieillissement (35 %). Pour les 14 % restants, le titre de psychologue a été obtenu soit par unstage professionnalisant soit par un autre le M2 pro. permettant d’accéder au titre de psychologue.

Parmi les psychologues exercant en gérontologie, 84 % ont obtenu le M2 pro. en forma-tion initiale. Pour les autres psychologues, 11 % ont initialement acquis un master 2 recherche.Cinq pour cent ont obtenu une thèse de doctorat ou ont débuté une thèse en psychologiecognitive/neuropsychologie, en gériatrie ou dans un autre domaine. Enfin, parmi les psycho-logues exercant en gérontologie, 66 % ont complété leur cursus par une ou plusieurs formationscomplémentaires.

Parmi les psychologues ayant suivi une formation complémentaire, 19 % ont préparé undiplôme complémentaire en gériatrie à savoir, soit un DU Vieillissement neuropsychologique(35 %), soit le CESS du vieillissement (29 %), soit un diplôme de gériatrie (35 %). La Fig. 1représente le type de formations complémentaires des psychologues exercant en gérontologie enRhône-Alpes (Fig. 1).

3.3. Les conditions d’exercice des psychologues

La moitié des psychologues exercant en gérontologie exercent dans deux ou trois structuresdifférentes (Fig. 2). Seul un tiers d’entre eux est attaché à un seul établissement (35 %).

En moyenne, les psychologues exercent leur profession pour 56 % en CDI, 25 % en CDD, 8 %ont un statut de titulaire de la fonction publique hospitalière, 3 % exercent en libéral, et 9 % ontd’autres types de contrat.

506 C. Padovan et al. / L’évolution psychiatrique 78 (2013) 501–514

Fig. 2. Nombre d’établissements fréquentés par les psychologues exercant en gérontologie (%) (n = 190, avec n : nombrede psychologues).Number of workplaces for psychologists practicing in geriatrics (%).

Les secteurs d’activités des psychologues se répartissent sur trois secteurs à savoir, le secteursanitaire (38 %), le secteur médicosocial (32 %) et le secteur libéral (30 %).

Pour le secteur sanitaire (Fig. 3), les différents postes de psychologues semblent répartis defacon homogène sur les différentes structures gériatriques. En revanche, le secteur gérontopsy-chiatrique représente seulement 5 % de l’activité des psychologues.

Quant au secteur médicosocial (n = 131, avec n : nombre de postes), les psychologues exercenten EPHAD et maison de retraite (55 %), en accueil de jour (18 %), dans une association (22 %)ou dans les réseaux de santé (5 %).

Enfin, pour le secteur libéral (Fig. 4), l’activité prépondérante des psychologues reste la priseen charge psychothérapique : activité de psychothérapie auprès des patients (43 %) et activité desoutien aux familles (26 %).

Parmi les psychologues exercant en gérontologie, 20 % assurent une prise en charge neuropsy-chologique, 45 % une prise en charge psychothérapique des patients, 19 % une prise en charge

Fig. 3. Lieux d’exercice des psychologues dans le secteur sanitaire (%) (n = 157 avec n : nombre de postes).Psychologist’s workplaces in the sanitary sector (%).

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Fig. 4. Activité clinique des psychologues exercant en gérontologie dans le secteur libéral (%) (n = 120 avec n : nombrede consultations).Psychologist’s activity in the liberal sector (%).

des aidants et 11 % une prise en charge de l’équipe soignante. Les Tableaux 1–3 représentent lapart relative des différentes prises en charge selon le secteur et le type d’interventions.

3.4. Les prises en charge des patients

L’intervention des psychologues s’élève à 38 % dans le secteur sanitaire et à 32 % dans lesecteur médicosocial (Tableau 1). Le secteur libéral représente 30 % des prises en charge. Plus

Tableau 1Répartition des différents types de prise en charge neuropsychologique et psychothérapique des patients selon le secteurd’activité (%).Distribution of neuropsychological and clinical patients care across geriatric sectors (%).

Secteursanitaire

Secteurmédicosocial

Secteurlibéral

Autrestructure

Prise en charge neuropsychologique (%)n = 215

Bilan neuropsychologique 70 18 10 3Réhabilitation cognitive 50 46 0 4Stimulation cognitive 32 61 0 7Toutes activités neuropsychologiques confonduesa 55 35 6 4

Prise en charge psychologie clinique (patients) (%)n = 496

Entretien d’entrée en institution 23 65 2 10Suivi psychologique individuel 40 51 2 6Suivi psychologique de groupe 40 58 0 2Suivi de fin de vie 42 49 3 6Toutes activités de psychologie clinique confonduesb 38 54 2 6

n : nombre de prises en charge.a Répartition de l’ensemble des activités de neuropsychologie selon le secteur.b Répartition de l’ensemble des activités de psychologie clinique selon le secteur.

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Tableau 2Répartition des différents types de prise en charge des aidants selon le secteur d’activité (%).Distribution of the care of family’s carers across geriatric sectors (%).

Prise en charge aidants (%)

n = 209 Secteursanitaire

Secteurmédicoso-cial

Secteurlibéral

Autrestructure

Suivi individuel des familles 36 56 4 5

Suivi de groupes de familles 20 73 7 0

Répartition de l’ensemble des suivis des familles 33 59 4 4

n : nombre de prises en charge.

précisément, le type de prises en charge, neuropsychologique versus psychothérapique, varieselon le secteur de santé (sanitaire versus médicosocial).

En effet, l’évaluation neuropsychologique représente 70 % des prises en charge dans le secteursanitaire, alors qu’elle en représente 18 % dans le secteur médicosocial. Ces deux secteurs sedifférencient aussi au niveau de la stimulation cognitive avec une implication plus forte du secteurmédicosocial (61 %) que du secteur sanitaire (32 %). Enfin, les deux secteurs d’activité sontéquivalents pour les prises en charge de type réhabilitation cognitive, avec 50 % des prises encharge pour le secteur sanitaire et 46 % pour le secteur médicosocial.

Concernant les prises en charge à visée psychothérapique, la tendance inverse est observée avecune implication plus forte du secteur médicosocial. En effet, les entretiens d’entrée en institutionreprésentent 64 % de l’activité (contre 23 % pour le secteur sanitaire) ; les suivis psychologiquesindividuel et de groupe représentent respectivement 51 % et 58 % des prises en charge (contre40 % pour le secteur sanitaire tant pour l’individuel que le groupal). Enfin, un temps assez similaireest consacré pour les suivis de fin de vie dans les deux secteurs (49 % pour le secteur médicosocialet 42 % pour le secteur sanitaire).

3.5. Les prises en charge des aidants

La prise en charge des aidants est davantage exercée en secteur médicosocial qu’en secteurssanitaire et libéral (Tableau 2).

Tableau 3Répartition des différents types de prise en charge des soignants selon le secteur d’activité (%).Distribution of caregiver care across geriatric sectors (%).

Prise en charge soignants (%)

n = 25 Secteur sanitaire Secteur médicosocial Secteur libéral Autre structure

Analyse de la pratique 17 78 2 3

Groupe de parole avec lepersonnel

24 68 3 5

Répartition de l’ensemble desprises en charge dessoignants

20 73 2 4

n : nombre de prises en charge.

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Tableau 4Répartition des différents types d’exercice en fonction de la formation initiale (%).Distribution of fields of activity of the psychologists across geriatric sectors (%).

Formation initiale Secteurs d’activité (%)

n = 181 Secteur sanitaire Secteur médicosocial Secteur libéral

M2 pro. orientation psychologie clinique 30 21 49

M2 pro. orientation neuropsychologie 60 23 17

M2 pro. orientation gérontologie 21 49 30

Autre M2 pro. 8 32 60

n : nombre de psychologues ; M2 pro. : master 2 professionnel.

3.6. Les prises en charge des soignants

De même, la prise en charge des professionnels de santé est davantage réalisée en secteurmédicosocial (Tableau 3).

3.7. Les activités institutionnelles selon les secteurs d’activité

Quarante et un pour cent des psychologues participent à des activités institutionnelles dans lesecteur sanitaire, contre 52 % dans le secteur médicosocial et 4 % dans le secteur libéral.

3.8. Les activités d’enseignement et de recherche

Enfin, 12 % des psychologues ont une activité de recherche et 43 % ont une activitéd’enseignement.

Ainsi, le type de prise en charge varie selon le secteur d’activité.

3.9. Le profil des psychologues en termes de formation initiale selon le secteur d’activité

En moyenne, les psychologues titulaires d’un M2 pro. de psychologie clinique exercent pour49 % de leur temps en secteur libéral, 30 % en secteur sanitaire et 21 % en secteur médicosocial(Tableau 4).

Les psychologues formés en neuropsychologie (i.e. M2 pro. orientation neuropsychologique)consacrent en moyenne 60 % de leur temps au secteur sanitaire, 23 % d’entre eux exercent dansle secteur médicosocial et 17 % dans le secteur libéral.

Les psychologues titulaires d’un M2 pro. de gérontologie consacrent en moyenne 49 % ausecteur médicosocial, 30 % au secteur libéral et 21 % au secteur sanitaire.

Les psychologues titulaires d’un autre M2 pro. exercent pour 60 % de leur temps dans le secteurlibéral, 32 % dans le secteur médicosocial et 8 % dans le secteur sanitaire.

Ainsi, les trois secteurs d’activité attirent des profils de psychologues différents en termesde formation initiale. Plus spécifiquement, le secteur libéral semble plus fortement investi parles psychologues détenteurs d’un M2 pro. de psychologie clinique, le secteur sanitaire, par lespsychologues formés à la neuropsychologie (M2 pro. de type neuropsychologie), et le secteurmédicosocial par les psychologues formés en gérontologie (M2 pro. de type gérontologique).

510 C. Padovan et al. / L’évolution psychiatrique 78 (2013) 501–514

Enfin, les psychologues présentant une formation complémentaire de recherche (i.e. diplômede recherche) sont présents à hauteur de 48 % dans le secteur libéral, de 37 % dans le secteursanitaire et 18 % dans le secteur médicosocial.

Qu’en est-il à présent de la filière de soins à savoir, l’adressage des patients, les relations avecles autres professionnels et le positionnement des psychologues sur les conditions de travail et lesperspectives d’évolution ?

3.10. L’adressage des patients et les relations avec les autres professionnels

Globalement, les professionnels adressant le plus fréquemment les patients aux psychologueset aux neuropsychologues sont les médecins de la structure (31 %), l’équipe soignante (29 %), lemédecin traitant (15 %), le patient lui-même (10 %), la famille (8 %) et d’autres professionnelsen lien avec le patient (7 %).

L’adressage des patients semble varier en fonction de la nature de l’activité, psychothérapiqueou neuropsychologique. En effet, dans le cas d’un profil de poste axé sur la prise en chargepsychothérapique du patient, le psychologue est lui-même dans 45 % des cas à l’initiative de laprise en charge, ce qui est moins le cas dans les prises en charge des fonctions cognitives.

Ainsi, l’adressage des patients s’organise autour de trois acteurs :

• les médecins (médecin de la structure ou médecin généraliste) et l’équipe soignante ;• le psychologue lui-même et ce, essentiellement pour les psychologues cliniciens ;• le patient et la famille dans une moindre mesure.

Les interactions avec les autres professionnels sont nombreuses : le premier interlocuteur dupsychologue reste le médecin de la structure dans laquelle il travaille (24 %). L’équipe soignante(22 %), le médecin traitant (16 %) et le médecin psychiatre du patient (16 %) sont également desinterlocuteurs privilégiés. Enfin, les contacts avec le réseau de prise en charge sont égalementfréquents (consultation mémoire, 11 % – hôpitaux de jour, 7 % – accueils de jour, 5 %).

3.11. Le positionnement des psychologues sur les conditions de travail et perspectivesd’évolution

Plus de la moitié d’entre eux sont globalement satisfaits de leur activité professionnelle et sesentent reconnus dans leur profession. En effet, sur une échelle allant de 0 à 10, où 0 correspondà la réponse « totalement en désaccord » et 10 à la réponse « tout à fait d’accord », la médiane sesitue à 7 sur 10.

Concernant les besoins et les attentes des psychologues, il semblerait que le temps FIR (Cir-culaire DH/FH3/92 no 23 du 23 juin 1992) ne soit pas suffisamment accordé ; ce motif représente30 % de leurs plaintes. Vingt et un pour cent des psychologues souhaiteraient accéder davantageà la formation continue. Enfin, 24 % d’entre eux souhaiteraient développer ou accroître le tempsd’analyse de la pratique.

4. Discussion

Cette étude a permis de mieux connaître le rôle et les domaines d’activité des psychologuesexercant en gérontologie dans la région Rhône-Alpes. Selon les directives du plan Alzheimer2008–2012 et les recommandations de l’HAS (2009), la prise en charge du patient vieillissant

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présentant ou non un syndrome démentiel passe par une exploration pluridisciplinaire indispen-sable à la démarche diagnostique. Dans cette perspective, les questions relatives à l’intricationdes modifications psychologiques (et/ou psychiatriques) et des troubles cognitifs et au rôle dupsychologue dans la prise en charge se posent inévitablement. Ainsi, tout l’enjeu de la prise encharge psychologique et neuropsychologique est double : d’une part, d’apporter des argumentscomplémentaires pour tenter de dissocier les aspects organiques des aspects psychologiques dela symptomatologie du patient et, d’autre part, d’adapter les prises en charge psychologique etneuropsychologique à la symptomatologie clinique [6]. Ainsi, peuvent coexister chez un mêmepatient, des troubles mnésiques liés à des lésions neurodégénératives, et une symptomatologiedépressive.

L’exercice de la profession de psychologue exige d’acquérir le titre de psychologue sanctionnépar un diplôme de niveau II à savoir, le M2 pro. La moitié des psychologues et neuropsychologuesont acquis un M2 pro. en formation initiale en lien avec l’étude du vieillissement normal et patho-logique (soit via le M2 pro. psychologie clinique, soit via le M2 pro. de gérontologie). Les troisquarts des psychologues ont par ailleurs complété leur cursus par un diplôme complémentaire.Les formations en psychologie clinique d’inspiration psychanalytique ou cognitive sont les plusfréquentes, viennent ensuite les formations en gérontologie avec le DU vieillissement neuropsy-chologique, le CESS du vieillissement ou le diplôme de gérontologie. Enfin, les formations auxtechniques de prise en charge annexes, comme la sophrologie et ou l’hypnose, sont bien présentes,mais dans une moindre proportion.

Il existe une discussion sur la terminologie et le statut des psychologues formés en neu-ropsychologie. En effet, faut-il parler de psychologues spécialisés en neuropsychologie ou depsychologues-neuropsychologues ? Il n’y a pas de consensus sur le sujet, la terminologie adoptéesemble dépendre de la formation et de l’activité du psychologue au sein de la structure.

Concernant les conditions d’exercice des psychologues, ils sont amenés à exercer leurs fonc-tions sur plusieurs établissements. En effet, le cas de figure le plus fréquent est un partage dutemps de travail entre deux ou trois établissements différents, ce qui peut expliquer le manquede temps ressenti par un quart des psychologues. À ce contexte de postes à temps partiels vients’ajouter la notion de rentabilité avec le passage à la T2A.

Plus de la moitié des psychologues ont un CDI et un tiers ont un CDD. Cependant, les psycho-logues titulaires de leur poste au sein de la fonction publique restent minoritaires. On retient unsentiment de précarité administrative pour les psychologues contractuels de la fonction publique (ycompris pour les contrats de type CDI). En effet, il s’agit souvent de contrats de travail qui relèventdu droit privé avec des salaires qui ne suivent pas forcément la grille indiciaire d’évolution des psy-chologues statutaires et des conditions salariales moins avantageuses que celles des psychologuesstatutaires.

L’ensemble de ces contraintes (i.e. manque de temps ressenti et contraintes administratives)semble constituer une source de stress pour le psychologue [7] et pour le patient. Pour le patient,l’instauration d’un cadre clinique rassurant représente un temps important de l’entretien, ce tempspouvant varier selon la symptomatologie clinique [8]. Néanmoins, les psychologues sont globa-lement satisfaits de leur activité et se sentent reconnus dans leur profession par les médecins avecqui ils sont en interaction directe.

Les besoins et les attentes des psychologues sont doubles. Face à la demande croissante deséquipes, les psychologues souhaiteraient augmenter le temps accordé à la prise en charge deséquipes (i.e. analyse de la pratique) et à la transmission des informations concernant le patient.Par ailleurs, le temps FIR (correspondant à un quart du temps de travail effectif) ne semble passuffisamment accordé. Or avec l’évolution des pratiques et les objectifs fixés par le plan Alzheimer,

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la mise à jour des connaissances semble essentielle pour mieux appréhender l’interaction entreles sphères psychoaffectives et cognitives ainsi que les prises en charge des aidants. La doubleformation, clinique et recherche, reste à l’heure actuelle peu fréquente et la recherche est peuinvestie par les psychologues, notamment par manque de formation et/ou par une méconnaissancedu temps FIR par la hiérarchie.

La représentation des psychologues tend à être équivalente dans les différents secteurs (sani-taire et médicosocial). En revanche, la nature de la prise en charge est différente : l’évaluationneuropsychologique est prépondérante dans le secteur sanitaire, à l’inverse du secteur médicoso-cial.

Ces deux secteurs, sanitaire et médicosocial, se différencient aussi au niveau de la stimulationcognitive avec une plus forte implication du secteur médicosocial. En revanche, la réhabilita-tion cognitive est pratiquée de manière équivalente dans les deux secteurs d’activité. Ce résultats’explique par le rôle différent de ces structures dans la prise en charge des patients.

En effet, d’un point de vue clinicopratique, la stimulation cognitive et la réhabilitation cognitiverenvoient à des objectifs différents (pour une description de ces deux types prises en charge,voir les travaux de Jocelyne de Rotrou, [6,9]). La stimulation cognitive est axée sur une priseen charge globale s’inscrivant dans une approche pédagogique du patient visant à optimiserson fonctionnement cognitif, psychologique et social. L’objectif de cette approche pédagogiqueglobale est double : d’une part, faire acquérir au patient des stratégies cognitives susceptiblesd’améliorer son fonctionnement cognitif et d’autre part, intervenir sur les facteurs psychologiqueset sociaux qui influencent la cognition (comme par exemple, la motivation, la mise en confiance,ou l’équilibre psychoaffectif). Quant à la réhabilitation cognitive, elle consiste en des prisesen charge de rééducation et de réhabilitation cognitive qui exploitent les capacités restantes dupatient, l’objectif étant de prolonger le maintien à domicile en retardant la perte d’autonomie vial’élaboration de stratégies de compensation. Enfin, si la stimulation cognitive peut être proposéeà un large panel de patients, la réhabilitation cognitive s’adresserait plutôt à des patients en débutde démence (stade léger à modéré).

Concernant les prises en charge à visée psychothérapique, la tendance inverse est observéeavec une implication bien plus forte du secteur médicosocial. Enfin, les deux secteurs consacrentun temps assez similaire pour les suivis de fin de vie.

L’interaction observée entre le type de prises en charge et le type de secteurs (sanitaire versusmédicosocial) va dans le sens d’un rôle bien différent de ces deux secteurs dans la filière de soinsdes personnes âgées.

D’un point de vue organisationnel, cette interaction entre ces deux types de prises en chargeavec le type de secteur met l’accent sur l’importance du rôle de relai du secteur sanitaire versle secteur médicosocial, avec l’élaboration d’évaluations pluridisciplinaires dont l’explorationneuropsychologique, indispensable pour la mise en place de protocoles de stimulation cognitiveet de réhabilitation cognitive.

D’un point de vue législatif, le plan Alzheimer insiste sur la nécessité de construire desprogrammes de rééducation cognitive et comportementale permettant d’améliorer l’adaptationdu patient aux actes de la vie quotidienne et la communication avec les aidants principaux.Les résultats de cette enquête montrent que la stimulation cognitive et la réhabilitation cogni-tive représentent une activité non négligeable au sein des deux secteurs. En effet, ces prises encharge constituent une part importante de l’activité et impliquent une évaluation neuropsycho-logique en amont. Par ailleurs, ces prises en charge nécessitent une connaissance approfondiedu fonctionnement émotionnel, social et cognitif du patient. Le prérequis indispensable à cestypes de prise en charge est une connaissance approfondie du fonctionnement psychologique et

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neuropsychologique de l’individu. Cette connaissance est transmise tout au long de la formationuniversitaire des psychologues et enrichie continuellement par la pratique clinique. Ainsi, il estsurprenant que le plan Alzheimer ne fasse pas référence aux neuropsychologues pour ce type deprise en charge.

Enfin, en ce qui concerne les prises en charge des aidants (i.e. prises en charge axées surl’éducation des aidants et sur l’accompagnement psychoaffectif [10,11]) et des soignants (i.e. ana-lyse de la pratique et groupes de parole), le secteur médicosocial prévoit un temps d’interventiondes psychologues bien plus important que le secteur sanitaire. Ce constat confirme le rôle spéci-fique du secteur médicosocial dans l’accompagnement des patients vieillissants, des proches etde l’équipe soignante.

Autant il est légitime que le secteur médicosocial ait un rôle prépondérant dansl’accompagnement et dans la prise en charge des aidants et des soignants, autant il peut paraîtresurprenant que le temps alloué à l’analyse de la pratique (prise en charge des soignants) ne soit paséquivalent dans les deux secteurs. Notre étude montre en effet que les psychologues souhaiteraientque davantage de temps soit accordé à l’analyse de la pratique.

Pour terminer avec les caractéristiques des psychologues exercant en gérontologie, la répar-tition de leur activité dans les différents secteurs tend à varier selon la formation universitaireinitiale. En effet, il semble que le secteur libéral soit plus fortement investi par les psychologuesdétenteurs d’un M2 pro. de psychologie clinique, le secteur sanitaire, par les psychologues for-més à la neuropsychologie (M2 pro. de type neuropsychologie), et le secteur médicosocial, par lespsychologues formés en gérontologie (M2 pro. de type gérontologique). Ce constat est cohérentavec le profil des prises en charge objectivé dans cette enquête dans les différentes filières de soin(i.e. sanitaire, médicosocial, libéral).

Pour ce qui est de la filière de soins et des relations avec les partenaires de soins, les interactionsles plus fréquentes ont lieu avec le médecin de la structure, que ce soit pour l’indication d’uneprise en charge ou pour la transmission des comptes rendus.

Nous terminerons avec l’exercice des psychologues libéraux. Il apparaît à l’issue de cetteétude qu’ils sont surtout centrés sur le patient avec une prépondérance de prises en charge psy-chothérapiques. L’activité neuropsychologique, minoritaire, est essentiellement représentée pardes évaluations diagnostiques. Enfin, concernant la prise en charge des aidants, l’activité la plusfréquente en libéral reste le groupe de parole. Face à la demande croissante du corps médical etdes familles, le développement d’ateliers axé sur les programmes d’éducation des aidants pourraitconstituer une évolution dans l’activité des psychologues libéraux.

Pour conclure, cette étude a permis de mieux connaître les caractéristiques et le déroulementde l’activité des psychologues dans le secteur gérontologique. La prise en charge psychothéra-pique et neuropsychologique d’un patient s’inscrit bien dans une approche pluridisciplinaire oùl’interaction avec les autres professionnels de santé est bien présente dans les secteurs sanitaireet médicosocial. Enfin les interactions semblent moins nombreuses entre ces deux secteurs et lesecteur libéral. Ainsi, il semblerait qu’un dispositif permettant d’accroître les interactions entreles professionnels libéraux et les structures de soin pourrait permettre d’augmenter le nombre deprises en charge des patients et des aidants. La circulaire no DHOS/02/03/UNCAM/2007/197 DU15 MAI 2007 prévoit la mise en place de réseaux de soins dont l’objectif est de coordonner lesdifférents intervenants sanitaires, médicosociaux et libéraux pour optimiser le maintien à domicileet l’accès au soin, quel qu’il soit. Il serait intéressant de réaliser un état des lieux de l’implantationde ces réseaux en Rhône-Alpes, leur modalité de fonctionnement, le profil des patients concernés,ainsi que la nature des interactions entre les différents professionnels impliqués dans la prise encharge des patients.

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Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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