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2009-2010 ANALYSE ECONOMIQUE ET HISTORIQUE DES SOCIETES CONTEMPORAINES CPGE ECE 1

ENTREPRISES, STRUCTURES ECONOMIQUES ET ...jeromevillion.free.fr/.../Chapitre_Entreprises_CZ.docx · Web viewLa prise en compte des couts fixes permet de différencier le seuil de

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2009-2010

ANALYSE ECONOMIQUE ET HISTORIQUE DES SOCIETES

CONTEMPORAINES

C P G E E C E 1

Page

I) L’ENTREPRISE DANS LA THEORIE ECONOMIQUE

On peut appréhender l’entreprise de manière très traditionnelle, c'est-à-dire l’entreprise comme lieu où se combinent de manière optimale des facteurs de production. Cette combinaison repose sur une hypothèse de rationalité de l’entreprise. Cette rationalité va se traduire par un programme simultané de minimisation des coûts et maximisation des profits. Deux questions se posent : quels facteurs de production va-t-elle utiliser ? Quelle est la quantité à produire pour maximiser son profit ?

On peut appréhender cette approche traditionnelle de différentes manières selon l’environnement concurrentiel, mais le principe reste toujours le même : l’entreprise est rationnelle au sens de la théorie standard, elle cherche toujours à maximiser son profit ; même si la façon d’appréhender le comportement de l’entreprise permet de comprendre bon nombre de phénomènes. Néanmoins, une des limites est que l’entreprise n’existe pas en tant qu’organisation, institution puisque c’est ce que certains appellent « la firme point »ou « la boite noire » tels que Coriat & Wenstein (2009) : l’entreprise n’est pas un lieu où des salariés sont soumis à l’autorité de l’entrepreneur. Ce n’est ni une institution sociale, ni même une institution tout court ou une organisation. La firme est le lieu où sont combinés les facteurs de productions. Les inputs rentrent et donnent immédiatement un output (= quantité produite). On ne sait pas ce qui se passe dans cette boite, on sait juste qu’il en ressort une production. D’autres analyses vont essayer de lever ce paradoxe dans la théorie néo-classique standard, c'est-à-dire qu’ils vont essayer de comprendre pourquoi l’entreprise dans la réalité existe et n’est pas telle qu’elle est représentée dans la théorie néo-classique, et comment fonctionne cette organisation.

1) Le choix du producteur en concurrence parfaite.

L’information est parfaite, les prix sont connus. Toutes les contraintes techniques sont données puisqu’elles sont résumées par la fonction de production. Dans un tel contexte, on comprend pourquoi le comportement de l’entreprise va pouvoir être résumé de manière très simple, puisqu’on a toutes les données qui permettent au producteur de maximiser son profit.

a) Fonctions de production et productivité

La fonction de production nous donne la quantité maximale qui peut être produite en utilisant certaines quantités de facteurs de production. y= f (K ,L ). L’entreprise sait déjà quelle quantité elle va produire lorsqu’elle dispose d’une certaine quantité de travail, de capital. On suppose aussi que la fonction de production reflète l’exploitation des technologies des entreprises à l’instantt . Selon les caractéristiques de la fonction de production, on va pouvoir décrire la liberté plus ou moins importante dont dispose l’entreprise dans la combinaison des facteurs de production.

b) Isoquantes et taux marginale de substitution technique (TMST)

y=f (K , L)

y=AK α Lβ α>0 β>0

y=Min( Ka, Lb)

GRAPHIQUE 1 (cf. Stéphane)

Page

TMST K àL=(−ΔKΔL

)

K

CTr

K’

K Y0

∆ L=−1 L

CTw

c) Choix de la combinaison productive et demande de facteurs de production : la minimisation du coût

Le producteur doit résoudre 2 questions : comment produire (question de combinaison des facteurs de production) et quelle quantité produire (la quantité qu’il va produire et offrir sur le marché). Dans la réalité, le producteur résout ces 2 problèmes simultanément.

Ici, on s’intéresse à la question « comment produire ? ».

Hypothèse : le producteur a déjà choisi la quantité qu’il va produire, et ne se pose qu’une seule question : va-t-il utiliser beaucoup de travail et peu de capital ou au contraire utiliser une technique de production plus capitalistique ?

La combinaison optimale des facteurs de production est celle qui minimise le cout de production.

MinK , LCT=r . K+w . L

r=prix unitaire ducapital

K=quantité de capital utilisé

Y 0=f (K ; L) (2)

On est en concurrence parfaite sur tous les marchés, le prix du travail et du capital sont des données qui s’imposent au producteur.

On montre qu’à l’optimum : TMST K àL=wr (1)

(1) et (2) ⇒ K*,L*

∆r=0

Effet de substitution = ↗K↘ L

Page

↗w ↘ L ,∆ K?

Effet cout ↘K↘ L

Si on lève l’hypothèse selon laquelle la quantité produite est fixée au départ, c'est-à-dire si Y 0 devient une variable, on a :

(1) et (2) ⇒ K ( y ,w , r )

L( y ,w , r )

r

Ode K (¿ S)

K (Y ,w , r )

Dde K (¿ I )

K

r

Ode L

L( y ,w , r )

Dde L

K

d) Les fonctions de coût

Désormais, on suppose que le cout découle d’un choix optimal des facteurs de production.

Coût total, coût marginal et coût moyen

CT ( y )=r . K ( y )+w . L( y )

CM ( y )=CT ( y)y

Cm ( y )= ΔCT ( y)Δ y

=C T ' ( y )

Page

CT ( y )=CF+CV ( y )

CF=CT (0)

CFM ( y )=CFy

CVM ( y )=CV ( y)y

Jusqu'à Yo, les firmes profitent d’économies d’échelles. GRAPHIQUE 4

Cm( y)

CM ( y)

y

Y 0

La courbe marginale coupe la courbe moyenne en son minimum

CM ' ( y )<0⇔Cm ( y )<CM ( y )

CM ' ( y )=0⇔Cm ( y )=CM ( y )

CM ' ( y )>0⇔Cm ( y )>CM ( y )

Si CT(0) = 0, cela signifie qu’il n’y a pas de couts fixes.

CFM ( y ) →y→+∞

0⇒CVM ( y ) →y→+∞

CM ( y)

Coûts à court terme, coûts à long terme et économies d’échelle

Page

COURT TERME LONG TERMEAu niveau de la firme CF Pas de CFAu niveau du marché ∃des barrières à l’entrée Libre entrée-sortie

e) Maximisation du profit et fonction d’offre

La maximisation du profit

Quelle quantité produire ?

On connait le cout total CT ( y )ainsi que le prixP.

Il ne reste plus qu’a choisir la quantité produite qui maximise le profit

Max π ( y )=RT ( y )−CT ( y )=( p−CM ( y ) ) . y

Avec ( p−CM ( y ) )=marge unitaire ou profit unitaire

Condition nécessaire : π ' ( y )=0⇔p.Cm ( y¿)=0⇔ p=Cm ( y¿)

Condition suffisante : −Cm' ( y )<0⇔Cm' ( y )>0

p>Cm ( y )⇒¿

p<Cm ( y )⇒¿

p=Cm ( y )⇒∆ y=+1⇒↗π et ∆ y=−1⇒↘ π

Représentation graphique de l’optimum : CF GRAPHIQUE 5

π ( y )=RT ( y )−CT ( y )= (p−CM ( y ) ) . y

Page

GRAPHIQUE 6 π ( y )=( p−CM ( y ) ) . y

Seuil de rentabilité : p>minimum ducout moyen

La prise en compte des couts fixes (à court terme)

S’il n’y a pas de cout fixe, le seuil de fermeture est confondu avec le seuil de rentabilité

La prise en compte des couts fixes permet de différencier le seuil de rentabilité et le seuil de fermeture. On ferme son entreprise que quand celle-ci ne peut plus couvrir la totalité de ses couts variables. La raison tient au fait que s’il y a des couts fixes, quand on ferme boutique, de toute façon on subit les couts fixes. Quand on n’arrive pas à couvrir les couts variables, cela signifie que quand on produit, on risque de faire des pertes qui sont plus importantes que celles qu’on va faire quand on produit 0.

Seuil de fermeture : p>minimum ducout variablemoyen

P1 = seuil de rentabilité ⇔ minimum du cout moyen

P0 = seuil de fermeture ⇔minimum du cout variable moyen

P y¿ πP≥P1 P=Cm ( y¿) π ≥0

P1>P≥ P0 P=Cm ( y¿) π<0p<P0 Y*=0 π=CF

Cm(y)

CM(y)

CVM(y)

P1

P0

Y(p)

P(y)

Page

Y ( p) tqCm( y)=p si P≥P0

Y ( p)=0 , ∀ psi p<P0

y

y ( p)

P0 p

Exemple :

CT ( y )= y3

6−32y ²+10 y

1¿CM ( y )= y ²6

−32y+10

2)Cm ( y )=3 y2

6−3 y+10

3) Seuil de fermeture ?

CM ( y1 )=Cm( y1)

Ou CM ' ( y1)=0

⇔ 13y1−

32=0

⇔ y1=92⇒P1=CM ( 92 )=8124−27

4+10=81−162+240

24 = 6,6

4) p=10⇒ y¿=?

On sait que π est max lorsque :

Cm ( y¿ )=10

Page

⇔ y2

2−3 y=0

⇔ y (12 y−3)=0⇔ y=0ou y=6

5) Donner l’équation de la fonction d’offre du producteur

On sait que :

si p>6,62alors y¿est tel que p=Cm¿

si p<6,62alors y¿=0

p=Cm ( y )⇔ 12y2−3 y+10=p

⇔ 12y2−3 y+ (10−p )=0

∆=9−4 ( 12 ) (10−p )=9−20+2 p=2 p−11

y=3−√2 p−11ou y=3+√2 p−11

Par conséquent, la fonction d’offre est :

y=0 ,∀ p<6,62

y (p )=3+√2 p−11 , ∀ p≥6,62

y

y ( p)

6

6,62

ϱ y /p=

Δ yyΔ pp

= y ' ( p ) . Py

Exemple : ∀ p≥6,62

ϱ y /p=1

√2 p−11× p3+√2 p−11

Page

Analyse graphique La fonction d’offre de l’entreprise L’élasticité-prix de l’offre des entreprises

2) Le choix du producteur en concurrence imparfaite

a) Introduction

C’est quand une des conditions de la CPP n’est pas vérifié, peut donner à de multitudes de cas.

Le plus simple cas à étudier est quand il n’y a pas atomicité. Débouche sur l’étude de situations d’oligopoles, monopoles.

Autre cas : quand il n’y a pas homogénéité des produits. Lié principalement aux stratégies de différenciation des firmes, et plus précisément les stratégies horizontales via la publicité. On essaie de s’attacher une partie de la clientèle au travers de ces stratégies de différenciation horizontale. Débouche sur l’étude de la concurrence monopolistique.

La concurrence imparfaite ne concerne pas seulement le coté offre, mais aussi le coté demande. On s’intéresse à la question de l’atomicité. L’atomicité n’est pas seulement le fait qu’il y ait un grand nombre d’offreurs, c’est aussi un grand nombre demandeurs.

Nombre d’offreursNombre de demandeurs

1 Quelques ∞

1 Monopole bilatéral Oligopsone MonopsoneQuelques Oligopole bilatéral

∞ Monopole Oligopole Concurrence parfaite

JEU

Quantité 0 1 2 3 4 5 6 7 8Prix - 10 9 8 7 6 5 4 3RT 0 10 18 24 28 30 30 28 24CT 0 1 3 6 10 15 21 28 36π 0 9 15 18 18 15 9 0 -12

Rm - +10 +8 +6 +4 +2 0 -2 -4Cm - +1 +2 +3 +4 +5 +6 +7 +8

En CPP : Rm=p

En monopole :

Page

Rm>Cm⇒ (∆ y=+1⇒↗ π )

Rm<Cm⇒ (∆ y=−1⇒↗ π )

Rm=Cm⇔y¿

Maxy

π ( y )=RT ( y )−CT=p ( y )× y−CT ( y )

π ' ( y¿ )=0⇔RM ( y¿)−CM ( y¿)=0⇔RM ( y¿ )=CM ( y¿)

π ' ( y¿ )=0⇔p ' ( y )× y+ p ( y )=CM ( y )

↗ y⇒↗ recette car ∆ y=+1( p( y ))

↘ recette car↘ p( p' ( y )× y)

b) Le comportement du monopoleur La courbe de demande

1 2 3 4 5 6 7 8 9 100

2

4

6

8

10

12

Demande (p(y))Offre

PCPP=5 ,Y CPP=5

PM=7 , YM=4

Monopole/CPP :

Y M<Y CPP

PM>PCPP

Recette totale, recette moyenne et recette marginale

Page

L’équilibre d’un marché en situation de monopole

Cf. cours 18/05

c) Surplus du consommateur, surplus du producteur et inefficience du monopole

Surplus du producteur : différence entre le prix auquel il vend sur le marché et le prix minimum auquel il serait prêt à vendre.

Surplus du consommateur : différence entre le prix auquel il achète sur le marché et le prix maximum auquel il serait prêt à acheter.

P1

P*

Y1 Y*

Surplus du consommateur

Surplus du producteur

Graphique 1 du 18/05

Mesure de l’efficacité du marché = mesure du surplus du producteur + surplus du consommateur.

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yM y∗¿

GRAPHIQUE 2 DU 18/05

CPP MONOPOLE Monopole/CPPSurplus du

consommateurPcEcA PMEMA Perte de surplus

PcEcEMPM

Surplus du producteur PcEcDB BDFEMPM Gain = PcGEMPM

Perte = FECGGain > Perte

Surplus collectif AECDB AEMFDB Perte = EMECF

L’inefficience du monopole est due au fait que les quantités échangées sont plus faibles et le cout plus élevé.

En situation concurrentiel, si on ne cherche pas à minimiser les couts de production, risque d’être éliminé du marché. En situation de monopole, la possibilité d’être éliminé du marché disparait. C’est une situation qui peut amener le monopoleur à être moins efficace individuellement, c'est-à-dire à produire à un cout qui n’est pas nécessairement le cout le plus faible. De plus, les décisions prises par les entreprises ne sont pas forcément les plus efficaces : les dépenses peuvent profiter aux managers sans profiter aux entreprises. La probabilité que les managers ne minimisent pas les couts de production est sans doute plus importante en situation de monopole que quand il y a plusieurs offreurs du même bien sur un marché. Cela est sans doute une autre source d’inefficience du monopole.

d) Cas particulier de monopoles et rôle de l’Etat Le monopole discriminant

L’équilibre du marché en situation de monopole laisse un surplus non négligeable au consommateur. Pour s’accaparer le surplus du consommateur, l’entreprise a une solution théorique possible qui est de pratiquer une discrimination, c'est-à-dire de ne pas vendre au même prix toutes les unités produites. Il y a plusieurs façons de procéder à cette discrimination :

Page

La discrimination parfaite : le monopoleur connait parfaitement la demande des consommateurs, c'est-à-dire qu’il connait les fonctions de demande des consommateurs. On suppose que le monopoleur, pour chaque unité produite et chaque consommateur, connait le prix maximum que chaque consommateur est prêt à payer pour cette unité. Par conséquent, le producteur va pouvoir lui vendre à ce prix maximum. Il y a peu de chances qu’on observe cette discrimination parfaite.

La discrimination au 2ème degré : l’offreur peut discriminer non pas en fonction de chaque consommateur mais en fonction de catégories de consommateur. Par exemple, il peut vendre le bien à un prix élevé aux tranches d’âges « 25-65 » que les « 12-25 ».

Néanmoins, l’idée irréaliste que le monopoleur puisse connaitre la fonction de demande de chaque consommateur dans la discrimination parfaite est à nuancer.

La discrimination par les quantités : ristourne car achat en gros

Monopole réglementé, tarification au cout marginal et optima de second rang

On fait intervenir l’Etat. La catégorie de monopole pour laquelle on justifie une intervention de l’Etat est le monopole naturel.

En laissant faire le marché, le marché est en situation de monopole, il est donc inefficace car le prix pratiqué par le monopoleur est trop élevé par rapport à celui qui correspondrait à une situation efficace sur le plan collectif.

CM ( y)

Cm( y)

Rm( y) P( y )=RM ( y)

A COMPLETER

Monopole réglementé et asymétries d’information

Page

Question de savoir si l’Etat peut arriver à faire en sorte que le monopoleur réaliste bien l’objectif que poursuit l’Etat.

L’entreprise privée est en situation d’asymétrie d’information favorable concernant ses couts de productions. Son intérêt à elle est d’essayer d’afficher des couts de production qui sont plus élevés que ceux qui existent en réalité puisque l’Etat ayant décidé de fixer un prix qui correspond au cout moyen, le monopoleur va pouvoir vendre à un prix d’autant plus élevé qu’il arrive à convaincre l’Etat que ses couts de production sont élevés. L’Etat doit réduire cette asymétrie d’information. Il doit introduire un mécanisme incitatif qui fasse que le monopoleur poursuive l’objectif de l’Etat. Un des mécanismes incitatif les plus connus est la fixation non pas d’un prix mais d’un objectif de prix sur le moyen terme. C’est le mécanisme du « Price CAP ». Cela suppose que l’Etat ait une certaine information qui va concerner l’évolution de la productivité dans le secteur (il peut observer l’évolution de la productivité dans le temps). Par conséquent, l’Etat peut choisir de fixer comme règles que le prix pratiqué par le monopoleur évolue en conformité avec l’évolution constatée de la productivité. La règle n’est pas « vous devez vendre à un prix égal au cout moyen » mais « vous devez faire évoluer le prix conformément à l’évolution de la productivité ». Si le monopoleur parvient à être plus efficace que ce qui a été constaté, il dégage un surprofit (son profit n’est pas nul). Il y a bien un mécanisme qui constitue un compromis entre l’objectif que poursuit l’Etat et l’objectif que poursuit le monopoleur.

L’argument de la théorie des marchés contestables

L’analyse de Baumol & alii (1982) cherche à montrer qu’une entreprise en situation de monopole ne va pas nécessairement se comporter de manière très différente qu’une entreprise en situation de concurrence. Cette analyse défend les entreprises en situation de monopole. Pour Baumol, il n’y a pas besoin qu’on ait toutes les conditions de la concurrence parfaite pour voir les firmes se comporter conformément à ce qui prédit le modèle de la CPP. Pour Baumol, seules 2 conditions doivent être respectées : la libre entrée/sortie sur le marché et se lancer dans une activité n’implique pas des couts fixes irrécupérables. Cela suffit à créer une pression sur le monopoleur de telle sorte qu’il va être amené à fixer des prix qui vont être des prix proches de ceux qui s’établiraient en CPP.

L’argument de Baumol a été mobilisé dans le cadre de la déréglementation aux EU. L’analyse de Baumol a été mobilisée dans le contexte du démantèlement du monopole ATT en 1982.

e) La concurrence monopolistique

C’est une structure de marché assez répandue. La concurrence monopolistique est une situation dans laquelle les entreprises sont en situation de monopole sur le marché du bien ou service qu’elles offrent mais il existe un nombre relativement important de bien ou service assez fortement substituable au bien offert par ces entreprises.

Exemple : les transports par voie de chemin de fer concurrencé par les transports par voie aérienne ; Pepsi & Coca-Cola.

Ces modèles de concurrence monopolistiques montrent qu’à LT, on a affaire à des structures de marché qui se comportent comme les marchés de concurrence parfaite, c'est-à-dire des marchés sur lesquels les profits tendent vers 0. Néanmoins, ce résultat a une portée limitée : on a affaire à une analyse dynamique plutôt que statique. Les firmes essaient sans cesse de se différencier d’avantage

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pour limiter la pression de la concurrence et gagner un peu plus de rente monopolistique. La différenciation peut être soit horizontale (=concerne les différences en variété, qualité), soit verticale (=vise à monter en gamme ou descendre en gamme, qualité).

f) Les oligopoles

Quelques offreurs sur le marché.

Le duopole de Cournot Le duopole de Stackelberg : firme leader et firme suiveuse

Caractéristique commune : on a affaire à des entreprises dont la variable stratégique est la quantité produite. Quelle est la quantité que je dois produire pour maximiser mon profit ?

Cournot : on suppose que les entreprises sont dans une situation symétrique sur le marché.

Stackelberg : Il existe une firme leader sur le marché et une firme suiveuse.

On est dans une situation d’interaction stratégique entre les firmes. En situation de concurrence parfaite, le prix est une donnée pour l’entreprise, donc il y a assez peu de variables stratégiques qui intéressent l’entreprise puisqu’elle prend le prix comme une donnée, connait des couts de production et la maximisation du profit s’impose d’une manière assez directe. En situation de monopole, certes le prix n’est plus une donnée mais le monopoleur est censé connaitre parfaitement la courbe de demande globale, la seule décision qu’il a à prendre est de répondre à cette demande globale, et maximise ainsi son profit de manière assez directe.

En situation oligopolistiques, les firmes doivent prendre en compte non seulement l’état de la demande, et les fonctions de demande sont connues. Mais ici, chaque entreprise va devoir anticiper la réaction des autres entreprises à ses propres décisions. Cela n’existe pas en situation de concurrence parfaite car l’action d’une entreprise n’a aucune influence sur l’action des autres, et en situation de monopole, il n’y a qu’un seul offreur. Cela explique pourquoi les marchés oligopolistiques sont des marchés qui vont souvent faire appel pour leur analyse à la théorie des jeux, théorie utilisée aujourd'hui pour étudier les interactions entre les agents économiques le plus souvent rationnels.

Le duopole de Cournot correspond à un marché pour lequel le prix et la quantité échangé vont s’établir entre le prix de monopole et le prix de concurrence parfaite. Le partage du marché entre les 2 firmes dépend de la structure de cout entre les firmes. Si les firmes ont les mêmes couts de production, on a un partage à 50/50 des parts de marché. Les marchés oligopolistiques sont donc des marchés inefficaces puisque entre 2 marchés. Le surplus collectif est moins important que ce qu’il serait en situation de concurrence parfaite.

Le duopole de Stackerlberg : les résultats seront les mêmes pour l’essentiel, on a affaire à une marché inefficace, la seule différence avec le duopole de Cournot est que la firme leader va pouvoir s’accaparer une part de marché plus importante et réaliser des profits plus importants que la firme suiveuse, et plus important qu’en situation de duopole de Cournot.

La concurrence par les prix : le duopole Bertrand (1883)

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Dans l’analyse de Bertrand, on pose le problème d’optimisation de l’entreprise de manière différente. On suppose que l’entreprise cherche le prix qu’elle doit fixer pour maximiser son profit. Il faut préciser comment le marché se partage entre 2 entreprises pour un prix donné.

Si la firme 1 pratique un prix supérieur à la firme 2, alors la demande qui s’adresse à la firme 1 et 0 et la demande qui s’adresse à la firme 2 est la demande totale du marché. P1>P2⇒D 1=0et D2=D(P2)

Si les firmes vendent au même prix, alors elles se partagent à égalité la demande :

P1=P2⇒D1=D2=D(P1)2

On suppose que les firmes ont les mêmes couts de production et que le cout de production unitaire est constant.

C1=C2=CCétant≤coutmoyen

P1>P2>C⇒P2>P1>C… ..P1=P2>C⇒P1=P2=C⇒ π1=π2=0

C’est une situation où il y a une guerre des prix. Mais finalement, ce duopole va conduire à une situation où les prix sont ceux pratiqués par la concurrence pure et parfaite. D’où l’appellation de « Paradoxe de Bertrand » c'est-à-dire qu’on est dans une situation de duopole et pourtant l’efficacité de la concurrence pure et parfaite. A RATTRAPPER COLLUSION.

Kreps & Scheinkman ont construit un modèle dans lequel on suppose que les firmes prennent leurs décisions en 2 étapes : d’abord elles décident de déterminer leur capacité de production, puis décident des prix de vente qu’elles vont pratiquer. On est comme dans une compétition à la Bertrand sauf qu’on a une décision des firmes concernant les capacités de production qu’elles choisissent. Sous certaines conditions, les 2 auteurs montrent qu’en fait les firmes vont finalement se comporter comme le prévoit le duopole de Cournot. Ce modèle concilie Bertrand et Cournot.

Les modèles d’oligopole montrent tous que plus le nombre de firmes augmente, plus on a tendance à se rapprocher de la concurrence parfaite.

Les comportements coopératifs et la question de la lutte contre les ententeso Le dilemme de l’entente

Les entendements peuvent être tacites ou explicites. Les firmes ont théoriquement intérêt à s’entendre car cela signifie qu’elles vont se comporter comme si elles étaient en situation de monopole. A partir du moment où l’entente est explicite, les firmes choisissent de se comporter comme si elles étaient en situation de monopole et ont établies préalablement des règles, en particulier les règles concernant les partages entre les profits des firmes.

Exercice :

D (p )=−2 p+50

1) Calculer la recette marginale

Page

p (D )=50−D2

Recette totale : (50−D2

)D

Recette marginale = dérivée de la recette totale par rapport à là quantité

Rm=12

(−2D+50 )=−D+25

2) Equilibre du monopoleur

Rm=Cm

−D+25=1

D=+24 :quantité produite

p (D )=50−242 = 25-12 = 13

π=RT−CT=D× p (D )−CM×D=24×13−24=24 (13−1 )=288

Monopole CPPpM=13 pc=1QM=24 Qc=48πM=288 πc=0

3) Théorie des jeux

2 firmes coopèrent : π1=π2=2882

=144

2 firmes free ride : π1=π2=0

1 firme coopère, l’autre non : π1=0 , π2=286 (avec p2=12etQ=26)

Firme 2Firme 1

Coopère Coopère pas

Coopère (144,144) (0,286)Coopère pas (286,0) (0,0)

Equilibre de Nash : aucun des joueurs n’a intérêt à dévier unilatéralement

A RATTRAPER

Page

Horizon infini

Stratégie 1 : non coopération en supposant que l’autre coopère

π1t=0=πM=288

π1t=0 , ∀ t>0

Stratégie 2 : coopération

Valeur actuelle du π :

∑t=0

S t( πM

2) S = facteur d’actualisation

∃S tq∑t=0

S t( πM

2 )>πM

o Les ententes durent-elles dans la réalité ? (Levenstein and Suslow 2006)

Ici, on se réfère à la synthèse que nous proposent Levenstein et Suslow dans Journal of Economic Literature. Ils font la synthèse de tous les travaux qui se sont intéressés à cette question. Ils cherchent à observer si, empiriquement, les ententes durent ou pas dans la réalité. Ils se sont intéressés aux cartels internationaux, c'est-à-dire des ententes explicites, sur du très LT (remonte jusqu’au 19ème siècle).

On s’aperçoit que les cartels durent en moyenne 5 ans mais en réalité il y a une grande disparité puisque la grande majorité des cartels dure moins d’un an ; mais on a quelques cas au contraire de cartels durent de nombreuses décennies.

A noter que dans certains cas, les ententes durent peu longtemps en moyenne, mais cependant de plus en plus longtemps lorsqu’elles se répètent. Exemple : dans le cuivre, on note une première entente en 1888 qui dure 2 ans, une deuxième en 1918 qui elle durera 4 ans, et ainsi de suite une cinquième étant observé en 1968 qui durera 19 ans.

Une entente qui se brise ne signifie pas nécessairement que l’entente est définitivement rompue, il peut y avoir une reformation de l’entente qui sera plus forte par la suite. Cela confirme le modèle de Green & Porter en 1984, idée selon laquelle la guerre des prix (= quand on brise l’entente) ne signifie par nécessairement une rupture de l’entente mais plutôt comme une punition ayant pour but de renforcer la prochaine entente. Peut être vu comme un signal lancé aux autres, notamment lorsque certains comportement non coopératif ou s’éloignant plus ou moins de l’entente observé, alors on mène une guerre des prix pour signifier à l’autre que si jamais on s’entend a nouveau, il faudra respecter les règles du jeu. On est ici dans le domaine des signaux envoyés aux partenaires de façon à renouveler l’entente.

Page

Parmi les facteurs de renforcement de l’entente ou d’échec :

Le nombre d’entrant : plus le nombre d’entrants est fluide, plus ca va être une cause d’échec de l’entente sur le marché.

Les changements technologiques : ils vont modifier les conditions donc les couts de production. C’est un changement de l’environnement technique qui peut déstabiliser l’entente car va forcément amener à renégocier les accords, la rente évolue du fait de l’évolution des contraintes techniques.

Les conséquences sur les prix de ces ententes : la prédiction est que s’il y a entente, les firmes vont avoir tendance à se diriger vers une situation de monopole, et donc des prix beaucoup plus élevés. Mais on constate empiriquement que les prix ne sont pas ceux prédits par la théorie. On peut dire empiriquement que certes les prix augmentent dès qu’une entente se constitue, néanmoins il est très rare que cette augmentation soit telle que l’on puisse considérer que ces prix correspondent à une maximisation du profit joint (= profit de monopole).

o La lutte de l’Etat contre les ententes

Cf. later

3) L’ouverture de la boite noire : l’organisation et les frontières de la firme

Ouvrir la boite noire signifie qu’on s’intéresse à la fois comment la firme fonctionne en tant qu’organisation (rapport entre salariés, dirigeants…) alors que dans la théorie économique standard on parle de la firme point (idem que la boite noire) et la question de la limite de la firme. Conduit à sortir de la théorie standard pure.

A RATTRAPER MARX

Si on se réfère à Marshall (néo-classiques) on a une tentative d’expliquer le profit, et donc d’appréhender la firme non plus comme une boite noire mais comme une organisation au travers l’idée selon laquelle le profit rémunérerait la fonction de manager. L’explication de Marshall n’est néanmins pas suffisante car évacue les problèmes de rapport entre les managers et propriétaires de la firme, et si effectivement on parle de fonction d’entrepreneur ou fonction de managers, on ne comprend pas pourquoi cette fonction n’est pas rémunérée de la même manière que les autres services apportés par les autres (c'est-à-dire par un salaire).

a) Pourquoi le (sur-)profit n’est pas nul malgré la concurrence L’entrepreneur-innovateur et la rente (temporaire) d’innovation

Le profit est assimilé à la rente de monopole obtenu par l’entrepreneur innovateur (analyse schumpéterienne). Chez Schumpeter, le surprofit est une situation normale, alors qu’elle est appréhendé comme anormale chez les néo-classiques, puisque la situation normale est la concurrence parfaite, donc des profits nuls. Chez Schumpeter, on est d’emblée dans une perspective dynamique, et l’innovation s’inscrit dans cette vision dynamique de la concurrence.

L’entrepreneur « preneur d’incertitude »

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Knight (1921) : on sait que la conséquence principale de cette distinction risque/incertitude va être la justification du profit. Tout ce qui ne relève pas de l’incertitude va être rémunéré sous forme de salaires. Le calcul économique rationnel est possible, on peut donner un prix aux choses. C’C’est parce que l’entrepreneur prend à son compte cette partie non quantifiable des conséquences de l’activité économique que sa rémunération va prendre la forme d’un profit ; dont le niveau est forcément incertain. On parle d’entrepreneur « preneur d’incertitude ». On remarque que chez Knight, le fait que la contrepartie de la prise d’incertitude soit, pour l’entrepreneur, le fait de recevoir un profit est très lié dans son ouvrage à la question de la responsabilité de l’entrepreneur, c'est-à-dire la responsabilité qu’il prend lorsqu’il accepte de prendre cette incertitude. C’est une explication et une justification du profit. L’entrepreneur engage sa responsabilité parce qu’il accepte d’assumer les conséquences d’actions dont on ne peut pas juger de la pertinence.

b) Pourquoi substituer l’organisation au marché ? L’économie des couts de transaction de Coase et Williamson

Dans la théorie standard, on peut expliquer la taille de la firme au travers la notion d’économies d’échelle.

Néanmoins, Coase (1937) souligne que cela ne suffit pas pour expliquer l’existence de la firme en tant qu’organisation. Les économies d’échelles peuvent être exploitées aussi bien à l’intérieur qu’a l’extérieur des limites légales de la firme, elles n’expliquent pas les limites de la firme en tant qu’organisation hiérarchique. La notion centrale de Coase est la notion de cout de transaction : c’est l’ensemble des couts qui sous-tendent tout échange. Chez Coase, ces couts de transaction sont essentiellement des couts d’informations. La firme va prendre la forme d’une relation hiérarchique entre employeurs et employés, et contrairement à la représentation néo-classique, explique pourquoi on n’a pas affaire à des relations marchandes.

Williamson apporte dans 2 ouvrages une explication plus approfondie de la nature de ces couts de transactions, qui ne vont pas être réduits à des couts d’informations. En expliquant d’avantage les couts de transaction, on explique un peu mieux la nature de cette organisation hiérarchique qu’est la firme. L’analyse de Williamson se déplace aussi par le thème principal qui sous-tend l’analyse de Coase, c'est-à-dire la relation travail, alors que chez Williamson, c’est la relation verticale (relation entreprise-fournisseur).

Pour Williamson, la frontière entre la firme et le marché est déterminée d’une part par le cout du conflit dans la relation marchande, et d’autre part par la possibilité d’abuser l’autorité dans la hiérarchie. Williamson va plutôt s’intéresser aux limites du marché, c'est-à-dire la question du conflit, plutôt que la question des problèmes d’organisation interne à la firme.

Traditionnellement, comme source d’inefficacité, on met en avant les couts d’administration. Ils peuvent expliquer mais ne suffisent pas car selon lui ces routines administratives restent identiques quelque soient les limites de la firme. La limite de la firme est plus liée à la question d’abuser de l’autorité. C’est un phénomène qui sera étudié plus en détail par les théories de l’agence.

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Williamson étudie plutôt les couts de transaction sur le marché. Ces couts vont être associés à la question du cout du conflit. Cette valeur du conflit dépend de 2 choses principales :

Elle dépend de la possibilité des couts du contrat accompagnant l’échange marchand. Ici, Williamson fait référence au contexte d’incertitude radicale, qui pour lui a une place importante dans l’activité économique, et notamment dans le cadre des relations marchandes entre les entreprises et fournisseurs. Si on est dans une situation d’incertitude radicale, la possibilité d’un contrat devient très difficile ou très couteux puisqu’on ne peut faire la liste de tous les événements futurs imaginables.

Le 2ème élément qui va jouer sur la valeur du conflit est le cout des désaccords. On part du principe que puisqu’on est en situation d’incertitude, tous les événements futurs possibles ne seront pas envisagés pleinement dans le contrat qui accompagne l’échange marchand. Nécessairement, il y aura des événements qui amèneront à une renégociation entre les parties.

Le cout du désaccord dépend de la facilité ou non de trouver un autre offreur/demandeur du bien ou service concerné. Si la relation entre l’offreur et le demandeur est complexe et spécifique, autrement dit s’ils sont dans une situation de dépendance mutuelle, alors l’organisation hiérarchique s’impose au détriment du marché car le cout des désaccords va être très important.

Williamson va compléter l’hypothèse de rationalité de Simon par l’idée selon laquelle les traits de comportement qui dominent dans les relations économique sont notamment l’opportunisme.

Même avec les contrats encadrant la relation marchande, quand on est dans un environnement économique complexe caractérisé par l’incertitude et qu’on fait l’hypothèse que les individus sont très opportunistes, on décrit une situation où la moindre lacune dans le contrat va être exploitée par l’autre ; et donc renforce l’idée selon laquelle il peut être plus avantageux pour les deux partis de substituer la hiérarchie au marché.

L’analyse de Williamson est une analyse qui va plutôt aboutit à des conclusions qui vont montrer que la concentration n’est pas assimilable de manière systématique à des situations économiques inefficaces puisqu’ici Coase et Williamson montrent les gains d’efficacité qui résident dans la substitution de la hiérarchie au marché.

La théorie des droits de propriété et des contrats incomplets

C’est une théorie qui s’intéresse à la même question que la question s’intéresse Coase et Williamson, c'est-à-dire les frontières de la firme. C’est une théorie qui néanmoins va redonner un peu plus de crédit aux contrats. La théorie des droits de propriété et des contrats incomplets se situe théoriquement un peu plus proche de la théorie économique standard que celle de Coase & Williamson, notamment concernant l’hypothèse de rationalité où là, les individus sont souvent assimilés à des individus rationnels strict du terme, c'est-à-dire au sens de rationalité substantive.

La théorie des droits de propriété (North) cherche à montrer comment les droits de propriétés agissent sur les comportements des AE et influencent l’efficience des systèmes économiques. Dans cette théorie dont la formalisation se trouve dans l’article d’Alchian & Demsetz (1972), on spécifique ce qu’est un bon système de droit de propriété. C’est celui qui permet à la fois de profiter des avantages de la spécialisation et en même temps assure un système d’incitations efficace.

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La firme va être perçue comme un ensemble de contrats qui spécifique la structure des droits de propriété. Dans cet article fondateur, les 2 auteurs cherchent à montrer pourquoi l’entreprise capitaliste classique est la forme d’organisation la plus efficace par rapport à d’autres formes d’entreprises comme l’entreprise publique ou l’entreprise autogérée. Le fait que cette entreprise capitaliste classique existe et soit efficace est lié au fait que la technologie impose le recours au travail en équipe. De plus, il est impossible de déterminer de manière précise quelle est la productivité marginale de chacun ; autrement dit quelle est la contribution de chacun à la production.

A RATTRAPPER

La rémunération du dirigeant prend la forme de bénéfice qui sanctionne notamment sa capacité à sélectionner et encadre efficacement les salariés

On arrive bien à décrire un système où c’est parce que les droits de propriétés sont bien spécifiés qu’on a affaire à un système d’incitation efficace.

Cette analyse va être complétée par l’analyse de Grossman & Hart (1986). Le concept de droit de propriété est en réalité assez complexe, même lorsque les droits de propriété en question porte sur des actions physiques assez simples comme des bâtiments, machines… Ce problème va être abordé par ces auteurs. Il débouche sur la théorie moderne des droits de propriétés et des contrats incomplets telle qu’elle existe aujourd'hui.

A COMPLETER STEPHANE

Droit de contrôle résiduel : Droit de prendre des décisions relative à l’utilisation de l’actif dont lequel on est propriétaire lorsque celle-ci ne sont pas explicitement pré-établies par la loi ou réservées à autrui par contrat.

Notion de bénéfice résiduel : Tout ce qui reste après avoir collecté l’ensemble des revenus et régler l’ensemble des dépenses, dettes et autres obligations contractuelles. Ce sont des bénéfices imprévus (non inscrits dans la loi, contrats qu’a conclu l’entreprise).

Un contrat complet est un contrat qui précise ce que chacune des parties doit accomplir quelque soit les situations rencontrées et dans un futur illimité.

Lorsque des contrats complets peuvent être conclus, le contrôle résiduel n’a pas de sens puisque tout a été prévu dans le contrat, et par conséquence les bénéfices résiduels n’existent pas. Si les partis sont capables d’élaborer et de comprendre les termes du contrat, la coordination ne génère aucun conflit post-contractuel. Cependant, des contrats complets existent rarement dans la réalité. Lorsque des événements imprévus surviennent, cela provoque des conflits post-contractuels, il faut ensuite définir la responsabilité de chacun et voir qui subit les conséquences. La théorie des contrats incomplets essaye de déterminer comment doit s’organiser la cohérence entre le droit de contrôle résiduel et les bénéfices résiduels. La règle générale qui s’impose est que celui a qui est attribué le droit de contrôle résiduel doit également être celui auquel revient le bénéfice résiduel. Autrement dit, on doit organiser l’activité économique et les entreprises de telle

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sorte qu’on se rapproche au mieux possible de cette cohérence entre droit de contrôle résiduel et bénéfice résiduel.

Chez les auteurs à l’origine de cette théorie des contrats incomplets (Alchian et Demsetz), il y a une supériorité de la firme capitaliste classique. C’est le dirigeant qui a le droit de contrôle résiduel et les bénéfices résiduels. C’est une source d’efficacité car il est incité à maximiser la valeur totale crée par la firme puisqu’il s’appropriera tout revenu marginal. Dans la réalité, il est assez difficile de savoir qui a le droit de contrôle résiduel et c’est ce qui est à la source du conflit et donc d’inefficacité.

Pour Alchian et Demsetz, la firme capitaliste organise cette cohérence, mais dans la réalité les conflits concernant le partage des bénéfices résiduels est assez permanent dans le cas d’une entreprise (aux actionnaires, dirigeants, employés ?). La question de la légitimité des droits de contrôle résiduel est souvent remise en cause. En théorie, le problème ne se pose pas car tout ce qui n’est pas résiduel a été spécifié de manière claire dans le cadre du contrat. En particulier, la question du bénéfice résiduel qui pourrait revenir aux salariés ne se pose pas car le contrat spécifiant les droits et les devoirs des salariés est supposé être parfaitement clair, autrement dit un contrat complet. Dans la réalité, ce n’est pas le cas car on a affaire à une collectivité et le travail de chacun crée des externalités sur le travail de l’autre, et donc sur sa capacité à produire des richesses.

Néanmoins, bien que son application concrète trouve rapidement des limites, le principe de cette théorie est un principe qui influence grandement l’organisation des firmes.

Le problème du hold-up

Le problème du hold-up a été traité aussi bien dans la perspective des couts de transaction que dans la théorie des contrats incomplets et des droits de propriété, sachant que ces théories sont assez complémentaires ; l’objet d’étude étant le même (question de la frontière de la firme). Seul le cadre théorique est légèrement différent puisque chez Coase & Williamson, l’économie des couts de transactions repose sur les couts de transaction alors que dans la théorie des contrats incomplets, repose sur les droits de propriété. Néanmoins, on reste dans un cadre qui est très proche de la théorie standard puisque le critère d’analyse est tjrs le critère d’efficacité collective (on ne se pose pas la question de la répartition, des rapports sociaux qui se répercuteraient sur l’entreprise…). D’autres différences existent telles que la rationalité, rejetée chez Williamson.

Le problème du hold-up est là encore très lié au domaine d’application privilégié de ces 2 théories, c'est-à-dire la question de l’intégration verticale.

On considère 2 firmes A et B qui vont décider s’il est préférable ou non de s’associer, fusionner.

La firme A s’associe à B pour un projet qui nécessite pour chacun d’elle de réaliser un investissement. L’actif acquis par chaque firme n’a aucune valeur en dehors de l’utilisation commune qui en est faite. Les actifs acquis par les deux firmes sont « co-spécialisées ». Le cout de l’investissement est le même pour les deux firmes, le cout total est de 4 et le cout est partagé par les deux firmes à 50/50 (coute 2 pour la firme A et 2 pour la firme B). Si tout le monde respecte le contrat (sachant qu’il est imparfait), le retour sur investissement est également partagé à 50/50. Sauf qu’il n’existe justement aucun contrat qui permette de garantir que chaque firme ne va pas tenter de modifier à son avantage le partage des gains tirés de cette association. On suppose au contraire que chaque firme a la possibilité d’engager des dépenses après la réalisation de l’investissement afin de s’accaparer la totalité du

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retour sur investissement. Si les deux firmes jouent la stratégie déloyale, alors le retour sur investissement est partagé à 50/50. Le fait que les firmes jouent la loyauté ou soit déloyale n’a pas d’effet sur le retour sur investissement.

Hypothèses :

Cout total=4

Retour total sur investissement=8

On suppose que les frais engagés=3

Les différents résultats possibles sont :

Si les 2 sont loyales : elles ont 2 chacunes Si elles sont toutes les 2 déloyales : la recette est 4, les couts sont 2 pour l’investissement, 3

pour les frais, soit 5. Bénéfice de -1. Si 1 est loyale et 1 déloyale : celle qui est déloyale récupère tout le retour sur investissement,

sa recette est de 8. Elle supporte le cout de l’investissement c'est-à-dire 2 + les frais d’accaparement c'est-à-dire 3, son cout est de 5. Son bénéfice est donc de 3. L’autre entreprise n’a pas de recette et a supporté le cout de 2, son bénéfice est de -2.

Firme BFirme A

LOYALE DELOYALE

LOYALE (-1 ; -1) (3 ; -2)DELOYALE (-2 ; 3) (2 ; 2)

Le jeu n’est pas tout à fait celui là : les 2 firmes connaissent les données du problème. La question n’est pas de savoir si elles vont jouer loyale ou déloyale, mais plutôt de savoir si elles vont s’associer ou non. Si elle ne s’associe pas : (0 ; 0). L’organisation économique telle qu’elle existe n’est pas efficace car elle aboutit à (0 ; 0) alors qu’elle aurait pu aboutir à (2 ; 2). On est bien dans une situation d’inefficacité.

C’est parce qu’il n’y a pas la possibilité de prendre tous les éléments possibles dans le contrat qu’on se retrouve dans une situation où apparaissent des bénéfices résiduels, et donc se pose la question de leur partage. Or ici, la relation qui existe entre les 2 firmes ne permet pas de déterminer qui a le droit de contrôle résiduel et donc a qui revient le droit des bénéfices résiduels. Quelque soit le cadre théorique auquel on se réfère, on aboutit à la même conclusion : ce type d’organisation est inefficace.

Les couts de transaction qui existaient juridiquement vont disparaitre, et notamment les frais qu’ont engagés les 2 firmes pour essayer de tromper l’autre.

Le problème du hold-up a été évoqué par Williamson (1975) et a été formalisé par Klein & alii en 1978 et 20 ans plus tard par Ostrom et Roberts.

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« Le travail ayant eu le plus d’influence durant les 2 dernières décennies sur la question de savoir pourquoi les firmes existent et qu’est-ce qui détermine leur frontière a été centrée sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler le problème du hold-up.

Exemple 2 : Deux firmes General Motors et Fisher Body (produit des carrosseries automobiles). On est dans une période d’évolution technique dans les années 20, et notamment dans le domaine des carrosseries puisqu’encore au début du 20ème siècle, on utilisait encore le bois dans la structure de la voiture et progressivement on passe à du métal. Suppose de changer les techniques de production, les chaines de montage notamment. GM a envisagé de construire une nouvelle usine d’assemblage et a demandé à Fisher Body de construire une nouvelle usine de carrosserie en métal à coté de l’usine d’assemblage de GM. On est typiquement dans le cadre d’investissement d’actifs co-spécialisés sauf qu’ici on est dans une relation assez asymétrique entre Fisher Body et GM étant donné le fait que si l’usine avait été construite dans ces conditions là, la possibilité de reconversion de Fisher Body et se tourner vers d’autres entreprises automobiles aurait été assez bouchée pour Fisher Body. On est plus dans une situation d’investissement dans des actifs spécialisés plutôt que co-spécialisés. Fisher Body a finalement refusé de réaliser l’investissement demandé et cela aboutira un peu plus tard à l’intégration de Fisher Body à GM.

A partir du moment où un fournisseur devient dépendant d’un seul client, un problème qui peut très clairement se poser est la question du prix d’achat des intrants. On engage des investissements pour fournir un client en se basant sur les prix habituels.

La solution au problème du hold-up apparait quasi systématiquement par l’intégration verticale ; plus précisément la solution est quasi-systématiquement le transfert de propriété à l’utilisateur des actifs spécifiques ou peut spécialisés.

Il faut remarquer que l’intégration verticale va entrainer des couts spécifiques qui n’existaient pas auparavant. D’autre part, il existe dans certains cas des formes de contrats qui peuvent constituer des solutions efficaces et donc constituer une alternative à la propriété (à la fusion ici). Cette opportunité peut indexer les prix sur une norme pertinente d’évolution des prix sur le secteur.

Une autre raison qui peut laisser penser que la propriété n’est pas tjrs la solution la plus efficace et que le contrat peut être plus efficace voire aussi efficace que la propriété est la question développée par Maskin & Tirole (1999). Un exemple de raisons qui peut faire que le contrat peut malgré tout être une condition efficace et qu’il n’est pas tjrs nécessaire de passer par la fusion est de dire qu’à partir du moment où le fait de pratiquer un hold-up est observable par un tiers , alors le contrat peut stipuler les conditions dans lesquelles la victime potentielle du hold-up peut recourir à ce tiers (tel que la justice).

Un autre exemple fréquent qu’on utilise est celui des voies des chemins de fer utilisées par un seul utilisateur. C’est le cas pour certaines entreprises qui vont simplement avoir une branche de la voie ferré qui va aller de la ligne de chemin de fer utilisée par tous jusqu’à son entreprise soit pour acheminer des intrants ou acheminer des produits finis vers les clients. Il est ici assez clair que la plupart du temps, la solution la plus efficace est que la voie de chemin de fer soit privée, c'est-à-dire qu’elle appartienne à l’utilisateur. Si ce n’est pas le cas, c'est-à-dire si la société de chemin de fer loue simplement cette branche à l’entreprise, on voit bien qu’il y a une tentation à pratiquer des tarifs opportunistes une fois que l’actif spécifique a été réalisé, donc une fois que les investissements ont

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été réalisés. On a plusieurs cas de figures ici : soit c’est la société de chemin de fer qui a pris en charge le cout de l’investissement et qui ensuit loue la voie de chemin de fer en question à l’entreprise qui l’utilise. Il y a une possibilité de hold-up de la part de l’entreprise qui l’utilise (elle peut dire qu’elle n’est pas sure d’en avoir besoin). Si c’est l’inverse (si l’entreprise utilisatrice est propriétaire), limite la possibilité d’un hold-up mais n’élimine pas toutes les possibilités d’un hold-up et un contrat de longue durée qui va indexer le prix d’allocation sur les tarifs moyens par exemple pratiqué par le pays concernant le transport de marchandise, éventuellement assorti d’une clause qui va stipuler les conséquences d’un écart par rapport à cette indexation, dans ce cas là il est possible que le contrat soit le mode d’organisation le plus efficace comparativement à la propriété, c'est-à-dire l’achat de la voie de chemin de fer par l’entreprise.

Actif spécifique : concerne un actif qui n’a de valeur que lorsqu’il est attaché à un usage précis. Dans la réalité, les choses ne sont pas tjrs aussi claires, Williamson parle de degré de spécificité de l’actif.

Actifs co-spécialisés : quand deux actifs sont hautement spécifiques à un même usage. La maximisation du profit exige une exploitation commune de ces deux actifs.

La différence tient à la question de savoir qui, dans les deux AE, va le mieux à même de pratique un hold-up. La réponse dépend de la particularité de l’exemple qu’on prend.

Empiriquement, cela concerne pas mal d’activités mais à partir du moment où le degré de spécificité est faible, le problème ne se pose pas ou très peu. Le degré de spécificité tient généralement à la possibilité de recourir à d’autres partenaires ou pas. Dans le cas de GM et Fisher Body, si Fisher Body avait eu la possibilité d’écouler ses carrosseries ailleurs que chez GM, le problème ne se serait pas posé. La plupart du temps, le degré de spécificité des investissements est souvent assez fort. Plus le client est proche géographiquement, plus on est dans une relation assez spécifique entre le fournisseur et l’entreprise client.

Les relations internes à la firme : la théorie de l’agence et des incitations

On est dans la théorie économique des organisations telle qu’elle s’est développée à partir des années 70 ; sauf qu’ici alors que dans la théorie des couts de transaction et dans une large mesure des contrats incomplets, c’était la question de la substitution de l’organisation au marché qui était posé, et donc la question des limites de la firme qui était posé sans qu’on s’intéresse véritablement au problème spécifique posé par le fonctionnement de l’organisation elle-même.

Chez Coase, on étudie surtout l’échec du marché pour justifier l’organisation. La théorie de l’agence va éclairer davantage la boite noire, s’intéresser spécifiquement au problème qui existe à l’intérieur de la firme, même si la théorie de l’agence peut également s’appliquer aux organisations de marché (ex : les assurances).

On sait que la théorie de l’agence représente la relation entre un individu appelé principal et un autre appelé agent. La relation étant lié au fait que le principal délègue une partie de son pouvoir de décision à l’agent. Les origines de cette théorie de l’agence sont les travaux d’Arrow 1963 sur l’aléa moral. Dans ses articles, parallèlement à l’introduction de l’aléa moral, on a l’introduction de l’interaction principal/agent, et comme le souligne Arrow, par définition, les relations principal/agent pose le problème de l’aléa moral, puisque le fait qu’un principal délègue une partie de son pouvoir de décision à un agent est lié a une question de division du travail, lié au fait que l’agent dispose de connaissances spécifiques ou compétences et qu’il est à priori dans l’intérêt du principal de confier certaines taches à des agents que de réaliser ces taches lui-même. A partir du moment où on délègue

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une partie de son pouvoir, forcément on est dans une situation qui pose le problème de l’aléa moral puisqu’on est dans une situation d’asymétrie d’information sur les compétences elles-mêmes de l’agent. L’asymétrie d’information peut porter sur les caractéristiques elles mêmes de l’agent, en particulier ses compétences, mais le problème qui semble le plus évident est l’asymétrie d’information concernant l’action cachée.

Le cadre théorique de la théorie de l’agence est un cadre très proche de la théorie standard, voire même plus proche de la théorie standard que la théorie des couts de transaction et contrats incomplets puisqu’ici on a affaire à des individus rationnels. Le critère de jugement est un critère d’efficacité. Parfois, l’efficacité n’est pas toujours très claire car quand on parle d’efficacité en économie, c’est l’optimum de Pareto, l’efficacité collective. Or, on a tendance assez fréquemment à se placer du point de vue du principal : puisque l’asymétrie d’information est favorable à l’agent, le principal problème est celui de principal, c'est-à-dire le problème de la détermination des règles qui vont permettre au principal d’inciter l’agent à se comporter conformément aux objectifs que lui a fixé le principal (puisque c’est une délégation de pouvoir). Il faut éviter de dériver dans l’analyse vers l’analyse qui maximiserait seulement celui du principal. A partir du moment où on a affaire à des individus rationnels, le problème posé par l’aléa moral puisse être une source d’inefficacité collective est lié au fait qu’à partir du moment où les règles qui s’instaurent entre le principal et l’agent ne permettent pas au principal de se prémunir contre l’aléa moral de l’agent, le principal ne va pas s’engager dans la relation avec l’agent. On est dans une certaine manière dans le jeu des contrats incomplets. Si le contrat ne garantit pas le principal contre la possibilité d’un aléa moral qui finalement serait défavorable au principal, on est dans une logique de « c’est à prendre ou à laisser ». Or, si la relation se passe bien, elle est bénéfique pour tous : pour l’agent comme pour le principal.

Dans le domaine de la firme, un article considéré comme un des articles fondateur est celui de Jensen & Meckling (1976). Il ya deux applications :

la relation actionnaire et manager : le principal est l’actionnaire, l’agent est le manager. L’actionnaire cherche à maximiser le profit. Son objectif est que la firme fasse le plus de profit possible et donc que l’actionnaire en question reçoive un maximum de dividende. Le fait que l’actionnaire fasse appel à des managers c’est parce que les managers ont des compétences spécifiques. C’est un problème de division des taches. Ils sont censés être plus efficace que la moyenne dans le management. On est évidemment dans une situation d’asymétrie d’information et la possibilité d’action cachée par les managers est évidente. Ce qui est peut être moins évident est qu’on puisse considérer que les objectifs de managers ne soient pas systématiquement les mêmes que ceux des actionnaires ; c'est-à-dire ne soit pas la maximisation du profit de l’entreprise. En réalité, il n’y a pas de nb arguments pour dire que les managers peuvent privilégier d’autres éléments que la maximisation du profit. C’est une remarque faite par Berle & Means (1932). Ils constatent une séparation entre propriété et contrôle qui est liée à la montée des managers dans les entreprises. Ils suggèrent que cela puisse avoir pour conséquence que les managers poursuivent des intérets particuliers qui ne sont pas les mêmes que celui des actionnaires. On retrouve cela plus tard chez Baumol qui formalisera les idées de Berle & Means et qui suggère la maximisation du chiffre d’affaires. C’est l’idée générale qui va dominer par la suite : les managers auront plutôt tendance à poursuivre directement ou indirectement un objectif de maximisation de la taille des entreprises, tout simplement car la taille de l’entreprise est corrélée au pouvoir du manager : plus la taille augmente, plus son pouvoir augmente et plus sa rémunération augmente. Parmi les objectifs que les managers peuvent poursuivre, il y a la réalisation d’investissements dans des actifs co-spécialisés qui rendent les managers indispensables à la firme. Ici, il peut y avoir co-spécialisation concernant à la fois des actifs physiques ou humains. L’objectif du manager est de gagner de l’argent, or cela peut passer par la

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maximisation du profit. Parmi les pouvoirs délégués, il y a une certaine influence sur les salaires distribués dans l’entreprise ; en particulier sur son salaire versé par l’entreprise. Ce genre de décision passe par le conseil d’administration et théoriquement il ne participe pas aux décisions de ce conseil. Néanmoins, dans quelle mesure les membres de l’administration eux-mêmes sont incités à poursuivre les mêmes intérêts que les actionnaires ou convergent vers ceux des managers. Comment faire en sorte que l’aléa moral soit minimisé ? C'est-à-dire faire en sorte qu’on incite le manager à poursuivre les mêmes objectifs assignés par les actionnaires ? à compléter stock option

On a souvent interprété le développement de ces prises de contrôle hostiles a constitué un moyen pour les actionnaires de crée une pression sur les managers pour qu’ils prennent des décisions qui aillent bien dans le sens des intérêts des actionnaires, sachant qu’une prise de contrôle sur une entreprise se traduit souvent par une remise en cause du pouvoir du manager voire de son licenciement ; et peut également être interprété comme une sanction de la mauvaise gestion de la firme puisque la valeur potentielle de l’entreprise révélée par le prix de l’action est supérieure à la valeur de l’entreprise car si on suppose que la gestion de l’entreprise est mauvaise, elle est inefficace. Cela justifie pour les prédateurs le fait de payer l’entreprise à un prix plus élevé que les prix que l’estime le marché. Ici, on doit faire l’hypothèse que les marchés sont efficients et que la mauvaise gestion n’est due qu’aux managers. Néanmoins, des études empiriques sont données par Jensen (1988) concernant le degré de réussite de ces raids boursiers. Les actionnaires de l’entreprise cible ont réalisé des gains significatifs puisqu’en moyenne le cours des actions augmentent de 30% dans le cas d’une OPA. Dans le cas des fusions, les gains réalisés s’évaluent aux alentours de 20%. Cela ne résout pas le problème des raisons qui expliquent cette augmentation.

Une question plus spécifique à la firme qui a été soulevée par Schleifer & Summers (1988) est qu’ils soulignent que les gains que réalisent les prédateurs ne sont généralement pas du à un gain d’efficacité dans le management de l’entreprise mais plutôt du au fait que cette prise de contrôle va avoir pour conséquence de briser un certain nombre d’engagements implicites qui caractérise toute firme vue comme une organisation qui se développe sur un temps relativement long. Parmi ces engagements implicites, on a notamment le fait que même si dans la totalité des cas ce n’est pas inscrit dans le contrat de travail, un employé engagé dans une entreprise, on lui offre une perspective de carrière, donc de voir sa rémunération augmenter au fil du temps (c’est d’ailleurs ce qui fait partir des stratégies de motivation des employés). Cet engagement n’est jamais écrit mais est souvent presque explicite puisqu’il est fréquent que cet engagement prenne une forme verbale. A rattraper

La relation employeur et employé : Taylor « Il n’est pas rare qu’un ouvrier compétent découvre en peu de temps comment travailler moins tout en donnant l’impression à son employeur qu’il travaille beaucoup. ». On représente cette relation par la tentative à la paresse de l’employé. Dans le cadre the la théorie de l’agence, débouche sur le fait qu’il faut relier le salaire de l’employé à un indicateur qui illustre ses efforts. On est obligé de prendre en compte comme hypothèse il y ait une aversion au risque plus importante du coté de l’employé que du coté de l’employeur. On est dans une conception de la relation principal/agent qui reste tout de merde une conception particulière, c'est-à-dire que ce sont des individus avec des intérêts divergeant dont le seul but et de poursuivre leurs intérêts personnels. On pourrait penser que sans qu’il existe de tels mécanismes incitatifs, le principal et l’agent dans une situation de rencontre répétée verrait au bout d’un certain temps l’intérêt commun qu’ils ont à coopérer. La coopération pourrait émerger d’elle-même, sans qu’on ait besoin de mettre en place un mécanisme incitatif.

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II) L’ENTREPRISE CAPITALISTE, LA CONCENTRATION ET LA MUTATION DE L’APPAREIL PRODUCTIF (19 ème – 20 ème siècles)

1) Du « patron » à « l’entrepreneur » à l’âge pré-industriel

A partir de quand peut-on véritablement parler d’entrepreneur ? On peut retenir 4 élements pour pouvoir parler d’entreprise et donc d’entrepreneur.

Une gestion de la production : on appréhende un problème et on prend des décisions relatives aux méthodes de productions, la question de la combinaison des facteurs de production…

Une gestion de la main d’œuvre : c’est la question de l’organisation du travail. Une gestion des relations avec le marché : c’est à la fois la relation avec la clientèle et

éventuellement la relation avec les fournisseurs. Une gestion des problèmes de financement.

Ce sont les critères qui vont permettre de déterminer dans quelle mesure on a plutôt affaire à des lieux de productions qui ne peuvent pas être considérés comme des entreprises, ou au contraire qui peuvent l’être. Dans le contexte historique, les artisans, commerçants de l’âge pré-industriel ne vont pas être considérés selon ces critères là comme des entrepreneurs. Souvent, le fait qu’on n’ait pas affaire à des entrepreneurs dans ces cas là est lié d’abord au caractère relativement limité de l’organisation du travail des marchés sur lesquels on écoule la production. C’est le cas pour les négociants du commerce international. Les activités économiques sont encastrées socialement.

Marché localisés, inertie sont les caractéristiques de ces lieux de production. L’entreprise nait progressivement de manière parallèle à l’industrialisation. Progressivement, on peut intégrer la notion de proto-industrialisation pour illustrer la complexité croissante.

L’étude de la manufacture drapière des Poupart de Neuflize à Sedan : on est en plein dans une période de proto-industrialisation. L’entreprise démarre au milieu du 18ème siècle. On débute par le filage et tissage de la laine, on passe au coton.

2) L’entreprise de la Révolution Industrielle (1780-1870)

a) Industrialisation et entreprise La coexistence des formes nouvelles et anciennes d’entreprises

L’industrialisation va s’accompagner de l’émergence de l’entreprise au sens principal du terme. Elle va ensuite s’accompagner d’une mutation de l’entreprise mais d’emblée on souligne le fait que pendant très longtemps, les formes anciennes d’entreprises vont coexister avec les formes d’entreprises plus moderne. Il ne faut pas voir l’évolution de l’entreprise comme un phénomène brutale.

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Quand on parle des formes anciennes d’entreprise, peut être des formes proches d’artisanales. Lorsqu’on a affaire a des productions qui nécessitent toujours un certain savoir faire artisanal, et au plus on va passer à des formes proto-industrielles, mais on ne passe pas directement à des formes modernes d’entreprises. L’entreprise moderne est caractérisée par le développement d’un travail de plus en plus spécialisé nécessitant moins de qualifications.

Dans certains domaines, ce type d’organisation moderne de la production n’est pas possible compte tenu des caractéristiques de cette production. On cite souvent comme exemple la coutellerie de Tiers.

Les éléments moteurs du changement sont le progrès technique. Pour le textile, cela a permit un changement radical dans les méthodes de production. L’évolution de la manufacture est en grande partie liée à l’évolution des techniques. Néanmoins, le PT est un processus qui est sans doute plus long que la représentation dans l’analyse schumpéterienne, notamment pour l’industrie textile. De plus, la productivité n’est pas forcément synonyme de rentabilité. Le progrès technique s’accompagne généralement d’une augmentation de l’intensité capitalistique. Si le PT est synonyme de machinisme à cette époque, encore faut-il, pour que les activités du PT soient rentables, le cout relatif du capital/travail évolue dans un sens qui ne rende pas le capital relativement plus cher que le travail. Or, on sait qu’au début de la Révolution Industrielle, le cout du travail va rester relativement faible. La révolution agricole va directement ou indirectement libérer du travail et donc rendre ce travail relativement bon marché pour le secteur industriel émergeant. Les progrès concernant le salaire réel n’apparaissent véritablement qu’à partir de 1820. Auparavant, on n’a pas de tendance très claire concernant le salaire, ce qui est une preuve supplémentaire quantifiable du caractère bon marché du travail.

Par ailleurs, le recours à des techniques de production plus moderne débouche sur la grande usine moderne, nécessite la concentration en un même lieu d’un assez grand nombre de travailleurs. Or, on sait que le passage à la forme moderne d’usine implique aussi de nouvelles formes d’organisation du travail, et là encore on a un processus de tâtonnement avant de trouver des méthodes d’organisation du travail efficaces.

La tendance est d’autant plus rapide qu’on est dans un secteur où la rentabilité de la production fortement intensive en capital va apparaitre. Dans le cas du textile, l’évolution sera beaucoup plus lente. Malgré cela, la tendance est au développement d’entreprises de taille de plus en plus importante. Toutefois, dans les deux premiers tiers du 19ème, même pour les entreprises qui connaissent un développement important de la mécanisation, la taille des entreprises reste relativement modeste. Il faut relativiser selon les pays et secteurs mais on peut préciser que dans l’industrie cotonnière à cette époque, la taille moyenne des entreprises se situe entre 100 et 200 ouvriers. Dans l’industrie sidérurgique, on connait dès les années 1830 des entreprises qui concentrent plusieurs milliers d’ouvriers ; mais ces entreprises constituent des exceptions. Certes, ce sont ces géants à l’échelle du 19ème qui vont constituer les symboles de la Révolution Industrielle mais ce sont des exceptions, au moins dans les deux premiers tiers du 19ème. On peut ajouter que le processus qui est caractérisé par une augmentation de la taille des entreprise n’est pas tjrs un processus continue. Il peut y avoir certaines évolutions de l’environnement des entreprises qui à un moment vont favoriser la diminution de la taille des entreprises, en particulier l’évolution des transports. Lorsque les transports sont peut développés, peut inciter à concentrer la production près

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des matières premières ou sources d’énergies, et quand les conditions de transports s’améliore, l’entreprise peut se rapprocher de manière plus dispersés de la demande. Même si la tendance sur le LT au PT et au progrès dans les transports est plutôt une tendance qui se caractérise par une taille croissante, les progrès ne conduit pas de manière continue à l’augmentation de la taille.

Les éléments moteurs du changement : progrès technique et cout relatif au travail

b) Une taille modestec) La figure de l’entrepreneur et les dynasties Le mythe du « self made man »

Il faut nuancer fortement l’image du self-made man. Cela peut être rapproché de l’entrepreneur innovateur schumpéterien. Il y a une part de pertinence dans la mesure où le 19ème siècle est celui des petites entreprises et de l’innovation. On a de nb exemples de réussites exceptionnelles. Néanmoins, on a tendance à dire que les fondateurs d’entreprises au 19ème siècle ne viennent pas de nulle part, c’est ce qu’affirme Crouzet (1985) qui étudie le cas de 316 industriels en Angleterre ayant fondé d’importantes entreprises entre 1750 et 1850. Il montre que contrairement au mythe du self made man, on observe une assez forte continuité sociale, lié au fiat qu’on trouve parmi ces industriels de nombreux fils d’entrepreneurs proto-industriels ou des famille très implantées dans le domaine du commerce en gros. Si on cite souvent dans les histoires les exceptions comme les fondateurs de filature de coton issus de la classe laborieuse, il s’agit bien d’exception qui confirme la règle : cette forte continuité sociale et sectorielle qui caractérise les fondateurs d’entreprises importantes au 19ème siècle.

Verley « un oncle influent ou mieux encore un beau père industriel était une aide indispensable pour un self-made man.

Cette continuité s’observe dans à peu près tous les pays, y compris en France malgré la Révolution Française.

Les dynasties et leurs stratégies de « pérennisation »

Ce n’est plus la question des origines des fondateurs d’entreprises mais plutôt la constitution de dynastie. De même qu’ils ne viennent pas de nulle part, en général le statut et l’activité auquel ils opèrent au 18ème va se transmettre de génération en génération. Cela remet en cause une autre idée souvent véhiculée et qu’on appelle la loi des trois générations. C’est la loi selon laquelle l’histoire commence avec un fondateur d’entreprise, qui fonde son entreprise, la développe, relayée par la 2ème génération (c'est-à-dire le fils), qui continue a développer l’entreprise. L’histoire se termine avec la 3ème génération, c'est-à-dire le petit-fils qui réduit à néant les efforts des deux générations précédentes.

C’est au travers d’exemples plus ou moins célèbres que cette loi a eu tendance à apparaitre. L’exemple le plus connu est l’exemple des Marshall. On est là encore dans le textile. Un autre exemple est celui des Pouyer Quertier et La Foudre à Rouen. Le père fonde l’entreprise au début du 19ème siècle, qui va constituer un véritable empire et va savoir attirer un certain nombre de compétences au travers ses stratégies politiques (il devient député au milieu du 19ème). Le fils va

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développer l’entreprise et la ruine de la famille va être liée essentiellement à des stratégies matrimoniales infructueuses des générations suivantes. Les symboles de la réussite restent souvent les symboles de la noblesse.

N éanmoins, ils constituent une exception. Les différentes stratégies sont souvent efficaces, notamment les stratégies matrimoniales. Ces stratégies vont devenir essentielles à cause de la complexité croissante du système économique et des modes de production. Les stratégies matrimoniales consistent soit à faire en sorte que des compétences techniques soient intégrées à l’entreprise, et cela devient de plus en plus important au fur et à mesure que ces compétences se développe. Cela fait partie des stratégies de pérennisation. C’est également la capacité des membres de la famille d’exploiter au mieux la formation scolaire ; ou encore constituer des alliances avec le monde financier. Là aussi, cela devient essentiel au 19ème au fur et à mesure que les besoins en capitaux des entreprises augmentent. Les stratégies d’alliance peuvent aussi passer par la nécessité de diversifier l’entreprise soit de favoriser une plus grande intégration verticale par l’instauration de longue durée dans le stade de la filière. Enfin, un dernier domaine est celui de la politique : les dynasties qui réussissent correspondent souvent à des familles qui ont su constituer des alliances avec le monde politique car ce monde politique fixe les règles du jeu des entreprises (cf. Stigler).

La branche Motte-Bossut est un exemple type qui s’est développé au 19ème siècle (voir dossier). Elle va, au travers des stratégies matrimoniales, savoir créer des liens avec toutes les branches d’activités qui seront nécessaires au développement de l’entreprise, et des liens avec le monde politique.

d) Les formes juridiques des entreprises

L’évolution des formes d’entreprises et dans une certaine mesure l’évolution de leur taille est liée à l’évolution des statuts juridiques d’entreprises, autrement dit les règles qui encadrent la formation de ces entreprises et leur développement. Cela va conditionner fortement la possibilité pour les entreprises de rassembler des capitaux très importants sur les marchés financiers. Dans le cas de la France, c’est la question de la généralisation à l’ensemble des entreprises de la possibilité d’accéder à ce statut (1867). Auparavant, les statuts juridiques en France offerts aux entreprises sont apparus dans le code du commerce de 1807. Ce code est une évolution institutionnelle importante puisqu’elle va contribuer à l’essor des entreprises au début de la Révolution Industrielle. Par la suite, ces statuts vont devenir insuffisants pour pouvoir continuer à soutenir le développement. Les différents statuts qui existent à partir de 1807 et qui vont dominer pendant tout le 19ème à l’exception de la Société Anonyme, sont pour les principaux statuts les sociétés en commandite simple, en non commandite et la société en commandite par action. La forme la plus répandue est la société en nom collectif. Elle est constituée d’un petit nombre d’associés responsables sur leur fortune personnelle et qui participent à la gestion de l’entreprise. Correspond à des sociétés qui sont fondées dans un cadre familial assez restreint. C’est un mélange d’SARL et d’entreprises individuelles. Dès le début du 19ème, il existe des formes juridiques qui permettent d’élargir dans une certaine mesure l’appel aux capitaux. C’est le cas des sociétés en commandite. La société en commandite simple sépare les apporteurs de capitaux qui sont impliqués dans la gestion de l’entreprise et ceux qui ne sont que de simples apporteurs de capitaux. La société en commandite par actions fonctionne de la même manière, c’est la version anonyme de la société en commandite simple : les apporteurs de capitaux qui ne participent pas à la gestion de l’entreprise ne sont pas nommés comme étant des apporteurs de capitaux, ce qui facilite une plus grande circulation du capital mais va déboucher sur certaines

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dérives, les apporteurs de capitaux ayant très peu de contrôle sur l’utilisation des capitaux qu’ils ont apportés et même si elle va continuer à exister par la suite, quand le statut de Société Anonyme se généralisera, il résoudra une partie des problèmes posés par la commandite par actions. Cette forme juridique sera de moins en moins utilisée au 19ème siècle. Les commandites par actions était généralement adopté par les très grandes entreprises jusqu’à ce que se généralise les Sociétés Anonymes en 1867, même si certaines sociétés telles que Schneider ne verront pas l’intérêt de changer de forme juridique.

La question de l’évolution des règles juridique est liée au développement de l’entreprise. On ne peut pas déterminer de manière claire d’où vient l’évolution des règles. Dans le cas de 1807, il semble qu’on mette en place un ensemble de nouveaux statuts juridiques qui vont couvrir l’ensemble des situations possibles à cette époque et vont perdurer pendant très longtemps. La société anonyme apparait plutôt comme un changement dans les règles qui a été amené par la pression constituée par le développement économique. Néanmoins, même si les évolutions concernant ces règles juridiques des entreprises ont lieu au 19ème, ne remet pas en cause que ce qui va dominer au 19ème est la moyenne entreprise familiale. Dans le dernier tiers du 19ème, la grande entreprise un peu plus anonyme tend à apparaitre ; mais restera l’exception qui confirme la règle. Le capitalisme anonyme tel qu’il va se développer au 20ème siècle avec la dilution du capital est un phénomène qui reste limité au 19ème, assez fréquent dans quelques secteurs très restreints (chemins de fer et banque). C’est le modèle de l’entreprise familiale qui reste dominant, bien que, selon les pays, le capitalisme plus anonyme va avoir une place plus ou moins importante.

3) Les « grandes entreprises » modernes à partir de la fin du XIX ème siècle a) Les formes multiples de concentration ou d’entente

C’est une des premières vagues de concentration marquée dans l’histoire du capitalisme depuis le début du 19ème siècle. Il est difficile d’arriver à combiner les tendances de LT et le fait qu’il y ait des vagues de concentration à certaines périodes. Au 19ème siècle, du fait du PT et de la concentration croissante du capital, il est assez clair qu’il y a une tendance de LT à la concentration qui ne sera pas remise en cause au 20ème siècle.

Les 3 formes de concentration sont

les concentrations techniques (= taille de l’établissement), économiques (=au niveau de l’entreprise qui peut avoir plusieurs établissements) et financières (=concerne la concentration mesurée au niveau du groupe).

Au 19ème, c’est une concentration technique. Il y a une tendance à l’augmentation de la taille, mais qui reste modeste. Le fait qu’on puisse parler de première vague à la fin du 19ème est lié au fait que cette concentration va au delà de la simple concentration technique qui s’explique principalement par le machinisme. En effet, à la fin du 19ème, on voit une première vague de concentration dans le sens où c’est aussi une concentration économique qui va être concernée. C’est une concentration dans un sens plus habituel : qui passe par des opérations de fusion, d’acquisition… et c’est ce type de phénomène qui tend à s’accélérer à la fin du 19ème. Quelque soit les formes ensuite que peut prendre cette concentration lorsqu’on distingue concentration verticale et horizontale, ce n’est plus l’importante de la concentration qui est posée mais plutôt la forme de la concentration. L’étude de la concentration est par ailleurs toujours rendue difficile lorsqu’existe un phénomène de concentration

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financière car ce dernier est très difficile à mesurer. Mais elle est aussi rendue difficile lorsque se développe des phénomènes de collusion. Les instruments de mesure ne permettent pas de mesurer les cartels. On a affaire à de la concentration lorsque le pouvoir d’une entreprise acquis sur une branche peut être associé à la propriété du point de vue juridique, ce qui n’est pas le cas dans le cas des ententes, et difficile à mesure dans le cas de la concentration financière.

b) Des causes multiples de développement de la grande entreprise

Quelles sont les causes de cela ?

L’apparition de nouveaux secteurs qui nécessitent plus de capitaux que les secteurs antérieurs. La concentration technique et économique s’explique ne partie par le fait que les nouveaux secteurs ont des couts fixes plus importants que dans les secteurs traditionnels tel que le textile.

Dans la 2ème moitié du 19ème siècle, on va connaitre des pays qui vont décoller économiquement tels que l’Allemagne, les EU, l’Angleterre, la France… Ces nouveaux marchés vont rester relativement fermés et il va y avoir une résistance à leur ouverture, mais progressivement les exportations vers ces pays là vont se développer. Les marchés extérieurs vont être de plus en plus importants. L’étendue des marchés est aussi dépendante des conditions de transports. C’est une explication dont la pertinence est relativement limitée pour expliquer la concentration car le développement des transports est plus un phénomène continu. On a une période de libre échange qui s’ouvre, et c’est à partir de là qu’on va pouvoir exploiter les progrès qui ont lieu dans les transports.

Opportunisme post-contractuel : qui dit marché plus étendue dit une plus grande incertitude sur les relations existante sur ces marchés entre les entreprises et fournisseurs, incertitude concernant la stabilité de la demande…

c) Quelques spécificités nationales

Même si la vague de concentration touche les pays, l’ampleur et les formes de cette concentration varie d’un pays à l’autre.

Le modèle américain

La concentration touche beaucoup plus les EU que les pays européens. La France n’est guère touchée par cette concentration. Dès la fin du 19ème, les Etats-Unis vont constituer le modèle de la grande entreprise. Les économies d’échelles exploitables dans un pays d’une telle taille sont plus importantes que des pays de taille plus modeste. Même s’il faut prendre en compte le fait que dans des pays comme la France et l’Angleterre, l’étendue du marché n’est pas limitée au territoire national puisqu’il faut prendre en compte les colonies. Néanmoins, on ne peut pas parler de marché unifié lorsqu’on parle des métropoles et colonies contrairement aux Etats-Unis.

Ce qui distingue les Etats-Unis des autres pays est la forme et les secteurs qui vont être touché par la concentration. Pour les biens de consommation, il y a une intégration verticale qui va s’effectuer, notamment pour le tabac. Autre exemple : Singer. On peut leur attribuer l’invention de la vente au porte à porte. C’est également un des exemples de première multinationale.

Les autres pays industriels

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Derrière les Etats-Unis, on va trouver l’Allemagne et la GB, et loin derrière la France.

Les spécificités apparaissent concernant les formes de concentration et les secteurs les plus concernent.

Dans le cas de la GB, la concentration est particulièrement forte dans l’industrie textile à la fin du 19ème siècle. On a affaire à un secteur qui est déjà ancien. La concentration s’explique en partie par absorption des entreprises en difficultés par d’autres. L’étendue du marché dépend de la maturité du secteur : quand on a un secteur nouveau en pleine expansion, on a tendance à observer de la concentration après une première période de multiplication des entreprises nouvelles dans ce secteur là, puis on va avoir un processus de concentration pour pouvoir bénéficier des économies d’échelle. Lorsque le secteur arrive à maturité, on va avoir une concentration qui va changer de nature par élimination des entreprises en difficulté qui sont les moins efficaces et qui subissent les premières le ralentissement de la croissance du marché. La conjoncture macroéconomique va aussi jouer un rôle dans la concentration. Quand on est dans une phase d’expansion longue, le marché a tendance à devenir plus étendu du fait de la croissance, donc cela favorise les économies d’échelles. Cela peut justifier certaines formes de concentration. Lorsqu’on est dans une conjoncture macroéconomie défavorable, c’est une phase de ralentissement de la concentration même s’il y a certaines formes de concentration qui vont apparaitre pendant cette période. Ce sont des concentrations issues de l’élimination des entreprises les plus fragiles.

Concernant l’Allemagne, la concentration concerne plutôt les biens de productions, biens intermédiaires dans les nouveaux secteurs moteurs. C’est de la concentration qui passe par une croissance interne, et donc assez peu par des fusions-acquisitions. Cela concerne l’électricité, la chimie… C’est là qu’apparait la domination de certaines grandes entreprises dans ces secteurs.

4) Les évolutions de l’organisation interne de l’entreprise au XX ème siècle

C’est la qu’on parle du siècle des managers. Cela fait partie des caractéristiques générales qui nous conduisent à opposer le 19ème du 20ème siècle. Le 19ème est le siècle de la petite entreprise familiale et le 20ème est celui de la firme managériale ; caractérisée par une taille plus importante, une organisation plus complète et une dilution du capital. La famille n’est plus la référence dans le domaine du contrôle et de la propriété de l’entreprise.

a) De l’ère des managers au retour de l’actionnaire

Les premiers auteurs à avoir observer ce que certains ont appelé une révolution managériale sont Veblen, il a observé que le pouvoir glissait progressivement des mains des propriétaires d’entreprise vers les mains des managers. La référence ici est Berle & Means (1932) puisque c’est la première étude empirique à grande échelle. Leur étude porte sur plus de 200 grandes entreprises américaines, l’intuition qu’avait Veblen est ici confirmée, à savoir le fait que les actionnaires perdent progressivement tout contrôle sur les décisions dans l’entreprise. On a assez clairement dès cette époque la une dissociation entre propriété et contrôle.

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L’observation faite par Galbraith « Le nouvel état industriel » est la même : on a une séparation entre propriété et contrôle. L’ampleur du phénomène décrit n’est pas la même que Berle & Means. Amène à un renforcement de la dilution du capital et donc une perte de pouvoir des actionnaires du fait de cette dilution. L’intérêt de son analyse est d’avoir montré que le problème du pouvoir de décision, de contrôle ne s’arrête pas à la seule question du rapport actionnaire/manager (propriétaire/gestionnaire) puisqu’il y a la technostructure. La technostructure regroupe tous les individus qui à l’intérieur de la firme disposent d’un savoir spécialisé. C’est une question de spécialisation des taches lié à une spécialisation des connaissances qui justifie l’organisation de la firme telle qu’elle se développe au 20ème siècle. Il y a donc asymétrie d’information et perte de contre de ceux qui ont officiellement le pouvoir à l’intérieur de l’entreprise. La techno-structure ne concerne pas seulement les manages, mais aussi tous ceux qui ont ce fameux savoir spécialisé : les techniciens, ingénieurs… ils sont les seuls dans une large mesure à pouvoir juger de la pertinence des décisions qu’ils prennent et de ce fait acquièrent un certain pouvoir et la possibilité d’agir dans un sens qui n’est pas forcément conforme aux intérêts des propriétaires de l’entreprise.

Schumpeter (1942) lorsqu’il souligne le développement de la grande entreprise dont les effets sont assez ambigus en termes de croissance, souligne également la disparition d’entreprises qui sont aux mains des entrepreneurs-innovateurs au profit des managers. Il y a un risque de voir disparaitre l’entrepreneur-innovateur.

Chez Galbraith, on ne sait pas si la montée des managers est bonne ou mauvaise. C’est très lié à l’idée selon laquelle on se dirige vers une forme de capitalisme qui est dirigée par les grandes entreprises elles-mêmes aux mains des maangers. Peut résoudre quelques problème d’inadéquations entre l’offre et la demande mais c’est un développement du capitalisme, du point de vue éthique, n’a pas des perspectives très réjouissantes.

A.D. Chandler « La main visible des managers » (1977). On est bien dans une forme de capitalisme dans lequel la coordination est assurée par les grandes entreprises dans lesquelles les décisions sont prises par les managers. Ce n’est pas la main invisible du marché qui assure la coordination, mais la main visible du manager qui donne la direction générale que va prendre le capitalisme. Chez Chandler, le capitalisme est vu comme une forme de capitalisme qui est issu d’un processus de spécialisation et est vue comme une évolution qui va dans le sens d’une plus grande efficacité économique. Pour Chandler, une partie du succès des Trente Glorieuses est lié à ce processus. C’est lié à la division du travail et le fait qu’on ait laissé les managers gérer les entreprises.

Les choses deviennent plus complexes dans les années 80 avec le développement des marchés de capitaux.

Le retour de l’actionnaire

Avec le développement des marchés de capitaux et le développement des fonds d’investissements, il y a une volonté de la part de ces marchés à reprendre le pouvoir des entreprises. Il y a un objectif de maximisation des profits, mais problème d’horizon de temps (CT, LT ?). Le discours le plus médiatisé est celui de dire que les gestionnaires de portefeuille cherchent la rentabilité à CT donc ont un horizon court termiste. Néanmoins les fonds d’investissements peuvent entrer au capital de certaines grandes entreprises et y rester un temps relativement long. Dans ce cas là, l’objectif est toujours la maximisation du profit mais sur un horizon un peu plus long que l’horizon des années 80.

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Les prédateurs des années 80 étaient plutôt le fait de gestionnaires de portefeuille qui avaient une stratégie très court termiste. On voit désormais des fonds d’investissements s’installer plus durablement.

Cependant, on a vu que les managers n’étaient pas sans armes pour contre attaquer l’offensive. Parmi l’arme la plus connue, c’est la distribution d’options ou d’options sur actions aux actionnaires en place. La conséquence de cela est double : la capitalisation boursière de l’entreprise augmente donc le prix de l’entreprise augmente. Si ce sont des options d’achat d’action, dès que les actionnaires exercent leurs options, cela crée une hausse du prix des actions. Dans tous les cas, renchérit le prix que va devoir payer le prédateur s’il veut acquérir l’entreprise. Le manager peut prendre des décisions dont les actionnaires vont avoir du mal à juger de la pertinence par rapport à leurs objectifs de maximisation du profit. Une autre solution est essayer de réduire l’asymétrie d’information, en sachant qu’ils ne pourront pas la faire disparaitre totalement sinon il n’y aurait pas intérêt à recourir à des managers. Les actionnaires pourraient gérer eux-mêmes la firme. Néanmoins si on ne peut supprimer totalement l’asymétrie, ils peuvent tenter de la diminuer et c’est ce qui permet sans doute d’expliquer le développement de l’audit, notamment externe, qui se développent vers les années 80-90. Ils permettent aux actionnaires de récupérer une partie du pouvoir qu’ils ont perdu. La seule chose qui puisse empêcher un actionnaire de vendre est la perspective d’importants profits.

b) L’organisation du travail et de la production L’OST et la production en série

Le développement de l’OST et son triomphe pendant les TG, puis progressivement sa remise en cause. Sa remise en cause théorique intervient déjà avant les TG mais dans les faits elle se manifeste à partir de la fin des 60’. On va voir se développer de nouvelles formes d’organisation du travail sans qu’on puisse considérer que l’organisation du travail taylorienne fordiste soit abandonnée.

Le développement de l’OST est à rattacher à Taylor fin 19ème début 20ème. La division du travail est imposée par le haut de la hiérarchie chez Taylor, alors que chez Smith, la division du travail est différente puisque c’est le travailleur lui-même qui prend conscience du gain d’efficacité qu’il peut obtenir en divisant les taches. On est typiquement dans le modèle de la concurrence parfaite et d’individus rationnels et non une vision hiérarchique de l’organisation de la firme chez Smith, et encore moins de l’économie. Chez Taylor, la division horizontale du travail est précédée d’une division verticale du travail, autrement dit la division est imposée par la hiérarchie, par ceux qui sont au sommet de la division verticale ; elle n’émerge pas spontanément de la propension des travailleurs à bricoler, troquer, échanger. Elle est imposée par une hiérarchie qui connait la propension à la paresse des travailleurs. C’est pourquoi la division chez Taylor va s’accompagner de la mise en place d’un système de rémunération au rendement pour faire face à cette propension des travailleurs à la paresse. L’idée d’organisation du travail taylorienne va être complétée par le travail à la chaine chez Ford. On va donc passer de l’organisation taylorienne à l’organisation Tayloro-fordiste. On ajoute à l’idée de division des taches l’idée de gain de temps fourni par le convoyeur qui va amener le travail à l’ouvrier et non pas l’inverse. Le travail à la chaine va aussi permettre de rendre plus efficace le contrôle de la cadence de l’ouvrier. L’idée de chronométrage est déjà présent chez Taylor mais le chronométrage va être rendu beaucoup plus aisé à partir du moment où les produits à travailler vont circuler sur une chaine. On peut considérer que cela est plus pernicieux dans la mesure

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où la pression exercée sur l’ouvrier n’est pas seulement lié à la technique mais aussi une pression du groupe du travail : si un travaille plus lentement que les autres, empêche les autres de travailler à un rythme de salaire correspondant à leur rendement. A partir du moment où on reconnait les gains d’efficacité qui sont issus de la division du travail, ce type d’organisation a sans doute contribué aux gains de productivités important qui ont permit la fameuse production de masse qui s’est développée tout au long du 20ème siècle. Cette forme va triompher pendant les TG, commence à se développer au début du 20ème. En France, les premières expériences sont menées dans l’industrie automobile chez Renault, et c’est également dans cette industrie que le taylorisme et le fordisme seront poussés à l’extrême pendant les TG, et plus généralement l’organisation taylorienne est très attachée à la société industrielle caractéristique du 20ème siècle, c'est-à-dire basée sur les industries automobiles… dans lequel le travail à la chaine apparait comme assez facile à mettre en place compte tenu des contraintes techniques, ce qui sera moins le cas dans une société tertiaire.

Les critiques psychologiques de l’OST

L’expérience menée par Mayo et Roethlisberger : on est dans un atelier de l’entreprise et l’expérience consiste à moduler l’intensité lumineuse. On a commencé à augmenter l’intensité lumineuse pour revenir à la fin à l’intensité de départ. On observe à chaque fois une augmentation de la productivité ouvrière. Ils en concluent que ce n’est pas l’amélioration des conditions de travail qui augmente la productivité, mais la manière dont les ouvrières interprètent cette évolution de l’intensité lumineuse. On est à la fois à l’opposé de la conception employeur/employé dans l’organisation taylorienne, et à l’opposé de la relation qu’on a dans les théories de l’agence moderne. Comme chez Taylor, dans la théorie de l’agence, on part du principe que si on laisse faire les choses et qu’on ne l’incite pas monétairement, l’employé va agir dans un sens qui ne correspond pas aux intérêts de l’employeur. La seule incitation qu’on à tendance à faire est de lier le salaire à la performance. On part du principe que la seule chose qui peut motiver le salarié est le salaire ; et qu’aucun autre facteur ne va avoir d’influence sur sa motivation et donc sur sa productivité.

C’est cela qui est remis en cause dans l’école des relations humaines (ERH). Croziet, pour résumer la perspective de l’ERH, dira que « l’ouvrier n’a pas seulement un bras, il a un aussi un cœur » et ajoutera pour faire le lien avec des perspectives plus récentes, qu’il a « aussi une tête ». Cela constitue donc un obstacle à l’efficacité. C’est à la fois une limite de la perspective taylorienne et de l’ERH. Ils ne prennent pas en compte le fait qu’il puisse être préférable d’exploiter la capacité de réflexion des ouvriers.

L’analyse de l’ERH a été complétée au travers de l’idée selon laquelle le travail n’est pas systématiquement perçu comme une désutilité. Avec l’ERH, on remet en cause cette perspective là. A partir du moment où on prend en compte le sentiment de bien être des ouvriers, le sentiment de bien être va influencer la productivité. On est cependant bien ici dans une logique de management. L’objectif n’est pas le bien être de l’ouvrier mais de la productivité. Si les gains de productivité doivent passer par le sentiment de bien être de l’ouvrier, on va organiser l’organisation de travail pour que l’ouvrier se sente mieux. Par ailleurs, le travail peut être aussi quelque chose d’agréable pour l’ouvrier. Le travail ne devient pas seulement un moyen mais une partie de la fin. Cela implique nécessairement d’accorder une attention à la manière dont l’ouvrier va concevoir le travail comme une partie de son projet de vie. Cela débouche sur le thème de l’enrichissement et l’élargissement des taches. A partir du moment où on aborde ces thèmes, c’est une remise en cause radicale de

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l’organisation taylorienne et fordiste, beaucoup plus radicale que dans le cadre de l’ERH. C’est le retour à un travail en atelier où l’ouvrier ne réalise pas simplement une tache simple et réduite mais participe à l’élaboration d’une partie du produit ; ce qui lui permet d’en dégager une plus grande fierté. C’est également remettre en cause la division verticale car en même temps que l’on casse la chaine et que l’on enrichit la tache de l’ouvrier, on lui laisse une plus grande autonomie dans son travail et donc une certaine place à l’initiative. Cela fait partie de l’objectif, puisque si l’on est dans une logique où il faut permettre à l’ouvrier de se réaliser dans son travail, laisser une place à son initiative c’est aller dans ce sens.

Cet enrichissement des taches entraine des nouvelles formes de travail qu’on peut qualifier de post-taylorienne, mais qui va trouver rapidement ces limites car les usines dans lesquelles des expériences inspirées de ces analyses ont été menées (notamment dans les usines Volvo en Suède) ont montré que la productivité était plus faible que dans les usines traditionnelles (c'est-à-dire basées sur le tayloro-fordisme). Pourtant, le modèle du taylorien et fordiste est contesté au sein des ouvriers dans les TG et surtout à la fin des 60, on sait que l’absentéisme et le turn-over se développe, donc il semble bien ici que le taylorisme trouve ses limites dans l’acceptation ou non de l’organisation du travail par les ouvriers. Même les augmentations de salaires semblent ne plus suffire à assurer cette acceptation.

Dans les années 70, on se trouve confronté aux limites du taylorisme et aux limites des visions idylliques des formes post-tayloriennes. Parallèlement, on va chercher à puiser dans l’organisation du travail à la japonaise de nouvelles sources d’inspirations pour faire évoluer les organisations du travail dans les pays occidentaux. Là encore, cette tentative va également trouver rapidement ces limites, dues au fait que l’organisation du travail s’inscrit dans des rapports sociaux particuliers, et cela fait partie des arguments des institutionnalistes holistes pour montrer que des techniques ne s’imposent pas brutalement en dehors de toute considération liée à l’histoire des rapports sociaux et valeurs culturelles qui les accompagnent. Néanmoins, on verra que l’évolution de l’organisation du travail a tout de même été marquée par l’inspiration qu’on a puisé dans l’organisation du travail à la japonaise. L’organisation taylorienne est associée à une organisation de la production en série où on va de l’amont vers l’aval. C’est encore plus clair pour les formes japonaises puisque c’est associé à une logique inverse : la logique va de l’aval vers l’amont, la production dans ses aspects quantitatifs et qualitatifs doivent s’adapter à la clientèle. C’est une logique d’organisation économique différente et dont les répercussions sur l’organisation du travail son évidentes : on ne peut plus concevoir l’organisation du travail comme on la conçoit dans le taylorisme et fordisme. Même si le rapport hiérarchique reste très marqué, la hiérarchie n’est plus tout à fait de la même nature puisque celui qui commande est le client. C’est déjà une remise en cause de la division verticale de Taylor, et même si la division horizontale peut conserver une grande place dans ces formes d’organisation du travail, on voit bien qu’une initiative doit être laissée à l’ouvrier.

Innovation technologique et variété de la demande.

Une des caractéristiques qui résume cette façon de voir l’organisation sont les 5 zéros. Ils caractérisent la volonté de travailler en flux tendus et donc de pouvoir répondre le mieux possible aux ordres de la clientèle. Le flux tendus est en fait tiré par la demande. Il est même matérialisé par le système Kanban (les ordres montent du client au producteur). Cette forme d’organisation du

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travail nait chez Toyota dans les années 60. L’organisation du travail s’inscrit aussi dans des traditions, cultures particulières.

Y-a-t-il une nouvelle forme d’organisation du travail qui s’impose dans les années 90 ? Dans quelle mesure ressemble-t-elle au post-taylorisme ?

Il y a un modèle unique de la firme rationnelle, et cela est vrai dans tous les domaines qui concernent la firme (tous les problèmes de décisions et notamment d’organisation du travail)

Nelson & Winter (1982) : on considère que la firme n’est pas une organisation qu’on peut représenter de manière unique, qui réagit de manière optimale aux contraintes que lui impose l’environnement. En particulier, la firme ne peut pas être réduite à un agent économique qui cherche à maximiser son profit. La firme est une organisation beaucoup plus complexe, ensemble d’individus, caractérisés par des « routines » : les décisions prises par la firme sont marquées par l’histoire de la firme elle-même.

Le fait qu’on ne puisse pas appliquer un modèle d’organisation du travail dans une société particulière peut s’élargir au niveau de la firme. Il est difficile de modéliser la firme, étant donné que chaque firme a son propre modèle. Néanmoins, elles peuvent avoir des caractéristiques communes :

Conformément à l’organisation de la firme à la japonaise, il semble que ce modèle ce soit imposé. C’est une caractéristique du mode de production. La capacité à répondre à ce besoin de diversité de la demande doit être relié à l’évolution technologique. Cela va également avoir une influence sur l’organisation du travail. La robotisation a eu plusieurs conséquences : elle a rendu possible cette adaptabilité aux exigences de la demande puisque justement ces machines là permettent d’adapter à un cout relativement limité et rapide les caractéristiques du produit. La robotisation va aussi amener à remettre en cause en partie la division verticale du travail puisque cela nécessite d’abord de la part des ouvriers des compétences nouvelles, des compétences nouvelles qui sont indissociables d’une plus grande autonomie dans la prise de décision, c'est-à-dire que forcément on va devoir un peu plus d’initiatives aux ouvriers. Cela n’est pas spécifique au secteur secondaire puisque dans le secteur tertiaire, les employés qui sont en bas de l’échelle vont devoir eux-mêmes grâce aux nouveaux moyens technologique être de plus en plus capable d’effectuer plusieurs taches. Même s’il y a une baisse de la pénibilité au travail aujourd'hui, il y a une pression psychologique sur ces salariés. L’étude faite par Askenazi montre que depuis les années 90, on constate que les maladies psychologiques qui sont répertoriées comme des maladies du travail ne cessent d’augmenter. Alors que pendant les TG, les conflits d’intérêts entre employeurs et employés renvoyaient à une division, hiérarchie claire qui existait dans les entreprises ; dans l’organisation qui tend à s’imposer aujourd'hui, à partir du moment où celui qui commande n’est plus présenté comme étant l’employeur mais le client, est une source d’inconfort psychologique supplémentaire pour les salariés

Le terme néo-taylorisme souligne le fait que l’organisation du travail qui domine aujourd'hui n’est pas post-taylorienne, c’est plutôt un néo-taylorisme dans le sens où certes la division horizontale et verticale est remise en cause, mais elle change plutôt de nature que d’être remise radicalement en cause. Les grands principes du taylorisme restent finalement assez largement dominants : la division du travail est une source d’efficacité à l’intérieur de l’entreprise. C’est moins poussé que dans les TG car le contexte technologique et socioculturel associé à la mutation de la demande est telle que c’est une division un peu moins poussée qui semble être optimale aujourd'hui. Cette forme nouvelle de

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taylorisme a eu tendance à se développer dans des secteurs qui n’étaient pas concernés par l’organisation d’inspiration taylorienne (notamment les services).

5) Les mutations de l’appareil productif au XX ème siècle a) Définitions

Appareil productif : on se situe au niveau des branches, secteurs. C’est l’expression la plus neutre pour aborder les questions d’interactions entre les branches.

Tissu productif : sous entend une façon particulière de concevoir l’appareil productif. Les interdépendances sont fortes, on parle de « maillage »

Système productif : On a une conception de l’appareil productif où il y a une interdépendance généralisée. Le système est en équilibre et le moindre changement va avoir des répercussions dans l’ensemble du système.

Mésoéconomie : c’est une approche qui est entre micro et macro économique. On l’utilise rarement car il est attaché à des conceptions du fonctionnement de l’appareil productif qui ne sont pas dominantes aujourd'hui, et qui n’ont jamais été dominantes de toute façon.

Economie industrielle : Elle s’intéresse à l’évolution et la taille des branches et secteurs.

Secteur : cf dico

Branche : cf dico

b) Petites et moyennes entreprise (PME) et grandes entreprises (GE) Définitions et caractéristiques

CF. STEPHANE

Handicaps des PME et atouts des GE

La flexibilité : c’est un atout de la PME et handicap de la GE. Ce qui fait que la PME va être vue comme une structure plus efficace à priori dans un environnement qui évolue de manière rapide et incessante. Que ce soit des questions quantitatives (la flexibilité adapte le niveau de sa production rapidement) ou qualitatives, c’est un avantage pour les PME alors que pour les GE, difficile à modifier et elle va être vue comme une organisation plus bureaucratique. Plus la taille augmente, plus l’information va mettre du temps à circuler.

Economies d’échelles : c’est un des critères qui va déterminer la concentration des entreprises. Elles poussent à l’augmentation de la taille des entreprises, c’est donc en faveur des GE.

Les sources de financement : constitue un handicap des PME. Non seulement les PME ont rarement la possibilité d’accéder aux marchés de capitaux (externe direct), mais de plus au sein du financement externe indirect, les taux d’intérêts que supportent les PME sont plus élevés que ceux des GE. Constitue d’autant plus une difficulté que la justification de cette différence de taux d’intérêt

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ne réside pas toujours dans le fait que les projets des PME soient potentiellement moins efficaces que les projets à financer des GE, mais tout simplement dans le fait que les PME offrent moins de garantie en cas d’échec (la valeur de leurs actifs est inférieurs à cette des GE), donc moins de garantie pour les banques. Indépendamment de la pertinence économique des projets, les banques vont plutôt privilégier les GE. Le différentiel de taux d’intérêt en temps normal est déjà d’environ 2%. En temps anormal, phénomène de rationnement de crédit qui touche particulièrement les PME.

Néanmoins, un argument qui justifie l’attitude des banques : le niveau de risque de défaut associé aux PME est plus élevé que celui de GE. Ce n’est pas seulement une question de garantie, c’est aussi une question du risque d’échec des PME en question. Les 2/3 des entreprises individuelles ne dépassent pas 5 ans.

Les groupes

CF. STEPHANE

c) Spécialisation souple et réseaux

On raisonne en termes de propriété. On aborde la concentration uniquement à partir du pouvoir du marché qu’ont les entreprises, entreprises étant définies au travers de la propriété. Dans la réalité, des entreprises peuvent être indépendantes juridiquement mais entretenir des relations économiques suffisamment poussées, on est plus dans schéma simple de concurrence.

L’analyse de Piore et Sabel

CF. STEPHANE

Les réseaux

Réseau : ensemble d’entreprises entretenant de façon formelle ou informelle des relations durables établissant ainsi une certaine communauté d’intérêt. (INSEE)

Dans les réseaux, il peut y avoir des relations qui s’inscrivent plutôt dans une structure hiérarchique : une entreprise est donneuse d’ordre et les autres exécutent.

La sous-traitante fait également partie de la notion de réseau, même si dans la sous traitance il y a une structure hiérarchique qui caractérise ce type de réseau.

Lorsqu’il n’y a pas cette relation hiérarchique, c’est un réseau horizontal. Il peut y avoir partage d’informations, de dépenses (publicitaires par ex). Mise en commun de certaines plateformes de production (ex : industrie automobile). Les entreprises sont indépendantes mais ont une usine en commun (ex : Mitsubishi et Peugeot). Ce sont des relations de « coopétition ».

Dans de nombreux cas, ces mises en réseau de moyen constituent souvent un préalable à un processus de fusion car on est dans une logique coopérative. On peut se demander dans quelle mesure ces mises en commun de ressources passe-t-elle par le partage d’information ou d’actifs physiques ou plus ? Dans quelle mesure le développement de ces réseaux est une source d’efficacité économique et pourquoi les réseaux ont tendance à se développer à partir des années 90 ?

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Ce qui est paradoxal dans ce genre d’alliance est qu’on a affaire à des entreprises qui sont en concurrence, dans un contexte où la concurrence est aigue, mais un des éléments qui permet de comprendre pourquoi cela n’est pas si surprenant est que dans le contexte de la mondialisation, la concurrence a lieu dans au niveau mondial, mais ne va pas être de la même nature selon qu’on soit dans les pays de l’Est… C’est un moyen de pénétrer d’autres pays, et donc d’autres marchés.

La question des couts fixes : dans le cas de l’industrie automobile, on a affaire à une industrie dans laquelle, compte tenu du développement technologique, les couts d’installation des chaines d’assemblage sont relativement importants et dans ce cas là, on est quasiement contraint de partager le cout entre plusieurs entreprises. La limite de cette interprétation est qu’à partir du moment où ce sont pour des raisons de cout fixe, pourquoi ne va-t-on pas jusqu’à la fusion ?

d) La concentration des entreprises Définitions et mesure

La façon la plus simple de présenter la concentration d’un marché est de calculer la part d’un marché dans un secteur réalisé par les plus grandes entreprises. On en prend souvent 4, parfois 8.

Exemple : les 4 plus grandes entreprises dans le secteur automobile se partage x% en termes de valeur ajouté.

CF . STEPHANE

L’indice IHH : il est égal à la somme des carrés des parts de marché. Si on est en CPP, il est égal à 0 puisque la part de marché d’une entreprise est nulle. Si on exprime la part de marché en pourcentage, le cas extrême est le monopole. Néanmoins, compte tenu de ce qu’on connait dans les faits de la concentration moyenne des différents marchés, la Commission chargée de réglementer la concurrence aux EU considère qu’à partir du moment où l’IHH est inférieur à 1000, la concentration peut être considérée comme faible. Dès qu’on passe 1800, on considère qu’on a affaire à un marché où la concentration est forte. La valeur de l’indice lui même a une signification assez limité puisque le degré de concentration ne peut pas être appréhendé de la même façon selon les caractéristiques techniques du secteur auquel on s’intéresse et selon également la nature de la demande. On a des secteurs qui sont normalement faiblement concentrés comme l’habillement et le cuir et des secteurs normalement fortement concentré comme l’industrie automobile, la construction navale, l’aéronautique et la construction ferroviaire. Ce qui intéresse l’analyse économique et par voie de conséquence les autorités chargées de régler la concurrence, ce n’est pas la concentration en elle même mais le pouvoir de marché associé à cette concentration. Ce pouvoir de marché se mesure

idéalement au travers l’indice de Lerner. C’est le prix−cout marginal

prix .

L’indice de Lerner est compris entre 0 et . Si on est en situation de monopole, la part de marché est 1.

Evolution

Il faut observer empiriquement ces vagues de concentrations indépendamment de la tendance de LT qui est une tendance à l’augmentation de la taille des entreprises (qui ne veut pas dire forcément que s’accompagne systématiquement de concentration et n’est pas synonyme d’augmentation du

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pouvoir de marché). Le coefficient de capital a tendance à augmenter. De plus, la concentration prend des formules types : il a la fois des concentrations techniques, économiques et financières. Mais ces concentrations ne sont pas systématiques. La nature de ces concentrations elle même peut connaitre des évolutions contrastées.

- 1ère vague : fin du 19ème siècle. C’est une vague qui concerne essentiellement les Etats-Unis. On a notamment des concentrations horizontales visant l’acquisition d’un pouvoir de monopole. L’exemple marquant de l’époque est Rockefeller (Standard Oil). En 1904, 318 entreprises contrôlent 40% de l’ensemble des actifs industriels. Avec la récession de 1904 et la mise en application du Sherman Act, cette vague de concentration semble s’achever s’emble s’achever aux alentours de 1904.

- 2ème vague après la 1ère GM : caractérisée par de multiples fusions-acquisitions. La crise de 29 va stopper le processus. On est dans des périodes qui se caractérisent par un ralentissement de la concentration.

- La période des TG. On peut constater de nouveau que les vagues de concentration sont assez largement en phase avec les phases de croissance économique forte.

- A partir des années 80, on voit s’accélerer la concentration ,mais ce n’est pas une période homogène. Il y a plusieurs vagues.

Au début des années 80 jusqu’au krach boursier de 1987 : lié à la mutation financière. Les fusions-acquisitions de cette période la passent très souvent par des opérations d’achat hostiles via les marchés de capitaux. Cette vague est stoppée avec le krach de 1987

Années 90 : on retrouve une nouvelle vague de concentration des entreprises jusqu’à l’éclatement de la bulle internet. Cette fois ci, c’est un phénomène qui touche toutes les régions du monde, qui touche également de très nombreux secteurs. Les opérations hostiles deviennent moins nombreuses.

Années 2000 jusqu’à la crise des subprimes.

Les vagues de concentrations se succèdent de manière beaucoup plus rapide dans la période récente (3 en 30 ans). De plus, les volumes concernés sont beaucoup plus importants. Si on prend par exemple les opérations de fusion-acquisition, en milliards de dollars : au début des années 90, annuellement, ces fusions acquisitions portaient sur des volumes qui tournaient autour de 500-600 milliards de dollars dans le monde. En phase avec le gonflement de la bulle internet, les volumes vont augmenter fortement. Au sommet de la bulle, en 200, on est à 3400 milliards de dollars fusions-acquisitions dans le monde. Après éclatement de la bulle, parallèlement le volume diminue, puis on reprend en phase avec le gonflement de la bulle suivante. En 2004, 2000 milliards, et en 2007, on est à 4500 milliards de dollars.

Exemples : en 1998, la fusion Exxon mobile, va amener en grande partie à réformer l’empire Rockefeller. Plus récemment, la fusion Alcatel-Lucent en 2006, qui donnera naissance au numéro 1 des équipementiers telecom. Autre exemple : la part croissante des opérations transfrontalières. En 1998, elles ne représentaient encore que 10% des volumes des fusions acquisitions dans le monde. C’est dans les années 2000 que ce type d’opération prend de plus en plus de place puisqu’en 2007, on est presque à la moitié des volumes. Il faut souligner ici que dans cette accélération assez brutale dans les années 2000 de ce type d’opération, on a l’importance des fusions acquisitions dans le

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secteur financier, dans le contexte de la bulle, et le rôle croissant des fonds d’investissements, en particulier les fonds souverains.

La fusion acquisition permet des économies d’échelle et des comportements de prédations (limite = réglementation de la concurrence). Les économies d’échelles s’expliquent par le progrès technique et l’étendue du marché.

A RATTRAPPER

Les firmes répondent forcément à des évolutions de l’environnement (conjoncture, environnement institutionnel). Les économies d’échelles, la minimisation des couts de transactions sont une réponse aux évolutions de l’environnement.

En dehors de toute évolution technique, ça suffit ç favoriser la concentration puisque cela va créer des économies d’échelles.

Parmi les causes institutionnelles, on a les évolutions des structures économiques qui sont liées au progrès technique. Dans quelle mesure le PT va se traduire par un coefficient de capital plus important, et donc des couts fixes plus importants, et donc l’augmentation de la taille optimale des firmes. Le degré d’ouverture dans les économies va également avoir une influence sur la taille optimale des firmes. Lorsqu’on a affaire à des économies plus ouvertes sur l’extérieur, on peut exploiter davantage les économies d’échelles. La firme fait néanmoins plus face à une situation d’incertitude forte qui favorise davantage l’opportunisme post-contractuel (Williamson & les hold-up). La législation va également faire évoluer l’intégration ou la non-intégration du marché. Une réglementation de la concurrence au niveau international qui évolue dans un sens qui protège mieux les entreprises de comportement anti-concurrentiel de la part d’autres entreprises peut être une évolution institutionnelle qui va aller dans le sens contraire. Ex : l’OMC, si le fait que l’on passe du GATT où il n’y a pas de pouvoir de sanction à l’OMC où il y a un pouvoir de sanction permet aux entreprises de rester dans des relations marchandes, permet de garantir un peu plus l’impossibilité d’un hold-up. De plus, le PT peut lui aussi diminuer les couts de transaction sur le marché et donc redonne un peu plus de crédit aux relations marchandes au détriment de l’intégration verticale. Les choses sont suffisamment complexes pour qu’on puisse avoir une explication de la concentration à certains moments donnés. On peut très bien avoir au même moment un processus de concentrations et dans certaines branches des processus d’externalisation. Un autre facteur est le développement des marchés financiers, c'est-à-dire la place croissante des marchés financiers dans le financement de l’économie, et cela aussi bien au niveau national qu’international. Cela va non seulement changer les modes de finances des entreprises, mais aussi les modes de gouvernance des entreprises. En particulier, la première vague de concentration qui a lieu dans les années 80 se fait aux EU surtout au travers d’opérations d’achats hostiles via les marchés financiers (OPA hostiles). Néanmoins, c’est un phénomène qui se développe plus tardivement puisque dans les années 80, l’essentiel des fusions acquisitions se situent aux EU, et par voie de conséquence les fusions acquisitions concernent des entreprises américaines qui fusionnent entre-elles. Mais progressivement à partir des 90, et surtout dans la vague des années 2000, les opérations transfrontalières ont tendance à se multiplier. L’influence des fluctuations boursières est également un facteur, et les vagues de fusion-acquisitions sont en phase avec les vagues de fluctuations financières. Le fait qu’on ait une telle corrélation montre que les fusions-acquisitions, quand elles passent par des achats ou échanges de titres, s’inscrivent dans une logique spéculative.

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Effets de la concentrationo Des effets incertains au niveau de l’entreprise

Les fusions-acquisitions constituent-elles des réussites ou des échecs ? Les travaux empiriques de Mueller (1997) comparent la rentabilité des entreprises avant et après la fusion. Les travaux initiés par cet auteur concluent assez paradoxalement plutôt négativement concernant l’efficacité des fusions acquisitions. Une des explications qu’on trouve est le problème des cultures d’entreprises. Les problèmes liés aux cultures d’entreprises différentes sont sans doute exacerbées lorsque les entreprises sont de différentes nationalités. C’est notamment une des explications de ce qui est considéré comme l’échec de la fusion entre Alcatel et Lucent en 2006, en 2 ans le cours de l’action va chuter de 60%, l’exécutif va démissionner en 2008. On trouve cela aussi à un niveau national en France dans les entreprises qui ont des histoires différentes et qui opèrent dans un même secteur, notamment dans les fusions bancaires qui ont eu lieu de manière assez répétée depuis la fin des 90. Ce sont souvent des fusions qui se sont aussi heurtés aux problèmes de cultures, notamment entre les banques mutualistes et banques ordinaires. Les banques mutualistes ont une tradition qui n’est pas la même que celle de BNP par exemple.

Par ailleurs, lorsque la fusions acquisitions réussit, c'est-à-dire que la rentabilité après la fusion est plus forte qu’auparavant, ces gains de rentabilité sont plus souvent dus à une augmentation des prix de vente pratiqués par les entreprises, autrement dit un pouvoir de marché accru, qu’à des gains d’efficacité lié par ex à la diminution des couts de transaction ou à des économies d’échelles.

o Internalisation ou externalisation ?

On ne peut pas répondre de manière simple, mais une tendance qui s’est dégagée à partir des années 80 est le fait que l’externalisation va correspondre à partir de cette période à la volonté des entreprises de se recentrer sur leur cœur de métier. C’est ce qui va expliquer que de nombreuses entreprises vont avoir recours à la sous-traitance, c'est-à-dire externaliser certaines activités qui ne sont pas les activités principales de l’entreprises, notamment les activités de services tels que le nettoyage, transports… Par ailleurs, dans certains cas, des entreprises qui avaient mené très loin ce processus d’externalisation ont été confronté à des problèmes du type hold-up, et ont du limiter voire remettre en cause partiellement ce processus d’externalisation. Cela peut s’interpréter à partir du modèle du hold-up puisque les entreprises qui externalisent ne font pas forcément face à une offre très diversifiée de fournisseurs, notamment de services, donc certes la relation de dépendance est à double sens. Le problème de la sous-traitance vient du faire que l’entreprise fournisseur de services est dépendante de l’entreprises cliente, mais l’entreprise cliente peut également être dépendante de l’entreprise fournisseur de services.

L’externalisation elle même peut s’expliquer par le fait que le PT ait pu diminuer les couts de transaction sur le marché, mais cela s’est plus souvent expliqué par le phénomène bureaucratique, c'est-à-dire la perte d’efficacité à l’intérieur de l’entreprise, et donc qui ne parvenait pas à gérer de manière efficace cette multiplication d’activités. Dans les années 80, on a semble-t-il un avantage qui semble aller dans le sens de l’externalisation, autrement dit favoriser le contrat marchand plutôt que l’intégration. Mais on voit aussi les limites du système alternatif, c'est-à-dire de l’externalisation pour ces raisons de dépendance et de probabilité de hold-up, mais aussi parce que l’externalisation s’est faite de la part des firmes dans le cadre d’une stratégie qui a consisté à faire jouer aux sous-traitants un rôle d’amortisseur de la conjoncture pour les firmes. Parallèlement à cela, les firmes ont aussi pu

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dans certains cas créer une pression sur les prix, et donc impliquer une pression à la baisse sur les couts de production au sein de ces entreprises sous traitantes. Cela a pu se traduire par une dégradation de la qualité du service fourni. C’est le cas notamment des entreprises qui ont externalisé les services de nettoyage. Quand on est dans les domaines des services, l’essentiel des couts sont les couts du travail. Cela se traduit par des pratiques de gestion des ressources humaines qui sont axées systématiquement sur la baisse des couts de productions, et on va donc privilégier dans l’embauche des salariés les salaires les plus faibles. On arrive donc aux limites du système : la qualité du travail fourni va être à l’hauteur des salaires fournis, c'est-à-dire une qualité faible.

o Effets au niveau collectifs : la question de l’efficacité et celle de la répartition du surplus

La concentration se justifie-t-elle par des gains d’efficacité ou par la volonté d’acquérir un pouvoir de marché ?

A priori, la concentration, si elle a lieu, peut être parce qu’elle permet à l’entreprise d’être plus efficace car elle diminue les couts de production. Mais on sait que parallèlement, les fusions-acquisitions peuvent être motivés par des comportements de prédations, ou plus généralement par la volonté de renforcer ou acquérir un pouvoir de marché. Dans ce cas la, ce n’est plus la baisse des couts de production qui est visée mais l’augmentation des prix de vente.

Lorsqu’on s’intéresse à la question de la maximisation du profit, il est facile de montrer que le profit est maximum quelque soit la structure du marché auquel on s’intéresse, lorsque l’indice de Lerner est égal à alpha i sur epsilone.

e) L’internationalisation des entreprises Aspects historiques Causes et processus Mondialisation et formes régionales de capitalisme

f) L’Etat et les grandes entreprises : favoriser la concurrence ? La préservation de la concurrence Etat et grandes entreprises dans la compétition internationale

o Des enjeux économiques, sociaux et politiqueso La tradition interventionniste en France : colbertisme, champions nationaux et

patriotisme économique o Le patriotisme économique n’est pas une spécificité française

6) La tertiarisation de l’économie

III) DE LA NAISSANCE A LA CRISE DU SYNDICALISME

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1) La naissance des syndicats au XIX ème siècle

2) Montée, structuration-institutionnalisation et crise du syndicalisme au XX ème siècle