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PSYCHOLOGIE Quand le berceau reste vide Qu’est-ce qui rend si complexe le deuil d’un enfant mort avant de n’être? RESSOURCE La Fédération de l'âge d'or du Québec prend un coup de jeune ENTREVUE LISE THIBAULT La force d’avancer « Un handicap n’est pas l’extinction de la vie et de ses possibilités » Magazine d'information

ENTREVUE LISE THIBAULT · pour le compte de la Fédération des coopératives funéraires du Québec. Surprenant comme résultat, surtout si l’on considère que le mouvement des

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PSYCHOLOGIE

Quand le berceau reste videQu’est-ce qui rend si complexe le deuil

d’un enfant mort avant de n’être?

RESSOURCE

La Fédération de l'âge d'or du Québec prend un coup de jeune

ENTREVUE

LISE THIBAULT La force d’avancer« Un handicap n’est pas l’extinction

de la vie et de ses possibilités »

Magazine d'information

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Mot du président

L’intérêt croît avec l’usageSeulement la moitié des Québécois et Québécoises connais-sent l’existence des coopératives funéraires. Voilà le principalconstat qui résulte d’une enquête réalisée en octobre dernierpour le compte de la Fédération des coopératives funérairesdu Québec.

Surprenant comme résultat, surtout si l’on considère que lemouvement des coopératives funéraires existe au Québecdepuis plus de 50 ans. Étonnant également parce que lescoopératives funéraires sont présentes dans à peu près toutesles régions du Québec.

Décevant? Tout dépend si on voit le verre à moitié vide ou àmoitié plein! Il y a fort à parier que la connaissance descoopératives funéraires s’est accru au cours des dernières

années avec le développement fulgurant qu’elles ontconnu. Imaginez, au cours des cinq dernières années,le mouvement a assisté à l’acquisition de 14 entreprisesfunéraires privées, la création de six nouvelles coopéra-tives et une augmentation de 65% du nombre defunérailles.

Toujours selon le sondeur, ceux qui connaissent lescoopératives les perçoivent favorablement. Ainsi, lespersonnes qui sont déjà allées une fois dans une coopérative estiment plus probable defaire affaire avec un tel établissement s'il advenait un décès dans leur famille. Et cette pro-babilité augmente encore chez les personnes qui ont fait plus d’une visite.

Autre élément que révèle le sondage : seulement le tiers des gens ont déjà entendu parlerde l’acquisition d’entreprises funéraires québécoises par les Américains. Pourtant, les multi-nationales américaines contrôlent maintenant la moitié du marché funéraire au Québec.Lorsqu’elles sont informées de ce fait, la grande majorité des personnes interrogées sedisent en désaccord avec ce phénomène.

À la suite des résultats de cette enquête, les coopératives funéraires du Québec ont entre-pris une vaste campagne de promotion à travers le Québec. Des publicités dans Le Bel Âge,L’Actualité et les hebdos régionaux visent à faire connaître notre présence dans les régions.Il importe de sensibiliser les gens à l’importance de notre mouvement et à faire savoir queles coopératives protègent les intérêts québécois dans l’industrie funéraire.

Avec ses 36 coopératives et ses 81 points de services, notre mouvement est désormais le2e plus important réseau d’entreprises funéraires au Québec. Depuis sa création, le mouve-ment des coopératives funéraires a permis aux Québécois et Québécoises de participer audéveloppement de leur collectivité et de prendre en main un secteur important de leuréconomie.

Loin d’être dépassé, le mouvement coopératif constitue plus que jamais un moyen pourcontrer la mainmise d’entreprises étrangères dans ce secteur et protéger notre patrimoineculturel. En adhérant à une coopérative funéraire, comme l’ont déjà fait 125 000 membres,vous contribuez non seulement à édifier la société en laquelle vous croyez mais vousaffirmez aussi votre foi en des valeurs humaines : la solidarité, l’entraide, la démocratie etl’engagement dans le milieu.

Michel Marengo, président

NotrecouvertureLise ThibaultPhoto : Claude Croisetière ©

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Profil est publié deux fois l’an par la :

Fédération des coopératives funéraires du Québec

31, rue King Ouest, bureau 410

Sherbrooke (Québec) J1H 1N5

Téléphone : (819) 566-6303

Télécopieur : (819) 829-1593

Courriel : [email protected]

Site Internet : www.fcfq.qc.ca

Direction : Alain Leclerc

Rédaction et coordination : France Denis

Photo couverture : Claude Croisetière, photographe

Conception graphique : François Bienvenue

Impression : Imprimeries Transcontinental inc.,division Métrolitho

Dépôt légal : Deuxième trimestre 2000Bibliothèque nationale du Québec - ISSN 1205-9269

Poste-publication, convention no 1550411

Coopératives funéraires participantes :Coopérative funéraire de l’EstrieCentre funéraire coopératif du GranitRésidence funéraire du SaguenayCoopérative funéraire du PlateauCoopérative funéraire de l’OutaouaisCoopérative funéraire des Bois-FrancsCoopérative funéraire des Eaux VivesCoopérative funéraire de Abitibi-TémiscamingueCoopérative funéraire BrunetCoopérative funéraire de la Rive-Sud de MontréalCoopérative funéraire d’AutrayCoopérative funéraire du Bas Saint-Laurent

Tirage : 63 150 exemplaires

Volume 12no 1

« Il importe desensibiliser les gens

à l’importance denotre mouvement. »

Préarrangement 3Les arrangements préalables

Une solution pour le respect de mesvolontés.

Entrevue 4La force d’avancer

Paralysée de la taille aux pieds,l’honorable Lise Thibault, Lieutenantgouverneur du Québec, se déplacesur quatre roues. Mais elle se tientdebout.

Psychologie 7Quand le berceau reste vide

La fausse-couche, un deuilcomplexe. Comment soutenir etcomprendre les parents qui viventcette épreuve.

Ressource 9La Fédération de l’âge d’or duQuébec prend un coup de jeune

La plus grande associationvolontaire d’aînés au Canada fêteses 30 ans.

2La rédaction de Profil laisse aux auteures et auteurs l’entière responsabilité de leurs opinions.

Toute demande de reproduction doit être adressée à la Fédération des coopératives funéraires du Québec.

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a prévoyance s’impose pour les funérailles et les rites qui l’accompagnent.Les arrangements préalables permettent de faire des choix judicieuxquand une personne est en mesure de prendre des décisions réfléchies.

Les avantages de cette formule sontnombreux :• Elle évite à vos proches de prendre des décisions sous le coupde l’émotion et leur épargne de nombreuses formalités etdémarches souvent pénibles dans une période aussi difficile.

• Vous décidez du genre de funérailles que vous désirez :funérailles traditionnelles avec exposition suivie de l’inhuma-tion ou de la crémation ou de tout autre mode de disposition.

• C’est également un placement avisé. La totalité des montantsconfiés est déposée chez un fiduciaire reconnu. De plus, uneindexation automatique garantit l’obtention du service retenu,quelle que soit la dévaluation. En d’autres termes, c’est l’assu-rance de recevoir demain des services au prix d’aujourd’hui.

Sans aucune obligation de votre part, votre coopérativefunéraire peut vous aider à évaluer vos besoins et à faire le choixdes rites funéraires qui vous conviennent personnellement.

Il est bon de suggérer et non d’imposer une ligne de conduiteselon vos croyances et vos goûts et de faire part à vos prochesdes dispositions préalables prises advenant un décès, afin queces personnes qui vous sont chères puissent retrouver dansvotre geste le respect et l’amour que vous leur portez.

Le réseau des coopératives funéraires du Québec regroupe unpersonnel attentif et respectueux capable de répondresoigneusement à vos attentes en ce qui concerne les arrange-ments préalables.

Les arrangements préalablesUne solution pour le respect de mes volontés

LVotre arrangement préalabledéménage avec vous!De nombreuses personnes hésitent à prendre unarrangement préalable, ne sachant trop si elles vonthabiter la même localité dans 5 ou 10 ans. Bonnenouvelle! Grâce à une entente de réciprocité que vien-nent de conclure 17 coopératives funéraires du Québec,il est maintenant possible de bénéficier des avantageséconomiques consentis aux membres de toutes lescoopératives signataires de l’entente, et de permettre letransfert, sans aucune pénalité, des arrangements préa-lables d’une coopérative à une autre.

Advenant un déménagement dans une ou l’autre deslocalités desservies par ces 17 coopératives (présentesdans à peu près toutes les régions avec 58 salons), cespersonnes peuvent recevoir de cet établissement l’inté-gralité des services qui ont fait l’objet de leur arrange-ment préalable.

Ma coopérative funéraire, un choix qui m’appartient

UNE APPROCHE HUMAINE… ET PLUS

Parce que vous voulezce qu’il y a de mieux

• 125 000 membres• Une près de chez vous• 81 points de service• Entièrement québécois

Pour informations : (819) 566-6303

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À 61 ans, Lise Thibault fait du ski, joue au golf, parcourt150 000 kilomètres par année pour rencontrer les genset participe à plus de 700 activités. « Un handicap, quelhandicap? »

Sa sérénité est remarquable. «Un handicap n’est pas l’ex-tinction de la vie et de ses possibilités. Ce n’est pas la finde quelque chose, mais la porte ouverte sur autrechose.» Partout où elle va, elle livre ce messageempreint d’humanisme et de détermination.

Elle n’aime pas le mot «malheur». «On peut avoir descontrariétés qui nous dérangent et, souvent, nouspermettent de grandir». La grande dame que nousavons rencontrée à son bureau de Québec se déplacesur quatre roues. Mais elle se tient debout.

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Vous avez vécu des deuils importants avec le départ devos parents et de vos grands-parents. De quelle façonla perte de l’usage de vos jambes s’apparente-t-elle àun deuil?

Je pense que, pour passer à travers un deuil, il faut voirune extension de la vie. Quand j’ai perdu mes parentset mes grands-parents, ma foi m’a permis de continuerà rester en communication avec eux, sur un autreniveau. Les sens qui étaient habitués d’entrer en rela-tion avec ces gens-là ne travaillaient plus de la mêmefaçon. Je n’avais plus besoin de ma voix pour leur parler,de mes oreilles pour les entendre, de mes yeux pour lesvoir et mes mains pour leur toucher. Mais ce n’était pasla fin.

Quand, un jour, on vit un accident de parcours qui vientcontrecarrer nos projets, c’est encore un deuil. Les gensqui ne s’en sortent pas sont ceux qui pensent que toutest fini. Quand il faut apprendre à vivre avec un corpsdifférent, un corps où tes jambes ne sont plus l’outil detransport, c’est un deuil.

Il faut être capable d’identifier des mentors, des gens quiont vécu des choses semblables aux nôtres et qui onttrouvé le moyen de s’en sortir, de vivre de façondifférente et de réussir leur vie. On découvre alors,comme dans un processus de deuil, qu’il y a une vieaprès l’épreuve.

Qu’est-ce qui vous manque le plus dans la perte de vosjambes?

C’est gros ce que je vais vous dire, mais si l’humain avaità choisir entre perdre ses bras, la vue, l’ouïe, ou perdreses jambes, je pense qu’il choisirait les jambes. Perdrel’usage des jambes, ça ne nous empêche pas de vivre. Sion perd nos bras, comment on s’habille? comment onécrit? comment on peut prendre un enfant dans sesbras, toucher à quelqu’un, faire un geste d’amour?

On peut compter sur les béquilles, les cannes, lesmarchettes, le transport adapté.Tout s’est mis au servicede ceux qui ont perdu l’usage de leurs jambes.L’intégration des personnes handicapées se fait « plusfacilement » si vous avez un handicap aux jambes que,par exemple, pour les gens qui sont touchés par lamaladie mentale. Mais on est plus porté à s’attendrir, àse questionner, à se remettre en question par rapport àce qui va nous surprendre physiquement.

n pleine adolescence, Lise Thibaultsubissait un accident de traîneau.Les années qui ont suivi ce

malheureux événement ont étéponctuées de souffrances et derestrictions, d’accalmies et derémissions. C’est à l’âge de 25 ans,au moment de mettre au mondeson deuxième enfant, que lescomplications se présentent.Au terme d’un coma de cinq jours,d’embolies et d’une lutte pour sa vie,elle se réveille. Paralysée de la tailleaux pieds.Aujourd’hui, devenueLieutenant-gouverneur du Québec,l’honorable Lise Thibault nous livre sontémoignage.

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La force d’avancerPar France DenisPhotos : Claude Croisetière

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On dit que, dans un deuil, il faut donc parfois allerjusqu’au fond de l’abîme pour mieux en émerger.Avez-vous vécu des périodes très noires après la pertede vos jambes?

Le plus difficile, c’est quand je suis sortie du coma et quej’ai réalisé que j’étais vivante. Je me suis demandée,« maintenant, tu vas vivre comment? » Et puis, ce n’estpas seulement toi. Ta réaction à toi par rapport à cebouleversement, c’est une chose, mais c’est aussi la réac-tion des autres qui est importante. Les autres ne saventpas comment agir.

Dans un deuil, les gens n’osent pas donner un coup detéléphone parce qu’il ne savent pas quoi dire. Quand ilssont au contact des mourants, ils ne savent pas s’ilspeuvent parler de la mort : ils ont peur d’avoir dessanglots ou des émotions qu’ils ne pourront pascontrôler. C’est toujours la peur.

Ce sont nos propres attitudes et aptitudes à faire face àune nouvelle condition qui fait qu’on garde espoirou qu’on le perd. Quand on vit cela, on ne saitpas comment, mais on sait qu’on va s’ensortir.

J’ai eu la chance d’avoir autour de moides personnes qui m’ont bien accom-pagnée et avec qui j’ai été capable deparler, de laisser sortir mesémotions, mes angoisses, mespeurs.

C’est difficile d’apprendre à sefaire aider?

Non, mais seulement à partir dumoment où l’on se pose la ques-tion : Comment réagirait-on soi-même si un proche était dans lamême situation?

Je me rappellerai toujours de lapremière année où je suis rentréedans ma maison. Jamais je n’avaisconnu ça sortir de la maison justepour aller sur la galerie. Une voisinequi avait vu mon mari me transporterétait venue me visiter à la maison pour medire « Madame, il fait beau; que diriez-vousque je vous sorte sur la galerie ». J’ai fait unegrande réflexion comme si elle me proposait d’alleren Asie. Et j’ai accepté. Puis elle me dit « Si vous avezbesoin, ne vous gênezpas et appelez-moi ». Cafaisait cinq minutes quej’étais dehors, que déjàj’avais des sueurs, le soleilm’aveuglait. J’ai étéobligée de l’appeler.J’étais tellement gênéede l’avoir dérangée poursi peu de temps. Elle m’aredemandé pour sortir etje trouvais toujours desraisons pour ne pas lefaire, jusqu’à ce que jeréalise que c’était aussiun cadeau que je luifaisais.

Quand on demande un service à quelqu’un, on ledemande à des personnes qui vont le mieux nouscomprendre et qui vont prendre plaisir à le faire. De fait,on leur fait cadeau de notre confiance. Mais ça, ça prenddu temps, beaucoup de temps.

Diriez-vous que votre épreuve vous a fait grandir?

Absolument. Toutes les rencontres, toutes les décou-vertes, toutes les joies et toutes les épreuves nous fontgrandir. Et c’est ce qui fait qu’on devient ce que l’on est.

Quand j’ai été assermentée comme lieutenant-gouverneur, j’aurais pu inviter plein de notables; j’aiplutôt choisi d’inviter des gens qui m’ont permis d’êtreet de devenir, des gens qui ont partagé avec moi desespérances, des expériences, des folies, des rêves, desgens qui ont partagé le labeur. Je tenais à inviter lespersonnes qui m’ont permis de devenir Lise Thibault.Quand on prend le temps de s’arrêter et de se rappelerqui a eu de l’importance dans la vie, on se rend compte

que ce ne sont pas toujours les gens qui ont étélà le plus longtemps. Souvent, ce sont des

gens qui ont dit un mot, qui nous ont prispar la main et qui ont pris le temps de

nous écouter qui nous ont le plus influ-encés.

On reçoit de grandes leçons de viedes gens qui ont vécu desépreuves. Faut-il avoir vécu ungrand malheur pour apprendreà mordre dans la vie commevous le faites?

Est-ce que ça serait triste d’ar-river à la constatation que c’estpar la souffrance qu’on grandit?Mais c’est peut-être la réponse.Je passe mon temps à dire qu’ilfaut arrêter de donner sans faire

de l’éducation. C’est sûr qu’onpeut se sentir bon d’aller porter un

repas ou d’acheter quelque chose àquelqu’un. Mais quand on apprend

à côtoyer cette personne, quand onlui fait pousser des ailes, qu’on lui

redonne sa dignité et sa fierté, c’est abso-lument extraordinaire.

Est-ce qu’il faut absolument avoir souffert, ou faut-il simplement être conscient qu’on est ici sur cetteplanète juste pour un certain nombre d’années? Onpeut faire de notre vie ce qu’on fait avec l’argent : onpeut la gaspiller.

Finalement, la vraie question c’est : Qu’est-ce qu’onsouhaite laisser quand on va partir? Moi, quand je vaispartir, je voudrais surtout qu’on se souvienne du bontemps, du temps où on s’est aimés, du temps où on aobservé des choses, où on a créé des choses, du tempsoù on a été VIVANT.

Vous allez parfois rendre visite à des mourants dansdes unités de soins palliatifs. Vous qui êtes une femmede lutte et d’espoir, comment réagissez-vous aucontact de gens qui n’ont plus d’espoir?

Je vous corrige tout de suite, ils ont de l’espoir. Ce n’estpas parce que la vie terrestre se termine que l’on n’a plusd’espoir. Leur plus grand espoir, c’est que les gensvoient leur mort physique comme une libération.

« Finalement,la vraie question

c’est : Qu’est-ce qu’onsouhaite laisser quand

on va partir? Moi, quandje vais partir, je voudrais

surtout qu’on se souviennedu bon temps, du temps où

on s’est aimés, du tempsoù on a observé des

choses, où on a créé deschoses, du temps

où on a étéVIVANT. »

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Quand je me déplace auprèsdes mourants, que je peux

leur tenir la main ou lesprendre dans mes bras, jesens un grand partage. Jeles remercie, commechef d‘état, d’avoir étédes citoyens; pour eux,c’est comme un baume.Qui se fait dire merci

d’avoir été, pendant 40ou 75 ans, un citoyen

responsable, un citoyenengagé, un citoyen qui a mis

au monde des enfants? Quiose te dire merci de ça? Comme

si la reconnaissance n’est pas unevaleur qui a encore son importance à la fin de sa vie.

Et sur le plan personnel, ce contact vous amène-t-il àvous questionner sur votre vie et sur votre propremort?

D’abord, ça m’amène à réaliser que ce n’est pas parcequ’on approche du vieil âge qu’on a plus de chance demourir. Je rencontre des jeunes de 15 ans, de 40 ans, de60 ans que la mort vient visiter. Alors, il faut profiter dela vie, pleinement, profiter d’aujourd’hui qui est la seulejournée qui nous appartient.

J’apprends aussi qu’il faut profiter de chaque chanceque nous avons pour agrandir notre réseau, parce que lamort se charge de le rapetisser. Plus on vieillit, plus lesgens que nous avons connus sont portés à disparaître.Tout au long de notre vie, il faut continuer à construireun réseau, pour ne jamais se retrouver seul.

Vous avez vécu des échecs et des déceptions, notam-ment dans votre carrière et dans le monde politique.Jamais on ne vous a vue afficher publiquement del’amertume. Où puisez-vous tout cet optimisme, cettesérénité?

Il n’y a rien qui arrive dans la vie qui n’est pas là pournous apprendre quelque chose. Quand tu as foi en toiet dans la vie, tu sais qu’il va se passer quelque chose. Etil se passera des choses selon tes attitudes et selon tesaptitudes. Marilyn Ferguson, auteure de La Révolutiondu cerveau, a écrit : « Les attitudes dans la vie sont plusimportantes que la vie elle-même. La plus grandedécouverte de ce siècle est le fait qu’en changeant safaçon de penser, on peut changer sa façon d’être. »

Si on voit tout comme négatif, si on voit toujours chezl’humain quelque chose qui, dans son corps ou dans safaçon de penser, vient t’agacer au lieu de regarder ce quiva t’émerveiller dans cette personne-là, à ce moment, onvoit la vie avec un œil différent.

À une époque que l’on qualifie souvent de morose,vous portez un message rafraîchissant partout oùvous allez. Est-ce qu’il vous arrive de vivre de l’indi-gnation, d’avoir envie de prendre des gens par lesépaules pour leur dire « Arrête de te plaindre, prend ceque tu as et fais quelque chose avec »?

Ah oui. Entre autres, ça m’est arrivée alors que j’étaisvice-présidente de la CSST, en relations avec les bénéfi-ciaires. Il y avait un travailleur accidenté qui haïssait laCSST comme si la CSST l’avait démoli toute sa vie. Unjour, j’ai eu l’occasion de l’avoir devant les yeux et je lui

ai dit : « Monsieur, qu’est-ce que vous voulez que vosenfants disent de vous quand vous serez parti. Que vousavez gaspillé votre vie, parce que vous avez eu un acci-dent de travail, à haïr la CSST; ou si vous voulez qu’ondise que vous avez été un homme courageux, unhomme qui s’est pris en main, et un homme qui, finale-ment, a été une inspiration pour les siens. »

Jamais personne n’avait eu le courage de lui parlercomme ça. Je pense qu’il faut parfois avoir le cran dedire ces choses aux gens, en faisant en sorte qu’ils ne sesentent pas perdants, mais en leur faisant réaliser qu’ilsdoivent avoir assez de respect pour eux-mêmes pourarrêter de gaspiller leur vie.

Vous faites du ski et vous jouez au golf pour ouvrir desportes aux personnes handicapées. Vous sentez-voustoujours investie d’une mission ou arrivez-vous à lefaire simplement, par pur plaisir?

Tout le monde a une mission. Mais pour être un bonserviteur, il faut avoir du plaisir à le faire. Je dis toujoursaux gens : « Si vous n’avez pas l’impression de travailler,c’est que vous êtes au bon endroit ». L’humain a le choixd’être au mauvais endroit toute sa vie ou d’avoir lecourage de décider d’aller au bon endroit.

J’ai du plaisir comme une petite fille à jouer au golf et àfaire du ski. Je l’apprécie comme pas un enfant ne peutl’apprécier. Je n’avais même jamais rêvé de faire du ski.Pour moi, c’était impossible. Ça m’a pris une saison avantd’être capable de regarder en bas. Mais quel plaisir j’aià me rapprocher du ciel, à écouter le silence sur lamontagne et à mefaire dépasser pardes gens qui crient« Bravo Madame! Onest fiers de vous! »

Et c’est extraordi-naire de faire ensorte de repousserles limites et d’ouvrirl’impossible à ceuxqui sont dans lamême condition quenous. Combien defois ai-je rencontréun paraplégique surla montagne qui m’adit « Madame, c’est àcause de vous si jesuis ici. » Et c’estgrâce à ma fonctionque quelqu’un a étémis sur mon cheminpour me dire que çaexistait le ski pour lesgens dans ma condi-tion.

Vous êtes toujours attirée par le dépassement?

J’ai le goût de faire avancer les choses, de faire avancerla vie. Quand j’aurai fini de porter dans mon cœur leposte de lieutenant-gouverneur et cette noble institu-tion, j’aimerais que les gens disent « Elle a été là pourfaire avancer les choses. » Ce serait ma plus granderécompense.

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e« Ce sont

nos propresattitudes et

aptitudes à faire faceà une nouvelle

condition qui faitqu’on garde espoir

ou qu’on leperd. »

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es Marie, il y en a 10 500chaque année au Québec.De fait, 15 pour cent des

grossesses se terminent par unefausse-couche. La plupart vivent cetteépreuve sans trop de difficultés maisenviron une femme sur cinqtraversera ce deuil dans un étatdépressif. Contrairement à ce que l’onpeut penser, le chagrin qui suit laperte d’un enfant avant sa naissancepeut être très affligeant, et ce pour lesdeux parents. Dans certains cas, cedeuil ne se dissipe complètementqu’après des années.

Un deuil tabouQu’est-ce qui rend si complexe ledeuil d’un enfant mort avant den’être?

D’abord, les parents ne voient pastoujours ce qu’ils ont perdu. Il n’y apas si longtemps, le personnel médi-cal s’empressait de cacher aux parentsle fœtus ou l’embryon expulséprématurément. Avec les nouvellesconnaissances sur le deuil, il est main-tenant recommandé de voir l’enfant,même s’il n’est pas identifiable.

Dans plusieurs cas, le deuil est reclus :il n’y a pas de funérailles, ni ritereligieux ni cérémonie qui entourentla mort du bébé. La perte d’un enfantnon né, non fini, est aussi plus diffi-cilement partageable que celle d’unbébé qui a vécu, ne serait-ce quequelques heures. Il existe une cicatricedans le corps de la mère, mais pasdans l’entourage.

Sur le plan spirituel, plusieurs parentstrouvent difficile d’imaginer ce qu’iladvient de l’âme du bébé. Commentimaginer en fait qu’un tout petit êtredécédé avant son premier soufflepuisse reposer en paix? Ce question-nement rend encore plus pénible leprocessus de deuil, surtout que, dansla plupart des cas, il s’agit pour lecouple d’un premier contact avec lamort.

Ajoutons à cela que, légalement, l’en-fant n’a pas d’identité, pas même uncertificat de naissance ou de décès,aucune reconnaissance de l’extérieurqu’il a même existé. Commepersonne ne l’a vraiment connu, l’en-

tourage reconnaît rarementles émotions vécues par lesparents. Psychologiquementébranlés, les parents viventsouvent ces moments diffi-ciles dans l’incompréhensionde leurs proches : « Ce n’étaitmême pas un enfant »,« Vousne l’avez pas connu », « Vousallez vous reprendre ».

Et, contrairement à d’autresdeuils, la fausse-couche est souventsoudaine. Les parents n’ont pas lamoindre petite chance d’anticiper laperte et de se préparer. Comme il y ararement une explication de la fausse-couche, les mères surtout dévelop-pent des sentiments de culpabilité,des « si seulement » et des doutes surleur capacité d’enfanter. Au momentoù la fausse-couche débute, lesparents vivent des sentiments d’im-puissance. En quelques minutes, ils

perdent subitement leur statut depère et de mère. Ni la mère, ni sonpartenaire ou l’obstétricien n’ont depouvoir sur la situation : ce sentimentd’impuissance conduit souvent audésespoir et à la dépression.

Finalement, le bébé est encore unepartie de la mère; il n’a pas encoreune identité indépendante. Cettefusion avec la mère rend ce type dedeuil extrêmement désorientant etbouleversant.

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ieQuand le berceau reste videPar France Denis

Les rites funérairesPour reconnaître qu’une vie en puissance est terminée, il est à-propos defaire place à un rituel autour de la mort du bébé.Peu importe la forme qu’ilprendra, le rituel aide à apporter aux parents le soutien de personnesconcernées.Les funérailles sont une occasion de rendre témoignage de lavie et de la mort d’un enfant. Et surtout, les funérailles permettent auxparents d’extérioriser leur peine.

Il se peut que des personnes disent aux parents : «Ce sera plus facile de nepas avoir de funérailles.» En fait, choisir de ne pas avoir de funérailles estune décision que bien des parents regrettent plus tard.Pour les parents etl’entourage,sans oublier les autres enfants de la famille, les funérailles sontaussi une façon de dire adieu à l’enfant désiré.

La loi québécoise prévoit que le fœtus doit avoir au moins 500 grammespour que la dépouille puisse être remise à un entrepreneur funéraire afind’être inhumée ou incinérée.Dans ces cas, la famille peut prévoir une céré-monie, ce qui peut réduire l’isolement des parents et favoriser le processusdu deuil. Selon Rodrigue Gravel, directeur général de la Coopérativefunéraire de Chicoutimi et thanatologue d’expérience, certains parentsressentent un réconfort dans les rites funéraires qui suivent la mort péri-natale d’un enfant.« Si les parents sont déjà prêts à donner de l’amour à cetenfant et si leur foi leur dit que c’est important, pourquoi pas? Le rite peutprendre plusieurs formes : dans certains cas, l’inhumation ou la crémationest précédée (ou suivie) d’une cérémonie de la parole et d’une bénédictiondu corps. Certains prêtres acceptent qu’il y ait un service religieux. D’autresvont souligner le départ de l’enfant lors d’une cérémonie des anges pourles bébés non baptisés qui sont décédés. »

Quand Marie a annoncé à Gilles la venue prochaine d’unbébé, ce fut l’explosion de joie, puis le marathon

d’appels : grands-parents, amis, famille, collègues, touspartageaient le bonheur du couple. Quatre mois plus

tard, la petite chambre est déjà prête, avec un berceaublanc qui trône au centre. Une nuit, le rêve se brise :

crampes, mal de ventre, appel au médecin, pertessanguines, transport à l’hôpital, fausse-couche, curetage.

Volatilisé le bébé. Les pleurs ont remplacé les fleurs.

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Soutenir et comprendreTotalement inconnu il y a 20 ans, ledeuil périnatal est aujourd’hui suffi-samment admis pour qu’on luiconsacre une documentation impor-tante. Des intervenants ont publiédes articles sur le sujet et il existemême des groupes de soutien pourles parents qui ont perdu un enfantou un fœtus .

Pour aider des parents qui ont vécucette épreuve, il importe de laisser lesparents exprimer leur peine. Peuimporte que la mère ait été enceintependant quelques semaines ouquelques mois, les parents ont le droitindéniable d’avoir de la peine. Il estnormal aussi que les parents viventdes émotions tels que la confusion, lapeur, la culpabilité, la colère et ladésorientation. On peut aussiobserver un sentiment de rancœur etde jalousie face aux autres mères etleurs enfants.

Aux parents touchés par le deuil, lesintervenants spécialisés suggèrent devoir et de toucher le bébé. « Seuls lesparents peuvent déterminer s’ilssentent le besoin de voir et de tenirleur bébé après la mort. Mais unechose est certaine : ils devraient enavoir la possibilité. Bien des parentsapprécient cette occasion de direadieu. Il n’y a rien de répréhensible àce que les parents veuillent voir, teniret toucher leur bébé », soutient AllenWolfet, un spécialiste du deuil, dansun article paru dans la revue Frontline.

« Les parents ne devraient pas pren-dre de décision à la hâte. Ils devraientprendre leur temps et y réfléchir. S’ilsont des craintes en ce qui concernel’apparence du bébé, ils peuventdemander au médecin ou à l’infir-mière de le décrire. S’ils décident devoir et de tenir leur bébé, ils devraientpasser autant de temps qu’ils croientnécessaire avec lui. Même quelquesminutes les aideront beaucoup à seremettre de leur perte. »

Même s’il y a des malformationsmajeures, ce que l’on imagine estsouvent pire que la réalité et cette

peur se dissipe très vite lorsque lestraits normaux de l’enfant sont mis enévidence.

Il est aussi souhaitable de prendre desphotos de l’enfant afin de conserverun élément tangible de la perte. Desexperts en deuil périnatal soutien-nent même que prendre, laver etbercer son enfant mort sont desgestes qui aident à faire son deuil plustard.

Il est également suggéré de donner unnom au bébé, même s’il n’a jamaisvécu hors du sein de sa mère. Si lesparents avaient déjà choisi un nom, ilsdevraient le garder.Ce nom appartientvraiment à cet enfant. Avoir un nompour le bébé permet aux parents deparler de leur perte d’une façonpersonnelle.Ils reconnaissent ouverte-ment qu’ils ont aimé un enfant et qu’ilsen garderont toujours le souvenir.Plustard, ils trouveront plus facile de serappeler leurs souvenirs s’ils peuventfaire référence à leur enfant par sonnom. Bref, il est important de donnerune « existence » à cet enfant mort, dele présenter, le montrer, le rendre réelet établir des traces tangibles.

« Dans certains cas, il est mêmesouhaitable que les parents publientun avis de décès dans le journal,même si la grossesse n’était pas àterme », soutient Manon Grenier,directrice générale du Centre

Sources :de Parseval, G. Delaisi. « Le deuil périnatal », Bulletin de périnatalogie, Volume 20. n°2,1997. http://matweb.hcuge.ch/matwebMercier, Johanne. « La fausse couche: un deuil mal compris », Le Soleil, 5 novembre 1995.Société canadienne de pédiatrie. « Soutien des parents suite à la perte périnatale d’un enfant », http://www.cps.caStillbirth and Neonatal Death Support Western Australia, http://www.sandswa.org.au/Thibaudeau, Carole. « La perte d’un nouveau-né, Les bienfaits du souvenir », La Presse, 28 novembre 1999.Wolfelt, Allen D., Ph.D., « Aider les parents à survivre au décès d’un bébé », Frontline, été 1998.

RéférencesGroupes de soutien pour les parents qui ont perdu un enfant ou un fœtus :Les Rêves envolés, au centre hospitalier Pierre-Boucher de Longueuil, (450) 449-9238.Més Anges, au CLSC Bordeaux-Cartierville (Montréal), (514) 331-CLSC (2572).Par amour pour Marie-France, (514) 644-2105, Montréal.Mon ange à moi, Groupe Naissance Renaissance, (819) 569-3119, Sherbrooke.Les amis compatissants, au (514) 933-5791, accueille et réfère les parents qui ont perdu un enfant de n’importe quel âge.

funéraire coopératif du Granit. « Çapermet d’amorcer concrètement leprocessus de deuil et de favoriser lacréation d’un réseau de support. Etcomme la mère garde un ventre rondquelques semaines après la fausse-couche, ça réduit les risques demaladresses que pourraientcommettre les gens en demandant« C’est pour quand le bébé? ».

Pour l’entourage des parentsendeuillés, il importe finalementd’être attentif aux signes de détresse,particulièrement lors des périodes deréjouissances comme la fête desPères, la fête des Mères, le premierNoël et la rentrée scolaire.

Tourner la page?Aimer, c’est pouvoir un jour pleurercette perte. Or, comment guérir sansexprimer ouvertement sa peine? Larenier ne fera que rendre la situationplus confuse et plus accablante. Rienne blesse davantage un parent quede s’entendre dire de «tourner lapage».Pour eux,ce conseil équivaut ànier que l’enfant disparu ait déjàexisté.

Un deuil reconnu et intégré, c’esttout le contraire. Les parents en deuiln’évoluent pas vers l’oubli, mais endirection d’un souvenir enrichi quifait désormais partie d’eux-mêmes.

Tu ne verras jamais le soleilTu as été envoyé pour être bercé dans nos brasMais tu étais trop petit pour naître aujourd’hui

Tes mains, pieds et oreilles étaient pourtant si parfaitsMaman et papa ont partagé leurs rêves

Seras-tu une fille ou un fils?Nous t’avons pris dans nos bras, notre tout petitPour comprendre que nos rêves se sont envolés

Tu ne pourras jamais sentir les fleurs, entendre la pluiechasser les papillons et rire aux éclats

Tu ne verras jamais le soleilAu revoir, notre tout petit

Anon Traduction libre

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Le nombre de retraités a fait unbond spectaculaire au Québec cesdernières années. À ce groupe quis’élargit continuellement au rythmede l’amélioration de l’espérance devie, se sont ajoutés tous lesressortissants de la fonctionpublique depuis deux ans. Et voilàque la première vague de baby-boomers frappe à la porte. Si bienque la classe des 50 ans et plusavoisine aujourd’hui les deuxmillions de membres, un groupe deplus en plus jeune qui dispose detemps libre comme jamais.

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À la veille de son 30e congrès annuel, les 6, 7et 8 juin à Québec, la Fédération de l’âge d’ordu Québec (FADOQ) ne peut que se réjouirde cette nouvelle conjoncture. Déjà, elleconstitue la plus grande association volontairede personnes de 50 ans et plus au Canada, avec ses 280000 membres réunis autour de 900 clubs et 16regroupements régionaux. Depuis quatre ans, l’orga-nisme enregistre une augmentation annuelle fulgurantede son membership de près de 30 000 personnes enmoyenne.

Directrice générale de laFADOQ depuis 15 ans, NicoleT. Moir attribue cette hausseimpressionnante à la forcedu nombre essentiellement.« Les aînés ont joint les rangsnon seulement à cause duclub, mais surtout pour avoir accès aux rabais qui sontconsentis aux membres de la Fédération », mentionne-t-elle en énumérant les avantages consentis sur certainsproduits, les assurances ou les voyages. « Aussi, poursuit-elle, une seule entité pour aller frapper aux portes,surtout des gouvernements, pour aller se faire entendre,ce n’est pas à dédaigner. Nous parlons pour 280 000personnes. »

Il faut bien dire que la FADOQ s’était bien préparée à l’ar-rivée massive de nouveaux retraités. Il y a cinq ans, ellecommandait une étude auprès d’une firme de sondagepour mesurer l’intérêt des 50 ans et plus envers les clubsd’âge d’or. On y apprenait que seulement le quart de laclientèle visée se disait intéressée à « un club d’âge d’or,à un groupe tournant autour d’activités culturelles oude loisir ». Mais l’intérêt grimpait à 38 pour cent s’ils’agissait d’un organisme qui travaille « autour de ladéfense des droits des 50 ans et plus, de la promotiond’avantages individuels », avait conclu le sondeur.

Une société pourtous les âges Sans devenir plus militante, laFédération a certes prisconscience de son poids poli-tique. « On n’a jamais fait dedémonstration avec despancartes dans la rue. On n’estpas ce type d’organisme là. Etsi les baby-boomers sont plusmilitants, il va falloir que cesoit eux qui prennent le

pouvoir, par exemple au conseild’administration, si c’est ce qu’ils veulent. Mais on n’estpas vraiment certain que ce soit ce qu’ils veulent. Ilsveulent qu’on les représente et qu’on bouge. »

« Quand on faisait des revendications avant, c’était « ona des droits, on a des acquis, on veut les conserver, on

veut les améliorer » reprend-elle.Avec l’ar-rivée du concept intergénérationnel,qu’on a beaucoup soutenu lors de l’annéeinternationale de la famille, on s’est mis àtenir beaucoup plus compte des autresgénérations dans nos revendications. Sion prend l’exemple de l’assurance-médicament, il y a 10 ans, on aurait dit :

« non, non, non, c’est gratuit pour les aînés et vous netouchez pas à cela ». Mais le gouvernement nous ademandé si on avait les moyens de garder la gratuité sion ne voulait pas laisser une province en déficit à nosenfants et nos petits-enfants. Le conseil d’administrationétait d’accord avec ça et a sondé ses membres poursavoir ce qu’ils pensaient d’une assurance-médicamentpour tout le monde, ce qui impliquait que ce n’était plusgratuit pour les personnes âgées. On s’est fait dire ouipar une faible majorité. Depuis ce temps-là, quand on ades revendications à faire, c’est beaucoup plus pour lesgens de toutes les générations confondues. »

Dans cette perspective intergénérationnelle et avec l’an-née internationale des personnes âgées qui avait lieu en1999, le programme s’annonce fort chargé pour lecongrès de juin. Uniquement pour en définir le thème,la FADOQ a consulté ses membres lors des journées dela FADOQ tenues dans toutes les régions du Québecpour dégager quatre préoccupations qui revenaientconstamment : la santé, le transport, le logement et le

La Fédération de l’âge d’or duQuébec prend un coup de jeune

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« On tient beaucoupplus compte des autresgénérations dans nos

revendications. »

Nicole T. Moir, directrice générale de la FADOQ

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revenu.On a également prévu inviter d’autres organismesd’aînés en juin pour enrichir la réflexion. On se proposeenfin de rencontrer des politiciens « pour tenter dedéterminer les solutions et propositions qu’on fait ànos gouvernants, en lien avec les besoins et préoccu-pations exprimés en congrès », souligne Mme Moir.

Au terme de ce congrès de juin,la FADOQ déploiera sonénergie à l’organisation desneuvièmes Jeux des aînés, enseptembre, qui réunissentannuellement près de 1500personnes autour de compéti-tions sportives. Suivra cetautomne un congrès sur leloisir. « On est en train de faireune recherche sur le loisir et lespersonnes âgées en compagnie d’universitaires quivont travailler surtout à partir des besoins exprimés pardes membres. Quand ils vont déposer leur rapport, onverra si on peut aller plus loin. »

Actifs les retraitésOn le voit bien, on n’entre pas dans un club de l’âge d’orpour se reposer. « Une fois qu’on a pris sa retraite, onn’est pas en train de s’enterrer », illustre à ce proposMme Moir. Depuis sa fondation, en 1970, la FADOQ atoujours joué sur deux fronts à la fois pour favoriser lemieux-être et l’autonomie des aînés: celui de l’éduca-tion et celui des activités. « Sur le plan politique, nousavons été de tous les grands débats de la société. Quantaux loisirs, nous nous sommes donné la mission de fairecomprendre aux aînés l’importance de se garder enforme, de rencontrer du monde, de combattre l’isole-ment. »

Même en dehors des groupes organisés, les retraitéssont de plus en plus actifs, ne serait-ce que pour réaliserles projets qu’ils ont constamment remis à plus tard.« Les gens ne prennent pas leur retraite uniquementpour se bercer et jouer au golf », commente la directricede la FADOQ. Un nombre croissant d’entre eux amorcentune deuxième carrière ou retournent sur les bancs

d’école, « car bien souvent, ils vont compléterles études qui les intéressaient mais qu’ilsn’ont jamais pu faire. On le voit, lesprogramme de l’universités du 3e âge sontpleins. Les gens sont friands de cela . »

Pour un grand nombre, cependant, le vieil-lissement peut bien souvent être vécucomme un deuil. « Pour beaucoup, le fait deprendre sa retraite est le plus important deces deuils. Pour d’autre, c’est de perdre son

autonomie. Ça se fait petit à petit. On commence paravoir peur de tomber, on finit par sortir moins souventl’hiver. Si on attrape un gros rhume, c’est pire quand onest plus âgé. Pour d’autres, c’est l’apparence physiquequi rappelle qu’on vieillit et qu’il en reste moins à vivre.Pour la plupart, enfin, le vieillissement c’est aussi ledépart des compagnons de longue date. On voit parfoisdes gens de 80 ou 90 ans dire : « Je n’ai plus personneautour de moi ».

Et la mort, est-ce qu’on en parle? « La mort n’est pas unsujet de type collectif. On va parler de santé collective-ment, mais avant qu’on arrive à mettre la mort à l’ordredu jour de quelque réunion que ce soit... » s’interrompt-elle pudiquement, avant de conclure : « Quand on endiscutera, ce sera davantage quand on va devoir parlerde l’euthanasie. On entend plus parler de l’euthanasiequ’avant, mais pas de la mort comme telle. On a essayéd’amorcer une discussion là-dessus et il n’y avait rien àfaire. C’est trop personnel. »

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retraite uniquementpour se bercer et

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Sherbrooke (Québec) J1H 1N5 • Tél.: (819) 566-6303 • Téléc.: (819) 829-1593 • Courriel : [email protected]

Devenir membre d’une coopérative funéraire10 bonnes raisons1. Se doter d’une institution funéraire conforme à nos valeurs et à nos véritables besoins.

2. Démystifier la mort... comme une étape naturelle de la vie.

3. Être informé et informer les nôtres.

4. Affirmer notre fierté d’être maître chez soi, maître d’une institution qui nous touche auplus profond de notre être. Respecter les volontés de la personne décédée et les besoinsdes familles endeuillées.

5. Affirmer notre dignité humaine au plan individuel et collectif.

6. Poser un geste de solidarité communautaire et nationale en faveur de nos intérêts sociauxet économiques.

7. Participer à l’expansion du réseau des coopératives funéraires afin de mieux servir lesfamilles québécoises.

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1- Coopérative funéraire du Bas-Saint-Laurenttél. : (418) 722-7044 ou (418) 723-3325Rimouski • Mont-Joli • Price

2- Coopérative funéraire des Eaux-Vivestél. : (418) 862-2751Rivière-du-Loup • Saint-Honoré •Notre-Dame-du-Lac • Dégelis

3- Résidence funéraire du Saguenaytél. : (418) 547-2116Jonquière • Kenogami • Arvida

4- Résidence funéraire du Lac-Saint-Jeantél. : (418) 668-8409Alma • Roberval • Hébertville

5- Coopérative funéraire du Fjordtél. : (418) 697-0075Ville de La Baie

6- Coopérative funéraire de Chicoutimitél. : (418) 543-6962Chicoutimi • Saint-Ambroise

7- Coopérative funéraire de l’Ansetél. : (418) 525-6044Québec • Charlesbourg

8- Coopérative funéraire La Charlevoisiennetél. : (418) 439-2828Clermont • Saint-Siméon • La Malbaie

9- Coopérative funéraire d’AubignyLévis

10- Coopérative funéraire de la Rive-Nordtél. : (418) 268-3575Saint-Marc-des-Carrières • Donnacona • Deschambault • Notre-Dame-de-Portneuf• Grondines • Saint-Alban • Saint-Ubalde• Notre-Dame-de-Montauban

11- Coopérative funéraire du Pied-de-la-Falaisetél. : (418) 525-4637Québec

12- Coopérative funéraire du Plateautél. : (418) 688-2411Québec • Sainte-Foy

13- Coopérative funéraire de la Rive-Sud de Montréaltél. : (450) 677-5203Longueuil

14- Coopérative funéraire de Saint-Hyacinthetél. : (450) 773-8256Saint-Hyacinthe

15- Coopérative funéraire des Bois-Francstél. : (819) 758-5362Victoriaville

16- Services funéraires coopératifs Drummondtél. : (819) 472-3730Drummondville • Saint-Cyrille • Wickham• Saint-Germain • Saint-Zéphirin

17- Coopérative funéraire de la Mauricietél. : (819) 537-8828Shawinigan • Shawinigan-Sud • Grand-Mère • Cap-de-la-Madeleine

18- Coopérative funéraire de la région d’Asbestostél. : (819) 879-4842, sans frais (888) 871-4842Asbestos

19- Centre funéraire coopératif région de Coaticooktél. : 849-6688Coaticook

20- Coopérative funéraire de l’Estrietél. : (819) 565-7646Sherbrooke • Windsor • East Angus •Bromptonville

21- Centre funéraire coopératif du Granittél. : (819) 583-2919Lac-Mégantic

22- Coopérative funéraire de l’Outaouaistél. : (819) 568-2425Hull • Gatineau • Thurso • Ripon

23- Résidence funéraire de l’Abitibi-Témiscaminguetél. : (819) 762-4033, sans frais 1 800 567-6438Rouyn-Noranda • Amos • LaSarre • Malartic •Senneterre • Ville-Marie • Val-d’or • Lorrainville

24- Coopérative funéraire de la Haute-Côte-Nordtél. : (418) 238-2161Rivière Portneuf • Les Escoumins • Forestville

25- Coopérative funéraire de la région de l’Amiantetél. : (418) 338-2676Thetford Mines

26- Coopérative funéraire Mgr Brunettél. : (819) 623-6232Mont-Laurier • Manawaki

27- Maison funéraire La Québécoisetél. : (418) 228-1214Saint-Georges-de-Beauce • Weedon• Beauceville • Saint-Martin

28- Coopérative funéraire d’Autraytél. : (450) 836-4552Berthierville • Saint-Gabriel-de-Brandon• Saint-Cutbert • Saint-Ignace-de-Loyola• Saint-Barthélémy • Notre-Dame-de-Lourdes •Saint-Élisabeth

29- Coopérative funéraire La Colombetél. : (506) 395-5513Tracadie-Sheila (Nouveau-Brunswick)

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Saguenay/Lac-Saint-Jean Côte-Nord

GaspésieQuébecMauricie/Bois-Francs

Lanaudière

Outaouais

Montréal

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