Epicure. Lettres

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  • 7/29/2019 Epicure. Lettres

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    Lettre Mnce (lettre sur le bonheur)Epicure Mnce, "bonjour.

    Mme jeune, on ne doit pas hsiter philosopher. Ni, mme auseuil de lavieillesse, se fatiguer de l'exercice philosophique. Il n'est jamais

    trop tt, qui quel'on soit, ni trop tard pour l'assainissement de l'me. Tel, qui dit

    que l'heure dephilosopher n'est pas venue ou qu'elle est dj passe, ressemble

    qui dirait quepour le bonheur, l'heure n'est pas venue ou qu'elle n'est plus. Sont

    donc appels

    philosopher le jeune comme le vieux. Le second pour que,vieillissant, il reste jeuneen biens par esprit de gratitude l'gard du pass. Le premier pour

    que jeune, il soitaussi un ancien par son sang-froid l'gard de l'avenir. En

    dfinitive, on doit doncse proccuper de ce qui cre le bonheur, s'il est vrai qu'avec lui

    nous possdonstout, et que sans lui nous faisons tout pour l'obtenir.

    Ces conceptions, dont je t'ai constamment entretenu, garde-les en

    tte. Ne les perdspas de vue quand tu agis, en connaissant clairement qu'elles sont

    les principes debase du bien vivre.

    D'abord, tenant le dieu pour un vivant immortel et bienheureux,

    selon la notion dudieu communment pressentie, ne lui attribue rien d'tranger son

    immortalit nirien d'incompatible avec sa batitude. Crdite-le, en revanche, de

    tout ce qui estsusceptible de lui conserver, avec l'immortalit, cette batitude.

    Car les dieuxexistent : vidente est la connaissance que nous avons d'eux. Mais

    tels que la fouleles imagine communment, ils n'existent pas : les gens ne

    prennent pas garde lacohrence de ce qu'ils imaginent. N'est pas impie qui refuse des

    dieux populaires,

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    mais qui, sur les dieux, projette les superstitions populaires. Les

    explications des

    gens propos des dieux ne sont pas des notions tablies traversnos sens, mais dessuppositions sans fondement. De l l'ide que les plus grands

    dommages sontamens par les dieux ainsi que les bienfaits. En fait, c'est en totale

    affinit avec sespropres vertus que l'on accueille ceux qui sont semblables soi-

    mme, considrantcomme tranger tout ce qui n'est pas tel que soi.

    Accoutume-toi penser que pour nous la mort n'est rien, puisque

    tout bien et toutmal rsident dans la sensation, et que la mort est l'radication de

    nos sensations.Ds lors, la juste prise de conscience que la mort ne nous est rien

    autorise jouir ducaractre mortel de la vie : non pas en lui confrant une dure

    infinie, mais enl'amputant du dsir d'immortalit.

    Il s'ensuit qu'il n'y a rien d'effrayant dans le fait de vivre, pour qui

    est

    authentiquement conscient qu'il n'existe rien d'effrayant non plusdans le fait de nepas vivre. Stupide est donc celui qui dit avoir peur de la mort non

    parce qu'ilsouffrira en mourant, mais parce qu'il souffre l'ide qu'elle

    approche. Ce dontl'existence ne gne point, c'est vraiment pour rien qu'on souffre de

    l'attendre ! Leplus effrayant des maux, la mort ne nous est rien, disais-je : quand

    nous sommes, la

    mort n'est pas l, et quand la mort est l, c'est nous qui ne sommesplus ! Elle neconcerne donc ni les vivants ni les trpasss, tant donn que pour

    les uns, elle n'estpoint, et que les autres ne sont plus. Beaucoup de gens pourtant

    fuient la mort, soiten tant que plus grands des malheurs, soit en tant que point final

    des choses de lavie.

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    Le sage, lui ne craint pas le fait de n'tre pas en vie : vivre ne lui

    convulse pas

    l'estomac, sans qu'il estime tre mauvais de ne pas vivre. Demme qu'il ne choisitjamais la nourriture la plus plantureuse, mais la plus goteuse,

    ainsi n'est-ce point letemps le plus long, mais le plus fruit qu'il butine ? Celui qui

    incite d'un ct lejeune bien vivre, de l'autre le vieillard bien mourir est un niais,

    non tant parceque la vie a de l'agrment, mais surtout parce que bien vivre et

    bien mourir

    constituent un seul et mme exercice. . Plus stupide encore celuiqui dit beau den'tre pas n, ou sitt n, de franchir les portes de l'Hads

    . Dbutde page

    S'il est persuad de ce qu'il dit, que ne quitte-t-il la vie sur-le-

    champ ? Il en al'immdiate possibilit, pour peu qu'il le veuille vraiment. S'il veut

    seulement jouerles provocateurs, sa dsinvolture en la matire est dplace.

    Souvenons-nous d'ailleurs que l'avenir, ni ne nous appartient, ni nenous chappeabsolument, afin de ne pas tout fait l'attendre comme devant

    exister, et de n'enpoint dsesprer comme devant certainement ne pas exister.

    Il est galement considrer que certains d'entre les dsirs sont

    naturels, d'autresvains, et que si certains des dsirs naturels sont ncessaires,

    d'autres ne sontseulement que naturels. Parmi les dsirs ncessaires, certains sont

    ncessaires aubonheur, d'autres la tranquillit durable du corps, d'autres la

    vie mme. Or, unerflexion irrprochable ce propos sait rapporter tout choix et tout

    rejet la santdu corps et la srnit de l'me, puisque tel est le but de la vie

    bienheureuse. C'estsous son influence que nous faisons toute chose, dans la

    perspective d'viter la

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    souffrance et l'angoisse. Quand une bonne fois cette influence a

    tabli sur nous son

    empire, toute tempte de l'me se dissipe, le vivant n'ayant plus courir commeaprs l'objet d'un manque, ni rechercher cet autre par quoi le

    bien, de l'me et ducorps serait combl. C'est alors que nous avons besoin de plaisir :

    quand le plaisirnous torture par sa non-prsence. Autrement, nous ne sommes

    plus sous ladpendance du plaisir.

    Voil pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et le but

    de la viebienheureuse. C'est lui que nous avons reconnu comme bien

    premier et congnital.C'est de lui que nous recevons le signal de tout choix et rejet. C'est

    lui que nousaboutissons comme rgle, en jugeant tout bien d'aprs son impact

    sur notresensibilit.

    Justement parce qu'il est le bien premier et n avec notre nature,

    nous ne

    bondissons pas sur n'importe quel plaisir : il existe beaucoup deplaisirs auxquelsnous ne nous arrtons pas, lorsqu'ils impliquent pour nous une

    avalanche dedifficults. Nous considrons bien des douleurs comme

    prfrables des plaisirs,ds lors qu'un plaisir pour nous plus grand doit suivre des

    souffrances longtempsendures. Ainsi tout plaisir, par nature, a le bien pour intime

    parent, sans pour

    autant devoir tre cueilli. Symtriquement, toute espce dedouleur est un mal, sansque toutes les douleurs soient fuir obligatoirement. C'est

    travers la confrontationet l'analyse des avantages et dsavantages qu'il convient de se

    dcider ce propos.A certains moments, nous ragissons au bien selon les cas comme

    un mal, ouinversement au mal comme un bien.

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    Ainsi, nous considrons l'autosuffisance comme un grand bien :

    non pour satisfaire

    une obsession gratuite de frugalit, mais pour que le minimum,au cas o laprofusion ferait dfaut, nous satisfasse. Car nous sommes

    intimement convaincusqu'on trouve d'autant plus d'agrments l'abondance qu'on y est

    moins attach, etque si tout ce qui est naturel est plutt facile se procurer, ne l'est

    pas tout ce quiest vain. Les nourritures savoureusement simples vous rgalent

    aussi bien qu'un

    ordinaire fastueux, sitt radique toute la douleur du manque :pain et eaudispensent un plaisir extrme, ds lors qu'en manque on les porte

    sa bouche.L'accoutumance des rgimes simples et sans faste est un facteur

    de sant, poussel'tre humain au dynamisme dans les activits ncessaires la vie,

    nous rend plusaptes apprcier, l'occasion, les repas luxueux et, face au sort,

    nous immunise

    contre l'inquitude.Quand nous parlons du plaisir comme d'un but essentiel, nous ne

    parlons pas desplaisirs du noceur irrcuprable ou de celui qui a la jouissance

    pour rsidencepermanente - comme se l'imaginent certaines personnes peu au

    courant et rticentes nos propos, ou victimes d'une fausse interprtation - mais d'en

    arriver au stadeo l'on ne souffre pas du corps et ou l'on n'est pas perturb

    de l'me. Car niles beuveries, ni les festins continuels, ni les jeunes garons ou les

    femmes dont onjouit, ni la dlectation des poissons et de tout ce que peut porter

    une table fastueusene sont la source de la vie heureuse : c'est ce qui fait la

    diffrence avec leraisonnement sobre, lucide, recherchant minutieusement les motifs

    sur lesquels

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    fonder tout choix et tout rejet, et chassant les croyances la faveur

    desquelles la

    plus grande confusion s'empare de l'me.Au principe de tout cela, comme plus grand bien : la prudence. Or

    donc, laprudence, d'o sont issues toutes les autres vertus, se rvle en

    dfinitive plusprcieuse que la philosophie : elle nous enseigne qu'on ne saurait

    vivreagrablement sans prudence , sans honntet et sans justice, ni

    avec ces trois vertusvivre sans plaisir. Les vertus en effet participent de la mme

    nature que vivre avecplaisir, et vivre avec plaisir en est indissociable.

    D'aprs toi, quel homme surpasse en force celui qui sur les dieux

    nourrit desconvictions conformes leurs lois? Qui face la mort est

    dsormais sans crainte ?Qui a perc jour le but de la nature, en discernant la fois

    comme il est aisd'obtenir et d'atteindre le "summum" des biens, et comme celui

    des maux est bref

    en dure ou en intensit ; s'amusant de ce que certains mettent enscne comme lamatresse de tous les vnements - les uns advenant certes par

    ncessit, maisd'autres par hasard, d'autres encore par notre initiative -, parce

    qu'il voit bien que lancessit n'a de comptes rendre personne, que le hasard est

    versatile, mais quece qui vient par notre initiative est sans matre, et que c'est chose

    naturelle si le

    blme et son contraire la suivent de prs (en ce sens, mieuxvaudrait consentir souscrire au mythe concernant les dieux, que de s'asservir aux lois

    du destin desphysiciens naturalistes : la premire option laisse entrevoir un

    espoir, par desprires, de flchir les dieux en les honorant, tandis que l'autre

    affiche une ncessit

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    inflexible). Qui tmoigne, disais-je, de plus de force que l'homme

    qui ne prend le

    hasard ni pour un dieu, comme le fait la masse des gens (un dieune fait rien dedsordonn), ni pour une cause fluctuante (il ne prsume pas que

    le bien ou le mal,artisans de la vie bienheureuse, sont distribus aux hommes par le

    hasard, maispense que, pourtant, c'est le hasard qui nourrit les principes de

    grands biens ou degrands maux) ; l'homme convaincu qu'il est meilleur d'tre

    dpourvu de chance

    particulire tout en raisonnant bien que d'tre chanceux endraisonnant; l'idaltant videmment, en ce qui concerne nos actions, que ce qu'on a

    jug bien soit entrin par le hasard.

    A ces questions, et toutes celles qui s'y rattachent, rflchis jour

    et nuit pour toi -mme et pour qui est semblable toi, et jamais tu ne seras troubl

    ni dans la veilleni dans tes rves, mais tu vivras comme un dieu parmi les

    humains. Car il n'a riende commun avec un animal mortel, l'homme vivant parmi des

    biens immortels."

    Lettre Pythoclspicure Pythocls, bonjour,.Clon m'a apport ta lettre, dans laquelle tu te montrais mon

    gard plein desentiments d'amiti, dignes du soin que je prends de toi ; tu as

    essay de faonconvaincante de te remmorer les arguments qui tendent la vie

    bienheureuse, et tum'as demand pour toi-mme de t'envoyer une argumentation

    rsume et biendlimite touchant les ralits clestes, afin de te la remmorer

    facilement ; en

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    effet, ce que j'ai crit ailleurs est malais se remmorer, bien

    que, me dis-tu, tu

    l'aies continuellement en mains. En ce qui me concerne, j'ai reuavec plaisir tademande, et j'ai t rempli de plaisants espoirs. Aussi, aprs avoir

    crit tout le reste,je rassemble tels que tu les as souhaits, ces arguments qui seront

    utiles beaucoupd'autres, et tout spcialement ceux qui ont depuis peu got

    l'authentique tudede la nature, ainsi qu' ceux qui sont pris dans des occupations

    plus accaparantes

    que l'une des occupations ordinaires. Saisis-les distinctement et,les gardant enmmoire, parcours-les avec acuit ainsi que tous les autres que,

    dans le petit abrg,j'ai envoys Hrodote.

    I. La mthode

    Tout d'abord, il ne faut pas penser que la connaissance des ralits

    clestes, qu'onles examine en relation autre chose, ou pour elles-mmes, ait

    une autre fin que

    l'ataraxie et la certitude ferme, ainsi qu'il en est pour tout le reste.Il ne faut pas nonplus faire violence l'impossible, ni tout observer de la mme

    faon que dans lesraisonnements qui portent sur les modes de vie, ni dans ceux qui

    nous donnent unesolution aux autres problmes physiques, comme le fait que le tout

    est corps etnature intangible, ou que les lments sont inscables, et toutes les

    propositions de

    ce genre qui sont seules s'accorder avec ce qui apparat; celan'est pas le cas pourles ralits clestes : au contraire se prsente une multiplicit de

    causes pour leurproduction, et d'assertions relatives leur tre mme, en accord

    avec les sensations.Car il ne faut pas pratiquer l'tude de la nature en s'appuyant sur

    des principes vides

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    et des dcrets de loi, mais comme le rclame ce qui apparat. En

    effet, notre mode

    de vie ne requiert pas une recherche qui nous serait propre, et uneopinion vide,bien plutt une vie sans trouble. Tout devient inbranlable pour

    tout ce que l'onrsout entirement selon le mode multiple en accord avec ce qui

    apparat, lorsqu'onconserve, comme il convient, ce qu' propos de ces ralits on

    nonce avecvraisemblance ; mais lorsqu'on admet une explication et qu'on

    rejette telle autre, qui

    se trouve tre en un semblable accord avec ce qui apparat, il estclair que l'on sortdu domaine de l'tude de la nature, pour se prcipiter dans le

    mythe.Certaines des choses qui apparaissent prs de nous fournissent des

    signes de ce quis'accomplit dans les rgions clestes, car on les observe comme

    elles sont, ladiffrence de celles qui apparaissent dans les rgions clestes ; il

    est en effet

    possible que ces dernires arrivent de multiples faons. Il fauttoutefois conserverl'image de chacune des ralits clestes, et en rendre compte par

    ce qui lui estrattach, ce dont la ralisation multiple n'est pas infirme par les

    choses qui arriventprs de nous.

    II. Cosmologie gnrale

    1. Les mondes

    Un monde est une enveloppe du ciel, qui enveloppe astres, terre et

    tout ce quiapparat, qui s'est scinde de l'illimit, et qui se termine par une

    limite ou rare oudense, dont la dissipation bouleversera tout ce qu'elle contient ; et

    elle se terminesur une limite soit en rotation soit en repos, avec un contour rond,

    triangulaire ouquel qu'il soit ; car tous sont possibles : rien de ce qui apparat ne

    s'y oppose dans

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    ce monde-ci, o il n'y a pas moyen de saisir ce qui le termine.

    Mais il y a moyen de

    saisir qu' la fois de tels mondes sont en nombre illimit, etqu'aussi un tel mondepeut survenir tant dans un monde que dans un inter-monde,

    comme nous appelonsl'intervalle entre des mondes, dans un lieu comportant beaucoup

    de vide, mais pasdans un vaste lieu, pur et vide, comme le disent certains, et ce,

    dans la mesure odes semences appropries s'coulent d'un seul monde, ou inter-

    monde, ou bien de

    plusieurs, produisant peu peu des adjonctions, des articulationset desdplacements vers un autre lieu, selon les hasards, et des

    arrosements provenant derserves appropries, jusqu' parvenir un tat d'achvement et de

    permanence,pour autant que les fondations poses permettent de les recevoir.

    Car il ne suffit pasque se produise un agrgat, ou un tourbillon dans le vide o il est

    possible qu'un

    monde surgisse, d'aprs ce que l'on croit tre par ncessit, et qu'ils'accroissejusqu' ce qu'il heurte un autre monde, ainsi que l'un des rputs

    physiciens le dit ;car cela est en conflit avec ce qui apparat.

    2.Les corps clestes

    Le soleil, la lune et les autres astres, qui se formaient par eux-

    mmes, taientensuite envelopps par le monde, ainsi videmment que tout ce

    qu'il prserve, mais

    ds le dbut ils se faonnaient et s'accroissaient (de la mme faonque la terre et lamer) grce des accrtions et des tournoiements de fines

    particules, qu'elles soientde nature vente ou igne, ou bien les deux ; la sensation nous

    indique en effet quecela se fait ainsi.

    La grandeur du soleil et des autres astres, considre par rapport

    nous, est telle

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    qu'elle apparat, car il n'y a pas d'autre distance qui puisse mieux

    correspondre

    cette grandeur. Si on le considre en lui-mme, sa grandeur est ouplus grande quece que l'on voit, ou un peu plus petite, ou identique (pas en mme

    temps). C'estainsi galement que les feux, qu'auprs de nous l'on observe

    distance, sontobservs selon la sensation. Et on rsoudra aisment tout ce qui

    fait obstacle danscette partie, si l'on s'applique aux vidences, ce que nous montrons

    dans les livres

    Sur la nature.III Mouvements et variations clestes

    I. Mouvement nycthmral

    Levers et couchers du soleil, d la lune et des autres astres peuvent

    rsulterrespectivement d'une inflammation et d'une extinction, Si

    l'environnement est tel -et ce en chacun des deux lieux correspondants - que ce qui vient

    d'tre dits'accomplisse ; car rien de ce qui apparat ne l'infirme ; et c'est

    encore par unemergence au-dessus de la terre, puis au contraire par une

    interposition, que leverset couchers pourraient se produire ; car rien de ce qui apparat ne

    l'infirme.Pour leurs mouvements, il n'est pas impossible qu'ils rsultent soit

    d'une rotation duciel tout entier soit du fait que, si celui-ci est en repos, eux

    connaissent une rotationengendre l'orient suivant la ncessit l'oeuvre l'origine, lors

    de la naissance dumonde, ensuite, prenant en compte la chaleur, du fait d'une

    certaine propagation dufeu qui progresse toujours vers des lieux contigus.

    2. Rtrogradations

    Les rtrogradations du soleil et de la lune peuvent survenir en

    raison de l'obliquitdu ciel qui se trouve par moments contraint obliquer ; galement

    parce que de l'air

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    les repousse, ou bien aussi parce que la matire dont ils ont

    constamment besoin, et

    qui s'enflamme progressivement, les a abandonns ; ou il se peutaussi que ds ledbut un tourbillon ait envelopp ces astres, un tourbillon que leur

    mouvement soitcomme celui d'une spirale. Car toutes ces raisons et celles qui leur

    sont apparentesne sont en dsaccord avec aucune des vidences si, pour de tels

    aspects particuliers,s'attachant au possible, l'on peut ramener chacune d'elles un

    accord avec ce qui

    apparat, sans redouter les artifices des astronomes, qui rendentesclave.3. Questions lunaires

    Les videments et les remplissements de la lune pourraient se

    produire aussi bienen raison du tour qu'effectue ce corps qu'en raison galement des

    configurations del'air, mais encore en raison d'interpositions, et de tous les modes

    par lesquels ce quiapparat auprs de nous, nous appelle rendre compte de cet

    aspect-l, conditionque l'on ne se satisfasse pas du mode unique et que l'on ne

    repousse pas de faonvaine les autres modes, n'ayant pas observ ce qu'il tait possible

    et ce qu'il taitimpossible un homme d'observer, et dsireux en consquence

    d'observerl'impossible.

    En outre, il se peut que la lune soit lumineuse par elle-mme,

    possible aussi qu'elle

    le soit grce au soleil. De fait, autour de nous, l'on voit beaucoupde choses qui sontlumineuses par elles-mmes, et beaucoup qui le sont grce

    d'autres. Et rien de cequi apparat dans le ciel ne fait obstacle cela, Si l'on garde

    toujours en mmoire lemode multiple et si l'on considre ensemble les hypothses et les

    causes qui sont

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    conformes ce qui apparat, si l'on ne considre pas ce qui ne lui

    est pas conforme,

    que l'on grossit en vain, et si l'on n'incline pas d'une manire oud'une autre vers lemode unique.

    L'apparent visage en elle peut rsulter aussi bien de la diffrence

    de ses partiessuccessives que d'une interposition, ainsi que de tous les modes

    dont, en touspoints, l'on observerait l'accord avec ce qui apparat ; pour toutes

    les ralitsclestes en effet, il ne faut pas renoncer suivre une telle piste ;

    car si l'on entre enconflit avec les vidences, jamais il ne sera possible d'avoir part

    l'ataraxieauthentique.

    4.L'exceptionnel et le rgulier

    Une clipse de soleil et de lune peut rsulter aussi bien d'une

    extinction - commeauprs de nous l'on voit cela arriver - qu'galement d'une

    interposition d'autrescorps, soit la terre, soit le ciel, ou un autre du mme type ; et c'est

    de cette faonqu'il faut considrer ensemble les modes apparents les uns aux

    autres, et voir quele concours simultan de certains modes n'est pas impensable.

    En outre, comprenons l'ordre rgulier de la rvolution la faon

    dont certaineschoses se produisent prs de nous, et que la nature divine ne soit

    en aucun caspousse dans cette direction, mais qu'on la conserve dpourvue de

    charge et dans

    une entire flicit ; car si l'on ne procde pas ainsi, toute l'tudedes causestouchant les ralits clestes sera vaine, comme cela est dj

    arriv certains qui nese sont pas attachs au mode possible, mais sont tombs dans la

    vanit pour avoircru que cela arrivait seulement selon un seul mode, et avoir rejet

    tous les autres

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    qui taient compatibles avec le possible, emports vers

    l'impensable et incapables

    d'observer ensemble tout ce qui apparat, qu'il faut recueillircomme ses signes.Les longueurs changeantes des nuits et des jours peuvent venir

    soit desmouvements rapides et inversement, lents, du soleil au-dessus de

    la terre, parcequ'il change les longueurs des espaces parcourus, soit parce qu'il

    parcourt certainsespaces plus vite ou plus lentement, comme on observe aussi des

    cas prs de nous,

    avec lesquels il faut s'accorder lorsqu'on parle des ralits clestes.Mais ceux quise saisissent de l'unit entrent en conflit, avec ce qui apparat et

    chouent sedemander si la considrer est possible l'homme.

    IV Mtorologie

    1Prvisions

    Les signes prcurseurs peuvent apparatre soit la faveur de

    concours decirconstances, comme dans le cas des animaux qui en manifestent

    prs de nous, soiten raison d'altrations de l'air et des changements ; car ces deux

    explications nesont pas en conflit avec ce qui apparat ; mais dans quels cas elles

    se produisentpour telle ou telle cause, il n'est pas facile de le voir galement.

    2 Nuages

    Les nuages peuvent se constituer et s'assembler soit par le foulage

    de l'air d lacompression des vents, soit par des enchevtrements d'atomes

    concatns etpropres produire ce rsultat, soit en raison de la runion de

    courants issus de laterre et des eaux ; mais il n'est pas impossible que les assemblages

    de tels lmentsse ralisent selon bien d'autres modes. Par suite, les eaux peuvent

    se former en euxpour autant que les nuages se pressent, et changent, et aussi parce

    que des vents,

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    s'exhalant des lieux appropris, se dplacent dans l'air, l'averse

    plus violente se

    produisant partir de certains agrgats convenant pour de tellesprcipitations.

    3 Tonnerre, clair, foudre

    Il est possible que les coups de tonnerre se produisent en raison du

    roulement duvent dans les cavits des nuages, comme c'est le cas dans nos

    viscres, galementpar le grondement du feu qu'un vent, dans les nuages, alimente,

    aussi en raison des

    dchirures et des cartements des nuages, et aussi en raison desfrottements et desruptures des nuages s'ils se sont congels comme de la glace ; ce

    qui apparat nousappelle reconnatre qu'au mme titre que l'ensemble, cette ralit

    particulire seproduit selon plusieurs modes.

    Et les clairs, de mme, se produisent selon plusieurs modes ; en

    effet, c'est par lefrottement et le choc des nuages que la configuration du feu

    propre produire ceteffet, lorsqu'elle s'en chappe, produit l'clair ; galement par

    l'attisement, sousl'action des vents, de corps de ce genre arrachs aux nuages, qui

    disposent l'clatque l'on voit ; galement par pressurage, si les nuages sont

    comprims, soit les unspar les autres, soit par les vents; galement par l'enveloppement de

    la lumire quis'est rpandue depuis les astres, car ensuite elle est contracte par

    le mouvementdes nuages et des vents, et elle s'chappe travers les nuages ; ou

    bien par lefiltrage, d aux nuages, de la lumire la plus fine, et par le

    mouvement de cettelumire ; ou encore par l'embrasement du vent, qui se produit en

    raison de la fortetension du mouvement et d'un violent enroulement ; aussi par les

    dchirures des

  • 7/29/2019 Epicure. Lettres

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    nuages sous l'effet des vents et l'expulsion des atomes producteurs

    de feu, qui

    produisent l'image de l'clair. Et il sera facile de voir distinctementcela en suivantbien d'autres modes, si l'on s'en tient toujours ce qui apparat, et

    si l'on est capablede considrer ensemble ce qui est semblable.L'clair prcde le tonnerre dans une disposition nuageuse de ce

    genre, soit parcequ'en mme temps que le vent tombe sur les nuages, la

    configuration produisantl'clair est expulse, et ensuite le vent qui est roul produit ce

    grondement ; soit, enraison de la chute de l'un et de l'autre en mme temps, l'clair

    vient jusqu' nousgrce une vitesse plus soutenue, et le tonnerre arrive avec du

    retard, comme c'estle cas pour certaines choses vues de loin, qui produisent des

    coups.Il est possible que les foudres se produisent en raison de runions

    de vents en plusgrand nombre, d'un puissant enroulement et d'un embrasement, et

    d'une dchirured'une partie suivie d'une expulsion de celle-ci plus puissante

    encore, en directiondes lieux infrieurs - la dchirure survient parce que les lieux

    attenants sont plusdenses, en raison du foulage des nuages ; aussi en raison du feu

    comprim qui estexpuls, comme il est possible aussi que le tonnerre se produise,

    lorsqu'il estdevenu plus important, que le vent l'a puissamment aliment et

    qu'il a rompu lenuage, du fait qu'il ne peut se retirer dans les lieux attenants,

    cause du foulage (leplus souvent contre une montagne leve, sur laquelle les foudres

    tombent avanttout), qui se fait toujours entre les nuages. Et il est possible que les

    foudres seproduisent selon bien d'autres modes ; que seulement soit banni le

    mythe ! Et il sera

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    banni si l'on procde des infrences sur ce qui n'apparat pas, en

    s'accordant

    correctement avec ce qui apparat.4 Cyclones, sismes

    Il est possible que les cyclones se produisent d'une part en raison

    de la descented'un nuage dans des lieux infrieurs, qui change de forme en tant

    pouss par unvent dense, et se trouve emport en masse du fait de ce vent

    abondant, en mmetemps qu'un vent extrieur pousse le nuage de proche en proche ;

    et aussi bien en

    raison d'une disposition circulaire du vent, lorsque de l'air setrouve pouss par enhaut, et qu'un fort flux de vent se cre, incapable de s'couler sur

    les cts, causedu foulage de l'air tout autour. Et si le cyclone descend jusqu' la

    terre, se formentdes tornades, quelle que soit la faon dont leur naissance a lieu

    selon le mouvementdu vent ; s'il descend jusqu' la mer, ce sont des tourbillons qui se

    constituent.

    Il est possible que les sismes se produisent en raison del'interception de vent dansla terre, de sa disposition le long de petites masses de cette

    dernire, et de sonmouvement continu, ce qui provoque un tremblement dans la

    terre. Et ce vent, laterre l'embrasse ou bien parce qu'il vient de l'extrieur, ou bien

    parce ques'effondrent des fonds intrieurs qui chassent l'air captur dans les

    lieux caverneux

    de la terre. Et en raison de la communication mme dumouvement par suite del'effondrement de nombreux fonds et de leur renvoi en sens

    inverse, quand ilsrencontrent des concentrations plus fortes de terre - il est possible

    que se produisentles sismes. Et il est possible que ces mouvements de la terre se

    produisent selonplusieurs autres modes.

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    Il arrive que les vents surviennent au bout d'un certain temps,

    lorsqu'un lment

    tranger s'introduit, rgulirement et petit petit, et aussi par lerassemblementd'eau en abondance ; et les autres vents se produisent, mme si ce

    sont de faiblesquantits qui tombent dans les nombreuses cavits, lorsqu'elles se

    diffusent.5 Grle, neige, rose, glace

    Le grle se forme la fois en raison d'une conglation assez forte,

    durassemblement de certains lments venteux venus de tous cts,

    et d'une divisionen parties, et aussi par la conglation assez modre de certains

    lments aqueux,en mme temps que leur rupture, qui produisent la fois leur

    compression et leurclatement, conformment au fait que lorsqu'ils glent ils se

    condensent par partieset en masse. Et la rondeur, il n'est pas impossible qu'elle tienne au

    fait que de touscts les extrmits fondent, et que lors de sa condensation, de.

    tous cts, commeon dit, se disposent autour de manire gale, partie par partie, des

    lments aqueuxou venteux.

    Il est possible que la neige se forme d'une part lorsqu'une eau fine

    s'coule la suitede l'adaptation de nuages diffrents, de la pression des nuages

    appropris, et de sa,dissmination par le vent, et qu'ensuite cette eau gle se dplaant,

    parce que, dans

    les rgions situes au-dessous des nuages, il y a un fortrefroidissement ; et aussi,en raison d'une conglation dans les nuages qui prsentent une

    densit faible etrgulire, pourrait se produire une mission, hors des nuages qui

    se pressent les unscontre les autres, d'lments aqueux disposs cte cte, lesquels,

    s'ils subissent

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    une sorte de compression, produisent finalement de la grle, chose

    qui arrive

    surtout dans l'air. Et aussi en raison du frottement des nuages quiont gel, cetagrgat de neige pourrait, en retour, s'lancer. Et il est possible

    que la neige seforme selon d'autres modes.Le rose se forme d'une. part en raison de la runion mutuelle

    d'lments enprovenance de l'air, de nature produire une humidit de cette

    sorte ; et c'est d'autrepart en raison d'un mouvement qui part des lieux humides ou des

    lieux quicontiennent de l'eau, que la rose se forme dans les lieux o elle

    apparat : ensuiteces lments se runissent au mme point, produisent l'humidit,

    et vont en sensinverse vers le bas, ainsi que souvent, mme prs de nous, se

    forme de maniresemblable ce genre de choses. Et la gele blanche se forme

    lorsque ces rosesconnaissent une sorte de conglation, cause d'une disposition

    d'air froid.La glace se forme aussi bien par l'expression hors de l'eau de la

    forme arrondie, etla compression des lments ingaux et angle aigu qui se

    trouvent dans l'eau, quepar le rapprochement, partir de l'extrieur, d'lments de cette

    nature qui, runis,font geler l'eau, une fois qu'ils ont exprim une certaine quantit

    d'lments ronds.6. Arc-en-ciel, halo

    L'arc-en-ciel survient en raison de l'clairement par le soleil d'unair aqueux, oubien en raison d'une nature particulire de l'air, qui tient la fois

    de la lumire et del'air, qui produira les particularits de ces couleurs, soit toutes

    ensemble, soitsparment ; et partir de cet air-l, d'o se spare , nouveau en

    brillant, la

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    lumire, les parties limitrophes de l'air prendront cette coloration,

    telle que nous la

    voyons par l'clairement des parties ; quant sa forme arrondie,cette image seforme parce que la vision voit un intervalle partout gal, ou parce

    que les sectionsdans l'air se compriment de la sorte, ou bien parce que dans les

    nuages, les atomestant emports partir d'un mme air, un certain arrondi se dpose

    dans cecompos.

    Le halo autour de la lune se produit parce que de l'air se porte de

    tous cts vers lalune, et que, ou bien il renvoie galement les coulements qui sont

    mans d'elle,jusqu' disposer en un cercle la nbulosit que l'on voit, sans

    oprer une sparationcomplte, ou bien il renvoie de faon proportionne, de tous cts,

    l'air qui estautour de la lune, pour disposer ce qui entoure cette dernire en

    une priphrieayant une paisseur. Cela se produit seulement en certaines parties

    soit parce qu'uncoulement venu de l'extrieur exerce une violente pression, soit

    parce que lachaleur s'empare des passages appropris pour raliser cet effet.

    V Sujets astronomiques complmentaires1 Comtes

    Les astres chevelus naissent soit parce qu'apparat la disposition

    qui fait que du feuprend consistance dans les rgions clestes, en certains lieux,

    certains moments,

    soit parce que le ciel, par moments, adopte au-dessus de nous unmouvementparticulier, propre faire apparatre de tels astres, ou encore ils

    s'lancent certainsmoments en raison d'une disposition donne, se dirigent vers les

    lieux que nousoccupons, et deviennent visibles. Et leur disparition survient par

    suite de causesopposes celles-l.

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    2 Astres fixes

    Certains astres tournent sur p1ace : cela arrive non seulement

    parce que cette partiemonde autour de laquelle le reste tourne, est immobile, comme le

    disent certains,mais aussi parce qu'un tourbillon d'air tourne autour de lui en

    cercle, et l'empchede faire un parcours identique celui des autres ; ou bien parce

    qu' proximit ilsn'ont pas la matire approprie, tandis qu'ils l'ont dans le lieu o

    on les voitdemeurer. Et il est possible que cela arrive selon bien d'autres

    modes, si l'on peutrassembler par le raisonnement ce qui est en accord avec ce qui

    apparat.3. Astres errants

    Que certains astres soient errants, s'il arrive qu'ils aient des

    mouvements de cettesorte, tandis que d'autres ne se meuvent pas ainsi, il est possible

    d'une part que celatienne ce qu'ils ont t contraints ds le commencement se

    mouvoir en cercle, si

    bien que les uns sont transports par le mme tourbillon parcequ'il est gal, tandisque les autres le sont par un tourbillon qui comporte en mme

    temps des ingalits.Mais il est possible galement que selon les lieux o ils sont

    transports, il setrouve des tendues d'air gales qui les poussent successivement

    dans la mmedirection et les enflamment de faon gale, tandis que d'autres

    sont assez ingales

    pour que puissent s'accomplir les changements que l'on observe.Mais donner deces faits une seule cause, alors que ce qui apparat en appelle une

    multiplicit, estdlirant et se trouve mis en oeuvre, au rebours de ce qu'il convient

    de faire, par leszlateurs de la vaine astronomie, qui donnent de certains faits des

    causes dans le

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    vide, ds lors qu'ils ne dlivrent pas la nature divine de ces

    charges-l. Dbut de

    page4. Retard de certains astres

    Il arrive d'observer que certains astres sont laisss en arrire par

    d'autres, soit parceque, tout en parcourant le mme cercle, ils sont transports autour

    de lui pluslentement, soit parce qu'ils sont mus selon un mouvement

    contraire, et sont tirs ensens inverse par le mme tourbillon, soit parce qu'ils sont

    transports, tantt sur un

    espace plus grand, tantt plus petit, tout en tournant en cercleautour du mmetourbillon. Et se prononcer de faon simple sur ces faits ne

    convient qu' ceux quiveulent raconter des prodiges la foule.

    5 Etoiles filantes

    Les astres que l'on dit tomber, et par parties, peuvent se constituer,

    soit par leurpropre usure, et par leur chute, l o se produit un dgagement de

    souffle, ainsi que

    nous l'avons dit pour les clairs aussi ; soit par la runion d'atomesproducteurs defeu, lorsque apparat un regroupement susceptible de produire

    cela, et par unmouvement l o l'lan a surgi depuis le commencement, lors de

    leur runion ; soitpar le rassemblement de souffle dans les amas nbuleux et par leur

    embrasement d l'enroulement qu'ils subissent, ensuite par la dsintgration des

    parties

    enveloppantes ; et l'endroit vers lequel entrane l'lan, c'est vers lque lemouvement se porte. Et il y a d'autres modes permettant cela de

    s'accomplir, enun nombre que je ne saurais dire.

    6. Prvisions

    Les signes prcurseurs qui se produisent en certains animaux, se

    produisent par un

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    concours de circonstances ; car les animaux n'introduisent aucune

    ncessit qui

    ferait se raliser le mauvais temps, et nulle nature divine ne trnesurveillant lessorties de ces animaux, ni, ensuite, n'accomplit ce que ces signes

    annoncent ; car cen'est pas sur le premier animal venu, mme un peu plus sens,

    qu'une telle foliepourrait tomber, encore moins sur celui qui dispose du parfait

    bonheur.Remmore-toi tous ces points, Pythocls, car tu t'carteras de

    beaucoup du mythe,

    et tu seras capable de concevoir ce qui est du mme genre. Maissurtout, consacretoi l'observation des principes, de l'illimit et de ce qui leur est

    apparent, etencore des critres et des affections, et de ce en vue de quoi nous

    rendons comptede ces questions. Car ce sont eux surtout ; lorsqu'on les observe

    ensemble, quiferont concevoir facilement les causes des ralits particulires ;

    mais ceux qui ne

    ressentent pas pour eux le plus vif attachement, ne pourront pascorrectementobserver ensemble ces lments mmes, ni obtenir ce en vue de

    quoi il faut lesobserver.

    EPICURELettre Hrodote ou Lettre sur la Physique ou

    Lettre sur l'Univers_________ _______________ ______________

    A l'intention de ceux qui ne peuvent pas, Hrodote, tudier

    prcisment et dans ledtail mes crits sur la nature, ni mme examiner les plus

    importants des livres quej'ai composs, pour eux j'ai prpar un rsum de la doctrine

    complte, destin leur faire garder suffisamment en mmoire les opinions les plus

    gnrales, afin

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    qu'en chaque occasion, sur les questions capitales, ils puissent se

    venir en aide

    eux-mmes, pour autant qu'ils s'appliquent l'observation de lanature. Et mmeceux qui ont suffisamment progress dans la considration de

    l'ensemble doiventgarder dans leur mmoire l'esquisse, prsente selon les principes

    lmentaires, dela doctrine complte ; en effet, nous avons fortement besoin d'une

    apprhensionpleine, et pas de la mme faon d'une apprhension du particulier.

    Il faut donc continuellement aller vers cela, il faut produire dans

    sa mmoire ce partir de quoi l'on fera porter l'apprhension capitale sur les

    ralits, et l'ondcouvrira aussi toutes le prcisions particulires, ds lors que les

    esquisses les plusgnrales auront t bien embrasses et remmores ; car mme

    pour celui qui estparfaitement form, la condition majeure de toute connaissance

    prcise consiste pouvoir faire usage des apprhensions avec acuit, en les

    ramenant des lmentset des formules simples. En effet, il n'est pas possible de

    procder, dans toute sadensit, au parcours continu des lments gnraux, si l'on n'est

    pas capable, ens'aidant de brves formules, d'embrasser en soi-mme tout ce qui

    galement a putre connu avec prcision, en particulier. C'est pourquoi, tant

    donn qu'une tellevoie est utile tous ceux qui sont familiers de l'tude de la nature,

    moi qui, enprescrivant l'activit continue dans l'tude de la nature, introduis

    principalement parcela la paix dans la vie, j'ai crit pour toi un rsum de ce genre,

    une prsentationselon leur forme lmentaire des opinions de porte gnrale.

    I. Les principes de l'tude de la nature1. Prceptes mthodologiques

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    Pour commencer, Hrodote, il faut saisir ce qui est plac sous les

    sons, afin qu'en

    nous y rapportant, nous soyons en mesure d'introduire desdistinctions dans ce quiest matire opinion, que cela suscite une recherche ou soulve

    une difficult, etpour viter que tout ne reste sans distinction dans des

    dmonstrations que nousmnerions l'infini, ou bien que nous n'ayons que des sons vides.

    38. Car il estncessaire que pour chaque son, la notion premire soit vue et n'ait

    nullement

    besoin de dmonstration, si nous devons bien possder l'lmentauquel rapporterce qui suscite une recherche ou soulve une difficult, et qui est

    matire opinion.En outre, il faut observer toutes choses suivant les sensations, et

    en gnral lesapprhensions prsentes, tant celles de la pense que celles de

    n'importe quelcritre, et de la mme faon les affections existantes, afin que

    nous soyons en

    possession de ce par quoi nous rendrons manifeste ce qui attendconfirmation ainsique l'invident.2. Principes de l'tude de la nature : l'invident

    Une fois que l'on a distinctement saisi cela, on doit ds lors avoir

    une visiond'ensemble sur les ralits invidentes.

    D'abord, rien ne devient partir de ce qui n'est pas ; en effet, tout

    deviendrait partir de tout, sans nu besoin d'une semence. Et si ce qui disparat

    tait dtruit etallait dans le non-tre, toutes choses auraient pri, puisque ce en

    quoi elles se sontdissoutes ne serait pas.

    En outre, le tout a toujours t tel qu'il est maintenant, et tel il sera

    toujours ; car iln'y a rien vers quoi il aille changer ; car aussi, aux cts du tout, il

    n'y a rien quipuisse entrer en lui et le changer.

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    Mais aussi , le tout est ; car, que les corps soient, c'est ce qu'atteste

    en toute

    occasion la sensation mme, qu'il est ncessaire de suivre pourconjecturer, avecl'aide du raisonnement, l'invident, comme je l'ai dit auparavant.

    Si ce que nousappelons vide, espace et nature intangible n'tait pas, les corps

    n'auraient pasd'endroit o tre ni travers quoi se mouvoir, comme

    manifestement ils semeuvent. En dehors de ces natures, on ne peut rien parvenir

    penser, par une

    connaissance qui embrasse ou par analogie avec les choses que laconnaissanceembrasse, que l'on prenne pour des natures totales et non pour ce

    que l'on nommeaccidents ou caractres concomitants de ces natures.

    En outre, parmi les corps, les uns sont des composs, les autres ce

    avec quoi lescomposs sont faits ; ces corps-ci sont inscables et immuables,

    s'il est vrai quetoutes choses ne sont pas destines se dtruire dans le non-tre ;

    au contraire ilsont la force de subsister dans les dissolutions des composs, tant

    pleins par leurnature, n'ayant rien par o ni par quoi ils pourraient tre dissous.

    De sorte que lesprincipes sont ncessairement les natures corporelles inscables.

    Mais aussi, le tout est illimit. Car ce qui est limit a une

    extrmit ; maisl'extrmit est observe ct d'autre chose ; de sorte que, n'ayant

    pas d'extrmit,

    il n'a pas de limite ; et n'ayant pas de limite, il sera illimit et nonlimit.En outre, illimit est le tout par le nombre des corps ainsi que par

    la grandeur duvide. Car si le vide tait illimit, tandis que les corps taient en

    nombre fini, lescorps ne demeureraient nulle part, mais ils seraient emports et

    disperss travers

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    le vide illimit, n'ayant rien pour les soutenir et les renvoyer dans

    les chocs et si le

    vide tait fini, les corps en nombre illimit n'auraient pas de lieuo prendre place.Outre cela, les corps inscables et pleins, partir desquels les

    composs seconstituent et dans lesquels ils se dissolvent, prsentent des

    diffrences de formesque l'esprit ne peut embrasser ; car il n'est pas possible que tant de

    diffrencesnaissent d'un nombre de formes identiques, que l'on embrasserait.

    Et pour chaque

    configuration, les atomes semblables sont en nombre absolumentillimit, mais dupoint de vue des diffrences il ne sont pas absolument illimits

    mais seulement nepeuvent pas tre embrasss, si l'on ne veut pas, pour les grandeurs

    aussi, lesrenvoyer tout simplement dans l'illimit.

    Les atomes ont un mouvement continu perptuel, et certains

    s'loignent unegrande distance les uns des autres, tandis que d'autres gardent la

    vibrationproprement dite, lorsqu'ils se trouvent dtourns dans un

    enchevtrement, ou sontrecouverts par des atomes enchevtrs. En effet, la nature du vide,

    qui dlimitechaque atome en lui-mme, conduit cela, puisqu'elle n'est pas

    capable, de fournirun soutien ; et en mme temps, la solidit qu'ils ont produit, dans

    le choc, la contrevibration,dans la mesure o l'enchevtrement permet le retour la position

    initiale, la suite du choc. Et il n'y a pas de commencement ces

    mouvements, puisqu'ensont causes les atomes, et le vide. Une formule de cette force, si

    l'on se souvientd'une rflexion applique la nature de ce qui est.II. Dveloppement de l'tude de la nature : structure etproprits des corps1. Cosmologie

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    Mais aussi, les mondes sont en nombre illimit, tant ceux

    semblables celui-ci, que

    les autres dissemblables. En effet, comme les atomes sont ennombre illimit, ainsiqu'il a t dmontr l'instant, ils sont emports au plus loin ; car

    les atomes, telsqu'on les dcrit, dont pourrait natre un monde, ou par lesquels il

    pourrait treproduit, ne sont pas puiss en un seul monde, ou en un nombre

    limit de mondes,ni dans tous ceux qui sont tels que celui-ci, ni dans tous ceux qui

    en sont diffrents.

    Si bien que rien ne s'oppose au nombre illimit des mondes.2. Gnosologie : sens et perception

    En outre, il y des rpliques de mme forme que les solides, qui,

    par leur finesse,sont fort loignes de ce qui apparat. Il n'est pas impossible en

    effet que seproduisent de tels dtachements dans l'enveloppe, ni que se

    trouvent lesdispositions propres laborer la concavit et la finesse, ni que

    des effluves

    conservent avec prcision la position et la situation successivesqu'ils avaient surles solides. Ces rpliques, nous les appelons des simulacres.

    En outre, le mouvement travers le vide, qui se produit sans

    aucune rencontre decorps qui le heurte, franchit toute grandeur que l'on peut

    embrasser, en un tempsinconcevable. Le heurt et l'absence de heurt sont en effet

    similaires la lenteur et la vitesse.

    Certes, ce n'est pas non plus en mme temps, selon les duresqu'observe la raison,que le corps m lui-mme arrive en plusieurs endroits - car cela

    est impensable - etce, alors qu'il arrive en mme temps que d'autres dans le temps

    sensible, d'o qu'ilse soit dtach dans l'illimit, non pas mme depuis un lieu

    partir duquel nouspourrions embrasser son mouvement. En effet, cela sera similaire

    un heurt, mme

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    si, jusqu'au point que nous avons atteint, nous admettons que la

    vitesse du

    mouvement rsulte de l'absence de heurt. Il est galement utile deretenir cetlment-l.

    Ensuite, que les simulacres soient d'une finesse insurpassable,

    aucun tmoignageappuy sur ce qui apparat ne l'infirme ; d'o aussi le fait qu'ils

    aient des vitessesinsurpassables, car ils ont tous un passage adapt, outre que rien

    ne provoque deheurt, ou trs peu, avec un nombre illimit d'entre eux, tandis que

    pour un grandnombre et mme un nombre limit d'atomes, quelque chose

    provoqueinstantanment un heurt.

    Outre cela, rien n'infirme que la production de simulacres se

    produit aussi vite quela pense. De fait, l'coulement qui part de la surface des corps est

    continu ; il n'estpas rendu manifeste par la diminution en raison du remplissement

    compensatoire ;

    il maintient la position et l'ordre qui taient ceux des atomes lasurface du solidependant longtemps, mme si parfois il se rpand en dsordre, et

    que desassemblages fugaces se forment sur l'enveloppe, parce qu'il n'est

    pas ncessaire queleur remplissement se fasse en profondeur, et qu'il existe mme

    d'autres modesd'engendrement concernant de telles natures. Rien de tout cela

    n'est infirm par les

    sensations, si l'on considre de quelle manire l'on rapportera lesforces agissantesdes ralits extrieures nous, afin de rapporter galement les co-

    affections.Et il faut aussi considrer que nous voyons et discernons par la

    pense les formes,lorsque, depuis les ralits extrieures, quelque chose s'introduit

    en nous ; car la

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    nature propre de leur couleur, de leur forme, les ralits

    extrieures ne

    l'imprimeraient pas par le moyen de l'air, intermdiaire entre euxet nous, ni par desrayons lumineux ou des coulements, quels qu'ils soient, allant de

    nous elles,comme c'est le cas lorsque, depuis les ralits, des rpliques

    s'introduisent en nous,de mme couleur et de mme forme, en fonction de l'adaptation de

    leur taille lavue ou la pense, avec leurs mouvements rapides ; ensuite, pour

    cette raison, ce

    qui est un et continu restitue l'image, et conserve la co-affection distance dusubstrat, par la pression proportionne qui vient de lui, et qui

    rsulte de la vibrationprofonde des atomes dans le solide. Et l'image, que nous

    saisissons par uneapprhension de la pense ou par les organes des sens, soit de la

    forme soit de sescaractres concomitants, est la forme mme du solide, qui se

    constitue selon la

    succession compacte du simulacre ou selon ce qui en reste.Le faux et l'erreur tiennent dans le fait d'ajouter chaque fois

    l'opinion que cela vatre confirm ou non-infirm, tandis qu'ensuite cela n'est pas

    confirm, en raisond'un certain mouvement en nous-mmes li une apprhension

    imaginative, maisqui s'en distingue ; et par ce mouvement se produit le faux.

    Car la ressemblance des phantasmes saisis comme des

    reproductions, qu'ils

    surgissent dans les rves, ou selon d'autres apprhensions de lapense, ou desautres critres ne saurait exister pour ce que l'on dit tre et tre

    vrai, s'il n'y avaitdes choses que nous apprhendons . Mais l'erreur n'existerait pas,

    si nous n'avionsgalement un autre mouvement en nous-mmes qui, tout en lui

    tant associ, s'en

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    distingue ; suivant ce mouvement, s'il n'y a pas confirmation, ou

    s'il y a infirmation,

    survient le faux et s'il y a confirmation ou non-infirmation,survient le vrai. Et ilfaut bien conserver cette opinion, afin que les critres conformes

    aux vidences nesoient pas dtruits, et que l'erreur, affermie de semblable manire,

    n'introduise letrouble partout.

    Mais aussi, l'audition provient d'un souffle qui se transporte

    depuis ce qui parle,rsonne, fait entendre un bruit ou affecte de quelque manire

    l'oue. Et cecoulement se rpand en masses ayant des parties semblables, qui

    conservent enmme temps qu'une co-affection rciproque, une unit propre,

    s'tendant jusqu'l'metteur et produisant la sensation qui s'applique habituellement

    ce dernier, etsinon rend seulement vidente sa provenance extrieure.

    En effet, sans une certaine co-affection, qui ramne la source

    dont elle part, il n'y

    aurait pas de sensation telle qu'on l'prouve. Il ne faut donc pasconsidrer que l'airlui-mme est inform par la voix profre ou par des sons du

    mme genre - il s'enfaut de beaucoup qu'il puisse subir cette transformation sous

    l'action de la voix -mais immdiatement, lorsque nous donnons de la voix, le choc qui

    survient en nousprovoque une expression de masses propre constituer un

    coulement fait de

    souffles, et cette expression provoque en nous l'affection auditive.En outre, il faut considrer que l'odorat, comme c'est le cas pour

    l'oue, neproduirait aucune affection, si, depuis la chose, ne se dtachaient

    des corpuscules,adapts cet organe sensible, propres l'branler, les uns en le

    troublant et en lecontrariant, les autres sans provoquer de trouble, et de faon

    approprie. Dbut de

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    page3. Les corps simples

    En outre, il faut considrer que les atomes ne prsentent aucune

    des qualits quiappartiennent ce qui apparat, hormis la forme, le poids, la

    grandeur, et tout ce quiest ncessairement et naturellement li la forme. Car toute

    qualit change ; maisles atomes ne changent nullement, puisqu'il faut que quelque

    chose de solide etd'indissoluble subsiste dans la dissolution des composs, qui

    produira des

    changements non pas vers le non-tre ni partir du non-tre, maisgrce deschangements de position dans de nombreux corps, et pour certains

    grce desapports et des retraits. D'o il est ncessaire que ce qui ne connat

    pas dechangement de position soit incorruptible et n'ait pas la nature de

    ce qui change,mais qu'il ait des masses et des formes propres ; en effet, il est

    bien ncessaire que

    cela subsiste. De fait, dans ce qui prs de nous change deconfiguration parl'rosion de la priphrie, on saisit que la forme est inhrente,

    tandis que lesqualits de ce qui change ne sont pas inhrentes, la manire dont

    se maintient lapremire, mais elles prissent en quittant le corps tout entier. Ces

    lmentssubsistants suffisent donc pour produire les diffrences des

    composs puisqu'il est

    videmment ncessaire que certaines choses subsistent, et ne sedtruisent pas enallant dans le non-tre.

    Pourtant, il ne faut pas considrer que toute grandeur se trouve

    dans les atomes,pour viter que ce qui apparat ne tmoigne du contraire ; mais il

    faut considrerqu'il y a des variations de grandeur. Car, si l'on ajoute cela, on

    rendra mieux compte

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    de ce qui a lieu suivant les affections et les sensations. Mais

    penser qu'il y a toute

    grandeur ne sert rien pur expliquer les diffrences de qualit :des atomesdevraient parvenir jusqu' nous, en tant visibles, or on n'observe

    pas que cela seproduise, et l'on ne peut parvenir penser comment un atome

    pourrait tre visible.En outre, il ne faut pas considrer que dans le corps fini se

    trouvent des corpusculesen nombre illimit ni de n'importe quelle taille. De sorte qu'il faut

    non seulement

    supprimer la division l'infini vers le plus petit, afin de ne pasextnuer touteschoses et, quand nous embrassons des corps denses, de ne pas tre

    contraints encomprimant les tres de les consumer jusqu'au non-tre, mais en

    outre il ne faut pascroire que le parcours, dans les corps finis, ait lieu l'infini, ni

    vers le petit.D'abord, si l'on vient affirmer que ces corpuscules sont en

    nombre illimit dans

    un corps quelconque, ou de n'importe quelle taille, il n'y a pasmoyen de pensercomment cela est possible : comment ce corps serait-il encore

    limit en grandeur ?Il est vident en effet que ces corpuscules en nombre illimit ont

    eux-mmes unecertaine taille ; et la grandeur constitue par ces corpuscules,

    quelle que soit leurtaille, sera aussi illimite.

    D'autre part, ce qui est limit a une extrmit que l'on peut

    distinguer, mme si onne peut l'observer comme quelque chose qui est en soi, et il n'est

    pas possible de nepas penser comme tel ce qui la suit, et ainsi, suivant la succession,

    en allant del'avant, il n'est pas possible d'arriver par la pense, en suivant ce

    qui est tel, aursultat que l'illimit existe.

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    Enfin, il faut bien penser que ce qu'il y a de plus petit dans la

    sensation n'est pas

    semblable ce qui peut tre parcouru, et n'en est pas non plustotalementdissemblable, de telle sorte qu'il prsente un caractre commun

    avec ce qui se laisseparcourir, bien qu'on ne distingue pas en lui de parties. Mais

    quand, en raison de laressemblance que procure ce caractre commun, nous pensons

    distinguer quelquechose de lui, savoir une partie antrieure, et une partie

    postrieure, nous

    parvenons ncessairement l'galit entre elles. Nous observonsces plus petitslments les uns la suite des autres, en commenant par le

    premier, sans qu'ilssoient dans le mme lieu, sans que par leurs parties ils touchent les

    autres parties,mais fournissant les mesures pour les grandeurs en ce qui fait leur

    caractre propre,un plus grand nombre dans une grandeur plus grande, un plus petit

    nombre dans

    une grandeur plus petite.Il faut considrer que cette analogie vaut pour l'lment le plus

    petit dans l'atome.En effet, il est vident que celui-ci diffre par la petitesse de ce qui

    est observ dansla sensation, mais la mme analogie vaut ; car prcisment, que

    l'atome est pourvud'une grandeur, c'est ce que nous avons affirm, en suivant cette

    analogie sensible,nous contentant d'agrandir quelque chose qui est petit. En outre, il

    faut considrerque les lments les plus petits et sans mlange sont les limites des

    longueurs, quifournissent la mesure, partir d'eux-mmes pris comme premiers,

    aux grandeursplus grandes et plus petites, cela par l'observation rationnelle

    applique aux ralitsinvisibles. Car la communaut qui existe entre eux et ce qui

    n'admet pas le passage

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    est suffisante pour parvenir jusqu' ce point. Mais il n'est pas

    possible qu'un

    rassemblement se constitue partir d'eux, dans l'ide qu'ilsdisposeraient dumouvement.

    En outre, il ne faut pas affirmer que dans l'illimit le haut et le bas

    sont le plus hautou le plus bas. Nous savons bien que ce qui est au-dessus de notre

    tte tantsusceptible, partir du point o nous nous tenons, d'aller l'infini,

    ne nousapparatra jamais tel, ou encore ce qui est en-dessous (pour ce que

    l'on pense aller l'infini la fois vers le haut et vers le bas par rapport au mme

    point) ; il est en effetimpossible de penser cela. De sorte qu'il est possible de prendre

    comme unmouvement celui que l'on pense dirig vers le haut, l'infini, et

    comme un autrecelui qui est dirig vers le bas, mme si des milliers de fois ce qui

    se dplace partir de nous vers des lieux au-dessus de notre tte arrive aux

    pieds de ceux quisont au-dessus de nous, ou ce qui est partir de nous se dplace

    vers le bas, arriveau-dessus de la tte de ceux qui sont en-dessous. Car le

    mouvement entier estnanmoins pens comme s'opposant par chacun des deux aspects

    indfiniment.En outre, il est ncessaire que les atomes aient une vitesse gale,

    lorsqu'ils seportent travers le vide, sans que rien ne les heurte ; en effet, les

    lourds ne serontpas emports plus vite que les petits et lgers, du moins quant rien

    ne va leurrencontre ; et les petits ne seront pas emports plus vite que les

    grands, car ils onttous un passage adapt, du moins lorsqu' ces derniers rien ne se

    heurte ; lemouvement vers le haut et le mouvement oblique rsultant des

    heurts ne sont pas

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    non plus, plus rapides, ni les mouvements vers le bas rsultant de

    leurs poids

    propres car pour autant que l'atome conserve l'un ou l'autre, danscette mesure ilaura un mouvement aussi rapide que la pense, jusqu' ce qu'il y

    ait un heurt, parsuite d'une action extrieure, ou de son poids propre s'opposant

    la puissance decelui qui l'a frapp.

    Mais en outre, s'agissant des composs, l'on dira l'un plus rapide

    que l'autre, alorsque les atomes ont des vitesses gales, du fait que les atomes dans

    les agrgats sedplacent vers un seul lieu et selon le plus petit temps continu,

    mme s'ils ne sedplacent pas vers un seul lieu dans les temps qu'observe la raison

    ; mais ils seheurtent frquemment, jusqu' ce que la continuit du mouvement

    parviennejusqu'aux sens.

    Car ce que l'opinion ajoute au sujet de l'invisible, savoir que

    mme les temps

    observs par la raison comporteront la continuit du mouvement,n'est pas vrai pourde tels corps, puisque du moins tout ce qui est observ ou saisi en

    uneapprhension, grce la pense, est vrai.4. L'me dans le compos

    A la suite de cela, il faut considrer, en se rfrant aux sensations

    et aux affections -car c'est ainsi que l'on obtiendra la certitude la plus ferme - que

    l'me est un corps

    compos de fines parties, rpandu travers tout l'agrgat,ressemblant fort unsouffle mlang une certaine proportion de chaleur, tantt

    semblable l'un tantt l'autre ; mais il y a la partie qui diffre grandement de ces

    mmes lments par lafinesse de ses parties, et qui pour cette raison, est d'autant plus en

    co-affection avecle reste de l'agrgat. C'est tout cela que manifestent les facults de

    l'me, aussi bien

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    les affections que l'aisance se mouvoir, les penses et out ce dont

    la privation

    nous fait mourir.En outre, il faut retenir que l'me est la cause prpondrante de la

    sensation. Certes,il ne lui reviendrait pas d'tre la cause de la sensation, si elle

    n'tait pas en quelquesorte protge par le reste de l'agrgat ; et comme le reste de

    l'agrgat a promis l'me d'exercer ce rle de cause, il reoit lui aussi sa part de cette

    sorte d'accidentqui lui vient de l'me, non pas toutefois de tout ce que cette

    dernire possde. C'estpourquoi, si l'me s'en va, il ne conserve pas la sensation.

    Car lui ne possde pas en lui-mme cette puissance, mais il la

    procure une autreralit dveloppe en mme temps que lui, et qui, grce la

    puissance constitueautour d'elle, ralisant aussitt pour elle-mme, par le mouvement,

    l'accidentsensible, le lui transmet en retour, parce qu'elle lui est contigu et

    qu'elle est en coaffection

    avec lui, ainsi que je l'ai dit.C'est pourquoi aussi l'me, quand elle se trouve dans l'agrgat,

    mme si quelqueautre partie a t enleve, ne sera jamais insensible ; mais si elle

    meurt avec unepartie en tel endroit, lorsque l'agrgat qui la protge est dfait soit

    en totalit soit enpartie, condition qu'elle subsiste, elle ressent de faon aigu la

    sensation. Enrevanche, le reste de l'agrgat, qui subsiste entier ou en partie, ne

    possde pas lasensation si l'me l'a quitt, quel que puisse tre le nombre des

    atomes qui tendent constituer la nature de l'me. Et en vrit, quand l'agrgat entier se

    dfait, l'me serpand, elle n'a plus les mmes puissances ni ne se meut, de sorte

    qu'elle nepossde plus la sensation. Car il n'est pas possible de penser

    qu'elle sente si elle ne

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    se trouve pas dans cet ensemble, et qu'elle fasse usage de ces

    mouvements quand ce

    qui la protge et l'enveloppe n'est plus dans l'tat qui permet l'me, commemaintenant, d'avoir ces mouvements.

    Mais voici aussi le point qu'il faut assurment mditer :

    l'incorporel s'applique cequi pourrait tre pens par soi ; or, il n'est pas possible de penser

    un incorporel parsoi autre que le vide ; et le vide ne peut ni agir ni subir, mais offre

    seulement auxcorps le mouvement travers lui. Si bien que ceux qui affirment

    que l'me estincorporelle parlent en l'air. Car elle ne pourrait en rien agir ni

    subir, si elle taittelle qu'ils le disent ; mais en ralit, il est vident que l'un et

    l'autre sontdistinctement perus comme des accidents de l'me.

    Si l'on ramne donc tous ces raisonnements sur l'me aux

    affections et auxsensations, si l'on se souvient de ce qui a t dit au dbut, on verra

    avec clart qu'ils

    sont suffisamment contenus dans les esquisses pour que l'onpuisse, partir d'eux,prciser le dtail avec fermet.5. Caractristiques des corps composs

    Mais en outre les formes, les couleurs, les grandeurs, les poids, et

    tout ce que l'onattribue au corps en les prenant comme toujours concomitants soit

    de tous lescorps, soit de ceux qui sont visibles et connaissables en eux-

    mmes par la

    sensation, il ne faut les considrer ni comme des natures quiexistent par ellesmmes- car il n'est pas possible de parvenir penser cela - ni comme

    n'existant pasdu tout, ni comme des ralits autres, incorporelles, qui s'ajoutent

    au corps, nicomme des parties du corps, mais, de faon gnrale, comme le

    corps tout entier,qui, au moyen de tus ces caractres, possde sa propre nature

    permanente ; et il

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    n'est pas possible qu'il rsulte de leur mlange - comme lorsqu'

    partir des

    corpuscules mmes l'on constitue un agrgat plus grand, que cesoit partir desconstituants premiers, ou partir de grandeurs infrieures cet

    ensemble donn -mais c'est seulement, comme je le dis, au moyen de tous ces

    caractres qu'ilpossde sa propre nature permanente.

    Et tous ces caractres relvent d'apprhensions propres, et

    comportent des lmentsdistinctifs, bien que l'ensemble dense leur reste conjoint et n'en

    soit en aucun casspar : ce qu'on lui attribue l'est d'aprs la notion dense du corps.

    En outre, il arrive souvent aux corps, et ils ne leur sont pas joints

    durablement, desaccidents qui ne sont pas au nombre des invisibles, sans tre non

    plus desincorporels. De sorte que, si nous nous servons de ce nom suivant

    l'acception laplus courante, nous rendons manifeste que les accidents n'ont pas

    la nature du tout,

    que par le rassemblement, suivant l'ensemble dense, nousappelons corps, pas plusqu'ils n'ont la nature de ce qui lui est joint durablement, sans quoi

    il n'est paspossible de penser le corps. Chacun de ces caractres pourrait tre

    nomm d'aprscertaines apprhensions, tandis que l'ensemble dense reste joint,

    mais au momentmme o l'on observe que chacun d'eux est concomitant, puisque

    les caractres

    accidentels ne sont pas joints en permanence au corps.Et il en faut pas exclure de l'tre cette vidence-l, sous prtexte

    qu'ils n'ont pas lanature du tout dont ils sont concomitants - que nous appelons

    aussi corps -, ni celledes ralits qui lui sont jointes en permanence, mais il ne faut pas

    non plus penserqu'ils sont par eux-mmes - car cela n'est pensable ni pour eux ni

    pour les

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    caractres concomitants permanents - au contraire, c'est ce qui

    prcisment

    apparat, il faut penser que tous les caractres accidentels sontrelatifs au corps,qu'ils ne lui sont pas joints en permanence et n'ont pas non plus

    par eux-mmes lerang d'une nature, mais, suivant la manire dont la sensation

    mme les particularise,c'est ainsi qu'on les observe.

    En outre, il faut mditer avec force le point suivant : il n'y a

    certainement pas mener la recherche sur le temps comme sur le reste, c'est--dire

    tout ce que nouscherchons en un substrat, et que nous rapportons aux prnotions

    considres ennous-mmes, mais nous devons, par analogie, nous rfrer

    l'vidence mme,suivant laquelle nous parlons tout en nous, congnital ement. Et il

    ne faut paschanger les termes pour d'autres qui seraient meilleurs, mais il faut

    se servir sonpropos de ceux qui existent ; et il ne faut pas non plus lui attribuer

    quelque autrechose, dans l'ide que son tre est identique cette proprit - c'est

    bien l ce quefont certains -, mais il faut surtout raisonner avec prcision sur

    cette seule chose : quoi nous lions ce caractre qui lui est propre, et par quoi nous le

    mesurons. Celuicien effet ne requiert pas une dmonstration mais un raisonnement

    prcis, du faitque nous le lions aux jours et aux nuits et leurs parties, tout

    comme aux affectionset aux non-affections, aux mouvements et aux repos, concevant en

    retour que cecimme, par quoi nous dsignons le temps, est un certain accident

    particulier, qui arapport ces choses.6. Gnrations, volution

    En plus de ce qui a t dit auparavant, il faut considrer que les

    mondes et tout

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    compos limit, prsentant une forte ressemblance de forme avec

    ce que nous

    voyons, sont issus de l'illimit, et tous se sont spars partird'amas particuliers,qu'ils soient plus grands ou plus petits ; et l'inverse, tous se

    dissolvent, les unsplus vite, les autres plus lentement, les uns le subissent par l'effet

    de tels agents, lesautres de tels autres. En outre, il ne faut pas considrer que les

    mondes ontncessairement une seule configuration, mais ils sont diffrents,

    car les uns sont

    sphriques, d'autres ovodes, et d'autres ont d'autres formes ; ilsn'ont pas cependanttoutes les formes possibles.

    Il ne faut pas considrer non plus qu'existent des vivants qui se

    sont spars del'illimit. De fait, personne ne saurait dmontrer que dans tel

    monde pourraient nepas tre comprises les semences dont les vivants, les plantes et

    tous les autres tresque l'on observe sont forms, et dans tel autre ils ne pourraient

    l'tre. On doitpareillement considrer qu'ils croissent de la mme faon que sur

    terre.En outre, il faut comprendre que la nature aussi a reu des ralits

    mmes unenseignement multiple et vari, qu'elle a t contrainte par eux, et

    que plus tard leraisonnement a introduit des prcisions et ajout des dcouvertes

    ce que la naturetransmettait, dans certains cas plus vite, dans certains autres plus

    lentement, danscertaines priodes et moments, suivant des progrs plus

    importants, dans d'autres,suivant des progrs moindres.

    De l, il suit que les noms au dbut ne sont pas ns par

    convention, mais les naturesmmes des hommes qui, selon chaque peuplade, prouvaient des

    affections

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    particulires et recevaient des impressions particulires, chassaient

    de faon

    particulire l'air, comme le disposait chacune des affections etimpressions, pourqu' un moment il se fit une diffrence selon les lieux

    qu'occupaient les peuplades.Ensuite, c'est en commun que l'on fit une convention dans chaque

    peuplade sur leslments particuliers, afin de rendre les dsignations moins

    ambigus les unes parrapport aux autres, et plus concises ; et les ralits qui n'taient pas

    visibles avec les

    autres, ceux qui les concevaient les introduisaient en faisantcirculer des sons, qu'ilstaient pousss profrer, tandis que les autres, qui les adoptaient

    au moyen duraisonnement, en suivant la cause prdominante, parvenaient ainsi

    les interprter.

    III FONCTION ET FINALITE DE L'ETUDE DE LA NATURE1. Contre la thologie astrale

    En outre, dans le domaine des ralits clestes, il faut considrer que le

    mouvement, le solstice, l'clipse, le lever, le coucher, et les choses dumme ordrese produisent sans que quelqu'un en ait la charge, qui les mette en ordre

    ou doiveles mettre en ordre, et conserve en mme temps son entire flicit jointe

    l'incorruptibilit - en effet, les occupations, les soucis, les colres et les

    bienfaits nes'accordent pas avec la flicit, mais ceux-l surviennent dans la

    faiblesse, la peur

    et le besoin de proches -, et inversement sans que des tres qui, en mmetempsqu'ils seraient du feu compact, disposeraient de la flicit, produisent ces

    mouvements-l, par leur volont ; mais il faut prserver dans sa totalit

    la majest,en suivant tous les noms qui se rapportent de tells notions, et

    condition qu'il n'enrsulte pas d'opinions opposes la majest ; sinon, l'opposition mme

    produira le

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    plus grand trouble dans les mes. Cela tant dit, on doit considrer que

    c'est parce

    qu'il s'est produit des interceptions rsultant, l'origine, de ces amas, lorsde lanaissance du monde, que se produisent cette ncessit et ce mouvement

    circulaire.

    2. Etude des ralits clestes et explication multiple

    En outre, il faut considrer que la tche de l'tude de la nature est de

    prciserexactement la cause affrente aux questions capitales, et que la flicit

    dans la

    connaissance des ralits clestes se ralise ce moment-l, lorsque l'onsait quellessont les natures que l'on observe dans ces ralits clestes, et tout ce qui

    leur estapparent, pour parvenir la prcision qui conduit cette fin.

    De plus, sur de telles questions, il faut considrer qu'il n'y a pas de mode

    explicatifmultiple, pas plus que la possibilit que cela soit autrement que cela

    n'est, et qu'iln'y a simplement rien dans la nature incorruptible et bienheureuse qui

    suggre ladivision ou le trouble ; et il est possible par la rflexion de saisir que cela

    estseulement ainsi.

    Et il faut penser que ce que produit l'enqute portant sur le coucher, le

    lever, lesolstice, l'clipse, et toutes choses apparentes, ne contribue plus la

    flicit quedonne la connaissance : au contraire ceux qui ont examin tout cela, tout

    en

    ignorant quelles sont les natures et quelles sont les causes capitales,ressentent despeurs semblables celles qu'ils prouvaient s'ils n'avaient pas ce savoir

    en plus ;peut-tre sont-elles mme plus nombreuses, toutes les fois que l'effroi

    rsultant desremarques accumules sur ces ralits clestes empche d'obtenir la

    solution, ainsique la matrise des questions capitales.

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    C'est pourquoi nous dcouvrons un plus grand nombre de causes aux

    solstices,

    couchers, levers, clipses et modes du mme ordre, tout comme pour lesfaitsparticuliers. Et il ne faut pas considrer que notre manire d'en user avec

    ces chosesn'apporte pas en retour une prcision suffisamment grande pour atteindre

    un tatsans trouble, de flicit. De sorte qu'il faut, en observant par

    comparaison decombien de faons le semblable se produit auprs de nous, raisonner sur

    les causes

    touchant les ralits clestes et l'invident en totalit, mprisant ceux quinereconnaissent pas ce qui est ou devient d'une seule faon, ni ce qui a

    plusieursfaons d'arriver, pour les ralits qui transmettent l'image grande

    distance, et quide plus ignorent mme dans quelles situations il n'est pas possible d'tre

    sanstrouble. Si donc nous pensons tout la fois qu'il est possible une chose

    de se

    produire de telle faon, et quels sont les cas o il est possiblesemblablement deparvenir l'absence de trouble, lorsque nous dcouvrirons que cela

    arrive demultiples faons, nous serons sans trouble, comme si nous savions que

    cela arrivede telle faon.3. Du trouble l'ataraxie

    En plus de toutes ces considrations d'ensemble, il faut bien penser que

    le trouble

    capital pour les mes des hommes tient ce qu'ils forgent l'opinion queces ralitssont bienheureuses et incorruptibles et ont aussi en mme temps des

    volonts, desactions, des causes, qui sont contraires ces caractres, et il tient

    galement cequ'ils s'attendent toujours - ou le redoutent - quelque chose

    d'ternellementterrible, en raison des mythes ou encore de l'insensibilit qu'il y a dans

    l'tat de

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    mort, qu'ils craignent comme si elle pouvait les atteindre, et il tient aussi

    au fait que

    ces affections sont moins dues des opinions qu' une dispositiond'espritirrationnelle : il s'ensuit qu'en ne dfinissant pas ce qui est craindre ils

    (leshommes) ressentent un trouble gal celui qu'ils auraient s'ils en

    formaient desopinions, ou mme plus intense. Mais l'ataraxie consiste tre affranchi

    de tous cestroubles et garder continuellement en mmoire les lments gnraux

    et capitaux.

    De l suit qu'il faut s'attacher tout ce qui est prsent, et aux sensations -auxsensations de ce qui est commun selon ce qui est commun, aux

    sensations de ce quiest particulier selon ce qui est particulier - et toute vidence prsente,

    selonchacun des critres ; si nous nous appliquons cela, nous dcouvrirons

    de faoncorrecte la cause d'o provenaient le trouble et la peur, et nous nous

    affranchirons,

    en raisonnant sur les causes des ralits clestes et de tout le reste qui enpermanence advient, de toutes ces choses qui effraient les autres hommes

    audernier degr.

    Voil, Hrodote, les points rcapitulatifs les plus importants sur la nature

    de touteschoses, que j'ai rsums ton intention. De sorte que ce discours saisi

    avecprcision permettra, je pense, quiconque, mme s'il n'en vient pas

    toutes les

    prcisions particulires, d'acqurir une vigueur incomparable par rapportaux autreshommes. Et par lui-mme il clarifiera beaucoup de questions

    particulires, car laprcision que j'y ai introduite suit la doctrine complte et ces lments

    mmes,conservs en mmoire, lui viendront en aide continuellement. En effet,

    ces

  • 7/29/2019 Epicure. Lettres

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    lments sont tels que ceux qui ont dj men, avec une prcision

    suffisante ou

    complte, des tudes particulires, peuvent, en ramenant desapprhensions de cegenre, faire porter la plupart de leurs parcours sur la nature dans son

    ensemble ; ettous ceux qui ne font pas totalement partie du groupe mme des

    confirms, grce ces lments et sur un mode non verbal, effectuent la vitesse de la

    pense unparcours des lments capitaux, pour gagner la paix.