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Essai sur le cheminement d'Hercule au cours de l'histoire de France Ayant ell en main lIne pièce de 10 NF frappée en 1964 et celle simila ire datée de 17H7, dans le temps je lisais les articles consacrés à l'Hercule ga ulois de Piel'l'C Puget, je fus fr appé par ce propos de I{laus Herding « Le nom d'Hercule ga ul ois évoque, depuis Henri TV au moins, la force et la sagesse dn Roi de France 1. » L'idée me vint de reconnaître le chemi- IlCfllcnt d'Hercule dans J'Hist oire de Fr ance et de marquer sa roule de cai lloux blancs. Ce ll e recherche me cond ui sit bien au-delà de mes préYi- sions . Elle fut fructueuse à J' excès, au point que cet essai, cet épitomé. parai! IIll e gageure. Seul pelll l'excuser le désir d'apporier un lémoignage à la mémoire d'André Villard. Ainsi posait-on en souveni r les pierres des monts-joi e. Connaissance d'J-lerrille : POlir savoir qui fut Samson, il suffit de lire la Bible. Pour connaître Hercule il en ya tout au trement. D'Homère et d'Hésiode à Lucien ùe Samosate et Ammien Marcellin, pal' Eschyle, Sophocle, Euripide, Xénophon, Cicéron, Ovide, Sénèque, plus de cent auteurs ont brodé librement sur le thème cie sa biographie, ajou tan t sans cesse de nouveaux festons au gré de leur imagination. Variantes, di\'el'gences, contradictions ont é relevées depuis plus de deux mille ans par les mythographes et les scoli astes. « Herculis est lab or omUel"n de Hercule historiam conte:rere », a pu écrire Gyraldi, l'un des meilleurs d'entre eux . Henvoyons à Daremberg el Saglio J. Provence Itist., l. XXII, rase. 88, 1972, p. 27.

Essai sur le cheminement d'Hercule au cours de …provence-historique.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/PH-1975-25-099_12.pdf · » Le plus grand des héros dc l'Olympe nc pouvait manquer d(

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Essai sur le cheminement d'Hercule au cours de l'histoire de France

Ayant ell en main lIne pièce de 10 NF frappée en 1964 et celle similaire datée de 17H7, dans le temps où je lisais les articles consacrés à l'Hercule gaulois de Piel'l'C Puget, je fus frappé par ce propos de I{laus Herding « Le nom d'Hercule gaulois évoque, depuis Henri TV au moins, la force et la sagesse dn Roi de France 1. » L'idée me vint de reconnaître le chemi­IlCfllcnt d'Hercule dans J'Histoir e de F rance et de marquer sa roule de cai lloux blancs. Ce lle recherche me cond uisit bien au-delà de mes préYi­sions . Elle fut fructueuse à J'excès, au point que cet essai, cet épitomé. parai! IIll e gageure. Seul pelll l'excuser le désir d'apporier un lémoignage à la mémoire d'André Villard. Ainsi d éposait-on en souvenir les pierres des monts-joi e.

Connaissance d'J-lerrille :

POlir savoir qui fut Samson, il suffit de lire la Bible. Pour connaître Hercule il en ya tout au trement. D'Homère et d'Hésiode à Lucien ùe Samosate et Ammien Marcellin, pal' Eschyle, Sophocle, Euripide, Xénophon, Cicéron, Ovide, Sénèque, plus de cent auteurs ont brodé librement sur le thème cie sa biographie, ajou tan t sans cesse de nouveaux festons au gré de leur imagination. Variantes, di\'el'gences, contradictions ont é té relevées depuis plus de deux mille ans par les mythographes et les scoliastes. « Herculis est labor omUel"n de Hercule historiam conte:rere », a pu écrire Gyraldi, l'un des meilleurs d'entre eux . Henvoyons à Daremberg el Saglio

J. Provence Itist., l. XXII, rase. 88 , 1972, p. 27.

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dont le Dictionnaire consacre 50 pages signées F. DUlTbach et bien i1lusLr('cs a ~ 1 demi-dieu, ou à celui dc Pierre Grimal <fui n'acco rde que 3 colonnes ù Héra, mais en offre 30 au héros qu 'clle persécuta 2, Hésul110ns à grands t raits sa vie, ses exploils, son m essage.

Sa lIie el ses e:rp/oits :

Tous Irs mythographes sont d'accord pour admettre qu'Héraclès­Hercule est né, si tant est qu'il a existé, en Hellade à Thèbes, des U1l1ours de Zcus et d'Alcmène, épouse d'Amphitryon. A quelle époque? Aucun ne la précise. Si l'on admet qu'il fut reçu au Latium pal' Evandre !lllÎ, plus lard, accueillit Enét.\ on peut penser qu 'Hercule vécut avant la Grande (}UCI'I'C de Troie. Les archéologues fixant celle-ci vcrs 1.200 ans avant J .-C. , u n peul admettre que ce héros existait au XIlI ~ siècle avant .I.-C., sensiblement da ns le même temps que Samson .i lige d'Israël e t que Hamsès pharaon d 'Egypte.

Certains précisenl sa taille : 4 co ud ées ct 1 pic(l, soi! 2,10 m. (.l)lialh C'l l'Empereu r Maximin avec 2,50 m l'auraient emport é Sl!I' lui. Hùti l'Il hercule, hi en proportionné, il n'cs t point disgrâcié par sa (,ol'pulence ; s~s succ('s féminins en témoignent sans conteste. On connait SlIrtOut St.'S

douze TrHY3UX, encore que deux d'entre eu x n'aienl pas èlè ret c llus ('Omml'

\'a lables : dans le combat contre l'Hydre de Lerne, mordu par UI1 crabe. il dut faire appel à son n eveu; après 3\'oir nettoyé les écurics d ' Augias il osa , réc lamer un salaire d'éboueur professionnel! .J ea n Giraudou x, dans « Ondine », parle dcs n cuf Travaux. Si J'on \'cut bien établir une Iisle complète - ou presque -,- des exploits du demi-dieu, on en ('.omptel'H tille (Iizainc avan l ses noces ~wec Mégara, puis dix ou douze l'Il expiat ion d ' un forfait eommis ail COUl'S d'une crise de folie 1)J'O\'o([uée par Héra-.Junon. Par la .suite, il entreprend une dizaine d 'expéditions guerrières \'jctori euscs <1\'aot de participer à IIne \'in glaine d'aventures fameus es (A lceste, Antée,

2. P. GRIMM .. DiclÎolllwÎre de la Mytllologie. Paris, 1951.

HERCUL.E ET L: HI STO IIW DE FRANCE 113

Argonautes, Cercopcs, Omphale, Ny mph éa, Prométhée, etc.) . Comme on n e pl'êle qu 'aux ri ch es, Xénophon lui a ttribu era l'apologue du carrefour oil se joignent les chemins du Vice et de lu Vertu .

Bref, ce n'cst pas pa l' douze, m a is pal' qu a rant c o u cinquante que sc comptent les expl oits du IH~I'OS a ux soixante-dix ou quatr e-vingts enfa nts . SUl' un fond s m ythiqu e a uss i vaste, les scoliastes ont multiplié les expli­ca tions évh èmé ristes pOlll' dévoil er le sens d es symboles.

Son m essage :

Hercule es t certes l1II athl ète complet, un sportif accom pli, capabl e d e s upporter les oéserls af ricains, les glaces hyperboréennes. de trayer s(' 1' l'Océa n. C'es t lin comba ttan t qui met sa force a u servi ce des ca uses justes, il atlaque les ani ma ux féroces, les monstres, les hrigands et les l'ois cruels.

C'es t un s tra tège habil e qui n 'attaque <fU'llIl enn em i à la fois, m a is qui le terrasse d éfinit ivem ent. Il est l' homm e du clia logue, il s'entend pa rfaitement avec Thésée, le héros de l'A ttique, son rival de gloi re. II n 'h ésite pas à co mbHttl'e les di eu x, à pénétrer aux En fe rs. à d (> IÎ\-rcr Promét h ée.

Après a\'oi r étù tin éco li er très contestataire, il acq uiert unc nlsle cu lture, il est mu sagè te, il chan te en s'accompagmlllt de la IYI'c, il joue d e la ci thare. « La reli gion r éconforta it le cœur des Gaulois ... Hercule condui sait le chœur dcs Muses J. :t

Homme d'intéri eur, il fil c aux pieds d 'Om pha le, mais après avoir d étruit les brigands de son royaume - cc qu 'on oublie généralem ent d'indiquer. Il porte tendrement dans ses bras le bébé T élèph e « u' il a eu oc la prêtresse A ugé.

3. C. JULLlAN, ALI CCCIII' de notre IlislOire, Par is, 1925, p. 65.

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Sans dout e doit-on acelleillil' avec rèsl'l'n~ le propos qll ' Hi'sioc!(' pl'èll\ à Zeus. mai s on ne salirait Je céler : « Je ,"eux engendrer p01l1' le salut d es hommes ct des dieux un héros magnifique. II écartera d'eux tOliS les flangcrs qui les menaeent. Sa "l'l'lu et sa force héroïque seront la sauvegarde du monoe "'. » Le plus grand des héros dc l'Olympe nc pouvait manquer d(' slIs('itcl', après sa mari SUI' )r hüchcr «u'i) a dressé lui-même, la reCon­

naissa nce ct J'admiration des hommes. Sa vie conlient « des traits d'li Ile

pol'l é ... assez générale pOlir <[1I ' il ait pu deYenir l'idéal de l'hellénisme, pnis de l'hllmanit é tOllt entière ».

Hercule el les Gal/loi .. :

Des pxploils cl ' Herc ul e, le plus fantastique es t, sans doul e, avec la flesccnle aux Enfers, l'expédition <fu'il en treprit dans la mystérieuse ile d'Erythl'fSe, à l'ext l'èmC:' occident. Sorti de la Méditerranée par le d étroit qui pOl't t.·ra son nOI11 , il traverse l'Océa n 5, ramène les bœufs de Géryon, dt'hal'tlue en Grande-Bretagne, jOlie avec Keltiné, fille <lu roi Brihllll1os, t ~l1 a 1111 fils, 1\.('11 os, père des Celtes, puis il combat les Li gures l'Il Crau, Caells pd's dc H011l e, rencontre EYilndrc, roi du Latiulll ...

011 11('111 penser que les voyageurs de comllH'rce yenus de Massalia sc plaisaien t à rêleont{'l· aux roitel ets gaulois qui les acc lI{'illai cll l d e IHl'l"\'cil­

leu scs I<'-genc! es el qu 'ils savaient habil emen t flaller leul' amour-propl"(, el1

apparenlant leurs anr.ètl"es au glorieux fils de Zeus. La légende d'Héradi's ('11 Gault- a t'lé lrailrt.' magÎstral enH'nl par Fernand Benoit. Hecher('!les sur l'hellénisation du Jlidi d" la (laule 6. Comme antan S1l1· le (el'I'ain cll' S

fo uille :.; dt' la Courtine et du Garou, je suivrai de près cet ami.

L'h{'l"êu·lid e Cvrnos aurait colonisé la Corse. A H{'raclès Monoikos ( l"dOIl<l('O ) , les Hh;)di cns allraient suhstitué ail l'ullC' du <liel! pht'ni('icn. !\'lclkarl, ('l'lui d'Héradès en lui élenlllt, scIon Strahon, un (eJl1ple t.'l IIlW

HE RCULE ET LJH ISTOIRE DE FRANCE 115

forteresse. Ville rra n che s'a ppelait Héraclès; Cayal a ircJ Va r, es t J'antique Heraclea Cacca far;a ; la to ur d'Héraclès surveillait l'une des embouchures rlu Rhône. O n attribu a it a u héros la créa tion de la rou te litlora le, Sa ns d ou le ch emin forl accident é. Héraclès a llra it a pla ni J'âpl'eté de la r oule, lnis fin a u brigan dage pour assurer la séc urité des voyageul's 7. La vall ée de la Durance uunlÎl été pOU l'vue d ' ulle rout c h erc uléenn e, l'odos herakleia d ~ Polybe, bi en anlll l d 'ê tre res ta urée pa r Domitiu s Ah enoba rbu s. Le fil s d 'A lcm èn e, déeoll\ï'cl1l' d e so urces, éLa iL h on oré en di ver s lieux d e la Ga ule, à Gla nul11 8, à Vichy. Il au ra it fond é Alésia. E n Hclgiqu c et en Germ a ni e supérieure yin gt-scpt inscriptions lui sont con sacn~es. E n An gleterre un eap s'a ppe lait Prom oll!erium Herclliis.

Les té moignages fo urni s pa r La numis ma tiqu c sont n ombreux: G. F abre e l M. Mainjone l ont publi é ulle m onna ie des Lon gosla hltcs d e Narbonn e, à l'avers tète d 'Hercule a u grand n ez p roéminent, à la Cyrano, a in s i qu ' un e s ta tère d 'or de 8,60 g, belge p roba blemen t, belle tête a u n ez grec; c'est cerLa in ement Ull e imit a tion d es shtt è l'es de Philippe Il c t (l'A lexa ndre ni d e Macédoine qll i, sc di sant Héraclides, é ta ient représen tés coirft,s d e la c rini ère d u lion de Ném ée 9. Hercules Dells;onisell s;,., éta it vén éré près ci e Co lognc 10. Une monna ie des Ségu siaves (Forez) représente H ercul e c t T éles­ph ore, UU e autrc porte à l'avers Ic nom dll fondat e ul' cie Lyo!l, e l <l ll

t'CYCI'S Herc ule dompta nt le taUl'e:'Hl à ga uch e, derri ère m assu e dan s le ch amp " . S O ll S hl d omin a tion romain e Je va inqu eur de l'Hydrc continu c il figll r e !' s lI r Ics m unna ies d F Traj an. 3U re\'er s d ' un ra r e a ul'cu s d c Lu ciu s Ve l' lIS, Co mmode cn rrappe un c séri e, de mê me Septime SéYèl't'". Les Empe-

~: i·.R~~A~~t~U~ix d:~~e~i~~i;és d:u~~è:r~~eJ~c;~Jhé~~~~~r~~7~ag;'é:7'son t dédiés à Hercule guérIsseur (H. ROLLAND, Glallum, 1954). M. Pczct a relevé dans son livre Sll r les traces d'H ercule, Pari s, 1962, avec beaucoup de soin et quelque complaisance de nombreux témoignages sur la popularité du demi dieu en Provence et en Languedoc. Pour alléger cet article nous p rions nos lecteurs de consulter ce t ouvrage remarquablement illust ré.

9. Monncies gauloises, Paris, 1957, planche I I. Au passage, rappelons qu'Hercule honora de ses faveurs Pyrène, fille de Bébryx, roi de Narbonne.

10. H. CoHEN, Description hisloriqlle des mOn/laies frappées sous l'Empire romai/l, Paris, t . VI, 25.

t t. A. BL.<\NCIŒT, Traité des mOl1llaies gaLdoises, Paris, 1905, p. 425,

116 J.-B. GAIGNEBE'f

rcurs ga ulois, Postumus qui se proclame R('s liillfo r Gal/iul'ulIl (StlllS dotll<.'

le premier en d a Le d e nos libérateurs) c L Prob us l' 1 a ('4..'11 1 Hl'r('ule COlll':lI11IlH'nl

aH r ever s 12,

LOI'Sl llH.' Maximien ('st assoeié à l'empire pHI' Dio('!t'licll , eelui-cÎ lui t'on tï <, la purification des Gaules el le plact' so us le palr\ lnag(~ cl'Hl'I'cull' .

sc l'('sl'rnllll celui dc:' .Jupit er, l'éparliLion (~qllitahle puisquc 1(, pt· 1'(' el h· fils Il 'onl pu St' d(~parl age l' aux C(l ilcours des Jeu x Olympiqucs, aSSllI'l' III

'(~g('nd(· .

Une. intaill e cn l'ol'nalin e déeollycrt e n~l'(~mnH_~lIt ail Castellet ( "ar! pal'

P. Salicl'li, pI lHli('c pal' Marc Gérard, témoign e de la poplliarit(~ dll Il,''ros en Pron·llcc. « L'œllYl'c hienfa isHnl e d'Hen'ule s\'tai l l'ail s(,lllil' ('I! ( ;: I I!~(,

(;OIllIlH' ('n Il<lIie », t'cr it Camill(' .JuIIÎ<lIl.

On IH' saurait passer SOll~ silcnee qu c r {'e rinlin Luciel1 dl' Salllos; lIc

(125-1H2 ) estime que le dieu gaulois Ogmios lui rappelle Hercule, car il

est \'ètll d'ull e pea ll (le lion c t armé d ' ulle 1Il:t SS Il l'. Il Il' d(;(,l'i l ("Ollllll{'

1111 \"il~ Îllêll'd chall\"c ( les années 0111 fui d epuis les hl'allx jOllrs dl' 1,-t'lliIH'O),

ImlÎs il d l~m l' lIn' l'cdoulahle, SOIl é loqll t' Il('C pt'l'slIasin' l'Ilehaille ses

:"ulitellrs]).

Hl~ r(' tlll' l'cu l-il l'Ire assimilé à (,argan-(iargantua rlonl il allr:lil IIsurpe."

le rùlc el le sou\"enÎr duranl l'ol'cllpa l1on romaine ? 1-1. ))OlltPIl\'ill l' Il'

pense (Mylhologi c Frall\'aise, aR) el appol'Ie d(' sl'rieux arguillents.

!-!ernlll' ail .1/oyen Age :

Apri's Il'. triom p h e du chri s tiani~IIl (" la rol'("c ph ysiqut' Il 'l's l plus

glol'if!i'(\ I l~ S .Jeux Olympi(lues sont interdits par l'c lilperellr Thl;odose e n

:!H4. La foi e n lIll di e ll S:.HI\·CIII·, l' hulIlilité, la pLlfl~té, le di·tat'h c ltIl'1I1 des

12. H. COHEN, p. 113, analyse a insi une monnaie de Postumus; à l'avers, tête laurée à droite accolée au buste lauré d 'Hercule, a u revers Hercule nu avec sa massue e t la dépouille du lion est debout entre Postumus voilé qui sacrifie sur un trépied cl un victimaire à gauche port.ant une hache, amenant un bovin.

13. Dans la eolIection E. Guibourg, la tête d'Ogmios était représentée sur plus de 30 monnaies, statères d'a rgent ou d'eleclrum , des Andecaves (Angers), Redones (Rennes), Osimii (Brest). Catalogue J, Vinchon , expert na tiona l, décembre 19Î4.

HE RCULE ET L' IIISTOT R E DE F R /\ NCE 11 7

bi ens terrestres sont les l e~'ons enseignées au x chréti ens, « la ve rtu d ' un saint est la forcc m or ale venu e d 'cn-ha ut qui lui fait acco mplir des miracles :t 14. Les saints Mich el, Georges, André, Ma rtin de Tou rs, Herment a ire de Dragui gna n, Véra n ùe Cava illon , etc. se substituent à Hercule pOll f comba ttre les dragons e t les m onstres d evenu s des diables. Un e sainte femme suffil pOlir maîtl'i ser la Tarasque. Au surplus, Samson l's t qualifi é po ur inca rn er la for ce de l'homme el sa faibl esse. Sur les monn a ies, le Chri s t, la Sainte Vierge, sa inl J ean , sa int Pi erre, saint Ma rc remplacent les di eu x, d emi-dieux et empereurs.

Le my th e d 'Hercu le va -t-il disparaît re en Fra nce a u Moyen Age ? Des ouvrages récents permettent de répond re a cette qu estion, en pa rticuli er Marc-Ren é Jun g, Hercule dan s la littéralure française du XVI" sièe/e, Hercule ne di spa l'a it pas, il se réfu gie da ns les couvents, plus précisém ent dans leurs bibliothèques qui conservent les œ uvres des a uteurs d e la Basse Antiquité : Mac l'obe, Ser viu s, Fulgence, pour Icsqu els il dem cure « modè le de vertu » , tan d is '-lu e pour Lacla nce, T er t ullien, sa int Augustin s'il possède fortitlldo, il ignore vir/u s. Les gra nd s encyclopédi s tes du h aut Moyen Age: Is idore dc Sév ill e, Ha ba n Ma ure de Mayence m a inli enn enl son souvenir. Ver~ 1165, Benoit d e Sa inte-Mau re, protégé pa l' Ali én or d'Aqui­laine, dan s I.e Roman de Troie, en 2f} .896 octosylla bes fra n ça is, évoque les légend cs antiqu es. Au XIY~ s iècle, Giova nni Boccace, n é à Pa ris, apprend le grec à Florence, écrit un ouvrage p la isa nt. le Décaméron ; m a is un a utre lrès é ruùit , De genealogia deorum gentilillm dan s lequ el, comme Pierre Be rsuirc (d e Bressuirc), secré laire de .Jeu n le Bon, da ns son Ovide moralisé e l le ch a ncelier Salula li , De laboribu s Herel/lis , il célèbre les h a uts fa ils d u h éros th éba in .

Au x v ~ siècle, d eu x fa milles princières h ono rent pa rtic uli èr em ent Je vainqueur du lion de Némée. A F erra r e Ercole ' " d 'E s le (1433-1505) protège Ics humani s les, Hercul e Il (150R-1559 ) épouse Renée de France, fille d e Louis XII el d'Annn e de Bretagn e, 'lui protégera Clém ent Ma rot.

14. Su lpice SÉvtRfO, Cil rollhflteS , I. 2S

118 J.·B. GAIGNEBET

A la cour d es pui ssant s ducs d e Bourgogne, Herc ul e assis te au hanqu et du F a isa n 1454 en tapisseri e ... Aux noces de Charles et de Marguerit e d ' York, l~n 1468, ses Lnn'HUX sont portés sur la scène el joués durant tl'ois j ournées. C'est '1" 'entre temps (1464) Raoul Le Fèvre a éerit le R ecl/eil des Hys /mres

de Troye, présenté Hercule comme ph il osophe, savant, astronome cL cheva­Hel" fort courtois : Lorsque Déjanire lui reproche sa trahison en tel'Illes très dignes, il recon nait son égarement avec contrition. Elle lui tend de honne foi la chemise qu'clIc ne sail pas empoisonnée. Elle pleure : « La gloire des hommes, la fontaine de science, qui ne faisait trésor qu e de verlu . Jo

Les écriva ins n e furent pas les seuls à célébrer Hercule au Moyr n Age. Il n 'est plus critiqué comme a u temps de saint Augustin, il est assimil é aux personnages d r l'Ancien T es tament à Auxerre, à Rouen. Il es t Hssocié à Samson à Moissac, Langl'cs, Strasbourg. II es t figuré au pol'tail de Saint-Tl'ophime d'Ar les « Cela suppose ({u'à la fin ÙU XII - ~iè("h', (' n Arl es, le lion de Némée, les Ccrcopcs, Hercule, avaient encore un sens l'OUf

le peupl e et qu ' un e tradition orale an tiqu e s'était maintenue 011 recon stituée à J'ùgc carolingien au moin s 15. ) Selon F. Benoit ct .J.-M. Hou({l! f' tt c, Hercule cst d evenu l'auxilia ire de saint Michel dans la pesée des tlilles. Ali siècle suivant, il va franchir une nouvelle éta pe.

HrrCllll' l'I la Renaissance :

Le Gl'and Du c d'Occid ent a péri SOllS Nancy: Marie de Bourgogne apporte à ('empe rcur Maximilien, en plus de riches provinces, l'h érit age hercul éen . Charl es-Quint saura s'en prévaloir ; m ais l'H ercule gaulois de Luden Illi l'st 0ppOSl' . En Fra nce, j <.' suppose qu e 1" pi'cmier h"lII oignage non douLc u x se sit ue yers 14H;) , le tombeau des enfants de Charll's vin eL d'Annc de Rretagn e, élevé dans le chœur de Sa int-Mari in dl' T ours, adu('lIrlllent dan s la ca thédra le, montrc en hns- rcliefs Hercul e attaqu a nt l' Hydrc à sept têtes, terrassant le geant Antee. Sans doute au x l'rsid en ces roya les trouva it-on maintes autres œ uvres caractéristiques. I.e doma in e

15. A. VII.I.i\RU, Art de Provence, Paris, 1957, p. 91 ·92.

HERCULE ET l'H ISTO IRE n E FRANCE 11 9

littéraire a été fouill é. exhumé a, 'cc un soin ext rêmc pa l' M.-R . . Jun g: 16.

Cet au teur mon tre que d'une part les .so uverains sont comparés au h éros par les poètes François 1" «ui était robus te et avait, dit-on, la taille d'Hercule, a mis à mort le sanglier Discord , assure 1-h! gucs Sale!. Henri II C5t « l'Hercule «ui purge les Vices » . Charles IX (qui l'eilt Cl'll ?) et Henri III sont so uvent comparés à Hercu le, ct ]es trois frères Coligny aux trois têtes du monstre Géryon. Hé]as, le dernier des Valois, Hercul e-François d'A lençon au ra un bea u prénom, mais peu de r enom. Cependant, cc siècle fut celu i des grandes espérances : It L'espoi r qui git au fond des œ uvres de Postel. de Lema ire des Belges, (de Rabelais), c'est ri en moin s qu e cIe voir enfin arriver le règne universel de ]a Fra nce, h éritière de tous les pouvoirs translatés d 'empires en empires, c'est le Lri omphc des Gall; 17. » Le chef ùe la P léiade Ronsard ra ltache les Valois à Zeus

c: Hercule après avoir l'Espagne sur montée • Vint en Gaule épouser la Reine Ga la t"e « Dont " O ti S êtes issus ...

Il va encore plus loin, il pense qu e Dieu s'est mani festé SO Il S différent s noms : Jupiter, Apollon, qu'cntre Hercule et le Christ il y a dix-huit l'essemblances frappantes dont naissances surna turell es, les serpents ct les soldats d'Hérode, l'Oeta et le Cal vaire, la Ill assue et la Cl'Oix, l'apothéose fina le. Ronsard fut approuvé par bea ucoup de ca tho liq ues, critiqu é par des protestan ts, cependant Agrippa d'Aubigné voit dans le demi-di eu le prototype ùu chrétien parfait. Aussi peut-on parlcr il la Renaissance ù'un Hercule chrétien.

lIerC lllt~ et les roi.~ Bourbons "

J e ne puis souscrirc au jugement de M.-R. Jun g qui, dans sa conclusion, pense qu 'à la fin du XVI e siècle Hercule « es t com me un résidu , auquel aucun faste ne pourra plus redonner la vigueur de sa j eunesse . (p. 191),

16. M . R. JUNG. Hercule dans la lillératllre fran çaise du XV I" siècle, Genève 1%6 17. C. GATGNF.BET, Le Ca rnaval . Paris, 1974, p. 138.

120 J.-B. GAIGNEBET

car les (lieux onl lIll singulie r IHHI\'oir (1(, IlH'·lamorphos('. l..'arrÎ\'{;<.> dt'

Marie d e M~'dicis à Toulon, Marseile, Aix, Adgnoll (noycmh rp 1 ()OO)

lionne l'occasion ùe fêtes magnifiques dans cell e dernière yjlle. L' imprimeu r .J. Bramel'ca u édite tll1 superbe « La hyrinLh e royal d e l'He rc ul e gau lois triomphant ». So us Ulle gravure d e 1602 montrant la famill e royale, à propos du Dauphin, on lit

« Di e u \,(~lIille qll e cie lout à son pi.·rc il n :sscmble

« Affin qu'il snit l' !-Iercule el le Mars des F ra nçois '". ,)

Une aulre pl'rsente Henri IV cuirassé tranchant l'Hydre des (li'hals, Vers 1610 s'élè\'e à Paris l'Hotel d'Hercule (5-7, quai dcs Grands-AlIi\uslins l llui est (l écor é d e peintures el tapi sseries à la gloire du h é r os.

La piété de Louis XIII n c lui pel'me~ guè re d 'attach er hC:-tllCOllp

tl 'impol'tanc.c aux flatt eries my thologiques. Une gnn' ure le Illontre j cune dauphin étouffanL des serpents, SUI' un e a utre, cuira ssé en empe reur romain, il perce de ses fl èches le dragon Concini. Au-dessous d ' une lT'o: -

sièmc on peut lire : « Rien n'empêche qu e nous allions « ))t~S() l'lll a Îs CO IHIlI t' rÎI' la terre « An~{'.(1 ses puissants bataillons « Qui so nt plus el'Hints que le tonnerre. »

Le l'ègne de Louis XIV début e par la Fronde, Gilles GII(~rÎIl seulpte une s tatu e en pied du roi coiffé de la crinière du lion et posant son pied SUl" son enne mi ",tinc H. Symboliquement e ll c fut plaCl'C dans la CO IlI' de l'hôtel de vill e d e Paris de l(i54 à IH8ï, Donnée a u Pr{>,,{)t d es Marehand!'\, elle cst actuellement à VpT's:.lillcs 19, I. 'alllhilielix Fouquet osa se saisir du symhole, Il cOlllmanda à p, Puge t Lill « Hel'(~ tJl c gaulois» qui fui il Va ux, puis \'int au Lu xemhourg el ail LOU\Tt' 20, NullplIlCllt ~H·i.l(h·' lIlÎ ql[ l' ('rite

ŒUVL'e il a ll x Illuseles larges, HUX trait s robusles, pn'S(llH,' nllgairrs 1)

traduit le réalisme dl' "'ILII {' ul'. Pal' eonlL'<." l'H(' rcule qui es t louj/llll'S à

18 P,\RIAS, Les Buurbuns, Paris, p, 29 19. Photographie dans Provel1ce hi .... t , , art. cil., fig, 103, 20 Photographie dans Arts et Livres de Provence , n" 78, p. 68.

HERCULE ET L'HlSTOIRE DE FRANCE 121

Vaux, œ uvre de Le Brun, n'est qu'une copie hanale de ce lui de Lysippe. C'est à Versailles qu ' il faut a llcr. On entre a u Palais pa l' le Salon d'Hercule prolongé par la Galeri e des Glaces, Au plafond, le Roi Soleil conq uiert la Franche-Comté, Hercule à ses côtés frappe l'aigle impéri a l et le lion comtois, C'est Molière qui chan te la gloire du jeune vaÎlHJu elll', « le plus grand roi ou monde », « le plus puissant des l'o is », qui place so us le pa tronage de .Jupitel' certa in es a mourettes .

« Un partage avec .llIpiler « N'a rien du Lout qui d ésh onore ... « Chez Loi doit naît re un nl s, qui sous le nom d 'Hercule « Hemplira de ses faits tout le vaste univers ... »

« El chez n ous il doil naiLre un fils d'lin très grand cœul' ..

On pourrait croire qu'avec Louis XV le mythe d'H erc ul e est ohsc ul'ei par maints nu ages. Il n 'en est rien , du moin s jusqu'en t 748. O n sanlit qu 'à Versailles l' immense apothéose d'Hercule (3 15 m:!) fut peinle par Lemoyne en 1733-173(}, L'actuell e Exposition à la Monnaie perm et de découvrir diverses gravures : Cil 1718 Ic j eune roi a 11Ii aussi le pied SUl' un dragon. cn 1728 so us le symbo le d'Her('llies ilIusarllm, il pose sa massue pour p rendre Lln e lyre, en 1748, massue Cil main, il impose la paix à l'Em·ope. Lo rsque Bouchardon expose « Amour (a illant son arc dans ht massue d'Hercule» traduit -il les illu s ions de ses con temporains 1

Pour Louis XVI, mon enquête, nu ll ement exh a ll sth'e, Ile m'a révélé (p Ie de ux docl1J11ent~, Ils sont caractéristiques: (ln e .médai ll e exécu tée sur les indications de B. Franklin, dessinée par E.-A. Gibelin, grayée par A. Dupré, montre à l'uYers une tète cie j eune fille: « Libertas Americana » ;

ail revers, lin jeune en fant éto uffant deux serpents entre ses mains, es t attaqué par un léopard qu'une déesse a u bouclier fl eurdelisé va frapper de sa lance. On reconnait a isément Hercu le ail berceau, l'Angleterre el la France, celle-ci SOl1S les traits d'Athéna. La d e\' ise est parlante : « Non sine diis animosus infans, » Un portrait examiné à J'actue ll e Exposition mnéricaine représente Je Viconlte de Turpin q ui, à la bataille de Chesa­peake, commandail (' « Hercule » , vaisseau ùe 74 canons. Pour êlre moins

122 J.·B. GA IGNEBET

ill(·Olllplt.'l , ajoulons <]u'f!J1 17XO le marqui s de Paulmy publia un résume.." de Ha oul Le FèYl'c. L 'ère préromantiqu e s'annon ça it, Hercule allaH connai­ln' UIl C IHHI\'cll c pop u lar it é.

IlcrCli/r rép ublicain .'

IA'S ouvrages de Ph . Sagnac t'u n S3(Tl~S à la Hé\'olutioll Fl'an ~: aist~ 21,

illustrés l'al' ,r. Hohilfucl, pel'lucll cnl uc cucillir dc précieux téllloignages. Di's 17Hn, un paysan cl 1111 arlisan décapitenl à la hachc l'hydre anx srpt

Irles cn crianl : « A has les illlpiols. » Le 19 juin 1790, l'Assemblée Consli­Iolanlc vo le nn Merel cn fa vcllr des citoyens qui se sonl distingu l's il la prise de la Basti ll e. Le dipl tH Il C comporte 1111 lex te enh'(' de ux colonn es.

C~' II(' d c dl'oH c est sUI'mont ée pal' le Géni e ai lé de la Révo lutioll qui lkllt tille p iq LH' ('oiffc.." c du honne t phl'ygcn , SUI' un écu sson on liL : « La Na tion ,

La Loi, Le Hoi. ~ Celle de gauch e supporte 1111 Hercule class iqu l' t'l UI1

t~c ritca ll : « Viv re libre ou m ourir. ~ Sur le brevet de Garde National , t 7f1 1, lIl è lll e IH;ros, m ême inscription . Sin gulier Hva tur hi en connu d t's Il Il lIli!Œlat es pour pa U ic I' l'a bsen ce d e m onn a ie, en 17B2, les t'ri'H's MOlllleron fo nt fl'a ppel" un e médaill e « qui se vend cin q sols ~. Ben ' id e :Issis ess:lit, yaine me nl de rOlllpre lIll l'a iseeall. Légend (' : « Lt~s 1" ral1~'nl ~

ulli s sonl ill\·iIH'ihl es. An IV <l e la Lihcrlé. » Le symbole est ('I air, le rais(, l':Ill reprrsellt e l' Ullit l- nationale, celui qui v(' uL la hri ser, c'l~s L 1<' t!PSpotislll l· .

ELran gl' ('O nL n'Sl' ns sur Il' rùl e du Héros Iibè ral cul' ~

1 jn;~ n )i! la n'habilihllion du n linqu E'u r dl' Dio lHi'dl'. L\~x l'l'IkI11

pein t r e arll;s icn .Jacq ues Héatlu , Gra nd Pri x d e HOIlH', a titi ahrl'gt..'T so n séjour l' n Hali e. Ch a rg(' par la Vill e de Ma rse ille d e g lo rifi er la Héyolution. il t'OlllpOS l' « le Tri omphe d l" hl Ciyilisa Lion Au centre 1(' fils tl l' Zel !:-' prol('~w le (' l' nit' de la France, l' Uni on , la .Jll s tiec r i la S('Îl'n('c. (E xpositi on : Dl' Dm'id à Delacroix. ) . Tantôt girondin 22, lanlOi lIlordagnarcl 2), il parli (' Îpc

21. Ph. SAGNAC, La RévolU/ioll française, Paris, 1934. 22. Ibid., t. li . p . 160. 23. Ibid., t. Il . p. 205.

l-IERCULE ET L'HISTOIR E DE FRANCE 123

a u "Triomphe du Peuple Français" : lin dessin de Loui s Da dd 24 le montre assis sur lin chal' couronné de lauri er s. Il mérile cct h onn eur car 25 d' un e chiquenaude il a fa it tomber les tyrans sanguinaires qui , à la dimension de simples moustiques, é ta ient venu s l'assaillir. Sur des ca rtes à jouer . Cil compagnie de Solon, Platon, Brutus, Caton, .J.-J . Rou ssea u, il illustre le 2 de pique.

En 1795 Hercule gravit le sommet <le la gloire. Il de"ien L l'incarn ation officie ll e du peuple fra nça is, de la Grande Nation. Le gnn'cllI' Augustln Dupré le représenLe au revers de la pièce de 5 francs, am enanl la Libert é e l l'Ega lité à se donn er la main . Devi se : « Union et Force » . L e vainqueur du li on et des ty rans incarnera la République du 28 th ermid or an III (J [) aoùl 1705) a u 7 germinal an Xl. A celle date il devra céder la place à ce lui qu e vaincra le lion britannique. En 1797, Gom me s' il désirait s 'assurer la protection du demi-dieu, en le plaçant a uprès de lui , le Direc·· Loire fer a placer l'Hercule gaulois de P. Puget dans le jardin m èm e du Lu xembourg. V ne gravure autrich ienne de cette m èm e a nn ée représente le Généra l Bonaparte et l'Archiduc Charl es se serrant cordi alem en t la main lor s des préliminaires de Léoben. Derrière eux se dresse L1n e lenle. Au SOllll11et de cell e-ci Hercule apparaît, sans dÛ'ute surpri s d'assis ter à

ce tt e l'enco ntre, lui qui n 'accordait pas d t' quartier il ses enn em is 26.

En 1801 , F erdin and , roi des Deu x Siciles, offre an P remi er Consul cle la République un e s taLueUe anlique très symboliqu e. On peut l'examiner, l'admirer au Louvre. Hercule s'avance tenant dans sa m ai n gauche 1111 solid e gou rdin, tendanl sa droite ollverte en signe d 'amicale bi enyenuc. En 1803, a mère ironi e, banni des pièces d'argent, le fil s d'Alcmène est conservé su r les médailles: l' une d 'ell es frappée lors du camp cIe Bou logne lllonlre « Hercul e enchainan t le léopard :t. E ll e est en vente a ll l\hlséc de la Marine.

24. Ibid .• p. 181. 25 . Ibid. , p . 101. 26. J. BOURGUIGNON, Napoléon Bonaparte, Paris 1936, t. I. p. 129.

124 J.-Il. GAIGNEBET

l'\"on c nqu è tt.' au-delà d t' HW:I n 'a dOllnp (P 'C C! (' Illodcs lt's n"su ll a l!' .

Si elle avait été plu s poussée, cùl-ellc été fru ctueuse "! On pcut cn cl ou ter. Après le réla hlissem enl de )'csc hl\'agc, la perl e dt' la perl e d es Antill es,

la vcnl e à "il pri x de l' immense Louisiane, après Trafa lgar, HCl'cul l-', h l' I' IlS

prudeul el I"i c lorieux, populai re cl républica in , dCl"ena ii 1111 gèneur. II ('('da il

la pl ace il Ze us lui-même l'Arsenal de Toul on co nscrw un e ro lo"a'"

fi gure de l'roue, Napo léon I"èlu il l'anl ique lienl un foudre d" ns sa mai n

droil,' .

Que d ,~" in t not re héros au cours des c!'Ill cinquant e demil'r:s :lu ll i'cs '! Four répondre à celle ques ti oll il faudrai t di sposer d'ull e rnqllète n IHl !'sti"c :il.' lIlhl ah le à ce ll (~ lHen l~ e à h i e n par M. H . • Ju n g pm'r le XVi'" s iè>t'I l'. Des

sondages parai ssen t indiqll er c!Cl :X ori ent ation s la "oie g lo rieu se. cr Uc

du demi -di e u bienfaisant , chanl é par Hés iod e ct Pin dare, a t' té s uid c I H1 l"

Leconl t' de Li s le (poèmcs a ntiqu cs), Ed m ond P o tlÎ<.'r, Pi ern: Gu i ll oll, clr ... l'aulre roul (', celle qu ' Ari s topha ne inau gu ra, fli t cho!s' e par r ro 1l411wIl

Hcr("lIl t~ est 19na n \ pa r Carpeau x : il es t d'lI n e' br u ta li lé t'cœllran lc (comhat m'e(' A!l lée, comparer aycc l'excellcnt Hubens du MlI st'c d'Ai x-cll -P l'oyenrc). Pour Migue l Z u mHeoÏs « le symhol e d e l'h um anil é so uffrant e et labori e use ;.) n 'l'si ( J ~ I ' lIn houffoll .

Dans le (tomaine numi sm a tiqu e signa lo ll s q~ ! C la II ~ Rt" puhliqu c cn lR48, la Comlll un e de Paris e ll I R71, pu is la III" Hépubliqu C' rem irent à l'h onn cur la gravu re d e Dnpré, 1<.' symbol e de la Grande Na tion . En BUHl Hercu le réappa r u t au r evers de nos pièces d 'arge n t de 10 fra ncs pour inca rner c la irement , di scrètemen t, co mm e en fili g.ran e, un e g ra nde ur I H1SS(~e .

• L -B. GAIGNEIŒT.