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  • 8/17/2019 Essai Sur l'Emploi gfhfghgfhghfhgfhgf

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    LANGAGE CONTEMPORAIN 

    L'argot de nos prisonniers en Allemagne diffère profondément de celui qui était parlé par nos

    soldats au front ou à l'arrière (1). Isolés de leurs camarades et de la France pendant des mois et desannées, réunis en groupes compacts et iants en commun en pa!s étranger, ils remplissaient lesconditions les plus faora"les à la formation d'une langue spéciale, tout autre que celle destranc#ées et des dép$ts.

    Le nom"re de nos prisonniers était éleé % le gouernement a donné le c#iffre de &. aumoment de l'armistice (). La plus grande partie aaient été capturés en 11&, à *or#ange, à+#arleroi surtout et au cours de la retraite qui précéda la *arne. ès 11- nous aions un peu plusde trois cent mille prisonniers dans les camps allemands % ce c#iffre resta à peu près stationnaire

     pendant trois ans, les rapatriements des grands "lessés et malades et les internements en uisse étantcompensés par les nouelles prises. Le contingent fut augmenté de cent mille eniron au cours des

    offensies allemandes du printemps 11/, surtout lors de la surprise du +#emin des ames. *aisces derniers captifs n'influèrent guère sur le langage de leurs prédécesseurs. L'argot en usage dansles camps allemands a été essentiellement formé par le no!au des anciens prisonniers de 11&.

    0n sait que nos prisonniers ne restaient pas très longtemps à poste fie et c#angeaient souent decamp. +e a2et2ient continuel a fait o"stacle à la création de langages locau qui auraient pu seconstituer (3). Au contraire, il eistait un seul argot, les m4mes epressions, au témoignage de tousnos informateurs, étant usitées dans tous les camps, aussi "ien les créations qui s'imposaient que lesformations les plus spéciales. 5uelques locutions seulement paraissent particulières au camps deconcentration des ciils, et surtout au camps des officiers qui n'aaient guère de rapports aec lessous2officiers et soldats captifs.

    6armi les correspondants qui m'ont aima"lement renseigné, les trois principau, ceu qui m'ontfourni la documentation la plus a"ondante, appartiennent précisément c#acun à une catégoriedifférente de prisonniers. Le lieutenant L. L. passa quatre ans dans les camps d'officiers de +refeld,78terslo#, 9ntin et Fuc#s"erg, aant d'4tre #ospitalisé en uisse, à :euc#;tel, en septem"re 11/ <le caporal Armand *..., du 13e d'infanterie, ancien prisonnier également, demeura 1/ mois aucamp de 7=ttingen, deu mois à >itten"erg, et sé?ourna également dans les camps de oldau, +elleet +assel, pour re?oindre la uisse en ?uin 11@ < enfin *. 7aston *..., qui fut surpris par la guerreen Allemagne et arr4té à am"ourg en décem"re 11&, fut interné dans le camp de concentration deolBminden ?usqu'en ?uin 11C, date de son rapatriement.

    D'ai mis aussi à profit des ?ournau de prisonniers franEais pu"liés dans diers camps, etspécialement une petite enqu4te #umoristique sur le langage de nos soldats faite par le Journal ducamp de Gœttingen du & ?uillet 11- à mars 11C. +ette précieuse collection, qui s'enric#ira encore,espérons2le, est réunie à 6aris au *usée de la 7uerre. 

    +e qui caractérise essentiellement l'argot de nos prisonniers, c'est la présence d'un grand nom"re demots empruntés à l'allemand. Gn tel p#énomène est normal et ne saurait surprendre, tout langage

    étant influencé par le milieu am"iant dans lequel il se forme ou se transforme. *ais il inflige le plusflagrant démenti au anciennes t#éories suiant lesquelles tout argot était un langage secret,fa"riqué intentionnellement et artificiellement pour la défense du groupe.

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    'il est un cas oH les conditions requises pour la création d'une langue secrète se trouaient réalisées,c'était, à coup sr, celui de nos prisonniers en Allemagne. Joilà des #ommes qui aaient un intér4tma?eur à conerser entre eu sans 4tre compris de leurs sureillants. 0r que troue2t2on dans leur langage K es déformations complees difficiles à saisir K des mots rares empruntés au patois peuconnus de nos lointaines proinces K :ullement. 0n ! rencontre d'a"ord et surtout de l'allemand.

    6our composer un langage secret incompré#ensi"le au ge$liers, il était difficile de trouer mieu

    +et eemple illustre au contraire la t#èse que ?'ai, depuis longtemps, opposée à la précédente et quise dégage de l'eamen impartial des faits % les argots se déeloppent parmi les groupes d'#ommesqui traaillent en commun, peu en contact aec les milieu enironnants et éloignés de leurs pa!sd'origine. Il montre également, une fois de plus, comment les argots se forment presque tou?ours aucontact des langues étrangères, qui, en mettant à leur portée des mots d'emprunt, leur offrent les

     premières facilités pour différencier leur oca"ulaire de celui de la langue nationale (&).

    +es emprunts s'opèrent de la faEon la plus simple par le ?eu inconscient de l'association des idées.Les mots allemands adoptés dans les camps par nos prisonniers, M aec ou sans altérations, M sont

    ceu qu'ils ont entendu prononcer le plus souent autour d'eu, ceu qui les intéressaient daantageou dont la connaissance leur était le plus utile. Ils les ont répétés mac#inalement, souent par 

     plaisanterie, et finalement ils les ont incorporés dans leur langage.

    L'alimentation ?oue un r$le primordial en captiité, m4me M ou surtout M lorsqu'elle estdéplora"le. Joici donc brot , pain, kartoffel , pomme de terre, et le surnom kaka, du mauais painallemand (qui eut aussi quelque succès en France) d'après les initiales K. K. (brot ) de Kaiserliches

     Kriegs (brot ), c'est2à2dire N pain impérial de guerre O. +omme qualificatif,  gut , "on, et surtout nicht  gut , pas "on. 9t *. Armand *. a?oute cette p#rase tristement significatie % N La iande, n'a pas denom % on n'en oit ?amais. O 9lle est remplacée par les trop fameu ersatz  % succédanés artificiels

     pour parer au effets du "locus. La ie des camps a créé un oca"ulaire d'emprunt asseB ric#e. +'est d'a"ord le nom du prisonnier lui2m4me, gefangen, qui est souent krank  (malade) < c'est l'arbeit , traail auquel il est astreint,la brief , lettre du fo!er, qu'il attend aec impatience et qui l'aide à supporter les souffrances de lacaptiité. La dureté du régime apparaPt par la ariété des punitions % la strafe, punition simple,le mittelarrest , arr4t ordinaire, et le strengarrest , arr4t de rigueur. 5uelques noms de nom"re sontulgarisés, surtout zwanzig  (ingt) et fünfzig  (cinquante), à cause des pièces de ingt et cinquante

     pfennigs. +ertains mots particulièrement usités en allemand sont emplo!és aec ironie et tournés au ridicule %

    le célè"re kolossal , et aussi planmæssig  (conformément au plan), dont les communiqués allemandsont fait un tel a"us % quand une armée impériale était enfoncée, sa retraite s'effectuait tou?oursconformément au plan du grand état2ma?or 6our désigner un éénement lointain, on disait morgen

     früh (demain de "onne #eure), réponse allemande à de nom"reuses demandes. 9nfin caput  a eu lem4me succès qu'en 1/@ % ce mot, qui ient de notre terme de ?eu de piquet capot , est deenu dansl'allemand courant un érita"le passe2partout s'emplo!ant pour N mort, tué, fini O, et s'appliquantaussi "ien à un "lessé qui epire qu'à une ille détruite ou à une lampe cassée. Les prisonniers M comme, depuis longtemps, les uisses "ilingues du peuple M le traduisent par le franEais

     populaire f..tu % et de fait, "ien que les deu mots iennent de points très différents de l'#oriBonlinguistique, leur équialence de sens est au?ourd'#ui à peu près parfaite.

    Qransmis par l'oreille, en de#ors de ceu qui ont été lus sur les écriteau, les mots allemands sont prononcés aec leur aleur p#onétique approimatie, plus ou moins adaptée à l'élocutionfranEaise % ainsi caput , gut  sont prononcés capoutt' , goutt' , etc. La dip#tongue ei prend généralement

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    la aleur è, tandis que l'allemand classique dit a   % ?'ai entendu dire, par eemple, arbèt  par des prisonniers qui, il est rai, aaient surtout sé?ourné dans la région r#énane oH la aleur arc#aRque dela dip#tongue ei est mieu conserée. *ais la réduction des dip#tongues ai (a ) au (aou) à !, o estau?ourd'#ui normale dans une "ouc#e franEaise, répétant l'éolution qui s'est opérée dans la langueau SIIe et SJIe siècles.

    La difficulté de la prononciation allemande pour les organes franEais deait rendre les déformationsfréquentes et inéita"les c#eB l'immense ma?orité des prisonniers qui ne connaissaient pasl'allemand % les unes sont inconscientes, d'autres sont des calem"ours plaisants. "ichts, rien, à peu

     près imprononEa"le pour des FranEais, s'est simplifié en ni#. $fennig  était deenu p!niche dans la "ouc#e de certains officiers, d'après le témoignage du lieutenant L. L., et %erboten (défendu), répété par les gardiens et les écriteau, était transformé couramment en faire beau temps % N il est fairebeau temps de fumer pendant les appels O. 9emples intéressants de l'attraction #omon!mique, quirattac#e l'inconnu au connu gr;ce au lois mécaniques de, l'association des idées, conditionnées par la parenté de la forme sans aucun souci des sens.

    Le ?eu de mots s'aère dans des c#angements comme tagblatt  (nom de diers ?ournau) mué en tas

    de blagues % ici l'ironie donne sa aleur au calem"our. 6arfois c'est la forme imprimée qui prooquel'altération % l'écriteau wache indiquant les corps de garde deait infailli"lement appeler %ache, tantla similitude ort#ograp#ique ?ointe à la "rutalité des gardes éoquait ce igoureu pé?oratif 

     populaire < au contraire, là oH le mot n'aait été appris que par l'audition, on le prononEait à peu prèsà l'allemande.

    Les c#angements de sens su"is par les mots allemands dans la "ouc#e de nos prisonniers sont asseBfréquents < quelques2uns sont dé?à en germe dans l'allemand familier. L'ader"e los, par a"réiationdu er"e losgehen, s'en aller, était le cri des soldats allemands pour faire aancer, oire traailler les

     prisonniers % ceu2ci l'ont emplo!é dans le sens N allons & O L'eclamation 'raus (prononciationrapide de #eraus), pour faire sortir les #ommes des "araques du camp, signifie N de#ors O < maiselle a pris c#eB les n$tres la aleur de N sortir O, comme  zurück  (arrière) celle de N a2t'en O.L'ordre de rentrer, prélude des perquisitions, était donné au cri debaracke & baracke & M epression

     "ient$t imitée parmi les prisonniers, qui l'emplo!èrent aec le sens de N rentrons O % tou?oursl'association des idées. "icht qui signifie N ne pas O en allemand, était fréquemment usité au sensde N non O.

    L'a"réiation par suppression d'un des termes M ellipse à la franEaise, M des intermina"lescomposés allemands, peut conférer à tel ou tel mot des aleurs inattendues. Les derniers ciilsfranEais laissés encore en li"erté en Allemagne furent arr4tés à la suite d'une circulaire deTet#mann2ollUeg du 1/ décem"re 11&, qui présentait la décision comme une mesure de

    représailles. :os compatriotes internés à ce moment portèrent le titre officielde (ergeltungsfranzosen, c'est2à2dire littéralement % N FranEais de représailles. O Les autres prisonniers appelèrent les noueau arriés des fergueltongues, epression qui eut un succès asseB prolongé dans les camps de concentration.

    La pénétration des mots allemands s'affirme par l'adoption ou la création des er"es % on sait que lesemprunts au langues étrangères se manifestent surtout par l'immigration de su"stantifs, tandis quel'intrusion des er"es, instruments intimes de la p#rase, ne s'effectue qu'à la suite d'un contact

     prolongé entre deu langues. 0n m'a signalé ici l'epression )a stimm, emplo!é aec le sens populaire de N Ea colle O, et beschlagnamer , confisquer, d'après l'allemand beschlagnahme,confiscation.

     

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    i les emprunts à l'allemand sont de "eaucoup, comme il était à préoir, les plus nom"reu,quelques autres langues étrangères, parlées par d'autres groupes de prisonniers, ont apporté uncontingent plus modeste. Les tirailleurs algériens ont fourni lVara"e balek , a2t'en également en faeur sur le front franEais,

    car c'est une de leurs epressions faorites.

    Au Anglais sont dus quelques oca"les, spécialement dans les camps d'officiers oH certainsrapports étaient autorisés entre les prisonniers des deu nations alliées. +e sont principalement M comme il sied à une race de sportifs M des termes de tennis, qui ont su"i une curieuse altérationdans la "ouc#e des officiers franEais ignorant la langue de #aWespeare % read* (pr4t K)et pla* (?oueB ), demande et réponse des partenaires au dé"et du ?eu, sont deenus respectiement,

     par attraction #onon!mique, radis et pr+t . Le lieutenant L. m'a fait remarquer à ?uste titre que la première forme était surtout emplo!ée par "adinage < la seconde déformation, au contraire, étaitinconsciente et inéita"le % l'idée de N pr4t O, eprimée par l'un des deu mots anglais (mais

     précisément par l'autre), deait s'imposer à l'esprit et prooquer fatalement l'attraction de forme.

     5uelques composés allemands ont été créés, d'autant plus aisément que le mode de composition estle m4me dans les deu langues % ces com"inaisons réèlent moins une réelle connaissance qu'unsentiment asseB ?uste d'un mécanisme linguistique différent de celui du franEais. La plus ?olie estl'ersatz,girl , qu'on peut traduire par N femme de remplacement O et dont il est inutile de donner unéquialent plus précis % mais il faut connaPtre les aleurs multiples et élastiques, rendues encore plusnom"reuses par la guerre, de l'allemand ersatz  (succédané (-), équialent, compensation, résere)

     pour apprécier toute la saeur ironique du mot. +itons aussi #alfmarW (demi2marW), s'appliquant à la pièce de monnaie de - pfennig. Les prisonniers russes, paures mou?iWs passifs, méprisés et maltraités par leurs gardiens, et quiseraient souent d'ordonnances "énéoles à nos prisonniers en éc#ange des rations immangea"lesolontiers cédées à l'arriée des colis, les prisonniers russes ont aussi passé à leurs camaradesfranEais quelques2uns de leurs termes. 'a"ord pour les nommer eu2m4mes % on les appelales -ousskis, nom des Xusses dans leur langue maternelle, puis, surtout dans les camps del'Allemagne du :ord, les Karachos, mot qui signifie N "on O dans le langage moscoite, et quireient souent sur leurs lères. +e n'est pas la seule fois que l'étranger (au sens large) est désigné

     par un des termes les plus fréquents de son oca"ulaire % sans sortir de la guerre mondiale, nossoldats de l'armée d'0rient ont appelé les er"es les obros (du ser"e dobro, "on) < les troupesaméricaines eno!ées sur notre front ont surnommé les FranEais eedonk   (dis donc ) et les+#ampenois ont "aptisé les réfugiés du :ord les /h'timi, d'après une epression de leur 

     patois, ch't0imi (littéralement c'est,il moi K) (C) +omme autres mots russes, on peut citer niet , non, chto, quoi et +to, c'est, M ces deu dernierssurtout c#eB les officiers, souenir de la première leEon du TerlitB russe. 6armi les simplessoldats, karacho était aussi connu et emplo!é aec sa aleur originaire, N "on O. Les altérations,

     ?usqu'au calem"our inclusiement, étaient à préoir. 6armi deu epressions très usitées, do s%oudania, une des ariantes de N "on?our O, était deenue deu# sous d'ail , et ne ponoumao (?e necomprends pas), ni pou ni maille. 6ar réciprocité, les prisonniers russes aaient adopté des mots franEais, comme cor%!e et rabiot  ()(emplo!és aussi par les gardiens allemands), et des termes allemands, tels que ni# (nichts), caput

    brot . Il ! aait là en germe les éléments d'un sa"ir international.

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    Les prisonniers franEais aaient apporté aec eu les mots du langage militaire en usage lors de leur capture. *ais comme la ie des camps est tout autre c#ose que celle du front, les nom"reu termesrelatifs à la ie en campagne, spécialement au différentes sortes d'engins et de pro?ectiles, aua"ris de tranc#ée, masques contre les gaB asp#!iants, cuisines roulantes, etc., ont à peu près

    disparu c#eB eu, faute d'emploi, pour faire place à des epressions qui correspondaient à leursnouelles conditions d'eistence.

    *ais surtout il faut se rappeler que l'argot des camps a été constitué au cours de la première annéede la guerre par les trois cent mille prisonniers de 11&. A ceu2ci la plupart des néologismes destranc#ées (relatifs en particulier au noueau engins et pro?ectiles) ont été inconnus. Ils apportaientaec eu les mots d'aant2guerre, ou ceu qui aaient acquis une notoriété rapide dès le premier mois, comme barba1ue cafard flotte pa#on plumard poussier  (lit) dans le premier groupe, babille marmite ni2le p!père pinard poilu %aseu#, qui rentrent plut$t dans le second.

    La ie de captiité deait, de son c$té, créer des epressions nouelles aec les seules ressources de

    la langue franEaise. Les prisonniers internés dans la région r#énane, que ?e is lors des premiers rapatriements en uisseen 11C, aaient surnommé le grand menteur la perfide Gazette des 3rdennes, qu'on leur seraitgratuitement mais qui n'aait pas réussi à é"ranler leur moral, et le petit menteur  la Kœlnische

     4eitung , organe le plus répandu c#eB les Allemands au alentours du X#in inférieur. +ette gradationimpliquait une o"seration ?udicieuse % les ?ournau destinés à un pu"lic d'Allemands, surtout deciils, deaient respecter un peu plus la érité.

    Les "araques du camp étaient appelées les p!taudières, le lit le dur . Le N ?us O traditionnel (café) estici précisé 5us de fè%es. ans la petite enqu4te pu"liée par le Journal du camp de Gœttingen,le hareng  désigne N un légume "ien tendre O, dont le sens n'aait pas "esoin d'4tre spécifié pour les ,lecteurs % ?e suppose qu'il s'appliquait au "etteraes ou au naets coriaces particulièrementrépugnants pour nos prisonniers. ans la m4me enqu4te, dont les réponses sont en général conEuessur le mode ironique, bassine  paraPt désigner la gamelle % N principal article de ménage du

     prisonnier, destiné à tous les usages suiant les #eures du ?our. O

    9n dépit de la guerre, l'actualité ne perdait pas ses droits et traersait, gr;ce au ?ournau, les palissades des camps. Les prisons étaient appelées dardanelles et les cac#ots sous,marins. Les#eureu camarades c#oisis pour 4tre internés en uisse ont été appelés 6uissards dès le dé"ut. Lacensure allemande fut surnommée tante 3nastasie, comme celle de France, mais aec une

    ad?onction qui paraPt 4tre du cr % on sait que les Allemands disent couramment, par eemple, laN tante (oss O en parlant du ieu ?ournal national li"éral, la (ossische 4eitung .

    5uelques locutions sont plus spéciales. La ps*chose des fils de fer , qui désigne la #antise del'éasion, doit 4tre une création de médecins2ma?ors, pro"a"lement de ma?ors allemands, car elleétait répandue, plus ou moins altérée, dans les camps de simples soldats. ans les camps de ciilss'étaient acclimatés des termes proinciau de nos départements du nord et du nord2est, pa!sd'origine de nom"reu captifs emmenés comme otages % ainsi lisette, soupe de "etteraes,et touiller , remuer la soupe (aec un ";ton), étaient très usités dans le camp de concentration deolBminden. 

    'autres créations sem"lent particulières au camps d'officiers. Gne des plus epressies estle charognard , qui désignait le drapeau prussien "lanc aec aigle noir, M cet aigle s!m"oliqueaide de sang, M ar"oré sur le camp à l'annonce d'une ictoire allemande. ans un tout autre ordre

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    d'idées, les officiers no"les à particules étaient appelés ironiquement che%au# de lu#e, nomsd!montables, noms 7 charnière, noms 7 courant d'air % la "lague franEaise, m4me en captiité, ne

     perd ?amais ses droits. Le lieutenant L. L... a entendu ces epressions emplo!ées par tous lesofficiers dans les quatre camps oH il fut successiement interné < il ne les connaissait pas auparaant(/). Il eistait aussi, dans certains camps, des surnoms particuliers % 8aracke, ?ournal des Lillois ducamp d'Am"erg, parle (& septem"re 11C) du étectie, du *iWado, de 6étrograd, de la 6rincesse,

    sans préciser des indiidualités connues de tous, ! compris, "ien entendu, la censure allemande. +omme mots de passe, ?'en ai releé un seul, ce qui est "ien peu, on l'aouera, pour représenter l'élément secret et conentionnel d'un argot. 9ncore est2ce un ieu terme traditionnel, qui ne dut

     pas rester plus longtemps m!stérieu pour les ge$liers allemands que ?adis pour les policiersfranEais de la Xestauration % %ingt,deu#, ancienne epression du ?argon des malfaiteurs, signalée par Jidocq, adoptée plus tard par le langage des fau"ourgs et des casernes (). +ette eclamation estlancée pour donner l'éeil et annoncer l'approc#e d'un intrus, d'un importun agent de police,sureillant, etc. Le Journal du camp de Gœttingen le définit ainsi aec #umour %

    N Formule magique qui éteint les incendies portatifs et les feu de c#eminées O, M entendeB % les

     pipes et les cigarettes (allumées en contraention du règlement), lorsqu'un gardien est signalé.

    +e mot de passe a o"tenu un if succès auprès des prisonniers appartenant à d'autres nationalités,qui l'ont adapté à leur propre prononciation % les Anglais ont dit %ennt dou, les Xusses %inta dou.+#eB les uns et les autres le terme conentionnel, on le oit, a été emprunté % nouelle preue de ladifficulté et de la répugnance qu'éproue tout idiome à former des mots secrets et artificiels2 Il est

     "ien plus commode d'adopter les epressions toutes faites qui tom"ent sous la main. omme toute, par la ariété des éléments qui le composent, et malgré son caractère temporaire,l'argot de nos prisonniers en Allemagne apporte une intéressante contri"ution à l'étude des langagesspéciau.

    ALT9XQ AGYAQ.

     :0Q9 %(1) 6our le langage de nos soldats, ?e renoie à mon récent olume % 9'3rgot de la guerre (6aris,11/).() +#iffre porté plus tard à &-/..(3) +omme epression particulière à un camp, on a signalé que les prisonniers du camp de>urtB"ourg s'appelaient les pendus < ceu qui étaient rapatriés deenaient les d!pendus, nom de

    l'association ancienne fondée à 6aris par les anciens prisonniers de ce camp. ( 9':clair , 1 décem"re11/).(&) A. auBat % 9es argots fran)o,pro%en)au#, c#ap. 1er (Ti"liot#èque de l'9cole pratique desautes29tudes, fasc. 3).(-) 0n sait que l'Allemagne, pour parer au conséquences du "locus, aait multiplié les succédanésalimentaires et c#imiques afin de remplacer certaines denrées qui deenaient de plus en plus raresou m4me qui faisaient totalement défaut.(C) A. auBat % 9'argot de la guerre, p. 1--.(@) Les troupes russes du front franEais ont appelé, dans leur langage, le in rouge,blanc, parcequ'elles entendaient demander N du rouge O ou N du "lanc O. +e mot figure dans une des c#ansons,mélancoliques et satiriques à la fois, qu'elles ont composées depuis la fausse situation oH les aaient

     placées la réolution "olc#eique et la pai de Trest2LitosW. (+ommunication de *. 7aston *...)(/) "om 7 courant d'air  était usité, depuis une diBaine d'années au moins, dans certains milieu dela #aute magistrature parisienne, pour désigner les noms à dou"le particule. Les noms à particule

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    étaient appelés plus souent noms 7 tiroir  .() 0n me l'a signalé comme usité au Ce c#asseurs à aint2*i#iel dès 1///.

    retour ta"le des auteurs et des anon!mes

     The Egyptian devil, Typhon, was often symbolized by the Setmonsterwhose identity is obscure. It has a queer snoutlike nose and pointedears, andmay have been a conventional hyena. The Set monster lived in thesandstorms and wandered about the world7dsfg?dfsmgW?f%sg,fdgdfgldnfqnWldfqnlWdfqnWlndsfqn

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    Les guerres ont tou?ours eu, au cours des siècles, une répercussion très marquée sur lelangage contemporain. La nécessité de désigner par des termes commodes desinentions ou des #a"itudes nouelles, issues de l'état de guerre, les relations aec les

     peuples étrangers, alliés ou ennemis, et différents de race ou de langue, la prédominance prise par l'élément militaire, et, dans les conflits récents, le mélangedes dierses classes sociales, introduisent dans le parler courant des mots ?usqu'alorsinconnus, soit importés, soit créés de toutes pièces, ou "ien ressuscitent des motsanciens dont on aait cessé de se serir, ou "ien encore répandent des epressionstec#niques, des mots d'argot, des locutions de patois local.

    ans remonter ?usqu'à la domination romaine en 7aule, au inasions "ar"ares ou àla conqu4te ara"e, on sait que les +roisades, les guerres d'Italie, les guerres de Qrenteans et de ept ans, les guerres de la Xéolution et de :apoléon, pour ne signaler que

    les principales, ont enric#i la langue franEaise d'un très grand nom"re de termes.

    L'eemple le plus frappant est peut24tre l'ena#issement des mots italiens dans lalangue franEaise, au SJIe sicle, d au dierses epéditions des FranEais en Italie.Ainsi le mot "ataillon (italien % "attaglione) est cité pour la première fois en 1-C&dans le ictionnaire FranEais2Latin de D. Q#ierr! < caporal (ital. caporale) n'apparaPt

     pas aant Xa"elais < le premier emploi de escadron (ital. squadrone) se troue dansDean *arot. e m4me "astion, camp, cartouc#e, casemate, colonel, caalerie,em"uscade, escorte, escouade, fantassin, généralissime, infanterie, sentinelle, soldat,

    edette, pénètrent dans la langue franEaise au cours des campagnes, d'Italie, entre lafin du quinBième siècle et les dernières années du seiBième. Qous ces mots se sontdéfinitiement fiés dans notre langue.

    Au?ourd'#ui plus que ?amais, dans une guerre longue, oH les inentions se multiplient,oH le ?eu des alliances m4le ?ournellement au FranEais, Telges, Anglais, Italiens,er"es, Xusses, Xoumains, 6olonais, +#inois, Daponais, Américains, d'autres encore,une foule de mots et d'epressions nouelles ont surgi et surgissent c#aque ?our, iterépandus dans le pu"lic par les ?ournau, les reues et les lires.

    Ils ont donc pour origine deu sources nettement distinctes. +e sont % 1] des termesindigènes (mots anciens ressuscités, mots noueau, mots d'argot ou de patois) < M ] des termes étrangers. Au premier groupeappartiennent mousqueterie ou grenadier  (depuis longtemps franEais, sortis de l'usageet récemment repris) < !périter  (asp#!ier au mo!en de l'!périte)< "oc#e, cafouille,etc. M Au second groupe appartiennent des mots comme tanW, enud'Angleterre, tou"i", enu d'Algérie, minenUerfer, enu d'Allemagne.

    *ais ceci n'est que l'un des aspects de l'influence des guerres sur le langage. Il en est

    un second, non moins important peut24tre dans l'#istoire de la linguistique, et qui ne présente pas un intér4t moins if. II s'agit de l'emploi figuré des termes de guerre dansle langage courant. Ainsi le mot N défaitiste O, d'emploi d'ailleurs récent, signifie

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    d'a"ord N qui croit à la défaite de son propre pa!s O, puis, par métap#ore, N qui croitune c#ose ouée à l'insuccès O. 0n dira par eemple N les défaitistes de la musiquefranEaise O, pour désigner les personnes qui, ne faisant pas confiance à la musiquefranEaise, la croient destinée à 4tre surpassée par les musiques étrangères.

    0r l'emploi métap#orique d'un mot n'a pas moins d'importance dans l'#istoire d'unelangue que l'emploi au sens propre de ce m4me mot. La création d'une métap#orenouelle, eprimant un rapport ?usque2là inaperEu entre deu idées, équiaut presqueà la création d'une idée et par conséquent d'un mot. +e sont de nouelles epressionsqui enric#issent le langage et qui, parce qu'elles s'implantent souent d'une faEondéfinitie, apportent au st!le une précieuse ariété de nuances.

    +ertes, c'est un p#énomène constant et ?ournalier, qui répond à un "esoin de l'esprit#umain < mais il se manifeste surtout et plus intensément dans les périodes detrou"les sociau, au époques de grandes découertes, d'épidémies, de migrations, deconqu4tes coloniales, de réolutions, de guerres ciiles ou etérieures. Au nesiècle, par eemple, la fréquence des duels prooque ?usque dans les oeureslittéraires (le st!le de +orneille est fort curieu à ce point de ue) un emploi répétédes termes d'escrime. 9t les guerres contemporaines font surgir à profusion desmétap#ores ariées empruntées au oca"ulaire militaire.

    Ainsi nous lisons dans +orneille %

    Leur #aine à nos douleurs aurait rendu les armes.

    ( -odogune, 11.)+e n'est qu'en ces assauts qu'éclate la ertu, 9t l'on doute d'un coeur qui n'a point combattu.

    ( $ol*eucte, 1C@21C/.)Fu!eB un ennemi (1) qui sait otre défaut,5ui le troue aisément, qui blesse par la ue,9t dont le coup mortel ous plaPt quand il ous tue.

    ( $ol*eucte, 1&2 1C.)

    ans le +ourtisan FranEais (1C&), un amoureu se plaint en ces termes de la rigueur de sa maPtresse %

    Les escopettes ^sorte de cara"ine_ de ostre "eauté "ruslent asseB le propoint de mon;me, sans que le canon de ostre rigueur "rise les os de mes prétentions. Jous aeBasseB fourragé le plat pa!s de coeur, sans que d'a"ondant ous ! logieB le régiment dudésespoir.

    +eci est de la pure préciosité, et de la moins "onne, sans doute, et de telles imagesn'ont pas surécu. Il est rai aussi que, m4me au SJIIe siècle, ces epressions

    n'étaient pas nouelles < mais il faut songer que, d'une part, elles n'aaient ?amais euune telle ogue, et d'autre part que plusieurs d'entre elles M ainsi caalier  dans N unair caalier O, N un ton caalier O, M prooquées par les guerres contemporaines, ont

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    conseré depuis ce temps leur emploi métap#orique.

    ll est donc permis de croire que, de m4me, un grand nom"re d'epressions figurées,issues de la guerre actuelle ou tout au moins répandues gr;ce à elle, lui suriront. M Le grand pu"lic peut s'intéresser à cette question aussi "ien que les érudits, et c'est

     pourquoi ?e me suis proposé d'en donner ici un rapide aperEu. :ous distinguerons, pour plus de clarté, cinq c#apitres %

    I. M *ots et epressions.II. M Locutions.III. M +omparaisons formées d'un groupe de mots.IJ. M *étap#ores à plusieurs termes.J. M uites d'images.

    9t nous su"diiserons c#acun de ces c#apitres en différents paragrap#es, selon l'ordred'idées auquel appartiennent ces dierses métap#ores.

    I. — Mots et expressions.

    a;

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    ( !bats, / aril 11/.) Le "ut de ce "ranle2"as était la mobilisation d'un pianoentreposé dans le magasin du facteur. (?u%re, @ octo"re 11C.)

    3]. 9n parlant de faits intellectuels % L'intér4t, la "4tise et la tra#ison, ligués contrenous, iennent d'entreprendre une opération d'une energure énorme... la mobili,

     sation des sop#ismes. (X. 6ostal, -e%ue "ormande, aot 11@.) :ous aurons àorganiser... une este mobilisation générale de l'intelligence et du traail. (GnLimousin, @atin, - aot 11/.)

    L'emploi figuré du mot N mo"ilisation O est en somme logique quand il s'agitd'eprimer l'idée d'une mainmise sur quelque c#ose pour contri"uer à l'#eureuse issuede la guerre. *ais il ! a une sorte d'a"us et une déformation du sens propre quand lemot prend la signification simple de N mise en oeure O ou m4me de N déménagementO

    *0TILI9X . M Il était logique que, parallèlement au su"stantif N mo"ilisation O, onemplo!;t N mo"iliser O, soit dans le sens de N conoquer et organiser en ued'uneaction déterminée O, soit aec la simple signification de N réunir, rassem"ler O.

    1]. 9n parlant des personnes % Il s'agit d'utiliser les professeurs en acances, deles mobiliser  pour une campagne d'éducation. ( Anformation, C aot 11@.)

    ]. 9n parlant des c#oses % Qristan Ternard... a mobilis! ses tiroirs et ses fonds detiroirs. (?u%re, mai 11@) ().

    b;

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    3]. 9n parlant du domaine diplomatique % Instituons, pourquoi pas, l'unité de  front diptomati1ue, de m4me que nous enons de réaliser l'unité militaire 1 (J.*argueritte, $a*s, @ mai 11/) (3).

    9+Q9GX . M N ecteur O signifie N partie découpée dans une surface O, par etension,en langage militaire, N ensem"le de troupes, faisant partie d'un groupement plusaste, et placées sous le commandement général d'un c#ef O et N su"diision du frontO. e là, au figuré, le sens de N domaine particulier O.

    ^ans la fatigue nereuse_ il n'! a plus de s!nergie fonctionnelle. +#acun lutte dansson secteur , sans saoir ce que fait le oisin. (r Joienel, @ercure de Brance, 1er septem"re 11@.)

    QXA:+`9. M Les tranc#ées du front sont destinées à a"riter le soldat contre les

     "alles et en partie contre les o"us, à le dissimuler au regards de l'ennemi. 6ar métap#ore, N tranc#ée O signifiera N cac#ette O, N place oH l'on se met à l'a"ri contredes attaques possi"les O.

    0r ils étaient ^les espions allemands_, dans la société m4me, tapis, eu aussi, dansd'inisi"les tranch!es  à l'a"ri des lois, dissimulés comme les autres derrière leur feuillage. (7. 6rade, Journal , 13 ?anier 11/.)

    TAXT9L`. M 0n a dit d'a"ord, au sens propre, N fils "ar"elés O, puis par a"réiation N

     "ar"elés O (transformant ainsi, par commodité, selon une loi fréquente enlinguistique, un ad?ectif, ou plus eactement un participe, en un su"stantif. (un r$ti,des frites, etc.) +e sont des fils de fer tendus deant les tranc#ées pour protéger lestroupes contre une incursion soudaine de l'ennemi. N Tar"elés O prendra donc, aufiguré, la signification de N ce qui protège O.

    Jous errieB quand m4me le secret franc#ir toutes les grilles,tous les barbel!s quidéfendent les murs du 6alais2Tour"on, (+l. Jauel, 9ibert! @ septem"re 11@.)

    6AX+ G 7`:I9. M 6ar analogie aec le parc du génie réel oH sont concentrées des

    réseres de pièces d'artillerie et de munitions, cette epression désignera, au figuré,l'endroit oH sont concentrées des réseres de forces.

    La diminution du capital d'énergie se produit rapidement dès que, dépassant leslimites de la fatigue musculaire, on fait appel à la résere nereuse, à ce parc du

     g!nie céré"ral qui est la su"stance c#romatique. (r Joienel, @ercure de Brance,1er septem"re 11@.)

    c;

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    i nous oulons une pai aantageuse, 2préparons la guerre !conomi1ue. (Qitre dansle @atin, - aot 11/.)

    TAQAILL9. M *4me dériation de sens pour le mot N "ataille O.

    Il s'agit d'éta"lir, en un mot, au plus fort de la bataille !conomi1ue, un front commun.( @atin, 1& mai 11/.)

    0FF9:IJ9. M Joici le mot qui aura été le plus emplo!é par métap#ore au cours de laguerre, et il ne se passe presque pas de ?our actuellement, du moins pas de semaine,sans qu'on en troue un eemple dans les ?ournau.

    N 0ffendere O signifie, en latin, N attaquer O (littéralement #eurter, frapper ^ét!mologie % fendere, m4me sens_). 0ffensie (a"réiation de N action offensie O)signifie donc % attaque, action de porter les premiers coups à un adersaire. Au figuré,

    le sens sera le m4me, aec une acception métap#orique, Joici une listede dierseemples curieu.

    1]. 9n parlant des personnes % Gne offensi%e réussie 2 c'est l'offensi%e des ménagèrescontre leurs fournisseurs. (Xéclame dans diers ?ournau, aot 11/.). 6lus de demi2mesures, plus de pala"res, une action igoureuse et efficace % l'offensi%e à froid contrela masure insalu"re et le taudis infect. (+. a!e, $a*s, 3 mai 11/.). Il nous faut noter ici la regretta"le reprise de l'offensi%e des "ourreurs de cr;ne, offensie qui s'étaitcalmée pendant quelques ?ours. (6. Xenaison, $a*s, 3 mai 1g1/.).

    Gne offensi%e littéraire antirépu"licaine. (Qitre dans le $a*s, 1& mai 11/)(&). 6our !triomp#er, nous aurons à organiser une nouelle éducation agricole, desconcentrations industrielles, de s offensi%es "ancaires... (Gn Limousin, @atin, - mai11/.)

    ]. 9n parlant de personnes, le mot étant appliqué à la parole % L' offensi%e oratoire deertling. (Qitre dans le @atin, @ ?anier 11/). La isite des Américains a eu commerésultat de déclenc#er une offensi%e de grande energure de la part des ma?oritairesdu part socialiste unifié. ( @atin, 1& mai 11/.)

    ans le domaine de la diplomatie % Le Zaiser eut, par les offensi%es diplomatiques, persuader au peuples des 9mpires que c'est l'entente qui est la cause de la conti2nuation de la guerre... (6. ol"ert, Cuest,:clair , 1C mai 11/) (-).

    3]. 9n parlant de c#oses % L'offensi%e de la faim. (Qitre dans le *atin, C aot 11/.).Qous les micro"es, à l'afft dans le neB, profitant de l'émoi, se déeloppent à l'eni,

     pénètrent dans le sang, et fient une offensi%esur le point fai"le de notre frontorganique. (r elme,

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    O et N pai O, et, si la métap#ore s'eplique logiquement, il n'en su"siste pas moinsune certaine anomalie .Le succès de cette métap#ore a d'ailleurs été très grand, et, aucours de ces derniers mois, tous les ?ournau l'ont emplo!ée. Joici les eemples les

     plus t!piques.

    1. Aec le mot N pai O % Lord Xo"ert +ecil a cru deoir... mettre en garde le pu"liccontre une proc#aine offensi%e de pai# des empires centrau. ( !bats, / mai 11/.). Aec l'ad?ectif N pacifiste O % ans les milieu officiels on estime que l'offensi%e

     pacifiste de l'Allemagne a dé?à commencé. ( !bats, & mai 11/.)3. Aec l'ad?ectif N pacifique O % L'offensi%e pacifi1ue. (Qitres dans le $a*s du 11 et du1 mai 11/.)

    (:otons en passant que l'emploi du terme N pacifique O est un érita"le non2sens.L'epression N offensie pacifiste O est légitime,parce que N pacifiste O signifie N enfaeur de la pai O. *ais,N pacifique O n'a ?amais eu ce sens. L'emplo!er ici, c'estméconnaPtre totalement la signification des mots franEais.)

    +0:QX920FF9:IJ9. M e m4me qu'une offensie appelle de la part des troupescom"attantes une contre2offensie, il était asseB naturel que la métap#ore N offensieO appel;t la métap#ore parallèle N contre2offensie O.

    1]. Appliqué à la parole % *. +aillau qui se flatte d'4tre allé au front... ! a sans douteappris l'art de la contre,offensi%e. a défense... a surtout consisté eu attaques contredes #ommes politiques. (/ri de $aris, fin ?anier 11/.)

    ]. Appliqué à la diplomatie % Jous2m4mes, enfin, $ gouernants, cela ous mettraitun peu en train pour répondre par quelques contre,offensi%es diplomati1ues cette

     proc#aine attaque... de la >il#elmstrasse. ( $a*s, @ mai 11/.)

    AQQA5G9 TXG5G`9. M La métap#ore s'eplique d'elle2m4me. Gne attaque "rusquée dela +#am"re s!ndicale des propriétaires contre le moratorium. (umanité, décem"re11@.)

    AAGQ. M L'assaut, c'est l'attaque ie d'une troupe pour occuper une position qu'onarrac#e à l'ennemi. 6ar métap#ore ce sera une action énergique faite pour o"tenir deforce un aantage matériel ou moral.

    Les compagnies..., le métro, l'anémique 0uest26arisien aaient com"inéun assaut  généralisé. ( Dumanit!, / noem"re 11@).

    F0X*AQI0: 9XX`9. M Les troupes ont à l'attaque en N formations serrées O, quand,au lieu d'4tre éparpillées en tirailleurs, elles aancent, massées en groupes. Au figuré,l'epression serira à donner l'idée du grand nom"re et de la réunion compacte.

    9t les images et les métap#ores se ruent en formations serr!es. (D. 9rnest2+#arles, $a*s, 1 septem"re 11@.)

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    7AY A6SIA:Q. M Les gaB asp#!iants emplo!és au front corrompent les tissus pulmonaires ou autres, souent m4me les détruisent et amènent la mort. +'est l'idéede corruption dissolante qui passe au figuré.

    ^6r4c#er_ le retour au réalisme et à l'idéalisme de notre socialisme franEais, guérides gaz asph*#iants du socialisme allemand. (7. eré, (ictoire, C décem"re 11@.)

    e m4me %

    Le moment oH l'émotion fut le plus à son com"le, oH un souffle de patriotisme, "ala!ant les miasmes pestitentiels, les gaz d!l!tères et asph*#iants de toutes lesignominies entassées..., se produisit pendant l'interention de Tarrès. (. Lero!2Fournier, 3ction Bran)aise, noem"re 11@.)

    &. M Les canons autric#iens du cali"re & ont un aspect particulièrement pesantet massif. Au figuré, l'epression N & O éoquera la notion de lourdeur.

    *. Xic#ard trauss produisait en Allemagne une énorme mac#ine pol!p#onique, dansle st!le EF. (7. 6ioc#, $a*s, 1 décem"re 11@.)

    ^`F9:X9_ 6I92A26I9.  M 'une faEon générale N pied2à2pied O, dans l'attaque ou ladéfense, marque une lutte rigoureuse, oH la moindre parcelle de terrain se dispute;prement. 6ar image, N pied2à2pied O signifiera N minutieusement O, aec l'idée d'une

     perséérance énergique.

    Alors *e 9dmond Tloc# tente un effort désespéré... II est l'aocat lirant pied,7, pied  le com"at. (A. ominique, $a*s, - septem"re 11@.)

    Q9:IX . M Le mot signifie, en langage militaire, N résister o"stinément, perséérer  patiemment dans la résistance O. Au figuré,il aura le sens de N soutenir un effort delongue durée O.

    6our apprendre les rudiments, quelques mois "ien emplo!és suffisent... Il ne s'agit

     pas d'aoir un "eau Bèle de courte #aleine. Il faut tenir . (7affiot, $r!face au# cahiers, guides des :tudes latines, septem"re 11@.)

    FGILL9X . M u sens propre de N tuer d'un coup de fusil, on passe, par métap#ore, à lasignification de N faire disparaPtre O (K).

    Gn clerc d'aoué de ingt ans est tou?ours en "el appétit % en cinq minutes, la soupe,le pigeon et la "outeille étaient fusill!s (C). ('9spar"ès, Journal , octo"re 11C.)

    `9XQ9X . Au sens propre, c'est a"andonner son poste à l'armée ou quitter son pa!s

     pour se soutraire à son deoir militaire. Au figuré, N déserter O signifiera simplementN quitter, a"andonner O.

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    Le général ier a d!sert! lui aussi ce front russe... (+urnonsW!, Journal , 1- ?anier 11/.)

    6AG9. M La N pause O, c'est le repos entre deu eercices, deu étapes d'une marc#e,deu com"ats. 6ar image, ce sera un moment d'interruption, et, dans l'eemple

    suiant, un entr'acte au t#é;tre.ès les premières scènes le succès était acquis, et, pendant la pause, M ce que c'estque d'4tre militaire M les ieu soiristes... prétendaient retrouer les prémices d'unecarrière compara"le à celle de N *iquette et sa mère O. (?u%re, 1 aot 11@.)

    Y0:9 9 QIX . M L'epression désigne la surface de terrain oH le tir d'une arme à feus'eerce d'une faEon efficace. 6ar métap#ore, elle désignera, par eemple, un groupede personnes sur lesquelles nous pouons aoir une action quelconque. 

     M ... D'ai "lagué l'administration, la magistrature, l'armée, les agents de la force pu"lique... < mais ieu, ?e l'ai laissé tranquille. M 6eut24tre n'était il pas dans otre zone de tir . ( $a*s, mai 11/.)

    9: QIXAILL9GX. M es soldats d'infanterie se disposent en tirailleurs lorsqu'ilss'espacent sur une ligne de front, en laissant entre eu des interalles plus ou moinsgrands, de faEon à 4tre moins eposés, dans l'ensem"le, au "alles ou au o"us. 6ar métap#ore, N en tirailleurs O signifiera N dispersés O, N manquant de co#ésion O.

    Faute d'une direction commune... c#acun partait droit deant lui...0n s'égaillait

    en tirailleurs. (*oulinier, Journal des 9*c!es, n]1.)

    +A*0GFLA79. M Le camouflage, en terme militaire, c'est le déguisement d'un o"?etquelconque (pièce d'artillerie, automo"ile, ourage fortifié, etc.,.) au mo!en decouc#es de peinture, de "ranc#ages, de pièces de toile, pour tromper les regards del'ennemi. +'est l'idée de déguiser, de masquer ^la nature érita"le de quelque c#ose_,qui passera au figuré.

    Il ! aurait témérité à dire que la c#air de p#oque constitue un régal sans nom... *ais

    on peut l'utiliser... L'essentiel est de saoir la maquiller % un camouflage estnécessaire. ( !bats, & ?uillet 11/.)

    d;

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    e;

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    '9: FAIX9. M Ici tout commentaire est inutile % l'epression s'eplique d'elle2m4me.0n notera simplement qu'elle s'est formée au front et qu'elle est passée ensuite dans lelangage courant % c'est en cela que consiste la transposition.

    1]. Appliqué à une personne % Teaucoup de pittoresque sensé dans son roman de "onne #umeur. Jisi"lement, 7eorges *ic#el ne s'en fait pas. (D. 9rnest2+#arles, $a*s, 1 septem"re 11@.)

    ]. Appliqué à une c#ose % La grammaire, comme le reste, est fonction de la guerre.9lle ne s'en fait pas. (A. ermant,

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    11C.)

     d; /omparaisons di%erses.

    Le er"e s'impose. à la fois énéra"le comme un anc4tre, et utile comme un guerrier .(*. Toulanger, -e%ue Debdomadaire, 1 octo"re 11@.)

    D'ai dé?à glané dans une diBaine de olumes des feuilles de 1uoi remplir la cantiner!glementaire d'un sous,lieutenant au Ie dragon & (6. ignac, cité par 6aupe, @ercure de Brance, 1- octo"re 11C.)

    I". — Métap#ores $ p%usieurs termes.

    a; @!taphores emprunt!es au recrutement.

    6ourquoi ne pas recruter   c#eB elles un bataillon de li"raires d'élite K (?u%re, 11noem"re 11C.)

    é?à presque innom"ra"les ^ces émouants récits d'épopée_, ils formeront un ?our une arm!e érita"le, et, si nous ne pouons les admirer tous, du moins aurons2nousun culte pour leurs cohortes. (*. Toulanger, -e%ue Debdomadaire, 1 octo"re 11C.)

    b; @!taphores emprunt!es au# pr!paratifs

    6réparer le "accalauréat, ce n'est pas accumuler des eercices, eécutésfiéreusement, sans réfleion ni comme s'il ne fallait pas s'assurer des munitions aant d'aller à la bataille, et commencer par lire +orneille aant qued'en parler durant trois #eures. ( 9e 8accalaur!at , ler octo"re 11C.)

    c; @!taphores emprunt!es au# instruments de combat.

    0r, là plus grande de ces forces spirituelles, obusier  foudro!ant de

    notre artillerie morale... c'est la ociété des :ations. (Aulard, $a*s, la ?anier 11/).d; @!taphores emprunt!es au combat.

    AoueB qu'eposer mon père à une telle fatigue, E'et été du pilonnage a%ant l'atta1ue. H/arnet de la 6emaine, 1 aot 11@.)

    *. +lemenceau aait réseré le tir de ses batteries au seul *. *al!. 6ourtant un!clat d'obus s'égara sur *. Al"ert Q#omas. ( Ad . 1 ?anier 11@.)

    ". — &uites dima!es.

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    Joici quelques eemples oH l'on troue différents termes empruntés au langagemilitaire. Il était difficile de les classer, car ils se rattac#ent souent, au cours d'unem4me p#rase, à des idées fort dierses. La plupart pourtant se rattac#ent à l'idée decom"at.

    Il sait mobiliser  les mots, les ranger en bataille, les ruer 7 l'assaut , les saturer de sang et de gloire. (+#. ilestre, /h. $!gu*, 6aris, Tloud, 11C.)

    Le "ar fut donc assi!g!, mais les assaillants ne parinrent pas tous à conquérir lacitronnade glacée, tant aaient été denses les troupes d'atta1ue. ( $a*s, 1& septem"re11@.)

    Au lieu de fuir, ?e "ondis sur le roquet et lui enfonEai mes crocs dans le gras descuisses. +ette atta1ue brus1u!e, qui me donnait l'a%antage de la surprise et du choi#du terrain, fut couronnée de succès... De saais com"ien sont dangereu parfoisles retours offensifs et les contre,atta1ues. (6. +#aPne, les @!moires d'un -at , p. &.)

    Les eemples ne manquent pas et l'on pourrait citer des centaines de p#rases. Le pluscurieu que ?'aie rencontré est peut24tre le suiant %

    +'est une érita"le arm!e agricole féminine... on !tat,ma5or ... sous la direction de*. Laarenne... qui eut l'idée du %olontariat  agricole dresse des plans en ue dela campagne proc#aine. Gn ultimatumrespectueu... a été adressé au préfet de laeine pour qu'il lire au combattants pacifiques, les astes terrains de Tagatelle,

    dont la neutralit é est improductie... Il faut que d'ici le printemps, touteune arm!e de%olontaires agricoles soit recrut!e, instruite encadr!e outill!e. 9t, sious le poueB, enr2lez,%ous. HJournal, 3 décem"re 11@.)

    igne des temps Il est "ien certain, encore une fois,qu'un grand nom"re des mots oudes epressions que ?'ai cités, par eemple N arme,assaut, attaque, co#orte O, etc.,étaient emplo!és au figuré dès aant la guerre, et sans influence militaire. *aisl'usage en était restreint < au lieu qu'au?ourd'#ui, c'est un érita"le ena#issement, qui,loin de s'atténuer, croPt de ?our en ?our. 6eut24tre quelques images nouelles s'implan2teront2elles dans la langue franEaise, lui donnant un noueau pittoresque, et c'est par là que la question, dont ?'ai donné un aperEu sommaire, présentait un réel intér4t.*ais telle qu'elle est, après tout, notre langue est "ien asseB ric#e, et mieu autencore sou#aiter que ces termes disparaissent rapidement de l'usage, si leur disparition est un signe de notre ictoire définitie...

    790X79 6X`J0Q.

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  • 8/17/2019 Essai Sur l'Emploi gfhfghgfhghfhgfhgf

    21/21

    (I) Il s'agit de 6auline.() +f. % N 0n ne mo"ilise  plus seulement des #ommes, mais les c#oses, les o"?ets, lesinstitutions, la science. O (D. T., Qemps, C mai 1/.)(3) +f.encore N notre front organique O dans l'eemple cité plus loin au mot Noffensie O b 3.

    (&) 9t, encore % N +e fut à qui, parmi les furieu inalides qui organisentinépuisa"lement, c#eB nous, l'offensie des mots, s'ac#arnerait contre l'auteur de laQétralogie. O (7. 6ioc#, 6a!s, - aril 11/.) 9t dans le m4me ordre d'idées % N Lesreprésentants autorisés de la pensée franEaise croient deoir refuser pu"liquement unecolla"oration au offensies de l'esprit... O (J.,Qemps, 3 aot 11/.)(-) 0n a parlé aussi d'offensie morale et d'offensie de défiance.(C) +ette image ient peut24tre aussi de ce que, en argot, on emploie N fusil O pour Nestomac O. e là à dire N fusiller O pour N mettre dans le fusil O, il n'! a qu'un pas.*ais dans ce cas le er"e N fusiller O serait un dérié du mot argot N fusil O et non pas

    une métap#ore sur le érita"le er"e fusiller. Il est difficile de tranc#er la question.