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Antistress RALENTIR

Et si onchoisissait d'êtreheureux ?LA QUÊTE DU BONHEUR N A JAMAIS ÉTÉAUSSI INTENSE PHILOSOPHESPSYCHOLOGUES SOCIOLOGUESMAÎTRES SPIRITUELS TOUS TENTENTDE PERCER LES SECRETS D'UNEVIE HEUREUSE. PARCE QU ÊTREHEUREUX EST AVANT TOUT UN CHOIXDES CONSEILS POUR PRENDRE VOTREBONHEUR EN MAINS I Karma Perez

'il NOTRE

MARIEANDERSENpsychologuedimcienneet

psychothérapeute,formatrice etenseignante

Personne n'a encoretrouvé la baguettemagique pour être heu-reux et von s fai re croire

le contraire serait quelque peumalhonnête. Après tout, cela faitseulement 5 DOO ans que noussommes à la recherche du bon-heur ' Dès I ébauche de la défini-tion, les difficultés commencentDeux grandes conceptions s'op-posent l'approche hédomque,où le bonheur se confond avecle bien-être à travers le plaisir,et l'approche eudémonique (Eubon, daimon. divin), où le bon-heur est plus une recherche desens et d autonomie personnelleCes deux conceptions sont lomd'être irréconciliables, pourtant,nous nous retrouvons souventcoincés entre les deux

La psychothérapeute belgeMarie Andersen a décidé de

ne pas rentrer dans ce débat.« Le bonheur, c'est finalement ceque chacun en pense et c'est trèsimportant cie laisser cela ouvertPour certains, c'est un état (/'esprit,pour d'autres, cela semble mattei-gnable. Reconnaître sa difficultéà être heureux est un bon débutll faut du temps pour se libérerdes frustrations, des souffranceset des mécanismes d'autosabotagePour certains, une thérapie seranécessaire », explique-t-elle.

Dans son dernier livre, MarieAndersen nous aide à clarifiernos choix de vie pour noustransformer. « Le bonheur est de

notre responsabilité, nous devonsprendre notre destin en main etassumer nos envies et nos buts »Pour les lecteurs de Santé Maga-zine, elle a accepté, en s'appuyantsur des témoignages, de don-ner sept pistes pour changer.Une sorte d'itinéraire bis, dumal-être vêts le mieux-être« Ces conseils semblent simples,maîs il est très difficile de quit-ter une situation que l'on maî-trise, même inconfortable, pouraller vers l'inconnu », précise lapsychologue Alors, prêts pourfaire le premier pas de côté versle bonheur '

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Assumer sa colère« Dans mon travail, mon supérieur hiérarchique estune femme Elle est très compétente, maîs elle est d'uneexigence pathologique, elle peut nous demander de refairedix fois des rapports pour des questions de couleur Elleabuse de notre temps et de notre patience ' Je n ose riendire et mes autres collègues sont comme moi Alors,nous passons notre temps à nous plaindre »Marc, 28ans

LE CONSEIL DE LA PSY: Quand nous étions enfants,nos parents nous disaient de ne pas nous énerver contrenotre sœur ou Le garçon qui nous piquait nos jouets ausquare... Il est bien difficile dans ce cadre d'apprivoisernotre puissance. Quand l'énervement monte en lui,Marc doit choisir ce qu'il en fait : soit il rentre dans unprocessus de victimisation et continue de râler avec sescollègues, soit il ose informer sa supérieure qu'il en aassez. Line saine colère est plus utile que le désespoirsur le chemin du bonheur!

Se faire plaisir« Je ne conçois ma vie que sous la forme d'unprojet poste à responsabilité à 28 ans, mariagea 30 ans, bebé à 33 ans J'ai plus ou moinsréussi à respecter mes objectifs et je continue,même avec deux enfants, à fonctionner ainsiPourtant, je sens que ce n est pas juste, qu ilrne manque quelque chose »Anna, 38 ans

LE CONSEIL DE LA PSY : Anna ne vit pas,elle fonctionne un peu comme un robot,plutôt bien d'ailleurs... Mais comment êtreheureuse sans les petits plaisirs quis'attrapent au vol et nourrissent notre goûtde vivre? Il est nécessaire de laisser la placeà l'improvisation et à l'audace. Le bonheurn'est pas au bout du chemin, dit la sagesse,le bonheur EST le chemin ! Le bonheur, c'estbouger, agir, essayer, tester, faire, inventer,construire, explorer, avancer, changer ! Annaa peut-être intégré dans son enfance desmessages culpabilisants sur le plaisir? Elledoit essayer chaque jour de faire un petitpas dans une zone inconnue: s'offrir unmoment au soleil, partir plus tôt du bureaupour faire une surprise à ses enfants... Ens'habituant à ne plus tout contrôler, elle vapouvoir envisager la vie plus joyeusement !

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Oser le premier pasvers le bonheur

Ne plus fonctionneren mode binaire« Dans ma vie, je devais réussir coûte quecoûte, e était tout ou rien Même aprèsmon accident ou enceinte, je mettais toutemon énergie dans le travail Quand j ai étélicenciée, j'ai pensé que j'avais tout ratéJ ai alors sombré dans Le mal-êtreHeureusement, ma famille rn a montréqu'il fallait quej arrête de culpabiliserJ'avais déjà réussi tant de choses »Françoise, 54 ans

LE CONSEIL DE LA PSY: J'entendssouvent cette phrase chez mes patients"C'est tout ou rien"... Et à chaque fois, j'aienvie de dire attention, on se calme !La vie n'est pas seulement en noir oublanc... Il existe énormément de nuancesentre Le bien ou le mal, le beau ou le laid,la réussite ou l'échec, le bonheur ou lemalheur. C'est une véritable décision dene plus voir la vie sur ce mode binairepour trouver ce qui fait sens pour nous.Pour Françoise, accepter de sortir decette vision réductrice, c'est ouvrir uneporte vers une vie plus complexe où lespossibles sont plus nombreux.

Ne plus avoir peur de déplaire« Je suis issue d une grande famille maghrébine et noussommes invités tous les week-ends à des anniversaires,mariages ou autres obligations familiales Au début,mon man, qui est suédois d'origine, adorait Maintenant,il est comme moi fatigue Nous avons essayéde nous extraire un peu, maîs, tout de suite, nous avonsété critiqués »Assia,36ans

LE CONSEIL DE LA PSY:Rien ne nous oblige à accepter les obligations socialesou familiales, fort heureusement ! Simplement, il fautaussi reconnaître notre part de responsabilité,comme dans le cas d'Assia. Elle a longtemps accepté(et apprécié?) les réunions de famille. Aujourd'hui,son mari et elle souhaitent avoir plus de tempspour eux... Elle pense être critiquée, mais c'est sapropre interprétation. Plus Les "non" sont assumés,plus les "oui" ont de la valeur!

Ne pas craindresa fragilitéo< J ai perdu ma mère à 7 ans Je merappelle très bien le jour où je l'ai appris,je n'ai pas voulu manquer La classeJ'ai eté une elève brillante, toujours làpour mon père A la naissance de monpremier enfant, je me suis effondréeDix-sept ans après sa mort, ma mèreme manquait toujours et je necomprenais pas J'ai mis des années àaccepter d être autre chose qu'uncourageux petit soldat » Émilie, 46 ans

LE CONSEIL DE LA PSY: Lenfant, quandil perd un parent, est capable, poursauver celui qui reste ou se sauverlui-même, de devenir "un petit adulte".Au-delà du deuil inachevé, c'est ce queje perçois dans ce témoignage. Émilie acertainement dû se construire unearmure psychique. S'effondrera étéson premier pas. Il n'est pas aisé de sedéfaire d'une cuirasse qui nous a sauvéla vie : on met du temps pour accéder aubonheur d'être enfin soi !

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Aimer« Je n'arrive pas à garder un homme, jeles collectionne Dès qu'ils ont eu cequ ils veulent, ils me laissent tomber. Jerencontre des hommes intéressants etrespectueux, maîs ils ne m'attirent pas...Je suis malheureuse et j'aimeraisréellement vivre une vraie histoiredamour!» Marie, 39 ans

LE CONSEIL DE LA PSY: PourquoiMarie n'est-elle attirée que par desamants "abandonnées" et fuit leshommes qui pourraient vraimentl'aimer? Peut-être parce qu'elle risquede s'attacher vraiment et de tropsouffrir en cas de rupture? Marie n'acertainement pas eu dans son enfancela sécurité indispensable à laconstruction de son estime de soi.Comme beaucoup de personnalitésmeurtries, elle ne croit pas en sa valeuret, dès lors, ne peut imaginer s'inscriredans une relation solide et durable. Lapeur de l'abandon est le principalobstacle à un amour vrai et heureux.

Oser s'engager« Entre 20 et 30 ans, je me laissais aller sans rentrer dans la vie.Je buvais beaucoup, je me droguais . Et puis, je suis tombé sur unlivre de Knshnamurti et j'ai compris que j'étais responsableà 100 % J'ai laissé de côté les croyances qui me déprimaient et j'aichoisi de croire en La vie. » Sylvain, 44 ans

LE CONSEIL DE LA PSY : Nous sommes libres de croire ou nonen l'Homme, Dieu ou même au Père Noël ! Surtout, nous avonsune double responsabilité : d'abord, nous seuls pouvons faire lechoix du bonheur, ensuite, nous sommes responsables del'importance que nous accordons aux choses. Nous donnonsainsi un sens à notre vie. Pour Sylvain, comprendre qu'il pouvaitcroire dans des valeurs humanistes l'a arraché au désespoir:avec une direction, il a enfin pris le chemin du bonheur.

Mane Andersen

À lireFaire le choix du bonheur, MarieAndersen, editions Ixelles, 19,90 €.Petites expériences de philosophie entreamis, Rocjer-Pol Droit (ed Plon], vientd être réédité chez Marabout, 5,9V €Pour réintroduire de l'étonnement et deI insolite dans nos quotidiens

LAVIS D'EXPERT

ROGER-POL DROITphilosophe,chercheur au CNRS,enseignanteSciences Po

ll n'existe pas debonheur cle en main"Est-ce que vouloir lebonheur suffit?Bien sûr que non ! Si cela suffisait,pratiquement tout le monde seraitheureux. La volonté joue un rôle,évidemment, au sens où, si nous"positivons' et voulons le bonheurmalgré et contre tout, cela vagrandement aider à traverserdes situations difficiles. Maîs il nefaut pas croire qu il va suffire depenser que ' tout va bien" pour êtretoujours heureux, magiquement...

Pourtant, dans notre société,le bonheur sembleatteignable... en 80 jours?C'est le piège. On nous vend toutessortes de méthodes miracle,rapides, pour être heureux endix jours, pourquoi pas dix minutesou dix secondes'7 Ce sont, biensûr, des arnaques, car il n'existenulle part de bonheur clé en main,prêt à consommer J'ai dénoncécette illusion et ces fraudesdans un pamphlet romancé, Votrevie sera parfaite, où j'imagineun personnage qui prétend avoirtrouvé la ' méthode totale"

Faut-il devenir sage pouraccéder au vrai bonheur?Les sagesses n'ont jamais promisun bonheur garanti sur facture.Il est vrai que le sage, l'hommeaccompli, celui qui est arrivéjusquau bout du chemin, est censéavoir échappé aux angoisses,au malheur, à la dépression. Maîsil est heureux en un sens trèsparticulier, car il se trouve au-delàdu bonheurcommedu malheur,dans une sorte d'indifférencejoyeuse, qui peut paraître parfoisinhumaine. Par exemple, quandSénèque affirme que le sage,apprenant la mort de sa femmeet de ses enfants, ne doit pass'émouvoir, cela me fait froiddans le dos