Pour danser...Avec Alix Combelle … et les autres !

par Bernard Marillia

Les bals des années ‘50 & ‘60Les orchestres typiquesLes Big Bands de saxophonistesLa Vogue d’Alix CombelleLes partenaires d’Alix

Les bals des années ‘50 & ‘60Les années ’50 ont connu l’heureuse vogue des grands orchestres de danse. Les organisateurs de bals n’hésitaient pas, à cette époque, à engager des ensembles assez étoffés. Il y en avait essentiellement de trois espèces : les argentins, les afro-cubains et les jazzy. Non pas qu’un bal animé par les uns étaient dépourvus des autres rythmes, car les musiciens étaient d’une appréciable polyvalence, mais chaque orchestre se devait de particulièrement briller dans sa spécialité.

Les orchestres typiques

D’ailleurs, quand on choisissait des disques, on savait puiser dans les répertoires de chacun ce qu’il donnait de meilleur. Pour les hispanisades, par exemple (tangos, boléros et paso-dobles), c’était Manuel Pizzaro, Jose Granados, Roger David ou Jose Lucchesi.

Dans les catalogues de mambos et cha-cha, Eddie Warner, réplique française de Xavier Cugat et surtout Benny Bennet, comparable à Perez Prado, qu’il égalait quand il ne le surpassait pas, ou même au roi cubain Tito Puente.

Les Big Bands de saxophonistes

Quant à la catégorie des big bands de danse d’inspiration jazzique, c’était la plus disputée. Plusieurs des solistes français qui s’étaient illustrés avant ou juste après la guerre, avaient, par goût ou nécessité alimentaire, pris la tête de telles formations. Ainsi le trompettiste Aimé Barelli, qui avait été de très loin dominé par l’excellent Philippe Brun dans le jazz proprement dit pris une sorte de revanche dans la variété. Notons aussi le batteur Jerry Mengo, dont le caractère ombrageux n’empêchait pas le talent.

Mais c’est parmi les saxophonistes que la moisson fut la plus abondante. Citons Hubert Rostaing, qui avait fait partie, surtout d’ailleurs à la clarinette, du Hot Club de France, Noël Chiboust, et surtout Alix Combelle.

Pour Combelle, la variété n’avait jamais été méprisable. Il est l’auteur de bien des refrains avec son complice Loulou Gasté (qui consacra ensuite sa carrière à Line Renaud) qui sont des petits chefs d’oeuvre de fantaisie décontractée. La critique jazzique de l’époque ne croyait pas pouvoir applaudir à ces récréations. Il est vrai qu’en les enregistrant, Alix ne cachait pas l’aspect «alimentaire » de l’exercice mais, loin de les dédaigner, il les chantait avec bonne humeur .

Les mélodies sont faciles mais de bonne qualité et rien que les titres sont déjà des sourires : « écoutez ça », « elle et lui », « oui ! », tel quel, » « en plein sur le nez », « ça s’fait pas ».

Pour autant, n’allez pas croire qu’il s’agissait d’un dilettante. L’organisation de l’orchestre était méticuleuse. Rien, dans les tournées, n’était laissé au hasard. Le car partait à l’heure avec les musiciens, un camion suivait avec les instruments et la sono. Les pupitres étaient pourvus de musiciens sélectionnés à la fois pour leur talent et pour leur sens pratique.

Les sets étaient organisés pour que les 18 musiciens jouent les morceaux d’inspiration jazzique, où Alix plaçait ses impros. Les danses afro-cubaines bénéficiaient des mêmes effectifs (avez-vous entendu Mambo en Sax, ou Skokian, au soprano, par Combelle?) Ensuite, des groupes plus petits se relayaient en variant les danses. Et chez Combelle, les hombres de tango, valaient ceux des meilleurs argentins de Paris!

Combelle avait su aussi s’attacher le concours d’une des meilleures chanteuses d’orchestre, spécialité éclectique et difficile, la belle Claude Nell.

La Vogue d’Alix Combelle

Généralement, les soirées dansantes ne se terminaient pas sans qu’une partie des danseurs et danseuses viennent s’assoir, par terre s’il le fallait, pour profiter encore, malgré la fatigue, des ressources de l’orchestre-roi. C’est la maison Vogue qui donnait alors le ton pour le disque de danse et, malgré son ancienneté, le trio Colombia-La Voix de son Maître-Pathé, avec la fameuse série spirale, peinait à conserver, toutes marques confondues, le premier rang en quantités vendues. Il est vrai que sous l’étiquette de Vogue ou de sa filiale Riviera, se retrouvait les deux surdoués Alix Combelle, Benny Bennet, mentionné plus haut, et nombre d’orchestres également à la mode. Les publicitaires ne s’y étaient pas trompés puisque, sur Radio Luxembourg (maintenant RTL), L’Oreal (à l'époque, c'était Dop-Monsavon) fit arranger et jouer ses indicatifs alternativement par… Bennet et Combelle.

Lorsque vinrent déjà les années ’60, tous les grands orchestres constitués connurent les mêmes problèmes financiers. Celui d’Alix Combelle tint seulement un peu plus longtemps, mais sa mise à la mode de l’américain Ray Conniff, dont le bon goût n’était pas la qualité première, ne fut pas des plus heureuses.

La discographie de Combelle ne rend compte qu’imparfaitement de la carrière de cet artiste. Comme pour tous les musiciens d’avant le dernière guerre, le module limité à 2m30 des vieux 78t limite la portée de ses improvisations. D’autres sites Internet fournissent une discographie pléthorique des oeuvres d’Alix Combelle et nous y renvoyons les amateurs. En outre, les inconditionnels peuvent demander, sur ce site, dans quelles conditions il est possible de prendre connaissance de plages oubliées d’Alix Combelle ou de Benny Bennet.

Les partenaires d’Alix

La liste des musiciens avec qui Alix Combelle a joué ne peut évidemment pas être exhaustive et sans aucun doute le choix suivant comportera des lacunes impardonnables aux yeux de certains, à qui je demande quand même de me le pardonner

Les principaux partenaires américains d’Alix Combelle ont été:

Tommy Dorsey, Buck Clayton (tp), Bill Coleman (tp), Benny Carter, Coleman Hawkins (sax), Freddy Johnson , Lionel Hampton (vib), Ray Stokes (p).

Quant aux nombreux musiciens français qui ont joué avec lui, citons:

Django Reinahrd (g), Stephane Grapelli (v et p), Michel Warlop (v) , André Eykian (sax), Hubert Rostaing* (sax, cl), Noël Chiboust* (sax), Marcel Coestier* (sax), Philippe Brun (tp), Christian Bellest (tp), Aimé Barelli* (tp), Guy Paquinet (tb), Claude Bolling (p) Jacques Diéval (p), Léo Chauliac (p), Bob Castella (p) Lucien Simoëns (b), Jerry Mengo* (batt).

Parmi les autres grands noms du saxophone jazzique français, citons Guy Lafitte, André Persiany, Pierre Gossez, André Villéger.

À partir des années 50, p l u s i e u r s d e s e s partenaires de jazz prirent, comme Combelle, la tête d'orchestres de danse et de variété. Leur nom est signalé dans la liste ci-dessus par le signe*.

(photo du film Pigalle—St Germain des Prés)

Et même les deux grands de l'orchestre à sketch, Ray Ventura (le précurseur) et Jacques Hélian (le continuateur) furent liés à Combelle: Combelle avait joué chez Ventura et Heylian avait joué chez Combelle!