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Technique Machinisme 12 Volonté Paysanne du Gers n° 1296 - 14 juillet 2017 Être autonome en toastant le soja Avez-vous déjà pensé à toaster le soja, le lupin, la féverole ou le pois pour les rendre digestibles aux animaux et améliorer l'autonomie protéique de votre exploitation ? Et bien c’est possible en passant par la Cuma départementale du Gers. Depuis octobre 2015, des éleveurs du Gers, des Hautes-Pyrénées, des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et du Lot-et-Garonne ont la possibilité d’adhérer à la Cuma départementale du Gers pour utiliser un toasteur mo- bile. La machine de la marque ita- lienne Mecmar commercialisée par Hervé Silo permet de toaster du so- ja mais aussi du lupin, de la févero- le et du pois. Le toasteur mobile se déplace d’ex- ploitation en exploitation, ou plutôt, chaque adhérent va le chercher chez le précédent pour l’emmener sur son ex- ploitation. Comment le déplace-t-on ? Certainement pas avec un tracteur ! Car le toasteur est déplacé sur une re- morque routière et l’attelage n’est pas adapté pour un tracteur, on risquerait de le perdre sur la route, ce qui est hors de question pour un investissement qui représente 80 000 euros. Le PTAC (poids total autorisé en charge) de la remorque est de 3,5 tonnes, par conséquent le PTAC du véhicule routier utilisé pour tracter doit faire au moins 3,5 tonnes et avoir par conséquent un PTRA (poids total roulant autorisé) de 7 tonnes minimum. De plus, le permis BE est obligatoire. Certains adhé- rents n’ayant pas de véhicule adapté pour tracteur, louent un véhicule ce qui est une bonne solution et qui n’est pas forcément onéreuse. 60 adhérents pour 1500 tonnes Engagement obligatoire Depuis la mise en service de ce toas- teur, la Cuma départementale du Gers a vu l'utilisation grimper en flèche. Si le projet a été lancé pour 450 tonnes de grains réparties entre 17 produc- teurs, le volume traité avait déjà at- teint les 1 000 tonnes en mai 2016 et 1 500 tonnes/an de grains étaient toastées fin 2016. À la mi-2017, 60 exploitations adhéraient au toasteur de soja sur cinq départements. Fin 2016, le toasteur commençait à atteindre ses limites en termes de volume traité, mais les Cuma des Landes et des Pyrénées-Atlantiques ont investi en 2017. Leur nouveau toasteur est mis en service en juillet ce qui libère des volumes pour le toasteur gersois. La Cuma départe- mentale ouvre donc la possibilité à de nouveaux agriculteurs d’adhérer au toasteur. Ils peuvent être basés dans le Gers, les Hautes-Pyrénées, le Lot-et-Garonne, le Sud de la Dor- dogne, la Haute-Garonne ou le Tarn- et-Garonne. Le toasteur ne se déplacera pas dans un département pour moins de 15 tonnes, il est donc important que plu- sieurs producteurs soient intéressés dans des villages assez proches les uns des autres. Bien-sûr, il s’agit d’un fonctionne- ment en Cuma ce que implique un engagement sur un volume et une durée avec un système de parts so- ciales et une facturation en fin d’an- née en fonction des charges engagées. Actuellement, la souscrip- tion des parts sociales est de 12 eu- ros par tonne engagée, ces parts sociales sont remboursables, si un adhérent souhaite quitter l’activité à la fin de l’amortissement de la ma- chine. Quant à la facturation, en 2016, elle était de 41 €/heure hors GNR. Le dé- bit est de 1,5 à 2 tonnes/heure et la consommation de carburant varie entre 35 et 40 litres/heure soit un prix de revient final de 50 €/tonne maxi- mum incluant le GNR. Alimentation animale L’intérêt du toasteur Le soja possède des facteurs anti- trypsiques aussi appelés facteurs an- tinutritionnels. Il s’agit d’un réseau de protéines qui diminue la digesti- bilité du bol alimentaire, en parti- culier chez les monogastriques. Il n’est donc pas pos- sible de donner le soja tel quel aux ca- nards ou aux pou- lets. Le toasteur, en grillant les graines, permet de détruire thermiquement ces facteurs antinutri- tionnels pour rendre le soja assimilable aux animaux. Il per- met d'améliorer l'au- tonomie protéique des exploitations et d’améliorer la traça- bilité des aliments. Le toasteur est aussi utile sur féverole, lu- pin ou pois. ADAPTER LES RATIONS Toutefois, cette technique nécessite d’adapter les ra- tions car le produit obtenu est entier et non déshuilé. 20 % des gras restent présents. Il faut bien garder à l’esprit qu’on ne peut pas substituer du tourteau de soja par du soja toasté. Les éleveurs d'animaux mono- gastriques (canards et volailles) sont particulièrement intéressés par la technique, mais elle est éga- lement intéressante pour les éle- vages de bovins, d'ovins et de caprins. Chiffres clés • investissement de départ : 80 000 € • utilisation du toasteur fin 2016 : 1 500 tonnes/an • 60 adhérents fin 2016 • 5 départements utilisent le toasteur • débit de chantier : 1,5 à 2 tonnes/heure • consommation : 40 litre de GNR/heure • capital social de départ : 12 €/tonne engagée • facturation 2016 : 41 €/heure hors GNR Plus d’informations : Pôle Machinisme - Chambre d’Agriculture du Gers - FDCUMA 32 Raphaëlle Poissonnet - Tél. 05.62.61.77.13 ou [email protected] Le toasteur est disponible pour de nouveaux adhérents dans le Gers, les Hautes-Pyrénées, le Lot-et-Garonne, le Sud de la Dordogne, la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne. (Photo FD Cuma du Gers) Le toasteur est mobile et doit être déplacé avec un véhicule routier possédant un PTRA (poids total roulant autorisé) de 7 tonnes minimum. Le permis BE est nécessaire. (Photo FD Cuma du Gers)

Etre autonome en toastant le soja VP 1296 - Gers

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Technique Machinisme

12 Volonté Paysanne du Gers n° 1296 - 14 juillet 2017

Être autonome en toastant le sojaAvez-vous déjà pensé à toaster le soja, le lupin, la féverole ou le pois pour les rendre digestibles aux animaux et améliorer

l'autonomie protéique de votre exploitation ? Et bien c’est possible en passant par la Cuma départementale du Gers.

Depuis octobre 2015, des éleveursdu Gers, des Hautes-Pyrénées, desLandes, des Pyrénées-Atlantiques etdu Lot-et-Garonne ont la possibilitéd’adhérer à la Cuma départementaledu Gers pour utiliser un toasteur mo-bile. La machine de la marque ita-lienne Mecmar commercialisée parHervé Silo permet de toaster du so-ja mais aussi du lupin, de la févero-le et du pois.

Le toasteur mobile se déplace d’ex-ploitation en exploitation, ou plutôt,chaque adhérent va le chercher chez leprécédent pour l’emmener sur son ex-ploitation. Comment le déplace-t-on ?Certainement pas avec un tracteur !Car le toasteur est déplacé sur une re-

morque routière et l’attelage n’est pasadapté pour un tracteur, on risqueraitde le perdre sur la route, ce qui est horsde question pour un investissement quireprésente 80 000 euros.

Le PTAC (poids total autorisé encharge) de la remorque est de 3,5tonnes, par conséquent le PTAC duvéhicule routier utilisé pour tracterdoit faire au moins 3,5 tonnes etavoir par conséquent un PTRA(poids total roulant autorisé) de 7tonnes minimum. De plus, le permisBE est obligatoire. Certains adhé-rents n’ayant pas de véhicule adaptépour tracteur, louent un véhicule cequi est une bonne solution et qui n’estpas forcément onéreuse.

60 adhérents pour 1500 tonnes

Engagement obligatoire

Depuis la mise en service de ce toas-teur, la Cuma départementale du Gersa vu l'utilisation grimper en flèche. Sile projet a été lancé pour 450 tonnesde grains réparties entre 17 produc-teurs, le volume traité avait déjà at-teint les 1 000 tonnes en mai 2016et 1 500 tonnes/an de grains étaienttoastées fin 2016. À la mi-2017, 60exploitations adhéraient au toasteurde soja sur cinq départements.

Fin 2016, le toasteur commençaità atteindre ses limites en termes devolume traité, mais les Cuma desLandes et des Pyrénées-Atlantiquesont investi en 2017. Leur nouveau

toasteur est mis en service en juilletce qui libère des volumes pour letoasteur gersois. La Cuma départe-mentale ouvre donc la possibilité àde nouveaux agriculteurs d’adhérerau toasteur. Ils peuvent être basésdans le Gers, les Hautes-Pyrénées,le Lot-et-Garonne, le Sud de la Dor-dogne, la Haute-Garonne ou le Tarn-et-Garonne.

Le toasteur ne se déplacera pas dansun département pour moins de 15tonnes, il est donc important que plu-sieurs producteurs soient intéressésdans des villages assez proches lesuns des autres.

Bien-sûr, il s’agit d’un fonctionne-ment en Cuma ce que implique unengagement sur un volume et unedurée avec un système de parts so-ciales et une facturation en fin d’an-née en fonction des chargesengagées. Actuellement, la souscrip-tion des parts sociales est de 12 eu-ros par tonne engagée, ces partssociales sont remboursables, si un

adhérent souhaite quitter l’activité àla fin de l’amortissement de la ma-chine.

Quant à la facturation, en 2016, elleétait de 41 €/heure hors GNR. Le dé-bit est de 1,5 à 2 tonnes/heure et laconsommation de carburant varieentre 35 et 40 litres/heure soit un prixde revient final de 50 €/tonne maxi-mum incluant le GNR.

Alimentation animale

L’intérêt du toasteurLe soja possède des facteurs anti-

trypsiques aussi appelés facteurs an-tinutritionnels. Il s’agit d’un réseaude protéines qui diminue la digesti-bilité du bol alimentaire, en parti-culier chez les monogastriques. Iln’est donc pas pos-sible de donner lesoja tel quel aux ca-nards ou aux pou-lets.

Le toasteur, engrillant les graines,permet de détruirethermiquement cesfacteurs antinutri-tionnels pour rendrele soja assimilableaux animaux. Il per-met d'améliorer l'au-tonomie protéiquedes exploitations etd’améliorer la traça-bilité des aliments.Le toasteur est aussiutile sur féverole, lu-pin ou pois.

ADAPTERLES RATIONS

Toutefois, cettetechnique nécessited’adapter les ra-tions car le produit

obtenu est entier et non déshuilé.20 % des gras restent présents. Ilfaut bien garder à l’esprit qu’on nepeut pas substituer du tourteau desoja par du soja toasté.

Les éleveurs d'animaux mono-

gastriques (canards et volailles)sont particulièrement intéresséspar la technique, mais elle est éga-lement intéressante pour les éle-vages de bovins, d'ovins et decaprins.

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és • investissement de départ : 80 000 €• utilisation du toasteur fin 2016 : 1 500 tonnes/an• 60 adhérents fin 2016• 5 départements utilisent le toasteur• débit de chantier : 1,5 à 2 tonnes/heure• consommation : 40 litre de GNR/heure• capital social de départ : 12 €/tonne engagée• facturation 2016 : 41 €/heure hors GNR

Plus d’informations :Pôle Machinisme -Chambre d’Agriculturedu Gers - FDCUMA 32Raphaëlle Poissonnet - Tél.05.62.61.77.13 [email protected]

Le toasteur est disponible pour de nouveaux adhérents dans le Gers, les Hautes-Pyrénées, le Lot-et-Garonne, le Sudde la Dordogne, la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne. (Photo FD Cuma du Gers)

Le toasteur est mobile et doit être déplacé avec un véhicule routier possédantun PTRA (poids total roulant autorisé) de 7 tonnes minimum. Le permis BEest nécessaire. (Photo FD Cuma du Gers)