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Etre Juif by Manès SperberReview by: Michael LöwyArchives de sciences sociales des religions, 39e Année, No. 88 (Oct. - Dec., 1994), pp. 103-104Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116308 .

Accessed: 12/06/2014 18:23

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BULLETIN DES OUVRAGES

sur la trame spatio-temporelle des r6cits se tisse un nteud de relations entre les vivants et les morts. Ainsi, le statut du t6moin n'est ja- mais arbitraire: l'apparition se coule dans le cadre de relations, affectives mais plus encore sociales, ant6rieures a sa manifestation, et qui rapprochent les membres d'un groupe autour de la mort de l'un des leurs. C'est sans doute dans ce dernier moment de l'ouvrage que rd- side l'ind6niable originalit6 du travail de J.-C. S. Car de m~me que le cadre spatio-temporel de l'imaginaire m6di6val se construit dans et par les r6cits qui l'6voque, de m~me le noeud de relations sociales qui se dessine dans les r6cits de revenants ne prdexiste pas totalement aux apparitions qui le r6vdlent: il est un pro- duit de ces r6cits plus encore qu'une condition de possibilit6. Ainsi, en substituant a la notion fig6e de croyance >>, celle plus dynamique, de <<croire>>, I'A. montre comment les r6cits de revenants fagonnent, dans le temps meme de leur 6nonciation, les structures de l'imaginaire et les structures sociales n6cessaires a leur rd- ception.

Jean Lambert.

Josephus and Judaean Politics. Leyde, E.J.

88.70 SCHWARTZ (Seth).

Brill, 1990, XI-257 p. (Columbia Studies in the Classical Tradition, XVIII).

Parmi les nombreuses 6tudes sur l'historien juif Flavius Josdphe, celle de S. S. pr6sente un bilan nuanc6 de la valeur historique de l'oeure de Josdphe. Avec deux chapitres de consid6ra- tions sur la vie, I'oeuvre et le d6veloppement intellectuel de Josdphe, I'auteur souligne l'im- portance d'une approche critique de Josdphe, selon que l'on rend compte des 6v6nements d'avant la guerre juive de 66-70 ou d'aprds 70. Les divergences entre le livre de la Guerre Juive et des Antiquitis judaiques, 6crit vers la fin du Ier sidcle, ainsi que le Contre Apion et l'autobiographie, font apparaitre la trds nette 6volution de la position de Josdphe, qui passe des rangs de l'insurrection a l'activit6 de pro- pagandiste de la conquite romaine au sein des milieux dirigeants du judaisme a la fin du Ier s. Meme si la position de Josdphe a toujours 6t6 connue, cette monographie l'illustre autour de trois axes: les informations donndes par Fla- vius Josdphe sur les milieux de la pr~trise, sur la famille royale des h6rodiens, et sur la place des Pharisiens dans la reconstruction du ju- dai'sme d'aprds 70. Il ressort des 6tudes de d6- tail qu'on peut repdrer les pretres d6sertant J6rusalem pendant la guerre juive et ceux qui,

parmi les survivants, ont cherch6 a regagner leurs terres et leurs biens perdus, ceux qui re- joignent le mouvement rabbinique et ceux qui s'organisent autour de Gamaliel II. Parmi les h6rodiens, Josdphe insiste sur un portrait favo- rable du couple royal d'Agrippa pour souligner l'amiti6 du judaisme avec la dynastie imp6riale flavienne; les sources rabbiniques confirment ce portrait et font d'Agrippa un roi pieux dd- sireux de satisfaire les souhaits des Pharisiens. Le dernier chapitre sur les Pharisiens servira le plus ceux qui traitent de l'histoire du ju- dai'sme au Ier sibcle, a cause du traitement par- ticulier du parti pharisien, en fonction de la rdorganisation du judaisme, vers les anndes quatre-vingt, avec la figure de Gamaliel II, sans doute impos6 par les Romains. Si dans la Guerre juive, Josdphe vante les mdrites de la vieille aristocratie juive, il cherche plut8t dans les Antiquitis a exhorter ses contemporains au respect strict des obligations 16gales du phari- sai'sme, et du pouvoir politique qui les d6fend. Chaque fois que cela est possible, I'A. examine si les sources rabbiniques confirment le juge- ment de Josdphe; il arrive ainsi a conclure a une double 6dition des Antiquitis, en 93/94 et en 98. Une telle monographie d6montre a sou- hait, s'il en 6tait encore besoin, qu'on ne peut pas se passer de Josdphe pour reconstruire l'histoire des origines du pharisai'sme rabbini- que.

Jean-Daniel Dubois.

Etre Juif. Paris, Editions Odile Jacob, 1994,

88.71 SPERBER (Mands).

216 p. (Pr6face d'Elie Wiesel).

N6 dans un Shtetl de Galicie (la province polonaise de l'Empire austro-hongrois), M. S. (1905-1984) est devenu d'abord disciple et as- sistant du psychologue Alfred Adler, ensuite militant communiste (au cours des ann6es 30) et, dans l'aprds-guerre, dcrivain et essayiste, proche ami d'Arthur Kostler et de Raymond Aron.

Ce recueil de ses articles et essais sur le ju- dai'sme n'a rien de syst6matique: l'identit6 juive, la litt6rature yiddish, la signification de la Bible, le sionisme, l'antis6mitisme et le g6- nocide (qu'il d6signe par le terme h6breu Hourban, destruction) sont abord6s au fil des pages, toujours d'un point de vue original et p6n6trant.

On voit se dessiner ici les contours d'un ju- dai'sme h6r6tique, non religieux mais inspir6 par la Bible, non sioniste mais favorable a Is- rail, entidrement immerg6 dans l'univers cultu-

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

rel juif mais hostile a tout <ajuddo-centrisme>>. Bref, un judafsme humaniste et laYque, forte- ment impr6gn6 de messianisme 6thique et d'une spiritualit6 v6t6ro-testamentaire. Cela vaut notamment pour le premier texte du re- cueil, aMon &tre Juif>>, souvent lu et discut6 en Allemagne et aux USA, mais traduit ici pour la premidre fois en frangais.

Sperber commence en avouant que le Mur des Lamentations lui dit moins que l'Acropole d'Athdnes... A ses yeux, la perte du Temple de Jdrusalem et de la pr~trise a 6td une source de force pour le peuple juif: Le judaisme a 6t6 sauv6 parce qu'il n'6tait d6sormais lid a aucun lieu et a aucune institution, parce qu'il n'6tait plus attach6 a rien qui pot 8tre perdu >>.

L'6thique juive dont il se rdclame est celle contenue dans la c6lbre maxime de rabbi Hil- lel: aCe que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas aux autres>>. Ni v6ritablement croyant, ni sioniste convaincu, M. S. cherche a d6finir en d'autres termes son identit6 juive et finit par proposer cette d6finition de son ju- da'sme: <la solidarit6 avec tous ceux envers lesquels on a commis une injustice >>. Comme beaucoup d'autres intellectuels juifs de cette g6n6ration, il a s6cularis6 le messianisme dans une foi socialiste et humaniste; mais contrai- rement a la plupart, il revendique fidrement cette filiation spirituelle: a<Aucune mort de martyr, aucune grice du rddempteur ne r6pond a cette attente si ardente, car la venue du Mes- sie ddpend de nous-m~mes, du labeur de tous >>.

La Bible occupe 6videmment une place cen- trale dans ce judai'sme h6tdrodoxe, extraterri- torial et diasporique: a Par la suite, quand est survenu le malheur de l'exil, cet antipaganisme a fait que les Juifs n'ont pas trouv6 leur patrie dans un espace ddfini, dans des bitiments de pierre, dans des idoles, mais dans la parole. La Bible est la patrie des Juifs. Sans la Bible et ses promesses, les Juifs auraient disparu>>. Ce refus du pouvoir temporel et eccl6siastique conduit Sperber a c616brer l'hdritage de Yavne, le centre d'6tude et de pridre construit, a l'6poque de l'occupation romaine, par Johanan bar Zakkai hors des murs de Jdrusalem : cette

exp6rience a appris aux Juifs ah vivre sans le Temple, sans pretres et sans sacrifices >.

T6moignage d'un esprit libre et non-confor- miste, a la fois moderne et enracind dans la tradition messianique, ce petit recueil illustre un certain type de rapport entre le politique et le religieux qui se manifeste, sous des formes diverses, au sein de la culture juive d'Europe centrale.

Michael L6wy.

The Catholic Church in Modern China. Perspectives. Maryknoll (N.Y.), Orbis Books,

88.72 TANG (Edmond), WIEST (Jean-Paul) 6ds.

1993, XX-260 p. (carte).

Les deux 6diteurs - E. T. directeur depuis 1991 de China Study Journal, un trds bon pd- riodique d'information sur l'actualit6 reli- gieuse en Chine populaire, publid par le Conseil des Eglises de Grande-Bretagne et d'Irlande, et J.-P. W., sp6cialiste du catholi- cisme en Chine, dont l'histoire de la congr6- gation missionnaire amdricaine de Maryknoll reste le moddle du genre (cf. Arch., 67, no 472) - ont voulu initier le lecteur anglophone, d'une fagon pratique et cependant de haut niveau, a la situation contrastde du catholicisme dans la Chine communiste, avec quelques aperrus comparatistes sur la situation du protestan- tisme. Pour cela, ils ont regroup6 les meilleurs articles publi6s sur le sujet dans les ann6es 1990-1992, en l61iminant les redites et les 6ven- tuelles incohdrences, en les mettant a jour par une chronologie des 6v6nements (p. XIII- XVII) et des notes d'actualisation, et, surtout, en prenant soin de laisser toutes les voix s'ex- primer.

Les auteurs sont principalement des pretres. Comme lai'cs thdoriciens du catholicisme en Chine, il n'y a, outre les deux 6diteurs, que Julia Ching, une universitaire d'origine chi- noise professant les religions orientales au Ca- nada. Les autres thdoriciens extdrieurs a la Chine communiste sont des pretres, soit occi- dentaux, membres de congrdgations tourn6es vers l'apostolat en Chine (trois j6suites, dont les PP. E. Malatesta et Hans Waldenfels, un MEP, un scheutiste), soit chinois de Hong Kong, membres du clerg6 dioc6sain ou d'une congrdgation (ainsi le P. Aloysius B. Chang, supdrieur de la province j6suite de Chine). Le noyau le plus instructif est form6 par six td- moignages 6manant de pr~tres ou 6v~ques de Chine communiste (et un pr~tre chinois des Philippines), repr6sentant le point de vue soit de l'Eglise officielle dite apatriotique >> (Mgr Jin Luxian, 6v~que de Shanghai en particulier), soit de l'Eglise clandestine (ainsi une d6clara- tion attribu6e - d'une manidre douteuse - a Mgr Fan Xueyan, 6v~que r6fractaire mort de fagon suspecte en 1992), soit une position moyenne. L'int6ret suscit6 par ces pidces fait regretter que les 6diteurs aient omis de donner a leur sujet quelques informations biographi- ques et contextuelles, les pretres de Chine et des Philippines n'apparaissant mime pas dans la liste finale des collaborateurs au recueil (un commentaire aux d6clarations de Mgr Ma Ji,

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