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Cadre Régional de Concertation des Organisations de
Producteurs de Riz de l’Afrique de l'Ouest / ROPPA
ETUDE ANALYTIQUE DE LA PRODUCTION NATIONALE
DE RIZ, DES IMPORTATIONS ET DE LEURS IMPACTS
SUR LA COMMERCIALISATION DU RIZ LOCAL AU MALI
RAPPORT FINAL
REALISE PAR : CIREF-MALI (Conseils – Etude & Formation) BP :563 - SEGOU – Tél : (+223) 66 72 41 73 / 7603 01 24 Email : [email protected] ; [email protected]
1
Sommaire INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 3
I. REVUE DE LA FILIERE RIZ AU MALI ............................................................................................... 5
1.1. LES POLITIQUES ET STRATEGIES DE REFERENCE DU DEVELOPEMENT AGRICOLE AU MALI . 5
1.2. LES PRINCIPAUX ACTEURS DES CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DU RIZ .......................... 8
1.2.1. LES PRODUCTEURS ET LES ORGANISATIONS PAYSANNES............................................... 9
1.2.2. LES TRANSFORMATEURS ................................................................................................. 9
1.2.3. LES COLLECTEURS (Dépendants/Indépendants) ............................................................. 9
1.2.4. LES REGROUPEURS (Dépendants/Indépendants) ......................................................... 10
1.2.5. LES DEMI-GROSSISTES ................................................................................................... 10
1.2.6. LES GROSSISTES/IMPORTATEURS .................................................................................. 10
1.2.7. LES DETAILLANTS ........................................................................................................... 10
1.2.8. L’OPAM .......................................................................................................................... 11
1.2.9. ONG - Afrique Verte/ AMASSA (Association Malienne pour la Sécurité et la
Souveraineté Alimentaires) ........................................................................................................... 11
1.3. LA PRODUCTION ET LES POTENTIALITES DE LA RIZICULTURE AU MALI ................................. 12
1.4. LA PRODUCTION DE RIZ AU MALI .......................................................................................... 13
1.5. LES POTENTIALITES DE LA RIZICULTURE AU MALI ................................................................. 14
II. LES IMPORTATIONS DE RIZ ET LEURS MECANISMES DE REGULATION AU MALI .......................... 16
2.1. EVOLUTION DES IMPORTATIONS DE RIZ AU MALI ............................................................... 16
2.2. LES MECANISMES DE REGULATION DES IMPORTATIONS ..................................................... 17
III. ANALYSE DE LA PRODUCTION NATIONALE DE RIZ ET DES IMPORTATIONS ............................. 18
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Evolution des Superficies, des rendements et de la production du riz paddy ..................... 14
Tableau 2 : Répartition des terres aptes à l’irrigation par région .......................................................... 14
Tableau 3 : Importations de riz au Mali de 2000 à 2012 ....................................................................... 16
Tableau 4 : Taux de couverture des besoins nationaux par la production de riz local .......................... 19
2
SIGLES ET ABREVIATIONS AFD: Agence Française de Développement AMASSA: Association Malienne pour la Sécurité et la Souveraineté Alimentaire AV: Association villageoise CAF: Coût Assurance et frêt CARD: La Coalition Africaine de Développement de la Riziculture CSCRP: Cadre Strategigue de Croissance et de Réduction de la Pauvreté CSLP: Cadre Strategigue de Lutte contre la Pauvreté DNCC: Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence EA: Exploitation Agricole EAC-CPS/SDR: Enquête Agricole de Conjoncture-Cellule de Planification de Suivi EAF: Exploitation Agricole Familiale GDCM: Grand Distributeur Céréalier au Mali IER: Institut d'Economie Rurale LOA: Loi d'Orientation Agricole ODRS: Office de Développement de la Riziculture de Selingue OMD: Objectifs du Millénaire pour le Développement ONG: Organisation Non Gouvernementale OP: Organisation Paysanne OPA: Organisation Professionnelle Agricole OPAM: L'Office des Produits Agricoles du Mali PDA: La Politique de Développement Agricole PIB: Produit Intérieur Brut PNDI: Programme Nationale de Développement de l'Irrigation PNIP: Le Programme Nationale d'Irrigation de Proximité PNIP-SA: Plan National d'Investissement Prioritaire du Secteur Agricole PNISA : Le Programme Nationale d'Investissement dans le Secteur Agricole PNSA: Le Programme Nationale de Sécurité Alimentaire PPIV: Petit Périmètre Irrigué Villageois PTF: Les Partenaires Techniques et Financiers RGA: Recensement Général de l'Agriculture ROPPA: Réseau des Organisations Professionnelles Paysannes en Afrique SDDR: Schéma Directeur du Développement Rural SNDI: La Stratégie Nationale de Développement de l'Irrigation SNDR: La Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture SNSA: La Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire TEC: Tarif Extérieur Commun TVA: Taxe sur la Valeur Ajoutée UEMOA: Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
3
INTRODUCTION L’économie malienne repose essentiellement sur l’agriculture. Celle-ci occupe près de 75% de la
population active, elle contribue pour environ 40% du produit intérieur brut et fournit 30% des recettes
d’exportation.
Au Mali, la filière riz génère près de 8,3% du PIB agricole et se classe ainsi juste après l’élevage et le
coton, elle représente environ 5% du PIB national. Le riz joue un rôle crucial dans la sécurité
alimentaire des populations maliennes, devant le mil et le sorgho, principalement au niveau des centres
urbains. L’augmentation de la consommation de riz s’est faite de manière spectaculaire, selon le bilan
céréalier 2011, la consommation moyenne annuelle par habitant au Mali est de 61,46 kg, contre 57,24
kg en 2006.
Le Mali dispose d’importantes potentialités rizicoles. Cependant, ces potentialités restent encore
insuffisamment exploitées, les superficies jugées aptes à la riziculture irriguées sont évaluées à près
2 200 000 ha dont seulement 20% sont mises en valeur à ce jour.
La crise alimentaire de 2008, a stimulé la mise en place de l’initiative riz visant à faire du Mali un
pays autosuffisant en riz mais également exportateur de riz en Afrique de l’Ouest. Selon le bilan 2011-
2012 de l’initiative riz, la production de riz marchand au Mali avait été de 1'079 713 tonnes de riz
paddy, marquant une régression de 24% par rapport aux résultats de 1'429'479 tonnes de riz paddy en
2010-2011. La performance reste importante quand on sait qu’en 1988, la production de riz paddy
était de 287'797 tonnes. Cette performance est basée, d’une part, sur les dispositions naturelles dont
bénéficie le pays, et, d’autre part, sur les reformes et politiques à partir des années 1980.
Problématique et objectifs de l’étude
Au Mali, malgré les résultats encourageants issus des dernières réformes tant au niveau des quantités
produites qu’au niveau de l’approvisionnement des marchés et des prix aux producteurs et à la
consommation, le pays continue toujours à importer des quantités de plus en plus importantes de riz,
cela en dépit des grandes potentialités en eaux et terres aptes à l’irrigation et aussi dans un contexte
difficile de finances publiques et de balance de paiement.
L’urbanisation rapide, assimilable à une explosion démographique, et souvent suivie d’une
extraversion des modèles alimentaires traditionnels, est la cause principale de l’accroissement
tendanciel des importations de riz. Mais, il faut également reconnaitre que cette tendance à la
consommation accrue de riz est également observée ces dernières années en milieu rural, notamment
dans les régions du nord où la production céréalière est chroniquement déficitaire.
4
En plus du niveau de mise en valeur très faible des potentialités de production rizicole, environ 20%,
les mauvaises conditions et l’insuffisance des capacités de stockage, la faible qualité du riz à la
transformation et surtout le manque de performance des circuits de commercialisation, sont autant de
facteurs qui occasionnent des pertes considérables (près de 30%) pendant la campagne de
commercialisation et entraine des écarts importants entre les disponibilités en riz à la récolte et les
autres périodes de l’année ; d’où la nécessité d’importer du riz, même en année de production
suffisante.
La présente étude a pour objectif global de faire l’état des lieux de la production et des importations de
riz au Mali afin d’analyser les conditions et les opportunités de substitution du riz local aux
importations. Plus spécifiquement, l’étude permettra de contribuer au développement de la
commercialisation du riz local sur le marché national en faisant des propositions de régulation des
importations de riz tout en identifiant les mécanismes déterminants du circuit commercial. A cet effet,
les objectifs spécifiques de l’étude sont:
� Analyser le niveau de production du riz local et les potentialités maximales de production par
région (capacités de productions des organisations de producteurs) au cours des dix dernières
années ;
� Analyser les besoins en riz local des marchés urbains et ruraux corrélés à la production
nationale et aux statistiques des stocks aux différents niveaux, sur la même période ;
� Faire une cartographie des besoins des commerçants et les institutions capables d’acheter la
production locale ;
� Analyser les volumes des importations et leur périodicité au cours de l’année ;
� Analyser les mécanismes de subvention des importations et leurs impacts sur la
commercialisation du riz local ;
� Proposer un schéma de régulation des importations de riz.
5
I. REVUE DE LA FILIERE RIZ AU MALI
La riziculture malienne occupe une place centrale dans les politiques et stratégies de sécurité
alimentaire qui demeurent prioritaires au niveau des axes de développement économique et social du
pays. En effet, dans un pays à grands risques climatiques, avec des variations des niveaux de
production très importantes, le riz est la seule spéculation relativement sécurisée pour une grande
partie de sa production qui est assurée par une maîtrise totale de l’eau. De plus, contrairement au mil,
sorgho et maïs, dont les prix connaissent de fortes variations saisonnières au cours de l’année, mais
aussi d’une année à l’autre, le riz a l’avantage d’avoir des prix relativement stables, ce qui donne une
visibilité et une sécurité économique et financières aux riziculteurs et aux consommateurs.
Les politiques de développement de la filière riz au Mali sont donc totalement justifiées par leurs
effets escomptés sur les équilibres macroéconomiques, sur le renforcement de la sécurité alimentaire
notamment dans les villes et sur la pauvreté surtout si les niveaux de productions atteints permettent
une substitution significatives aux importations.
1.1. LES POLITIQUES ET STRATEGIES DE REFERENCE DU DEVELOPEMENT AGRICOLE
AU MALI
De l’indépendance à nos jours les gouvernements successifs du Mali ont mis en œuvre
plusieurs politiques en vue de promouvoir l’essor du monde rural et le développement
socioéconomique du pays. Les plus récentes de ces politiques et stratégies sont les différentes
générations du CSCRP (ex CSLP), la Loi d’Orientation Agricole (LOA), la Politique de
Développement Agricole (PDA), le Programme National d’Investissement dans le Secteur
Agricole (PNISA), la Stratégie Nationale de Développement de l’Irrigation (SNDI),la
Stratégie Nationale de développement de la Riziculture (SNDR), l’Initiative Riz , la Stratégie
Nationale de Sécurité Alimentaire (SNSA), le Programme National de Sécurité Alimentaire
(PNSA) ; le Programme National d’Irrigation de Proximité (PNIP) etc.
Le cadre stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté (CSCRP, 2012-2017) est
l’unique cadre de référence pour la formulation et la mise en œuvre des politiques de
développement économique et social au Mali, il prend en compte l’atteinte des Objectifs du
Millénaires pour le Développement (OMD) à l’horizon 2015. Il fédère dans un cadre cohérent
l’ensemble des politiques et stratégies sectorielles et identifie les besoins financiers ainsi que
les moyens pour satisfaire leur mise en œuvre. Il est l’unique cadre de négociation avec les
PTF.
6
Dans le domaine agricole, la vision sectorielle à long terme du CSCRP (2012-2017) est de
faire du Mali une puissance agropastorale sous régionale, où le secteur agricole est le moteur
de l’économie nationale, assurant la sécurité alimentaire des populations urbaines et rurales et
générant des emplois et des revenus significatifs dans une logique de développement durable
et respectueux de l’environnement. Pour atteindre ces objectifs, le Mali doit relever les défis
suivants: i) accroître la productivité et les rendements des productions agricoles dont le riz ; ii)
diversifier la production de céréales sèches ou pluviales en se fondant et en renforçant les
succès obtenus au niveau des filières riz et mangues ; iii) renforcer les capacités des acteurs ;
iv) moderniser les exploitations agricoles familiales et faire des paysans maliens de vrais
entrepreneurs ; v) améliorer le fonctionnement des marchés, en assurant un bon accès à
l’information à travers une coordination entre les producteurs, transformateurs, transporteurs
et négociant au moyen d’une bonne gestion de la chaine des valeurs ; vi) renforcer la qualité
du riz marchand ; vii) promouvoir l’amélioration du cadre institutionnel et les mécanismes
d’incitation du secteur privé, à tous les niveaux de la chaine des valeurs (production,
transformation et commercialisation), notamment en ce qui concerne le régime foncier et les
droits de propriété de la terre, l’accès au crédit et les mécanismes appropriés de crédit pour
les intrants et les équipements agricoles, l’accès à l’électricité agricole, l’allègement des coûts
de transport, des télécommunication et des lourdeurs administratives ; viii) combler le déficit
en infrastructures d’irrigation, en routes, points d’eau et pistes rurales, en énergie, en
infrastructures de stockage, de transformation et de conditionnement du riz ; ix) développer la
recherche rizicole et les nouvelles technologies et assurer leur mis à disposition aux
producteurs ; x) coordonner les investissements et l’efficience des dépenses publiques dans le
secteur rural.
La LOA a été adoptée par l’Assemblé Nationale en 2006, son processus d’élaboration a
débuté en 2005 à travers des concertations entre le Gouvernement et la société civile autours
des points ci-après : la question du foncier agricole; le statut des exploitations; la
modernisation de l’agriculture ; le développement des filières; le financement de l’agriculture;
la recherche scientifique et la vulgarisation; la facilitation d’insertion des jeunes dans le
secteur agricole. La LOA se veut l’instrument directif et fédérateur pour l’ensemble des
dispositions législatives et réglementaires touchant aux domaines de l’agriculture, de
l’élevage, de la pêche et de la forêt. Elle vise à dessiner ce que sera le secteur agricole à court,
moyen et long terme. Elle concerne l’ensemble des activités économiques en milieu rural
(agriculture au sens strict, élevage, pêche continentale, sylviculture, cueillette, transformation,
7
commerce, services), ainsi que leur impact social et environnemental. Les politiques
développées dans chacun des sous – secteurs font partie intégrante de la politique générale de
développement agricole.
Axée sur la modernisation de l’agriculture, la LOA fait de la maîtrise et de la mobilisation des
ressources en eau des objectifs majeurs fondés sur le principe d’une gestion rationnelle,
durable et intégrée constitutif d’une politique nationale de l’eau. Elle reconnait comme entité
de base l’exploitation agricole familiale utilisant la terre irriguée en tant que facteur de
production.
Dans le cadre de l’opérationnalisation de la LOA, le Gouvernement du Mali a entrepris avec
l’ensemble des PTF de passer à une approche sectorielle de développement du secteur
Agricole. Dans cette optique l’Etat a entrepris l’élaboration d’une Politique de
Développement Agricole unique (PDA) et d’un Programme National d’Investissement dans le
Secteur Agricole (PNISA).
La PDA qui a vocation à remplacer le Schéma Directeur du Développement Rural (SDDR)a
pour but de promouvoir une Agriculture durable, moderne et compétitive reposant sur les
Exploitations Agricoles Familiales (EAF), les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA)
reconnues et sécurisées ainsi que sur le développement d’Exploitations Agricoles (EA) de
moyenne, de grande taille, afin d’augmenter la compétitivité des produits maliens et limiter la
dépendance alimentaire, tout en générant une dynamique de création d’emplois formels. La PDA
repose sur la responsabilisation effective des services de l'Etat, des Collectivités territoriales, de
la profession Agricole, des exploitants Agricoles et de la société civile. Elle privilégie la
promotion de partenariats et la création de marchés communs au sein des grands ensembles
économiques sous régionaux, régionaux et internationaux. Plus spécifiquement, la Politique de
Développement Agricole vise entre autres à Assurer la sécurité alimentaire de l'ensemble des
populations du Mali en couvrant 100% des besoins alimentaires de la nation à l'horizon 2020.
Quant au PNISA, il sera le programme national du Mali pour le secteur Agricole au sens
large, prenant en compte les besoins tant de fonctionnement que d’investissement, les acquis,
les gaps à rechercher pour l’investissement et le fonctionnement du secteur. Il fédèrera
l’ensemble des projets et programmes en cours et en perspective dans ce secteur. Dans le
cadre du PNISA et conformément à la LOA, il est prévu l’élaboration du Programme National
de Développement de l’Irrigation (PNDI) qui prendra en compte la grande, la moyenne et la
petite irrigation ainsi que le renforcement des capacités des différents acteurs intervenant dans
8
le sous-secteur. La formulation de la politique de développement agricole et du PNISA
comme cadre de référence intègre le processus PDDAA (de l’Union Africaine) qui soutient la
mise en œuvre du Plan National d’Investissement Prioritaire du Secteur Agricole du Mali
(PNIP-SA) et le Programme National d’Irrigation de Proximité (PNIP).
La Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture (SNDR), initiée dans le cadre de
la coalition africaine de développement de la riziculture (CARD) s’inspire de la Loi
d’Orientation Agricole. Elle a pour objectif d’intensifier les systèmes à fort potentiel de
production. Ainsi, huit (8) domaines prioritaires ont été retenus et qui devront permettre au
Mali de doubler, voire de tripler sa production de riz à l’horizon 2018. Il s’agit de : i) les
semences ; ii) les ressources phylogénétiques ; iii) les engrais ; iv) les activités post-récoltes et
la commercialisation du riz ; v) l’irrigation et les techniques de régulation des eaux ; vi) la
recherche et la diffusion des technologies ; vii) le renforcement des capacités ; viii) l’accès au
crédit agricole et le service d’appui conseil.
1.2. LES PRINCIPAUX ACTEURS DES CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DU RIZ
Les intervenants dans les circuits de commercialisation du riz local sont assez nombreux et diversifiés.
De façon générale on distingue les acteurs suivants : i) les producteurs et les organisations paysannes ;
ii) les transformateurs ; iii) les collecteurs/dépendants-indépendants; iv) les
regroupeurs/assembleurs/dépendants-indépendants; v) les grossistes/Importateurs ; vi) les demi-
grossistes; vii) les détaillants et ; viii) l’OPAM.
Les producteurs et les organisations paysannes, les transformateurs, les collecteurs/dépendants-
indépendants, les regroupeurs/assembleurs/dépendants-indépendants interviennent exclusivement sur
les marchés ruraux pour la collecte et l’assemblage du riz local. Quant aux autres acteurs c’est-à-dire
les grossistes/Importateurs, les demi-grossistes et les détaillants, ils interviennent à la fois sur les
marchés ruraux et urbains pour la distribution du riz local.
Le circuit de distribution du riz importé comprend certains intervenants majeurs de celui du riz local. Il
s’agit des grossistes/importateurs, des demi-grossistes et des détaillants. Les flux à ce niveau partent
des grossistes aux détaillants en passant par les demi-grossistes. Ils interviennent à la fois sur les
marchés ruraux et urbains.
9
1.2.1. LES PRODUCTEURS ET LES ORGANISATIONS PAYSANNES
Au niveau des zones aménagées où les superficies emblavées sont considérables, les producteurs et
leurs Organisations Paysannes (OP) organisent les opérations de production et la mise en marché du
surplus commercialisable. Pour ce faire, les OP assurent le stockage dans leurs magasins et procèdent
à la transformation (décorticage) avant d’écouler le riz marchand sur les différents marchés ruraux.
Les OP retiennent également en nature les remboursements de crédit de leurs membres qui sont aussi
stockés et transformés en attendant d’être drainés sur les marchés. Ce mode de crédit est le plus
répandu parce que très peu de producteurs individuels ont accès au crédit formel car ils sont pour la
plupart très endettés. Le programme initiative riz a revigoré de façon significative la production de riz
en subventionnant de 50% les intrants (engrais et semences) et en facilitant l’accès au crédit pour les
OP éligibles.
1.2.2. LES TRANSFORMATEURS
Depuis la fermeture des rizeries industrielles de l’Office du Niger en 1995 suite à la libéralisation du
secteur rizicole, la transformation du paddy est presque exclusivement effectuée par les petites
décortiqueuses privées le plus souvent près des zones de production.
Les transformateurs décortiquent le riz paddy en DP ou en riz blanchi et trié, ils font des prestations de
service ou transforment leur propre production. Ils achètent aussi du riz tout venant procèdent à
l’amélioration de sa qualité pour le céder ensuite aux grossistes, aux détaillants ou même aux
consommateurs. L’introduction des petites décortiqueuses a beaucoup contribué à la diminution de la
vente de riz paddy, de nos jours la proportion de la production vendue sous forme de riz paddy ne
dépasserait pas les 10% en zone Office du Niger. Cependant, le riz issu de la transformation par les
petites décortiqueuses souffre de problèmes sérieux de qualité qui ne correspond guère aux normes
commerciales internationales.
Pour résoudre ce problème de qualité du riz local malien, des mini rizeries ont été récemment
installées ainsi que deux usines de transformation, à Ségou et Mopti, par le groupe Grand Distributeur
Céréalier au Mali (GDCM). Actuellement, les mini rizeries et les deux rizeries de DGCM offre du riz
blanchi de très bonne qualité correspondant aux standards internationaux. Toutefois, les capacités
existantes sont loin de couvrir les besoins nationaux de transformation du paddy en riz de qualité.
1.2.3. LES COLLECTEURS (Dépendants/Indépendants)
Ils opèrent pour le compte des regroupeurs, soit avec des fonds mis à disposition par ceux-ci, soit avec
des fonds propres. Ils collectent des petites quantités de riz au niveau des zones de production,
généralement à l’occasion de la tenue des marchés ruraux hebdomadaires qu’ils fréquentent.
10
1.2.4. LES REGROUPEURS (Dépendants/Indépendants)
Lorsqu’ils sont indépendants, ils disposent de leurs propres fonds qu’ils utilisent pour acheter du riz
qu’ils livrent ensuite à un grossiste chef du réseau auquel ils appartiennent généralement. Ils possèdent
des magasins de stockage et de transit au niveau des gros marchés de regroupement. Quand ils sont
dépendants, ils opèrent avec les fonds du chef de réseau avec lequel ils conviennent d’un prix de
rendement qui est fonction de l’offre et de la demande sur les marches hebdomadaires qu’ils
fréquentent. Quel que soit le statut du regroupeur, le chef du réseau s’informe de façon autonome, en
guise de contrôle, sur les prix pratiqués au niveau des différents marchés de regroupement.
1.2.5. LES DEMI-GROSSISTES Relativement plus nombreux que les grossistes, ils interviennent directement sur les marchés
hebdomadaires, généralement les gros marchés de regroupement. Ils traitent des quantités inférieures à
celles des grossistes. Au niveau des grands centres urbains ils servent d’intermédiaires entre les
grossistes et les détaillants.
1.2.6. LES GROSSISTES/IMPORTATEURS Présentement, on dénombre une dizaine d’opérateurs grossistes/importateurs au Mali dont trois
contrôlent les 75% du circuit de l’importation du riz. Ils disposent d’importantes capacités de
stockage. L’entrée dans ce maillon de la chaine de commercialisation est limitée à cause de la grande
surface financière nécessaire pour importer à des quotas et prix compétitifs. Certains grossistes
s’insèrent progressivement dans le circuit de commercialisation du riz local dont ils tentent d’intégrer
plusieurs fonctions (production, transformation, transport et distribution). Ils sont les principaux
partenaires de l’OPAM pour les appels d’offre et les offres publiques.
1.2.7. LES DETAILLANTS Ils sont en nombre plus important que les autres acteurs des circuits de commercialisation, ils sont
présents au niveau des gros marchés de consommation des villes et villages ainsi qu’au niveau des
quartiers dans les boutiques de distribution de détail. Ils vendent des petites quantités 1 à 5 Kg
directement aux consommateurs. Ils utilisent le crédit fournisseur auprès des demi-grossistes, suivant
des volumes relativement limités qu’ils renouvellent au fur et à mesures des règlements.
11
1.2.8. L’OPAM
L’OPAM est rentré dans la commercialisation du riz depuis l’initiative riz et dispose par an de près de
25 à 30 000 tonnes de riz (local et aides alimentaire importées) comme stock de régulation du marché
céréalier par l’état. L’OPAM intervient à travers des appels d’offre pour acheter et des offres
publiques pour vendre. Les achats sont effectués à la période des récoltes à des prix rémunérateurs
pour les producteurs et les ventes sont faites pendant les mois de soudures à des prix accessibles pour
les consommateurs. Les appels d’offre et les offres publiques de l’OPAM s’adressent généralement
aux commerçants et de plus en plus aux OP et AV pour les achats. Cependant, les commerçants sont
les principaux acquéreurs des ventes de l’OPAM conformément aux dispositions du Contrat Plan Etat-
OPAM.
1.2.9. ONG - Afrique Verte/ AMASSA (Association Malienne pour la Sécurité et la
Souveraineté Alimentaires)
L’ONG - Afrique Verte/ AMASSA est un facilitateur des transactions de céréales entre zones
déficitaires et zones excédentaires en cérales. Elle intervient depuis en partenariat avec son antenne au
Mali l’AMASSA pour faciliter les échanges entre acteurs à travers l’organisation des bourses de
céréales au Mali, aussi bien pour le riz que pour les céréales sèches. Ces bourses sont organisés après
les récoltes (de décembre à mars), période de disponibilité des stocks, et à plusieurs niveaux : (a) les
mini bourses regroupent offreurs et demandeurs, pour un axe de commercialisation, le plus souvent sur
un seul type de céréale ; (b) les bourses régionales (à Kita et à Diéma), organisées à l’intérieur d’une
région et concernent toutes les céréales ; (c) la bourse nationale, organisée une fois par an,
généralement à Ségou, et (d) une bourse internationale à Kayes regroupant chaque année environ 120
opérateurs céréaliers de la région de la vallée du fleuve Sénégal pour favoriser les échanges de
céréales entre le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. Malgré leur volume modeste (en moyenne, 9 679
tonnes ont été vendues entre opérateurs céréaliers du Mali à travers les bourses entre 2001 et 2008), les
bourses remplissent plusieurs fonctions qui contribuent à la modernisation de la commercialisation: la
mise en commun des acheteurs et des vendeurs (par exemples les OP rizicoles de l’Office du Niger et
les coopératives des consommateurs de la région de Kayes) pour qu’ils puissent négocier des contrats
de livraison, (b) la création des incitations pour renforcer les capacités des OP pour les ventes et les
achats regroupés, et (c) informer et former des acteurs (par exemple à travers les conférences débats
lors des bourses) sur les aspects clé de la commercialisation tel que la relation entre coûts de
production et fixation des prix de vente, la notion de qualité, le groupage des offres et des besoins en
céréales, et la contractualisation des transactions (AMASSA/Afrique Verte Mali).
12
1.3. LA PRODUCTION ET LES POTENTIALITES DE LA RIZICULTURE AU MALI
La culture du riz au Mali est selon les spécialistes l’une des plus anciennes au monde, notamment dans
le Delta du Niger, où les paysans jouent depuis des millénaires avec les aléas croisés de la pluie et des
crues (AFD 2005).
De façon générale, le riz est produit au Mali selon cinq systèmes de riziculture :
� La riziculture avec maitrise totale de l’eau, elle concerne : i) les grands périmètres irrigués par gravitation à l’Office du Niger, à Baguinéda et sélingué ; ii) les grands et moyens périmètres irrigués par pompage, il s’agit des cas des périmètres de Amadia et Korouyomé à Tombouctou, du périmètre; iii) les petits périmètres irrigués villageois (PPIV) par pompage dans le delta du Niger dans les régions de Mopti, Tombouctou et Gao. L’Office du Niger représente la plus grande zone de ce type de riziculture avec son potentiel d’environ 900 000 ha dont seulement 120 000 ha sont en exploitation. Les superficies aménagées de ce type de riziculture sont d’environ 160 000 ha. De nouveaux aménagements sont prévus en zone Office du Niger et concernent les superficies allouées au Millenium Challenge (16 000 ha), au programme Libyen (100 000 ha) et à l’UEMOA (5 000 ha). Les rendements au niveau de ce type de riziculture varient entre 6 et 10 tonnes/ha.
� La riziculture avec submersion contrôlée et libre, la submersion contrôlée concerne les systèmes de riziculture pratiqués dans les périmètres de l’office riz Ségou, de l’office riz Mopti, des périmètres de San et Kléla. La riziculture en submersion contrôlée est largement tributaire de la pluviométrie pour les semis et par la suite du volume de l’eau et de la durée de la crue des fleuves pour la submersion. Les superficies aménagées sont de l’ordre 74 000 ha, les rendements varient de 0,8 à 2,5 tonnes/ha. La riziculture traditionnelle par submersion libre est pratiquée au bord des fleuves avec une irrigation par la crue en saison d’hivernage. Les superficies concernées sont estimées à 300 000 ha et les rendements dépassent rarement la tonne à l’hectare.
� La riziculture de décrue, elle est pratiquée dans les lacs et mares aménagés ou non au niveau des zones lacustres et dans le Delta Central du Niger.
� La riziculture de bas-fonds aménagés, elle est caractérisée par une grande diversité des situations et des pratiques. Selon le niveau de maîtrise de l’eau et la riziculture pratiquée peut être plus ou moins intensive. Le potentiel aménageable est d’environ 900 000 ha dont 14 000 ha sont cultivés par an le plus souvent par les femmes dans les régions de Ségou, Sikasso, Koulikoro et Kayes avec des rendements variant entre 0,8 et 2 tonnes/ha.
� La riziculture pluviale, elle est surtout pratiquée dans la région de Sikasso où la pluviométrie est souventsupérieure à 800 mm par an. Les rendements y sont généralement faibles environ 800 kg/ha. Cependant, avec le projet « Riz NERICA » et la diffusion de nouvelles variétés par l’IER, ce type de riziculture est en train de prendre une certaine envergure dans les régions de Sikasso, Koulikoro et Kayes où des rendements de 3 à 3,5 tonnes/ha sont enregistrés.
Hormis, le système de riziculture avec maitrise totale de l’eau, les autres systèmes connaissent de nombreux problèmes avec des niveaux de production annuelle très irrégulière.
13
1.4. LA PRODUCTION DE RIZ AU MALI
Selon le recensement général de l’agriculture (RGA, 2004), la riziculture est pratiquée par 170 000
exploitations agricoles familiales représentant 21% des 805 000 exploitations agricoles que compte le
pays. La superficie moyenne par exploitation est de 1,8 ha. Les exploitations agricoles pratiquant la
riziculture traditionnelle pluviale, de bas-fonds ou de submersion naturelle seraient au nombre de
55 000.
Dans sa politique de sécurité alimentaire, le Gouvernement malien a porté son choix sur le
développement de la riziculture irriguée compte tenu de ses grandes potentialités en terres
rizicultivables. La politique rizicole malienne a toujours été sous-tendue par la nécessité de concilier la
double contrainte de développer et protéger la production nationale et de permettre l’accessibilité du
riz aux consommateurs dont les revenus restent généralement faibles. L’option maîtrise totale de l’eau
constituela pièce maîtresse de cette politique et s’est traduite par la réalisation de grands travaux de
réaménagement à l’Office du Niger, au Moyen Bani, en zone ODRS, dans les régions de Mopti,
Tombouctou et Gao.
Pour atteindre ces objectifs, tous les systèmes de production du riz seront concernés. Des actions
d’intensification seront conduites. Elles concerneront essentiellement l’extension raisonnée des
superficies cultivées et l’utilisation de technologies adaptées (variétés améliorées, techniques
culturales, contrôle des nuisibles, fertilisation, etc.). De nouveaux aménagements hydro-agricoles
seront réalisés afin de favoriser la double culture du riz et le maraîchage en contre-saison. La
riziculture pluviale sera développée également à travers la diffusion à grande échelle des variétés de
riz NERICA dans les zones à pluviométrie supérieure ou égale à 800 mm.
Ainsi, la production nationale de riz paddy au cours des dix dernières années a presque doublé passant
de 940 938 tonnes en 2001/2002 à 2 305 612 tonnes en 2010/2011 et 1 741 473 tonnes en 2011/2012.
L’augmentation de la production est due à l’effet combiné l’accroissement des superficies aménagés et
des rendements. L’augmentation des rendements a connu un essor important à travers la mise en place
de l’initiative riz à partir de la campagne 2008/2009 par la subvention des intrants (semences et
engrais). Le tableau N°1 ci-après présente l’évolution des superficies, des rendements et de la
production de riz paddy de la campagne agricole 2001/2002 à 2011/2012.
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Tableau 1 : Evolution des Superficies, des rendements et de la production du riz paddy
Riz paddy Campagnes Superficies
(ha) Rendements
(Kg/ha) Productions
(Tonne) 2001/2002 468 239 2 010 940 938 2002/2003 356 611 1 944 693 203 2003/2004 405 641 2 313 938 217 2004/2005 314 915 2 280 718 086 2005/2006 414 023 2 284 945 824 2006/2007 408 495 2 578 1 053 236 2007/2008 391 869 2 762 1 082 384 2008/2009 482 552 3 366 1 624 246 2009/2010 845 552 2 307 1 950 805 2010/2011 686 496 3 362 2 305 612 2011/2012 830 408 2 097 1 741473
Source: EAC- CPS/SDR
La diminution de la production en 2011/2012 par rapport aux deux campagnes précédentes est essentiellement due à la crise politique et sécuritaire que le pays a connu en 2012 et 2013 et qui a perturbé la mise en place des appuis de l’Etat et des PTF au secteur agricole.
1.5. LES POTENTIALITES DE LA RIZICULTURE AU MALI
Le Mali dispose d’importantes potentialités rizicoles. Les superficies jugées aptes à l’irrigation sont
évaluées à près de 2 200 000 ha. Cependant, ce potentiel n’est valorisé qu’à hauteur de 19% tel que
l’indique le tableau N°2 ci-dessous.
Tableau 2 : Répartition des terres aptes à l’irrigation par région
Régions Potentiel (ha)
Superficies cultivées (ha)
% des terres mises en valeur
Kayes 90 000 12 963 14 Koulikoro 110 000 22 439 20 Sikasso 300 000 47 517 16
Ségou 500 000 117 371 23 Mopti 510 000 150 814 19 Tombouctou 280 000 33 997 12 Gao 110 000 33 212 30
Total 2 200 000 418 313 19 Source : Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture (Mai 2009)
La valorisation de ce potentiel est bien prise en compte dans les différents programmes de
développement notamment : la Loi d’Orientation Agricole (LOA), la Politique de Développement
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Agricole (PDA), le Programme National d’Investissement dans le Secteur Agricole (PNISA), le
Programme National d’Irrigation de Proximité (PNIP). Ces programmes visent tous la sécurité
alimentaire, la croissance économique et la réduction de la pauvreté rurale.
En plus des potentialités en terres irrigables, la riziculture malienne dispose d’importantes avancées en
matière de recherche-développement. En effet, l’Office du Niger a connu des périodes difficiles en
matière de production de riz irrigué durant les années 70 avec des rendements moyens inférieurs à 1,5
tonne/ha. Pour lever cette contrainte, la recherche nationale a élaboré un paquet technologique
permettant de tirer le meilleur profit d’une bonne maîtrise de l’eau.
Les recherches ont été orientées vers la mise au point de technologies adaptées aux besoins
d’intensification des systèmes rizicoles irrigués devenus indispensables en raison du coût élevé de
l’entretien périodique des infrastructures et des amortissements assez longs. Les activités sont
conduites par l’Institut d’Economie Rurale (IER). Elles couvrent pour l’essentiel : l’amélioration
variétale, l’agronomie et la défense des cultures.
L’IER dispose en son sein de stations de recherche installées à Niono (pour le riz irrigué), à Sikasso
(pour le riz pluvial et de bas-fonds) et à Mopti (pour le riz flottant et d’immersion profonde). Ses
résultats ont permis une meilleure valorisation des périmètres irrigués et la réalisation de la double
culture grâce à l’identification de variétés à cycle court et moyen, non sensibles à la photopériode et
donnant une bonne réponse à de fortes doses d’azote (BG 90-2, Kogoni 91-1, Kogoni 89-1, Leizong,
AD 9216, etc).
L’application des résultats de la recherche (nouvelles variétés, itinéraires techniques intensifs, doses
d’engrais) s’est traduite en quelques années par une augmentation significative des rendements qui
peuvent atteindre de nos jours en moyenne 7 à 8 tonnes à l’hectare. L’IER travaille en étroite
collaboration avec la vulgarisation représentée par les services de la direction nationale de l’agriculture
et des différents offices et les organisations non gouvernementales.
Enfin, la filière riz Mali a l’avantage de disposer d’un marché national en pleine expansion. En effet,
la population du Mali évolue rapidement. Elle est passée de 9,012 millions d’habitants en 1995 à
11,366 millions en 2005. Les projections pour 2022 sont de 17,500 millions d’habitants. Quant à la
population urbaine, elle est passée de 2,351 millions en 1995 à 4,612 millions en 2005. Les
projections sont de 8,062 millions d’habitants pour 2022. Cette augmentation rapide de la population
malienne aura sans nul doute une forte influence sur la demande en riz qui est estimée à 1 010 358
tonnes pour 2018.
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II. LES IMPORTATIONS DE RIZ ET LEURS MECANISMES DE REGULATION AU
MALI
Au Mali, les importations de riz sont officiellement libres, mais l’Etat en cas de pénurie due aux
fluctuations annuelles du niveau de la production nationale, accorde des facilités sur les droits
d’entrées notamment la TVA pour infléchir à la baisse les prix à la consommation.
2.1. EVOLUTION DES IMPORTATIONS DE RIZ AU MALI
Malgré, l’augmentation croissante de la production, le Mali est obligé de faire recours à des
importations pour couvrir ses besoins en riz. Ainsi, 45 % du riz commercialisé sur le marché national
proviennent des importations. Le marché malien du riz à l’import reste de fait un secteur stratégique et
est, à ce titre, très proche des centres de prises de décisions politiques. Il fait l’objet d’un oligopole
entre deux à trois gros importateurs qui couvrent chaque année les deux tiers des importations.
Etant donné que les importations sont libres au Mali, il n’existe aucune périodicité pour leur entrée sur
le territoire national. Cependant, les périodes de soudure qui vont des mois juin à septembre sont
généralement des moments où les importations sont relativement élevées en volume.
Tableau 3 : Importations de riz au Mali de 2000 à 2012
Année Valeur (FCFA) Poids (KG) 2000 6 619 212 549 51 969 850
2001 10 741 807 656 82 762 727
2002 23 182 875 369 202 814 514
2003 22 404 199 623 186 675 042
2004 11 126 203 363 105 390 184
2005 31 671 977 543 272 371 517
2006 23 825 164 781 180 208 173
2007 19 115 001 398 137 142 523
2008 29 504 331 496 165 716 120
2009 32 859 704 995 278 165 670
2010 19 920 320 478 208 110 840
2011 21 197 213 055 210 392 629
2012 54 089 157 700 459 893 637
Moyenne 23 558 243 847 195 508 725
Source : DNCC (2012)
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Les importations ont considérablement augmenté en volume et en valeur de 2001 à 2012. Le montant de leur valeur moyenne s’élève à 23 558 243 847FCFA pour un poids moyen de 196 000 tonnes sur la même période.
La forte hausse des importations de riz au Mali s’explique selon plusieurs études par les effets croisés des situations ci-après :
- La réduction des droits d’entrée (TEC à 10% au lieu de 30% auparavant et la TVA 18%) des importations qui a permis de maintenir les prix du riz à des niveaux accessibles aux consommateurs. Cette situation a été accentuée par la forte concentration autour de trois à quatre grands importateurs qui couvrent chaque année les deux tiers au moins des importations. Les opérateurs ont varié ces dernières années mais la concentration demeure. Il s’agit en fait d’un marché oligopolistique qui est loin d’une situation de véritable concurrence ce qui pose le problème récurrent des marges et de l’insuffisante répercussion des baisses de prix et des droits d’entrée sur les consommateurs. Cette concentration découle de la volonté délibérée des pouvoirs publics qui exploitent cette situation à des fins de recettes hors budget d’Etat ;
- La qualité du riz marchand local est généralement mauvaise en comparaison avec le riz importé qui contient très peu d’impuretés. Selon, plusieurs analyses le taux d’impureté du riz local est d’environ 15% ce qui exige des consommateurs finaux des efforts de nettoyage et par conséquent des pertes de poids et de temps. La qualité du riz local constitue un handicap sérieux à son utilisation dans la restauration de masse notamment dans les cantines scolaires, les camps militaires etc. ;
- L’adaptation de la qualité des riz importés aux préférences des consommateurs est de plus en plus contrôlée. Les maliens apprécient des riz entiers propres ou des brisures parfumées avec des arbitrages selon les prix, la taille du ménage et d’autres facteurs tels que le pouvoir gonflant, le goût etc. Les commerçants maliens maîtrisent parfaitement ces préférences et les importations de riz répondent par conséquent à des spécifications en termes de goût, de qualité, d’origine et de prix. Cette adaptation représente une concurrence au riz local dont les prix sont généralement plus élevés que ceux des riz importés mieux emballés.
2.2. LES MECANISMES DE REGULATION DES IMPORTATIONS
Depuis l’an 2000, le Mali applique le tarif extérieur commun (TEC) de l’UEMOA qui s’élève pour le riz à 10%, en ajoutant les autres taxes et droits d’entrée plus la TVA de 18%, la protection du riz local au Mali serait de l’ordre de 32% de la valeur CAF des importations. Cette protection peut être modulée par les pouvoirs publics notamment à travers une baisse voire une suppression momentanée de la TVA en vue de limiter la hausse des prix à la consommation en cas de pénurie. Les prix CAF déclarés sont restés stables au cours des dix dernières années, ils sont autours de 120 000FCFA par tonnes, mais ces prix déclarés sont souvent tronqués de l’avis de plusieurs spécialistes du domaine, parce que les prix du riz connaissent de fortes variation en fonction de la qualité et de l’origine ce qui fait par ailleurs du commerce du riz sur le marché mondial, une activité très spéculative. Ces déclarations de prix tronqués qui ne reflètent pas la réalité des coûts constituent une autre source de concurrence déloyale pour le riz local qui subit les effets de substitution par les prix au niveau des consommateurs.
18
III. ANALYSE DE LA PRODUCTION NATIONALE DE RIZ ET DES IMPORTATIONS
Le tableau ci-après présente les niveaux de la production nationale de riz paddy convertis en riz marchand au taux de rendement au décorticage de 63%. Les besoins nationaux en riz marchands y sont également estimés sur la base de 57 kg par personne par an. Le taux de couverture des besoins nationaux par la production nationale est aussi calculé en vue de faire une comparaison entre les quantités de riz importées et les stocks de riz local disponibles.
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Tableau 4 : Taux de couverture des besoins nationaux par la production de riz local
ANNEE POPULATION
PRODUCTION NATIONALE
PADDY (en KG)
PRODUCTION NATIONALE DE RIZ MARCHAND (en KG)
BESOINS NATIONAUX EN
RIZ (en KG)
TAUX DE COUVERTURE DES
BESOINS NATIONAUX PAR LA PROCTION DE
RIZ LOCAL (%)
ECART ENTRE PRODUCTION
NATIONALE DE RIZ ET BESOINS
(en KG)
IMPORTATIONS (en KG)
2002 11 582 906 940 938 000 592 790 940 660 225 653 90% - 67 434 713 202 814 514 2003 11 930 393 693 203 000 436 717 890 680 032 423 64% - 243 314 533 186 675 042 2004 12 288 305 938 217 000 591 076 710 700 433 396 84% - 109 356 686 105 390 184 2005 12 656 954 718 086 000 452 394 180 721 446 398 63% - 269 052 218 272 371 517 2006 13 036 663 945 824 000 595 869 120 743 089 789 80% - 147 220 669 180 208 173 2007 13 427 763 1 053 236 000 663 538 680 765 382 483 87% - 101 843 803 137 142 523 2008 13 830 596 1 082 384 000 681 901 920 788 343 958 86% - 106 442 038 165 716 120 2009 14 517 176 1 624 246 000 1 023 274 980 827 479 032 124% 195 795 948 278 165 670 2010 15 039 794 1 950 805 000 1 229 007 150 857 268 277 143% 371 738 873 208 110 840 2011 15 581 227 2 305 612 000 1 452 535 560 888 129 935 164% 564 405 625 210 392 629 2012 16 142 151 1 741 473 000 1 097 127 990 920 102 613 119% 177 025 377 459 893 637
Source : consultant
De l’analyse des données du tableau ci-dessus, il ressort que la production nationale de riz couvre les besoins nationaux à partir de 2009 à 20012 certainement grâce à l’impact de l’Initiative riz qui a boosté la production nationale à travers une subvention de 50% des prix des intrants tels que les engrais et les semences. Les besoins nationaux sont restés supérieurs à la production nationale de riz de 2002 à 2008, ce qui explique les écarts négatifs représentant les quantités en besoins non couvertes par la production nationale. Les importations de riz ne sont pas faites en fonction des écarts entre les besoins nationaux et la production de riz local et que même quand la production nationale couvre largement les besoins nationaux tel que cela est le cas depuis 2009, les quantités importées continuent à augmenter. Il y a des cas de réexportation frauduleuse de riz importé vers la Côte d’Ivoire.
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RECOMMANDATIONS
Au regard des grandes potentialités de production de riz et des importantes ressources financières que l’Etat malien et les PTF mobilisent depuis plusieurs décennies en vue de la réalisation d’infrastructures hydro-agricoles pour sécuriser la production, la filière riz au Mali doit être protégée par les pouvoirs publics parce qu’elle représente de ce fait un maillon important du développement agricole qui contribue à n’en point douter à l’atteinte des objectifs de sécurité et de souveraineté alimentaire, mais également à la lutte contre la pauvreté. Aussi, il est important que des actions urgentes soit mises en œuvre par l’Etat et les acteurs de la filière pour assurer une meilleure compétitivité du riz local. Il s’agit entre autres de :
� Une protection plus rigoureuse de la production nationale de riz vis-à-vis des importations à travers la prise en compte des stocks nationaux tant au niveau des producteurs et de leurs organisations qu’au niveau des autres acteurs de la chaine de commercialisation. Pour ce faire il est impératif que les représentants des acteurs de la filière soient membres des comités techniques nationaux qui décident des importations de riz ;
� Une amélioration considérable de la qualité du riz local par la mise en place d’unités de transformation capables de produire du riz dont la qualité peut concurrencer celle du riz importé. Pour y parvenir, les transformateurs doivent suffisamment s’organisés en vue de leur permettre d’avoir un accès plus facile aux financements indispensables à l’acquisition d’unités de transformation performantes telles que les mini-rizeries ;
� Un appui conséquent à la gouvernance de la filière pour permettre aux différents acteurs de s’approprier et de partager les objectifs de compétitivité en termes de qualité et de prix du riz local. Ainsi, les organisations professionnelles doivent être appuyés par l’Etat et les PTF en vue de renforcer leur capacité respective à travers leur structuration, leur bon fonctionnement, leur accès au crédit de campagne et d’équipement et leur implication au niveau national dans la prise des décisions pouvant avoir des implications directes ou indirectes sur leurs activités.