Etude bibliographique de la geographie d'Eratostheneby Thalamas, A.;La Geographie d'Eratosthene

Etude bibliographique de la geographie d'Eratosthene by Thalamas, A.; La Geographied'EratostheneReview by: L. GuinetIsis, Vol. 5, No. 2 (1923), pp. 422-426Published by: The University of Chicago Press on behalf of The History of Science SocietyStable URL: http://www.jstor.org/stable/223740 .

Accessed: 09/05/2014 15:07

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Reviews

Thalamas, A. -- Etude bibliographique de la geographie d'ERATOSTHENE, 192 p., gr. in-8o, MARCEL RIVIERE, Paris, 1921. - La Geographie d'ERATOSTHENE, 256 p.. gr. in-8", MARCEL RIVIARE, Paris, 1921.

( De tous les g6ographes de l'antiquit, ERATOSTHENE est sans doute celui doint il y aurait le plus interet a connaitre avec precision les id6es. , C'est lui qui a eleve la description de la terre au rang de

science, coordonnant les renseignements epars dans un grand nombre d'ouvrages tres divers, dus soit a des philosophes, soit a des

historiens, des explorateurs, soit a des compositeurs d'itineraires, de guides, etc. I1 a su faire converger ces renseignements vers la

description de la sphere terrestre et du monde connu, et, le premier, s'est astreint a une methode rationnelle de mesuure, de trace et d'ex-

position. 11 y avait avant lui une matiere geographique; apres lui, il y a eu une geographie. Le veritable int6ret qu'offre son oeuvre

geographique reside donc avant tout dans ses conceptions ge6nerales et dans sa methode, meme en matiere de descriptions regionales.

Malheureusement, l'oeuvre du savant cyr6neen ne nous a pas etC transmise directement; elle est reduite a une po'ussiere de fragments que 1'erudition polymathique d'abord, puis la critique philologique allemande, ont extraits d'APOLLONIUS DE RHODES, SIMPLICIUS, STRA-

BON, CLEOME.DE, MACROBE, POLYBE, ETIENNE DE BYZANCE, ARRIEN,

SUIDAS, etc., etc.; les textes reunis par HUGO BERGER: Die geographi- schen Fragmenten des ERATOSTHENES (1880) sont extraits de cin-

quante-sept auteurs differents! On con?oit comment l'etablissement d'une telle mosaique de textes est malaise, et a quelles criticques elle peut preter le flanc; il est cependant indispensable d'avoir un terrain solide avant d'essayer de se livrer ai un essai de synthese.

Dans son Etude bibliographique, THALAMAS examine precisement l'histoire de la constitution du texte de la geographied'ERATOSTHiNE, puis etudie avec des details qui deviennent plus nombreux a mesure que l'oeuvre devient plus importante, 1'edition de ANCHER (1770), celle de SEIDEL (1789), puis celle de BERNHARDY (1822) qui donne



deja cent-vingt-sept fragments, celle des fragments poetiques de EDOUARD HIILER (1872), importante A cause du texte de l'Hermes relatif aux vents, et enfin l'edition de HUGo BERGER, qui renferme deux cent quatre-vingt-seize fragments, et qui est la seule a laquelle on puisse se referer utilement a l'heure actuelle: aux fragments reunis par BERGER en 1880 n:e se sont, en effet, ajoutes depuis que deux

fragments retrouves, l'un par NISSEN, l'autre par KAIBEL, en 1885, et dont BERGER a d'ailleurs fait etat dans sa Geschichte der wissen-

schaftlichen Erdkunde der Griechen (derniere edition, 1903); 'rHALAMAS signale cependant (la Geographie, p. 249) un troisieme

fragment oublie par BERGER, relatif a la flore de 1'Inde,. Mais alors les textes attribues a la geographie d'ERATOSTHENEN sont

devenus si nombreux qu'on peut se demander s'ils lui appartiennelnt tous, et la question que se pose en definitive THALAMAS dans cette Etude bibliographique est celle-ci, qui fait l'objet des qutatre-vingts dernieres pages du livre: pour autant que le permet l'etat actuel de la documentation, dteterminer dans le total des fragments reunis

par H. BERGER, ce qui n'appartient pas a la geographie d'ERATOS- THlNE, puis d6finir, une fois en face de ce qui reste lui revenir sans conteste, la nature propre de ce traite, et sa place dans l'ceuvre eratosthenienne. Cet examen conduit l'auteur a faire dispa- raitre de ]'edition de BERGER un nombre assez eleve de fraoments dont on trouvera l'indication precise aux pages 149, 167 et 178 de cette Etude bibliographique et aux pages 190 et 191 de la G(ographie. Un certain nombre de ces fragments devaient vraisemblable- ment faire partie d'un traite de la Mesure exacte de la Terre, cite par MACROBE et HERON D'ALEXANDRIE, dans lequel EinRAos'rIINE exposait ses idees sur la g6ographie de la sphere, et dont THALAMAS tente une reconstitution dans son second volume.

Le reste (cent quatre-vingt-quatre fragments) constituait trois se- ries de Memoires SUi' la Geographie. La premi6re sirie, dont l'essen- tiel a ete conserve, etait consacree a d6montrer l'impossibilit6 de tenir compte des donn6es homeriques sur la description de la terre habitee, de l'oicoumene, la vraie description de la terre ne commen-

:'ant qu'avec la premiere carte (ANAXIMANDRE). ERATOSTHENE fai- sait ensuite une sorte d'historique des connaissances acquises grace aux strat6ges, aux b6matistes, aux explorateurs, aux naturalistes, depuis la conquete d'ALEXANDRE.

La deuxieme s6rie de m6moires posait le principe de la rectifi- cation giographique (forme de la terre, impossibilit6 de garder les divisions admises jusqu'alors), examinait donc l'oicoumene dans son ensemble, et en donnait les mesures fondamentales.

Enfin, dans la troisieme s6rie, qui est la serie essentielle, ((ERA-

423 NOTES



TOSTHENE exposait son proc6de personnel de description de la terre habitee. II etablissait d'abord solidement, sur deux lignes fonda-

mentales, une bande centrale mi-maritime, mi-montagneuse grace a

laquelle il modifiait radicalement les id6es recues jusqu'a lui sur l'Asie. Sur cette bande, il appuyait ensuite, conime des pieces de

marqueterie, une s6rie de figures geometriques faciles a construire, et il decrivait les dimensions et le contenu de ces figures , (p. 187). Malheureusement, prcs des trois quarts de cette derniere serie nous

manquent totalement. Le traite geographique ainsi d6fini forme le pendant du trait6 de

la Mesnre de la Terre, et s'il ne constitue pas la partie la meilleure ni la plus decisive die la contribution 6ratosthenienne au progres de la science, il est du moins ((la tentative la plus originale de description regionale m6thodique qu'ait connue l'antiquite. La ofu les don- n6es sur lesquelles il repiosait ont peu varie, c'est-a-dire pour l'Asie

alexandrine, les m6moires n'ont ete depass6s par personne dans

l'antiquite classique )) (p. 187). Cet examen, ce classement minutieux: des fragments erastostheniens,

chacun d'eulx ayant repris la place qui lui revient, permet de con- clure que le savant prefet de la Bibliotheque d'Alexandrie a expose ses idees sur la geographie de la sphere et ses conceptions sur la geographie de 1'oicoumnne dans deux ouvrages distincts: le traite de la Mesure exacte de la Terre et les Memoires sur la

gtographie. Le terrain etant ainsi d6blaye, THALAMAS va examiner dans sa Geographie d'ERATOSTHENE: le l'homme et le milieu; 20 la

description math6matique du globe, ou la geo-metrie d'ERATOS-

THENE; 3? la description des regions connues, ou la geo-graphie d'ERATOSTHgNE.

En ce qui concerne l'homme, dont l'auteur ne s'occupe guere d'ailleurs qu'en tant qu'il pent in,t6resser l'objet propre de son travail, THALAMAS croit pouvoir fixer sa vie entre les annees 273 (avril- juin) et 192 (meme flottement); son arrivee en Egypte en 244, aprs le sejour A Athenes, et sa nomination au titre de chef de la Biblio-

theque en 235, a la mort de ZgNODOTE; ses Memoires geographiques auraient !ete composes lorsqu'il .etait ag6 de soixante ans environ, peu d'annees apres le traite sur la mesure de la terre. - Ces dates etant A peu pres fixees, et le milieu de la Biblioth6que une fois decrit, THALAMAS passe A l'examen des textes geographiques, a la revision

des travaux d'6rudition, parfois extrememen,t nombreux, auxquels ils ont donn6 lieu, et tente at son tour une reconstitution ,de la pensee eratosthenienne.

Le traite de la Mesure exacte de la Terre devait en fait, suivant THALANMAS, qui s'appuie sur la tendance qui se manifestait alors

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d'introduire la theorie dans le domaine de la nature, et rencontre ici partiellement NISSEN, etre un essai d'application a notre globe des principes mathematiques etablis, un traite de g6omitrie que sui- vaient un certain nombre de , livres , sur la constitution physique generale du globe. On pent actuellement lui attribuer soixante-huit des fragments connus d'ERATOSTHENE. C'est a lui que nous devons rattacher tout ce que nous savons de l'evaluation d,u meridien terrestre (mesure de la distance Syene-Alexandrie, calcul de la circon. ference terrestre), des zones (l'auteur donne pour la premiere fois une traduction francaise du passage de l'Hermes relatif a ce sujet), des inegalites de la surface du globe (determination de la hauteur des montagnes, et remarque qu'elle est insignifiante par rapport a la sphericite), de la rose des vents, de la grandeur du soleil par rapport a celle de notre planete, et de la distance de celle-ci a lia lune et au soleil.

La partie qui touche a la mesure de la terre a donne lieu a une foule de commentaires allant de celui d'HIPPARQUE a ceux de 0. VIiE- DEBANDT et KON. MILLER (1920). Comme au contraire aucume etude speciale n'a ete consacree a la rose des vents depuis la publication des textes de KAIBEL (Antike Windrosen, in Hermes, 1885), je crois devoir noter que THALAMAS montre que le point de vue d'ERATOS- THENE est absolument different de celui auquel se sont places ses devanciers: le savant cyreneen constitue, non plus un repertoire re- gional des vents, mais une veritable rose permettant en tout lieu de retrouver les vents ayant une mleme direction par rapport a l'axe de la terre, et separant les vents universels des vents locaux. Ofu nous nous servoans de l'aiguille laimantee, il emploie un procde' rapide de construction d'ombres du gnonmon, qui permet de determiner la me- ridienne par rapport a seize arcs de cercle egaux, et d'etablir en quelques heures (celles qui sont necessaires pour determiner deux ombres symetriques) une rose exacte (pp. 176-186). On reste en somme encore aujourd'hui dans la voie ouverte par ERATOSTHNNE.

La moitie du volume (pp. 65-187) est consacree a cette description mathematique du globe, d'apres les fragments qui nous restent, et que l'auteur a separes de l'ensemble des fragments dits geographiques. THALAMAS s'y astreint a ne tenir compte que des documents, d'apres leur valeur, et du milieu scientifique dans lequel travaillait ERATOSTHENE. La derniere partie est reservee a la description geographique de l'oicoumene, tant en ce qui concerne la methode d'ERA- TOSTHANE, qu'en ce qui touche la description periegetique de la terre habitee; cette etude est faite sur les Memoires tels qu'ils sont definis dans 1'6tude bibliographique. Je crois qu'il en faut retenir surtout un essai de reconstitution d'une partie de la carte d'ERATOS-

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Isis. v. 1923 Isis. v. 1923

THENE, celle des sphragides d'Asie septentrionale. Cette restitution, qui est basee uniquement sur les donnees et mesures certaines qui subsistent, differe singuliirement des essais anterieurement tentis, et do,nt les auteurs s'etaient toujours livres a de trop nombreuses conjectures; elle est evidemment moins riche en details, mais cer- tainement beaucoup plus proche de ce que pouvait permettre l'etat de la science.

L'ensemble de l'oeuvre de critique et de synthese de THALAMAS, qui termine son etude par cette phrase modeste: ((Puiss&-je avoir au moins un peu d6blaye le terrain o, me parait tout a fait remarquable, et je crois que le terrain est maintenant largement deblaye, beaaucoup plus que ne peut le laisser supposer ce compte rendu. L'ensemble du probleme est renouvele. Non seuliement bien des erreurs formelles sont relevees, mais les raisons que donne l'auteur lorsqu'il se rallie a une opinion anterieurement emise, ou lorsqu'au contraire il fait ceuvre de construction personnelle - et c'est le cas le plus frequent - me semblent d'une facon g6enrale s'imposer avec beaucoup de force. Mais il est regrettable qu'un tel instrument de travail ne com- porte ni table analytique, ni index des noms d'auteurs.

L. GUINE'r.

Oaston Milhaud (1858-1918). - DESCARTES savant (Bibliotheque de philosophie contemporaine), 251 p. Paris, ALCAN, 1921.

[12 fr. 50.]

Cette publication posthume du tres regrette MILHAUD (1) merite- rait d'etre longuement etudi6e, mais je ne puis le faire en ce moment et dois me borner a en indiquer la portee et le contenu. Remarquons d'abord qu'une bonne partie de l'ouvrage avait dejta et publiee du vivant de l'auteur dans la Revue philosophique, la Revue de meta- physique, la Revue generale des sciences et Scientia. La litterature consacree a DESCARTES remplirait une bibliotheque de bonne dimen- sion, mais il est triste de songer que jusqu'ici il nous manquait une etude de son oeuvre scientifique! Cela est assez significatif. Parmi les tres nombreux ouvrages sur le cartesianisme, le plus grand nombre ont ete ecrits par des hommes qui etaient incapables d'en comprendre les bases scientifiques et, ce qui est pis, qui ne se dou- taient meme pas de l'etendue et de la gravite de leur ignorance. Cette lacune n'est pas encore entierement comblee par l'ceuvre de MILHAUD, car celui-ci a consacre son attention sur les points les

THENE, celle des sphragides d'Asie septentrionale. Cette restitution, qui est basee uniquement sur les donnees et mesures certaines qui subsistent, differe singuliirement des essais anterieurement tentis, et do,nt les auteurs s'etaient toujours livres a de trop nombreuses conjectures; elle est evidemment moins riche en details, mais cer- tainement beaucoup plus proche de ce que pouvait permettre l'etat de la science.

L'ensemble de l'oeuvre de critique et de synthese de THALAMAS, qui termine son etude par cette phrase modeste: ((Puiss&-je avoir au moins un peu d6blaye le terrain o, me parait tout a fait remarquable, et je crois que le terrain est maintenant largement deblaye, beaaucoup plus que ne peut le laisser supposer ce compte rendu. L'ensemble du probleme est renouvele. Non seuliement bien des erreurs formelles sont relevees, mais les raisons que donne l'auteur lorsqu'il se rallie a une opinion anterieurement emise, ou lorsqu'au contraire il fait ceuvre de construction personnelle - et c'est le cas le plus frequent - me semblent d'une facon g6enrale s'imposer avec beaucoup de force. Mais il est regrettable qu'un tel instrument de travail ne com- porte ni table analytique, ni index des noms d'auteurs.

L. GUINE'r.

Oaston Milhaud (1858-1918). - DESCARTES savant (Bibliotheque de philosophie contemporaine), 251 p. Paris, ALCAN, 1921.

[12 fr. 50.]

Cette publication posthume du tres regrette MILHAUD (1) merite- rait d'etre longuement etudi6e, mais je ne puis le faire en ce moment et dois me borner a en indiquer la portee et le contenu. Remarquons d'abord qu'une bonne partie de l'ouvrage avait dejta et publiee du vivant de l'auteur dans la Revue philosophique, la Revue de meta- physique, la Revue generale des sciences et Scientia. La litterature consacree a DESCARTES remplirait une bibliotheque de bonne dimen- sion, mais il est triste de songer que jusqu'ici il nous manquait une etude de son oeuvre scientifique! Cela est assez significatif. Parmi les tres nombreux ouvrages sur le cartesianisme, le plus grand nombre ont ete ecrits par des hommes qui etaient incapables d'en comprendre les bases scientifiques et, ce qui est pis, qui ne se dou- taient meme pas de l'etendue et de la gravite de leur ignorance. Cette lacune n'est pas encore entierement comblee par l'ceuvre de MILHAUD, car celui-ci a consacre son attention sur les points les

(1) Voir l'6tude d'EDMOND GOBLOT dans Isis III, 391-395, 1921 (avec portrait). (1) Voir l'6tude d'EDMOND GOBLOT dans Isis III, 391-395, 1921 (avec portrait).

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