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ETUDE SUR LE POTENTIEL DE PRODUCTION, CIRCUIT DE COMMERCIALISATION DU CAFÉ ARABICA, LES EXPORTATIONS LEGALES ET ILLEGALES, LE COMMERCE TRANSFRONTALIER DE PARCHE AVEC LE PAYS VOISIN (OUGANDA), LE NIVEAU DE TAXATION ET SON IMPACT SUR L’ECONOMIE DE LA PROVINCE ORIENTALE. Réalisée par les consultants : - Emmanuel ADUBANG’O ALI de SIGRACO et - Joël ULAR WEDUNG’A, journaliste A la demande de : Ituri, Août 2014

Etude café Ituri

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ETUDE SUR LE POTENTIEL DE PRODUCTION, CIRCUIT DE COMMERCIALISATION DU CAFÉ ARABICA, LES EXPORTATIONS LEGALES ET ILLEGALES, LE COMMERCE TRANSFRONTALIER DE PARCHE AVEC LE PAYS VOISIN (OUGANDA), LE NIVEAU DE TAXATION ET SON IMPACT SUR L’ECONOMIE DE LA PROVINCE ORIENTALE.

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ETUDE SUR LE POTENTIEL DE PRODUCTION, CIRCUIT DE COMMERCIALISATION DU CAFÉ ARABICA, LES EXPORTATIONS LEGALES ET ILLEGALES, LE COMMERCE TRANSFRONTALIER DE PARCHE AVEC LE

PAYS VOISIN (OUGANDA), LE NIVEAU DE TAXATION ET SON IMPACT SUR L’ECONOMIE DE LA PROVINCE ORIENTALE.

Réalisée par les consultants :

- Emmanuel ADUBANG’O ALI de SIGRACO et

- Joël ULAR WEDUNG’A, journaliste

A la demande de :

Ituri, Août 2014

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SOMMAIRE

1. INTRODUCTION............................................................................................................. 2

2. CARTE POSTALE DU DISTRICT DE L’ ITURI ................................................... 3

3. POTENTIEL DE PRODUCTION ................................................................................ 4

4. LE CIRCUIT DE COMMERCIALISATION DU CAFE ARABICA .................... 5

4.1. Les exportations classiques de café marchand et système de taxation .... 5

4.2. Le commerce transfrontalier organisé sur dérogation de l’Office National

du Café ........................................................................................................................... 7

4.3. Les exportations légales et illégales, le commerce transfrontalier de

parche avec le pays voisin (l’Ouganda) ................................................................ 8

5. TAXATION SUR LES EXPORTATIONS ET LE COMMERCE

TRANSFRONTALIER DU CAFE ............................................................................. 14

6. SIMULATION DE L’AVANTAGE DE LA REDUCTION DES TAXES........... 18

7. CONCLUSIONS ............................................................................................................. 20

8. RECOMMANDATIONS ............................................................................................... 21

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1. INTRODUCTION

La présente étude commanditée par VECO RDC porte sur le potentiel de

production en Ituri, le circuit de commercialisation du café arabica, les

exportations légales et illégales, le commerce transfrontalier de café parche

avec le pays voisin (Ouganda), le niveau de taxation et son impact sur

l’économie de la Province Orientale.

L’étude porte sur le café arabica, or vert, qui est l’un des poumons

économiques du District de l’Ituri à côté du bois, de l’or et de la pêche.

Cette culture introduite depuis 1919 par les colons belges rythme en gros

l’économie des Territoires de Djugu et Mahagi.

Cette étude s’est réalisée dans un contexte caractérisé par le retrait des

exportateurs classiques et l’inactivité des usines de traitement du café en

Ituri avec comme conséquence le développement du commerce

transfrontalier de café parche qui a favorisé les investissements dans la

filière café de l’autre côté de la frontière du Congo, soutenus par la

tendance à la hausse des prix mondiaux du café.

La finalité de cette étude est de:

Rendre disponible une masse d’informations quantitatives et

qualitatives fiables et représentatives sur le potentiel de production

du café dans les deux Territoires, les quantités de café exportées

légalement et illégalement, le taux de taxation par les différents

services et les textes autorisant la perception des taxes sur le café.

Inventorier les acteurs dans l’exportation du café et le commerce

transfrontalier du café arabica dans la zone, faire leur description et

une histoire sur l’importance du café, leur expérience, l’évolution des

volumes des affaires, les contraintes qui ont bloqué les exportations

de café marchand.

Faire une analyse du poids de la taxation sur la torréfaction du café

dans la zone de production et sur l’organisation des exportations du

café soluble.

Décrire le système de taxation du café parche et du café marchand

selon les types de taxes, des taux, des services concernés et des frais

connexes perçus hors le guichet unique.

Faire une simulation entre la situation actuelle et la situation idéale,

prouver que cette dernière impactera positivement l’économie de la

Province Orientale.

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Les conclusions de l’étude seront versées dans les ateliers des parties

prenantes et les preneurs de décisions de la Province Orientale et de

Kinshasa.

La méthodologie du travail a été inclusive en insistant sur les aspects

quantitatifs et qualitatifs.

La réalisation de ce travail a nécessité le contact direct avec tous les

acteurs étatiques et paraétatiques du secteur ainsi que les commerçants

œuvrant dans le commerce transfrontalier. Les informations de l’étude ont

été approuvées et amendées par deux ateliers des parties prenantes, le

premier en date du 13/08/2014 à Mahagi et le second à Bunia en date du

15/08/2014.

2. CARTE POSTALE DU DISTRICT DE L’ ITURI

Le tableau 1 : de la carte de l’Ituri dans ses 5 territoires.

TERRITOIRE SUPERFICIE

( km2) HABITANTS DENSITE

ARU 6.749 1.344.792 199

MAHAGI 5.216 2.129.818 408

DJUGU 8.730 2.728.278 312

IRUMU 8.113 1.453.000 179

MAMBASA 36.785 471.240 12

(Source : Bureau du Gouverneur de la Province Orientale, décembre 2011)

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Dans l’Ituri, le café arabica est principalement produit dans les deux

Territoires Djugu et Mahagi, rayon des présentes investigations.

3. POTENTIEL DE PRODUCTION

Ce travail rend disponible les informations sur la production de café des

deux Territoires: les Territoires de Mahagi et Djugu allant sur une période

de 5 ans à dater de 2009 à 2013. En Territoire de Djugu, la culture du café

se pratique dans sa partie Nord, notamment dans les collectivités des

Walendu PITSI et JATSI tandis qu’en Territoire de Mahagi elle est pratiquée

dans les chefferies des Pandoro, Djukoth, Angh'als, War-Palara et de

Mokambo dans son groupement de RUVINGA. Quant à la Collectivité des

Walendu WATSI, elle produit une quantité négligeable de café arabica.

Il n’est pas facile de déterminer le potentiel de production de café arabica

en Ituri : les statistiques disponibles sont divergentes et inexistantes

auprès de certains services qui sont pourtant supposés de les constituer.

Selon les chiffres provenant du service de l’ONC Mahagi (2011), l’Ituri

comptait 85.114 caféiculteurs dont 72.532 en Territoire de Mahagi

totalisant 363.349 Ha de superficie plantée et 12.582 en Territoire de

Djugu avec 440.730 Ha. Dans le rapport annuel de 1994 du service de

l’Agriculture de l’Ituri à Bunia, la superficie totale des plantations de café

appartenant aux petits planteurs et concessionnaires s’élevait à 17.014 Ha

dont 15.400 Ha pour les paysans. L’Inspection Territoriale de l’Agriculture,

Pêche et Elevage (IPAPEL) de Mahagi, par le biais de sa cellule technique,

recense actuellement les pieds des caféiers dans toutes les huit chefferies.

Les données relatives à la Chefferie des Angh’als où le recensement vient

de prendre fin révèlent un total de 6.042.854 caféiers (IPAPEL/Mahagi,

Août 2014).

Sur base des données de 1994 du service de l’Agriculture de l’Ituri à Bunia,

les résultats sont les suivants : avec un rendement de 500 kilos/Ha, l’Ituri

peut produire (500 kg X 17.014) = 8.507.000 Kgs de café. Selon les

statistiques de l’ONC, la production de 1990 était de 8.382.302 Kgs contre

7.520.394 et 5.303.704 respectivement en 1988 et 1994. A notre avis les

données du service de l’Agriculture semblent être plus proches de la

réalité.

Compte tenu des nouvelles superficies plantées après 1994, nous pouvons

dire que le potentiel de production du café arabica en Ituri peut varier

entre 8.000 et 10.000 tonnes par an.

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4. LE CIRCUIT DE COMMERCIALISATION DU CAFE ARABICA

Pendant les années qui précédent la présente étude, le commerce du café

dans le district de l’Ituri, précisément dans les deux Territoires Djugu et

Mahagi, était réalisé par les exportateurs classiques et les acteurs du

commerce transfrontalier, autorisés sur dérogation de l’Office National du

Café. Le schéma ci-dessous présente le circuit de commercialisation du

café de l’Ituri.

Figure 1. Commerce du café en Ituri.

4.1. Les exportations classiques de café marchand et système de

taxation

Dans le passé, entre 1990 et 2000, l’Ituri dans ses deux Territoires Djugu

et Mahagi enregistrait plusieurs exportateurs classiques, la SOCONOKI,

LUBENGA, SIGRACO, TENCO et TAMBAKIS. Ces acteurs ont exporté le

café marchand vers le marché international avec succès, sans tracasseries,

multiplicité des taxes légales et illégales ni sur-taxation sur les

exportations du café que les acteurs déplorent aujourd’hui.

Progressivement, tous ont abandonné les exportations du café vu les

contraintes d’ordre fiscal, la fluctuation continuelle à la baisse du cours de

café de New York et la guerre interethnique de l’Ituri.

En 2012-2013, l’un des exportateurs tente une nouvelle expérience avec

un lot de 19,2 tonnes. Celui-ci a rapporté des pertes énormes sur les

capitaux engagés dans les exportations classiques du café marchand. Les

entretiens avec celui-ci montrent noir sur blanc que la sur-taxation et

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l’imposition des taxes illégales en sont les principales causes. Cet

exportateur s’est directement désengagé du métier vu qu’il devient à haut

risque et ne sécurise aucunément les acteurs.

A titre illustratif, les taxes et charges ci-après lui ont été imposées pour

l’exportation d’un lot lors de la campagne caféière 2013.

Table 2 : Frais liés à l’exportation légale du café marchand.

N° taxes services percepteurs montant

en $

Prélèvement à l'échantillonnage

1 Echantillonnage OCC 120

2 Echantillonnage Service de l'Agriculture 7,69

3 Echantillonnage Commerce extérieur 5

4 Echantillonnage et déplacement Agent ONC ONC 140

5 Sortie café (2,05*3,5%*19200kg) ONC 1377,6

6 TVA sur taxe de sortie 16 % sur 19200kg 220,42

Exportation proprement dite

7 Documents lot prêt à l'exportation OCC/ Bunia 457

8 Frais signature obtention documents OCC/ Bunia 30

9 Paiement BCC/certificat Phytosanitaire 50

10 Paiement BCC/Obtention documents SQAV 20

11 Elaboration et signature Note de perception DGDA 20

12 Remplissage Bordereau à la BCC/Agent DGDA DGDA 2,17

13 Signature du certificat Phytosanitaire Service de l'Agriculture 10

14 Pointage au chargement café DGDA 150

15 Pointage au chargement café OCC 100

16 Pointage au chargement café ONC 100

17 Pointage au chargement café ANR 30

18 Pointage au chargement café Chefferie 5

19 Droit de douane à l'exportation de 19 200 kgs DGDA 382,68

20 Taxe phytosanitaire exportation de 19 200 kgs Service agriculture 38,4

21 Redevance rémunératoire CCRGU 23,92

22 Redevance rémunératoire/DGDA DGDA 71,75

23 Commission OGEFREM OGEFREM 30,61

24 Frais intervention passage café à la douane Mahagi DGDA Mahagi 80

25 Frais d'imprimé douane DGDA 20

26 Frais prorogation certificat de qualité ONC 25,52

27 1er Acompte frais agrément usine et entrepôt ONC 876

28 1er Acompte frais agrément Exportateur 2012-2013 ONC 1624

29 Solde frais agrément Usine et entrepôt + TVA ONC 284

30 Solde frais agrément exportateur café 2012-2013 ONC 696

Total frais payé 6997,76

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Pourtant, certains d’entre ces services ne disposent pas de textes légaux

ou réglementaires justifiant/instaurant la plupart de ces taxes.

Le café autant que le thé et le cacao sont placés sous la supervision de

l’ONC, Office national de café, ex-OZACAF, transformé, voilà presque 4 ans

en établissement public. Depuis, les faits générateurs des recettes dans la

caféiculture ont connu une inflation créée de bric et de broc. La douane,

les services de sécurité, l’administration fiscale provinciale, etc., s’en sont

mêlés chacun avec ses taxes et redevances.

Voilà ce qui a occasionné des filières d’exportations frauduleuses des

cultures pérennes par l’Ouganda, où règne l’ordre… administratif.

Dépourvu de tout document attestant leur provenance congolaise, des

milliers de sacs de café qui traversent frauduleusement la frontière sont

comptabilisés dans la production ougandaise.

Le découragement total des exportateurs classiques a laissé le terrain libre

au développement du commerce transfrontalier de café parche aux

conséquences négatives sur l’économie de la province Orientale et de

l’ensemble du pays.

4.2. Le commerce transfrontalier organisé sur dérogation de l’Office

National du Café

Certains paysans vendent leur café à domicile aux acheteurs itinérants qui

à leur tour vont revendre aux Ougandais. Les autres paysans viennent

vendre aux différents points d’achat implantés çà et là. Ces points d’achat

en majorité sont tenus par des commissionnaires des ougandais

également.

Si X = prix au paysan, a = la commission à l’intermédiaire de l’acheteur, b

= commission de l’acheteur, c = divers frais et taxes (transport, ONC,

DGDA, Service de l’Agriculture, etc…), Y = prix payé à PAIDHA, alors :

X = Y – a – b – c

Ce qui fait que le producteur porte toutes les charges et le prix lui offert

devient de plus en plus minime, ne couvrant même pas les charges

d’exploitation.

Quelques opérateurs économiques de ces deux territoires installent aussi

leurs balances dans les différents centres de négoce disséminés à travers

la région : ils achètent pour revendre aussi aux ougandais.

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Il est des fois que les ougandais eux-mêmes installent leurs points d’achat

à l’intérieur du pays comme à la frontière avec un prix qui offre une petite

différence par rapport aux prix des commissionnaires.

Depuis l’année 2000, la destination finale de la quasi-totalité de café de

Djugu et Mahagi est l’Ouganda. C’est ainsi que l’Ouganda qui n’a que le

café Arabica dans sa partie Ouest du district de Zombo, Nebbi et dans les

montagnes du Rwenzori avait officiellement produit en 2007, 3.250.000

sacs et a exporté 2.700.000 sacs contre 416.000 sacs produits en RDC. En

2008, l’Ouganda a augmenté sa production qui est passé de 3.250.000

sacs à 3.500.000 sacs contre 400.000 sacs en RDC, soit 9 fois supérieure

la production de la RDC. (Source : statistique du marché

international).

En outre, l’Ouganda s’est-il targué avoir exporté 500.000 tonnes de café

en 2013 pour plus de 500 millions de dollars de recettes. La RDC n’a par

contre, officiellement, exporté que 8.000 t de café pour des revenus de

17 millions de dollars. Ainsi a renchéri un spécialiste : « le café de la RDC

rapporte plus de recettes que les pétroliers producteurs, mais l’argent va

en Ouganda ».

Est-ce à l’honneur de la RDC ?

Une petite quantité du café produit à Djugu et Mahagi est vendue aux

torréfacteurs locaux (Umoja Kahawa et Ngote). Exceptionnellement en

2013, Mr Lubenga a exporté 19,2 tonnes de café marchand directement

sur le marché international.

4.3. Les exportations légales et illégales, le commerce transfrontalier

de parche avec le pays voisin (l’Ouganda)

a. Données statistiques

Ces statistiques ont été fournies par l’ONC (de 2009 à 2013) et la DGDA

(2012-2013). L’Inspection de l’Agriculture (IPAPEL) et le Service de

Quarantaine Animale et Végétale (SQUAV) n’en disposent pas. Les données statistiques de l’ONC et de la DGDA divergent quant à la

quantité de café qui est exportée par voie légale en 2012 et 2013. (Voir

tableau 3). Celles de l’ONC sont 10 fois plus élevées que celles de la DGDA

en 2012 tandis qu’en 2013 le rapport est de 1 à 7. A cause de ces

divergences et du manque de données de la DGDA pour les autres années,

notre travail s’est basé essentiellement sur les données statistiques de

l’ONC, autorité de la filière café disposant de plus d’information. Ceci remet

en cause le système de travail de la DGDA. Celle-ci dispose-t-elle

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réellement d’un service de statistique ou alors elle le fait expressément ?

Ne faudrait-il pas qu’elle renforce son service des statistiques ?

Le tableau 3 ci-dessous donne les statistiques de ces deux services DGDA

et ONC.

Tableau 3 : Café sorti par voie légale

Source : ONC et DGDA

*L’ONC a précisé que 275,520 tonnes constituent le café marchand et 367,718 tonnes le

café parche ; après conversion, cela donne 294,174 tonnes de café marchand. Donc en 2013,

les statistiques de l’ONC devraient mentionner 569,694 tonnes de café marchand.

Le tableau suivant renseigne sur la quantité de café déclarée à l’ONC et

fait une estimation de la quantité traversant les frontières

frauduleusement ainsi que la quantité qui est conservée par les

producteurs jusqu’à la saison suivante.

Tableau 4 : Données statistiques ONC

ANNEE QUANTITE DECLAREE QUANTITE CAFÉ MARCHAND NON DECLAREE

FRAUDE OU QTÉ KG INAPERÇUE

Qté en Kg REPORTEE

TOTAL PRODUCTION EN KG DE CAFÉ MARCHAND

QTÉ EN KG PARCHE

EQUIVALENT EN MARCHAND

2009 2.253.511 1.802.809 1.442.247 540.843 90.140 3.876.039

2010 1.058.170 881.808 846.538 370.359 62.961 2.161.666

2011 1.009.452 504.726 807.561 211.985 36.037 1.560.309

2012 1.224.216 1.020.180 979.373 428.476 72.841 2.500.870

2013 Vide Vide Vide Vide Vide 569.694 Source : ONC MAHAGI

Pour la compréhension de ce tableau, voici quelques remarques :

La troisième colonne (marchand) est une estimation de café

marchand (80%) par rapport au café parche de la deuxième colonne.

En effet, depuis le départ des exportateurs classiques du secteur, le

café qui sort du Congo à destination de l’Ouganda est un café parche

Services 2012

(Tonnes)

2013

Tonnes de café

parche

Tonnes de café

marchand

Tonnage total équivalent

en café marchand

ONC 2.500,87

367,718

(294,174 de

marchand)*

275,520 * 569,694

DGDA 238,0 - 82,5 82,5

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La dernière colonne (total production) est la sommation des chiffres

des colonnes 3, 4, 5 et 6. De ce total, la quantité réellement reçue

par l’ONC est ce que reprend la troisième colonne. Les colonnes 4 et

5 constituent le café qui sort en fraude selon l’estimation de l’ONC.

Les données concernent aussi bien la production du territoire de

Djugu que de Mahagi

Le tableau 4 donne la production annuelle de café marchand pour

Djugu et Mahagi (colonne 7). Entre 2009 et 2013, elle est en baisse

continuelle avec une petite remontée en 2012 et une chute brutale

en 2013.

Alors qu’au niveau des producteurs paysans, la production n’a

connu aucun facteur défavorable en 2013, l’ONC n’a pas encore

justifié cette chute brutale de production qui apparaît dans ses

statistiques.

L’ONC distingue par ailleurs la quantité qui est passée par l’ONC de

celle qui est passée inaperçue ou en fraude. Les exportateurs

classiques s’étant désengagés de ce secteur depuis l’année 2.000,

ces données ne concernent que le commerce transfrontalier de café

parche avec l’Ouganda.

Tableau 5 : Analyse des statistiques de l’ONC

Le tableau des statistiques de l’ONC montre que pour toutes les 4 années

consécutives, le pourcentage d’exportations frauduleuses est toujours

supérieur à celui des exportations légales. Donc, l’ONC ne fait que

constater la fraude depuis au moins 4 ans et rien n’est fait pour pouvoir

l’empêcher. Nous nous posons la question de savoir pourquoi l’ONC reste

inerte devant la fraude qu’elle constate pourtant elle-même dans son

secteur ?

Année

Total production

en Kg de café marchand

Stat. export

ONC en kgs

Total fraude en kg café

marchand

Qté reportée

Stat. de café déclaré et fraudé en %

Tot.

Pro

du

cti

on

Decla

rati

o

n à

l’O

NC

frau

de

report

Ecart

s

2009 3.876.039 1.802.809 1.983.090 90.140 100 46,51 51,2 2,32 0,01

2010 2.161.666 881.808 1.216.897 62.961 100 40,7 56,3 2,91 0,09

2011 1.560.309 504.726 1.019.546 36.037 100 32,3 65,3 2,3 0,1

2012 2.500.870 1.020.180 1.407.849 72.841 100 40,8 56,3 2,91 0

2013 569.694 Vide vide

Page 12: Etude café Ituri

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b. Comparaison des données de l’ONC et du volume de café vendu

de l’autre côté de la frontière par les acteurs du commerce de

café parche.

Pour une estimation du volume de café vendu de l’autre côté de la frontière

par les acteurs du commerce de café parche, nous avons mené une enquête

auprès des personnes actives dans ce secteur. Le nombre exact de ces

acteurs n’est pas connu, mais avec le concours de l’ONC, nous avons

rapidement dénombré 81 personnes dans les centres commerciaux et de

collecte ci-après :

Ndrele : 23 personnes

Ngote, Gwok-nyeri, Alego, Mona, Ame et environs : 41 personnes

Kpandroma : 6 personnes

Mahagi : 11 personnes

D’autres centres de collecte de café parche comme Nyalebbe, Kpanyi,

Akonj-kani, Thedheja, Fataki, Bule, Nioka, Dhera, Libi, Dr’dza et Linga

n’ont pas fait l’objet de notre investigation, faute de temps. Il n’est donc

pas exagéré de parler de 100 à 120 personnes actives dans le commerce

transfrontalier de café parche.

A ce nombre on peut ajouter les femmes et les cyclistes qui passent en

fraude des quantités énormes mais difficiles à inventorier. Elles échappent

à la statistique de production et d’exportation. Il nous a été révélé

cependant qu’une femme porte sur la tête une quantité estimée à 30 kilos

par voyage tandis qu’un cycliste charge jusque 100 kilos de café sur son

vélo et un motard 200 kgs. Quel est alors le nombre de femmes, de cyclistes

et de motards qui traversent la frontière, combien de tours réalisent-ils

chacun? Inconnu.

Les services frontaliers perçoivent une quête auprès de ces acteurs. Le

partage entre les services opérant à la frontière intervient à la fin de la

journée.

Du groupe de 81 acheteurs exportateurs non classiques que nous avons

identifiés dans quelques centres commerciaux et de collecte de café en

Territoires de Djugu et de Mahagi, nous avons contacté et interrogé 31

personnes.

L’entretien a été guidé par les questions suivantes :

1. Combien de tonnes de café avez-vous vendues en Ouganda pendant

la campagne 2013-2014 ?

2. Comment faites-vous passer ce café en Ouganda ?

3. Combien payez-vous aux différents services pour passer ce café ?

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4. Ce commerce transfrontalier est-il rentable pour vous ?

5. Que préférez-vous ?

Le volume de transaction de café parche avec le pays voisin (Ouganda)

semble être énorme. Il est enregistré dans le tableau 6 ci-dessous. Au total,

31 acheteurs exportateurs ont livré 2.298,5 tonnes de café parche à

l’Ouganda durant la campagne 2013-14. Le payement de la taxe se fait en-

dessous de la table. Pas un tarif fixe, toujours un arrangement entre les

services de l’Etat et les pratiquants du commerce transfrontalier du café

parche. Les totaux des exportations ne sont jamais déclarés. Environ 25%

seulement des quantités exportées sont reprises sur les bordereaux

d’expédition de l’ONC. Les statistiques du commerce transfrontalier

baissent progressivement d’un service à un autre pour minimiser la somme

à remettre au trésor public.

Prenant en considération le potentiel de production de café parche du

Territoire de Djugu et de Mahagi estimé à 10.000 Tonnes, soit 8.000

Tonnes de café marchand, les déclarations au commerce transfrontalier

sont de l’ordre de 2.000 Tonnes de café marchand. Ce qui est très proche

des statistiques de l’ONC (voire colonne 3 du tableau 5). Cela signifie que

6.000 Tonnes de café marchand traversent frauduleusement la frontière et

représentent un manque à gagner de 75 % pour la RDC. Quel énorme

pourcentage !

Partant aussi de l’entretien avec les 31 pratiquants du commerce

transfrontalier, les quantités réellement commercialisées en 2013 dans les

deux territoires figurent dans le tableau 6 ci-dessous.

Tableau 6 : Volume des exportations non classiques des 31/81

pratiquants du commerce transfrontalier avec l’Ouganda en 2013.

Centres Exportateurs Quantité de

café parche

Statistiques

ONC

Statistiques

DGDA

Ndrele 23 1.495 tonnes

643,3 tonnes 82,5 tonnes

Kpandroma 2 300 tonnes

Ngote 1 140 tonnes

Amee 1 150 tonnes

Goknyerie 3 73,5 tonnes

Mona 1 140 tonnes

Total 31 2.298,5 tonnes 643,3 tonnes 82,5 tonnes

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Les acteurs interrogés au nombre de 31 ne représentent que 38 % du

nombre total d’acteurs identifiés (81). Si nous appliquons ce rapport à

l’ensemble des acteurs identifiés, la quantité totale livrée par les 81 acteurs

pourrait être de l’ordre de 6.000 Tonnes. En considérant un nombre de

100 à 120 acteurs, la quantité de tonnes exportées serait de l’ordre de

7.400 à 8.800 Tonnes de café marchand. La vraie quantité de café qui

traverse la frontière du Congo pour l’Ouganda est sans doute plus

importante que cela parce que dans nos calculs nous n’avons pas pris en

compte d’autres acteurs résidant aux centres de collecte comme Nyalebbe,

Akonjkane, Dheja, Kpanyi, Walla, etc… ainsi que la quantité de café qui

passe en fraude par vélos, motos et tête (cas des femmes). A ce sujet, l’ONC

signale que sur 643.288 Kgs figurant dans ses statistiques pour 2013,

367.718 Kgs, soit 57,16 %, ont traversé la frontière par fraude. A notre avis

la quantité de café qui en 2013-2014 aurait traversé la frontière Congo-

Ouganda serait 10 fois plus importante que la quantité enregistrée par

l’ONC. C’est même la quasi-totalité de la production annuelle de café

arabica de l’Ituri dont le potentiel est évalué par ces investigations à 8.000-

10.000 tonnes par an.

La fraude a-t-elle vraiment une telle ampleur ? Comment le nier lorsqu’elle

se fait le jour, au vu et au su des agents de l’ONC et des services de l’Etat

œuvrant à la frontière ? Elle se fait par camion entier, moto et vélo munis

de documents en bonne et due forme, mais qui ne couvrent qu’une minime

quantité du café transporté. C’est la réponse des personnes interrogées à

la deuxième question.

En résumé, les acteurs du commerce transfrontalier de café parche en

complicité avec les agents des différents services de l’Etat minimisent

expressément la quantité exportée. La grande partie de café parche faisant

l’objet du commerce transfrontalier passe par la « fraude » et échappe même

aux statistiques officielles congolaises.

Le grand perdant est la RD Congo et le grand bénéficiaire l’Ouganda

comme signalé plus haut.

Comment se fait-il ?

La réalité est révélée par la réponse à la deuxième question : sous couvert

d’une petite quantité soumise aux formalités pour l’exportation, des

quantités 10 fois plus importantes traversent la frontière au vu et au su

des agents de l’ONC et des services étatiques œuvrant à la frontière. La

petite quantité soumise aux formalités qui apparait dans les statistiques

officielles, c’est la partie visible de l’iceberg (fig.1). Elle cache la partie

immergée, énorme comme une montagne.

Page 15: Etude café Ituri

P a g e | 14

Le service n’est pas gratuit mais le coût est moindre et les bénéficiaires

faciles à deviner.

Le café qui passe en fraude emprunte la même voie et le même moyen de

transport que le café soumis aux formalités officielles. A Karombo, le

moyen de transport le plus utilisé est la moto qui en un rien de temps

parvient à évacuer tout un entrepôt de café ou le contenu d’un camion

FUSO de 12 ou 20 tonnes. Le trafic se fait le jour entre Gwoknyeri et

Karombo comme entre Mahagi ou Karombo avec l’Ouganda.

5. TAXATION SUR LES EXPORTATIONS ET LE COMMERCE

TRANSFRONTALIER DU CAFE

Elles sont nombreuses

Elles sont légales et non légales

Elles sont élevées (13 à 16% contre 1 % en Ouganda, 3% au Rwanda

et Burundi, etc ….)

A la page suivante se trouve le tableau qui les illustre.

Page 16: Etude café Ituri

P a g e | 15

Tableau 7: Le niveau de taxation et son impact sur l’économie de la Province Orientale

Taxes et frais payables de la production à l’exportation du café :

No

LIBELLE

MONTANT

A PAYER

SERVICES

OBSERVATION

1. A L’OUVERTURE D’UNE MAISON COMMERCIALE

1. Permis d’ouverture SPRL 200$ ETD Payable à l’IPMEA

2 Permis d’ouverture SARL 180$ ETD Payable à l’IPMEA

3 Permis d’ouverture magasin 100$ ETD Payable à l’IPMEA

2. AU NIVEAU DE LA PRODUCTION

4 Chefferie (au centre de collecte café) 2$ /sac IPAPEL+

chefferie

40% et

60%

5 Taxe sur permis d’achat produits

pérennes et industrielles

240 $ DGRPO Ponctuel c.a.d. à

chaque passage

6 Taxe d’évacuation café d’une province

à l’autre

5$ le sac IPAPEL

3. RECEPTION DU CAFE PARCHE A L’USINE

07 Chefferie 200 FC/sac ETD

08 Usinage 0,0825/kgs Usinier Soit 82,5 $ la tonne

4. TAXES PAYABLES A L’EXPORTATION D’UN LOT DE CAFÉ VERT (19,2 T)

09 CVE 1,02% OCC Val. FOB mercuriale

10 DGDA 1% DGDA Val. FOB mercuriale

11 DGDA 0,025% DGDA AUFES

12 Redevance Rémunératoire Informatique

0,50% DGDA Val CIF (?)

13 COMMISSION OGEFREM 0,58% OGEFREM Val. CIF mercuriale

14 Certificat phytosanitaire 1$ /sac IPAPEL PAYE AU DISTRICT

15 Certificat d’origine des végétaux 30$/mvt IPAPEL SQAV

16 Bordereaux 10$ IPAPEL Certificat phyto &

végétaux

17 IPAPEL 20$ IPAPEL IPAPEL

18 CNPR 20$ CNPR PASSAGE BARRIERE

19 FONER 119$ FONER PASSAGE BARRIERE

20 DGM 50$ DGM Visas

21 COMMERCE EXTERIEUR 50$ CCE EXTER. Exportations des

produits

22 TRANSITAIRE 320$/T Transitaire MAHAGI-MOMBASA

23 EAD 20$ W/PALARA EXPORT.

24 PLOMB 20$ DGDA DGDA

25 TVA TRANSITAIRE 20$ TRANSITAIR TRANSITAIRE

26 TRANSITAIRE /service rendu 250$ TRANSITAIR SERVICE RENDU

27 NOTE DE VERSEMENT 5$ DGDA DGDA

28 LICENCE D’EXPORTATION 25$ BANQUE BANQUE

29 TRANSCOM. 100$ TRANSCOM FEUILLE DE ROUTE

30 BANQUE 59/LOT BANQUE EXPORTATION

31 IMPRIMES 20$/LOT BANQUE EXPORTATION

32 RCC 2% BANQUE Val. FOB mercuriale

33 IMPOT PROFESSIONNEL SUR

REVENU

10% sur

sal.

DGI Mensuel

34 IMPOT SUR BENEFICE ET PROFIT 30% sur CA DGI Annuel

Page 17: Etude café Ituri

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5. TAXES PAYABLE A L’ONC

35 Carte modèle A 100$ ONC Par personne morale/an

36 Carte modèle B 50$ ONC Par association/ an

37 Carte modèle C 25$ ONC Pers physique/an

38

39

ONC taxes sur exportation Arabica

ONC taxes sur exportation Robusta

3,5%

4.5%

ONC

ONC

Val. FOB mercuriale

Val. FOB mercuriale

40 Bordereaux d’expédition 5$ /doc. ONC Suspendu campagne

2013 - 2014

41 ONC 15$ ONC Empotage

Taxes sans sous bassement juridique

No TAXES TAUX SERVICES OBSERVATION 01 Assistance Variable DEMIAP Enregistrement

02 Assistance Variable POL/FRT Passage Frontière

03 Assistance Variable TERRITOIRE Ponctuelle

04 Assistance Variable FARDC Enregistrement

05 Jeton de sortie 50$ DGM Visas (sur-taxation)

06 Assistance 10$ ANR PASSAGE BARRIERE

07 Compte Bureau 40$ DGDA DGDA

08 DGDA 20$ DGDA Contrôleur

09 DGDA 10$ DGDA Acceptation

10 DGDA 35$ TE/DGDA Travaux extraordinaires

11 Taxe sur désinfection véhicule 50$ PNHF Désinfection

12 Assistance lors du chargement 10$ ONC ponctuelle

13 Assistance lors du chargement 20$ DEMIAP Ponctuelle

14 Assistance lors du chargement 20$ ACCO ponctuelle

15 Assistance lors du chargement 30$ P. ROULAGE Ponctuelle

16 Assistance lors du chargement 10$ ANTIFRAUDE Ponctuelle

17 - Enregistrement de demande d’exportation café

- Lot prêt à l’exportation

- Mis en conteneur

300$ OCC Forfait.

18 Assistance 50 $ ANR Ponctuelle

Impact de ces taxes sur l’économie et le climat des affaires

L’impact est négatif car :

Ces taxes réduisent les bénéfices des acteurs de la filière et font peur

aux investisseurs.

Elles favorisent la fraude, causant une perte pour le Trésor public

en recettes et devises que produisent les exportations.

En favorisant la fraude, elles réduisent la matière taxable (quantité

de café soumise aux taxes) et donc les recettes de l’ONC et des

services étatiques œuvrant à la frontière. Le tableau ci-dessous

montre les recettes de l’ONC qui diminuent comme un pot de chagrin

entre 2009 et 2013 : elles sont calculées sur base des statistiques de

l’ONC et la mercuriale fixe de 2,05$ (pour l’an 2013-2014) le kilo

pour connaître la valeur FOB MOMBASA sur laquelle l’ONC applique

la taxe de 3,5%.

Page 18: Etude café Ituri

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Tableau 8: simulation des pertes réalisées par l’ONC au taux de

taxation de 3,5% pour l’année 2009 (cfr tableau 5)

Qté en Kg Taux Mercuriale

en USD

Recettes

USD

Pourcentage

Quantité déclarée à

l’ONC 1.802.809 3,5% 2,05 129.360 100%

Production Moyenne/an 8.000.000 1,5% 2,05 246.000 190%

Accroissement des recettes 116.640 90%

Si l’ONC avait réduit sa taxe de 3,5% à 1,5% et avait ainsi attiré vers

elle la quantité qui lui échappe aujourd’hui (fraude ou inaperçu), ses

recettes auraient augmenté de 116.640 $ en 2009 (Cfr. tableau 8),

64.535,18 $ en 2010, 46.871,36 $ en 2011 et 74.661,89 $ en 2012.

Le fait que le café congolais soit traité en Ouganda et exporté par le

même pays constitue doublement une perte pour la RD Congo,

d’abord une perte en recettes produites par les taxes et en devises

pour le Trésor public et ensuite une perte en termes d’emplois. En

effet, il s’agit de plusieurs emplois temporaires pendant 6 mois de

campagne caféière et des emplois permanents pour les employés des

usines de traitement de café. L’expérience l’a prouvé : l’exportation

d’un lot de 19,2 tonnes de café utilise une main d’œuvre de plus de

100 personnes dans le triage, la manutention, etc. pour une durée

de plus ou moins 60 jours de travail.

Tableau 9 : Recettes de L’ONC sur café marchand exporté

(base de 3,5%)

Année Production

annuelle café

marchand

Valeur fob Café

marchand

Taxe de 3,5%

2009 1.802.809 3.695.758,40 129.351,59

2010 881.808 1.807.706,40 63.269,72

2011 504.726 1.034.688,30 36.214,09

2012 1.020.180 2.091.369 73.197,91

2013 569.694 1.167.872,70 40.875 ,54

Source : les calculs sont sur base des statistiques de l’ONC

Page 19: Etude café Ituri

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6. SIMULATION DE L’AVANTAGE DE LA REDUCTION DES TAXES

La situation actuelle est caractérisée par :

De nombreuses taxes légales et illégales

Un Taux élevé de ces taxes= 13%

De nombreuses tracasseries administratives et policières

Une fraude massive vers le pays voisin

Les recettes de la province Orientale et de l’Etat congolais

d’origine caféières nulles ou insignifiantes

Manque de rapatriement de devises au Trésor public

Réticence des investisseurs à venir s’installer au pays

La situation nouvelle et idéale serait caractérisée par :

L’abolition de toutes les taxes illégales

Un taux raisonnable de taxes réduit à 2,75% pour l’ensemble

des services (par exemple)

Une exportation légale de toute la production annuelle (donc

pas de fraude)

Aucune tracasserie administrative et policière

Les recettes de la province Orientale et de l’Etat congolais

améliorées

Le rapatriement des devises pour le Trésor public assuré

Le paiement d’impôt sur le bénéfice assuré

Une diminution du chômage, car réouverture des usines de

traitement fermées avec création ou réactivation de nombreux

emplois

Afflux des investisseurs à venir s’installer au pays

Exemple

1. Situation actuelle

Les recettes sont calculées sur base des statistiques de l’ONC avec

le taux décrié de 13%

Année : de 2009 à 2013

Mercuriale fixe de 2,05

2. Situation nouvelle

Les recettes sont calculées sur base de potentiel de production

avec le taux 2,75% pour les taxes.

Tonnage café marchand: 8.000 tonnes (potentiel de production)

Mercuriale fixe de 2,05

Valeur fob totale : $2,05 X 8.000.000 = $ 16.400.000

Page 20: Etude café Ituri

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Tableau 10 : Recettes de l’ONC, DGDA et autres services sur café

marchand exporté (base de 3,5%)

Sans compter l’impôt sur le bénéfice, à déterminer, nous constatons que

les services étatiques ont ainsi perdu en 5 ans un montant de près d’un

millions de dollars. Les pertes pour l’économie nationale en général et pour

les producteurs en particulier, sont évidemment encore beaucoup plus

importantes.

Année

Production

annuelle café

marchand

Valeur fob

Café

marchand

ACTUELLE

Recette en $

Taux de

taxation de

13%

NOUVELLE

Recettes de la

Production annuelle

moyenne (8.000T)

calculé à 2,75% en USD

Impôt sur

bénéfice à

déterminer au

rapatriement

de devises

2009 1.802.809 3.695.758 480.448 451.000

2010 881.808 1.807.706 235.002 451.000

2011 504.726 1.034.688 134.509 451.000

2012 1.020.180 2.091.369 271.878 451.000

2013 569.694 1.167.873 151.823 451.000

TOTAL SUR 5 ANS 1.273.660 2.255.00

Page 21: Etude café Ituri

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7. CONCLUSIONS

Le café, culture de rente par excellence et stratégique pour les

territoires de Djugu et Mahagi, est cultivé par un nombre important

de ménages mais dont le chiffre exacte reste encore à déterminer.

L’inspection de l’agriculture, élevage et pêche a lancé le recensement

des producteurs de café dans les deux territoires Djugu et Mahagi.

La chefferie des ANGH’ALS à elle seule compte actuellement

6.042.854 pieds de caféier.

La superficie plantée de café dans les 2 territoires est aussi mal

connue. Quant au potentiel de production, il est au moins de 8.000

à 10.000 tonnes de café par an. Ces chiffres peuvent être vérifiés par

des nouvelles investigations. Ils apparaissent bas.

Les statistiques officielles de production de l’ONC et de la DGDA

sont divergentes et exagérément basses par rapport au potentiel de

production des deux territoires Djugu et Mahagi. Les services de

statistiques des services frontaliers nécessitent un renforcement.

Toutefois, le guichet unique, s’il fonctionne bien, peut être une

solution à cette défaillance.

Le volume annuel des transactions diminue d’année en année selon

les statistiques officielles alors que selon notre évaluation, il serait

10 fois élevé que le chiffre officiel.

De nombreuses taxes légales et illégales s’abattent sur le secteur.

Elles ont été et restent à nos jours à la base du découragement et du

désengagement des exportateurs classiques et des acteurs du

maillon de transformation depuis près de 15 ans. Ces derniers ont

été attirés par le meilleur climat des affaires de l’autre côté de la

frontière. Actuellement, ils ne cessent d’y investir.

L’exportation classique de café marchand de Djugu et de Mahagi a

cédé la place au commerce transfrontalier de café parche à

destination de l’Ouganda qui en tire tout le profit.

La quasi-totalité des transactions du commerce transfrontalier se

déroule en fraude et échappe aux taxes et aux statistiques officielles.

Le manque à gagner pour le trésor public est très important.

Page 22: Etude café Ituri

P a g e | 21

8. RECOMMANDATIONS

Que faire pour un meilleur avenir du secteur ?

Il faut que les décideurs prennent des mesures incitatives pour améliorer

le climat des affaires dans le secteur, y attirer de nouveaux investisseurs

et ainsi créer des emplois et une plus-value aux producteurs et acteurs qui

exportent le café marchand au lieu de café parche.

A cet effet, les participants aux ateliers de Mahagi et de Bunia ont formulé

les recommandations ci-après :

Que chaque service revoie à la baisse le taux de ses taxes perçues sur

les exportations du café :

ONC de 3,5% à 1,5%

OCC de 1,02% à 0,5%

DGDA de 1% à 0,5%

OGEFREM de 0,58% à 0,25%

La suppression pure et simple des taxes illégales avant le lancement de

la campagne 2014-2015, suivie de l’application stricte de l’ordre

opérationnel avec l’implication effective des autorités provinciales, du

district et des territoires.

Se conformer à l’Ordonnance Présidentielle limitant à quatre le nombre

de services autorisés à œuvrer à la frontière pour contrôler les

exportations du café, réunis dans un guichet unique avec des

statistiques communs fiables, à savoir : ONC, OCC, DGDA et

OGEFREM.

Créer un cadre de collaboration entre les acteurs ci-après : ONC (prend

le lead), DGDA (secrétariat), OGEFREM, VECO, SIGRACO, KAWA

MABER, INSPECTION DE L’AGRICULTURE, F.E.C, Association des

exportateurs, aux compétences d’assurer le suivi des recommandations

de l’étude et des deux ateliers et le niveau de réalisation pour

l’assainissement du climat des affaires dans la filière café.

Faire le plaidoyer à tous les niveaux pour la réduction de la taxe et la

mise en application de la loi portant principes généraux relatifs au

secteur agricole.

Décourager le commerce transfrontalier du café parche et mettre en

place des mesures incitatives pour les exportations classiques du café

marchand.