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Psychopharmacologia (Berl.) 9, 118--136 (1966) Etude comparative des effets psychophysiologiques de l'amph~tamine chez des sujets de race blanche et de race noire P. HVBIN* et J. S~av~Is Institu~ de Thgrapeutique Exp6rimen~ale, Universi~g de Ligge (Prof. M. J. DALL~Aa~) Regu le 23 septembre 1965 Introduction Poursuivant nos recherches sur le comportement physiologique et psyehologique de l'homme normal sous l'influence de l'amph6tamine, nous avons envisag6 les points suivants: 1. l'influenee de cette drogue sur l'apprentissage de diff@rentes op6ration s (attention visuelle, contrSle de la motricit6, ealcul mental), et snr deux nouveaux param~tres psychologiques: la pers@v6ration mentale et l'imagination (facteur F). 2. les effets de l'amph~tamine sur les m6mes opgrations lorsqu'elle est administr@e 2 fois ~ six semaines d'iatervalle, dans les m~mes con- ditions. 3. les diff6rences entre les effets de l'amph@tami~e administr6e en une seule forte dose ou en plusieurs doses faibles 6tal~es sur une semaine. 4. la sensibflit6 s l'amph@tamine des snjets de race blanche et noire (an sein de ehaeune de ces races, nous avons recherch@ si Faction de la drogue est influenc6e par le type neuro-v6g@tatif et le niveau de per- formance initial des snjets de l'exp@rience). M@thode A. Su]ets 40 6tudiants en m@deeine de sexe masculin, &g@s de 22 ~ 25 ans et 12 assistants m6dicaux de race noire et d'origine africaine, ~g@s de 26 & 35 ans, se sont pr@t6s volontairement s l'exp6rience. Leur motiva- tion est bas6e d'une part sur l'int6r~t qu'ils portent & Faction des drogues psyehotropes dans le cadre du cours de pharmacodynamie et d'autre part sur le d6sir de connaitre, dans des conditions exp6rimentales, leur propre mode de r6action s ces drogues. Signalons que les 6tudiants de race noire n'utilisent qu'exceptionellement des psychotolfiques ou tran- quillisants en vue d'am61iorer leur capaeit6 de travail en p6riode d'exa- * Stagiaire de recherches du F.N.R.S. 1963--1964.

Etude comparative des effets psychophysiologiques de l'amphétamine chez des sujets de race blanche et de race noire

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Page 1: Etude comparative des effets psychophysiologiques de l'amphétamine chez des sujets de race blanche et de race noire

Psychopharmacologia (Berl.) 9, 118--136 (1966)

Etude comparative des effets psychophysiologiques de l'amph~tamine

chez des sujets de race blanche et de race noire

P. HVBIN* et J . S~av~Is

Institu~ de Thgrapeutique Exp6rimen~ale, Universi~g de Ligge (Prof. M. J. DALL~Aa~)

Regu le 23 septembre 1965

Introduction Poursuivant nos recherches sur le comportement physiologique et

psyehologique de l 'homme normal sous l'influence de l 'amph6tamine, nous avons envisag6 les points suivants:

1. l'influenee de cette drogue sur l 'apprentissage de diff@rentes op6ration s (attention visuelle, contrSle de la motricit6, ealcul mental), et snr deux nouveaux param~tres psychologiques: la pers@v6ration mentale et l ' imagination (facteur F).

2. les effets de l 'amph~tamine sur les m6mes opgrations lorsqu'elle est administr@e 2 fois ~ six semaines d'iatervalle, dans les m~mes con- ditions.

3. les diff6rences entre les effets de l'amph@tami~e administr6e en une seule forte dose ou en plusieurs doses faibles 6tal~es sur une semaine.

4. la sensibflit6 s l'amph@tamine des snjets de race blanche et noire (an sein de ehaeune de ces races, nous avons recherch@ si Faction de la drogue est influenc6e par le type neuro-v6g@tatif et le niveau de per- formance initial des snjets de l'exp@rience).

M@thode A. Su]ets

40 6tudiants en m@deeine de sexe masculin, &g@s de 22 ~ 25 ans et 12 assistants m6dicaux de race noire et d'origine africaine, ~g@s de 26 & 35 ans, se sont pr@t6s volontairement s l'exp6rience. Leur motiva- tion est bas6e d 'une par t sur l'int6r~t qu'ils portent & Faction des drogues psyehotropes dans le cadre du cours de pharmacodynamie et d 'aut re par t sur le d6sir de connaitre, dans des conditions exp6rimentales, leur propre mode de r6action s ces drogues. Signalons que les 6tudiants de race noire n'utilisent qu'exceptionellement des psychotolfiques ou tran- quillisants en vue d'am61iorer leur capaeit6 de travail en p6riode d 'exa-

* Stagiaire de recherches du F.N.R.S. 1963--1964.

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mens alors que cette pratique est assez frTquente chez les 6tudiants blancs (25o/0 de eeux-ei avaient absorb@ auparavant des exeitants du S.N.C. du genre de l'amphTtamine ou de la RILATnq~). La coopTration et l'intTr@t manifestTs par les deux groupes sont fort semblables, en dTpit d'une lTg&re anxiTt6 des sujets afrieains peu accoutumTs & l'absorp- tion de drogues.

B. Schdma expdrimental

Tous les sujets sont soumis 4 lois aux m~mes 6preuves & 3 semaines d'intervalle. La premiere stance (contr61e sans absorption de mTdicanaent) eonaporte outre la batterie de tests dTcrite plus loin, une exploration du fonctionnement des syst&mes neuro-vTgTtatifs, un examen biomTtrique bas6 sur la mTthode de D~covRT (1951), et une enquTte psyeholo- gique au moyen de l 'Inventaire de Temp@rament de GUILFORD et Z I ~ M ~ A N (1957). Ces deux derni~res naesures typologiques font l 'objet d'une autre recherche et n 'ont pas 6t6 raises en corrTlation avec les rTsultats des 6preuves naentionnTes ci-dessous.

Les 40 sujets de race blanche sont divisTs en deux groupes:

~) 19 d'entre eux regoivent 20rag d'amphTtamine racTmique 45 min avant de subir les tests des deuxi~me et quatri~me stances et du lactose (placebo) avant la troisi&me stance. Ce groupe sera qualifi6 d'~aigu ~ (A) en raison du mode d'administration des drogues.

/~) 21 sujets absorbent chaque ]our de la semaine prTeTdant les stances de tests (y compris ce dernier jour) 5 nag d'anaphTtamine raeTmique le matin et & midi, avant les deuxi~me et quatri~me stances, et deux lois du lactose (placebo) avant ]a troisi&me s6ance. Le dTbut des tests a lieu, en moyenn.e, deux heures apr~s la derni~re prise du produit. Nous appellerons ee groupe ~chronique ~ (C).

Les 12 6tudiants noirs ont suivi le mode <~aigu ~ et forment le groupe N. La mTthode aveugle a 6t6 rigoureusement appliquTe, aucun sujet n 'ayant eonnu la nature des mTdications ni la signification des tests employTs avant la fin de route l'exp@rience. Chacun 6fair prTvenu toutefois que l'exp@rimentation porterait sur des drogues psychotropes et que 1'administration d'un placebo 6fair possible. La prTsentation pharmaceutique de l'anaphTtamine et du lactose est la re@me ainsi que le mode d'administration.

C. Batterie des tests

Les 40 sujets de race blanche et les 12 de race noire ont 6t6 soumis aux 6preuves suiv~ntes: (durTe une heure environ).

1. lVormes identiques. Le test consiste k repTrer parmi des s@ries de 5 figures apparentTes, eelle qui correspond exactement & un module donnT. Le sujet doit repTrer en une minute le plus de ((formes identiques ~)

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possible. Les s6ries de figures sont diff6rentes pour chaque s6ance exp6ri- mentale pour emp6cher la m6morisation des r@onses.

2. Frappe digitale (aiming). Dur6e 5 minutes. C'est un test de motri- cit4 consistant ~ toucher successivement et le plus rapidement possible, avec un styler, trois cercles de 0,8 cm de diam~tre aux sommets d 'un triangle de 18 cm de c6t6.

3. Test de Kraepelin. Dur6e 2 lois 3 minutes. I. A des hombres d 'un seul chiffre variant au hasard de 1 ~ 9, dispos6s

en colonnes verticales, le sujet doit le plus rapidement possible additionner le chiffre 7 et inscrire les sommes sur une feuille s6par6e.

I I . Aprbs un repos de 20 secondes, le sujet recommence les mgmes op6rations, compliqu6es cette fois d 'un facteur de distraction: routes les 10 secondes une sonnette retenti t qu'il dolt aussit6t arr6ter en utflisant un interrupteur situ6 ~ gauche de la table de travail. Le r6sultat exprime le hombre d'op6rations correctes et incorrectes effeetu6es.

4. Test de persgvdration de R. B. CATT~,LL 1. Dur~e 20 minutes. La pers6v6ration est d~finie comme 6rant une tendance ~ la r@~tition on s la continuation d 'une activit6 apr~s la cessation de cellc-ci (inertie menta l@ Le test eonsiste s computer les performances des sujets dans des exerciees de lecture, d'6eriture, de caleul mental, de labyrinthe ex6- cut6s suivant le mode habituel d 'une par t et suivant un mode inhabituel (6crire ou life s l 'envers, calculer suivant des conventions, ere), d 'autre part . La note globule de chaque sujet est calcul~e suivant la mgthode de R. 13. CATTELL (A guide to mental testing) en faisant la somme des notes de groupe obtenues pour les 9 valeurs partielles.

5. Test de /aeteur F de R. B. CATT~LL s. DurOc 20 minutes. Ce test permet de mesurer l 'esprit ludique du sujet par l 'analyse de son at t i tude vis-a-vis d 'une situation de jeu et d'appr6cier de fagon indirecte le degr6 d'extraversion-introversion. L' individu qui obtient un r6sultat 61ev6 prouve une at t i tude d'aisance en face de la vie, de facilit6 de contact ext6rieur (bonne humeur, sens de l 'humour, adaptabilit6, grbgarit6, vivacit6 de comprehension).

Pour effectuer les deux derniers tests, les' sujets sont rassembl6s en groupcs de 5 et pour les trois premiers, ils sont isol6s.

D. Groupe tdmoin (T) 10 autres sujets de sexe masculin et de race blanche ont 6t6 soumis

4 fois (intervalle de 3 semaines) aux m~mes tests sans absorption de m6dicament pour fournir une 6valuation du degr6 d'apprentissage.

1 1%. ]3. CA~TF~LL: Test de pers6v6ration (1954). Traduction et 6dition du Centre de Psychologie al0pliqu~e. Paris.

2 ]~. ]~. CATTELL: Test de tZacteur F (][951) Adaptation frangaise de C. ]~N~SSY- C~AVFF~U~9 et l~I. B~ASSY. Edit. du Centre de Psychologic alopliqu6e. Paris.

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Un coutrS]e de la fr6quence cardiaque et de ]a tension art6rielle est r4a]is4 chez tousles sujets avant le d6but de chaque s~anee exp6rimentale.

R6sultats

A. Ddtermination de la nature de8 mddicaments

1. Sujets de race blanche

Les sujets des groupes A et C sont pri~s d'Smettre une opinion sur la nature du m6dicament qu'fls ont re~u.

Nous avons at tendu la fin de chaque s6ance de tests pour rec~efllir les avis individuels sur la nature de la drogue absorb6e de telle sorte que chacun puisse faire iatervenir duns son appr6ciation nne 5ventuelle modification d 'a t t i tude s l '6gard des tests ou une variation subjective de performance.

Tous les sujets soar avertis que trois m~dications pouvaient ~tre utilis6es: un excitant, un d6presseur ou un placebo, et que routes les eombinaisons de ees trois drogues 5taient possibles, y compris l 'administra- tion r6p6t6e d'une m6me drogue. Par consSquent, ils dewien t choisir entre 3 opinions de probabilit6 6gale.

Tableau 1. Opinion des 40 sujets de race blanche sur le mddicament re~u

Produi t re~u --~ 2e s~ance 3e s~ance 4e s~ance Opinion ~ (amphetamine) (placebo) (amph6tamine)

Groupe C excitant 7 2 9 (21 sujets) placebo 10 14 7

d~presseur 4 5 5

Groupe A exci~an$ 6 2 9 (19 sujets) placebo 7 13 6

d6presseur 6 4 4

Le tableau 1 indique los rSponses obtenues chez les 40 6tudiants de race blanche r~partis en 21 (( chroniques )) (C) et 19 ((aigus ~) (A).

I1 en ressort que :

a) La proportion de dgtermination correcte de l 'amph6tamine est la m8me duns les deux groupes et n 'est pus sup6rieure s celle donn6e par le hasard (X 2 non significatff).

L 'amph~tamine est un pcu mieux identifi6e lors du 2 e contact des sujets avee elle, c'est-s ~ la quatri~me s6ance, mais la diff6rence n 'a t te int cependant pus le seuil de signification statistiqne. Cette am61io- ration n 'est pus due h ce que des sujets reconnaissant correctement l 'am- phStamine viennent s 'ajouter s ceux qui l 'avaient d6j~ bien iden~ifi4e

la premigre s6ance, car parmi ceux-ci, nne moiti6 seulement ont repro- du i t leur r6ponse ~ la quatri~me s6ance; statistiquement, un sujet qui

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a identifi6 l 'amph6tamine ~ la deuxi6me s@ance n 'a pus plus de chance qu'un autre de la reconnaltre correctement ~ la quatri~me.

b) Le placebo a @t6 le plus souvent reconnu correctement par les sujets des deux groupes: le X ~ est tr~s significatif (p ~ 0.005) pour l 'un comme pour l 'autre. Les placebo- r6acteurs (1/3) ont present6 une majo- rit6 d'effets d~presseurs et trSs peu d'effets excitants (1/10).

En faisant abstraction de la diff6rence entre les groupes A e t C, qui semble minjme, nous pouvons comparer les opinions 6raises par les 26 sympathicotoniques (S) et cellcs des ~4 vago-amphotoniques (V--A).

Le tableau 2 indique la seule diff6rence statist iquement significative : ]'effet excitant de la drogue est pergu par une majorit6 de sujets de type sympathicotonique lors de la 4e s6anee. I1 est tr~s rare duns l 'autre classe de sujets.

Tableau 2. Opinions cruises par les 26 sujets Set Ies 14 sujets V-A apr~s l'administra- tion d'amph@tamine dt la 4e sdanee (sans distinction de mode d'administration)

Sujets -~ Sympathicotoniques Vago-amphotoniques Opinion ~ (26 S) (14 V-A)

excitant 15 3 placebo 6 7 d61~resseur 5 4

X 2 0,025 < p < 0,05 0,3 < p < 0,5

En r6sum@, l'amph@tamine administr6e de fagon aigfie ou chroniqne n 'est pus recon~ue par les sujets de race blanche duns u~ pourcentage de cas sup4rie~r ~ celui que donne le hasard, s l 'exception des sympa- Chicoton~ques lors de la 2e administration de la drogue.

2. Sujets de race noire

Chez les 12 ~tudiants noirs, noas ne retrouvo~s pus cette diff@renee entre le pourcentage de r6ponses exactes pour la drogue active ct pour le placebo (Tableau 3).

Tableau 3. Opinions des 12 sujets de race noire surle mddicament regu Produit regu ~ 2e s6ance 3e s6ance 4e s6ance Opinion ~ (amph6taminc) (placebo) (amph6tamine)

excitant 7 1 7 placebo 4 7 3 d@presseur 1 4 2

X ~ 0,1 ~ p ~ 0,2 0,1 ~ p ~ 0,2 0,2 ~ p ~ 0,25

L 'amph6tamine (14 lois sur 24) et lc placebo (7 lois sur 12) ont 6t6 rccon~us par 58,3~ des sujets noirs: cc pourcentage est sup@rieur celui des blancs pour l 'amph6tamiae (38,8~ mais inf@rieur pour le placebo (670/0).

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B. ~Aude des /rdquences eardiaques et des tensions art&ielles

1. Sujets de race blanche

L%volution des moyermes des fr6quences eardiaques et des tensions art6rielles (maxima et minima) des groupes A et C, ainsi que du groupe t6moiu 3 est report6e s la figure 1 ( a c t b).

8 8

~a2'~-__\ \ / I..,

78 - " \ ~ / X ' . \ l , d

1

7~;- I I

2.Amph, 3,P/czc. ~Arnph. a

m

Max.

. . . . . . o . . . . . .

2

'0: m/b. s

~ . ~ S . ~ . - - " - ' ' ~

6

I i 2.4mph, ~Plac. ~Amph.

b Fig. 1 a e t b. Variat ions de Ia fr~quence cardiaque et de la tension art@ielle des sujets de race blanche. - - 6volut ion des valeurs moyennes du groupe t6moin (T); - - �9 - - 4 re la t ion des valeurs moyennes du groupe aigu (A); - - - - 6volution des valears moyennes du groupe chronique (C); o . . . . o et s var ia t ion s ta t i s t iquement signifieative (p < 0.05). a fr6quenees cardiaques moyennes;

b tensions art@ielles moyennes

L' interpr6fa t ion de cette figure repose sur les eonsid6rations sui- vantes :

1. Les mesures effectu6es lors de la premi@e s6anee refl~teat une 6motivit6 qui est normale lots du premier contact avec l 'exp@imentat ion : la comparaison avec cclles effectu6es s la troisibme s6ance (placebo) permet de la met t re er~ 6vidence.

2. La comparaison entre les mesures effeetu6es aux deuxi~me et quatri~me s6ances permet d 'appr@ier la r6gularit6 de Faction cardio- vaseulaire de l 'amph6tamine.

3. La comparaison entre les mesures effeeta6es lors de la troisi~me s6ance avec celles des deuxi~me et quatri~me s6ances permet une appr6- ciation de l'effet pharmacologique de l ' amph6tamiae sur les valeurs cardio- vaseulaires par rappor t ~ une si tuation de r6f6rence, l ' adminis t ra t ion d ' un placebo.

Les variations du pouls et de la t~nsion moyens du groupe t4moin (T) ne sent jamais stagistiquement significatives, en d@it de ]cur importance apparente. Elles constituent une r6f6rence pour les variations des mesures des groupes A et C et il est permis de d6duire que les fluctuations statistiquement signifieatives observ6es sent dues s Faction des drogues employ6es.

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Pour chacun de ces points, le t de Student a ~t@ mesur~ par la m6thode des @chantillons appareill6s et scales les diff@rences at teignant p ~ 0,05 ont retenu notre at tention (Fig. 1). On eonstate que les deux groupes consid4r6s different sur le plan de leur r~activit~ 6motionelle: le groupe A manifestant une tachycardie mod@r6e, le groupe C une hyper- tension maximale et minimale l@g~re. L'amph@tamine ugit toujours duns le m6me sens sur le ry thme cardiaque au sein d 'un groupe mais de fagoa oppos6e suivant le mode d'admhaistration: elle provoque de la tachy- curdle dans le groupe C et de la bradycardie duns le groupe A!

L'aet ion de l 'amphStamine sur les tensions maximale et mmimale moyennes est de faible intensit6 et eomplexe. Le mode d'administration semble aussi ~tre pr@pond6rant: en chronique, il n ' y a jamais d'effet perceptible, alors qu'en aigu, on observe une tendance ~ l 'hypertension maximale et de faibles variations duns les deux sens de la tension mini- male moyenne.

N.B. : Les sympathicotoniques et les vago-amphotoniques de chaque groupe ont des mesures cardio-vasculaires qui sont voisines et 6voluent de fagon parMl~le.

2. Sujets de race noire

Le mode d'administrat ion de la drogue est uniqueme~t aigu et il n ' y a pus de groupe de contr61e.

L'6volution des valeurs moyennes du pouls et des tensions maximale et mirdmale des 12 sujets de race noh'e est repr6sent6e & la figure 2. Celle-ei contient aussi les mesures s6parbes des 5 sympathicotoniques (S) et des 7 vagotoniques (V).

I1 faut souligner tout d 'abord que routes les mesures effectu6es pour la fr@quenee cardiaque sont ~ un niveau net tement plus bus que celles des sujets de race blanche duns les mgmes conditions; la m@me diff@rence existe, mais moins nette, pour les mesures de la tension. Nous ne revien- drons pus sur eette eonstatation que nous avons comment@e longuement duns un autre article (S~RvAIs et H v s I s , 1964a) et qui signe la plus grande vagotonie de ces sujets.

Sur le groupe pris duns son ensemble, on co , s ta te que l 'amph6tami~e ne produit aucune modification de la fr6quence cardiaque ni de la tension maximale moyenne: seule, la tension mimmale moyenne diminue faiblement sous son effet.

En d6pit du nombre restreint de sujets duns ee groupe N, la distinc- tion entre sympathieotoniques et vagotoniques indique que l'effet de la drogue n 'es t pus uniforme sur tous les suje~s: l 'amph6tamine produit une tachycardie chez les S et une bradycardie ehez les V (ees diff6rences ne sont statist iquement signifieatives qu'entre les mesures des 3e et 4e s6ances). Ces effets oppos6s de la drogue saivant Ies earact6ristiques

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neuro-v@gStatives des sujets qui y sent soumis coneordent avec les constatations que nous avons d6j~ faites lors d'une exp6rience pr6e6dente, sur des sujets de race blanche soumis ~ des doses plus faibles (10 mg) d'amph@tamine (SEgvAIs et Hv]~IN, 1964b).

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I 7. 2.Amph. 3.Pine. gAmph.

b Fig. 2 a e t b. Var ia t ions de la fr6quence card iaque et de la tension ar t6r iel le des sujets de race noire. �9 - - �9 Evo lu t ion des va leurs moyennes des 12 sujets noirs (M); • - - • 6 r e l a t i o n des va leurs moyennes des 5 sympathicotoniques noir (S); � 9 �9 6volutions des valeurs moyennes des 7 vago- toniques he i rs (V); o - - o et s va r i a t i on s t a t i s t i quemen t s ignif icat ive (p < 0.05). a fr@quenees

eardiaques moyennes; b tensions art~rielles moyennes

Enfin, en ce qui concerne les moyen~es tensionnelles, nous enregistrons une mdiff6renee quasi absolue dans les quatre situations exp6rimentales,

l 'exception d'une 16g@re tendance & l 'hypotension minima]e pour le sous-groupe V sous l'influence de l 'amph6tamine.

En conclusion, les 6tucliants heirs, net tement plus bradycardes et 16g~rement plus hypotendus que les blancs, diff@rent de ces derniers en ee qui concerne l'effet de l 'amph6tamine par une r6activit6 tensionnelle net tement plus faJble et une r6activit6 cardiaque variable suivant leur type neuro-v6g6tatif.

N.B. : L%tude des ~rariations des mesures carclio-vaseulaires suivant ]e biotype de DECovRm et D e v i n e n 'a mis en @vidence aueu~e corr61ation digne d'6tre not@e. I1 en 6tait de m6me pour la reconnaissance des m@di- caments.

C. J~tude des per ]ormances a u x di]/drentes dpreuves psycho log iques

1. l~6sultats globaux des sujets de race blanche et de race moire

Les r6sultats comparatffs obtenues aux diff@rents tests par les gronpes A et C ai~si que par le groupe N et le groupe T sent repr6sent@s graphi- quement ~ la figure 3.

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16 . . 600 , . . . . . . . . . . . _~ I Formes idenf l~ues 1 .........

i l _ ~ ~.~ .~ r .'" / - l im ing I

, ~ ~ { / ~zoo

. . . . . . . . . . . . . . . l - I -

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I I gAmph. 3.Plc, c. ~.An oh.

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.J I g, Amph. 2P1oc, ~,A~, oh, s 3.Plac. ~.Amph.

F i g , 3 . D i a g r a m m e s c o m l ~ a r a t i f s d e s ! 0 e r f o r m ~ n c e s ~ u ~ d i f f 6 r e n t s t e s t s u t i l i s ~ s . - - g r o u p e T ; - - �9 - - g r o u p e A ; - - - - - - g r o u p e C ; . . . . . g r o u p e AT; S v a r i a t i o n s t a t i s t i q u e m e n t s i g n i f i e a t i v e

(p < 0.05)

L'4volu~on des performances des 4 groupes lors des 4 s6ances exp6ri- mentales montre une augmentat ion constante darm ]e temps pour les tests de Kraepeliu (I et I I ) et le test de facteur F, alors que la pers6vgra- tion diminue ~ chaque s6ance. A l'oppos6, ]es deux premiers tests de la batterie ne donnent pas lieu ~ce ph6nom~ne d'apprentissage: ]es r6sultats

la frappe digitale, caract6ris6s par une haute dispersion, varient de fas faible, irr~guli~re et stat ist iquement non significative au point de rue de la rapidit6 et de ]'impr6eision de ]a frappe. Le test des formes identiques fourni~ les meilleurs r6sultats ~ la 2e s6ance pour les 4 groupes :

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eette amTlioration passag~re est probablement due & une plus grande faci]it6 de la s6rie d'exercices proposTs s cette stance.

Les performances des sujets de race noire au cours des 4 s6ances expTrimentales suivent g6n6ralement la mTme 6volutior~ que celies de sujets de race blanche, mais elles se situent s un niveau cliff@rent. Elles sont plus basses que eelles des sujets blancs pour les tests de formes identiques et de facteur F, plus 61ev@es pour les tests de frappe digitale (rapidit@ et pourcentage d'erreurs) et de persSv@ration, et seulement l@g~rement infTrieures pour les 2 modalitSs du test de Kraepelin.

L 'act ion 6ventuelle de l 'amphTtamine se manifestera par une varia- tion statistiquement signifioative (p < 0,05 au t de Student par la m6thode des 6chantfllons appareillTs) du mveau de performances aux stances 2 et 4 par rapport aux 2 autres stances. Duns le cas des tests o3 le t roupe tTmoin maaifeste un apprentissage, l'effet de la drogue ne peat 6tre 6tudi6 que par les modifications de la courbe d'apprentissage (tests de Kraepelin, de persTvTration et de facteur F).

Envisageons suecessivement chaeun des tests utilisTs a) Formes identiques. Les moyennes ca]eul@es pour ehaque groupe

ne tiennent compte que des holmes rTponses, les erreurs 6taut extr@me- ment rares. Les variations des niveaux de performance K ce test sont trop faibles pour pouvoir donner lieu s une interpr6tation. I1 est probable que la durTe (1 min) accordTe ~ ce test est L~snffisante pour permettre uu apprentissage. Aucun effet de l 'amphTtamine ne peut 6tre mis en 6vidence, les 4 courbes 6taut presque superposables (amTlioration signifieative & la 2e s6ance et r6gress]on signifieative s la 3e s6ance, y compris pour le t roupe t6moin).

b) Frappe digitale (aiming). Nous avons 6t6 amenTs & 61iminer des ealculs les rTsultats de 3 sujets du t roupe C et de 2 sujets du t roupe A cause de leurs performances aberrantes: ils ont tons commis en moyenne, un hombre d'erreurs 6gal s 5 lois la moyenne du nombre d'erreurs de leur groupe, avec des extr@mes de 2 s 10 lois. I1 est int6rcssant de noter que ces 5 sujets sont tous sympathicotoniques et out pr6sent6 & certaines s6ances un rTel 6tat d 'agitation avee excitation psycho-motrice, quel que soit le produit administr6 (amph6tamine ou placebo).

Les performances des sujets de race blanche (17 sujets du t roupe A et ~8 sujets du groupe C) restent stationuaires duns ]es 4 conditions expTrimentales: il n ' y a pus d'apprentissage ni d'effet manifeste des drogues.

Les 6radiants noirs prTsentent de fagon eonstante une h3~peractivit6 motriee avec incoordination plus grande: le nombre total de touches et le pourcentage de touches inexaetes sont beaucoup plus @levis ehez eux que chez les blanes. Cette difference se marque surtout & part ir de la 2e s@ance et demeure statiormaire lots des deux derni&res.

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c) Kraepelin. Les errcurs et les omissions n' interviennent pus duns le calcul des moyennes, car elles ont ~t6 tr~s rares (en moyenne 1 ~ du nombre de bormes r6ponses).

La forme I e t la forme I I fonrnissent des rgsultats comparables en tout point au sein de chaque groupe, cc qui montre que le facteur de distraction sensorielle et motrice (arr@t de la sonnegte) n'a pus perturb6 de fa~on diff6rente les sujets soumis ou non & la drogue. La diminution du niveau de performances & cette forme I I par rapport s la forme I e s t constante ~ routes les s6ances pour chaqne groupe.

Pour les sujets de race blanche, on assiste ~ un apprentissage contiau duns les 3 groupes: l'am61ioration est significative aux 3 s6ances pour le groupe A, aux 2 premibres pour le groupe C et ~ la premiere seulement pour le groupe contrSle. Ces diff6rences au point de rue signification statistique (crit~re = p < 0,05) tiennent ~ des aptitudes particuli~res

l'apprentissage des sujets de chaque groupe et non aux drogues admi- nistr6es car les performances ne s'am61iorent pus plus sous 1'influence de l 'amph6tamine que lors de l 'admirSstration du placebo. La progres- sion plus importante et plus prolong6e des groupes A et C par rapport au groupe t6moin peut aussi s'expliquer par un effet de "doping" dfi

1'absorption d'amphdtamine on du placebo eL inddpendant de leur nature.

Par contre, l 'amph6tamine am6hore net tement les performances des sujets de race noire, alors que ce n'est pas le eas pour le placebo: l'effet de la drogue excitante paralt indiscutable duns les deux formes du test.

d) Persdvdration. L'6volution des performances au cours des 4 s6ances exp6rimentales vers la elasse des non-pers6v6rateurs se remarque aussi net tement et d'une mani~re aussi continue pour le groupe tdmoin que pour les groupes A et C. Aucune action sp6cffique de l 'amph6tamine n'intervient duns ce ph6nombne.

Chez les 6tudiants noirs, la pers6v6ration, 61ev6e au d6part, ne s'att6- hue nettement qu'& la 2e s6anee: ult6rierement, la diminution n'est plus statistiquement significative. I1 s'agirait d'une caract6ristique raciale, non influenc6e par les drogues administr6es.

e) Facteur F. Chez les sujets de race blanche, la progression des performances dues/~ l'apprentissage se fair de fagon diff6rente suivant le niveau de d6part de chaque groupe. Les r6sultats du groupe A (niveau initial le plus bus) s'am61iorent constamment de fagon sigrrificative, alors que ceux du groupe C ne s'am6Horent qu'~ partir de la 3e s6ance et ceux du groupe contrSle (niveau initial le plus 61ev6) & la 4e s6ance seule- merit. Ce ph6nom@ne est probablement dfi & la grande difficult6 qu'6prou- vent les sujets qui r6alisent une bonne performance d'embl6e & am61iorer celle-ci lors de la r6p6tition du test. De route fagon, l 'amph6tamine n'agit pus pour modifier la courbe d'apprentissage.

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Par contre, la drogue administr6e favorise net tement l'am61ioration des performances des sujets de race noire: aux 2e et 4e s6ances, nous assistoas ~ une 616vation marqu6e du niveau moyen de performance. Cet apprentissage (~en escMier ~> est semblable ~ celui enregistr6 au test de Kraepelin pour les m4mes sujets et t6moigne de leur sensibilit6 ~ l'amph6t- amine duns l'ex6cution de telles performances.

En somme, l 'amph6tamine ne parait pas modifier les performances des sujets de race blanche, que l'apprentissage soit possible ou non. Nous nous sommes demaud6s si cette absence d'effet eonstitue un ph6no- m6ne g6n6ral touchant la majorit6 des sujets de race blanche ou s'il s'agit au contrMre d'un artifice de caleul masquant des effets ~ff6rents - -

voire oppos6s -- de la drogue sur certMns sous-groupes. Les critbres retenus pour la d6termination de ces sous-groupes sont

les m4mes que eeux employ6s duns des exp6riences ant6rieures (SriwxIS et I-IvBI~, 1964b). Lear choix repose sur les hypoth6ses suivantes: d'une part, l 'amph6tamine agirait diff6remment sur les sujets suivant leur tonus et leur excitabilit6 sympathique propre et d 'autre part, cette m4me drogue am61iorerMt particuh6rement les performances faibles ou pr6alablement d6grad6es.

Le bien-fond6 de cette deuxi6me hypoth6se a 6t6 v6rifi6 ant6rieure- merit pour des tests tels que le BATP et le hand-steadiness test (nombre d'erreurs) (S~RvAIs et Hubin, 1964). La premi6re hypoth6se n'a pus regu de confirmation exp6rimentMe jusqu'~ pr6sent.

En ce qui concerne les sujets de race noire, la drogue am61iore leurs performances lorsqu'il s'agit de tests sensibles ~ l'apprentissage: seule la pers6v6ration fair exception.

2. t~tude des effets de l 'amph6tamine suivant le degr6 de sympathicotonie des sujets de race blanche et de race noire

La d6termination de la sympathicotonie, de la vagd~onie ou de l 'amphotonie des sujets est effectu6e ~ la le s6ance, suivant la m6thode que nous avons d6crite (S~vx~s et ~-IuBIN, 1965).

Nous relevons, au sein du groupe A, 11 sympathicotoniques (S) et 8 vago-amphotoniques (V-A) et dans le groupe C, 15 S e t 6 V-A. Parmi les 12 6tudiants noirs, nous distinguons 5 sympathicotoniques (S) et 7 vagotoniques (V). Le niveau de performance des S et des V-A de chaque groupe est le m6me aux quatre s6anccs des tests de formes identiques, de Kraepehn ( I e t II) de pers6v6ration et de facteur F: l 'amph6tamine ne modifie ni les r6sultats des premiers ni ceux des seconds.

Les r6sultats du test de frappe digitMe pr6sentent une particularit6 digue d'6tre signal6e (Fig.4):

a) Chez les sujets de race blanche, si on 6carte les r6sultats aberrants de 5 sujets, on observe que les S se montrent beaucoup plus rapides mais

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aussi plus impr6cis que les V-A. Cette diff6rence s 'at t6nue progressive- ment avec la r6p6tition du test, pour disparaltre aux 3e et 4e s6anees: elle est ind6pendante de la nature du produit administr6 (amph6tamine ou placebo).

b) Chez les snjets de race noire, en d6pit du peti t nombre d'individus duns chaque sous-groupe, les r6sultats des S et des V divergent signifi- cat ivement apr~s la 1 e s6ance, les premiers se montrant de plus en plus

7Oo

"~ 650 - .:

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. . . . . . ~'= . . . . . . . . . . . . . . . . " " " ' " ' " " V .~ 500

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0%[I.. 2.Amph. 3.P/ac. ~I.A~ ~h.4 ~ "V':::: . . . . . . . . S "d o I- '-:::::::::-U:: ................ v ~ ~'/o ................. S ~ /

o~-~ 6o%1 Fig.4. Diagramme comparatif des 10erformances des S e t des V (A); - - sujets de race blanche (groupes A e t C); . . . . . sujets de race noire (groupe-~); S sympathicotoniques; lZ(-A) vago-

(ampho)~oniques

rapides ct de plus en plus impr6cis (p < 0,05 a u t de Student): l 'absorp- tion d 'amph6tamine ou de placebo ne modifie pus le ph6nom&ne lors des s6ances ult6rieures.

I1 est pcrmis de conclure que la drogue psychotrope agit indiff6rem- ment sur les performances des deux sous-groupes. Les r6sultats du test de (~aiming~> met ten t e~ 6vidence une excitabilit6 motrice plus grande des S duns les deux races : la r6p6tition de l '6preuve entralne nne diminu- tion de cette hyperexcitabilit6 chez les blancs alors qu'elle l 'augmente ehez les moirs.

3. t~tude des effets de l 'amph6tami~e suivant ]e n~veau de performance initial des sujets de race blanche

Nous avons divis6 arbitrairement les sujets des deux groupes A e t C en deux sous-groupes 6gaux suivant le aiveau de performance attein~ lors de la 1 e s6ance: nous distinguons ainsi les (~bonnes ~) performances des ((mauvaises ~>. Deux tests nous ont permis de mettre en 6vidence une diff6rence d 'aetion de l 'amph6tamine suivant le niveau de performance des sujets:

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I . Test de persdvdration. Dans le groupe A, l 'administration d'amph6t- amine ~ ]a 2e s6ance diminue de fagon statistiquement significative la pers6v6ration des sujets hautement pers~v6rateurs sans modifier celle des autres sujcts. Cette s6lectivit6 n'existe pas dana le groupe C (Fig. 5).

I I . Test de /aeteur F . Les bonnes performances des deux groupes A et C s'am6liorent de la le & la 3e s6ance (placebo), mais cette 6volution est freinBe par Faction de l 'amph6tamine (2e sgance). La progression des

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62

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8

24

Fig. 5 a e t b. Diagrammes cornparatifs des ((bonnes~) (B) et ((mauvaises~ (M) performances. - - grou:oe A ; . . . . . groul)e U; s var ia t ion s ta t i s t iquement significative (to < 0.05).

a pers~v6ration; b facteur F

mauvaises performances du groupe C est lin~aire: l 'amph6tamine n'a pas plus d'influenee que le placebo sur l'apprcntissage. Par contre, l'Svolution des mauvaises performances du groupe A (niveau initial le plus bas) met en ~vidence l'effet favorable de l'amph@tamine aux 2e et 4e s@anees. Ceei eoneorde avecla eonstatation faite s propos des sujets de race noire (Fig. 3) dont los performances ~ ce test song 6galement d 'un niveau m~diocre (note < 120). Le mode d'administration de la drogue n'a aueune importance; c'est le niveau initial de performance qui con- ditionne la sensibilit6 s l 'amph6tamiae: celle-ei est nulle pour les sujets qui r6alisent des performances moyennes, alors qu'elle est trgs @lev@e pour qui s'en @eartent. L'effet de la drogue est favorable sur l'gvolution des mauvaises performances e~ d6favorable quand eeltes-ei song bonnes initialement !

Discuss ion et conclusion Lea effets de l'amph@tamine ont ~t6 @tudi6s sac 3 plans: subjectff par

l'~tude de la reconnaissance de la drogue, physiologique par l'gtude des rSaetions cardio-vasenlaires et objectff par la mesure de l'apprentissage

9*

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de diff@rentes t&ehes. I1 existe des diff@rences importantes entre les sujets de race blanche et de race noire : eeux-ei per~oivent plus fr6quem- ment l'effet excitant de la drogue et b6n@ficient duns une plus large mesure de son effet stimulant sur l'apprentissage. Par contre, le mode d'administration du prodult ne modifie gu~re les r6sultats obtenus chez les sujets de race blanche taut du point de vue subjectif qu'objeetif. Les facteurs d'auto-suggestion qui jouent un r61e important duns les effets cons6eutifs A l 'absorption d'une drogue psychotrope ne semblent pus r6duits par la r6p@tition de la prise du produit (groupe C).

Le mode d'administration de la drogue n'influenee apparemment que les effets cardio-vasculaires : ~ la dose de 20 rag, en une prise, l 'amph6t- amine produit une 16g6re bradycardie r6flexe et une faible hausse de la pression maximale qul t6moignent d'effets sympathieomim6tiques et de r6aetions vagales. Cette imbrication d'effets oppos6s se retrouve duns les variations de la tension minimale moyenne qui tant6t dimiuue tant6t augmente sous l'effet de la drogue.

La dissociation entre l'effet cardiaque et l'effet vaseulaire s'explique par la r6aetivit6 plus grande et plus rapide du eoeur par rapport aux vaisseaux: l'aee616ration eardiaqne s'est sans doute produite avant l 'examen cardio-vaseulaJre (qui a lieu une heure apr~s l'ingestion de la drogue) et on enregistre unjquement la r6action eardio-mod6ratrice vagale. Par opposition, l'effet tensionnel se produit avee une latenee plus grande et son intensit6 n'est pas toujours suffisante pour amener une r6aetion hypotensive. Nous avions d6j& fair une remarque analogue & propos de l'4volution des r6actions cardio-vasculaires des dtudiants lors d 'un examen universitaire (SEI~vAIs et HuBI~q, 1964a).

Duns ]e groupe C, l 'impr6gnation par l 'amph~tamine prodult une tachycardie t6moignant d 'un effet sympathicomim6tique, mais non aeeompagn6e d'hypertension. Si l 'administration de la drogue est 6tal6e, il peut se produire une adaptation sur le plan vasculaire mais non sur le plan cardiaque. Cette tol6rance tensionnelle a 6t6 signal6e par Ros~B~gG et al. (1963) apr~s 15 jours d'injeetions quotidiennes d'am- ph6tamine chez 10 sujets de race noire.

Les sujets de race noire ne pr6sentent pas de r6aetion eardio-vascu- laire importante apr~s absorption de 20 mg d'amph6tamine si on envi- sage les mesures moyennes du groupe. Par eontre, les S devierment tachycardes et les V bradycardes une heure aprbs l'ingestion de la drogue. Cet effet dissoci6 a d6j& 6t6 mis en 6videnee ehez des sujets de race blanche pour des doses moindres d'amph6tamine (10rag) ainsi que pour 800 mg de m6probamate (S~RvATS et HUBS, 1964a et 1965). En r6sum6 de nos 3 exp6riences suecessives avee des doses eroissantes (5 rag, 1O rag, 20 rag) d'amph6tamine administr6e en une fois s des sujets de race blanche, il ressort qu'~ faible dose, la r6aetion eardio-vaseulaire est

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peu intense et li@e s l 'opinion que le sujet se fait de la drogue (SEnvAIs et Sc~LAo, 1961). A dose moyenne, l'effet varie suivant le tonus sympa- thique ou vagal du sujet et fl se produit darts le sens d 'une accentuation de celui-ci. A forte dose, on n'enregistre pas d'effet sympathicomim6tique une hcure apr~s l 'ingestion de la drogue mais uniqnement la r6action vagale cardio-mod~ratrice. Les sujets de race noire semblent moins sensibles que les blancs, puisque ehez eux, & la dose de 20 rag, l 'effet se produit toujours suivant le tonus neuro-v6g6tatif du sujet.

Les effets obtenus sur les performances sont par contre beaucoup plus pauvres: en d@pit de l 'administration de fortes doses de la drogue, aucune action nette de l'amph@tamine ne peut 6tre raise en @videnee sur les r6sultats des sujets blancs. Certains caract~res du sch6ma exp6rimental peuvent en 8tre la cause: le test de formes identiques est trop bref (1 rain) et le test de Kraepelin trop simple (BLvM et al., 1964). Les tests de facteur F et de pers6v@ration font partie des tests de personnalit@ et ne se pr6tent gu~re ~ des applications r6p6t6es puisqu'fl apparai t un apprentissage: seule, la variable ((apprentissage ~) a pu 6tre @tudi@e et non les traits de personna]it@ mesur6s par ces deux tests. Enfin, dans le eas du test de ((aiming ~, un nombre important de sujets a fair preuve d'impr6cision et d'incoordination, mSme en l 'abscnce de route drogue: ee comportement anormal est sp4cifique de certains sujets sympathieo- toniques des deux races.

Chez les sujets de race noire, l 'effct favorable de 20 mg d 'amph6t- amine sur certaine performance s'explique par une difference d 'apt i tude aux tests propos6s, r@sultant d 'une @ducation et d'une h@r@dit6 dissem- blables. C'est ainsi que:

a) Le test de ealcul mental (Kraepelin I et I I ) ne fair pas appel chez eux ~ une activit6 aussi automatis@e que chez les blancs: elle est donc soumise s un apprentissage dans une plus grande mesure.

b) Les r6sultats des tests de pers6v6ration et de facteur F indiquent qu'il existe des diff6rences constitutionnelles entre les deux races. Chez les noirs, ]a pers@v@ration 61evSe et difficilement r@ductible tient en partie au fair que les activit6s de lecture, 6criture, calcul simple sont net tcment moins automatis6es chez eux que chez les sujets blancs: ils peuvent encore net tement s'am61iorer sous ce rapport par la r6p~tition de l'exercice. Par cons6quent, le rapport (~activit6 automatis@e/activit@ nonvelle on cr6atrice ~) demeure plus @lev~ chez les noirs qne chez les blancs.

c) Le test de facteur F permet de constater que les 6tndiants noirs ont une imagination moins riche que los blancs: cctte activit@ s'accrolt par l 'apprentissage et par cons6quent est plus sensible s l'amph@tamine.

Ces consid6rations nons ram~nent s envisager la sensibflit6 s la drogue psychanaleptique 6tudi6e sous l'angle des sujets r@alisant de

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((bonnes~) ou de ((mauvaises performances~). Cette distinction dont l ' importancc a d@js 6t6 soulign6e dans un article pr@c6dent (SE~vAIS et HUBIN, 1964b) explique & ellc seule la diff@renee d'6volution des courbes d'apprentissage des sujets de race blanche et de race noire. Parmi les sujets blancs, ceux dont la performance est initialement m6dioere, inf6rieure ~ la moyenne du groupe eonsid6r@, r@agissant comme le groupe lq: l 'amph6tamine am61iore leurs performances surtout dans le cas du test de facteur F. Dans ee test, on observe m6me eomme ph6nom~ne eompl6mentaire, et apparemment paradoxal, l'inhibition des meillcures performances par l'amph~tamine.

L'effet favorable de l'amph@tamine sur les performances des sujets les moins dou6s ou les moins attentifs pent 6tre rapproch6 de constata- tions semblables faites par d'autres auteurs, tIAuTY et PAYN~ (1958), KOlCNETSKY et a]. (1959), W~Iss et LATI~S (1962) ont soulign6 Faction nette de la drogue sur les performances pr@alablement d6grad@es: elle semble dimiauer la sensation de fatigue des sujets et augmenter leur vigilance et leur motivation. Hu~sT (1962), EvANs et S~IT~ (1964) out observ4 une augmentation du besoin de r6ussir et du niveau d'aspiration des sujets sous l'influence de l'amph~tamine. On peut sugg6rcr l'inter- ven$ion d'un m~canisme semblable pour expliquer les effets tr~s favorab- les obtenus chez les sujets de race noire dans notre exp6rience.

Enfin, les r6sultats obtenus de notre typologie vago-sympathique montrent que l 'amph6tamine agit indiff@remment sur les deux classes de sujcts: la drogue ne modifie donc pas les performances par son action sur le tonus sympathique. Ceci eonfirme notre exp6ricnce ant6rieurc (S~vAIs et t t v ~ , 1964b).

La conclusion majeure de ectte @rude est qu'il faut toujours tenir compte de l 'at t i tude des sujets vis-a-vis des tests ct de leur aptitude aux taches propos6es dans l'6tude des drogues psychotropes chez l'homme. L'administration d'amph6tamine a des effcts qni varient suivant les sujets et suivant les races: les facteurs qui d6terminent le niveau de performance initial (vigilance, motivation, niveau d'aspiration) sont apparemment les plus sensibles &l'effet de la drogue. Cc m@canisme d'action explique l'effet favorable de l 'amph6tamine chez los sujets qui r@alisent les moins bonnes performances lors de la s6ancc initiale de l'exp6rience. Plus le niveau de dSpart est m@diocre, plus l'am61ioration ult6rieure de la performance sous ]'influence de la drogue est probable.

Summary A total of fifty-two students (forty white and twelve negro) were

submitted to a series of tests in four consecutive sessions at three-week intervals. The first session was a control session during which no drug was administered. In the second and fourth sessions the subjects received

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amphetamine: forty-five minutes before the session, the twelve negroes and nineteen of the white subjects were given 20 mg of the drug; the remaining 21 white subjects received the amphetamine at a dose of 10 mg daffy for seven days prior to the experiment. Prior to the third session, all the subjects received a placebo ('blind' experiment). Ten other students served as controls; they were submitted to the same se- quence of sessions without any administration of drug.

The series of tests included the following:

1. Identification of forms ~ no learning 2. Aiming J

3. Kraepelin (mental caleulies) 4. Kraepelin ~ distraction 5. Perseverance test learning

6. F. factor (imagination)

In respect of the mode of drug-administration differences were observ- ed only in the cardiovascular response to the drug: in the acute expe- riments bradyeardia and hypertension were present, whereas hi the chronic group tachyeardia was present. The reactions of the negro sub- jects were associated with their neuro-vegetative type :bradycard ia was recorded in the vago-tonie subjects, tachyeardia in the sympathieo-tonie subjects.

The test-performances of the white subjects were not found to be affected by amphetamine. Whatever the form of administration the test- performances of the negro subjects, who had generally lower scores, were found to improve with amphetamine in the tests where learning is possible. A similar effect was observed in those white subjects whose initial performance was poor (perseverance; F. test).

The mode of action of amphetamine is discussed in respect of the factors which determine good or bad test performances.

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Dr. P. H~BI~ Institut de Th6rapeutique Exp~rimentale 32 Boulevard de la Constitution Li6ge, Belgique