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Etude de l’impact de la politique du Parc Naturel Régional du Haut-Jura sur la territorialisation de la filière bois Florent BRIONNE Tiphaine CARRIERE Jean-Baptiste DURAND Victor FERREIRA Elisa KÖHR Céline LAILLET Julie MOURET Marion PAUSIN Marion PONCET Simon RUNDSTADLER-SCHNEIDER Sophie TEYSSENDIER DE LA SERVE Julie THIVOL Option Agriculture Territoire Développement Janvier Février 2014

Etude de l’impact de la politique du Parc - dijon.inra.fr · Etude de l’impact de la ... le soutien de l’Etat et des Régions Franche-Comté et ... mais aussi à travers l’attractivité

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Etude de l’impact de la politique du Parc

Naturel Régional du Haut-Jura sur la

territorialisation de la filière bois

Florent BRIONNE – Tiphaine CARRIERE – Jean-Baptiste

DURAND – Victor FERREIRA – Elisa KÖHR – Céline LAILLET

– Julie MOURET – Marion PAUSIN – Marion PONCET – Simon

RUNDSTADLER-SCHNEIDER – Sophie TEYSSENDIER DE LA

SERVE – Julie THIVOL

Option Agriculture – Territoire – Développement

Janvier – Février 2014

Sommaire

Introduction ................................................................................................................................ 1

Partie 1 : Contexte et problématique de l’étude ......................................................................... 3

I. Rappel de la commande .................................................................................................. 3

II. Problématique générale de l’étude .............................................................................. 3

A. Evaluer l’impact des projets conduits dans le programme Leader sur la

territorialisation de la filière bois ........................................................................................ 4

B. Prospective : Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la

valorisation du bois ............................................................................................................. 5

III. Méthodologie de l’étude .............................................................................................. 5

A. Travail sur diagnostic et stratégie dans le cadre du M4 et M5 ................................ 5

B. Entretiens semi-directifs : mode de sélection des acteurs et guide d’entretien ........ 6

C. Choix et Analyse des projets, Traitement des matériaux ......................................... 7

Partie 2 : Résultats sur la territorialisation de la filière bois ...................................................... 9

I. Capitalisation des expériences menées par le PNR : analyse et enseignements issus des

projets exemplaires du programme LEADER ........................................................................ 9

A. Pertinence du programme ........................................................................................ 9

B. Cohérence interne .................................................................................................. 11

C. Complémentarité/compétition entre les différents dispositifs ............................... 13

D. Efficacité des projets en matière de territorialisation : grille analyse .................... 15

II. Prospective : Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la valorisation

du bois ................................................................................................................................... 22

A. Les enjeux actuellement identifiés par les acteurs du bois sur le territoire............ 23

B. Comparaison des enjeux identifiés par les acteurs et les dispositifs existants ....... 43

III. Préconisation ............................................................................................................. 46

Conclusion ................................................................................................................................ 50

Bibliographie ............................................................................................................................ 51

Annexes .................................................................................................................................... 52

Table des illustrations

Figure 1 : Graphe d'objectifs du programme LEADER ........................................................... 10

Figure 2 : Organisation de la filière bois dans le PNR du Haut-Jura ....................................... 22

Figure 3 : Ressources forestières mobilisables et consommations du PNR ............................. 28

Figure 4 : Origine du bois énergie en fonction du type de chaufferie, Durand 2014 ............... 29

Figure 5 : Allocation du bois en forêt aux différents usages (PAT 2010) ............................... 30

Figure 6 : Positions des acteurs impliqués dans la problématique du bois énergie ................. 33

Figure 7 : Risques de réallocation de la matière première ....................................................... 34

Figure 8 : Schéma des différents conflits autour des activités de la filière bois ...................... 35

Tableau 1 : Liste des acteurs rencontrés ..................................................................................... 7

Tableau 2 : Enjeux de la charte établis par le PNR .................................................................. 12

Tableau 3 : synthèse des enjeux liés à la gestion du bois par l'approche de sa qualité. ........... 41

1

Introduction

En 1986, les élus du territoire du Haut-Jura créent un Parc naturel régional (PNR) avec

le soutien de l’Etat et des Régions Franche-Comté et Rhône-Alpes. Ce territoire est

initialement composé de 37 communes, le Parc s’agrandit pour rassembler aujourd’hui 112

communes réparties sur trois départements, le Jura, le Doubs et l’Ain, et sur deux régions

Rhône-Alpes et Franche-Comté.

Le territoire du PNR du Haut-Jura comporte en effet une certaine hétérogénéité

spatiale et structurelle du fait de son étalement sur plusieurs départements et de la proximité

avec la Suisse. La dynamique des différents EPCI (Etablissement Public de Coopération

Intercommunale) montre notamment un clivage Est-Ouest : celui-ci oppose les territoires

proches de la frontière Est, qui captent la plus-value suisse, et ceux plus enclavés à l’Ouest du

territoire du PNR. Enfin, la démographie du territoire est en augmentation grâce à un solde

migratoire positif mais le Pays de Gex, frontalier avec la Suisse, capte en priorité cette

immigration dans le cadre d’un processus de périurbanisation à partir des pôles urbains

comme Genève. A l’image des territoires ruraux français, le Haut-Jura doit faire face à de

nouveaux enjeux de développement. Afin de répondre à l’augmentation de la population, le

territoire doit se développer tout en conservant ses spécificités, notamment en matière de

paysage et d’urbanisme. Malgré ce phénomène de périurbanisation, l’enjeu est de maintenir

l’activité sur le territoire du PNR en l’absence de grandes agglomérations pour stimuler

l’économie locale.

Le territoire du PNR doit donc répondre à une pluralité d’enjeux. Les missions du Parc

en termes d’expérimentation et de transferts sont définies par le Code de l’Environnement.

Tout d’abord, le PNR s’engage à protéger et gérer les patrimoines naturels, culturels et

paysagers, à travers une gestion adaptée des milieux naturels. Il doit contribuer également au

développement économique, social, culturel et à l’aménagement du territoire. Sa vocation

pédagogique et culturelle l’amène à assurer l’accueil, l’éducation et l’information des publics.

Enfin, en tant que territoire de projet, il met en œuvre des actions expérimentales dans les

domaines cités ci-dessus et contribue à des programmes de recherche. C’est dans le cadre de

ces prérogatives que le PNR s’engage sur le développement territorial de la filière bois. La

valorisation de la ressource bois est un objectif fixé par la charte du PNR avec pour

déclinaison la recherche de performance énergétique, la conservation d’un patrimoine

paysager et bâti mais également l’accompagnement de la création de valeur en transformant la

ressource forestière en potentiel économique.

La forêt recouvre 64% du territoire du Haut-Jura et le territoire est maillé de scieries

locales. Cette ressource constitue une richesse économique et écologique majeure. Les atouts

écologiques et paysagers sont favorisés par le mode d’exploitation historique du bois dans le

Haut-Jura : la futaie jardinée. Cette conduite consiste à faire cohabiter sur une même parcelle

des arbres d’âge et de dimension très variés (conduite dite « pied à pied ») ; le renouvellement

des arbres s’effectue par voie naturelle (CRPF, 2013). La forêt présente un potentiel

économique important grâce à l’exploitation du bois d’œuvre, du bois industrie ou encore la

production d’énergie, mais aussi à travers l’attractivité touristique que génère ce patrimoine

naturel. Les perspectives de valorisation du bois sont donc multiples tout en posant des

questions liées aux conflits d’usages potentiels que peut susciter le caractère multifonctionnel

2

de la forêt. En matière de valorisation comme le bois d’œuvre, le bois de la forêt du Haut-Jura

bénéficie a priori d’une qualité mécanique supérieure du fait des principales essences que sont

l’épicéa et le sapin, mais également de la croissance lente caractéristique du bois d’altitude.

Enfin, sur la valorisation du bois-énergie, le diagnostic effectué par le Plan

d'Approvisionnement Territorial (PAT) indique que le potentiel de production reste

« insuffisamment valorisé ».

Le PNR du Haut-Jura a donc identifié la valorisation de cette ressource locale comme

l’un des axes de sa stratégie pour répondre aux enjeux du territoire. Il a confié une étude sur

l’analyse des conditions de mise en œuvre et des résultats de sa politique à un groupe

d’étudiants spécialisés en développement des territoires ruraux. C’est dans le cadre de leur

dernière année en formation d’ingénieur agronome à AgroSup Dijon et de la spécialisation

«Agriculture Territoire et Développement » que les étudiants réalisent cette étude,

accompagnés par les enseignants chercheurs Yannick Sencébé, Denis Lépicier, et Matthieu

Duboys De Labarre.

L’étude réalisée comporte deux volets : une capitalisation des expériences menées par

le PNR, puis une approche prospective qui permettra d’éclairer le Parc sur sa stratégie,

notamment dans le cadre de la future programmation Leader.

3

Partie 1 : Contexte et problématique de l’étude

I. Rappel de la commande

Un des objectifs majeurs du Parc Naturel Régional (PNR) du Haut Jura, inscrit dans sa

charte constitutive, consiste à accompagner les acteurs de la filière bois et du territoire pour

« transformer la ressource forestière en potentiel économique ». Deux dispositifs principaux

mettent en œuvre cette orientation avec les partenaires de la filière sur le territoire du PNR :

- le programme LEADER, qui encourage l’utilisation durable de la ressource en bois

locale afin de valoriser les produits de la forêt et savoir-faire des entreprises du bois ;

- le Plan d’Approvisionnement Territorial en bois énergie, qui vise à organiser

l’approvisionnement en qualité et quantité du bois énergie, de préférence en circuit-

court, dans une perspective d’exploitation durable de la ressource bois.

Des projets de constructions ou d’approvisionnement en bois ont vu le jour avec

l’appui de ces programmes autour de la valorisation de la ressource locale. Le Parc souhaite

évaluer ces expériences afin d’accompagner au mieux la mobilisation durable de la ressource

bois, de renforcer la synergie entre les acteurs de la filière dans la perspective de renforcer la

territorialisation de la filière bois au sein du Parc.

Deux objectifs orientent cette étude. Il s’agit, d’une part, de capitaliser les résultats des

dispositifs publics en matière de développement de la filière bois, à travers notamment

l’analyse de projets exemplaires conduits dans le cadre du programme LEADER. Cette partie

doit permettre d’évaluer dans quelle mesure l’intervention du Parc apporte effectivement des

réponses aux préoccupations des porteurs de projets et contribue à territorialiser la filière bois.

D’autre part, l’étude cherche à apporter une vision prospective en questionnant la pertinence

des dispositifs présents sur le territoire par rapport aux enjeux en matière de valorisation du

bois exprimés par l’ensemble des acteurs impliqués dans la valorisation de la forêt.

II. Problématique générale de l’étude

En réponse à la demande du PNR du Haut-Jura, l’étude réalisée vise à analyser dans

quelle mesure la politique mise en œuvre sur le territoire du Haut-Jura répond à la diversité

des enjeux en matière de valorisation de la forêt et du bois ? En quoi renforce-t-elle la

territorialisation de la filière bois ?

Afin de répondre à cette problématique générale, nous avons identifié un certain

nombre d’axes de réflexion (Annexe 1 : Axes de réflexion à explorer). Notre premier axe de

réflexion concerne l’évaluation des actions menées par le Parc : en quoi les actions menées au

niveau territorial participent-elles au développement de la filière bois ? Et quel est le degré

d’efficacité des leviers d’intervention mobilisés par le PNR pour valoriser la ressource bois ?

Notre deuxième axe d’interrogation cherche à établir en quoi la territorialisation permet une

meilleure coordination des acteurs de la filière : les actions menées au niveau territorial

renforcent-elles la complémentarité entre les usages et les acteurs de la ressource forestière ?

En quoi l’intervention du PNR contribue à construire une vision partagée de l’utilisation de la

ressource forestière entre les acteurs du territoire ? Enfin, le dernier axe permet de s’interroger

4

sur l’intérêt de mener une politique à l’échelle du territoire du PNR : Quelle est la pertinence

de l’échelle du PNR pour mener une politique de valorisation de la ressource bois ?

A partir des informations issues de l’étude de documents relatifs à la filière bois (cf

Partie 1.3. Méthodologie), trois principales hypothèses se sont dégagées et ont guidé les

investigations de terrain.

- Les politiques de développement économique portées par le PNR se veulent cohérentes

avec les ressources présentes sur le territoire. Cependant, l’analyse du Plan

d’Approvisionnement Territorial soulève l’interrogation quant à la mobilisation de volume

supplémentaire : la forêt communale semble exploitée de manière optimale, renvoyant

donc principalement le potentiel de développement des volumes vers la forêt privée

difficile à mobiliser. Par ailleurs, le développement de nouveaux usages, tels que le bois-

énergie est susceptible de provoquer des réallocations de la ressource en bois.

- Les principes fondamentaux du programme Leader sont l’accompagnement de

dynamiques de développement émanant des acteurs du territoire en s’appuyant sur de

nouvelles coopérations entre acteurs. Concernant un secteur traditionnellement connu

pour son organisation fortement sectorielle et relativement cloisonnée, nous faisons

l’hypothèse que ce type de dispositif peut favoriser l’innovation, organisationnelle

notamment.

- La lecture des statuts du PNR et des principaux documents d’action (LEADER, SCOT,

PAT…) amène à s’interroger sur le pouvoir d’action concret du PNR sur le

développement de la filière bois. A travers les dispositifs LEADER et PAT, le PNR

insuffle une dynamique mais les réalisations dépendent de nombreux acteurs (élus,

entreprises, interprofession,…).

D’un point de vue plus opérationnel, la commande a été traitée en deux volets : le premier

apporte une vision rétrospective de la politique menée par le PNR au travers notamment du

dispositif Leader. Le second propose une approche prospective de la territorialisation de la

filière bois. Il s’appuie sur une mise en perspective des enjeux dégagés par les acteurs du

territoire avec les dispositifs mis en place en matière de développement de la filière bois. Ce

second volet permet de dégager des enseignements sur les dispositifs de soutien à la

valorisation de la filière bois et de formuler des recommandations au Parc sur sa stratégie,

notamment dans le cadre de la future programmation Leader. Ces deux volets sont détaillés

ci-dessous :

A. Evaluer l’impact des projets conduits dans le programme Leader sur la

territorialisation de la filière bois

Le PNR du Haut-Jura conduit un programme LEADER visant, entre autre, la

valorisation de la ressource bois. L’objectif premier de l’étude est donc d’évaluer l’impact de

la politique du PNR et plus particulièrement de la territorialisation de la filière bois. Pour cela,

une analyse fine des projets mis en place dans le cadre de la programmation LEADER (2007-

2013) a été conduite afin d’analyser leur efficacité. Cette dernière est appréhendée selon un

référentiel basé sur l’objectif de territorialisation. Dans le cadre de cette évaluation et en

5

mobilisant des travaux existants sur l’analyse des programmes Leader (LEPICIER D. et al.,

2011), le cadre d’analyse de la territorialisation a été mobilisé. La territorialisation est

appréciée à travers cinq dimensions :

L’ancrage territorial

La coordination entre acteurs

L’intersectorialité

La transversalité

L’innovation

L’ancrage territorial permet d’apprécier l’exploitation des potentialités du territoire

pour satisfaire des besoins propres à celui-ci. La coordination reflète les liens entre les

différents acteurs de la filière et du territoire. La dimension d’intersectorialité traduit la

capacité à impliquer des secteurs variés de la filière bois et à entrainer des effets de diffusion à

l’intérieur et/ou à l’extérieur du territoire. La transversalité correspond à la mobilisation

simultanée des trois aspects du développement durable. La dernière dimension caractérise la

capacité d’innovation sur le territoire ou de manière générale. Chaque dimension a été

précisée avec des critères d’analyse et des indicateurs précis ont été mobilisés pour qualifier

ces critères. L’objectif de cette démarche est d’objectiver le traitement des entretiens ; le

choix des indicateurs descriptifs n’a pas prétention à être exhaustif. Par exemple, la

mobilisation de ressources sur le territoire doit être évaluée à travers la présence de ces

ressources spécifiquement sur le PNR, leur utilisation par des projets et les délocalisations

possibles.

Enfin, cette première partie analyse la cohérence de la politique menée par le PNR en

comparant les dispositifs mis en place avec les objectifs du PNR et la complémentarité avec

les autres dispositifs présents sur le territoire.

B. Prospective : Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la valorisation

du bois

La deuxième partie de l’étude a une visée prospective quant au développement

territorial de la filière. La démarche adoptée est d’identifier puis d’analyser les grands enjeux

à dire d’acteurs en matière de développement de la filière bois. Ces enjeux sont confrontés

aux dispositifs présents sur le territoire, portés par le PNR ou par d’autres acteurs. Cette partie

débouche sur la formulation de préconisations pour le PNR en termes d’adaptation de ses

dispositifs d’action et de positionnement du PNR sur une vision intégrée des enjeux relatifs à

la valorisation du bois et plus largement de la forêt du Haut Jura.

III. Méthodologie de l’étude

A. Phase préparatoire dans le cadre de deux modules de formation en amont de la

présente étude

En amont de l’étude de terrain, un diagnostic du territoire du Parc Naturel Régional du

Haut-Jura a été élaboré en deux temps.

6

Dans un premier temps, un travail à partir des données INSEE et du recensement

agricole a permis de cerner et décrire quatre dimensions du territoire du Haut-Jura : sa

structuration spatiale, la dynamique de la population, les activités et l’emplois. Les

caractéristiques globales du Parc du Haut-Jura ont été comparées et mises en perspective avec

les PNR du Morvan et des Vosges. De la même manière, les communautés de communes du

Haut Jura ont été comparées afin d’étudier l’hétérogénéité interne au Parc. Un diagnostic

territorial du PNR conclut cette étude à travers une analyse SWOT (Strenght Weaknesses

Opportunities Threats).

Dans un second temps, une analyse de la politique du PNR du Haut-Jura a été réalisée

à partir de la charte du PNR du Haut-Jura, des documents de la programmation LEADER

2007-2013, de la documentation relative à la filière bois (PAT, études) et des documents

d’élaboration du SCOT (Schéma de Cohérence et d’Orientation Territorial). Ces dossiers ont

permis d’établir un état des lieux autour de quatre grandes thématiques:

- les structures, collectivités et dispositifs autour du PNR ;

- les zonages, dispositifs et enjeux environnementaux ;

- les dynamiques et dispositifs de valorisation des ressources locales sur le PNR ;

- les tensions et conflits d’usages liés à l’appropriation du territoire dans le PNR du

Haut-Jura.

B. Entretiens semi-directifs : mode de sélection des acteurs et guide d’entretien

La méthode des entretiens semi-directifs a été utilisée pour récolter les avis et

représentations des acteurs à propos des dispositifs publics, des politiques du PNR et de la

territorialisation de la ressource bois. Cette technique qualitative permet de recueillir le

discours des personnes interrogées autour de thèmes définis préalablement et consignés dans

un guide d’entretien. L’objectif est de brosser un tableau le plus précis et exhaustif possible

des représentations et vécus des différents acteurs du terrain.

Les guides d’entretien s’articulent autour de quatre thèmes : la présentation de l’acteur

interrogé, la structure globale à laquelle il appartient, son implication éventuelle dans un

projet exemplaire et enfin ses représentations de la filière bois dans le Haut-Jura (Annexe 2 :

Guides d’entretien utilisés). Quatre grilles d’entretiens ont été réalisées pour s’adapter aux

spécificités de chaque type d’acteurs. Les élus ont par exemple une présentation personnelle

plus détaillée et des interrogations spécifiques sur le fonctionnement des communes ou

communautés de communes. De même, les questions adressées aux entreprises tiennent

davantage compte de leurs activités et modes de fonctionnement autour de la ressource bois.

Enfin, la partie sur l’implication dans un projet exemplaire n’a été adressée qu’aux acteurs

concernés.

La liste des personnes interrogées a été élaborée en partant des personnes ressources

sur chaque projet LEADER (programmation 2007-2013) puis complétée pour couvrir une

palette d’acteurs plus large (cf. Figure 1 : liste des acteurs rencontrés). Les élus des principaux

EPCI du PNR ont ainsi été rencontrés, les entreprises choisies présentent une taille et une

activité variable pour représenter au mieux l’ensemble des niveaux de la filière bois (amont-

aval) et les principales institutions intervenant sur le territoire ont été également enquêtées.

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Tableau 1 : Liste des acteurs rencontrés

C. Choix et Analyse des projets, Traitement des matériaux

a) L’impact des dispositifs publics sur la territorialisation de la filière

bois

Pour réaliser cette évaluation, deux outils méthodologiques ont été mobilisés : un

graphe d’objectif et une grille d’analyse de la territorialisation présentée en section

précédente.

Le graphe d’objectif permet de produire une représentation de l’intervention publique

en mettant à plat de façon structurée et hiérarchisée les finalités, les objectifs opérationnels et

les actions visées par le programme. Un graphe d’objectif du programme Leader 2007-2013

du Haut Jura a été réalisé à partir de l’exploitation des documents de programmation (Annexe

3 : Graphe d’objectif). La programmation LEADER 2007-2014 a pour finalité principale la

valorisation de la forêt au service du développement et de la durabilité du territoire. Cette

finalité se décline en trois objectifs stratégiques visant à préserver la ressource forestière, à

Type Acteur Catégorie Type Acteur Catégorie Directeur adjoint environnement PNR Environnement Architecte (Lahu) Filière bois

Lycée pro des Métiers des Arts du Bois Filière bois Paysagiste Filière bois CCI Filière bois Constructeur Filière bois

PNR Gestionnaire Administratif Politique Sylviculture - exploitation forestière Filière bois PNR Développement (M. Prost) Politique Tavailllonneur Filière bois

PNR Architecture et Patrimoine (Mme Vercez) Politique

Scierie Ô Jura Bois Filière bois PNR Tourisme Tourisme Charpentier A (Marillet) Filière bois

Comité du tourisme Tourisme Sanglier Patrick Salvi Filière bois

CPIE Environnement

Entreprise Rabotec (rabotage, de l'usinage et du traitement des bois) Filière bois

AJENA Environnement Groupement Forestier Haute Joux Filière bois Groupe Tetras jura Environnement Scierie Perrin Filière bois

CAUE Filière bois Layatterie Filière bois Espace Nordique Jurassien Tourisme Exploitant forestier Filière bois

Cabinet boudier (économiste) Filière bois Scierie Renaud Filière bois TEDOLDI (bureau d'étude) Filière bois Débardeur Filière bois

Tackicea (bureau d'études)

Filière bois

Jouet industriel Foulon Filière bois

Conseil régional de Franche-Comté Politique Expert forestier Filière bois

Pays Haut-Doubs Politique Fabricant de plaquettes Filière bois Conseil Général Doubs Politique Fabrique des gavottes Filière bois

Conseil régional de Franche-Comté Politique Chaudière industrielle (Soccram)

Filière bois

DRAAF Politique Bucheron suisse Filière bois Communes forestières Politique Coopérative forestière Filière bois

Station des Rousses Tourisme ONF Filière bois Syndicat Mixte Canton Morez Politique ONCFS Filière bois

Maire Politique CRPF Filière bois Maire (adjoint) Politique ADIB Filière bois

Maire Politique Chambre d'Agriculture Filière bois Maire Politique

EPCI Station les Rousses Politique Mairie confort Politique

EPCI Haut-du-Doubs Politique EPCI Champagnol Politique

EPCI arcades Politique

Organisation professionnelle

Acteur du développement

Association

Bureau d'étude

Collectivités

Elu

Entreprise

8

développer et structurer la filière bois et enfin à favoriser les retombées économiques de la

forêt dans le territoire. Pour mettre en place la stratégie, le programme s’appuie sur des

objectifs opérationnels qui mobilisent des leviers d’action particuliers.

L’évaluation du dispositif LEADER, à travers l’analyse des projets exemplaires, est

réalisée en deux temps. L’efficacité en matière de territorialisation des projets est d’abord

évaluée à l’appui de la grille d’analyse avec une analyse transversale à tous les projets pour

chacune des dimensions de la grille. Ensuite, les dispositifs mis en place par le PNR sont

évalués, d’une part, sur leur adéquation avec les enjeux de la charte pour estimer la cohérence

interne du Parc et, d’autre part, sur leur articulation avec tous les dispositifs existants sur le

territoire.

b) Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la

valorisation du bois (Prospective)

Pour traiter les données, les guides d’entretiens ont été répartis par grandes catégories

d’acteurs : les élus, les institutions, les entreprises et les maitres d’œuvre. A partir des grilles

d’entretiens, les grands enjeux abordés par les acteurs ont été relevées. Les dispositifs mis en

place sont évalués sur leur adéquation avec les enjeux identifiés à dire d’acteurs pour estimer

la pertinence des dispositifs et ainsi formuler des préconisations.

9

Partie 2 : Résultats sur la territorialisation de la filière bois

I. Capitalisation des expériences menées par le PNR : analyse et

enseignements issus des projets exemplaires du programme LEADER

Cette première section de résultats de l’étude porte sur une l’analyse du programme

Leader 2007-2013 et plus particulièrement de son volet relatif à la valorisation du bois. Pour

réaliser l’analyse de cette partie, nous nous sommes appuyés sur les 8 projets suivants :

- projet 6 : mobilier de contemplation à Lajoux, derrière la maison du Parc

- projet 8 : plateforme de stockage de plaquette forestière à La Mouille

- projet 9 : maison de santé à Moirans-en-Montagne

- projet 10 : ensemble périscolaire à Jougne

- projet 11 : bâtiment commercial à Longchaumois

- projet 18 : Habitation Légère de Loisir (HLL) à Foncine-le-Haut

- projet 19 : réhabilitation de la cure à Confort

Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la stratégie du programme Leader en

interrogeant sa pertinence et sa cohérence, puis dans un deuxième temps nous analyserons son

efficacité. Pour la première partie, nous nous appuierons l’outil d’évaluation des politiques

publiques, le graphe d’objectif, réalisé à partir d’un examen fin du dossier de candidature

Leader et pour la deuxième sur la grille d’analyse de la territorialisation présentée ci-dessus.

A. Pertinence du programme

La pertinence est mesurée à travers l’adéquation des objectifs stratégiques et

opérationnels, affichés dans le programme, aux besoins et aux enjeux concernant la forêt et sa

valorisation. La finalité affichée dans le programme vis-à-vis de la ressource forestière est

« Développer la valorisation de la forêt au service de la vitalité et de la durabilité du

territoire » (cf. figure 1 et annexe 3). Cette finalité n’est pas explicitement formulée dans le

document du projet Leader mais apparaît en filigrane derrière les objectifs stratégiques et

opérationnels identifiés dans celui-ci.

Le premier objectif stratégique, « préserver la ressource forestière » a surtout une visée

environnementale. Les trois autres sont plutôt orientés sur l’aspect économique : le premier

sur le bois énergie, le second sur le bois d’œuvre et le troisième sur le lien entre la forêt et le

territoire. Il intègre l’objectif opérationnel « renforcer l’ancrage territorial de la filière bois »

qui comporte notamment une dimension sur la consolidation de l’identité du territoire via sa

forêt et ses savoir-faire liés au bois.

La stratégie et le plan d’action du programme Leader, formalisés et parfois reformulés

dans le graphe d’objectifs sont globalement partagés par les acteurs rencontrés qui n’ont pas

remis en cause le bienfondé et la pertinence des choix réalisés.

10

L’analyse que nous avons pu faire de cette stratégie, complétée par les retours des acteurs

rencontrés, nous amène à formuler plusieurs commentaires :

- Tout d’abord, en affichant une finalité visant une contribution de la forêt à la durabilité du

territoire, il semble manquer un objectif stratégique centré sur l’aspect social. Celui-ci

pourrait transparaitre sous la forme d’un objectif stratégique visant à maintenir de

l’emploi et à améliorer les conditions de travail dans certains métiers tels que les

bûcherons et les entrepreneurs de travaux forestiers. Nous avons identifié le cas

emblématique des ETF dont le travail est précaire et peu reconnu et qui sont pourtant

indispensables dans l’exploitation de la forêt. Il pourrait aussi s’agir d’améliorer la

qualification des professionnels de la filière bois dans la perspective de favoriser

l’innovation. Le maintien des métiers et des savoir-faire spécifiques (mode d’exploitation

en futaie-jardinée, tavaillon, etc.) est en effet un facteur important du marquage territorial

de la filière bois en gardant sur le territoire les compétences et les acteurs nécessaires à

son bon fonctionnement.

- La stratégie relative au développement du bois-énergie semble incomplète. Une

intervention explicite sur la promotion de l’utilisation du bois comme forme d’énergie

serait de nature à favoriser l’émergence de projets en la matière. Nous avons en effet

constaté un faible nombre de projets soutenus dans le cadre de projet Leader et les

entretiens réalisés ont révélé un manque d’information à ce sujet auprès de porteurs de

projets potentiels. En effet, il y a deux objectifs opérationnels sur la définition des besoins

et la structuration de la filière mais à notre sens, il serait pertinent d’avoir également un

objectif de communication et de sensibilisation autour du bois de chauffage (en précisant

peut-être que cet objectif serait particulièrement justifié dans un territoire éloigné des

lieux d’information existants par ailleurs sur ce sujet).

Figure 1 Graphe d'objectifs du programme LEADER

11

B. Cohérence interne

a) Cohérence interne des actions mises en œuvre dans le programme

LEADER

La cohérence interne est l’adéquation des moyens au regard des objectifs explicités par le

graphe d’objectifs et l’adéquation des objectifs entre eux.

Nous constatons qu’aucun projet significatif n’a été conduit dans le cadre de l’objectif de

préservation de la ressource forestière. Toutefois, nous n’avons pas une vision exhaustive de

tous les projets LEADER, nous ne pouvons donc pas analyser la mise en œuvre de cet

objectif. Nous pouvons cependant mentionner ici l’intéressante étude conduite dans le cadre

de LEADER par le Parc, sur les effets et les conséquences prévisibles du changement

climatique sur la forêt du Haut Jura à l’horizon 2050.

Pour ce qui est de l’objectif de développement du bois énergie, le projet de plateforme de

stockage de plaquettes forestières de la Mouille en est une traduction concrète. Mais peu de

projets, s’inscrivant dans cet objectif, sont aujourd’hui arrivés à leur terme.

Concernant l’objectif de développement et de diversification du bois d’œuvre, plusieurs

projets vont dans ce sens. Le projet initié par la scierie Ô Jura Bois permet une amélioration

de la valorisation économique par la qualité, ce qui répond à l’objectif opérationnel de

compétitivité de la filière bois construction. Par ailleurs, l’ensemble des projets bois que nous

avons étudié répond à l’objectif de promotion de l’utilisation du bois local dans les

constructions, puisque le recours à cette ressource locale est une condition sine qua none au

financement LEADER. De même, le mobilier de contemplation et la maison de santé

répondent à ce même objectif mais à des fins touristiques et esthétiques (participation d’un

lycée professionnel et tavaillons). Et, incidemment, notre travail d’élaboration de fiches-

projets sur plusieurs de ces projets bois du territoire devrait permettre une communication et

une diffusion des bonnes pratiques sur les constructions bois.

Enfin, concernant l’objectif « favoriser les retombées économique de la forêt dans le

territoire », le projet de La Mouille contribue directement à l’objectif opérationnel de

renforcer l’ancrage territorial de la filière bois en permettant l’approvisionnement en

plaquettes des communes en circuit court. De plus, le projet de la maison de santé, en

intégrant le recours aux tavaillons, contribue à l’identité du territoire et au maintien des

savoir-faire. Par contre, peu d’actions spécifiques en termes de communication et d’ingénierie

de projet sont destinées à diffuser les effets des projets.

Globalement, la déclinaison stratégique et opérationnelle de la finalité apparaît cohérente.

La diversification de la valorisation du bois à travers le bois d’œuvre et l’énergie permet des

usages complémentaires du bois exploité. Elle interroge cependant sur les conditions de

maîtrise du renouvellement de la ressource et de la compatibilité de cette exploitation avec un

système traditionnel typique du Haut Jura.

Après cette focale sur l’analyse de la cohérence des 8 projets par rapport aux objectifs du

programme LEADER, la partie suivante élargit le regard à tous les dispositifs mis en place

par le PNR par rapport aux objectifs plus généraux de la charte.

12

b) Cohérence des dispositifs mis en place par le PNR avec les objectifs

de la charte

L’objectif de cette partie est de vérifier la cohérence interne de la politique de

territorialisation de la filière bois menée par le Parc. Pour cela, les enjeux identifiés dans la

charte sont mis en perspective avec les dispositifs réellement établis, notamment LEADER.

Le tableau suivant présente les objectifs de la charte établis par le PNR.

Tableau 2 Enjeux de la charte établis par le PNR

Vocations Objectifs

un territoire construit, vivant

et animé ensemble

assurer la cohérence des politiques territoriales

partager et développer une culture commune du territoire

créer et expérimenter de nouvelles formes de vie sociale et culturelle

un territoire responsable de

son environnement

développer une gestion du territoire respectueuse des patrimoines naturels

développer une gestion du territoire respectueuse des patrimoines paysagers et bâtis

rechercher la performance énergétique

préserver le capital eau du territoire

un territoire qui donne de la

valeur à son économie

mobiliser les ressources du territoire en faveur de l'économie

accompagner la création de valeur ajoutée dans les filières

faire de la cohérence territoriale un atout pour l'économie

distinguer le territoire par la qualité de son économie

Les principaux dispositifs mis en œuvre par le PNR pour la filière bois sont le

programme LEADER et le PAT. Ils sont comparés dans cette partie aux objectifs de la charte

détaillés ci-dessus.

Sur le volet social, le PNR tente de construire une vision commune autour de la

ressource bois à travers notamment l’objectivation proposée par le PAT dans son état des

lieux de la ressource forestière et du bois énergie sur le territoire. La démarche LEADER

mobilise des acteurs selon des modalités relativement innovantes, mais le plus souvent sur des

temps courts ne permettant pas toujours de contribuer efficacement à la construction d’une

vision commune et durable du territoire.

Sur le volet environnemental, le parc se mobilise sur les aspects énergétiques à travers

la construction de bâtiments à hautes performances énergétiques (BBC) et par la promotion du

bois énergie. Ces actions imbriquent de façon cohérente la politique de valorisation

économique de la ressource avec l’amélioration de la performance énergétique du bâti.

D’autre part, l’enjeu environnemental est au cœur de la valorisation de la ressource

forestière, mais à travers ces dispositifs, le PNR ne mobilise pas d’actions concrètes pour

valoriser cette plus-value environnementale. Si certains projets LEADER, autres que les 8

étudiés, visent la diffusion ou la production de connaissances, notamment sur le changement

13

climatique, le PNR est peu à l’initiative des actions menées en matière de gestion forestière.

Par ailleurs, la futaie jardinée est un mode de gestion que le parc souhaite promouvoir, mais il

ne se positionne pas concrètement sur les problématiques de rentabilité soulevées par les

différents acteurs de la filière, qui ont pourtant trait aux objectifs économiques de la charte.

En effet, selon les acteurs interrogés, les nouvelles formes d’exploitation de la ressource bois,

développées au sein de la filière s’opposent sur plusieurs plans à la conservation du

patrimoine forestier, paysager et écosystémique. Le parc semble donc avoir des difficultés à

concilier ses deux volontés : mobiliser des ressources du territoire en faveur de l’économie et

gérer le territoire en respectant les patrimoines paysagers et écosystémiques. Pour l’instant, il

privilégie le premier volet.

Les dispositifs LEADER et PAT sont clairement cohérents avec les objectifs

économiques de la charte : leur principal objectif est de stimuler la demande pour l’utilisation

de ressources locales afin d’induire, au sein de la filière bois, une mobilisation des ressources

spécifiques au territoire. Ce levier d’action permet également de créer une filière

territorialisée, assurant la création et le maintien de la valeur ajoutée sur le territoire sur le

principe des circuits courts de commercialisation.

L’évaluation des projets LEADER met en évidence un manque de transversalité dans

les actions menées. Cette constatation s’avère également valable pour l’ensemble des

dispositifs portés par le PNR : les actions concrètes du Parc portent moins sur les volets

environnemental et social que sur le volet économique de la charte.

C. Complémentarité/compétition entre les différents dispositifs

L’objectif est de comparer l’adéquation entre les dispositifs mis en place par le PNR et

par d’autres institutions (Annexe 4 : Tableau de cohérence externe). Il convient de distinguer

les domaines d’intervention où le Parc se positionne en tête de file, ceux pour lesquels il

intervient en complémentarité avec d’autres institutions et enfin les thématiques où le Parc est

peu présent.

Dans le domaine du bois construction, le PNR met en place de nombreuses actions et

se positionne comme principal acteur : les autres dispositifs existants apportent des aides

financières pour ce type de travaux (Conseil Régional) et des conseils sur l’architecture bois

(CAUE). Le Parc est également moteur pour les initiatives autour de l’utilisation de bois local

en circuit court, dans l’optique de création et maintien de la valeur ajoutée. Malgré la portée à

la fois économique et environnementale de ces actions, l’étude menée ne permet pas de

déterminer l’existence d’autres acteurs que le Parc qui se cibleraient spécifiquement sur

l’approvisionnement en bois local. De même, le PNR intervient seul dans le développement

des compétences autour des métiers du bois et sur la communication autour de la ressource

locale.

Par contre, le PNR se positionne en complémentarité avec d’autres acteurs sur les

domaines de protection environnementale, d’organisation de la filière et de valorisation du

bois, par sa qualité ou ses débouchés énergétiques. Il existe en effet, sur le territoire du Haut-

Jura, un grand nombre de politiques et d’associations de protection et de promotion de la

14

ressource forestière, écologique et écosystémique : Schéma Régional de Cohérence

Ecologique (Conseil Régional de Franche-Comté), police de l'environnement (Etat), dispositif

cerfs (ONCFS), études d’impact sur l’écosystème (CPIE et PNR), éducation et sensibilisation

à l'environnement (CPIE), etc. Le Parc n’intervient pas directement sur le volet de protection

de l’écosystème forestier : ses actions sont concentrées sur la sensibilisation des acteurs

locaux autour du changement climatique, de l’efficience énergétique et des pratiques de

construction plus naturelles. Ces thématiques traitent à la fois d’intérêts écologiques et

économiques en contribuant en partie à la promotion du bois construction.

Sur le volet de l’organisation de la filière, le PNR concentre ses actions sur la

mobilisation d’entreprises locales de la filière. L’action du Parc sur cette thématique est

complémentaire avec les dispositifs mis en place par d’autres acteurs, qui se concentrent

davantage sur : le développement des entreprises (contrat d’aide à la compétitivité et aide

individuelle pour les entreprises par le Conseil Régional de Franche-Comté) ; la mise en

cohérence des politiques sur le bois et la gestion de la forêt privée (projet test sur la gestion

multifonctionnelle du territoire mis en place par l’ADEFOR et l’EPCI Arcades, conférence

sur la filière « forêt-bois » réalisée par l’ADIB) ; la définition de stratégies et d’initiatives

(privées et publiques) communes (création de l’ADIB, mise en place du pôle excellence bois

par le pays du Haut Doubs, rédaction de chartes forestières de territoire par la COFOR).

La valorisation des débouchés du bois par la mise en place de labels est, quant à elle,

très rependue sur le territoire du Haut-Jura. Le PNR et l’ADIB mettent en avant la marque

Parc, la marque Sapin du Jura et une démarche d’AOC qui s’articulent difficilement entre

elles : les plus-values spécifiques restent floues pour les acteurs de terrain et l’existence de

plusieurs labels de qualité sur un même territoire participe à la confusion sur l’image des

produits.

Enfin, la promotion des débouchés bois énergie est largement traitée par de nombreux

acteurs du territoire : le PNR, l’ADEME, les régions et l’Etat apportent plusieurs programmes

d’aide (Fonds de Chaleur, aide fiscale pour l'installation de chaudières), de promotion et de

régulation (Commission Régulation de l'Energie, "collectif bois énergie", Plan Climat Energie

territorial, accompagnement technique pour bois énergie, Plan Climat Energie) et d’appui

technique (études de faisabilité technico-économique et d’opportunité).

Concernant la mobilisation de la forêt privée et les multi-usages de la forêt, le Parc n’a pas

entrepris d’actions concrètes. D’autres acteurs s’investissent déjà sur ces problématiques.

Ainsi l’ADEFOR élabore les plans de développement de massif et constitue les Associations

Syndicales Autorisées (ASA) pour la desserte forestière. De même la COFOR réalise des

conventions de partenariat. Le Conseil Général du Jura et du Doubs propose également une

aide pour la restructuration foncière et des programmes d’accompagnement. Les différents

usages de la forêt sont définis dans la charte du Parc mais celui-ci ne s’engage pas

directement sur cette thématique. En revanche, d’autres territoires s’investissent en élaborant

par exemple un état des lieux des enjeux forestiers sur des territoires plus restreints que celui

du Parc, comme l’EPCI Haut Jura St Claude.

15

D. Efficacité des projets en matière de territorialisation : grille analyse

a) Ancrage territorial

Globalement, les projets sont réalisés par des entreprises locales. Cependant celles-ci

n’ont pas toutes le même niveau d’ancrage, certaines sont localisées sur le territoire mais

travaillent souvent à l’extérieur, c’est par exemple le cas de l’entreprise « la Pessière » qui est

installée depuis 1987 dans le Jura mais qui ne réalise que 10% de ses chantiers sur le

département. D’autres, au contraire, sont très ancrées : investissement personnel sur le

territoire, faible rayon d’activité, notoriété et légitimité territoriale. C’est le cas des élus et des

artisans typiques du Jura (layettiers et tavailloneurs).

LEADER impose l’utilisation d’un pourcentage minimum de bois local.

Indépendamment de cette obligation, certaines entreprises ne travaillent qu’avec du bois local.

C’est le cas par exemple de la scierie Ô Jura Bois, de l’entreprise « la Pessière » et du

tavailloneur que nous avons rencontré. A l’inverse, la plupart du temps, d’autres entreprises

ne travaillent pas avec du bois local pour diverses raisons : coût et qualité essentiellement. En

effet, le relief et l’exploitation en futaie jardinée rendent l’exploitation du bois du Jura

difficile et coûteuse. De plus, les bois du Haut Jura n’ont pas tous la même qualité, selon la

localisation de la parcelle mais aussi au sein même de la parcelle. Ce surcoût ajouté à une

qualité hétérogène n’encourage pas les acteurs à utiliser du bois local. Leader les a donc

sensibilisés à l’utilisation du bois local mais on peut se poser la question de la diffusion de

cette pratique aux vues des contraintes. Par ailleurs, tous les acteurs n’ont pas la même vision

de la qualité du bois selon l’usage qu’ils en font. Par exemple, un paysagiste interrogé a

besoin d’un bois de classe 4 pour mettre en extérieur, alors que les essences principales du

Haut-Jura sont des bois de classe 2.

Les projets répondent à des enjeux du territoire, qu’ils soient en lien direct avec la

filière bois ou non. En effet, la plupart des projets répondent à des enjeux majeurs mais

indépendants de la filière bois tels que : le développement d’une offre pour le tourisme

(mobilier de contemplation et HHL (Habitation Légère de Loisir)), le maintien d’activités sur

le territoire (maison de santé et épicerie), accueil et maintien de populations (bâtiment

périscolaire et aménagement de logements). Cependant tous les projets n’ont pas le même

impact territorial, par exemple le projet de mobiliers de contemplation n’aura pas les mêmes

retombées touristiques et économiques que les HLL.

En ce qui concerne les enjeux liés à la territorialisation de la filière bois, deux projets

emblématiques ont été menés. Le premier concerne le bois énergie (plateforme de stockage de

bois déchiqueté) qui permet l’autonomie énergétique des communes. Quatre des communes

du canton de Morez possèdent une chaufferie qu’elles alimentaient en achetant de la plaquette

forestière sur le marché. Après une réflexion qui a suivi le PAT, elles ont souhaité devenir

autonomes pour leur approvisionnement en plaquettes et maitriser la qualité de leurs

plaquettes, c’est donc pour cela qu’elles ont créé la plateforme. Le projet a permis de

concrétiser l’objectif que s’étaient fixé les communes.

16

Le deuxième projet sur le bois construction (aire de stockage de la scierie

Grandpierre) contribue à une meilleure valorisation du bois. Ce projet permet à une entreprise

locale de mettre en place un séchage naturel et de mieux valoriser son bois en fonction de la

qualité, ce qui répond aux différents enjeux de la charte, environnementaux et économiques.

Même si la plupart des projets ont été motivés par des enjeux qui n’étaient pas en lien

direct avec la ressource bois, ils impliquent une réflexion sur la mobilisation de la ressource

forestière locale et son utilisation pour le bois construction et le bois énergie.

b) Coordination entre acteurs

Les maitres d’ouvrage sont assez variés : commune, syndicat mixte ; acteurs privés et

PNR, ce qui montre que différents types d’acteurs se sont appropriés le dispositif Leader. Les

projets Leader ont permis l’émergence de nouveaux partenariats (exemple de la scierie

Grandpierre avec l’entreprise « la Pessière ») et la mise en relation d’acteurs dont la

coopération est inhabituelle. Les projets impliquent aussi de nouveaux rôles pour les acteurs.

C’est le cas pour les communes qui fournissent elles-mêmes le bois et pour d’autres acteurs

qui acquièrent de nouvelles compétences (le cabinet Boudier qui a du se renseigner sur

l’approvisionnement en bois pour le projet de la Mouille et l’architecte qui a fait le lien entre

les artisans pour la réalisation de la maison de santé). Ces acteurs ont donc acquis une vision

élargie à d’autres secteurs de la filière bois qui habituellement ne les concernent pas. Cela

permet une meilleure compréhension réciproque entre les corps de métier ce qui facilite le

dialogue et la coopération. Dans ce cadre, le PNR a principalement un rôle

d’accompagnement administratif. Selon certains acteurs, il est même indispensable au

montage des dossiers et à la certification de la traçabilité en lien avec les entreprises.

Cependant la coordination entre les acteurs pose parfois problème. Nous avons

identifié trois types de problèmes :

Problème de compétence : les acteurs ne possédant pas les compétences nécessaires à

la bonne réalisation du projet compliquent le travail des autres participants au projet.

Par exemple, le bureau d’études du projet de la plateforme de stockage était spécialisé

dans le béton, or le projet étant majoritairement en bois, son travail n’a pas été

optimisé pour le charpentier ;

Problème réglementaire : certains aspects règlementaires contraignants peuvent

provoquer des tensions entre les acteurs porteurs du projet et ceux qui ont un rôle de

contrôle et de vérification du respect de la législation. C’est le cas pour les projets de

construction bois qui nécessitent le respect de contraintes fortes que les élus ne

connaissent pas toujours. Sur le projet de la Mouille, la DDT a également identifié un

problème réglementaire sur le défrichement de la parcelle concernée ce qui a perturbé

le bon déroulement du projet ;

Problème de communication : le manque de relation entre les acteurs entraine parfois

une absence de communication sur certains projets ou dispositifs. Par exemple, la

scierie Grandpierre n’a pas été informée par la commune des possibilités de

financement ou d’accompagnement de projets.

Selon les maitres d’ouvrage, le montage des dossiers Leader nécessite une ingénierie

spécifique souvent fournie par le PNR.

17

c) Intersectorialité

Les projets impliquent des acteurs de différentes natures. Ils sont portés par des

maitres d’ouvrages variés : PNR, communes (surtout), privé, syndicat mixte. L’équipe de

maitrise d’œuvre pour les projets de bâtiments est constituée d’un architecte, d’un ou

plusieurs bureaux d’études (structure, acoustique, fluides…) et d’un économiste de la

construction. Différents métiers du bois interviennent pour chaque projet : ETF (bucheron,

débardeur), scieur, charpentier, mais aussi tavailloneur.

Les projets impactent différents secteurs. Certains projets ont un impact sur le secteur

touristique à l’intérieur du Parc (HLL et mobilier de contemplation). D’autres ont un impact

sur l’organisation de l’approvisionnement en bois des communes (plateforme de stockage de

La Mouille).

La proximité de la Suisse a parfois une influence sur les projets : la plateforme de

stockage est inspirée d’un projet suisse du canton de Vaud visité par les élus des communes

participant au projet ; le groupe périscolaire de Jougne peut être attractif pour des familles

travaillant en Suisse et domiciliées en France et dont les enfants sont scolarisés en France.

Certains projets ont généré des effets d’apprentissage, c’est à dire que les acteurs ont

acquis une expérience et une connaissance supplémentaire qu’ils pourront réutiliser lors d’un

futur projet. L’entreprise « la Pessière », par exemple, va s’appuyer sur le partenariat avec la

scierie Ô Jura Bois et les compétences acquises lors du chantier de la plateforme de stockage

pour réaliser des hangars agricoles plus efficacement. D’autre part, les communes adhérentes

à la plateforme ont appris à gérer leur approvisionnement respectif en plaquettes, ce qui leur

permettra d’être plus efficaces les années à venir. Enfin, le travail réalisé par l’ingénieur sur le

projet de l’épicerie pourra être remobilisé sur d’autres projets.

Enfin, les projets peuvent provoquer un essaimage : la plateforme de stockage va peut-

être entrainer la création de nouvelles chaufferies à proximité, une autre plateforme sera peut-

être réalisée aux Rousses dans les prochaines années. Le lycée de Moirans-en-Montagne a

pour but de commercialiser à plus grande échelle le concept du mobilier de contemplation qui

avait été proposé par l’un de ses élèves. Cependant, plusieurs projets ne sont pas

reproductibles en l’état car ils sont trop coûteux et certains n’ont pas été optimisés

économiquement. En effet, ces projets auraient probablement été réalisés différemment sans

Leader. Par exemple, pour les HLL, le processus d’utilisation du bois (fourni par la commune

au scieur, mais de qualité médiocre) a provoqué un « gaspillage » du bois conduisant à un

coût global de l’investissement relativement élevé.

d) Transversalité

Dans ce paragraphe, en nous appuyant sur divers exemples, nous allons présenter

successivement les trois dimensions de la transversalité : environnementale, économique et

sociale.

18

Globalement, les projets étudiés intègrent plutôt bien la dimension environnementale.

Tous les projets exemplaires étudiés utilisent du bois local, condition sine qua none pour

obtenir un financement Leader. De plus, deux édifices en constructions bois (la cure de

Confort et la maison de santé) répondent aux normes Bâtiment Basse Consommation (BBC)

ce qui les rend efficients énergétiquement. Des formations ont été mises en place auprès des

locataires pour optimiser l’usage des bâtiments (commune de Confort). Le bâtiment

périscolaire de Jougne a lui aussi été pensé au-delà des normes HQE 2012 et des analyses

d’air sont effectuées pour vérifier le confort et la sécurité des enfants. Les constructions

intègrent aussi des matériaux écologiques et durables, comme c’est le cas pour la maison de

santé de Moirans qui intègre des tavaillons. Enfin, la scierie Grandpierre à l’origine du projet

de l’aire de tri et de séchage, prend en compte la dimension environnementale puisque

l’objectif est de pouvoir sécher le bois naturellement. Enfin, le projet de la plateforme de

stockage de La Mouille a été conçu en vue de minimiser les transports.

En ce qui concerne la dimension économique, la plupart des projets ont fait intervenir

des entreprises locales ce qui permet de maintenir une partie de la valeur ajoutée au sein du

territoire. C’est le cas du projet de la commune de Foncine-le-Haut dont le maire estime

d’ores et déjà les retombées économiques de la création des 5 HLL sur les entreprises locales

à 450 000€. De plus, les projets impactant le secteur du tourisme vont permettre des

retombées économiques locales. De la même manière, le magasin de Longchaumois va

engendrer un effet de rayonnement sur les autres commerces du village. Sur le projet de la

plateforme de stockage de la Mouille, LEADER a permis aux communes d’atteindre leur

autonomie d’approvisionnement en plaquettes. Ce choix de privilégier un circuit court a

impliqué le détournement du marché de bois bûche, grâce auquel la commune gagnait de

l’argent, vers la production de plaquettes. Ce choix est totalement assumé par la commune,

bien que pour certaines communes cela entraine l’augmentation du coût de la plaquette.

Toutefois, pour certains projets, il y a des problèmes organisationnels qui ont des

impacts économiques négatifs. Par exemple, lorsque la commune a fourni le bois en prélevant

dans la forêt communale, le volume de bois abattu a été nettement plus conséquent que le

volume de bois réellement utilisé pour la construction. Cela génère du gaspillage de bois et

une sous-valorisation De plus, si le bois fourni pour la commune est de mauvaise qualité cela

entraine une mauvaise rentabilité du processus de transformation et donc, un gaspillage du

bois. Pour les 5 HLL de Foncine-le-Haut 50m3 de bois ont été abattu par chalet alors que

21m3 ont été nécessaire pour la construction.

Enfin sur l’aspect social, les projets LEADER ont des impacts intéressants mais sans

lien avec la filière bois. Le principal impact social des projets LEADER est le maintien

d’activités et de services localement. La construction de la maison de santé et du bâtiment

commercial a permis de maintenir des emplois. La construction de la plateforme de La

Mouille permet d’une part d’assurer un travail régulier aux Entrepreneurs de Travaux

Forestiers (ETF) sur le territoire mais également d’améliorer leur situation en leur offrant un

travail plus régulier sur l’année. Enfin, la commune de Confort a pour projet de créer deux

logements à loyer modéré sur la partie haute de la cure, ce qui profiterait à l’installation de

jeunes ménages ou de personnes âgées de la commune. Dans la même idée, l’ensemble

19

périscolaire de Jougne qui permet d’accueillir plus d’enfants représente un facteur

d’attractivité supplémentaire de la commune.

Cependant, lorsqu’on examine chaque projet individuellement, on constate que

certains ne couvrent pas totalement les trois dimensions. Par exemple le projet de mobilier de

contemplation et celui des HLL intègrent peu la dimension sociale. Bien que tous les projets

intègrent du bois local, ils ne contribuent pas tous au même niveau à la dimension

environnementale. Par exemple, le projet de l’épicerie n’intègre pas une réflexion

environnementale aussi forte que le projet de la scierie Ô Jura Bois.

e) Innovation

Nous avons identifié quatre registres d’innovations liées aux projets LEADER :

touchant au processus d’émergence, à l’organisation, à l’architecture et la formation.

Le processus d’émergence de certains projets est innovant : le mobilier de

contemplation est né grâce à un élève du lycée de Moirans-en-Montagne qui a répondu à un

concours d’idées lancé par le Parc.

L’innovation transparait aussi dans la dimension organisationnelle : pour plusieurs

projets, le bois a été fourni par une commune et non par une scierie. Cela permet un suivi du

début jusqu’à la fin de la filière. C’est le cas pour la plateforme de stockage, et l’ensemble

périscolaire de Jougne. La plateforme de stockage permet aussi la gestion de

l’approvisionnement des chaufferies par les communes. Elle est innovante sur le territoire,

bien qu’inspirée d’un projet suisse. Aux limites du territoire du Parc, le département de l’Ain

va mettre en place une agence d’ingénierie pour aider les communes à monter leurs dossiers

d’appel d’offres. Par ailleurs, les appels d’offres de certains projets (plateforme, HLL…)

exigeaient la réponse de plusieurs entreprises pour un seul lot : cela les a poussé à réaliser des

partenariats afin d’y répondre.

L’innovation apparait également dans l’architecture des bâtiments réalisés, au niveau

technique et esthétique :

Association entre tradition et modernité avec le tavaillon sur la maison de santé

Taille et trépieds de la plateforme de stockage ainsi qu’absence de traitements du bois

(innovation réglementaire)

Introduction de bois masqué à l’extérieur afin de respecter le type de bâtiment

(magasin de Longchaumois).

Enfin, il y a parfois des innovations au niveau de la formation : pour les logements de la

cure de Confort, une formation des locataires sera effectuée par un bureau thermicien pour

leur apprendre à mieux se servir d’un bâtiment basse consommation (thermostat, velux…) et

d’optimiser l’usage du bâtiment. Cela ne sera pas fait pour la maison de santé, ce que

regrettait l’architecte.

20

f) Conclusion partielle : efficacité par rapport à la territorialisation

Les projets LEADER permettent en général de faire travailler des entreprises locales et

de valoriser les métiers et savoir-faire traditionnels. Pour les acteurs, ils favorisent l’usage de

bois local et la réalisation de programmes plus ambitieux. Pour augmenter l’utilisation de

cette ressource, LEADER pousse les acteurs à identifier leur ressource et à prendre

conscience de sa qualité. Ces projets répondent à des enjeux territoriaux identifiés par la

charte du PNR, qui concernent ou non le bois.

Les maitres d’ouvrage des projets sont variés avec principalement des institutions

territoriales (communes, communautés de communes, syndicat mixte, PNR…) qui paraissent

plus aptes à porter une dimension territoriale que des acteurs privés. Nous avons identifié de

nouveaux partenariats et mises en relation d’acteurs engendrés par LEADER, qui encouragent

l’interconnaissance des acteurs du territoire et la valorisation de leurs compétences.

De plus, grâce à ce dispositif, les acteurs peuvent acquérir de nouvelles compétences et

ainsi assumer des rôles qui auparavant l’étaient par des agents extérieurs au territoire. Ainsi,

les acteurs dépendent moins de ressources externes au territoire, ce qui répond à l’objectif de

territorialisation. Le PNR exerce une fonction d’ingénierie territoriale : montage des dossiers,

fédération des acteurs ce qui contribue à ancrer les projets sur le territoire. Cependant, la

coordination des acteurs ne garantit pas toujours une efficacité maximum. En effet, dans les

projets où la commune fournit son bois sous forme de grumes au scieur, seule une partie du

bois revient à la commune sous forme de produits finis et les « sous-produits » sont peu

valorisés.

Les projets permettent aux acteurs de mieux prendre conscience de la globalité de la

filière bois présente sur le territoire, couvrant les différents métiers du bois, de l’ETF au

charpentier. D’autres secteurs sont également impactés tel que le tourisme. Des effets

d’apprentissage, qu’ils soient techniques, organisationnels, ou partenariaux, sont engendrés.

Cependant, bien que nous n’ayons pas assez de recul pour analyser les impacts des projets

(certains sont toujours en cours), les effets de diffusion nous semblent limités, car plusieurs

acteurs signalent leur non reproductibilité en l’état, souvent pour des raisons de coûts et

d’organisation. Enfin, globalement, les projets n’incitent pas les acteurs à entretenir des

relations avec l’extérieur du territoire (pas de notoriété extra-territoriale, peu de liens avec des

acteurs hors du territoire, pas de dépendance à des ressources externes au territoire).

Les projets LEADER permettent aux acteurs de faire le choix du développement

durable, bien que le coût soit parfois plus élevé. Globalement les trois dimensions sont

couvertes : utilisation de bois local et réflexion sur la consommation énergétique ; retombées

économiques locales (tourisme et entreprises) ; maintien d’emplois, de services et de

populations. Toutefois, chaque projet n’est pas forcément transversal individuellement.

Par ailleurs, les projets couvrent des aspects environnementaux et sociaux qui

répondent à des enjeux identifiés par le Parc, mais qui ne sont pas liés au bois et à la forêt.

Ainsi, le dispositif LEADER ne cible pas précisément l’amélioration des conditions de travail

et l’augmentation du nombre d’emplois du secteur bois. Il n’y a pas non plus d’analyse et

d’expérimentations spécifiques à une gestion respectueuse de la forêt du point de vue

21

environnemental. Cela nous paraîtrait pourtant intéressant et nécessaire pour la durabilité de la

filière bois sur le territoire.

En définitive, le dispositif LEADER paraît, de manière générale, efficace pour

territorialiser des projets mais leurs effets de diffusion restent limités. Il faudrait observer les

projets sur un temps plus long et les comparer avec des projets non subventionnés pour

vérifier notre hypothèse.

22

II. Prospective : Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la

valorisation du bois

Au-delà du programme LEADER, d’autres dispositifs sont mis en place pour répondre

aux enjeux du PNR sur la filière bois. La volonté du Parc est d’ancrer cette filière sur le

territoire. Cet objectif passe notamment par l’implication des acteurs et leur coordination,

ainsi que la gestion durable de la ressource bois.

S’intéresser à la territorialisation de la filière bois, suppose de connaitre les multiples

usages de la forêt d’une part, et les utilisations qui sont faites de la ressource bois d’autre part.

La forêt est à la fois productrice de matière première pour les entreprises de travaux forestiers

et les transformateurs, source d’activité pour le domaine touristique, mais c’est aussi un

écosystème qui abrite des espèces végétales et animales à protéger.

Sur le territoire du PNR, le bois est utilisé de manière diverse. Les particuliers peuvent

s’auto-approvisionner en bois de chauffage dans leur forêt communale selon la pratique de

l’affouage. Les entreprises forestières exploitent le bois en fonction de leurs commandes, les

scieurs l’utilisent selon les besoins en bois d’œuvre ou bois de chauffage. La connaissance des

besoins des différents acteurs (scieurs, artisans) est une condition sine qua none pour réussir

la coordination de la filière, s’assurer de l’approvisionnement mais aussi gérer durablement la

forêt qui fournit la matière première à toute la filière (Figure 2).

Figure 2 Organisation de la filière bois dans le PNR du Haut-Jura

23

Jusqu’à présent, pour concilier les différents usages et organiser les acteurs, divers

organismes publics ou privés interviennent tels que l’ONF, le CRPF mais aussi les

départements et les régions. Ces organismes travaillent en relation plus ou moins étroites avec

le PNR. Mais c’est à ce dernier que revient le rôle de mise en relation des acteurs

institutionnels, des élus et des entreprises.

Après un point méthodologique, une attention sera portée à l’analyse des enjeux

identifiés sur le territoire.

A. Les enjeux actuellement identifiés par les acteurs du bois sur le territoire

A partir de la soixantaine d’entretiens réalisés, nous avons identifiés 25 enjeux qui

renvoient à quatre grands enjeux transversaux :

1. Organisation de la filière et régulation de marché

2. Conciliation des différentes représentations des fonctions de la ressource

3. Création et maintien de la valeur ajoutée sur le territoire

4. Maintien et valorisation du capital humain et des savoirs faire

Nous avons classé les enjeux en fonction des catégories d’acteur qui les avait

mentionnés. Ces catégories d’acteurs sont celles utilisées pour les guides d’entretien excepté

le fait que les catégories entreprises et maîtres d’œuvre ont été fusionnés car elles étaient peu

discriminantes.

1. Les élus : élus de communes et d’intercommunalités (EPCI)

2. Les institutions : Collectivités territoriales, les territoires de projets (PNR, Pays), les

associations, les organisations professionnelles (ADIB, CRPF….), les établissements

consulaires (Chambre d’agriculture, CCI,…), …

3. Les entreprises et les maîtres d’œuvre : ETF, scieurs, charpentier, artisans d’art,

bureaux d’études, architectes,…

La Figure 3 met en lumière à la fois les sous-enjeux partagés par l’ensemble des acteurs

mais aussi ceux qui ne font pas consensus. A titre d’illustration, la préservation de la

ressource forestière est une préoccupation partagée par tous les acteurs. En revanche la

prise en compte des contraintes spécifiques liées aux ETF (Croisement

entreprises/multifonctionnalité) ou encore la recherche d’un bois standard (Croisements

entreprises/Qualité) n’est reprise que par certaines entreprises. Il est à noter que les élus

se distinguent par leur souci d’autonomie énergétique et d’approvisionnement local en

matière de bois énergie (croisement Bois énergie/Elus).

24

Figure 3 Schématisation des enjeux soulevés par les différents acteurs

a) L’enjeu relatif à l’organisation de la filière et la régulation du marché

Organisation et développement interne de la filière bois : enjeux et leviers

Pour comprendre l’organisation et le développement interne de la filière bois du Haut-

Jura, il convient de s’intéresser aux enjeux et aux leviers exprimés par les acteurs rencontrés.

Dans ce cadre les principaux thèmes abordés concernent les compétences et la formation, les

relations entre les acteurs dans la filière et le développement et l’ancrage de la filière dans le

Haut-Jura.

Les relations entre les acteurs la filière

Le premier problème de la filière bois, mis en avant par les élus et les institutionnels, est le

cloisonnement fort entre les acteurs de la filière et leur manque de coordination. Selon eux, la

filière manque d’organisation pour être réellement performante et assurer sa pérennité sur le

territoire. Ils proposent la mise en réseau des acteurs du Haut-Jura comme « un préalable

essentiel à la construction d’une vision stratégique partagée pour la filière bois ». Pour

illustrer le cloisonnement, un scieur explique qu’historiquement les scieries ne signalaient

jamais aux propriétaires forestiers les défauts qu’ils pouvaient constater sur les grumes

achetées mais qu’ils « se rattrapaient » la fois suivante en payant moins cher du bois de bonne

qualité. Chacun gagnait ou perdait tour à tour sans en parler à son partenaire commercial.

C’est pourquoi la plupart des acteurs rencontrés décrivent la filière bois comme un milieu

assez technique, fermé et plutôt discret sur ses pratiques et données économiques.

Pour favoriser la coordination entre les acteurs, des structures institutionnelles se

mobilisent, comme, par exemple, l’ADIB qui a pour objectif de « mettre tout le monde autour

de la table » ou le PNR du Haut-Jura qui amène différents acteurs de la filière à travailler

ensemble sur des projets de constructions en bois dans le cadre du programme LEADER. Si

ces initiatives sont plutôt saluées par les élus, certains acteurs privés estiment que les

institutions qui interviennent n’ont parfois pas suffisamment de légitimité technique pour le

25

faire. De plus, ils soulignent que la vision que le PNR a de la filière est parfois trop restrictive

car elle ne va pas au-delà du territoire du Haut-Jura. Du point de vue d’entrepreneurs comme

les scieurs, la filière doit être considérée au niveau européen, voire international, car le bois

voyage facilement et sous de nombreuses formes (grumes, bois carrés, bois aboutés…) entre

les différents pays. Selon eux, les variations d’offre et de demande à cette échelle influencent

les cours du bois au sein du PNR et leurs produits sont en concurrence avec ceux d’autres

pays. Sans remettre en cause les projets permettant la coopération entre les acteurs du Haut-

Jura, ils souhaitent voir émerger des dispositifs qui puissent les aider à réaliser les lourds

investissements (individuellement ou collectivement) nécessaires au développement technique

de leurs entreprises et ainsi faire face à la concurrence internationale.

Pour les acteurs privés, les aides ne doivent pas se cantonner à l’aval de la filière en

favorisant les constructions bois ou en faisant la promotion du bois énergie mais elles doivent

intervenir sur l’ensemble de la filière. Un responsable de communauté de communes illustre

cette attente en expliquant qu’il est souhaitable de voir se développer davantage des prêts à

taux bonifiés ou des financements d’études plutôt que des subventions pour des réalisations

(constructions, chaudières…). Pour lui, les subventions pour la création de chaudière bois

contribuent à provoquer des « appels d’air » sur la demande sans donner à l’amont l’appui

nécessaire pour faire face à l’augmentation de la demande.

Pour beaucoup d’institutionnels, il faut tenir compte de l’ensemble des usages du bois

pour agir sur la filière car, en dehors des marchés extérieurs qui influencent ceux du Haut-

Jura, le développement de nouvelles utilisations comme le bois énergie sur le territoire peut

aussi provoquer des tensions de marché sur la ressource. Selon les élus et les institutionnels, il

faut donc être vigilant à la pression que peut exercer l’augmentation de la demande en bois

sur la ressource forestière. Comme le souligne un élu, il y a « besoin d'un prix à la fois

abordable mais n'encourageant pas la surexploitation ». En effet, une forte pression pourrait

inciter les propriétaires forestiers à intensifier l’exploitation du bois et à potentiellement

remettre en cause la futaie jardinée au profit de la futaie régulière. D’un autre côté, les élus et

les acteurs institutionnels soulignent l’importance de concilier les différentes activités

économiques autour du bois tout en conservant les qualités écologiques et écosystémiques des

forêts du Haut-Jura. C’est pourquoi l’enjeu qui se dégage est de travailler à la valorisation de

la spécificité du bois du Haut-Jura et à la conservation de la valeur ajoutée qu’il peut générer

sur le territoire.

Le développement et l’ancrage de la filière dans le Haut -Jura

Les élus mettent tous en avant l’enjeu de promotion des ressources locales. Pour la filière

bois, il s’agit de valoriser une ressource présente en quantité importante dans le Haut-Jura.

Sur la manière de faire valoir cette ressource, les élus, les institutionnels et certains acteurs

privés estiment qu’il faut miser sur le développement de la filière bois énergie. En revanche,

les scieurs, les charpentiers et les constructeurs insistent davantage sur la nécessité de mettre

en avant la qualité spécifique du bois d’œuvre du territoire. La véritable solution ne semble

pas être l’une ou l’autre option, comme l’exprime un acteur institutionnel : « on peut valoriser

tous les morceaux du bois mais on doit apprendre à les vendre ». Il ne s’agit donc pas

d’opposer le bois d’œuvre et le bois énergie, qui peuvent être complémentaires.

D’un point de vue technique, les différentes essences de bois, résineux et feuillus, sont

utilisables pour des productions différentes et complémentaires (bois d’œuvre et bois énergie).

26

De plus, il semble possible de valoriser les différents diamètres d’arbres mais aussi

l’ensemble des produits « d’entretien » de la forêt (rémanents), d’abattages (grumes, surbilles,

houpier) et de sciage (cœurs des grumes et connexes). Cependant, pour mettre en œuvre cette

valorisation optimale du bois abattu, certains institutionnels et beaucoup d’entrepreneurs

estiment qu’il faut favoriser les évolutions techniques des acteurs tout au long de la filière. Par

exemple, il s’agit d’inciter les gestionnaires forestiers à pratiquer davantage de tri au moment

de l’abattage afin de créer des lots de bois plus homogènes. Concernant les scieurs, l’enjeu est

de les aider à faire évoluer leurs compétences techniques afin qu’ils soient en mesure de

fournir des produits correspondants aux attentes du marché. Cela peut aussi passer par un

appui financier ou organisationnel leur permettant d’effectuer les investissements nécessaires

à cette montée en gamme.

Ces évolutions techniques ont déjà eu lieu dans d’autres pays (Allemagne, Suisse) et,

actuellement, le bois du Haut-Jura est parfois exporté pour être transformé, avant d’être

importé par les constructeurs. Cela constitue une fuite de la valeur ajoutée potentielle pour les

acteurs du territoire. Il apparaît donc nécessaire de développer l’ingénierie de transformation

du bois (formation, préservation et transmission des savoir-faire, investissements,

développement de nouveaux débouchés…) et d’en coordonner les différentes étapes (gestion

de la forêt par les propriétaires, accès aux parcelles, abattage et débardage, tri du bois, travail

de 1ère

et 2nde

transformation, conception, charpentiers et constructeurs, producteurs de

plaquettes de bois,…) pour que chacun contribue à la valorisation du bois du Haut-Jura. Cela

peut permettre d’ancrer les compétences et de maintenir la valeur ajoutée ainsi créée sur le

territoire.

Toutefois, la plupart des acteurs s’accordent pour dire qu’il n’est pas envisageable de

concurrencer les produits importés d’Allemagne ou de Scandinavie car il s’agit de

productions de masse et standardisées que la forêt du Haut-Jura ne permet pas de produire.

Ainsi, l’un des scieurs explique que « la scierie doit s'adapter aux forêts et pas l'inverse ».

Avec sa culture en futaie jardinée et ses bois d’altitude, la forêt du Haut-Jura possède donc

des spécificités qu’il est possible de valoriser. Pour cela, les institutionnels comme les

entrepreneurs privés pensent qu’il faut rendre identifiable cette spécificité du bois du Haut-

Jura. Des initiatives existent déjà dans ce sens comme le travail pour l’émergence d’une AOC

Bois du Jura ou la marque Parc. D’autres sont déjà en place comme le label Jura Supérieur qui

garantit la démarche PEFC, cependant ceci n’apporte pas de plus-value aux produits lors de la

vente. L’enjeu est donc de créer des alliances entre les différents maillons de la filière pour

mieux valoriser à la fois la spécificité du bois et les compétences techniques de chacun des

acteurs.

Pour développer la valeur ajoutée produite sur le territoire à partir du bois du Haut-

Jura, les principaux leviers reposent sur l’augmentation de la valorisation de marchés de

niches, l’augmentation de la transformation locale des bois, ce qui passe par l’implication de

tous les acteurs de la filière. Cependant, pour les acteurs rencontrés, cette stratégie est réaliste

à une échelle plus large que celle strictement du Haut-Jura. En effet, ils pensent que la qualité

de leur bois doit être reconnue au-delà du territoire pour offrir des débouchés suffisants pour

l’amortissement des investissements nécessaires à la modernisation des entreprises

d’exploitation et de transformation et à la mise en œuvre de la traçabilité. Un exemple de ce

type de fonctionnement existe déjà dans le Jura avec un constructeur en bois fustes. Ce

dernier travaille avec du bois du Jura qui est transformé sur place mais les produits sont

27

commercialisés dans toute la France et exportés. Ce dernier regrette d’ailleurs que son activité

ne soit pas davantage soutenue et encouragée sur le territoire du Haut-Jura au motif que ce

type de construction n’est pas considéré comme traditionnel. Cela reflète le discours d’autres

entrepreneurs qui estiment que les conditions réglementaires imposées par les institutions ou

les élus sur des projets sont parfois trop restrictives et qu’elles freinent le développement de

leurs initiatives.

Illustration de l’enjeu de structuration de filière et de régulation de

marché : le bois énergie au sein du PNR

Il est clairement ressorti des entretiens que la territorialisation de la filière bois ne

serait possible que sous certaines conditions (cf. paragraphe précédent). Il est indispensable

d’envisager la filière bois du territoire (PNR) comme le maillon d’une chaine plus grande et

inséré dans un marché régionalisé et mondialisé pour une grande part. Il est donc possible de

penser des « boucles » organisationnelles plus courte en termes de filière, mais les produits du

bois sont eux soumis à une logique de marché forte.

L’organisation voire la régulation de marché est probablement nécessaire au bon

fonctionnement de la filière dans une perspective de territorialisation. Des outils et

mécanismes de structuration de la filière bois, celle-ci devant être pensée dans son intégralité

et dans son insertion à la fois dans un marché localisé et un marché ouvert, permettront

d’assurer une pérennité des activités des différents secteurs d’activités de la filière bois.

Le Parc Naturel du Haut Jura (PNR) s’est emparé de la thématique bois-énergie en

réaffirmant dans sa charte une volonté de performance énergétique et de mobilisation des

ressources en faveur de l’économie (PNR, 2010). Partant du constat que la première des

ressources naturelles du Haut Jura est la forêt (70% de la surface du PNR), une réflexion s’est

engagée sur le développement d’une filière bois énergie. Un Plan d’Approvisionnement

Territorial (PAT) a été bâti dans le cadre d’un plan national initié par la Fédération Nationale

des Communes Forestières (FN COFOR). Cet outil d’aide à la décision pour les élus s’inscrit

dans le programme « 1000 chaufferies pour le milieu rural » qui est une initiative visant à la

fois à diminuer les GES (utilisation de biomasse forestière) et d’autonomisation énergétique

des communes en termes d’approvisionnement (Communes forestières, 2010). Le PAT ouvre

des pistes de développement pour le bois énergie basé sur un constat central de sous

valorisation de la ressource forestière dans le PNR avec un excédent mobilisable de 120.000

tonnes annuel (Figure 4). L’autre constat est l’augmentation de projets d’installation de

chaufferies bois collectives (et chaudières individuelles) sur le territoire.

28

Figure 4 Ressources forestières mobilisables et consommations du PNR Source : PAT

La question de l’émergence et de la structuration de la filière bois intégrant le bois énergie est

alors un enjeu central.

Les enjeux identifiés par les différents acteurs interrogés relatifs à l’opportunité de développer

le bois énergie sont :

1. Autonomie énergétique

2. Localisation de l’approvisionnement

3. Mobilisation de la forêt privée

4. Structuration de la filière

5. Régularité d’approvisionnement

6. Régulation ou organisation de marché

7. Qualité du produit

8. Efficience énergétique

o L’autonomie énergétique par valorisation de la ressource locale

L’installation de chaufferies collectives suppose une régularité de l’approvisionnement

tant sur la qualité que sur la quantité. La Figure 5 résume de manière schématique

l’organisation de l’approvisionnement des chaufferies en biomasse. En résumé, il s’agit

d’accorder l’offre à la demande et de mesurer la capacité réelle que le territoire peut fournir

en bois énergie de manière continue en volumes et en qualité. L’étude en amont des volumes

de bois mobilisables est un préalable à tout nouveau projet d’implantation. Il ne faut pas

négliger le risque de déstabilisation des autres secteurs de la filière bois en cas de réallocation

de la ressource.

29

Figure 5 Origine du bois énergie en fonction du type de chaufferie, Durand 2014, d'après

interviews d'acteurs.

Ces questions de réallocation de la matière première pose la question de l’organisation

territoriale entre la demande et l’offre. Le bois énergie s’inscrit aujourd’hui dans des échelles

de marchés locaux, jusqu’à des marchés internationaux exposés à la concurrence. Du niveau

de structuration entre l’amont et l’aval de la filière dépend la pérennité des projets bois-

énergie.

o La ressource forestière : l’enjeu de mobilisation sur la forêt privée

L’amont de la filière bois énergie est en grande partie lié à la ressource forestière. Il

est incontestable que la biomasse forestière restant à mobiliser sur le territoire du PNR est

importante. Le PAT souligne le fait que les surfaces forestières non mises à l’exploitation sont

largement suffisantes pour couvrir les besoins actuels et à venir de la demande en bois

énergie. Il existe cependant une série de contraintes majeures à la valorisation de cette

ressource au titre desquelles :

Une exploitation déjà pratiquement maximale de la forêt domaniale et

communale

Des marges d’exploitation principalement centrées sur la forêt privée

La très faible structuration de la propriété forestière privée

La capacité d’absorption en bois d’œuvre en aval de la filière

30

Le bois énergie est issu principalement de trois sources : le bois bûche, la plaquette

(forestière ou pas) et le pellet. Dans l’esprit des décideurs de certaines collectivités

territoriales le bois énergie doit rester un sous-produit du bois d’œuvre. Il s’agit en fait de

valoriser les parties qui restent en forêt ou non exploitées en scierie : houppier, surbilles,

délignures, écorces, sciures (Figure 6).

Entendu sous cette forme de valorisation (sous-produit de bois d’œuvre), les volumes

potentiels mobilisables se situent essentiellement en forêt privée. Or le type d’organisation de

la gestion forestière pointe les carences d’exploitations et la difficulté à mobiliser cette

ressource. Le morcellement en petites propriétés, les multitudes de propriétaires et la variété

des usages envisagés en forêt privée rendent la coordination et l’exploitation de ces bois

extrêmement complexes. Si la forêt publique est à son optimum d’exploitation et a déjà ses

débouchés et si la forêt privée n’est pas en capacité de fournir une offre régulière en volume et

qualité, alors la structuration de la filière bois énergie sur le territoire du PNR peut s’avérer

compromise. Ainsi, la satisfaction de la demande en bois énergie ne sera territoriale que si la

structuration de l’offre s’améliore.

Figure 6 Allocation du bois en forêt aux différents usages (PAT 2010)

o Equilibre des marchés bois d’œuvre / bois énergie

L’augmentation de la demande en bois énergie, notamment en plaquettes forestières,

pose la question de nouveaux débouchés pour le bois d’œuvre. La plaquette forestière est

considérée par les décideurs politiques comme un co-produit ou sous-produit du bois d’œuvre,

donc plus de plaquettes signifie plus de bois d’œuvre. Il semblerait qu’il puisse y avoir des

marges de progression en volume de bois d’œuvre permettant de générer des sous-produits

valorisables en bois énergie. Mais cette piste d’évolution repose alors sur le secteur de la

construction qui devrait alors absorber l’offre en bois d’œuvre fournit par les scieries du PNR

(le PNR ne compte plus que 6 scieries : PAT, 2010). L’observation du secteur du bois

construction au niveau national et international montre que la situation est plus complexe.

L’Allemagne et l’Autriche, qui ont restructuré leur industrie de transformation du bois dans

les années 1980 et 1990, mettent sur le marché du bois d’œuvre standardisé à forte valeur

ajoutée (aboutage, lamellé collé, contre collé) pour les constructeurs. Les constructeurs se sont

habitués à ce type de produits qui répond aux standards de qualité attendu à un coût plus

faible que les modes de construction en bois massif. L’augmentation du volume de sciage sur

le territoire du PNR bute alors sur deux contraintes majeures : le potentiel de débouché en

bois d’œuvre est capté par les pays ou régions limitrophes et le bois d’œuvre produits par les

31

scieries du PNR n’est pas compétitif sur le marché du bois construction standard.

L’augmentation des volumes de sciage dont dépend l’augmentation des volumes de connexes

de scieries (sous-produits) reste un enjeu central qui n’est actuellement pas résolu.

o Risques liés à l’approvisionnement en bois-énergie

Le projet de la Mouille est symptomatique du faible niveau d’organisation de la filière.

Le syndicat mixte de Morez, après sollicitation des communes de Morez, des Rousses, de

Prémanon et de Longchaumois (rejoint ensuite par 4 autres communes du secteur) a décidé de

financer une plateforme de stockage de 1200 M² pour de la plaquette forestière. Ces

communes, non satisfaites de la qualité de leur approvisionnement en plaquettes par une

société privée, ont joué la carte de la mutualisation pour sécuriser leur approvisionnement.

L’idée étant de s’approvisionner directement sur les parcelles soumises des différentes

communes adhérentes au projet de la Mouille. Il s’agit de sortir leur propre bois et de le

transformer en plaquettes forestières sur place. Cependant, la non prise en compte de la

gestion des plans de coupes de l’ONF et de l’absence de possibilité de vente de bois

communal d’une commune à l’autre a été problématique. Tous ces éléments ont fragilisé

l’approvisionnement de la chaufferie et un travail important auprès des propriétaires de forêts

privées du territoire a permis a permis d’éviter la rupture d’approvisionnement. L’existence

d’une desserte forestière à proximité des parcelles privées à permis de faciliter la mobilisation

de ce bois privé. Au-delà du risque systémique de rupture d’approvisionnement, le projet de

La Mouille est critiqué par d’autres acteurs (ETF et association de protection de

l’environnement) estimant qu’il n’a pas été pensé dans sa globalité, notamment sur le volet

approvisionnement. D’autres se soucient de la réallocation du bois de hêtre jusqu’alors

principalement valorisé en bois bûches et qui est maintenant déchiqueté en plaquettes

forestières. Ils y voient un manque à gagner et une raréfaction de la ressource bois bûche sur

le secteur concerné par le projet.

o Localisation de l’offre

Si la plaquette forestière ou le pellet sont les formes les plus courantes

d’approvisionnement des chaudières bois-énergie, d’autres solutions peuvent être adaptées

comme le bois bûche, les surbilles ou les grumes de bois de hêtre. Le projet de La Mouille,

après les ratés de lancement, a trouvé une issue dans cette voie en déchiquetant les hêtres

communaux. Le gisement de feuillus, en accord avec la gestion de la futaie jardinée, peut

répondre en partie à la demande croissante en bois énergie. Cependant certains institutionnels

et professionnels de la filière ont souligné le fait que 2/3 de ces volumes sont vendus hors

PNR (1/3 en Italie et 1/3 dans les régions limitrophes). Cela est certes une preuve que la

ressource en feuillus est suffisante sur le territoire, mais la valorisation en bois énergie

échappe aux acteurs du PNR, les services déconcentrés de l’Etat estimant même qu’il n’existe

pas de marché pour le hêtre au niveau régional.

De même, l’approvisionnement des petites unités (chaudières bois domestiques), qui

fonctionnent essentiellement au pellet (ou bouchon) dépend très largement d’entreprises et de

matière première extra territoriales. L’Italie détient une importante part de ce marché en

proposant une filière intégrée qui offre à la fois un produit de qualité (Poêle) et des

consommables (pellet, bouchon), dont une partie est fabriquée avec du bois jurassien.

o Autonomie et efficience énergétique

32

Il est notable de constater une divergence de visons entre les institutions ou

collectivités territoriales et les professionnels du bois énergie sur la nature et l’origine de la

ressource. En effet, pour répondre au défi du dérèglement climatique et à la baisse des

émissions de GES il est essentiel pour les collectivités territoriales (CT) que

l’approvisionnement reste local. Une CT insiste sur la nécessité d’articuler un programme

bois énergie en cohérence avec la question de l’isolation des bâtiments tandis qu’une autre

pointe le danger d’envolée des prix de ce type d’énergie. Les élus locaux ont une vision plus

pragmatique du bois énergie : certes il s’agit d’améliorer l’efficience énergétique des

bâtiments publics ou collectifs, mais il s’agit aussi de s’assurer une autonomie

d’approvisionnement. Ces derniers souhaitent globalement cumuler une baisse des coûts sur

leur facture énergétique et une sécurisation des approvisionnements.

o L’énergie un marché ouvert

33

Au niveau des professionnels du bois énergie, qu’il s’agisse des producteurs de plaquettes

ou des exploitants de chaufferies collectives, la question d’un approvisionnement local parait

peu prégnante. Ces entreprises sont dans une logique de marché ouvert, elles sont à la

recherche, d’une part, de marges maximales et, d’autre part, de rendements énergétiques

optimums. Un exploitant de chaufferie collective recherchera le meilleur rapport qualité/prix

sur la plaquette, la qualité de la plaquette étant entendue par sa taille et son degré d’humidité.

Certains producteurs de plaquettes ne conçoivent pas leur produit comme sous-produit du bois

d’œuvre. Leur matière première est issue de différents secteurs, à savoir du connexe de

scierie, du bois de déchetterie, du refus de compostières, du recyclage des palettes, des

surbilles (bois rond) mais aussi de la grume entière. La Figure 7 résume schématiquement les

positions des différents acteurs impliqués dans la problématique du bois énergie.

Figure 7 Positions des différents acteurs impliqués dans la problématique du bois

énergie

Cette logique de marché concurrentielle fragilise la filière bois qui souffre d’un déficit

de structuration. Le bois énergie entre en concurrence directe avec d’autres secteurs de la

filière au premier lieu, celui du bois industrie. Le bois industrie comprend les papeteries et les

fabriquant de panneaux (type Novopan, isorel, OSB, etc.). La matière première de ces

industries est la même que celle du bois énergie, il s’agit essentiellement des connexes de

scieries (sciures, délignures, bois de mauvaise qualité, écorces) mais aussi des déchets bois

issus des déchetteries. Cette concurrence sur la matière première crée une tension sur le

marché et une volatilité des prix. Des producteurs de plaquettes se plaignent d’une

augmentation de 25% du prix sur les quatre derniers mois, ce qui fait même dire à l’un d’entre

eux que le fioul n’augmentera jamais dans de telles proportions et que le bois énergie reste un

placement incertain. Cette inflation des prix profite aux scieries qui voient leurs déchets

prendre de la valeur. Une petite scierie du PNR indique que cette inflation lui permet de voir

34

sa vente de connexes participer à hauteur de 4% du chiffre d’affaires. La Figure 8 reprend de

façon schématique les risques de réallocation de la matière première en fonction des cours de

marché.

Figure 8 Risques de réallocation de la matière première

Les interrogations que soulèvent les enjeux de ressource, de structuration de filière et

de tension de marché sont de deux natures :

La capacité de la demande croissante en bois énergie à structurer l’offre

La forme et la nature de la régulation du marché bois énergie

En accompagnant la valorisation de la ressource forestière, le PNR suscite la réflexion

sur le débouché bois-énergie. La concertation et le travail avec les collectivités locales sur la

structuration de la demande en bois énergie via la construction de chaufferies en réseaux de

chaleur est une partie de l’enjeu. Il semblerait que la structuration de la demande ne suffise

pas à organiser l’offre en amont, notamment sur la mobilisation de la forêt privée. L’enjeu de

la structuration et de la régulation de l’approvisionnement est une des clefs pour organiser

l’amont de la filière. La mise en place de dispositifs du type contrat d’approvisionnement

pluriannuel entre gestionnaires de chaufferies (publics, privés ou en partenariat public/privé)

et propriétaires forestiers (organisés en ASA et/ou avec des coopératives forestières) serait un

levier efficace de structuration de l’offre.

35

Enfin, il s’agit d’interroger plus globalement la pertinence de l’installation de réseaux

de chaleur collectifs. D’une part les subventions à l’installation sont en diminution d’après les

acteurs interrogés et d’autre part, l’amélioration de l’isolation des bâtiments publics ou

collectifs (qui est une bonne chose en soit) rend la question du réseau de chaleur moins

pertinente. Une communauté de communes s’interroge à long terme sur la rentabilité de telles

infrastructures. En effet le bon fonctionnement et l’efficacité énergétique d’un réseau de

chaleur suppose une demande énergétique conséquente ce que l’amélioration de l’isolation de

l’habitat tend à réduire. Des unités de production de chaleur moins puissantes et non

connectées en réseaux s’avèreront probablement plus efficientes dans quelques années.

b) Conciliation des différentes représentations des fonctions de la

ressource

La prise en compte de tous les usages de la forêt est le second registre d’enjeux

exprimés par les acteurs. Les enquêtes réalisées nous ont permis d’identifier trois types

d’attente vis-à-vis de la forêt : environnemental, économique en lien avec la filière bois et

touristique. Les positions de chacun des acteurs sur ces thématiques sont sources de conflits

(Figure 9).

Figure 9 Schéma des différents conflits autour des activités de la filière bois

Conflits activités économiques et impacts environnementaux

L’un de ces conflits est lié à l’impact des activités d’exploitation de la ressource bois

sur l’écosystème forestier. Les règlementations environnementales rendent méfiantes

certaines institutions et sont incomprises par les professionnels de l’exploitation du bois qui

craignent une mise sous cloche du territoire. Le modèle d’exploitation en futaie jardinée

spécifique au Haut-Jura est source de tensions.

activités économiques

activités touristiques

acteurs environnementaux futaie jardinée

milieu idéal pour Grand Tétras

gestion forestière

Périodes d’abattage,

dessertes forestières

paysage caractéristique

attrait touristique: Ski, VTT, Randonnée

36

La première illustration est la diversité des points de vue autour de la préservation du

Grand Tétras. Le système d’exploitation en futaie jardinée est propice à la population du

Grand tétras. Cependant, les zones protégées sont « contraignantes » pour les exploitants

forestiers dans les zones protégées. Afin d’éviter de perturber l’espèce, la clause tétras interdit

l’exploitation de la forêt entre le 1er

décembre et le 30 juin. Les associations de protection de

l’environnement estiment nécessaire de mettre en place un système règlementaire pour le

respect des normes Tétras, pourquoi pas sous l’impulsion du Parc. Cette clause est

difficilement applicable dans les forêts privées. En effet, les agents de l’ONF pouvaient

autrefois l’imposer aux propriétaires mais ils n’ont plus cette possibilité depuis le changement

de régime.

De la même manière, les contraintes de l’exploitation en futaie jardinées ne sont pas

forcément conciliables avec la mécanisation. Gérer une forêt sur le modèle de la futaie

jardinée, c’est aussi diminuer l’impact de gros engins mécaniques sur le tassement des sols.

Cependant, certaines entreprises de travaux forestiers ont souligné que futaie jardinée et

mécanisation n’étaient pas forcément compatibles. Les engins sont toujours plus gros et il est

plus simple pour l’exploitation de couper sans sélectionner. Par exemple, les ETF ne

comprennent pas les réglementations qu’ils jugent trop contraignantes (ornières). En effet, ils

se doivent de répondre aux commandes sous peine de perte de part de marché : ils sont sous la

pression des acteurs aval.

Le PNR est parfois identifié par les acteurs comme un protagoniste de cette

« surprotection » de l’environnement. Pourtant le PNR a vocation au développement

économique et considère qu’ « il ne faut pas faire une fixation sur les contraintes

environnementales ».

La prise de conscience de l’importance environnementale de la forêt et de sa gestion

en futaie jardinée par l’ensemble des usagers sont des enjeux capitaux pour construire une

vision commune autour de la filière bois sur le territoire.

Conflits activité touristique et activité économique (exploitation

forestière)

La forêt est aussi un lieu récréatif et propice à de multiples activités touristiques. A cet

égard, l’offre s’oriente vers un tourisme « 4 saisons » qui répond à des installations et des

pratiques différentes selon les périodes de l’année. Cependant, les pratiques touristiques sont

source de conflit avec les bucherons. Une institution du tourisme déclare qu’il existe une

méconnaissance de la fonction productive de la forêt et que cela a des conséquences sur la

perception de la forêt par le public. Des plaintes ont été rapportées sur la dégradation de la

forêt liée à la coupe des arbres. Dans les zones plus humides, la qualité des sentiers de

randonnée est impactée par le passage des engins mécaniques. La circulation d’un nombre

important de personnes limite les horaires d’intervention des exploitants forestiers de 5 heures

à 10 heures du matin. Une volonté de concilier les usages est mise en avant mais peu de

leviers sont proposés. Par ailleurs, Les ETF soulignent leurs difficultés à travailler lors de la

fonte des neiges. A cause du damage des pistes, la neige fond moins vite et retarde le moment

d’accès aux dessertes forestières.

Selon certains représentants des territoires de projets, la vocation touristique et

pédagogique de la forêt est encouragée, mais au détriment de la vocation économique liée à la

filière. Or, les acteurs du tourisme ne se sentent pas inclus dans la concertation avec le PNR.

Ils jugent qu’ils n’ont pas assez de connaissances sur les problématiques d’exploitation du

bois. Une de leur proposition est d’instaurer un décret qui leur permettrait de travailler plus en

lien avec le PNR, de dialoguer avec les acteurs de l’amont de la filière pour comprendre leurs

contraintes et diffuser les informations auprès des touristes.

37

En croisant les avis d’acteurs de différents groupes, il ressort un manque de lisibilité

sur une vision stratégique partagée. Un appui de l’Etat ou des régions, via des dispositifs plus

généraux est une proposition plusieurs fois entendue au cours des entretiens. Le PNR pourrait

alors jouer un rôle de relais.

Mais l’activité touristique n’impacte pas que l’activité économique. L’affluence

humaine a des conséquences également sur l’environnement.

Conflits activités touristiques et impacts environnementaux

Entre usagers de la forêt pour le loisir et protecteurs de l’environnement, les volontés

ne sont pas toujours en accord. Ainsi, les chemins de randonnées balisées pour l’été sont

également empruntés en hiver par les touristes alors qu’il est demandé aux exploitants de ne

pas intervenir durant cette période. Les règles devraient être les mêmes pour tous et

applicables de la même manière.

Pour préserver l’environnement, des zones de protection naturelle peuvent être des

outils intéressants, mais elles peuvent générer un nouvel attrait touristique. Cela risquerait

d’aviver les conflits entre les activités touristiques et les impacts environnementaux et

économiques (groupement forestier Haute Joux).

De nouveau, un manque de communication est mis en avant par les gestionnaires de

sites nordiques. Entre les acteurs qui travaillent à la protection de l’environnement et les

gestionnaires des activités touristiques, les problématiques des uns et des autres ne sont pas

connues. Ici, le PNR apparait comme légitime pour gérer ce type de conflit car il est « très

important que cette problématique soit traitée au niveau local ».

Sur le territoire, le PNR a un réel travail à effectuer. Il apparait comme légitime pour

animer le réseau d’acteurs et s’assurer que chacun ait connaissance des enjeux

environnementaux. En effet, ces problématiques concernent l’ensemble du territoire et

peuvent impacter les activités économiques et touristiques. De plus, les vocations 1 et 2

inscrites dans la charte du PNR («Un territoire construit, vivant et animé ensemble », « Un

territoire responsable de son environnement ») sont en lien direct avec ces problématiques.

Des acteurs sont force de proposition. Ainsi, un entrepreneur forestier a évoqué la possibilité

de travail complémentaire entre les outils d’exploitation forestière. La traction animale pour le

débusquage et le débardage mécanique, afin de ramener le bois de la parcelle à la route,

peuvent être utilisés de concert pour tenter de concilier préservation des sols et rentabilité

économique. C’est ainsi qu’en Belgique, une loi oblige l’utilisation de la traction animale

pour les coupes de première et de seconde éclaircie. Les possibilités d’innovation dans le

domaine sont larges et pourraient constituer un axe de travail à l’échelle territoriale.

Les conflits générés par les différents usages de la forêt ne sont parfois que le fait d’un

désaccord entre deux personnes, représentantes de différents organismes mais qui parlent plus

en leur nom que dans l’intérêt général. Il faut alors distinguer ces situations des réelles

problématiques sur le territoire pour mettre en place une action ciblée et faire concilier

durablement les fonctions de la forêt.

En tant qu’animateur du territoire, le PNR impulse des projets qui demandent diverses

utilisations du bois. Prioriser les usages selon les capacités d’exploitation actuelles puis se

projeter en tenant compte des ressources potentielles serait peut-être une solution pour

diminuer les conflits et mieux accorder les acteurs.

38

c) Création et maintien de la valeur ajoutée sur le territoire

Plusieurs définitions de la qualité

La définition même de la qualité du bois est très différente d’un acteur à l’autre.

Une première définition concerne la qualité mécanique, caractéristique du bois

d’altitude : une pousse lente lui assure une grande densité des veines et créé ainsi un bois très

solide. Ces caractéristiques correspondent à des essences comme l’épicéa, qui pousse à une

altitude supérieure à 1200 m et peut croître jusqu’à présenter un diamètre d’environ 60-70 cm.

D’autres acteurs évoquent la qualité du bois à travers l’homogénéité des grumes, qui

correspond à un lot de bois d’âge et d’essence semblables, caractéristique des futaies

régulières. Ce bois très standardisé et mécanisable est importé d’Autriche, d’Allemagne ou

d’Europe du Nord. Pour ces acteurs, le bois du Haut Jura géré traditionnellement en futaie

jardinée n’est pas synonyme de qualité : les coupes dégagent du bois de caractéristiques

hétérogènes, appartenant à plusieurs essences, de tailles et de formes variées.

Dans une moindre mesure, certains acteurs font le parallèle entre la qualité du bois et

la conservation des qualités écologiques et écosystémiques forestières : ils associent la

ressource à une biodiversité remarquable, illustrée par exemple par la présence de « vieux

bois » en forêt, des troncs de grand diamètre qui abritent des pics verts. Pour ces acteurs, la

qualité passe par le maintien de la futaie jardinée.

Qualité et utilisation du bois

Ces différentes définitions sont à mettre en relation avec les activités des acteurs qui

portent ces représentations.

Les acteurs du tourisme et ceux ayant un rôle dans la protection de l’environnement

sont attachés à la conservation de la futaie jardinée, qui représente un atout touristique ou un

support pour une biodiversité et des écosystèmes remarquables. Ainsi, une association de

protection de l’environnement a associé un bois de qualité à la présence du Grand Tétras,

oiseau emblématique du Jura aux exigences écologiques particulières. Pour un acteur du

tourisme, la qualité du bois tiré de la forêt contribue à l’image de marque du territoire.

Les élus vendent la production issue des bois communaux aux entreprises de 1ère

et de

2ème

transformation. Ils sont globalement peu sensibilisés sur la qualité des bois. Dans le cadre

du programme LEADER, l’ONF et le PNR ont proposé des formations sur un outil de mesure

de la qualité du bois. Des témoignages ont donné un retour plutôt mitigé de ces formations :

d’une part l’outil proposé n’était pas assez discriminant. Selon l’ONF : « On peut faire du

bois de qualité un peu partout, ce n’est pas une spécificité du Haut Jura ». De plus, peu d’élus

ont fait un retour sur cette formation, ou ont montré une connaissance de la qualité de leur

bois. La plupart d’entre eux ne semble pas sensible à la qualité mécanique du bois du Jura.

Leur vision de la forêt reste très tournée vers la rentabilité. Un élu explique : « Ma forêt, c'est

comme mon compte en banque ». On peut cependant noter que d’autres élus sont conscients

des atouts touristiques que présente la valorisation de la futaie jardinée et font l’amalgame

entre la qualité et ce mode de gestion.

Les entreprises et les artisans qui utilisent le bois comme matière première à des fins

économiques soulignent une hétérogénéité dans la qualité des bois. Ils reconnaissent la qualité

mécanique du bois du Jura, mais, selon eux, elle est utilisée uniquement par les activités

traditionnelles : charpentes traditionnelles, tavaillons, layetterie. Ces activités sont

39

progressivement remplacées par de nouvelles techniques qui permettent de mécaniser

l’activité : les grumes de plus gros diamètre ne passent pas dans l’abatteuse par exemple et les

scieurs recherchent donc un bois plus standardisé. De plus, le bois du Jura ne remplit pas

certaines caractéristiques qui définissent selon eux un bois de qualité : séchage, classe du bois

(pour les constructions extérieures). Les scieries et les entreprises de construction arrivent à

une qualité mécanique semblable au bois dit de qualité par des techniques de transformation

du bois du Haut Jura (lamellé-collé). Enfin, les architectes et les bureaux d’étude recherchent

aussi un bois standardisé pour simplifier les travaux.

Mise en place d’un label

La mise en place d’un label permettrait de valoriser le bois du Jura pour ses qualités

mécaniques et ses caractéristiques propres. L’intérêt de la mise en place d’un label est assez

discuté parmi les acteurs. Les services de l’Etat s’interrogent sur la notoriété du bois du Jura :

ils supposent en effet que le bois, dont les qualités ne sont connues que localement, et qui

serait labellisé « du Jura », n’a pas une image assez forte pour qu’il soit reconnu au niveau

national et européen. Ils se questionnent aussi sur la valeur ajoutée réelle du bois et sur le

potentiel de production qui justifierait la mise en place d’un label. Une OPA doute ainsi que le

label soit pris en compte par les entreprises, qui ne cherchent pas un bois labélisé « Bois du

Jura », mais un bois homogène et standardisé. Le label doit donc aller de pair avec le maintien

d’activités traditionnelles, utilisant cette définition de la qualité du bois.

Les entreprises de construction, les bureaux d’études, les architectes sont globalement

favorables à la mise en place d’un label. Avant sa mise en place, ils insistent sur la nécessité

de développer la communication autour de la qualité du bois local. Beaucoup soulignent le

lien entre le territoire et le bois, et la nécessité de préserver ce lien par un label géographique

et par la valorisation du bois. Une association de promotion du bois énergie déclare ainsi :

« Le bois et le Haut-Jura, c’est une belle histoire d’amour. C’est la meilleure ressource que

l’on puisse valoriser ». Finalement, l’avancement du dossier sur la mise en place d’une AOC

« Bois du Jura » est assez discuté ; certains acteurs affirment qu’il est abandonné, tandis que

pour d’autres, le dossier est en passe d’être validé par l’INAO. Face à ces difficultés, un autre

label, moins contraignant, a été mis en place : la marque « sapin du Jura ».

Débouchés sur le marché pour un bois de qualité ?

Le principal frein à l’utilisation de bois local, mis en avant par les entreprises, les

bureaux d’étude ou encore les instances plus « officielles » (Services déconcentrés, ONF) est

attribué à l’absence de marché pour ce bois de bonne qualité mécanique.

Le problème est en partie lié au fait qu’historiquement, les bois ne sont pas achetés sur

pied, mais par parcelle. L’ONF montre ainsi que, si des outils discriminants existent pour

classer les arbres en fonction de leur qualité, ils sont d’une efficacité moindre puisqu’ils

servent à fixer un prix par lot mais chaque lot comprend des bois de qualité hétérogène. Une

des solutions serait donc de trier le bois en amont, via un développement du tri en bord de

route, pour pouvoir constituer des lots de bois de qualité semblable, éligibles ou non à un

label.

Localement, le bois de qualité mécanique n’est utilisé que par des marchés de niche.

Les professionnels de la gestion forestière sont optimistes et voient un marché pour ce bois en

charpente traditionnelle. Il faudrait, selon eux, dynamiser la filière courte en créant une

40

demande en bois construction. Les institutions et associations à échelle d’action régionale

insistent également sur l’appartenance de cette production locale à un marché régional voire

national ou européen. Pour eux, il faut aller chercher le marché en dehors des limites du

massif jurassien, par la création du label et surtout par la communication. Augmenter la

demande suppose donc de mobiliser les ressources disponibles en forêt privée pour augmenter

l’offre.

41

Qualité du bois QUALITE MECANIQUE

QUALITE

STANDARDISEE

Mode de gestion

de la forêt et

caractéristiques

du bois obtenu

- FutaieJardinée

- Pousse lente

- Bois d’altitude

Résistance mécanique du

bois d’œuvre

- Futaie régulière

Bois homogène standard:

Lamellé collé, Contre collé,

abouté

Stratégie de

valorisation du

bois

- Maintien du type de

sylviculture en futaie jardinée

- Promotion des qualités

mécaniques du bois d’altitude

- Investissement en capital

technique

- Mutualisation des moyens

Type de produit

réalisable Charpente traditionnelle

Charpente moderne et / ou

légère

Tableau 3 : synthèse des enjeux liés à la gestion du bois par l'approche de sa qualité.

Comme le résume le Tableau 3 ci-dessus, la qualité du bois est définie très

différemment selon les acteurs. Ils opposent globalement un bois standardisé et mécanisable,

utilisé principalement par les entreprises, à une qualité mécanique du bois, caractéristique du

Haut-Jura.

L’enjeu principal concerne donc la stratégie de valorisation du bois du Jura :

Faut-il privilégier les débouchés sur les marchés de niche qui recherchent l’image du

bois local pour des activités traditionnelles ? L’émergence d’un label géographique

pourrait ainsi répondre à cet enjeu.

Ou faut-il développer la technicité et l’ingénierie pour produire un bois plus

standardisé qui pourrait être utilisé par une majorité d’entreprises locales ? Le

développement technique des scieries et une réflexion sur la gestion forestière seraient

alors des leviers pertinents pour répondre à cette problématique.

d) Maintien et valorisation du capital humain et des savoir faire

Selon quelques acteurs intervenus il existe un problème de renouvellement des

générations de bûcherons lié au manque d’attractivité de ce métier. En effet, cette profession

n’a pas bénéficié de beaucoup d’évolutions techniques et ses conditions d’exercice restent

difficiles. De plus, la baisse de la rémunération des bûcherons les oblige à réaliser un nombre

d’heures plus important pour se dégager un revenu et rentabiliser leur activité.

Les questions liées aux conditions de travail et de rémunération font aussi partie des

enjeux. Des travailleurs étrangers acceptent les conditions de travail et de rémunération

actuelles. Ils s’ajoutent à la concurrence de plus en plus forte des machines qui oblige les

ouvriers à diminuer leur salaire pour rester compétitifs. Par contre, les caractéristiques

physiques de la forêt du Jura sont plus appropriées à l’activité manuelle. Le maintien du

travail manuel et l’amélioration de ses conditions d’exercice constituent donc un enjeu pour le

maintien de l’exploitation de la forêt en futaie jardinée.

VS

VS

42

Si l’activité de bûcheron souffre d’un déficit de valorisation, d’autres métiers de la

transformation du bois ont besoin de soutien pour le maintien des savoir-faire existants et le

développement de nouvelles compétences. Cela passe notamment par le maintien de la

formation de scieur au lycée des métiers du bois à Mouchard. Un autre enjeu est la nécessité

pour les scieurs de s’adapter aux nouvelles demandes du marché en faisant évoluer leurs

productions, ce qui peut passer par l’acquisition de nouvelles compétences.

D’autres activités de transformation, plus artisanales et traditionnelles du Jura, sont en

recul et menacées de disparition faute de transmission. C’est le cas de la layetterie : l’un des

derniers producteurs explique que la reprise de son activité est compromise faute d’arriver à

réunir, chez une même personne, les compétences et les financements nécessaires. Pour

pallier à ce problème et favoriser l’émergence de vocations dans son métier, le sanglier

s’attache à faire connaître son activité auprès des touristes pour le valoriser. Le tavailloneur

souligne également l’enjeu de formation et de certification de son métier pour le pérenniser,

même s’il s’est au départ appuyé sur des savoir-faire étrangers pour les ramener sur le

territoire.

Les entreprises soulignent donc un enjeu fort de formation et de transmission de

compétences tout au long de la filière bois sur le territoire du Jura. Selon elles, cela doit

permettre de rendre les métiers du bois plus attractifs, de conserver des savoir-faire

traditionnels tout en innovant pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs et

développer de nouveaux débouchés. Toutefois, même si les élus et les acteurs institutionnels

s’interrogent globalement sur la pérennité de la filière bois, ils évoquent rarement la formation

et le développement des compétences comme des leviers potentiels pour répondre à cet enjeu.

43

B. Comparaison des enjeux identifiés par les acteurs et les dispositifs existants

Dans cette partie, l’objectif est d’interroger l’adéquation entre les dispositifs mis en place

sur le territoire et les enjeux identifiés par les acteurs. L’analyse est réalisée vis-à-vis des 4

enjeux transversaux identifiés sur le terrain.

a) Organisation de la filière et régulation des marchés

Les politiques de structuration de la demande en bois sont nombreuses. Le PNR

intervient notamment au travers de dispositifs tels que LEADER et le PAT, aux côtés de

nombreux autres financeurs comme le Conseil Régional et l’ADEME, qui stimulent les

débouchés tels que le bois construction et particulièrement le bois énergie (aides fiscales pour

l’installation de chaudières, Fonds de Chaleur, accompagnement technique, conseil, etc.). Ces

dispositifs peuvent avoir pour conséquence de survaloriser un usage du bois par rapport à un

autre, notamment le bois énergie. Ces politiques suivent un objectif de structuration de la

filière, en particulier dans le bois énergie, mais leur action se concentre surtout sur la demande

et très peu sur l’offre dans le domaine de l’extraction du bois. Or l’un des principaux enjeux

identifiés par les acteurs est un problème d’approvisionnement en bois. Même si la ressource

est très importante sur le territoire, elle n’est pas mobilisable rapidement à dire d’acteurs. En

effet, une partie importante de la forêt est privée. Or l’exploitation de celle-ci est peu

structurée du fait de la diversité des propriétaires. Une action sur la demande stimule

davantage la compétition entre les débouchés pour ces productions. La politique globale

menée sur le territoire, en stimulant la demande, ne répond donc pas au principal enjeu des

acteurs qui réside davantage sur l’organisation de l’approvisionnement : celui-ci impliquerait

de cibler davantage d’autres moyens de production par la forêt privée ou communale par

exemple.

Comme le souligne l’évaluation de LEADER, l’intervention du PNR est limitée : il favorise

un contact ponctuel entre les acteurs par l’intermédiaire des projets, sans objectif clair sur leur

coordination à long terme. La région Franche-Comté se présente comme moteur dans la mise

en œuvre de politiques d’organisation de la filière : programmes d’action collective,

conférence filière « forêt-bois », pôle excellence bois, etc. L’ensemble des dispositifs montre

que l’aval de la filière est privilégié dans la plupart des cas, alors que les attentes du terrain

portent davantage sur l’organisation en amont. C’est pour répondre à cette problématique de

cloisonnement entre les acteurs que l’ADIB a été créée au niveau régional. Les acteurs

regrettent toutefois qu’à cette échelle, les intérêts spécifiques au territoire ne sont pas

forcément représentés : en effet, les entreprises présentes sur le PNR ont une taille souvent

réduite par rapport aux autres structures régionales. Une telle démarche de concertation à

l’échelle du territoire est sollicitée par l’ensemble des acteurs, qui demandent davantage

d’appui en amont de la filière. Le PNR a initié des réunions entre différents acteurs, mais

certains d’entre eux se sont sentis exclus de cette coordination (réunions la journée qui

excluent les professionnels). A titre d’exemple, à travers le projet de La Mouille et avec le

PAT, le PNR mène une politique de structuration de la filière qui permet d’estimer la

ressource disponible mais manque, à dire d’acteur, d’une réflexion globale sur la filière. Les

entretiens de terrain soulèvent en effet la question de l’efficacité de telles démarches, qui

n’impliquent pas tous les acteurs ni l’ensemble des problématiques, notamment en matière

d’approvisionnement.

44

b) Conciliation des différentes représentations des fonctions de la

ressource

Les actions menées par le PNR ne permettent pas d’apporter des solutions concrètes

en matière de conciliation des différents usages de la forêt. Par exemple, le PNR n’a pas

expérimenté de projet de conciliation de l’exploitation du bois avec les enjeux de protection

de l’environnement et de maintien du système de futaie jardinée. Le Parc stimule l’aval et

l’utilisation de la ressource, sans agir directement sur les tensions et impacts en matière de

gestion forestière, notamment d’un point de vue environnemental. La protection de

l’écosystème forêt est toutefois assurée par des associations militantes, soutenues par des

dispositifs publics et réglementaires (Schéma régional de cohérence écologique, police de

l’environnement). Les acteurs de l’exploitation de la forêt adoptent une position de défense

face à cet enjeu. Il s’agit donc de palier à un manque de communication par rapport à ces

enjeux portés par des acteurs différents.

c) Création et maintien de la VA sur le territoire

Il existe différentes stratégies de création de valeur ajoutée à partir du bois local. La

première concerne la valorisation des spécificités du bois du Jura, notamment ses qualités

mécaniques. La deuxième, s’appuie sur la standardisation des bois pour produire en plus

grande quantité. Le Parc, à travers le dispositif LEADER, a fait le choix de s’orienter

davantage sur la première stratégie, via une utilisation du bois sur des marchés spécifiques

pour valoriser la qualité mécanique. Ces démarches de valorisation des spécificités du bois

mobilisent beaucoup d’acteurs adhérents à des certifications : la marque Parc mise en place

par le PNR, parallèlement à la marque Sapin du Jura et à l’AOC portées par l’ADIB.

L’analyse des entretiens du terrain a révélé une méconnaissance autour de ces certifications.

Cela pose question quant à la plus-value réelle apportée par ces signes de reconnaissance de la

qualité et de l’origine.

Pour créer et maintenir de la valeur ajoutée sur le territoire, les acteurs identifient

comme premier enjeu, l’utilisation du bois local dans les constructions. Les objectifs de

LEADER sont très pertinents vis-à-vis de cet enjeu en impulsant des dynamiques locales qui

permettent d’acquérir des compétences territoriales. Le PNR est le seul acteur identifié dans la

promotion de ce matériau de construction, mais les acteurs rencontrés rappellent que pour

garantir la pérennité des entreprises du territoire, l’enjeu majeur reste d’exporter de tels

savoir-faire.

Le programme LEADER propose une politique assez pertinente pour cet enjeu identifié par

les acteurs, en contribuant à l’activité des entreprises locales, via un soutien à l’investissement

par exemple. Le PNR favorise les retombées économiques de la forêt sur le territoire mais

n’intervient donc pas directement sur les moyens de production des entreprises. A l’échelle

supra-territoriale, il existe des aides individuelles, à l’investissement ou à la compétitivité

allouées par la région. Celles-ci ne paraissent toutefois pas appliquées aux spécificités du

Jura : les petites entreprises du territoire ont peu mentionné ces soutiens. La question reste de

savoir si cette méconnaissance provient d’un manque d’information ou d’un défaut

d’accessibilité. De plus, certains acteurs évoquent une forme de concurrence entre ETF privés

et ONF pour les parts de marché liées à la production de bois.

45

Même si les projets LEADER ne se positionnent pas directement sur l’aide aux entreprises

locales, leur dynamique ainsi que la politique plus large du PNR participent au maintien de la

valeur ajoutée sur le territoire et au développement de circuits courts (les projets LEADER

présentés sont tous approvisionnés localement). Ces dispositifs accompagnent le

développement de compétences transversales au territoire, qui pourront servir pour valoriser

les produits à l’extérieur afin de générer de la valeur ajoutée supplémentaire. Le Parc a

assimilé cet enjeu et reste le seul acteur à promouvoir explicitement l’utilisation locale de bois

local. Les acteurs restent tout de même vigilants sur ce type d’approche : l’enjeu consiste à ne

pas se restreindre à une approche « localiste » pour pouvoir s’ouvrir à l’exportation des

productions. Cet aspect n’est, selon eux, pas suffisamment abordé dans les politiques

territoriales de valorisation des produits ; le territoire du PNR ne peut pas absorber toute la

production potentielle à haute valeur ajoutée, et l’image de qualité doit selon eux diffuser sur

les territoires alentours à des échelles variées. D’aucuns rappellent notamment que la filière

bois peut s’appuyer sur une valorisation locale pour se développer, mais reste dépendante

d’un marché bien plus vaste (national, voire mondial).

d) Maintien et valorisation du capital humain et des savoirs faire

En visant une contribution de la forêt à la durabilité du territoire, il semble manquer un

objectif LEADER stratégique centré sur l’aspect social. Celui-ci pourrait transparaitre sous la

forme d’un objectif stratégique visant à maintenir de l’emploi et à améliorer les conditions de

travail dans certains métiers tels que les bûcherons et les Entrepreneurs de Travaux Forestiers

(ETF) ; le cas des ETF, dont le travail est précaire, peu reconnu et pourtant indispensable dans

l’exploitation de la forêt reste emblématique. A dire d’acteur, rien ne semble engagé pour

rééquilibrer les pouvoirs tout au long de la filière et améliorer les conditions de travail des

producteurs à l’amont.

Enfin, pour territorialiser la filière, les acteurs identifient comme enjeux central la

transmission et la formation aux compétences spécifiques présentes sur le territoire. Le PNR

agit sur la promotion mais peu sur l’aide aux entreprises pour assurer cette conservation sur le

territoire. Il pourrait s’agir d’améliorer la qualification des acteurs au sein de la filière bois

dans le but de territorialiser les compétences. Le maintien des métiers et des savoir-faire

spécifiques de l’ensemble de la filière bois est en effet un facteur important de son marquage

territorial, en gardant sur le territoire les compétences et les acteurs nécessaires à son bon

fonctionnement. C’est sur cet aspect que les diverses politiques du territoire semblent parfois

insuffisantes pour répondre aux enjeux soulevés par les acteurs. Il existe une demande

importante du terrain : reconnaissance et développement des compétences, de la qualité de

travail des ETF, diffusion sur toute la filière de la plus-value dégagée en cas de valorisation de

la qualité du bois.

46

III. Préconisation

L’ensemble du travail d’analyse a permis de dégager quatre grands enjeux concernant la

territorialisation de la filière bois dans le Haut-Jura. Il est pertinent de dégager des

préconisations permettant de répondre à ces enjeux. Les éléments évoqués ci-après sont des

pistes d’actions pour le PNR dans son rôle de coordination des acteurs du territoire autour de

la ressource bois. Toutes les préconisations ne pourront sans doute pas être mises en œuvre

par le PNR. Parfois, un autre acteur, par sa compétence, son expertise sera plus légitime pour

conduire certaines d’entre elles.

Concernant l’organisation de la filière et la régulation du marché, les préconisations

suivantes sont envisageables :

• Appuyer le travail et le message du CRPF pour favoriser la mobilisation de la

ressource privée ;

• Intervenir auprès des acteurs qui créent l’offre de bois et ne pas uniquement

stimuler la demande ;

• Favoriser les contractualisations entre acteurs pour garantir la pérennité de leurs

activités ;

• Avoir un outil permettant de cerner les évolutions de l’offre et des usages du bois ;

Le développement de la filière passe par l’exploitation de plus de bois et cela suppose

notamment une meilleure mobilisation de la ressource représentée par les propriétaires

privés. Cependant, le morcellement des parcelles et le manque de dessertes forestières rend

difficile cette mobilisation. Le CRPF conduit, avec ses partenaires, un travail important pour

structurer les petits propriétaires privés en ASA, développer les dessertes et ainsi rendre

possible l’exploitation de ce bois. Dans une logique d’appui à l’organisation de la filière, le

PNR et ses partenaires peuvent donc soutenir et relayer l’action du CRPF.

Par ailleurs, les entretiens ont montré que la stimulation de la filière bois passe actuellement

surtout par un appui à la demande à travers, par exemple, la promotion des constructions en

bois ou le subventionnement des chaudières à bois déchiqueté. Cependant, il semble que

l’aide à la structuration de l’offre ne soit pas suffisamment soutenu. Ainsi, s’attacher à

l’accompagnement de l’ensemble des acteurs de la filière bois (propriétaires, ETF, scieries,

artisans…) pour les aider à répondre à l’évolution de la demande est un axe à ne pas négliger

pour construire une filière en cohérence avec les évolutions des attentes du marché.

Dans cette même idée, il faut préciser que certaines situations sont actuellement fragiles

dans la filière bois. Par exemple, en amont, les ETF souffrent d’une certaine précarité à cause

du manque de lisibilité sur leurs chantiers d’abattage dans l’année. D’un autre côté, en aval,

les chaufferies bois sont parfois confrontées à des difficultés d’approvisionnement en

plaquettes en termes de quantité, de qualité ou de régularité. Au sein de la filière, les autres

acteurs, comme les scieurs, peuvent aussi être confrontés à des soucis d’approvisionnements

et de débouchés. Ainsi, pour fournir à chacun la visibilité nécessaire à la mise en œuvre

d’investissements ambitieux pour l’avenir, il paraît important de développer la

contractualisation entre acteurs.

Enfin, pour avoir une vision de l’évolution des différents usages du bois et éviter de subir

des tensions de marchés, la mise en place d’un outil permettant de cerner ces évolutions

47

peut être pertinente. Cela permettrait aux entreprises d’avoir une vision globale des tendances

de la filière bois. Par ailleurs, les organisations professionnelles, les institutions et les élus

pourraient s’en servir pour définir les secteurs de la filière nécessitant des soutiens ou des

mécanismes de régulations. Un observatoire des marchés pourrait permettre d’avoir des

informations utiles aux différents décideurs pour mieux s’approprier les enjeux réels de la

filière.

Si une meilleure organisation de la filière et une connaissance plus précise des marchés peut

faciliter la création de valeur ajoutée dans le secteur bois, d’autres préconisations vont dans le

sens d’un renforcement de la création et du maintien de la valeur ajoutée sur le territoire :

• Appuyer le renforcement technique et l’innovation dans les entreprises de la filière

• Rendre clairement identifiable la qualité du bois du Jura: harmoniser les démarches

qualité

Pour que les entreprises de la filière, et particulièrement celles œuvrant pour la 1ère

et 2ème

transformation du bois, puissent répondre aux évolutions de la demande, il convient

d’appuyer le renforcement technique et l’innovation de celles-ci. En effet, ces entreprises

doivent souvent investir des sommes importantes pour faire évoluer leurs techniques de

productions et/ou innover. Si l’outil de prospective peut permettre de mieux cibler les

investissements nécessaires, il est aussi pertinent de trouver des systèmes de financements ou

de mutualisation des investissements afin de les rendre plus facilement accessibles aux

entrepreneurs. Les améliorations en termes de techniques de transformations doivent ainsi

aider à générer de la valeur ajoutée supplémentaire qui restera sur le territoire.

Si l’innovation technique permet de créer des produits à plus forte valeur ajoutée, la mise en

avant de la qualité est un autre moyen de produire de la valeur ajoutée non délocalisable.

Ainsi, l’étude a montré qu’il existe différentes démarches visant à promouvoir la qualité du

bois sur le territoire du Haut-Jura. Cependant, ces initiatives apparaissent plutôt dispersées et

elles ne contribuent pas à offrir une image claire et lisible de la qualité du bois du Jura sur

laquelle une politique commerciale peut réellement s’appuyer. Il semble donc nécessaire

d’harmoniser les démarches qualité pour rendre clairement identifiable la qualité du

bois du Jura. Ceci doit permettre de communiquer plus efficacement sur cette qualité pour

qu’elle soit reconnue et qu’elle génère une plus-value supplémentaire sur l’ensemble des

produits de la filière bois du territoire.

Au-delà des moyens techniques mobilisés et d’une qualité reconnue, il est nécessaire de

maintenir et de développer les compétences des acteurs pour rendre la filière plus productrice

de richesses profitables au territoire. Il y a donc un enjeu de maintien et de valorisation du

capital humain et des savoir-faire auquel les préconisations suivantes peuvent répondre :

• Appuyer le renforcement de l’attractivité des métiers des ETF

• Appuyer la reconnaissance et transmission des savoir faire traditionnels

• Favoriser le maintien et l’évolution des formations autour des métiers du bois

Le déficit d’attractivité des ETF a déjà été évoqué précédemment. Outre le manque de

visibilité de leur activité sur l’année, il résulte aussi de conditions de travail difficiles pour une

48

rémunération plutôt faible. Les évolutions techniques concernant l’abattage et le débardage du

bois sont plutôt passées par la mécanisation, le recours à des machines plutôt que par la

revalorisation des métiers traditionnels comme celui de bûcheron. Pourtant, si la filière bois

du Haut-Jura souhaite continuer à développer tout ou partie de son activité autour de la futaie

jardinée qui est difficilement mécanisable, il est important d’appuyer le renforcement de

l’attractivité des métiers des ETF. Au-delà de la contractualisation évoquée plus haut, il

semble donc nécessaire de trouver des avancées techniques pour les ETF et d’améliorer le

retour de la valeur ajoutée créée par la filière vers ces métiers.

D’autres métiers que les ETF souffrent d’un déficit de reconnaissance et pourraient être

amenés à disparaître s’ils ne sont pas soutenus. Ainsi, certains savoirs faire traditionnels du

territoire sont aujourd’hui difficiles à transmettre faute de personnes formées pour les

perpétuer ou de capitaux suffisants pour reprendre des entreprises. C’est le cas pour des

métiers comme la layetterie, le tavaillonnage ou encore la fabrication de jouets. Il ne s’agit

pas uniquement de conserver des savoirs- faire mais aussi de les valoriser autour d’une image

globale de qualité du bois du Haut-Jura. Il semble donc pertinent d’appuyer la

reconnaissance et transmission des savoir-faire traditionnels.

Enfin, pour conserver les compétences existantes, accompagner les évolutions techniques

des entreprises et faire évoluer les métiers du bois, il convient de favoriser le maintien et

l’évolution des formations autour des métiers du bois. La fermeture de certaines

formations est un signal qu’il faut entendre comme la nécessité de faire évoluer les dispositifs

de formations en même temps que les mutations qui se produisent dans la filière bois. La

formation doit être un levier pour apporter de nouvelles compétences utiles à l’évolution de la

filière et pour permettre l’ouverture de ses futurs acteurs vers les autres usages de la forêt.

Ce dernier point est d’ailleurs rattaché à l’idée de multifonctionnalité de la ressource

forestière qui nécessite d’aller vers une conciliation des différentes fonctions de la ressource.

Dans cette perspective, les préconisations suivantes ont été dégagées :

• Appuyer une/des instance(s) de concertation entre les différents usagers de la forêt

• Utiliser cette/ces instance(s) pour construire une vision partagée de l’utilisation de

la forêt

• Utiliser les travaux du PNR sur le changement climatique comme un outil de

prospective pour aider les acteurs de la filière à s’adapter aux évolutions de la

forêt

Actuellement, les acteurs de la filière bois ne sont plus les seuls utilisateurs de la forêt.

Cette ressource est mobilisée pour d’autres usages tant touristiques qu’à des fins de

préservation des biotopes et des espèces. Ainsi, des conflits exprimés ou latents se cristallisent

autour de cette ressource puisque les intérêts et les contraintes des différents usagers peuvent

être divergents. Pour faciliter l’interconnaissance entre ces personnes, il semble important

d’appuyer une/des instance(s) de concertation pour anticiper ou désamorcer les conflits

potentiels. En effet, s’il existe des instances permettant la rencontre des différents

professionnels de la filière bois au niveau régional (ADIB), il ne semble pas y avoir de

structure qui réunisse les divers usagers de la forêt tant à l’échelle régionale qu’à celle du

PNR.

49

L’émergence d’une telle instance doit rendre possible la construction d’une vision

partagée de l’utilisation de la forêt à l’échelle du territoire du Haut-Jura. Ainsi, au lieu de

laisser chacune des catégories d’acteurs se forger sa propre perception de la forêt, il semble

judicieux de les amener à co-construire un projet commun autour de cette ressource. Cette

démarche peut permettre à chacun de mieux comprendre le rôle des autres intervenants sur la

forêt et d’intégrer des dimensions plus larges et plus transversales à ses propres activités.

Pour terminer, l’utilisation des travaux du PNR sur le changement climatique comme

un outil de prospective peut permettre de mobiliser l’ensemble des usagers de la forêt autour

d’une réflexion commune. En effet, le changement climatique devrait influencer la future

composition de la forêt, ce qui aura des conséquences sur le type de bois à exploiter pour les

acteurs de la filière mais aussi sur l’évolution des biotopes et des espèces ou encore sur les

activités touristiques qui pourront être développées. Ainsi, ce travail de prospective du PNR

peut servir de levier pour réunir l’ensemble des acteurs autour d’une question commune qui

implique l’évolution à venir de chacune de leurs activités. Il peut donc être la base d’une

réflexion initiant la construction d’une vision commune pour la gestion de la ressource

forestière dans le Haut-Jura.

50

Conclusion

L’étude des dispositifs mis en place sur le territoire du Parc pour répondre à la

territorialisation de la filière bois permet de dresser un bilan des actions réalisées et du travail

à mettre en place par la suite.

Les projets LEADER ont été mis en place pour impulser des dynamiques sur le

territoire. Par rapport à la territorialisation, les projets étudiés répondent dans l’ensemble aux

critères identifiés. Cependant, il est à noter que ces projets n’ont, jusqu’à présent, pas permis

l’organisation pérenne de la filière. Même s’ils ne sont pas reproductibles en l’état, il serait

souhaitable que les innovations mises en place, les dynamiques de travail créées et

l’utilisation qui est faite de la ressource s’inscrivent dans la durée et cela, sans subventions.

C’est en ce sens que le PNR répond à la programmation LEADER mais l’impact escompté

semble avoir du mal à s’installer. De plus, du point de vue des trois dimensions du

développement durable, l’aspect environnemental est à améliorer car l’utilisation du bois doit

être raisonnée dans le cadre de la multifonctionnalité de la forêt. Il n’est pas toujours évident

d’évaluer une telle politique et encore moins les retombées avant la réalisation de l’ensemble

des projets mais le manque d’interlocuteurs à l’échelle territoriale évoqué par les acteurs

rencontrés est antérieur à la dernière programmation LEADER.

En matière de prospection, les préconisations faites auparavant donnent un éclairage

sur le chemin à prendre pour ancrer durablement la filière sur le territoire. Ces directions

doivent être prises avec l’ensemble des acteurs pour créer et maintenir du lien, comme cela est

souhaité avec les programmes LEADER.

En définitive, la volonté de territorialiser la filière bois sur le PNR est réelle mais pas

assez perçue par certains acteurs. Les politiques sont mises en œuvre pour dynamiser

l’ensemble mais il semble qu’elles ne soient pas assez clairement identifiées comme « outil

tremplin ». Par ailleurs, même si l’un des objectifs du Parc est de transformer la ressource

forestière en potentiel économique, cela ne doit pas se faire au détriment de l’environnement

et de l’écosystème forestier. L’étude menée a mis en évidence l’absence d’une vision partagée

de l’utilisation de la ressource forestière. De manière globale, les deux points de progression

sur lesquels le PNR se doit d’être moteur sont donc la construction et la diffusion de cette

vision entre tous les usagers de la forêt et l’animation de l’ensemble des acteurs de la filière

bois sur le territoire. Ces propos sont à modérer car ces politiques sont nouvelles sur le

territoire et remettent en question un système d’exploitation de plusieurs dizaines d’années.

La phase de test en cours est là pour souligner les difficultés rencontrées jusque-là et la

progression doit ainsi être pensée pour les surmonter.

51

Bibliographie

CRPF. (2013). Futaie irrégulière. Récupéré sur CRPF: http://www.crpf.fr/Bretagne/pdf-

information/Futaie-irreguliere.pdf

Communes forestières. (2010). Plan d'approvisionnement territorial.

PNR, . (2010). Projet de Charte. Horizon 2010-2022.

52

Annexes

Annexe 1 : Axes de réflexion à explorer

53

Annexe 2 : Guides d’entretiens utilisés

Guide d’entretien : maitre d’œuvre Les questions principales sont indiquées en noir ; les sous-questions doivent servir de

complément si et seulement si les réponses données ne donnent pas assez d’information.

Nous sommes étudiants à l’école d’ingénieur d’AgroSup Dijon ; cette étude est réalisée pour

le PNR du Haut-Jura sur les projets exemplaires autour de la filière bois. Nous souhaitons

comprendre votre rôle et votre engagement autour de la ressource bois/ressource forestière à

l'échelle du territoire. Nous voulons également identifier les actions que vous avez engagé

dans cette perspective, le rôle qu’ont joué les dispositifs publics et le PNR dans leur mise en

œuvre et enfin les impacts de ces actions sur la filière bois et sur le territoire.

1. Présentation de l’acteur

1.1 Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

o Quel est votre rôle au sein de l’entreprise ?

o Depuis quand travaillez-vous dans l’entreprise ?

2. Présentation de l’entreprise

2.1 Pouvez-vous nous donner l’historique de votre entreprise ? Quels sont les

points clés de son évolution ?

2.2 Pouvez-vous nous décrire l’activité de l’entreprise ?

o Quels sont les types et la taille des activités sur lesquels vous intervenez ?

o Quel est votre rayon d’action/activité ?

o Quels sont vos clients principaux : privés, publics ?

o Quelle est la place des constructions bois dans votre travail ?

o Où vous approvisionnez-vous en matière première, bois ?

2.3 Quels sont vos partenaires : autres entreprises, partenaires économiques,

institutions, … ?

o Dans quel cas faites-vous appel à des partenaires externes à l’entreprise ?

o Avez-vous des partenaires en dehors du PNR du Haut Jura ?

3. Focus sur le projet BIDULE Les questions doivent décrire les 3 phases : 1 conditions d’émergence, 2 mise en œuvre,

3

CONDITIONS D’EMERGENCE

54

3.1 Pouvez-vous nous présenter l’historique de ce projet ?

o Comment avez-vous été associé au projet ?

○ Comment ce projet a-t-il émergé ? Qui est à l’initiative du projet ?

○ Pourquoi a-t-on fait appel à vous?

○ Comment a-t-il été réalisé ?

○ Avez-vous déjà travaillé sur ce type de projet (chantier, commande)?

3.2 Pouvez-vous nous décrire votre rôle ainsi que celui des autres acteurs au

sein de ce projet ?

o Quels sont les acteurs sans qui le projet n’aurai pas vu le jour ?

o Pouvez-vous nous décrire le rôle de chacun ?

o Avez-vous l’habitude de travailler avec ces personnes ?

o Cette coopération est-elle ponctuelle ou durable ?

o Pouvez-vous nous indiquer à qui le projet va bénéficier ?

3.3 De quels soutiens publics avez-vous bénéficié ?

○ Comment y avez-vous accédé ? Qui vous a aidé pour y accéder ?

○ Quel rôle a eu cette aide dans la conduite du projet ?

MISE EN ŒUVRE DU PROJET

3.4 Pouvez-vous nous décrire comment le projet a évolué ?

○ Quels sont les points clés de son évolution ?

○ Quelles ont été les évolutions par rapport aux objectifs de départ ? Qu’est-ce qui a

conduit à ces évolutions ?

○ Pouvez-vous qualifier ces évolutions : souhaitables/positives ou négatives/non

souhaitées? Comment avez-vous surmonté ces difficultés?

○ Quelles ont été les évolutions dans l’implication des acteurs participants au projet

?

○ Quelles ont été les évolutions liées aux réalisations concrètes ?

○ Quels ont été les tensions, incompréhensions éventuelles ?

3.5 Pouvez-vous nous décrire les difficultés rencontrées ?

o Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en place/portage du projet ?

o Quelles sont les difficultés rencontrées actuellement, à ce stade du projet ?

o Si le projet n’est pas terminé : craignez-vous des difficultés à venir ?

IMPACTS

3.6 Pouvez-vous nous préciser ce que le projet vous a apporté, à vous ou à

votre entreprise ?

o Ce projet vous a-t-il apporté quelque chose personnellement ?

o Ce projet a-t-il apporté quelque chose à votre structure ?

o La mise en œuvre de ce projet est-elle une nouveauté pour vous ? En quoi est-ce

une nouveauté pour vous ?

55

o La mise en place de ce projet est-elle une nouveauté pour votre entreprise?

Connaissez-vous des projets similaires sur le territoire du Parc ? Dans la région ?

3.7 Quel est l’impact environnemental de votre projet sur le territoire ?

o Pour vous, le projet contribue-t-il à faire des économies d’énergie ?

o Le projet permet-il de préserver une ressource ? Laquelle ?

o Pensez-vous que le projet s’intègre dans le paysage local ?

o Le projet a-t-il eu des impacts négatifs sur l’environnement ?

3.8 Quel est l’impact économique de votre projet sur le territoire ?

o Selon vous, quels sont les avantages et/ou inconvénients économiques du projet ?

o Ce projet produit-il du chiffre d’affaires supplémentaire ? de la valeur ajoutée

supplémentaire ? des baisses de coût ?

3.9 Quel est l’impact social de votre projet sur le territoire ?

o Le projet permet-il de créer ou maintenir des emplois ? De quel type ? (Emplois

pérennes, délocalisables..)?

o Le projet mobilise-t-il de nouvelles compétences au sein de votre structure ?

o Le projet permet-il l’intégration ou la prise en compte de populations particulières

(précaires, personnes âgées, jeunes…) ?

3.10 Quelles sont les suites envisagées pour ce projet ?

o Pouvez-vous nous indiquer si un autre projet est prévu à la suite de celui-ci ?

Pourquoi ? Comment ?

3.11 Pouvez-vous nous parler de l’approvisionnement en bois du projet ?

o Origine

o Quantité

4. Focus sur les aides publiques mises en place pour le

développement de la filière bois sur le territoire Introduction : avoir un avis plus large sur la filière bois, les enjeux liés.

4.1 Que pensez-vous l’exploitation et de la valorisation de la ressource forestière

dans le Haut Jura ?

o Dans le domaine de la construction bois

o Dans le domaine de l’industrie (papier, panneaux, cartons…)

o Dans le domaine de l’artisanat (meubles, jouets, pipes…)

o Dans le domaine du bois bûche : chauffage individuel, affouage

o Dans le domaine du bois énergie : chaufferies collectives, plaquettes

o Pouvez-vous nous indiquer, selon vous, quels sont les enjeux et priorités ?

56

4.2 D’après vous quels sont les freins au développement de la filière bois sur le

territoire ?

4.3 Qu’est-ce qui pour vous pourrait faciliter le développement de la filière bois ?

4.4 Avez-vous connaissance des aides publiques relatives aux secteurs du bois et de la

forêt qui existent sur le territoire ?

o Que pensez-vous de ces aides ?

o Comment se passe l’obtention de ces aides ? Quelles sont les

difficultés rencontrées?

o Pensez-vous que ces aides sont cohérentes avec votre activité économique ?

4.5 Selon-vous, l’utilisation de la ressource bois sera-t-elle amenée à évoluer dans le

territoire du PNR Haut-Jura ?

o Venir avec des éléments chiffrés du PAT : avis de l’acteur sur ces tendances

Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?

Pouvons-nous éventuellement vous recontacter si nous avons des choses à préciser ?

57

Guide d’entretien : institutions Les questions principales sont indiquées en noir ; les sous-questions doivent servir de

complément si et seulement si les réponses données ne donnent pas assez d’information.

Nous sommes étudiants à l’école d’ingénieur d’AgroSup Dijon ; cette étude est réalisée pour

le PNR du Haut-Jura sur les projets exemplaires autour de la filière bois. Nous souhaitons

comprendre votre rôle et votre engagement autour de la ressource bois/ressource forestière

à l'échelle du territoire. Nous voulons également identifier les actions que vous avez engagé

dans cette perspective et le rôle qu’ont joué les dispositifs publics et le PNR dans leur mise

en œuvre et enfin les impacts de ces actions sur la filière bois et sur le territoire.

1. Présentation de l’acteur

1.1 Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

o Quel est votre fonction dans l’institution ?

o Depuis quand occupez-vous cette fonction ?

o Exercez-vous des fonctions en lien avec la ressource forêt, le bois ?

o A titre personnel, êtes-vous intéressé par la ressource forêt/bois ?

2. Présentation de l’institution

2.1 Pouvez-vous nous présenter les activités de votre structure par rapport au développement

territorial et à la filière bois ?

o Pouvez-vous nous décrire l'évolution de votre rôle vis à vis de la filière bois depuis

quelques années?

o Quelle est votre perception des usages de la ressource forêt ?

o Qui décide de ces usages ?

o A quelles échelles votre structure est-elle amenée à intervenir ?

o Quels sont les acteurs/partenaires mobilisés ? Pouvez-vous nous décrire « qui fait

quoi » ?

o Quelles activités pourront être modifiées dans les années à venir ?

o Quelles nouvelles activités pourront être envisagées ?

3. Focus sur le projet BIDULE de développement territorial Les questions doivent décrire les 3 phases : 1 conditions d’émergence, 2 mise en place, en

œuvre, 3 impacts

CONDITIONS D’EMERGENCE

58

3.1 Pouvez-vous nous présenter l’historique de ce projet ?

o Comment a-t-il émergé ? Qu’est ce qui a permis son émergence ?

o Un projet similaire a-t-il déjà été mis en place dans le PNR ? dans la région ?

3.2 Pouvez-vous nous décrire quels sont les acteurs impliqués dans le projet ?

o Quels sont les acteurs sans qui le projet n'aurait pas vu le jour ?

o Pouvez-vous nous décrire qui fait quoi ?

o Selon vous, ces relations est-elle habituelle ? ou bien nouvelle ?

o Cette relation est-elle ponctuelle ou durable ? est-elle formelle ou informelle ?

o Pouvez-vous nous indiquer à qui le projet va-t-il bénéficier ?

o Pourquoi le projet cible-t-il ces bénéficiaires en particulier ?

3.3 Pouvez-vous nous décrire plus précisément le rôle de votre structure dans le projet ?

3.4 De quels soutiens publics avez-vous bénéficié ?

o Comment y avez-vous accédé ? Avez-vous rencontré des difficultés pour y

accéder ?

o Quel rôle a eu cette aide dans la conduite du projet ?

MISE EN ŒUVRE

3.5 Pouvez-vous nous décrire comment le projet a-t-il évolué ?

o Quels sont les points clés de son évolution ?

o Quelles ont été les évolutions par rapport aux objectifs de départ ? Qu'est ce qui a

conduit à ces évolutions ?

o Pouvez-vous qualifier ces évolutions : souhaitables/positives ou négatives/non

souhaitées? Comment avez-vous surmonté ces difficultés?

o Quelles ont été les évolutions dans l’implication des acteurs participants au

projet ?

o Quels ont été les tensions, incompréhensions éventuels ?

3.6 Pouvez-vous nous décrire les difficultés rencontrées ?

o Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en place/portage du projet ?

o Quelles sont les difficultés rencontrées actuellement, à ce stade du projet ?

o Si le projet n’est pas terminé : craignez-vous des difficultés à venir ?

IMPACTS

3.7 Pouvez-vous nous préciser ce que le projet vous a apporté, à vous et à votre structure ?

o Ce projet vous a-t-il apporté quelque chose personnellement ?

o Ce projet a-t-il apporté quelque chose à votre structure ?

o La mise en œuvre de ce projet est-elle une nouveauté pour vous ? En quoi est-ce

une nouveauté pour vous ?

o La mise en place de ce projet est-elle une nouveauté pour votre structure ?

Connaissez-vous des projets similaires sur le territoire du Parc ou dans la région ?

59

3.8 Quel est l'impact environnemental de votre projet sur le territoire (Echelle d’intervention

de la structure, ou au delà)?

o Pour vous le projet contribue-t-il à des économies d'énergies ?

o Pour vous le projet contribue-t-il à préserver une ressource ? Laquelle ?

o Pensez-vous que le projet s'intègre dans le paysage local ?

o Le projet a-t-il eu des impacts négatifs sur l’environnement ?

3.9 Quel est l'impact économique de votre projet sur le territoire ? (Echelle d’intervention de

la structure, ou au delà)?

o Selon vous quels sont les avantages et/ou inconvénients économiques du projet ?

o Ce projet produit-il du chiffre d'affaires supplémentaire ? de la VA supplémentaire

? des baisses de coûts ?

3.10 Quel est l'impact social de votre projet sur le territoire ? (Echelle d’intervention de

la structure, ou au delà)?

o Le projet permet-il de créer ou maintenir un emploi ? Quel type d'emploi ?

o Le projet mobilise-t-il de nouvelles compétences au sein de votre structure ?

o Le projet permet-il l’intégration ou la prise en compte de populations particulières

(précaires, personnes âgées, jeunes…) ?

3.11 Quelles sont les suites envisagées pour le projet ?

o Pouvez-vous nous indiquer si un autre projet est prévu à la suite de celui-ci ?

Pourquoi ?

3.12 D’un point de vue technique, pouvez-vous nous parler de l’approvisionnement en

bois pour le projet ?

o Origine, quantité.

4. Focus sur les dispositifs publics mis en place pour le

développement de la filière bois sur le territoire Introduction : avoir un avis plus large sur la filière bois, les enjeux liés.

4.1 Que pensez-vous de l'exploitation et de la valorisation de la ressource forestière dans le

Haut-Jura?

o Dans le domaine de la construction bois

o Dans le domaine de l’industrie (papier, panneaux, cartons…)

o Dans le domaine de l’artisanat (meubles, jouets, pipes…)

o Dans le domaine du bois bûche : chauffage individuel, affouage

o Dans le domaine du bois énergie : chaufferies collectives, plaquettes

o Pouvez-vous nous indiquer, selon vous, quels sont les enjeux et priorités ?

60

4.2 D'après vous, quels sont les freins au développement/à la valorisation de la filière bois ?

4.3 Quels sont les leviers d'action pour le développement de la filière bois sur le territoire ?

4.4 A votre connaissance, quels dispositifs publics (autre que le leader déjà évoqué) sont mis

en place pour le développement territorial, relatifs aux secteurs du bois et de la forêt ?

o Pouvez-vous nous décrire l'historique de ce(s) dispositif(s) ?

o Qui sont les acteurs impliqués dans ces dispositifs ?

Pouvez-vous nous décrire qui fait quoi?

o Pouvez-vous nous décrire quel rôle vous/votre structure jouez ou pouvez jouer

dans ce projet ?

4.5 Quel est votre avis sur les dispositifs d'action publics mis en place ?

o Comment s'articulent les différents dispositifs que vous avez cités ?

o Selon vous ces dispositifs atteignent-ils leurs objectifs ?

4.6 Selon vous, l’utilisation de la ressource bois sera-t-elle amenée à évoluer dans le

territoire du Haut Jura ?

o Affouage, bois buche ?

o Venir avec des éléments chiffrés du PAT : avis de l’élu sur ces tendances

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Pouvons-nous éventuellement vous recontacter si nous avons des choses à préciser ?

61

Guide d’entretien : entreprises Les questions principales sont indiquées en noir ; les sous-questions doivent servir de

complément si et seulement si les réponses données ne donnent pas assez d’information.

Nous sommes étudiants à l’école d’ingénieur d’AgroSup Dijon ; cette étude est réalisée pour

le PNR du Haut-Jura sur les projets exemplaires autour de la filière bois. Nous souhaitons

comprendre votre rôle et votre engagement autour de la ressource bois/ressource forestière à

l'échelle du territoire. Nous voulons également identifier les actions que vous avez engagé

dans cette perspective et le rôle qu’ont joué les dispositifs publics et le PNR dans leur mise en

œuvre et enfin les impacts de ces actions sur la filière bois et sur le territoire.

1. Présentation de l’acteur

1.1.Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

o Quel est votre rôle dans l’entreprise ?

o Depuis quand travaillez-vous dans cette entreprise ?

2. Caractéristiques de l’entreprise

2.1.Pouvez-vous nous décrire l’historique de l’entreprise ? Les points clés de son

évolution ?

2.2.Pouvez-vous décrire l’activité de votre entreprise ?

o Quels sont les types et la taille de vos activités (Chantiers..)?

o Quel est votre rayon d’action/d’activité ?

o Quels sont vos clients principaux : privés, publics ?

o Où vous approvisionnez-vous en matière première, bois ?

2.3.Quels sont vos partenaires : autres entreprises, partenaires économiques,

institutions, … ?

o Dans quel cas faites-vous appel à des partenaires externes à l’entreprise ?

o Avez-vous des partenaires en dehors du PNR du haut jura ?

3. Focus sur le(s) projet(s) BIDULE de développement

territorial

Les questions doivent décrire les 3 phases : 1 conditions d’émergence, 2 mise en place, en

œuvre, 3 impacts

CONDITIONS D’EMERGENCE

3.1.Pouvez-vous nous présenter l’historique du projet (du chantier, de la commande) ?

o Comment avez-vous été associé au projet ?

o Comment ce projet a-t-il émergé ? Qui est à l’initiative du projet ?

o Pourquoi a-t-on fait appel à vous?

o Comment a-t-il été réalisé ?

62

o Avez-vous déjà travaillé sur ce type de projet (chantier, commande)?

3.2.Quel est votre rôle et celui des autres acteurs dans le projet ?

o Quels sont les personnes sans qui le projet n’aurait pas vu le jour ?

o Pouvez-vous nous décrire le rôle de chacun ?

o Avez-vous l’habitude de travailler avec ces personnes ?

o Cette relation est-elle ponctuelle ou durable ?

o Pouvez-vous nous indiquer à qui va bénéficier le projet?

3.3.De quels soutiens publics avez-vous bénéficié ?

Comment y avez-vous accédé ? Qui vous a aidé pour y accéder ?

Quel rôle a eu cette aide dans la conduite du projet ?

MISE EN ŒUVRE DU PROJET

3.4.Pouvez-vous nous décrire comment le projet a évolué (Chantier, commande)?

o Quels sont les points clés de son évolution ?

o Quelles ont été les évolutions par rapport aux objectifs de départ ? Qu’est qui a

conduit à ces évolutions ?

Pouvez-vous qualifier ces évolutions : souhaitables/positives ou négatives/non

souhaitées? Comment avez-vous surmonté ces difficultés?

o Quelles ont été les évolutions dans l’implication des acteurs participants au projet

?

o Quelles ont été les évolutions au cours de la réalisation concrète ?

o Quels ont été les tensions, incompréhensions éventuelles ?

3.5.Pouvez-vous nous décrire les difficultés rencontrées ?

o Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en place/portage du projet ?

o Quelles sont les difficultés rencontrées actuellement, à ce stade du projet ?

o Si le projet n’est pas terminé : craignez-vous des difficultés à venir ?

IMPACTS

3.6. Pouvez-vous nous préciser ce que le projet vous a apporté, à vous ou à votre

entreprise ?

o Ce projet vous a-t-il apporté quelque chose personnellement ?

o Ce projet a-t-il apporté quelque chose à votre entreprise?

o La mise en œuvre de ce projet est-elle une nouveauté pour vous ? En quoi est-ce

une nouveauté pour vous ?

o La mise en place de ce projet est-elle une nouveauté pour votre entreprise?

Connaissez-vous des projets similaires sur le territoire du Parc ? Dans la région ?

3.7.Selon vous, quel est l’impact environnemental du projet (chantier, commande) ?

o Pour vous, le projet contribue-t-il à faire des économies d’énergie ?

o Le projet permet-il de préserver une ressource ? Laquelle ?

o Pensez-vous que le projet s’intègre dans le paysage local ?

o Le projet a-t-il eu des impacts négatifs sur l’environnement ?

3.8.Selon vous, quel est l’impact économique du projet (chantier, commande) ?

o Selon vous, quels sont les avantages et/ou inconvénients économiques du projet ?

63

o Ce projet produit-il du Chiffre d’affaires supplémentaire ? De la VA

supplémentaire ? Des baisses de coûts ?

3.9.Selon vous, quel est l’impact social du projet (chantier, commande)

o Le projet permet-il de créer ou maintenir des emplois ? De quel type ? (Emplois

pérennes, délocalisables..)?

o Le projet mobilise-t-il de nouvelles compétences au sein de votre structure ?

o Le projet permet-il l’intégration ou la prise en compte de populations particulières

(précaires, personnes âgées, jeunes…) ?

3.10. Quelles sont les suites envisagées pour ce projet ?

o Pouvez-vous nous indiquer si un autre projet est prévu à la suite de celui-ci ?

Pourquoi ? Comment ?

3.11. Pouvez-vous nous parler de l’approvisionnement en bois du projet ?

o Origine, quantité

4. Focus sur les dispositifs publics mis en place pour le

développement de la filière bois sur le territoire

Introduction : avoir un avis plus large sur la filière bois, les enjeux liés.

4.1.Que pensez-vous de l’exploitation et de la valorisation de la ressource forestière dans

le Haut Jura ?

o Dans le domaine de la construction bois

o Dans le domaine de l’industrie (papier, panneaux, cartons…)

o Dans le domaine de l’artisanat (meubles, jouets, pipes…)

o Dans le domaine du bois bûche : chauffage individuel, affouage

o Dans le domaine du bois énergie : chaufferies collectives, plaquettes

o Pouvez-vous nous indiquer, selon vous, quels sont les enjeux et priorités ?

4.2.D’après vous, quels sont les freins au développement à la valorisation de la filière

bois ?

4.3.Qu’est-ce qui pour vous pourrait faciliter le développement de la filière bois ?

4.4.Avez-vous connaissance des aides publiques relatives au secteur du bois et de la forêt

qui existent sur le territoire ?

o Que pensez-vous de ces aides ?

o Pensez-vous que ces dispositifs sont cohérents avec votre propre activité

économique ?

o Comment se passe l’obtention de ces aides ? Quelles sont les

difficultés rencontrées?

4.5.Selon vous, l’utilisation de la ressource bois sera-t-elle amenée à évoluer sur votre

territoire d’activité ?

o Venir avec des éléments chiffrés du PAT : avis de l’acteur sur ces tendances

Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?

Pouvons-nous éventuellement vous recontacter si nous avons des choses à préciser ?

64

Guide d’entretien : élus Les questions principales sont indiquées en noir ; les sous-questions doivent servir de

complément si et seulement si les réponses données ne donnent pas assez d’information.

Nous sommes étudiants à l’école d’ingénieur d’AgroSup Dijon ; cette étude est réalisée pour

le PNR du Haut-Jura sur les projets exemplaires autour de la filière bois. Nous souhaitons

comprendre votre rôle et votre engagement autour de la ressource bois/ressource forestière à

l'échelle du territoire. Nous voulons également identifier les actions que vous avez engagé

dans cette perspective et le rôle qu’ont joué les dispositifs publics et le PNR dans leur mise en

œuvre et enfin les impacts de ces actions sur la filière bois et sur le territoire.

4. Présentation de l’acteur

4.1.Pouvez-vous vous présenter et nous décrire votre fonction ?

o Nom

o Pouvez-vous nous décrire votre parcours, ce qui a fait que vous avez accédé à ces

fonctions ? Depuis quand exercez-vous votre mandat ? (professionnel de la

politique ?)

o Avez-vous d’autres mandats ? (responsabilités au parc, syndicats des eaux…)

o Exercez-vous des fonctions en lien avec la ressource forêt, le bois ?

o A titre personnel, êtes-vous intéressé par la ressource forêt/bois ?

5. Caractéristiques de l’institution et de la ressource

forestière

5.1.Pouvez-vous présenter les liens de votre commune/communauté de commune avec la

ressource forêt/bois ? (gestion forêt communale, lien avec les entreprises de la filière

bois sur la commune, tourisme, environnement…)

o Que représente la surface forestière sur votre commune/communauté de

communes/département/région ?

o Quelle est la part de forêt publique/privée ?

o Comment a évolué la gestion de cette ressource depuis quelques années (10 ans) ?

5.2.Que représente la forêt en termes d’utilisation pour la commune/communauté de

communes/département/région ?

o Selon vous, à quels besoins répondent ces usages (affouage, tourisme, chasse…) ?

o Qui décide de l’usage de la ressource ?

o A quelles échelles votre structure est-elle amenée à intervenir ?

o Quels sont les acteurs/partenaires mobilisés? Pouvez-vous nous décrire « qui fait

quoi » ?

o Quelles activités pourront être modifiées dans les années à venir ?

o Quelles nouvelles activités pourront être envisagées ?

65

6. Focus sur le(s) projet(s) BIDULE de développement

territorial

Les questions doivent décrire les 3 phases : 1 conditions d’émergence, 2 mise en œuvre, 3

impacts

CONDITIONS D’EMERGENCE

6.1.Pouvez-vous nous présenter l’historique du projet ?

o Comment a-t-il émergé ? Qu’est ce qui a permis son émergence ?

o Un projet similaire a-t-il déjà été mis en place ?

6.2.Pouvez-vous nous décrire qui sont les acteurs impliqués dans le projet ?

o Quels sont les acteurs sans qui le projet n’aurait pas vu le jour ?

o Pouvez-vous nous décrire qui fait quoi ?

o Cette relation est-elle habituelle ou bien nouvelle pour vous ?

o Cette relation est-elle ponctuelle ou durable ? Est-elle formelle ou informelle ?

o Pouvez-vous nous indiquer à qui va bénéficier le projet?

o Pourquoi le projet cible-t-il ces bénéficiaires en particulier ?

6.3.Pouvez-vous nous décrire plus précisément le rôle de votre structure dans le projet ?

6.4. De quels soutiens publics avez-vous bénéficié ?

Comment y avez-vous accédé ? Qui vous a aidé pour y accéder ? Avez-vous rencontré

des difficultés pour y accéder ?

Quel rôle a eu cette aide dans la conduite du projet ?

MISE EN ŒUVRE DU PROJET

6.5.Pouvez-vous nous décrire comment le projet a évolué ?

o Quels sont les points clés de son évolution ?

Quelles ont été les évolutions par rapport aux objectifs de départ ? Qu’est-ce qui a

conduit à ces évolutions ?

Pouvez-vous qualifier ces évolutions : souhaitables/positives ou négatives/non

souhaitées? Comment avez-vous surmonté ces difficultés?

o Quelles ont été les évolutions dans l’implication des acteurs participants au

projet ?

o Quels ont été les tensions, incompréhensions éventuelles ?

6.6.Pouvez-vous nous décrire les difficultés rencontrées ?

o Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en place/portage du projet ?

o Quelles sont les difficultés rencontrées actuellement, à ce stade du projet ?

o Si le projet n’est pas terminé : craignez-vous des difficultés à venir ?

IMPACTS

6.7. Pouvez-vous nous préciser ce que le projet vous a apporté, à vous et à votre

structure ?

o Ce projet vous a-t-il apporté quelque chose personnellement ?

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o Ce projet a-t-il apporté quelque chose à votre structure (commune/com’com) ?

o La mise en œuvre de ce projet est-elle une nouveauté pour vous ? En quoi est-ce

une nouveauté ?

o La mise en place de ce projet est-elle une nouveauté pour votre structure ?

Connaissez-vous des projets similaires sur le territoire du Parc ? Dans la

région ?

6.8.Quel est l’impact environnemental du projet sur le territoire ? (Echelle

d’intervention de la structure, ou au delà)?

o Pour vous, le projet contribue-t-il à faire des économies d’énergie ?

o Le projet permet-il de préserver une ressource ? Laquelle ?

o Pensez-vous que le projet s’intègre dans le paysage local ?

o Le projet a-t-il eu des impacts négatifs sur l’environnement ?

6.9.Quel est l’impact économique de votre projet sur le territoire ? (Echelle

d’intervention de la structure, ou au delà)?

o Selon vous, quels sont les avantages et/ou inconvénients économiques du projet ?

o Ce projet produit-il du Chiffre d’affaires supplémentaire ? De la VA

supplémentaire ? Des baisses de coûts ?

6.10. Quel est l’impact social de votre projet sur le territoire ? (Echelle d’intervention

de la structure, ou au delà)?

o Le projet permet-il de créer ou maintenir des emplois ? De quel type (Emplois

pérennes, délocalisables..)?

o Le projet mobilise-t-il de nouvelles compétences au sein de votre structure ?

o Le projet permet-il l’intégration ou la prise en compte de populations particulières

(précaires, personnes âgées, jeunes…) ?

6.11. Dans quelle mesure estimez-vous que votre projet participe au développement de

la filière bois sur le territoire du PNR ?

6.12. Quelles sont les suites envisagées pour ce projet ?

o Quelles sont pour vous les perspectives du projet ?

o Pouvez-vous nous indiquer si un autre projet est prévu à la suite de celui-ci ?

Pourquoi ?

6.13. D’un point de vue technique, pouvez-vous nous parler de l’approvisionnement en

bois pour le projet ?

o Origine, quantité

7. Elargissement sur les dispositifs publics mis en place

pour le développement de la filière bois sur le territoire

(PNR ; leur définition du territoire ?)

Introduction : avoir un avis plus large sur la filière bois, les enjeux liés.

4.6.Que pensez-vous de l’exploitation et de la valorisation de la ressource forestière dans

le Haut Jura ?

o Dans le domaine de la construction bois

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o Dans le domaine de l’industrie (papier, panneaux, cartons…)

o Dans le domaine de l’artisanat (meubles, jouets, pipes…)

o Dans le domaine du bois bûche : chauffage individuel, affouage

o Dans le domaine du bois énergie : chaufferies collectives, plaquettes

o Pouvez-vous nous indiquer, selon vous, quels sont les enjeux et priorités ?

4.7.D’après vous, quels sont les freins au développement de la filière bois ?

4.8.Qu’est-ce qui pour vous pourrait faciliter le développement de la filière bois ?

4.9.A votre connaissance, quels dispositifs publics (autre que le projet Leader déjà

évoqué) sont mis en place pour le développement territorial, relatifs aux secteurs du

bois et de la forêt (au niveau de la commune/ communauté de

communes/département/région/Etat) ?

o Quel est l’historique de ce(s) dispositif(s) ?

o Qui sont les acteurs impliqués dans ce(s) dispositif(s) ? Pouvez-vous nous décrire

« qui fait quoi » ?

o Pouvez-vous nous décrire le rôle que vous/ votre structure jouez ou pouvez jouer

dans ces dispositifs ?

4.10. Quel est votre avis sur les dispositifs d’action publics mis en place (au niveau de

la commune/ communauté de communes/PNR/Pays/département/région/Etat) ?

o Pouvez-vous nous décrire comment s’articulent les différents dispositifs que vous

avez cités ?

o Selon vous, ces dispositifs atteignent-ils leurs objectifs ?

4.11. Selon vous, l’utilisation de la ressource bois sera-t-elle amenée à évoluer dans le

territoire du Haut Jura ?

o Même question à l’échelle de la commune/communauté de commune ?

o Affouage, bois buche ?

o Venir avec des éléments chiffrés du PAT : avis de l’élu sur ces tendances

Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?

Pouvons-nous éventuellement vous recontacter si nous avons des choses à préciser ?

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Annexe 3 : Graphe d’objectifs

1

Annexe 4 : Tableau de cohérence externe