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Etude de l’impact de la politique du Parc
Naturel Régional du Haut-Jura sur la
territorialisation de la filière bois
Florent BRIONNE – Tiphaine CARRIERE – Jean-Baptiste
DURAND – Victor FERREIRA – Elisa KÖHR – Céline LAILLET
– Julie MOURET – Marion PAUSIN – Marion PONCET – Simon
RUNDSTADLER-SCHNEIDER – Sophie TEYSSENDIER DE LA
SERVE – Julie THIVOL
Option Agriculture – Territoire – Développement
Janvier – Février 2014
Sommaire
Introduction ................................................................................................................................ 1
Partie 1 : Contexte et problématique de l’étude ......................................................................... 3
I. Rappel de la commande .................................................................................................. 3
II. Problématique générale de l’étude .............................................................................. 3
A. Evaluer l’impact des projets conduits dans le programme Leader sur la
territorialisation de la filière bois ........................................................................................ 4
B. Prospective : Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la
valorisation du bois ............................................................................................................. 5
III. Méthodologie de l’étude .............................................................................................. 5
A. Travail sur diagnostic et stratégie dans le cadre du M4 et M5 ................................ 5
B. Entretiens semi-directifs : mode de sélection des acteurs et guide d’entretien ........ 6
C. Choix et Analyse des projets, Traitement des matériaux ......................................... 7
Partie 2 : Résultats sur la territorialisation de la filière bois ...................................................... 9
I. Capitalisation des expériences menées par le PNR : analyse et enseignements issus des
projets exemplaires du programme LEADER ........................................................................ 9
A. Pertinence du programme ........................................................................................ 9
B. Cohérence interne .................................................................................................. 11
C. Complémentarité/compétition entre les différents dispositifs ............................... 13
D. Efficacité des projets en matière de territorialisation : grille analyse .................... 15
II. Prospective : Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la valorisation
du bois ................................................................................................................................... 22
A. Les enjeux actuellement identifiés par les acteurs du bois sur le territoire............ 23
B. Comparaison des enjeux identifiés par les acteurs et les dispositifs existants ....... 43
III. Préconisation ............................................................................................................. 46
Conclusion ................................................................................................................................ 50
Bibliographie ............................................................................................................................ 51
Annexes .................................................................................................................................... 52
Table des illustrations
Figure 1 : Graphe d'objectifs du programme LEADER ........................................................... 10
Figure 2 : Organisation de la filière bois dans le PNR du Haut-Jura ....................................... 22
Figure 3 : Ressources forestières mobilisables et consommations du PNR ............................. 28
Figure 4 : Origine du bois énergie en fonction du type de chaufferie, Durand 2014 ............... 29
Figure 5 : Allocation du bois en forêt aux différents usages (PAT 2010) ............................... 30
Figure 6 : Positions des acteurs impliqués dans la problématique du bois énergie ................. 33
Figure 7 : Risques de réallocation de la matière première ....................................................... 34
Figure 8 : Schéma des différents conflits autour des activités de la filière bois ...................... 35
Tableau 1 : Liste des acteurs rencontrés ..................................................................................... 7
Tableau 2 : Enjeux de la charte établis par le PNR .................................................................. 12
Tableau 3 : synthèse des enjeux liés à la gestion du bois par l'approche de sa qualité. ........... 41
1
Introduction
En 1986, les élus du territoire du Haut-Jura créent un Parc naturel régional (PNR) avec
le soutien de l’Etat et des Régions Franche-Comté et Rhône-Alpes. Ce territoire est
initialement composé de 37 communes, le Parc s’agrandit pour rassembler aujourd’hui 112
communes réparties sur trois départements, le Jura, le Doubs et l’Ain, et sur deux régions
Rhône-Alpes et Franche-Comté.
Le territoire du PNR du Haut-Jura comporte en effet une certaine hétérogénéité
spatiale et structurelle du fait de son étalement sur plusieurs départements et de la proximité
avec la Suisse. La dynamique des différents EPCI (Etablissement Public de Coopération
Intercommunale) montre notamment un clivage Est-Ouest : celui-ci oppose les territoires
proches de la frontière Est, qui captent la plus-value suisse, et ceux plus enclavés à l’Ouest du
territoire du PNR. Enfin, la démographie du territoire est en augmentation grâce à un solde
migratoire positif mais le Pays de Gex, frontalier avec la Suisse, capte en priorité cette
immigration dans le cadre d’un processus de périurbanisation à partir des pôles urbains
comme Genève. A l’image des territoires ruraux français, le Haut-Jura doit faire face à de
nouveaux enjeux de développement. Afin de répondre à l’augmentation de la population, le
territoire doit se développer tout en conservant ses spécificités, notamment en matière de
paysage et d’urbanisme. Malgré ce phénomène de périurbanisation, l’enjeu est de maintenir
l’activité sur le territoire du PNR en l’absence de grandes agglomérations pour stimuler
l’économie locale.
Le territoire du PNR doit donc répondre à une pluralité d’enjeux. Les missions du Parc
en termes d’expérimentation et de transferts sont définies par le Code de l’Environnement.
Tout d’abord, le PNR s’engage à protéger et gérer les patrimoines naturels, culturels et
paysagers, à travers une gestion adaptée des milieux naturels. Il doit contribuer également au
développement économique, social, culturel et à l’aménagement du territoire. Sa vocation
pédagogique et culturelle l’amène à assurer l’accueil, l’éducation et l’information des publics.
Enfin, en tant que territoire de projet, il met en œuvre des actions expérimentales dans les
domaines cités ci-dessus et contribue à des programmes de recherche. C’est dans le cadre de
ces prérogatives que le PNR s’engage sur le développement territorial de la filière bois. La
valorisation de la ressource bois est un objectif fixé par la charte du PNR avec pour
déclinaison la recherche de performance énergétique, la conservation d’un patrimoine
paysager et bâti mais également l’accompagnement de la création de valeur en transformant la
ressource forestière en potentiel économique.
La forêt recouvre 64% du territoire du Haut-Jura et le territoire est maillé de scieries
locales. Cette ressource constitue une richesse économique et écologique majeure. Les atouts
écologiques et paysagers sont favorisés par le mode d’exploitation historique du bois dans le
Haut-Jura : la futaie jardinée. Cette conduite consiste à faire cohabiter sur une même parcelle
des arbres d’âge et de dimension très variés (conduite dite « pied à pied ») ; le renouvellement
des arbres s’effectue par voie naturelle (CRPF, 2013). La forêt présente un potentiel
économique important grâce à l’exploitation du bois d’œuvre, du bois industrie ou encore la
production d’énergie, mais aussi à travers l’attractivité touristique que génère ce patrimoine
naturel. Les perspectives de valorisation du bois sont donc multiples tout en posant des
questions liées aux conflits d’usages potentiels que peut susciter le caractère multifonctionnel
2
de la forêt. En matière de valorisation comme le bois d’œuvre, le bois de la forêt du Haut-Jura
bénéficie a priori d’une qualité mécanique supérieure du fait des principales essences que sont
l’épicéa et le sapin, mais également de la croissance lente caractéristique du bois d’altitude.
Enfin, sur la valorisation du bois-énergie, le diagnostic effectué par le Plan
d'Approvisionnement Territorial (PAT) indique que le potentiel de production reste
« insuffisamment valorisé ».
Le PNR du Haut-Jura a donc identifié la valorisation de cette ressource locale comme
l’un des axes de sa stratégie pour répondre aux enjeux du territoire. Il a confié une étude sur
l’analyse des conditions de mise en œuvre et des résultats de sa politique à un groupe
d’étudiants spécialisés en développement des territoires ruraux. C’est dans le cadre de leur
dernière année en formation d’ingénieur agronome à AgroSup Dijon et de la spécialisation
«Agriculture Territoire et Développement » que les étudiants réalisent cette étude,
accompagnés par les enseignants chercheurs Yannick Sencébé, Denis Lépicier, et Matthieu
Duboys De Labarre.
L’étude réalisée comporte deux volets : une capitalisation des expériences menées par
le PNR, puis une approche prospective qui permettra d’éclairer le Parc sur sa stratégie,
notamment dans le cadre de la future programmation Leader.
3
Partie 1 : Contexte et problématique de l’étude
I. Rappel de la commande
Un des objectifs majeurs du Parc Naturel Régional (PNR) du Haut Jura, inscrit dans sa
charte constitutive, consiste à accompagner les acteurs de la filière bois et du territoire pour
« transformer la ressource forestière en potentiel économique ». Deux dispositifs principaux
mettent en œuvre cette orientation avec les partenaires de la filière sur le territoire du PNR :
- le programme LEADER, qui encourage l’utilisation durable de la ressource en bois
locale afin de valoriser les produits de la forêt et savoir-faire des entreprises du bois ;
- le Plan d’Approvisionnement Territorial en bois énergie, qui vise à organiser
l’approvisionnement en qualité et quantité du bois énergie, de préférence en circuit-
court, dans une perspective d’exploitation durable de la ressource bois.
Des projets de constructions ou d’approvisionnement en bois ont vu le jour avec
l’appui de ces programmes autour de la valorisation de la ressource locale. Le Parc souhaite
évaluer ces expériences afin d’accompagner au mieux la mobilisation durable de la ressource
bois, de renforcer la synergie entre les acteurs de la filière dans la perspective de renforcer la
territorialisation de la filière bois au sein du Parc.
Deux objectifs orientent cette étude. Il s’agit, d’une part, de capitaliser les résultats des
dispositifs publics en matière de développement de la filière bois, à travers notamment
l’analyse de projets exemplaires conduits dans le cadre du programme LEADER. Cette partie
doit permettre d’évaluer dans quelle mesure l’intervention du Parc apporte effectivement des
réponses aux préoccupations des porteurs de projets et contribue à territorialiser la filière bois.
D’autre part, l’étude cherche à apporter une vision prospective en questionnant la pertinence
des dispositifs présents sur le territoire par rapport aux enjeux en matière de valorisation du
bois exprimés par l’ensemble des acteurs impliqués dans la valorisation de la forêt.
II. Problématique générale de l’étude
En réponse à la demande du PNR du Haut-Jura, l’étude réalisée vise à analyser dans
quelle mesure la politique mise en œuvre sur le territoire du Haut-Jura répond à la diversité
des enjeux en matière de valorisation de la forêt et du bois ? En quoi renforce-t-elle la
territorialisation de la filière bois ?
Afin de répondre à cette problématique générale, nous avons identifié un certain
nombre d’axes de réflexion (Annexe 1 : Axes de réflexion à explorer). Notre premier axe de
réflexion concerne l’évaluation des actions menées par le Parc : en quoi les actions menées au
niveau territorial participent-elles au développement de la filière bois ? Et quel est le degré
d’efficacité des leviers d’intervention mobilisés par le PNR pour valoriser la ressource bois ?
Notre deuxième axe d’interrogation cherche à établir en quoi la territorialisation permet une
meilleure coordination des acteurs de la filière : les actions menées au niveau territorial
renforcent-elles la complémentarité entre les usages et les acteurs de la ressource forestière ?
En quoi l’intervention du PNR contribue à construire une vision partagée de l’utilisation de la
ressource forestière entre les acteurs du territoire ? Enfin, le dernier axe permet de s’interroger
4
sur l’intérêt de mener une politique à l’échelle du territoire du PNR : Quelle est la pertinence
de l’échelle du PNR pour mener une politique de valorisation de la ressource bois ?
A partir des informations issues de l’étude de documents relatifs à la filière bois (cf
Partie 1.3. Méthodologie), trois principales hypothèses se sont dégagées et ont guidé les
investigations de terrain.
- Les politiques de développement économique portées par le PNR se veulent cohérentes
avec les ressources présentes sur le territoire. Cependant, l’analyse du Plan
d’Approvisionnement Territorial soulève l’interrogation quant à la mobilisation de volume
supplémentaire : la forêt communale semble exploitée de manière optimale, renvoyant
donc principalement le potentiel de développement des volumes vers la forêt privée
difficile à mobiliser. Par ailleurs, le développement de nouveaux usages, tels que le bois-
énergie est susceptible de provoquer des réallocations de la ressource en bois.
- Les principes fondamentaux du programme Leader sont l’accompagnement de
dynamiques de développement émanant des acteurs du territoire en s’appuyant sur de
nouvelles coopérations entre acteurs. Concernant un secteur traditionnellement connu
pour son organisation fortement sectorielle et relativement cloisonnée, nous faisons
l’hypothèse que ce type de dispositif peut favoriser l’innovation, organisationnelle
notamment.
- La lecture des statuts du PNR et des principaux documents d’action (LEADER, SCOT,
PAT…) amène à s’interroger sur le pouvoir d’action concret du PNR sur le
développement de la filière bois. A travers les dispositifs LEADER et PAT, le PNR
insuffle une dynamique mais les réalisations dépendent de nombreux acteurs (élus,
entreprises, interprofession,…).
D’un point de vue plus opérationnel, la commande a été traitée en deux volets : le premier
apporte une vision rétrospective de la politique menée par le PNR au travers notamment du
dispositif Leader. Le second propose une approche prospective de la territorialisation de la
filière bois. Il s’appuie sur une mise en perspective des enjeux dégagés par les acteurs du
territoire avec les dispositifs mis en place en matière de développement de la filière bois. Ce
second volet permet de dégager des enseignements sur les dispositifs de soutien à la
valorisation de la filière bois et de formuler des recommandations au Parc sur sa stratégie,
notamment dans le cadre de la future programmation Leader. Ces deux volets sont détaillés
ci-dessous :
A. Evaluer l’impact des projets conduits dans le programme Leader sur la
territorialisation de la filière bois
Le PNR du Haut-Jura conduit un programme LEADER visant, entre autre, la
valorisation de la ressource bois. L’objectif premier de l’étude est donc d’évaluer l’impact de
la politique du PNR et plus particulièrement de la territorialisation de la filière bois. Pour cela,
une analyse fine des projets mis en place dans le cadre de la programmation LEADER (2007-
2013) a été conduite afin d’analyser leur efficacité. Cette dernière est appréhendée selon un
référentiel basé sur l’objectif de territorialisation. Dans le cadre de cette évaluation et en
5
mobilisant des travaux existants sur l’analyse des programmes Leader (LEPICIER D. et al.,
2011), le cadre d’analyse de la territorialisation a été mobilisé. La territorialisation est
appréciée à travers cinq dimensions :
L’ancrage territorial
La coordination entre acteurs
L’intersectorialité
La transversalité
L’innovation
L’ancrage territorial permet d’apprécier l’exploitation des potentialités du territoire
pour satisfaire des besoins propres à celui-ci. La coordination reflète les liens entre les
différents acteurs de la filière et du territoire. La dimension d’intersectorialité traduit la
capacité à impliquer des secteurs variés de la filière bois et à entrainer des effets de diffusion à
l’intérieur et/ou à l’extérieur du territoire. La transversalité correspond à la mobilisation
simultanée des trois aspects du développement durable. La dernière dimension caractérise la
capacité d’innovation sur le territoire ou de manière générale. Chaque dimension a été
précisée avec des critères d’analyse et des indicateurs précis ont été mobilisés pour qualifier
ces critères. L’objectif de cette démarche est d’objectiver le traitement des entretiens ; le
choix des indicateurs descriptifs n’a pas prétention à être exhaustif. Par exemple, la
mobilisation de ressources sur le territoire doit être évaluée à travers la présence de ces
ressources spécifiquement sur le PNR, leur utilisation par des projets et les délocalisations
possibles.
Enfin, cette première partie analyse la cohérence de la politique menée par le PNR en
comparant les dispositifs mis en place avec les objectifs du PNR et la complémentarité avec
les autres dispositifs présents sur le territoire.
B. Prospective : Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la valorisation
du bois
La deuxième partie de l’étude a une visée prospective quant au développement
territorial de la filière. La démarche adoptée est d’identifier puis d’analyser les grands enjeux
à dire d’acteurs en matière de développement de la filière bois. Ces enjeux sont confrontés
aux dispositifs présents sur le territoire, portés par le PNR ou par d’autres acteurs. Cette partie
débouche sur la formulation de préconisations pour le PNR en termes d’adaptation de ses
dispositifs d’action et de positionnement du PNR sur une vision intégrée des enjeux relatifs à
la valorisation du bois et plus largement de la forêt du Haut Jura.
III. Méthodologie de l’étude
A. Phase préparatoire dans le cadre de deux modules de formation en amont de la
présente étude
En amont de l’étude de terrain, un diagnostic du territoire du Parc Naturel Régional du
Haut-Jura a été élaboré en deux temps.
6
Dans un premier temps, un travail à partir des données INSEE et du recensement
agricole a permis de cerner et décrire quatre dimensions du territoire du Haut-Jura : sa
structuration spatiale, la dynamique de la population, les activités et l’emplois. Les
caractéristiques globales du Parc du Haut-Jura ont été comparées et mises en perspective avec
les PNR du Morvan et des Vosges. De la même manière, les communautés de communes du
Haut Jura ont été comparées afin d’étudier l’hétérogénéité interne au Parc. Un diagnostic
territorial du PNR conclut cette étude à travers une analyse SWOT (Strenght Weaknesses
Opportunities Threats).
Dans un second temps, une analyse de la politique du PNR du Haut-Jura a été réalisée
à partir de la charte du PNR du Haut-Jura, des documents de la programmation LEADER
2007-2013, de la documentation relative à la filière bois (PAT, études) et des documents
d’élaboration du SCOT (Schéma de Cohérence et d’Orientation Territorial). Ces dossiers ont
permis d’établir un état des lieux autour de quatre grandes thématiques:
- les structures, collectivités et dispositifs autour du PNR ;
- les zonages, dispositifs et enjeux environnementaux ;
- les dynamiques et dispositifs de valorisation des ressources locales sur le PNR ;
- les tensions et conflits d’usages liés à l’appropriation du territoire dans le PNR du
Haut-Jura.
B. Entretiens semi-directifs : mode de sélection des acteurs et guide d’entretien
La méthode des entretiens semi-directifs a été utilisée pour récolter les avis et
représentations des acteurs à propos des dispositifs publics, des politiques du PNR et de la
territorialisation de la ressource bois. Cette technique qualitative permet de recueillir le
discours des personnes interrogées autour de thèmes définis préalablement et consignés dans
un guide d’entretien. L’objectif est de brosser un tableau le plus précis et exhaustif possible
des représentations et vécus des différents acteurs du terrain.
Les guides d’entretien s’articulent autour de quatre thèmes : la présentation de l’acteur
interrogé, la structure globale à laquelle il appartient, son implication éventuelle dans un
projet exemplaire et enfin ses représentations de la filière bois dans le Haut-Jura (Annexe 2 :
Guides d’entretien utilisés). Quatre grilles d’entretiens ont été réalisées pour s’adapter aux
spécificités de chaque type d’acteurs. Les élus ont par exemple une présentation personnelle
plus détaillée et des interrogations spécifiques sur le fonctionnement des communes ou
communautés de communes. De même, les questions adressées aux entreprises tiennent
davantage compte de leurs activités et modes de fonctionnement autour de la ressource bois.
Enfin, la partie sur l’implication dans un projet exemplaire n’a été adressée qu’aux acteurs
concernés.
La liste des personnes interrogées a été élaborée en partant des personnes ressources
sur chaque projet LEADER (programmation 2007-2013) puis complétée pour couvrir une
palette d’acteurs plus large (cf. Figure 1 : liste des acteurs rencontrés). Les élus des principaux
EPCI du PNR ont ainsi été rencontrés, les entreprises choisies présentent une taille et une
activité variable pour représenter au mieux l’ensemble des niveaux de la filière bois (amont-
aval) et les principales institutions intervenant sur le territoire ont été également enquêtées.
7
Tableau 1 : Liste des acteurs rencontrés
C. Choix et Analyse des projets, Traitement des matériaux
a) L’impact des dispositifs publics sur la territorialisation de la filière
bois
Pour réaliser cette évaluation, deux outils méthodologiques ont été mobilisés : un
graphe d’objectif et une grille d’analyse de la territorialisation présentée en section
précédente.
Le graphe d’objectif permet de produire une représentation de l’intervention publique
en mettant à plat de façon structurée et hiérarchisée les finalités, les objectifs opérationnels et
les actions visées par le programme. Un graphe d’objectif du programme Leader 2007-2013
du Haut Jura a été réalisé à partir de l’exploitation des documents de programmation (Annexe
3 : Graphe d’objectif). La programmation LEADER 2007-2014 a pour finalité principale la
valorisation de la forêt au service du développement et de la durabilité du territoire. Cette
finalité se décline en trois objectifs stratégiques visant à préserver la ressource forestière, à
Type Acteur Catégorie Type Acteur Catégorie Directeur adjoint environnement PNR Environnement Architecte (Lahu) Filière bois
Lycée pro des Métiers des Arts du Bois Filière bois Paysagiste Filière bois CCI Filière bois Constructeur Filière bois
PNR Gestionnaire Administratif Politique Sylviculture - exploitation forestière Filière bois PNR Développement (M. Prost) Politique Tavailllonneur Filière bois
PNR Architecture et Patrimoine (Mme Vercez) Politique
Scierie Ô Jura Bois Filière bois PNR Tourisme Tourisme Charpentier A (Marillet) Filière bois
Comité du tourisme Tourisme Sanglier Patrick Salvi Filière bois
CPIE Environnement
Entreprise Rabotec (rabotage, de l'usinage et du traitement des bois) Filière bois
AJENA Environnement Groupement Forestier Haute Joux Filière bois Groupe Tetras jura Environnement Scierie Perrin Filière bois
CAUE Filière bois Layatterie Filière bois Espace Nordique Jurassien Tourisme Exploitant forestier Filière bois
Cabinet boudier (économiste) Filière bois Scierie Renaud Filière bois TEDOLDI (bureau d'étude) Filière bois Débardeur Filière bois
Tackicea (bureau d'études)
Filière bois
Jouet industriel Foulon Filière bois
Conseil régional de Franche-Comté Politique Expert forestier Filière bois
Pays Haut-Doubs Politique Fabricant de plaquettes Filière bois Conseil Général Doubs Politique Fabrique des gavottes Filière bois
Conseil régional de Franche-Comté Politique Chaudière industrielle (Soccram)
Filière bois
DRAAF Politique Bucheron suisse Filière bois Communes forestières Politique Coopérative forestière Filière bois
Station des Rousses Tourisme ONF Filière bois Syndicat Mixte Canton Morez Politique ONCFS Filière bois
Maire Politique CRPF Filière bois Maire (adjoint) Politique ADIB Filière bois
Maire Politique Chambre d'Agriculture Filière bois Maire Politique
EPCI Station les Rousses Politique Mairie confort Politique
EPCI Haut-du-Doubs Politique EPCI Champagnol Politique
EPCI arcades Politique
Organisation professionnelle
Acteur du développement
Association
Bureau d'étude
Collectivités
Elu
Entreprise
8
développer et structurer la filière bois et enfin à favoriser les retombées économiques de la
forêt dans le territoire. Pour mettre en place la stratégie, le programme s’appuie sur des
objectifs opérationnels qui mobilisent des leviers d’action particuliers.
L’évaluation du dispositif LEADER, à travers l’analyse des projets exemplaires, est
réalisée en deux temps. L’efficacité en matière de territorialisation des projets est d’abord
évaluée à l’appui de la grille d’analyse avec une analyse transversale à tous les projets pour
chacune des dimensions de la grille. Ensuite, les dispositifs mis en place par le PNR sont
évalués, d’une part, sur leur adéquation avec les enjeux de la charte pour estimer la cohérence
interne du Parc et, d’autre part, sur leur articulation avec tous les dispositifs existants sur le
territoire.
b) Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la
valorisation du bois (Prospective)
Pour traiter les données, les guides d’entretiens ont été répartis par grandes catégories
d’acteurs : les élus, les institutions, les entreprises et les maitres d’œuvre. A partir des grilles
d’entretiens, les grands enjeux abordés par les acteurs ont été relevées. Les dispositifs mis en
place sont évalués sur leur adéquation avec les enjeux identifiés à dire d’acteurs pour estimer
la pertinence des dispositifs et ainsi formuler des préconisations.
9
Partie 2 : Résultats sur la territorialisation de la filière bois
I. Capitalisation des expériences menées par le PNR : analyse et
enseignements issus des projets exemplaires du programme LEADER
Cette première section de résultats de l’étude porte sur une l’analyse du programme
Leader 2007-2013 et plus particulièrement de son volet relatif à la valorisation du bois. Pour
réaliser l’analyse de cette partie, nous nous sommes appuyés sur les 8 projets suivants :
- projet 6 : mobilier de contemplation à Lajoux, derrière la maison du Parc
- projet 8 : plateforme de stockage de plaquette forestière à La Mouille
- projet 9 : maison de santé à Moirans-en-Montagne
- projet 10 : ensemble périscolaire à Jougne
- projet 11 : bâtiment commercial à Longchaumois
- projet 18 : Habitation Légère de Loisir (HLL) à Foncine-le-Haut
- projet 19 : réhabilitation de la cure à Confort
Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la stratégie du programme Leader en
interrogeant sa pertinence et sa cohérence, puis dans un deuxième temps nous analyserons son
efficacité. Pour la première partie, nous nous appuierons l’outil d’évaluation des politiques
publiques, le graphe d’objectif, réalisé à partir d’un examen fin du dossier de candidature
Leader et pour la deuxième sur la grille d’analyse de la territorialisation présentée ci-dessus.
A. Pertinence du programme
La pertinence est mesurée à travers l’adéquation des objectifs stratégiques et
opérationnels, affichés dans le programme, aux besoins et aux enjeux concernant la forêt et sa
valorisation. La finalité affichée dans le programme vis-à-vis de la ressource forestière est
« Développer la valorisation de la forêt au service de la vitalité et de la durabilité du
territoire » (cf. figure 1 et annexe 3). Cette finalité n’est pas explicitement formulée dans le
document du projet Leader mais apparaît en filigrane derrière les objectifs stratégiques et
opérationnels identifiés dans celui-ci.
Le premier objectif stratégique, « préserver la ressource forestière » a surtout une visée
environnementale. Les trois autres sont plutôt orientés sur l’aspect économique : le premier
sur le bois énergie, le second sur le bois d’œuvre et le troisième sur le lien entre la forêt et le
territoire. Il intègre l’objectif opérationnel « renforcer l’ancrage territorial de la filière bois »
qui comporte notamment une dimension sur la consolidation de l’identité du territoire via sa
forêt et ses savoir-faire liés au bois.
La stratégie et le plan d’action du programme Leader, formalisés et parfois reformulés
dans le graphe d’objectifs sont globalement partagés par les acteurs rencontrés qui n’ont pas
remis en cause le bienfondé et la pertinence des choix réalisés.
10
L’analyse que nous avons pu faire de cette stratégie, complétée par les retours des acteurs
rencontrés, nous amène à formuler plusieurs commentaires :
- Tout d’abord, en affichant une finalité visant une contribution de la forêt à la durabilité du
territoire, il semble manquer un objectif stratégique centré sur l’aspect social. Celui-ci
pourrait transparaitre sous la forme d’un objectif stratégique visant à maintenir de
l’emploi et à améliorer les conditions de travail dans certains métiers tels que les
bûcherons et les entrepreneurs de travaux forestiers. Nous avons identifié le cas
emblématique des ETF dont le travail est précaire et peu reconnu et qui sont pourtant
indispensables dans l’exploitation de la forêt. Il pourrait aussi s’agir d’améliorer la
qualification des professionnels de la filière bois dans la perspective de favoriser
l’innovation. Le maintien des métiers et des savoir-faire spécifiques (mode d’exploitation
en futaie-jardinée, tavaillon, etc.) est en effet un facteur important du marquage territorial
de la filière bois en gardant sur le territoire les compétences et les acteurs nécessaires à
son bon fonctionnement.
- La stratégie relative au développement du bois-énergie semble incomplète. Une
intervention explicite sur la promotion de l’utilisation du bois comme forme d’énergie
serait de nature à favoriser l’émergence de projets en la matière. Nous avons en effet
constaté un faible nombre de projets soutenus dans le cadre de projet Leader et les
entretiens réalisés ont révélé un manque d’information à ce sujet auprès de porteurs de
projets potentiels. En effet, il y a deux objectifs opérationnels sur la définition des besoins
et la structuration de la filière mais à notre sens, il serait pertinent d’avoir également un
objectif de communication et de sensibilisation autour du bois de chauffage (en précisant
peut-être que cet objectif serait particulièrement justifié dans un territoire éloigné des
lieux d’information existants par ailleurs sur ce sujet).
Figure 1 Graphe d'objectifs du programme LEADER
11
B. Cohérence interne
a) Cohérence interne des actions mises en œuvre dans le programme
LEADER
La cohérence interne est l’adéquation des moyens au regard des objectifs explicités par le
graphe d’objectifs et l’adéquation des objectifs entre eux.
Nous constatons qu’aucun projet significatif n’a été conduit dans le cadre de l’objectif de
préservation de la ressource forestière. Toutefois, nous n’avons pas une vision exhaustive de
tous les projets LEADER, nous ne pouvons donc pas analyser la mise en œuvre de cet
objectif. Nous pouvons cependant mentionner ici l’intéressante étude conduite dans le cadre
de LEADER par le Parc, sur les effets et les conséquences prévisibles du changement
climatique sur la forêt du Haut Jura à l’horizon 2050.
Pour ce qui est de l’objectif de développement du bois énergie, le projet de plateforme de
stockage de plaquettes forestières de la Mouille en est une traduction concrète. Mais peu de
projets, s’inscrivant dans cet objectif, sont aujourd’hui arrivés à leur terme.
Concernant l’objectif de développement et de diversification du bois d’œuvre, plusieurs
projets vont dans ce sens. Le projet initié par la scierie Ô Jura Bois permet une amélioration
de la valorisation économique par la qualité, ce qui répond à l’objectif opérationnel de
compétitivité de la filière bois construction. Par ailleurs, l’ensemble des projets bois que nous
avons étudié répond à l’objectif de promotion de l’utilisation du bois local dans les
constructions, puisque le recours à cette ressource locale est une condition sine qua none au
financement LEADER. De même, le mobilier de contemplation et la maison de santé
répondent à ce même objectif mais à des fins touristiques et esthétiques (participation d’un
lycée professionnel et tavaillons). Et, incidemment, notre travail d’élaboration de fiches-
projets sur plusieurs de ces projets bois du territoire devrait permettre une communication et
une diffusion des bonnes pratiques sur les constructions bois.
Enfin, concernant l’objectif « favoriser les retombées économique de la forêt dans le
territoire », le projet de La Mouille contribue directement à l’objectif opérationnel de
renforcer l’ancrage territorial de la filière bois en permettant l’approvisionnement en
plaquettes des communes en circuit court. De plus, le projet de la maison de santé, en
intégrant le recours aux tavaillons, contribue à l’identité du territoire et au maintien des
savoir-faire. Par contre, peu d’actions spécifiques en termes de communication et d’ingénierie
de projet sont destinées à diffuser les effets des projets.
Globalement, la déclinaison stratégique et opérationnelle de la finalité apparaît cohérente.
La diversification de la valorisation du bois à travers le bois d’œuvre et l’énergie permet des
usages complémentaires du bois exploité. Elle interroge cependant sur les conditions de
maîtrise du renouvellement de la ressource et de la compatibilité de cette exploitation avec un
système traditionnel typique du Haut Jura.
Après cette focale sur l’analyse de la cohérence des 8 projets par rapport aux objectifs du
programme LEADER, la partie suivante élargit le regard à tous les dispositifs mis en place
par le PNR par rapport aux objectifs plus généraux de la charte.
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b) Cohérence des dispositifs mis en place par le PNR avec les objectifs
de la charte
L’objectif de cette partie est de vérifier la cohérence interne de la politique de
territorialisation de la filière bois menée par le Parc. Pour cela, les enjeux identifiés dans la
charte sont mis en perspective avec les dispositifs réellement établis, notamment LEADER.
Le tableau suivant présente les objectifs de la charte établis par le PNR.
Tableau 2 Enjeux de la charte établis par le PNR
Vocations Objectifs
un territoire construit, vivant
et animé ensemble
assurer la cohérence des politiques territoriales
partager et développer une culture commune du territoire
créer et expérimenter de nouvelles formes de vie sociale et culturelle
un territoire responsable de
son environnement
développer une gestion du territoire respectueuse des patrimoines naturels
développer une gestion du territoire respectueuse des patrimoines paysagers et bâtis
rechercher la performance énergétique
préserver le capital eau du territoire
un territoire qui donne de la
valeur à son économie
mobiliser les ressources du territoire en faveur de l'économie
accompagner la création de valeur ajoutée dans les filières
faire de la cohérence territoriale un atout pour l'économie
distinguer le territoire par la qualité de son économie
Les principaux dispositifs mis en œuvre par le PNR pour la filière bois sont le
programme LEADER et le PAT. Ils sont comparés dans cette partie aux objectifs de la charte
détaillés ci-dessus.
Sur le volet social, le PNR tente de construire une vision commune autour de la
ressource bois à travers notamment l’objectivation proposée par le PAT dans son état des
lieux de la ressource forestière et du bois énergie sur le territoire. La démarche LEADER
mobilise des acteurs selon des modalités relativement innovantes, mais le plus souvent sur des
temps courts ne permettant pas toujours de contribuer efficacement à la construction d’une
vision commune et durable du territoire.
Sur le volet environnemental, le parc se mobilise sur les aspects énergétiques à travers
la construction de bâtiments à hautes performances énergétiques (BBC) et par la promotion du
bois énergie. Ces actions imbriquent de façon cohérente la politique de valorisation
économique de la ressource avec l’amélioration de la performance énergétique du bâti.
D’autre part, l’enjeu environnemental est au cœur de la valorisation de la ressource
forestière, mais à travers ces dispositifs, le PNR ne mobilise pas d’actions concrètes pour
valoriser cette plus-value environnementale. Si certains projets LEADER, autres que les 8
étudiés, visent la diffusion ou la production de connaissances, notamment sur le changement
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climatique, le PNR est peu à l’initiative des actions menées en matière de gestion forestière.
Par ailleurs, la futaie jardinée est un mode de gestion que le parc souhaite promouvoir, mais il
ne se positionne pas concrètement sur les problématiques de rentabilité soulevées par les
différents acteurs de la filière, qui ont pourtant trait aux objectifs économiques de la charte.
En effet, selon les acteurs interrogés, les nouvelles formes d’exploitation de la ressource bois,
développées au sein de la filière s’opposent sur plusieurs plans à la conservation du
patrimoine forestier, paysager et écosystémique. Le parc semble donc avoir des difficultés à
concilier ses deux volontés : mobiliser des ressources du territoire en faveur de l’économie et
gérer le territoire en respectant les patrimoines paysagers et écosystémiques. Pour l’instant, il
privilégie le premier volet.
Les dispositifs LEADER et PAT sont clairement cohérents avec les objectifs
économiques de la charte : leur principal objectif est de stimuler la demande pour l’utilisation
de ressources locales afin d’induire, au sein de la filière bois, une mobilisation des ressources
spécifiques au territoire. Ce levier d’action permet également de créer une filière
territorialisée, assurant la création et le maintien de la valeur ajoutée sur le territoire sur le
principe des circuits courts de commercialisation.
L’évaluation des projets LEADER met en évidence un manque de transversalité dans
les actions menées. Cette constatation s’avère également valable pour l’ensemble des
dispositifs portés par le PNR : les actions concrètes du Parc portent moins sur les volets
environnemental et social que sur le volet économique de la charte.
C. Complémentarité/compétition entre les différents dispositifs
L’objectif est de comparer l’adéquation entre les dispositifs mis en place par le PNR et
par d’autres institutions (Annexe 4 : Tableau de cohérence externe). Il convient de distinguer
les domaines d’intervention où le Parc se positionne en tête de file, ceux pour lesquels il
intervient en complémentarité avec d’autres institutions et enfin les thématiques où le Parc est
peu présent.
Dans le domaine du bois construction, le PNR met en place de nombreuses actions et
se positionne comme principal acteur : les autres dispositifs existants apportent des aides
financières pour ce type de travaux (Conseil Régional) et des conseils sur l’architecture bois
(CAUE). Le Parc est également moteur pour les initiatives autour de l’utilisation de bois local
en circuit court, dans l’optique de création et maintien de la valeur ajoutée. Malgré la portée à
la fois économique et environnementale de ces actions, l’étude menée ne permet pas de
déterminer l’existence d’autres acteurs que le Parc qui se cibleraient spécifiquement sur
l’approvisionnement en bois local. De même, le PNR intervient seul dans le développement
des compétences autour des métiers du bois et sur la communication autour de la ressource
locale.
Par contre, le PNR se positionne en complémentarité avec d’autres acteurs sur les
domaines de protection environnementale, d’organisation de la filière et de valorisation du
bois, par sa qualité ou ses débouchés énergétiques. Il existe en effet, sur le territoire du Haut-
Jura, un grand nombre de politiques et d’associations de protection et de promotion de la
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ressource forestière, écologique et écosystémique : Schéma Régional de Cohérence
Ecologique (Conseil Régional de Franche-Comté), police de l'environnement (Etat), dispositif
cerfs (ONCFS), études d’impact sur l’écosystème (CPIE et PNR), éducation et sensibilisation
à l'environnement (CPIE), etc. Le Parc n’intervient pas directement sur le volet de protection
de l’écosystème forestier : ses actions sont concentrées sur la sensibilisation des acteurs
locaux autour du changement climatique, de l’efficience énergétique et des pratiques de
construction plus naturelles. Ces thématiques traitent à la fois d’intérêts écologiques et
économiques en contribuant en partie à la promotion du bois construction.
Sur le volet de l’organisation de la filière, le PNR concentre ses actions sur la
mobilisation d’entreprises locales de la filière. L’action du Parc sur cette thématique est
complémentaire avec les dispositifs mis en place par d’autres acteurs, qui se concentrent
davantage sur : le développement des entreprises (contrat d’aide à la compétitivité et aide
individuelle pour les entreprises par le Conseil Régional de Franche-Comté) ; la mise en
cohérence des politiques sur le bois et la gestion de la forêt privée (projet test sur la gestion
multifonctionnelle du territoire mis en place par l’ADEFOR et l’EPCI Arcades, conférence
sur la filière « forêt-bois » réalisée par l’ADIB) ; la définition de stratégies et d’initiatives
(privées et publiques) communes (création de l’ADIB, mise en place du pôle excellence bois
par le pays du Haut Doubs, rédaction de chartes forestières de territoire par la COFOR).
La valorisation des débouchés du bois par la mise en place de labels est, quant à elle,
très rependue sur le territoire du Haut-Jura. Le PNR et l’ADIB mettent en avant la marque
Parc, la marque Sapin du Jura et une démarche d’AOC qui s’articulent difficilement entre
elles : les plus-values spécifiques restent floues pour les acteurs de terrain et l’existence de
plusieurs labels de qualité sur un même territoire participe à la confusion sur l’image des
produits.
Enfin, la promotion des débouchés bois énergie est largement traitée par de nombreux
acteurs du territoire : le PNR, l’ADEME, les régions et l’Etat apportent plusieurs programmes
d’aide (Fonds de Chaleur, aide fiscale pour l'installation de chaudières), de promotion et de
régulation (Commission Régulation de l'Energie, "collectif bois énergie", Plan Climat Energie
territorial, accompagnement technique pour bois énergie, Plan Climat Energie) et d’appui
technique (études de faisabilité technico-économique et d’opportunité).
Concernant la mobilisation de la forêt privée et les multi-usages de la forêt, le Parc n’a pas
entrepris d’actions concrètes. D’autres acteurs s’investissent déjà sur ces problématiques.
Ainsi l’ADEFOR élabore les plans de développement de massif et constitue les Associations
Syndicales Autorisées (ASA) pour la desserte forestière. De même la COFOR réalise des
conventions de partenariat. Le Conseil Général du Jura et du Doubs propose également une
aide pour la restructuration foncière et des programmes d’accompagnement. Les différents
usages de la forêt sont définis dans la charte du Parc mais celui-ci ne s’engage pas
directement sur cette thématique. En revanche, d’autres territoires s’investissent en élaborant
par exemple un état des lieux des enjeux forestiers sur des territoires plus restreints que celui
du Parc, comme l’EPCI Haut Jura St Claude.
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D. Efficacité des projets en matière de territorialisation : grille analyse
a) Ancrage territorial
Globalement, les projets sont réalisés par des entreprises locales. Cependant celles-ci
n’ont pas toutes le même niveau d’ancrage, certaines sont localisées sur le territoire mais
travaillent souvent à l’extérieur, c’est par exemple le cas de l’entreprise « la Pessière » qui est
installée depuis 1987 dans le Jura mais qui ne réalise que 10% de ses chantiers sur le
département. D’autres, au contraire, sont très ancrées : investissement personnel sur le
territoire, faible rayon d’activité, notoriété et légitimité territoriale. C’est le cas des élus et des
artisans typiques du Jura (layettiers et tavailloneurs).
LEADER impose l’utilisation d’un pourcentage minimum de bois local.
Indépendamment de cette obligation, certaines entreprises ne travaillent qu’avec du bois local.
C’est le cas par exemple de la scierie Ô Jura Bois, de l’entreprise « la Pessière » et du
tavailloneur que nous avons rencontré. A l’inverse, la plupart du temps, d’autres entreprises
ne travaillent pas avec du bois local pour diverses raisons : coût et qualité essentiellement. En
effet, le relief et l’exploitation en futaie jardinée rendent l’exploitation du bois du Jura
difficile et coûteuse. De plus, les bois du Haut Jura n’ont pas tous la même qualité, selon la
localisation de la parcelle mais aussi au sein même de la parcelle. Ce surcoût ajouté à une
qualité hétérogène n’encourage pas les acteurs à utiliser du bois local. Leader les a donc
sensibilisés à l’utilisation du bois local mais on peut se poser la question de la diffusion de
cette pratique aux vues des contraintes. Par ailleurs, tous les acteurs n’ont pas la même vision
de la qualité du bois selon l’usage qu’ils en font. Par exemple, un paysagiste interrogé a
besoin d’un bois de classe 4 pour mettre en extérieur, alors que les essences principales du
Haut-Jura sont des bois de classe 2.
Les projets répondent à des enjeux du territoire, qu’ils soient en lien direct avec la
filière bois ou non. En effet, la plupart des projets répondent à des enjeux majeurs mais
indépendants de la filière bois tels que : le développement d’une offre pour le tourisme
(mobilier de contemplation et HHL (Habitation Légère de Loisir)), le maintien d’activités sur
le territoire (maison de santé et épicerie), accueil et maintien de populations (bâtiment
périscolaire et aménagement de logements). Cependant tous les projets n’ont pas le même
impact territorial, par exemple le projet de mobiliers de contemplation n’aura pas les mêmes
retombées touristiques et économiques que les HLL.
En ce qui concerne les enjeux liés à la territorialisation de la filière bois, deux projets
emblématiques ont été menés. Le premier concerne le bois énergie (plateforme de stockage de
bois déchiqueté) qui permet l’autonomie énergétique des communes. Quatre des communes
du canton de Morez possèdent une chaufferie qu’elles alimentaient en achetant de la plaquette
forestière sur le marché. Après une réflexion qui a suivi le PAT, elles ont souhaité devenir
autonomes pour leur approvisionnement en plaquettes et maitriser la qualité de leurs
plaquettes, c’est donc pour cela qu’elles ont créé la plateforme. Le projet a permis de
concrétiser l’objectif que s’étaient fixé les communes.
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Le deuxième projet sur le bois construction (aire de stockage de la scierie
Grandpierre) contribue à une meilleure valorisation du bois. Ce projet permet à une entreprise
locale de mettre en place un séchage naturel et de mieux valoriser son bois en fonction de la
qualité, ce qui répond aux différents enjeux de la charte, environnementaux et économiques.
Même si la plupart des projets ont été motivés par des enjeux qui n’étaient pas en lien
direct avec la ressource bois, ils impliquent une réflexion sur la mobilisation de la ressource
forestière locale et son utilisation pour le bois construction et le bois énergie.
b) Coordination entre acteurs
Les maitres d’ouvrage sont assez variés : commune, syndicat mixte ; acteurs privés et
PNR, ce qui montre que différents types d’acteurs se sont appropriés le dispositif Leader. Les
projets Leader ont permis l’émergence de nouveaux partenariats (exemple de la scierie
Grandpierre avec l’entreprise « la Pessière ») et la mise en relation d’acteurs dont la
coopération est inhabituelle. Les projets impliquent aussi de nouveaux rôles pour les acteurs.
C’est le cas pour les communes qui fournissent elles-mêmes le bois et pour d’autres acteurs
qui acquièrent de nouvelles compétences (le cabinet Boudier qui a du se renseigner sur
l’approvisionnement en bois pour le projet de la Mouille et l’architecte qui a fait le lien entre
les artisans pour la réalisation de la maison de santé). Ces acteurs ont donc acquis une vision
élargie à d’autres secteurs de la filière bois qui habituellement ne les concernent pas. Cela
permet une meilleure compréhension réciproque entre les corps de métier ce qui facilite le
dialogue et la coopération. Dans ce cadre, le PNR a principalement un rôle
d’accompagnement administratif. Selon certains acteurs, il est même indispensable au
montage des dossiers et à la certification de la traçabilité en lien avec les entreprises.
Cependant la coordination entre les acteurs pose parfois problème. Nous avons
identifié trois types de problèmes :
Problème de compétence : les acteurs ne possédant pas les compétences nécessaires à
la bonne réalisation du projet compliquent le travail des autres participants au projet.
Par exemple, le bureau d’études du projet de la plateforme de stockage était spécialisé
dans le béton, or le projet étant majoritairement en bois, son travail n’a pas été
optimisé pour le charpentier ;
Problème réglementaire : certains aspects règlementaires contraignants peuvent
provoquer des tensions entre les acteurs porteurs du projet et ceux qui ont un rôle de
contrôle et de vérification du respect de la législation. C’est le cas pour les projets de
construction bois qui nécessitent le respect de contraintes fortes que les élus ne
connaissent pas toujours. Sur le projet de la Mouille, la DDT a également identifié un
problème réglementaire sur le défrichement de la parcelle concernée ce qui a perturbé
le bon déroulement du projet ;
Problème de communication : le manque de relation entre les acteurs entraine parfois
une absence de communication sur certains projets ou dispositifs. Par exemple, la
scierie Grandpierre n’a pas été informée par la commune des possibilités de
financement ou d’accompagnement de projets.
Selon les maitres d’ouvrage, le montage des dossiers Leader nécessite une ingénierie
spécifique souvent fournie par le PNR.
17
c) Intersectorialité
Les projets impliquent des acteurs de différentes natures. Ils sont portés par des
maitres d’ouvrages variés : PNR, communes (surtout), privé, syndicat mixte. L’équipe de
maitrise d’œuvre pour les projets de bâtiments est constituée d’un architecte, d’un ou
plusieurs bureaux d’études (structure, acoustique, fluides…) et d’un économiste de la
construction. Différents métiers du bois interviennent pour chaque projet : ETF (bucheron,
débardeur), scieur, charpentier, mais aussi tavailloneur.
Les projets impactent différents secteurs. Certains projets ont un impact sur le secteur
touristique à l’intérieur du Parc (HLL et mobilier de contemplation). D’autres ont un impact
sur l’organisation de l’approvisionnement en bois des communes (plateforme de stockage de
La Mouille).
La proximité de la Suisse a parfois une influence sur les projets : la plateforme de
stockage est inspirée d’un projet suisse du canton de Vaud visité par les élus des communes
participant au projet ; le groupe périscolaire de Jougne peut être attractif pour des familles
travaillant en Suisse et domiciliées en France et dont les enfants sont scolarisés en France.
Certains projets ont généré des effets d’apprentissage, c’est à dire que les acteurs ont
acquis une expérience et une connaissance supplémentaire qu’ils pourront réutiliser lors d’un
futur projet. L’entreprise « la Pessière », par exemple, va s’appuyer sur le partenariat avec la
scierie Ô Jura Bois et les compétences acquises lors du chantier de la plateforme de stockage
pour réaliser des hangars agricoles plus efficacement. D’autre part, les communes adhérentes
à la plateforme ont appris à gérer leur approvisionnement respectif en plaquettes, ce qui leur
permettra d’être plus efficaces les années à venir. Enfin, le travail réalisé par l’ingénieur sur le
projet de l’épicerie pourra être remobilisé sur d’autres projets.
Enfin, les projets peuvent provoquer un essaimage : la plateforme de stockage va peut-
être entrainer la création de nouvelles chaufferies à proximité, une autre plateforme sera peut-
être réalisée aux Rousses dans les prochaines années. Le lycée de Moirans-en-Montagne a
pour but de commercialiser à plus grande échelle le concept du mobilier de contemplation qui
avait été proposé par l’un de ses élèves. Cependant, plusieurs projets ne sont pas
reproductibles en l’état car ils sont trop coûteux et certains n’ont pas été optimisés
économiquement. En effet, ces projets auraient probablement été réalisés différemment sans
Leader. Par exemple, pour les HLL, le processus d’utilisation du bois (fourni par la commune
au scieur, mais de qualité médiocre) a provoqué un « gaspillage » du bois conduisant à un
coût global de l’investissement relativement élevé.
d) Transversalité
Dans ce paragraphe, en nous appuyant sur divers exemples, nous allons présenter
successivement les trois dimensions de la transversalité : environnementale, économique et
sociale.
18
Globalement, les projets étudiés intègrent plutôt bien la dimension environnementale.
Tous les projets exemplaires étudiés utilisent du bois local, condition sine qua none pour
obtenir un financement Leader. De plus, deux édifices en constructions bois (la cure de
Confort et la maison de santé) répondent aux normes Bâtiment Basse Consommation (BBC)
ce qui les rend efficients énergétiquement. Des formations ont été mises en place auprès des
locataires pour optimiser l’usage des bâtiments (commune de Confort). Le bâtiment
périscolaire de Jougne a lui aussi été pensé au-delà des normes HQE 2012 et des analyses
d’air sont effectuées pour vérifier le confort et la sécurité des enfants. Les constructions
intègrent aussi des matériaux écologiques et durables, comme c’est le cas pour la maison de
santé de Moirans qui intègre des tavaillons. Enfin, la scierie Grandpierre à l’origine du projet
de l’aire de tri et de séchage, prend en compte la dimension environnementale puisque
l’objectif est de pouvoir sécher le bois naturellement. Enfin, le projet de la plateforme de
stockage de La Mouille a été conçu en vue de minimiser les transports.
En ce qui concerne la dimension économique, la plupart des projets ont fait intervenir
des entreprises locales ce qui permet de maintenir une partie de la valeur ajoutée au sein du
territoire. C’est le cas du projet de la commune de Foncine-le-Haut dont le maire estime
d’ores et déjà les retombées économiques de la création des 5 HLL sur les entreprises locales
à 450 000€. De plus, les projets impactant le secteur du tourisme vont permettre des
retombées économiques locales. De la même manière, le magasin de Longchaumois va
engendrer un effet de rayonnement sur les autres commerces du village. Sur le projet de la
plateforme de stockage de la Mouille, LEADER a permis aux communes d’atteindre leur
autonomie d’approvisionnement en plaquettes. Ce choix de privilégier un circuit court a
impliqué le détournement du marché de bois bûche, grâce auquel la commune gagnait de
l’argent, vers la production de plaquettes. Ce choix est totalement assumé par la commune,
bien que pour certaines communes cela entraine l’augmentation du coût de la plaquette.
Toutefois, pour certains projets, il y a des problèmes organisationnels qui ont des
impacts économiques négatifs. Par exemple, lorsque la commune a fourni le bois en prélevant
dans la forêt communale, le volume de bois abattu a été nettement plus conséquent que le
volume de bois réellement utilisé pour la construction. Cela génère du gaspillage de bois et
une sous-valorisation De plus, si le bois fourni pour la commune est de mauvaise qualité cela
entraine une mauvaise rentabilité du processus de transformation et donc, un gaspillage du
bois. Pour les 5 HLL de Foncine-le-Haut 50m3 de bois ont été abattu par chalet alors que
21m3 ont été nécessaire pour la construction.
Enfin sur l’aspect social, les projets LEADER ont des impacts intéressants mais sans
lien avec la filière bois. Le principal impact social des projets LEADER est le maintien
d’activités et de services localement. La construction de la maison de santé et du bâtiment
commercial a permis de maintenir des emplois. La construction de la plateforme de La
Mouille permet d’une part d’assurer un travail régulier aux Entrepreneurs de Travaux
Forestiers (ETF) sur le territoire mais également d’améliorer leur situation en leur offrant un
travail plus régulier sur l’année. Enfin, la commune de Confort a pour projet de créer deux
logements à loyer modéré sur la partie haute de la cure, ce qui profiterait à l’installation de
jeunes ménages ou de personnes âgées de la commune. Dans la même idée, l’ensemble
19
périscolaire de Jougne qui permet d’accueillir plus d’enfants représente un facteur
d’attractivité supplémentaire de la commune.
Cependant, lorsqu’on examine chaque projet individuellement, on constate que
certains ne couvrent pas totalement les trois dimensions. Par exemple le projet de mobilier de
contemplation et celui des HLL intègrent peu la dimension sociale. Bien que tous les projets
intègrent du bois local, ils ne contribuent pas tous au même niveau à la dimension
environnementale. Par exemple, le projet de l’épicerie n’intègre pas une réflexion
environnementale aussi forte que le projet de la scierie Ô Jura Bois.
e) Innovation
Nous avons identifié quatre registres d’innovations liées aux projets LEADER :
touchant au processus d’émergence, à l’organisation, à l’architecture et la formation.
Le processus d’émergence de certains projets est innovant : le mobilier de
contemplation est né grâce à un élève du lycée de Moirans-en-Montagne qui a répondu à un
concours d’idées lancé par le Parc.
L’innovation transparait aussi dans la dimension organisationnelle : pour plusieurs
projets, le bois a été fourni par une commune et non par une scierie. Cela permet un suivi du
début jusqu’à la fin de la filière. C’est le cas pour la plateforme de stockage, et l’ensemble
périscolaire de Jougne. La plateforme de stockage permet aussi la gestion de
l’approvisionnement des chaufferies par les communes. Elle est innovante sur le territoire,
bien qu’inspirée d’un projet suisse. Aux limites du territoire du Parc, le département de l’Ain
va mettre en place une agence d’ingénierie pour aider les communes à monter leurs dossiers
d’appel d’offres. Par ailleurs, les appels d’offres de certains projets (plateforme, HLL…)
exigeaient la réponse de plusieurs entreprises pour un seul lot : cela les a poussé à réaliser des
partenariats afin d’y répondre.
L’innovation apparait également dans l’architecture des bâtiments réalisés, au niveau
technique et esthétique :
Association entre tradition et modernité avec le tavaillon sur la maison de santé
Taille et trépieds de la plateforme de stockage ainsi qu’absence de traitements du bois
(innovation réglementaire)
Introduction de bois masqué à l’extérieur afin de respecter le type de bâtiment
(magasin de Longchaumois).
Enfin, il y a parfois des innovations au niveau de la formation : pour les logements de la
cure de Confort, une formation des locataires sera effectuée par un bureau thermicien pour
leur apprendre à mieux se servir d’un bâtiment basse consommation (thermostat, velux…) et
d’optimiser l’usage du bâtiment. Cela ne sera pas fait pour la maison de santé, ce que
regrettait l’architecte.
20
f) Conclusion partielle : efficacité par rapport à la territorialisation
Les projets LEADER permettent en général de faire travailler des entreprises locales et
de valoriser les métiers et savoir-faire traditionnels. Pour les acteurs, ils favorisent l’usage de
bois local et la réalisation de programmes plus ambitieux. Pour augmenter l’utilisation de
cette ressource, LEADER pousse les acteurs à identifier leur ressource et à prendre
conscience de sa qualité. Ces projets répondent à des enjeux territoriaux identifiés par la
charte du PNR, qui concernent ou non le bois.
Les maitres d’ouvrage des projets sont variés avec principalement des institutions
territoriales (communes, communautés de communes, syndicat mixte, PNR…) qui paraissent
plus aptes à porter une dimension territoriale que des acteurs privés. Nous avons identifié de
nouveaux partenariats et mises en relation d’acteurs engendrés par LEADER, qui encouragent
l’interconnaissance des acteurs du territoire et la valorisation de leurs compétences.
De plus, grâce à ce dispositif, les acteurs peuvent acquérir de nouvelles compétences et
ainsi assumer des rôles qui auparavant l’étaient par des agents extérieurs au territoire. Ainsi,
les acteurs dépendent moins de ressources externes au territoire, ce qui répond à l’objectif de
territorialisation. Le PNR exerce une fonction d’ingénierie territoriale : montage des dossiers,
fédération des acteurs ce qui contribue à ancrer les projets sur le territoire. Cependant, la
coordination des acteurs ne garantit pas toujours une efficacité maximum. En effet, dans les
projets où la commune fournit son bois sous forme de grumes au scieur, seule une partie du
bois revient à la commune sous forme de produits finis et les « sous-produits » sont peu
valorisés.
Les projets permettent aux acteurs de mieux prendre conscience de la globalité de la
filière bois présente sur le territoire, couvrant les différents métiers du bois, de l’ETF au
charpentier. D’autres secteurs sont également impactés tel que le tourisme. Des effets
d’apprentissage, qu’ils soient techniques, organisationnels, ou partenariaux, sont engendrés.
Cependant, bien que nous n’ayons pas assez de recul pour analyser les impacts des projets
(certains sont toujours en cours), les effets de diffusion nous semblent limités, car plusieurs
acteurs signalent leur non reproductibilité en l’état, souvent pour des raisons de coûts et
d’organisation. Enfin, globalement, les projets n’incitent pas les acteurs à entretenir des
relations avec l’extérieur du territoire (pas de notoriété extra-territoriale, peu de liens avec des
acteurs hors du territoire, pas de dépendance à des ressources externes au territoire).
Les projets LEADER permettent aux acteurs de faire le choix du développement
durable, bien que le coût soit parfois plus élevé. Globalement les trois dimensions sont
couvertes : utilisation de bois local et réflexion sur la consommation énergétique ; retombées
économiques locales (tourisme et entreprises) ; maintien d’emplois, de services et de
populations. Toutefois, chaque projet n’est pas forcément transversal individuellement.
Par ailleurs, les projets couvrent des aspects environnementaux et sociaux qui
répondent à des enjeux identifiés par le Parc, mais qui ne sont pas liés au bois et à la forêt.
Ainsi, le dispositif LEADER ne cible pas précisément l’amélioration des conditions de travail
et l’augmentation du nombre d’emplois du secteur bois. Il n’y a pas non plus d’analyse et
d’expérimentations spécifiques à une gestion respectueuse de la forêt du point de vue
21
environnemental. Cela nous paraîtrait pourtant intéressant et nécessaire pour la durabilité de la
filière bois sur le territoire.
En définitive, le dispositif LEADER paraît, de manière générale, efficace pour
territorialiser des projets mais leurs effets de diffusion restent limités. Il faudrait observer les
projets sur un temps plus long et les comparer avec des projets non subventionnés pour
vérifier notre hypothèse.
22
II. Prospective : Eclairer le Parc sur sa stratégie d’accompagnement pour la
valorisation du bois
Au-delà du programme LEADER, d’autres dispositifs sont mis en place pour répondre
aux enjeux du PNR sur la filière bois. La volonté du Parc est d’ancrer cette filière sur le
territoire. Cet objectif passe notamment par l’implication des acteurs et leur coordination,
ainsi que la gestion durable de la ressource bois.
S’intéresser à la territorialisation de la filière bois, suppose de connaitre les multiples
usages de la forêt d’une part, et les utilisations qui sont faites de la ressource bois d’autre part.
La forêt est à la fois productrice de matière première pour les entreprises de travaux forestiers
et les transformateurs, source d’activité pour le domaine touristique, mais c’est aussi un
écosystème qui abrite des espèces végétales et animales à protéger.
Sur le territoire du PNR, le bois est utilisé de manière diverse. Les particuliers peuvent
s’auto-approvisionner en bois de chauffage dans leur forêt communale selon la pratique de
l’affouage. Les entreprises forestières exploitent le bois en fonction de leurs commandes, les
scieurs l’utilisent selon les besoins en bois d’œuvre ou bois de chauffage. La connaissance des
besoins des différents acteurs (scieurs, artisans) est une condition sine qua none pour réussir
la coordination de la filière, s’assurer de l’approvisionnement mais aussi gérer durablement la
forêt qui fournit la matière première à toute la filière (Figure 2).
Figure 2 Organisation de la filière bois dans le PNR du Haut-Jura
23
Jusqu’à présent, pour concilier les différents usages et organiser les acteurs, divers
organismes publics ou privés interviennent tels que l’ONF, le CRPF mais aussi les
départements et les régions. Ces organismes travaillent en relation plus ou moins étroites avec
le PNR. Mais c’est à ce dernier que revient le rôle de mise en relation des acteurs
institutionnels, des élus et des entreprises.
Après un point méthodologique, une attention sera portée à l’analyse des enjeux
identifiés sur le territoire.
A. Les enjeux actuellement identifiés par les acteurs du bois sur le territoire
A partir de la soixantaine d’entretiens réalisés, nous avons identifiés 25 enjeux qui
renvoient à quatre grands enjeux transversaux :
1. Organisation de la filière et régulation de marché
2. Conciliation des différentes représentations des fonctions de la ressource
3. Création et maintien de la valeur ajoutée sur le territoire
4. Maintien et valorisation du capital humain et des savoirs faire
Nous avons classé les enjeux en fonction des catégories d’acteur qui les avait
mentionnés. Ces catégories d’acteurs sont celles utilisées pour les guides d’entretien excepté
le fait que les catégories entreprises et maîtres d’œuvre ont été fusionnés car elles étaient peu
discriminantes.
1. Les élus : élus de communes et d’intercommunalités (EPCI)
2. Les institutions : Collectivités territoriales, les territoires de projets (PNR, Pays), les
associations, les organisations professionnelles (ADIB, CRPF….), les établissements
consulaires (Chambre d’agriculture, CCI,…), …
3. Les entreprises et les maîtres d’œuvre : ETF, scieurs, charpentier, artisans d’art,
bureaux d’études, architectes,…
La Figure 3 met en lumière à la fois les sous-enjeux partagés par l’ensemble des acteurs
mais aussi ceux qui ne font pas consensus. A titre d’illustration, la préservation de la
ressource forestière est une préoccupation partagée par tous les acteurs. En revanche la
prise en compte des contraintes spécifiques liées aux ETF (Croisement
entreprises/multifonctionnalité) ou encore la recherche d’un bois standard (Croisements
entreprises/Qualité) n’est reprise que par certaines entreprises. Il est à noter que les élus
se distinguent par leur souci d’autonomie énergétique et d’approvisionnement local en
matière de bois énergie (croisement Bois énergie/Elus).
24
Figure 3 Schématisation des enjeux soulevés par les différents acteurs
a) L’enjeu relatif à l’organisation de la filière et la régulation du marché
Organisation et développement interne de la filière bois : enjeux et leviers
Pour comprendre l’organisation et le développement interne de la filière bois du Haut-
Jura, il convient de s’intéresser aux enjeux et aux leviers exprimés par les acteurs rencontrés.
Dans ce cadre les principaux thèmes abordés concernent les compétences et la formation, les
relations entre les acteurs dans la filière et le développement et l’ancrage de la filière dans le
Haut-Jura.
Les relations entre les acteurs la filière
Le premier problème de la filière bois, mis en avant par les élus et les institutionnels, est le
cloisonnement fort entre les acteurs de la filière et leur manque de coordination. Selon eux, la
filière manque d’organisation pour être réellement performante et assurer sa pérennité sur le
territoire. Ils proposent la mise en réseau des acteurs du Haut-Jura comme « un préalable
essentiel à la construction d’une vision stratégique partagée pour la filière bois ». Pour
illustrer le cloisonnement, un scieur explique qu’historiquement les scieries ne signalaient
jamais aux propriétaires forestiers les défauts qu’ils pouvaient constater sur les grumes
achetées mais qu’ils « se rattrapaient » la fois suivante en payant moins cher du bois de bonne
qualité. Chacun gagnait ou perdait tour à tour sans en parler à son partenaire commercial.
C’est pourquoi la plupart des acteurs rencontrés décrivent la filière bois comme un milieu
assez technique, fermé et plutôt discret sur ses pratiques et données économiques.
Pour favoriser la coordination entre les acteurs, des structures institutionnelles se
mobilisent, comme, par exemple, l’ADIB qui a pour objectif de « mettre tout le monde autour
de la table » ou le PNR du Haut-Jura qui amène différents acteurs de la filière à travailler
ensemble sur des projets de constructions en bois dans le cadre du programme LEADER. Si
ces initiatives sont plutôt saluées par les élus, certains acteurs privés estiment que les
institutions qui interviennent n’ont parfois pas suffisamment de légitimité technique pour le
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faire. De plus, ils soulignent que la vision que le PNR a de la filière est parfois trop restrictive
car elle ne va pas au-delà du territoire du Haut-Jura. Du point de vue d’entrepreneurs comme
les scieurs, la filière doit être considérée au niveau européen, voire international, car le bois
voyage facilement et sous de nombreuses formes (grumes, bois carrés, bois aboutés…) entre
les différents pays. Selon eux, les variations d’offre et de demande à cette échelle influencent
les cours du bois au sein du PNR et leurs produits sont en concurrence avec ceux d’autres
pays. Sans remettre en cause les projets permettant la coopération entre les acteurs du Haut-
Jura, ils souhaitent voir émerger des dispositifs qui puissent les aider à réaliser les lourds
investissements (individuellement ou collectivement) nécessaires au développement technique
de leurs entreprises et ainsi faire face à la concurrence internationale.
Pour les acteurs privés, les aides ne doivent pas se cantonner à l’aval de la filière en
favorisant les constructions bois ou en faisant la promotion du bois énergie mais elles doivent
intervenir sur l’ensemble de la filière. Un responsable de communauté de communes illustre
cette attente en expliquant qu’il est souhaitable de voir se développer davantage des prêts à
taux bonifiés ou des financements d’études plutôt que des subventions pour des réalisations
(constructions, chaudières…). Pour lui, les subventions pour la création de chaudière bois
contribuent à provoquer des « appels d’air » sur la demande sans donner à l’amont l’appui
nécessaire pour faire face à l’augmentation de la demande.
Pour beaucoup d’institutionnels, il faut tenir compte de l’ensemble des usages du bois
pour agir sur la filière car, en dehors des marchés extérieurs qui influencent ceux du Haut-
Jura, le développement de nouvelles utilisations comme le bois énergie sur le territoire peut
aussi provoquer des tensions de marché sur la ressource. Selon les élus et les institutionnels, il
faut donc être vigilant à la pression que peut exercer l’augmentation de la demande en bois
sur la ressource forestière. Comme le souligne un élu, il y a « besoin d'un prix à la fois
abordable mais n'encourageant pas la surexploitation ». En effet, une forte pression pourrait
inciter les propriétaires forestiers à intensifier l’exploitation du bois et à potentiellement
remettre en cause la futaie jardinée au profit de la futaie régulière. D’un autre côté, les élus et
les acteurs institutionnels soulignent l’importance de concilier les différentes activités
économiques autour du bois tout en conservant les qualités écologiques et écosystémiques des
forêts du Haut-Jura. C’est pourquoi l’enjeu qui se dégage est de travailler à la valorisation de
la spécificité du bois du Haut-Jura et à la conservation de la valeur ajoutée qu’il peut générer
sur le territoire.
Le développement et l’ancrage de la filière dans le Haut -Jura
Les élus mettent tous en avant l’enjeu de promotion des ressources locales. Pour la filière
bois, il s’agit de valoriser une ressource présente en quantité importante dans le Haut-Jura.
Sur la manière de faire valoir cette ressource, les élus, les institutionnels et certains acteurs
privés estiment qu’il faut miser sur le développement de la filière bois énergie. En revanche,
les scieurs, les charpentiers et les constructeurs insistent davantage sur la nécessité de mettre
en avant la qualité spécifique du bois d’œuvre du territoire. La véritable solution ne semble
pas être l’une ou l’autre option, comme l’exprime un acteur institutionnel : « on peut valoriser
tous les morceaux du bois mais on doit apprendre à les vendre ». Il ne s’agit donc pas
d’opposer le bois d’œuvre et le bois énergie, qui peuvent être complémentaires.
D’un point de vue technique, les différentes essences de bois, résineux et feuillus, sont
utilisables pour des productions différentes et complémentaires (bois d’œuvre et bois énergie).
26
De plus, il semble possible de valoriser les différents diamètres d’arbres mais aussi
l’ensemble des produits « d’entretien » de la forêt (rémanents), d’abattages (grumes, surbilles,
houpier) et de sciage (cœurs des grumes et connexes). Cependant, pour mettre en œuvre cette
valorisation optimale du bois abattu, certains institutionnels et beaucoup d’entrepreneurs
estiment qu’il faut favoriser les évolutions techniques des acteurs tout au long de la filière. Par
exemple, il s’agit d’inciter les gestionnaires forestiers à pratiquer davantage de tri au moment
de l’abattage afin de créer des lots de bois plus homogènes. Concernant les scieurs, l’enjeu est
de les aider à faire évoluer leurs compétences techniques afin qu’ils soient en mesure de
fournir des produits correspondants aux attentes du marché. Cela peut aussi passer par un
appui financier ou organisationnel leur permettant d’effectuer les investissements nécessaires
à cette montée en gamme.
Ces évolutions techniques ont déjà eu lieu dans d’autres pays (Allemagne, Suisse) et,
actuellement, le bois du Haut-Jura est parfois exporté pour être transformé, avant d’être
importé par les constructeurs. Cela constitue une fuite de la valeur ajoutée potentielle pour les
acteurs du territoire. Il apparaît donc nécessaire de développer l’ingénierie de transformation
du bois (formation, préservation et transmission des savoir-faire, investissements,
développement de nouveaux débouchés…) et d’en coordonner les différentes étapes (gestion
de la forêt par les propriétaires, accès aux parcelles, abattage et débardage, tri du bois, travail
de 1ère
et 2nde
transformation, conception, charpentiers et constructeurs, producteurs de
plaquettes de bois,…) pour que chacun contribue à la valorisation du bois du Haut-Jura. Cela
peut permettre d’ancrer les compétences et de maintenir la valeur ajoutée ainsi créée sur le
territoire.
Toutefois, la plupart des acteurs s’accordent pour dire qu’il n’est pas envisageable de
concurrencer les produits importés d’Allemagne ou de Scandinavie car il s’agit de
productions de masse et standardisées que la forêt du Haut-Jura ne permet pas de produire.
Ainsi, l’un des scieurs explique que « la scierie doit s'adapter aux forêts et pas l'inverse ».
Avec sa culture en futaie jardinée et ses bois d’altitude, la forêt du Haut-Jura possède donc
des spécificités qu’il est possible de valoriser. Pour cela, les institutionnels comme les
entrepreneurs privés pensent qu’il faut rendre identifiable cette spécificité du bois du Haut-
Jura. Des initiatives existent déjà dans ce sens comme le travail pour l’émergence d’une AOC
Bois du Jura ou la marque Parc. D’autres sont déjà en place comme le label Jura Supérieur qui
garantit la démarche PEFC, cependant ceci n’apporte pas de plus-value aux produits lors de la
vente. L’enjeu est donc de créer des alliances entre les différents maillons de la filière pour
mieux valoriser à la fois la spécificité du bois et les compétences techniques de chacun des
acteurs.
Pour développer la valeur ajoutée produite sur le territoire à partir du bois du Haut-
Jura, les principaux leviers reposent sur l’augmentation de la valorisation de marchés de
niches, l’augmentation de la transformation locale des bois, ce qui passe par l’implication de
tous les acteurs de la filière. Cependant, pour les acteurs rencontrés, cette stratégie est réaliste
à une échelle plus large que celle strictement du Haut-Jura. En effet, ils pensent que la qualité
de leur bois doit être reconnue au-delà du territoire pour offrir des débouchés suffisants pour
l’amortissement des investissements nécessaires à la modernisation des entreprises
d’exploitation et de transformation et à la mise en œuvre de la traçabilité. Un exemple de ce
type de fonctionnement existe déjà dans le Jura avec un constructeur en bois fustes. Ce
dernier travaille avec du bois du Jura qui est transformé sur place mais les produits sont
27
commercialisés dans toute la France et exportés. Ce dernier regrette d’ailleurs que son activité
ne soit pas davantage soutenue et encouragée sur le territoire du Haut-Jura au motif que ce
type de construction n’est pas considéré comme traditionnel. Cela reflète le discours d’autres
entrepreneurs qui estiment que les conditions réglementaires imposées par les institutions ou
les élus sur des projets sont parfois trop restrictives et qu’elles freinent le développement de
leurs initiatives.
Illustration de l’enjeu de structuration de filière et de régulation de
marché : le bois énergie au sein du PNR
Il est clairement ressorti des entretiens que la territorialisation de la filière bois ne
serait possible que sous certaines conditions (cf. paragraphe précédent). Il est indispensable
d’envisager la filière bois du territoire (PNR) comme le maillon d’une chaine plus grande et
inséré dans un marché régionalisé et mondialisé pour une grande part. Il est donc possible de
penser des « boucles » organisationnelles plus courte en termes de filière, mais les produits du
bois sont eux soumis à une logique de marché forte.
L’organisation voire la régulation de marché est probablement nécessaire au bon
fonctionnement de la filière dans une perspective de territorialisation. Des outils et
mécanismes de structuration de la filière bois, celle-ci devant être pensée dans son intégralité
et dans son insertion à la fois dans un marché localisé et un marché ouvert, permettront
d’assurer une pérennité des activités des différents secteurs d’activités de la filière bois.
Le Parc Naturel du Haut Jura (PNR) s’est emparé de la thématique bois-énergie en
réaffirmant dans sa charte une volonté de performance énergétique et de mobilisation des
ressources en faveur de l’économie (PNR, 2010). Partant du constat que la première des
ressources naturelles du Haut Jura est la forêt (70% de la surface du PNR), une réflexion s’est
engagée sur le développement d’une filière bois énergie. Un Plan d’Approvisionnement
Territorial (PAT) a été bâti dans le cadre d’un plan national initié par la Fédération Nationale
des Communes Forestières (FN COFOR). Cet outil d’aide à la décision pour les élus s’inscrit
dans le programme « 1000 chaufferies pour le milieu rural » qui est une initiative visant à la
fois à diminuer les GES (utilisation de biomasse forestière) et d’autonomisation énergétique
des communes en termes d’approvisionnement (Communes forestières, 2010). Le PAT ouvre
des pistes de développement pour le bois énergie basé sur un constat central de sous
valorisation de la ressource forestière dans le PNR avec un excédent mobilisable de 120.000
tonnes annuel (Figure 4). L’autre constat est l’augmentation de projets d’installation de
chaufferies bois collectives (et chaudières individuelles) sur le territoire.
28
Figure 4 Ressources forestières mobilisables et consommations du PNR Source : PAT
La question de l’émergence et de la structuration de la filière bois intégrant le bois énergie est
alors un enjeu central.
Les enjeux identifiés par les différents acteurs interrogés relatifs à l’opportunité de développer
le bois énergie sont :
1. Autonomie énergétique
2. Localisation de l’approvisionnement
3. Mobilisation de la forêt privée
4. Structuration de la filière
5. Régularité d’approvisionnement
6. Régulation ou organisation de marché
7. Qualité du produit
8. Efficience énergétique
o L’autonomie énergétique par valorisation de la ressource locale
L’installation de chaufferies collectives suppose une régularité de l’approvisionnement
tant sur la qualité que sur la quantité. La Figure 5 résume de manière schématique
l’organisation de l’approvisionnement des chaufferies en biomasse. En résumé, il s’agit
d’accorder l’offre à la demande et de mesurer la capacité réelle que le territoire peut fournir
en bois énergie de manière continue en volumes et en qualité. L’étude en amont des volumes
de bois mobilisables est un préalable à tout nouveau projet d’implantation. Il ne faut pas
négliger le risque de déstabilisation des autres secteurs de la filière bois en cas de réallocation
de la ressource.
29
Figure 5 Origine du bois énergie en fonction du type de chaufferie, Durand 2014, d'après
interviews d'acteurs.
Ces questions de réallocation de la matière première pose la question de l’organisation
territoriale entre la demande et l’offre. Le bois énergie s’inscrit aujourd’hui dans des échelles
de marchés locaux, jusqu’à des marchés internationaux exposés à la concurrence. Du niveau
de structuration entre l’amont et l’aval de la filière dépend la pérennité des projets bois-
énergie.
o La ressource forestière : l’enjeu de mobilisation sur la forêt privée
L’amont de la filière bois énergie est en grande partie lié à la ressource forestière. Il
est incontestable que la biomasse forestière restant à mobiliser sur le territoire du PNR est
importante. Le PAT souligne le fait que les surfaces forestières non mises à l’exploitation sont
largement suffisantes pour couvrir les besoins actuels et à venir de la demande en bois
énergie. Il existe cependant une série de contraintes majeures à la valorisation de cette
ressource au titre desquelles :
Une exploitation déjà pratiquement maximale de la forêt domaniale et
communale
Des marges d’exploitation principalement centrées sur la forêt privée
La très faible structuration de la propriété forestière privée
La capacité d’absorption en bois d’œuvre en aval de la filière
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Le bois énergie est issu principalement de trois sources : le bois bûche, la plaquette
(forestière ou pas) et le pellet. Dans l’esprit des décideurs de certaines collectivités
territoriales le bois énergie doit rester un sous-produit du bois d’œuvre. Il s’agit en fait de
valoriser les parties qui restent en forêt ou non exploitées en scierie : houppier, surbilles,
délignures, écorces, sciures (Figure 6).
Entendu sous cette forme de valorisation (sous-produit de bois d’œuvre), les volumes
potentiels mobilisables se situent essentiellement en forêt privée. Or le type d’organisation de
la gestion forestière pointe les carences d’exploitations et la difficulté à mobiliser cette
ressource. Le morcellement en petites propriétés, les multitudes de propriétaires et la variété
des usages envisagés en forêt privée rendent la coordination et l’exploitation de ces bois
extrêmement complexes. Si la forêt publique est à son optimum d’exploitation et a déjà ses
débouchés et si la forêt privée n’est pas en capacité de fournir une offre régulière en volume et
qualité, alors la structuration de la filière bois énergie sur le territoire du PNR peut s’avérer
compromise. Ainsi, la satisfaction de la demande en bois énergie ne sera territoriale que si la
structuration de l’offre s’améliore.
Figure 6 Allocation du bois en forêt aux différents usages (PAT 2010)
o Equilibre des marchés bois d’œuvre / bois énergie
L’augmentation de la demande en bois énergie, notamment en plaquettes forestières,
pose la question de nouveaux débouchés pour le bois d’œuvre. La plaquette forestière est
considérée par les décideurs politiques comme un co-produit ou sous-produit du bois d’œuvre,
donc plus de plaquettes signifie plus de bois d’œuvre. Il semblerait qu’il puisse y avoir des
marges de progression en volume de bois d’œuvre permettant de générer des sous-produits
valorisables en bois énergie. Mais cette piste d’évolution repose alors sur le secteur de la
construction qui devrait alors absorber l’offre en bois d’œuvre fournit par les scieries du PNR
(le PNR ne compte plus que 6 scieries : PAT, 2010). L’observation du secteur du bois
construction au niveau national et international montre que la situation est plus complexe.
L’Allemagne et l’Autriche, qui ont restructuré leur industrie de transformation du bois dans
les années 1980 et 1990, mettent sur le marché du bois d’œuvre standardisé à forte valeur
ajoutée (aboutage, lamellé collé, contre collé) pour les constructeurs. Les constructeurs se sont
habitués à ce type de produits qui répond aux standards de qualité attendu à un coût plus
faible que les modes de construction en bois massif. L’augmentation du volume de sciage sur
le territoire du PNR bute alors sur deux contraintes majeures : le potentiel de débouché en
bois d’œuvre est capté par les pays ou régions limitrophes et le bois d’œuvre produits par les
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scieries du PNR n’est pas compétitif sur le marché du bois construction standard.
L’augmentation des volumes de sciage dont dépend l’augmentation des volumes de connexes
de scieries (sous-produits) reste un enjeu central qui n’est actuellement pas résolu.
o Risques liés à l’approvisionnement en bois-énergie
Le projet de la Mouille est symptomatique du faible niveau d’organisation de la filière.
Le syndicat mixte de Morez, après sollicitation des communes de Morez, des Rousses, de
Prémanon et de Longchaumois (rejoint ensuite par 4 autres communes du secteur) a décidé de
financer une plateforme de stockage de 1200 M² pour de la plaquette forestière. Ces
communes, non satisfaites de la qualité de leur approvisionnement en plaquettes par une
société privée, ont joué la carte de la mutualisation pour sécuriser leur approvisionnement.
L’idée étant de s’approvisionner directement sur les parcelles soumises des différentes
communes adhérentes au projet de la Mouille. Il s’agit de sortir leur propre bois et de le
transformer en plaquettes forestières sur place. Cependant, la non prise en compte de la
gestion des plans de coupes de l’ONF et de l’absence de possibilité de vente de bois
communal d’une commune à l’autre a été problématique. Tous ces éléments ont fragilisé
l’approvisionnement de la chaufferie et un travail important auprès des propriétaires de forêts
privées du territoire a permis a permis d’éviter la rupture d’approvisionnement. L’existence
d’une desserte forestière à proximité des parcelles privées à permis de faciliter la mobilisation
de ce bois privé. Au-delà du risque systémique de rupture d’approvisionnement, le projet de
La Mouille est critiqué par d’autres acteurs (ETF et association de protection de
l’environnement) estimant qu’il n’a pas été pensé dans sa globalité, notamment sur le volet
approvisionnement. D’autres se soucient de la réallocation du bois de hêtre jusqu’alors
principalement valorisé en bois bûches et qui est maintenant déchiqueté en plaquettes
forestières. Ils y voient un manque à gagner et une raréfaction de la ressource bois bûche sur
le secteur concerné par le projet.
o Localisation de l’offre
Si la plaquette forestière ou le pellet sont les formes les plus courantes
d’approvisionnement des chaudières bois-énergie, d’autres solutions peuvent être adaptées
comme le bois bûche, les surbilles ou les grumes de bois de hêtre. Le projet de La Mouille,
après les ratés de lancement, a trouvé une issue dans cette voie en déchiquetant les hêtres
communaux. Le gisement de feuillus, en accord avec la gestion de la futaie jardinée, peut
répondre en partie à la demande croissante en bois énergie. Cependant certains institutionnels
et professionnels de la filière ont souligné le fait que 2/3 de ces volumes sont vendus hors
PNR (1/3 en Italie et 1/3 dans les régions limitrophes). Cela est certes une preuve que la
ressource en feuillus est suffisante sur le territoire, mais la valorisation en bois énergie
échappe aux acteurs du PNR, les services déconcentrés de l’Etat estimant même qu’il n’existe
pas de marché pour le hêtre au niveau régional.
De même, l’approvisionnement des petites unités (chaudières bois domestiques), qui
fonctionnent essentiellement au pellet (ou bouchon) dépend très largement d’entreprises et de
matière première extra territoriales. L’Italie détient une importante part de ce marché en
proposant une filière intégrée qui offre à la fois un produit de qualité (Poêle) et des
consommables (pellet, bouchon), dont une partie est fabriquée avec du bois jurassien.
o Autonomie et efficience énergétique
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Il est notable de constater une divergence de visons entre les institutions ou
collectivités territoriales et les professionnels du bois énergie sur la nature et l’origine de la
ressource. En effet, pour répondre au défi du dérèglement climatique et à la baisse des
émissions de GES il est essentiel pour les collectivités territoriales (CT) que
l’approvisionnement reste local. Une CT insiste sur la nécessité d’articuler un programme
bois énergie en cohérence avec la question de l’isolation des bâtiments tandis qu’une autre
pointe le danger d’envolée des prix de ce type d’énergie. Les élus locaux ont une vision plus
pragmatique du bois énergie : certes il s’agit d’améliorer l’efficience énergétique des
bâtiments publics ou collectifs, mais il s’agit aussi de s’assurer une autonomie
d’approvisionnement. Ces derniers souhaitent globalement cumuler une baisse des coûts sur
leur facture énergétique et une sécurisation des approvisionnements.
o L’énergie un marché ouvert
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Au niveau des professionnels du bois énergie, qu’il s’agisse des producteurs de plaquettes
ou des exploitants de chaufferies collectives, la question d’un approvisionnement local parait
peu prégnante. Ces entreprises sont dans une logique de marché ouvert, elles sont à la
recherche, d’une part, de marges maximales et, d’autre part, de rendements énergétiques
optimums. Un exploitant de chaufferie collective recherchera le meilleur rapport qualité/prix
sur la plaquette, la qualité de la plaquette étant entendue par sa taille et son degré d’humidité.
Certains producteurs de plaquettes ne conçoivent pas leur produit comme sous-produit du bois
d’œuvre. Leur matière première est issue de différents secteurs, à savoir du connexe de
scierie, du bois de déchetterie, du refus de compostières, du recyclage des palettes, des
surbilles (bois rond) mais aussi de la grume entière. La Figure 7 résume schématiquement les
positions des différents acteurs impliqués dans la problématique du bois énergie.
Figure 7 Positions des différents acteurs impliqués dans la problématique du bois
énergie
Cette logique de marché concurrentielle fragilise la filière bois qui souffre d’un déficit
de structuration. Le bois énergie entre en concurrence directe avec d’autres secteurs de la
filière au premier lieu, celui du bois industrie. Le bois industrie comprend les papeteries et les
fabriquant de panneaux (type Novopan, isorel, OSB, etc.). La matière première de ces
industries est la même que celle du bois énergie, il s’agit essentiellement des connexes de
scieries (sciures, délignures, bois de mauvaise qualité, écorces) mais aussi des déchets bois
issus des déchetteries. Cette concurrence sur la matière première crée une tension sur le
marché et une volatilité des prix. Des producteurs de plaquettes se plaignent d’une
augmentation de 25% du prix sur les quatre derniers mois, ce qui fait même dire à l’un d’entre
eux que le fioul n’augmentera jamais dans de telles proportions et que le bois énergie reste un
placement incertain. Cette inflation des prix profite aux scieries qui voient leurs déchets
prendre de la valeur. Une petite scierie du PNR indique que cette inflation lui permet de voir
34
sa vente de connexes participer à hauteur de 4% du chiffre d’affaires. La Figure 8 reprend de
façon schématique les risques de réallocation de la matière première en fonction des cours de
marché.
Figure 8 Risques de réallocation de la matière première
Les interrogations que soulèvent les enjeux de ressource, de structuration de filière et
de tension de marché sont de deux natures :
La capacité de la demande croissante en bois énergie à structurer l’offre
La forme et la nature de la régulation du marché bois énergie
En accompagnant la valorisation de la ressource forestière, le PNR suscite la réflexion
sur le débouché bois-énergie. La concertation et le travail avec les collectivités locales sur la
structuration de la demande en bois énergie via la construction de chaufferies en réseaux de
chaleur est une partie de l’enjeu. Il semblerait que la structuration de la demande ne suffise
pas à organiser l’offre en amont, notamment sur la mobilisation de la forêt privée. L’enjeu de
la structuration et de la régulation de l’approvisionnement est une des clefs pour organiser
l’amont de la filière. La mise en place de dispositifs du type contrat d’approvisionnement
pluriannuel entre gestionnaires de chaufferies (publics, privés ou en partenariat public/privé)
et propriétaires forestiers (organisés en ASA et/ou avec des coopératives forestières) serait un
levier efficace de structuration de l’offre.
35
Enfin, il s’agit d’interroger plus globalement la pertinence de l’installation de réseaux
de chaleur collectifs. D’une part les subventions à l’installation sont en diminution d’après les
acteurs interrogés et d’autre part, l’amélioration de l’isolation des bâtiments publics ou
collectifs (qui est une bonne chose en soit) rend la question du réseau de chaleur moins
pertinente. Une communauté de communes s’interroge à long terme sur la rentabilité de telles
infrastructures. En effet le bon fonctionnement et l’efficacité énergétique d’un réseau de
chaleur suppose une demande énergétique conséquente ce que l’amélioration de l’isolation de
l’habitat tend à réduire. Des unités de production de chaleur moins puissantes et non
connectées en réseaux s’avèreront probablement plus efficientes dans quelques années.
b) Conciliation des différentes représentations des fonctions de la
ressource
La prise en compte de tous les usages de la forêt est le second registre d’enjeux
exprimés par les acteurs. Les enquêtes réalisées nous ont permis d’identifier trois types
d’attente vis-à-vis de la forêt : environnemental, économique en lien avec la filière bois et
touristique. Les positions de chacun des acteurs sur ces thématiques sont sources de conflits
(Figure 9).
Figure 9 Schéma des différents conflits autour des activités de la filière bois
Conflits activités économiques et impacts environnementaux
L’un de ces conflits est lié à l’impact des activités d’exploitation de la ressource bois
sur l’écosystème forestier. Les règlementations environnementales rendent méfiantes
certaines institutions et sont incomprises par les professionnels de l’exploitation du bois qui
craignent une mise sous cloche du territoire. Le modèle d’exploitation en futaie jardinée
spécifique au Haut-Jura est source de tensions.
activités économiques
activités touristiques
acteurs environnementaux futaie jardinée
milieu idéal pour Grand Tétras
gestion forestière
Périodes d’abattage,
dessertes forestières
paysage caractéristique
attrait touristique: Ski, VTT, Randonnée
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La première illustration est la diversité des points de vue autour de la préservation du
Grand Tétras. Le système d’exploitation en futaie jardinée est propice à la population du
Grand tétras. Cependant, les zones protégées sont « contraignantes » pour les exploitants
forestiers dans les zones protégées. Afin d’éviter de perturber l’espèce, la clause tétras interdit
l’exploitation de la forêt entre le 1er
décembre et le 30 juin. Les associations de protection de
l’environnement estiment nécessaire de mettre en place un système règlementaire pour le
respect des normes Tétras, pourquoi pas sous l’impulsion du Parc. Cette clause est
difficilement applicable dans les forêts privées. En effet, les agents de l’ONF pouvaient
autrefois l’imposer aux propriétaires mais ils n’ont plus cette possibilité depuis le changement
de régime.
De la même manière, les contraintes de l’exploitation en futaie jardinées ne sont pas
forcément conciliables avec la mécanisation. Gérer une forêt sur le modèle de la futaie
jardinée, c’est aussi diminuer l’impact de gros engins mécaniques sur le tassement des sols.
Cependant, certaines entreprises de travaux forestiers ont souligné que futaie jardinée et
mécanisation n’étaient pas forcément compatibles. Les engins sont toujours plus gros et il est
plus simple pour l’exploitation de couper sans sélectionner. Par exemple, les ETF ne
comprennent pas les réglementations qu’ils jugent trop contraignantes (ornières). En effet, ils
se doivent de répondre aux commandes sous peine de perte de part de marché : ils sont sous la
pression des acteurs aval.
Le PNR est parfois identifié par les acteurs comme un protagoniste de cette
« surprotection » de l’environnement. Pourtant le PNR a vocation au développement
économique et considère qu’ « il ne faut pas faire une fixation sur les contraintes
environnementales ».
La prise de conscience de l’importance environnementale de la forêt et de sa gestion
en futaie jardinée par l’ensemble des usagers sont des enjeux capitaux pour construire une
vision commune autour de la filière bois sur le territoire.
Conflits activité touristique et activité économique (exploitation
forestière)
La forêt est aussi un lieu récréatif et propice à de multiples activités touristiques. A cet
égard, l’offre s’oriente vers un tourisme « 4 saisons » qui répond à des installations et des
pratiques différentes selon les périodes de l’année. Cependant, les pratiques touristiques sont
source de conflit avec les bucherons. Une institution du tourisme déclare qu’il existe une
méconnaissance de la fonction productive de la forêt et que cela a des conséquences sur la
perception de la forêt par le public. Des plaintes ont été rapportées sur la dégradation de la
forêt liée à la coupe des arbres. Dans les zones plus humides, la qualité des sentiers de
randonnée est impactée par le passage des engins mécaniques. La circulation d’un nombre
important de personnes limite les horaires d’intervention des exploitants forestiers de 5 heures
à 10 heures du matin. Une volonté de concilier les usages est mise en avant mais peu de
leviers sont proposés. Par ailleurs, Les ETF soulignent leurs difficultés à travailler lors de la
fonte des neiges. A cause du damage des pistes, la neige fond moins vite et retarde le moment
d’accès aux dessertes forestières.
Selon certains représentants des territoires de projets, la vocation touristique et
pédagogique de la forêt est encouragée, mais au détriment de la vocation économique liée à la
filière. Or, les acteurs du tourisme ne se sentent pas inclus dans la concertation avec le PNR.
Ils jugent qu’ils n’ont pas assez de connaissances sur les problématiques d’exploitation du
bois. Une de leur proposition est d’instaurer un décret qui leur permettrait de travailler plus en
lien avec le PNR, de dialoguer avec les acteurs de l’amont de la filière pour comprendre leurs
contraintes et diffuser les informations auprès des touristes.
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En croisant les avis d’acteurs de différents groupes, il ressort un manque de lisibilité
sur une vision stratégique partagée. Un appui de l’Etat ou des régions, via des dispositifs plus
généraux est une proposition plusieurs fois entendue au cours des entretiens. Le PNR pourrait
alors jouer un rôle de relais.
Mais l’activité touristique n’impacte pas que l’activité économique. L’affluence
humaine a des conséquences également sur l’environnement.
Conflits activités touristiques et impacts environnementaux
Entre usagers de la forêt pour le loisir et protecteurs de l’environnement, les volontés
ne sont pas toujours en accord. Ainsi, les chemins de randonnées balisées pour l’été sont
également empruntés en hiver par les touristes alors qu’il est demandé aux exploitants de ne
pas intervenir durant cette période. Les règles devraient être les mêmes pour tous et
applicables de la même manière.
Pour préserver l’environnement, des zones de protection naturelle peuvent être des
outils intéressants, mais elles peuvent générer un nouvel attrait touristique. Cela risquerait
d’aviver les conflits entre les activités touristiques et les impacts environnementaux et
économiques (groupement forestier Haute Joux).
De nouveau, un manque de communication est mis en avant par les gestionnaires de
sites nordiques. Entre les acteurs qui travaillent à la protection de l’environnement et les
gestionnaires des activités touristiques, les problématiques des uns et des autres ne sont pas
connues. Ici, le PNR apparait comme légitime pour gérer ce type de conflit car il est « très
important que cette problématique soit traitée au niveau local ».
Sur le territoire, le PNR a un réel travail à effectuer. Il apparait comme légitime pour
animer le réseau d’acteurs et s’assurer que chacun ait connaissance des enjeux
environnementaux. En effet, ces problématiques concernent l’ensemble du territoire et
peuvent impacter les activités économiques et touristiques. De plus, les vocations 1 et 2
inscrites dans la charte du PNR («Un territoire construit, vivant et animé ensemble », « Un
territoire responsable de son environnement ») sont en lien direct avec ces problématiques.
Des acteurs sont force de proposition. Ainsi, un entrepreneur forestier a évoqué la possibilité
de travail complémentaire entre les outils d’exploitation forestière. La traction animale pour le
débusquage et le débardage mécanique, afin de ramener le bois de la parcelle à la route,
peuvent être utilisés de concert pour tenter de concilier préservation des sols et rentabilité
économique. C’est ainsi qu’en Belgique, une loi oblige l’utilisation de la traction animale
pour les coupes de première et de seconde éclaircie. Les possibilités d’innovation dans le
domaine sont larges et pourraient constituer un axe de travail à l’échelle territoriale.
Les conflits générés par les différents usages de la forêt ne sont parfois que le fait d’un
désaccord entre deux personnes, représentantes de différents organismes mais qui parlent plus
en leur nom que dans l’intérêt général. Il faut alors distinguer ces situations des réelles
problématiques sur le territoire pour mettre en place une action ciblée et faire concilier
durablement les fonctions de la forêt.
En tant qu’animateur du territoire, le PNR impulse des projets qui demandent diverses
utilisations du bois. Prioriser les usages selon les capacités d’exploitation actuelles puis se
projeter en tenant compte des ressources potentielles serait peut-être une solution pour
diminuer les conflits et mieux accorder les acteurs.
38
c) Création et maintien de la valeur ajoutée sur le territoire
Plusieurs définitions de la qualité
La définition même de la qualité du bois est très différente d’un acteur à l’autre.
Une première définition concerne la qualité mécanique, caractéristique du bois
d’altitude : une pousse lente lui assure une grande densité des veines et créé ainsi un bois très
solide. Ces caractéristiques correspondent à des essences comme l’épicéa, qui pousse à une
altitude supérieure à 1200 m et peut croître jusqu’à présenter un diamètre d’environ 60-70 cm.
D’autres acteurs évoquent la qualité du bois à travers l’homogénéité des grumes, qui
correspond à un lot de bois d’âge et d’essence semblables, caractéristique des futaies
régulières. Ce bois très standardisé et mécanisable est importé d’Autriche, d’Allemagne ou
d’Europe du Nord. Pour ces acteurs, le bois du Haut Jura géré traditionnellement en futaie
jardinée n’est pas synonyme de qualité : les coupes dégagent du bois de caractéristiques
hétérogènes, appartenant à plusieurs essences, de tailles et de formes variées.
Dans une moindre mesure, certains acteurs font le parallèle entre la qualité du bois et
la conservation des qualités écologiques et écosystémiques forestières : ils associent la
ressource à une biodiversité remarquable, illustrée par exemple par la présence de « vieux
bois » en forêt, des troncs de grand diamètre qui abritent des pics verts. Pour ces acteurs, la
qualité passe par le maintien de la futaie jardinée.
Qualité et utilisation du bois
Ces différentes définitions sont à mettre en relation avec les activités des acteurs qui
portent ces représentations.
Les acteurs du tourisme et ceux ayant un rôle dans la protection de l’environnement
sont attachés à la conservation de la futaie jardinée, qui représente un atout touristique ou un
support pour une biodiversité et des écosystèmes remarquables. Ainsi, une association de
protection de l’environnement a associé un bois de qualité à la présence du Grand Tétras,
oiseau emblématique du Jura aux exigences écologiques particulières. Pour un acteur du
tourisme, la qualité du bois tiré de la forêt contribue à l’image de marque du territoire.
Les élus vendent la production issue des bois communaux aux entreprises de 1ère
et de
2ème
transformation. Ils sont globalement peu sensibilisés sur la qualité des bois. Dans le cadre
du programme LEADER, l’ONF et le PNR ont proposé des formations sur un outil de mesure
de la qualité du bois. Des témoignages ont donné un retour plutôt mitigé de ces formations :
d’une part l’outil proposé n’était pas assez discriminant. Selon l’ONF : « On peut faire du
bois de qualité un peu partout, ce n’est pas une spécificité du Haut Jura ». De plus, peu d’élus
ont fait un retour sur cette formation, ou ont montré une connaissance de la qualité de leur
bois. La plupart d’entre eux ne semble pas sensible à la qualité mécanique du bois du Jura.
Leur vision de la forêt reste très tournée vers la rentabilité. Un élu explique : « Ma forêt, c'est
comme mon compte en banque ». On peut cependant noter que d’autres élus sont conscients
des atouts touristiques que présente la valorisation de la futaie jardinée et font l’amalgame
entre la qualité et ce mode de gestion.
Les entreprises et les artisans qui utilisent le bois comme matière première à des fins
économiques soulignent une hétérogénéité dans la qualité des bois. Ils reconnaissent la qualité
mécanique du bois du Jura, mais, selon eux, elle est utilisée uniquement par les activités
traditionnelles : charpentes traditionnelles, tavaillons, layetterie. Ces activités sont
39
progressivement remplacées par de nouvelles techniques qui permettent de mécaniser
l’activité : les grumes de plus gros diamètre ne passent pas dans l’abatteuse par exemple et les
scieurs recherchent donc un bois plus standardisé. De plus, le bois du Jura ne remplit pas
certaines caractéristiques qui définissent selon eux un bois de qualité : séchage, classe du bois
(pour les constructions extérieures). Les scieries et les entreprises de construction arrivent à
une qualité mécanique semblable au bois dit de qualité par des techniques de transformation
du bois du Haut Jura (lamellé-collé). Enfin, les architectes et les bureaux d’étude recherchent
aussi un bois standardisé pour simplifier les travaux.
Mise en place d’un label
La mise en place d’un label permettrait de valoriser le bois du Jura pour ses qualités
mécaniques et ses caractéristiques propres. L’intérêt de la mise en place d’un label est assez
discuté parmi les acteurs. Les services de l’Etat s’interrogent sur la notoriété du bois du Jura :
ils supposent en effet que le bois, dont les qualités ne sont connues que localement, et qui
serait labellisé « du Jura », n’a pas une image assez forte pour qu’il soit reconnu au niveau
national et européen. Ils se questionnent aussi sur la valeur ajoutée réelle du bois et sur le
potentiel de production qui justifierait la mise en place d’un label. Une OPA doute ainsi que le
label soit pris en compte par les entreprises, qui ne cherchent pas un bois labélisé « Bois du
Jura », mais un bois homogène et standardisé. Le label doit donc aller de pair avec le maintien
d’activités traditionnelles, utilisant cette définition de la qualité du bois.
Les entreprises de construction, les bureaux d’études, les architectes sont globalement
favorables à la mise en place d’un label. Avant sa mise en place, ils insistent sur la nécessité
de développer la communication autour de la qualité du bois local. Beaucoup soulignent le
lien entre le territoire et le bois, et la nécessité de préserver ce lien par un label géographique
et par la valorisation du bois. Une association de promotion du bois énergie déclare ainsi :
« Le bois et le Haut-Jura, c’est une belle histoire d’amour. C’est la meilleure ressource que
l’on puisse valoriser ». Finalement, l’avancement du dossier sur la mise en place d’une AOC
« Bois du Jura » est assez discuté ; certains acteurs affirment qu’il est abandonné, tandis que
pour d’autres, le dossier est en passe d’être validé par l’INAO. Face à ces difficultés, un autre
label, moins contraignant, a été mis en place : la marque « sapin du Jura ».
Débouchés sur le marché pour un bois de qualité ?
Le principal frein à l’utilisation de bois local, mis en avant par les entreprises, les
bureaux d’étude ou encore les instances plus « officielles » (Services déconcentrés, ONF) est
attribué à l’absence de marché pour ce bois de bonne qualité mécanique.
Le problème est en partie lié au fait qu’historiquement, les bois ne sont pas achetés sur
pied, mais par parcelle. L’ONF montre ainsi que, si des outils discriminants existent pour
classer les arbres en fonction de leur qualité, ils sont d’une efficacité moindre puisqu’ils
servent à fixer un prix par lot mais chaque lot comprend des bois de qualité hétérogène. Une
des solutions serait donc de trier le bois en amont, via un développement du tri en bord de
route, pour pouvoir constituer des lots de bois de qualité semblable, éligibles ou non à un
label.
Localement, le bois de qualité mécanique n’est utilisé que par des marchés de niche.
Les professionnels de la gestion forestière sont optimistes et voient un marché pour ce bois en
charpente traditionnelle. Il faudrait, selon eux, dynamiser la filière courte en créant une
40
demande en bois construction. Les institutions et associations à échelle d’action régionale
insistent également sur l’appartenance de cette production locale à un marché régional voire
national ou européen. Pour eux, il faut aller chercher le marché en dehors des limites du
massif jurassien, par la création du label et surtout par la communication. Augmenter la
demande suppose donc de mobiliser les ressources disponibles en forêt privée pour augmenter
l’offre.
41
Qualité du bois QUALITE MECANIQUE
QUALITE
STANDARDISEE
Mode de gestion
de la forêt et
caractéristiques
du bois obtenu
- FutaieJardinée
- Pousse lente
- Bois d’altitude
Résistance mécanique du
bois d’œuvre
- Futaie régulière
Bois homogène standard:
Lamellé collé, Contre collé,
abouté
Stratégie de
valorisation du
bois
- Maintien du type de
sylviculture en futaie jardinée
- Promotion des qualités
mécaniques du bois d’altitude
- Investissement en capital
technique
- Mutualisation des moyens
Type de produit
réalisable Charpente traditionnelle
Charpente moderne et / ou
légère
Tableau 3 : synthèse des enjeux liés à la gestion du bois par l'approche de sa qualité.
Comme le résume le Tableau 3 ci-dessus, la qualité du bois est définie très
différemment selon les acteurs. Ils opposent globalement un bois standardisé et mécanisable,
utilisé principalement par les entreprises, à une qualité mécanique du bois, caractéristique du
Haut-Jura.
L’enjeu principal concerne donc la stratégie de valorisation du bois du Jura :
Faut-il privilégier les débouchés sur les marchés de niche qui recherchent l’image du
bois local pour des activités traditionnelles ? L’émergence d’un label géographique
pourrait ainsi répondre à cet enjeu.
Ou faut-il développer la technicité et l’ingénierie pour produire un bois plus
standardisé qui pourrait être utilisé par une majorité d’entreprises locales ? Le
développement technique des scieries et une réflexion sur la gestion forestière seraient
alors des leviers pertinents pour répondre à cette problématique.
d) Maintien et valorisation du capital humain et des savoir faire
Selon quelques acteurs intervenus il existe un problème de renouvellement des
générations de bûcherons lié au manque d’attractivité de ce métier. En effet, cette profession
n’a pas bénéficié de beaucoup d’évolutions techniques et ses conditions d’exercice restent
difficiles. De plus, la baisse de la rémunération des bûcherons les oblige à réaliser un nombre
d’heures plus important pour se dégager un revenu et rentabiliser leur activité.
Les questions liées aux conditions de travail et de rémunération font aussi partie des
enjeux. Des travailleurs étrangers acceptent les conditions de travail et de rémunération
actuelles. Ils s’ajoutent à la concurrence de plus en plus forte des machines qui oblige les
ouvriers à diminuer leur salaire pour rester compétitifs. Par contre, les caractéristiques
physiques de la forêt du Jura sont plus appropriées à l’activité manuelle. Le maintien du
travail manuel et l’amélioration de ses conditions d’exercice constituent donc un enjeu pour le
maintien de l’exploitation de la forêt en futaie jardinée.
VS
VS
42
Si l’activité de bûcheron souffre d’un déficit de valorisation, d’autres métiers de la
transformation du bois ont besoin de soutien pour le maintien des savoir-faire existants et le
développement de nouvelles compétences. Cela passe notamment par le maintien de la
formation de scieur au lycée des métiers du bois à Mouchard. Un autre enjeu est la nécessité
pour les scieurs de s’adapter aux nouvelles demandes du marché en faisant évoluer leurs
productions, ce qui peut passer par l’acquisition de nouvelles compétences.
D’autres activités de transformation, plus artisanales et traditionnelles du Jura, sont en
recul et menacées de disparition faute de transmission. C’est le cas de la layetterie : l’un des
derniers producteurs explique que la reprise de son activité est compromise faute d’arriver à
réunir, chez une même personne, les compétences et les financements nécessaires. Pour
pallier à ce problème et favoriser l’émergence de vocations dans son métier, le sanglier
s’attache à faire connaître son activité auprès des touristes pour le valoriser. Le tavailloneur
souligne également l’enjeu de formation et de certification de son métier pour le pérenniser,
même s’il s’est au départ appuyé sur des savoir-faire étrangers pour les ramener sur le
territoire.
Les entreprises soulignent donc un enjeu fort de formation et de transmission de
compétences tout au long de la filière bois sur le territoire du Jura. Selon elles, cela doit
permettre de rendre les métiers du bois plus attractifs, de conserver des savoir-faire
traditionnels tout en innovant pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs et
développer de nouveaux débouchés. Toutefois, même si les élus et les acteurs institutionnels
s’interrogent globalement sur la pérennité de la filière bois, ils évoquent rarement la formation
et le développement des compétences comme des leviers potentiels pour répondre à cet enjeu.
43
B. Comparaison des enjeux identifiés par les acteurs et les dispositifs existants
Dans cette partie, l’objectif est d’interroger l’adéquation entre les dispositifs mis en place
sur le territoire et les enjeux identifiés par les acteurs. L’analyse est réalisée vis-à-vis des 4
enjeux transversaux identifiés sur le terrain.
a) Organisation de la filière et régulation des marchés
Les politiques de structuration de la demande en bois sont nombreuses. Le PNR
intervient notamment au travers de dispositifs tels que LEADER et le PAT, aux côtés de
nombreux autres financeurs comme le Conseil Régional et l’ADEME, qui stimulent les
débouchés tels que le bois construction et particulièrement le bois énergie (aides fiscales pour
l’installation de chaudières, Fonds de Chaleur, accompagnement technique, conseil, etc.). Ces
dispositifs peuvent avoir pour conséquence de survaloriser un usage du bois par rapport à un
autre, notamment le bois énergie. Ces politiques suivent un objectif de structuration de la
filière, en particulier dans le bois énergie, mais leur action se concentre surtout sur la demande
et très peu sur l’offre dans le domaine de l’extraction du bois. Or l’un des principaux enjeux
identifiés par les acteurs est un problème d’approvisionnement en bois. Même si la ressource
est très importante sur le territoire, elle n’est pas mobilisable rapidement à dire d’acteurs. En
effet, une partie importante de la forêt est privée. Or l’exploitation de celle-ci est peu
structurée du fait de la diversité des propriétaires. Une action sur la demande stimule
davantage la compétition entre les débouchés pour ces productions. La politique globale
menée sur le territoire, en stimulant la demande, ne répond donc pas au principal enjeu des
acteurs qui réside davantage sur l’organisation de l’approvisionnement : celui-ci impliquerait
de cibler davantage d’autres moyens de production par la forêt privée ou communale par
exemple.
Comme le souligne l’évaluation de LEADER, l’intervention du PNR est limitée : il favorise
un contact ponctuel entre les acteurs par l’intermédiaire des projets, sans objectif clair sur leur
coordination à long terme. La région Franche-Comté se présente comme moteur dans la mise
en œuvre de politiques d’organisation de la filière : programmes d’action collective,
conférence filière « forêt-bois », pôle excellence bois, etc. L’ensemble des dispositifs montre
que l’aval de la filière est privilégié dans la plupart des cas, alors que les attentes du terrain
portent davantage sur l’organisation en amont. C’est pour répondre à cette problématique de
cloisonnement entre les acteurs que l’ADIB a été créée au niveau régional. Les acteurs
regrettent toutefois qu’à cette échelle, les intérêts spécifiques au territoire ne sont pas
forcément représentés : en effet, les entreprises présentes sur le PNR ont une taille souvent
réduite par rapport aux autres structures régionales. Une telle démarche de concertation à
l’échelle du territoire est sollicitée par l’ensemble des acteurs, qui demandent davantage
d’appui en amont de la filière. Le PNR a initié des réunions entre différents acteurs, mais
certains d’entre eux se sont sentis exclus de cette coordination (réunions la journée qui
excluent les professionnels). A titre d’exemple, à travers le projet de La Mouille et avec le
PAT, le PNR mène une politique de structuration de la filière qui permet d’estimer la
ressource disponible mais manque, à dire d’acteur, d’une réflexion globale sur la filière. Les
entretiens de terrain soulèvent en effet la question de l’efficacité de telles démarches, qui
n’impliquent pas tous les acteurs ni l’ensemble des problématiques, notamment en matière
d’approvisionnement.
44
b) Conciliation des différentes représentations des fonctions de la
ressource
Les actions menées par le PNR ne permettent pas d’apporter des solutions concrètes
en matière de conciliation des différents usages de la forêt. Par exemple, le PNR n’a pas
expérimenté de projet de conciliation de l’exploitation du bois avec les enjeux de protection
de l’environnement et de maintien du système de futaie jardinée. Le Parc stimule l’aval et
l’utilisation de la ressource, sans agir directement sur les tensions et impacts en matière de
gestion forestière, notamment d’un point de vue environnemental. La protection de
l’écosystème forêt est toutefois assurée par des associations militantes, soutenues par des
dispositifs publics et réglementaires (Schéma régional de cohérence écologique, police de
l’environnement). Les acteurs de l’exploitation de la forêt adoptent une position de défense
face à cet enjeu. Il s’agit donc de palier à un manque de communication par rapport à ces
enjeux portés par des acteurs différents.
c) Création et maintien de la VA sur le territoire
Il existe différentes stratégies de création de valeur ajoutée à partir du bois local. La
première concerne la valorisation des spécificités du bois du Jura, notamment ses qualités
mécaniques. La deuxième, s’appuie sur la standardisation des bois pour produire en plus
grande quantité. Le Parc, à travers le dispositif LEADER, a fait le choix de s’orienter
davantage sur la première stratégie, via une utilisation du bois sur des marchés spécifiques
pour valoriser la qualité mécanique. Ces démarches de valorisation des spécificités du bois
mobilisent beaucoup d’acteurs adhérents à des certifications : la marque Parc mise en place
par le PNR, parallèlement à la marque Sapin du Jura et à l’AOC portées par l’ADIB.
L’analyse des entretiens du terrain a révélé une méconnaissance autour de ces certifications.
Cela pose question quant à la plus-value réelle apportée par ces signes de reconnaissance de la
qualité et de l’origine.
Pour créer et maintenir de la valeur ajoutée sur le territoire, les acteurs identifient
comme premier enjeu, l’utilisation du bois local dans les constructions. Les objectifs de
LEADER sont très pertinents vis-à-vis de cet enjeu en impulsant des dynamiques locales qui
permettent d’acquérir des compétences territoriales. Le PNR est le seul acteur identifié dans la
promotion de ce matériau de construction, mais les acteurs rencontrés rappellent que pour
garantir la pérennité des entreprises du territoire, l’enjeu majeur reste d’exporter de tels
savoir-faire.
Le programme LEADER propose une politique assez pertinente pour cet enjeu identifié par
les acteurs, en contribuant à l’activité des entreprises locales, via un soutien à l’investissement
par exemple. Le PNR favorise les retombées économiques de la forêt sur le territoire mais
n’intervient donc pas directement sur les moyens de production des entreprises. A l’échelle
supra-territoriale, il existe des aides individuelles, à l’investissement ou à la compétitivité
allouées par la région. Celles-ci ne paraissent toutefois pas appliquées aux spécificités du
Jura : les petites entreprises du territoire ont peu mentionné ces soutiens. La question reste de
savoir si cette méconnaissance provient d’un manque d’information ou d’un défaut
d’accessibilité. De plus, certains acteurs évoquent une forme de concurrence entre ETF privés
et ONF pour les parts de marché liées à la production de bois.
45
Même si les projets LEADER ne se positionnent pas directement sur l’aide aux entreprises
locales, leur dynamique ainsi que la politique plus large du PNR participent au maintien de la
valeur ajoutée sur le territoire et au développement de circuits courts (les projets LEADER
présentés sont tous approvisionnés localement). Ces dispositifs accompagnent le
développement de compétences transversales au territoire, qui pourront servir pour valoriser
les produits à l’extérieur afin de générer de la valeur ajoutée supplémentaire. Le Parc a
assimilé cet enjeu et reste le seul acteur à promouvoir explicitement l’utilisation locale de bois
local. Les acteurs restent tout de même vigilants sur ce type d’approche : l’enjeu consiste à ne
pas se restreindre à une approche « localiste » pour pouvoir s’ouvrir à l’exportation des
productions. Cet aspect n’est, selon eux, pas suffisamment abordé dans les politiques
territoriales de valorisation des produits ; le territoire du PNR ne peut pas absorber toute la
production potentielle à haute valeur ajoutée, et l’image de qualité doit selon eux diffuser sur
les territoires alentours à des échelles variées. D’aucuns rappellent notamment que la filière
bois peut s’appuyer sur une valorisation locale pour se développer, mais reste dépendante
d’un marché bien plus vaste (national, voire mondial).
d) Maintien et valorisation du capital humain et des savoirs faire
En visant une contribution de la forêt à la durabilité du territoire, il semble manquer un
objectif LEADER stratégique centré sur l’aspect social. Celui-ci pourrait transparaitre sous la
forme d’un objectif stratégique visant à maintenir de l’emploi et à améliorer les conditions de
travail dans certains métiers tels que les bûcherons et les Entrepreneurs de Travaux Forestiers
(ETF) ; le cas des ETF, dont le travail est précaire, peu reconnu et pourtant indispensable dans
l’exploitation de la forêt reste emblématique. A dire d’acteur, rien ne semble engagé pour
rééquilibrer les pouvoirs tout au long de la filière et améliorer les conditions de travail des
producteurs à l’amont.
Enfin, pour territorialiser la filière, les acteurs identifient comme enjeux central la
transmission et la formation aux compétences spécifiques présentes sur le territoire. Le PNR
agit sur la promotion mais peu sur l’aide aux entreprises pour assurer cette conservation sur le
territoire. Il pourrait s’agir d’améliorer la qualification des acteurs au sein de la filière bois
dans le but de territorialiser les compétences. Le maintien des métiers et des savoir-faire
spécifiques de l’ensemble de la filière bois est en effet un facteur important de son marquage
territorial, en gardant sur le territoire les compétences et les acteurs nécessaires à son bon
fonctionnement. C’est sur cet aspect que les diverses politiques du territoire semblent parfois
insuffisantes pour répondre aux enjeux soulevés par les acteurs. Il existe une demande
importante du terrain : reconnaissance et développement des compétences, de la qualité de
travail des ETF, diffusion sur toute la filière de la plus-value dégagée en cas de valorisation de
la qualité du bois.
46
III. Préconisation
L’ensemble du travail d’analyse a permis de dégager quatre grands enjeux concernant la
territorialisation de la filière bois dans le Haut-Jura. Il est pertinent de dégager des
préconisations permettant de répondre à ces enjeux. Les éléments évoqués ci-après sont des
pistes d’actions pour le PNR dans son rôle de coordination des acteurs du territoire autour de
la ressource bois. Toutes les préconisations ne pourront sans doute pas être mises en œuvre
par le PNR. Parfois, un autre acteur, par sa compétence, son expertise sera plus légitime pour
conduire certaines d’entre elles.
Concernant l’organisation de la filière et la régulation du marché, les préconisations
suivantes sont envisageables :
• Appuyer le travail et le message du CRPF pour favoriser la mobilisation de la
ressource privée ;
• Intervenir auprès des acteurs qui créent l’offre de bois et ne pas uniquement
stimuler la demande ;
• Favoriser les contractualisations entre acteurs pour garantir la pérennité de leurs
activités ;
• Avoir un outil permettant de cerner les évolutions de l’offre et des usages du bois ;
Le développement de la filière passe par l’exploitation de plus de bois et cela suppose
notamment une meilleure mobilisation de la ressource représentée par les propriétaires
privés. Cependant, le morcellement des parcelles et le manque de dessertes forestières rend
difficile cette mobilisation. Le CRPF conduit, avec ses partenaires, un travail important pour
structurer les petits propriétaires privés en ASA, développer les dessertes et ainsi rendre
possible l’exploitation de ce bois. Dans une logique d’appui à l’organisation de la filière, le
PNR et ses partenaires peuvent donc soutenir et relayer l’action du CRPF.
Par ailleurs, les entretiens ont montré que la stimulation de la filière bois passe actuellement
surtout par un appui à la demande à travers, par exemple, la promotion des constructions en
bois ou le subventionnement des chaudières à bois déchiqueté. Cependant, il semble que
l’aide à la structuration de l’offre ne soit pas suffisamment soutenu. Ainsi, s’attacher à
l’accompagnement de l’ensemble des acteurs de la filière bois (propriétaires, ETF, scieries,
artisans…) pour les aider à répondre à l’évolution de la demande est un axe à ne pas négliger
pour construire une filière en cohérence avec les évolutions des attentes du marché.
Dans cette même idée, il faut préciser que certaines situations sont actuellement fragiles
dans la filière bois. Par exemple, en amont, les ETF souffrent d’une certaine précarité à cause
du manque de lisibilité sur leurs chantiers d’abattage dans l’année. D’un autre côté, en aval,
les chaufferies bois sont parfois confrontées à des difficultés d’approvisionnement en
plaquettes en termes de quantité, de qualité ou de régularité. Au sein de la filière, les autres
acteurs, comme les scieurs, peuvent aussi être confrontés à des soucis d’approvisionnements
et de débouchés. Ainsi, pour fournir à chacun la visibilité nécessaire à la mise en œuvre
d’investissements ambitieux pour l’avenir, il paraît important de développer la
contractualisation entre acteurs.
Enfin, pour avoir une vision de l’évolution des différents usages du bois et éviter de subir
des tensions de marchés, la mise en place d’un outil permettant de cerner ces évolutions
47
peut être pertinente. Cela permettrait aux entreprises d’avoir une vision globale des tendances
de la filière bois. Par ailleurs, les organisations professionnelles, les institutions et les élus
pourraient s’en servir pour définir les secteurs de la filière nécessitant des soutiens ou des
mécanismes de régulations. Un observatoire des marchés pourrait permettre d’avoir des
informations utiles aux différents décideurs pour mieux s’approprier les enjeux réels de la
filière.
Si une meilleure organisation de la filière et une connaissance plus précise des marchés peut
faciliter la création de valeur ajoutée dans le secteur bois, d’autres préconisations vont dans le
sens d’un renforcement de la création et du maintien de la valeur ajoutée sur le territoire :
• Appuyer le renforcement technique et l’innovation dans les entreprises de la filière
• Rendre clairement identifiable la qualité du bois du Jura: harmoniser les démarches
qualité
Pour que les entreprises de la filière, et particulièrement celles œuvrant pour la 1ère
et 2ème
transformation du bois, puissent répondre aux évolutions de la demande, il convient
d’appuyer le renforcement technique et l’innovation de celles-ci. En effet, ces entreprises
doivent souvent investir des sommes importantes pour faire évoluer leurs techniques de
productions et/ou innover. Si l’outil de prospective peut permettre de mieux cibler les
investissements nécessaires, il est aussi pertinent de trouver des systèmes de financements ou
de mutualisation des investissements afin de les rendre plus facilement accessibles aux
entrepreneurs. Les améliorations en termes de techniques de transformations doivent ainsi
aider à générer de la valeur ajoutée supplémentaire qui restera sur le territoire.
Si l’innovation technique permet de créer des produits à plus forte valeur ajoutée, la mise en
avant de la qualité est un autre moyen de produire de la valeur ajoutée non délocalisable.
Ainsi, l’étude a montré qu’il existe différentes démarches visant à promouvoir la qualité du
bois sur le territoire du Haut-Jura. Cependant, ces initiatives apparaissent plutôt dispersées et
elles ne contribuent pas à offrir une image claire et lisible de la qualité du bois du Jura sur
laquelle une politique commerciale peut réellement s’appuyer. Il semble donc nécessaire
d’harmoniser les démarches qualité pour rendre clairement identifiable la qualité du
bois du Jura. Ceci doit permettre de communiquer plus efficacement sur cette qualité pour
qu’elle soit reconnue et qu’elle génère une plus-value supplémentaire sur l’ensemble des
produits de la filière bois du territoire.
Au-delà des moyens techniques mobilisés et d’une qualité reconnue, il est nécessaire de
maintenir et de développer les compétences des acteurs pour rendre la filière plus productrice
de richesses profitables au territoire. Il y a donc un enjeu de maintien et de valorisation du
capital humain et des savoir-faire auquel les préconisations suivantes peuvent répondre :
• Appuyer le renforcement de l’attractivité des métiers des ETF
• Appuyer la reconnaissance et transmission des savoir faire traditionnels
• Favoriser le maintien et l’évolution des formations autour des métiers du bois
Le déficit d’attractivité des ETF a déjà été évoqué précédemment. Outre le manque de
visibilité de leur activité sur l’année, il résulte aussi de conditions de travail difficiles pour une
48
rémunération plutôt faible. Les évolutions techniques concernant l’abattage et le débardage du
bois sont plutôt passées par la mécanisation, le recours à des machines plutôt que par la
revalorisation des métiers traditionnels comme celui de bûcheron. Pourtant, si la filière bois
du Haut-Jura souhaite continuer à développer tout ou partie de son activité autour de la futaie
jardinée qui est difficilement mécanisable, il est important d’appuyer le renforcement de
l’attractivité des métiers des ETF. Au-delà de la contractualisation évoquée plus haut, il
semble donc nécessaire de trouver des avancées techniques pour les ETF et d’améliorer le
retour de la valeur ajoutée créée par la filière vers ces métiers.
D’autres métiers que les ETF souffrent d’un déficit de reconnaissance et pourraient être
amenés à disparaître s’ils ne sont pas soutenus. Ainsi, certains savoirs faire traditionnels du
territoire sont aujourd’hui difficiles à transmettre faute de personnes formées pour les
perpétuer ou de capitaux suffisants pour reprendre des entreprises. C’est le cas pour des
métiers comme la layetterie, le tavaillonnage ou encore la fabrication de jouets. Il ne s’agit
pas uniquement de conserver des savoirs- faire mais aussi de les valoriser autour d’une image
globale de qualité du bois du Haut-Jura. Il semble donc pertinent d’appuyer la
reconnaissance et transmission des savoir-faire traditionnels.
Enfin, pour conserver les compétences existantes, accompagner les évolutions techniques
des entreprises et faire évoluer les métiers du bois, il convient de favoriser le maintien et
l’évolution des formations autour des métiers du bois. La fermeture de certaines
formations est un signal qu’il faut entendre comme la nécessité de faire évoluer les dispositifs
de formations en même temps que les mutations qui se produisent dans la filière bois. La
formation doit être un levier pour apporter de nouvelles compétences utiles à l’évolution de la
filière et pour permettre l’ouverture de ses futurs acteurs vers les autres usages de la forêt.
Ce dernier point est d’ailleurs rattaché à l’idée de multifonctionnalité de la ressource
forestière qui nécessite d’aller vers une conciliation des différentes fonctions de la ressource.
Dans cette perspective, les préconisations suivantes ont été dégagées :
• Appuyer une/des instance(s) de concertation entre les différents usagers de la forêt
• Utiliser cette/ces instance(s) pour construire une vision partagée de l’utilisation de
la forêt
• Utiliser les travaux du PNR sur le changement climatique comme un outil de
prospective pour aider les acteurs de la filière à s’adapter aux évolutions de la
forêt
Actuellement, les acteurs de la filière bois ne sont plus les seuls utilisateurs de la forêt.
Cette ressource est mobilisée pour d’autres usages tant touristiques qu’à des fins de
préservation des biotopes et des espèces. Ainsi, des conflits exprimés ou latents se cristallisent
autour de cette ressource puisque les intérêts et les contraintes des différents usagers peuvent
être divergents. Pour faciliter l’interconnaissance entre ces personnes, il semble important
d’appuyer une/des instance(s) de concertation pour anticiper ou désamorcer les conflits
potentiels. En effet, s’il existe des instances permettant la rencontre des différents
professionnels de la filière bois au niveau régional (ADIB), il ne semble pas y avoir de
structure qui réunisse les divers usagers de la forêt tant à l’échelle régionale qu’à celle du
PNR.
49
L’émergence d’une telle instance doit rendre possible la construction d’une vision
partagée de l’utilisation de la forêt à l’échelle du territoire du Haut-Jura. Ainsi, au lieu de
laisser chacune des catégories d’acteurs se forger sa propre perception de la forêt, il semble
judicieux de les amener à co-construire un projet commun autour de cette ressource. Cette
démarche peut permettre à chacun de mieux comprendre le rôle des autres intervenants sur la
forêt et d’intégrer des dimensions plus larges et plus transversales à ses propres activités.
Pour terminer, l’utilisation des travaux du PNR sur le changement climatique comme
un outil de prospective peut permettre de mobiliser l’ensemble des usagers de la forêt autour
d’une réflexion commune. En effet, le changement climatique devrait influencer la future
composition de la forêt, ce qui aura des conséquences sur le type de bois à exploiter pour les
acteurs de la filière mais aussi sur l’évolution des biotopes et des espèces ou encore sur les
activités touristiques qui pourront être développées. Ainsi, ce travail de prospective du PNR
peut servir de levier pour réunir l’ensemble des acteurs autour d’une question commune qui
implique l’évolution à venir de chacune de leurs activités. Il peut donc être la base d’une
réflexion initiant la construction d’une vision commune pour la gestion de la ressource
forestière dans le Haut-Jura.
50
Conclusion
L’étude des dispositifs mis en place sur le territoire du Parc pour répondre à la
territorialisation de la filière bois permet de dresser un bilan des actions réalisées et du travail
à mettre en place par la suite.
Les projets LEADER ont été mis en place pour impulser des dynamiques sur le
territoire. Par rapport à la territorialisation, les projets étudiés répondent dans l’ensemble aux
critères identifiés. Cependant, il est à noter que ces projets n’ont, jusqu’à présent, pas permis
l’organisation pérenne de la filière. Même s’ils ne sont pas reproductibles en l’état, il serait
souhaitable que les innovations mises en place, les dynamiques de travail créées et
l’utilisation qui est faite de la ressource s’inscrivent dans la durée et cela, sans subventions.
C’est en ce sens que le PNR répond à la programmation LEADER mais l’impact escompté
semble avoir du mal à s’installer. De plus, du point de vue des trois dimensions du
développement durable, l’aspect environnemental est à améliorer car l’utilisation du bois doit
être raisonnée dans le cadre de la multifonctionnalité de la forêt. Il n’est pas toujours évident
d’évaluer une telle politique et encore moins les retombées avant la réalisation de l’ensemble
des projets mais le manque d’interlocuteurs à l’échelle territoriale évoqué par les acteurs
rencontrés est antérieur à la dernière programmation LEADER.
En matière de prospection, les préconisations faites auparavant donnent un éclairage
sur le chemin à prendre pour ancrer durablement la filière sur le territoire. Ces directions
doivent être prises avec l’ensemble des acteurs pour créer et maintenir du lien, comme cela est
souhaité avec les programmes LEADER.
En définitive, la volonté de territorialiser la filière bois sur le PNR est réelle mais pas
assez perçue par certains acteurs. Les politiques sont mises en œuvre pour dynamiser
l’ensemble mais il semble qu’elles ne soient pas assez clairement identifiées comme « outil
tremplin ». Par ailleurs, même si l’un des objectifs du Parc est de transformer la ressource
forestière en potentiel économique, cela ne doit pas se faire au détriment de l’environnement
et de l’écosystème forestier. L’étude menée a mis en évidence l’absence d’une vision partagée
de l’utilisation de la ressource forestière. De manière globale, les deux points de progression
sur lesquels le PNR se doit d’être moteur sont donc la construction et la diffusion de cette
vision entre tous les usagers de la forêt et l’animation de l’ensemble des acteurs de la filière
bois sur le territoire. Ces propos sont à modérer car ces politiques sont nouvelles sur le
territoire et remettent en question un système d’exploitation de plusieurs dizaines d’années.
La phase de test en cours est là pour souligner les difficultés rencontrées jusque-là et la
progression doit ainsi être pensée pour les surmonter.
51
Bibliographie
CRPF. (2013). Futaie irrégulière. Récupéré sur CRPF: http://www.crpf.fr/Bretagne/pdf-
information/Futaie-irreguliere.pdf
Communes forestières. (2010). Plan d'approvisionnement territorial.
PNR, . (2010). Projet de Charte. Horizon 2010-2022.
53
Annexe 2 : Guides d’entretiens utilisés
Guide d’entretien : maitre d’œuvre Les questions principales sont indiquées en noir ; les sous-questions doivent servir de
complément si et seulement si les réponses données ne donnent pas assez d’information.
Nous sommes étudiants à l’école d’ingénieur d’AgroSup Dijon ; cette étude est réalisée pour
le PNR du Haut-Jura sur les projets exemplaires autour de la filière bois. Nous souhaitons
comprendre votre rôle et votre engagement autour de la ressource bois/ressource forestière à
l'échelle du territoire. Nous voulons également identifier les actions que vous avez engagé
dans cette perspective, le rôle qu’ont joué les dispositifs publics et le PNR dans leur mise en
œuvre et enfin les impacts de ces actions sur la filière bois et sur le territoire.
1. Présentation de l’acteur
1.1 Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
o Quel est votre rôle au sein de l’entreprise ?
o Depuis quand travaillez-vous dans l’entreprise ?
2. Présentation de l’entreprise
2.1 Pouvez-vous nous donner l’historique de votre entreprise ? Quels sont les
points clés de son évolution ?
2.2 Pouvez-vous nous décrire l’activité de l’entreprise ?
o Quels sont les types et la taille des activités sur lesquels vous intervenez ?
o Quel est votre rayon d’action/activité ?
o Quels sont vos clients principaux : privés, publics ?
o Quelle est la place des constructions bois dans votre travail ?
o Où vous approvisionnez-vous en matière première, bois ?
2.3 Quels sont vos partenaires : autres entreprises, partenaires économiques,
institutions, … ?
o Dans quel cas faites-vous appel à des partenaires externes à l’entreprise ?
o Avez-vous des partenaires en dehors du PNR du Haut Jura ?
3. Focus sur le projet BIDULE Les questions doivent décrire les 3 phases : 1 conditions d’émergence, 2 mise en œuvre,
3
CONDITIONS D’EMERGENCE
54
3.1 Pouvez-vous nous présenter l’historique de ce projet ?
o Comment avez-vous été associé au projet ?
○ Comment ce projet a-t-il émergé ? Qui est à l’initiative du projet ?
○ Pourquoi a-t-on fait appel à vous?
○ Comment a-t-il été réalisé ?
○ Avez-vous déjà travaillé sur ce type de projet (chantier, commande)?
3.2 Pouvez-vous nous décrire votre rôle ainsi que celui des autres acteurs au
sein de ce projet ?
o Quels sont les acteurs sans qui le projet n’aurai pas vu le jour ?
o Pouvez-vous nous décrire le rôle de chacun ?
o Avez-vous l’habitude de travailler avec ces personnes ?
o Cette coopération est-elle ponctuelle ou durable ?
o Pouvez-vous nous indiquer à qui le projet va bénéficier ?
3.3 De quels soutiens publics avez-vous bénéficié ?
○ Comment y avez-vous accédé ? Qui vous a aidé pour y accéder ?
○ Quel rôle a eu cette aide dans la conduite du projet ?
MISE EN ŒUVRE DU PROJET
3.4 Pouvez-vous nous décrire comment le projet a évolué ?
○ Quels sont les points clés de son évolution ?
○ Quelles ont été les évolutions par rapport aux objectifs de départ ? Qu’est-ce qui a
conduit à ces évolutions ?
○ Pouvez-vous qualifier ces évolutions : souhaitables/positives ou négatives/non
souhaitées? Comment avez-vous surmonté ces difficultés?
○ Quelles ont été les évolutions dans l’implication des acteurs participants au projet
?
○ Quelles ont été les évolutions liées aux réalisations concrètes ?
○ Quels ont été les tensions, incompréhensions éventuelles ?
3.5 Pouvez-vous nous décrire les difficultés rencontrées ?
o Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en place/portage du projet ?
o Quelles sont les difficultés rencontrées actuellement, à ce stade du projet ?
o Si le projet n’est pas terminé : craignez-vous des difficultés à venir ?
IMPACTS
3.6 Pouvez-vous nous préciser ce que le projet vous a apporté, à vous ou à
votre entreprise ?
o Ce projet vous a-t-il apporté quelque chose personnellement ?
o Ce projet a-t-il apporté quelque chose à votre structure ?
o La mise en œuvre de ce projet est-elle une nouveauté pour vous ? En quoi est-ce
une nouveauté pour vous ?
55
o La mise en place de ce projet est-elle une nouveauté pour votre entreprise?
Connaissez-vous des projets similaires sur le territoire du Parc ? Dans la région ?
3.7 Quel est l’impact environnemental de votre projet sur le territoire ?
o Pour vous, le projet contribue-t-il à faire des économies d’énergie ?
o Le projet permet-il de préserver une ressource ? Laquelle ?
o Pensez-vous que le projet s’intègre dans le paysage local ?
o Le projet a-t-il eu des impacts négatifs sur l’environnement ?
3.8 Quel est l’impact économique de votre projet sur le territoire ?
o Selon vous, quels sont les avantages et/ou inconvénients économiques du projet ?
o Ce projet produit-il du chiffre d’affaires supplémentaire ? de la valeur ajoutée
supplémentaire ? des baisses de coût ?
3.9 Quel est l’impact social de votre projet sur le territoire ?
o Le projet permet-il de créer ou maintenir des emplois ? De quel type ? (Emplois
pérennes, délocalisables..)?
o Le projet mobilise-t-il de nouvelles compétences au sein de votre structure ?
o Le projet permet-il l’intégration ou la prise en compte de populations particulières
(précaires, personnes âgées, jeunes…) ?
3.10 Quelles sont les suites envisagées pour ce projet ?
o Pouvez-vous nous indiquer si un autre projet est prévu à la suite de celui-ci ?
Pourquoi ? Comment ?
3.11 Pouvez-vous nous parler de l’approvisionnement en bois du projet ?
o Origine
o Quantité
4. Focus sur les aides publiques mises en place pour le
développement de la filière bois sur le territoire Introduction : avoir un avis plus large sur la filière bois, les enjeux liés.
4.1 Que pensez-vous l’exploitation et de la valorisation de la ressource forestière
dans le Haut Jura ?
o Dans le domaine de la construction bois
o Dans le domaine de l’industrie (papier, panneaux, cartons…)
o Dans le domaine de l’artisanat (meubles, jouets, pipes…)
o Dans le domaine du bois bûche : chauffage individuel, affouage
o Dans le domaine du bois énergie : chaufferies collectives, plaquettes
o Pouvez-vous nous indiquer, selon vous, quels sont les enjeux et priorités ?
56
4.2 D’après vous quels sont les freins au développement de la filière bois sur le
territoire ?
4.3 Qu’est-ce qui pour vous pourrait faciliter le développement de la filière bois ?
4.4 Avez-vous connaissance des aides publiques relatives aux secteurs du bois et de la
forêt qui existent sur le territoire ?
o Que pensez-vous de ces aides ?
o Comment se passe l’obtention de ces aides ? Quelles sont les
difficultés rencontrées?
o Pensez-vous que ces aides sont cohérentes avec votre activité économique ?
4.5 Selon-vous, l’utilisation de la ressource bois sera-t-elle amenée à évoluer dans le
territoire du PNR Haut-Jura ?
o Venir avec des éléments chiffrés du PAT : avis de l’acteur sur ces tendances
Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?
Pouvons-nous éventuellement vous recontacter si nous avons des choses à préciser ?
57
Guide d’entretien : institutions Les questions principales sont indiquées en noir ; les sous-questions doivent servir de
complément si et seulement si les réponses données ne donnent pas assez d’information.
Nous sommes étudiants à l’école d’ingénieur d’AgroSup Dijon ; cette étude est réalisée pour
le PNR du Haut-Jura sur les projets exemplaires autour de la filière bois. Nous souhaitons
comprendre votre rôle et votre engagement autour de la ressource bois/ressource forestière
à l'échelle du territoire. Nous voulons également identifier les actions que vous avez engagé
dans cette perspective et le rôle qu’ont joué les dispositifs publics et le PNR dans leur mise
en œuvre et enfin les impacts de ces actions sur la filière bois et sur le territoire.
1. Présentation de l’acteur
1.1 Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
o Quel est votre fonction dans l’institution ?
o Depuis quand occupez-vous cette fonction ?
o Exercez-vous des fonctions en lien avec la ressource forêt, le bois ?
o A titre personnel, êtes-vous intéressé par la ressource forêt/bois ?
2. Présentation de l’institution
2.1 Pouvez-vous nous présenter les activités de votre structure par rapport au développement
territorial et à la filière bois ?
o Pouvez-vous nous décrire l'évolution de votre rôle vis à vis de la filière bois depuis
quelques années?
o Quelle est votre perception des usages de la ressource forêt ?
o Qui décide de ces usages ?
o A quelles échelles votre structure est-elle amenée à intervenir ?
o Quels sont les acteurs/partenaires mobilisés ? Pouvez-vous nous décrire « qui fait
quoi » ?
o Quelles activités pourront être modifiées dans les années à venir ?
o Quelles nouvelles activités pourront être envisagées ?
3. Focus sur le projet BIDULE de développement territorial Les questions doivent décrire les 3 phases : 1 conditions d’émergence, 2 mise en place, en
œuvre, 3 impacts
CONDITIONS D’EMERGENCE
58
3.1 Pouvez-vous nous présenter l’historique de ce projet ?
o Comment a-t-il émergé ? Qu’est ce qui a permis son émergence ?
o Un projet similaire a-t-il déjà été mis en place dans le PNR ? dans la région ?
3.2 Pouvez-vous nous décrire quels sont les acteurs impliqués dans le projet ?
o Quels sont les acteurs sans qui le projet n'aurait pas vu le jour ?
o Pouvez-vous nous décrire qui fait quoi ?
o Selon vous, ces relations est-elle habituelle ? ou bien nouvelle ?
o Cette relation est-elle ponctuelle ou durable ? est-elle formelle ou informelle ?
o Pouvez-vous nous indiquer à qui le projet va-t-il bénéficier ?
o Pourquoi le projet cible-t-il ces bénéficiaires en particulier ?
3.3 Pouvez-vous nous décrire plus précisément le rôle de votre structure dans le projet ?
3.4 De quels soutiens publics avez-vous bénéficié ?
o Comment y avez-vous accédé ? Avez-vous rencontré des difficultés pour y
accéder ?
o Quel rôle a eu cette aide dans la conduite du projet ?
MISE EN ŒUVRE
3.5 Pouvez-vous nous décrire comment le projet a-t-il évolué ?
o Quels sont les points clés de son évolution ?
o Quelles ont été les évolutions par rapport aux objectifs de départ ? Qu'est ce qui a
conduit à ces évolutions ?
o Pouvez-vous qualifier ces évolutions : souhaitables/positives ou négatives/non
souhaitées? Comment avez-vous surmonté ces difficultés?
o Quelles ont été les évolutions dans l’implication des acteurs participants au
projet ?
o Quels ont été les tensions, incompréhensions éventuels ?
3.6 Pouvez-vous nous décrire les difficultés rencontrées ?
o Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en place/portage du projet ?
o Quelles sont les difficultés rencontrées actuellement, à ce stade du projet ?
o Si le projet n’est pas terminé : craignez-vous des difficultés à venir ?
IMPACTS
3.7 Pouvez-vous nous préciser ce que le projet vous a apporté, à vous et à votre structure ?
o Ce projet vous a-t-il apporté quelque chose personnellement ?
o Ce projet a-t-il apporté quelque chose à votre structure ?
o La mise en œuvre de ce projet est-elle une nouveauté pour vous ? En quoi est-ce
une nouveauté pour vous ?
o La mise en place de ce projet est-elle une nouveauté pour votre structure ?
Connaissez-vous des projets similaires sur le territoire du Parc ou dans la région ?
59
3.8 Quel est l'impact environnemental de votre projet sur le territoire (Echelle d’intervention
de la structure, ou au delà)?
o Pour vous le projet contribue-t-il à des économies d'énergies ?
o Pour vous le projet contribue-t-il à préserver une ressource ? Laquelle ?
o Pensez-vous que le projet s'intègre dans le paysage local ?
o Le projet a-t-il eu des impacts négatifs sur l’environnement ?
3.9 Quel est l'impact économique de votre projet sur le territoire ? (Echelle d’intervention de
la structure, ou au delà)?
o Selon vous quels sont les avantages et/ou inconvénients économiques du projet ?
o Ce projet produit-il du chiffre d'affaires supplémentaire ? de la VA supplémentaire
? des baisses de coûts ?
3.10 Quel est l'impact social de votre projet sur le territoire ? (Echelle d’intervention de
la structure, ou au delà)?
o Le projet permet-il de créer ou maintenir un emploi ? Quel type d'emploi ?
o Le projet mobilise-t-il de nouvelles compétences au sein de votre structure ?
o Le projet permet-il l’intégration ou la prise en compte de populations particulières
(précaires, personnes âgées, jeunes…) ?
3.11 Quelles sont les suites envisagées pour le projet ?
o Pouvez-vous nous indiquer si un autre projet est prévu à la suite de celui-ci ?
Pourquoi ?
3.12 D’un point de vue technique, pouvez-vous nous parler de l’approvisionnement en
bois pour le projet ?
o Origine, quantité.
4. Focus sur les dispositifs publics mis en place pour le
développement de la filière bois sur le territoire Introduction : avoir un avis plus large sur la filière bois, les enjeux liés.
4.1 Que pensez-vous de l'exploitation et de la valorisation de la ressource forestière dans le
Haut-Jura?
o Dans le domaine de la construction bois
o Dans le domaine de l’industrie (papier, panneaux, cartons…)
o Dans le domaine de l’artisanat (meubles, jouets, pipes…)
o Dans le domaine du bois bûche : chauffage individuel, affouage
o Dans le domaine du bois énergie : chaufferies collectives, plaquettes
o Pouvez-vous nous indiquer, selon vous, quels sont les enjeux et priorités ?
60
4.2 D'après vous, quels sont les freins au développement/à la valorisation de la filière bois ?
4.3 Quels sont les leviers d'action pour le développement de la filière bois sur le territoire ?
4.4 A votre connaissance, quels dispositifs publics (autre que le leader déjà évoqué) sont mis
en place pour le développement territorial, relatifs aux secteurs du bois et de la forêt ?
o Pouvez-vous nous décrire l'historique de ce(s) dispositif(s) ?
o Qui sont les acteurs impliqués dans ces dispositifs ?
Pouvez-vous nous décrire qui fait quoi?
o Pouvez-vous nous décrire quel rôle vous/votre structure jouez ou pouvez jouer
dans ce projet ?
4.5 Quel est votre avis sur les dispositifs d'action publics mis en place ?
o Comment s'articulent les différents dispositifs que vous avez cités ?
o Selon vous ces dispositifs atteignent-ils leurs objectifs ?
4.6 Selon vous, l’utilisation de la ressource bois sera-t-elle amenée à évoluer dans le
territoire du Haut Jura ?
o Affouage, bois buche ?
o Venir avec des éléments chiffrés du PAT : avis de l’élu sur ces tendances
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Pouvons-nous éventuellement vous recontacter si nous avons des choses à préciser ?
61
Guide d’entretien : entreprises Les questions principales sont indiquées en noir ; les sous-questions doivent servir de
complément si et seulement si les réponses données ne donnent pas assez d’information.
Nous sommes étudiants à l’école d’ingénieur d’AgroSup Dijon ; cette étude est réalisée pour
le PNR du Haut-Jura sur les projets exemplaires autour de la filière bois. Nous souhaitons
comprendre votre rôle et votre engagement autour de la ressource bois/ressource forestière à
l'échelle du territoire. Nous voulons également identifier les actions que vous avez engagé
dans cette perspective et le rôle qu’ont joué les dispositifs publics et le PNR dans leur mise en
œuvre et enfin les impacts de ces actions sur la filière bois et sur le territoire.
1. Présentation de l’acteur
1.1.Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?
o Quel est votre rôle dans l’entreprise ?
o Depuis quand travaillez-vous dans cette entreprise ?
2. Caractéristiques de l’entreprise
2.1.Pouvez-vous nous décrire l’historique de l’entreprise ? Les points clés de son
évolution ?
2.2.Pouvez-vous décrire l’activité de votre entreprise ?
o Quels sont les types et la taille de vos activités (Chantiers..)?
o Quel est votre rayon d’action/d’activité ?
o Quels sont vos clients principaux : privés, publics ?
o Où vous approvisionnez-vous en matière première, bois ?
2.3.Quels sont vos partenaires : autres entreprises, partenaires économiques,
institutions, … ?
o Dans quel cas faites-vous appel à des partenaires externes à l’entreprise ?
o Avez-vous des partenaires en dehors du PNR du haut jura ?
3. Focus sur le(s) projet(s) BIDULE de développement
territorial
Les questions doivent décrire les 3 phases : 1 conditions d’émergence, 2 mise en place, en
œuvre, 3 impacts
CONDITIONS D’EMERGENCE
3.1.Pouvez-vous nous présenter l’historique du projet (du chantier, de la commande) ?
o Comment avez-vous été associé au projet ?
o Comment ce projet a-t-il émergé ? Qui est à l’initiative du projet ?
o Pourquoi a-t-on fait appel à vous?
o Comment a-t-il été réalisé ?
62
o Avez-vous déjà travaillé sur ce type de projet (chantier, commande)?
3.2.Quel est votre rôle et celui des autres acteurs dans le projet ?
o Quels sont les personnes sans qui le projet n’aurait pas vu le jour ?
o Pouvez-vous nous décrire le rôle de chacun ?
o Avez-vous l’habitude de travailler avec ces personnes ?
o Cette relation est-elle ponctuelle ou durable ?
o Pouvez-vous nous indiquer à qui va bénéficier le projet?
3.3.De quels soutiens publics avez-vous bénéficié ?
Comment y avez-vous accédé ? Qui vous a aidé pour y accéder ?
Quel rôle a eu cette aide dans la conduite du projet ?
MISE EN ŒUVRE DU PROJET
3.4.Pouvez-vous nous décrire comment le projet a évolué (Chantier, commande)?
o Quels sont les points clés de son évolution ?
o Quelles ont été les évolutions par rapport aux objectifs de départ ? Qu’est qui a
conduit à ces évolutions ?
Pouvez-vous qualifier ces évolutions : souhaitables/positives ou négatives/non
souhaitées? Comment avez-vous surmonté ces difficultés?
o Quelles ont été les évolutions dans l’implication des acteurs participants au projet
?
o Quelles ont été les évolutions au cours de la réalisation concrète ?
o Quels ont été les tensions, incompréhensions éventuelles ?
3.5.Pouvez-vous nous décrire les difficultés rencontrées ?
o Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en place/portage du projet ?
o Quelles sont les difficultés rencontrées actuellement, à ce stade du projet ?
o Si le projet n’est pas terminé : craignez-vous des difficultés à venir ?
IMPACTS
3.6. Pouvez-vous nous préciser ce que le projet vous a apporté, à vous ou à votre
entreprise ?
o Ce projet vous a-t-il apporté quelque chose personnellement ?
o Ce projet a-t-il apporté quelque chose à votre entreprise?
o La mise en œuvre de ce projet est-elle une nouveauté pour vous ? En quoi est-ce
une nouveauté pour vous ?
o La mise en place de ce projet est-elle une nouveauté pour votre entreprise?
Connaissez-vous des projets similaires sur le territoire du Parc ? Dans la région ?
3.7.Selon vous, quel est l’impact environnemental du projet (chantier, commande) ?
o Pour vous, le projet contribue-t-il à faire des économies d’énergie ?
o Le projet permet-il de préserver une ressource ? Laquelle ?
o Pensez-vous que le projet s’intègre dans le paysage local ?
o Le projet a-t-il eu des impacts négatifs sur l’environnement ?
3.8.Selon vous, quel est l’impact économique du projet (chantier, commande) ?
o Selon vous, quels sont les avantages et/ou inconvénients économiques du projet ?
63
o Ce projet produit-il du Chiffre d’affaires supplémentaire ? De la VA
supplémentaire ? Des baisses de coûts ?
3.9.Selon vous, quel est l’impact social du projet (chantier, commande)
o Le projet permet-il de créer ou maintenir des emplois ? De quel type ? (Emplois
pérennes, délocalisables..)?
o Le projet mobilise-t-il de nouvelles compétences au sein de votre structure ?
o Le projet permet-il l’intégration ou la prise en compte de populations particulières
(précaires, personnes âgées, jeunes…) ?
3.10. Quelles sont les suites envisagées pour ce projet ?
o Pouvez-vous nous indiquer si un autre projet est prévu à la suite de celui-ci ?
Pourquoi ? Comment ?
3.11. Pouvez-vous nous parler de l’approvisionnement en bois du projet ?
o Origine, quantité
4. Focus sur les dispositifs publics mis en place pour le
développement de la filière bois sur le territoire
Introduction : avoir un avis plus large sur la filière bois, les enjeux liés.
4.1.Que pensez-vous de l’exploitation et de la valorisation de la ressource forestière dans
le Haut Jura ?
o Dans le domaine de la construction bois
o Dans le domaine de l’industrie (papier, panneaux, cartons…)
o Dans le domaine de l’artisanat (meubles, jouets, pipes…)
o Dans le domaine du bois bûche : chauffage individuel, affouage
o Dans le domaine du bois énergie : chaufferies collectives, plaquettes
o Pouvez-vous nous indiquer, selon vous, quels sont les enjeux et priorités ?
4.2.D’après vous, quels sont les freins au développement à la valorisation de la filière
bois ?
4.3.Qu’est-ce qui pour vous pourrait faciliter le développement de la filière bois ?
4.4.Avez-vous connaissance des aides publiques relatives au secteur du bois et de la forêt
qui existent sur le territoire ?
o Que pensez-vous de ces aides ?
o Pensez-vous que ces dispositifs sont cohérents avec votre propre activité
économique ?
o Comment se passe l’obtention de ces aides ? Quelles sont les
difficultés rencontrées?
4.5.Selon vous, l’utilisation de la ressource bois sera-t-elle amenée à évoluer sur votre
territoire d’activité ?
o Venir avec des éléments chiffrés du PAT : avis de l’acteur sur ces tendances
Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?
Pouvons-nous éventuellement vous recontacter si nous avons des choses à préciser ?
64
Guide d’entretien : élus Les questions principales sont indiquées en noir ; les sous-questions doivent servir de
complément si et seulement si les réponses données ne donnent pas assez d’information.
Nous sommes étudiants à l’école d’ingénieur d’AgroSup Dijon ; cette étude est réalisée pour
le PNR du Haut-Jura sur les projets exemplaires autour de la filière bois. Nous souhaitons
comprendre votre rôle et votre engagement autour de la ressource bois/ressource forestière à
l'échelle du territoire. Nous voulons également identifier les actions que vous avez engagé
dans cette perspective et le rôle qu’ont joué les dispositifs publics et le PNR dans leur mise en
œuvre et enfin les impacts de ces actions sur la filière bois et sur le territoire.
4. Présentation de l’acteur
4.1.Pouvez-vous vous présenter et nous décrire votre fonction ?
o Nom
o Pouvez-vous nous décrire votre parcours, ce qui a fait que vous avez accédé à ces
fonctions ? Depuis quand exercez-vous votre mandat ? (professionnel de la
politique ?)
o Avez-vous d’autres mandats ? (responsabilités au parc, syndicats des eaux…)
o Exercez-vous des fonctions en lien avec la ressource forêt, le bois ?
o A titre personnel, êtes-vous intéressé par la ressource forêt/bois ?
5. Caractéristiques de l’institution et de la ressource
forestière
5.1.Pouvez-vous présenter les liens de votre commune/communauté de commune avec la
ressource forêt/bois ? (gestion forêt communale, lien avec les entreprises de la filière
bois sur la commune, tourisme, environnement…)
o Que représente la surface forestière sur votre commune/communauté de
communes/département/région ?
o Quelle est la part de forêt publique/privée ?
o Comment a évolué la gestion de cette ressource depuis quelques années (10 ans) ?
5.2.Que représente la forêt en termes d’utilisation pour la commune/communauté de
communes/département/région ?
o Selon vous, à quels besoins répondent ces usages (affouage, tourisme, chasse…) ?
o Qui décide de l’usage de la ressource ?
o A quelles échelles votre structure est-elle amenée à intervenir ?
o Quels sont les acteurs/partenaires mobilisés? Pouvez-vous nous décrire « qui fait
quoi » ?
o Quelles activités pourront être modifiées dans les années à venir ?
o Quelles nouvelles activités pourront être envisagées ?
65
6. Focus sur le(s) projet(s) BIDULE de développement
territorial
Les questions doivent décrire les 3 phases : 1 conditions d’émergence, 2 mise en œuvre, 3
impacts
CONDITIONS D’EMERGENCE
6.1.Pouvez-vous nous présenter l’historique du projet ?
o Comment a-t-il émergé ? Qu’est ce qui a permis son émergence ?
o Un projet similaire a-t-il déjà été mis en place ?
6.2.Pouvez-vous nous décrire qui sont les acteurs impliqués dans le projet ?
o Quels sont les acteurs sans qui le projet n’aurait pas vu le jour ?
o Pouvez-vous nous décrire qui fait quoi ?
o Cette relation est-elle habituelle ou bien nouvelle pour vous ?
o Cette relation est-elle ponctuelle ou durable ? Est-elle formelle ou informelle ?
o Pouvez-vous nous indiquer à qui va bénéficier le projet?
o Pourquoi le projet cible-t-il ces bénéficiaires en particulier ?
6.3.Pouvez-vous nous décrire plus précisément le rôle de votre structure dans le projet ?
6.4. De quels soutiens publics avez-vous bénéficié ?
Comment y avez-vous accédé ? Qui vous a aidé pour y accéder ? Avez-vous rencontré
des difficultés pour y accéder ?
Quel rôle a eu cette aide dans la conduite du projet ?
MISE EN ŒUVRE DU PROJET
6.5.Pouvez-vous nous décrire comment le projet a évolué ?
o Quels sont les points clés de son évolution ?
Quelles ont été les évolutions par rapport aux objectifs de départ ? Qu’est-ce qui a
conduit à ces évolutions ?
Pouvez-vous qualifier ces évolutions : souhaitables/positives ou négatives/non
souhaitées? Comment avez-vous surmonté ces difficultés?
o Quelles ont été les évolutions dans l’implication des acteurs participants au
projet ?
o Quels ont été les tensions, incompréhensions éventuelles ?
6.6.Pouvez-vous nous décrire les difficultés rencontrées ?
o Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en place/portage du projet ?
o Quelles sont les difficultés rencontrées actuellement, à ce stade du projet ?
o Si le projet n’est pas terminé : craignez-vous des difficultés à venir ?
IMPACTS
6.7. Pouvez-vous nous préciser ce que le projet vous a apporté, à vous et à votre
structure ?
o Ce projet vous a-t-il apporté quelque chose personnellement ?
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o Ce projet a-t-il apporté quelque chose à votre structure (commune/com’com) ?
o La mise en œuvre de ce projet est-elle une nouveauté pour vous ? En quoi est-ce
une nouveauté ?
o La mise en place de ce projet est-elle une nouveauté pour votre structure ?
Connaissez-vous des projets similaires sur le territoire du Parc ? Dans la
région ?
6.8.Quel est l’impact environnemental du projet sur le territoire ? (Echelle
d’intervention de la structure, ou au delà)?
o Pour vous, le projet contribue-t-il à faire des économies d’énergie ?
o Le projet permet-il de préserver une ressource ? Laquelle ?
o Pensez-vous que le projet s’intègre dans le paysage local ?
o Le projet a-t-il eu des impacts négatifs sur l’environnement ?
6.9.Quel est l’impact économique de votre projet sur le territoire ? (Echelle
d’intervention de la structure, ou au delà)?
o Selon vous, quels sont les avantages et/ou inconvénients économiques du projet ?
o Ce projet produit-il du Chiffre d’affaires supplémentaire ? De la VA
supplémentaire ? Des baisses de coûts ?
6.10. Quel est l’impact social de votre projet sur le territoire ? (Echelle d’intervention
de la structure, ou au delà)?
o Le projet permet-il de créer ou maintenir des emplois ? De quel type (Emplois
pérennes, délocalisables..)?
o Le projet mobilise-t-il de nouvelles compétences au sein de votre structure ?
o Le projet permet-il l’intégration ou la prise en compte de populations particulières
(précaires, personnes âgées, jeunes…) ?
6.11. Dans quelle mesure estimez-vous que votre projet participe au développement de
la filière bois sur le territoire du PNR ?
6.12. Quelles sont les suites envisagées pour ce projet ?
o Quelles sont pour vous les perspectives du projet ?
o Pouvez-vous nous indiquer si un autre projet est prévu à la suite de celui-ci ?
Pourquoi ?
6.13. D’un point de vue technique, pouvez-vous nous parler de l’approvisionnement en
bois pour le projet ?
o Origine, quantité
7. Elargissement sur les dispositifs publics mis en place
pour le développement de la filière bois sur le territoire
(PNR ; leur définition du territoire ?)
Introduction : avoir un avis plus large sur la filière bois, les enjeux liés.
4.6.Que pensez-vous de l’exploitation et de la valorisation de la ressource forestière dans
le Haut Jura ?
o Dans le domaine de la construction bois
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o Dans le domaine de l’industrie (papier, panneaux, cartons…)
o Dans le domaine de l’artisanat (meubles, jouets, pipes…)
o Dans le domaine du bois bûche : chauffage individuel, affouage
o Dans le domaine du bois énergie : chaufferies collectives, plaquettes
o Pouvez-vous nous indiquer, selon vous, quels sont les enjeux et priorités ?
4.7.D’après vous, quels sont les freins au développement de la filière bois ?
4.8.Qu’est-ce qui pour vous pourrait faciliter le développement de la filière bois ?
4.9.A votre connaissance, quels dispositifs publics (autre que le projet Leader déjà
évoqué) sont mis en place pour le développement territorial, relatifs aux secteurs du
bois et de la forêt (au niveau de la commune/ communauté de
communes/département/région/Etat) ?
o Quel est l’historique de ce(s) dispositif(s) ?
o Qui sont les acteurs impliqués dans ce(s) dispositif(s) ? Pouvez-vous nous décrire
« qui fait quoi » ?
o Pouvez-vous nous décrire le rôle que vous/ votre structure jouez ou pouvez jouer
dans ces dispositifs ?
4.10. Quel est votre avis sur les dispositifs d’action publics mis en place (au niveau de
la commune/ communauté de communes/PNR/Pays/département/région/Etat) ?
o Pouvez-vous nous décrire comment s’articulent les différents dispositifs que vous
avez cités ?
o Selon vous, ces dispositifs atteignent-ils leurs objectifs ?
4.11. Selon vous, l’utilisation de la ressource bois sera-t-elle amenée à évoluer dans le
territoire du Haut Jura ?
o Même question à l’échelle de la commune/communauté de commune ?
o Affouage, bois buche ?
o Venir avec des éléments chiffrés du PAT : avis de l’élu sur ces tendances
Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?
Pouvons-nous éventuellement vous recontacter si nous avons des choses à préciser ?